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Le conte d’hiver William Shakespeare Patrick Pineau Création le 5 novembre 2013 Scène nationale de Sénart REVUE DE PRESSE Scène nationale de Sénart - REVUE DE PRESSE - 21 mars 2014

Revue de Presse Le conte d'hiver

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Revue de presse de la Saison 2013/2014. Reprise en novembre 2014.

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Page 1: Revue de Presse Le conte d'hiver

Le conte d’hiverWilliam ShakespearePatrick Pineau

Création le 5 novembre 2013Scène nationale de Sénart

Revue de pResse

Scène nationale de Sénart - revue de presse - 21 mars 2014

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PRESSE NATIONALE

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Scène nationale de Sénart revue de presse

Les Inrockuptibles - Hugues Le Tanneur ……………………………………………… 19 février 2014La Croix - Didier Méreuze …………………………………………………………… 16 décembre 2013La Terrasse - Catherine Robert ………………………………………………………… décembre 2013 Le Figaro - Étienne Sorin…………………………………………………………………8 novembre 2013 Les Echos - Philippe Chevilley ………………………………………………………… 7 novembre 2013 La Terrasse - Catherine Robert …………………………………………………………… octobre 2013

PRESSE NATIONALE

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Scène nationale de Sénart revue de presse

rêve de cauchemarDe cette tragicomédie riche et multiforme qu’est Le Conte d’hiver, Patrick Pineau tire un spectacle profondément attachant.

Il était une fois un prince qui avait perdu La raison. Cette phrase sortie tout droit d’un conte pour enfants situe l’atmosphère du Conte d’hiver. Dès le début du spectacle, le dispositif scénique à double foyer signale Le rôle prépondérant de l’imaginaire dans ce texte où toutes les invraisem-blances semblent autorisées. À cela près que les libertés prises par Shakespeare représentent autant de défis pour le metteur en scène , à qui il revient de capter l’attention du spectateur jusque dans les situations les plus incongrues.Patrick Pineau réussit, en jouant d’emblée avec des effets de miroirs et de vidéo, à nous entraîner à sa suite dans un drame à rebondissements où l’on passe en un clin d’oeil du royaume de Sicile à celui de Bohême, où le temps figuré par une allégorie semble pouvoir se contracter et se rétracter à loisir, où les princesses sont des filles de berger… Autrement dit, un univers régi par une causalité fantasque.Léonte, roi de Sicile, et Polixène, roi de Bohême, ayant été élevés ensemble, sont les meilleurs amis du monde. Jusqu’au jour où Léonte devient fou de jalousie. Persuadé que son épouse Hermione le trompe avec Polixène, il s’apprête à le tuer. Pour cet esprit en surchauffe, le moindre signe confirme l’infidélité d’Hermione. Jusqu’à l’enfant qu’elle porte dans son ventre, fruit forcément de ses œuvres coupables avec Polixène.Comme toujours chez Shakespeare, la folie du prince engendre le chaos. Hermione, jetée en prison, accouche de Perdita. Celle-ci est abandonnée, suivant les ordres de Léonte, sur un lointain rivage. C’est là que tout bascule. Car ce rivage, c’est la Bohême, où Perdita est recueillie par un berger. La tension tragique laisse la place à une atmosphère apaisée. Seize ans ont passé. Une aube nou-velle peuplée de personnages nouveaux, dont le prince Florizel, fils de Polixène, qui ne tarde pas à s’éprendre de cette jeune bergère aux traits si délicats, et c’est là qu’on comprend que monter le Conte d’hiver, ce n’est pas monter une, mais plusieurs pièces. Patrick Pineau s’en sort admirable-ment, instillant une dose d’humour indispensable dans ce spectacle très enlevé et plein de charme.

Hugues Le Tanneur

le 19 février 2014

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Scène nationale de Sénart revue de presse

Un hiver aux couleurs du printempsFormidable acteur dans Cyrano de Bergerac, Patrick Pineau est aussi le metteur en scène généreux d’une romance tardive de Shakespeare.

Achevé par Shakespeare cinq ans avant sa mort, Le Conte d’hiver raconte l’histoire terrible d’un roi de Sicile pris d’une crise subite de jalousie : décrétant que son épouse l’a trahi avec son plus cher ami, le roi de Bohême, il l’a fait arrêter sur-lechamp, puis ordonné de se débarrasser de l’enfant, une fi lle, dont elle venait d’accoucher et qui ne pouvait être, selon lui, que le fruit de l’adultère. Un oracle, suivi de la mort de son fi ls aîné, puis de celle de son épouse, accablée par ce coup, lui ouvrit les yeux. Aussitôt, il se repentit et s’enferma dans la solitude et l’affl iction. Son deuil dura vingt ans, jusqu’au jour où l’impensable se réalisa : il retrouva sa fi lle. Épargnée par le bourreau, recueillie par un berger, elle lui revenait, accompagnée du ils du roi de Bohême qui en était tombé éperdument amou-reux. Quant à la reine, rien n’assurait qu’elle fût morte. La statue élevée à sa mémoire n’allait-elle pas se révéler « vivante » ?La construction est complexe, l’intrigue confuse. Patrick Pineau en fait son miel. Au fi l d’une mise en scène savamment maîtrisée, il mène du Conte d’hiver au conte de printemps, en trois temps. À une première partie tendue dans un univers de panneaux glissants, sombres et froids (la scénographie est signée Sylvie Orcier), succède l’allégresse lumineuse d’une vie libre à la campagne. Le tragique fait place aux plaisirs champêtres d’une « pastorale » joyeuse et cocasse, avec chants, danses, jeux de masques de bélier et de moutons. La farce se mêle au théâtre de tréteaux. Dans la forêt passent de faux ours goguenards…Le Final ramène aux appartements royaux, métamorphosés en caverne propice à tous les enchan-tements. Reportage en direct sur les amours de la bergère et de son prince, à la façon délirante des tabloïds et des chaînes d’informations en continu, Disney et Hollywood célèbrent le « retour » de la reine à la vie. Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion.En chef de bande, Patrick Pineau communique à ses 16 acteurs chaleur et énergie. Tous font mer-veille : Manuel Le Lièvre et Babacar M’Baye Fall (le roi de Sicile, petit et blanc, et le roi de Bohême, grand et noir) ; Laurence Cordier (la reine) et Pauline Collin (princesse bergère à la légèreté aérienne) ; Alain Enjary (vieux berger savoureux) et Christophe Vandelvede (son fi ls « rustaud ») ; truculent escroc, Fabien Orcier donne de la vigueur au vieux mot d’« estampeur »… La magie est là. La poésie aussi. Celles du bonheur retrouvé de l’enfance et des belles histoires que l’on raconte, le soir, à la veillée.

Didier Méreuze

22 CULTURE lundi 16 décembre 2013

Un hiver aux couleurs du printemps d Formidable acteur

dans Cyrano de Bergerac (1), Patrick Pineau est aussi le metteur en scène généreux d’une romance tardive de Shakespeare.

LE CONTE D’HIVER de William ShakespeareThéâtre Firmin-Gémier à Châtenay-Malabry (92)

Achevé par Shakespeare cinq ans avant sa mort, Le Conte d’hiver ra-conte l’histoire terrible d’un roi de Sicile pris d’une crise subite de ja-lousie : décrétant que son épouse l’a trahi avec son plus cher ami, le roi de Bohême, il l’a fait arrêter sur-le-champ, puis ordonné de se débar-rasser de l’enfant, une ille, dont elle venait d’accoucher et qui ne pouvait être, selon lui, que le fruit de l’adul-tère. Un oracle, suivi de la mort de son ils aîné, puis de celle de son épouse, accablée par ce coup, lui ouvrit les yeux. Aussitôt, il se repen-tit et s’enferma dans la solitude et l’aliction. Son deuil dura vingt ans, jusqu’au jour où l’impensable se réalisa : il retrouva sa ille. Épargnée par le bourreau, recueillie par un berger, elle lui revenait, accompa-gnée du ils du roi de Bohême qui en était tombé éperdument amou-reux. Quant à la reine, rien n’assurait

qu’elle fût morte. La statue élevée à sa mémoire n’allait-elle pas se révé-ler « vivante » ?

La construction est complexe, l’in-trigue confuse. Patrick Pineau en fait son miel. Au il d’une mise en scène savamment maîtrisée, il mène du Conte d’hiver au conte de printemps, en trois temps. À une première par-tie tendue dans un univers de pan-neaux glissants, sombres et froids (la scénographie est signée Sylvie Orcier), succède l’allégresse lumi-neuse d’une vie libre à la campagne. Le tragique fait place aux plaisirs champêtres d’une « pastorale »

joyeuse et cocasse, avec chants, danses, jeux de masques de bélier et de moutons. La farce se mêle au théâtre de tréteaux. Dans la forêt passent de faux ours goguenards…

Le inal ramène aux appartements royaux, métamorphosés en caverne propice à tous les enchantements. Reportage en direct sur les amours de la bergère et de son prince, à la façon délirante des tabloïds et des chaînes d’informations en continu, Disney et Hollywood célèbrent le

« retour » de la reine à la vie. Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion.

En chef de bande, Patrick Pineau communique à ses 16 acteurs chaleur et énergie. Tous font merveille : Ma-nuel Le Lièvre et Babacar M’Baye Fall (le roi de Sicile, petit et blanc, et le roi de Bohême, grand et noir) ; Laurence Cordier (la reine) et Pauline Collin (princesse bergère à la légèreté aérienne) ; Alain Enjary (vieux berger savoureux) et Christophe Vandelvede (son ils « rustaud ») ; truculent es-croc, Fabien Orcier donne de la vi-gueur au vieux mot d’« estampeur »… La magie est là. La poésie aussi. Celles du bonheur retrouvé de l’enfance et des belles histoires que l’on raconte, le soir, à la veillée.

DIDIER MÉREUZE

À 20 heures. RENS. : 01.41.87.20.84. Jusqu’au 21 décembre. À Alençon, les 8 et 9 janvier ; Châteauvallon, du 15 au 19 ; Béthune, les 22 et 23 ; Louviers, le 28 ; Évry le 31 ; Lille, du 5 au 15 février ; Le Havre, les 20 et 21 ; Quimper, les 25 et 26.

(1) Cyrano de Bergerac,d’Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudan. À Sénart, du 17 au 20 décembre ; Perpignan, du 9 au 11 janvier ; Marseille, du 15 au 18 ; Amiens, du 22 au 24 ; Châlons-en-Champagne, du 27 au 28 ; Béziers, du 6 au 9 février ; Mulhouse, du 12 au 14… (lire La Croix du 6 juin).

Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion.

ESSENTIEL

AGENDAPARIS

Exposition. La Bibliothèque nationale de France ouvre ses portes aux nouveaux talents découverts par la Bourse du talent. Treize photographes, lauréats, mentions spéciales et coups de cœur, présentent leurs travaux au public. Du 20 décembre au 23 février. Allée Julien-Cain, quai François-Mauriac (13e). RENS. : 01.53.79.59.59. et www.bnf.fr

PRESSE Opération transparence sur les aides à la presse

Le ministère de la culture a publié sur son site Internet le montant total des aides attribuées en 2012 à quelque 200 titres de presse. Avec plus de 18 millions d’euros chacun, Le Monde et Le Figaro arrivent en tête. Viennent ensuite Ouest France (11,9 millions), La Croix (10,7 millions), Télérama (10,3 millions) et Libération (10 millions), Au-jourd’hui en France (9,3 millions), Le Nouvel Observateur (9,3 millions), L’Express (7,2 millions) et Télé 7 jours (6,9 millions). Ont aussi été aidés Le Journal de Mickey ou des titres sur Internet, comme 20minutes.fr ou Slate.fr.

La musique est un jeu sérieux

Enrique MazzolaChef d’orchestre

d Depuis qu’il a posé ses valises en Île-de-France, Enrique Mazzola a pris fait et cause pour son nouvel orchestre. d « Jouez ! » est son joyeux mot

d’ordre, lancé aux musiciens comme aux auditeurs.

Né en Espagne, de nationalité italienne, dirigeant dans le monde entier et attaché depuis l’an der-nier à une formation française, Enrique Mazzola illustre à lui seul l’adage selon lequel la musique se moque des frontières. Maniant avec dextérité et gourmandise notre langue – teintée bien en-tendu de ce petit accent irrésistible pour les oreilles hexagonales – le nouveau (depuis un an) directeur musical de l’Orchestre national d’Île-de-France (Ondif) n’est pas de ceux qui gardent jalousement

les secrets de leur métier et les bonheurs de leur art. « Partout où nous allons jouer, le public nous attend. Il sait que, sans l’Ondif, il n’entendrait pas de musique sym-phonique en ‘‘live’’. La première fois que j’ai été invité par l’or-chestre, j’ai trouvé que ce noma-disme de salle en salle dans toute la région était compliqué. Mais aujourd’hui, j’en suis ravi ! Les ins-trumentistes et moi, nous conce-vons la musique classique comme un partage populaire. Je me méie de l’intellectualisation des émo-tions », conie Enrique Mazzola.

