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Revue DMA – LAISSER UN HERITAGE (Juillet - Aout 2013)

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Revue des Filles de Marie Auxilitrice

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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 2

dma Revue des Filles

De Marie Auxiliatrice

Via Ateneo Salésiano 81

000139 Roma

Tél. 06/87.274.1fax 06/87.13.23.06

e.mail : [email protected]

Directrice Responsable Mariagrazia Curti

Rédacteurs Giuseppina Teruggi Anna Rita Cristiano

Collaboratrices

Tonny Aldana Julia Arciniegas Mara Borsi Piera Cavaglià .

Maria Antonia ChinelloAnna Condò

Emilia Di Massimo Dora Eylenstein

Laura Gaeta Bruna Grassini

Maria Pia GiudiciPalma Lionetti

Anna Mariani Adriana Nepi

Louise PasseroMaria Perentaler

Loli Ruiz Perez Paola Pignatelli

Lucia M;RocesMaria Rossi

4 Editorial La mémoire au-delà du temps Giuseppi Terrugina

5 Dossier Laisser un héritage “Le royaume des cieux est au milieu de vous”

13 Premier Plan

14 Un regard sur le monde La jeune Angola

16

L’Esprit et le Droit Ritalin :la pilule de l’obéissance

18 Construire la Paix Non à la guerre juste

20 Fil d’Ariane Changer, est-ce possible ?

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Traductrices

France : Anne-Marie Baud

Japon : Province japonaise

Grande Bretagne : Louise Passero

Pologne : Janina Stankiewicz

Portugal : Maria Aparecida Nunes

Espagne : Amparo Contreras Alvarez

Allemagne: Prov.Autrichienne et Allemande

EDITION EXTRACOMMERCIALE

Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice

Via Ateneo Salesiano 81, 00139 Roma

C.C.P.47272000

Reg. Trib. Di Roma n.13125 del 16-1-1970

Sped. abb. post –art. 2, comma 20/c,

Legge 662/96 – Filiale di Roma

N° 7/8 Juillet-Août 2013

Tipographia Istituto Salésiano Pio XI

Via Umbertide 11,00181 Roma

27 En recherche

28

Culture La passion la plus haute

30 Pastoralement Ni programme ni contenu mais un plan

32

En Mouvement Les Jeunes du Brésil et le JMJ

34 En dialogue Interview à Rachael Chadwick et April Cabacang

35 Communiquer

36 On “Fait” pour “Dire” Mémoire et communication

38 Femmes sur le terrain Femmes au service du Royaume

40 Vidéo La bicyclette verte

42 Livre Le temps est un dieu bref

44 Musique La musique dans les teen-drama

46 Camille Maison, douce maison

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REVUE DES FILLES DE MARIE AUXILIATRICE 4

La mémoire-au delà du temps

Giuseppina Teruggi

Transmettre l’extraordinaire héritage que Jésus nous a donné d’être soi-même une Présence vivante est la raison d’être de l’Eglise, son parcours dans l’histoire. Un mystère de foi, une certitude qui est motif de consolation et d’espérance. L’année de la foi offre l’opportunité de revitaliser la mémoire de la Présence de Jésus : source à laquelle nous buvons pour donner crédibilité à l’annonce de la Bonne Nouvelle aux jeunes. C’est ce que nous ont transmis Don Bosco et Marie-Dominique : héritage à conserver et à transmettre, fidèle et créatif. La force du charisme nous entraîne à déposer dans le coeur des jeunes le “levain de l’annonce évangé-lique”. Petites semences à jeter dans le terrain de l’histoire, dans la vie des jeunes : nous ne connaissons pas la durée de la germination et de la floraison. Mais certainement les fruits mûriront, selon les rythmes qui ne nous appartiennent pas. C’est ce que souligne le présent numéro de la Revue Le récit de Justin est impressionnant, philo-sophe chrétien, martyr à Rome vers 167 après Jésus, qui nous rapporte comment les premiers chrétiens vivaient la Mémoire de la Présence de Jésus. “Les prières terminées… sur proposi-tion, des frères venaient porter un pain et une coupe d’eau et de vin modéré ; ils les prenaient et les élevaient en rendant gloire et louange au Père de l’univers au nom du Fils et de l’Esprit-Saint et rendaient grâces.

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Quand ils avaient terminé les prières et rendu grâces, tout le peuple présent acclamait : “Amen”. Après, ceux que nous appelons diacres, distribuaient à chacun des présents, le pain, le vin et l’eau consacrés et en portaient aux absents. Ce repas est appelé par nous Eucharistie, et il n’est permis à personne d’y participer sinon à ceux qui partagent notre foi... En effet nous les prenons non comme de la nourriture ordinaire mais comme corps et sang de Jésus incarné. En effet les Apôtres dans l’Evangile transmettent ce que Jésus leur a commandé”. Justin poursuit :”Dans le jour appelé “le Soleil” ils se réunissaient tous ensemble, habitants de la ville ou de la campagne, et lisaient les mémoires des Apôtres ou les écrits des Prophètes. Quand le lecteur avait terminé, le prêtre par une homélie nous recommandait et nous exhortait à imiter ces bons exemples. Puis tous ensemble nous nous levions et commencions les prières ; et, comme nous l’avons dit, la prière terminée, on apportait le pain, le vin et l’eau... avec la prière et l’action de grâces”. C’est bon de penser que nous sommes nous, aujourd’hui, les héritiers de cette richesse, avec les jeunes auxquels Benoît XVI a rappelé l’invitation :” Allez et faites des disciples de tous les peuples “ [email protected]

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Laisser un héritage

“Le Royaume des cieux est au milieu de vous” Emilia Di Massimo

La signification du terme héritage, nous la connaissons tous. Elle nous rappelle généralement le monde juridique, tout ce qui concerne l’ensemble des biens acquis ou transmis. Mais, l’on trouve aussi dans le dictionnaire, parmi les différentes nuances celle-ci : "ensemble de valeurs, de sentiments qui constituent un legs spirituel".

Les biens matériels nous rappellent souvent une personne chère mais, sans la dimension affective, aucun souvenir aurait une telle valeur et serait important. En fait, la littérature mondiale, révèle entre les lignes ou clairement le désir fondamental de ne pas être oublié, de laisser un héritage d’amour qui permet de perpétuer le lien entre les vivants et ceux qui ne sont plus de ce monde. Ceci est le désir profond qui est au cœur de tout être humain, sans exception, parce qu’en chaque individu vibre une insatiable exigence de bonheur. Dans un certain sens, donc, la littérature reflète, de manière plus ou moins évidente, la tradition chrétienne, et exprime d’une façon ou d’une autre une foi en une vie extra-terrestre et éternelle. Le désir de bonheur traverse le cœur de l’homme, peut-être est-ce pour cela que ce que Jésus affirme dans le "discours sur la montagne", rapporté dans l’évangile de Matthieu au chapitre 5 et dans l’évangile de Luc au chapitre 6, rejoint directe-ment notre cœur et rencontre son aspiration : "parce que le royaume de Dieu est en vous". Le Royaume de Dieu que Jésus annonce, avec les Béatitudes, est exactement cette nouvelle humanité rassemblée par Dieu et qui correspond à un besoin de salut émergeant de situations humaines détériorées et tragiques. C’est une ouverture d’espérance qui s’entrouvre au milieu des réalités qui sont vécues, indépen-damment du comment elle se présente.

L'héritage du "Royaume des cieux", sommet du bonheur.

“Bienheureux" signifie "immensément et extraor-dinairement heureux", ce qui comme on l’affirmait précédemment, répond au désir de tout être humain. Eh bien, certifie Jésus, “vous les pauvres, qui avez tout laissé pour me suivre, soyez bénis parce que le Royaume de Dieu est en vous, est à vous”. Le Royaume de Dieu n’indique pas une extension géographi-que, mais signifie que Dieu prend soin de chacun de nous. On comprend que les paroles prononcées par Jésus cachent une promesse extra-terrestre et qu’elles font allusion à cette joie profonde dont nous sommes à la recherche tout au long de notre vie et que nous n’arrivons pas à saisir totalement. Elles font référence à cette signification du bien-être comblé de joie qui existe seulement dans nos rêves. Elles traduisent, comme aucune autre phraséologie humaine, nos nostalgies de l’avenir.

En somme, on ne met pas longtemps à com-prendre que sous ces sentences fulgurantes du discours sur la montagne se cachent quelque chose de grand. Et que, de ce mystérieux "Royaume des cieux", la chose la plus aisée que l’on puisse dire est qu’il représente le sommet du bonheur. Oui, Jésus veut donner une réponse à l’aspiration primordiale qui agite depuis toujours l’âme humaine. Nous avons été créés pour le bonheur. La joie est notre vocation. C’est l'unique projet voulu par Dieu, pour chacun d’entre-nous. Une joie possible, vraie, qui, tandis qu’elle est déjà donnée sur la terre, renferme une promesse d’éternité. Les paroles de Jésus semblent nous suggérer que, si nous voulons avoir part à l’héritage du royaume, nous devons soit devenir pauvres soit privilégier les pauvres.

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ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013

NNEE LVII MENSUEL / MAI-JUIN

Un héritage à faire fructifier. Un jour, monseigneur Armido Gasparini, évêque missionnaire au Sidamo (Ethiopie) est rempli de stupeur en voyant un groupe d’enfants éthiopiens, aux yeux écarquillés par la faim, il dit à un ami : «Regarde : ces enfants sont des fils de Dieu et cela ne me surprend pas du tout. Tout comme ils sont en même temps frères de Jésus-Christ. Mais ce qui me déconcerte et m’exalte c’est que ces pauvres sont aussi les héritiers du paradis! Cela semble absurde. Mais c’est vraiment au nom d’une telle "absurdité"que je suis heureux d’avoir dépensé toute ma vie au milieu de ses gens». Si monseigneur Gasparini avait été un contemporain de don Bosco, il se serait senti en parfaite syntonie avec le saint des jeunes. La vie de don Bosco a été une profession d’amour soit pour Jésus soit pour le prochain, et de manière particulière pour les jeunes, sans dichotomie. L'exemple de don Bosco nous stimule en ce sens et c’est intéressant et bon de se rappeler quelques belles caractéris-tiques de sa méthode éducative ayant pour but de former de "bons chrétiens et d’honnêtes citoyens": étude, travail, liberté encadrée, joie, civilité, tout ceci empreint de raison et de religion. Don Bosco voulait une formation intégrale pour ses jeunes.

"L'éducation" – disait-il - "est une affaire de cœur", il faut que- tous les protagonistes de l’éducation convergent en une communion d’intérêts et d’objectifs, pour la croissance d’une authentique personnalité humaine et chrétienne. Mais don Bosco ne s’arrête pas pour contempler le "ciel" de ses garçons. Il vit au milieu d’eux et sait, ou "sent", que ceux-ci ne supportent pas d’avoir des idées noires; en plus il se rend compte et expérimente combien ils souffrent de la "pauvreté" et de "l'abandon" et il connaît leurs aspirations, plus ou moins expri-mées. C’est pourquoi sa pédagogie ne peut pas ne pas tenir compte du "style" des garçons dont il s’occupe. Donc, nécessairement, il "s’humanise" dans ses contenus et ses méthodes.

Le "salut éternel" est ainsi recherché en passant à travers les indispensables formes de salut terrestre (nourriture, vêtement, héberge-ment, travail, profession, social-isation) et dans un style compatible avec la sensibilité des jeunes (sécurité affective, sérénité, convivialité familiale, joie). Ensuite, en avançant dans ce dernier quart de siècle, avec le développement d’oeuvres nom-breuses et variées, don Bosco donne un sens fort et plus ample aux termes "pauvres" et "abandonnés", tout en restant

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fidèle jusqu’à la fin de sa vie au choix originel et préférentiel pour la pauvreté économique, sociale, religieuse. Sa sollicitude s’étend idéalement à tous les jeunes touchés par une "précarité", morale, professionnelle, culturelle, pour lesquels se révèlent nécessaires des actions diversifiées d’accueil, d’assistance, de soutien, de promotion. De manière cohérente, les institutions et les méthodes s’ouvrent à une plus vaste "disponibilité". Et les paroles du "père et maître de la jeunesse" sont écoutées avec une sympathie croissante et consensuelle par des catégories de personnes variées, sensibles au problème de l’éducation de la jeunesse dans un monde en continuelle évolution. Cette sympathie pour don Bosco, naît certaine-ment de la prise en compte de critères d’action éducative largement partagés : les étapes de la croissance des jeunes ne sont pas des évènements transitoires, mais des expériences de vie essentielles et qui auront une influence sur l’avenir; les garçons sont et doivent être non seulement des collabo-rateurs actifs de leur éducation, mais aussi d’authentiques prota-gonistes; la joie et la difficulté de dire et de se projeter n’est pas qu’une simple tâche ou un devoir, mais c’est surtout un élan, une invention, une passion pour la vie et pour le sens de la vie; la relation éducative implique une relation d’amitié, une édification de la communauté, une présence qui propose des valeurs et des idéaux. Tout ce que nous avons dit sur l’œuvre de don Bosco, est complété et enrichi par la présence féminine de Mère Mazzarello. Mère Mazzarello n’a pas laissé en héritage les initiatives et les oeuvres, elle a laissé une expérience spirituelle et un charisme à renouveler chaque jour et à rendre créatif en tout temps. Comme don Bosco, Mère Mazzarello, parce qu’elle est une grande experte de Dieu, a été prophète. Le prophète c’est celui qui voit l’avenir, qui sait regarder l’histoire présente avec les yeux de Dieu et sait répondre aux appels du présent avec le cœur de Dieu. Tout ce que la Cofondatrice a vécu est pour nous aujourd’hui une opportunité inédite pour répondre soit à la vocation reçue soit aux attentes des jeunes.

