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REVUE DE PRESSE 2013

REVUE DE PRESSE 2013 - ciesturmfrei.chUne poussière de sable soufflant dans un désert brûlant, histoire d'être dans l'ambiance de son II était une fois dans l'Ouest, nouvelle

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REVUE DE PRESSE

2013

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THÉÂTRE Inspirée par l'Est, la metteure en scènemonte sa version d'«11 était une fois dans l'Ouest»,à découvrir à La Bâtie puis à l'Arsenic. On chevaucheavec elle à travers ses paysages d'esthète.

Western GirlCÉCILE DALLA TORRE

Onla verrait bien en santiags, colt à la

main, prête à dégommer sa cible.Une poussière de sable soufflantdans un désert brûlant, histoire

d'être dans l'ambiance de son II était une foisdans l'Ouest, nouvelle création qu'elle présenteà La Bâtie, à Genève, sous le titre allemand deSchreib mir das Lied vom Tod.

En deux mots, les siens, la pièce propose «unvoyage dans des paysages visuels et sonores au-delà». Elle devance elle-même la question ensouriant: «Au-delà de quoi? De la vie, de lamort...» Quelques notes de Vincent Hârmi à laguitare, rappelant le mythique air d'harmonicad'Ennio Morricone, et l'on est effectivementtransporté, en répétition, dans les langueurs d'unFar West implacable où la mort l'emporte. «Pouramener le spectateur hors de son temps.» Dans lapièce, le comédien Fred Jacot-Guillarmodévoque l'hydre, un monstre à l'image du capita-lisme. Damned. Marcela San Pedro et la grâce deson mouvement viennent nous redire que noscorps, fragiles, sont perpétuellement en sursis. Letout avance comme un travelling sans fin, unadagio poétique, chorégraphique et cinémato-graphique qui trouble nos sens.

LE CHEVAL DE LA DEFAITEQuand Maya Bôsch, ancienne judoka, nous

donne rendez-vous dans son antre genevois, aurez d'un loft proche de l'Arve, pas de mirage ni detraînée de poudre à l'horizon. Elle nous guideavec aménité, en cette veille de rentrée desclasses pour sa fille de 10 ans. Silhouette élancée,pas si loin de la taille mannequin, baskets ma-rines, pantalon sarouel et haut scintillant don-nent à son look autrefois davantage masculinun petit côté glamour et branché. Et lorsque lametteure en scène zurichoise nous parle, sa voixrauque s'emballe et fait chanter son accent alé-manique dans un français ponctué de termesanglais. Elle abonde souvent d'un completelydont le phrasé se poursuit dans la gestuelle dubras. Parfois ses mains donnent une seconde vieau verbe.

L'artiste vient d'avoir 40 ans et trouve quec'est déjà vieux. «Pour changer le monde, c'estsurtout entre 15 et 30 ans que l'énergie théâtraleest là», lâche-t-elle sur le ton du regret, se référantà son expérience personnelle des squats. Elle estloin d'avoir grillé toutes ses cartouches artis-tiques, mais avoue ne pas être sortie indemne dela polémique déclenchée en avril dernier par sonCheval de bataille, exposé sans autre forme d'ex-plication dans un kiosque de verre en plein

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centre de Genève. Ce canasson empaillé, plutôtque le symbole de conquête qu'il était dans le dé-cor de son Richard III à La Comédie de Genève(2005), renvoyait ici à la défaite. C'était aussi lesens de sa présence, un peu oubliée, dans Déficitde larmes, que l'artiste met en scène au Gril en2009. Et c'est en pleine création de son Schreibmir das Lied vom Tod, il y a quelques mois danslequel elle aurait volontiers fait «jouer» un étalonblanc de Bartabas qu'il lui est venu tout naturel-lement à l'esprit d'exposer cet équidé entreposédans ses stocks de décor. On se souvient de la vio-lente polémique médiatique qui s'en est suivie.

ARCHITECTURES ET DÉSIRSSur son bureau traîne un paquet de clopes et

un recueil de textes d'Heiner Müller aux Edi-tions de Minuit. Pas celui qui contient Heraclèsliou l'hydre dont elle a puisé la matière textuellede sa toute dernière pièce à voir dans une dizai-ne de jours. Mais un autre ouvrage de l'auteurqui, avec Bertold Brecht ou Antonin Artaud, faitpartie du cercle restreint des dramaturges aux-quels elle revient toujours et encore, outre sescontemporains autrichiens Peter Handke ou El-friede Jelinek. «Je me sens très armée quand jeme base sur un texte», avoue-t-elle, se trouvantdu coup un peu démunie face à l'absence denarration linéaire de son dernier travail, qui re-court à l'écrit mais s'appuie sur d'autres univers.

