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Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
1. Exploitation
5 novembre 2012
Cinéma : Paris se projette en 2015
Par EDOUARD LAUNET
Circuit . Créations de multiplexes, rénovations, salles d’art et essai qui
résistent… La capitale évolue bien.
Une vue Grand Rex à Paris, le 19 septembre 2006. - Reuters
Le cinéma parisien va bien, à en juger par une étude de la Ville. La capitale disposera
en 2015 de 88 établissements et 431 écrans, contre 89 établissements et 369 écrans
en 2000. A l’ouverture de neuf complexes (MK2 Bibliothèque, MK2 BNF, MK2 Grand
Palais, MK2 Quai-de-Loire, le MK2 Villette (en projet), le Pathé Quatrième Travée,
l’UGC Claude-Bernard, l’Etoile Lilas et le Louxor-Palais du Cinéma, à Barbès),
s’ajoutent l’ouverture du Club de l’Etoile, jusqu’ici voué aux projections privées, et les
mues du MK2 Beaugrenelle en Pathé Beaugrenelle et du Grand Ecran Italie en Pathé
Italie. Onze salles ont fermé depuis 2010.
Les trois gros circuits d’exploitation (Pathé-Gaumont, UGC, MK2) sont certes le
premier moteur de cet élargissement. Mais deux indépendants y contribuent : le
groupe Etoile Cinéma, associé à Cap Cinéma, pour le nouveau complexe Etoile Lilas,
de 7 salles et 1 500 fauteuils, dans le XXe arrondissement, qui ouvre ce mois-ci, ainsi
qu’un exploitant indépendant (via délégation de service public) pour le Louxor-
Cinéma.
Cette pièce de patrimoine, rachetée par la Ville en 2003, proposera au printemps
trois salles neuves dans un quartier qui en est privé depuis la reprise du Cinéma des
Cinéastes par l’ARP en 1996.«Cette évolution positive constitue une rupture avec les
décennies précédant les années 2000», selon la municipalité. Malgré le
développement des multiplexes par les grands opérateurs parisiens, les salles art et
essai indépendantes résistent, souligne la municipalité : on en dénombre 38
aujourd’hui. Dans le cadre de la création d’un centre d’animation, l’Arlequin (rue de
Rennes, VIe) va disposer de nouvelles salles. Dans le XVe, le Chaplin, anciennement le
Saint-Lambert, est repris par un jeune exploitant. Le Champo et la Filmothèque du
Quartier latin sont passés au numérique.
La création de salles ou leur rénovation a modifié les équilibres, avec un
développement vers la Villette : MK2, qui lança la réimplantation de cinémas à
Stalingrad à la fin des années 90, est rejoint par deux circuits : UGC a lancé la
construction d’un complexe dans la ZAC McDonald-Claude-Bernard, et Pathé
l’aménagement de 16 écrans dans la Quatrième Travée de la Cité des sciences et de
l’industrie. Le développement de l’offre cinématographique intra muros devrait se
traduire par un accroissement de 3,5 millions d’entrées entre 2000 et 2015, selon la
Ville.
5 novembre 2012
Un nouveau cinéma pour le quartier des Batignolles à Paris
Paris lance aujourd'hui, le 5 novembre,
un appel d'offres pour le futur cinéma qui devrait s'installer dans le nouveau quartier Clichy-
Batignolles (XVIIe arrondissement).
Cet éco-quartier, prévu à l'origine pour être le village olympique, et où devrait s'installer le futur
Palais de justice de Paris, est très mal équipé. Les salles les plus proches sont celles de la Place
de Clichy (Pathé Wepler, Cinéma des cinéastes).
La ville espère que ce multiplexe de 7 salles ouvrira en 2017, compensant ainsi le désert
cinématographique du nord-ouest parisien. Avec 3 400 logements neufs et la densité actuelle du
quartier, les exploitants devraient être attirés par la perspective d'une bonne fréquentation de
proximité. S'ajoutent les transports : actuellement desservi par l'une des branches de la Ligne 13
du métro (avec à moins de 10 minutes les villes de Clichy et Asnières) et le RER C, le nouveau
quartier sera relié à terme par l'extension de la Ligne 14 (avec Saint-Ouen à 5 minutes), le
prolongement de la ligne 3 du Tramway (qui desservira les quartiers périphériques du XVIIe et
les quartiers ouest et nord du XVIIIe arrondissement.
Avec le récent Etoile Lilas qui vient d'ouvrir, la cartographie cinématographique parisienne se
transforme : on attend un troisième MK2 dans le quartier de la Villette, un Pathé à la Cité des
sciences et de l'industrie, le Louxor à Barbès, l'UGC à Porte d'Aubervilliers, l'agrandissement de
l'Arlequin à saint-Germain-des-Prés, un Pathé dans le nouveau centre commercial de
Beaugrenelle, et certainement un autre Pathé Place d'Italie.
Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
2. Chronologie des médias
7 novembre 2012
Et VOD la galère par Sophian Fanen
Illustration Beb-Deum
» sur le même sujet
Chronologie des médias : le mauvais timing
Internet remet en cause les délais de diffusion entre cinéma, télé et vidéo à la demande.
Et si on revoyait Drive, ce soir, ce chouette film où un cascadeur taiseux tabasse des gens dans les
ascenseurs à la nuit tombée ? C’est simple, TF1 le propose à la location sur son service de vidéo à la
demande (VOD). Quatre euros, nickel. Sauf que le film n’est disponible qu’en version française, et que
l’ambiance Jacques Balutin casse un peu la noirceur californienne de l’histoire. Ne reste plus qu’à le
télécharger, avec ses sous-titres, sur Pirate Bay. C’est illégal, mais ça marche.
Cette histoire vécue résume bien la situation dans laquelle reste engoncée la VOD en France en cette
fin 2012, tandis que l’arrivée déjà annoncée de géants du genre (Amazon, voire Netflix) va transformer
2013 en année charnière dans le domaine. Et que les propositions de la mission sur le numérique
confiée à Pierre Lescure sont également attendues pour le printemps prochain.
D’ici là, le spectateur-internaute est condamné à être déçu par l’offre légale. Certes, Canal+ a lancé,
fin 2011, son offre sur abonnement Canalplay, tandis que l’iTunes Store d’Apple continue d’attirer les
amateurs de séries. Le marché français est passé de 150 millions d’euros en 2010 à près de 250
millions début 2012. Mais le catalogue disponible plafonne à 9000 films, toutes plateformes
confondues, selon le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN), le principal représentant du
secteur. C’est peu, diront les internautes habitués des plateformes pirates. Et on vous passe l’absence
de version originale ou de haute définition.
Numériser et diffuser
Quelles barrières empêchent donc toujours l’émergence d’une VOD officielle capable de rivaliser avec
l’offre illégale ? « Il y a eu des réticences à l’allumage parce que les acteurs de la télévision et du
cinéma ne voulaient pas mettre à disposition leurs films sur Internet, un réseau synonyme de piratage,
résume Jean-Yves Mirski, le délégué général du SEVN. Aujourd’hui ces réticences sont levées, tout le
monde sait qu’il faut y aller. Les blocages qui demeurent sont techniques et juridiques avant tout. »
« On a l’impression que la VOD, c’est juste prendre un film et le numériser pour le vendre, continue
Jean-Yves Mirski. Mais, pour beaucoup d’œuvres, il faut un travail préalable de nettoyage et de
remastérisation, voire de reformatage de l’image. Le but n’est pas de numériser pour dix ans, mais
pour toujours : donc, il faut que ce soit bien fait. Aujourd’hui, on se heurte encore à ce goulot
d’étranglement technique qui ne permet pas de lutter à égal avec les échanges illégaux », qui se font
souvent à partir d’un DVD.
Vient ensuite l’étape de la distribution, sur les diverses plateformes de VOD qui reste étonnamment
coûteuse. « Il faut compter 900 euros pour la mise en ligne d’un film sur iTunes, qui est un peu la
norme en ce moment, détaille Alexis de Rendinger, d’Under the Milky Way, l’un des principaux
intermédiaires techniques dans le domaine. A quoi il faut rajouter 200 euros pour l’adapter aux autres
plateformes, et encore quelques centaines d’euros pour ajouter des sous-titres en plusieurs
langues. » Au final, il faut vendre un film « environ 400 fois » pour rentabiliser sa seule mise à
disposition en VOD.