Opportunité qui peut se résumer ainsi : le courage de tendre à la sainteté, la sagesse du cœur, la spiritualité éducative, prendre soin des personnes. Il s’agit donc de vivre l’amorevolezza. En synthèse : aller à contre-courant en choisissant la mesure la plus haute de la vie chrétienne : la sainteté; la sagesse du cœur, la capacité de vivre des relations pour créer une société plus humaine; le courage de reprendre en main la spiritualité éducative. L'héritage que don Bosco et Mère Mazzarello nous ont laissé est un héritage à ne pas dissiper mais à faire fructifier toujours plus dans la société contemporaine, aujourd’hui plus que jamais, une société qui aspire à des valeurs et à des témoignages. C’est une interpellation qui doit nous pousser à renouveler la qualité de notre foi, de notre vie fraternelle, de notre mission éducative. D’une telle "qualité" harmonieuse dépend la formation intégrale des jeunes, l'éducation authentique qui conduit à être et devenir "de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens".

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ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013

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L'éducateur : un héritier Retourner aux sources est important, toutefois notre vie est pleine de questions. Certaines proviennent de la culture dans laquelle nous vivons, d’autres sont personnelles, elles nous arrivent à l’improviste selon notre vécu, les joies et les angoisses qui le traversent au fil des jours. Ce sont des questions qui viennent à notre cœur ou à notre esprit pour la simple raison que nous vivons, espérons, aimons. Beaucoup de ces questions sont des cris de douleur, qui enflamment notre existence, à cause de toutes les choses que nous aurions le droit de posséder et qui nous sont au contraire confisquées sans ménagement. L'inquiétude qui nous habite nous pousse à chercher, inlassablement, des réponses à nos interrogations. Dieu prend toujours l'initiative. Il nous invite à le rencontrer, à croire en lui, à parier sur lui. Il nous assure de son amour qui accueille, qui sauve, qui remplit notre vie mais dit-il, sans moyens termes car la mesure de l’amour est de donner sa vie pour ceux qu’on aime, sans certitudes et sans trop de "si" et de "mais". Voilà, il semble que c’est cette "mesure" qui fait de l’éducateur un héritier.

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L'accompagnement spirituel : un héritage qui nous a été confié.

L’accompagnement spirituel des jeunes est défini comme une relation singulière qui se construit dans la foi et dans la charité entre deux personnes, l’une vit un temps de “maturité” de la foi, et l’autre au contraire, “un chemin” vers une maturité de la foi. Vivre ce temps de maturité de la foi signifie avoir unifié sa vie dans le Seigneur Jésus, et vivre le temps de la fidélité, de la stabilité. L’adulte dans la foi est celui qui a découvert le trésor de sa vie, et qui a identifié sa vocation comme étant une expérience quotidienne de la grâce. Celui qui accompagne a habituellement quelques années de plus que celui qui est accompagné, ou mieux, il a déjà parcouru un bout de chemin et pour cela il connaît les joies et les difficultés de la vie humaine et spirituelle. Il sait que le Seigneur est fidèle, et qu’il nous accompagne. Il sait que la vie de foi est exigeante, qu’elle demande fidélité, discipline, temps de prière silencieuse et partage, et qu’elle a besoin d’une vie fraternelle. Celui qui accompagne sait faire mémoire de son chemin spirituel, de ce qui a été son expérience, son parcours de foi, il ne l’absolutise pas, mais il se souvient des passages et des grâces que le Seigneur lui a faites. Sans de tels fondements, on ne peut pas accompagner, on ne transmet rien, on ne partage aucun héritage.

«Le Christ remet le Royaume à son Père» dit Saint Paul (1Cor 15,28), non dans le sens qu’il renonce à son autorité en lui remettant son Royaume, mais parce que nous, nous serons le Royaume de Dieu quand nous serons rendus conformes à la gloire de son corps... Après qu’il nous aura constitués «Royaume de Dieu» à travers la glorification de son corps, il nous remettra à Dieu. Il nous remettra au Père en tant que Royaume, selon ce qu’en dit l’Evangile : «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis le commencement du monde» (Mt 25,34).

«Les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père» (Mt 13,43). Parce que le Fils remettra à Dieu, comme son Royaume, ceux qu’il a invités dans son Royaume, ceux à qui il a promis la béatitude spécifique de ce mystère avec les paroles : «Bienheureux les coeurs purs, ils verront Dieu» (Mt 5,8)... Le Christ remet à Dieu le Royaume et voici que ceux qu’il donne au Père comme son Royaume voient Dieu. Le Seigneur, lui-même a expliqué au milieu de vous» (Lc 17,21).

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NNEE LIX MENSUEL MAI-JUIN 2012

Celui qui se fait accompagner spirituellement souhaite être dans la vérité, la clarté et l’authenticité; il demande que l’éducateur ait une maturité affective discrète, parce que dans l'accompagnement les contenus ne suffisent pas, les gestes, le non-dit, l’affection sincère, la pédagogie de la bonté sont aussi importants.

"Gratuité": il n’y a pas de plus grand amour

Le résultat d’un accompagnement spirituel authentique conduit le jeune à s’ouvrir à la solidarité, une valeur inséparable de la gratuité. «N’enterrez pas vos talents, pariez sur de grands idéaux, allez à contre-courant, une vie sans défi n’existe pas, et un garçon ou une fille qui ne sait pas les affronter sans s’impliquer n’a pas d’épine dorsale». C’est seulement un florilège de citations parmi d’autres que le Pape François nous offre comme un cadeau.

Ses rappels à la responsabilité personnelle réveillent le goût de la conquête, la valeur du sacrifice, le sens de la lutte pour l’amour, la liberté, la justice; ils nous renvoient à une conception de la vie entendue comme une partie à jouer endossant les vestes de protagonistes.

Transmettre aux jeunes l’héritage spirituel c’est leur offrir la joie de la rencontre avec le Christ, et nous savons que l’histoire de Jésus de Nazareth est une histoire d’amour et de don : il "passa au milieu de nous en faisant le bien". Le Bon Samaritain de l’Evangile qui passa à côté du malheureux, le regarda, "il a eu de la compassion", "il se fait proche de lui ", (..) " et il en prit soin", il est devenu l'image du style de Jésus et, en même temps, du témoignage chrétien. Le volontariat, forme moderne du don de soi et de la relation gratuite, devient ainsi un témoignage chrétien du destin éternel.

Du testament spirituel de Saint Jean Bosco Mes très chers et aimés fils en J. C., Avant de partir pour mon éternité, je dois accomplir envers vous plusieurs devoirs et satisfaire ainsi un vif désir de mon cœur. Avant tout je vous remercie de tout cœur pour votre obéissance et pour tout le travail que vous avez fait pour soutenir et développer notre congrégation. Je vous laisse sur cette terre, mais seulement pour un peu de temps. J’espère que l’infinie miséricorde de Dieu fera que nous pourrons tous nous retrouver un jour ensemble dans l’éternité bienheu-reuse. C’est là que je vous attends. Je vous recommande de ne pas pleurer ma mort. C’est un débit que nous devons tous payer, mais après nous serons largement récompensés de toutes les difficultés rencontrées et vécues par amour de notre Maître, le bon Jésus. (…) Si vous m’avez aimé dans le passé, continuez de m’aimer dans l’avenir par l’exacte observance de nos constitutions. (…) Adieu, ô mes chers fils, adieu. Je vous attends au ciel. Là nous parlerons de Dieu, de Marie mère et soutien de notre congrégation; là nous bénirons éternellement notre congrégation, dont l’observance des règles contribue puissamment et efficacement à nous sauver. Sit nomen Domini benedictum ex hoc nunc et usque in saeculum. In te Domine, speravi non confundar in aeternum.

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ANNEE LX ■ ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013

Dieu prend toujours l'initiative. Il nous invite à le rencontrer, à croire en lui, à parier sur lui. Il nous assure de son amour qui accueille, qui sauve, qui remplit notre vie mais dit-il, sans moyens termes car la mesure de l’amour est de donner sa vie pour ceux qu’on aime, sans certitudes et sans trop de "si" et de "mais". Voilà, il semble que c’est cette "mesure" qui fait de l’éducateur un héritier. L'accompagnement spirituel : un héritage qui nous a été confié. L’accompagnement spirituel des jeunes est défini comme une relation singulière qui se construit dans la foi et dans la charité entre deux personnes, l’une vit un temps de “maturité” de la foi, et l’autre au contraire, “un chemin” vers une maturité de la foi. Vivre ce temps de maturité de la foi signifie avoir unifié sa vie dans le Seigneur Jésus, et vivre le temps de la fidélité, de la stabilité. L’adulte dans la foi est celui qui a découvert le trésor de sa vie, et qui a identifié sa vocation comme étant une expérience quotidienne de la grâce. Celui qui accompagne a habituellement quelques années de plus que celui qui est accompagné, ou mieux, il a déjà parcouru un bout de chemin et pour cela il connaît les joies et les difficultés humaines et spirituelles. Il sait que le Seigneur est fidèle, et qu’il nous accompagne. Il sait que la vie de foi est

exigeante, qu’elle demande fidélité, discipline, temps de prière silencieuse et partage, et qu’elle a besoin d’une vie fraternelle.

Celui qui accompagne sait faire mémoire de son chemin spirituel, de ce qui a été son expérience, son parcours de foi, il ne l’absolutise pas, mais il se souvient des passages et des grâces que le Seigneur lui a faites. Sans de tels fondements, on ne peut pas accompagner, on ne transmet rien, on ne partage aucun héritage. Celui qui se fait accompagner spirituellement souhaite être dans la vérité, la clarté et l’authenticité; il demande que l’éducateur ait une maturité affective discrète, parce que dans l'accompagnement les contenus ne suffisent pas, les gestes, le non-dit, l’affection sincère, la pédagogie de la bonté sont aussi importants.

"Gratuité": il n’y a pas de plus grand amour

Le résultat d’un accompagnement spirituel authentique conduit le jeune à s’ouvrir à la solidarité, une valeur inséparable de la gratuité. «N’enterrez pas vos talents, pariez sur de grands idéaux, allez à contre-courant, une vie sans défi n’existe pas, et un garçon ou une fille qui ne sait pas les affronter sans s’impliquer n’a pas d’épine dorsale

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Histoire d’un peu de pain

Quand l'ancien docteur est mort, ses trois fils arrivèrent pour régler le problème de l’héritage : les meubles anciens et pesants, les précieux cadres et les nombreux livres. Dans une délicate vitrine, le père avait conservé des morceaux de sa mémoire : des verres délicats, d’antiques porcelaines, des souvenirs de voyage et tant d’autres choses encore. Dans l’étagère du bas, tout au fond, ils trouvèrent un objet étrange : cela ressemblait à un morceau dur et gris. En le voyant en plein jour, ils restèrent tous les trois stupéfaits, c’était un très vieux morceau de pain, séché depuis longtemps. Comment avait-il pu finir au milieu de toutes ces choses précieuses?

La femme qui s’occupait de la maison raconta : Dans les années de famine, à la fin de la grande guerre, le docteur est tombé grave-ment malade et il était épuisé, sans énergie. Un de ses collègues médecin avait murmuré qu’il était nécessaire de lui procurer un peu de nourriture. Mais où la trouver en ces temps difficiles? Un ami du docteur lui apporta un morceau de pain cuit à la maison qu’il avait reçu en cadeau. En le tenant dans les mains, le docteur malade avait la larme à l’œil. Et quand l'ami est parti, il ne voulut pas le manger, mais le donner à une famille dont la maison était proche de la sienne et qui avait une petite fille malade. "Cette fillette a plus besoin de guérir que moi, qui suis un vieil homme", pensa le docteur

La maman de la fillette malade porta le morceau de pain donné par le docteur à la femme réfugiée de guerre qui logeait dans le grenier et qui était étrangère au pays.

Cette femme étrangère apporta le morceau de pain à sa fille, qui vivait cachée avec deux enfants dans une cave par peur d’être arrêtée. La fille se souvint du docteur qui avait soigné gratuitement ses enfants et qui maintenant était alité et gravement malade I Le docteur reçut le morceau de pain et il le reconnut tout de suite, il en fut très ému. "Si ce pain est encore là, si les hommes ont su partager entre eux ce dernier morceau de pain, je ne dois pas me préoccuper du sort de nous tous", dit le docteur. "Ce bout de pain a rassasié beaucoup de gens, sans avoir été mangé. C’est un pain qui est saint !". Qui sait combien de fois ce vieux docteur aura regardé ce bout de pain, le contem-plant et recevant de lui la force et l’espérance spécialement les jours les plus difficiles ! Les fils du docteur senti-rent que leur papa leur était très proche à travers ce vieux morceau de pain, il leur était même plus présent que dans les meubles coûteux et les trésors qui rem-plissaient cette maison. Ils tenaient entre leurs mains ce morceau de pain, cet héritage authentique et précieux comme un mystère pétri de la force de la vie. Ils partagèrent cette histoire en mémoire de leur père, et en souvenir de Celui qui, le premier, il y a longtemps, avait partagé le pain avec amour". (Don Angelo Saporiti)

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La jeune Angola

Miguel Natalia

L’Angola est un pays situé au sud-ouest de l’Afrique. Sur environ 16.335.000 habitants, 45 à 50 % de la population a moins de quinze ans. Cette donnée nous précise que c’est une nation jeune. Ce pays est indépendant depuis 1975, mais il a été marqué par la guerre civile pendant 27 ans, ce qui a détruit l’identité humaine, perturbé de nombreuses familles, provoqué des migrations forcées et la détérioration de nombreuses infrastructures, etc. L’accord de paix a été conclu le 4 avril 2002, et voilà maintenant 11 ans que l’Angola vit dans la paix et la démocratie.