«J'apprends complètement de l'écriture»,poursuit-elle. Est-ce que la mise en scène n'estpas justement une écriture des espaces ou del'espace dans le temps, à travers les corps quicommencent à chanter, qui tombent, interroge-t-elle. «J'ai appris énormément du théâtre deBrecht, de Müller, avec ses compressions, sesétirements, ses sauts, qui repose beaucoup surla mythologie que j'affectionne particulière-ment. Les chutes des héros sont fascinantes. Cen'est pas le pouvoir qui m'intéresse, mais la dé-faite.» Elle ajoute avoir un rapport très physiqueavec les textes: «Ils peuvent me saisir, c'est trèsviscéral chez moi. Et de là, je sors des plans, desarchitectures, des désirs.»

FORCES ARISTOTÉLICIENNESCes jours, où elle répétait Schreib mir dans

Lied vom Tod à l'Arsenic le théâtre lausannoisest le premier coproducteur de la pièce , on pou-vait l'entendre dans son jargon natal qu'elle aimemanier avec la Bernoise Dorotea Schürch, comé-

dienne et performeuse, convoquée sur le plateauau beau milieu d'une équipe francophone. Com-me un retour aux sources de l'enfance, même si lesuisse alémanique emprunté à un père physicienne comptait pas plus à la maison que l'anglais hé-rité de sa mère, née dans le Bronx et qu'elle perd à19 ans, peu de temps après avoir quitté la Suisse.

Car si Zurich l'a vue grandir, c'est Philadel-phie qui la fera mûrir: elle y étudie la mise en scè-ne pendant quatre ans. Le théâtre politique alle-mand et russe, avant et après-guerre, la captive.Meyerhold, Piscator, Brecht, Müller... En liendonc avec le fascisme et le communisme, pourmontrer «comment le théâtre peut miroiter cequ'il y a dans le monde extérieur». Elle s'installeensuite à Genève pour rejoindre son mec de l'é-poque et y fonde la Compagnie sturmfrei en2000. Les processus de création l'entraînent aus-si à Paris, Bruxelles ou Berlin. Mais c'est la Vien-ne autrichienne qui la marque surtout «pour lesrencontres artistiques». La cité du bout du lac lalaissera alors s'épanouir dans une dizaine depièces et performances qui mettent toujourstrois «forces» aristotéliciennes en présence:espace, corps et texte.

Entre 2006 et 2012, Maya Bôsch y codirige lethéâtre du Grütli rebaptisé Gril avec MichèlePralong, sa dramaturge à l'époque. Le duo frondeavec un programme résolument transdisciplinai-re. Depuis la fin du mandat, tout est allé très vite.«Trop vite, peut-être?», se demande Maya Bôschaujourd'hui. L'emploi du temps était dans tous lescas chargé, avec la production d'une version per-formative de Howl d'Allen Ginsberg, présentée auCentre Pompidou-Metz, ou Topographie Désirs,marquant une résistance féminine dans unevieille bicoque barricadée avec les fidèles Nali-ni Selvadoray et Barbara Baker.

Parfois les paroles de Maya Bôsch nous sè-ment par des détours dans lesquels on se perdvolontiers. Cette absence d'explicite du dis-cours, on la retrouve dans son travail scénique,où règnent le suggestif, le métaphorique et unlangage esthétique puissant laissant aussitransparaître les «utopies», «rêves» et «visions»de Müller. Un «théâtre de l'informulable», ontdit certains. C'est peut-être cela sa patte à elle.La Bâtie, Genève, jusqu'au 14 septembre. Schreib mir das Liedvom Tod du 9 au 13 septembre à l'ADC (Salle des Eaux-Vives),Genève, puis du 5 au 9 novembre à l'Arsenic.vvvvvv.batie.ch, vvvvvv.arsenic.ch

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«Ce n'est pas le pouvoir qui m'intéresse, mais la défaite.» Maya BOsch. ISABELLE MEISTER

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Maya Bosch règle ses comptes avec l'univers du contePERFORMANCE «Schreib mir das Lied vom Tod» de la metteure en scène suisso-étasunienne, oeuvre sensorielle donnée en création àGenève au festival pluridisciplinaire La Bâtie, fait son miel du monde archétypal et immémorial des contes.