Renégocier les contrats
Autre frein à la mise en ligne des films datant d’avant le milieu des années 80 : « Leurs contrats ne
permettent pas une exploitation sur Internet, selon François Pouget, avocat spécialisé dans la
négociation et la gestion des droits de l’audiovisuel. La seule solution qui a été trouvée est de confier
les droits des auteurs de ces œuvres [réalisateur, scénariste, etc., ndlr] à des sociétés de gestion
collective, afin de leur apposer un vernis de licéité. » Ce qui permet de faire circuler les films, mais pas
beaucoup plus légalement que sur Pirate Bay.
Dans le même domaine, les lobbies du Net demandent, depuis plusieurs années, la renégociation de
la TVA sur la VOD, qui est de 19,6% [mise à jour : pour la fixer à 5,5% — voir ci-dessous]. Le dossier
est dans les mains de Pierre Lescure, déjà enseveli de patates chaudes.
Et en voilà une autre pour Lescure : la chronologie des médias, c’est-à-dire le cadre légal qui régule la
diffusion d’un film depuis sa sortie en salles jusqu’à sa quinzième apparition sur la TNT. Plus
personne n’en n’est réellement satisfait aujourd’hui, c’est le bazar et c’est très politique (lire ci-
contre).
Défendre le financement du cinéma
La France a, en matière d’audiovisuel, créé un système plutôt efficace qui assure — via la chronologie
des médias — le financement de la création par la chaîne des diffuseurs. D’où l’insistance du secteur
pour intégrer à cette boucle toutes les plateformes de VOD et de sVOD (sur abonnement).
Aujourd’hui, la taxe sur les services de télévision (TST), payée par les fournisseurs d’accès, va déjà
au cinéma, mais elle reste menacée par un veto de la Commission européenne. Les plateformes qui
dépassent 10 millions d’euros de chiffre d’affaires sont également tenues d’en reverser environ 15%.
C’est surtout le cas de Canal+, et d’Orange et de iTunes. Mais on sait aussi qu’Apple détourne
beaucoup de ses revenus vers ses filiales européennes pour échapper à la fiscalité hexagonale.
Dans cette ambiance attentiste, le monde du cinéma rechigne aujourd’hui à nourrir les plateformes de
VOD tant qu’elles ne mettront pas au pot pour« préserver la chance de produire 250 films par an en
France », dit Jean-Yves Mirski. « Les blocages sont les mêmes qu’à l’époque de la télévision qui allait
tuer le cinéma selon certains. Finalement, elle est devenue essentielle dans son dynamisme »,
évoque Florence Gastaud, déléguée générale de l’ARP, l’« association des réalisateurs qui se
produisent eux-mêmes ».
Il faudra donc à court terme, là aussi, discuter avec les géants sans frontières du Web : Apple,
Amazon, Google… Des entreprises qui sont encore emmenées par des ingénieurs, très loin des
logiques artistiques qui préoccupent le monde du cinéma. Pour elles, peu importe le contenu, tant que
le contenant est rentable. « La VOD ne doit pas profiter qu’aux blockbusters, avertit Régine
Hatchondo, la directrice générale d’Unifrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français
dans le monde. Il ne faudrait pas qu’Internet nous précipite vers un système qui casserait le cercle
vertueux que nous avons créé en France et valoriserait les œuvres qui marchent le mieux au profit de
celles qui ont besoin de temps pour exister. »
Paru dans Libération du 6 novembre 2012
Erratum : Nous avons donné un mauvais taux de TVA pour le DVD, il est bien de 19,6% et non de
5,5%. Cela a été corrigé dans cette version en ligne.
7 novembre 2012
Diffusion Internet avant la salle : Fondivina s’explique
par FABIEN LEMERCIER
07/11/2012 - Second épisode dans la polémique (news) agitant
l’industrie cinématographique française avec l’expérience promotionnelle de diffusion de deux films
en avant-première sur Internet (en partenariat avec Dailymotion et le label Eye On Films), 48 heures
avant sa sortie nationale en salles. Marc Guidoni (photo -Fondivina Films) qui distribue aujourd’hui
le film canadienNuit #1 dans cinq salles de l’Hexagone (dont le Cinéma des Cinéastes dirigé par
l’ARP – lire l’article) explique pourquoi il a décidé de tenter cette expérience. (L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
"Amoureux depuis toujours de l'expérience irremplaçable de voir un film dans l'écrin d'une salle de
cinéma, nous sommes également d'une génération qui pense que les nouveaux écrans ne sont pas
nécessairement les ennemis des exploitants, mais peuvent au contraire en devenir leurs alliés pour
peu que les intérêts de tous soient compris et respectés. La distribution indépendante de films
fragiles et difficiles est devenue un jeu de roulette russe dans lequel le distributeur risque en
permanence de déposer son bilan, alors que l'offre de films se multiplie de manière exponentielle et
que l'accès aux grands écrans devient de plus en plus compétitif. Nos professions se doivent d'être
inventives, et de repenser des pratiques tenant pleinement compte des nouveaux usages des
cinéphiles de 2012, qui consomment des images sur toutes sortes d'écrans. Qu'on le déplore ou
qu'on s'en félicite, c'est comme cela...
Nous pensons que les temps changent, et que celui ou celle qui visionne en avant-première gratuite
de larges extraits - voire l'intégralité - d'un film quelques jours avant sa sortie, peut devenir un
formidable ambassadeur de ce film auprès de sa communauté, et l'inciter à aller le découvrir dans
les salles qui le présentent en exclusivité. Ce n'est finalement que le principe des avant-premières
d'antan, mais rendues accessibles au plus grand nombre, et sans le coût prohibitif pour le
distributeur de la privatisation d'un lieu le temps d’une projection. Les salles ont tout à gagner de ces
pratiques de dissémination des envies de films dans les réseaux sociaux. Et nous sommes
convaincus qu’il est totalement faux de dire que les spectateurs qui ont vu le film en avant-première
sur Internet sont des spectateurs perdus pour tout le monde. Au contraire, si on les invite, c'est
précisément pour qu'ils enclenchent le bouche à oreille, ce fameux bouche à oreille qui aujourd'hui
n'emprunte plus les mêmes canaux qu'hier...
Notre seul souhait est donc d’être inventifs pour l'amour du cinéma en salles. Sinon, le risque est
que demain, seules les très grosses machines commerciales, par ailleurs tout à fait respectables,
auront accès aux grands écrans faute d'entrepreneurs suffisamment fous pour avoir envie de faire
partager leurs désirs de films qui, par leur sujet leur origine ou leur nouveauté, n'auront jamais à leur
disposition la même artillerie de communication."
8 novembre 2012
MEDIA-supported VOD
initiative courts controversy By Martin Blaney
Windows debate spurred on by exhibition cancellation of titles
launch through special VOD programme.
Europe’s media chronology debate has heated up as a MEDIA-supported initiative for
online avant-premières has courted controversy.
The chain of events came about when Paris-based Eye On Films (EoF) and the VOD
platform Dailymotion announced that they were joining forces for exclusive, free
presentations on the online platform of two feature films ahead of their theatrical
openings.
Brazilian film-maker Marcos Prado’s feature debutParaísos Artificiais (Les
Paradis Artificiels) [pictured] was shown Dailymotion’s site on October 29 from 22.00,
ahead of French distributor Damned Distribution’s release on October 31.
And Canadian director Anne Emond’s debut Nuit #1, was put online this Monday/Tuesday
(November 5/6) via Dailymotion from 18.00 to 06.00 in France and Belgium. The sneak
preview was scheduled two days before the planned French theatrical release by
Fondivina Films and Belgian release by Coopérative Nouveau Cinéma on November 7.
According to the initiative’s two partners, over 6,000 people watched Prado’s drama and
there were some 400,000 visits to the film’s trailer. This showcasing, it was argued,
would help boost the word of mouth about the film and benefit the theatrical release.
