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REVUE DE PRESSE THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012 Christophe Honoré Smith Nouveau Roman

Revue de presse Nouveau Roman

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Revue de presse Nouveau Roman

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REVUE DE PRESSE

THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012

Christophe Honoré

Smith

Nouveau Roman

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6 BIS RUE CAMPAGNE 1ERE75014 PARIS - 01 56 80 20 80

NOV 12Mensuel

OJD : 32337

Surface approx. (cm²) : 850N° de page : 44-45

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Eléments de recherche : Toutes citations : - LE THEATRE DE LA COLLINE : théâtre, à Paris 20 ème - STEPHANE BRAUNSCHWEIG : directeur duThéâtre de la Colline

Christophe Honorésort le nouveau romandu placardPlébiscité au festival d'Avignon, Nouveau Romande Christophe Honoré est le jeu de l'oie scéniqued'une pensée collective en train d'éclore. Com-ment est né le nouveau roman? Qui en était?Qu'en reste-t-il? Et d'ailleurs, c'est quoi au juste le» nouveau roman»? Le spectacle, irradié par la drô-lerie de ses interprètes (dont Anaïs Demoustier etLudivine Sagnier), y répond avec vivacité et fantai-sie, insolence et précision. Pour TÊTU, ChristopheHonoré lance les clés et avance de trois cases...

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LE NOUVEAU ROMAN« Ce sont des écrivains qui, à la fin des années 1950, se sontpositionnés contre le romanesque et les personnages. Ilsne cherchaient pas à raconter une histoire mais à inventerdes formes nouvelles. Nathalie Sarraute [interprétée parLudivine Sagnier], Marguerite Duras [Anaïs Demoustier],Alain Robbe-Grillet [Jean-Charles Clichet] et Samuel Beckett,bien sûr, sont les plus célèbres. Et puis, comme dans toutmouvement artistique, il y eut la volonté dè faire groupepour être plus fort. Le génie de l'éditeur Mathieu Lindonet de Robbe-Grillet a été de dire: allez, puisqu'on nous dit quenos romans ne sont pas de la littérature, on va affirmer que si,et que ce sont les autres qui n'en sont pas ! »

UN SPECTACLE DROLE ET IRRESPECTUEUX« Très vite, on a décidé que le plateau et la salle devaient êtreau même niveau. Pour moi, le spectacle démarre avec desacteurs qui ne savent pas plus que les spectateurs ce qu'estle nouveau roman. Et petit à petit, il y a une découvertecommune, comme un jeu de société dont on découvreles règles ensemble, en jouant. Ce n'est en rien pédagogiquemême si, au bout du compte, j'espère bien que l'on y apprenddes choses ! Et comme on a travaillé à partir d'improvisations,la nature des acteurs que j'ai choisis a beaucoup influé.Je savais pertinemment qu'ils n'ont pas un esprit de sérieux.J'aimais l'idée que ce soit drôle et irrespectueux. »

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LE COMING OUT DE ROBERT PINGET«Je tenais à présenter aussi des écrivains dans leur vulnérabilité. RobertPinget, par exemple, n'a jamais parlé de son homosexualité de son vivant.Les gens du nouveau roman le savaient et il y avait même une espèce depetite homophobie blagueuse. À chaque réunion, Robbe-Gnllet lançait'"Les femmes et les pédés d'abord!" Claude Simon disait qu'il n'avait jamaisvraiment pu être ami avec lui à cause de cela. Même Duras n'est pas trèsclaire sur le sujet. J'ai découvert les œuvres de Pinget lors des longuesrecherches préparatoires et je me suis rendil compte que tout ce que j'aimaischez Hervé Guibert venait de lui ! Il reste, hélas, méconnu à part dans lesqueer studies qui expliquent toute son œuvre à l'aune de son homosexualité.Pauvre Pinget... S'il savait que c'est cela que l'on retient de lui ! Alors, oui, j'aiimaginé cette scène de coming out à la Act Up où Pinget [Mathurin Voltz] estobligé de dire qui il est, avec toute la violence que cela procure. »

FANTASMES D'ÉCRIVAINS«J'ai vu des spectacles où des personnesréelles étaient représentées par mimétismeJe n'aime déjà pas cela au cinéma avec desfilms comme La Môme, alors, au théâtre...J'ai cherché ce que je fantasmais de chacund'eux - les écrivains Pour Duras, c'est lajeunesse, l'insolence. D'où le choix d'une jeunecomédienne comme Anaïs Demoustier PourMathieu Lindon, qui n'était ni un mièvre niquelqu'un qui console, je trouvais intéressantd'aller chercher un côté plus "maternel" C'estpour cela que j'ai confié le rôle à une femme,Annie Mercier Brigitte Catillon, elle, incarneMichel Butor qui était loin d'être le plus funkySa féminité de vamp donne un décalage avec lespropos de Butor que je trouve assez émouvant »

MAGNIFIQUE«À un moment du spectacle, le publicest invité à poser des questions auxécrivains. Un soir, au Festival d'Avignon,il s'est passé quelque chose d'incroyable.Une femme se lève et dit : "Je voudraisposer une question à Catherine RobbeGrillet [la femme d'Alain]. JE SUISCatherine Robbe-Grillet!" Silence dansla salle. La comédienne qui l'incarne enscène, Mélodie Richard, est stupéfaite.Les gens commencent spontanémentà applaudir et elle se met à hurler«Non, arrêtez! C'est MON moment!Je n'aurai plus jamais ça dans ma vied'actrice. Je veux cinq minutes enface de mon personnage !" Elles sontrestées à se regarder sans rien dire.C'était magnifique. C'est alors qu'AnaïsDemoustier a fait la meilleure impro quisoit Elle s'avance au devant de la scèneet demande: "Est-ce que MargueriteDuras est dans la salle ?" »PROPOS RICUEIUIS PAR CLNouveau Roman de Christophe Honore du 23 au26 octobre au TNT de Toulouse du 7 au 10 novembrea la MAC de Creteil du 15 novembre au 9 decembreau Theâtre national de la Colline Paris (20e)

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14 RUE D'ASSAS75281 PARIS CEDEX 06 - 01 44 39 48 48

OCTOBRE 12Mensuel

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T h é â t r eNouveau roman

DUR concevoir son spectacle autour du Nouveau Roman, ChristopheHonoré a rassemblé autour d'un texte original (nourri de nombreusescitations d'époque1) un ensemble de projections audio-visuelles origi-nales dans le cadre scénique de ce qu'on pourrait appeler un théâtredocumenté. Pour autant il ne s'agit en rien d'un théâtre documentaire,puisque la fictionnalisation passe par les effets-personnages et ladramatisation par un système de séquences thématiques et chrono-logiques. On est bien au théâtre, et autant le dire, on y est très bien.Un large plateau composé de niveaux différents reproduit à la foisl'estrade du grand Amphi de la Sorbonne, l'espace ouvert d'un studiode radio-télévision et le lieu imaginaire des réunions du cénacle deMinuit. Puis vient d'emblée le ton si attachant qui ne nous lâcherapas durant les plus de trois heures de spectacle : une atmosphèrespirituelle de parodie burlesque, d'ironie mélancolique, d'humourdistancié et une immense tendresse pour tous ces aventuriers del'écriture : Butor le renfrogné vindicatif (Brigitte Catillon), Duras enfausse candide sur l'air du petit chat est mort (Ana'ïs Demoustier),Jérôme Lindon en maquisard déterminé (Annie Mercier), Claude Simonle barde halluciné (Sébastien Pouderoux), Catherine Robbe-Grilleten ingénue libertine écervelée (Mélodie Richard), Robert Pingetautocentré et fragile (Mathurin Voltz), Claude Ollier en allumé fana-tique (Benjamin Wangermee), l'impeccable et consciencieux ClaudeMauriac (Julien Honoré). De cet ensemble émergent deux figures quireprésentent le double registre ironique et élégiaque du spectacle :Nathalie Sarraute, modeste, lunaire et bouleversante de mélancolie(Ludivine Sagnier) et Alain Robbe-Grillet (Jean-Charles Clichet), quiincarne à lui seul l'esprit décalé de la mise en scène, en gentil-orga-nisateur égocentrique, obstiné, nerveux, colérique, mobile, incroya-blement drôle ; en un mot, vivant et viveur. Bien sûr, on pourra direque tout cela n'est pas sérieux, qu'on ne représente la littérature surscène qu'au prix d'une dénaturation de la scène de l'écriture (qui esttoujours ailleurs...), qu'on y rabaisse l'œuvre au niveau de l'homme,etc. Bien sûr, et on aura sans doute raison. Il n'empêche, ces personnessont des personnages pour Honoré, ils vivent sur scène et dans lethéâtre de sa conscience d'une vie imaginaire tissée de l'étoffe de leurlittérature. « Qu'en est-il pour nous ? » semble finalement nous deman-der ce spectacle faussement léger, quelle place pour l'imaginaire dela littérature dans le théâtre de nos vies ?