Du point de vue économique c’est un pays qui a beaucoup de ressources pour pouvoir se développer. En fait, au cours des dernières années il bénéficie d’une croissance dans le domaine économique, mais malheu-reusement elle laisse de côté une bonne partie de la population, en particulier les plus pauvres.

La plus grande source de richesse du pays est le pétrole, mais la dépendance à l'égard de cette forme de revenu creuse un fossé entre riches et pauvres.

La majorité de la population est chrétienne avec 60% de catholiques et 15% de protes-tants. 28 % sont adeptes de la religion tradition-nelle et 3% sont des musulmans immigrés d'Afrique centrale.

Situation des jeunes.

La situation des jeunes en Angola est très hétérogène, ce qui signifie que les jeunes ne sont pas tous égaux. Une étude réalisée par le Secrétariat national de la Pastorale des Jeunes, immédiatement après la guerre

civile, a constaté que la réalité des jeunes pouvait être divisée en différentes caté-gories, notamment : les jeunes du milieu urbain et les jeunes du milieu rural. Les premiers, même s’ils n'ont pas vécu direc-tement la guerre, en ont subi les con-séquences, en particulier l'influence du marxisme. Nombreux sont les étudiants ayant des engagements sociopolitiques, entrepre-neurs, fonctionnaires et ils sont également engagés dans la vie ecclésiale. Mais tous n’ont pas la possibilité de trouver un premier emploi digne, c’est pourquoi certains deviennent commerçants ambulants. La plupart d'entre eux sont issus de familles relativement pauvres ou désunies, et manifestent un sens critique grâce aux études et à l'utilisation des médias. En outre, les écoles offrent un enseignement sérieux. Parmi les jeunes qui vivent à la ville, beaucoup expérimentent la marginalisation et deviennent violents, ils font peur en créant des problèmes et les politiques ne parviennent pas à prendre soin d'eux qui, par des actions malveillantes, cherchent à attirer l'attention sur eux. D’autre part, il y a les jeunes qui vivent en milieu rural et qui ont vécu la guerre. Parmi eux, certains sont agriculteurs, chasseurs, (surtout des filles), tandis que d'autres sont étudiants, soldats démobilisés ou autres. En raison de la guerre ils ont eu une éducation culturelle limitée, mais on peut dire que ces jeunes sont l'identité culturelle africaine originale. Ils veulent travailler et n'ont pas peur de faire des sacrifices. Ils sont calmes, respec-tueux, sincères, humbles, religieux, peu critique cependant. Ils vivent les différentes étapes de l'école à un âge avancé contrairement aux jeunes citadins. Habituellement, ils sont la force des communautés chrétiennes de base.

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■ ANNEE LX JUILLET-AOUT 2013

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Notre attention pastorale

Dès le début, l'Eglise a eu un soin particulier pour les pauvres, en particulier en temps de guerre. Dans les années 80-90, l'Institut a lancé une pastorale d’urgence, en prenant soin de la catéchèse paroissiale, du patronage et de l'alphabétisation ; puis, dans la période d'après-guerre, les sœurs ont ouvert des écoles, des cours de formation professionnelle et ont mis en place d'autres propositions éducatives informelles En cette période de paix les prospectives sont autres et requièrent une certaine continuité. À mon avis, tandis que le pays est en train de reconstruire ses infras-tructures, une reconstruction de l'anthro-pologie chrétienne des jeunes est néces-saire. Face à une société qui, de façon accélérée, absorbe les idéaux de la globalisation, les points de référence des

jeunes sont en crise ; généralement, dans

leurs décisions de vie, ils n’écoutent pas la voix de leur conscience et tombent faci-lement dans des choix contraires à l’éthique chrétienne. -

D’autre part, nous sommes dans un change ment de culture et d’époque non proportionnel - du point de vue diachronique – vis-à-vis de l'Occident. On observe chez les jeunes une course à l’"avoir” plutôt qu’à l’être", en adop-tant le style et la mentalité capitaliste, le con-sumérisme et le relativisme, où l'attention au bien commun et au prochain passe en dernier Par conséquent, il est nécessaire de créer une pastorale de l'éducation aux valeurs chrétiennes qui conduisent à un changement de mentalité. Education à la valeur inaliénable de la vie contre la culture de mort qui se propage, de la solidarité et gratuité contre la mentalité individualiste, de la transparence contre la corruption, de la responsabilité et de

la fidélité, etc. Dans ce changement d'époque, il semble important que le cheminement soit fait ensemble, nous éduquant réciproquement, cherchant à être, avec les jeunes, des acteurs de transformation sociale tout en regardant au-delà. Comme nous le disait Don Bosco "mon désir est de vous voir heureux dans le temps et l'éternité”.

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Ritalin : la pilule del’obéissance

Rosaria Elefante

En faisant de tout foin une meule on passe de la superficialité à la culpabilité et l’on brûle des jeunes esprits sans doute brillants et particulièrement actifs. Le Ritalin est un médicament destiné aux enfants : né dans les années cinquante, le méthylphénidate - qui en constitue le principe actif – a été employé pour soigner certaines maladies rares du système nerveux (comme la ‘’narcolepsie’’). On a ensuite pensé que ce médicament pourrait avoir un bon effet calmant chez les enfants hyperactifs. Et tout en le diffusant on a découvert un nouveau syndrome. Ainsi des enfants, qui selon nos aïeules étaient pétris de «vif argent», sont devenus les porteurs d’une altération biologique, l’Adhd (Attention deficit hyperactivity disorder) c’est à dire d’un comportement désordonné marqué par un manque d’attention, un manque de concen-tration et de l’activisme, mais aussi de la distraction et de l’impulsivité. En somme des enfants, jouissant d’une vivacité particulière et d’une difficulté à être «sages» ont été considérés comme des…malades. Cependant, des critères scientifiques sérieux pour faire la distinction entre la vivacité et la pathologie, n’existent pas et le syndrome de Adhd reste quelque chose de vague, confiné entre les maladies les plus controversées de la psychiatrie infantile, soit parce qu’on en refuse l’authenticité pathologique, soit parce qu’on en conteste la thérapie sur les petits malades (ou présumés tels). Peu importe si on a le sentiment que l’on veut transformer les enfants en petits soldats et en écoliers obéissants ! (cf. le succès commercial du Ritalin, qui entre 1989 et 1996 a vu exploser les prescriptions de 60 % aux USA, pays qui

aujourd’hui absorbe 90 % de la production mondiale du méthylphénidate). Et cela a encore moins d’importance que perdure la fastidieuse, et ancienne tentation de la psychiatrie de classifier la normalité sociale Et puis, si le traitement pharmaceutique de ce trouble n’a pas de fondement qui le justifie –au dire de nombreux experts– il est souvent dangereux. Inutile aussi parce que le Ritalin –comme tous les médicaments à base de métyhlphénidate– ne peut rien guérir. Et en plus si le traitement, qui doit nécessairement être prolongé, devait être interrompu à cause d’effets secondaires (insomnie, anorexie, inhibition de la croissance, tachycardie incon-trôlée ou arythmie, hypertension, troubles gastro-intestinaux, hallucinations), les symptômes originaires de l’Adhd se reproduiraient de façon plus marqués. Mais, étant donné que déjà après la première prise, le médicament produit un effet sédatif, le syndrome du «vif argent» semble s’évanouir et les petits deviennent très obéissants, ils surmontent comme des auto-mates les apparentes difficultés de l’apprentis-sage. Ils suscitent l’enthousiasme des parents et des enseignants.

Les vrais produits psycho-pharmaceutiques.

C’est un fait que les médecins, suite à la demande de parents stressés par d’autres problèmes et à celle d’enseignants intolérants face à des classes exubérantes, prescrivent des psychostimulants. Sans tenir compte des terribles effets collatéraux, de la prédisposition à la toxicomanie ou de quelque induction au suicide, ce qui a été relevé chez de petits patients auxquels on a administré le Ritalin.

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LVII MENSUEL / MAI-JUIN 2011

Il se peut que la préoccupation de parents dont les enfants sont normalement doués ou au-dessus de la moyenne, et affectés aussi par «l‘hyper activisme» et le manque d’atten-tion, deviennent des outsiders socialement marginalisés, porteurs de troubles de l’apprentissage, acceptent les lourdes consé-quences du Ritalin, surtout s’ils sont soutenus par l’espoir que bientôt on pourrait suspendre la prise de ce médicament « dangereux » . Mais il produit, au contraire une accoutu-mance, et pour maintenir le même effet calmant, la dose doit être progressivement augmentée. En somme, plus qu’une «pratique» thérapeutique, tout ceci apparaît comme une violence lourde et non-justifiée sur le développement de la personnalité et sur la croissance physique des enfants et des adolescents. Et pourtant ceci n’est pas suffisant pour faire réfléchir un certain monde scientifique, politique, ainsi que les responsables de produits pharmaceutiques. Bien plus, un peu à la fois on a été poussé à diagnostiquer l’Adhd dès la première année de vie, jusqu’à prescrire le Ritalin à des bébés. Et ce,

malgré le très sérieux avertissement reporté sur le feuillet accompagnant le produit : « Il faut considérer qu’une sérieuse nécessité s’impose : une supervision et un étroit contrôle du patient durant la suspension de la prise du médica-ment, car la possibilité existe de voir surgir de graves dépressions comme les effets de la suractivité chronique ». Il est certain que le Ritalin n’aurait pas du tout plu à Don Bosco. Et puis qui sait si à la diffusion de ce médicament n’est pas lié la découverte, ces dernières décennies, de la part des psychiatres, que le marché des petits enfants soit intéressant et plus facile. Mais si les laboratoires pharmaceutiques ont le droit de produire des médicaments, il est clair que chacun a le droit sacré de ne pas subir des diagnostics faux ou forcés. Comme aussi chaque enfant a le droit sacré –jusqu’à preuve scientifique du contraire- de ne pas être considéré comme un malade. Sinon, nous droguerons nos enfants, au lieu de les accompagner dans l’amorevolezza, la raison et la religion.

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Non à la ‘guerre juste’

Martha Sëide

«Il est contraire à la raison de penser qu’à l’ère atomique la guerre puisse être utilisée comme un instrument de justice». (Pacem in Terris 67). C'est l'une des affirmations innovantes de Pacem in Terris, l'historique encyclique de Jean XXIII publiée le 21 Avril, 1963, a marqué un tournant décisif sur la question des conflits entre les peuples. La célébration du 50e anniversaire de l'encyclique nous donne l'occasion de revenir sur la "théorie de la guerre juste" et de confirmer le besoin urgent d'abandonner cette doctrine menée par l'Eglise catholique depuis quinze siècles. Luigi Lorenzetti, théologien reconnu dans la morale, en étudiant le sujet détecte la nouveauté du message de Pacem in Terris, reprise par Vatican II indiquant la décision de l'Eglise à l'écart de la théorie, a estimé la relation incompatible entre l'adjectif «juste» et le substantif «guerre», puisque la guerre ne peut pas être un instrument de justice.

Jamais plus la guerre Si la guerre ne peut pas être un moyen d'obtenir justice, il est clair que la théorie de la guerre juste doit être rejetée. "Jamais plus la guerre !" S'exclamait déjà Paul VI dans le Discours à l'Assemblée générale de l'ONU en 1965. Cette exclamation repris avec force par Jean-Paul II exprime clairement la volonté des Pontifes à s’orienter vers des routes alterna-tives. Toutefois, cette position n'a pas toujours été effectuée d'une manière radicale. Preuve en est la confirmation du Catéchisme de

l'Église catholique, qui beaucoup plus tard (1992), fait allusion à la justification de la guerre, tout en notant que cette décision doit être soumise à des conditions rigoureuses de légitimité morale (cf. CCC 2309). En fait, comme l'a déclaré Lorenzetti, peut-être manquons-nous de courage pour recon-naître que, dans la guerre moderne, les règles sont violées. Toute tentative de guerre est donc, inacceptable.

Légitimité inacceptable

Justement, les principes de légalité, interprétés par les États selon la convenance, ouvriront la voie à un retour en force à la politique de guerre, en particulier après les attentats du 11 Septembre 2001. En effet, en cette dernière décennie, on est revenu, de temps à autre, à qualifier la guerre de juste, nécessaire, inévitable, asymétrique, intelligente et, plus récemment, de préventive et huma-nitaire. Évidemment, si on pense à l'horreur et aux atrocités de la guerre, avec ses énormes conséquences sanglantes sur les populations civiles, on ne peut, à aucun moment et en toutes circonstances, soutenir la possibilité d'une guerre, parce qu'elle est incompatible avec l'expérience humaine. Par conséquent, la guerre doit être condamnée avec force, comme le fait remarquer le Concile dans Gaudium et Spes: «Tout acte de guerre, qui vise indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants est un crime contre Dieu et contre l'humanité elle-même et doit être condamnée sans hésitation."(GS 80).