However, Yohann Cornu of Damned Distribution spoke of “a catastrophe” when a chain of
cinemas decide to cancel its bookings of the film for 12 of the planned 15 screens just a
day before the release. Speaking to the magazine Ecran, Cornu observed: “The media
chronology has been broken, but now it has killed us.”
Consequently, Prado’s film was only shown at three independent venues from Oct 31:
Publicis Champs Elysées in Paris, Le Club in Grenoble and Les Ambiances in Clermont-
Ferrand, with the director appearing in person at the Paris cinema on the first day of
release.
Speaking exclusively to Screen about EoF’s strategy, project coordinator Nawid Sarem
explained that the presentation of films for free 48 hours before their theatrical release is
“the perfect way to increase their visibility and to support the cinemas. We believe that
the promotion of contents on the Internet still has to be associated with free events.
People would probably be ready to pay for online sneak-previews of blockbusters, for
independent first films you have to find ways to attract your audience without any well-
known actors or director.”
Meanwhile, Emmanuel Cocq, who is responsible for distribution and new business models
under MEDIA Mundus, distribution and new business models, pointed out to Screen that,
in the case of Les Paradis Artificiels, “legally speaking, the action promoted by EOF does
not constitute a violation of French law (the media chronology starts with the official
release of the film in theatres). Therefore, the French distributor could take the file to the
médiateur du cinema and ask for an ‘injunction’ obliging the theatres to respect their
commitments. Nevertheless, Damned Distribution is a very small young company and I
don’t think it will risk going to the médiateur.”
“Interestingly, most of the theatres which have decided to cancel the release are
multiplexes belonging to the same group,” Cocq continued. “I believe that they have
been surprised by the scope of the communication campaign surrounding the
Dailymotion event and that their final decision has been led by political reasons on a
sensitive issue.”
He noted that there hadn’t been any similar reactions from cinemas earlier this year
when EoF staged avant-premières of Red Heart and Bartosz Konopka’s Fear of Falling.
Meanwhile, EoF’s Sarem revealed that 7,000 people had watched Nuit #1 on Monday
evening (Nov 5) and 7,300 had accessed the trailer. This time, however, none of cinemas
has cancelled their bookings: it was due to open Wednesday in three Parisian cinemas,
Les Cinéastes, Publicis and l’Entrepôt, and Les Méliès in Montreuil.
“I guess the massive communication about the cancellation of Paradis Artificiels and that
Internet users and some journalists communicated in a positive way about these online
sneak-previews encourages exhibitors to maintain the film in their cinemas,” Sarem
suggested. “It will also enhance the current debate about media chronology in France
which is not really adjusted to support the promotion and distribution of independent
films.”
Nuit #1 is also scheduled to screen in cinemas in Montpellier, Biarritz and Brive-la-
Gaillarde in coming weeks.
Meanwhile, EoF’s architect, the sales agent WIDE Management, is one of the partners in
the TIDE (Transversal International Distribution in Europe) grouping, coordinated by
France’s L’ARP, which was one of the projects to receive backing from the European
Commission as part of its Preparatory Action for “Circulation of European Films in the
Digital Era.”
TIDE’s primary objective in 2013 is to stage a “day-and-date” release of four films in five
European territories in cinemas and on VOD platforms.
The films will be provided by four sales agents – Fandango Portobello, Goldcrest Films
International, Urban Distribution International and WIDE – and Europa Distribution will
mobilise its members to release the four titles into the cinemas.
Referring back to the controversy generated by the EoF online avant-premières, MEDIA’s
Emmanuel Cocq said that “the objective of the preparatory action is precisely to allow a
constructive dialogue between the different segments of the value chain on these
questions. We know that the issue is very sensitive (especially in France and in Germany,
but not only). It will be up to the three selected projects to deal with the theatres and to
find a way to include them in the game (…) and to promote a win-win model.”
In addition, Dennis Abbot, spokesman for EC Commissioner Androulla Vassiliou, revealed
to Screen that the Preparatory Action’s timeline “is up to February 2014, at which point
there will be a workshop (possibly at the Berlin Film Festival) to present the results of the
pilot project.”
Meanwhile, in a related development, the European Parliament’s Committee on Culture
and Education hosted a public hearing yesterday (Tues, Oct 6) on the “Opportunities for
online access to Europe’s cultural diversity.”
In one contribution, Detlef Eckert, director of policy coordination and strategy at the
European Commission’s DG Information Society and Media, described the current
situation of the digitisation of Europe’s cultural heritage as follows: “We have a big
mountain to climb and, as I see it, we have just arrived at the base camp.”
“When you look at film heritage, only 1.5% of film are digitised and only a fraction of
them are available online. Most of the non-digitised films are out of commerce, and this
is something we need to tackle and work with industry to improve and modernise the
licensing.”
14 novembre 2012
Cinéma et Chronologie : « La distribution indépendante est devenue un jeu de roulette russe » selon Marc Guidoni, distributeur de Nuit#1
4 salles et un enterrement !
Marc Guidoni, le patron de Fondivina en a décidé autrement. Il ne voulait pas voir son
film Nuit#1 disparaître des écrans prématurément. Alors il a décidé de l’offrir à tous les
internautes le lundi 5 novembre de 18h à 3 heures du matin. Il justifie sa démarche par la
nécessité d’allier les écrans d’hier à ceux de demain : « amoureux depuis toujours de l'expérience
irremplaçable de voir un film dans l'écrin d'une salle de cinéma, nous sommes également d'une
génération qui pense que les nouveaux écrans ne sont pas nécessairement les ennemis des
exploitants, mais peuvent au contraire en devenir leurs alliés pour peu que les intérêts de tous
soient compris et respectés. »
7.000 visionnages en streaming en quelques heures sur Dailymotion qui avaient une vocation
simple pour lui : « que celui ou celle qui visionne en avant-première gratuite de larges extraits -
voire l'intégralité - d'un film quelques jours avant sa sortie sur une plateforme de référence comme
Dailymotion, peut devenir un formidable ambassadeur de ce film auprès de sa communauté, et
l'inciter à aller le découvrir dans les salles qui le présentent en exclusivité.»
Sorti dans 4 salles à Paris le 7 novembre, Nuit#1 a attiré 411 spectateurs à dimanche soir. Sans
avant-première numérique, Marc Guidoni estimait le potentiel du film à 1.000 entrées. Grâce à son
initiative, il pense pouvoir doubler ses entrées en salles. Nuit#1 poursuivra ensuite sa vie dans 6
salles en province à partir du 14 novembre.
Pour lui, il n’y aucune raison pour que les exploitants s’opposent à ce type d’initiative qui
bouleverse la chronologie des médias : « Les salles ont tout à gagner de ces pratiques de
dissémination des envies de films dans les réseaux sociaux. Et nous sommes convaincus qu’il est
totalement faux de dire que les spectateurs qui ont vu le film en avant-première sur internet sont
des spectateurs perdus pour tout le monde. Ils ne sont pas plus perdus que les invités aux avant-
premières de notre enfance... Au contraire, si on les invite, c'est précisément pour qu'ils
enclenchent le bouche à oreille, ce fameux bouche à oreille qui aujourd'hui n'emprunte plus les
mêmes canaux qu'hier. »
Il faut savoir que les films n’ont ni les mêmes moyens ni le même potentiel et que la souplesse de
la chronologie doit permettre aux distributeurs indépendants d’amortir au mieux leurs
investissements. Le patron de Fondivina explique : « la distribution indépendante de films fragiles
et difficiles est devenue un jeu de roulette russe dans lequel le distributeur risque en permanence
de déposer son bilan, alors que l'offre de films se multiplie de manière exponentielle et que l'accès
aux grands écrans devient de plus en plus compétitif. Nos professions se doivent d'être inventives,
et de repenser des pratiques tenant pleinement compte des nouveaux usages des cinéphiles de
2012, qui consomment des images sur toutes sortes d'écrans. »
Nuit#1 tentera ensuite de poursuivre sa vie en TV, même si aujourd’hui rien n’est signé avec une
chaîne. Au vu de ses entrées salles, l’exploitation DVD s’avère économiquement très risquée, si
bien que le film ne sera sans doute disponible qu’en VOD. Mais là, pas question de casser la
chronologie des médias. Marc Guidoni rendra son film visible sur les plateformes de VOD dans 4
mois, conformément aux accords interprofessionnels.
