Rimbaud, Corpus

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  • 7/31/2019 Rimbaud, Corpus

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    Correspondance

    Paul Demeny, I Douai.

    Charleville, 15 mai 1871.

    J'ai rsolu de vous donner une heure de littrature nouvelle. Je commence de suite par unpsaume d'actualit.

    CHA! D" #$"%%" &A%("

    )e &rintemps est vident, car...etc.............................

    A. %*+A$D.

    -oici de la prose sur l'avenir de la posie !oute posie antiue a/outit la posie0recue -ie harmonieuse. De la #r2ce au mouvement romantiue, mo3en40e, il 3a des lettrs, des versiicateurs. D'"nnius !hroldus, de !hroldus Casimir Delavi0ne,tout est prose rime, un 6eu, avachissement et 0loire d'innom/ra/les 0nrations idiotes %acine est le pur, le ort, le 0rand. n e9t soul sur des rimes, /rouill ses hmistiches,ue le Divin (ot serait au6ourdh'ui aussi i0nor ue le premier venu auteur d'ri0ines. Apr2s %acine, le 6eu moisit. l a dur deu: mille ans ;i plaisanterie, ni parado:e. )a raison m'inspire plus de certitudes sur le su6et ue n'aurait6amais eu de col2res un 6eune

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    sem/le simple en tout cerveau s'accomplit un dveloppement naturel tant d'0o@stes seproclament auteurs il en est /ien d'autres ui s'attri/uent leur pro0r2s intellectuel ; *ais il s'a0it de aire l'4me monstrueuse l'instar des comprachicos, uoi ; ma0ine> unhomme s'implantant et se cultivant des verrues sur le visa0e.Je dis u'il aut =tre vo3ant, se aire vo3ant.

    )e &o2te se ait vo3ant par un lon0, immense et raisonn dr20lement de tous les sens.!outes les ormes d'amour, de sourance, de olie il cherche luim=me, il puise en luitous les poisons, pour n'en 0arder ue les uintessences. nea/le torture o il a /esoin detoute la oi, de toute la orce surhumaine, o il devient entre tous le 0rand malade, le0rand criminel, le 0rand maudit, et le supr=me (avant ; Car il arrive l'inconnu ;&uisu'il a cultiv son 4me, d6 riche, plus u'aucun ; l arrive l'inconnu, et uand,aol, il inirait par perdre l'intelli0ence de ses visions, il les a vues ; Bu'il cr2ve dans son/ondissement par les choses inou@es etinnom/ra/les viendront d'autres horri/les travailleurs ils commenceront par leshori>ons o l'autre s'est aaiss ;

    la suite si: minutes

    ci, 6'intercale un second psaume, hors du te:te veuille> tendre une oreille complaisante, et tout le monde sera charm. J'ai l'archet en main, 6e commence

    *es petites Amoureuses

    $n h3drolat lacr3mal laveetc......................A. %.

    -oil. "t remarue> /ien ue, si 6e ne crai0nais de vous aire d/ourser plus de c. deport, moi pauvre ear ui, depuis sept mois, n'ai pas tenu un seul rond de /ron>e ; 6evous livrerais encore mes Amants de &aris, cent he:am2tres, *onsieur, et ma *ort de&aris, deu: cents he:am2tres ; Je reprends Donc le po2te est vraiment voleur de eu.l est char0 de l'humanit, des animau: m=me il devra aire sentir, palper, couter sesinventions si ce u'il rapporte de l/as a orme, il donne orme si c'est inorme, ildonne de l'inorme. !rouver une lan0ue Du reste, toute parole tant ide, le temps d'un lan0a0e universel viendra ; il aut =treacadmicien, plus mort u'un ossile, pour paraire un dictionnaire, de uelue lan0ueue ce soit. Des ai/les se mettraient penser sur la premi2re lettre de l'alpha/et, uipourraient vite se ruer dans la olie ; Cette lan0ue sera de l'4me pour l'4me, rsumant tout, parums, sons, couleurs de la penseaccrochant la pense et tirant. )e po2te dinirait la uantit d'inconnu s'veillant en sontemps dans l'4me universelle il donnerait plus ue la ormule de sa pense, ue lanotation de sa marche au &ro0r2s ; "normit devenant norme, a/sor/e par tous, il seraitvraiment un multiplicateur de pro0r2s ;

