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la fin du monde novembre - décembre 2012 vol xxviii n o 1 dossier La fin du monde... encore une fois ? rencontre À vos calendriers ? réflexions Le livre de l’espérance! revue biblique populaire

Revue Parabole

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Revue Parabole Vol XXVIII

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la fin du monde

novembre - décembre 2012 • vol xxviii no1

dossierLa fin du monde...encore une fois?

rencontreÀ vos calendriers ?

réflexionsLe livre de l’espérance !

revue b ibl ique popula ire

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CONSEIL D’ADMINISTRATION

Président : Marcel DUMAIS o.m.i.Vice-président : Sébastien DOANESecrétaire : Yves GUILLEMETTE ptreTrésorier : Jean DUHAIMEÉvêque de liaison : Mgr Luc BOUCHARDAdministrateurs/trices :Christiane CLOUTIER, Patrice BERGERON ptre,Béatrice PEDNEAULT

COMITÉ DE RÉDACTION

Rédacteur en chef : Yves GUILLEMETTE ptreGeneviève BOUCHER, Jean-Marc BARREAU,Patrice BERGERON ptre, Sébastien DOANE,Raymonde GRAVEL ptre, Francine VINCENT

COLLABORATION À CE NUMÉROJean-Marc BARREAU, Sébastien DOANE,Sabrina DI MATTEO, Gilles LEBLANC, Jean-Pierre PRÉVOST

PUBLICITÉ ET ABONNEMENTS

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03 AVANT-PROPOSParabole est de retour !Yves GUILLEMETTE

04 DOSSIERla fin du monde... encore une fois?Jean-Pierre PRÉVOST

07 Les symboles de l’Apocalypse Sébastien DOANE

10 RENCONTRELa fin du monde : à vos calendriers?Sabrina Di Matteo rencontre Robert LAMONTAGNE

13 CINÉMALa fin du monde au cinémaGilles LEBLANC

15 Le livre de l’espérance ! Jean-Marc BARREAU

la fin du monde

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rochains numéros !

Le numéro de mars 2013 : « La nouvelle évangélisation :quel ancrage biblique? »,

Le numéro de juin : la question de la foi dans unmonde sécularisé.

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SOMMAIREnovembre - décembre

vol xxviii no1

2012

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Les formats changent,mais la mission de larevue reste la même : offrir une lecture éclairéedu texte biblique pourque la Parole jaillisse

de la rencontre des Écritures avec l’aujourd’hui des

situations, des questionnements,des défis qui nous définissent en ce début du 21e siècle.

Directeur de la rédaction : Yves GUILLEMETTE ptre

parabole est de retour!

avant-propos ░

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Le retour de Parabole est sans conteste une bonne nouvelle. Il y a quelques mois déjàl’annonce du projet avait suscité des oh! et des ah! de joie. La Société catholique de laBible (SOCABI) est donc fière de souligner sa relance avec le retour de cette revue

biblique populaire qui avait assuré sa visibilité et fait sa renommée pendant 27 ans. Signe destemps, Parabole vous parviendra dorénavant en format numérique, après avoir connu lesformats tabloïd et revue, et un silence de huit ans. Les formats changent, mais la mission de larevue reste la même : offrir une lecture éclairée du texte biblique pour que la Parole jaillisse dela rencontre des Écritures avec l’aujourd’hui des situations, des questionnements, des défis quinous définissent en ce début du 21e siècle. Nous voulons être à leur écoute afin de vous offrirmatière à réflexion, que ce soit pour alimenter votre culture personnelle, nourrir votre spiritualitéou pour inspirer et soutenir votre engagement pastoral.

Voici que les pages de Parabole s’ouvrent à nouveau juste à la veille de la fin du mondeannoncée, mais elles ne se fermeront pas car notre espérance ne saurait nous décevoir. Lepremier numéro de Parabole ne voulait pas laisser passer la rumeur sans apporter uneinterprétation éclairée du livre de l’Apocalypse par les biblistes Jean-Pierre Prévost etSébastien Doane. Cette interprétation nous dispose à une réflexion sur l’espérance chrétiennetelle que proposée par le théologien Jean-Marc Barreau. Ce regard biblique est complétépar le regard scientifique de l’astrophysicien Robert Lamontagne interviewé par SabrinaDi Matteo, et par le regard que le critique de cinéma Gilles Leblanc porte sur deux filmsqui traitent de la fin du monde. Voilà donc une « trousse de survie » qui vous permettra decélébrer avec joie et sérénité le temps des Fêtes de Noël, mais aussi de développer uneconscience vigilante et responsable face aux défis qui seront toujours là après le Jour del’An.

Au nom du Conseil d’administration et du comité de rédaction, je vous souhaite la bienvenueparmi les lecteurs et lectrices de Parabole. Plusieurs parmi vous ont déjà été de fidèlesabonnés; nous espérons que vous retrouverez votre revue avec plaisir. Nous souhaitonsla bienvenue à notre nouveau lectorat qui, par le truchement de la toile, pourra nous fréquenterpartout sur notre bonne vieille Terre qui en a encore pour plusieurs milliards d’annéesà tourner autour du soleil et à voyager dans l’univers avec ou sans l’humanité à son bord.

Sur ces mots, je vous souhaite une bonne lecture et vous invite à faire rayonner la revue autourde vous par un simple clic de souris. Nous serons heureux de lire vos réactions, commentaireset suggestions en nous écrivant au [email protected] . Et pour nourrir votre désir denous lire à nouveau, le numéro de mars 2013 s’intéressera à la nouvelle évangélisation ets’intitulera : « La nouvelle évangélisation : quel ancrage biblique? », et celui de juin aborderala question de la foi dans un monde sécularisé.

Chers lecteurs et lectrices,

À bientôt,

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l’histoire en décembre 2012, et plusprécisément le 21 décembre. Il n’enfallait pas plus pour réactiver les discoursde fin du monde et, pour une énièmefois, convoquer le livre biblique del’Apocalypse, considéré comme laréférence absolue en matière de findu monde.

Apocalypse et fin du monde : une équation justifiée ?

À bien des égards, et malgré laprotestation plus que documentéedes exégètes de l’Apocalypse, le motapocalypse est très souvent compriscomme un synonyme de catastropheou de fin du monde. Le mot apocalypseest sur toutes les lèvres et sur toutesles tribunes dès qu’on entend parlerd’une catastrophe de magnitudeexceptionnelle : tremblement de terre,tsunami, raid terroriste, ouraganmeurtrier, etc.