Cette expérimentation a une vertu : démontrer à toute la profession que certains films peuvent se
voir appliquer une chronologie différente car leur économie ne s’appuie pas nécessairement sur les
modes de financement habituels. l'ARP s'est d'ailleurs fendue d'un communiqué de presse pour
soutenir l'initiative du producteur lyonnais.
Que ce soit l’ultra-VOD payante ou bien les avant-premières gratuites, il est vital que les
distributeurs de films puissent continuer à expérimenter ces nouvelles fenêtres afin
d’offrir le maximum de chances de succès à leurs films. Le refuser, c’est renoncer à
accompagner le cinéma vers les nouveaux écrans. Qui un jour ou l’autre joueront un rôle
essentiel dans le financement des films !
@plechevallier
26 novembre 2012
Chronologie : l'Arp répond au Spi et à l’UPF Michel Hazanavicius, président de l'Arp, a écrit à Yann Gilbert, président du Spi et Alain Terzian, président de l'UPF.
Suite aux réactions négatives du Syndicat de producteurs indépendants (Spi) suscitées par
l'expérience lancée par la Commission européenne sur les sorties simultanées "pour une meilleure
circulation du cinéma", la société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (Arp), qui est l'un des trois opérateurs à avoir été retenus par Bruxelles pour fédérer une expérience sur la
chronologie de smédias, répond aujourd'hui aux deux syndicats de producteurs de films dans un courrier/communiqué:
" En premier lieu, et pour vous rassurer sur l’ensemble de vos préoccupations, sachez que nous
restons fidèles à travers cette action aux différents principes qui ont toujours dirigé notre
organisation de cinéastes, à savoir la défense de l’intérêt général du cinéma français et européen,
sa meilleure exposition et l’anticipation permanente des nouveaux modèles économiques de notre
secteur, afin de préserver une régulation saine pour la production indépendante.
Ce sont naturellement ces principes qui font la diversité de nos cinémas, et celle des cinéastes de
L’ARP d’ailleurs.
Il nous est donc apparu tout à fait légitime de participer à ce processus pour être au cœur d’une
politique qui ne doit pas nous échapper. Il ne s'agit pas d'ouvrir la boîte de Pandore, mais plutôt de
mener une réflexion sur des choix qui se présentent en étant garant des principes qui sont les
nôtres, et qui assurent depuis toujours la bonne santé du cinéma français. La France a toujours été
précurseur dans les politiques cinématographiques, elle a toujours su intégrer les nouveaux médias
au sein de la chronologie des médias, en leur donnant des droits et des obligations. Les nouveaux
entrants ne sont pas forcément des ennemis, et il est de notre devoir de réfléchir à une politique
d'intégration harmonieuse, responsable, et non conservatrice.
Aujourd’hui, la vidéo à la demande, qui constitue tout à la fois un moyen d’édition et de
distribution de nos œuvres, doit être considérée avec sans doute plus d’imagination, et peut être un
peu moins d’appréhension. C’est un moyen unique de diffusion du cinéma, c’est aussi une chance
inouïe pour l’exposition des œuvres. Il est peut-être temps de cesser de les diaboliser, et de les
inviter à réfléchir ensemble, en bonne intelligence, à jouer notre jeu, à aimer notre vision du
cinéma.
L'expérimentation, comme son nom l'indique, est un outil de réflexion. Et c'est la réflexion qui
doit nous amener à des prises de position. Plus que la religion, fut-elle animée de bonnes
intentions.
Cela ne veut évidemment pas dire que nous voulons remettre en cause la chronologie des medias
ou mettre en péril la salle. Vous ne ferez pas dire à des cinéastes que nous ne sommes pas attachés
à la salle de cinéma. Naturellement, elle reste et doit rester la destination première de nos œuvres.
Mais, vous le savez autant que nous, certaines œuvres ne sont pas armées pour supporter le
couperet fatidique que certaines d’entre elles leurs font subir chaque semaine.
Ces œuvres fragiles, souvent mal financées, qui sortent en petite combinaison, ne peuvent pas
subir systématiquement la double peine.
Nous savons, chers producteurs de l’UPF et du SPI, que sans que ce soit votre unique cheval de
bataille, vous êtes-vous aussi très attachés à ces œuvres. Que vous voulez qu’elles puissent être
encore mieux vues, afin qu’elles ne soient pas mises en péril. Ces œuvres sont essentielles pour la
diversité de nos cinémas et de nos talents. Il ne nous semble pas illégitime ou blasphématoire de
réfléchir à une autre manière de les exposer, avec la salle comme cœur de cette exposition, mais
en utilisant la VoD comme levier de diffusion.
C’est donc dans ce cadre que s’inscrit cette réflexion: comment permettre à des œuvres qui n’ont
pas eu de financement de chaînes, de pouvoir circuler en Europe, et comment optimiser leur accès
à un public qu’elle n’atteignent pas habituellement ? C’est d'ailleurs la raison pour laquelle les
financeurs ne pourront y voir ombrage, puisqu’ils n’y ont pas porté intérêt.
Enfin, cette action est fidèle aux demandes que nous avons formulées depuis plus de quatre ans,
où nous n’avons eu de cesse de répéter que nous devions en France, tenter des expérimentations.
Elles sont à notre sens nécessaires pour imaginer la chronologie des médias la plus pertinente et
moderne, qui permettra le développement d’une offre légale diverse, une meilleure diffusion des
œuvres fragiles, et de manière générale, une plus grande exposition du cinéma français et
européen.
Nous vous savons sensibles à ces questions, nous ne doutons pas que vous serez attachés aux
conclusions de nos travaux, mais sachez que nous trouvons stimulant que la quasi-unanimité de la
profession cherche à nous dissuader de persister dans cette voie. Cela nous interroge et alimente
notre réflexion.
Encore une fois, ces expérimentations ne nous servent aujourd'hui qu'à réfléchir sur les
mouvements à venir, et c'est peut-être parce que nous sommes cinéastes, mais nous n'avons pas
peur du mouvement. Sinon nous serions photographes."
Sarah DROUHAUD
© crédit photo : Julien Attard / L'ARP - Cinéma des Cinéastes
Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
3. Cinéma français
21 novembre 2012
CINÉMAMERCREDI 21 NOVEMBRE 2012 10:43
Les nouveaux enjeux du cinéma français Pour la première fois, Le Film Français réunit à l'occasion d'un grand colloque
thématique les principaux acteurs de l’industrie autour de thèmes majeurs de
l’actualité, que ce sont la VàD, le financement du cinéma et la numérisation.
Après les séminaires en ligne, Le Film Français, en association avec le cabinet de conseil
financierAccuracy, innove et choisit cette fois le mode du colloque, qui se tiendra le 11 décembre
au Palais Brongniart, pour répondre aux interrogations actuellement au cœur de la profession. Et
notamment à celles portant sur la vidéo à la demande…
Alors que la mission Lescure poursuit son travail et auditionne, ce colloque s’ouvrira avec la
présentation d’une étude exclusive menée par Médiamétrie sur les usages de la VàD par le public,
et sera l'occasion d'interroger les conséquences de la VàD sur la valorisation des contenus, et son
éventuelle création ou destruction de valeur. Les conditions de l'essor de la SVàD en France
seront aussi explorées. Deux tables rondes, programmées en matinée, confronteront les points de
vue de personnalités telles que Serge Laroye (directeur des contenus d'Orange), Dominique
Masseran (Dg de Fox Pathé Europa), Marc Tessier (administrateur général de Video futur
Entertainment Group), Christophe Lambert (Dg d' EuropaCorp), Maxime Lombardini (Dg
d'Iliad), Patrick Holzman (directeur de CanalPlay), Pascal Rogard (Dg de SACD), Philippe
Cardon (VP de Sony Computer Entertainment Europe), Régis Ravanas (Dga de la diversification,
Groupe TF1) et Michel Hazanavicus (président de l’ARP).