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Pour la défense de la vie de tous Déjà en 2001, les données de la Caritas Internationale illustraient clairement la violation des règles qui rendaient la guerre injuste. Il suffit d'évaluer les effets sur la population civile: «Dans la Première Guerre mondiale, le pourcentage de victimes parmi les civils était de 5%, dans la deuxième guerre il a augmenté de 50% dans le conflit du Vietnam il a encore dépassé les 80%. Dans les conflits les plus récents 85% à 95% des victimes de la guerre sont des civils. "Les pourcentages indiqués nous font toucher du doigt combien les conditions de légitimité sont intolérables.

De la guerre juste à la paix juste Nous pouvons affirmer que la théorie de la guerre juste a fait son temps, aujourd'hui c’est l’heure de la paix juste. Aujourd’hui défendre les causes justes de façon juste: c'est le défi auquel l'Eglise catholique doit répondre

en collaboration avec les autres Confessions chrétiennes, les différentes Religions (Loren-zetti). Pour rendre ce parcours effectif nous devons agir ensemble, c'est-à-dire au niveau international, national, régional et en parti-culier pour ce qui a trait à un niveau personnel et communautaire dans la vie quotidienne (cf. DSC 500-503). Nous devons accueillir les demandes de la Déclaration œcuménique sur la paix juste pour tracer les voies de la paix dans trois directions : être avec les Eglises et dans les églises sacrement, signe prophétique et instrument de paix. Comment ? Chacun se met à l’écoute de l'Esprit, en communion avec la communauté ecclésiale pour discerner les moyens appropriés selon le propre environ-nement.

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Comment notre communauté vit-elle son engagement pour la paix ? Les Sœurs de la communauté Marie Auxiliatrice de Saladeang - Bangkok (Thaïlande) se partagent l'une des nombreuses expériences d'engagement à la paix par la force transformatrice de la Parole de Dieu «Nous croyons fermement en la puissance de la Parole de Dieu que nous essayons de vivre et de partager tous les mercredis avec un groupe de femmes latino-américaines. Parfois, certaines personnes arrivent énervées et repartent sereines parce que, dans la prière et la Parole, elles ont trouvé la paix. C'est le cas de M. Umberto, colombien, 84 ans, qui est venu à Bangkok à l'invitation de son fils pour les vacances d'été. Sa belle-fille témoigne : durant le peu de temps où il a participé au groupe de partage, mon beau-père a radicalement changé sa vie. De superbe et vindicatif, il est devenu un homme gentil, humble, capable de donner et de recevoir le pardon. A son retour en Colombie, la famille ne le reconnaissait plus tellement il était devenu bon. A sa mort soudaine, les parents ont remercié la communauté qui lui avait redonnait la vie en Dieu et l’avait préparé, à son insu, à la rencontre définitive. Nous avons

touché du doigt comment la Parole peut vraiment transformer les cœurs.

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Changer, est-ce possible ?

Maria Rossi

«Que cela plaise ou non, nous sommes constamment sollicités par le changement. Nous naissons, devenons adultes, vieillissons, nous tombons malades, nous mourrons. Cellules et connexions cérébrales se renouvellent à tout instant. Au cours de notre vie, il peut nous arriver de changer d’amis…de travail, de maison, de ville. Nous traversons des deuils, des crises, des maladies, mais aussi des réussites, des amours, des chances. Tout cela influe sur notre mode de pensée et sur notre émotivité, tout cela nous change…» (CIONI Isabella, Changer en mieux, in FOCUS 248, juin 2013, pag. 39. Egalement d’autres références à cette étude pag 39-44). Outre ces changements personnels, nous sommes aussi impliquées dans de grands changements sur les plans sociaux et cultu-rels, à cause des progrès scientifiques et technologiques et de la rapide expansion d’internet et des réseaux sociaux, change-ments qui sont en train de donner lieu, en particulier chez les parents, les éducateurs et les éducatrices, à un sentiment d’incertitude, de désorientation lié à la crainte de ne plus être à la hauteur de son propre rôle d’édu-cateur ni d’être en mesure de mettre au point un dialogue de compréhension réciproque avec les nouvelles générations. Ensuite, tandis que se vit l’effort du change-ment, le poids et l'entrave d’un certain immo-bilisme et d’une monotonie dans les habitudes se font également sentir. Si l’on observe certains phénomènes comme les successions sans surprise des jours et des ans ; comme la naissance, la croissance et la mort des personnes ; comme la distribution inégale des biens et des savoirs qui crée en permanence des poches de pauvreté : comme la soif de

possession et de pouvoir qui continue de provoquer des guerres et supprimer et/ou contraindre des populations entières à l’émigra-tion, on en vient à penser à l’Ecclésiaste (1,9), «Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.» L’immobilisme et l’habitude ne sont pas à confondre avec la stabilité. Une certaine stabilité va de pair avec le changement, qu’elle rend possible, concourant à l’harmonie de la croissance et de la formation de l’identité propre de chacun. En repensant à notre propre histoire, nous remarquons -tandis que nous vivons au sein d’un processus de changement social, culturel et aussi physique-, à quel point nous ressentons toujours les mêmes choses. C’est cela qui est très important. Les changements culturels, vécus à partir des années 68-70 et plus, constituent une expé-rience permanente, parfois bouleversante, péni-ble dans tous les cas. Quand ces changements laissent entrevoir des possibilités et des amélio-rations, l’effort pèse moins lourd, mais quand les objectifs sont incertains, qu’ils touchent à des traditions qui ont fait leurs preuves, qu’ils requièrent de nouveaux apprentissages, de nouvelles frontières, des déplacements, quand ils ralentissent ou empêchent l’activité physique, alors ils entraînent l’angoisse, la crainte, le malaise. On peut changer pour le meilleur comme pour le pire. Une personne, en observant l’état actuel de son vieillissement prévoit que «ce sera de pire en pire». Changer en pire, de toute façon, c’est très facile. Il suffit de demeurer figés dans nos propres habitudes, de porter son attention sur les faits négatifs, de geindre piteusement et de laisser la vie faire le reste.

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«C’est si simple –dit l’auteure citée – qu’au moins la moitié de l’humanité pense qu’aller mal est normal et ne fais rien pour alléger ses propres maux». Il nous est impossible d’ignorer le changement. Aller à son encontre constitue un effort inutile. Croire qu’on l’arrête en restant figé dans ses propres habitudes et ses préjugés c’est se fermer à toute amélioration, c’est rester en marge des autres et des évènements : c’est mourir. Mais on peut aussi changer en mieux.

Un processus conscient et pénible La prudence et aussi la science conseillent d’entrer en toute connaissance de cause dans le processus de changement pour en repérer les côtés positifs et réussir à le gérer avec sagesse pour ne pas y être soumises ni entraînées ou au contraire pour ne pas en être exclues.

La Mère générale, dans la circulaire de prépara-tion du prochain Chapitre général, affirme que «Pour donner un souffle nouveau et plus ouvert à notre Communauté, quelques changements structurels sont nécessaires, qui portent sur notre mode de vie, notre emploi du temps, nos habitudes consolidées». La perspective des changements, bien qu’elle soit dans la ligne des Chapitres précédents, semble plus pressante. Ce qui est à la fois désir et proposition, c’est de changer en mieux : «donner un souffle nouveau et plus ouvert à notre communauté» et cela devient possible grâce à une restructuration profonde de la personnalité, chose très difficile pour certaines personnes. Mais s’il est très facile de changer en pire, l’évolution vers le meilleur demande un effort non négligeable et qui s’explique aussi par la structure et la physiologie des neurones qui constituent le réseau nerveux de notre cerveau. D’après la neuroscience, sur le plan des neurones, le changement est la norme. Toutefois vers 10 à 15 ans, en notre cerveau se forme une «carte» qui d’une certaine façon représente notre manière de penser et de sentir et qui, même si elle continue d’évoluer, est relativement stable. Mais il s’agit d’une structure qui «en l’absence

d’évènements traumatiques ou d’une transfor-mation active et consciente, se fait toujours plus rigide avec le temps ». Changer n’est facile pour personne. Les changements, -en demandant de laisser de côté les anciens points de repère et de réorganiser sa propre vie autour d’autres repères mieux adaptés mais toujours chancelants et peu stables-, rompent l’équilibre acquis et souvent engendrent incertitude et épuisement chez tous et surtout chez ceux qui appartiennent aux catégories les plus fragiles. Quand ensuite les changements sont nombreux et qu’ils comprennent bien des nouveautés, ils peuvent désorienter en particulier les personnes d’un certain âge et les enfants. Les personnes d’un certain âge, sans compter le fait qu’elles ont des structures mentales moins souples, que physiquement elles sont fragiles et ont dû abandonner des fonctions socialement essen-tielles, ont déjà perdu des références personnelles importantes (amis, parents, connaissances). Les enfants également, souffrent de déséquilibre quand ils sont soumis à des changements excessifs. Il leur faut une bonne stabilité pour former leurs structures spatio-temporelles néces-saires pour s’orienter dans la vie et pour construire une identité personnelle claire. Celui-là en sait quelque chose, qui a l’expérience d’enfants ballotés dès leur plus tendre âge d’une personne à l’autre, d’un abandon ou d’une maison ou d’une institution à une autre. Un minimum de stabilité, c’est un ballon d’oxygène pour tous. Les adultes ne sont pas exempts de ces difficultés, en particulier si les changements demandent une restructuration de la personna-lité, s’ils touchent, c’est-à-dire s’ils s’en prennent aux habitudes et aux styles de vie : c’est le cas pour une maladie, l’octroi d’une responsabilité, un changement dans le travail, un événement traumatisant. Le changement est possible même si les personnes dépourvues d’assurance et rigides et celles qui ne sont pas entraînées au sacrifice, à la résistance et n’ont pas su faire de la difficulté un point de force, peuvent être confrontées à un problème majeur.

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Les habitudes surtout les bonnes, sont d’une grande aide dans la mesure où elles permettent d’éviter de toujours réfléchir et décider de la manière dont il faut agir. Elles permettent également d’épargner du temps et de l’énergie pour se consacrer à des activités ou à des études utiles et intéressantes, à la prière ou à un violon d’Ingres. Parfois, surtout pour les personnes qui ont tendance à une certaine rigidité et qui sont portées à croire que pour sauver l’esprit salésien il faut faire «comme on a toujours fait», cela peut devenir un piège et conduire à la disparition de ce que l’on aurait voulu sauver.

Les cheminements possibles, ensemble :

Si l’on observe la situation actuelle sans nostalgie ni regret, nous pouvons noter, même à l’intérieur de l’Institution, comment des progrès importants ont été réalisés. Dans le contexte social, par exemple, nous sommes plus ouvertes et solidaires, plus à même d’accueillir ceux qui sont différents de nous, sur le plan ethnique et religieux ; au niveau international, nous luttons encore pour les droits humains et contre la discrimination raciale. Mais les améliora-tions ne sont jamais suffisantes. La vie continue. Pour ne pas rester soumis ou en marge, il faut entrer en toute conscience dans le processus de changement propre à notre époque et recherché par l’Institution et par la mission éducative ; il faut également réaffir-mer notre identité personnelle et charismatique en affrontant les racines de notre histoire propre et du patrimoine que, nous FMA, nous avons reçu en héritage.

Il est également utile de savoir qu’il faut s’entrainer à la capacité de résilience, c’est-à-dire à notre capacité à répondre d’une manière constructive aux changements et quand surtout les structures y contribuent.

Par ailleurs, être déjà parvenues à affronter plusieurs changements nous donne à penser que nous sommes capables de le faire de nouveau.

Etant donné que le cheminement est pénible, il faut savoir clairement quel but on désire atteindre, savoir que l’effort a un sens et se doter de patience, de résistance, de confiance en soi, dans les autres, en Dieu. Si par la suite on pouvait avoir auprès de soi un guide ou quelqu’un qui nous aime et qui nous réconforte et nous confirme dans nos propres capacités, il nous serait plus facile de sortir de nos stéréo-types mentaux, de nos habitudes inappropriées. Si par ailleurs, nous réussissons à croire aux normes scientifiques relatives à la souplesse d’adaptation de notre cerveau, avec la certitude aigue que Celui qui nous a appelées nous aime personnellement et ne nous abandonne pas dans la difficulté ; que d’autre part, Marie Auxiliatrice chemine toujours dans nos maisons et qu’elle est prête à nous donner un coup de main, l’espace réservé à l’angoisse, à l’incer-titude et aux peurs en serait grandement diminué et la vie en deviendrait plus légère. Si enfin nous parvenons à couler nos racines dans le précieux héritage reçu, en réaffirmant notre identité personnelle et charismatique, au cœur de la succession inchangée des jours et des générations, dans le tourbillon actuel caractérisé par des possibilités énormes et attirantes ; ce tourbillon est aussi caractérisé par des violences, des déchirures, des contra-dictions, des ombres de mort : nous pourrions alors déposer les semences de vie encore fécondes de notre patrimoine, les faire fleurir et fructifier pour la joie et la vie, la nôtre, celles de nos jeunes, de l’humanité. Et le rêve et le désir proposés par la Mère générale, de donner un souffle nouveau et plus ouvert dans nos communautés deviendrait réalité.