Et le voilà qui décrit avec feu, comme un metteur en scène en pleine action, le « petit théâtre » du concert : depuis la présentation du billet à l’ouvreuse jusqu’à l’en-trée du chef d’orchestre sous les applaudissements, en passant par le la donné par le hautbois à ses collègues et les lumières qui s’étei-gnent. « Il ne s’agit pas de codes d’un autre âge mais d’une élégante dramaturgie qui organise la ren-contre entre auditeurs et artistes. »

Les spectateurs de l’Ondif– de 60 000 à 80 000 selon les années – ne sont pas « de 60 000 à 80 000 musicologues mais des personnes qui ont envie de se laisser porter

par la beauté, laissant soucis fami-liaux ou professionnels au ves-tiaire », poursuit Enrique Mazzola. Le répertoire éclectique de ce in connaisseur de l’art lyrique, féru de création contemporaine comme de grands élans romantiques, se traduit dans des programmes sa-vamment pensés. Ils s’intitulent « Rêveries » pour évoquer la Russie éternelle, « Voyage d’hiver », « Feux d’artiice » ou, en cette période de fêtes, « Abracadabra », déployant à l’envi magies et autres féeries de Haydn, Verdi, Satie, Dukas et Stra-vinski (1).

Prouver aux jeunes que le clas-sique déborde de rythme et d’éner-gie, cultiver les spéciicités sonores de son orchestre, consolider le soutien des pouvoirs publics et des mécènes, rester proche des audi-teurs « qui prennent les mêmes RER que nous » et ofrir une tribune aux compositeurs d’aujourd’hui… les déis d’Enrique Mazzola sont lé-gion. On imagine mal que cet en-thousiaste ne les relève pas l’un après l’autre.

EMMANUELLE GIULIANI

(1) À partir du 13 décembre. RENS. : 01.43.68.76.00. et www.orchestre-ile.com

PORTRAIT

T. P

AC

ZU

LA

ART Le Musée de Valence agrandirouvre ses portes

Après deux ans et demi de travaux menés par l’architecte Jean-Paul Philippon, le Musée d’art et d’archéologie de Valence (Drôme) rouvre ses portes ce samedi au public. L’adjonction d’une aile contemporaine a permis au musée d’augmenter sa surface de 2 000 à 5 750 m². La façade Renaissance de cet ancien palais épiscopal a aussi été redécouverte et un belvédère vitré ajouté sur les toits. Les sections archéologiques évoquent no-tamment l’histoire de la colonie romaine de Valentia, tandis que les collections d’art révèlent une riche variété de paysages, dominée par les peintures d’Hubert Robert.

Décès, à 92 ans, de la journaliste France RocheSon visage aux yeux clairs entouré de boucles blondes fut l’un des plus familiers des Français à l’heure du journal télévisé. À l’ORTF puis sur Antenne 2, France Roche, née en 1921 à Saint-Tropez et décédée samedi à Paris, est de 1969 à 1986 la voix du cinéma et de la mode. Avant cela, elle débute par la presse écrite, dans France Soir au temps de Pierre Lazaref, et entre à la télévision avec des sujets sur l’architecture, avant de se consacrer aux interviews de vedettes du cinéma. Dans celles de Kirk Douglas, en français, en 1958, ou de Brigitte Bardot, en 1959, s’exprime déjà sa marque de fabrique : l’empathie avec les artistes. Son aisance avec eux, qui fait passer n’importe quelle question pour aimable, tient sans doute au fait

qu’elle fut elle-même actrice dans une dizaine de ilms, de 1951 à 1957, dont French Cancan de Jean Renoir.Parmi ses réussites, on retient ses portraits pour

« Tête d’aiche », dont celui de Simone Signoret, en 1970, qui se livre avec grande sincérité. Pour Antenne 2, où elle devient rédactrice en chef adjointe, elle

signe, en 1979, Woody Allen ou l’anhédoniste le plus drôle du monde , un portrait du cinéaste rencontré à Manhattan. Elle participe encore à d’autres émissions, notamment sur Canal Jimmy, signe des scénarios (pour Édouard Molinaro et Henri Verneuil, notamment) et des adaptations de pièces de théâtre. France Roche fut mariée à François Chalais puis au producteur Gilbert de Goldschmidt.

INA

.FR

16 décembre 2013

Un hiver aux couleurs du printemps d Formidable acteur

dans Cyrano de Bergerac (1), Cyrano de Bergerac (1), Cyrano de BergeracPatrick Pineau est aussi le metteur en scène généreux d’une romance tardive de Shakespeare.

LE CONTE D’HIVER de William ShakespeareThéâtre Firmin-Gémier à Châtenay-Malabry (92)

Achevé par Shakespeare cinq ans avant sa mort, Le Conte d’hiver ra-Le Conte d’hiver ra-Le Conte d’hiverconte l’histoire terrible d’un roi de Sicile pris d’une crise subite de ja-lousie : décrétant que son épouse l’a trahi avec son plus cher ami, le roi de Bohême, il l’a fait arrêter sur-le-champ, puis ordonné de se débar-rasser de l’enfant, une ille, dont elle venait d’accoucher et qui ne pouvait être, selon lui, que le fruit de l’adul-tère. Un oracle, suivi de la mort de son ils aîné, puis de celle de son épouse, accablée par ce coup, lui ouvrit les yeux. Aussitôt, il se repen-tit et s’enferma dans la solitude et l’aliction. Son deuil dura vingt ans, jusqu’au jour où l’impensable se réalisa : il retrouva sa ille. Épargnée par le bourreau, recueillie par un berger, elle lui revenait, accompa-gnée du ils du roi de Bohême qui en était tombé éperdument amou-reux. Quant à la reine, rien n’assurait

qu’elle fût morte. La statue élevée à sa mémoire n’allait-elle pas se révé-ler « vivante » ?

La construction est complexe, l’in-trigue confuse. Patrick Pineau en fait son miel. Au il d’une mise en scène savamment maîtrisée, il mène du Conte d’hiver au conte de printemps, Conte d’hiver au conte de printemps, Conte d’hiveren trois temps. À une première par-tie tendue dans un univers de pan-neaux glissants, sombres et froids (la scénographie est signée Sylvie Orcier), succède l’allégresse lumi-neuse d’une vie libre à la campagne. Le tragique fait place aux plaisirs champêtres d’une « pastorale »

joyeuse et cocasse, avec chants, danses, jeux de masques de bélier et de moutons. La farce se mêle au théâtre de tréteaux. Dans la forêt passent de faux ours goguenards…

Le inal ramène aux appartements royaux, métamorphosés en caverne propice à tous les enchantements. Reportage en direct sur les amours de la bergère et de son prince, à la façon délirante des tabloïds et des chaînes d’informations en continu, Disney et Hollywood célèbrent le

« retour » de la reine à la vie. Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion.

En chef de bande, Patrick Pineau communique à ses 16 acteurs chaleur et énergie. Tous font merveille : Ma-nuel Le Lièvre et Babacar M’Baye Fall (le roi de Sicile, petit et blanc, et le roi de Bohême, grand et noir) ; Laurence Cordier (la reine) et Pauline Collin (princesse bergère à la légèreté aérienne) ; Alain Enjary (vieux berger savoureux) et Christophe Vandelvede (son ils « rustaud ») ; truculent es-croc, Fabien Orcier donne de la vi-gueur au vieux mot d’« estampeur »… La magie est là. La poésie aussi. Celles du bonheur retrouvé de l’enfance et des belles histoires que l’on raconte, le soir, à la veillée.

DIDIER MÉREUZE

À 20 heures. RENS. : 01.41.87.20.84. Jusqu’au 21 décembre. À Alençon, les 8 et 9 janvier ; Châteauvallon, du 15 au 19 ; Béthune, les 22 et 23 ; Louviers, le 28 ; Évry le 31 ; Lille, du 5 au 15 février ; Le Havre, les 20 et 21 ; Quimper, les 25 et 26.

(1) Cyrano de Bergerac,d’Edmond Rostand, mise en scène de Georges Lavaudan. À Sénart, du 17 au 20 décembre ; Perpignan, du 9 au 11 janvier ; Marseille, du 15 au 18 ; Amiens, du 22 au 24 ; Châlons-en-Champagne, du 27 au 28 ; Béziers, du 6 au 9 février ; Mulhouse, du 12 au 14… (lire La Croix du 6 juin).

Tout n’est qu’invention, malice, fausse naïveté, émotion.

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Scène nationale de Sénart revue de presse

Tournée en France de William Shakespeare / mes Patrick Pineau

Le Conte d’hiver Patrick Pineau met en scène Le Conte d’hiver, avec une bande de comédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, doulou-reuse mais cocasse.

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie per-verse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, provoquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le coeur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fi n, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées. Une véritable fête du théâtre On peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empêche pas la mise en scène de prendre le parti de l’émotion, notamment au moment des poignantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec fi nesse le crétin jaloux, les ber-gers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comiques, à… …l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, tortu-rant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des images projetées pour installer d’emblée l’ambiance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la média-tisation people, elle permet à la fi n de rappeler au public que, de Soraya à Lady Di, les puissants n’en

18 théâtre décembre 2013 / N°215 la terrasse

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la terrasse décembre 2013 / N°215 théâtre 19

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CRÉATION

DES HÉROSMISE EN SCÈNE WAJDI MOUAWAD artiste associé au Grand T, théâtre de Loire-Atlantique

AJAX TEXTE WAJDI MOUAWADD’APRÈS SOPHOCLE ET HOMÈRE

ŒDIPE ROITEXTE SOPHOCLE TRADUCTION ROBERT DAVREU

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critiQue

THÉâTRE JEAN ARPADAPTATION agnès sourdillon / RÉALISATION matej forman

un beau matin, aladinl’envoûtante agnès sourdillon nous entraîne dans la magie des contes des Mille et une nuits.

« Comme toujours au théâtre, la lune est pleine. Dehors, au fond des bois, elle fait briller des silex que plus personne ne voit. Mais ici, il suffit de plonger la salle dans le noir et d’envoyer par là un peu de brouillard pour que les histoires renaissent » glisse Agnès Sourdillon de sa voix si singulière, qui semble frotter les mots comme un caillou brûlant pour en exhaler les tonalités profon-des. Et c’est tout un monde qu’elle fera surgir du flot de ses paroles. Comme Schéhérazade sut inventer de captivantes histoires pour suspendre à l’aube le coup fatal du Sultan Shahrayar, qui, en représailles de l’infidé-

L’univers coloré du Théâtre Forman.

lité d’une première épouse, avait décidé de faire exécuter chaque matin la vierge épou-sée la veille. Conteuse espiègle, elle effeuille de drôle de questions qu’elle sème en l’air avant de larguer les amarres vers les rêves lointains et de s’enfoncer entre les pages des Mille et une nuits. C’est sur les aven-tures d’Aladin ou la lampe magique qu’elle s’attarde, bien qu’elles ne figurent dans pas dans les manuscrits originaux.

artisanat de la scènePeu de livres libèrent autant d’imaginaires que ce recueil de contes persans. A son évo-cation surgissent des myriades d’images brodées de fantasmes, des féeries lovées dans des caresses de soie, des bouffées de désirs et de peurs ensorcelés. Maîtrisant à merveille l’artisanat de la scène et le cabaret forain, le metteur en scène tchèque Matej Forman a conçu, avec son équipe du Théâ-tre Forman, l’écrin coloré où prennent vie les péripéties du jeune Aladin, qui, de pau-vre hère, devient prince fortuné grâce au bon génie de sa lampe magique et gagne le cœur de l’éblouissante Badroulboudour, fille du roi. Marionnettes, jeux d’ombres, voiles enlumi-nés, palais miniatures, animaux géants et comédiens-manipulateurs fabriquent à vue l’illusion, suivant le récit conté par Agnès Sourdillon. Par leurs artifices habilement combinés, ils nous emportent avec ravisse-ment en terres d’enfance.

Gwénola David

Théâtre Jean Arp, 22 rue Paul-Vaillant-Couturier,

92140 Clamart. Du 18 au 24 décembre 2013,

à 20h30, le jeudi à 19h30, dimanche et lundi

à 15h, mardi à 14h. Tél. 01 41 90 17 02.

Théâtre de l’Ouest Parisien (Boulogne-

Billancourt) les 8 et 9 février 2014 ;

TGP (Saint-Denis) du 14 au 17 mai 2014.

Spectacle vu au Théâtre de la Commune.

Durée : 1h.

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médiatisation people, elle permet à la fin de rappeler au public que, de Soraya à Lady Di, les puissants n’en finissent jamais d’exposer leurs turpitudes sentimentales aux candides qui se plaisent à les plaindre, se consolant ainsi de leur propre malheur… Plaisamment facétieuse, résolument enlevée et franchement drôle, cette version du Conte d’hiver, inventive et fes-tive, rappelle cette grande vertu de la mise en scène : choisir un point de vue permet souvent d’en dire plus que le texte lui-même.