Ce genre d’association n’est pas, à vraidire, totalement arbitraire, puisque lelivre de l’Apocalypse fait référence —

Rumeurs et frayeurs

Faut-il pour autant invoquer des textesanciens, de provenance et d’horizonsdivers, pour y trouver la confirmationd’un scénario qui serait ni plus ni moinsque celui d’une « fin du monde » ? Onnous a déjà fait le coup dans les deuxdécennies qui ont précédé l’an 2000.Des futurologues et surtout despreachers de toutes tendances ontfait appel à des sources aussi diversesque les sentences de saint Malachie(« liste des papes » ?), les centuriesde Nostradamus, le secret de Fatimaet, bien entendu, l’Apocalypse, pourdécréter que l’an 2000 pourraits’avérer fatidique pour l’humanitésinon pour la planète entière.

Or, le passage à l’an 2000 s’est faitsans douleur et aucune des rumeurs defin du monde ne s’est avérée. Mais, ôsurprise, à peine le troisième millénaireétait-il entamé, voilà que la rumeurrefait surface à partir d’une sourceinexploitée jusqu’alors : le calendriermaya. On apprend que ce calendrierprévoit la fin d’un cycle majeur de

Jean-Pierre PrévosT

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la fin du monde... encore une fois?Du bon usage de l’apocalypse

et trois fois plutôt qu’une — à descalamités qui s’abattent sur l’humanitéet sur le cosmos. C’est en effet ce qu’ontrouve au chapitre 6 (les sept sceaux),aux chapitres 8-9 (les sept trompettes)et au chapitre 16 (les sept coupes).Et, pour dire la vérité, il y a unegradation dans l’intensité et l’ampleurde ces calamités à l’intérieur de chacunde ces trois septénaires et du premierau troisième septénaire. Tant et sibien qu’une voix céleste peut affirmerlors du déversement de la septièmecoupe (16, 17) : « C’est en est fait ! »— certains traduisent : « C’est la fin ! ».

Mais qu’est-ce que « la fin » pourl’auteur de l’Apocalypse et pour sacommunauté ? Pour répondre àcette deuxième question, on se doitabsolument de lire tout le livre avecses vingt-deux chapitres, et passeulement les cinq chapitres évoquésau paragraphe précédent. Maintenant,pour lire ce livre avec profit, il fautd’abord et avant tout prendre encompte le contexte historique danslequel il a été écrit et dans quel but :alarmer ou rassurer ?

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Jean-Pierre Prévost est bibliste, auteur et traducteur d’ouvrages bibliques.

Les prophètes de malheur ont beau jeu dans le contexte actuel pour prédire une catastrophe planétaireimminente. Le contexte est celui que nous connaissons tous : conflit interminable au Proche Orient,menace du nucléaire, terrorisme international, ébranlement des économies nationales, pillage et

gaspillage des ressources naturelles et de l’environnement, et que sais-je encore ? Ce sont là desphénomènes incontestables qu’il faut prendre au sérieux.

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Le contexte : un temps d’« épreuve »

Jean ne fait pas mystère du contextequi l’amène à écrire son œuvre. Il seprésente d’emblée à son auditoirecomme « votre frère et compagnondans l’épreuve… » (1, 8), et on apprendraplus tard que « la foule immense, quenul ne pouvait dénombrer » (7, 9), celledes vainqueurs de la Bête, vient « de lagrande épreuve » (7, 14). Le mot grecemployé par Jean peut se traduire aussibien par tribulation ou par oppression.La situation est grave et le caractèrehautement dramatique des cinqchapitres évoqués plus haut en témoigneéloquemment.

De quelle « épreuve » s’agit-il donc ?Rappelons tout d’abord que l’Apocalypsea été rédigée vers la fin du 1er sièclede notre ère, soit vers 95, sous lerègne de l’empereur Domitien. Rappelonségalement que l’Apocalypse estadressée à des communautés chrétiennesd’Asie Mineure, sept au total, et toutesde jeunes communautés comptant àpeine deux générations d’existence.

L’épreuve vient d’abord de l’extérieur,du pouvoir politique dominant de

dossier ░

l’époque, qui est celui de l’Empireromain, l’un des plus vastes et desplus tentaculaires qui ait existé aucours de l’histoire. Les chapitres 12 à18 en particulier décrivent la tyranniede ce pouvoir en le présentant sousl’image de Bêtes monstrueuses etsanguinaires (Dragon, Bêtes de lamer et de la terre). Le pouvoir impérialromain de l’époque, détenu parDomitien, revendique une soumissionabsolue et ne tolère aucune opposition :il faut « adorer l’image de la Bête » et« porter la marque de son nom »,sinon c’est l’anéantissement social,l’emprisonnement ou la mort.

La protestation de Jean à ce chapitreest on ne peut plus claire et reflèteparfaitement celle des nombreux martyrschrétiens qui ont refusé d’« adorerl’image de la Bête » et de dire « Césarest Seigneur ». La divinisation du pouvoirpolitique et de ses représentantsn’est rien de moins qu’une aberrationpour quiconque, comme Jean et sacommunauté, croit que « la royauté dumonde est acquise à notre Seigneurainsi qu’à son Christ… » (11, 15). Lapression et l’oppression viennent dupouvoir politique de l’époque. Mais lesort ultime des martyrs qui « ont lavé

leurs robes et les ont blanchies dans lesang de l’Agneau », est aussi celui duChrist, « le témoin fidèle, le Premier-néd’entre les morts, le Prince des rois dela terre » (1, 5).

L’épreuve vient aussi de l’intérieur,comme on peut en juger par lesmessages adressés à chacune dessept Églises (chapitres 2—3). N’oublionsque c’est le Christ qui, dans ces deuxchapitres, s’adresse directement àchacune des sept Églises : Éphèse,Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes,Philadelphie et Laodicée.

Les messages adressés aux Églisesn’ouvrent la porte que très discrètementsur la vie concrète de ces Églises, maisjuste assez pour qu’on perçoive lesprincipaux défis qu’elles devaientrelever : discernement des vraisapôtres, fidélité à l’évangile, rapportsavec les Juifs, emprisonnement etmises à mort de certains des leurs,confrontation au culte de l’empereur etaux religions à mystères des Grecs,attitude à prendre devant la viandesimmolées aux idoles, tiédeur. Bref, lesjeunes communautés d’Asie Mineureont fort à faire pour rester à la hauteurdes exigences de l’évangile du Christ.

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« L’intention première de Jean est de lever le voile et de faire la lumière

sur la personne du Christ ressuscité. »

Le quatrième Ange sonne de la trompette (Apocalypse vIII)Enluminure sur parchemin

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Le pourquoi de l’œuvre : un appel au courage et à l’espérance.

De l’Apocalypse, on n’a souvent vouluretenir que le côté sombre du livre audétriment de son aspect lumineux,nettement plus fondamental et plusappuyé. Revenons tout d’abord au motapocalypse, dont nous avons parlé autout début. Les premiers mots du livresont Apocalypse de Jésus-Christ et ilsservent à toute fin pratique de titregénéral et d’annonce du sujet qui sera

traité. Or, le mot apocalypse en grecveut dire révélation, dé-voilement.L’intention première de Jean est delever le voile et de faire la lumière. Surquoi ? La fin du monde ? Non, puisqueson apocalypse est dite « de Jésus-Christ ». C’est la personne du Christ, etd’un Christ ressuscité, qui est à lasource, au centre et au sommet dulivre. Il faut lire l’Apocalypse d’abord etavant tout pour y découvrir un Christlumineux, vivant, rayonnant, glorieux,victorieux, rassembleur, premier-né etartisan d’un monde nouveau. Si laBête semble bien avoir son heure degloire pour ses partisans, c’est auChrist ressuscité uniquement queJean et sa communauté accordentgloire, honneur, puissance et royauté.