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La passion la plus élevée

Mara Borsi

La foi est la passion la plus élevée de tout être humain. Il y a peut-être en chaque génération, beaucoup de personnes qui n’y arrivent pas, mais personne ne peut passer outre… (Cf S. Kiergkegaard).

Il est à la porte et il frappe, affirme l’Apocalypse. Dieu déchire notre solitude, se mettant lui-même en premier lieu sur la route de l’histoire, en tissant un dialogue qui est avant tout la révélation de son être et de sa vie. Au commencement il y a l’amour de Dieu qui interpelle personnellement. Touchés par

sa gratuité, nous répondons en toute liberté

Témoignage : «Enracinés et fondés en Christ, restez fermes dans la foi» (Col 2, 7).

Ce sont les paroles de l’apôtre qui poussent

les jeunes à vivre leur vie à partir de la foi

dans le Christ Jésus. Sous peu nous aurons l’opportunité de vivre de nouvelles Journées Mondiales de la Jeunesse à Rio de Janeiro. Personnellement, j’ai eu la joie de participer, en tant que membre d’une communauté d’accueil, à celle de Madrid en août 2011. Tous nous avons pu voir de grands mouve-ments, soit sur les cours de récréations salésiennes pleines de jeunes du MSJ (Atocha et Carabanchel), soit lors de la veillée de CuatroVientos.

Mais il y a aussi d’autres gestes qui parlent avec plus de force encore, ce sont les gestes vécus dans l’intimité, le silence, lorsque la porte se ferme et que la lumière s’éteint ; voilà la grandeur de notre foi et de la foi des jeunes. Les grands événements

nous font voir ce qui existe mais ce n’est pas toujours visible. En Espagne on se plaint parce que les jeunes désertent les célébrations domini-cales ; nous vivons une période de séche-resse en ce qui concerne les vocations à la vie consacrée ; la crise des valeurs touche surtout ceux et celles qui doivent donner une orientation à leur propre vie. Toutefois dans ce contexte difficile, lors des grands évé-nements organisés par l’Eglise catholique, des milliers de jeunes remplissent les paroisses des grandes villes et montrent avec joie leur choix explicite pour le Christ : ils disent avec force que la proposition chrétienne est attrayante et que cela vaut la

peine de la vivre aujourd’hui. Même s’il y a encore des familles où la foi est transmise dans la vérité, surtout grâce aux grands parents, en Espagne nous travaillons depuis quelques temps déjà avec des enfants et des jeunes qui, pour la première fois, entendent parler de Dieu, à l’école ou dans des rencontres de groupes de réflexion.

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ce qui peut générer un refus ou un consentement. L’adhésion c’est justement la foi, saisir la main de Dieu qui nous est offerte même si nous sommes limités par notre état de créature ou noyés dans le péché. Pour illustrer cette irruption du divin en nous avec toute son efficacité, la parabole de la semence jetée en terre est très significative. C’est Jésus qui nous la raconte en Mc 4, 26-29. Que le laboureur veille ou dorme, ce n’est pas déterminant pour la semence parce que d’elle-même elle génère une tige et ensuite un épi plein de grains de blé. La foi c’est reconnaître qu’il existe une présence invisible qui est à l’œuvre dans l’histoire, c’est accueillir avec joie ce don qui nous fait vivre une existence toute neuve. Il existe une profonde unité entre l’acte de croire et les contenus que nous assumons. L’apôtre Paul nous permet d’entrer à l’intérieur de cette réalité lorsqu’il écrit : « Avec le cœur… on croit…et avec la bouche on professe la foi » (Rom 10, 10). Le cœur indique que le premier acte par lequel on arrive à la foi est un don de Dieu et une action de la grâce qui agit et transforme la personne au plus profond de son être. L’adhésion à la foi est un parcours de vie : c’est la confiance, c’est l’abandon à Celui qui se révèle, au Rédempteur, c’est se fier à lui, à ses bras paternels. La foi a donc un aspect de risque, de consigne de soi-même, tout en sachant que l’horizon mystérieux de Dieu est bien plus haut que le nôtre. La foi implique toute la personne dans son intégralité et comprend donc aussi des choix sociaux et des comportements visibles, elle crée des structures, s’exprime en rites et en traditions. Le fil interminable de la foi, initié aux origines de l’histoire humaine, semble aujourd’hui toujours plus ténue, toutefois les paroles de Jésus continuent de résonner : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ! » (Jn. 14, 1).

Ces dernières années j’ai eu l’opportunité de connaître des jeunes qui vivent leur foi et l’expriment dans des gestes concrets. Presque tous sont soutenus par leur famille, ce qui les encourage à continuer dans leur choix par rapport à la foi. Il y en a d’autres qui ont trouvé Dieu après un temps de recul et de recherche, d’autres ont fait un choix sérieux après avoir reçu le sacrement de la confirmation ou après avoir été invités à vivre un service concret. Nous avons en mains la possibilité de faire des propositions. La foi n’est pas une réalité à vivre en privé, seulement dans l’intimité du cœur, même si les politiques de presque toutes les nations occidentales, cherchent à ce qu’il en soit ainsi. La foi s’exprime dans le service des autres et dans les choix quotidiens. Et c’est vraiment ici que les éducateurs sont appelés à être de véritables témoins, c’est seulement ainsi que l’on peut exiger des jeunes la cohérence nécessaire pour être chrétien aujourd’hui et continuer à les accompa-gner, bien enracinés dans le Christ Jésus

Sr. Maribel Gómez, Spagna

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Ni programme ni contenu mais un plan

M. Borsi, P. Lionetti, A. Mariani

Comment concevoir les itinéraires d’édu-cation de la Foi à l’époque du réseau ? Beaucoup affirment que notre temps est celui du récit bref et non du roman. Nous nous rendons compte que nous devons nous organiser de façon différente mais il est difficile de passer de l’intuition à la mise en œuvre. L’itinéraire n’est pas un programme déjà prêt à appliquer, avec des contenus à transmettre et à assimiler passivement : c’est une carte de “repérage” qui guide, sur un chemin à parcourrir soi-même selon les possibilités et les situations différentes. Les étapes, où il s’articule, sont des aspects complémentaires qui, souvent, doivent se développer simul-tanément avec des différences d’intensité et de priorité.

L’itinéraire conçu avec une mentalité de réseau aide à ne pas perdre de vue l’ensem-ble, même si l’on vise l’immédiat, à soigner l’organisation rationnelle des différents aspects, même si l’on fait attention au détail ; à intégrer les interventions diverses de façon qu’elle s’enrichissent réciproquement et entraînent dynamisme et transformation des personnes et des groupes avec lesquels on agit.

Le risque, c’est d’oublier qu’en éducation et surtout dans l’éducation à la foi, le protago-niste n’est pas l’éducateur qui enseigne et forme, encore moins le programme ou le catéchisme, mais la personne qui s’ouvre librement à un autre, à Dieu qui l’appelle et la provoque : c’est la rencontre de deux libertés qui dialoguent.

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L’itinéraire présente simplement quelques constances et des références fondamentales qui aident à chaque étape à discerner les défis et les possibilités du moment à veiller à l’intégrité et à l’organisation fonctionnelle des réponses, des pas à accomplir et de deux déjà réalisés. Là se trouvent en même tems la ticvhesse et la fragilité d’un itinéraire d’éducation à la foi..

Le devenir chrétien

La praxis ecclésiale actuelle tend à reprendre la paradigme de l’éducation chrétienne et du caté-chuménat pour décrire “L’engagement chrétien”.

C’est ainsi qu’apparaît le profond changement de situation où l’Eglise doit réaliser sa mission. D’un contexte caractérisé par les valeurs chrétiennes, où l’éducation de la foi se faisait dans la famille et dans le milieu social lui-même on est passé à un contexte toujours plus sécularisé et pluraliste sur l’option pour la foi ne trouve d’appui ni dans le milieu, ni dans les institutions sociales, Dans cette situation, assez ressemblante par bien des aspects à celle des première communautés chrétiennes, le fait de devenir chrétien n’est plus un processus naturel inscrit profondément dans relui de la socialisation, mais une option personnelle qui se fortifie dans un contexte de conversion des mentalité et de conduite, dans un apprentissage de vie, guidé et encadré par la communauté chrétienne. Cet itinéraire qui ne doit pas être un schéma prévu avec rigidité mais une orientation à suivre

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avec ouverture et souplesse d’esprit. C’est le moyen pédégogique où se déploient et se vivent l’ »esprit et les but de l’initiation chrétienne, c’est à dire : l’initiative de Dieu qui appelle et du St Esorit qui nous précède en ouvrant le cœur à la Paroçle ; la palce dentrale d’une première annonce qui conduit à une rencontre personnelle avec Jésus-Christ et à la conversion ; la conception de la foi comme échange vital en réponse au don de Dieu. L’itinéraire doit correspondre à uine vision anthropologique et pédagogique in tégrale qui tienne compte des défis du “monde digital” et dépasse une vision dualiste où la foi serait conçue comme une alternative ou un ajout à a raisn ou l’humain serait différent sinon opposé à ce qui est chrétien.

L’esprit, le cœur et les mains

L’attention aux jeuneq qui viven dans un climat diffgérent et superficiel avec une conception négative et des préjugésd sur l’Eglise et la Foi chrétienne exige de nous : évangélisateurs, la proposition d’un itinéraire spécifique qui les aide à développer la dimension reloigieuse de leur existence, qui réveille en eux le sens de Dieu et ainsi les ouvre et les dispose à l’annonce de la première évangélisation.

Pour cela, il faut absolument proposer des expérences qui les aident à développer la dimention relligieuse de leur existence, qui réveillent en eux le sens de Dieu et ainsi les ouvrent et les disposent à l’annonce de la première évangélisation..

Il est donc indispensable de proposer des expérience qui aident à vivre des comportments humains qui sont des bases pour l’ouverture à Dieu (l’intériorité –savoir rentrer en soi-même – être capable de faire silence– l’écoute profonde de soi-même et des autres) ; la capacité d’admirer et de s’émerveiller devant le bien, la beauté, le sens du don et de la gratuité, la recherche de la vérité.

Un autre élément à considérer avec attention quant à cette proposition, c’est sûrement une formation religieuse critique et systématique qui éclaire l’esprit et développe la recherche de sens tout en vivant en même temps la “proximité” : Eduquer à la communication et au partage, à la participation et à la responsabilité, au don, au service gratuit et à la solidarité

A travers ces étapes qui sont déjà le début d’un véritable chemin d’évangélisation, la personne s’ouvre et se dispose à écouter l’annonce, à y répondre pssitivement. Surtout quand elle st encouragée et accompagnée par une communauté chrétienne qui montre sa prosimité set son désir sincère de communiquer vie et sens. Identité, Amour, Avenir, comme éduction au choix pourraitêtre les secteurs d’intervention concrète d’où partir pour projeter les itinéraires d’éducation à la foi dans le contexte de la culture contemporaine, dans une logique de réseau.

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Les jeunes du Brésil

pour les JMJ

Sœur Elisabeth Pasti Montarroyos, est la responsable FMA du Mouvement Salésien des Jeunes pour le Brésil (MSJ). Nous lui avons demandé comment les jeunes de son pays se préparaient à ce grand événement des JMJ qui auront lieu en Juillet à Rio de Janeiro.

Comment le Mouvement Salésien des Jeunes, au Brésil, vit-il cette prépa-ration aux JMJ ? Le Mouvement Salésien des Jeunes du Brésil vit ce temps préparatoire aux JMJ avec un engagement très fort et beaucoup d’espérance. Beaucoup de jeunes sont engagés dans des groupes de travail en vue des diverses activités des JMJ et des rencontres qui auront lieu durant ces jours, comme la rencontre continentale du MSJ d’Amérique du 18 au 21 Juillet sur le thème «Les Jeunes évangélisant les Jeunes» et la fête mondiale du MSJ qui se déroulera le 24 Juillet avec la participation de jeunes du monde entier.

Ce sont des jours d’attente, de prière, d’organisation, d’approfondissement du thème des JMJ, des documents de l’Institut, de l’Eglise, de la parole du Pape. C’est un temps de joie, avec la possibilité de connaître tellement de jeunes du MSJ qui vivent la même spiritualité salésienne et qui seront à Rio. De nombreux jeunes du MSJ sont également engagés pour la préparation et l’accueil de beaucoup d’autres jeunes qui participent aux journées préparatoires, c’est-à-dire à la semaine missionnaire qui précède les JMJ, réalisant ainsi l’appel pressant reçu du Pape «Allez et faîtes de tous les peuples des disciples».

Quelle est la signification, pour les jeunes brésiliens, de cette occasion de rencontre ? C’est une occasion de rendre concret cet appel que le Christ continue à nous faire

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«Allez par le monde entier et de tous les Peuples faîtes des disciples» par des gestes concrets d’accueil, de joie dans les ren-contres, en nous faisant missionnaires au milieu d’autres jeunes. C’est une très belle expérience de partager la joie d’une grande famille vivant du même idéal : annoncer Jésus à tous les jeunes du monde. L’ASJ/MSJ est pour les jeunes un “lieu” où expérimenter sa vie, sa foi. On offre aux jeunes l’opportunité de vivre la solidarité, de réfléchir sur le sens de sa vie, vie à recevoir et à donner pour le bien du prochain. C’est l’occasion d’approfondir la spiritualité de la jeunesse salésienne pour qu’ils perçoivent la vie quotidienne comme le lien privilégié de la rencontre avec eux-mêmes, avec les autres, avec Dieu, assurés que dans le joie et l’accomplissement de sa vocation on trouve la sainteté. Sur les pas de Don Bosco et de Mère Mazzarello, le Mouvement Salésien des Jeunes favorise la création de groupes spécialisés où chaque jeune fait l’expérience de sa croissance personnelle et de sa maturation dans la foi.