Catherine Robert

Tournée en France jusqu’en avril 2014.

Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre Dijon-Bourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et

9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ;

du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ;

les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ;

le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne.

Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale

de Sénart. Durée : 2h40 avec entracte.

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critiQue

TOURNÉE EN FRANCEDE william shakespeare / MES patrick pineau

le conte d’hiVerpatrick pineau met en scène Le Conte d’hiver, avec une bande de comédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse.

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’es-prit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, pro-voquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récom-penser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées.

une Véritable fête du théâtreOn peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empê-che pas la mise en scène de prendre le parti

Une bande de comédiens truculents et inspirés dans un festif Conte d’hiver.

de l’émotion, notamment au moment des poi-gnantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comi-ques, à l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des ima-ges projetées pour installer d’emblée l’am-biance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la

Marianne

La Croix

Télérama

Fig. Mag

Webthea

L'Express

La Terrasse

Libération.fr

L'Humanité

Politis

Le Canard enchaîné

critiQue

TOURNÉE EN FRANCEDE bertolt brecht / MES dag jeanneret

tambours dans la nuitdag jeanneret met en scène une œuvre du jeune brecht, dans sa nouvelle traduction revue par hélène mauler et rené zahnd. un spectacle à la forme élégante et au fond tumultueux.

Dag Jeanneret met en scène Tambours dans la nuit de Brecht.

Pour avoir eu raison trop tôt contre l’avide appétit de l’aciérie et de ses sbires, Jaurès fut sacrifié sur l’autel du capital, comme le furent, quelques années plus tard, les Spartakistes berlinois. Le jeune Brecht, qui avait publié des poèmes patriotiques faisant l’éloge de l’hé-roïsme militaire au début de la Grande Guerre, attendit 1916 pour découvrir le matérialisme et devenir un de ses Heimkehrer qui espé-raient pouvoir rentrer à la maison, lassés des combats fratricides qui déchiraient l’Europe. Kragler, le héros de Tambours dans la nuit, ressemble à tous ces jeunes gens, spectres

désorientés revenus des tranchées et devenus allergiques à l’action et à l’engagement politi-que, préférant les bras et le lit de leurs femmes à toute tentative révolutionnaire permettant de faire rendre gorge aux commanditaires de la boucherie de 14.

jouir ou lutter ?« Des soldats qui hier encore, gendarmes de la réaction, assassinaient des prolétaires révolu-tionnaires en Finlande, en Russie, en Ukraine, dans les Pays baltes, et des ouvriers qui lais-saient faire, ne sont pas devenus en vingt-quatre

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heures des agents conscients du socialisme », dit Rosa Luxemburg : telle est l’analyse qu’illus-tre Tambours dans la nuit, écrit par Brecht en 1919, peu après l’écrasement de la révolution spartakiste. Terrible écho aujourd’hui, quand la cruauté de la guerre économique laisse les exploités aussi perplexes et déroutés que les victimes de la Première Guerre mondiale : c’est cela qu’entend Dag Jeanneret et que sa mise en scène fait clairement comprendre. Cécile Marc invente une belle scénographie aux mouvements élégants, qui crée des espaces de jeu soutenant le texte et explicitant par-faitement les situations des répliques et de l’avancée de l’intrigue. Le décor ne s’enferre pas dans la référence historique, pas plus que les costumes d’Eric Guérin : on peut donc pro-jeter sur les atermoiements de Kragler ceux de nos contemporains, plus avides de jouir que de lutter. Les comédiens sont tous excellents : ils parviennent à donner pleine mesure et puis-sante intensité à chacun des personnages, sans jamais entamer l’unité de l’ensemble. La fluidité et l’harmonie de ce spectacle réussis-sent à servir le tumulte politique et psycholo-gique du texte de Brecht, et a l’intelligence de ne pas caricaturer l’individualisme forcené de ses malheureux protagonistes. Dag Jeanneret signe ici une belle réalisation et sert subti-lement une pièce qui a l’immense intérêt de poser des questions plutôt que d’asséner des réponses.

Catherine Robert

En tournée en France. Scène nationale d’Albi, le 13 décembre à 20h30. L’archipel, Scène nationale de Perpignan, le 16 décembre à 19h

et le 17 à 20h30. Le Théâtre, Scène nationale de Narbonne, les 21 et 22 janvier à 19h30. L’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry, le 28

janvier à 20h30 et les 29 et 30 janvier à 19h30.

L’Estive, Scène nationale de Foix, le 4 février à

20h45. Spectacle vu au Théâtre Sortie Ouest de

Béziers. Durée : 2h.

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ORAGEde August Strindberg

mise en scène JacquessOsinski

15 novembre >>> 15 décembre 201301 43 28 36 36 <<< www.la-tempete.fr

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orage_la terrasse.indd 4 30/09/2013 14:27:27

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Le Coq d’or, opéra de Nikolaï Rimsky-Korsakov, d'après un conte d'Alexandre Pouchkine, par les Percussions Claviers de Lyon.©

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HORS-SÉRIE EXCEPTIONNEL !

215LE JOURNAL DE RÉFÉRENCE DES ARTS VIVANTSDÉCEMBRE 2013

LA TERRASSE4 avenue de Corbéra 75012 Paris Tél : 01 53 02 06 60 / Fax : 01 43 44 07 08 [email protected]

Paru le 4 décembre 2013 Prochaine parution le 8 janvier 201421e saison / 80000 exemplairesAbonnement p. 42 / Sommaire p. 2 Directeur de la publication : Dan Abitbolwww.journal-laterrasse.fr

PAULGROOTBOOM

2 spectacles choc par le «Tarantino» du théâtre sud-africain !

Township Stories Rhetorical

10-20 DÉCEMBRE villette.com

JAZZ / MUSIQUE DU MONDE

GROSSUR LE CŒUR Le saxophoniste Olivier Bogé se laisse inspirer par un drame sentimental pour signer avec « The World Begins Today » un album chantant l’amour. p. 41

Sous l’impulsion de son chef, Pierre Cao, le chœur Arsys Bourgogne défend un large répertoire. p. 38

FOCUSARSYS BOURGOGNE

CONSTELLATIONConstellation par Alonzo King : un univers sonore et visuel captivant.

p. 30

DANSE

Le Théâtre de la Ville œuvre pour le jeune public : coup de projecteur sur les multiples rencontres entre les enfants, la scène et les artistes. p. 12

THÉÂTRE

LE THÉÂTRE FAIT GRANDIR

Ce hors-série met en lumière la musique contemporaine sous toutes ses facettes,

multiplicité et son inventivité, à travers des entretiens, des analyses et des enquêtes. Avec aussi un agenda couvrant la saison 2013/2014. À lire encarté dansLa Terrasse en cahier central.

LA TERRASSE VOUS SOUHAITE DE BONNES FÊTES !

décembre 2013

médiatisation people, elle permet à la fin de rappeler au public que, de Soraya à Lady Di, les puissants n’en finissent jamais d’exposer leurs turpitudes sentimentales aux candides qui se plaisent à les plaindre, se consolant ainsi de leur propre malheur… Plaisamment facétieuse, résolument enlevée et franchement drôle, cette version du Conte d’hiver, inventive et fes-tive, rappelle cette grande vertu de la mise en scène : choisir un point de vue permet souvent d’en dire plus que le texte lui-même.

Catherine Robert

Tournée en France jusqu’en avril 2014.

Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre Dijon-Bourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et

9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ;

du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ;

les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ;

le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne.

Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale

de Sénart. Durée : 2h40 avec entracte.

Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr

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TOURNÉE EN FRANCEDE william shakespeare / MES patrick pineau

le conte d’hiVerpatrick pineau met en scène Le Conte d’hiver, avec une bande de Le Conte d’hiver, avec une bande de Le Conte d’hivercomédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse.

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’es-prit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, pro-voquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récom-penser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées.

une Véritable fête du théâtreOn peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empê-che pas la mise en scène de prendre le parti

Une bande de comédiens truculents et inspirés dans un festif Conte d’hiver.

de l’émotion, notamment au moment des poi-gnantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comi-ques, à l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des ima-ges projetées pour installer d’emblée l’am-biance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la

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Page 7: Revue de Presse Le conte d'hiver

Scène nationale de Sénart revue de presse

fi nissent jamais d’exposer leurs turpitudes sentimentales aux candides qui se plaisent à les plaindre, se consolant ainsi de leur propre malheur… Plaisamment facétieuse, résolument enlevée et franche-ment drôle, cette version du Conte d’hiver, inventive et festive, rappelle cette grande vertu de la mise en scène : choisir un point de vue permet souvent d’en dire plus que le texte lui-même.

Catherine Robert

Tournée en France jusqu’en avril 2014. Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre Dijon-Bourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et 9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ; du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ; les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ; le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne. Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale de Sénart.

18 théâtre décembre 2013 / N°215 la terrasse

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la terrasse décembre 2013 / N°215 théâtre 19

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CRÉATION

DES HÉROSMISE EN SCÈNE WAJDI MOUAWAD artiste associé au Grand T, théâtre de Loire-Atlantique

AJAX TEXTE WAJDI MOUAWADD’APRÈS SOPHOCLE ET HOMÈRE

ŒDIPE ROITEXTE SOPHOCLE TRADUCTION ROBERT DAVREU

10 - 18.01LE GRAND T - NANTES

02 51 88 25 25 / leGrandT.fr

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Licences spectacles 1-142915 2-142916 3-142917

recruteétudiants / étudiantes

Pour distribuer devant les salles de concert et de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30. Disponibilité quelques heures par mois.

Tarif horaire : 9,43 €/brut + 2 € net d’indemnité de déplacementEnvoyer photocopies carte d’étudiant + carte d’identité + carte de sécu et coordonnées à email : [email protected] Objet : recrutement étudiant

critiQue

THÉâTRE JEAN ARPADAPTATION agnès sourdillon / RÉALISATION matej forman

un beau matin, aladinl’envoûtante agnès sourdillon nous entraîne dans la magie des contes des Mille et une nuits.

« Comme toujours au théâtre, la lune est pleine. Dehors, au fond des bois, elle fait briller des silex que plus personne ne voit. Mais ici, il suffit de plonger la salle dans le noir et d’envoyer par là un peu de brouillard pour que les histoires renaissent » glisse Agnès Sourdillon de sa voix si singulière, qui semble frotter les mots comme un caillou brûlant pour en exhaler les tonalités profon-des. Et c’est tout un monde qu’elle fera surgir du flot de ses paroles. Comme Schéhérazade sut inventer de captivantes histoires pour suspendre à l’aube le coup fatal du Sultan Shahrayar, qui, en représailles de l’infidé-

L’univers coloré du Théâtre Forman.

lité d’une première épouse, avait décidé de faire exécuter chaque matin la vierge épou-sée la veille. Conteuse espiègle, elle effeuille de drôle de questions qu’elle sème en l’air avant de larguer les amarres vers les rêves lointains et de s’enfoncer entre les pages des Mille et une nuits. C’est sur les aven-tures d’Aladin ou la lampe magique qu’elle s’attarde, bien qu’elles ne figurent dans pas dans les manuscrits originaux.

artisanat de la scènePeu de livres libèrent autant d’imaginaires que ce recueil de contes persans. A son évo-cation surgissent des myriades d’images brodées de fantasmes, des féeries lovées dans des caresses de soie, des bouffées de désirs et de peurs ensorcelés. Maîtrisant à merveille l’artisanat de la scène et le cabaret forain, le metteur en scène tchèque Matej Forman a conçu, avec son équipe du Théâ-tre Forman, l’écrin coloré où prennent vie les péripéties du jeune Aladin, qui, de pau-vre hère, devient prince fortuné grâce au bon génie de sa lampe magique et gagne le cœur de l’éblouissante Badroulboudour, fille du roi. Marionnettes, jeux d’ombres, voiles enlumi-nés, palais miniatures, animaux géants et comédiens-manipulateurs fabriquent à vue l’illusion, suivant le récit conté par Agnès Sourdillon. Par leurs artifices habilement combinés, ils nous emportent avec ravisse-ment en terres d’enfance.

Gwénola David

Théâtre Jean Arp, 22 rue Paul-Vaillant-Couturier,

92140 Clamart. Du 18 au 24 décembre 2013,

à 20h30, le jeudi à 19h30, dimanche et lundi

à 15h, mardi à 14h. Tél. 01 41 90 17 02.

Théâtre de l’Ouest Parisien (Boulogne-

Billancourt) les 8 et 9 février 2014 ;

TGP (Saint-Denis) du 14 au 17 mai 2014.

Spectacle vu au Théâtre de la Commune.

Durée : 1h.

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Catherine Robert

Tournée en France jusqu’en avril 2014.

Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre Dijon-Bourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et

9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ;

du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ;

les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ;

le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne.

Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale

de Sénart. Durée : 2h40 avec entracte.

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TOURNÉE EN FRANCEDE william shakespeare / MES patrick pineau

le conte d’hiVerpatrick pineau met en scène Le Conte d’hiver, avec une bande de comédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse.