Yvon LE SCANFF

de ChristopheHONORÉ

Mise en scène deChristophe Honoré

Spectacle créé auFestival d'Avignonle 8 juillet 2012

CDDB Théâtre deLonent, Centre Dra-matique National,du 10 au 12 octobre

Théâtre de Nîmes,les 17 et 18 octobre

Théâtre Nationalde Toulouse MidiPyrénées, du23 au 26 octobre

Maison des Arts deCréteil, du 7 au10 novembre

La Colline, ThéâtreNational (Pans),du 15 novembreau 9 décembre

Théâtre Liberté(Toulon), du 10 au12 janvier 2013

Théâtre de l'Archi-pel (Perpignan),du 17 au 19 janvier2013

I. La bibliographie duspectacle se trouve sur •www letheatredelonentfr/nouveau-roman

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24 RUE SAINT SABIN75011 PARIS - 01 42 44 16 16

07/13 NOV 12Hebdomadaire Paris

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la rupture, c'est quand ?Que serait aujourd'hui une esthétique de la rupture?Nous avons rencontre des écrivains, des chorégraphes,des plasticiens. Et le cinéaste Christophe Honoré,qui monte la pièce Nouveau Roman. Il y met en scèneceux qui ont fait cette avant-garde.par Fabienne Anvers et Jean-Marc Lalanne photo Jean-Louis Fernandez

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edito

Répétitions,au CentQuatreà Paris,de NouveauRoman deChristopheHonoré, crééau Festivald'Avignon enjuillet 2012

"Aujourd'hui, est-ce qu'on estsensibles encore à la forme, à la façond'écrire, à quelque chose de neufdans la langue? Je ne suis pas sûre,je ne suis pas sûre." C'est sur cesparoles sceptiques que se clôt NouveauRoman, la pièce de Christophe Honoréretraçant le parcours du mouvementlittéraire éponyme. Plutôt qu 'uneréponse, la question en entraînede nombreuses autres. D'abord, unerupture esthétique doit-elle opérertoujours, au même endroit, erel'occurrence celui d'une autonomisationde la farme ? Plus fondamentalement,est-c j 2 l'idée de progrès en art,la vision d'une histoire avançantpar une succession de coups d'Étatesthétiques est toujours aussicontemporaine ?Le Nouveau Roman et la NouvelleVague sont peut-être en effet fes deuxderniers grands temps de cetteperception de l'histoire de l'art fléchéepar l'accomplissement de révolutions.La puissance mythologique de l'un etl'autre, la façon dont ces mouvementsont rayonné hors de leur champpour devenir des faits culturels majeursde leur siècle, la, force stratégiquepour ces artistes de s'être construitsen groupe, n 'a pas trouvé de mesurecommune dans le demi-siècle qui a suivi.Ce qui n'a pas empêché des artistestout aussi importants d'émerger, maisde façon plus isolée, sans cet effet debannière et de prise d'assaut.Quelle est aujourd'hui la possibilitéd'émergence d'une avant-garde ?Le scénario toujours un peu épiquede l'avant-garde (quèlques artisteséclairés qui font basculer un régimede représentation croupissant) n'est-ilpas lui-même à reconsidérer ? Commele suggèrent aussi bien le chorégrapheBoris Charmatz que fe directeur decentre d'art Xavier Douroux, la notiond'avant-garde est-elle plus opéranteaujourd'hui sur le terrain du socialque sur celui de l'esthétique ? Cesinterrogations, nous avons eu enviede les partager avec d'autres, écrivainset acteurs de divers champs artistiques,et bien sûr avec l'auteur de ce spectaclefervent, inventif et drôle, qui a initiécet ensemble, Christophe Honoré.

Jean-Marc Lalanne

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dossierDe gauche a droite :Alain Robbe-Grillet,

Claude Simon,Claude Mauriac,Jérôme Lindon,

Robert Pmget,Samuel Beckett,

Nathalie Sarrauteet Claude omer

devant le siège desÉditions de Minuit,

en 1959

Pendantles répétitionsde NouveauRoman,début juin,au CentQuatreà Paris

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Ils entrent sur scène d'un pas assuré, radieuxet triomphants. Ils sont jeunes et beaux.Face au public ils déciment leur nom AlainRobbe-Grillet, Claude Simon, Nathalie Sarraute,Michel Butor, Marguerite Duras Ce sontles écrivains du Nouveau Roman, revus parChristophe Honoré Presque un groupe dè rock,qui d'ailleurs, à intervalles réguliers, se metà chanter, danser, jouer de la guitare, dans

un tumulte joyeux, scénographie avec beaucoup devirtuosité. Maîs malgré ces atours pop et iconoclastes,le spectacle n'en est pas moins très didactique.Comme un exposé très pédagogique, clairementchapitré, nouant chaque trajectoire individuelle à celledu groupe. On y suit la progressive reconnaissancede chacun (du Renaudot de Butor en 1957 au Goncourtde Duras en 1984 puis au Nobel de Claude Simonen 1985), les mises à l'écart (Ollier jugé trop formalistemaîs soutenu par Robbe-Grillet, Pmget isolé parson homosexualité], les prises de distance (Duras,toujours un peu satellite], le noyau dur dindonl'éditeur, Robbe-Grillet le catalyseur), le grand absent[Beckett, etoile lointaine de Minuit, maintes fois évoquémaîs jamais représenté sur scène]

"Ce/a faisait un moment que je tournais autour deces écrivains J ai même commencé par adapter L'Annéedernière à Manenbad au théâtre Maîs je me suis renducompte que cela rn 'intéressait moins que de parlerdu groupe, de sa constitution. " Commence alors pourChristophe Honore un long travail de documentation,consistant, outre à lire ou relire chaque œuvre, àdépouiller des archives video de I INA, des interviewsaudio, des kilomètres d'entretiens dans la presse."J'avais ('impression de travaillera une mauvaise thèse,parce qu elle n'était pas angles. Le sujet allait venir après.Sur l'instant, je constituais la matiere à partir de laquellele texte allait prendre forme. " Le texte est en effet unesorte de cut-up de citations, juxtaposées et reécritesde façon à composer un dialogue. Sur scène, ce ne sontdonc pas des personnages qui s expriment, inspiresd'êtres humains ayant existé - le sujet Butor, le sujetSarraute -, maîs plutôt leur pensée incarnée "L'idéeétait de ne surtout pas faire un biopic. Je ne voulais pas queles acteurs ressemblent aux écrivains qu ils interprètentJe vais même jusqu'à faire jouer certains hommes,comme Lmdon ou Butor, par des actrices pour éviter toutmimétisme, compliquer l'identification. D'ailleurs, le récitcouvre cinquante ans maîs les acteurs ne jouent jamaisle vieillissement. Il ne fallait pas que ça ressembleà de la fausse vie, maîs qu'ilyait une part d'abstraction. "

ll y a forcément un paradoxe à accorder autantd'importance au parcours, certes pour I essentielintellectuel [les engagements esthétiques, politiques,etc.), maîs aussi en large partie biographique (lelibertinage de certains, I homosexualité de I autre),d écrivains qui ont tant travaillé à trancher les liensombilicaux entre les vies et les oeuvres des artistes."C'esf vrai que certains ont pu trouver ca un peu sacrilègeMême si, vraiment, je n'ai pas eu l'impression de fouillerles poubelles de leurs vies privées. Et surtout je n'aipas essayé d'éclairer l'œuvre par leur vie D'ailleursles œuvres, même si certaines d'entre elles sont très

la forme c'estle fond s redire celagrâce au NouveauRoman retrouveaujourd'huiune polémique"

importantes dans ma vie de lecteur, ne sont pas au centredu spectacle, on l'entend un peu. Ce qui m'intéressait,ce sont plutôt les intentions, les élaborations théoriques,les stratégies de conquête qui ont présidé aux œuvres.Ce qui m'intéresse, c'est le manifeste '

Maîs de quoi peut être manifeste l'échafaudagethéorique du Nouveau Roman7 Quel peut êtredans le paysage artistique contemporain son usagestratégique ? 'La nécessité de repasser par le formalismedu Nouveau Roman est liée au sentiment qu'on est revenu,particulièrement au cinéma, à une dictature du sujet.L'invention d'une forme n'est plus L'exigence Redire,grâce au Nouveau Roman, que la forme c'est le fond, qu'iln'y a pas d autre sujet à une œuvre que sa forme, retrouveaujourd hu: une valeur polémique Et puis ce qui mesemble tres fort dans le Nouveau Roman, c'est queses écrivains ont été les critiques de leur propre travail,ont consacre de nombreux textes à expliquer leur projetC'est ce qui manque, je croîs, aujourd'hui On est revenuà une conception romantique de lartiste qui est touchépar la grâce et ne sait pas ce qu'il fait S il commentesa propre pratique de façon trop précise, ça disqualifie unpeu son œuvre, ça passe facilement pour de la prétentionOn n'aime plus trop les artistes théoriciens. " >

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j'ai toujours l'envie decommuniquer ma passion pourd'autres œuvres que la mienne

ll y a une dimension épique dans la trajectoireque raconte Nouveau Roman. Cette irruption d'unegénération d'écrivains prenant le pouvoir sur le modede la rupture, du coup d'État esthétique, qui voueaux gémonies les pratiques de leurs aînés, estune sorte de scénario héroïque parfait, tout à faitgalvanisant. Et Honoré le restitue avec les yeuxde l'adolescent qu'il a été, emporté par ce mouvementde révolte des Modernes contre les Anciens.Un scénario qui trouve son parfait corollaire dansun autre mouvement artistique tout aussi constitutifpour le metteur en scène : la Nouvelle Vague. "C'esfvrai qu'il y a de ['héroïsme, de la révolte, du combatdans I un comme dans l'autre, et que pour cela, lorsquej'ai découvert les romans des uns, les films des autres,a l'adolescence, ça a immédiatement constitué unemythologie personnelle Ensuite, j'ai découvert aussiqu'il y avait beaucoup de dissensions entre les deuxDéjà parce que les cinéastes de la Nouvelle Vagueétaient réunis par leur vénération pour Balzac alors queles écrivains du Nouveau Roman étaient en lutte avecson œuvre Et puis Robbe-Gnllet n'aimait pas Truffaut, cesdeux groupes se sont peu fréquentés Sauf tardivementGodard et Duras, maîs a un moment où tous lesdeux s'étaient éloignés de leurs groupes respectifs '