Est-ce que se développe, chez les jeunes, ce sentiment d’appartenance au Mouvement Salésien des Jeunes ? Avec l’engagement pour la préparation des JMJ grandit chaque jour davantage la reconnaissance de l’identité et de l’appar-tenance au MSJ. Cela révèle la vraie dimension de ce que nous réalisons comme Pastorale des Jeunes. Cela exige de cultiver un rapport plus étroit avec le Christ, bien conscients que le vrai sens de la vie c’est de recommencer en repartant de Lui, en l’ayant vraiment rencontré, en devenant ses disciples et missionnaires, en

apprenant, de ce Maître, la dignité et la plénitude de la vie.

Dans le programme de ces journées, il y aura une rencontre mondiale de tous les jeunes du Mouvement Salésien des Jeunes, quel message voulez-vous leur adresser ?

Chaque chrétien est missionnaire. Il doit faire de sa vie une mission en annonçant l’Evangile de la joie au monde. Les jeunes sont une lettre du Christ par laquelle II s’adresse aux autres jeunes.

Ce thème des journées “Allez faire de tous les peuples mes disciples” est-il actuel pour les jeunes brésiliens d’aujourd’hui ? Ce thème des journées mondiales de la Jeunesse est bien actuel parce que nous sommes appelés à la sainteté et à être missionnaires dans notre milieu. Quand nous recevons favorablement cette invitation, c’est Jésus que nous accueillons dans notre vie. A partir de cet appel, nous sommes conduits à nous convertir, à devenir disciples, à vivre en communion, ce qui est fondamental pour devenir missionnaires, pour semer la joie et l’amour de vivre en chrétiens. Répondre à l’appel de Jésus, c’est participer à la vie de Jésus, en collaborant avec Lui à la construction d’un monde meilleur. Sur les traces du maître, le disciple place au centre de sa vie, le commandement de l’amour ; il est amené à comparer ses positions éthiques et religieuses avec celles de Jésus, en plaçant au centre le commandement de l’amour “Aimez-vous les uns les autres comme Jésus vous a aimés”.

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Interview à Rachael Chadwick

et April Cabaccang

Rachael est une ancienne des Salé-siennes de Livepooll (Angleterre). Elle est à la tête du ministère de l’enseignement primaire et volontaire au Vides du Royaume Uni.

April est aspirante, elle vit avec les FMA dans l’Antario au Canada. Elle a fréquenté la paroisse salésienne de Serrey en Colombie-Britannique, (Canada).

En quoi la pédagogie salésienne de la bonté a-t-elle orienté ta vie ? Rachael : Quand je repense au temps où je fréquentais l’école secondaire, je retrouve de beaux souvenirs. L’Ecole Supérieure Saint Jean Bosco de Liverpool était une commu-nauté au véritable esprit de famille. L’Instruction dans un établissement salésien ne vise pas seulement les bons résultats scolaires. J’ai été accompagnée sur un chemin de croissance sociale et spirituelle. Ce que je suis aujourd’hui, je le dois aux sœurs salésiennes que j’ai rencontrées au fil des années ; elles n’étaient jamais trop occupées ou trop fatiguées pour me consacrer de leur temps. Après mes études, j’ai continué à travailler avec les sœurs comme volontaire VIDES au Royaume Uni, ce qui m’a envoyée en Italie, aux philippines, au Kenya et dans plusieurs régions du Royaume Uni.

April : J’ai grandi dans une paroisse confiée aux salésiens de Don Bosco, dans le Surrey et j’ai été émerveillée de leur bonté envers les jeunes. Ils nous ont toujours donné la possibilité de croître dans notre vie spirituelle et de développer nos talents, en nous consacrant des soirées entières pour des

réunions ou en restant des heures-au confessionnal. Pour les jeunes, la paroisse était comme une seconde maison. Aujourd’hui, je voudrais rendre aux jeunes «l’amore-volezza» dont j’ai profité. Je veux faire entrer les jeunes dans l’amitié de Jésus et de Marie pour que, lorsqu’ils traverseront les tempêtes de la vie, cela les rende fermes dans leur foi.

Quelles réponses le charisme salésien peut-il donner aux jeunes, aujourd’hui ?

Rachael : Contrairement à la croyance populaire, les jeunes sont encore ouverts à la spiritualité et on les trouve même souvent engagés dans bien des tâches où ils se mettent au service des autres. Je désir vraiment très fort transmettre ce que j’ai reçu. C’est vrai, souvent je repense aux Sœurs salésiennes qui ont marqué ma vie et je me demande : «Que feraient-elles dans cette situation ?». Leur réponse : “Fais savoir aux jeunes qu’ils sont aimés, qu’on leur fait confiance, qu’on les met en valeur”.

April : Au Centre Don Bosco Markham, nous avons des activités programmées pour les jeunes adultes de la Région de Toronto : comme des retraites, de la catéchèse, du volontariat, des moyens pour le discernement, l’accompagnement quant à leurs projets et choix vocationnels. Je puis témoigner de nom-breuses façons dont les sœurs salésiennes au Canada emploient “raison, religion, amorevo-lezza pour permettre aux jeunes de s’orienter en les aidant à trouver Dieu dans leur vie et à partager aux autres sa bonté.

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Mémoire et communication

Maria Antonia Chinello

La mémoire est une des catégories avec lesquelles on interprète le processus écono-mique, dans le fait d’assurer la transmission, dans le temps et dans l’espace, des éléments les plus significatifs d’une culture contribuant ainsi à la construction d’une communauté d’appartenance, à la cohésion sociale.

A la racine de cette intention se trouve l’exi-gence de la communauté de représenter des événements, des mythes et traditions pour les connaître (et faire connaître) à un niveau plus profond.

Quel rapport entre mémoire, histoire personnelle, récit et traditions des peuples en un temps qui court et change rapidement ? Nous avons peu, trop peu de mémoire ou, au contraire, nous en possédons beaucoup, presque trop ? Nous risquons de perdre la mémoire et de nous priver de l’histoire ?

Mémoires médiatiques, mémoires sociales.

Photographies, journaux, notes, comptes bancaires, audio, vidéo, éparpillés entre tablettes, portables, cellulaires et le Réseau. Notre vie, toujours plus digitale est éparpillée en byte. Nous pensons le digital comme quelque chose d’’immatériel”, mais en réalité, il est très concret et demande l’occupation d’espace de mémoire. Nous vivons la hantise de perdre le cellulaire

; nous multiplions les fils par peur qu’un black out ou quelques autres grilles imprévisibles, limites nous empêchent l’accès aux données personnelles ; nous expérimentons l’anxiété du “tout” qui doit être documenté, archivé et rendu disponible, dans un harcèlement de

dates, de nouvelles, de mises à jour...presque enfoncés dans un éternel présent. Les mémoires toujours plus technologiques, nous restent une “historicité moyenne” de machines et d’appareils qui balaient les formes de mémoire traditionnelle, qui est spontanéité, orale de transmission directe entre les générations, cette institution des grandes agences éducatives. Les nouvelles générations semblent “amnésiques”, avec un faible intérêt pour l’histoire. Et, au niveau social, nous nous débattons entre “hypertrophie” (des informations et narrations historiques) et “atrophie” (des connaissances et sens du passé.

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ANNEE LVII MENSUEL / JUILLET-AOÛT 2011

Mémoire et identité personnelle et sociale

De la mémoire nous ne pouvons faire à moins. Elle nous est nécessaire pour définir qui nous sommes comme personne, comme commu-nauté. Chaque époque a ses instruments pour fixer la mémoire, conserver les faits, transmettre le vécu. Aujourd’hui, télévision, cinéma, radio, presse, internet peuvent augmenter ou limiter les oppor-tunités du souvenir. Le fait qu’aujourd’hui on connaisse le passé presque essentiellement grâce à la vision des produits de l’industrie des medias (documentaires, films, récits audiovisuels), avec la participation à distance des événements et des avènements (télécommunications, webcam, vidéoconférences, etc... et toujours moins à travers la rencontre de témoins oculaires et l’écoute des récits oraux, cela n’est pas privé de conséquences vis à vis des mécanismes de la construction de l’identité et de la mémoire. Des répercussions, si on regarde au sens de la continuité des générations, à se sentir au moins appartenir à une communauté unique avec ses traditions, au rapport entre souvenir individuel et mémoire collective

Mémoire et éducation D’où partir pour éduquer à la mémoire et à l’histoire sur les bases du vécu d’aujourd’hui ?

* Le passé fragmentaire en flashs médiatiques n’est pas en état de fournir une représentation de l’histoire comme processus linéaire et de définir un sens de profondeur historique ancré à une origine ou à des points stables, quand les mémoires sont constamment sujettes au pro-cessus de réécriture et d’expansion, à travers l’incessante production des nouvelles versions, articulées dans l’histoire et rendues réciproques. *La logique de la souscription constante, prati-que quotidienne et inexorable qui accompagne

l’accélération du temps et la mutation continue, avec le modèle dynamique de la construction des données engendrées de temps en temps par l’usager, met en évidence la fragilité du souvenir et la vulnérabilité de la mémoire, quand Internet est aujourd’hui peut-être le plus grand magazine de la connaissance, une archive instable qui, de jour en jour, se remodèle sur les bases des mises à jour que ses producteurs-usagers construisent. C’est un espace sujet à la transformation continue, incapable de fournir des garanties tenant compte de la permanence des données “telles quelles” produites à l’origine.

* Le risque des nouvelles formes de discri-mination basées sur la possibilité d’accéder à la connaissance qu’offrent les technologies digitales. Un certain apartheid technologique fait supposer qu’un allègement de la techno-logie semble porteuse d’une nouvelle démo-cratie de liberté, de paroles et d’actions (sur le passé et le présent) , d’autres ferment, dans certains cas, l’accès au savoir (et au passé) à ceux qui ne sont pas en mesure de les utiliser L’Institut est “mémoire vivante”, “mémoire en péril”. Notre expérience vocationnelle s’insère dans les sillons qui ont précédé l’histoire du salut et des générations de sœurs qui, à travers diverses modalités et temps divers, ont la mission d’’évangéliser en éduquant “(Dans les sillons de l’alliance, 5). “Ceci pour dire”, alors cette fois, signifie nous éduquer à récupérer le sens de l’histoire et de la mémoire pour avoir une vision globale, planétaire, qui risque d’être faite d’un seul présent, d’un “aujourd’hui et maintenant” infini, plus ou moins gouverné par un Grand Frère Médiatique, et transmettre aux générations futures le “Rêve” qui nous a fascinées : afin que les jeunes aient la vie en abondance, et soient heureux ici et dans l’éternité

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Femmes au service du Royaume

Bernadette Sangma,

Mary Getui, une femme, mère de trois enfants et professeur au département des Etudes Religieuses de l’Université Catholique d’Afrique Orientale, est membre de l’EATWOT, Associa-tion Œcuménique des Théologie du Tiers Monde, dont elle est la coordinatrice africaine depuis 2010. Elle appartient aussi au Cercle des Théologies Africaines depuis sa fondation en 1989. Elle est aussi la présidente du Conseil national pour le contrôle de l’AIDS au Kenya, de 2009 à aujourd’hui. Mary Getui est une femme hautement engagée, au niveau académique, dans l’élaboration de la pensée du dialogue entre science et foi, mais elle est aussi capable de contact direct avec les gens surtout avec les femmes.

Quelle est la contribution spécifique des théologies dans l’annonce du Royaume de Dieu?

Avant tout, les théologies peuvent opérer au niveau académique ou au service du ministère de l’Eglise et pour la protection de la vie. Au niveau académique, avec le groupe du Cercle des Théologies Africai-nes, nous avons commencé une réflexion sur la culture en regard de la vie quoti-dienne et en tant qu’elle contribue à conduire à une plénitude de vie. A la base de cette approche il y a la définition du Royaume de Dieu comme promotion, protection et appréciation de la vie qui, entre autre, est bien présent dans l’Evangile. Donc, nécessairement nous sommes comme un pont entre l’académie et la vie. C’est pourquoi, une des stratégies utilisées en particulier, par nous est le travail de groupes où nous nous laissons interpeller par les questions des communautés.

Ainsi, nous évitons le danger de rester dans l’abstrait, en cherchant à découvrir l’histoire de Dieu présent au milieu des hommes soit personnelle, soit collective et communau-taire. Pour vivre tout cela nous gardons toujours en mémoire un proverbe Akan, une ethnie du Ghana : “Pour pouvoir voler, l’oiseau a besoin de ses deux ailes”. Nous sommes profondément conscients, quand nous parlons du rôle et des potentialités des femmes, que nous ne devons pas oublier l’aile humaine complémentaire, constituée par les hommes et que la société a besoin des femmes et des hommes pour édifier le Royaume de Dieu. Nous les femmes, théologiennes ou non, nous pouvons aussi être des exemples et agir pour une meilleure reconnaissance des femmes, ceci du fait que notre société met bien plus souvent en avant les hommes que les femmes.