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’es-prit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, pro-voquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récom-penser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées.

une Véritable fête du théâtreOn peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empê-che pas la mise en scène de prendre le parti

Une bande de comédiens truculents et inspirés dans un festif Conte d’hiver.

de l’émotion, notamment au moment des poi-gnantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comi-ques, à l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des ima-ges projetées pour installer d’emblée l’am-biance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la

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tambours dans la nuitdag jeanneret met en scène une œuvre du jeune brecht, dans sa nouvelle traduction revue par hélène mauler et rené zahnd. un spectacle à la forme élégante et au fond tumultueux.

Dag Jeanneret met en scène Tambours dans la nuit de Brecht.

Pour avoir eu raison trop tôt contre l’avide appétit de l’aciérie et de ses sbires, Jaurès fut sacrifié sur l’autel du capital, comme le furent, quelques années plus tard, les Spartakistes berlinois. Le jeune Brecht, qui avait publié des poèmes patriotiques faisant l’éloge de l’hé-roïsme militaire au début de la Grande Guerre, attendit 1916 pour découvrir le matérialisme et devenir un de ses Heimkehrer qui espé-raient pouvoir rentrer à la maison, lassés des combats fratricides qui déchiraient l’Europe. Kragler, le héros de Tambours dans la nuit, ressemble à tous ces jeunes gens, spectres

désorientés revenus des tranchées et devenus allergiques à l’action et à l’engagement politi-que, préférant les bras et le lit de leurs femmes à toute tentative révolutionnaire permettant de faire rendre gorge aux commanditaires de la boucherie de 14.

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Catherine Robert

En tournée en France. Scène nationale d’Albi, le 13 décembre à 20h30. L’archipel, Scène nationale de Perpignan, le 16 décembre à 19h

et le 17 à 20h30. Le Théâtre, Scène nationale de Narbonne, les 21 et 22 janvier à 19h30. L’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry, le 28

janvier à 20h30 et les 29 et 30 janvier à 19h30.

L’Estive, Scène nationale de Foix, le 4 février à

20h45. Spectacle vu au Théâtre Sortie Ouest de

Béziers. Durée : 2h.

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mise en scène JacquessOsinski

15 novembre >>> 15 décembre 201301 43 28 36 36 <<< www.la-tempete.fr

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LA TERRASSE4 avenue de Corbéra 75012 Paris Tél : 01 53 02 06 60 / Fax : 01 43 44 07 08 [email protected]

Paru le 4 décembre 2013 Prochaine parution le 8 janvier 201421e saison / 80000 exemplairesAbonnement p. 42 / Sommaire p. 2 Directeur de la publication : Dan Abitbolwww.journal-laterrasse.fr

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GROSSUR LE CŒUR Le saxophoniste Olivier Bogé se laisse inspirer par un drame sentimental pour signer avec « The World Begins Today » un album chantant l’amour. p. 41

Sous l’impulsion de son chef, Pierre Cao, le chœur Arsys Bourgogne défend un large répertoire. p. 38

FOCUSARSYS BOURGOGNE

CONSTELLATIONConstellation par Alonzo King : un univers sonore et visuel captivant.

p. 30

DANSE

Le Théâtre de la Ville œuvre pour le jeune public : coup de projecteur sur les multiples rencontres entre les enfants, la scène et les artistes. p. 12

THÉÂTRE

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Ce hors-série met en lumière la musique contemporaine sous toutes ses facettes,

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Tournée en France jusqu’en avril 2014.

Du 3 au 14 décembre 2013 au Théâtre Dijon-Bourgogne ; du 17 au 21 décembre au Théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry ; les 8 et

9 janvier 2014 à la Scène nationale 61 ;

du 15 au 19 janvier au CNCDC de Châteauvallon ;

les 22 et 23 janvier à la Comédie de Béthune ;

le 28 janvier à la Scène nationale Evreux Louviers ; le 31 janvier au Théâtre de l’Agora, Scène nationale d’Evry et de l’Essonne.

Spectacle vu à La Coupole, Scène nationale

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TOURNÉE EN FRANCEDE william shakespeare / MES patrick pineau

le conte d’hiVerpatrick pineau met en scène Le Conte d’hiver, avec une bande de Le Conte d’hiver, avec une bande de Le Conte d’hivercomédiens truculents et inspirés, qui s’emparent avec fougue et esprit de cette histoire de jalousie et d’exil, douloureuse mais cocasse.

Entre Léonte et Polixène, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’es-prit du dément Léonte : l’amour de sa femme est davantage l’occasion que le rempart de sa folie. Il confond adultère et attachement courtois et soupçonne la tromperie perverse dans le bon sens de ses ministres. Accusant la vertu, pro-voquant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récom-penser son remords. Tout rentre dans l’ordre à la fin, et on célèbre l’union de l’innocence et de la jeunesse, symbolisée par l’idylle entre Perdita, l’exilée recueillie par des bergers, et Florizel, l’héritier de Bohême, qui comme tout bon prince de comédie, préfère les bergères, surtout quand elle sont des princesses déguisées.

une Véritable fête du théâtreOn peut évidemment faire pleurer Margot en racontant les affres sentimentales des grands : il n’est pas dit que Shakespeare, qui farcit sa tragédie d’intermèdes moqueurs, soit dupe de la bêtise de la situation ; il est certain que Patrick Pineau choisit d’en rire allègrement, en forçant le trait du grotesque. Cela n’empê-che pas la mise en scène de prendre le parti

Une bande de comédiens truculents et inspirés dans un festif Conte d’hiver.

de l’émotion, notamment au moment des poi-gnantes imprécations d’Hermione à l’issue du caricatural procès qui la condamne. Patrick Pineau ridiculise avec finesse le crétin jaloux, les bergers niais et les tourtereaux naïfs. Les comédiens jouent subtilement des effets de contraste entre le drame et ses ressorts comi-ques, à l’instar d’Aline Le Berre, désopilante Paulina, sadique, torturant la contrition de Léonte. La belle scénographie use des ima-ges projetées pour installer d’emblée l’am-biance glauque d’une cour délétère. Par le moyen d’amusants gros titres détournés de la

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Page 8: Revue de Presse Le conte d'hiver

Scène nationale de Sénart revue de presse

Un « Conte d’hiver » poétique

La veille, Patrick Pineau était à Milan. Il triomphait sur la scène du Piccolo Teatro dans le costume de Cyrano de Bergerac et la mise en scène de Georges Lavaudant. Le lendemain, il repartait pour Nantes et enfi lait à nouveau le nez, ou plutôt la péninsule, du héros d’Edmond Rostand. Ce soir-là, mardi 5 novembre, pour la première du Conte d’hiver de William Shakespeare à Sénart, il est venu saluer au côté des treize acteurs qu’il dirige. Comédien ou metteur en scène, Pineau est un homme de troupe. Et un grand sentimental. C’est après une répétition du Suicidé de Nicolaï Erdman, créé au Festival d’Avignon en 2011, voyant la nombreuse bande sur le plateau, qu’il s’est dit : « C’est beau, une troupe, c’est quand même beau…) Son Conte d’hiver lui donne raison. Shakespeare prend toutes les libertés avec le réel, à commencer par faire de la Bohême une île. La licence poétique ne s’arrête pas là, et les deux rois du Conte ne sont pas à prendre trop au sérieux. On découvre Léonte, roi de Sicile (Manuelle Lièvre, petit et blanc comme le jour), et Polixène, roi de Bohême (Babacar M’Baye Fall, grand et noir comme la nuit), tels deux grands enfants jouant à se battre. Mais les en-fants sont parfois capricieux, jaloux et cruels. Shakespeare charge la barque ; Léonte se transforme en roi criminel et infanticide. Les premiers actes ont la noirceur de la tragédie avant que le Temps ne dérègle tout. Seize ans passent en trente-deux vers. La Sicile devient le théâtre d’une fête pastorale bariolée. Les acteurs, masques de mouton sur la tête, s’en donnent à cœur joie. Avec Pineau, ils tiennent la cadence infernale de cette farandole contrastée. Lucide sur les hommes Dans Le Conte, tout s’inverse, se retourne comme un gant. La tragédie de-vient comédie, les morts vivent, les bergères se découvrent princesses. Dans ce monde changeant, un seul personnage offre une belle constance : Autolycus, colporteur, voleur et menteur joué par le formidable Fabien Orcier. Pineau a beau être un homme de troupe, on devine qu’il a voulu monter Le Conte d’hiver, plus pour lui-même que pour les rois et les bergers. Libre, solitaire et, lucide sur les hommes et leurs faiblesses, son héros, Autolycus, a quelque chose de Cyrano.

Étienne Sorin

8 novembre 2013

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Scène nationale de Sénart revue de presse

Shakespeare dans les étoiles

Il a décroché la lune, en incarnant Cyrano. Il décroche les étoiles en mettant en scène « Le Conte d’hiver » de Shakespeare – ces étoiles qui brillent dans les yeux du public, quand la poésie du grand Will se matérialise sur une scène de théâtre. Avec sa troupe d’enfer, sa lecture fi ne de la tragicomédie tardive (1610-1611) du maître anglais, le comédien-metteur en scène nous en met plein la vue et le cœur, trois heures durant.

Créé à Sénart, ce spectacle est programmé pour une soixantaine de dates en banlieue et en régions. Petit pied-de-nez aux théâtreux Parisiens… qui prendront le train ou le RER. Un vrai spectacle de troupe : c’est la force de Patrick Pineau d’animer une équipe de comédiens soudés et de haut vol. Le désespoir du roi fou de Sicile joué avec fi èvre par Manuel Le Lièvre ; l’implacable sens moral de Paulina incarné avec majesté par Aline Le Berre ; la rouardise hilarante de l’ex-serviteur Autolycus, magnifi ée par un Fabien Orcier déchaîné… – il n’y a pas de maillon faible dans cette chaîne de treize comédiens. Leur joie de jouer rappelle les meilleurs spectacles de Roger Planchon et de Georges Lavaudant. Une lecture fi ne ? « Le Conte d’hiver » est un sacré conte qui naît dans la tragédie (Léonte, roi de Sicile croyant que son épouse Hermione l’a trompé avec son ami Polixène, roi de Bohême, la jette en prison, provocant sa mort et celle de son fi ls) et fi nit dans la comédie fantastique (sa fi lle Perdita abandonnée en Bohême et recueillie par des bergers, convole avec le fi ls du roi, Florizel ; sa femme ressuscite)… Patrick Pineau joue d’abord à fond la carte du tragique, faisant de Léonte un Roi Lear amoureux dans un décor barbouillé de sang. Puis, il fait basculer la pièce dans la farce juste avant l’entracte, en montrant le pauvre Antigonus, venu déposer Perdita bébé en Bohême, poursuivi par un commando d’ours furieux. Rire et enchantement. Dans la seconde partie, le metteur en scène fait feu de tout bois afi n de provoquer le rire et l’enchantement : gags en rafales, masques, lumières oniriques, scènes de cabaret… Sans oublier les projections malines : le « happy end » délirant est transformé en reportage de chaîne d’infos, avec revue de presse à la clef… Tout est fait pour nous divertir, nous ravir et aussi nous faire penser. Penser à la folie des hommes à la tyrannie des rois, à l’amour qui fait des miracles. Merci à la « dream team » de Pineau qui nous offre ce conte de Noël avant l’heure.

Philippe Chevilley

le 7 novembre 2013

Page 10: Revue de Presse Le conte d'hiver

Scène nationale de Sénart revue de presse

Scène nationale de Sénart de William Shakespeare / mes Patrick Pineau

Le Conte d’hiver Patrick Pineau met en scène Le Conte d’hiver, trouvant dans la bande de comédiens avec lesquels il travaille d’habitude, les interprètes idéaux de cette douloureuse et cruelle histoire de jalousie et d’exil. Entre Léonte roi de Sicile et Polixène roi de Bohême, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et honorable Hermione, d’insister pour que le roi de Bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit de Léonte le dément. Accusant la vertu, provo-quant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le coeur glacé du roi devra attendre seize longues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. « C’est une histoire très douloureuse et très douce. Douleur, douceur, les deux à la fois… Très mystérieuse. Elle pose beaucoup de questions qui résonnent en moi. Je ne prétends pas y répondre, mais je voudrais bien les approcher. Et qu’en-semble, on puisse un peu les toucher du doigt », dit Patrick Pineau.