Mais que serait aujourd'hui une esthétiquede la rupture? Quelle lutte commune peut fédérerun collectif d'artistes'' 'Ce scénario héroïque n'est pasreproductible aujourd'hui, me semble-t-il Ce n'est pasparce que j adore le Nouveau Roman que je vise le mêmetype de rupture D'abord, je ne me situe pas au mêmeendroit dans tous les champs artistiques où j'interviensEn littérature, j ai un vrai complexe, je n ai pas écritde roman depuis huit ans Dans le cadre de la littératurejeunesse, je pense en revanche avoir occupé une place.Ce que jai proposé a pu avoir une valeur de manifesteLe cinéma est le seul champ où j'ai le sentiment d'êtreun peu spécialiste, d'avoir une vue d ensemble un peuarticulée. En théâtre, je me sens par contre trèsinnocent Même si j'y vais beaucoup, surtout pour uncinéaste français (rires), j'ignore beaucoup de choses,maîs du coup ca me rend très libre Un spectacle commeNouveau Roman a peut-être été fait déjà 400 fois, maîsje n 'en sais rien Par ailleurs, j ai l'impression que lescinéastes de ma génération ont manque d'ennemiscommuns Quand nous avons débute, nous avons étéplutôt respectueux avec nos aînés - Téchmé, Jacquot -,très admiratifs de nos grands frères - Desplechm,Assayas Paradoxalement, les nouvelles générationssont plus combatives Je pressens que mon cinéma peutfacilement devenir la cible déjeunes cinéphiles, que jepourrais me faire bousculer pas de nouveaux arrivants.À la limite, tant mieux. Du coup, n 'ayant pas été portépar le désir d'abattre la génération précédente, j'ai lesentiment de me battre seulement contre moi. D'avoir

fait Dans Paris contre mes deux films précédents, monprochain contre Les Bien-Aimés, ete François Ozonfonctionne aussi comme ça je pense Ça en dit long surl'isolement et la solitude dè notre génération sansmouvement et sans collectif "

On pourrait ajouter que non seulement le cinémad'Honoré ne fait pas table rase de celui des générationsprécédentes, maîs qu'au contraire son moteur estl'adulation d'autres films, d autres oeuvres. Du cinémaau théâtre, il recompose une sorte d'autel de sespassions adolescentes, dans un souci très aigud'en prolonger la vie, de les réinjecter dans le présent.La réécriture des figures de la Nouvelle Vaguedans Dans Paris et Les Chansons d'amour, le NouveauRoman raconté comme dans une chanson degeste pop, manifestent un même désir effrénéde transmission "Quandj étais ado, dans les années 80,certains proclamaient l'amnésie Jai assisté à unerestauration, où il sag/ssait de disqualifier la NouvelleVague, le Nouveau Roman, Mai 68 Je pense en effetque la transmission est essentielle dans mon travail.Récemment, la cinémathèque de Toulouse organisait unemanifestation autour de mon travail et je devais présenterun de mes films J'ai préféré passer India Song.Je n'ai jamais été vraiment sérieusement un critique,je ne suis pas resté très longtemps aux Cahiers, maîsj'ai toujours l'envie de communiquer ma passion pourd'autres oeuvres que la mienne. Au cœur de ma pratiquede cinéaste, il y a la nécessité d'inscrire les filmsqui ont fait que je su/s devenu cinéaste " C'est peut-êtrela marque de la postmodernité de ne plus écrire oufilmer contre - dans un souci de rupture et de progres -,maîs plutôt de composer avec en réassortissanta l'infini ses objets d'élection.

La Nouvelle Vague, le Nouveau Roman Y a-t-ildans l'imaginaire d'Honoré des communautés plussecrètes, moins aux avant-postes de I histoire de l'art?'En travaillant sur Nouveau Roman, j'ai réalisé qu'en faitle vrai groupe essentiel pour moi, c'est celui des artisteshomosexuels que j'ai adoré ado et qui sont tous mortsdu sida Dominique Bagouet, Bernard-Marie Koltès,Serge Daney, Hervé Guibert, Jacques Demy. C'est ungroupe qui n 'a jamais existé, une communauté imaginaire,fantasmée Quand je suis arrivé à Pans, ils étaient tousmorts depuis peu Mes débuts se sont construits sur cemanque. " On est impatient de voir comment ce manquedonnera un jour, peut-être, l'occasion (sous la formed'un livre, d'un film ou d'une pièce9) d'une nouvellerevisitation par l'artiste de sa chapelle ardente. •

Nouveau Roman texte et mise en scene Christophe Honore,avec Brigitte Cavilon, Jean-Charles Cliche! Anais Demoustier,Julien Honore, Annie Mercier, Sebastien Pouderoux, MelodieRichard, Ludivme Sagnier, Mathurm Voltz, Benjamin Wangermee,du 7 au 10 novembre a la Mac de Créteil (www maccreteil com],du 15 novembre au 9 decembre a la Colline - Théâtre national,Paris XXe (www coUine.fr]

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En novembre 1996,a l'occasionde L'entrée dansla Pléiade del'œuvre de NathalieSafra ute, etquèlques moisaprès la sortiede Truismes, lepremier roman deMarie Darneussecq,Les Inrocksorganisaient undialogue entreles deux écrivaines

la théorie de la transgressionSynonyme de renouveau esthétique et de constitution d'un groupe,une avant-garde littéraire telle que le Nouveau Roman est-elleencore possible? Réponses de Michel Houellebecq, Mathieu Lindon,Marie Darrieussecq et Aurélien Bellanger.

On se souvient encore d'AlainRobbe-GnUet nous parlantdu Nouveau Roman lorsqu onallait l'interviewer. Pourlui, il s'agissait d un grouped'auteurs qu'il avait rassemblé

chez Minuit lorsqu'il y était conseilleréditonal tout simplement parce qu'ils netrouvaient pas leur place chez leurséditeurs respectifs Un critique duMonde, Emile Henriot, inventa le termede 'Nouveau Roman" pour qualifierLa Jalousie de Robbe-Grillet en 1957.Et ce n'est que plus tard, en 1963,que celui qu on surnomma le "pape duNouveau Roman" écrivit son manifeste,Pour un Nouveau Roman - sept ans aprèsle texte sans doute vraiment fondateurde cette avant-garde, /.Ère du soupçon,signé Nathalie Sarraute.

Avec Marguerite Duras, Claude Simonou Michel Butor, ils se retrouvaient autourd'une remise en question des poncifslittéraires de leurs aînés - le personnage,I intrigue - et pour une subjectivitédu flux de conscience dans l'écriture,qui révolutionna la littérature bien plusqu'elle ne la bloqua, comme le prétendentune poignée de pisse-froid - ceuxqui réduisent le Nouveau Roman à uneobjectivation neutre du monde Maîstout cela semble dater d'un temps oùtout était possible, y compris l'héroïsmerévolutionnaire en littérature. Près decinquante ans plus tard, ce type d'avant-garde peut-elle encore survenir"7

"Je ne croîs pas du tout en une histoirelittéraire séparée de lhistoire globale,nous répond Michel Houellebecq limeparaît normal que les avant-gardes

littéraires apparaissent à des époquesou I on croît, plus globalement, au progresC est particulièrement net dans le casdu Nouveau Roman, qui se produiten plein milieu des trente glorieusesll est non moins net que notre attitude parrapport au progrès est devenue méfiante- il suffit de penser au nucléaire, auxOGM Si l'on ajoute à cela la montée lente,historique, de I individualisme, qui rendles gens p!us réticents a se définir commemembres d un groupe - 'je suis moi ', etc. -,les chances d'apparition d une avant-garde littéraire aujourd'hui me paraissentfaibles À titre personnel, je ne sais passi je regrette, ou non, cette perte de foidans le progrès, il me semble quedans mes livres lc'est un de mes thèmes,c'est certain! coexistent des attitudescontradictoires En tout cas, la disparition

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du Nouveau Roman me peine beaucoupmoins que celle, discrète, de la science-fiction. Son dernier avatar fut l'éphémèrecourant cyberpunk; et puis la science-fiction a disparu, presque intégralement,des librairies, pour être remplacéepar/'heroïc fantasy. Et /'hernie fantasy,à l'exception de Tolkien - génie isolé -,très franchement, ca m'emmerde "

Qui dit avant-garde, du surréalismeau Nouveau Roman, dit "groupe",rassemblement autour d'un leader quien dicterait en amont ou en théoriseraita posteriori le postulat esthétique.Pour Marie Darneussecq, qui a toujoursbousculé les clichés de l'écriture dansses textes et fut proche de NathalieSarraute, "des groupes, je n'en vois pasà l'horizon. En revanche, vu de Létranger[États-Unis, Canada, Russie, Japon, Inde I,il existe une "French Touch", n'en déplaiseaux grincheux, y compris en littératureHonoré a raison quand il dit, je ne saisplus où, qu'il est plus difficile qu'à l'époquedu Nouveau Roman de "faire son grandécrivain", d;sons de tenir cette posturedans un discours et une attitude,parce qu'on n'est pas soutenu par ungroupe. Les grands écrivains il y en a,maîs plus isolés, donc plus vulnérablesBizarrement, le temps est revenude l'écrivain superbement isolé. D'ailleurs,l'époque est très romantique, trèssentimentale, doloriste, victimaire etpuritaine Maîs ça ne durera pas Le retourd'une certaine morale, alors que le mondea rarement été plus immoral, empêcheaussi l'aplomb, la confiance, l'optimisme,le culot nécessaires à l'émergenced'une avant-garde comme mouvement.Maîs des points d'avant-garde, desécrivains à l'avant-garde, il y en a. Uneavant-garde d'individus, en somme. "