Si d’aventure on lit l’Apocalypse pourtrouver des dates de fin du monde, onrisque fort d’être déçu : nul sur cetteterre ne l’a jamais su ni ne le saurajamais ! Mais si au contraire on litl’Apocalypse en portant attention àtoutes les visions qui présentent leChrist, soit comme Fils de l’Homme(chapitre 1), soit surtout comme l’Agneauvictorieux (à partir du chapitre 5),alors on sera comblé et on ne pourraqu’être ébloui par la richesse destitres et des attributs que Jean et sacommunauté accordent à leur Seigneur.

Il y aurait encore beaucoup à dire,notamment sur le genre littéraire desapocalypses, juives ou chrétiennes,pour mieux comprendre celle de Jean.Mais faute d’espace, je termine enattirant votre attention sur le ton de

l’Apocalypse. Au plus fort des assautsde la Bête (chapitre 13), Jean appelled’emblée au courage, à la vigilance,au discernement et à l’espérancetenace : « Celui qui a des oreilles,qu’il entende !… Voilà qui fondel’endurance et la confiance dessaints » (13, 9-10). C’est le temps nonpas de la peur, de la résignation ou dela désespérance, mais bien de la confiance,de l’endurance et de l’espérance.

En bon prophète qu’il est, Jean dénoncele non-sens des prétentions de la Bêteet des ravages meurtriers qu’elle sèmeautour d’elle. Mais il ne se contente pasde dénoncer. Il sait aussi parsemer sonlivre de visions de salut centrées sur leChrist en gloire (chapitres 1, 5, 7, 11, 14,15, 19, 20, 21, 22).

L’Apocalypse peut se résumer en deuxcris : Christ est Seigneur, un cri de foiqui réfute à lui seul les prétentions del’empereur, et Viens, Seigneur Jésus !qui dit la ferveur de l’espérance deschrétiens, toute entière tournée vers leretour du Christ en gloire, au momentconnu de Dieu seul. Loin d’être la findu monde, ce moment est celui oùDieu crée, « un ciel nouveau, uneterre nouvelle » (21, 1). La fin devientcommencement éternel !

L’Apocalypse peut se résumer en deux cris : Christ est Seigneur et Viens, Seigneur Jésus !

La chute de BabyloneMatthias GErUNG (1500–1570)

Les symboles de l’Apocalypse : 60 mots-clés,Bayard. Parution en novembre 2012.L’Apocalypse, collection 25 questions, Novalis, 2009.Pour lire l’Apocalypse, nouvelle édition,Novalis, 2006.

; Du même auteur

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J’avais 12 ans lorsque j’ai lu lelivre de l’Apocalypse pour lapremière fois. C’était après

avoir reçu une Bible dans moncours de religion. Je m’étais alorsproposé d’en faire la lecture.Comme bon nombre de jeunesadolescents, j’étais impressionnépar les nombreuses scènes deviolence qui jalonnent ce livre.Mais en fait je ne comprenais pasgrand-chose à toutes ces imagesfortes et colorées appartenantà un langage symbolique dontj’ignorais les références. De plus,je cherchais un récit de catastrophesalors que l’Apocalypse est d’abordun livre d’espoir, comme je l’aiappris par la suite.

Ce livre est en effet l’œuvre dechrétiens qui, éprouvés par lespersécutions, espéraient uneintervention de Dieu en leurfaveur. Ils ont alors exprimé leurespérance en utilisant le genrelittéraire apocalyptique qui faitun usage abondant d’imagessymboliques qui leur étaientfamilières, mais qui nous sont

devenues étrangères et incom-préhensibles dans beaucoup decas. On ne s’étonnera pas que lelivre de l’Apocalypse alimentel’imaginaire des personnes quisont à l’affût des moindres signesde la fin du monde qui s’annoncecomme une catastrophe planétaire.Dans le présent article, je veuxattirer votre attention surquelques symboles liés à la findu monde : les sept sceaux, lessept trompettes, le dragon et lesdeux bêtes, le sept coupes etenfin l’agneau vainqueur.

Les sept sceaux (5, 1-8,5)

Dans l’Antiquité, le métier d’écrire étaitréservé à des scribes. Par exemple, quivoulait envoyer une lettre n’avait qu’àen dicter le contenu au scribe. Une foisécrite, l’auteur apposait son sceau enguise de signature et de cachet. Ainsile sceau garantissait l’authenticitéde la lettre car chaque personnageimportant avait un sceau personnel.

À partir du chapitre 5 de l’Apocalypse,l’auteur raconte une vision où Celui quisiège sur le trône divin tient dans samain droite un livre roulé et scellé desept sceaux. L’Agneau recevra la tâched’en briser les sceaux, et c’est alorsque seront dévoilés les événements dela fin des temps.

Au fur et à mesure que les quatrepremiers sceaux sont brisés, on voitapparaître un cheval de couleur différente

monté d’un cavalier ayant une missionbien précise dans l’avènement des tempsde la fin, les temps eschatologiques.

Voici la description des quatre premierssceaux :Un cheval blanc monté d’un cavaliertenant un arc et portant une couronnequi part pour vaincre (6, 2). Un cheval rouge feu dont le cavalierreçoit une grande épée pour ravir lapaix hors de la terre (6, 4).Un cheval noir, dont le cavalier tient àla main une balance qui servira àmesurer le blé, l’orge, le vin et l’huilepour susciter la faim sur la terre (6, 5). Un cheval blême qui a la Mort commecavalier (6, 8).

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les symboles de l’apocalypse

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sébastien DoANE

Bibliste, animateur de pastorale etd’implication communautaire au Collège St-Jean-Vianney, à Montréal; responsable de la rédaction du sitewww.interbible.org

Les quatre premiers sceauxsource : internet

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à des scorpions se répand sur la terreet s’attaque aux humains (9, 1-12).6e trompette : Quatre anges sortentà la tête de deux cents millions dechevaux et cavaliers dans le butd’exterminer le tiers des hommes (9, 13-21).7e trompette : Des voix venant du cielannoncent le jugement des morts et larécompense des serviteurs demeurésfidèles. S’ouvre alors dans le ciel letemple de Dieu et l’arche d’alliance ap-paraît parmi les éclairs et un tremble-ment de terre, ce qui n’est pas sansévoquer la théophanie du Sinaï où Dieuavait donné sa Loi à Moïse (11, 14-19).

