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Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à l’horizon 2030 PROJET Décembre 2015 À lire avec le document EB138/36 intitulé Projet de stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé à lhorizon 2030. Rapport du Secrétariat Cette version sera traduite dans le cadre des débats des États Membres au Conseil exécutif de janvier 2016.

Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

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Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à l’horizon 2030 PROJET Décembre 2015

À lire avec le document EB138/36 intitulé Projet de stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé à l’horizon 2030. Rapport du Secrétariat

Cette version sera traduite dans le cadre des débats des États Membres au Conseil exécutif de janvier 2016.

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Décembre 2015 2

INTRODUCTION

1. En mai 2014, la Soixante-Septième Assemblée mondiale de la Santé a adopté la résolution

WHA67.24 (Suivi de la Déclaration politique de Recife sur les ressources humaines pour la santé : des

engagements renouvelés en faveur de la couverture sanitaire universelle - 2014). Au paragraphe 4.2)

de cette résolution, les États Membres prient le Directeur général d’élaborer une nouvelle stratégie

mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-

Neuvième Assemblée mondiale de la Santé.

2. Le projet de stratégie mondiale a été élaboré dans le cadre d’un processus entamé fin 2013 par

les États Membres et les entités représentées au Conseil de l’Alliance mondiale pour les personnels de

santé, un partenariat hébergé par l’OMS. Plus de 200 experts de toutes les Régions de l’OMS ont

contribué à la synthèse des données autour d’un cadre global concernant le marché du travail pour la

couverture sanitaire universelle. Un document de synthèse, publié en février 2015,1 a servi de base à la

toute première version du projet de stratégie mondiale.

3. Un long processus de consultation sur ce projet, auquel ont participé les États Membres et les

entités concernées telles que la société civile et les associations de professionnels de la santé, a débuté

en mars 2015. Ce processus s’est également nourri des débats des comités régionaux de l’OMS, de

consultations techniques, de forums en ligne et d’une séance d’information pour les missions

permanentes des États Membres auprès des Nations Unies à Genève. Les informations et orientations

issues de la consultation sont intégrées dans le projet de stratégie mondiale, qui aussi a été aligné en

conséquence et qui est inspiré par le projet de cadre pour des services de santé intégrés centrés sur la

personne.2

4. La présente stratégie mondiale s’adresse en premier lieu aux planificateurs et aux décideurs des

États Membres de l’OMS mais son contenu intéresse aussi tous les intervenants dans le domaine des

personnels de santé, dont les employeurs des secteurs public et privé, les associations professionnelles,

les établissements de formation, les syndicats, les partenaires bilatéraux et multilatéraux du

développement, les organisations internationales et la société civile.

5. Tout au long de ce document, on reconnaît que la notion de couverture sanitaire universelle peut

avoir différentes connotations selon les pays et les régions. En particulier, au Bureau régional OMS

des Amériques, la couverture sanitaire universelle s’inscrit dans le concept plus large d’accès universel

aux soins de santé.

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Décembre 2015 3

Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à l’horizon 2030 – Résumé

Vision Accélérer les progrès en vue de la couverture sanitaire universelle et des objectifs de développement durable en assurant l’accès universel aux

agents de santé

But général Améliorer la santé et le développement socio-économique en assurant partout la disponibilité, l’accessibilité, l’acceptabilité et la qualité des

personnels de santé par des investissements adéquats et la mise en œuvre de politiques efficaces aux niveaux national,a régional et mondial

Principes Promouvoir le droit à la santé

Fournir des services de santé intégrés centrés sur la personne

Favoriser l’autonomisation et l’engagement des communautés

Faire respecter les droits personnels, professionnels et en matière d’emploi de tous les agents de santé en offrant un milieu de travail sûr et décent,

à l’abri de toute forme de discrimination, de contrainte et de violence

Éliminer la violence, la discrimination et le harcèlement à l’égard des femmes

Promouvoir la collaboration et la solidarité internationales, conformément aux priorités nationales

Assurer des pratiques de recrutement éthiques, conformément aux dispositions du Code de pratique mondial de l’OMS pour le recrutement

international des personnels de santé

Mobiliser et maintenir l’engagement politique et financier et favoriser la participation et la collaboration de l’ensemble des secteurs et des

groupes intéressés

Promouvoir l’innovation et l’utilisation des données factuelles

Objectifs 1. Optimiser l’efficacité des services, la

qualité et l’impact des personnels de

santé au moyen de politiques fondées

sur des données factuelles concernant

les ressources humaines pour la santé

afin de contribuer à la santé et au

bien-être, à une couverture sanitaire

universelle effective ainsi qu’à la

résilience et à la sécurité sanitaire à tous

les niveaux

2. Aligner les investissements en faveur

des ressources humaines pour la santé sur

les besoins actuels et futurs de la

population, compte tenu de la dynamique

du marché de l’emploi, pour permettre

d’améliorer au maximum les résultats en

matière de santé, la création d’emplois et

la croissance économique

3. Renforcer les capacités

institutionnelles aux niveaux

infranational, national et

international pour une

orientation et une gouvernance

efficaces concernant les

mesures en faveur des

ressources humaines pour la

santé

4. Renforcer les données sur

les ressources humaines pour

la santé, pour le suivi et les

responsabilités concernant une

bonne mise en œuvre des

stratégies nationales et de la

stratégie mondiale

a Il faut entendre par politique et mesures « au niveau des pays » ou « au niveau national » celles qui intéressent chaque pays conformément aux responsabilités infranationales et nationales.

Page 4: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 4

Échéances mondiales

(d’ici à 2020)

Tous les pays sont dotés de mécanismes institutionnels participatifs pour coordonner un programme intersectoriel sur les personnels de santé

Tous les pays disposent d’une unité de ressources humaines pour la santé chargée de l’élaboration et du suivi des politiques et des plans dans

ce domaine

Tous les pays disposent de mécanismes de réglementation propres à promouvoir la sécurité des patients et une surveillance adéquate du secteur

privé

Tous les pays ont mis en place des dispositifs pour l’agrément des établissements de formation en santé

Tous les pays réalisent des progrès concernant les registres des personnels de santé afin d’en suivre les effectifs, la répartition, les flux, l’offre,

la demande, les capacités et la rémunération

Tous les pays améliorent l’échange de données sur les ressources humaines pour la santé dans le cadre de comptes nationaux des personnels de

santé et fournissent annuellement les indicateurs essentiels au Secrétariat de l’OMS

Tous les organismes bilatéraux et multilatéraux renforcent l’évaluation des personnels de santé et l’échange d’informations à leur sujet

Échéances mondiales

(d’ici à 2030)

Tous les pays réalisent des progrès en vue de réduire de moitié les inégalités en matière d’accès aux agents de santé

Tous les pays ont ramené à 20 % ou à moins de 20 % le taux des abandons avant le diplôme dans les établissements de formation en soins

médicaux et infirmiers et de formation de professionnels de la santé connexes

Tous les pays réalisent des progrès en vue de réduire de moitié leur dépendance à l’égard de professionnels de la santé formés à l’étranger, en

application du Code de pratique mondial de l’OMS

Tous les organismes bilatéraux et multilatéraux améliorent les synergies dans l’aide publique au développement en faveur de l’éducation, de l’emploi,

de l’égalité des sexes et de la santé à l’appui de l’emploi national dans le secteur de la santé et des priorités nationales de la croissance économique

En tant que partenaires pour la réalisation des objectifs de développement durable, créer, pourvoir et maintenir au moins 10 millions de postes

supplémentaires à plein temps dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale dans les pays à revenu faible ou intermédiaire

Page 5: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 5

Activités

fondamentales du

Secrétariat de l’OMS

à l’appui de la mise en

œuvre de la stratégie

Élaborer des orientations

normatives ; établir le programme

de recherche opérationnelle pour

définir des options politiques

fondées sur des données

factuelles ; faciliter l’échange des

meilleures pratiques ; et assurer la

coopération technique pour la

formation des personnels de

santé, l’optimisation du champ de

la pratique des différents cadres,

des stratégies de déploiement et

de fidélisation sur la base de

données factuelles, l’intégration

de la dimension de genre, les

approches du contrôle de la

qualité et du renforcement de

l’efficacité des services,

y compris la réglementation.

Faciliter la collecte de données

sur les agressions dont les agents

de santé sont victimes.

Fournir une orientation normative

et une coopération technique et

faciliter l’échange des meilleures

pratiques sur la planification et les

projections des personnels de santé,

l’analyse du marché de l’emploi

dans le secteur de la santé et la

détermination du coût des

stratégies nationales sur les

ressources humaines pour la santé.

Renforcer les données sur les

politiques macroéconomiques et de

financement propres à favoriser des

investissements plus importants et

ciblés de manière plus stratégique

sur les ressources humaines pour la

santé.

Assurer la coopération technique et

le renforcement des capacités pour

renforcer les compétences de base

en matière de politique, de

planification et de gestion des

ressources humaines pour la santé.

Favoriser une coordination, un

alignement et une

responsabilisation effectifs

concernant le programme mondial

sur les ressources humaines pour la

santé dans le cadre d’un réseau de

participants internationaux.

Évaluer systématiquement les

effets pour les personnels de santé

des recommandations techniques

ou politiques présentées à

l’Assemblée mondiale de la Santé

et aux comités régionaux.

Fournir une coopération technique

pour renforcer les capacités du

système de santé et les

compétences des agents de santé

concernant la gestion des risques

liés aux situations d’urgence et aux

catastrophes.

Élaborer et actualiser des outils,

bases de données et principes

directeurs concernant les données

sur les ressources humaines pour la

santé dans les situations courantes

et les situations d’urgence et en

examiner l’utilité.

Faciliter la présentation d’un

rapport annuel des pays au

Secrétariat de l’OMS sur une série

minimale d’indicateurs de base

relatifs aux ressources humaines

pour la santé dans le cadre du suivi

de la stratégie et de la

responsabilisation la concernant.

Aider les pays à renforcer et

normaliser la qualité et

l’exhaustivité des données sur les

ressources humaines pour la santé.

Rationaliser et intégrer toutes les

exigences concernant la

présentation de rapports sur les

ressources humaines pour la santé

par les États Membres de l’OMS.

Adapter, intégrer et relier le suivi

des cibles dans la stratégie

mondiale des ressources humaines

pour la santé au nouveau cadre de

responsabilisation concernant les

objectifs de développement

durable.

Page 6: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 6

CONTEXTE : UN PROGRAMME PROGRESSISTE POUR LES PERSONNELS DE

SANTE AU XXIe SIECLE

6. Les systèmes de santé ne peuvent fonctionner sans personnels de santé ; l’amélioration de

la couverture assurée par les services de santé et des résultats sanitaires dépend de la

disponibilité et de l’accessibilité de ces personnels ainsi que de leurs capacités à assurer des

services acceptés et de qualité.3 Les agents de santé ne doivent pas uniquement être disponibles.

C’est seulement lorsqu’ils sont équitablement répartis et accessibles par la population, qu’ils possèdent

les compétences nécessaires, qu’ils sont motivés et qu’ils ont les moyens d’offrir des soins de qualité

adaptés et acceptables en fonction des attentes socioculturelles de la population qu’une couverture

théorique devient une couverture effective (Figure 1). Cependant, les pays, quel que soit leur niveau de

développement économique, sont, à des degrés divers, confrontés à des difficultés concernant la

formation, le déploiement, la fidélisation et l’efficacité des personnels de santé. Les priorités sanitaires

énoncées dans le programme de développement durable pour l’après 2015 – par exemple, enrayer le

sida, la tuberculose et le paludisme, parvenir à réduire de façon drastique la mortalité maternelle,

mettre un terme aux décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de cinq ans, faire baisser le

nombre de décès prématurés dus aux maladies non transmissibles, promouvoir la santé mentale et

garantir la couverture sanitaire universelle – resteront des idéaux qui ne se réaliseront jamais si on ne

met pas en place des stratégies permettant de fournir un effort radical pour renforcer les capacités des

personnels de santé. Les pays touchés par des conflits, des catastrophes naturelles ou des catastrophes

d’origine humaine, ou qui sortent à peine de ces situations, ceux qui accueillent des réfugiés et ceux

qui sont vulnérables au changement climatique présentent des problèmes spécifiques dont il faut tenir

compte. En outre, chaque État Membre doit avoir la possibilité de protéger la santé de sa population,

de gérer les risques associés aux situations d’urgences et aux catastrophes, du niveau local jusqu’au

niveau mondial, et de remplir ses obligations en matière de sécurité sanitaire mondiale collective,

visées dans le Règlement sanitaire international (2005),4 ce qui requiert de disposer de personnels de

santé qualifiés, formés et soutenus.5

Figure 1. Ressources humaines pour la santé : disponibilité, accessibilité, acceptabilité, qualité et

couverture effective

(Source : Campbell et al., 2013)

Population + besoins sanitaires : Qui bénéficie d’une COUVERTURE EFFECTIVE ?]

Couverture théorique selon la « disponibilité » des personnels de santé

COUVERTURE NON ASSURÉE

Disponibilité des ressources humaines pour la santé

Accessibilité des ressources humaines pour la santé

Acceptabilité des ressources humaines pour la santé

Utilisation des services

Qualité des ressources humaines pour la santé

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Décembre 2015 7

7. Les personnels de santé ont un rôle essentiel à jouer pour favoriser la résilience des

communautés et des pays lors de leurs interventions dans les situations d’urgence et de

catastrophes. Ces événements ont souvent de lourdes conséquences sanitaires et entraînent

notamment un grand nombre de décès, de traumatismes, de maladies et de handicaps et perturbent

considérablement les systèmes de santé. Ils peuvent réduire à néant les progrès en termes de

développement obtenus au bout de plusieurs décennies. Ils perturbent la prestation de services de santé

car ils entraînent la perte de personnel, endommagent les établissements de santé, interrompent les

programmes sanitaires et surchargent les services cliniques. L’investissement en faveur des personnels

de santé, d’une meilleure couverture des services de santé et de la gestion des situations d’urgence et

des risques de catastrophe non seulement renforce la résilience et la sécurité dans le domaine de la

santé mais, en outre, réduit la vulnérabilité sanitaire et permet de disposer des ressources humaines

nécessaires à la prévention des situations d’urgence, à la préparation à ces situations, ainsi qu’à

l’intervention et au relèvement. Il faut prêter davantage d’attention aux différents rôles des personnels

de santé, par exemple pour la planification des besoins en personnel (y compris dans le cadre de la

mobilisation de moyens supplémentaires dans les situations d’urgence), la formation et la protection

de ces personnels et leur participation à la préparation et aux interventions.

