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Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ITBM-RBM 29 (2008) 59–67 Ingénierie biomédicale Restructuration du plateau technique interventionnel du centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV), Suisse Technical interventional restructuring program of the University Hospital of the canton de Vaud (CHUV), Switzerland N. Bôle ,B. Lepage, F. Bianchetti, Y. Rochais, S. Kessler Centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV), 1011 Lausanne, Suisse Rec ¸u le 14 novembre 2007 ; accepté le 13 d´ ecembre 2007 Disponible sur Internet le 12 février 2008 Résumé Le plateau technique constitue aujourd’hui le cœur de tout hôpital, en particulier tertiaire. Centre de compétence, de technologies, d’innovations mais aussi de pouvoir et d’attrait, il est le lieu d’une activité hétéroclite et pointue nécessitant un personnel et une organisation adaptés. La cardioradiologie interventionnelle, l’électrophysiologie et l’endoscopie en sont les principaux moteurs et se sont développés rapidement, parfois au coup par coup, chacune dans leur discipline, conduisant à des organisations disparates et peu optimales. Dans cet article, nous donnons l’exemple du centre hospitalier universitaire Vaudois à Lausanne (37000 patients, 7000 collaborateurs, un budget de 600 millions d’euros, 17 000 équipements biomédicaux d’une valeur de 130 millions d’euros) qui démarre une réorganisation profonde de son plateau technique interventionnel. À l’aide de différents outils (interviews des chefs des services, réalisation de fiches techniques des locaux, etc.) et d’une analyse de l’activité, des propositions qualitatives (nombre de salles endoscopiques et de lits à l’hôpital de jour) et architecturales (estimation des besoins en surface et organisation des locaux) ont été émises. Le projet va donc pouvoir se poursuivre par la rédaction d’un dossier de crédit d’étude avec comme objectif, la fin des travaux pour l’horizon 2016. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Nowadays, the technical program represents the heart of any hospital, in particular tertiary ones. The core of skills, technologies, innovations but also of a magnet power, it is the place of a varied and cutting-edge activity requiring specific personal and organization. Interventional cardioradiology, electrophysiology and minimally invasive medical procedures – endoscopy – are the main driving forces of the technical program and were developed quickly, though sometimes on an ad hoc basis, each in their own discipline. Such organization is disparate and rarely optimal. In this article, we give the example of the University Hospital of Lausanne (37,000 patients, 7000 employees, budget of 600 million euros, 17,000 biomedical instruments costing 130 million euros) which is currently initiating a deep reorganization of its technical program. By means of various tools such as interviews with the heads of service and inventories of the rooms and through a thorough statistic study based on the activity, qualitative suggestions (number of endoscopic rooms and beds) and architectural proposals (estimation of space needs and organization of the premises) have been put forward. The project will be pursued with the redaction of a new file for study credit with aim the end of the project in the horizon 2016. The project will be pursued and aims to end approximately in 2016. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Plateau technique ; Restructuration ; Étude statistique ; Prévision ; Activités interventionnelles Keywords: Technical program; Restructuring; Statistical study; Forecast; Interventional activities Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Bôle). 1297-9562/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rbmret.2007.12.010

Restructuration du plateau technique interventionnel du centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV), Suisse

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Page 1: Restructuration du plateau technique interventionnel du centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV), Suisse

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Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ITBM-RBM 29 (2008) 59–67

Ingénierie biomédicale

Restructuration du plateau technique interventionnel du centrehospitalier universitaire Vaudois (CHUV), Suisse

Technical interventional restructuring program of the UniversityHospital of the canton de Vaud (CHUV), Switzerland

N. Bôle ∗, B. Lepage, F. Bianchetti, Y. Rochais, S. KesslerCentre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV), 1011 Lausanne, Suisse

Recu le 14 novembre 2007 ; accepté le 13 decembre 2007Disponible sur Internet le 12 février 2008

ésumé

Le plateau technique constitue aujourd’hui le cœur de tout hôpital, en particulier tertiaire. Centre de compétence, de technologies, d’innovationsais aussi de pouvoir et d’attrait, il est le lieu d’une activité hétéroclite et pointue nécessitant un personnel et une organisation adaptés. La

ardioradiologie interventionnelle, l’électrophysiologie et l’endoscopie en sont les principaux moteurs et se sont développés rapidement, parfoisu coup par coup, chacune dans leur discipline, conduisant à des organisations disparates et peu optimales.