Le dragon (12, 1-18)

La suite des visions, au chapitre 12,met en scène le dragon mythique auxsept têtes. Il est identifié au chefdes démons et des anges rebelles.La tradition l’associera à Satanpuisqu’il est symbole du mal. Ledragon symbolise toute la puissancedu mal contre lequel Dieu et les croyantsdoivent se battre. Il se met à la poursuited’une Femme enveloppée de soleilet couronnée de douze étoiles, quia enfanté un enfant mâle. Heureusement,il sera terrassé par une armée célested’anges menés par Michel. Ce combatreprend le geste primordial du triomphede Dieu sur le mal et le chaos.D’ailleurs, la littérature du Proche-Orient ancien reprend ce symbole dudragon qui lutte contre le bien ettoute forme d’organisation du monde.

Les deux bêtes (13, 1-18)

La lutte entre les forces du bien etdu mal se poursuit avec l’apparitiondes deux bêtes qui montent de lamer et auxquelles le dragon remetson pouvoir. Alors, je vis monter de lamer une bête qui avait dix cornes etsept têtes, sur ses cornes dix diadèmeset sur ses têtes un nom blasphématoire.La bête que je vis ressemblait auléopard, ses pattes étaient commecelles de l’ours, et sa gueule comme lagueule du lion (13, 1-2). Une deuxièmebête monte de la terre et se place auservice de la première. Elle séduit leshumains par ses prodigues et seradésignée comme un faux prophète(13, 11-17).

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Les sept trompettes,fresque de Guido NINchErI,église saint-Léon, WestmountPhoto : Josée roY

Le cinquième sceau dévoile les âmesdes martyrs qui ont donné leur viepar fidélité à la Parole de Dieu et quiréclament justice et vengeance pourleur sang répandu (6, 9-11).

La destruction commence avecl’ouverture du sixième sceau :t remblement de terre, éclipse dusoleil et de la lune, chute des étoilessur la terre (6, 12-17). Enfin, à l’ouverturedu septième sceau, on remet destrompettes à sept Anges (8, 2).

Les sept trompettes (8, 6-11,19)

Les catastrophes qui déferlent surla terre à chaque sonnerie destrompettes reprennent en les amplifiantles plaies d’Égypte. En voici unebrève description.

1e trompette : Une pluie de grêle et defeu mêlés de sang enflamme le tiers dela terre, des arbres et de la végétation(8, 7).2e trompette :Une montagne embraséetombe dans la mer qui se transforme ensang. Le tiers des créatures aquatiquespérit et le tiers des navires est détruit(8, 8-9).3e trompette : Un astre du ciel tombesur le tiers des fleuves et l’eau devienttoxique (8, 10-11).4e trompette : Le tiers du soleil, de lalune et des étoiles s’assombrissent etle tiers du jour et de la nuit perdent deleur clarté (8, 12).5e trompette : Une étoile tombe surla terre et reçoit la clé qui lui permetd’ouvrir le puits de l’abîme. Uneépaisse fumée se dégage alors du puitset une armée de sauterelles semblables

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Tout comme le dragon représentait lemal dans le ciel, les bêtes évoquent lemal sur terre. On y voit un symbole dupouvoir oppresseur de l’Empire romaindénoncé par l’auteur de l’Apocalypse,qui persécute les hommes et lescommunautés chrétiennes en particulier.

Les sept coupes (16, 1-21)

Les scènes de combat se succèdent etles images s’accumulent. Comme lessept Anges qui sonnaient de latrompette pour annoncer un malheur,sept autres anges versent les coupesde la colère de Dieu sur la terre etajoutent ainsi d’autres calamitésqui évoquent elles aussi les plaiesd’Égypte : un ulcère frappe les adorateursde la Bête (16, 2), les eaux de la mer,des fleuves et des sources deviennentdu sang (vv. 3-4), le feu du soleilbrûle les humains (vv. 8-9), le royaumede la bête est plongé dans les

ténèbres (vv. 10-11), les espritsmauvais comme des grenouilles sortentde la bouche du dragon et des bêtes(vv. 12-16), des tremblements de terre,des éclairs et des grêlons détruisentles cités de nations (vv. 17-21).Chaque fois, les hommes réagissenten blasphémant le Dieu du ciel.

L’agneau (19, 1-10)

L’agneau a toujours été associé à ladouceur et à l’innocence. C’est lesymbole universel de la non-violence,de la fragilité et de l’impuissance.Dans l’Ancien Testament, l’agneau,notamment l’agneau pascal, compteparmi les animaux offerts en sacrifice.Le livre de l’Apocalypse accorde unelarge place à l’agneau qui évoquesymboliquement le Christ mort etressuscité. C’est ainsi qu’une hymnechante les noces de l’agneau, la victoiredu Christ sur le mal et la mort (19, 1-4).

Il est intéressant de noter que l’auteurde l’Apocalypse inverse la symbolique :l’agneau immolé devient l’agneauvainqueur grâce, étonnamment, à laforce guerrière de ses sept cornes (5, 6).L’agneau vainqueur est revêtu depuissance et partage la royauté divine,étant vainqueur du mal et de la mort.

Enfin, après tout cet étalage defléaux et de violence, l’auteur nouscommunique son message d’espoir :le Christ vainqueur de la mort permettral’avènement des cieux nouveaux etd’une terre nouvelle.

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Le cheval noir dont le cavalier suscitera la famine sur la terre,

fresque de Guido NINchErI,église saint-Léon, Westmount

Photo : Josée roY

Le dragon mythique aux sept têtes,tapisserie d’ANGErs, 15ème siècle

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Entre prédictions et science

Pour éclairer nos lanternes,M. Lamontagne propose de distinguerce qu’on entend par « fin du monde »,à commencer par celle supposémentprédite par les Mayas, qui circuledans certains médias, surtout Internet.M. Lamontagne avoue en riant qu’iln’en a entendu parler qu’en 2009,quand l’émission Second Regard àRadio-Canada l’a contacté pour qu’ilcommente sur cette hypothèse. Il estcatégor ique : « Dans le mondescientifique, il n’y a aucune crédibilitéà accorder à ce genre de fin dumonde prévisible, ponctuelle, faited’un ensemble de convergences dephénomènes. »

Les données scientifiques démontrentbien qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéterd’une fin du monde imminente. « Il ya un concept de fin du monde d’unpoint de vue astronomique : la fin del’univers ou la fin d’une planète commela Terre. » Bien sûr, notre planète n’estpas éternelle, poursuit M. Lamontagne,car le soleil ne l’est pas non plus. « Lesoleil est une étoile dont l’espérance devie est entre 10 et 12 milliards d’années.On est rendu à peu près à cinq milliardsd’années. Dans le meilleur des scénarios,la Terre en a encore pour environ cinqmilliards d’années. »

M. Lamontagne précise aussi qu’il fauttenir compte de « la fin des conditionspropices à la vie sur la Terre. » On

estime que dans environ 500 millionsd’années, il fera si chaud que lesocéans vont s’évaporer. Un autre scénariopourrait être celui d’une catastrophedue au hasard, telle que l’impactd’un astéroïde, qui modifierait lesconditions environnementales néces-saires à la survie. « C’est ce qui estarrivé aux dinosaures il y a 65 millionsd’années. Toutefois, l’impact de cetastéroïde, mesuré à près de 20 kilomètresde diamètre, au Yucatan, a eu poureffet de libérer des niches écologiquespour les mammifères. »

Quels sont les risques qu’un astéroïdefrappe la Terre? « On a répertoriédes objets appelés astéroïdesgéocroiseurs, qui n’entreront pas en

sabrina DI MATTEo,

░ rencontre10

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la fin du monde : à vos calendriers?