8. Malgré d’importants progrès, il faut renforcer la volonté politique et mobiliser des

ressources en faveur des personnels de santé, dans le cadre d’efforts plus larges en vue de renforcer

et de financer suffisamment les systèmes de santé. Les efforts consentis par le passé ont donné

d’excellents résultats. On en trouve de très nombreux exemples dans les pays qui, en traitant les

problèmes liés aux personnels de santé, ont amélioré les résultats sanitaires.6,7

En outre, au niveau

mondial, la disponibilité des personnels de santé s’améliore dans la majorité des pays pour lesquels

des données sont disponibles, même si cette amélioration n’est souvent pas assez rapide par rapport à

la croissance démographique.3 Cependant, les progrès n’ont été ni assez rapides ni assez marqués.

Bien souvent, la persistance de pénuries, de déséquilibres dans l’éventail des compétences, de

problèmes de répartition, d’obstacles à la collaboration interprofessionnelle, d’une utilisation

inefficace des ressources, de mauvaises conditions de travail, d’une répartition inégale entre les sexes

et d’une disponibilité limitée de données sur les personnels de santé, à laquelle s’ajoute le

vieillissement des personnels de santé, complique encore la situation. Dans les contextes de conflit et

de troubles civils, les agents de santé sont particulièrement vulnérables aux agressions et à la violence.

Compte tenu des efforts déjà déployés pour mettre en œuvre des stratégies et des cadres nationaux,

régionaux et mondiaux, le principal problème est de savoir comment mobiliser une volonté politique

et des ressources financières pour le système de santé et les ressources humaines, leur pièce maîtresse

à plus long terme.8,9

9. Les personnels de santé seront essentiels pour atteindre les objectifs sanitaires et, plus largement,

les objectifs de développement au cours des prochaines décennies. Le Secrétaire général de

l’Organisation des Nations Unies a adopté une série d’objectifs de développement durable (ODD)

pour la période 2016-2030. Ceux-ci succédant aux objectifs du Millénaire pour le développement qui

couvraient la période 2000-2015, appellent les peuples et les dirigeants du monde entier à garantir une

vie de dignité pour tous.10

Les personnels de santé sont le fondement du but proposé relatif à la santé,

dont la cible 3.C consiste à « accroître considérablement le budget de la santé et le recrutement, le

perfectionnement, la formation et le maintien en poste du personnel de santé dans les pays en

développement, notamment dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en

développement ». En 2014, l’Assemblée mondiale de la Santé a reconnu que l’objectif relatif à la santé

et ses 13 cibles, y compris l’accent mis à nouveau sur l’équité et la couverture sanitaire universelle –

ne serait atteint que si des investissements importants et stratégiques étaient consentis dans les

personnels de santé à l’échelle mondiale. Dans la résolution WHA67.24, les États Membres prient le

Directeur général de l’OMS d’élaborer une stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la

santé et de la soumettre à la Soixante-Neuvième Assemblée mondiale de la Santé, en mai 2016.11

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10. À l’échelle mondiale, les investissements dans les personnels de santé sont plus faibles

qu’on ne le pense souvent,12

ce qui compromet la viabilité des personnels et des systèmes de santé. Le sous-investissement chronique dans l’éducation et la formation des personnels de santé dans

certains pays à revenu élevé et le décalage entre les stratégies de formation concernant les systèmes de

santé et les besoins de la population entraînent des pénuries et des déficits permanents. Ceux-ci sont

aggravés par des difficultés de déploiement d’agents de santé formés au niveau national dans les

régions rurales, reculées et sous-desservies. Les déficits et les problèmes de répartition contribuent à la

mobilité des travailleurs à l’échelle mondiale et au recrutement d’agents de santé dans des pays

disposant de peu de ressources. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, en plus d’un sous-

investissement important dans l’éducation, en particulier dans les régions sous-desservies, les

déséquilibres entre la capacité d’offre et la demande sur le marché, déterminés par les contraintes

budgétaires, et entre la demande et les besoins de la population, font qu’il est difficile d’assurer une

couverture équitable et efficace par les services de santé essentiels. On se trouve parfois face à un

paradoxe : des besoins sanitaires importants ne sont pas satisfaits alors que des agents de santé sont au

chômage.

11. Pour disposer de personnels de santé fiables et efficaces, capables de répondre aux

priorités du XXIe siècle, il faut faire correspondre l’offre et les compétences des personnels de

santé aux besoins de la population actuels et futurs. L’évolution des profils épidémiologiques et des

structures démographiques fait augmenter la charge des maladies non transmissibles et des maladies

chroniques sur les systèmes de santé partout dans le monde.13

Les personnels de santé doivent aussi

faire face à des crises provoquées par l’homme et de santé publique. Ce phénomène s’accompagne

d’une demande progressivement plus grande pour des soins centrés sur le patient, pour des services de

santé communautaires et pour des soins au long cours personnalisés.2 Parallèlement, les pays

émergents connaissent une transition économique, au cours de laquelle l’enveloppe budgétaire

consacrée à la santé va augmenter, et une transition démographique, au cours de laquelle des centaines

de millions de personnes vont potentiellement entrer dans la population active. Au niveau mondial, la

demande de personnels de santé devrait donc augmenter considérablement. Pour disposer de

personnels de santé bien formés, adaptés et en quantité suffisante, les politiques et les décisions en

matière de financement relatives à la formation et au marché du travail dans le domaine de la santé

devront correspondre à l’évolution des besoins (Figure 2).

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Décembre 2015 9

Figure 2 : Leviers politiques permettant d’influer sur le marché du travail dans le domaine de la

santé

Source : d’après Sousa et al., 2013, Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé.

12. Les enjeux persistants concernant les personnels de santé, associés à ces macrotendances,

obligent la communauté internationale à réévaluer l’efficacité des stratégies passées et à adopter un

changement de paradigme dans la façon de former, de déployer, de gérer et de récompenser les

personnels de santé, et de planifier leur recrutement. Des progrès radicaux et une utilisation plus

efficace des agents de santé existants sont à la fois nécessaires et possibles si l’on adopte des modèles

de soin ouverts, englobant des services de promotion, de prévention, de traitement curatif, de

réadaptation et de soins palliatifs, si on réoriente les systèmes de santé vers une approche collaborative

axée sur les soins primaires en équipe et si on exploite pleinement le potentiel de l’innovation

technologique. En parallèle, il est possible d’utiliser les investissements et la réforme indispensables

en faveur des personnels de santé pour créer des possibilités d’emploi qualifié, en particulier pour les

femmes et pour les jeunes. Ainsi, on aura l’occasion sans précédent de concevoir et de mettre en

œuvre des stratégies pour les personnels de santé permettant de combler les lacunes auxquelles sont

confrontés les systèmes de santé en termes d’équité et de couverture, tout en libérant le potentiel de

croissance économique. L’exploitation de ce potentiel dépend de la mobilisation d’une volonté

politique et du renforcement des capacités institutionnelles et humaines pour la mise en œuvre efficace

de cette démarche.

13. Pour que, d’ici à 2030, toutes les communautés bénéficient de l’accès universel aux agents

de santé, il faut associer l’adoption de politiques efficaces aux niveaux national, régional et

mondial et un investissement suffisant pour répondre aux besoins non satisfaits. Si l’on considère

la situation avec réalisme, le changement d’échelle nécessaire dans les décennies à venir pour répondre

à la demande croissante, combler les lacunes existantes et contrer le renouvellement des personnels est

plus important que ne le laissent entrevoir toutes les estimations précédentes. Selon les projections de

l’OMS et de la Banque mondiale (annexe 1) sur les besoins en ressources humaines pour la santé, pour

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Décembre 2015 10

parvenir à un niveau élevé de couverture efficace par tout l’éventail des services nécessaires pour

offrir à tous une vie en bonne santé, il faut former et déployer 40 à 50 millions de nouveaux agents de

santé et de nouveaux travailleurs sociaux à l’échelle mondiale,14 dont 18 millions d’agents de santé

supplémentaires dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

14. On sait depuis longtemps ce qu’il faut faire pour pallier les principales difficultés

concernant les ressources humaines ; nous disposons aujourd’hui de données meilleures que

jamais indiquant comment y parvenir. Le projet de stratégie mondiale de l’OMS pour les ressources

humaines pour la santé à l’horizon 2030 tient compte des données contemporaines montrant les

solutions possibles pour le développement des personnels de santé sous différents aspects, dont

l’évaluation, la planification, la formation, la gestion, la fidélisation, les mesures incitatives et la

productivité, et se réfère aux outils et lignes directrices susceptibles de faciliter l’élaboration, la mise

en œuvre et l’évaluation de politiques dans ces domaines (annexe 2). La stratégie mondiale aborde

tous ces aspects de manière intégrée afin d’inspirer et d’orienter une action plus ferme de la part de

tous les secteurs de gouvernement concernés et de toutes les principales parties prenantes. Elle est

basée sur de nouvelles données et sur les meilleures pratiques des planificateurs et des décideurs, au

niveau national, et sur celles de la communauté internationale, aux niveaux régional et mondial.

Compte tenu de la nature intersectorielle et des conséquences potentielles du développement des

personnels de santé, la stratégie mondiale est destinée à orienter et à favoriser non seulement

l’élaboration de stratégies nationales dans les domaines de la santé et des ressources humaines pour la

santé mais aussi de cadres socio-économiques plus larges adoptés par les pays.

15. Comme les ressources humaines pour la santé sont un facteur facilitant la prestation de

nombreux services prioritaires, cette stratégie complète et renforce plusieurs stratégies connexes

établies par l’OMS et l’Organisation des Nations Unies. Elle réaffirme, en particulier, l’importance du

Code de pratique mondial de l’OMS pour le recrutement international des personnels de santé,15 qui

appelle les pays à s’efforcer d’utiliser leurs propres ressources humaines pour satisfaire leurs besoins,

à collaborer afin d’adopter des pratiques de recrutement international plus éthiques et plus justes et à

respecter les droits des agents de santé migrants. La stratégie soutient également les objectifs et les

principes énoncés dans la Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de

l’adolescent,16

la stratégie mondiale de l’OMS pour des services de santé intégrés centrés sur la

personne,2 le Plan d’action « Chaque nouveau-né »,

17 les objectifs en matière de planification familiale

à l’horizon 2020,18

le plan mondial pour l’élimination des nouvelles infections à VIH,19

la nouvelle

stratégie de l’ONUSIDA pour la période 2016-2021,20

le Plan d’action mondial pour la lutte contre les

maladies non transmissibles,21

le plan d’action de l’OMS relatif au handicap22

et le Cadre de Sendai

pour la réduction des risques de catastrophe, 2015-2030.23

16. Il s’agit d’une stratégie transversale qui ouvre la voie vers l’atteinte des cibles en matière

de couverture pour tous les services prioritaires. Elle concerne non seulement les catégories

professionnelles bien connues telles que les sages-femmes, le personnel infirmier et les médecins,

mais aussi tous les autres personnels de santé, des agents communautaires aux spécialistes, notamment

les praticiens communautaires et de niveau intermédiaire, les dentistes et les professionnels de la santé

orale, les professionnels des soins des oreilles et des yeux, les techniciens de laboratoire, les

pharmaciens, les physiothérapeutes et les chiropracteurs, les professionnels de la santé publique, les

gestionnaires de la santé, les logisticiens, les autres professions de santé connexes et le personnel

d’appui. La stratégie reconnaît que la diversité des personnels de santé doit être exploitée en renforçant

les approches collaboratives de la responsabilité sociale, la formation et la pratique

interprofessionnelles et une intégration plus étroite des services de santé et des services sociaux afin

d’améliorer la prise en charge au long cours des populations vieillissantes.

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Décembre 2015 11

17. La stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé présente des options

proposées aux États Membres, des responsabilités définies pour le Secrétariat de l’OMS et des

recommandations adressées aux autres parties concernées concernant la manière :

• d’optimiser les personnels de santé pour progresser plus vite vers la couverture sanitaire

universelle et les ODD (objectif 1) ;

• de comprendre les besoins futurs des systèmes de santé et de s’y préparer, en tirant parti de la

croissance sur le marché du travail pour créer un maximum d’emplois et de croissance

économique (objectif 2) ;

• de renforcer les capacités institutionnelles pour mettre en œuvre cette stratégie (objectif 3) ; et

• d’améliorer les données sur les ressources humaines pour la santé afin de suivre la mise en

œuvre effective des stratégies nationales et de la stratégie mondiale et d’assurer la redevabilité

(objectif 4).

Chaque objectif est décrit en détail dans les sections qui suivent.

Page 12: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 12

Objectif 1. Optimiser l’efficacité des services, la qualité et l’impact des personnels de

santé au moyen de politiques fondées sur des données factuelles concernant les

ressources humaines pour la santé afin de contribuer à la santé et au bien-être, à une

couverture sanitaire universelle effective ainsi qu’à la résilience et à la sécurité sanitaire

à tous les niveaux

Échéances :

• 1.1 D’ici à 2020, tous les pays auront mis en place des dispositifs pour l’agrément des

établissements de formation en santé

• 1.2 D’ici à 2030, tous les pays auront réalisé des progrès en vue de réduire de moitié les

inégalités en matière d’accès aux agents de santé

• 1.3 D’ici à 2030, tous les pays auront ramené à 20 % ou à moins de 20 % le taux des

abandons avant le diplôme dans les établissements de formation en soins médicaux et

infirmiers et de formation de professionnels de la santé connexes

18. Pour répondre aux besoins de la population par rapport aux ODD et en termes de

couverture sanitaire universelle et d’accès universel aux soins de santé, il faut utiliser de manière

optimale des ressources limitées et veiller à ce que celles-ci soient employées de façon stratégique

moyennant l’adoption et la mise en œuvre de politiques fondées sur des bases factuelles en

faveur des personnels de santé, adaptées au contexte local. Les difficultés actuelles liées aux

déficits et aux déséquilibres parmi les personnels de santé, auxquels s’ajoutent le vieillissement de la

population et les évolutions épidémiologiques, appellent de nouvelles mesures, modernes, plus

ambitieuses que jamais, si l’on veut atteindre les objectifs liés à la santé. Un meilleur alignement avec

les besoins de la population améliore le rapport coût/efficacité mais il exige de reconnaître que la

prestation de soins par une équipe au niveau primaire, peut être utile pour offrir des soins intégrés et

axés sur le patient.24,25

Cette approche repose sur la contribution potentielle de divers types d’agents de

santé qui collaborent plus étroitement tout en rationalisant leur champ d’exercice. Pour mettre en

œuvre ces mesures, il faut adopter des stratégies plus efficientes et efficaces et une réglementation

appropriée pour la formation des personnels de santé, un éventail de compétences plus durable et

répondant mieux aux besoins, de meilleures stratégies de déploiement et de meilleures conditions de

travail, des systèmes d’incitation, une meilleure responsabilisation sociale, une collaboration

interprofessionnelle et des possibilités de formation continue et de développement de carrière adaptées

aux besoins spécifiques des hommes et des femmes afin d’améliorer les capacités et la motivation

pour plus de performance.