Mathieu Lindon, fils de Jérôme Lindon,critique et romancier, qui a bien connules écrivains du Nouveau Roman, nevoit pas l'isolement de I écrivain commeun problème "Hy avait comme desconventions de iavant-garde, qui balisaientla facon dont iavant-garde devait apparaîtreet ce qu'elle devait remettre en question,ce qui permettait de facilement la repérer.Maîs tant de révolutions ont déjà eu lieuque iavant-garde aujourd'hui n'est plusforcément spectaculaire - elle peut existersans que beaucoup de monde la voie. Il n 'ya pas forcément un groupe pour mériter leterme d'avant-garde, Joyce y est parvenuà lui tout seul. Au demeurant, dansles romans de deux des auteurs majeursdes dernières décennies, Samuel Beckettet Thomas Bernhard, l'originalité

structurelle s'efface devant la forcedes textes ce n 'est pas par leur avant-gardisme qu'ils se sont signalés même s'ilsen sont chacun arrivés à signifier iavant-garde "Certes, maîs l'avant-garde tellequ'on la conçoit et dont on se souvient,qui marque l'histoire de la littérature,se doit de contredire les préceptesesthétiques de ses aînés, les transgresser.Transgresser le Nouveau Romanreviendrait-il à renouer avec unelittérature plus ancienne, pour tout direbalzacienne - tel qu'on l'a reprochéà Michel Houellebecq de la pratiquer?

Auteur d'un essai sur Houellebecqmais surtout auteur d'un premier romantrès remarqué, La Théorie de l'information,autour du devenir technique du monde,Aurélien Bellanger pense que "lecaractère exceptionnel du Nouveau Romantient à son caractère d'avant-gardepompidolienne c'est à peu près le mêmemodernisme que celui des grandsensembles, celui de Pierre Paulin ou deRoger Talion ll faut tuer le vieux mondebalzacien, quitte à brutaliser un peu lebourgeois Maîs c'est pour mieux le servir.Robbe-Gnllet invente ainsi une sexualiténouvelle, soft et transgressée, Durasmodernise sa façon de ressentir. fmiles soupirs dans des plafonds à mouluresdélicates, il faut qu'il adapte sa mélancolieaux plafonds blancs à angles droits.Des phrases courtes, articulées.Nécessairement Un ennui maîtrise Desplacards fonctionnels J'exagère à peinesi je dis qu'une bonne avant-garde c'estavant tout une bonne direction artistiqueÇa doit coller à l'ambiance du temps Lefutur aurait-il déserté le champ littéraire 7

Ce n'est pas sûr Une avant-garde existeà la jonction de ces deux champs,celui du progressisme désenchanté et del'enthousiasme techno-scientifique Lesfameuses notices techniques qu'affectionnéHouellebecq en sont l'exemple parfait Oules pages qu'il consacre, dans Plateforme,aux questions de stratégie industrielle, ouà la psychologie religieuse de l'actedachat ll ne s'agit pas de parodier le mondeindustriel ou postindustriel ll s'agit des'élèvera sa hauteur Comme, parfois,le Nouveau Roman semble y être parvenu".

Récemment, il fustigeait le NouveauRoman dans la presse C'est pourtant luiqui aura fait preuve de plus d'innovationromanesque récemment, en tentantune greffe entre passé et futur, entreroman balzacien et techno-vocabulaire,psycho-sociologie et notices Wikipédia :sa Théorie de l'information est un romanmutant. Nelly Kaprièlian

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GRAZIA48 RUE GUYNEMER92130 ISSY LES MOULINEAUX - 01 41 33 50 00

09/15 NOV 12Hebdomadaire Paris

OJD : 179032

Surface approx. (cm²) : 567N° de page : 151

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THEATREDÉCRYPTAGE

LE « NOUVEAU ROMAN »ÀLAPAGE

LUDIVINE SAGNIEREST... NATHALIESARRAUTEDes théories, des vannes, desclashs C'est avec une libertésidérante que ChristopheHonoré met en scène ces«nouveaux romanciers»,incarnés par ses acteursfétiches Ludivine Sagnier,solaire et ultrachic, campe uneNathalie Sarraute pourtantréputée pour son austéritéEt lorsque le public est invitéà poser des questions auxécrivains au milieu de la pièce,elle est souvent sollicitée«On l'interroge sur Enfanceou sa relation avec Beckett,explique Anais DemoustierOn peut avoir des surprisesà Avignon, c'est CatherineRobbe-Gnllet elle-même quilw a posé une question '»

L'ACTRICE ANAIS DEMOUSTIER COMMENTEPOUR GRAZIA LE BOUILLONNANT CASTING DELA NOUVELLE PIÈCE DE CHRISTOPHE HONORÉ,CONSACRÉE AU FAMEUX GROUPE LITTÉRAIREDES ANNÉES SO. For £« Beoura/let

ANAÏS DEMOUSTIEREST... MARGUERITEDURASDuras, c'est un peu«l'outsider» du groupe quiécoute les débats sur la mortdu roman balzacien, maîsreste à distance «Rien quel'idée d'une théorie sur leroman la fait rigoler», rappelleAnais, qui s'amuse beaucoupavec son personnage«Comme on se la représentetoujours vieillissante, avec soncol roulé et ses lunettes, ledécalage avec moi est drôlell souligne surtout le partipris de Christophe, qui, en nenous costumant pas, a vouluêtre à rebours du biopic, ettrouver le mi-chemin entreles écrivains et nous »

JULIEN HONORÉ EST...CLAUDE MAURIACMaîs pas seulement «Julien s'acquitteadmirablement d'une tâche difficileouvrir le spectacle en disant qu'il estle frère du metteur en scène, dont il vanous expliquer le rapport au nouveauroman » Avant d'endosser le rôlede ce Claude Mauriac assez énigmatiquepour le profane «C'était un critiqueinfluent Robbe-Gnllet trouvait qu'iln'avait rien à faire avec eux, maîs qu'ilfallait s'entendre avec lui '» Un petitarrangement qui souligne l'ambiguïtédu groupe dans son rapport à lareconnaissance et la notoriété

SEBASTIENPOUDEROUX EST...CLAUDE SIMONLe passage préféré d Anais?Le long monologue deSébastien sur l'expériencede la guerre Savouronsaussi ce «Alain, tum'emmerdes1» bienchaloupé, lancé parun Simon exaspéré parle côté «scout toujours»de Robbe-Grillet «Dansla pièce, ce dernierorganise des réunionstrès entrepreneur/aiesil veut chercher un blason,une devise Et quandil propose de rédiger undictionnaire du nouveauroman, Simon claquela porte, suivi de prèspar Sarraute »

NOUVEAU ROMAN,texte et mise en scenede Christophe Honore,du 15 novembre au9 decembre au Theâtre

I de la Colline Paris 2Vwww colline fr

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25 AVENUE MICHELET93408 SAINT OUEN CEDEX - 01 40 10 30 30

20 NOV 12Quotidien Paris

OJD : 183571

Surface approx. (cm²) : 262N° de page : 32

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âswmgue,le « Nouveau Roman »THÉÂTRE. Le réalisateur Christophe Honoré fait revivre sur scène les écrivains desannées 1950, incarnés par Ludivine Sagnier et d'autres. Une pièce drôle et sexy.

N on, « Nouveau Roman » n'estpas un pensum intello etbarbant sur ces écrivains qui,à la fin des années 1950, ontdécidé de supprimeras per-

sonnages et l'intrigue de leure livres.Dans la pièce de Christophe Honoréqui vient de s'installer au Théâtre de laColline à Paris, après avoir triompheau Festival dAvignon, ces auteurs, pasréputés pour leur sens de la gaudriole,se révèlent sympas, drôles, sexy.Dans un immense décor en estradesdélicieusement sixties, ces rebelles dela littérature francaise dansent, boi-vent, se chamaillent, chantent. On aenvie de s'en faire des amis. AlainRobbe-Grillet (Jean-Charles Clichet,hilarant) se balade en bermudas, Na-thalie Sarraute (Ludivine Sagnier, belleà tomber) est juchée sur des talons

hauts, Michel Butor et l'éditeur Jé-rôme Lindon sont joués par desfemmes, Brigitte Catillon et Anne Mer-cier. Cela pourrait être bizarre, maistous sonnent parfaitement justes.

Resserrée sur deux heures,la pièce serait une perfectionLa bonne idée de Christophe Honoré,réalisateur des « Chansons d'amour »et des « Bien-aimés », c'est de ne pasavoir cherché la ressemblance. L'ac-trice Anais Demoustier n'a rien à voiravec Marguerite Duras, son col rouléet ses grosses lunettes, mais dès qu'elleouvre la bouche, on y croit. Etlorsqu'elle chante la sublime chansond'« India Song », on tombe sous lecharme. Dans le double rôle deClaude Ollier et de Francoise Sagan(qui, elle, était aux antipodes du Nou-

veau Roman), lejeune Benjamin Wan-germee est prodigieux.Ce parti pris de légèreté et de proximiténe veut pas dire qu'on ne parle paslittérature. Projetés sur des écrans detélé, des interviews de Philippe Sollers,Marie Darrieussecq ou MathieuLindon assurent le côté « pédago » del'affaire. La seule erreur d'Honoré, c'estde ne pas avoir su couper. A Avignon,la pièce durait trois heures et demie etn'en finissait plus. AParis, on annoncequarante minutes de moins, sans en-tracte. Resserrée sur deux heures, lapièce serait une perfection.