Catherine Robert

30 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasse

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la terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 31

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Établissements subventionnés par la Ville d’Arras, la Ville de Douai, le Ministère de la Culture et de la communication, le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais,

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avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile de France Ministère de la Culture et de la Communication

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Réservations : 01 48 23 06 61Navette A/R :

M i s e e n s c è n e M a r j o r i e N a k a c h eAvec Jamila Aznague, Adèle Liners, Sonja Mazouz, Marjorie NakacheAvec Jamila Aznague, Adèle Liners, Sonja Mazouz, Marjorie NakacheAvec

de Mol ière , Marivaux , Racine , Gozzi , Musset , Courtel ine , Feydeau

l’environnement subit de nombreuses métamor-phoses ». Davantage qu’une critique de l’enfer-mement religieux, la pièce montre, d’après le metteur en scène, combien « il est dangereux de vouloir assurer son autorité par des règles trop strictes, basées sur l’intolérance et la peur du changement ». Interprétant lui-même la pièce en compagnie d’emilie chesnais, elphie Pambu et Josiane Stoléru, robert bouvier ausculte avec précision les affres de la bêtise fanatique et des crispations dogmatiques. C. Robert

Théâtre du Petit Hébertot, 78 bis bd. des

Batignolles. 75017 Paris. Du 10 octobre 2013

au 4 janvier 2014. Du mardi au samedi à 21h ;

matinée le samedi à 17h. Tél. 01 42 93 13 04.

théâtre de beLLeviLLe de dostoïeVski / mes laurence andreini

l’idiotadaptation du roman de dostoïevski, avec une traduction renouvelée pour l’occasion, L’Idiot, mis en scène par laurence andreini, s’enfon-ce dans la cruauté de la fin d’un monde.

Romain Cottard joue l’Idiot.

La bonté du Prince Mychkine est telle qu’on la prend souvent pour de l’idiotie. De retour de Suisse, dans la bonne société russe qui le surnommera vite l’idiot, ce jeune homme épileptique tente de sauver d’elle-même cette société décadente qui l’emportera dans sa chute. Laurence Andreini a demandé à Ser-gueï Vladimirov, collaborateur d’Anatoli Vas-siliev, une nouvelle traduction du roman de Dostoïevski. De son adaptation naît une par-tition pour six acteurs où l’action avance par sauts, sur un mode cinématographique, pour relater cette tentative désespérée de sauver le monde et les hommes. E. Demey

Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg

du Temple. 75011 Paris. Du 15 octobre au

24 novembre, mardi au samedi à 21h15,

dimanche à 17h. Tél. 01 48 06 72 34.

scène nationaLe de sénart de william shakespeare / mes patrick pineau

le conte d’hiVerpatrick pineau met en scène Le Conte d’hiver, trouvant dans la bande de comédiens avec lesquels il travaille d’habitude, les interprè-tes idéaux de cette douloureuse et cruelle histoire de jalousie et d’exil.entre Léonte roi de Sicile et Polixène roi de bohême, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et hono-rable Hermione, d’insister pour que le roi de bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit de Léonte le dément. Accusant la vertu, provo-quant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize lon-gues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. « C’est une histoire très douloureuse et très douce. Douleur, dou-ceur, les deux à la fois… Très mystérieuse. Elle pose beaucoup de questions qui résonnent en moi. Je ne prétends pas y répondre, mais je

Le vingtième théâtre texte et mes milka assaf

les démineusesla réalisatrice franco-libanaise milka assaf met en scène sa première pièce au Vingtième théâtre. un texte librement inspiré de la vie d’une équipe de femmes ayant participé au déminage du sud liban.

L’auteure et metteure en scène Milka Assaf.

Les Démineuses aurait dû être un film docu-mentaire. refusée par toutes les chaînes de télévision françaises, cette histoire « de fem-mes du Sud du Liban ayant choisi de s’engager dans le déminage du million de mines antiper-sonnel larguées par les Israéliens en 2006 » est finalement née au théâtre (obtenant, au passage, l’Aide à la création du centre natio-nal du théâtre et le Prix claude Santelli attri-bué par l’Association beaumarchais – SAcD). « D’un courage et d’un sang-froid impression-nants, ces femmes extraordinaires, en majorité chiites, m’ont ouvert leur cœur et m’ont parlé sans tabou des motivations qui les avaient poussées à faire un métier aussi périlleux », confie Milka Assaf. Partant de ces confes-sions, l’auteure et metteure en scène a conçu une pièce entre humour et gravité. Une pièce à six personnages, qui plonge ses racines dans le réel pour mieux nous faire voyager sur les chemins de la fiction. M. Piolat Soleymat

Le Vingtième Théâtre, 7 rue des Platrières,

75020 Paris. Du 23 octobre au 23 novembre 2013.

Du mercredi au samedi à 21h30, le dimanche

à 17h30, le vendredi 8 novembre à 14h30.

Tél. 01 43 66 01 13.

théâtre du petit hébertot de john patrick shanley / mes robert bouVier

douterobert bouvier met en scène l’angoissante spirale imaginée par john patrick shanley autour des affres de la rumeur et de la sus-picion. une pièce qui cherche la lumière au cœur des ténèbres.

Josiane Stoléru en directrice soupçonneuse dans Doute.

Sur quoi Sœur Aloysius fonde-t-elle ses soup-çons ? rien de tangible dans l’attitude du Père Flynn qui permettrait de prouver ce dont on l’accuse, mais la rumeur va bon train, car elle est comme les plumes d’un oreiller dispersées au vent : impossible à rattraper. reprochant à Sœur James son trop grand enthousiasme à enseigner, et voyant d’un mauvais œil l’amitié naissante entre le Père Flynn et un de ses jeu-nes élèves, Sœur Aloysius instille le venin de la suspicion au sein de l’école catholique qu’elle dirige. robert bouvier met en scène ce huis clos tempétueux où « la vérité semble impossible à saisir, les préjugés et les certitudes basculent,

voudrais bien les approcher. Et qu’ensemble, on puisse un peu les toucher du doigt », dit Patrick Pineau. C. Robert

Scène nationale de Sénart, La Coupole, rue

Jean-François-Millet, 77380 Combs-la-Ville.

Du 5 au 9 novembre 2013. Mardi et vendredi à

20h30 ; mercredi et jeudi à 19h30 ; samedi à 18h.

Tél. 01 60 34 53 60. Puis, du 13 novembre

au 1er avril 2014, tournée en France.

scène nationaLe de sénart cirque inextremiste

extrêmitésquand trois hommes découvrent les lois de l’équilibre solidaire…. explosif !De vieilles bouteilles de gaz, quelques planches de bois, un fauteuil roulant, et puis trois hom-mes qui cherchent inlassablement l’équilibre quand le monde branloche alentour. Ainsi va la vie, entre défis insensés, prouesses dérisoires, périls extrêmes, situations désopilantes et soli-darités nécessaires. car qu’un seul chancelle… et tout s’effondre ! Avec Extrêmités, sa deuxième création, le cirque Inextremiste compose une belle allégorie des relations humaines dans une époque heurtée par la précarité. « A travers notre recherche, qui concrètement s’est située à 2 mètres de hauteur, en équilibre précaire sur une planche en frêne, elle-même posée sur deux

bouteilles de gaz empilées, nous avons décou-vert un certain amour inconditionnel créé par ces instants présents où chacun de nos pas était lié au pas d’un autre, expliquent en chœur Yann ecauvre, Sylvain briani-colin et rémi Lecocq. « L’enjeu est assez clair : essayer de créer un équilibre humain sur des objets régis par la loi de l’apesanteur et que nous sommes obligés d’apprivoiser tant bien que mal pour la survie de nos têtes. » Au final, ces trois-là donnent une sacrée leçon de vie ! Gw. David

La Coupole-Scène nationale de Sénart,

rue Jean-François-Millet, 77385 Combs-la-Ville.

Le 15 octobre 2013, à 20h30, les 16 et 17 octobre

à 19h30. Tél. 01 60 34 53 60.

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gros plan

festiVal automne en normandiele festival automne en normandie s’apprête à ouvrir sa huitième édition. du 12 novembre au 7 décembre, une quarantaine de compagnies – de théâtre, de musique, de danse – prendront ainsi part à une programmation organisée autour de la thématique « masculin / féminin ».

Plus de 40 compagnies, issues des 5 conti-nents. 62 représentations dans près de 30 lieux. Des premières mondiales, européen-nes et françaises (près de 60 % de la pro-grammation est tournée vers l’international). La huitième édition du festival Automne en Normandie poursuit le chemin rendu pos-sible par la coopération du département de l’eure, de celui de la Seine-Maritime et de la région Haute-Normandie. Un chemin qui souhaite « proposer à chacun dans la région [Haute-Normandie], et au-delà, une offre culturelle diverse et de qualité afin de per-mettre à tous la découverte de nouveaux hori-zons artistiques et le partage des richesses de la création contemporaine ». cette année, ces horizons et ces richesses réunissent des propositions répondant au thème « Mascu-lin / Féminin ». « Le genre humain, explique robert Lacombe, directeur du festival, c’est à la fois une unité et une dualité, celle de l’homme et de la femme, qui est la première

Nora ou une maison de poupée, présenté par le metteur en scène Herbert Fritsch au festival Automne en Normandie.

et la plus immédiate expérience de l’altérité. Dans toute civilisation, cette altérité est une hiérarchie, naturelle et instituée, explicite et implicite, qui, du biologique au culturel et au religieux, structure le vivre ensemble. »

explorer la complexité des rapports entre les sexes« Les représentations du sexe, du genre et de la sexualité, poursuit-il, seront interrogées dans la réinterprétation d’œuvres classiques aussi bien que dans des productions plus contem-poraines, parfois dérangeantes. » Ainsi, pour le théâtre, une Mademoiselle Julie mise en scène, en russe, par l’Allemand thomas oster-meier, In the Pony Palace / Football de l’Amé-ricaine tina Satter, Le Tourbillon de l’amour du Japonais Daisuke Miura, Flesh/Trash du Français Pierre Maillet, Nora ou une maison de poupée de l’Allemand Herbert Fritsch, Yerma de l’espagnol (vivant en France) Daniel San Pedro… Jordi Savall, l’ensemble orches-tral contemporain, les pianistes Michaël Levinas et Jean-Luc Plouvier, Phia Ménard, Ivo Dimchev, Gisèle Vienne, Sasha Waltz, les chorégraphes berlinois Angela Schubot et Jared Gradinger…, pour la musique et pour la danse. Voilà donc quelques-uns des specta-cles et des créateurs qui, cette saison, parti-ciperont à ce rendez-vous annuel des arts de la scène. Des spectacles et des créateurs qui nous permettent de réenvisager la complexité des rapports entre les sexes.

Manuel Piolat Soleymat

Festival Automne en Normandie,

3 rue Adolphe-Chéruel, 76000 Rouen.

Du 12 novembre au 7 décembre 2013.

Tél. 02 32 10 87 07.

www.automne-en-normandie.com

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Ainsi va la vie, en équilibre précaire…

› créations saison 13.14l’annonce faite à marie de Paul Claudelmise en scène Yves Beaunesnecréation mars 2014

goldoni de Laure Bonnetmise en scène Thomas Condeminecréation mai 2014

› répertoireroméo et juliette de William Shakespearemise en scène Yves Beaunesneà la vie ! texte et mise en scène Laure Bonnetl’intervention de Victor Hugomise en scène Yves Beaunesneoedipapa ou comment porter les crimes de ses pères de Laure Bonnet mise en scène Damien Caille-Perret

la Comédie Poitou-Charentes est soutenue par la DRAC Poitou-Charentes, la Région Poitou-Charentes et la ville de Poitiers

comédie poitou-charentescentre dramatique nationaldirection Yves Beaunesne66 boulevard Pont Achard86000 Poitiers

tél 05 49 41 43 90 email [email protected]

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213LE JOURNAL DE RÉFÉRENCE DES ARTS VIVANTSOCTOBRE 2013

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Paru le 2 octobre 2013 Prochaine parution (Novembre) le 30 octobre 201321e saison / 80 000 exemplairesAbonnement p. 71 / Sommaire p. 2 Directeur de la publication : Dan Abitbolwww.journal-laterrasse.fr

LES COLPORTEURS 7 NOV - 29 DÉC CIRQUE

LE BAL DES INTOUCHABLES villette.com

JAZZ / MUSIQUES DU MONDE

LES ENFANTS DU JAZZ Distingué au cours de l’été 2012 au Concours de Jazz de la Défense, le groupe PJ5 du guitariste et compositeur Paul Jarret incarne la toute nouvelle génération du jazz français. p. 69

Le Théâtre Les Gémeaux à Sceaux propose une programmation de haute tenue par des créateurs qui questionnent le monde, aiguisent la pensée et le regard. p. 34

FOCUS

LES GÉMEAUX, SCÈNE EMBLÉMATIQUE

TRISHA BROWNDiverses pièces emblématiques

danse post-moderne américaine, à (re)découvrir. p. 48

DANSE

DANSE Homemade de Trisha Brown.

CLASSIQUE/OPÉRA Bo Skovhus

Week-end baroque à Royaumont, Pintscher nouveau directeur musical de l’EIC, Chailly dans Brahms, Gatti dans Tchaikovski, Matan Porat et la Folle Nuit à Gaveau, Bo Skovhus (photo) en récital à Bastille, etc. p. 53

CLASSIQUE / OPÉRA

AUTOMNE SUR TOUS LES TONS

SAISON 2013 /14

Textes du répertoire ou créations en prise directe avec notre monde, nos critiques d’octobre explorent toutes les pistes : Illuminations, Please Continue (Hamlet), L’École des Femmes, Nana, Au Monde, Les Marchands, Perturbation, Et jamais nous ne serons séparés, Roméo et Juliette…. A vous de voir !

p. 4

THÉÂTRE Perturbation de Thomas Bernhard, mise en scène de Krystian Lupa.