19. Il est possible d’améliorer considérablement l’efficacité en renforçant la capacité des

institutions nationales de concevoir et de mettre en œuvre des stratégies plus efficaces et une

réglementation appropriée pour les personnels de santé. Il est tout à fait possible de garantir une

utilisation plus efficace et efficiente des ressources et un meilleur alignement avec les besoins de la

communauté en adoptant un modèle de prestation des soins et un éventail de compétences varié et

durable axé sur les soins de santé primaires et reposant sur des liens solides avec les personnels des

services sociaux et des mécanismes d’orientation vers les soins secondaires. Il est tout aussi possible

de faire augmenter la performance et la productivité en améliorant les systèmes de gestion et les

conditions de travail des personnels de santé et d’exploiter pleinement le potentiel de collaboration

avec les secteurs à but lucratif, bénévole et indépendant. Ces secteurs doivent être réglementés et des

mesures incitatives doivent être prises afin que leurs activités et leurs profils de prestation de services

correspondent mieux aux objectifs sanitaires du secteur public. Pour concrétiser ces progrès, il faut

disposer des moyens institutionnels nécessaires à la mise en œuvre, à l’évaluation et à l’amélioration

des politiques de planification, de formation et de gestion des ressources humaines pour la santé.

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Décembre 2015 13

Options pour les États Membres de l’OMS

20. La plupart des options proposées dans cette section et dans les suivantes sont de portée générale

et peuvent être envisagées par tous les pays, quel que soit leur niveau de développement socio-

économique. Si certaines options peuvent s’avérer particulièrement pertinentes pour les pays

appartenant à certaines catégories de revenu ou pour les pays fragiles, cela est explicitement indiqué.

Cette distinction ne saurait être interprétée comme rigide, dans la mesure où la situation des pays peut

évoluer dans le temps et où il n’y a pas toujours de lien direct entre les niveaux de revenu et la

situation des politiques relatives aux personnels de santé. En outre, plusieurs pays peuvent connaître

des difficultés similaires concernant les personnels et systèmes de santé, même si les conséquences sur

le financement, l’emploi et le marché du travail sont différentes. En dernière analyse, la pertinence et

l’applicabilité des options doivent être déterminées selon la situation réelle de chaque État Membre de

l’OMS.

Tous les pays

21. Renforcer le contenu et la mise en œuvre des plans relatifs aux ressources humaines pour

la santé dans le cadre des stratégies sanitaires et des stratégies plus générales de développement

au niveau national, en veillant à la cohérence entre les politiques relatives à la santé, à l’éducation, à

l’emploi, au genre, aux migrations, à la coopération pour le développement et aux questions fiscales.

À cet égard, il sera bénéfique d’instaurer un dialogue intersectoriel et d’organiser un alignement entre

les différents ministères compétents (santé, travail, éducation, finances, etc.), les associations

professionnelles, les syndicats, la société civile, les employeurs, le secteur privé, les autorités

gouvernementales locales et d’autres instances. La planification doit tenir compte des besoins de

l’ensemble des personnels de santé plutôt que traiter chaque profession séparément. Seul ce type

d’approche intégrée peut garantir l’ajustement des volumes d’investissement, des politiques de

formation relatives à l’acceptation d’apprenants et des systèmes d’incitation pour pallier les

défaillances du marché du travail – par exemple le fait qu’il y ait à la fois des agents de santé au

chômage et des besoins sanitaires non satisfaits. Le développement des ressources humaines pour la

santé est un processus permanent qui exige d’évaluer régulièrement les résultats et les boucles de

rétroaction pour définir et ajuster les priorités.

22. Promouvoir des conditions de travail décentes dans tous les contextes. Les ministères de la

santé, les commissions de la fonction publique et les employeurs doivent permettre des conditions

d’emploi, une rémunération et des incitations non financières qui tiennent compte des différences entre

hommes et femmes. Ils doivent coopérer afin que les personnels de santé bénéficient de conditions

justes, puissent faire évoluer leur carrière selon leur mérite et disposent de conditions de pratique

positives permettant de les déployer efficacement, de les fidéliser et de les motiver suffisamment pour

qu’ils dispensent des soins de qualité et instaurent une relation positive avec leurs patients. Les

atteintes aux agents de santé, la discrimination en fonction du sexe, la violence et le harcèlement

pendant la formation, le recrutement/l’emploi et sur le lieu de travail doivent être éliminés. Il est

particulièrement important de trouver des solutions pragmatiques afin de vaincre les rigidités qui

marquent profondément les règles et les pratiques du secteur public, qui nuisent à l’adoption de

systèmes de récompense adéquats, aux conditions de travail et aux perspectives de carrière des agents

de santé, en accordant un degré approprié de flexibilité et d’autonomie.

23. Veiller à l’utilisation efficace des ressources disponibles. À l’échelle mondiale, 20 % à 40 %

des dépenses de santé sont inutiles, en grande partie à cause du manque d’efficacité des personnels de

santé et de faiblesses de la gouvernance et de la supervision.26 Des systèmes de responsabilisation

devraient être mis en place pour améliorer l’efficacité des dépenses de santé et de celles consacrées

aux ressources humaines pour la santé. En plus de mesures telles que l’arrêt de la rémunération de

travailleurs fantômes,27 il faut absolument adopter des méthodes appropriées, rentables et équitables

pour la santé de la population afin de dispenser des soins communautaires, axés sur le patient, continus

et intégrés. On devra, à cet égard, appliquer des modèles de prestation de soins à partir d’un éventail

de compétences approprié et durable afin de répondre équitablement aux besoins sanitaires de la

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Décembre 2015 14

population. Les systèmes de santé devraient donc faire correspondre les forces du marché et les

attentes de la population aux soins de santé primaires, à la couverture sanitaire universelle et à une

prestation de services intégrée, centrée sur le patient, basée sur un mécanisme efficace d’orientation

vers les soins secondaires et spécialisés, tout en évitant la surmédicalisation. Il faut modifier et

corriger la configuration et l’offre concernant les spécialistes et les généralistes, les autres praticiens

de niveau avancé, le personnel infirmier et les sages-femmes et les autres agents de niveaux

intermédiaire et communautaire. Une réglementation favorable est nécessaire pour que ces personnels

soient tous officiellement reconnus et puissent exercer pleinement ; des stratégies et des mesures

incitatives appropriées pour la planification et la formation et des investissements suffisants en faveur

des soignants de niveau primaire, dont les médecins généralistes et les médecins de famille sont

nécessaires afin de dispenser des soins communautaires, centrés sur la personne, continus et intégrés.

24. Adopter des stratégies transformatrices pour former des agents de santé à plus grande

échelle. Les investissements dans les secteurs public et privé en faveur de la formation des personnels

de santé doivent être liés aux besoins de la population et aux exigences du système de santé. Les

stratégies de formation doivent privilégier les investissements dans les formateurs, pour lesquels le fort

bénéfice social est bien démontré. La réglementation des programmes de formation pour

contrebalancer la pression tendant à la formation pour les marchés internationaux et la formation de

professionnels capables de répondre aux besoins locaux doivent aussi être des priorités.28

Il faut

adopter une approche coordonnée pour lier la planification et la formation des ressources humaines

pour la santé (y compris dans le but de former des étudiants venant de zones rurales, en veillant à

l’équilibre hommes-femmes), en favorisant la formation interprofessionnelle et la collaboration. Les

normes de formation et le financement doivent être définis et contrôlés dans le cadre de politiques

nationales : il est possible d’améliorer radicalement la qualité des personnels si l’enseignement

supérieur et le secteur de la santé collaborent en mettant en œuvre un programme de formation

novateur29

basé sur les compétences. Cette approche devrait permettre aux agents de santé d’acquérir

les compétences leur permettant de collaborer efficacement au sein d’équipes interprofessionnelles

dotées de connaissances concernant les déterminants sociaux de la santé et de la santé publique. Ce

programme doit englober la préparation et la riposte aux épidémies afin d’améliorer la sécurité

sanitaire mondiale et de progresser dans l’application du Règlement sanitaire international (2005). Il

est tout aussi essentiel d’inculquer aux personnels de santé l’éthique du service public, les valeurs

professionnelles et les attitudes de responsabilité sociale nécessaires pour dispenser des soins adaptés

aux besoins, dans le respect des patients. Il faut tenir compte, en particulier, des besoins des groupes

vulnérables, tels que les enfants, les adolescents et les personnes handicapées, les minorités ethniques

ou linguistiques et les populations autochtones, ainsi que de la nécessité d’éliminer les discriminations

dues au sexe, au vieillissement, à la santé mentale, à la santé sexuelle et génésique et au VIH/sida. Les

possibilités de collaboration Nord-Sud et Sud-Sud et de partenariat public-privé pour la formation et

l’investissement, y compris pour progresser dans le domaine de la cybersanté, doivent être étudiées ; il

faudrait aussi mettre en place des mécanismes pour suivre et gérer les investissements pour la

formation et le développement professionnel continu de certains agents de santé en particulier.

25. Optimiser la motivation, la satisfaction, la fidélisation, la répartition équitable et la

performance des personnels de santé. Tandis que les tendances à l’urbanisation et le potentiel offert

par la télémédecine peuvent, dans certains contextes, atténuer le problème aigu de la mauvaise

répartition géographique, l’accès aux agents de santé reste inéquitable dans la majorité des situations.

Le programme pour un « emploi décent » repose sur des stratégies similaires visant à améliorer la

performance des agents de santé et à rendre leur répartition plus équitable. Cet ensemble de politiques

soucieuses des différences entre les sexes, mises en place pour attirer et fidéliser ces personnels, visent

notamment à assurer la sécurité de l’emploi et une charge de travail gérable, à permettre un

encadrement et une gestion organisationnelle favorables et à offrir des possibilités de formation

continue et d’évolution professionnelle, de meilleures perspectives de carrière, (y compris des

programmes de roulement, le cas échéant), des mesures incitatives en faveur de la famille et pour

améliorer le mode de vie, des allocations de pénibilité, des allocations pour le logement et l’éducation,

des installations et des outils de travail adéquats et un environnement de travail où les agents de santé

ne soient victimes ni de violence ni de discrimination, ni de harcèlement. L’adoption de mesures

spécifiques dans un contexte national donné doit être déterminée en fonction de la rentabilité et de la

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Décembre 2015 15

pérennité de ces mesures et peut s’appuyer sur des enquêtes de satisfaction auprès des employés pour

adapter les conditions de travail en conséquence. Pour garantir un déploiement équitable des

personnels de santé, il est essentiel de sélectionner les personnes à former dans des zones rurales et

sous-desservies, et d’envoyer du personnel dans ces endroits, et de mettre en place des mesures

incitatives, financières et autres, ainsi que des mesures réglementaires ou de réorganiser la prestation

des services.30

26. Exploiter, lorsque c’est faisable, rentable et bénéfique pour la santé des patients, les

possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication (TIC), en

particulier pour ce qui a trait au cyberapprentissage, aux dossiers médicaux électroniques, aux outils

de prise de décision clinique, aux liens entre les professionnels et entre les professionnels et les

patients, à la logistique, à la gestion de la performance, aux boucles de rétroaction, à la sécurité des

patients,31

au contrôle de la qualité des services et à la promotion de l’autonomie des patients.32

De

nouvelles qualifications professionnelles et de nouvelles compétences sont nécessaires pour exploiter

le potentiel des TIC dans le cadre de la prestation des soins de santé.33

Il faut aussi établir des normes

et des procédures d’accréditation pour la certification des formations dispensées selon des approches

mixtes incluant le cyberapprentissage, et une réglementation appropriée pour la prestation de services

de santé mobile et la manipulation de données sur les personnels dans le respect des exigences de

confidentialité.34

27. Renforcer la résilience et l’autonomie des communautés. Faire participer les communautés

aux décisions prises et aux choix faits en commun dans le cadre de meilleures relations entre patients

et prestataires. Investir dans l’éducation sanitaire et donner aux patients et à leur famille les

connaissances et les compétences nécessaires pour les encourager à devenir des acteurs importants et

de véritables atouts pour le système de santé et à collaborer activement à la production des soins et à

l’assurance de qualité au lieu d’être seulement des bénéficiaires passifs des services.

28. Renforcer les capacités des personnels de santé à gérer les situations d’urgence et les

catastrophes afin d’améliorer la résilience et la sécurité sanitaire. Préparer les systèmes de santé à

développer et à exploiter les capacités des personnels pour l’évaluation des risques, la prévention, la

préparation, l’intervention et le relèvement. Fournir aux personnels de santé des ressources, une

formation et du matériel et en tenir compte dans les politiques, la planification et les opérations pour

tous les types d’urgence aux niveaux local, national et international.

Pays à revenu faible ou intermédiaire

29. Renforcer les capacités et améliorer la qualité des établissements de formation en

accréditant ces derniers et en certifiant les diplômes. Ceci doit satisfaire aux exigences actuelles et

futures en matière de formation et ainsi répondre aux besoins sanitaires de la population et à

l’évolution des pratiques cliniques. Dans certains cas, il faudra peut-être repenser les méthodes de

recrutement des personnels de santé par le biais de mécanismes d’éducation conjointe et de

planification. En particulier, dans certains pays à revenu faible, il faut collaborer avec le ministère de

l’éducation et remettre l’accent sur l’éducation primaire et secondaire pour améliorer l’enseignement

des sciences. Ceci doit permettre de constituer un vivier suffisant de diplômés susceptibles d’entamer

des programmes de formation supérieurs, où hommes et femmes sont à égalité et reflétant les

caractéristiques démographiques et la répartition de la population. Les établissements de formation

aux professions de santé sont un poste d’investissement prioritaire, non seulement en termes de

nombre mais aussi pour qu’ils renforcent et mettent à jour leurs compétences d’enseignement sur la

base de programmes et de méthodologies pédagogiques actualisés et pour qu’ils dirigent des travaux

de recherche de manière indépendante.