L'après-midi, les auditeurs se retrouveront pour suivre Éric Garandeau (président du CNC),
Thierry Forsans (président d'Éclair Group), Serge Bromberg (président de Lobster Films) et
Nicolas Seydoux (président de Gaumont) qui traiteront de la numérisation des contenus, qu'il
s'agisse des formats à adopter, des coûts, des financements possibles et des modèles économiques
liés. Cette journée se clôturera avec les questions relatives aux sources de financement alternatives
pour le cinéma. Les auditeurs bénéficieront ainsi des éclairages de Sébastien Raybaud (fondateur
d'Anton Capital), Thomas Langmann (président de La Petite Reine), Serge Hayat (président de
Cinémage), Vincent Grimond (président de Wild Bunch), Grégoire Chertok (associé-gérant de
Rothschild & Cie) et d'Anne Flamant (directrice du département production de l’image au sein de
Neuflize OBC).
Cinq partenaires s'associent à cette journée : l'Arp, la Scam, le SEVN, les Editions Multimédi@ et
Médiamétrie. Toutes les informations pratiques et tarifaires (y compris les tarifs privilégiés à
destination des producteurs, éditeurs vidéo, membres de l'ARP, Scam, etc.) sont disponibles
surlefilmfrancais.com/colloque. Anne-Laure BELL
Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
4. Culture
28 novembre 2012
Précarisation, budgets en berne… : l’angoisse du
monde de la culture
Théo Mercier, Le Solitaire (2009), collection Antoine Galbert, photo Marc Domage, courtesy de l'artiste et galerie Gabrielle Maubrie.
Le gouvernement socialiste de 1981 prônait une politique culturelle ambitieuse et s’en était donné
les moyens. Que reste-t-il de ces choix forts en 2012 ? Les professionnels sont inquiets.
Cinéma
Entre une importante coupe budgétaire infligée au CNC et une polémique sans fin avec
Bruxelles, le gouvernement socialiste envoie des signaux assez alarmants au cinéma français.
Les relations entre le pouvoir socialiste et le cinéma français ne pouvaient pas plus mal
commencer. Cinq mois seulement après sa prise de fonctions, le gouvernement annonçait une
mise à contribution “exceptionnelle” du Centre national du cinéma et de l’image animée : 150
millions d’euros prélevés sur le budget 2013 de l’organisme public, en échange de quoi la ministre
de la Culture, Aurélie Filippetti, promettait un déplafonnement des taxes qui constituent la
majorité de ses ressources. Si le CNC a consenti à l’effort de solidarité en période de crise, son
président Éric Garandeau assure que le système d’aide à la production ne devrait pas être affecté.
Il précise néanmoins que cette perte “aura un impact très fort sur le plan de numérisation des
oeuvres du patrimoine” engagé depuis 2011.
Mais d’autres chantiers plus urgents occupent l’ensemble des professionnels. Ils sont engagés
dans un bras de fer avec la Commission européenne, qui bloque depuis des mois une réforme de la
taxe sur les opérateurs télécom reversée au CNC, visant à mettre un terme aux contournements qui
ont pu être réalisés par certains fournisseurs d’accès. “Les prises de décision sont de plus en plus
lentes face à Bruxelles, et le gouvernement n’envoie pas vraiment de signes politiques très forts ni
très encourageants pour défendre notre dispositif unique de financement du cinéma”, explique
Michel Hazanavicius, l’auteur de The Artist et président de l’ARP (Société civile des
auteursréalisateurs- producteurs) qui s’est investi dans la fronde contre la Commission
européenne. “Le CNC ne coûte d’argent ni à l’État ni au contribuable, il assure une industrie qui
embauche des milliers de personnes, et pourtant il ne semble pas prioritaire”, continue-t-il.
En attendant le dénouement de cette affaire, Aurélie Filippetti aura aussi à gérer l’épineux cas
Hadopi, relégué à une mission (plutôt bien accueillie par les professionnels) dirigée par Pierre
Lescure. Elle devrait rendre ses conclusions d’ici le premier semestre 2013 et, si l’on en juge le
rétropédalage de la ministre de tutelle sur la question – pendant la campagne présidentielle, elle
était contre –, la fameuse loi n’est pas près d’être enterrée. R. B.
Musique
Avant même la réduction du budget accordé à la culture, la filière musicale était déjà la
cinquième roue du carrosse. Et maintenant ?
En septembre, dans un entretien au Monde, Aurélie Filippetti annonçait l’abandon du projet CNM
– un Centre national de la musique imaginé sous Nicolas Sarkozy comme un équivalent du CNC
pour la musique, et soutenu par tous les acteurs de la filière. La nouvelle faisait l’effet d’une
bombe lancée dans une industrie qui traverse la plus grosse crise de son histoire. Il y a quelques
semaines, le Snep (Syndicat national de l’édition phonographique) annonçait une baisse de 7,8 %
du marché de la musique enregistrée en 2012.
Un mois plus tard, au Mama, le rendez-vous des professionnels de la musique, la ministre
rassurait – un peu – les inquiets. Rappelant que “la musique est la première pratique culturelle
des Français”, elle annonçait la création d’une mission spécifiquement dédiée à la musique et
assurait que le projet du CNM n’était pas abandonné. Du côté des professionnels, on applaudissait
alors l’annonce du renouvellement du crédit d’impôt accordé aux labels et on saluait un discours
ouvert, qui prend en considération les TPE. “On sent que la nouvelle équipe du cabinet s’est
engagée dans la réflexion, explique Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des
musiques actuelles. Mais aucune mesure financière n’a été annoncée.”
À ce titre, la déléguée rappelle que l’État va soutenir la construction de la salle de la Philharmonie
de Paris à hauteur de 387 millions d’euros, quand le CNM prévoyait un budget de 95 millions
d’euros, directement prélevés, en outre, sur les fournisseurs d’accès à internet. S’agissant des
musiques actuelles, plusieurs problèmes se poseront dans les prochains mois. Les emplois
d’avenir, d’une part, sont réservés au 16-25 ans pas ou peu qualifiés. Avec la multiplication des
masters en médiation culturelle, les postulants dans cette filière sont aujourd’hui âgés et très
diplômés. Du côté des Smac, salles de concerts labellisées “scènes de musiques actuelles”, on
regarde aussi l’avenir avec inquiétude. Le plan signé en août 2010 prévoyait la labellisation d’une
Smac par département : celle-ci devait être financée par le ministère à hauteur minimum de 75
000 euros par an. Certaines, hélas, n’ont pas atteint ce financement plancher, les Drac dont elles
dépendent favorisant rarement les musiques actuelles quand elles doivent faire des arbitrages entre
les structures de leur région.
Toutes les salles, enfin, pourraient voir la TVA sur la billetterie passer de 2,10 à 5,5 % d’ici
janvier. “Une perte de 5 000 euros par an par acteur”, conclut Aurélie Hannedouche. Pour Didier
Veillault, directeur de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand, la déception est symbolique.
“Les musiques actuelles ont toujours été la cinquième roue du carrosse. En treize ans à la
Coopérative de Mai, on n’a pas été augmenté une fois. D’un gouvernement de gauche, on
attendait, sinon des sous, au moins un discours fort. On fait découvrir de jeunes artistes, on se bat
avec trois bouts de ficelle. Pourtant, je n’ai jamais vu un ministre dans la salle.” Le prochain
rendez-vous est fixé en mars, avec les conclusions de la mission Lescure sur la création et la
culture sur internet. Un rapport qui coïncidera avec la période d’élaboration des budgets
ministériels. J. S.
Arts de la scène
Pour résumer l’état d’esprit des artistes et responsables culturels du spectacle vivant, un
seul mot : inquiétude.
Si le candidat François Hollande s’était engagé à soutenir le spectacle vivant, le président
Hollande, après quelques décisions en début de mandat (le dégel d’une partie du budget du
spectacle vivant et des arts plastiques pour la création, mais hors établissements publics, théâtres
nationaux et le programme 224 de la Transmission des savoirs et de la démocratisation culturelle),
ne diffère guère, dans ses choix, de ses prédécesseurs. Ainsi la demande, jusqu’ici refusée, de la
suppression des mandats de révision, une invention sarkozyste qui consiste à prendre de l’argent
dans une Région pour la distribuer dans une autre, selon des critères opaques qui ne permettent
pas de savoir qui en a bénéficié, et qui a eu pour résultat la perte en Île-de-France de 1,35 million
d’euros et en Région Paca de 600 000 euros.