THIERRY DAGUE

• « Nouveau Roman », jusqu'au9 décembre au Théâtre de la Colline,Paris XXe. De 14 à 29 €.Tél. 01.44 62.52.25

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35 RUE GRENETA75002 PARIS - 01 55 34 45 00

20 NOV 12Quotidien Paris

OJD : 424322

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Toute La troupe de la pièce Nouveau roman,avec Ludivine Sao ni e r a droite. JEAN-LOUIS FERNANDEZ

ThéâtreFranchement, on ne s'attendait pas àce qu'Alain Robbe-Grillet nous fasseplier de rire. Pas plus que de décou-vrir Marguerite Duras sous le douxminois d'Anais Demoustier, ou devoir Jérôme Lindon, patron desEditions de Minuit et découvreurde Beckett, campé par Annie Mer-cier, en lunettes noires etConverse rouges Cauchemar delecture pour bien des fous de litte-rature, le Nouveau Roman vu par

Christophe Honoré devient drôle,captivant, instructif sans en avoirl'air.

Des faits réelsFaut il brûler Balzac ? Oublier

l'intrigue, les personnages, ne plusse souder que de la forme ? Lesgrands noms du Nouveau Romanviennent défendre leur dogme surscène comme un groupe de révo-lutionnaires. Ils sont tous làButor, Simon, Sarraute, Pinget,

Ollier, sous les traits de comédiensn'ayant aucune ressemblance aveceux Ce mouvement littérairequ'on croyait daté devient nonseulement plus proche, mais tota-lement contemporain. Tout estvrai au fond, les relations d'amour-hame, les oeuvres, les récompenses. Car il y en eut • des Renau-dot, des Goncourt, même des prixNobel, pour Claude Simon, en1985. Maîs ce sont surtout deshommes et des femmes qu'on voit

s'étreindre et s'écharper, des genspour qui écrire est plus importantque vivre, avec leur vanité et leuringratitude, qui en font de vraispersonnages de théâtre Les ambi-tions et l'opportunisme de Robbe-Gnllet forment une constantecomique dont on ne se lasse paspendant les trois heures que durele spectacle.

Apprendre en s'amusantSur scène, seul le décor rappelle

les sixties, âge d'or du NouveauRoman Les comédiens (LudivineSagnier, Julien Honoré) s'endonnent à cœur joie ChristopheHonoré dose avec intelligencel'anecdote, l'humour et la dis-tance. C'est un passionné de Duraset de sa bande et cela se sent. Sur-tout, il sait de quoi il parle quandil évoque l'essentiel : ce qui pousseun écrivain, cet être incompris, àécnre. Et, plus on le prend ausérieux, plus on peut en rire.

• JENNIFER LESIEURJusqu'au 9 décembre au theatre de La Colline,15 rue Malte Brun, XX'. Du mardi au samedi,a 20 h 30, de 22 a 31,90 euros

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Nouveau Roman Théâtre de la Colline (Paris) novembre 2012

Spectacle écrit et mis en scène par Christophe Honoré, avec Brigitte Catillon, Jean-Charles Clichet, Anaïs Demoustier, Julien Honoré, Annie Mercier, Sébastien Pouderoux, Mélodie Richard, Ludivine Sagnier, Mathurin Voltz et enjamin Wangermée.

Au début des années 60, les arts se voulaient placés sous le signe de la nouveauté, la nouveauté au sens ambitieux d'avant-garde moderniste conçue comme une opposition radicale impliquant une rupture définitive avec la forme existante.

La Nouvelle Vague pour le cinéma, le Nouveau Réalisme en peinture, et, en littérature, le Nouveau Roman avec quelques écrivains regroupés autour de leur éditeur Jérôme Lindon, fondateur des Editions de Minuit, dont Christophe Honoré a entrepris, à partir d'une écriture de plateau, de retracer leur aventure sans postérité articulée par la problématique littéraire de la forme avec le rejet de l’illusion réaliste.

Dans un plateau transformé en vaste salle qui tient de l'amphithéâtre d'université et d'hémicycle conçu par Alban Ho Van, qui a poussé le détail jusqu'au sol avec un décor inspiré des motifs des pavements en faïence polychrome du 16ème siècle pour évoquer la rue Bernard Palissy siège de leur éditeur, les élus autoproclamés de l'avant-garde littéraire sont tous là pour papoter, chanter et pontifier.

Si manque à l'appel Samuel Beckett, "l'intouchable" canonisé par Jérôme Lindon solidement campé par Annie Mercier, lunettes noires et converse rouge, les autres sont venus : Claude Simon (Sébastien Pouderoux) qui dit un passage de " son roman sur la seconde guerre mondiale "La Route des Flandres" et chante "'La californie" de Julien Clerc, Claude Mauriac (Julien Honoré), l'austère et sèche Nathalie Sarraute embellie par Ludivine Sagnier et le vaniteux Michel Butor (Brigitte Catillon).

Et puis, Alain Robbe-Grillet (Jean-Charles Clichet en tenue de boyscout), qui voudrait bien siéger à la droite du dieu Beckett et tente désespérément de transformer leur réunion en conclave pour être reconnu comme le pape du nouveau

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roman.

Bien sûr ils se bisoutent à qui mieux mieux comme les jetsetters d'aujourd'hui et partagent la soupe aux poireaux magnifiée par Marguerite Duras (à qui Anaïs Demoustier redonne sa beauté juvénile) directement de la gamelle au bol comme à la cantine mais ils n'en demeurent pas moins des écrivains bourgeois individualistes dont aucun ne veut se plier à un dogme qu'ils ont d'ailleurs bien du mal à définir.

Comme le dit la fine mouche Catherine Robbe-Grillet (Mélodie Richard dont le jeu révèle subtilement une épouse "soumise" mais éminence grise du couple), le nouveau roman est un panier de crabes.

Leurs réunions montrent que leurs seuls points d'accord consistent à décréter la mort du roman balzacien, allant jusqu'à procéder à l'autodafé des oeuvres des auteurs contemporains qui le pratiquent encore, et d'aspirer à être "les monuments les moins contestables de leur époque", ce qui fait que leur regroupement ressortit davantage de la stratégie promotionnelle que du chorus doctrinaire.

Individualistes et narcissiques, ils sont également mesquins et méprisants quand ils excommunient Claude Ollier pour non respect de l'apolitisme (pétulant Benjamin Wangermée) et stigmatisent l'homosexualité de Robert Pinget (Mathurin Voltz).

Cela étant, le spectateur néophyte en apprendra peu sur ces hommes et femmes comme sur leurs oeuvres puisque Christophe Honoré n'a pas souhaité s'engager sur la voie du biopic et indique que les personnages seront les écrivains mais sans souci de vraisemblance ni d'incarnation. En conséquence, la partition se présente comme une comédie satirique sur l'égo(tisme) de l'écrivain et les querelles de clocher.

Scandé par quelques dispensables vidéos, interviews d'écrivains contemporains qui livrent leurs réflexions, bien pauvres, sur ce mouvement au demeurant sans postérité, intitulé tout simplement "Nouveau Roman", le spectacle, à défaut d'intrigue et de dramaturgie, est (trop) long - trois heures sans entracte et donc sans échappatoire possible pour les milieux de rangs - souvent inutilement bavard, Christophe Honoré aime trop les comédiens, et pâtit des faiblesses intrinsèques à l'écriture de plateau.

A inscrire à son actif, l'intérêt de la démarche, l'investissement des acteurs, qui ont été partie prenante dans son élaboration, et le foisonnement juvénile sur le plateau où s'affrontent remue-ménage et remue-méninges. MM

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Réjouissant Nouveau roman de Christophe Honoré Au dernier Festival d’Avignon (voir ICI), Christophe Honoré et un casting de rêve faisaient l’évènement avec « Nouveau roman », dans lequel ils entreprenaient, avec audace et désir, de faire revivre les grandes figures des Editions De Minuit. Repris en ce moment à la Colline à Paris, le spectacle reçoit le succès qu’il mérite tant il est plein d’esprit, brillamment monté et fort bien joué. Il s’y déploie, sans excès de didactisme, une pensée vive, drôle, sérieuse, enjouée, impertinente, jamais ampoulée heureusement, qui passionne de bout en bout.

Butor, Mauriac, Robbe-Grillet, Simon, Pinget, Duras, Sarraute… ils ont évidemment tous existé et sont devenus, grâce à la folle entreprise de Christophe Honoré, des personnages de théâtre pris en charge, réinventés et honorablement défendus par d’excellents acteurs qui ne leur ressemblent en rien, qui n’ont ni l’âge, ni l’aspect physique, ni même le sexe parfois de leur rôle. C’est une des très bonnes idées du spectacle qui ne donne pas dans la composition ni dans le mimétisme laissant la vulgaire recherche d’authenticité aux biopics. Cela fonctionne formidablement.