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    Cet avenir sera matrialiste, vous le vo3e> !ou6ours pleins du om/re et de l'Harmonie,ces po2mes seront aits pour rester. Au ond, ce serait encore un peu la &osie 0recue.)'art ternel aurait ses onctions comme les po2tes sont cito3ens. )a &osie ne r3thmeraplus l'action elle sera en avant.Ces po2tes seront ; Buand sera /ris l'inini serva0e de la emme, uand elle vivra pour

    elle et par elle, l'homme, 6usu'ici a/omina/le, lui a3ant donn son renvoi, elle serapo2te, elle aussi ; )a emme trouvera de l'inconnu ; (es mondes d'ides direrontils desnEtres ? "lle trouvera des choses tran0es, insonda/les, repoussantes, dlicieuses nousles prendrons, nous les comprendrons."n attendant, demandons au: po2tes du nouveau, ides et ormes. !ous les ha/ilescroiraient /ientEt avoir satisait cette demande. Ce n'est pas cela ;)es premiers romantiues ont t vo3ants sans trop /ien s'en rendre compte culture deleurs 4mes s'est commence au: accidents locomotives a/andonnes, mais /r9lantes,ue prennent uelue temps les rails. )amartine est uelueois vo3ant, mais tran0lpar la orme vieille. Hu0o, trop ca/ochard, a /ien du vu dans les derniers volumes )es*isra/les sont un vrai po2me. J'ai )es Ch4timents sous la main (tella donne peu pr2s

    la mesure de la vue de Hu0o. !rop de +elmontet et de )amennais, de Jhovahs et decolonnes, vieilles normits creves.*usset est uator>e ois e:cra/les pour nous, 0nrations douloureuses et prises devisions, ue sa paresse d'an0e a insultes ; ; les contes et les prover/es adasses ; les nuits ; %olla, E amouna, E la Coupe ; !out est ranFais, c'estdire ha@ssa/le ausupr=me de0r ranFais, pas parisien ; "ncore une oeuvre de cet odieu: 0nie ui ainspir %a/elais, -oltaire, Jean )a e des rideau: il a erm les 3eu:.

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    6e travaille me rendre vo3ant. "t inissons par un chant pieu:.

    ACC%$&(("*"!(

    +ien tard, uand il se sent l'estomac coeur,

    etc..........................................-ous serie> e:cra/le de ne pas rpondre vite car dans huit 6ours 6e serai &aris, peut=tre.Au revoir.

    A. %*+A$D.

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    POESIESAu cabaret vert

    Cin heures du soir

    Depuis huit 6ours, 6'avais dchir mes /ottinesAu: caillou: des chemins. J'entrais Charleroi. Au Ca/aret-ert 6e demandai des tartinesDe /eurre et du 6am/on ui 9t moiti roid.

    +ienheureu:, 6'allon0eai les 6am/es sous la ta/le-erte 6e contemplai les su6ets tr2s na@sDe la tapisserie. "t ce ut adora/le,Buand la ille au: ttons normes, au: 3eu: vis,

    Cellel, ce n'est pas un /aiser ui l'peure ;

    %ieuse, m'apporta des tartines de /eurre,Du 6am/on ti2de, dans un plat colori,

    Du 6am/on rose et /lanc parum d'une 0ousseD'ail, et m'emplit la chope immense, avec sa mousseBue dorait un ra3on de soleil arrir.

    cto/re 7.