))parabole revue biblique populaire • novembre - décembre 2012 _ vol xxviii no1

directrice du Centre étudiant Benoît-Lacroix, à Montréal interroge robert LAMoNTAGNE,chercheur en astrophysique et en astrobiologie, au Département de physiquede l’Université de Montréal, depuis 30 ans. Directeur exécutif de l’Observatoire duMont-Mégantic depuis 2007

Ouragans, éruptions volcaniques, tsunamis, séismes, guerres et conflits… Certains y voient les preuvesdu réchauffement climatique, d’autres y lisent les signes précurseurs de la fin des temps. À tous les deuxou trois ans, une nouvelle prédiction fait surface à propos du jour et de l’heure de la fin du monde.

Tantôt elle serait technologique, fruit du « bogue de l’an 2000 », tantôt elle serait annoncée par un hurluberluinspiré qui, le rendez-vous fatidique étant passé, a vite fait de retourner dans ses terres…

Depuis quelques temps, le fameux calendrier du peuple Maya figure comme la prochaine prédiction de lafin du monde : 21 décembre 2012. Qu’en dit la science?

« Dans le monde scientifique, il n’y a aucune crédibilité à accorder à ce genre de fin du monde prévisible,ponctuelle, faite d’un ensemble de convergences de phénomènes. »

Source: Robert Lamontagne

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collision avec la Terre dans les 100 ansà venir. » M. Lamontagne ajoute quede plus petits astéroïdes pourraientdétruire une localité. De même,l’explosion d’une étoile massive,voisine de la Terre, pourrait émettreun flux de radiations mortelles pourla vie sur notre planète. »

Fin du monde? Avec l’éclairage deM. Lamontagne, on comprend plutôtqu’il y aurait une fin à la vie sur Terre ouune fin du monde locale ou régionale.« Ce sont des fins de votre monde, maisce n’est pas la fin du monde. »

Des Mayas aux médias

Que révèle vraiment le calendriermaya? D’abord, ce peuple précolombienn’a pas prédit la fin du monde. Leurcosmologie n’inclut pas une apocalypse,comme la vision judéo-chrétiennequi a pénétré la culture occidentale.M. Lamontagne précise : « Pour lesMayas, l’univers est éternel et letemps est cyclique. La fin d’un cyclen’est pas une catastrophe. La fin d’uncycle peut s’accompagner de l’attentedu retour d’une divinité. »

Contrairement aux civilisations incas etaztèques disparues, l’héritage mayaexiste encore, par les descendantsmayas habitant le Mexique, le Belize,le Guatemala, le Honduras et le ElSalvador 1. « La langue maya a étémodifiée mais est encore parlée, » ditRobert Lamontagne.

Quant à la langue maya écrite, quicompose ce fameux calendrier qui se

termine en décembre 2012, quepouvons-nous en interpréter? « Lalangue maya est très difficile àcomprendre, construite sur un systèmede 20 symboles – et ce juste pour leschiffres. Elle est déchiffrée depuisseulement une quarantaine d’années,comparativement à 200 ans pour leshiéroglyphes égyptiens. On compteenviron 10 000 écrits mayas sur desstèles, des monuments ou desfresques, » détaille M. Lamontagne.Peu de manuscrits ont survécu auxi n c e n d i e s p r o vo qu é s p a r l e senvahisseurs espagnols, notammentjésuites.

Parmi les écrits mayas, un seul, sur unestèle trouvée à Tortuguero, parle de lafin d’un cycle. Ce cycle est le « comptelong » (en anglais, « long count »), dontl’échéance est chiffrée à 1, 872,000jours. Outre ce compte, la stèle ne faitmention que du retour de la divinitéBolomYokté. Aucun mot sur une fin,une apocalypse!

Problème de datation : on ne sait pasquand ce cycle a commencé exactement.Il y a un consensus dans l’interprétation,quand même, qui fait concorder la finde ce cycle maya avec notre calendrier.« Curieusement, cela nous mène au 23décembre 2012 et non au 21! » préciseM. Lamontagne. La croyance populaireen une fin fixée au 21 décembre seraitdue au fait que c’est le jour du solsticed’hiver…supplément de symboliquepour véhiculer une prédiction infondée!

Ensuite, les Mayas n’avaient pas dereprésentation physique de leurcalendrier, telle qu’une grille. « Lesimages qui circulent d’un calendrieren forme de roue sont faussées : c’est uneroue aztèque, » affirme M. Lamontagne.« Les Mayas avaient d’ailleurs plusieurscalendriers, dont deux pour les usagescourants : l’un civil divisé en 18périodes de 20 jours, plus cinq jours,qui organisait la vie agricole et sociale;l’autre basé sur des observationsastronomiques et s’étalant sur 260

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« Pour les Mayas, l’univers est éternel et le temps est cyclique. La fin d’un cycle n’estpas une catastrophe. La fin d’un cycle peuts’accompagner de l’attentedu retour d’une divinité. »

Source: Internet

1 http://www.civilisations.ca/mayaMusée canadien des civilisations, page visitée le 13 novembre 2012.