Tu affirmes : “Toute femme est théo-logienne car en général les femmes sont beaucoup plus spirituelles”. Peux- tu nous l’expliquer?

On ne peut pas ne pas constater la particulière empreinte spirituelle présente dans le cœur des femmes. Par exemple, nous pouvons remarquer que les femmes sont les plus nombreuses à participer aux célébrations religieuses et liturgiques. Ce n’est pas seulement une question de présence et/ou de participation, c’est la manifestation de leur grand désir de relation avec l’Absolu. En Afrique les femmes, surtout la génération de ma mère, fortement enracinée dans les pratiques traditionnelles culturelles, vivent tout dans une attitude de prière et voient Dieu présent dans tous les événements de la vie. Leur confiance en

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Dieu est très forte surtout dans les moments de grandes difficultés et d’épreuves. Dans les situations de guerre et de grandes calamités, qui ne manquent pas en Afrique, ce sont elles qui tiennent le coup et montre l’exemple. Elles sont les moteurs qui apportent et donnent la vie à la société, sans elles certaines disparaîtraient. Pour les femmes, donner la vie est quelque chose de naturel parce que, en tant que mère, elles participent au mystère de la co-création avec Dieu.

En Afrique, des femmes sont devenues de grandes productrices de denrées alimentaires. Les statistiques de l’ONU disent qu’en Afrique Sub-saharienne, 80-90% des denrées alimen-taires sont produites et vendues par des femmes. Ce sont elles qui aident à la survie des autres membres de la famille souvent en la préférant à la leur. En synthèse, nous pouvons dire que les femmes sont toujours au service de la vie en communion avec la Vie, le Christ. Si nous pensons que “faire de la théologie” c’est comprendre Dieu en s’appuyant sur sa révélation dans la Bible et dans la vie, les femmes qui s’attachent à Dieu dans leur vie quotidienne, inspirées et soutenues par sa Parole, sont de vraies théologiennes.

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Leur manière d’être est une théologie pour la vie, avec la vie et à travers la vie.

En tant que théologienne, comment lisez-vous le verset de Matthieu 13, 33 : «Le royaume des cieux peut se comparer à du levain, qu’une femme a pris et mélangé avec trois mesures de farine ; et bientôt toute la pâte fermente»?

Le fait que Jésus prend une image féminine pour représenter le Royaume de Dieu mérite une considération spécifique. Au temps de Jésus, le pain était confectionné dans la famille par les femmes pour une consommation familiale. Le fait intéressant est que, habituellement, dans l’Ancien Testament le levain était considéré comme un élément corrompu. Jésus, au contraire, le compare à l’annonce évangélique. Dans la mission de fermentation de l’humanité, Jésus valorise le rôle et la sagesse féminine qui ne peut pas être substituée. En fait, je retiens que même si nous les femmes nous pouvons être des professionnelles, nous avons reçu un privilège d’origine divine que nous ne pouvons pas oublier : celui de devenir mère.

Ce privilège nous donne la possibilité de mettre le levain du Verbe dans la pâte humaine de nos enfants dès leur tendre enfance. Etre mères nous fait devenir enseignantes, guides, arbitres: nous avons un rôle spécial à jouer dans la société et dans l’Eglise. Le verset de Matthieu cité plus haut met en évidence un autre élément qui peut aussi être un symbole féminin : la patience. L’action du levain mélangé à la pâte requiert de la patience jusqu’à ce que la pâte lève et soit prête à être enfournée pour donner du bon pain. Les femmes qui sont enceintes attendent pendant neuf mois la croissance progressive de la vie dans leur corps, et elles sont aussi à même d’attendre l’action du levain du Verbe dans les cœurs de leurs enfants et de tant d’autres personnes.

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La bicyclette verte de Haifaa Al Mansour

Arabie Saudite/Germanie 2012

Mariolina Perentaler

Présenté lors de la 69è Mostra de Venise avec son titre original « Wajda » (nom de l’héroïne), le film d’Haifaa Al Mansour, première femme cinéaste d’Arabie Saoudite, a touché et conquis le public du Lido où il obtient le prix du cinéma d’art et d’essai –cinéma pour la paix et pour la richesse de la diversité– et de l’Inter film Award pour la promotion du dialogue interreligieux. Le caractère particulier de cette reconnaissance met l’accent sur le côté « cas d’étude » d’un film qui est destiné à rester dans l’Histoire à plus d’un titre : premier film réalisé entièrement en Arabie saoudite et dirigé par une femme de 38 ans, metteur en scène dans un pays où « l’autre moitié du ciel » n’a pas voix au chapitre et où il n’y a pratiquement pas de cinémas. Début heureux, accueilli avec les applaudissements et l’émotion d’une salle fascinée par son histoire simple et chargée de sens, « La bicyclette verte » est un récit suggestif entre la réalité et l’image, du désir des femmes et des filles arabes de conquérir la parité des droits. Derrière l’apparence d’une comédie sans préten-tions, la réalisatrice met en scène une dénonciation courageuse des intentions et du résultat, une histoire qui nous conquiert par sa délicatesse et sa vision

Vers la liberté, sur deux ou quatre roues. Où qu’elle aille, c’est déjà un record, rappelle joyeusement la réalisatrice au cours de la conférence de presse : « je suis fière d’avoir tourné le premier long métrage jamais filmé en Arabie saoudite. Il y a dans ce pays beaucoup de fillettes comme Wadjda, qui vivent de grands rêves, ont de fortes personnalités et tant de potentiel : elles peuvent remodeler et redéfinir notre Nation et je pense qu’elles le feront. C’est cet horizon là que je regarde. J’espère aussi que le film parle du thème universel grâce à quoi nous pouvons nous mettre en rapport avec des personnes de toutes cultures.

Le lieu où se déroule le récit est essentiel pour le récit lui-même. Nous nous trou-vons en fait en

Arabie et l’histoire qui est racontée est vraisemblable dans la mesure où elle est insérée dans ce contexte spécifique. Voilà pourquoi, après la première déclaration, Haifaa continue à souligner la raison pour laquelle elle a choisi un objet symbolique : la bicyclette –« les deux roues » - pour son petit récit d’émancipation féminine « vers la liberté » : une des difficultés majeures a été de tourner en des endroits où nous ne pouvions en aucun cas mettre les pieds. Je ne connais pas les rues de mon pays parce que les femmes ne peuvent tourner « librement. Et encore moins conduire. J’ai dû dépendre « complètement » des hommes de ma troupe » Née dans une atmosphère familiale délibé-rément libérale, j’ai pu être diplômée de l’université du Caire et me spécialiser dans les études de cinéma à Sydney : c’est la raison pour laquelle on se risque à « rompre le silence arabe » en portant sur les écrans internationaux la situation des femmes saoudiennes et leurs aspirations. Je le fais à travers une gamine de 10 ans, qui vit dans la banlieue de Riyad, la capitale saoudienne. Vive et affectueuse mais aussi entreprenante et rebelle, elle supporte mal le voile et les autres contraintes imposées par la tradition. Peu soucieuse de la réprobation des femmes adultes de son entourage, elle joue avec Abdullah, un garçon de son âge et de son quartier, avec qui elle n’a pas le droit de jouer et qui, en la suivant à bicyclette, la provoque. Elle voudrait bien défier le garçon : son regard s’arrête sur une splendide bicyclette qui est à vendre, mais deux problèmes se posent. Il n’est pas toléré que les femmes roulent à bicyclette et puis cela coûte cher. Consciente

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ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013

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que sa mère ne peut se rendre compte de ce qui se passe parce qu’elle est trop. occupée à convaincre son père de ne pas prendre une seconde femme, la fillette décide de gagner cet argent. Au moment même où elle se prépare à abandonner, la directrice de son école organise un concours de récitation du Coran avec une somme d’argent comme premier prix et Wadjda se risque. Le concours ne sera pas facile, spécialement pour une fureteuse désabusée et « débrouillarde » comme elle, mais elle n’en démord pas, elle est bien décidée à se battre pour réaliser son rêve, pour son avenir. L’œil de la réalisatrice observe finement et délicatement l’évolution de la vie quotidienne à Riyad, où la rencontre et la confrontation avec les règles imposées par le Coran et la pression de la modernité aux frontières, vivent des moments difficiles. Son film se déroule à un rythme décontracté et captivant, éloigné de la pesanteur des films à thèse. Capable de surprendre par sa spontanéité et son désenchan-

, il

tement, avec la fraîcheur enjouée incarnée dans le visage espiègle et curieux de l’héroïne. La télé caméra l’accompagne pratiquement constam-ment le long des rues de la maison à l’école, des moments où elle rêve d’un avenir libre et libéré des préjugés. « Sans hurler ni bouleverser les sentiments ni dénoncer les changements, le scénario accompagne le désir d’humanité et de sagesse qui se manifeste quand le souffle de l’intelligence domine et unit les personnes de générations diverses, commente l’Evaluation pastorale. Si ce premier titre tourné en Arabie avec un casting strictement saoudien peut avoir une valeur sur les plans historique, et statistique, le même film a un mérite infiniment plus grand, plus percutant, plus décisif sur le plan de son déroulement. Le défi gagnant d’Haifaa est double : celui du message et son rôle de femme réalisatrice dans la société saoudienne». [email protected]

LA REVUE DU FILM

Quand elle sera grande, l’adolescente de maintenant qui aura tant lutté pour avoir une bicyclette, peut avoir avec toutes les jeunes saoudiennes des droits plus importants : celui de se mouvoir librement.

Un droit qui, comme le montre le film, est nié par une législation absurde qui empêche les femmes de se mettre au volant. « La révolution est là si une gamine se met en selle « démontre le film, de la manière la plus captivante. « C’est une œuvre importante, capable d’engager une petite histoire dans le grand flux des faits qui transforment l’Histoire », écrit l’Evaluation pastorale du film. En 1990, 40 femmes sont sorties en voiture et on conduit le long de l’une des rues importantes de la capitale, pour défier la tradition. Elles ont été arrêtées, certaines d’entre elles ont perdu leur travail, et leur action a été durant des années stigmatisée dans les sermons religieux et dans les cercles sociaux. Encore aujourd’hui et malgré les déclarations récentes du roi Abdullah, il leur est toujours interdit de voyager, d’avoir un travail rétribué, d’accéder à des études supérieures ou de se marier sans l’autorisation d’un homme qui a un pouvoir sur elles !!!-poser, sur lequel discuter.

L’IDEE DU FILM

Montrer au monde et dans les écoles l’histoire de Wajda, c’est raconter l’histoire de milliers de fillettes, jeunes filles et femmes saoudiennes qui voient la négation de leurs droits fondamentaux. Avec cet outil fascinant et essentiel, on place de fait les jeunes gens et jeunes filles dans des conditions leur permettant non seulement de connaître et de comprendre les aspects peu connus d’un pays mais aussi de contribuer en toute connaissance de cause et efficacement à la construction d’une culture universelle des droits des femmes en Arabie saoudite et dans le monde. A l’exemple de la réalisatrice elle-même, au-delà du rôle de l’héroïne indomptée du film. Haifaa Al Mansour est très connue dans son pays par d’autres court-métrages et des docu-mentaires qui ont fait parler d’eux. En d’autres termes, pour avoir cherché à « rompre le silence » qui englobe la vie des femmes sur leur territoire, contraintes de grandir telle Wajda dans des écoles uniquement féminines, où la rigidité incontournable imposée par la directrice s’exprime ainsi : « la voix de la femme ne devrait pas franchir les portes, la voix de la femme est sa nudité. Désormais, il n’est plus permis d’apporter des fleurs ou des lettres à l’école, ni de se tenir par la main… »

POUR FAIRE PENSER

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 42

Mariapia Veladiano

Le temps, un dieu à court terme Adriana Nepi

«A trois mois, Tommaso a commencé à pleurer et ne s’est plus arrêté depuis… une affreuse dermatite lui a recouvert le corps de croûtes qui lui donnaient des démangeaisons continuelles. Il se grattait jusqu’à s’arracher les ongles qu’il avait si fins, pauvre minuscule Job innocent… je le regardais et me demandais comment il était possible d’avoir engendré tant de douleur. Cela passera, il s’agit d’un mal bénin… mais les pleurs d’un enfant ont quelque chose d’accablant, chaque enfant qui voit le jour devient une voie possible à la pénétration du mal». C’est la mère, l’héroïne, qui raconte. Elle se nomme Hildegarde : il s’agit d’une jeune femme qui travaille à Milan comme journaliste dans une revue catholique et son mari, Pierre, est également journaliste. Ils sont très différents l’un de l’autre : elle est fille unique, longtemps attendue par ses parents, de braves gens de la campagne. Issu d’un milieu très supérieur, lui, troisième enfant ni désiré ni aimé, est né d’une mère dure et constamment déprimée. Il a grandi en passant d’une baby Sitter à une autre et il s’est toujours senti un intrus, ce qui l’a rendu incapable de donner ou de recevoir de l’amour. Hildegarde aime beaucoup son mari, qui est beau, cultivé, surdoué et elle a cherché en lui, sans doute inconsciemment, un refuge affectif, l’ayant épousé après la perte quasi simultanée de ses parents. Elle perçoit le repliement de Pierre sur un pessi-misme sombre, devenu pratiquement une maladie de l’esprit, sans que la jeune femme parvienne à engager un dialogue explicite. Même la naissance d’un fils, que par ailleurs il n’a pas désiré, ne l’y encourage pas.