    Ma bohmeI

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    Oraison du soirJe vis assis, tel u'un an0e au: mains d'un /ar/ier,"mpoi0nant une chope ortes cannelures,)'h3po0astre et col cam/rs, une #am/ier

    Au: dents, sous l'air 0onl d'impalpa/les voilures.!els ue les e:crments chauds d'un vieu: colom/ier,*ille %=ves en moi ont de douces /r9lures &uis par instants mon coeur triste est comme un au/ierBu'ensan0lante l'or 6eune et som/re des coulures.&uis, uand 6'ai raval mes r=ves avec soin,Je me tourne, a3ant /u trente ou uarante chopes,"t me recueille, pour l4cher l'4cre /esoin Dou: comme le (ei0neur du c2dre et des h3sopes,Je pisse vers les cieu: /runs, tr2s haut et tr2s loin,Avec l'assentiment des 0rands hliotropes.

    oyelles

    A noir, " /lanc, rou0e, $ vert, /leu vo3elles,Je dirai uelue 6our vos naissances latentes A, noir corset velu des mouches clatantesBui /om/inent autour des puanteurs cruelles,

    #oles d'om/re ", candeurs des vapeurs et des tentes,)ances des 0laciers iers, rois /lancs, rissons d'om/elles , pourpres, san0 crach, rire des l2vres /ellesDans la col2re ou les ivresses pnitentes

    $, c3cles, vi/rement divins des mers virides,&ai: des p4tis sems d'animau:, pai: des ridesBue l'alchimie imprime au: 0rands ronts studieu:

    , supr=me Clairon plein des strideurs tran0es,(ilences traverss des *ondes et des An0es l'm0a, ra3on violet de (es Keu: ;

    !e bateau ivre

    Comme 6e descendais des

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    Buand avec mes haleurs ont ini ces tapa0es,)es

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    &ussent orcer le mule au: cans poussis ;

    J'ai heurt, save>vous, d'incro3a/les on des mers, de 0lauues troupeau: ;

    J'ai vu ermenter les marais normes, nasses pourrit dans les 6oncs tout un )viathan ;Des croulements d'eau: au milieu des /onaces,"t des lointains vers les 0oures cataractant ;

    #laciers, soleils d'ar0ent, lots nacreu:, cieu: de /raises ;"choua0es hideu: au ond des 0oles /runs les serpents 0ants dvors des punaisesChoient, des ar/res tordus, avec de noirs parums ;

    J'aurais voulu montrer au: enants ces doradesDu lot /leu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. Des cumes de leurs ont /erc mes drades"t d'inea/les vents m'ont ail par instants.

    &arois, mart3r lass des pEles et des >ones,)a mer dont le san0lot aisait mon roulis dou:*ontait vers moi ses leurs d'om/re au: ventouses 6aunes"t 6e restais, ainsi u'une emme 0enou:...

    &resue Gle, /allottant sur mes /ords les uerelles"t les ientes d'oiseau: cla/audeurs au: 3eu: /londs."t 6e vo0uais, lorsu' travers mes liens r=lesDes no3s descendaient dormir, reculons ;

    r moi, /ateau perdu sous les cheveu: des anses,Jet par l'oura0an dans l'ther sans oiseau,*oi dont les *onitors et les voiliers des Hanses'auraient pas rep=ch la carcasse ivre d'eau

    )i/re, umant, mont de /rumes violettes,*oi ui trouais le ciel rou0eo3ant comme un murBui porte, coniture e:uise au: /ons po2tes,Des lichens de soleil et des morves d'a>ur

    Bui courais, tach de lunules lectriues,&lanche olle, escort des hippocampes noirs,Buand les 6uillets aisaient crouler coups de triues)es cieu: ultramarins au: ardents entonnoirs

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    *oi ui trem/lais, sentant 0eindre cinuante lieues)e rut des +hmots et les *aelstroms pais,