«Ecris moi le chant de la mort» mêle musique morriconienne, théâtre et danse pour une performance d'art total.

pourSchreib mir das Lied vom

Tod («Ecris-moi le chant demort»), la metteure en scène

Maya Misch choisit de lier musicale-ment et plastiquement deux universrattachés au conte avec ses figuresarchétypales: la forêt, la perte, labataille, le deuil. L'un est filmique,c'est le western opéra pasolinien fiétait une fois dans l'Ouest. Donc unedanse de mort jouée par des mortsvivants ou des vivants en sursis dansune société qui n'est plus la leur et oùle cow-boy a laissé la place à l'ouvrierexploité. La mise en espace visuelle etsonore a surtout retenu de ce film

culte sa musique sérielle d'harmonicatissée d'échos et de réverbérationssignée Ennio Morricone. Entre deuximmenses bandes barrant le front descène et évoquant la panavision et lecinémascope, cette ritournelle lanci-nante est réinterprétée ici live à la gui-tare ouatée, stratosphérique, façonNeil Young pour l'arrivée du traindans Dead Man de Jarmusch. Elle estbien la signature spatiale du vengeursolitaire incarné par Charles Bronsondans le film de Sergio Leone. «Le titreallemand du film Spiel mir est devenuSchreib. Si la mort est omniprésentedans le long-métrage, la disparition

emblématique du héros à l'harmonicase déroule à son terme éclairant samotivation et le fait que les hommess'y retrouvent pour se regarder inten-sément, se chercher et s'entre-tuer»,relève Maya B6sch. La réalisation scé-nique a retenu du titre du film le faitqu'il donne les événements commeirréels, puisque, dans le conte, le «Ilétait une fois» place les événementsrelatés en dehors de toute actualité etd'assimilation réaliste.

L'autre matériau de la pièce estHéraclès II ou l'hydre, une réflexiondu dramaturge marxiste Heiner Mül-ler sur le héros révolutionnaire avec le

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monstre de l'hydre qui rend compte une forme de paysage onirique dede la lente mutation de l'ennemi exté- l'au-delà, cryptique», détaille la met-rieur en ennemi intérieur intime. Un teure en scène. Qui ajoute: «Il y ahomme s'enfonce dans une forêt qui aussi les ondes Martenot distillées parse referme sur lui en le broyant, se lôndéa, instrument de musique élec-révélant in fine être le monstre, tronique, sorte de thérémine à ondu-l'hydre. Sans emphase ni violence lations sonores qui s'immiscent,intempestive, l'acteur Fred Jacot- venant d'on ne sait où et proposéesGuillarmod, plus Allen Ginsberg hal- par la musicienne française Christineluciné que jamais, tourne lentement Ott qui a collaboré avec Radiohead etsur lui-même avec son disque solaire Yann Tiersen.»et bouclier réfléchissant rapatriant de Vêtue d'une combinaison jauneloin en loin une scène de Rashômon scintillante à bandes noires rapatriantet le côté pirandellien de l'histoire («à la silhouette costumière de vengeressechacun sa vérité»). Par son traite- solitaire d'outre-tombe de Kill Bill,ment, le film d'Aldra Kurosawa, bous- film signé Tarantino, la danseuse etcule et révolutionne pas mal de codes performeuse Marcela San Pedro estdu cinéma près de vingt ans avant le peut-être l'hydre de la fable. Le visagefilm de Léone. Le tout emballé dans marqué de larmes stylisées bleuesun espace pictural qui doit beaucoup comme dans la mire d'un sniper, laaux monochromes lumineux d'un danseuse déchire, vent furieux, unelames Turrell, surfaces de pure sensi- partie de l'espace scénique devenu sesbilité ne proposant pas de contenus propres tentacules dans lesquelles ellenarratifs. se roule furieusement. Sa danse est