Rapidement, les rapports entre les jeunes époux se détériorent au point que trois ans après leur mariage, Pierre disparaît sans une parole d’explication. La souffrance indicible de l’abandon se confond avec la peur qu’Hildegarde au fond d’elle-même subit comme un cauche-mar. Il semble en effet que l’ombre de la mort effleure à plusieurs reprises son enfant qui est toute sa vie, le petit Tommaso, si adorable ; et puis que va-t-il advenir de lui, sans son père ?

Hildegarde a fait de la théologie, elle est diplômée dans un domaine du savoir où l’on analyse le mystère de Dieu, mais la foi est une aptitude à se mesurer dans une véritable lutte avec Lui. Croyait-t-elle ou croyait-t-elle qu’elle croyait ? Elle se le demande, après avoir en vain recherché une réponse à des questions –des questions de toujours, des questions que tout le monde se pose– auxquelles la foi seule ne peut donner une réponse. Dieu peut-il vouloir la mort des enfants ? S’Il est tout-puissant, pourquoi ne le sauve-t-Il pas ? Il ne peut pas, Il ne peut pas ! Seulement si Dieu ne peut nous sauver du mal, son amour, lui, est sauf.…

Et elle qui a tant étudié tombe à son tour dans l’échappatoire ambigüe du lieu commun d’un Dieu impuissant face à ceux qu’il « prétend sauver »… Car c’est ainsi que l’on présente leur créateur, leur sauveur. La jeune femme finit par devenir victime d’une agitation, d’une peur quasi obsessionnelle jusqu’à sombrer dans la maladie, dans le malheur qui la pousse à ima-giner son enfant sous les roues d’une voiture ou sur un petit lit d’hôpital ou carrément sur le marbre d’une morgue.

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ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013

Ce qui contribue à son angoisse maladive, c’est sans doute son travail de rédaction au sein d’une revue catholique, où il faut commenter avec des mots d’espoir les évènements tragiques si fréquents du quotidien.

Des circonstances providentielles font que du fond brumeux de la plaine de la vallée du Pô, une opportunité la transfère sur les splendides cimes enneigées du haut Adige. Le change-ment de paysage est pratiquement le symbole concret d’un virage à angle droit : de la peur devenue obsessionnelle, des fantasmes du passé, des doutes lancinants qui traversent ses pensées, elle en vient à vivre le réveil de l’espérance et le retour à une vie pleine de sens. Le besoin d’évasion, à l’approche de Noël, loin de l’atmosphère suffocante dans laquelle elle vivait à Milan a conduit Hildegarde à demander à un ami qui connaît la montagne : « connais-tu un paradis lointain, isolé et ennei-gé où je pourrais passer Noël avec Tommaso ?». L’ami répondra : « Campodalba » Et c’est là que se produit le miracle. Là-haut, dans l’unique hôtel gai et hospitalier, un homme pleure, à l’écart. C’est un pasteur luthérien ; il a

perdu son fils unique ; sa femme l’a abandon-né, ne pouvant supporter une présence trop reliée à la perte de l’enfant et au souvenir d’un Dieu qu’elle déteste avec toute la rancœur d’une mère blessée. Lui-même (il se nomme Dieter) est désormais en proie à un doute terrible et inavouable : où est Dieu ? Tommaso se familiarise immédiatement avec l’inconnu, trouvant finalement en lui le père qui lui manquait et lui posant des questions que seule la spontanéité des enfants peut faire accepter : comment s’appelait ton fils ? Quel âge avait-t-il ? Comment est-t-il mort ? Et l’homme l’accompagne avec une tendresse de père, paraissant retrouver en l’enfant un peu de son petit Martin perdu. Un peu à la fois comme le germe d’une vie nouvelle après la tempête naît une chaude amitié entre Dieter et la maman de Tommaso. Jusqu’au moment où les deux, l’homme naufragé de la vie et la femme malade de peur connaissent la puissance revivifiante de l’amour. Un évènement qui risque de finir en tragédie viendra à bout des dernières résistances d’Hildegarde. Des années plus tard, une forme latente d’épilepsie déclenche en l’enfant une attaque très violente et les deux êtres le veillent ensemble. L’épreuve est surmontée mais la mère, par amour, dans un élan d’amour désespéré a offert sa vie, sans toutefois avertir (son entourage) qu'offrir la vie veut dire demander la mort. Et la mort s’annonce proche, attendue en paix cependant. « je parle souvent avec Dieu, mais cela je l’ai toujours fait. Dieu, Lui, ne répond pas mais cela aussi, Il l’a toujours fait. Tout va bien, Il est présent en tout. Ce qu’il faut faire c’est ne rien désirer et tout aimer. Et espérer. Espérer que ce mot ne soit pas le dernier. Le dernier mot, c’est Dieu».

Le livre se révèle à la fin être une sorte d’autobiographie spirituelle conduite avec une grande sagesse dans le récit, composé à la manière d’un roman. Il prend naissance dans les pleurs d’un enfant, il s’étend à un ensem-ble d’interrogations inquiétantes et se conclut par un acte de pur abandon dans la foi.

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REVUE DES FILLES DEMARIE AUXILIATRICE 44

La musique dans les teen- drama Mariano Diotto

Tu sais ! Toutes les chansons ont une fin, Jake, mais est-ce une bonne raison pour ne plus écouter la musique? » (da One tree Hill) Depuis toujours, l’alliance entre télévision et musique a été gagnante et productive pour les deux domaines concernés. Toutes les télévisions du monde consacrent une partie de leur programme à la musique et c’est ainsi que dès 1981 est née MTV qui fut la première chaîne télévisée consacrée exclu-sivement à la musique. Dès le début la chaîne est parvenue à inciter jeunes et adultes à imposer leurs modes et les cultures de masse mais la crise du secteur musical a conduit cette remarquable chaîne télévisée à diversifier ses propres choix en introduisant des téléfilms et des program-mes qui ne parlent pas exclusivement de musique. C’était déjà arrivé pratiquement au moment de la naissance de cette alliance télévision-musique : c’était en 1982, et la fameuse

chaîne américaine NBC décidait de produire un téléfilm qui avait pour thème central la musique et les adolescents : Fame, («Ils seront célèbres»). Le téléfilm s’inspirait du film du même titre et développait des sujets autour de la vie des adolescents, d’où la sortie de séries de téléfilm intitulées teen-drama (téléfilms pour adolescents et avec des adolescents pour en incarner les princi-paux héros).. Les acteurs des premières séries enregistrèrent plusieurs disques avec les chansons des séries et grimpèrent au faîte des classements, entraînés par ailleurs par leurs passages à la TV. Dès lors la route était toute tracée et les producteurs de disques se battaient pour avoir aussi un

passage de quelques secondes dans un teen-drama à cause du succès qui en résultait pour les ventes.

De One tree Hill a O.C. : le lancement de nouveaux chanteurs.

Le premier téléfilm qui a vraiment fait compren-dre au monde de la musique comment on pouvait grimper au faîte des classements grâce à quelques secondes d’une chanson ; ce fut en 2003 : One tree hill. Le plus étonnant c’est que le thème central était le basket et la vie de jeunes adolescents à leurs débuts dans la découverte du monde, des sentiments, des émotions. La musique toutefois joue un rôle de premier plan dans la série tant au niveau de la trame que dans les passages d’une scène à l’autre. En fait à la fin de chaque épisode, quelques scènes étaient reliées entre elles et la chanson, en général exécutée dans son entier, aidait à relier, entre elles, des situations au départ sans lien les unes avec les autres. Ensuite, quatre compilations furent réalisées et parvinrent au sommet des classements aux Etats Unis. Dans les diverses stations furent introduits des personnages comme Mia Catalano qui est la chanteuse Kate Voegele dans la réalité et qui mit en scène sa propre carrière de chanteuse parallèlement à la fiction. La même opportunité bénéficia au chanteur Kevin Federline dans le rôle de Jason et à Bethany Joy Lenz qui interprétait Haley James Scott. Une chance extraordinaire accompagne l’indicatif du téléfilm intitulé I Don't Want To Be, écrit et interprété par Gavin de Crow qui doit son succès personnel à ses passages à la télévision. L’utilisation de la musique a aussi été déterminante dans le teen-drama O.C et les 7 compilations ont ensemble obtenu la première

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ANNEE LX ■ JUILLET-AOUT 2013

place au hit-parade du monde entier, ce qui est également le cas pour les Phantom Planet, auteurs de l’indicatif du titre Californie. Dans les 92 épisodes figurent plus de 500 chansons, exécutées elles aussi en peu de secondes et qui servirent à mettre en valeur les émotions et les histoires des jeunes héros.

L’avènement de la High School Musical et Gee Le tournant de l’alliance entre la musique et teen-drama eut lieu grâce au film High School Musical, qui a envahi l’air de chansons écrites exprès pour les adolescents et avec pour thème central la musique. Grâce à ce succès intitulé Disney, la fox TV a démarré en 2009 la production de Glee.

Ce téléfilm raconte l’histoire de quelques garçons et filles du lycée, qui appartiennent au groupe de chant nommé Glee Club, plutôt talentueux mais considérés comme «mal-chanceux» (à l’origine, des losers, des per-dants) par rapport aux autres étudiants qui sont soit majorettes, soit footballers.

En l’occurrence la musique devient incontestablement partie prenante et non seulement pour les auteurs à l’origine des chansons, mais aussi pour les acteurs eux-mêmes, lesquels réinterprètent les chansons à leur manière.

La chaîne de télévision émettrice a signé un accord directement avec le plus gros distributeur de musique numérique dans le monde, iTunes, la sortie des chansons destinées à la vente ayant lieu dès les quelques minutes qui suivent leur exécution au cours de l’épisode transmis. Cela a suscité un intérêt marqué chez les maisons de disques : en effet, au-delà du fait que celles-ci pouvaient vendre la chanson originale, elles bénéficiaient aussi du produit de la vente du passage téléfilmé lui-même, où les acteurs chantaient la chanson. Aux Etats unis de grands chanteurs participent à un concours pour jouer dans un épisode : Madonna, Britney Spears, Ricky Martin, Gloria Estefan, Josh Groban, Olivia Newton John, Whitney Houston en ont déjà remporté.

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Qu’est-ce que les teen-drama ? Les teen-drama sont des téléfilms qui ont pour acteurs des adolescents avec leurs aventures familiales et scolaires. Ce genre est né avec le film « Happy days » et vit son plus grand moment de réussite dans les années 80 avec la transmission des séries Beverley Hills 90210. Le succès de ce genre télévisé comprend aussi la naissance de chaînes thématiques comme par exemple The CW, The ABC Family, Disney Channel et the N aux Etats Unis où la programmation est exclusivement tournée vers les adolescents.

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Maison, douce maison

Certainement vous avez deviné d’après mes considérations passées, en ces mois la “maison” a eu la meilleure place et je n’ai pas résisté à la tentation de me laisser aller à quelques considérations ; juste pour donner ma modeste contribution à la réflexion sur le prochain Chapitre Général. Avant tout, sœurs, nous avons finalement le courage de le dire ! Il y a maison et maison ! Mais toutes les demeures ne sont pas comme nous nous les imaginons ! Ce sont des maisons–palaces et des maisons-cabanes, des maisons-roulottes et des maisons-sur pilotis, des maisons casernes et maisons-familles... en somme, il y en a pour tous les goûts ! A part quelques petites différences, les maisons se ressemblent toutes : elles doivent être bien bâties sur un terrain solide, doivent offrir un toit sous lequel on puisse se refaire, avoir un passage à travers lequel on puissent entrer et sortir et ainsi de suite....mais dans nos communautés il y a un type de maison qui n’a rien à voir avec les maisons ordinaires : c’est la MAISON DANS LA MAISON !

Dans la MAISON- DANS-LA MAISON nous sommes nombreuses à être tentées de nous réfugier et les motifs pour le faire sont réels et sublimes : la MAISON-DANS-LA-

MAISON est le seul local dans lequel on cherche refuge (simplement notre chambre...) ; c’est le rideau à la fenêtre qui protège

des regards indiscrets (parce que nous prétendons que le droit à la vie privée nous est reconnu...) ; c’est le sol ciré sur lequel nous cheminons en pantoufles (avec l’excuse que si le milieu ambiant n’est pas propre et en ordre, cela ne fait pas bonne impression...) c’est la porte fermée à clé pour éviter des visites désa- gréables (justifiée par la nécessité de préserver les choses de dommages possibles...) c’est le jardinet fleuri auquel on donne le maximum de soin (sous prétexte qu’il convient d’éduquer au goût du beau...) c’est la paix qui règne quand finalement on peut se reposer (le repos qui, évidemment, nous est mérité !). En somme, la MAISON-DANS-LA MAISON est cet “espace très personnel” que l’on retrouve après la fatigue d’une dure journée de travail, c’est ce “climat d’intimité relaxante” dans lequel on se retrempe l’esprit, tout en écoutant le rosaire à la radio ou en écrivant à une amie. Et de MAISON-DANS-LA MAISON, dans ma communauté, il y en a plus d’une ! Tellement que je me suis dit :”Jamais ce ne sera cette maison qui évangélise ?!” Et quand j’ai essayé de demander des explications à mes sœurs qui pensaient être sur la bonne voie, une jeune sœur nous a éclairées :” En somme la MAISON-DANS-LA MAISON est quand on vient t’offrir un château et tu préfères rester dans ta taupinière !”..” Jeunes et impertinentes !

Parola di C.

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