Pour en savoir plus

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jours, pour organiser la vie religieuseou rituelle. Le compte long servaitaux scribes mayas, pour mesurer letemps et archiver les informationsciviles et royales. »

Il est complexe de faire concordertout cela avec notre calendrier, héritédu pape Grégoire XIII, au 16e siècle.C’est en identifiant des observationsastronomiques communes qu’onpeut arrimer notre calendrier à celuides Mayas, en sachant que leursdeux calendriers usuels se rejoignentaux 52 ans. Même à cela, certainscomptes montrent que la fin du cyclemaya serait déjà passée. D’autresécrits projettent des dates au-delàdu compte long, ce qui montre queles Mayas n’attendaient aucunementune fin du monde…

Puisque les données de la science(astronomie et exégèse des écrits mayas)sont si claires, comment expliquercet engouement pour les prédictionsdes Mayas? M. Lamontagne attribuecela aux mouvements du Nouvel Âgequi anticipaient l’ère du Verseau, à leurintérêt pour les civilisations ancienneslié aux débuts du déchiffrage des écritsdans les années 1960-1970. Des lienset des interprétations se sont faits troprapidement, avant de bien comprendrela symbolique de ces écrits. « Livrepar-dessus livre s’est écrit par la suite,la machine à rumeurs s’est accéléréeavec Internet dans les années 1990,puis on a amalgamé à tout cela deséléments de cultures autres quemaya – mésopotamienne, sumérienneet babylonienne, qui ont pourtant2 000 ans d’écart d’avec les Mayas! »

Dis-moi ta fin du monde, je te dirai qui tu es

Qu’est-ce que ces attentes quant àune prédiction apocalyptique révèlentde nous comme genre humain?Robert Lamontagne a quelques idées :« Les personnes qui y croient ne sesentent généralement pas en contrôlede leur univers. Ils subissent lesévénements, le déroulement du temps…C’est une déresponsabilisation que depouvoir blâmer les dieux, les Mayas, lesextraterrestres. Des gens pervertissentmême ces croyances au profit dupouvoir, comme l’ont fait Jim Jones etl’Ordre du Temple Solaire. Dans mesconférences 2, je rencontre parfoisdes personnes si convaincues de forces

occultes à l’œuvre et de conspirationsmondiales qu’il est impossible de lesraisonner. J’en croise aussi dans mescours à l’université. C’est désolant. »

Comment prévenir ces dérapages?« En se rappelant qu’aucune théorie defin du monde plausible ne comporteraitune date, une heure, un événementprécis, » insiste M. Lamontagne. « Enmultipliant les sources d’informationcrédibles et raisonnables. En n’hésitantpas à se documenter, à s’adresser àdes chercheurs, des centres de science,des universités. Bref, en cultivant ledoute et l’effort intellectuel. »

2 M. Lamontagne donne une conférence sur le thème de la fin du monde depuis quelquesannées. Il y explore les notions du calendrier maya et apporte l’éclairage de la science.Il a donné cette conférence près de 30 fois, à des clubs d’astronomie comme à des soiréesgrand public, et ce dans plusieurs villes du Québec, pour un total d’environ 5 000 auditeurs.

Pour en savoir plus�

découverte | radio-canada.caOn peut écouter le reportage de l’émission Découverte (SRC, 25 novembre 2012) sur la fin du monde avec M. Robert Lamontagne

en suivant ce lien.

http://www.radio-canada.ca/util/postier/suggerer-go.asp?nID=1064665(cliquez sur l’adresse ci-dessus ou copiez-la dans votre navigateur)

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Mélancholia

Mélancholia constitue un film majeurdans l’œuvre du réalisateur danois(Breaking the Waves, Antéchrist) quisigne ici une de ses mises en scène lesmieux équilibrées, alliant sophisticationet sobriété. On y retrouve assemblées,de façon organique et limpide, ledésespoir du cinéaste face à un mondedéfait, où le vide existentiel, la pertede sens, la dépression et le cynismesont les symptômes apparents d’unMal dont l’accident cosmique attenduconstitue à la fois la cause et leremède.

Justine et son nouvel époux Michaelarrivent avec deux heures de retard à

leur réception de mariage, qui a lieudans le château cossu du riche beau-frère de celle-ci, John. L’atmosphèreest plutôt tendue, et Claire, la sœurde Justine, s’active en tous sens afinde préserver les apparences. Satâche devient de plus en plus difficile àmesure que la soirée avance, et que levrai visage de Justine, une publicitaireatteinte de maladie mentale, refaitsurface, au grand désespoir de sonnouveau mari. À la fin de la nuit, cedernier, à bout de patience, jettel’éponge.

Au même moment, on note la progressiontranquille mais résolue de la planèteMélancholia vers la Terre. Quelquessemaines après la noce, Justine,

anéantie par la dépression, se réfugiechez Claire et John, qui tentent, toutcomme leur enfant fasciné par satante, de lui faire remonter la pente.Parallèlement, Mélancholia continuesa trajectoire, divisant Justine,étrangement sereine, et Claire,paralysée d’appréhension, à l’idéed’une possible collision avec la Terre.

Le prologue opératique sur un airde Wagner, d’une beauté glacéetrompeuse, précise d’entrée de jeul’angle d’attaque du cinéaste: endomestiquant la nature, l’Homme avidé la beauté de son sens. La pelousemanucurée du château, son terrain degolf désert, importent ce raisonnementplus loin dans le récit fataliste, à lasymbolique puissante, divisé de façonabstraite ou du moins arbitraire endeux chapitres égaux en durée. Lepremier est consacré à Justine, campéepar une Kirsten Dunst incandescente,le second à Claire, très bien défenduepar Charlotte Gainsbourg.

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la fin du monde au cinéma

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Gilles LEBLANc

Journaliste et chroniqueur de cinéma,Trois-Rivières.

Le douze - ou peut-être le vingt-et-un - du douzième mois de l’an2012 est un jour de moins en moins appréhendé. Pourtant lecalendrier maya semble indiquer que ce sera la fin de notre

monde terrestre. Les angoissés et les curieux scrutent la Bible en vain, àtravers l’Apocalypse, le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu sur le jugementdernier et tant d’autres allusions des Écritures sur la fin des temps.

Sentant la bonne affaire, le cinéma y a trouvé un filon à exploiter. Parmiles productions récentes, le film catastrophe 2012 du réalisateur allemandRoland Emmerich n’a pas eu le rayonnement escompté. Sur un plan plusromantique, le long métrage Jusqu’à ce que la fin du monde nous séparede la jeune Américaine Lorene Scafaria n’a eu guère plus de succèsau box-office. Toutefois, deux films retiennent davantage l’attentionsur cette question : Mélancholia de Lars von Trier et L’Arbre de la viede Terrence Malick. Nous les soumettons à votre attention.

La planète Mélancholia s’approche de la terre.

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L’arbre de la vie

Le cinquième long métrage de TerrenceMalick (Days of Heaven, The Thin RedLine), en près de quarante ans decarrière, se révèle une éclatanteréussite, voire une sorte d’apothéoseartistique. Apparentant la naissance del’individu à la création de l’univers, samort à la fin du monde, le cinéastephilosophe soutient à travers unscénario inracontable mais poli à tousles angles qu’entre ces deux instantsla nature et la grâce se le disputent.Résolument tourné dans la perspectivede l’enfance, ce grand poème lyrique sedéploie dans une mécanique savante,digressive et frôlant l’abstraction, quiassocie les gestes et les penséesdes personnages à des mouvementscosmiques.