Ces auteurs majeurs de la seconde moitié du XXe siècle sont, pour beaucoup, déjà oubliés ou ignorés. Peu importe, ils sont des hommes et des femmes qui se revendiquent justement comme étant de leur temps. Mieux que cela, ils l’ont marqué, par l’insolent talent avec lequel ils ont fait leur révolution littéraire et soutenu un propos singulièrement avant-gardiste, exigeant, libertaire. Peu soucieux du bon goût, irrespectueux des grands maîtres, incommensurablement orgueilleux, ils ont en horreur le réalisme du roman classique et se proclament les meilleurs écrivains français. Ils sont des phénomènes qui paraissent presque trop sympathiques dans la manière dont les présentent Honoré et ses acteurs mais comment leur en vouloir. Toute la distribution, dont font partie Anaïs Demoustier, Ludivine Sagnier, Mélodie Richard, Sébastien Ponderoux, Mathurin Voltz pour n’en citer que quelques uns, irradie et séduit. Sous leur traits, les écrivains du Nouveau roman sont attirants et touchants, gais et tristes, légers et profonds, ils apparaissent comme des gamins potaches et des activistes géniaux. Complice et directif, Jérôme Lindon est aussi de la partie. Le directeur des Editions De Minuit, l’homme qui a publié Beckett refusé dans toutes les maisons d’édition, est joué par une actrice de poigne, Annie Mercier avec une bonhomie et une autorité qui font mouche. Personnages et comédiens partagent un non conformisme et un gout du risque qui sont leur terrain de jeu commun.

Le nouveau roman est un courant qui se forme en groupe, en collectif, cela se dégage immédiatement de la très belle troupe d’acteurs qui se présente devant nous, mais il se compose néanmoins de personnalités très dissemblables et aux caractères bien trempés, cela est bien montré. On passe sur les quelques longueurs d’un spectacle qui dure 2h50 sans entracte et d’autres éléments finalement anecdotiques tant on a adoré la vie qui règne sur le plateau. On y crie, chante, danse, clope, boit, et surtout on y parle à l’infini. Des conversations à battons rompus ou des monologues, des moments de convivialité, d’amitié, pourquoi pas de drague, des prises de becs mémorables aussi… c’est tout ce qui donne au spectacle sa fraîcheur et sa dimension humaine. Ces gens s’aiment comme ils se jalousent, s’admirent ou se trahissent en se tirant dans les pattes. La légende de l’auteur dans sa tour d’ivoire n’est plus de mise. Honoré réussit une démythification redoutable et enjouée de la figure de l’écrivain.

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Allegro Théâtre mercredi 21 novembre 2012

Nouveau Roman de Christophe Honoré

Pour peu qu'on ait la passion de la littérature ce spectacle, qui met en scène l'éditeur Jérôme Lindon et les écrivains qu'avec un flair infaillible il avait rassemblé sous sa bannière, ne peut que charmer. D'autant qu'il balance entre la drôlerie et le sérieux. Il est évidement piquant de voir ces grands noms que sont Claude Simon, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Robert Pinget, Alain Robbe - Grillet, Michel Butor qui, à en croire les médias, appartenaient tous à un même cénacle baptisé le Nouveau Roman, se gausser les uns des autres. Ces auteurs n'ont, on s'en doute, pas l'échine souple. Monstres d'égocentrisme - comme le romancier Alain Fleischer qualifie certains d'entre eux, au cours d'un entretien filmé - ils ne pensent, comme on dit aujourd'hui, qu'à leur pomme. Et à leur incontestable talent. Les préjugés savants et les dérives autoritaires d'Alain Robbe Grille ont le don d'exaspérer ses pairs. Jérôme Lindon est accusé tantôt par Butor plus tard par Duras de faire sur le dos des auteurs de plantureux bénéfices. Editeur de génie aux idées arrêtées, il rejette Claude Ollier dont il trouve l'oeuvre négligeable et les préoccupations politiques trop présentes. Ollier ne digèrera pas l'outrage. Personnalité à multiples facettes, Lindon éditera La question d'Henri Alleg qui lui vaudra d'avoir son appartement plastiqué. Il signera aussi, et fera signer par ses auteurs, la déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie nommée le Manifeste des 121, Christophe Honoré, qui signe et le texte et la mise en scène de cet hommage tout ensemble émerveillé et caustique à une époque faste de la littérature française, rappelle que leur judéité valut à Jérôme Lindon comme à Nathalie Sarraute d'avoir sous l'Occupation été en danger de mort. Honoré, comme il le fait dans ses films, interrompt le déroulement du spectacle en faisant égrener aux comédiens des chansons plutôt guillerettes ou en les faisant danser. Convaincu que nos identités sexuelles sont indécises, il fait jouer à des actrices telles que Annie Mercier et Brigitte Catillon des rôles masculins. La première impose sa majesté mature dans le rôle de Jérôme Lindon, la seconde incarne Michel Butor. Il est aussi une séquence délicieusement cocasse où Benjamin Wangermée se glisse dans la peau de Françoise Sagan. On sait par ailleurs gré au metteur en scène d'avoir laissé l'ombre de Beckett, que Lindon plaçait plus haut que tous, planer sur la représentation. Quelques représentants du sérail littéraire d'aujourd'hui apparaissent sur de petits écrans et rappellent que ces auteurs qui, Butor et Ollier exceptés, se sont effacés du paysage, ne pourraient, à la si frileuse heure présente, plus trouver de maison d'édition susceptibles de les accueillir. Ce dont on ne doute pas. Jusqu'au 9 décembre La Colline tel 01 44 62 52 52 !

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16 RUE DU QUATRE SEPTEMBRE75112 PARIS CEDEX 02 - 01 49 53 65 65

23/24 NOV 12Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 842N° de page : 11

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RENCONTRELe cinéaste, romancier et homme de théâtre est constamment à laffiche, mais évite lepiège de la surmédiatisation. Alors que sa pièce « Nouveau Roman » se joue pendant unmois à Paris, lartiste pluriel et générationnel se confie sans modération. Par Philippe chevii

ChristopheHonoré,la loi du désir

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16 RUE DU QUATRE SEPTEMBRE75112 PARIS CEDEX 02 - 01 49 53 65 65

23/24 NOV 12Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 842N° de page : 11

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I l est partout Dans les librairies, avecses livres pour enfants et ses romanspouradultes Surlesecrans.enDVD,avec ses films « chantants » Et au

theàtre, avec ce « Nouveau Roman » al'affiche du theâtre de la Colline a Paris(jusqu au 9 decembre) apres avoir fait lebuzz a Avignon cet ete Quand ce n'estpas lui la vedette, ce sont ses acteurs féti-ches qui squattent la scène Louis Garrel,dans « Le Retour », Rasha Bucvic dans« La Rose tatouée » De la a parler d une« generation Honore »

Pourtant l'artiste la joue plutôt Chris-tophe quand il s'assoit a la table d'un cafedu 11e arrondissement, a deux pas dechez lui Quadra sympa, discret, attentif,pas du genre a regarder autour de lui sion le reconnaît Tenue sportswear,barbe de trois jours et des poussièresPour mieux passer incognito ' « J'aime-rais être comme ces musiciens electro quiportent un masque en permanence »Affaire de timidité « Dans les milieuxpaillettes du cinema, j'ai toujours un peul'air de la cousine de province », plaisantece Breton de Paris Maîs surtout affairede conviction «Le 'show off" et letravail, ça ne s'accorde pas »

Christophe Honore sait ce que travailveut dire, lui, qui cultive la transversalite,sa marque de fabrique et sa meilleureprotection En se dispersant, il cree « a lamarge » dans toutes les disciplines et ris-que moins d'encaisser des coups Avantde se lancer dans le septième art, il s étaitfait beaucoup d'ennemis, fustigeant dans« Les Cahiers du cinema » un certain stylefrançais bien pensant (a la Guediguian)Maîs quand il s'est mis derrière la camera,la sincérité de ses films, citant Demy etTruffaut, a desarme les grincheux Autheâtre, apres une mise en scene rock androll un brin controversée du dramed'Hugo « Angelo, tyran de Padoue » en2009, il a séduit pratiquement toute la cri-tique avec sa relecture débridée etjoyeusedu « Nouveau Roman » en 2012

On lui reproche d'être bobo ' « Bour-

geois boheme, c'est une façon de dire qu onhérite de nos parents, maîs qu'on ne veutpas vivre comme eux » Bobo assumedonc maîs avec un sérieux bémol sur sonstatut d'héritier « Mes parents étaient depetits artisans, pas de grand bourgeois »Christophe Honore est bien dans son epo-que en tout cas Un film comme « Chan-sons d amour », avec son « Pans de fic-tion », ses amours libres et sesritournelles « pop inde » est devenu « unviatique, un signe de reconnaissance pourcertaines personnes »

Plutôt oursArtiste generationnel, il ne se considèrepas comme « branche » « Ma vie nocturneest tres limitée, je suis plutôt ours » Quandil ne travaille pas (c'est rare), il « pratique »l'amitié « Je suis fidèle a mes proches Jem'occupe de mafille » Et quand lise rend aucinema (« voir le travail des autres, une dis-cipline de vision ») ou au theâtre (« pourdecouvnrdenouveauxmetteursenscene»),c'est encore du travail Les cocktails mon-dains ne l'amusent guère «Jai toujours lecomplexe du provincial Je ne sais pas com-ment m'habiller et je m'y ennuie vite »