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HORS-SÉRIE SPÉCIAL MUSIQUE CONTEMPORAINE

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Parutions décembre 2013 et janvier 2014

p. 55

octobre 2013

scène nationaLe de sénartde william shakespeare / mes patrick pineau

le conte d’hiVerpatrick pineau met en scène Le Conte d’hiver, Le Conte d’hiver, Le Conte d’hivertrouvant dans la bande de comédiens avec lesquels il travaille d’habitude, les interprè-tes idéaux de cette douloureuse et cruelle histoire de jalousie et d’exil.entre Léonte roi de Sicile et Polixène roi de bohême, l’amitié est si grande que le premier est prêt à tout pour retenir le second auprès de lui. Il charge sa femme, la pure et hono-rable Hermione, d’insister pour que le roi de bohême ne quitte pas la cour de Sicile. Mais les diplomatiques caresses de la reine font naître une jalousie féroce dans l’esprit de Léonte le dément. Accusant la vertu, provo-quant l’exil et la mort de ceux qui l’aiment, le cœur glacé du roi devra attendre seize lon-gues années avant que le pardon ne vienne récompenser son remords. « C’est une histoire très douloureuse et très douce. Douleur, dou-ceur, les deux à la fois… Très mystérieuse. Elle pose beaucoup de questions qui résonnent en moi. Je ne prétends pas y répondre, mais je

voudrais bien les approcher. Et qu’ensemble, on puisse un peu les toucher du doigt », dit Patrick Pineau. C. Robert

Scène nationale de Sénart, La Coupole, rue

Jean-François-Millet, 77380 Combs-la-Ville.

Du 5 au 9 novembre 2013. Mardi et vendredi à

20h30 ; mercredi et jeudi à 19h30 ; samedi à 18h.

Tél. 01 60 34 53 60. Puis, du 13 novembre

au 1er avril 2014, tournée en France.

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Scène nationale de Sénart revue de presse

L’avant-scène théâtre - Gilles Costaz………………………………………………………janvier 2014

PRESSE SPÉCIALISÉE

Page 12: Revue de Presse Le conte d'hiver

Scène nationale de Sénart revue de presse

janvier 2014

Querelles de famille

Patrick Pineau est un artiste d’une formidable santé. Il joue en tournée Cyrano de Bergerac – le plus long rôle du répertoire – dans la mise en scène de Georges Lavaudant, et il poursuit parallèlement ses mises en scène. Il a monté à Melun-Sénart ainsi qu’à Antony Le Conte d’hiver de Shakespeare, qui circule en France jusqu’au printemps. Le texte français est une nouvelle traduction de Daniel Loayza – qu’on préfèrera à celle de Koltès, parce que plus exacte, plus complète et très savoureuse. C’est une histoire ébouriffante, moins par sa trame à rebondissements que par sa façon de mélan-ger les périodes de l’Histoire et les cultures. Cela se passe dans une Grèce antique de convention, la Sicile passant pour l’un des grands pays de cette Antiquité. Les gens s’y comportent comme à la Renaissance, mais n’en interrogent pas moins l’oracle de Delphes ! Devenu fou de jalousie, le roi de Sicile fait porter l’enfant dont sa femme vient d’accoucher dans un lieu reculé, pour qu’il y survive ou qu’il y meure, car il est persuadé que sa femme l’a trompé. Des années plus tard, l’enfant réapparaît, c’est une grande et belle jeune fi lle, qui avait été recueillie par un berger. Elle est aimée par le fi ls du roi ennemi. Tout ce beau monde va enfi n se réconcilier !

Un vrai roman échevelé, que Pineau traite avec plusieurs langages : le théâtre pur dans une grande vitalité physique et diverses transfi gurations allant jusqu’à des inversions de sexe, la métamorphose d’une scénographie de Sylvie Orcier qui se retourne, se disloque et se renouvelle superbement, la vidéo qui introduit des contrepoints modernes. Les costumes sont d’aujourd’hui, mais ils participent à ce climat disparate où arrive sans cesse l’insolite. Manuel Le Lièvre porte le rôle principal du roi fou et repenti avec une force athlétique originale. Laurence Cordier, Adama Diop, William Edimo, Nico-las Bonnefoy, Pauline Collin sont les autres principaux interprètes d’un spectacle qui ne cesse de se réinventer pour mieux épouser l’écriture folle et moqueuse de ce Shakespeare-là.

Gilles Costaz

L’actualité

Psyché de Molière, mise en scène par Véronique Vella à la Comédie-Française. © Brigitte Enguérand

Familles en scène

L’avant-scène théâtre I 7776 I L’avant-scène théâtre

L’actualité

UNE CRÉATION d’une pièce de Jean-Claude Grumberg, c’est toujoursun moment important. L’un deses plus récents textes, Votre

maman, vient d’être mis en scène auThéâtre du Beauvaisis et à la Maison

serrée, à bout portant, dans une tensionet une agitation fébriles qui sont unelutte sourde contre le désespoir et l’in-compréhension. Françoise Bertin, dans lepersonnage de la femme âgée et clouéedans un fauteuil roulant, est tout à faitbouleversante. L’on est heureux de revoircette comédienne qui a marqué notrethéâtre pendant des décennies et quiendosse là un rôle où il faut jouer sanspudeur avec la réalité de la vieillesse.Laurent d’Olce incarne son fils dans unremarquable bloc d’émotion compressée.Et Michel Derville, en directeur, composefinement cet équilibre de compassion et d’indifférence qu’ont sans doute souvent les patrons d’établissementsd’accueil de personnes dépendantes. Un

spectacle mi-douceur mi-vitriol, danscette thématique de la famille qui dominel’actualité théâtrale.

Patrick Pineau est un artiste d’uneformidable santé. Il joue en tournéeCyrano de Bergerac – le plus long rôle du répertoire – dans la mise en scène de Georges Lavaudant, et il poursuitparallèlement ses mises en scène. Il amonté à Melun-Sénart ainsi qu’à AntonyLe Conte d’hiver de Shakespeare, quicircule en France jusqu’au printemps. Le texte français est une nouvelle tra-duction de Daniel Loayza – qu’on préfè-rera à celle de Koltès, parce que plusexacte, plus complète et très savoureuse.C’est une histoire ébouriffante, moinspar sa trame à rebondissements que

Querelles de famille

La quinzainede Gilles Costaz

Le Conte d’hiver de William Shakespeare, mis en scène par Patrick Pineau à la Scène nationale de Sénart. © Philippe Delacroix

L’actualité dramatique propose aux spectateurs des pièces diverses qui, chacuneà leur manière, évoquent la famille et ses conflits.

Votre maman de Jean-Claude Grumberg, mise en scène par VincentEcrepont au Théâtre du Beauvaisis. © Michel Cavalca

pour tous d’Amiens par la compagnie À vrai dire. Au cœur de la pièce, unefemme âgée dans une maison de retraite.Son fils vient la voir. Entre eux, un amourprofond et un passé terrible. La conver-sation est difficile. La vieille femme disparaît même un moment. Elle s’estenfuie ! À tout problème le directeur del’établissement répond par les solutionscarrées de l’administration. Derrière ce tableau d’une évidente actualité – chacun reconnaîtra des proches et s’interrogera sur la question cruciale de la fin de vie des gens âgés souventéloignés de leur famille –, Jean-ClaudeGrumberg s’interroge sur notre mémoireet notre redoutable capacité d’oubli. Quegardons-nous quand disparaissent ceuxqui ont vécu une tragédie que l’humanitén’a pas le droit d’oublier ?

La mise en scène de Vincent Ecreponttrouve tout de suite le ton juste : cettemaison de retraite est parfaite avec sondécor paysager, et c’est l’enfer, un « cau-chemar climatisé », pour emprunter àHenry Miller une définition qui a beau-coup servi. Surtout, Vincent Ecrepontmet les personnages dans une relation

L’actualité

78 I L’avant-scène théâtre L’avant-scène théâtre I 79

par sa façon de mélanger les périodesde l’Histoire et les cultures. Cela se passedans une Grèce antique de convention,la Sicile passant pour l’un des grandspays de cette Antiquité. Les gens s’ycomportent comme à la Renaissance,mais n’en interrogent pas moins l’oraclede Delphes ! Devenu fou de jalousie, le roi de Sicile fait porter l’enfant dont sa femme vient d’accoucher dans un lieureculé, pour qu’il y survive ou qu’il ymeure, car il est persuadé que sa femmel’a trompé. Des années plus tard, l’enfantréapparaît, c’est une grande et bellejeune fille, qui avait été recueillie par un berger. Elle est aimée par le fils du roiennemi. Tout ce beau monde va enfin se réconcilier !

Un vrai roman échevelé, que Pineautraite avec plusieurs langages : le théâtrepur dans une grande vitalité physiqueet diverses transfigurations allant jusqu’àdes inversions de sexe, la métamorphosed’une scénographie de Sylvie Orcier quise retourne, se disloque et se renouvellesuperbement, la vidéo qui introduit descontrepoints modernes. Les costumessont d’aujourd’hui, mais ils participentà ce climat disparate où arrive sans cessel’insolite. Manuel Le Lièvre porte le rôleprincipal du roi fou et repenti avec uneforce athlétique originale. LaurenceCordier, Adama Diop, William Edimo,Nicolas Bonnefoy, Pauline Collin sont les autres principaux interprètes d’unspectacle qui ne cesse de se réinventer

pour mieux épouser l’écriture folle etmoqueuse de ce Shakespeare-là.

La Comédie-Française vient de mettreà l’affiche une pièce bien oubliée deMolière, Psyché. Elle figure dans toutesles histoires du théâtre classique : c’était,à la création, une pièce avec musique et machineries dont la longue durée decinq heures convenait à l’épicurisme deLouis XIV et de ses courtisans. Débordépar l’ampleur du travail qu’il assuraitavec Lully, Molière dut même faire appelà Corneille et à Quinault pour finir letexte et les couplets ! Véronique Vellatente la gageure de ressusciter cet objetde fête et faste, en le coupant beaucoupet – suprême sacrilège – en remplaçantla partition de Lully par une musique

originale commandée à Vincent Leterme.À vrai dire, cette variation mythologiquen’est pas tout à fait passionnante. Vénus,déesse de l’amour, a envoyé son filsAmour séduire une mortelle, Pyché, pour la quitter ensuite et la ridiculiser.Mais Amour s’éprend vraiment de Psyché,et cela fait du bruit et de la fureur dansl’Olympe !

Heureusement, le spectacle lui-mêmeest fort plaisant, tiré vers la comédiemusicale, avec des couplets plus jazzésque lyriques. Véronique Vella fait vivrela pièce sur deux temps, en mêlantl’Antiquité telle qu’on la voyait auXVIIe siècle (on figurait les Grecs et lesRomains comme des contemporains,avec habits bouffants et perruques

Psyché de Molière, mise en scène par Véronique Vella à la Comédie-Française. © Brigitte EnguérandLe Conte d’hiver de William Shakespeare, mis en scène par Patrick Pineau à la Scène nationale de Sénart. © Philippe Delacroix

Patrick Pineau est un artiste d’uneformidable santé. Il joue en tournéeCyrarar no de Bergrgr erarar c – le plus long rôledu répertoire – dans la mise en scènede Georges Lavaudant, et il poursuitparallèlement ses mises en scène. Il amonté à Melun-Sénartrtr ainsi qu’à AntonyLe Conte d’hiver de Shakespeare, quicircule en France jusqu’au printemps.Le texte français est une nouvelle tra-duction de Daniel Loayza – qu’on préfè-rera à celle de Koltès, parce que plusexacte, plus complète et très savava oureuse.C’est une histoire ébouriffante, moinspar sa trame à rebondissements que

par sa façon de mélanger les périodesde l’Histoire et les cultures. Cela se passedans une Grèce antique de convention,la Sicile passant pour l’un des grandspays de cette Antiquité. Les gens s’ycomportent comme à la Renaissance,mais n’en interrogent pas moins l’oraclede Delphes ! Devenu fou de jalousie,le roi de Sicile fait porter l’enfant dontsa femme vient d’accoucher dans un lieureculé, pour qu’il y survive ou qu’il ymeure, car il est persuadé que sa femmel’a troror mpé. Des années plus tardrdr , l’enfantréapparaîaîa t, c’est une grande et bellejeune fille, qui avait été recueillie parun berger.r.r Elle est aimée par le fils du roiennemi. ToToT ut ce beau monde va enfinse réconcilier !