Dans cet article, nous donnons l’exemple du centre hospitalier universitaire Vaudois à Lausanne (37 000 patients, 7000 collaborateurs, un budgete 600 millions d’euros, 17 000 équipements biomédicaux d’une valeur de 130 millions d’euros) qui démarre une réorganisation profonde de sonlateau technique interventionnel. À l’aide de différents outils (interviews des chefs des services, réalisation de fiches techniques des locaux, etc.) et’une analyse de l’activité, des propositions qualitatives (nombre de salles endoscopiques et de lits à l’hôpital de jour) et architecturales (estimationes besoins en surface et organisation des locaux) ont été émises. Le projet va donc pouvoir se poursuivre par la rédaction d’un dossier de crédit’étude avec comme objectif, la fin des travaux pour l’horizon 2016.

2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Nowadays, the technical program represents the heart of any hospital, in particular tertiary ones. The core of skills, technologies, innovationsut also of a magnet power, it is the place of a varied and cutting-edge activity requiring specific personal and organization. Interventionalardioradiology, electrophysiology and minimally invasive medical procedures – endoscopy – are the main driving forces of the technical programnd were developed quickly, though sometimes on an ad hoc basis, each in their own discipline. Such organization is disparate and rarely optimal.n this article, we give the example of the University Hospital of Lausanne (37,000 patients, 7000 employees, budget of 600 million euros, 17,000iomedical instruments costing 130 million euros) which is currently initiating a deep reorganization of its technical program. By means of variousools such as interviews with the heads of service and inventories of the rooms and through a thorough statistic study based on the activity, qualitativeuggestions (number of endoscopic rooms and beds) and architectural proposals (estimation of space needs and organization of the premises) have

een put forward. The project will be pursued with the redaction of a new file for study credit with aim the end of the project in the horizon 2016.he project will be pursued and aims to end approximately in 2016.2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ots clés : Plateau technique ; Restructuration ; Étude statistique ; Prévision ; Activités interventionnelles

eywords: Technical program; Restructuring; Statistical study; Forecast; Interventio

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (N. Bôle).

297-9562/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.rbmret.2007.12.010

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. Introduction

Le projet de restructuration du plateau technique interven-ionnel du centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV),aptisé « Inter 07 » (« Inter » car concerne les activités interven-ionnelles et 07 car ces dernières sont situées au niveau septe l’hôpital) a vu le jour en juin 2005 avec la formation d’unomité de pilotage. Cette équipe de travail a été nommée par leomité de direction du CHUV pour étudier la réorganisation deslateaux.

Après une présentation du contexte et des enjeux du pro-et, nous verrons les outils mis en place lors de cette étude afin

’évaluer et restructurer le plateau technique interventionnel.’objectif de cet article réside également dans l’analyse desléments à prendre en compte lors d’une telle restructurationcontraintes techniques et architecturales, avis des profession-

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Fig. 1. Présentation du plat

29 (2008) 59–67

els de santé, etc.) afin de proposer des solutions quantitatives etualitatives permettant d’intégrer les activités interventionnellesux spécificités hospitalières.

.1. Objectifs

Cette étude permettra au CHUV d’étudier plus en détail leonctionnement actuel du plateau technique et d’élaborer seserspectives de restructuration en tenant compte des enjeuxtratégiques liés au développement des activités médicales [1].a finalité est de proposer des ébauches de solutions pour cerojet à long terme qui devrait durer jusqu’en 2016 environ, tra-

aux inclus. Les objectifs majeurs de ce projet incluent l’étudees locaux actuels, le dimensionnement des futures structuresnombre de salles, nombre de lits) ainsi que leur réorganisa-ion architecturale et fonctionnelle. Le périmètre du projet est le

eau technique actuel.

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N. Bôle et al. / ITBM

iveau 07 du bâtiment central qui abrite une partie importanteu plateau technique de l’institution et notamment la plupartes activités diagnostiques et thérapeutiques endoscopiquesu’elles soient ambulatoires ou hospitalières, sous anesthésieénérale ou non. Ce plateau inclut de manière non exhaustivees services d’imagerie et d’endoscopie ainsi que les labora-oires d’explorations fonctionnelles cardiaques et neurologiquesFig. 1).

La réorganisation de ces différents secteurs d’activité ne peute faire sans une évaluation précise et complète de l’état actueles différents services du plateau technique ; en terme d’activité,e coût, d’amélioration, d’organisation et d’architecture [2].