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Décembre 2015 16

30. Veiller à ce que l’augmentation prévue de l’enveloppe destinée aux dépenses de santé

s’accompagne d’une allocation rentable des ressources. Il faut, en particulier, privilégier le

déploiement d’équipes interprofessionnelles assurant les soins primaires, composées d’agents de santé

ayant de larges compétences, en évitant de trop avoir recours aux soins spécialisés et tertiaires pour ne

pas faire augmenter exagérément les coûts. Pour cela, il faut s’appuyer sur un éventail de compétences

variées et durables et exploiter le potentiel des praticiens communautaires et de niveau intermédiaire

pour étendre la prestation des services aux populations pauvres et marginalisées.35 , 36

Dans de

nombreux endroits, l’élaboration d’une politique nationale pour intégrer les praticiens communautaires

dans le système de santé peut permettre à ces praticiens de bénéficier d’un soutien adéquat de la part

du système et d’agir plus efficacement au sein d’équipes intégrées assurant les soins primaires ;37,38

c’est une tendance que l’on voit apparaître dans certains pays. Le soutien apporté par des partenaires

nationaux et internationaux en vue d’étendre le recours à ces praticiens doit être harmonisé et aligné

par rapport aux politiques et systèmes nationaux.39

Dans certains contextes, les équipes assurant les

soins primaires doivent trouver des stratégies pour collaborer efficacement avec les guérisseurs et les

praticiens traditionnels.

31. Optimiser la performance des personnels de santé en instaurant une série de mesures en

faveur d’un emploi juste et officialisé, dans un environnement de travail favorable et soucieux de

l’égalité des sexes. À cet égard, il faut définir clairement pour les agents de santé des rôles, des

attentes, des lignes directrices et des processus de travail adéquats mais aussi offrir à ces personnels

des possibilités de combler leurs lacunes professionnelles, un retour d’informations pour les soutenir,

un environnement de travail adapté et des incitations et permettre la résolution de problèmes en

groupe.40

En outre, et c’est essentiel, ils doivent être rémunérés équitablement selon leurs compétences,

en principe régulièrement et sans retard, et pouvoir bénéficier de systèmes de récompense au mérite et

de possibilités d’évolution de carrière.

États fragiles et pays en situation d’urgence chronique

32. Protéger les agents de santé des agressions et des dangers.41

Outre les options présentées

ci-dessus, il faut protéger les agents de santé dans des situations encore plus aiguës de fragilité,

d’insécurité et d’instabilité politique. Les dangers peuvent tenir à la violence sexiste et/ou à des

maltraitances physiques, verbales ou psychologiques. Les agents de santé doivent disposer des outils

et des fournitures nécessaires pour remplir leur rôle et avoir la possibilité d’assumer et d’adapter leur

rôle de santé publique dans ces situations.

33. Mettre en œuvre, dès le début du processus de relèvement, de mesures essentielles

susceptibles d’améliorer l’efficacité, telles que l’élimination des travailleurs fantômes lorsque

c’est possible. Cette mesure prioritaire exige de créer un registre des personnels en exercice lié à l’état

de paie (voir aussi l’objectif 4).42

Responsabilités du Secrétariat de l’OMS

34. Mettre au point des orientations normatives, soutenir des travaux de recherche

opérationnelle pour définir des options fondées sur des bases factuelles et faciliter la coopération

technique – en fonction des besoins des États Membres. Ces responsabilités peuvent couvrir : la

formation des personnels de santé, l’optimisation du champ d’exercice des différentes catégories de

personnel, les stratégies de déploiement et de fidélisation fondées sur des bases factuelles, l’intégration

d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes et les approches relatives au contrôle de la qualité et

à l’amélioration des performances, y compris par le biais de la réglementation. L’OMS devrait aussi

faciliter le recueil systématique de données sur les agressions à l’encontre de professionnels de la santé,

en collaboration avec les parties concernées.43

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Décembre 2015 17

Recommandations pour les autres parties prenantes et les partenaires internationaux

35. Les établissements de formation doivent adapter leur configuration institutionnelle et

leurs modalités d’enseignement pour répondre à l’évolution des besoins. Celles-ci doivent être

conformes aux systèmes, aux normes et aux besoins nationaux d’homologation et promouvoir la

responsabilisation, la formation interprofessionnelle et la pratique collaborative. Compte tenu de

l’augmentation du nombre d’établissements de formation privés, il est essentiel que les normes de

qualité soient les mêmes pour tous les instituts de formation publics et privés. Les établissements de

formation, qu’ils soient publics ou privés, doivent mettre un terme aux discriminations fondées sur le

sexe au moment des admissions et dans le cadre de l’enseignement et doivent, plus généralement,

contribuer aux objectifs nationaux en matière de formation et de recrutement des étudiants.

36. Les conseils professionnels, les autres autorités de réglementation ou – si cela est pertinent

dans le contexte institutionnel national – les services compétents des ministères de tutelle doivent

adopter une réglementation adaptée (« right-touch regulation »),1 transparente, proportionnée,

cohérente et ciblée. Pour progresser dans ce domaine, il faut renforcer les capacités des autorités de

réglementation et d’homologation ; la manière de procéder peut varier d’un pays à l’autre, selon qu’il

s’agit d’entités gouvernementales, quasigouvernementales ou indépendantes et autonomes. Les

instances de réglementation sont essentielles pour garantir que les professionnels du secteur public

comme du secteur privé sont compétents, ont suffisamment d’expérience et respectent les normes

relatives à leur champ d’exercice et de compétence, conformément aux normes réglementaires et

législatives ; il faut aider les pays à mettre en place de telles entités ou à les renforcer afin d’actualiser

en permanence les homologations. Les instances de réglementation devraient aussi participer

activement à la définition des politiques pour améliorer l’élaboration et l’application de normes et de

règles et à l’instauration d’évaluation axées sur les compétences des diplômés des institutions

publiques et privées dans le cadre des homologations ou de leur renouvellement au niveau national.

Pour éviter d’éventuels conflits d’intérêts, les conseils professionnels et les associations

professionnelles devraient mettre en place des mécanismes appropriés pour distinguer leur rôle de

garant de la qualité de la pratique de celui de représentant des intérêts de leurs membres, lorsqu’il n’y

a pas de limites claires entre ces fonctions.3 Les autorités de réglementation devraient assumer les

fonctions suivantes : tenir à jour un registre des personnels de santé, superviser l’homologation des

programmes de formation initiale, mettre en œuvre des mécanismes pour assurer le maintien des

compétences – y compris l’homologation des enseignants –, appliquer des procédures justes et

transparentes pour faciliter la mobilité des praticiens tout en protégeant la population, et proposer une

série d’approches concernant les conduites et les compétences qui soient proportionnées au risque,

efficientes et efficaces.44

Les conseils professionnels et les associations professionnelles devraient

collaborer en vue d’établir des modèles de partage des tâches et de collaboration interprofessionnelle

et veiller à ce que tous les personnels ayant des fonctions de clinicien, mis à part les dentistes, les

sages-femmes, les infirmières et infirmiers, les pharmaciens et les médecins, bénéficient aussi

systématiquement de procédures d’accréditation et de réglementation.

1 « La right touch regulation consiste à se demander toujours à quels risques on tente de faire face, à agir de manière

proportionnée et ciblée pour réguler ce risque ou à trouver des moyens autres que la réglementation. C’est la force réglementaire minimale requise pour obtenir le résultat souhaité. » United Kingdom Professional Standards Authority.

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Objectif 2. Aligner les investissements en faveur des ressources humaines pour la santé

sur les besoins actuels et futurs de la population, compte tenu de la dynamique du

marché de l’emploi, pour permettre d’améliorer au maximum les résultats en matière de

santé, la création d’emplois et la croissance économique

Échéances :

• 2.1 D’ici à 2030, tous les pays auront réalisé des progrès en vue de réduire de moitié leur

dépendance à l’égard de professionnels de la santé formés à l’étranger, en application du

Code de pratique mondial de l’OMS pour le recrutement international des personnels de

santé

• 2.2. D’ici à 2030, tous les organismes bilatéraux et multilatéraux auront amélioré les

synergies dans l’aide publique au développement en faveur de l’éducation, de l’emploi, de

l’égalité des sexes et de la santé à l’appui de l’emploi national dans le secteur de la santé et

des priorités nationales de la croissance économique

• 2.3. D’ici à 2030, les partenaires pour la réalisation des objectifs de développement

durable auront créé, pourvu et maintenu au moins 10 millions de postes supplémentaires à

plein temps dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale dans les pays à

revenu faible ou intermédiaire

37. Au niveau mondial, la demande de personnels de santé et les effectifs de ces personnels

devraient augmenter considérablement dans les prochaines décennies en raison de la croissance

démographique et de la croissance économique associées aux transitions démographiques et

épidémiologiques. La nature de l’offre de soins va également évoluer pour couvrir un éventail de plus

en plus large de services aux patients, comme les soins communautaires. On constate toutefois des

écarts importants entre les besoins, la demande et l’offre aux niveaux national, local et mondial,

lesquels entraînent une répartition et un déploiement inéquitables des personnels de santé. Il se

pourrait que les efforts déployés pour généraliser les interventions essentielles en vue d’atteindre les

cibles relatives à la santé prévues dans les ODD et la couverture sanitaire universelle soient

compromis par une pénurie sévère de personnels de santé dans les pays à revenu faible ou

intermédiaire (annexe 1). Cette pénurie entraîne également une dépendance excessive vis-à-vis des

praticiens de niveaux intermédiaire et communautaire, qui voient leur charge de travail s’alourdir.

Parallèlement, de nombreux pays à revenu élevé se battent pour faire correspondre l’offre à la

demande compte tenu des contraintes de coût et de pérennité et on constate des fluctuations

périodiques entre pénurie et excès de l’offre. Ces tendances, parfois exacerbées par le vieillissement de

la population, font que, souvent, on ne forme pas assez de nouvelles recrues et/ou celles-ci sont mal

réparties et que le recrutement de personnel formé à l’étranger est disproportionné.45

38. Le secteur public doit intervenir pour remédier à l’offre réduite, au déploiement

inéquitable et à la motivation et la performance insuffisantes des personnels de santé. Pour mettre

en œuvre dans le domaine des ressources humaines pour la santé un programme permettant d’atteindre

les objectifs sanitaires après 2015, il faudra disposer de plus de ressources et les utiliser plus

efficacement. Dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, les dépenses nationales

consacrées aux ressources humaines pour la santé représentent, en moyenne, 33,6 % des dépenses

publiques de santé ;12

dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, il est à la fois

nécessaire et possible de déployer davantage d’efforts pour mobiliser des ressources nationales et ces

efforts doivent s’appuyer sur des politiques macroéconomiques appropriées aux niveaux national et

mondial. Les niveaux de financement doivent refléter l’intérêt des ressources humaines pour la santé

dans l’économie du pays, dans la mesure où celles-ci peuvent améliorer la productivité des travailleurs

dans d’autres secteurs.46

Mais plusieurs pays à revenu faible et États fragiles auront encore besoin

d’une aide au développement pendant quelques décennies afin de disposer d’une marge de manœuvre

suffisante pour consentir les investissements nécessaires dans les ressources humaines pour la santé.

Dans ce contexte, un dialogue politique de haut niveau est vivement souhaitable pour étudier comment

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adapter les mécanismes internationaux d’aide au développement (pour l’éducation, l’emploi, la parité

entre les sexes et la santé) et faire en sorte qu’ils permettent des investissements durables en capital et

en dépenses de fonctionnement pour les ressources humaines pour la santé.

39. On commence à disposer de données sur l’impact socio-économique plus large des

investissements en faveur des personnels de santé. L’emploi dans le secteur de la santé induit une

forte croissance dans d’autres secteurs :47

ceci, s’ajoutant à la croissance attendue sur le marché du

travail, signifie qu’investir dans la formation et l’emploi dans le secteur de la santé et apporter un

soutien permettra aux pays, quel que soit leur niveau de développement socio-économique, de créer

des emplois qualifiés dans le secteur officiel.48

Ce sont probablement surtout les femmes qui

profiteront de cette possibilité, en raison de la tendance à la féminisation des professions de santé.

Pour exploiter pleinement ces possibilités, il faudra absolument lever les obstacles sociétaux qui

empêchent les femmes d’exercer des professions de santé ou qui les cantonnent à des professions de

rang inférieur, par exemple des taux plus important d’illettrisme, la violence et le harcèlement sexuel

sur le lieu de travail, les coutumes traditionnelles qui obligent les femmes à obtenir l’autorisation d’un

membre masculin de leur famille pour travailler ou se former ailleurs que là où elles résident

habituellement, les attentes sociales habituelles qui font porter aux femmes davantage de

responsabilités familiales et l’existence de peu de dispositions s’agissant d’événements de vie tels que

le congé maternité ou le congé paternité.

Options pour les États Membres de l’OMS

Tous les pays

40. Renforcer les capacités de planification afin d’élaborer ou d’améliorer des politiques et

des stratégies permettant de quantifier les besoins, la demande et l’offre concernant les

personnels de santé selon différents scénarios. Ceci doit être mené à bien afin de gérer le marché du

travail et de concevoir des politiques efficaces et efficientes qui répondent aux besoins d’aujourd’hui

tout en anticipant les attentes de demain. Les besoins en ressources humaines pour la santé doivent

être quantifiés sur la base de la charge de travail prévue plutôt que de normes dépendant de la

population ou des établissements. Les plans concernant les ressources humaines pour la santé ont un

coût, qu’il faut calculer, et ils doivent être financés, mis en œuvre et continuellement affinés afin de

porter sur :

a) l’estimation du nombre et des catégories d’agents de santé nécessaires pour répondre aux

objectifs de santé publique et aux besoins sanitaires de la population dans les situations courantes et dans les situations d’urgence ;

b) les moyens de former suffisamment d’agents de santé qualifiés (politiques de formation) ; et

c) la capacité du marché du travail à recruter, déployer et fidéliser les agents de santé

(capacité économique et financière, et déploiement de personnel, rémunération et fidélisation des personnels par le biais de stratégies financières et autres).

Les estimations doivent être calculées sur la base d’équivalents temps plein – et pas seulement

des effectifs – afin de tenir compte d’une certaine flexibilité dans l’organisation du travail

(temps partagé, engagements à temps partiel) ; c’est particulièrement important pour permettre

l’égalité des chances entre agents de santé masculins et féminins.