Inquiétude surtout, nous dit le président du Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques
et culturelles), François Le Pillouer, de voir deux symboles attaqués : “La fermeture du Théâtre
Paris- Villette, pour des problèmes de gestion et de fréquentation attribués au directeur Patrick
Gufflet, alors même que celui-ci se propose de partir. Si la Ville de Paris le fait, toutes les villes
pourront s’autoriser à le faire. C’est aussi une histoire d’exemplarité. Et si l’État baisse de
manière forte, comme cela se passe actuellement, le budget de la culture en 2013 et refuse de
déclarer ce ministère prioritaire, alors les collectivités territoriales pourront en faire autant.” La
demande du Syndeac, en juillet, d’être reçu par le Premier ministre étant restée lettre morte, il
prépare et fait tourner “un texte qui est une apostrophe à François Hollande pour qu’il nous
reçoive en urgence et, si tel n’était pas le cas, nous prendrions nos responsabilités”.
Dernier dossier en souffrance, et depuis dix ans, le statut de l’intermittence, qui sera bientôt
rediscuté. Patrick Bloch, député PS, est chargé d’une mission parlementaire sur la question de
l’emploi artistique, du statut des intermittents et de l’indemnisation du chômage. Pour François Le
Pillouer : “Il hésite : faut-il attaquer en mars ou en septembre, après les festivals ? Mais comme
ils auront ruiné les intermittents et le théâtre, le problème n’est plus une question de date”. Juste
une question de volonté politique. F. A.
Art contemporain
Les musées attirent le public en masse mais les coupes drastiques des budgets ouvrent
dangereusement la porte au mécénat.
En progression constante depuis le début des années 2000, atteignant en 2011 le chiffre record de
27 millions de visiteurs, la fréquentation des musées français est au beau fixe. Et la crise n’y
changera pas grand-chose : au mieux la quasi-stagnation, au pire la diminution, du budget de la
mission culture en général et du soutien à la création, à la production et à la diffusion des arts
plastiques en particulier. Parent pauvre historique, les arts plastiques comptaient déjà un budget
six fois moins important que celui du spectacle vivant, et subiront dans les trois prochaines années
une coupe d’environ 6,6 millions d’euros, soit 10 % de leur budget actuel. “Les musées et centres
d’art disposent de moins d’argent qu’il y a trente ans”, martèle Yves Aupetitallot, le très militant
directeur du Magasin de Grenoble, qui vient de publier avec d’autres représentants d’institutions
de province (Consortium de Dijon, IAC de Villeurbanne, CAPC de Bordeaux…), une tribune
intitulée “Se réinventer” pointant du doigt les déséquilibres Paris-Province. Et soulignant
notamment le traitement (de faveur) réservé au palais de Tokyo, qui tire pourtant le diable par la
queue pour remplir dignement ses 20 000 mètres carrés d’exposition et qui tente une équation
impossible avec des financements publics certes confortés et des soutiens privés nombreux mais
toujours insuffisants.
Autre maillon faible : les coupes drastiques des budgets d’acquisition d’oeuvres pour les
collections publiques, qui seront divisés par deux (passant de 20 millions en 2009 à 8,5 millions).
Pour les musées nationaux, cela signifie l’impossibilité de concurrencer les grandes collections
internationales et surtout une nécessaire échappatoire vers le mécénat privé au risque de certaines
dérives. Favorisé depuis 2003 par la loi Aillagon, le mécénat fait encore ses premiers pas dans
l’Hexagone (sauf dans les très grandes institutions comme le Louvre ou le musée du Quai Branly)
quand il est monnaie courante dans les pays anglo-saxons. Le “fund raising”, la recherche de
financements privés, devient le sport le plus pratiqué par les gens de l’art. Au point qu’on évalue
aujourd’hui les grands directeurs d’institution à l’aune de leurs capacités à faire rentrer de l’argent
privé et à devenir ainsi “bankable”.
“La vision entrepreneuriale qui a prévalu au changement de statut des plus grandes institutions
de l’État a induit leur transformation en agences culturelles de plus en plus éloignées de leur
coeur de mission d’origine”, alerte ainsi le collectif du Social Art Center Club. “Les stéréotypes
ont la vie dure : la culture est encore perçue comme un secteur non marchand, de subventions,
réservée à quelques créateurs fantasques et un public averti, répond par la bande Aurélie
Filippetti. Une étape indispensable est de refonder le rapport entre économie et culture.” Et la
ministre de rappeler un autre chantier qui attend les musées et centres d’art dans les prochaines
années : “Celui de la transition numérique des industries de contenus culturels. Par exemple, le
musée du Louvre a développé en partenariat avec Nintendo un très astucieux système
d’audioguides permettant la géolocalisation du visiteur, ce qui n’est pas un luxe au Louvre ! Le
Centre Georges Pompidou vient également de développer un musée virtuel, qui n’est pas une
simple visite numérique de Beaubourg mais un nouvel espace public muséal innovant pour les
internautes.” C. M.
Livre
Baisse de la TVA, guerre contre Amazon et transition numérique, la politique du livre selon
Aurélie Filippetti.
Une romancière au ministère. Sur le papier, le profil d’Aurélie Filippetti a de quoi rassurer le
secteur du livre. Surtout après le quinquennat Sarkozy, pas franchement porté sur la chose
littéraire. Que l’on se remémore les sorties sur La Princesse de Clèves : l’ex-président déclarait
avoir“beaucoup souffert sur elle” ; le livre a bien souffert aussi sous ses cinq années au pouvoir.
Notamment quand le taux de TVA sur le prix du livre a été porté à 7 %, décision qui menaçait
d’affaiblir un marché déjà fragile. Dès son arrivée rue de Valois, Aurélie Filippetti a ramené ce
taux à 5,5 %, mesure effective au 1er janvier 2013. “Le livre est de nouveau considéré comme un
bien de première nécessité, se réjouit Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la
librairie française (SLF). C’est évidemment une bonne nouvelle pour des raisons commerciales et
économiques. Cela signifie qu’en janvier 2014, le livre bénéficiera de la baisse du taux réduit à 5
% et ne sera pas touché par la hausse du taux intermédiaire à 10 %, ce qui aurait été
extrêmement pénalisant.”
Le SLF a également entamé un travail avec le ministère à l’élaboration d’un plan en faveur des
librairies indépendantes, l’une des priorités affichées de la ministre qui y a consacré une
enveloppe de 1 million d’euros dans le budget 2013. Son autre cheval de bataille : la transition
numérique. Aurélie Filippetti se bat avec la Commission européenne au sujet de l’alignement du
taux de TVA du livre numérique sur celui du livre papier. Elle a aussi accusé à plusieurs reprises
Amazon de contourner la loi du prix unique. Bercy réclame d’ailleurs au géant de la vente en
ligne 200 millions d’euros d’arriérés fiscaux. “Avec Amazon, on va vers l’abus de position,
confirme Vincent Montagne, à la tête du Syndicat national de l’édition. Il ne faut pas que la
concentration par les grands acteurs du numérique engendre une domination culturelle. Le
marché doit être encadré.” Ce que réclament aussi les auteurs, notamment par la voix de la
Société des gens de lettres. “Nous souhaitons une vraie défense du droit d’auteur et un
financement de la création à l’heure d’internet, rappelle Jean-Claude Bologne, son président.
Nous en sommes encore au niveau de l’engagement.” É. P.
par Fabienne Arvers,Romain Blondeau,Claire Moulène,Elisabeth Philippe,Johanna Seban
Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
5. Louxor
27 novembre 2012
Le Louxor a son repreneur Mots clés : Louxor, 104, Bertrand Delanoë, Michel Gomez, Carole Scotta, Martin Bidou, Emmanuel Papillon
Par Lena Lutaud
La réouverture du Louxor, bijou architectural inauguré en 1921, «sera un événement majeur du
printemps 2013». Crédits photo: EMMANUEL GLACHANT / AFP Crédits photo : EMMANUEL
GLACHANT/AFP
L'ancien Palais du cinéma de Paris, racheté en 2003, est en reconstruction. Trois grandes
personnalités du cinéma français pourraient devenir ses gérants.