Tout paraît simple, carre, chez Christo-phe Honore Maîs d'où lui vient cette enviede toucher a tout ' D'abord des hasards dela vie Adolescent, il veut être cinéasteMaîs quand il s'installe a Paris a vingt-cinqans, il sait que son rêve va mettre du tempsa devenir réalité Comme il a une bonneplume et qu'il a beaucoup fréquente lescolos, il commence a écrire des livres pourenfants, puis, poussé par l'ecnvame Gene-vieve Ensae (directrice de collections aL'Ecole des Loisirs), des romans pouradultes « En cinq ans j'ai beaucoup écritcinq ou six livres pour enfants, troisromans, une piece de theâtre » Lorsqu'ilréalise enfin son premier film a trente ans,il n est plus le même « Je ne peux plus etreun cinéaste pur » Trop respectueux de lalitterature désormais pour concevoir desscénarios calibres, il construit ses histoi-

res comme des romans

Comme une pierre qui rouleII écrit tres tôt pour le theâtre, maîs l'idéede mettre en scene lui vient plus tard« Angelo, tyran de Padou » d'Hugo luipermet d'évoquer le romantisme en liveSon choix de mettre en scene « NouveauRoman «répond a une autre nécessite Enfaisant beaucoup de cinema, il a mis entreparenthèses son travail de romancier « Jepeine actuellement sur l'écriture d'ungrand livre », reconnaît-il « Fautedesortirun nouveau roman, j'ai cree un spectaclesur le ' nouveau roman". »

Ce n'est pas seulement un gimmick,L'artiste pluriel est entre en litterature parSarraute et Duras Fidèle a sa vocation de« transmission », il s'est dit qu'une formethéâtrale vivante. et legere serait lameilleure façon de mettre a bas les ideesreçues les côtes mecaniques et froidsqu on prête au nouveau roman - en réalité,une litterature de combat contre les con-ventions de la fiction, « qui affirme la pri-mauté de la forme »

Plutôt que la recherche d'un bon sujet,c'est le « désir » qui anime ChristopheHonoré le désir de cinema qui nourrit ledésir de litterature et de theâtre, et ainsi desuite «C'est comme une pierre quiroule » Cette pluridisciplmante n'est pasqu'une singularité d'artiste «Dans tous lesmetiers aujourd hui, on bouge Je suis aussile produit d'un contexte social »

Nous, on aime bien zapper dans l'œuvrede Christophe Honore revoir le couplemère-fille bouleversant forme par ChiaraMastroianni et Catherine Deneuve dans« Les Bien-Aimes » , relire les pages pro-vocantes de « La Douleur », s'embarquerdans l'aventure folle dê « NouveauRoman » En attendant la suite une miseen scene d'opéra (« Le Dialogue des car-mélites »), des films forcement et puisun jour, son nouveau roman, a lui Lapierre n'a pas fini de rouler •

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16 RUE DU QUATRE SEPTEMBRE75112 PARIS CEDEX 02 - 01 49 53 65 65

23/24 NOV 12Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 842N° de page : 11

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S ES DATES

Apres Avignon I ete dernier,« Nouveau Roman «estàl'affichedu théâtre de la Colline, à Paris,jusqu'au 9 décembre (critiquesur lesechos/tv et surlesechos.fr/lifestyle). Photo Jean-Loufs Fernandez

1970 Naît a Carhaix, puis grandità Rostrenen, dans les Côtes-d'Armor.Perd son père a l'âge de 15 ans.

1995 Après des études de cinémaà Rennes, installation a Pans.

1996 Sortie de son premier livrepour enfant :« Tout contre Léo »

1997 Premier roman, « L'Infamille ».

1998 Première piece de théàtre .« Les Débutantes ».

2001 Premier court-métrage.« Nous deux »

2002 Premier long-métrage :« 17fois Cécile Cassar ».

2007 Sortie du film « Chansonsd'amour ».

2009 Au theâtre mise en scèned'« Angelo, tyran de Padou »

2011 Film « Les Bien-Aimés ».

2012 Au théàtre. « Nouveau Roman »(mise en scène),» La Faculté »,« Unieunesetue ».

OFF

Votre addiction du week-end ?« Le sommeil... et pas seulementle week-end... Je suis un gros dormeuret j'incite régulièrement ma fille à fairela sieste. »

Une musique pour entrer en transele lundi?« Francis Poulenc. Comme je doisfaire la mise en scène du "Dialoguedes carmélites" pour l'Opéra de Lyonen 2013, j'écoute tout le tempsce compositeur en ce moment. »

Un chef-d'œuvre qui vous endort ?« Bob Dylan m'a toujours endormi ».On a beau être « like a Rolling Stone »...

La pièce honteuse de votre Vestiaire ?« Les sweets à capuche. J'en ai plusieurset je me dis qu'à mon âge je suissans doute trop vieux pour les porter... »

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LE MONDE CULTURES&IDEES80 BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI75707 PARIS CEDEX 13 - 01 57 28 20 00

24 NOV 12Hebdomadaire Paris

Surface approx. (cm²) : 756N° de page : 13

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CULTURE & IDÉES

La photographiequi immortalise

le Nouveau Roman :Alain Robbe-Crillet,

Claude Simon, ClaudeMauriac, Jérôme Lindon,

Robert Pinget, SamuelBeckett, Nathalie

Sarraute et Claude Ollierdevant le siège desEditions de Minuit,à l'automne 1959.

OONDERO/ED UINUIT/IEEMAGE

S'affranchir du visibleDans la pièce « Nouveau Roman », Christophe Honoré s'est écarté de toute

ressemblance physique avec les écrivains de ce mouvement littéraire. Explications

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Les acteurs de « NouveauRoman », sur la scene

du Théâtre de la Colline,a Paris. ChnstopheHonore brouille

les sexes Jérôme Lindonest incarne par Annie

Mercier (lunettes noires),Michel Butor par BrigitteCaution, Françoise Sagan

par BenjaminWengermee

Et la sexy LudivineSagnier joue Nathalie

Sarraute, quine se trouvait pas jolie.

JEAN LOUIS TERNANDEZ

MONUMENT MOINS CONTESTAB1E

•jA V O I R

«NODVEAD «OMAN»de Chnstophe Honore

Theatre nationalde la Colline ls, rue

Malte Brun Paris 20'Tel oi 44 62 52 52

Du mercredi au samedi,a 20 h 30 mardi

a lg h 30 dimanche,aishjo

Entree dei4!a2g!Jusqu au 9 decembre

BRIGITTE SALINO

La scene se passe a Avignon, en juillet CatherineRobbe Grillet vient d'assister a Nouveau Roman,le spectacle de Chnstophe Honore qui raconte,sur le mode dè la comedie, I histoire du mouve

ment litteraire français le plus importantde la seconde moitié du XXe siecle Elle s'estvue, sur le plateau du lycee Saint Joseph,incarnée par Melodie Richard Elle a aussivu son man, Alain Robbe-Gnllet, et lesautres membres du mouvement, autourde Jerôme Lindon, le directeur des Editionsde Minuit Elle les a suivis pendant presquequatre heures, a discuter, s'aimer, a s'echarper, se jalouser, dans un decor qui évoqueune salle d'université ou un tribunalkitsch, avec, en fond, un minuscule espacevitre, le bureau de Lindon, ou est epingleeune photo de Samuel Beckett, I obnubilantabsent de ce Nouveau Roman repris auTheatre de la Colline, a Pans

Catherine Robbe Grillet aurait pu sauter sur son siege en se voyant froufrou-

tant derrière son man ambitieux qui luidit « Castor, faisons barrage » Elle auraitpu être choquée par les blagues culmaires, les thérapies de groupe, les airs derock et la salsa Tout cela, Michel Butor, leseul survivant du groupe avec ClaudeOlher, a refuse de le voir II était pourtanta Avignon, ou Catherine Robbe Grillet adit, apres le spectacle « Tout est vrai, maîsje ne reconnais rien »

Christophe Honore n'aurait pu souhaiter mieux Car e est exactement ce que lecinéaste, romancier et metteur en scene avoulu faire ne pas chercher la ressemblan-ce, physique notamment, qu'une photoculte a fixée pour la postérité du NouveauRoman Due a Mario Dondero, un photo-graphe de presse a qui l'avait commandéeun mensuel culturel italien, cette image aete prise a l'automne, en 1959, devant lesEditions de Minuit, au 7, rue Bernard-Pahs-sy, a Saint Germain des Pres

De gauche a droite, elle réunit Alain Robbe-Gnllet, Claude Simon Claude Mauriac,Jerôme Lindon, Robert Pmget, Samuel Beckett, Nathalie Sarraute et Claude Olher Bec-kett pose son regard sur son ami RobertPmget A côte d'eux, Claude Sarraute setient sagement, maîs ses pieds, bizarre

ment croises trahissent le fait qu'elleattend depuis un moment Jerôme Lindona le regard tendu vers le bout de la rue ilespère que Michel Butor va arriver Pourl'éditeur, e est essentiel Michel Butor, quia reçu le prix Renaudot pour La Modification, en 1957, et vendu plus de 100000exemplaires, représente le fer de lance duNouveau Roman

« Tout est vrai, maisje ne reconnais rien »

CATHERINE ROBBE-GRILLBT

Michel Butor am ve maîs trop tard II estdonc absent de la «photo du siecle » comme on I appelle la seule a officialiser unmouvement litteraire Son aspect improvise peut faire croire qu elle doit beaucoupau hasard Maîs Jerôme Lindon a bienmesure l'intérêt qu'il y a a donner unedimension «classique» au NouveauRoman D'où la presence de Beckett, quelui seul peut convaincre de poser II saitqu il est I' « immortel » du groupe, alors que

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les tirages de ses œuvres ne dépassent pasalors 2 500 exemplaires

C'est précisément a cause de ce côte«immortel» que Beckett est absent duspectacle, d'une maniere quasi religieuseon ne représente pas Dieu «Ce n'était paspossible», dit Christophe Honore Maîspour les apôtres, il n'y a pas de tabous«Des le début, ie savais que des hommesseraient incarnes par des femmes »

Jérôme Lindon est ainsi une femme massive aux lunettes noires et a la voix defumeuse Annie Mercier Pourquoi elle?