.2. Problématique

Dès sa construction, en 1983, le plateau technique a été penséur un seul et unique étage ce qui présente de nombreux avan-

ages. Cette conception avant-gardiste, enviée par bon nombre’hôpitaux et que nous souhaitons conserver, arrive actuelle-ent à saturation. En effet, avec le temps, l’émergence de

’endoscopie et l’essor de la radiologie interventionnelle, dif-

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Fig. 2. Exemple d’une fich

29 (2008) 59–67 61

érents services ont investi cet espace, soit en comprimant lesspaces physiques disponibles, soit en élargissant leur périmètre.

titre d’exemple, on remarque le manque de proximité actuelntre les services de cardiologie/radiologie et la salle de réveil.insi éclaté, tout en étant cloisonné par spécialités, ce plateau

echnique exige désormais une coordination optimale. La situa-ion aujourd’hui n’est plus satisfaisante, ce plateau techniqueoit permettre davantage de souplesse et d’adaptabilité dans’utilisation de structures communes telles que l’hôpital de jouru les ressources anesthésiques.

La complexité de ce projet de réorganisation est accentuéear l’échéance lointaine (2016) mais également dans l’évolutionapide des technologies biomédicales et des contraintes régle-entaires ; les solutions apportées aujourd’hui ne seront pas

orcément d’actualité dans dix ans. Par ailleurs, il est néces-aire de remplacer certaines techniques sans attendre la date’échéance du projet. De plus, un certain nombre d’informations

el que les décisions politiques, l’évolution des prestataires dea région, l’évolution démographique ou encore les avancées

édicales restent des paramètres extérieurs qu’il est difficile’intégrer et de prévoir pleinement [3].

e technique de local.

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62 N. Bôle et al. / ITBM-RBM 29 (2008) 59–67

Tableau 1Prévisions du nombre d’examens en endoscopie (2009 et 2015)

Examens centre d’endoscopie 2000 2001 2002 2003 2004 Coefficient decorrélation

Méthode statistique retenue Projection 2009 Projection 2015

Gastroentérologie 3996 3215 4787 5564 5767 0,76 Projection 8790 12324Urologie 3357 2915 2585 3000 2454 0,58 Moyenne arithmétique 2862 2862O 0,56P 0,69D 0,52

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to-Rhino-Laryngologie 2906 2657 2329 2372 2490neumologie 678 661 830 744 926ermatologie 273 317 245 281 90

. Matériels et méthodes

Pour mener à bien les objectifs de cette étude, la réalisa-ion de l’inventaire des locaux (sous forme de fiche : Fig. 2) eta mise en place d’une enquête interne (interviews des chefse service) ont permis d’obtenir de manière précise l’état desieux du plateau technique actuel. Par la suite, une étude statis-ique basée sur l’activité a donné des indications nécessaires auimensionnement des structures du futur plateau.

.1. Réalisation de fiches techniques des locaux

La restructuration de l’activité interventionnelle du niveaude l’hôpital passe nécessairement par une bonne connais-

ance des différents locaux du périmètre d’action de ce projet.a réalisation de fiches locaux détaillées permet de mettren évidence les contraintes techniques des structures actuelles4].

.2. Interviews et lettres adressées aux différents chefs deervices

De manière systématique, l’ensemble des chefs de servicepu s’exprimer à l’aide de questionnaires standardisés ou

’interviews lesquels ont toujours été dirigés par un duo méde-in/administratif. Les informations demandées ont fait référenceux domaines suivants :

aspects organisationnels : les problèmes majeurs rencontrés,

les changements organisationnels jugés indispensables, lesressources partagées, etc ;activité : les salles où les gestes interventionnels sont pra-tiqués, une estimation du type de patient pris en charge

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ableau 2révisions des salles interventionnelles en endoscopie (2009 et 2015)

ctivité 2004 2009

Nombred’examens

Nombred’heures-salleutilisées

Nombred’examensprévus

Nombred’heures-saà prévoir

astroentérologie 5767 7000 8790 10 669rologie 2454 2275 2862 2653to-rhino-laryngologie

2490 1225 2551 1255

neumologie 926 700 1173 887ermatologie 90 219 241 586otal 11727 11419 15 617 16 050

Moyenne arithmétique 2551 2551Projection 1173 1521Moyenne arithmétique 241 241

(ambulatoires ou hospitalisés, en urgence ou planifiés, etc.)ainsi que la proportion passant par l’hôpital de jour ;développements et évolutions générales : les évolutionsd’activité et techniques prévisibles à cinq ans et dix ans dansla prise en charge des patients.