La décision de Bertrand Delanoë doit encore être validée par les élus lors du Conseil de Paris du
11 décembre. S'il est accepté, c'est un trio très respecté dans le milieu du cinéma et surtout
complémentaire qui gérera le mythique cinéma de style néoégyptien Le Louxor à Barbès-
Rochechouart. La réouverture de ce bijou architectural inauguré en 1921, fermé depuis 1983,
racheté en 2003 par la Ville de Paris à Fabien Ouaki, héritier des magasins Tati, «sera un
événement majeur du printemps 2013. Elle aura lieu avant mars car, selon le code électoral,
aucune inauguration n'est autorisée à douze mois des municipales», explique Bruno Julliard,
adjoint au maire de Paris chargé de la culture.
Palme d'or à Cannes pour Entre les murs de Laurent Cantet en 2008, Carole Scotta, PDG de
Haut et Court produit toujours des films de qualité mais aussi la série des Revenants diffusée sur
Canal+. À ses côtés, on trouvera Martin Bidou, qui s'occupe de la distribution de Haut et Court
mais aussi exploitant de cinémas via sa société Xanthie Films. Outre Le Grenoble, la salle art et
essai de Grenoble, et le Vincennes à l'est de la capitale, il est associé dans Paris au Max Linder sur
les Grands Boulevards et au Nouvel Odéon dans le Quartier latin. Avec l'aide de Carole Scotta,
Martin Bidou a ni plus ni moins sauvé ce cinéma de la destruction. Reconstruit avec les couleurs
joyeuses de la designer Matali Crasset, le Nouvel Odéon est passé de 28.000 à 50.000 entrées par
an. Le troisième larron aux commandes du Louxor s'appelle Emmanuel Papillon. Ancien patron du
cinéma Jacques Tati à Tremblay-en-France (93), il enseigne, aux étudiants de la Femis, les ficelles
du métier d'exploitant et de distributeur.
Un projet stratégique
Le trio de Haut et Court remporte le Louxor devant plusieurs candidats dont UGC, l'ARP qui détient
le Cinéma des cinéastes, et le réalisateur Djamel Bensalah (Beur sur la ville, Neuilly sa mère)
associé à Jacques Font et Jean-Philippe Julia, dirigeants du groupe Cinémovida, dixième exploitant
de France derrière UGC, Pathé, Gaumont, Kinepolis et CGR.
À l'heure où les ouvertures de cinémas dans Paris et sa périphérie se multiplient, la réouverture du
Louxor après trente ans de projecteur éteint est stratégique. D'abord, pour la population. Autrefois
rempli de salles, ce quartier est depuis des décennies un désert cinématographique. Pour voir un
film, les habitants doivent se déplacer jusqu'aux salles MK2 à la Villette ou vers la place Clichy où
se trouvent le Pathé Wepler, le Studio 28 et le Cinéma des cinéastes. La réouverture du Louxor est
aussi essentielle pour l'équilibre du quartier. Un lieu culturel a notamment pour fonction de réduire
l'insécurité. Le Louxor est aussi politiquement sensible. Après la Gaîté Lyrique, le 104 et les Trois
Baudets, c'est le dernier grand projet culturel de Bertrand Delanoë avant la fin de son mandat. La
Mairie, qui a investi de 25 millions d'euros dans la réhabilitation de ce cinéma, marche sur des
œufs. De tous ses projets culturels, seul le 104 est considéré comme une réussite. Cela dit, Le
Louxor est bien parti. D'abord, le planning des travaux menés par l'architecte Philippe Pumain a été
respecté à la lettre. Vitraux, mosaïques, mâts, décors peints… tout a été refait à l'identique. Michel
Gomez, délégué de la Mission Cinéma de Paris réceptionnera les travaux, comme prévu, mi-
janvier. Enfin, la Mairie a impliqué dès le départ les associations du quartier. «Cela a été une vraie
innovation, souligne Laurent Laborie président de Paris-Louxor. Nos manifestations populaires, les
projections de films, les couscous gratuits et le site Internet collaboratif ont permis au Louxor de
gagner beaucoup de temps en termes de notoriété. Quand il ouvrira, bien des Parisiens auront le
sentiment que le Louxor a toujours été là.»
29 novembre 2012
Le Louxor sera exploité par Haut et Court, Xanthie Films et Emmanuel Papillon
Par CinéObs avec AFP 29 novembre 2012
Le Louxor en pleins travaux en 2010 © SIPA
L’ancienne boîte de nuit parisienne deviendra un cinéma au printemps
2013.
La Ville de Paris a choisi d'attribuer l'exploitation du cinéma le Louxor à un groupement
constitué de la holding Haut et Court, de la société Xanthie Films et d'Emmanuel
Papillon, directeur de la section d'exploitation de la Femis, a-t-elle annoncé lundi.
Le cinéma le Louxor, classé « Art et essai », ouvrira ses portes dans le nord-est de Paris
au printemps 2013. Construit en 1920, il était devenu une boîte de nuit jusqu'à la fin des
années 1980. La Ville de Paris a racheté l'établissement en 2003 pour lui redonner sa
vocation cinématographique et poursuivre la rénovation urbaine engagée sur le quartier
populaire de la Goutte d'Or.
L'équipe choisie par la Ville regroupe Carole Scotta, dirigeante de la société
indépendante de production et de distributions de films Haut et Court, Martin Bidou,
exploitant (le Vincennes, le Nouvel Odéon, le Max Linder), programmateur et directeur
des ventes de la société Haut et Court, et Emmanuel Papillon, directeur pendant 20 ans
du cinéma Jacques Tati à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) et actuel directeur de
la section d'exploitation de l'école de cinéma la Femis.
Quinze candidatures avaient été déposées. Parmi les finalistes se trouvaient l'ARP
(société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs), la société de production Miroir
magique, et un groupement associant la société de distribution les Films de l'Atalante,
l'association le Maghreb des films et les cinémas La Clef et les Trois Luxembourg.
Le choix de la Ville doit être approuvé formellement par le Conseil de Paris lors du
prochain conseil le 11 décembre.
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Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
6. Costa Gavras
12 novembre 2012
Costa-Gavras: "l'argent devient une sorte de religion" (entretien)
PARIS (Sipa) - Le réalisateur français Costa-Gavras, qui vient de réaliser "Le capital" (mercredi sur les écrans français), cherchait depuis longtemps à faire un film sur l'argent qui, selon lui, "devient une sorte de religion".
"C'est un moyen très corrupteur", confie le cinéaste dans un entretien accordé à Sipa. C'est d'abord la lecture d'un livre de Jean Peyrelevade, "Le capitalisme total", puis celle d'un ouvrage de Stéphane Osmont, "Le capital", qui lui a donné envie de réaliser ce film.
"C'est l'histoire d'un homme qui monte et qui devient complètement hystérique. Le personnage est terrible", confie-t-il.
Le réalisateur a toutefois pris ses distances avec le livre pour écrire le scénario avec Jean-Claude Grumberg et Karim Boukercha. "Dans le livre, le personnage va dans l'extrême, dans la déchéance. J'ai voulu faire un personnage aussi près que possible du réel", précise le réalisateur.
Comme il l'avait fait pour "Missing" (1981), avec Jack Lemmon, et pour "Le couperet" (2004), avec José Garcia, Costa-Gavras est allé chercher un acteur de comédie, Gad Elmaleh, pour interpréter son personnage principal, dans un rôle à contre-emploi.
Le cinéaste mise sur "l'originalité de voir un acteur faire autre chose que ce qu'il fait d'habitude", même si Gad Elmaleh a au départ été surpris de recevoir une telle proposition. "Il m'a dit, mais pourquoi moi?", raconte le réalisateur, qui a montré à l'humoriste le DVD de "Missing", avec Jack Lemmon, pour lui montrer qu'il pouvait jouer dans plusieurs registres.