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41. Favoriser une action multisectorielle sur les questions relatives aux personnels de santé

afin d’obtenir le soutien nécessaire de la part des ministères des finances, de l’éducation et du travail

(ou leurs équivalents). Ceci garantira aussi l’alignement des différents secteurs et parties prenantes

avec les stratégies et les plans concernant les personnels de santé, en exploitant les avantages de ces

plans et stratégies en termes de création d’emplois, de croissance économique et d’autonomisation des

femmes.

42. Investir en faveur de conditions décentes d’emploi, par le biais de politiques et de

stratégies publiques à long terme (10 à 15 ans). Ces stratégies doivent être respectueuses des droits

des travailleurs et des travailleuses,49

promouvoir un meilleur environnement de travail et prévoir, au

minimum, un salaire permettant de vivre (y compris pour les praticiens communautaires) et des

incitations pour un déploiement et une fidélisation efficaces, conformément à l’ODD relatif au travail

décent et à la croissance économique. Elles doivent aussi promouvoir l’élimination de la stigmatisation

de la part et à l’égard des agents de santé.

Pays à revenu élevé

43. Investir dans la formation, le recrutement, le déploiement et la fidélisation de personnels

de santé pour répondre aux besoins nationaux et infranationaux, en agissant à l’échelon national. Les stratégies d’investissement dans la formation devraient répondre à la demande actuelle et future

sur le marché du travail et tenir compte des difficultés liées au vieillissement des personnels de santé.

Les stratégies tendant à ce que les pays de destination dépendent moins d’agents de santé formés à

l’étranger peuvent prévoir une augmentation des investissements dans la formation des professionnels

de la santé au niveau national ; l’alignement des dépenses publiques en faveur de l’éducation et des

perspectives d’emploi ; l’adoption de mécanismes de financement novateurs permettant à des entités

locales et privées d’apporter un financement complémentaire aux subventions publiques pour la

formation des agents de santé ; la non-embauche directe dans des pays où le rapport agents de

santé/population est le plus bas, la promotion de manière plus rentable de former les professionnels de

la santé ; la planification d’un éventail de compétences plus diversifié pour les équipes soignantes ; et

une meilleure exploitation de la complémentarité des différentes catégories, y compris des prestataires

de niveau intermédiaire.50

44. Envisager les possibilités de renforcer les compétences et l’emploi dans les pays, y compris

par le recyclage des travailleurs des secteurs de l’économie qui sont sur le déclin (par exemple

industrie ou agriculture) afin qu’ils puissent exercer dans le secteur de la santé ou dans le secteur

social et occupent en particulier des emplois relativement faciles d’accès et pour lesquels la formation

est de courte durée, sans compromettre la qualité de la formation et des soins. Des mesures devraient

aussi être prises pour aider les étudiants récemment qualifiés à entrer sur le marché de l’emploi, en

particulier pendant les périodes de récession.14

Pays à revenu faible ou intermédiaire

45. Investir davantage pour stimuler l’offre et la demande de personnels de santé et pour que

celles-ci correspondent davantage aux besoins sanitaires de la population, y compris en adoptant

des stratégies et des mesures incitatives appropriées pour déployer les personnels de santé dans les

zones sous-desservies. Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire supérieur, il faudra pour cela

accroître l’offre d’agents de santé afin de faire face à l’augmentation de la demande nationale sous

l’effet de la croissance économique, tout en maîtrisant l’augmentation des dépenses.14

On admet que

les migrations ont des avantages mutuels potentiels pour les systèmes de santé des pays d’origine et

ceux de destination. Cependant, les stratégies de formation et de fidélisation devraient viser à retenir

les agents de santé dans le pays tout en respectant leur droit à la mobilité, conformément aux principes

énoncés dans le Code de pratique mondial de l’OMS pour le recrutement international des personnels

de santé.

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Décembre 2015 21

46. Mobiliser des ressources en faveur des ressources humaines pour la santé. Ces ressources

peuvent venir de sources habituelles ou nouvelles, y compris le budget général, une taxation

progressive, l’assurance-maladie, des fonds prévus à cet effet, des taxes spéciales ou une taxation

adéquate et juste des entreprises privées, y compris des industries minière et pétrolière.51

Ces

investissements sont possibles si le ministère des finances alloue des ressources suffisantes au secteur

de la santé et doivent être conformes à l’action menée en matière de santé et de protection sociale au

niveau national.52

Petits États insulaires en développement

47. Les pays peu peuplés ou dont la population est éparse, tels que les petits États insulaires en

développement, ont besoin de stratégies novatrices pour surmonter les difficultés liées à leur

structure démographique ou géographique. Ces stratégies peuvent prévoir des partenariats à long

terme afin que des pays s’unissent pour répondre à leurs besoins communs en termes de formation des

personnels de santé et d’homologation et de réglementation de leur exercice (étant donné l’importance

des investissements en capitaux et des dépenses récurrentes nécessaires pour créer et faire fonctionner

des établissements nationaux de formation et/ou des autorités de réglementation) ; des profils adaptés

pour le personnel des unités de soins chargées d’assurer des services au niveau périphérique ;

l’exploitation du potentiel de la télémédecine pour compléter les services offerts par les équipes de

soins primaires ; et l’amélioration du fonctionnement des systèmes d’orientation des patients.

États fragiles et pays en situation d’urgence chronique

48. Développer les capacités nationales de concevoir, d’adapter et de mettre en œuvre des

politiques et des mesures en faveur des ressources humaines pour la santé et d’absorber et

d’utiliser de façon efficace et transparente les ressources nationales et internationales. Outre les

options présentées ci-dessus, les régions marquées par la fragilité, l’insécurité et l’instabilité politique

ont d’autres besoins spécifiques. Le soutien apporté par les partenaires du développement dans le

domaine des ressources humaines pour la santé dans ces régions doit être prévisible et pérenne.

Responsabilités du Secrétariat de l’OMS

49. Fournir des orientations normatives et techniques selon les besoins des États Membres.

L’appui de l’OMS dans le cadre de cet objectif couvre la planification et les projections en matière de

personnels de santé, l’analyse du marché du travail, le calcul du coût des stratégies nationales

concernant les ressources humaines pour la santé et le suivi du financement national et international

des ressources humaines pour la santé. Étant donné que certains pays à revenu faible et pays fragiles

ont encore besoin d’une aide extérieure, l’OMS devra aussi fournir aux institutions financières

mondiales et régionales, aux partenaires du développement et aux initiatives sanitaires mondiales des

estimations concernant les besoins en ressources humaines pour la santé (et l’impact socio-

économique de la formation et de l’emploi de ces personnels). Ceci devrait favoriser l’adoption de

politiques macroéconomiques et de financement permettant d’investir davantage et de manière plus

ciblée dans les ressources humaines pour la santé. Afin de faciliter une transition progressive vers une

prise en main et un financement nationaux des politiques et stratégies de ressources humaines pour la

santé, l’OMS aidera aussi les États Membres à définir des approches permettant de mobiliser assez de

ressources nationales et de les allouer efficacement.

Recommandations pour les autres parties prenantes et les partenaires internationaux

50. Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, les banques régionales de

développement, notamment, doivent admettre que les personnels de santé sont un secteur

productif dans lequel il faut investir. Les investissements dans le secteur de la santé permettent de

créer des millions d’emplois, de stimuler la croissance économique et de favoriser, plus largement, le

développement socio-économique. Ces institutions devraient exploiter cette possibilité pour adapter

leurs politiques macroéconomiques afin qu’il soit possible d’investir davantage dans les services

sociaux.

Page 22: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 22

51. Les initiatives sanitaires mondiales doivent mettre en place des mécanismes de

gouvernance afin qu’une évaluation des conséquences sanitaires soit prévue pour toutes les

subventions et tous les prêts. Cela suppose que soient élaborés une stratégie et des mécanismes de

responsabilisation montrant comment des programmes spécifiques contribuent au renforcement des

capacités des ressources humaines pour la santé aux niveaux institutionnel, organisationnel et

individuel, au-delà de la formation et des incitations en cours d’emploi axées sur certaines maladies en

particulier. Il faut s’attacher à accroître les investissements et le soutien pérennes en faveur des

ressources humaines pour la santé. Le recrutement de personnel des services généraux par des

programmes concernant certaines maladies en particulier fragilise les systèmes de santé, et il vaut

mieux intégrer ces programmes dans des stratégies en faveur des soins de santé primaires.

52. Les partenaires du développement doivent faire correspondre leurs investissements en

faveur des ressources humaines pour la santé et aux besoins nationaux coordonnés à long terme,

tels qu’exprimés dans les plans sectoriels nationaux. Les investissements doivent être conformes

aux principes d’efficacité de l’aide, à ceux du Partenariat international pour la santé et des initiatives

apparentées et à ceux énoncés lors de la Troisième Conférence sur le financement du développement53

Suivant les recommandations du Groupe spécial de haut niveau sur le financement international

novateur des systèmes de santé, les dispositifs d’aide bilatéraux et multilatéraux devraient tendre à

allouer aux ressources humaines pour la santé 25 % de l’aide au développement destinée à la santé54

Ce soutien devrait aligner les stratégies relatives à l’éducation, à l’emploi, à l’égalité des sexes et à la

santé sur les stratégies nationales pour le développement des ressources humaines. En outre, les

initiatives sanitaires mondiales devraient réaligner leur soutien pour renforcer durablement les

ressources humaines pour la santé et offrir notamment la possibilité d’investir en capital et en

dépenses de fonctionnement (salaires compris) pour les personnels des services généraux pour ne plus

privilégier seulement la formation continue à court terme, axée sur des maladies spécifiques55,56

À cet

égard, les partenaires du développement pourraient envisager de créer un dispositif de financement

multilatéral pour soutenir le financement international dans les systèmes de santé57

afin de soutenir

l’exercice des droits humains, la sécurité sanitaire mondiale et la réalisation des ODD. Tout en

continuant de plaider pour l’allocation de plus de ressources nationales en faveur des ressources

humaines pour la santé, les partenaires du développement devraient également aider les pays à revenu

faible ou intermédiaire à renforcer leurs capacités de collecte de l’impôt.

53. Il faudrait encourager les institutions concernées à mettre en place des mécanismes pour

contrôler la proportion de l’aide au développement pour la santé allouée aux ressources

humaines pour la santé. L’Organisation de coopération et de développement économiques et le

système de suivi financier pour l’action humanitaire, par exemple, devraient mettre en place des

mécanismes pour contrôler la proportion de l’aide au développement pour la santé allouée aux

ressources humaines pour la santé car, actuellement, les procédures et les données nécessaires pour

contrôler les flux de l’aide destinée à la santé ne permettent pas de rendre compte de manière fiable et

cohérente des investissements dans les personnels de santé.58

54. Les entités régionales ou sous-régionales peuvent renforcer l’engagement politique et

financier en faveur de la mise en œuvre de ce programme. L’Union africaine, l’Union européenne,

la Ligue arabe, l’Union des nations de l’Amérique du Sud et l’Association des nations de l’Asie du

Sud-Est, par exemple, jouent un rôle important dans le dialogue sur les politiques et les études entre

pays dont la structure socio-économique ou le contexte culturel est comparable. Elles aident également

à susciter durablement la volonté politique qui sous-tend des investissements et des décisions

politiques favorables. Les stratégies et les efforts régionaux – tels que l’appel à l’action de Toronto59

et

la feuille de route de l’Afrique sur les ressources humaines pour la santé60

– constituent une base

solide pour la mise en œuvre de la stratégie mondiale de l’OMS sur les ressources humaines pour la

santé.

Page 23: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 23

OBJECTIF 3. RENFORCER LES CAPACITES INSTITUTIONNELLES AUX

NIVEAUX INFRANATIONAL, NATIONAL ET INTERNATIONAL POUR UNE

ORIENTATION ET UNE GOUVERNANCE EFFICACES CONCERNANT LES

MESURES EN FAVEUR DES RESSOURCES HUMAINES POUR LA SANTE

Échéances :

• 3.1 D’ici à 2020, tous les pays seront dotés de mécanismes institutionnels participatifs pour

coordonner un programme intersectoriel sur les personnels de santé

• 3.2 D’ici à 2020, tous les pays disposeront d’une unité de ressources humaines pour la

santé chargée de l’élaboration et du suivi des politiques et des plans dans ce domaine

• 3.3 D’ici à 2020, Tous les pays disposeront de mécanismes de réglementation propres à

promouvoir la sécurité des patients et une surveillance adéquate du secteur privé.

55. Il faut assurer une gouvernance efficace et renforcer les capacités institutionnelles pour

mettre en œuvre un programme complet en faveur des personnels de santé dans les pays. Malgré

les progrès considérables de ces dernières décennies, ceux accomplis dans le domaine des ressources

humaines pour la santé n’ont été ni assez rapides ni assez marqués. Le développement des personnels

de santé est, en partie, un processus technique qui exige d’avoir des compétences en matière de

planification, de formation et de gestion, ainsi que la capacité de les inscrire dans une vision à long

terme en faveur du système de santé. Mais il s’agit également d’un processus politique qui dépend de

la volonté et du pouvoir de différents secteurs de la société et de différents niveaux de gouvernement

de coordonner les efforts.61

La principale difficulté est de savoir comment, à la fois, assurer une

gouvernance intersectorielle efficace et la collaboration entre les parties intéressées, renforcer les

capacités techniques et mobiliser des ressources financières pour mettre en œuvre un programme

moderne en faveur des ressources humaines pour la santé.62

À cet égard, les chefs d’État doivent faire

preuve de volonté politique et de redevabilité.

56. Il faut disposer de moyens techniques et de gestion pour que la volonté politique et les

décisions prises se traduisent par une mise en œuvre effective. Il faut professionnaliser la

planification et la gestion des personnels de santé – du niveau national au niveau local – et garantir à

chacun l’égalité des chances quels que soient son sexe, sa race, son groupe linguistique ou son

appartenance ethnique. Nous avons besoin de cliniciens compétents mais aussi de gestionnaires, de

scientifiques, de planificateurs et de décideurs compétents dans le domaine sanitaire. Cette

compétence est essentielle pour fournir aux dirigeants politiques des données et des conseils

techniques solides et pour garantir la mise en œuvre effective et la supervision des politiques, des

normes et des lignes directrices.63

Surtout, cette compétence doit être renforcée parallèlement à la

création de mécanismes de redevabilité et être disponible au niveau administratif voulu. Dans les pays

fédéraux ou ceux où l’administration des personnels de santé est décentralisée, les compétences, le

capital humain et les mécanismes institutionnels doivent être mis en place aux niveaux infranational et

local, y compris la formation de cliniciens afin qu’ils occupent des postes à responsabilité gestionnaire.