.3. Étude statistique de l’activité et modélisation

Pour décrire précisément l’activité produite par chaque ser-ice, l’étude statistique peut être suivie en nombre d’actes, enombre de patients mais également par catégorie de patientshospitalisés ou ambulatoires). Pour l’ensemble de ces études,e recueil des données a été réalisé à partir des rapports annuels.’hypothèse de travail retenue, en dépit du faible nombre deonnées et de l’imprévisibilité du contexte d’évolution réel, estue la croissance poursuivrait une évolution linéaire. À partir duolume d’activité observé entre 2000 et 2004, la modélisationuivante a été appliquée : un coefficient de corrélation par disci-line est calculé. Si le coefficient, assimilable au r2 d’une droitee régression, est supérieur à 0,65, on calcule une prédiction sure modèle pour des projections choisies (à savoir l’activité en009 et 2015). Dans le cas contraire, faisant l’hypothèse (baséeur l’observation) que l’activité stagne et fluctue autour d’unealeur, on calcule une moyenne arithmétique.

. Résultats

Pour la radiologie et la cardiologie interventionnelle, leombre de salles étant faible (environ trois), il sera plus facilee quantifier les besoins en temps voulu, nous nous intéressonsci principalement au centre d’endoscopie.

2015

lleNombre desalles à prévoir

Nombred’examensprévus

Nombred’heures-salle àprévoir

Nombre desalles à prévoir

6,1 12 324 14 959 8,61,5 2862 2653 1,50,7 2551 1255 0,7

0,5 1521 1150 0,70,3 241 586 0,39,1 19 499 20 603 11,8

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Fig. 3. Dimensionnement

.1. Prédiction du nombre d’examens et de salles

À partir du volume d’activité recensé de 2000 à 2004, un coef-cient de corrélation est calculé. Si ce dernier est jugé satisfaisantfixé arbitrairement à 0,65), une projection est réalisée. Le caschéant, la prédiction est approximée à l’aide d’une moyennerithmétique.

Connaissant le nombre d’examens réalisé en 2004, le nombre’heures de salle nécessaire pour satisfaire cette activité ainsi quees projections du nombre d’examens à prévoir en 2009 et 2015Tableau 1), il est alors possible de prédire le nombre d’heurese salle à prévoir en 2009 et 2015.

Ensuite, le nombre de salle à prévoir est obtenu en divisant lesrojections du nombre d’heures de salle par la durée d’utilisation’une salle qui est généralement de sept heures par jour et 250ours par an (Tableau 2).

Cette étude qui laisse entrevoir un besoin de neuf salles en009 et de 12 salles en 2015 fait apparaître qu’en 2009 prèse 67 % du nombre de salles à prévoir sera dédié à l’activité deastroentérologie et 73 % en 2015. Le dimensionnement du futurentre d’endoscopie est donc fortement dépendant de l’évolutione cette discipline.

À ce stade, il est également important de préciser que’émergence ou la disparition de certaines activités ainsi que

a continuité dans le temps des tendances observées sont autante paramètres qui ne sont pas maîtrisés.

De plus, le temps effectif d’utilisation des salles (sept heures),a décision de calculer une prévision si le coefficient de corré-

slq

ableau 3ombre de patients à prévoir à l’hôpital de jour et en salle de réveil (en 2009)

ctivités Patients admis à l’hôpitalde jour en 2004

Estimation des patients à accueillir àl’hôpital de jour en 2009

otal 8791 10 939

tures salles d’endoscopie.

ation est supérieur à 0,65 et de réaliser cette étude à partir duombre d’examens et non de patients sont des choix totalementrbitraires et discutables.

Néanmoins, cette analyse statistique a le mérite de proposern ordre de grandeur du nombre de salles à prévoir et peut per-ettre d’ores et déjà aux architectes d’envisager de manière plus

récise à quoi ressemblera ce futur plateau technique.

.2. Dimensionnement des salles d’endoscopie

Afin d’évaluer au plus juste la dimension des futures salles,ne étude a été menée en collaboration avec l’équipe bio-édicale (partie équipements) et l’office des constructions

réalisation des plans). Il a été relevé les dimensions des dif-érents équipements susceptibles d’être présents en salle ; lechéma ci-dessus a pu être proposé (Fig. 3).