Les spectateurs "ne vont pas rire"
Il pourra en tous cas compter sur la notoriété de l'acteur. "C'est toujours important qu'il y ait une tête d'affiche", reconnaît-t-il. "Mais est-ce que le public acceptera de voir Gad dans un autre rôle que celui dans lequel il est habitué de le voir. C'est le vrai danger finalement", note Costa-Gavras, en remarquant que dans le film, les spectateurs "ne vont pas rire".
Le réalisateur s'est plongé dans un univers qu'il ne connaissait guère et la préparation a duré "plus de deux ans". "Il a fallu voir beaucoup de gens, j'ai visité des salles de marché. J'ai découvert un monde qu'on ne soupçonne même pas. C'est cet aspect qui m'a intéressé, voir ce qui se passe derrière les portes", raconte-t-il, en soulignant que certains banquiers qu'il a rencontrés étaient "des gens d'une culture formidable".
Mais il met aussi en garde contre les tentations que peuvent avoir les hommes qui gravitent à un très haut niveau dans le monde de la finance. "Quand on a un tel pouvoir, on peut l'exercer dans tous les sens. Tout converge vers vous, l'admiration des autres, la sexualité devient plus facile, vous pouvez avoir tout ce que vous voulez, le respect que les gens vous montrent, la soumission."
"Il y a une chose qui m'a toujours préoccupé, c'est l'idée du pouvoir, le pouvoir qui gère le monde. Nous avons tous un petit pouvoir, c'est une arme formidable", affirme le réalisateur, notant que c'est un sujet qui revient de manières diverses dans ses films.
Il faut en général trois ou quatre ans à Costa-Gavras pour tourner un long métrage. "J'aimerais faire plus de films, mais je n'y arrive pas. Il faut d'abord se décider sur une idée, puis l'écrire, puis le préparer, ça prend beaucoup de temps."
Les films, "on les aime tous"
Dans sa longue filmographie depuis "Compartiment tueurs" (1965), il reconnaît qu'"Un homme de trop" (1967) et "Conseil de famille" (1985), "ne sont pas trop réussis". "Mais les films, c'est comme des enfants, on les aime tous, et peut-être que ceux qui ont raté leur vie, on les aime plus que les autres."
Engagé, le réalisateur d'origine grecque s'inquiète pour le pays où il a passé son enfance avant de venir s'installer en France. "C'est tragique, pour une grande partie de la population grecque, parce qu'ils ne voient pas l'horizon du changement encore et, à mon avis, ça va durer pas mal de temps. Ce malheur vient avec d'autres, les jeunes qui quittent la Grèce. C'est un autre appauvrissement, après l'appauvrissement des riches qui ont enlevé tout leur argent pour le placer en Suisse ou ailleurs".
Mais il se veut optimiste, assurant que les changements engagés ont mis la Grèce "dans une voie correcte".
Parallèlement à son métier de cinéaste, Costa-Gavras est président de la Cinémathèque française. "C'est du plaisir surtout, c'est du bénévolat", explique-t-il. Il est aussi membre de l'ARP (Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs) et s'est rendu le mois dernier aux Rencontres de Dijon organisées chaque année, une occasion de faire le point sur les évolutions de l'industrie cinématographique: "Ca ne se fait nul part ailleurs dans le monde. Il y a des metteurs en scène étrangers qui viennent. C'est quelque chose à mon avis d'essentiel, discuter des problèmes avec d'autres professionnels du cinéma", confie-t-il.
Pour l'anecdote, Costa est un diminutif de Constantin qui a donné au réalisateur ce nom très original de Costa-Gavras. "Il y avait un roi Constantin en Grèce que je n'aimais pas du tout", s'amuse le réalisateur, finalement satisfait de ne pas être connu par ce prénom. Costa-Gavras, "c'est un nom qu'on m'a imposé", ajoute-t-il. Un nom qui lui a finalement réussi.
pyr/sb
Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
7. Ciné Jazz
22 novembre 2012
Festival : quand le jazz swingue avec le 7eme art La première édition du festival "Ciné Jazz", qui se tient jusqu'au 30 novembre à Paris, se penche sur les liens entre cinéma et musique jazz. Il fait froid, c'est presque l'hiver. Un temps propice à la langueur, un temps à écouter... du jazz. Justement, la première édition du Festival "Ciné Jazz" pour le plus grand plaisir de vos oreilles, mais aussi de vos mirettes. L'événement propose projections, concerts et conférences pendant 10 jours. "Je voulais lier deux domaines qui entretiennent un lien très fort à travers l'histoire : jazz et cinéma", explique l'organisatrice Isabelle Lambert. Un programme éclectique La programmation tourne donc autour de l'idée que les deux arts se sont perpétuellement influencés et nourris. La manifestation propose par exemple une compétition de courts-métrages sélectionnés pour leur travail de mise en valeur d'une bande originale jazzy. "Cette musique évoque quelque chose de très visuel", justifie Isabelle Lambert qui a tenu à n'organiser les projections que dans des cinémas indépendants. Le célèbre pianiste Michel Petrucciani (mort en 1999) fait lui l'objet d'un double traitement : cinématographique avec un documentaire et musical avec un concert réunissant ses musiciens. La programmation renferme quelques pépites avecThe Last of the Blue Devils, documentaire rare sur le milieu du jazz tourné dans les années 1930, au Kansas. Mais l'événement qui dure jusqu'au 30 novembre vous réserve bien d'autres surprises tant à Paris qu'en banlieue : soirée Louisiane, concert à l'Hôpital américain entre autres. Pour découvrir ou redécouvrir le jazz. Infos : Ciné Jazz, jusqu'au 30 novembre, 5 à 30 euros The Last of The Blue Devils, le 23 novembre à 21h30, à l'Action Christine, 4, rue Christine, 6e. Michel Petrucciani, le 23 novembre, 22h30 à au Cinéma le Trianon, 71, place Carnot, Romainville. Concert hommage à Michel Petruciani, le 23 novembre à 20h30, au Cinéma le Trianon, 71 Place Carnot, Romainville. Projections des 9 meilleurs court-métrages "Jazz et la Ville", le 25 novembre, de11h-13h à l'Arp, 7, avenue de Clichy, 17e.
Revue de presse de L’ARP – Novembre 2012
8. Le BAL
6 novembre 2012
Un regard social sans concession
Par BRIGITTE OLLIER, BRUNO ICHER
Au Cinéma des cinéastes, docus rares et films anglais expérimentaux
éclairent le travail du photographe.
Pour accompagner l’exposition de Paul Graham, une programmation cinéma conçue
par Anne Marquez, du Cinéma des cinéastes, présente dans cette salle parisienne
(XVIIe) une sélection épatante, autant par la rareté des films projetés que par la
variété des artistes représentés (1). Il est bien sûr question de la filiation de Graham
avec le cinéma anglais de l’époque de Beyond Caring, vue par Ken Loach (Which Side
Are You On ?, documentaire réalisé en 1984 sur la grève des mineurs britanniques)
et, plus encore, par Alan Clarke. Ainsi sera projeté samedi prochain son
éprouvantMade in Britain, tourné en 1982, qui suit l’enlisement d’un ado skinhead
totalement perdu, avec l’électrique Tim Roth dans son premier rôle.
Dans une autre section, cinq films de John Smith, réalisateur expérimental
britannique - qui gagne à être mieux connu et que le Bal avait déjà présenté au
printemps -, sont au programme (le 8 décembre), dont The Black Tower (une tour
fantôme dans Londres) ou Blight, documentaire sur la disparition d’un quartier de
l’East London. Enfin, autour du thème de l’espace urbain, la programmation offre
une belle exposition à des courts et moyens métrages parmi lesquels plusieurs
grandes signatures, comme Jonas Mekas, avec Williamsburg, histoire vécue de son
quartier de Brooklyn sur plus de cinquante ans (le 17 novembre), ou Stan Brakhage
(le 24) avec Wonder Ring, chorégraphie du métro aérien de New York sur l’ouverture
du Ring de Wagner.
Cinéma des cinéastes, 7, avenue de Clichy, 75017. Tous les samedis à 11
heures. Jusqu’au 8 décembre.