«Je voulais travailler avec cette actrice,maîs je ne savais pas quoi lm f aire jouer Jeme suis rendu compte qu'elle représentaitle "contretemps" absolu de Lindon, quiétait tres grand et mince Elle pouvait aussi,en tant que femme, traduire le côte maternel de l'éditeur »

Même chose pour Michel Butor, lui aussi incarne par une femme, BrigitteCavilon «Butor est un personnage solitaire, dont ]'avais l'image qu'il renvoie au/ourd'hui un grand-père avec une salopetteMaîs a l'époque, il était le plus jeune de labande, et le plus célèbre l'ai donc voulu luidonner un côte glamour » Ainsi la salopette est devenue une robe sexy, comme est

sexy le petit trench de Ludivme Sagnier enNathalie Sarraute La encore, il s'agit d'unerupture visuelle révélatrice Nathalie Sarraule a dit avoir renonce a devenir comedienne parce qu'elle ne se trouvait pasjolie Sur scene, son côte actrice de cinemalui permet de lutter contre MargueriteDuras, elle aussi presente, incarnée par lacraquante Anais Demoustier, tandisqu'une autre intruse, Françoise Sagan, l'estpar Benjamin Wengermee, qui se seraitretrouve sinon au chômage techniquec'est lui qui tient le rôle de Claude Ollier,exclu du groupe au motif qu'« il a dutalent, maîs pas de genie »

Tous les autres comédiens ont leur rai-son d'être Jean-Charles Chchet en AlainRobbe Gnllet, Julien Honore en ClaudeMauriac, Sebastien Pouderoux en ClaudeSimon et Mathurin Voltz en Robert PingetEux aussi, Christophe Honore les débarras-se de leurs habits de convention, commeles auteurs qu'ils représentent ont debarrasse les personnages de leurs romans deleurs habits de convention Ainsi, NouveauRoman témoigne de l'interprétation« romanesque » d'une photo culte en s'ap-puyant sur un adage la vente de quel-qu'un doit s'affranchir du visible •

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Happiness in Uppsala 24 nov 2012

« Nouveau Roman » au Théâtre de la Colline –

chronique subjective d’une proposition jubilatoire

Je connais bien la filmographie de Christophe Honoré – à mon sens singulière, sensible, intelligente et pleine d’acuité. Il signe à lui seul plusieurs de mes films cultes, films de chevet que je prends plaisir à revoir et revoir, à faire découvrir, sans doute parce qu’il sait offrir une vision qui entre en résonance avec mes ressentis et me donne toujours matière à m’identifier tout en conservant une part de romanesque et d’invention magiques.

Je n’avais jamais vu son travail en tant qu’homme de théâtre et la proposition qu’il nous fait aujourd’hui avec « Nouveau roman »dont il signe l’écriture et la mise en scène, présenté à La Colline jusqu’au 9 décembre est une opportunité formidable pour découvrir une nouvelle facette de ce créateur décidément inclassable, surprenant et réjouissant.

Honoré invente ici quelque chose d’inédit: le spectacle d’écrivains. Il s’agit de raconter in vivo cette aventure humaine et littéraire qu’a constitué le Nouveau Roman autour de l’éditeur Jérôme Lindon et de ses auteurs « phare »: Simon, Robbe-Grillet, Sarraute, Butor, Duras, Ollier, Pinget ou Claude Mauriac.

L’idée géniale de cette proposition théâtrale et ce qui va faire tout son charme, son piquant et son intérêt est de mettre en scène des conversations fictives mais possibles entre ses différents acteurs incarnés par des comédiens qui ne font rien pour leur ressembler. C’est un jeu, au sens enfantin du terme, sur le mode du « on dirait qu’on serait ».

On retrouve dans le casting certains des comédiens fétiches d’Honoré: Ludivine Sagnier, Anaïs Demoustier, Jean-Charles Clichet, Sébastien Pouderoux ou Julien Honoré notamment,

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et d’autres : Brigitte Catillon, Anne Mercier, Mélodie Richard, Benjamin Wangermée, Mathurin Voltz. Mais peu importe qu’ils soient ou non des fidèles du réalisateur: ce qui importe c’est qu’ici, ils parviennent à trouver un véritable esprit de troupe, une complicité qui rend ce jeu possible et réussi. Malgré une écriture que l’on devine mûrie et travaillée, il émane de la pièce une spontanéité qui sonne juste sans une once de superficialité, d’artificialité, ce justement parce que le spectateur sait qu’il est dans le faire-semblant et non dans l’imitation.

Nous voilà donc, en l’espace de 2h50, plongés dans le petit monde des Éditions de Minuit entre les années 50 et les années 80-90 avec en ligne de mire non seulement les enjeux théoriques et littéraires que représente le Nouveau Roman, mais aussi les enjeux d’égo, d’affect et de pouvoir qui ont traversé un groupe d’auteurs unis tant par leur intérêt commun que par leurs différences.

Je n’ai pas de sympathie , pas d’affinité particulière pour ce courant littéraire dont le formalisme me gâche parfois le plaisir sensible de la lecture. J’avoue ne pas en être non plus une experte, toutefois, et c’est sans doute le preuve qu’Honoré réussit son pari, il parvient à nous mettre en empathie avec ces auteurs que nous avons peut-être lu, dont nous connaissons – ou non d’ailleurs, les noms, mais dont, faute d’être né dans les années 80, nous ne percevons pas la personnalité, l’humanité, séparés d’eux que nous sommes par les années et la distance de l’écrit.

Alors bien sûr, ça parle de littérature et d’édition mais pas à la façon somme toute rebutante des universitaires. Bien au contraire: le mode est celui du jubilatoire, à la fois érudit et drôle, dynamique et vivant. Les scènes, entrecoupées d’extraits vidéos ou de passages chantés, s’enchaînent avec fluidité et vivacité, sans perte de rythme.

De manière surprenante, on rit beaucoup devant ce spectacle certes lettré mais ce sans aucune prétention. On savoure la manière dont sont campés les personnages, mention spéciale à Jean-Charles Clichet en Robe-Grillet à l’égo surdimensionné et Mélodie Richard en femme soumise de celui-ci. Mais chacun des comédiens à louer pour des interprétations fraîches et enthousiastes.

Ce « Nouveau Roman » est un vrai bonheur de spectateur, intelligent et accessible, brillant, ardant et généreux. On en ressort stimulé, le sourire aux lèvres et l’envie de poursuivre le débat – en chantant si possible!

Laure Dasinières

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Nouveau Roman

Difficile de trancher sur qui est la plus sexy. La blonde ou la brune ? La fille aux talons aiguilles ou la miss au pantalon rouge ? Nathalie Sarraute ou Marguerite Duras ? On l’aura compris : en revivifiant l’épopée du Nouveau Roman à sa façon espiègle et virevoltante, Christophe Honoré invite le public du théâtre de la Colline à des questionnements surprenants mais pas si anodins qu’ils en ont l’air lorsqu’il s’agit d’apprécier l’une des aventures littéraires les plus importantes du 20e siècle.

Le réalisateur des « Biens Aimés » ne s’est pas seulement contenté, à vrai dire, de dépoussiérer les vénérables statues rassemblées à la fin des années 50 aux Editions de Minuit. Il les remaquille, ou plutôt il leur offre une nouvelle peau. Celle de Ludivine Sagnier, par exemple… Nathalie Sarraute se rêvait comédienne ? Eh bien soit ! Ludivine sera une Sarraute en virtuel et la délicieuse Anaïs Dumoustier en fera de même en ré-incarnant Marguerite Duras en garce cérébrale. Claude Simon, de son côté, fêtera son Nobel de littérature en reprenant, guitare en bandoulière, « La Cavalerie » de Julien Clerc, tandis qu’Alain Robbe-Grillet se pavanera sur scène en bermuda, genre moniteur de colo aussi vantard et roublard que mal assuré de son autorité, y compris à l’égard de sa fantasque et craquante épouse…

Ces partis pris n’ont rien d’une galéjade… La fantasmagorie théâtrale qui en découle traduit, au contraire, la soif de déstructuration et de nouvelles formes qui taraudait une génération d’écrivains allergiques à tout formatage, qu’il soit d’ordre psychologique ou naturaliste. La pièce n’élude rien, par ailleurs, des rivalités internes et des égos hypertrophiés dont l’époque fut prodigue. De quelle manière articuler le « je » et le « nous » dans une période aussi stimulante sur le plan des idées que politiquement troublée ? Comment faire bande à part tout en faisant cavalier seul ? Ces questions enfiévrèrent pareillement, on le sait, la Nouvelle Vague, jusqu’à cette rupture historique que Truffaut et Godard déguiseront en conflit politico-existentiel quand il était aussi question, entre eux, de libidos contrariées…

Christophe Honoré a bien raison, finalement, de rappeler à quel point une épopée intellectuelle est d’abord une formidable aventure humaine. Près de trois heures durant, ses austères qui se marrent (et qui chantent ! Et qui dansent !!) nous emportent dans un spectacle aussi tordant que jubilatoire, et le coeur se serre à la fin lorsque les décès des uns et des autres enterrent en cascade toute une époque… De quoi rabattre le bec à tous ces faux modernes acharnés, par la suite, à disqualifier les avant-gardes qui les avaient précédés pour mieux justifier la résurrection de formats anciens.

« Nouveau roman », de Christophe Honoré, au théâtre de la Colline, à Paris, jusqu’au 9 décembre. Coup de projecteur avec Ludivine Sagnier, ce jeudi 29 novembre, à 12h30, sur TsfJazz.

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