.3. Nombre de lits à prévoir pour l’hôpital de jour

Composé d’une salle de réveil de quatre lits et d’un hôpitale jour de 18 lits, ce secteur représente actuellement un véritablegoulet d’étranglement ». L’estimation du nombre de patients àccueillir à l’hôpital de jour a été calculée en se basant sur 2004 etes interviews réalisées auprès des chefs de services (Tableau 3).

La méthode de calcul du nombre de lits à prévoir pour laalle de réveil est légèrement différente que précédemment car’estimation est effectuée à partir du taux actuel des patientsui subissent une anesthésie générale. Ce pourcentage, propre à

Pourcentage de patients passantpar la salle de réveil (%)

Estimation des patients à prendre encharge en salle de réveil en 2009

28,39 3106

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ig. 4. Estimation du genre des patients qui transiteront par l’hôpital de jour en009.

haque activité, est ensuite appliqué à l’estimation du nombre deatients susceptibles d’être accueilli à l’hôpital de jour en 2009 :l est de 0 % en chirurgie ambulatoire (les patients ambulatoirese passent pas par la salle de réveil), 5 % en gastroentéro-ogie, 50 % en radiologie et cardiologie interventionnelle ettteint les 100 % pour l’urologie, l’oto-rhino-laryngologie et’autres disciplines peu courantes telles que la médecine den-aire ainsi que l’odontostomatologie.

Suite à l’analyse de l’activité, on peut désormais prédire lerofil des patients qui transiteront dans l’hôpital de jour ainsiu’en salle de réveil (Figs. 4 et 5).

. Discussion

.1. Sur le nombre de salles au centre d’endoscopie

Le scénario proposé ici est une simulation minimale car lesalles sont généralement dédiées (excepté pour la pneumologie

ig. 5. Estimation du genre des patients qui transiteront par la salle de réveil en009.

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29 (2008) 59–67

t l’oto-rhino-laryngologie). Une salle de réserve supplémen-aire doit être prévue pour les urgences et une pour le service’urologie qui pourrait accueillir à moyen terme une activité deithotripsie. Cette discipline, très spécifique, impliquerait l’achat’un lithotriteur et la construction d’une salle suffisamment spa-ieuse pour l’installer. En tenant compte de toutes ces remarques,e besoin en salles d’ici 2009 serait de 12 salles et se répartiraite la manière suivante :

six salles pour la gastroenterology ;trois salles pour l’urologie dont une pourrait être dédiée à lalithotripsie ;deux salles pour l’oto-rhino-laryngologie et la pneumologie ;une salle pour les autres interventions (dermatologie, chi-rurgie ambulatoire. . .) pouvant aussi faire office de salle deréserve.

Une première estimation, toujours basée sur les mêmes cal-uls, laisse présager un besoin d’environ 15 salles pour 2015.ette prévision est basée sur 250 jours ouvrables et sept heures’occupation quotidienne. Rien n’empêche à ce stade de simu-er une augmentation de deux heures du temps d’ouverture5]. Les répercussions sur le nombre de salles sont directes

savoir une baisse de neuf à sept salles pour 2009 et de2 à neuf salles pour 2015. Bien qu’elle offre une diminu-ion conséquente du nombre de salles, cette approche impliquees contraintes importantes : modification de l’organisation duersonnel médical et paramédical, embauche de personnel sup-lémentaire, augmentation de l’horaire d’ouverture des hôpitauxe jour, de la salle de réveil et des services d’endoscopie [6].e plus, ce changement ne pourrait se faire sans une aug-entation des ressources hospitalières, une acceptation par

es patients d’examens plus tardifs et une adaptation des ser-ices prestataires à ces nouveaux horaires. Cette décision doittre prise en concertation avec toutes les structures impliquéest dépend grandement des ressources humaines à disposi-ion.

.2. Sur le dimensionnement des salles d’endoscopie

Actuellement, un des problèmes majeurs rencontré au centre’endoscopie concerne la taille des salles d’intervention qui neépasse pas 30 m2. À travers les interviews, les discussions et lesisites, il est ressorti que ces salles ne sont pas assez spacieusesour accueillir l’équipe médicale, infirmières et instrumentistes,es étudiants en médecine ainsi que les équipements. En effet,es salles doivent pouvoir contenir un nombre d’équipementse plus en plus nombreux et encombrants : amplificateur derillance, laser, chariot d’anesthésie, chariot d’endoscopie, table

’opération, matériel informatique, poubelles, etc. Cette étudeui prend en compte les dimensions de ces différents équipe-ents ainsi que le personnel qui y travaille montre que 45 à

0 m2 sont nécessaires pour permettre un déplacement fluidees personnes et une utilisation convenable des équipementsédicaux.