Un vrai roman échevelé, que Pineautraite avec plusieurs langages : le théâtrepur dans une grande vitalité physiqueet diverses transfigurations allant jusqu’àdes inversions de sexe, la métamorphosed’une scénographie de Sylvie Orcier quise retourne, se disloque et se renouvellesuperbement, la vidéo qui introduit descontrepoints modernes. Les costumessont d’aujourd’hui, mais ils participentà ce climat disparate où arrive sans cessel’insolite. Manuel Le Lièvre porte le rôleprincipal du roi fou et repenti avec uneforce athlétique originale. LaurenceCordier, Adama Diop, William Edimo,Nicolas Bonnefoy, Pauline Collin sontles autres principaux interprètes d’unspectacle qui ne cesse de se réinventer

pour mieux épouser l’écriture folle etmoqueuse de ce Shakespeare-là.

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Toute la culture - Audrey Chaix……………………………………………………………10 février 2014 Le bien public - Guillaume Malvoisin …………………………………………………12 décembre 2013 Le progrès - Christiane Barbault ………………………………………………………29 novembre 2013 Le Monde - Le blog du Wanderer ………………………………………………………23 novembre 2013 Le bien public - Guillaume Malvoisin …………………………………………………15 novembre 2013 Au Poulailler - Myrto Reiss ……………………………………………………………13 novembre 2013

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Bel esprit de troupe pour le « Conte d’Hiver » au Théâtre du NordAprès le succès du Suicidé, présenté au Festival d’Avignon en 2011, en tournée depuis, PatrickPineau revient sur scène - sous les traits de la troupe qu’il dirige, lui-même n’étant pas surscène - pour livrer son interprétation du Conte d’Hiver de William Shakespeare. Une pièceécrite vers la fin de la vie du Barde, tellement hybride qu’elle est souvent qualifiée par lesexégètes de tragi-comédie romantique, Le Conte d’Hiver est surtout une magnifique histoire,pleine d’intrigues princières, de rebondissements et de folklore, et dont Pineau s’empare à brasle corps pour en livrer une interprétation toute personnelle.

Ce qui prime dans cette production du Conte d’Hiver, c’est l’esprit de troupe : chacun descomédiens est comme le rouage d’une plus vaste machinerie dédiée à la représentationthéâtrale, et c’est avec enthousiasme et bagout qu’ils s’y prêtent chacun. Cela est d’autant pluspalpable dans les scènes de pastorale sur l’île de Bohême, alors que le prince flirte avec la joliebergère sous le regard désapprobateur de son père (ni l’un ni l’autre ne savent alors que labergère est en fait une princesse, ce sont là les rouages de la comédie) : entre chants etdanses, colporteur véreux et tonte des moutons, ils mènent une joyeuse sarabande quicontraste avec la première partie de la pièce.

En effet, alors que l’amitié indéfectible de Léonte, roi de Sicile, pour Polixène, roi de Bohême,se change en jalousie consumante, qui le pousse à condamner sa femme enceinte à mort et àse brouiller à jamais avec celui qui était comme un frère pour lui, la mise en scène se veutsombre et menaçante. Vidéosurveillance dans le parc du château, geôle sombre pour la jeunereine, salle de tribunal si imposante qu’elle en dévient grotesque : tout est conçu dans ladémesure, comme pour mieux signifier la folie grandissante du roi de Sicile, qui ne reviendra àla raison qu’au bout de seize ans, en découvrant que sa femme n’est pas morte et que sa filleabandonnée a su retrouver le chemin de la maison. Les deux rois, interprétés par le petit etblanc Manu Le Lièvre et le grand et noir Babacar M’Baye Fall, forment ainsi les deux côtésd’une pièce de monnaie symbolisant l’un le tragique, alors que Léonte succombeirrémédiablement à la jalousie, passion destructrice, et l’autre l’aspect comique de la pièce,puisque c’est en Bohême, terre de Polixène, que l’on chante et danse comme lors d’uneBacchanale.

Les deux véritables héros de cette production, ce sont cependant Fabien Orcier, magistral enAutolycus, grotesque et cynique à la fois, prêt à tout pour une pièce d’or ou une arnaque, etAline Le Berre, qui interpèrte une Pauline aux allures de Pythie alors qu’elle menace Léonte,cédant parfois à des ressorts comiques qui allègent les scènes parfois un peu grossièrementtragiques.

10 février 2014

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Bel esprit de troupe pour le « Conte d’Hiver » au Théâtre du Nord (suite)

Pour conclure son propos, Patrick Pineau fait entrer sa production de plain pied dans le 21esiècle, avec une satire de la télé réalité et des couvertures de canards à sensation, rappelantainsi le sort de certaines princesses des temps modernes sous l’oeil inquisiteur de la pressepeople (Diana, Grace, pour ne citer qu’elles). Il affirme également le caractère essentiellementcinématographique de sa mise en scène, avec des références amusantes aux Marx Brothers etune assimilation de la renaissante Hermione à la femme portant une torche qui symbolise lesstudios Columbia. Cela donne d’autant plus de profondeur à la profusion d’écrans présents surle plateau lorsque la scène est en Sicile, et trahit la volonté de Pineau de faire des passerellesavec le septième art - qui lui-même a livré de belles adaptations du Conte d’Hiver.

Une production qui vaut le coup d’être applaudie, et les trois heures qu’elle dure ne se font passentir. Un vrai plaisir de redécouvrir Shakespeare, dans une mise en scène qui s’approprie lapièce autant qu’elle respecte l’auteur.

Audrey Chaix

10 février 2014

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Sous la couronne des rois

Rencontre avec Adama Diop et Manuel Lelièvre, deux comédiens rois du plateau mais hommes ordinaires dans la troupe du Conte d’Hiver mis en scène par Patrick Pineau.

Jouer un roi pour un comédien, est-ce un moyen de réaliser un rêve de gosse ? Manu Lelièvre : « C’est vrai que cela fait bizarre de jouer un roi à mon âge, mais cela n’a pas vraiment à voir avec un rêve de gosse. » Adama Diop : « Non, non. C’est un rêve d’adulte, même si on joue sérieusement comme des en-fants. » M. L. : « Oui, c’est vraiment cela, un rêve d’adulte. Je suis devenu comédien par hasard. »

Vos rôles sont des rois de pays imaginaires. Avez-vous été influencés par des rois exis-tants? M. L. : « Je ne sais pas si on pense à un roi particulier. On part de soi-même. Au théâtre, c’est assez simple. Si on doit jouer un roi, on arrive sur le plateau et on est le roi. Patrick me disait : “tu es le roi, tu fais ce que tu veux, tu as le temps que tu veux.” C’est assez jouissif car on est toujours au travail, on peut varier notre jeu tous les soirs ! »

Avez-vous travaillé vos rôles des deux rois ensemble ? A. D. : « Ce qui est beau chez Shakespeare, c’est qu’il arrive à faire le théâtre dans le théâtre. Il quitte la seule représentation du roi pour entrer dans son intimité quotidienne. Et on s’aperçoit que les deux ont des liens fraternels très puissants. Ce sont des amis d’enfance, ils s’appellent entre eux : “mon frère”. Ce qui est donc important pour moi, c’est le lien avec Manu et de voir comment on peut créer de la complicité avec lui. »

Quelle est la réaction pour un comédien à la nouvelle de travailler un Shakespeare ? A. D. : « Quand on te dit : “Tu vas remplacer un comédien dans un Shakespeare monté par Patrick Pineau”, c’est excitant et ça fait aussi très peur. Mais il y a tout chez cet auteur, la poésie, le théâtre, l’amour, tout devient complexe et c’est l’enthousiasme qui l’emporte. Ce qui est très chouette aussi, c’est qu’on ne peut pas définir les deux rois comme les deux rôles principaux. Arriver dans ce spec-tacle, c’est arriver dans une troupe au travail. C’est ce qui rend heureux. » M. L. : « Oui, ça fout la trouille. C’est un passage obligé pour un comédien ce plaisir de jouer ces textes où tout est là ! »

Se pose-t-on la question de savoir comment un type a-t-il pu écrire toutes ces pièces à lui seul ? M. L. : « Moi, non. Le texte est tout, le reste ne m’importe pas. » A. D. : « Ce qui est certain c’est que ses personnages ne sont pas lisses, ce qui n’est pas simple et terriblement agréable pour un acteur. L’œuvre est la plus importante. » M. L. : « Il faut juste pouvoir s’attaquer à la montagne, mais sans savoir comment faire. »

.com 12 décembre 2013

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(suite)

Adama, vous avez repris le rôle du roi de Bohême à Dijon, quel est votre regard sur la troupe du Conte d’Hiver ? A. D. : « Au risque de convoquer un cliché, c’est une grande famille. Quand tu remplaces un comé-dien pour un rôle dans cette pièce, il y a douze personnes qui t’accueillent et te disent : “Ne t’inquiète pas”. Il y a quelque chose de très simple dans cette troupe, c’est une belle bande, vraiment. »

Vous êtes en tournée avec ce spectacle, la différence des salles qui vous accueillent joue-t-elle sur la tonalité des représentations ? M. L. : « Oui bien sûr ! Nous sommes passés d’une salle de 1 200 places à Grenoble à 300 places ici, à Dijon. Ça change la pièce, le premier soir à Dijon, je me suis retrouvé à moins d’un mètre des spectateurs, c’était très étrange. Il ne faut surtout pas hurler et cela permet beaucoup de nuances, mon jeu s’est éclairci. C’est très agréable cette situation. » Pour finir, quel est votre “king” à vous ? A. D. : « Shakespeare, forcément, c’est un génie absolu. » M. L. : « Il n’y a qu’un king : Elvis ! »

Propos recueillis par Guillaume Malvoisin

.com 12 décembre 2013

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Patrick Pineau monte un Shakespeare hivernal Quatorze comédiens jouent la semaine prochaine « Le conte d’hiver », une des dernières pièces de Shakespeare, à Dijon.

« Il y a tout chez cet homme-là, le style et la pensée, les tréteaux et la poésie savante, la grosse blague et la métaphysique. » On aura reconnu Shakespeare dans cette description de Patrick Pineau. Celui qui avait enthousiasmé le festival d’Avignon 2011 avec « Le suicidé », de Nicolaï Erdman et qui joue actuellement le rôle-titre de « Cyrano de Bergerac » sous la direction de Georges Lavaudant, a choisi l’une des pièces les plus étranges et les plus complexes de l’auteur élisabéthain, et l’une de ses dernières (vers 1610). Accusant Hermione d’infidélité, Léonte, roi de Sicile, la voue au cachot où elle met au monde une fille. Le mari devenu tyran fait abandonner le bébé « en un lieu lointain et désert ». La petite Perdita échouera finalement sur les rivages de Bohême où un berger et son fils la recueilleront. Après bien des rebondissements et un bond temporel de seize ans, l’amour triomphera de la mort, mais la jalousie délirante de Léonte l’aura conduit au crime et à l’infanticide.

Ce « Conte d’hiver », qui passe de la tragédie à la comédie et du cauchemar à la féerie au fil de ses cinq actes, s’autorise les invraisemblances. Il fait de la Bohème une île et ressuscite Hermione. Pour expliquer le passage des années en plein cœur de l’intrigue, c’est le Temps lui-même qui s’incarne sur le plateau. Patrick Pineau dit avoir monté cette œuvre foisonnante pour le plaisir de faire jouer sa troupe et d’en mettre en valeur les énergies créatrices. La distribution compte quatorze comédiens. Le décor et la mise en scène accentuent le contraste entre la noirceur glaciale de la première partie et l’allégresse de la seconde.

Christiane Barbault

29 novembre 2013

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Théâtre à la MC2 Grenoble : Le conte d’hiver Le Conte d’hiver n’est pas la comédie la plus limpide de Shakespeare. Et d’abord, est-ce une co-médie ? À en lire les trois premiers actes, on peut en douter : le roi de Sicile Léonte fou de jalousie accuse sa femme de convoler avec son meilleur ami, le Roi de Bohème Polixène. Il ordonne à son fi dèle Camillo de l’empoisonner mais ce dernier s’y refuse, confi e à Polixène la situation, qui l’invite à le suivre en Bohème. Camillo fuit et Leonte perd donc à la fois son plus fi dèle serviteur et son plus cher ami. Ensuite, il renie sa fi lle qui vient de naître, doutant de sa paternité, et ordonne à l’un de ses affi dés de la conduire dans un pays lointain puis de l’abandonner aux fauves ou aux ours, il perd son fi ls désespéré de voir sa mère rejetée et insultée, il perd sa femme qui meurt de chagrin, non sans avoir été réhabilitée par l’oracle de Delphes. En bref, une sorte d’Othello en proie à une folie passion-nelle, complètement isolé au milieu d’une cour qui n’épouse en rien sa folie : dans cette pièce, il n’y a pas un personnage qui ne soit vertueux et les courtisans sont honnêtes, et loyaux. Au milieu de tant de vertu, Léonte est un fou furieux, qui fi nit par comprendre son erreur et va passer le reste de son âge dans le repentir, aussi excessif et douloureux que ne l’était sa jalousie précédente. Les qua-trième et cinquième actes renversent la situation, renversent le temps, renversent la focale. On était en Sicile, on est en Bohème seize ans après, Léonte était au centre, et cette fois au centre de l’action sont Polixène, l’ami perdu, son fi ls Florizel éperdument amoureux de la sublime Perdita, fi lle de ber-gers, le fi dèle Camillo, aux expédients toujours effi caces, dans un univers pastoral, coloré, joyeux, traversé d’un personnage qui dans la commedia dell’arte pourrait être une sorte d’Arlequin, un larron sympathique à la fonction dramaturgique mal identifi able, mais qui envahit la scène et l’intrigue sans réussir à la dévier. Perdita, au nom prédestiné, n’est pas fi lle de bergers, mais une enfant abandon-née et trouvée par les bergers qui l’éduquent, elle est d’une beauté unique et d’une noblesse inouïe pour une fi lle de bergère : c’est bien la fi lle rejetée par Léonte. Comme dans le monde du conte, les princes aiment les princesses, Florizel a bien reconnu en Perdita, sans le savoir, son égale. Malgré l’opposition initiale de Polixène et grâce aux artifi ces de Camillo, désireux de revenir en Sicile, les deux enfants se retrouveront, Léonte retrouve sa fi lle, et même sa femme, qui a vécu cachée jusqu’à ce qu’éclate la vérité. Tout est bien qui fi nit bien.