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    Illuminations

    "ein# beauteous

    Devant une nei0e un "tre de +eaut de haute taille. Des silements de mort et des cerclesde musiue sourd ont monter, s'lar0ir et trem/ler comme un spectre ce corps ador des/lessures carlates et noires clatent dans les chairs super/es. )es couleurs propres de lavie se oncent, dansent, et se d0a0ent autour de la -ision, sur le chantier. "t les rissonss'l2vent et 0rondent, et la saveur orcene de ces eets se char0eant avec les silementsmortels et les rauues musiues ue le monde, loin derri2re nous, lance sur notre m2re de/eaut, elle recule, elle se dresse. h ; nos os sont rev=tus d'un nouveau corpsamoureu:.

    LLL

    la ace cendre, l'cusson de crin, les /ras de cristal ; )e canon sur leuel 6e doism'a/attre travers la m=le des ar/res et de l'air l0er ;

    ies, I

    les normes avenues du pa3s saint, les terrasses du temple ; Bu'aton ait du /rahmaneui m'e:pliua les &rover/es ? D'alors, de l/as, 6e vois encore m=me les vieilles ; Je mesouviens des heures d'ar0ent et de soleil vers les leuves, la main de la campa0ne sur monpaule, et de nos caresses de/out dans les plaines poivres. $n envol de pi0eonscarlates tonne autour de ma pense ":il ici, 6'ai eu une sc2ne o 6ouer les chesd'oeuvre dramatiues de toutes les littratures. Je vous indiuerais les richesses inou@es.

    J'o/serve l'histoire des trsors ue vous trouv4tes. Je vois la suite ; *a sa0esse est aussiddai0ne ue le chaos. Bu'est mon nant, aupr2s de la stupeur ui vous attend ?

    ies, II

    Je suis un inventeur /ien autrement mritant ue tous ceu: ui m'ont prcd unmusicien m=me, ui ai trouv uelue chose comme la cle de l'amour. A prsent,0entilhomme d'une campa0ne ai0re au ciel so/re, 6'essa3e de m'mouvoir au souvenir del'enance mendiante, de l'apprentissa0e ou de l'arrive en sa/ots, des polmiues, des cinou si: veuva0es, et uelues noces o ma orte t=te m'emp=cha de monter au diapasondes camarades. Je ne re0rette pas ma vieille part de 0aGt divine l'air so/re de cette ai0re

    campa0ne alimente ort activement mon atroce scepticisme. *ais comme ce scepticismene peut dsormais =tre mis en oeuvre, et ue d'ailleurs 6e suis dvou un trou/lenouveau, 6'attends de devenir un tr2s mchant ou.

    ies, III

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    Dans un 0renier o 6e us enerm dou>e ans 6'ai connu le monde, 6'ai illustr la comdiehumaine. Dans un cellier 6'ai appris l'histoire. A uelue =te de nuit dans une cit duord, 6'ai rencontr toutes les emmes des anciens peintres. Dans un vieu: passa0e &arison m'a ensei0n les sciences classiues. Dans une ma0niiue demeure cerne parl'rient entier 6'ai accompli mon immense oeuvre et pass mon illustre retraite. J'ai /rass

    mon san0. *on devoir m'est remis. l ne aut m=me plus son0er cela. Je suis rellementd'outretom/e, et pas de commissions.

    ille

    Je suis un phm2re et point trop mcontent cito3en d'une mtropole crue moderne parceue tout 0o9t connu a t lud dans les ameu/lements et l'e:trieur des maisons aussi/ien ue dans le plan de la ville. ci vous ne si0nalerie> les traces d'aucun monument desuperstition. )a morale et la lan0ue sont rduites leur plus simple e:pression, enin ;Ces millions de 0ens ui n'ont pas /esoin de se connaGtre am2nent si pareillementl'ducation, le mtier et la vieillesse, ue ce cours de vie doit =tre plusieurs ois moins

    lon0 ue ce u'une statistiue olle trouve pour les peuples du continent. Aussi comme,de ma en=tre, 6e vois des spectres nouveau: roulant travers l'paisse et ternelle umede char/on, notre om/re des /ois, notre nuit d't ; des "rinn3es nouvelles, devantmon cotta0e ui est ma patrie et tout mon coeur puisue tout ici ressem/le ceci, la*ort sans pleurs, notre active ille et servante, et un Amour dsespr, et un 6oli Crimepiaulant dans la /oue de la rue.