Jack (Sean Penn), un architecte établià New York, se remémore son enfancedans les années 1950 à Waco, Texas,auprès d’un père tyrannique etcomplexé (Brad Pitt), d’une mère

(Jessica Chastain) lumineuse maissoumise, et de ses deux jeunes frères.Puis, de la mort à la guerre du cadet,qui a figé sa famille dans un état detristesse perpétuelle. Aspiré dans laspirale du souvenir, ses démons et sonenfance remontent à la surface enimages furtives ou en segments de vieprécis: les jeux cruels auxquels il selivrait avec les gamins du voisinage; lesilence pesant de ses parents entreeux; les colères de son orgueilleuxpère, qui l’a poussé à la révolte, etc.À travers ces réminiscences sur sespropres origines, Jack s’interroge surcelles du monde, et comment l’une etl’autre s’imbriquent.

Plus directement, l’épilogue nouspropose une véritable vision duParadis, de la réconciliation père-fils,du retour des disparus en un lieuindéterminé, proche de la mer - dontl’image et surtout le son ne cessent denous occuper l’esprit durant tout le

film, comme peut être le lieu d’unematrice originelle - ou l’évoquantdans la région d’un lac salé. Visionsde femmes aussi, comme des anges,enveloppant et rassurant la mèrequant au devenir de son enfant. Avantla redescente sur Terre du frère. Unplan quelque temps avant présentaitun ascenseur montant, et à la fin decette séquence on retrouve Jack dansun même ascenseur qui descend.Visage illuminé, rayonnant. Révélation ?Peut être… en tout cas l’on pourraitcertainement discuter longuementdu dernier plan du film, sur un pont.Ou mène t-il ? Là ou le spectateurvoudra bien aller sûrement.

Que sera la fin du monde :

une catastrophe cosmique

ou un rassemblement

festif et fraternel ?

Bien malin qui le sait !

La famille de Jack réunie à la fin des temps.

Justine, Michael, John et claire observent le ciel menaçant.

« Apparentant la naissance de l’individu à la création de l’univers,

sa mort à la fin du monde, le cinéaste soutient

qu’entre ces deux instants la nature et la grâce se le disputent. »

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Si dans cette première versionnumérique de Parabole,Sébastien Doane ouvre le livrede l’Apocalypse en présentantsuccinctement ses symboliques,aussi riches qu’absconses, GillesLeblanc, quant à lui, en regardela prégnance dans notre culturecinématographique. Mélancholiade Lars von Trier et L’Arbre de la viede Terrence Malick y sont présentésde fait avec tact et originalité.Pour nous, c’est essentiellementdans le prolongement de l’articlede Jean-Pierre Prévost que noussouhaitons consulter ce livre,berceau de l’Espérance, tellementloin de l’annonce d’une fin dumonde apocalyptique.

le livre de l’Apocalypse. De fait,l’éclairage de ce texte bibliquedonne un tout autre relief à notrecompréhension de la « fissure denotre monde » : ouvrons-nous lelivre de la fin du monde ou celui decet « autre monde » ?

Ce 11 septembre… nouséchafaudions un projetd’évangélisation quand le

téléphone se mit à sonner. Lapremière tour du World TradeCenter venait de s’écrouler. Nousétions le 11 septembre … 2001.La seconde tour s’effondrait à sontour : plus jamais le monde neserait le même ! Depuis ce jourfatidique – citons pour exempleMarcel Gauchet ou Jean-ClaudeGuillebaud –, les auteurs sesuccèdent pour analyser lephénomène de ce qui s’imposede plus en plus clairement devantnos yeux comme étant la « fissurede notre monde ». Pourtant, entre cette fissure –aussi profonde, déterminante etétendue soit-elle – et l’annoncede la fin du monde – comme lesuggère le calendrier maya –, nousreconnaissons l’émergence … d’un« autre monde », celui qu’évoque

Jean-Marc BArrEAU

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La « fissure de notre monde », devient alors le lieu debéance de la « petite espérance », le levier pour faireémerger cet « autre monde ».

le livre de l’espérance !

La fissure de notre monde

Jean-Pierre Prévost n’hésite pas àassocier le livre de l’Apocalypse àl’évangéliste Jean. L’apôtre bien aimé(Jn 21, 20) y serait donc le prophètede l’Espérance : affirmation que nousreprenons en conclusion d’article. Notonsseulement que si nous considérons les

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Prêtre, Ph. D ThéologieIl effectue actuellement une étude post-doctorale au Collège Universitaire desDominicains d’Ottawa en lien au sujet desa thèse de doctorat : la théologie de lanouvelle évangélisation. D’origine française mais présent auQuébec depuis 1996, il prêche régulièrementdes retraites et offre souvent des sessionsen théologie.

Monsieur PaixIllustration : Ben hEINE

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Dévoilement du cœur de Dieu qui cherche à déverser à flots sa grâce par la « fissure de notre monde »...La grâce, ciment de cet « autre monde ».

secousses apocalyptiques, décritesdans le livre de l’Apocalypse, à lalumière de la vertu théologale del’Espérance, la « fissure de notremonde », évoquée en amont, devientalors le lieu de béance de la « petiteespérance » – comme la nommaitCharles Péguy dans Le porche dumystère de la deuxième vertu –, lelevier pour faire émerger cet « autremonde ». Dans l’esprit de Charles Péguy, la« petite espérance » renvoie à lathéologie de la grâce quand il écrit :« C’est depuis toujours que sa grâcecoule pour la conservation du monde.» À son insu, le poète nous livre doncici le cœur du livre saint. L’Apocalypse,nous rappelle Jean-Pierre Prévost,se traduit du grec par l’expression« dé-voilement ». Dévoilement ducœur de Dieu qui cherche à déverserà flots sa grâce par la « fissure denotre monde ». La grâce, ciment decet « autre monde ». Le poète peutainsi donner la parole à son Dieu :« Quelle ne faut-il pas que soit magrâce et la force de ma grâce pour que

cette petite espérance, vacillanteau souffle du péché (…) soit aussiinvariable (…), impossible à éteindre,que cette petite flamme du sanctuaire. » Les sept sceaux du livre de l’Apocalypse,surplombés par la symbolique del’Agneau (Ap 6, 1), sont ainsi la révélationde la manière dont Dieu ouvre lemonde à sa grâce. Associé par Jean-Pierre Prévost à la Victoire du Christ« source, centre et sommet du livre »,l’Agneau ouvre en effet les sceauxpour faire jaillir la grâce, et par elle,la « petite espérance » : On lui donnaune couronne et il partit en vainqueur,et pour vaincre encore (Ap 6, 2).Chaque « fissure de notre monde »n’est donc plus annonciatrice decatastrophes effroyables, mais chaque« fissure de notre monde » devientréceptacle d’une Victoire déjà acquise.Le premier sceau annonce cette victoirede l’Agneau : Le cheval blanc (Ap 6, 2).Sont dévoilés alors le deuxième sceau,le troisième sceau et le quatrièmesceau : le cheval rouge-feu (Ap 6, 4), lecheval noir (Ap 6, 5) et le chevalverdâtre (Ap 6, 8). À la lumière du

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« Sphere within Sphere », par Arnoldo PoMoDorodans le jardin devant le siège de l'oNU, NEW YorK, états-Unis

cheval blanc – fruit de la Victoire del’Agneau –, ce sont les trois désordresde l’humanité que l’Agneau va panser,va transfigurer.