57. Des mécanismes de gouvernance sanitaire mondiale adaptés peuvent faciliter la mise en

œuvre de programmes nationaux en faveur des ressources humaines pour la santé. Un

engagement et une action politiques au niveau des pays sont fondamentaux pour relever efficacement

les défis liés au développement des personnels de santé. Cependant, certaines questions sont de nature

transnationale et appellent une approche mondiale qui s’appuie sur un engagement en faveur de la

solidarité internationale : la création et le partage de biens publics mondiaux et des données ; la

fourniture ou la mobilisation d’une assistance technique et financière ; la gestion éthique de la mobilité

sur le marché du travail ; et l’évaluation des conséquences sur les ressources humaines pour la santé

des buts fixés et des résolutions adoptées à l’échelle mondiale.

Page 24: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 24

Options pour les États Membres de l’OMS

Tous les pays

58. Veiller à ce que tous les pays disposent d’une unité ou d’un département chargé des

ressources humaines pour la santé, placé sous la responsabilité d’un haut fonctionnaire du

ministère de la santé (le Directeur général ou le Secrétaire permanent). Cette unité devrait avoir

les moyens, les responsabilités et la redevabilité nécessaires pour prendre en charge un ensemble

standard de fonctions liées à la politique, à la planification et à la gouvernance concernant les

ressources humaines pour la santé, ainsi qu’à la gestion de données et à l’établissement de rapports.

Elle devrait, au minimum, plaider en faveur du développement des ressources humaines pour la santé ;

mobiliser et utiliser les ressources efficacement et de manière transparente ; défendre de meilleures

conditions de travail, ainsi que la mise en place de systèmes de récompense et de perspectives de

carrière pour les agents de santé ; diriger la planification et le développement des personnels de santé à

court terme et à long terme ; trouver des stratégies adaptées pour collaborer avec le secteur privé ;

analyser les données relatives aux personnels et l’économie du travail ; suivre efficacement la mobilité

internationale des agents de santé, en gérant les flux migratoires pour que les pays d’origine obtiennent

un bénéfice maximal ; suivre et évaluer les interventions et les tendances concernant les ressources

humaines pour la santé ; et créer des alliances avec les producteurs et les utilisateurs de données.

59. Montrer que les investissements dans les ressources humaines pour la santé sont, au plan

national, essentiels pour réaliser les ODD et permettre l’accès universel aux soins de santé. Cet

argument doit servir à exiger des plans et des budgets afin de mobiliser assez de ressources en

s’appuyant sur les réglementations et les mécanismes nécessaires à des fins de coordination et de

supervision des politiques. Pour mettre en œuvre efficacement un programme national en faveur des

ressources humaines, il faut gagner le soutien des ministères des finances, de l’éducation et du travail,

des commissions de la fonction publique, des autorités locales et du secteur privé, y compris en ayant

recours à des arguments économiques solides. La coordination entre ces acteurs sera plus facile si l’on

met en place des mécanismes nationaux pour la gouvernance et le dialogue politique.64

Ces

mécanismes doivent intégrer dans le processus de prise de décisions politiques la participation et les

intérêts légitimes de plusieurs acteurs, tels que la société civile, les citoyens, les agents de santé, les

professionnels de la santé, leurs syndicats ou leurs associations, les organismes de réglementation, les

associations d’employeurs, et les compagnies d’assurance afin d’élargir la prise en main politique et

de garantir la pérennité institutionnelle des politiques et des stratégies relatives aux ressources

humaines pour la santé, sans perdre de vue les objectifs des politiques publiques.

60. Renforcer les capacités techniques et de gestion pour élaborer et mettre en œuvre des

politiques, normes et lignes directrices efficaces relatives aux ressources humaines pour la santé. On favorisera ainsi des processus, de technologies et de modalités d’organisation des services et de

formation novateurs pour une utilisation plus efficace des ressources.

61. Veiller à ce que les personnels de santé du secteur public alignent leurs efforts de

développement avec ceux des services sociaux et avec les déterminants sociaux de la santé au sens

large, tels que l’accès au logement, l’alimentation, l’éducation, l’emploi et l’état de l’environnement

local. Les déterminants sociaux de la santé devraient être pris en compte dans la formation et dans la

pratique des cliniciens.

Pays à revenu élevé

62. Faire correspondre les mesures incitatives en matière de formation des personnels de

santé et de prestation des soins aux objectifs de santé publique. Il faut pour cela trouver un

équilibre entre les besoins croissants d’une population vieillissante et de nouvelles technologies

sanitaires toujours plus onéreuses, en faisant une prévision réaliste des ressources disponibles.

Page 25: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 25

Pays à revenu faible ou intermédiaire

63. Renforcer l’environnement institutionnel pour la production, le déploiement, la

fidélisation et la gestion des performances des personnels de santé. Il faut, à cet égard, augmenter

les capacités humaines et institutionnelles pour concevoir, élaborer puis assurer une formation initiale

et une formation continue des personnels de santé ; créer des associations professionnelles pour

favoriser des relations fructueuses avec les agents de santé ; concevoir des systèmes efficaces de

gestion de la performance et de récompense ; et développer la collaboration avec les entités chargées

de la réglementation des établissements de formation et des soignants du secteur privé. En cas de

décentralisation, où ces fonctions sont parfois exercées au niveau infranational ou périphérique, ces

capacités doivent être renforcées à l’échelon administratif voulu.

États fragiles et pays en situation d’urgence chronique

64. Des approches flexibles du développement des ressources humaines pour la santé doivent

être adaptées à la réalité du pays dans les situations de fragilité, d’insécurité et d’instabilité politique.

Outre les options ci-dessus et si le système central de gouvernance est fragile, plusieurs modalités

d’intervention en faveur des ressources humaines pour la santé sont possibles, à partir de points de

départ différents. Ces modalités seront déterminées en fonction du type de fragilité, de la structure de

gouvernance (centralisée ou confiée à des autorités périphériques), et des points d’entrée qui offrent un

impact maximal. Dans les situations où il n’y a pas de système central de gouvernance solide, les

interventions en faveur des personnels de santé seront plus efficaces si elles ciblent un niveau

décentralisé ou si elles sont effectuées par l’intermédiaire d’acteurs non étatiques, ce qui permet

d’obtenir plus rapidement des résultats et des enseignements en vue de la généralisation de ces

interventions.

65. Exploiter la fenêtre d’opportunité – lorsque le financement des donateurs et les possibilités

de réforme sont maximaux – pour renforcer les institutions.65

Un mécanisme coordonné permettra

de trouver une définition commune du contexte et des interventions, de réunir toutes les parties

concernées et, avec l’État comme coordonnateur, de cibler les interventions dont l’objectif explicite

est de renforcer les capacités.

Responsabilités du Secrétariat de l’OMS

66. Assurer soutien technique et renforcement des capacités afin que les États Membres

puissent développer leurs compétences de base concernant la politique, la planification, les

projections, la mobilisation de ressources et la gestion relatives aux ressources humaines pour la

santé. Il est possible de faciliter le renforcement des capacités en mettant au point un programme

professionnel postuniversitaire internationalement reconnu sur les politiques et la planification

relatives aux ressources humaines pour la santé, avec un parrainage et un réseau professionnel

internationaux pour soutenir la mise en œuvre d’un savoir sur les personnels de santé.

67. Renforcer les capacités mondiales pour mettre en œuvre le programme transnational

concernant les ressources humaines pour la santé. On peut y parvenir en favorisant une

coordination, un alignement et une responsabilisation efficaces, par le biais d’un réseau d’intervenants

et d’acteurs internationaux. En s’appuyant sur l’expérience et les réalisations de l’Alliance mondiale

pour les personnels de santé depuis sa création en 2000, il y a plus de 10 ans, l’OMS soutiendra la

création d’un dispositif mondial de gouvernance des ressources humaines pour la santé. Ce dispositif

vise à maintenir un engagement politique de haut niveau, à faciliter l’alignement des initiatives

mondiales en faveur de la santé sur les investissements prioritaires présentés dans cette stratégie, à

promouvoir la collaboration public-privé et le dialogue intersectoriel et multilatéral sur les politiques,

et à favoriser la coordination mondiale et la redevabilité mutuelle, en établissant des liens efficaces

avec les processus du système des Nations Unies pour le suivi de la couverture sanitaire universelle et

des objectifs de développement durable.

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Décembre 2015 26

68. Fournir aux États Membres un appui technique afin qu’ils développement les capacités du

système de santé et les compétences des personnels pour gérer les risques liés aux situations

d’urgence et aux catastrophes. Cet appui facilitera l’évaluation de la disponibilité de ressources

humaines pour la santé avant, pendant et après les situations d’urgence ; l’intégration de la gestion des

risques liés aux situations d’urgence dans les politiques et les programmes techniques pertinents ainsi

que dans le développement et la formation des personnels de santé ; le soutien des mécanismes de

coordination pour la planification et le déploiement de personnel dans les situations d’urgence (y

compris d’équipes sanitaires internationales et du Groupe sectoriel Santé mondial) ; et la défense de la

protection de la santé et de la sécurité des personnels dans les situations d’urgence.

Recommandations pour les autres parties prenantes et les partenaires internationaux

69. Les parlements et la société civile doivent contribuer à maintenir l’élan en faveur des

ressources humaines pour la santé. Ceci est possible moyennant la supervision des activités des

pouvoirs publics, par le biais des mécanismes de redevabilité pour suivre la performance et en

défendant l’amélioration des établissements de formation et des employeurs des secteurs public et

privé.

70. La communauté internationale, les partenaires du développement et les initiatives

sanitaires mondiales doivent examiner systématiquement les conséquences pour les personnels

de santé des objectifs sanitaires envisagés et adoptés. À cet égard, le Secrétariat de l’OMS devrait

également coopérer avec les organes directeurs afin que toutes les résolutions présentées, à l’avenir, à

l’Assemblée mondiale de la Santé et aux comités régionaux comportent une évaluation des

conséquences des recommandations techniques ou politiques sur les personnels de santé.66

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Décembre 2015 27

OBJECTIF 4. RENFORCER LES DONNEES SUR LES RESSOURCES HUMAINES

POUR LA SANTE, POUR LE SUIVI ET LES RESPONSABILITES CONCERNANT

UNE BONNE MISE EN ŒUVRE DES STRATEGIES NATIONALES ET DE LA

STRATEGIE MONDIALE

Échéances :

• 4.1 D’ici à 2020, tous les pays auront réalisé des progrès concernant les registres des

personnels de santé afin d’en suivre les effectifs, la répartition, les flux, l’offre, la demande,

les capacités et la rémunération

• 4.2 D’ici à 2020, tous les pays auront amélioré l’échange de données sur les ressources

humaines pour la santé dans le cadre de comptes nationaux des personnels de santé et

fournissent annuellement les indicateurs essentiels au Secrétariat de l’OMS

• 4.3 D’ici à 2020, tous les organismes bilatéraux et multilatéraux auront renforcé

l’évaluation des personnels de santé et l’échange d’informations à leur sujet

71. Pour renforcer la sensibilisation, la planification, l’élaboration de politiques, la

gouvernance et la redevabilité aux niveaux national et mondial, il faut absolument disposer de

données de meilleure qualité sur les ressources humaines pour la santé. La boucle de rétroaction

entre les données et les politiques est un élément essentiel des systèmes de santé résilients, c’est-à-dire

ceux qui ont la capacité de tirer des enseignements de l’expérience acquise et de s’adapter à

l’évolution des besoins. La projection des besoins futurs en personnels de santé, sur la base

d’informations fiables et actualisées, de l’analyse du marché du travail et de l’étude de scénarios, peut

faciliter l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi, l’évaluation de l’impact et l’actualisation permanente

des stratégies relatives aux personnels de santé. Beaucoup d’améliorations peuvent encore être

apportées, dans les dix ans à venir, dans le domaine de l’élaboration de politiques à partir de données

factuelles. L’innovation technologique , la connectivité, Internet et le début de l’ère des « big data »

qui se caractérise par l’augmentation spectaculaire de la diversité et de la quantité des données

collectées par les systèmes, les patients et les agents de santé, offrent des possibilités spécifiques.

72. La réalisation des objectifs de développement pour l’après-2015 exige d’aligner les

politiques publiques relatives à la gouvernance, à la redevabilité et à l’équité avec l’intelligence

stratégique sur le marché du travail aux niveaux national et mondial. Il faut stimuler la demande

et l’utilisation proactive de données sur les personnels de santé dans les politiques publiques

internationales et encourager, au niveau mondial, l’évaluation des conséquences sur les personnels de

santé de tout objectif de santé publique. On favorisera ainsi la demande et l’analyse de données sur les

personnels de santé (y compris dans les situations d’urgence), notamment en ce qui concerne les

initiatives sanitaires mondiales et les programmes liés aux cibles sanitaires relatives aux ODD et à la

couverture sanitaire universelle. En améliorant l’architecture et l’interopérabilité des informations

concernant les ressources humaines pour la santé, il est possible d’établir des indicateurs essentiels

pour soutenir ces processus. Les données collectées devraient permettre d’avoir une vue d’ensemble

des caractéristiques des personnels (dans les secteurs public et privé) ; des modes de rémunération

(quelle que soit la source de cette rémunération, pas uniquement dans le secteur public), des

compétences des personnels (par exemple le rôle des agents de santé, selon les catégories auxquelles

ils appartiennent et selon le niveau des soins qu’ils dispensent) ; de la performance (grâce à la collecte

systématique de données sur la productivité et la qualité des soins), des absences, de l’absentéisme et

de leurs causes fondamentale ; des caractéristiques de la mobilité sur le marché du travail (milieu

urbain contre milieu rural, secteur public contre secteur privé, mobilité internationale) ; de la violence

ou des agressions dont sont victimes les agents de santé ; et de l’efficacité du système de gestion des

ressources humaines pour la santé (le délai moyen pour pourvoir un poste vacant, le taux d’attrition

pendant la formation et l’emploi, le résultat des programmes d’homologation, etc.).67

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Décembre 2015 28

73. Cette stratégie comporte un cadre de responsabilité permettant d’évaluer les progrès

accomplis par rapport aux recommandations. Au niveau des pays, les options considérées comme

les plus pertinentes par un État Membre devraient être intégrées dans les stratégies et les plans

nationaux en faveur de la santé et du développement. Certaines cibles et certains indicateurs devraient

figurer dans ces cadres, politiques et stratégies nationaux de développement, et les mécanismes

concernant plusieurs secteurs et plusieurs intervenants devraient être renforcés pour tenir compte des

principales interventions et points de responsabilité, des intrants jusqu’à l’impact. Les processus et

mécanismes existants pour l’examen du secteur de la santé au niveau des pays devraient prévoir une

évaluation régulière des progrès accomplis en matière de personnels de santé dans le contexte national.