Partie d'une écriture de plateau aussi celle d'un cadavre exquis surréa-mixant différents éléments, sans se liste de ses principales influences cho-préoccuper de faire sens déchiffrable régraphiques. Soit la virevoltante etpar le plus grand nombre, la pièce est circassienne mécanique du Françaisune «uvre d'art totale» empreinte de Frank Micheletti transformant le pla-ce calme ouaté qui, dans un premier teau en champ magnétique d'art mar-temps, rassure. Puis étouffe comme tial partagé entre suspension, fluiditédans le remarquable Médée de Müller et roulades sur soi. Et l'Allemandemonté par Marc Liebens au Théâtre Pina Bausch, son archétype féminindu Grütli (2009) et dont la scénogra- tourmenté, défait et halluciné, laisséphie s'inspirait de grands peintres sur le rivage des jambes vibratiles deabstraits et du plasticien Boltanski. San Pedro montées sur hauts talons.«Le spectacle développe des paysages Bertrand Tappoletsonores en sculptant un espace par Schreib mir das Lied vom Tod à La Bâtie, du 9un travail sur le champ de profondeur au 13 septembre, rens. sur www.labatie.ch

et le travelling. D'où le désir de créer

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LA BATIE, GENEVE

Le cinémascope de Maya BtischMaya Bosch aime troubler lesperspectives. Elle nous emmènebien cette fois-ci dans un théâtre.Mais pour suivre les travellingsd'un Vincent Hanni dégainant saguitare tel l'impitoyable CharlesBronson aux yeux de chat et aucolt furibard. Du film mythique //était une fois dans l'Ouest, onretrouve dans son Schreib mirdas lied vom tod les couleursmusicales, que la voix puissantede Dorothea Schürch, revolver àla main, rehausse furtivement.Son chant fuse comme desballes dans la lumière de l'ins-tant. Pas de trame dramatur-gigue, mais une juxtapositiond'univers sonores et visuelsintenses auxquels renvoie le

texte d'Heiner Müller L'Hydre ouHéraclès II. Mi-homme, mi-Dieu,Fred Jacot-Guillarmot y livre aufinal un combat métaphoriquecontre l'ennemi, apparenté aucapitalisme. En combinaisonfuturiste, Marcela San Pedrofinira elle par crever l'écrancomme on brise le quatrièmemur. Autant de quêtes vers l'im-mortalité qui font de ce voyageun objet poétique et graphique àcheval entre l'Est et l'Ouest. Maissurtout entre mythe et réalité.

CDT/CHRISTIAN LUTZ

Jusqu'au 13 septembre, Salle desEaux-Vives (ADC), Genève,puis à l'Arsenic (Lausanne),du 5 au 9 novembre.www.batie.ch

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KatiaBerger

Schreib mir das Lied vom TodLa Bâtie/Danse**La 3D selon BbschLe titre allemand du westernspaghetti II était une fois dansl'Ouest, Schreib mir das Lied vomTod («écris-moi le chant de lamort»), tirait, plus que dans lesautres langues, vers le mythe oula tragédie classiques. Référen-ces que soulignaient à l'écran leslancinantes notes à l'harmonicaversées par Ennio Morricone surles images en Techniscope.Poussant cette cocasse affinité,Maya Misch et sa compagnieSturmfrei associent Sergio Leoneà un texte de Heiner Müller,Héraclès et l'hydre, dans l'idée decréer «un paysage visuel etsonore au-delà de la mort».Tant que la fresque visée parl'artiste genevoise maintientl'allusion cinématographique ense réappropriant le cinémascopeet le travelling, la production,

avec un certain bonheur, nouel'inventivité graphique à lamusique multicouche. On y voitles torses du guitariste VincentHânni (un bandana de hors-la-loisur le menton), de la danseuseMarcela San Pedro (en combinai-son argentée) et de la chanteuseDorothea Schürch (portant colt,grimage et dentelles) traverser lascène en tapis roulant, encadrésen haut et en bas par deuxpanneaux blancs horizontaux.A partir du moment où explosece défilé latéral pour faire placeau jeu frontal de Fred Jacot-Guillarmod scandant le combatd'Hercule, le projet s'embourbehélas. Maquillé à outrance,costumé d'un improbablesarouel doré, le comédien arméde son bouclier réfléchissant doitdès lors porter sur ses épaulestout le poids d'une emphase quimarche sur un public désormaisprêt à se rendre.ADC, rue des Eaux-Vives 82-84,jusqu'au 13 sept., 022 738 19 19,www.batie.ch