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Fig. 6. Besoins en surfac

.3. Sur le nombre de lits à l’hôpital de jour

En 2009, le nombre de patients passant à l’hôpital de jourevrait croître d’environ 25 % ce qui représenterait près de1 000 patients dont 28 % transiteraient par la salle de réveil.e calcul qui permet d’obtenir une estimation du besoin en litsour l’hôpital de jour est basé sur le taux d’occupation moyen7]. Ce dernier correspond au nombre de patients successifs pourn lit et par jour ouvrable. Avec un taux d’occupation égal à 1,oit un patient par lit et par jour, le nombre de lits nécessaire en009 pour accueillir les 10 939 patients serait d’environ 44 lits.r, en 2005, avec un taux de 1,49, l’hôpital de jour a beaucoupe difficultés à prendre en charge ses patients. C’est pourquoi, enoncertation avec le cadre infirmier et le médecin anesthésisteu centre d’endoscopie, un taux d’occupation de 1,25 sembledéquat avec les paramètres organisationnels actuels. En tenantompte de ce choix, le besoin en nombre de lits pour 2009 seraite 35 dont 28 %, soit dix lits, sont à prévoir pour la salle de réveil.ette estimation nécessite 630 m2 de surface dont 350 m2 de sur-

ace utile et 280 m2 qui correspond aux zones de circulation etux gaines techniques.

La moitié des patients qui seront pris en charge par l’hôpitale jour proviendront du service de gastroentérologie (voir Fig. 6)uivi de loin par la chirurgie ambulatoire (13 %) et l’urologie11 %).

••••

futur plateau technique.

L’origine des patients qui transiteront par la salle de réveilera totalement différente (voir Fig. 7) : 65 % auront subi unentervention en urologie (39 %) ou en oto-rhino-laryngologie26 %) alors qu’ils ne représentaient respectivement que 11 et% des patients présents à l’hôpital de jour. Ce décalage auiveau de l’origine des patients entre l’hôpital de jour et laalle de réveil s’explique par le type d’induction anesthésiquehoisi. C’est pourquoi, il sera très important de suivre l’évolutione ces modes d’induction car ils influent directement sur laépartition du nombre de lits à l’hôpital de jour et en salle deéveil.

Par ailleurs, il est important de préciser qu’il ne s’agit iciue d’une étude statistique prévisionnelle où de nombreux para-ètres sont inconnus à ce jour ou difficilement modélisables

certains aspects ayant d’ailleurs déjà été modifiés depuis laremière ébauche du présent document) :

évolution de la concurrence (ouverture ou fermeture de cli-niques privées par exemple) ;évolution du bassin de recrutement des patients ;

arrivée ou départ de professeurs ;démographie médicale ;contraintes sanitaires ou réglementaires ;émergence de nouvelles techniques substitutives.
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Fig. 7. Proposition architecturale et or

L’émergence ou la disparition de certaines activités ainsi quea continuité dans le temps des tendances observées sont autante paramètres qui ne sont pas maîtrisés [8]. De plus, la décisione calculer une prévision lorsque le coefficient de corrélation estupérieur à 0,65 est un choix arbitraire et discutable. Néanmoins,ette analyse a le mérite de proposer un ordre de grandeur duombre de salles à prévoir et permet d’ores et déjà aux archi-ectes d’envisager de manière plus précise à quoi ressemblera leutur centre d’endoscopie. À titre d’exemple, la Société francaise’anesthésie et de réanimation (SFAR) préconise une surface deix à 12 mètres carrés par lit dans la salle de réveil [9].

.4. Dimensionnement du futur plateau technique

Après l’évaluation du besoin en nombre de salles’intervention au centre d’endoscopie et en nombre de lits à’hôpital de jour et de surface, il est désormais possible, en

ationnelle du futur plateau technique.

ollaboration avec l’architecte chargé du projet, d’estimer la sur-ace du futur plateau technique interventionnel et d’envisager lesudgets à libérer pour ce type d’opération (Fig. 6).