    Aube

    J'ai em/rass l'au/e d't.%ien ne /ou0eait encore au ront des palais. )'eau tait morte. )es camps d'om/res neuittaient pas la route du /ois. J'ai march, rveillant les haleines vives et ti2des, et lespierreries re0ard2rent, et les ailes se lev2rent sans /ruit.)a premi2re entreprise ut, dans le sentier d6 empli de rais et /l=mes clats, une leurui me dit son nom.Je ris au Masserall /lond ui s'chevela travers les sapins la cime ar0ente 6ereconnus la desse.Alors 6e levai un un les voiles. Dans l'alle, en a0itant les /ras. &ar la plaine, o 6e l'aidnonce au co. A la 0rand'ville elle u3ait parmi les clochers et les dEmes, et courantcomme un mendiant sur les uais de mar/re, 6e la chassais."n haut de la route, pr2s d'un /ois de lauriers, 6e l'ai entoure avec ses voiles amasss, et6'ai senti un peu son immense corps. )'au/e et l'enant tom/2rent au /as du /ois.Au rveil il tait midi.

    $leurs

    D'un 0radin d'or, parmi les cordons de soie, les 0a>es 0rises, les velours verts et lesdisues de cristal ui noircissent comme du /ron>e au soleil, 6e vois la di0itale s'ouvrirsur un tapis de ili0ranes d'ar0ent, d'3eu: et de chevelures.

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    Des pi2ces d'or 6aune semes sur l'a0ate, des piliers d'aca6ou supportant un dEmed'meraudes, des /ouuets de satin /lanc et de ines ver0es de ru/is entourent la rosed'eau.!els u'un dieu au: normes 3eu: /leus et au: ormes de nei0e, la mer et le ciel attirentau: terrasses de mar/re la oule des 6eunes et ortes roses.

    "arbare

    +ien apr2s les 6ours et les saisons, et les =tres et les pa3s,)e pavillon en viande sai0nante sur la soie des mers et des leurs arctiues Iellesn'e:istent pas. %emis des vieilles anares d'hro@sme ui nous attauent encore le coeur et la t=te loindes anciens assassins h ; )e pavillon en viande sai0nante sur la soie des mers et des leurs arctiues Iellesn'e:istent pasDouceurs ;

    )es /rasiers, pleuvant au: raales de 0ivre, Douceurs ; les eu: la pluie du vent dediamants 6ete par le coeur terrestre ternellement car/onis pour nous. monde ; I)oin des vieilles retraites et des vieilles lammes, u'on entend, u'on sent,)es /rasiers et les cumes. )a musiue, virement des 0oures et choc des 0laFons au:astres. Douceurs, E monde, E musiue ; "t l, les ormes, les sueurs, les chevelures et les3eu:, lottant. "t les larmes /lanches, /ouillantes, E douceurs ; et la voi: mininearrive au ond des volcans et des 0rottes arctiues.)e pavillon...

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    %ne saison en en&er

    D'!I(ESII Alchimie du verbe

    A moi. )'histoire de mes olies.Depuis lon0temps 6e me vantais de possder tous les pa3sa0es possi/les, et trouvaisdrisoire les cl/rits de la peinture et de la posie moderne.J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, dcors, toiles de saltim/anues, ensei0nes,enluminures populaires la littrature dmode, latin d'0lise, livres rotiues sansortho0raphe, romans de nos a@eules, contes de es, petits livres de l'enance, oprasvieu:, rerains niais, r3thmes [email protected] r=vais croisades, vo3a0es de dcouvertes dont on n'a pas de relations, rpu/liues sanshistoires, 0uerres de reli0ion toues, rvolutions de moeurs, dplacements de races etde continents 6e cro3ais tous les enchantements.