Le spectacle de Patrick Pineau rend bien l’opposition entre les deux parties, la première, plus (très) (trop ?) tendue, plus (très) (trop ?) dramatique, et la seconde, plus fantaisiste (les Italiens diraient fan-

tasiosa), laissant plus de part au rêve, et présentant des personnages ou naïfs, ou gentiment larrons, dans un monde d’où la vraie méchanceté ou la folie sont absentes. Un monde de la comédie, avec

ses fi gures obligées où les pères s’opposent à l’amour des enfants (Polixène face à Florizel), avec les inévitables fi gures secondaires et pleines de ressources pour aider les amants (Camillo) : un schéma somme toute moliéresque, et digne de la comédie moyenne inventée par Térence : un théâtre plus formel et superfi ciel qui s’oppose à la lourdeur du drame précédent. L’opposition des deux décors,

effi cacement structurés en éléments qui tournent sur eux-mêmes, bi-face pour deux mondes oppo-sés, avec d’un côté un usage (raisonnable) de la vidéo (Sicile), de l’autre un monde plus théâtral,

une Bohème qui serait une sorte d’Arcadie circassienne, ou d’Arcadie de Cabaret, une Bohème… entourée d’eau dans le monde des contes fantastiques de Shakespeare. On passe du monde des cauchemars à celui des songes, avec ses personnages multiples et quelquefois inexplicables, des

sentiments simples et positifs, un monde où la malhonnêteté n’est que roublardise, d’un monde

.fr 23 novembre 2013

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(suite) obscur où le noir domine à un monde plus coloré. Quelques trouvailles intéressantes : l’usage de la vidéo, dans la première partie, comme monde mental de Léonte, qui voit le monde à travers le prisme de caméras de surveillance, et qui vit dans l’ère du soupçon, belle métaphore de l’univers de la jalou-sie. À l’opposé, des visions de poissons, images d’un monde au contraire serein et apaisant, sinon apaisé. Vidéo aussi pour Mamillius, le fi ls de Léonte, qu’on ne voit jamais qu’à l’écran, image d’éloi-gnement, de distance, de frontière réel/virtuel qui se confi rmera par sa mort prématurée (qui résout au passage la question de l’enfant-acteur…). Autre trouvaille, l’opposition Leonte-Polixène, l’un petit et blanc, l’autre noir ébène, au corps sculptural, qui s’opposent en lever de rideau dans des jeux de lutte qui anticipent le drame. Dans la seconde partie, séparée de la première par un nécessaire entracte à la fonction dramatur-gique de coupure temporelle (le temps lui même ouvre la seconde partie soulignant les 16 ans qui séparent les deux moments) et stylistique, beaucoup plus de mouvement, beaucoup plus de familia-rité, beaucoup plus de personnages accessibles et simples (les bergers père et fi ls) un monde sans distinction de races, de classe puisqu’au bout du compte (et du conte) tout le monde devient gentil-homme, un monde plus échevelé et plus léger, monde du cirque, comme évoqué plus haut, avec une scène de théâtre bienvenue, un monde du voyage des comédiens, à mi chemin entre Marx Brothers et Pieds nickelés, monde de masques, des masques d’animaux qui soulignent la profonde unité du monde faite d’une humanité qui épouse le monde animal ou l’animalité (un peu comme chez Walt Disney, ou dans les contes de Perrault, ou chez La Fontaine). Tout se termine avec un retour de la vidéo (nous sommes dans le décor du premier acte) qui raconte la succession de coups de théâtres (reconnaissances, mariage des enfants royaux, réconciliation de Polixène et Léonte) comme autant de titres de magazines people, de reportages TV à sensation, comme autant de concessions à la folie médiatique, qui prend la suite de la folie pastorale et du monde de cabaret qui a dominé cette seconde partie, et qui renvoie notre monde à cette irréalité-là (ce qu’on peut d’ailleurs discuter : c’est sans doute un peu facile) tandis que l’apparition fi nale d’Hermione, en Madone baroque entourée d’une aura d’étoiles, fait traverser la frontière de la vie et de la mort, de l’art et du monde, du réel et du représenté, en une farandole désordonnée à laquelle nous renvoie bien souvent Shakespeare, notamment dans cette œuvre où tout et le contraire de tout se retrouvent sur le plateau.

Au service de cette lecture au total classique et respectueuse du texte et de ses multiples facettes et déclinaisons, une troupe très homogène, une « troupe » au sens traditionnel du terme, visiblement heureuse de jouer ensemble, très fraîche, très vive, à la diction cependant quelquefois défaillante, où chacun joue plusieurs rôles, d’où émergent des comédiens effi caces comme le Léonte de Manuel Le Lièvre, et le Polixène de Babacar M’Baye Fall, Aline Le Berre en Paulina (qui joue aussi le Temps) et surtout l’excellent Autolycus de Fabien Orcier, une authentique fi gure de théâtre, qui traverse avec bonheur toute la seconde partie.

Une production dans la tradition du théâtre de voyage et de tréteaux (ce spectacle né à Sénart fera une longue tournée dans toute la France), le théâtre des comédiens d’Hamlet, un théâtre, d’une cer-taine manière, de retour aux sources, immédiat et roboratif, sans prise de tête, mais avec la prise du cœur.

Le blog du Wanderer

.fr 23 novembre 2013

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Aimons-nous vivants !

Le Théâtre Dijon Bourgogne et l’ABC s’associent dans l’écrin du Parvis Saint-Jean pour rece-voir cette pièce événement : représentations royales en perspectives.

« Un jour, après une répétition du Suicidé, j’étais assis dans la salle et je me suis dit, en voyant tous ces comédiens sur le plateau “C’est beau, une troupe, c’est quand même beau…” Il y avait, bien sûr quelque chose d’un peu sentimental dans cette impression. Mais j’avais là, sous les yeux, cette superbe bande d’acteurs et d’actrices, et je ne sais pas pourquoi mais, ce soir-là, j’ai été touché par la communauté qu’ils formaient. Et comme si cela allait de soi, comme si c’était là la suite logique de cette émotion-là, j’ai ensuite pensé : “Il faudrait que l’on fasse un Shakespeare, ensemble…”. » Fou furieux d’amour pour sa petite bande, le metteur en scène Patrick Pineau rêve en grand et c’est chez le Grand Will qu’il va user l’étoffe de ses songes de théâtre. Ce texte de Shakespeare qui pro-longera le travail passionnant sur le Suicidé de Nicolas Erdman, c’est le Conte d’hiver. « Il y a tout chez cet homme-là : le style et la pensée, les tréteaux et la poésie savante, la grosse blague et la métaphysique…

Quand on fait du théâtre, on passe un peu de son temps à se mesurer à lui, de près ou de loin. On l’a toujours dans un coin de sa tête. » Et dans la tête de Patrick Pineau, il y a les volutes, les méandres et les détours tracés par Shakespeare dans la partition de son Conte d’hiver ; il y a aussi le plaisir de l’héritage forain du théâtre élisabéthain, son action en direct du plateau touchant sans précaution le spectateur au cœur. Se mesurer à Shakespeare, Pineau y consent avec ce spectacle, tissant son travail dans les replis du scénario (lire l’encadré) complexe mais pas compliqué, florissant parce que populaire. Résoudre les challenges posés par la mise en scène du Conte d’hiver, Patrick Pineau l’a fait avec un plaisir inouï, rapiéçant le temps qui s’écoule comme bon lui semble, mettant une foule de lieux à un même endroit, la scène, tenant à bout de bras les solutions à la multitude de « petits problèmes poétiques. »

Ce que le metteur en scène assume également dans sa version de ce texte, c’est la quête de la part d’animalité contenue dans chaque personnage né de l’imagination de Shakespeare. Ici poussent des cornes, là des oreilles longues, là on se sent devenir un démon ou une bête. Et ce bestiaire tend un miroir paradoxal mais enthousiasmant au spectateur, resté très humain, lui. Et la normalité de chacun d’être mis à l’épreuve. C’est ce qui est réjouissant au théâtre, et très vrai pour cette vision du Conte d’hiver, fédératrice, une vision pensée pour une assemblée d’hommes faisant la fête au théâtre.

Le Conte d’hiver au théâtre du Parvis Saint-Jean à Dijon du mardi 3 au samedi 14 décembre à 20 heures (les samedis à 17 heures). Relâches les 8 et 9. Une représentation du Conte d’hiver sera accessible à tous, une audio-description du spectacle étant prévue le jeudi 12 décembre.

Guillaume Malvoisin

.com 15 novembre 2013

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Le conte d’hiver Texte de William Shakespeare, mise en scène de Patrick Pineau Scène Nationale de Sénart, du 5 au 9 novembre 2013, puis en tournée

Rares sont les mises en scène de cette « tragi-comédie romanesque », pièce hybride, une des der-nières de Shakespeare, construite en deux parties bien distinctes, l’une tragique, où Léonte, roi de Sicile, en autre Othello, devient fou de jalousie et sème la mort autour de lui, et l’autre comique, centrée sur les amours contrariées de Perdita et de Florizel dans le cadre bucolique du royaume de Bohème. La superbe scénographie que le jeune Stéphane Braunschweig avait imaginée pour son Conte d’hiver en 1993 a marqué l’histoire des mises en scène françaises de l’oeuvre. Le conte dé-marrait sur un rideau en velours rouge qui couvrait la scène entièrement, puis le drame hivernal s’ins-crivait sur le plateau tout blanc et en franche pente, pour donner par la suite place à la pastorale avec comme toile de fond une tapisserie médiévale aux motifs enchantés. Éclats de couleurs matérialisant la dialectique entre art et nature, éclat de la limpidité de l’approche dramaturgique.

Aujourd’hui, Patrick Pineau, comédien avant tout, dit avoir ressenti le désir de mettre en scène un Shakespeare un soir de répétition du Suicidé en regardant sa troupe d’acteurs. Touché par la com-munauté qu’ils formaient, il a fait le pari qu’ensemble ils pouvaient trouver l’énergie créatrice et faire théâtre des « colles », comme lui-même les nomme, que Le conte d’hiver pose. L’homogénéité de cette bande de quatorze comédiens est certaine. Mais celle de la lecture de l’oeuvre l’est un peu moins… Placée sous le signe de la froideur de l’hiver et de la mort, la première partie évolue dans un décor très sombre, où l’espace est découpé par des structures métalliques, tantôt panneaux coulis-sants, tantôt échafaudages. Manuel Le Lièvre, petit et blanc, et Babacar M’Baye Fall, grand et noir, sont les deux rois que la jalousie furieuse du premier finit par diviser. Opposés par la couleur, les deux hommes sont unis par le ton, axé sur les gammes du tragique et de la tension émotionnelle. Vice sans doute d’un spectacle pas encore rôdé, cette première partie est alourdie par une sur-significa-tion de la gravité, où les comédiens approchent le texte avec une force qui dit le drame, plus qu’elle ne le joue. Dans la seconde partie, Patrick Pineau et sa troupe optent pour un univers nettement différent : scènes masquées, moments de cabaret, c’est un véritable théâtre dans le théâtre qui est mis au service de l’univers allègre censé correspondre à une comédie. Même si, au fond, l’aspect divertissant prend le pas sur la profondeur même du texte, les comédiens s’en donnent à coeur joie, déploient une énergie vivifiante et créent un ensemble frais et léger. Cependant, de cette profusion d’idées et de propositions, issues certainement d’un réel travail d’équipe, n’émerge pas un fil rouge, une lecture d’ensemble qui lui aurait donné un vrai sens. Cette sensation de fourre-tout s’attise lors du final, où la projection d’un reportage télé et d’une série de couvertures de magazines people célèbrent la résurrection de la reine : on imagine parfaitement les comédiens s’amuser en écrivant les titres, en faisant les photos, ou en improvisant l’interview, mais on ne perçoit pas bien où tout cela veut nous amener, et surtout ce que cela nous dit…

Myrto Reiss

.fr 13 novembre 2013