L’Apocalypse est bien le livre del’Espérance. Tel un traité théologique,il décrit le gouvernement divin. Dieurépond aux multiples fragilités del’être humain par un surcroît degrâces. Caractérisé par les sept sceaux,son gouvernement s’immisce sansfracas dans ce monde fissuré pour ydéposer la vie de la grâce : grâce pour

Source: Internet

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Le livre de l’Apocalypse est donc un traité du gouvernement divin au cœur duquel se situe une ecclésiologie.L’Église est le « laboratoire » de la grâce, disons le lieu où doit s’opérer la conversion à Dieu : « J’ai contretoi que tu as perdu ton amour d’antan» (Ap 2, 4). Seule, sa conversion entraînera le monde vers Dieu. Lelivre de l’Apocalypse est donc écrit pour l’Espérance. La première épître de Jean l’était pour la charité fraternelleet son Évangile pour la foi. C’est donc bien un triptyque théologal que Saint Jean a offert à l’Église !L’ « année de la foi » sera l’année de la « petite espérance » seulement si elle est le temps de la « charitéfraternelle » : Un « autre monde » (Jn 8, 23).

grâce (Jn 1, 16) écrit l’évangéliste.Soulignons l’ordre de sagesse : lepremier sceau précède les trois suivants.Le cheval blanc manifeste le dévoilementd’une Victoire déjà acquise sur les troisfissures fondamentales de l’humanité :celle du cheval rouge-feu, du noir, et duverdâtre. Pareillement, cet ordre desagesse ordonne le cinquième et lesixième sceau : L’Église, épouse del’agneau (Ap 21, 9) est la premièreappelée à recevoir la grâce. Va-t-elle larefuser ? Il s’agit-là du cinquièmesceau. C’est par elle ensuite que lemonde est invité à s’ouvrir à la grâce.Va-t-il la refuser ? Il s’agit du sixièmesceau.

L’Espérance

Et le septième sceau ? Il s’agit dudernier, capital. Essentiel à coup sûr,car il est celui qui interpelle l’Église del’intérieur. Et lorsque l’Agneau ouvrit leseptième sceau, il se fit un silence dansle ciel, environ une demi-heure (Ap 8, 1).Ce silence symbolise le for interne del’être humain : l’âme va-t-elle refuser

ou accueillir la grâce ? La demi-heure –symboliquement – permet à l’âmed’exercer son libre arbitre : quelchoix va-t-elle poser ? Régi par unordre de sagesse – celui qui qualifiela présentation des sept sceaux –, cetultime sceau s’adresse en premier lieuà l’Église. Dans le silence de son forinterne, l’Église est appelée à faire unchoix : celui de son retour à la grâce(Ap 6, 9), à la robe blanche (Ap 6, 11).Accueil ou refus, ce jeu, suspenduau choix du for interne de l’Église,conditionne le gouvernement divin.En mots simples : si l’Église – ad intra –,épouse privilégiée de l’Agneau, ne seconvertit pas, comment le monde –ad extra – sera-t-il visité ? Lestrompettes – ad extra – sonnent pourinterpeller le monde, mais les coupes– ad intra – interpellent l’Église pourdéverser sur elle la grâce de Dieu etattirer le monde. Nous avons là le lienentre les sept sceaux et les trompettes,entre les trompettes et les coupes.Nous avons là la structure du livre del’Apocalypse décrite par SébastienDoane.

Refus ou accueil ? Désespoir ou « petiteespérance » ? L’Église a pour vocationde garder le vêtement de la grâce :« Heureux celui qui veille et qui gardeses vêtements » (Ap 16, 15). L’Église apour mission de s’écrier : « Amen,viens, Seigneur Jésus!» (Ap 22, 20).Jean-Pierre Prévost nous le rappelait :« N’oublions pas que c’est le Christ quiaux chapitres deux et trois du livre del’Apocalypse s’adresse directement àchacune des sept Églises. »

Un « autre monde »

Après l’effondrement des deux toursdu World Trade Center – signe fort desymboliques –, la « fissure de notremonde » renvoie l’Église à sa proprevulnérabilité. Acceptera-t-elle defaire de sa fragilité le lieu où la grâcese déverse, donnant sens à la « fissurede notre monde » ? Le livre de l’Apocalypsen’annonce pas la fin du monde. Ilprophétise la conversion de l’Église –« autre monde » – et par surcroît,l’interpellation d’un monde quis’éloigne de Dieu parce qu’il a mal.

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Pour vos cadeaux de Noëltissez la toile de la paix

La paix trouve, dans toutes les langues de la terre, des mots pour se dire, mais pas toujours des mains pour se faire.

heureusement toutefois il y a des hommes et des femmes de bonne volonté et de cœurgénéreux qui créent et tissent inlassablement des liens de solidarité dans leur famille, leurcollectivité, leur milieu de travail et entre les peuples. ces artisans de paix agissent aunom de l’égale dignité de tous les êtres humains. Jésus leur réserve même une béatitudeen les appelant fils de Dieu, qu’ils soient croyants, non croyants, ou croyants différents.

En cette fête de Noël, confions à Dieu toutes ces personnes qui tissent la grande toilede la paix, avec les fils de l’amour, du respect, de la justice, de la solidarité, du partage.Que ce soit par les simples gestes et attitudes de la vie quotidienne à la maison ou autravail, ou par des engagements en faveur de causes diverses et louables, ces «réseauteurs»de la paix font la gloire de Dieu. Ils donnent pleinement sens à l’hymne de louangequi accompagne la Bonne Nouvelle de la naissance de Jésus christ, notre sauveur :

Gloire à Dieu au plus haut des cieuxEt paix sur la terre aux hommes qu’il aime.

SOCABI vous offre ses meilleurs vœux

pour un très joyeux Noël.

Notre souhait, c’est que vous trouviez votre joie enchoisissant votre propre fil pour construire l’immensetoile de la paix entre les humains, en commençantbien sûr par votre famille et vos amis, votre voisinage,votre milieu de travail, votre communauté chrétienned’appartenance.

Puissiez-vous y investir votre amour durant laprochaine année, en espérant qu’elle vous soitbonne, heureuse et sanctifiante.

Nous vous invitons à prier pour les hommes, lesfemmes, les enfants, les familles qui vivent dans lespays sous tension ou en guerre, en particulier auMoyen orient, aux pays de la bible, où les chrétiensnotamment vivent dans des conditions douloureuses.

Joyeux Noël et bonne année 2013,de la part des membres du conseil d’administration dela société catholique de la Bible (socABI) et du comitéde rédaction de Parabole.

Société catholique de la Bible2000 rue Sherbrooke Ouest, Montréal(Québec) H3H 1G4