L’estimation de la surface nécessaire à l’extension du futurlateau technique est de 2045 m2 dont le besoin en surface utile’élève à 1136 m2.

.5. Proposition organisationnelle

Afin d’améliorer la circulation des patients, il est envisagée distinguer trois zones selon un gradient de lourdeur des cas

un hôpital de jour « léger » qui prend en charge l’essentiel del’activité ambulatoire ainsi que les examens diagnostiques degastroentérologie ;

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N. Bôle et al. / ITBM

un hôpital de jour « lourd » pour les examens plus inva-sifs souvent réalisés sous anesthésie générale : l’urologie,l’oto-rhino-laryngologie, la radiologie et la cardiologie inter-ventionnelle ;une salle de réveil rattachée à l’hôpital de jour « lourd » pouraccueillir les patients ayant subi une intervention sous anes-thésie générale.

Ce schéma organisationnel (voir figure 10), qui s’inspire deifférents modèle de circuits [10], favorise une synergie des res-ources humaines, matérielles et logistiques. La séparation desôpitaux de jour, léger d’un côté et lourd de l’autre, permet d’êtren accord avec les recommandations d’hygiène pour les circu-ations [11] et évite le croisement des patients venant pour unepération bénigne avec des patients intubés qui sortent d’unentervention plus lourde. Par ailleurs, sur cette esquisse, on notene forte volonté de la part de l’équipe de projet de vouloirapprocher la cardiologie interventionnelle, l’électrophysiologieinsi que la radiologie interventionnelle de la salle de réveil etes hôpitaux de jour. Actuellement, ces trois services sont éloi-nés des locaux pré- et postinterventionnels, ce qui compliquee transfert des patients des salles d’intervention vers la salle deéveil ainsi que le travail de l’équipe anesthésique. Cette pro-osition organisationnelle offre également aux patients opérésous sédation une proximité entre les salles d’intervention et laalle de surveillance postinterventionnelle.

. Conclusion

D’après cette étude, il est prévu que le futur plateau techniqueoit unique et compact, sur un seul étage et avec des techno-ogies et des structures communes (équipements d’imagerie,alle de réveil et hôpitaux de jour) proches des salles interven-ionnelles. L’analyse de l’activité a montré que d’ici 2009, leentre d’endoscopie devrait compter trois salles de plus, soit2, d’environ 50 m2 chacune, un hôpital de jour de 25 lits ainsiu’une salle de réveil d’une dizaine de lits. Le schéma archi-ectural et organisationnel en trois zones (hôpital de jour léger,ôpital de jour lourd et salle de réveil) favorise une synergie desessources et évite le croisement des patients venant pour unepération bénigne avec des patients intubés.

De plus, contrairement à aujourd’hui, cette structurerésente l’énorme avantage de rapprocher la cardiologie

nterventionnelle, l’électrophysiologie ainsi que la radiologienterventionnelle de la salle de réveil et des hôpitaux de jour. Laestructuration de ce plateau technique interventionnel nécessite000 m2 de surface supplémentaire, ce qui entraînera probable-

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ent une extension du CHUV. En résumé, l’approche choisiest à l’image du plateau, c’est-à-dire integrative ; elle est loin’être aboutie dans un projet de dix ans estimé, en l’état actueldix millions d’euros, et au rythme du progrès médicotech-

ique.Enfin, il sera important d’écouter, de consulter et

’accompagner tout au long du projet le personnel de ce futurlateau technique afin que ces personnes s’adaptent facilement àeur nouvel environnement de travail et percoivent positivementette initiative de changement [12]. À ce stade de l’étude, les fluxen particulier des patients ambulatoires) doivent encore être étu-iés en détail de même que les coûts d’une telle restructuration13].

éférences

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10] Le Coq A, Le Borgne E. Architecture des blocs opératoires : la surfacesdes locaux, les circuits, les schémas d’organisation des unités opératoires.Techn Hosp 1993;48(579):79–86.

11] Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales(CCLIN) Ouest. Circulations au bloc opératoire et précautions d’hygiène,1999, Rennes.

12] Walston SL, Bogue RJ, Schwartz MJ. The effects of reengineering : fad or

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13] Walston SL, Chadwick C. Perceptions and misperceptions of major organi-zational changes in hospitals : do change efforts fail because of inconsistentorganizational perceptions of restructuring and reengineering ? Int J PublicAdm 2003;26(14):1581–605.