Au niveau mondial, la responsabilisation prévoira la mise en œuvre progressive de comptes rendus

nationaux sur les personnels de santé,67

ainsi que l’établissement par les pays de rapports annuels sur

les principaux indicateurs concernant les ressources humaines pour la santé par rapport aux cibles

accompagnant les quatre objectifs énoncés dans cette stratégie. Cette amélioration progressive des

données permettra de rationaliser les modalités de notification par les États Membres et de faire

effectivement le lien entre le suivi de la stratégie et le suivi du Code de pratique mondial de l’OMS

pour le recrutement international des personnels de santé, ainsi qu’avec le suivi des résolutions de

l’Assemblée mondiale de la Santé, des documents stratégiques et des résolutions adoptées dans les

Régions concernant les ressources humaines pour la santé. Le suivi mondial sera aussi lié, de façon

synchronisée, au cadre de responsabilité des nouveaux ODD.

Options pour les États Membres de l’OMS

Tous les pays

74. Investir pour que les pays aient les capacités d’analyser les données sur les ressources

humaines pour la santé et les systèmes de santé. Ceci devrait être basé sur des politiques et lignes

directrices relatives à la standardisation et à l’interopérabilité des données sur les ressources humaines

pour la santé, telles celles présentées dans l’ensemble minimal de données de l’OMS,68

afin d’établir

des comptes rendus nationaux sur les personnels de santé. Les observatoires nationaux ou régionaux

des personnels et les dispositifs similaires ou connexes peuvent être utiles à la mise en œuvre de cette

démarche et servir de plateforme pour le partage et la promotion des meilleures pratiques. On peut

gagner en efficacité en tirant parti des progrès technologiques, de la connectivité et d’Internet et de

l’apparition de nouvelles approches pour la conception de systèmes de collecte, de rassemblement et

d’utilisation de données sur les ressources humaines pour la santé.69

75. Établir des registres nationaux des personnels de santé compétents et qui exercent, plutôt

que de ceux qui ont simplement achevé un programme de formation. Ces registres devraient

progressivement étendre l’ensemble minimal de données afin d’aboutir à un ensemble complet

d’indicateurs de performance essentiels sur les effectifs, la répartition, les flux, la demande, l’offre et

la rémunération des agents de santé dans les secteurs public et privé. Ces données devraient être

ventilées par âge, par sexe, par groupe ethnique ou linguistique et par lieu d’exercice afin de bien

comprendre le marché du travail et concevoir des politiques efficaces. Il faut également mettre en

place des systèmes pour permettre la collecte et la présentation systématiques de données sur les

agressions et la violence dont sont victimes les agents de santé.

76. Mettre en place des mesures incitatives et des politiques pour la collecte, la présentation et

l’analyse et l’utilisation de données fiables et impartiales sur les personnels de santé afin de

faciliter la transparence, la redevabilité et de permettre l’accès public à différents niveaux de

prise de décisions. Les pays devraient, en particulier, faciliter la collecte et la présentation, aux

niveaux national et infranational, de données sur les personnels de santé moyennant la présentation

d’un rapport annuel standardisé à l’Observatoire mondial de la santé de l’OMS. Toutes les données sur

les personnels de santé doivent, dans le respect de la confidentialité et de la législation pertinente sur la

protection des données, être traitées comme un bien public mondial à partager dans le domaine public

au profit des différents secteurs des pouvoirs publics, des associations de professionnels de santé et des

partenaires du développement.

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77. Intégrer dans les stratégies nationales sur la santé ou les ressources humaines pour la

santé les options présentées dans cette stratégie, en tenant compte des exigences en matière de

suivi et de redevabilité. La redevabilité concernant les ressources humaines pour la santé au niveau

national doit s’accompagner de mécanismes de redevabilité au niveau local afin que les communautés

et les usagers puissent faire entendre leur voix et aient la capacité d’agir. On créera ainsi des boucles

de rétroaction pour améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients. De la même manière, au

niveau mondial, les pays doivent demander au Bureau du Secrétaire général de l’Organisation des

Nations Unies de veiller à ce que le cadre de responsabilité des ODD comporte des cibles ou des

indicateurs concernant les personnels de santé.

Pays à revenu élevé

78. Appliquer des approches relevant des « big data » afin d’avoir une idée plus précise des

personnels de santé, notamment de leurs effectifs, de leurs caractéristiques et de leur performance, et

de repérer ainsi les lacunes et les possibilités de renforcer les personnels de santé. Ceci doit être fait

dans le respect des normes et des cadres législatifs régissant la collecte et l’utilisation des données

personnelles, qui garantiront une confidentialité absolue et l’anonymat de chaque agent de santé.

Pays à revenu faible ou intermédiaire

79. Renforcer les systèmes d’information sur les ressources humaines pour la santé et

constituer le capital humain nécessaire pour les rendre opérationnels en tenant compte des

systèmes plus larges d’information sur la gestion sanitaire. La capacité d’utiliser efficacement les

données pour dialoguer avec les décideurs doit aussi être renforcée.

80. Exploiter les possibilités de progresser rapidement en adoptant des solutions relevant des

technologies de l’information et de la communication (TIC) pour le regroupement et le stockage de

données sur les ressources humaines pour la santé, en évitant les infrastructures exigeant beaucoup de

capital dont on avait eu besoin dans le passé.

États fragiles et pays en situation d’urgence chronique

Professionnaliser la mise au point de systèmes d’information sur les ressources humaines pour la

santé dans le cadre d’initiatives ciblées pour le renforcement des capacités.

81. Outre les options ci-dessus, dans les situations de fragilité, d’insécurité et d’instabilité politique,

il faut aussi créer ou renforcer et protéger les institutions voulues (gouvernement/ministère de la santé

et conseils professionnels) au niveau national.43

À court terme, la fragmentation des systèmes

d’information sur les personnels de santé peut signifier qu’il faut travailler efficacement avec des

données quantitatives parcellaires, en utilisant aussi des méthodes qualitatives.

Responsabilités du Secrétariat de l’OMS

82. Mettre au point des outils, des lignes directrices et des bases de données concernant les

informations sur les ressources humaines pour la santé dans les situations habituelles et dans les

situations d’urgence, en étudier l’utilité, les mettre à jour et en assurer la maintenance.

83. Faciliter l’établissement progressif de comptes rendus nationaux sur les personnels de

santé afin d’aider les pays à améliorer et à standardiser la qualité et l’exhaustivité de leurs données sur

les personnels de santé. Des données de meilleure qualité sur les ressources humaines pour la santé

contribueront à un système numérique mondial de notification afin que les pays puissent présenter

chaque année un rapport basé sur une série minimale d’indicateurs sur les ressources humaines pour la

santé, y compris des informations sur la production, le recrutement, la disponibilité, la composition, la

répartition, le coût et les flux migratoires des personnels de santé,67

ventilées par sexe, par âge et par

lieu d’exercice.

Page 30: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 30

84. Rationaliser et intégrer toutes les modalités de notification sur les ressources humaines

pour la santé par les États Membres de l’OMS. Dans leurs rapports annuels sur les ressources

humaines pour la santé, les États Membres intègreraient donc les progrès accomplis dans la mise en

œuvre du Code de pratique mondial de l’OMS pour le recrutement international des personnels de

santé, des résolutions de l’Assemblée mondiale de la Santé sur les ressources humaines pour la santé

et de la stratégie mondiale sur les ressources humaines pour la santé.

85. Adapter, intégrer et relier le suivi des cibles de la stratégie mondiale au nouveau cadre de

responsabilité des objectifs de développement durable.

Recommandations pour les autres parties prenantes et les partenaires internationaux

86. L’Organisation internationale du travail doit réviser la Classification internationale type

des professions (CITP), afin que les agents de santé et les professions de santé y soient définis plus

clairement.70

Il faudra, à cet égard, établir des définitions qui reflètent leurs compétences et les tâches

qu’ils accomplissent. Il est urgent, en particulier, de rationnaliser la classification et la nomenclature

des agents de santé et des autres types de praticiens communautaires.

87. Les établissements universitaires et de recherche doivent remédier aux manques de

données les plus urgents. Il faut, par exemple, mener davantage de travaux sur les approches

permettant de réglementer efficacement la double pratique, sur les stratégies permettant d’optimiser la

qualité et la performance et sur le contexte institutionnel et réglementaire optimal pour le partage des

tâches et la délégation des compétences.71

Il faut également exploiter le renforcement des données et

des mesures concernant les ressources humaines pour la santé afin d’évaluer l’impact et d’étudier la

rentabilité, ainsi que le retour sur investissement des interventions en faveur des personnels de santé.72

La participation des décideurs et des parties prenantes dès le début de la définition des priorités de la

recherche peut jouer un rôle essentiel dans la généralisation et l’utilisation des résultats de la

recherche.73

88. Les associations professionnelles et la société civile doivent collaborer avec les chercheurs

pour faciliter l’utilisation de données dans l’élaboration des politiques. Le rôle de ces entités dans

la sensibilisation, la communication et la redevabilité peut jouer un rôle crucial pour combler l’écart

entre les données factuelles et les politiques.

89. Les partenaires du développement doivent soutenir les systèmes de collecte et d’analyse de

données sur les ressources humaines pour la santé au niveau national afin d’améliorer la

planification et la redevabilité. À cet égard, les organismes bilatéraux et multilatéraux doivent mettre

systématiquement à disposition dans le domaine public les informations et les données collectées sur

les ressources humaines pour la santé, dans le cadre des initiatives qu’ils soutiennent.

Page 31: Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à ... · mondiale sur les ressources humaines pour la santé et de la soumettre pour examen à la Soixante-Neuvième Assemblée

Décembre 2015 31

ANNEXE 1

PERSONNELS DE SANTE NECESSAIRES POUR METTRE EN ŒUVRE LA

STRATEGIE MONDIALE SUR LES RESSOURCES HUMAINES POUR LA SANTE

N.B. : L’OMS coordonne depuis 2015 une initiative, à laquelle participent plusieurs institutions et

parties prenantes, en vue d’estimer les personnels de santé nécessaires jusqu’à 2030. L’annexe 1

montre l’état d’avancement de cette analyse en décembre 2015. Elle sera finalisée en vue d’être présentée à l’Assemblée mondiale de la Santé en mai 2016.

Tableau A1.1 Effectifs d’agents de santé (2013)

Médecins

Infirmières/

sages-femmes

Toutes

les autres

catégories1

Total2 Médecins

pour 1000

Infirmière

s/sages-

femmes

pour 1000

Toutes les

autres

catégories

pour 1000

Total pour

10002

Région

Afrique 225 120 1 039 709 620 315 1 885 144 0,27 1,22 0,73 2,22

Amériques 2 025 041 4 692 099 2 637 289 9 354 429 2,09 4,85 2,73 9,68

Méditerranée

orientale 785 629 1 295 020 979 097 3 059 747 1,26 2,08 1,57 4,91

Europe 2 909 051 5 314 157 3 308 690 11 531 897 3,20 5,84 3,64 12,68

Asie du Sud-Est 1 062 373 2 776 662 2 093 276 5 932 311 0,57 1,50 1,13 3,20

Pacifique

occidental 2 721 036 4 624 862 2 959 246 10 305 145 1,49 2,54 1,62 5,66

Revenu3

Faible 144 826 399 478 323 979 868 284 0,19 0,51 0,41 1,11

Intermédiaire

inférieur 1 977 455 4 475 914 3 543 241 9 996 609 0,77 1,75 1,39 3,91

Intermédiaire

supérieur 3 880 669 6 603 520 4 259 087 14 743 276 1,61 2,74 1,77 6,12

Élevé 3 725 300 8 263 597 4 471 607 16 460 504 2,92 6,48 3,51 12,91

Niveau

mondial4 9 728 249 19 742 509 12 597 914 42 068 673 1,38 2,81 1,79 5,99

1 Ce sont les sept autres grandes catégories de personnels de santé, telles que définies dans la base de données statistique de l’OMS sur les personnels de santé dans le monde : personnel d’odontologie, personnel de pharmacie, personnel de laboratoire, employés chargés de l’environnement et de la santé publique, agents de santé communautaires et traditionnels, le personnel chargé de la gestion sanitaire et le personnel d’appui et les autres agents de santé. Un coefficient multiplicateur a été calculé en prenant, pour chaque catégorie de revenu de la Banque mondiale, avec toutes les valeurs non manquantes correspondant à “toutes les autres catégories”, le nombre moyen de “toutes les autres catégories” par rapport aux médecins/infirmières/sages-femmes. On a ainsi obtenu les coefficients multiplicateurs suivants : 0,595 (revenu faible) ; 0,549 (revenu intermédiaire inférieur) ; 0,406 (revenu intermédiaire supérieur) et 0,373 (revenu supérieur). On a obtenu le nombre estimé de “toutes les autres catégories” pour chaque Région en multipliant le nombre total de médecins/infirmières/sages-femmes par ce coefficient multiplicateur. 2 Les nombres et les taux ne sont pas toujours égaux aux totaux par ligne et par colonne en raison d’arrondis ou de données manquantes par catégorie de revenu ou par Région.

3 Les coefficients multiplicateurs par catégorie de revenu pour “toutes les autres catégories” sont ceux indiqués à la note 1 ci-dessus.

4 Comprend 210 pays pour lesquels l’Organisation des Nations Unies publie des estimations démographiques, pour une population totale estimée en 2013 à 7 024 094 223.

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Décembre 2015 32

Selon le Tableau A1.1, en 2013 (dernières données disponibles), on comptait un peu plus de

42 millions d’agents de santé dans le monde, dont 9,7 millions de médecins, 19,7 millions

d’infirmières et de sages-femmes et environ 12,6 millions d’autres agents de santé. Le rapport entre

infirmières/sages-femmes et médecins était de 2,07.

Projection de croissance des personnels de santé si la tendance actuelle se poursuit

Si la tendance actuelle en matière de formation et d’emploi se poursuit jusqu’en 2030, le nombre

d’agents de santé, toutes catégories confondues, va considérablement augmenter par rapport aux

chiffres de 2013. On constatera une augmentation de 27 % du nombre de médecins, de 40 % du

nombre d’infirmières/de sages-femmes et 36 % d’autres agents de santé (Tableau A1.2).

