JONATHAN BLOUINjoblouin@ledroit.com

Les voleurs de cuivre ne sont pas seulement plus actifs en Outaouais, ils semblent également beaucoup plus téméraires. Récemment, certains sont allés jusqu’à sortir leur scie à chaîne pour carrément couper des poteaux de Bell Canada.

Au cours des derniers mois, la police de la MRC des Collines-de-l’Outaouais en a vu de toutes les cou-leurs. Lorsqu’ils oublient leur scie, les voleurs ciblent des poteaux munis d’une plateforme ou flanquent des clous pour mieux grimper et récupérer les fils de cuivre.

« Sur un chemin en bordure du parc de la Gatineau, où il n’y avait pas de filage électrique sur les poteaux, les voleurs ont décidé d’en couper deux à la chainsaw », explique le porte-parole du corps policier, Martin Fournel.

« D’autres sont plus futés et utilisent des outils sans fil, qu’ils attachent à des perches, pour couper rapidement les fils à partir du sol. »

Depuis un mois, 12 enquêtes ont été ouvertes. Une dizaine d’autres étaient déjà en cours depuis le milieu de l’été.

Cette soudaine recrudescence des vols de cuivre devrait clôturer une

année record pour les policiers de la MRC des Collines. « On a

déjà vu des vagues comme ça, mais là, la manière d’opé-

rer a changé. Les voleurs vont main-

tenant dans des

quartiers résidentiels, le long de routes majeures, comme la 105 ou la 366, et ne sont plus seulement dans le fin fond des bois », poursuit M. Fournel, estimant les pertes à au moins 100 000 $ depuis l’été

Les vols les plus récurrents affectent les installations de Bell Canada et du ministère des Transports du Québec. Les voleurs s’en prennent souvent aux boîtes de câblage des lampadaires, en plus de déterrer les fils de cuivre qui les relient.

Cet été, une vingtaine de lampadaires ont ainsi été mis hors d’état sur le boulevard de la Technologie, dans le secteur des Hautes-Plaines à Gati-neau, engendrant des pertes d’au moins 50 000 $.

Dans d’autres cas, des dizaines d’abonnés sont privés de leur ligne téléphonique. À L’Ange-Gardien, plus de 600 personnes ont récemment dû patienter, le temps que Bell Canada répare quelques méfaits.

Un marché lucratifCe phénomène n’est pas récent. À Gati-

neau, 58 vols de métaux, en grande majo-rité du cuivre, ont occupé les enquêteurs en 2011. Et en date du 22 novembre, les policiers avaient ouvert 42 enquêtes cette année.

« On a eu beaucoup de cas sur les chantiers de construction. Les voleurs prennent des rouleaux de fils et vont les revendre. On s’est mis à en surveil-ler plusieurs, ce qui a mené à quelques arrestations. Mais plusieurs enquêtes se poursuivent », indique le porte-parole de la police de Gatineau, Pierre Lanthier.

Le nombre de vols de cuivre tend à aug-menter au même rythme que la hausse du prix de la tonne sur le marché.

Après un plafond historique de plus de 10 000 $ US en février 2011, la tonne de cuivre se transige aujourd’hui autour de 7800 $ US. À titre comparatif, il y a quatre ans, la même tonne se vendait autour de 2850 $ US.

Vols de cuivre à la tronçonneuse

JONATHAN BLOUINjoblouin@ledroit.com

Les voleurs de cuivre de Gatineau n’ont que faire des reconnaissances pos-thumes. Que ce soit une plaque commé-

morative située devant un cimetière patrimonial ou une inscription gravée dans le cuivre sous la statue du pre-mier martyr canadien, l’important,

pour les voleurs, c’est la valeur du métal sur le marché. C’est ainsi

que la plaque commémorative installée en 1926 sur la base de pierres de champ suppor-

tant la statue de Saint-Jean de Brébeuf, dans le parc du même nom, dans le sec-teur Hull, a été arrachée de son socle vers la fin du mois d’octobre. Saint-Jean de Brébeuf est mort torturé par les Iroquois en 1649. On a entre autres versé de l’eau bouillante sur la tête du missionnaire dans une parodie de bap-tême et passé un collier de cognées de tomahawks chauffées à blanc autour du cou.

Mathieu Bélanger, LeDroitPATR

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LA STATUE DE SAINT-JEAN DE BRÉBEUF VISÉE

ARCHIVES, La Presse

Les voleurs de cuivre n’ont peur de rien. Certains n’hésitent pas à grimper dans les poteaux pour décrocher des fils. D’autres sortent leur scie à chaîne.

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