    J'inventai la couleur des vo3elles ; A noir, " /lanc, rou0e, /leu, $ vert. Je r0lai laorme et le mouvement de chaue consonne, et, avec des r3thmes instinctis, 6e me lattaid'inventer un ver/e potiue accessi/le, un 6our ou l'autre, tous les sens. Je rservais latraduction.Ce ut d'a/ord une tude. J'crivais des silences, des nuits, 6e notais l'ine:prima/le. Jei:ais des verti0es.

    LLL

    )oin des oiseau:, des troupeau:, des villa0eoises,Bue /uvais6e, 0enou: dans cette /ru32re"ntoure de tendres /ois de noisetiers,Dans un /rouillard d'apr2smidi ti2de et vert ?

    Bue pouvais6e /oire dans cette 6eune ise, rmeau: sans voi:, 0a>on sans leurs, ciel couvert ;+oire ces 0ourdes 6aunes, loin de ma caseChrie ? Buelue liueur d'or ui ait suer.

    Je aisais une louche ensei0ne d'au/er0e. un ora0e vint chasser le ciel. Au soir)'eau des /ois se perdaient sur les sa/les vier0es,)e vent de Dieu 6etait des 0laFons au: mares

    &leurant, 6e vo3ais de l'or et ne pus /oire.

    LLL

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    A uatre heures du matin, l't,)e sommeil d'amour dure encore.(ous les /oca0es s'vapore)'odeur du soir =t.

    )/as, dans leur vaste chantierAu soleil des Hesprides,D6 s'a0itent en /ras de chemise )es Charpentiers.

    Dans leurs Dserts de mousse, tranuilles,ls prparent les lam/ris prcieu: la ville&eindra de au: cieu:.

    , pour ces uvriers charmants

    (u6ets d'un roi de +a/3lone,-nus ; uitte un instant les AmantsDont l'4me est en couronne.

    %eine des +er0ers,&orte au: travailleurs l'eaudevie,Bue leurs orces soient en pai:"n attendant le /ain dans la mer midi.

    LLL

    )a vieillerie potiue avait une /onne part dans mon alchimie du ver/e.Je m'ha/ituai l'hallucination simple 6e vo3ais tr2s ranchement une mosue la placed'une usine, une cole de tam/ours aite par des an0es, des cal2ches sur les routes du ciel,un salon au ond d'un lac les monstres, les m3st2res un titre de vaudeville dressait despouvantes devant moi.&uis 6'e:pliuai mes sophismes ma0iues avec l'hallucination des mots ;Je inis par trouver sacr le dsordre de mon esprit. J'tais oisi, en proie une lourdei2vre 6'enviais la licit des /=tes, les chenilles, ui reprsentent l'innocence deslim/es, les taupes, le sommeil de la vir0init ;*on caract2re s'ai0rissait. Je disais adieu au monde dans d'esp2ces de romances

    Chanson de la plus haute tour

    Bu'il vienne, u'il vienne,)e temps dont on s'prenne.

    J'ai tant ait patienceBu' 6amais 6'ou/lie.

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    Craintes et sourancesAu: cieu: sont parties."t la soi malsaine/scurcit mes veines.

    Bu'il vienne, u'il vienne,)e temps dont on s'prenne.

    !elle la prairieA l'ou/li livre,#randie, et leurieD'encens et d'ivraies,Au /ourdon aroucheDes sales mouches.

    Bu'il vienne, u'il vienne,

    )e temps dont on s'prenne.