En revanche, on prévoit dans les pays à revenu élevé une augmentation de 5 % dans les catégories de

personnels, qui correspond à une densité déjà satisfaisante et à une faible croissance de la population.

L’augmentation globale réelle des personnels de santé prévue au niveau mondial de 2013 à 2030, quel

que soit le niveau de revenu, est de 11 % – ce qui correspond à 46,7 millions d’agents de santé – si les tendances actuelles se poursuivent.

Tableau A1.2 Estimations prévues du nombre d’agents de santé par catégorie et par groupe de

revenu en 2030 (et évolution en pourcentage par rapport à 2013)

Médecins

Infirmières/

sages-femmes Autres Total

Revenu 2013 2030 %* 2013 2030 %* 2013 2030 %* 2013 2030 %

*

Faible 144 826 183 424 27 399 478 557 475 40 323 979 440 996 36 868 284 1 181 894 36

Intermédiaire

inférieur 1 977 455 2 345 122 19 4 475 914 5 338 845 19 3 543 241 4 218 905 19 9 996 609 11 902 872 19

Intermédiaire

supérieur 3 880 669 4 268 966 10 6 603 520 7 338 691 11 4 259 087 4 715 483 11 14 743 276 16 323 141 11

Élevé 3 725 300 3 925 940 5 8 263 597 8 697 997 5 4 471 607 4 708 463 5 16 460 504 17 332 400 5

Niveau

mondial 9 728 249 10 723 452 10 19 742 509 21 933 009 11 12 597 914 14 083 847 12 42 068 673 46 740 308 11

* Pourcentage estimé d’évolution entre 2013 et 2030.

« Indice ODD » actualisé et basé sur les besoins concernant la densité minimale de médecins,

d’infirmières et de sages-femmes

Le Rapport sur la santé dans le monde de 2006 a marqué un tournant en proposant un modèle fondé

sur des bases factuelles pour calculer les besoins en agents de santé à satisfaire pour atteindre 80 %

d’accouchements en présence de personnel qualifié. Le seuil recommandé était de 2,3 agents de santé

qualifiés pour 1000 habitants. Ce seuil a permis aux défenseurs des personnels de santé de plaider en

faveur de la réalisation d’objectifs et aux pays de mesurer les progrès accomplis. Cependant, ce modèle est évidemment limité à un seul service de santé (les accouchements ).

Compte tenu de ce nouveau seuil, il faut maintenant tenir compte de tout l’éventail des services ciblés

dans le cadre de la couverture sanitaire universelle et des ODD.

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Décembre 2015 33

Douze indicateurs de la couverture sanitaire universelle pondérés en fonction de la charge

mondiale de morbidité (indice ODD)

Les indicateurs de la couverture sanitaire universelle ont été choisis par rapport aux priorités relatives

aux maladies non transmissibles, à la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant et aux maladies

infectieuses. Le Tableau A1.3 présente les 12 indicateurs et leur classification primaire (5 indicateurs

pour les maladies infectieuses, 3 pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant et 4 pour les

maladies non transmissibles). Les données relatives à la couverture, par rapport à ces 12 indicateurs,

pour tous les pays où elles étaient disponibles, ont été combinées pour obtenir un indicateur global de

couverture qui pondère l’importance de certains indicateurs en fonction de la contribution des maladies à la charge mondiale de morbidité.

Tableau A1.3 Indicateurs ODD

Indicateur Classification

Soins prénatals SMNNE

Thérapie antirétrovirale MI

Cataracte MNT

Diabète MNT

Vaccination DTC3 MI

Planification familiale SMNNE

Hypertension MNT

Eau potable MI

Assainissement MI

Accouchement avec personnel SMNNE

Tabagisme MNT

Tuberculose MI

DTC3, troisième dose de vaccin antidiphtérique-antitétanique-anticoquelucheux ;

MI : maladies infectieuses ; SMNNE : santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant ; MNT : maladies non transmissibles.

Les pays ont ensuite été classés selon la couverture de cet indice ODD composite et une analyse de

régression a été effectuée pour déterminer la densité globale de médecins, d’infirmières et de sages-

femmes correspondant au 50e centile (la médiane). Il n’a pas été possible de tenir compte dans

l’analyse d’autres catégories d’agents de santé (par exemple les praticiens communautaires et de

niveau intermédiaire et les autres professionnels de la santé connexes) car les données relatives à leur disponibilité étaient très limitées.

On a tenté d’appliquer d’autres techniques de régression, basées sur l’analyse d’enveloppement des

données et sur des modèles à équations simultanées. Cependant, le manque de données sur la

couverture des services a limité l’applicabilité de ces méthodologies à une série plus réduite

d’indicateurs de la couverture qui ne correspondent pas à la portée de la couverture sanitaire universelle. Ces estimations alternatives du seuil feront l’objet d’un prochain document de fond.

L’analyse effectuée suivant la méthodologie de l’indice ODD décrite ci-dessus a abouti un seuil

indicatif de densité globale de 4,45 médecins, infirmières et sages-femmes pour 1000 habitants,

correspondant au score médian de l’indicateur de réalisation des ODD (25 %). Cette valeur a ensuite servi à établir les estimations sur la base des besoins dans cette analyse.

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Décembre 2015 34

Il est à souligner que ce chiffre n’est une cible de planification ni pour les pays ni au niveau mondial.

On sait aussi que ce seuil correspond uniquement aux médecins, aux infirmières et aux sages-femmes ;

il n’a pas été possible d’éviter cet inconvénient compte tenu du peu de données disponibles sur les

autres catégories de personnel et la portée de cette analyse est donc limitée.

Les cibles de planification pour les pays devraient plutôt être basées sur un dialogue politique au

niveau national, en tenant compte des besoins du système de santé dans chaque contexte, des

caractéristiques de la prestation des services et des conditions sur le marché du travail. Elles doivent

refléter un éventail de compétences plus diverses, au-delà de celles des médecins, des infirmières et

des sages-femmes, afin d’exploiter la contribution potentielle d’autres agents de santé pour que les

équipes de soignants soient plus réactives et plus rentables.

Figure A1.1 Méthode composite ODD : pourcentage des 12 indicateurs ODD atteints en

fonction de la densité globale de médecins, d’infirmières et de sages-femmes pour

1000 habitants*

*n = 210 pays

0

5

10

15

20

25

30

0.05 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Nombre d'agents de santé pour 1000 habitants Pou

rcen

tage

d’i

nd

icate

urs

OD

D a

ttei

nts

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Décembre 2015 35

Estimation des besoins globaux en personnels de santé jusqu’en 2030

Tableau A1.4 Prévision de l’offre de personnels en fonction des besoins jusqu’en to 2030 par

groupe de revenu, toutes catégories confondues, et pourcentage d’augmentation par rapport

à 2013

Revenu

Médecins Infirmières/

sages-femmes Autres Total

2013 2030 %* 2013 2030 %* 2013 2030 %* 2013 2030 %*

Faible 988 238 1 387 539 40 2 487 819 3 493 032 40 2 069 054 2 905 064 40 5 545 111 7 785 636 40

Intermédiaire

inférieur 3 234 647 3 993 005 23 8 142 997 10 052 109 23 6 247 070 7 711 685 23 17 624 714 21 756 799 23

Intermédiaire supérieur

3 049 917 3 382 373 11 7 677 950 8 514 886 11 4 358 176 4 833 239 11 15 086 043 16 730 498 11

Élevé 1 613 380 1 711 006 6 4 061 570 4 307 337 6 2 116 684 2 244 766 6 7 791 634 8 263 108 6

Niveau mondial

8 886 182 10 473 923 10 22 370 335 26 367 363 11 14 790 985 17 694 754 20 46 047 502 54 536 041 18

*Pourcentage d’évolution de 2013 à 2030.

On a utilisé l’indice de 4,45 agents de santé pour 1000 habitants pour estimer le nombre d’agents de

santé qui seraient nécessaires en 2030 pour atteindre une couverture suffisante s’agissant des

12 indicateurs ODD. Comme indiqué au Tableau A1.4, en 2013, l’estimation prévue en fonction des

besoins dans les pays à revenu faible était de 5,6 millions d’agents de santé, dont près de 1 million de

médecins, 2,5 millions d’infirmières et un peu plus de 2 millions d’autres agents de santé. En revanche,

dans les pays à revenu élevé, l’estimation fondée sur les besoins en 2013 s’établissait à un peu plus de

1,6 million de médecins, 4 millions d’infirmières et de sages-femmes et 2,1 millions d’autres agents de

santé. Au niveau mondial, on estime qu’il faudra 54,5 millions d’agents de santé en 2030, ce qui

représente une augmentation de 18 % des besoins par rapport à 2013. Cette augmentation n’est pas

uniforme : selon les prévisions, elle est de 6 % dans les pays à revenu élevé et de 40 % dans les pays

à revenu faible.

Déficit d’agents de santé (différence entre les besoins calculés en fonction des ODD et l’offre)

en 2013 et en 2030, par catégorie et par groupe de revenu

Le Tableau A1.5 présente le déficit d’agents de santé en 2013 et en 2030, par catégorie. Selon les

estimations fondées sur les besoins et les projections d’offre présentées ci-dessus, les déficits

correspondent à la différence entre les besoins et l’offre d’agents de santé.

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Décembre 2015 36

Tableau A1.5 Estimations des déficits d’agents de santé par rapport à l’offre actuelle, par

Région et groupe de revenu (2013)

Déficit*

Médecins

Infirmières/

sages-femmes

Toutes les autres

catégories Total

Région

Afrique 860 362

1 787 513

1 511 497 4 159 373

Amériques 48 050

518 501

214 363 780 913

Méditerranée orientale 241 115

871 788

605 258 1 718 160

Europe 1 911

362 228

43 313 407 453

Asie du Sud-Est 1 283 457

3 129 308

2 448 532 6 861 297

Pacifique occidental 127 915

2 532 414

1 040 825 3 701 155

Revenu

Faible 848 770

2 103 387

1 757 220 4 709 378

Intermédiaire inférieur 1 566 399

4 198 354

3 154 307 8 919 059

Intermédiaire supérieur 142 927

2 559 092

900 143 3 602 162

Élevé 4 715

340 919

52 118 397 752

Niveau mondial 2 562 811 9 201 752 5 863 788 17 628 351

* Méthode composite ODD (4,45).

Au niveau mondial, le déficit d’agents de santé a été estimé en 2013 à 17,6 millions environ, dont un

peu plus de 2,5 millions de médecins, 9 millions d’infirmières et de sages-femmes, le reste

correspondant à toutes les autres catégories de personnels soignants. Les déficits les plus importants

sont enregistrés dans les pays à revenu intermédiaire inférieur, suivis des pays à revenu faible. Au

niveau régional, ces déficits touchent surtout l’Asie du Sud-Est (6,9 millions) et l’Afrique

(4,2 millions).

Les projections de déficits en 2030 ont été établies sur la base de cet indice ODD (4,45 pour 1000). En

Afrique, le déficit de médecins sera d’un peu moins d’un million tandis que le déficit d’infirmières et

de sages-femmes sera de 2,4 millions et celui concernant les autres agents de santé de 2,2 millions. En

revanche, il n’y aura pratiquement aucun déficit de médecins en Europe (Tableau A1.6).

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Décembre 2015 37

Tableau A1.6 Estimations du déficit d’agents de santé en 2030 par rapport à l’offre projetée,

par Région de l’OMS et par groupe de revenu

Déficit estimé*

Médecins

Infirmières/

sages-femmes

Toutes les autres

catégories Total

Région

Afrique 963 300

2 425 105

2 204 926 5 593 331

Amériques 56 648

142 656

174 825 374 129

Méditerranée orientale 162 088

408 116

536 537 1 106 741

Europe 1 414

3 564

14 090 19 068

Asie du Sud-Est 1 651 921

4 159 017

3 735 904 9 546 842

Pacifique occidental 128 029

322 340

296 429 746 797

Revenu

Faible 1 007 506

2 536 415

2 282 424 5 826 346

Intermédiaire inférieur 1 801 449

4 535 484

4 339 197 10 676 131

Intermédiaire supérieur 150 495

378 944

321 514 850 953

Élevé 3 950

9 953

19 575 33 479

Niveau mondial 2 963 400 7 460 797 6 962 711 17 386 908

* Méthode composite ODD (4,45).

Les estimations par groupe de revenu donnent des résultats similaires et montent que le déficit total

d’agents de santé sera de 5,8 millions dans les pays à revenu faible, contre 10,6 millions dans les pays

à revenu intermédiaire. Il est intéressant de noter que le déficit mondial projeté est de 17 millions

en 2030, une valeur très proche de celle de 2013 (voir le Tableau A1.5). Les tendances actuelles

concernant la production et l’emploi d’agents de santé n’auront donc pratiquement aucun impact sur la réduction du déficit d’agents de santé d’ici à 2030, compte tenu des besoins.

Évaluation de la demande d’agents de santé sur le marché en 2030

Ces informations seront communiquées prochainement par le Banque mondiale. Elles confirmeront

l’écart des besoins et la demande globale dans les pays à revenu faible, dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et en Afrique subsaharienne.

Projection de l’espace budgétaire et des ressources nécessaires

Prochainement.

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ANNEXE 2

LISTE ANNOTEE DES PRINCIPAUX OUTILS ET DES PRINCIPALES LIGNES

DIRECTRICES CONCERNANT LES RESSOURCES HUMAINES POUR LA SANTE

• Lignes directrices de l’OMS sur la formation

• Lignes directrices de l’OMS sur la fidélisation

• Lignes directrices de l’OMS sur la délégation des tâches, le VIH et l’optimisation de la santé

reproductive, de la mère, du nouveau-né et de l’enfant

• Indicateurs de la charge de travail pour le calcul des besoins en personnel

• One Health Tool

• Ensembles de données minimums

• Comptes rendus nationaux sur les personnels de santé

• Human resources for health advocacy toolkit (Health Workforce Advocacy Initiative)

• Code de pratique mondial de l’OMS pour le recrutement international des personnels de santé

• The labour market for health workers in Africa (Banque mondiale)

• Manuel de suivi et d’évaluation des ressources humaines pour la santé comprenant des

applications spécialement adaptées aux pays à revenu faible ou intermédiaire

• Human resources for health indicator compendium (United States Agency for International Development)

• Classification internationale type des professions (Organisation internationale du travail)

• Règlement sanitaire international (2005) – module sur les ressources humaines pour la santé

• Analyse du secteur de la santé dans les urgences complexes – module sur les ressources

humaines pour la santé

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Décembre 2015 39

REFERENCES

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