    J'aimai le dsert, les ver0ers /r9ls, les /outiues anes, les /oissons tidies. Je metraGnais dans les ruelles puantes et, les 3eu: erms, 6e m'orais au soleil, dieu de eu.N#nral, s'il reste un vieu: canon sur tes remparts en ruines, /om/ardenous avec des/locs de terre s2che. Au: 0laces des ma0asins splendides ; dans les salons ;

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    )e loup criait sous les euilles"n crachant les /elles plumesDe son repas de volailles

    Comme lui 6e me consume.

    )es salades, les ruits'attendent ue la cueillette *ais l'arai0ne de la haiee man0e ue des violettes.

    Bue 6e dorme ; ue 6e /ouilleAu: autels de (alomon.)e /ouillon court sur la rouille,"t se m=le au Cdron.

    "nin, E /onheur, E raison, 6'cartai du ciel l'a>ur, ui est du noir, et 6e vcus, tincelled'or de la lumi2re nature. De 6oie, 6e prenais une e:pression /ouonne et 0are aupossi/le

    "lle est retrouve ;Buoi ? l'ternit.C'est la mer m=leAu soleil.

    *on 4me ternelle,/serve ton voeu*al0r la nuit seule"t le 6our en eu.

    Donc tu te d0a0esDes humains sura0es,Des communs lans ;!u voles selon...

    Jamais l'esprance.&as d'orietur.(cience et patience,)e supplice est s9r.

    &lus de lendemain,+raises de satin,-otre ardeur"st le devoir.

  • 7/31/2019 Rimbaud, Corpus

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    "lle est retrouve ; Buoi ? l'"ternit.C'est la mer m=leAu soleil.

    LLL

    Je devins un opra a/uleu: 6e vis ue tous les =tres ont une atalit de /onheur l'actionn'est pas la vie, mais une aFon de 04cher uelue orce, un nervement. )a morale est laai/lesse de la cervelle.A chaue =tre, plusieurs autres vies mes sem/laient dues. Ce monsieur ne sait ce u'il ait il est un an0e. Cette amille est une niche de chiens. Devant plusieurs hommes, 6ecausai tout haut avec un moment d'une de leurs autres vies. Ainsi, 6'ai aim un porc.Aucun des sophismes de la olie, la olie u'on enerme, n'a t ou/li par moi 6epourrais les redire tous, 6e tiens le s3st2me.

    *a sant ut menace. )a terreur venait. Je tom/ais dans des sommeils de plusieurs 6ours,et, lev, 6e continuais les r=ves les plus tristes. J'tais m9r pour le trpas, et par une routede dan0ers ma ai/lesse me menait au: conins du monde et de la Cimmrie, patrie del'om/re et des tour/illons.Je dus vo3a0er, distraire les enchantements assem/ls sur mon cerveau. (ur la mer, ue6'aimais comme si elle e9t d9 me laver d'une souillure, 6e vo3ais se lever la croi:consolatrice. J'avais t damn par l'arcenciel. )e +onheur tait ma atalit, monremords, mon ver ma vie serait tou6ours trop immense pour =tredvoue la orce et la /eaut.)e +onheur ; (a dent, douce la mort, m'avertissait au chant du co, ad matutinum, auChristus venit, dans les plus som/res villes

    saisons, E ch4teau: ;Buelle 4me est sans dauts ?

    J'ai ait la ma0iue tudeDu /onheur, u'aucun n'lude.

    (alut lui, chaue oisBue chante le co 0aulois.

    Ah ; 6e n'aurai plus d'envie l s'est char0 de ma vie.

    Ce charme a pris 4me et corps"t dispers les eorts.

    saisons, E ch4teau: ;

    )'heure de sa uite, hlas ;

  • 7/31/2019 Rimbaud, Corpus

    18/18

    (era l'heure du trpas.

    saisons, E ch4teau: ;

    LLL

    Cela s'est pass. Je sais au6ourd'hui saluer la /eaut.