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DES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL Vers l'an 205 avant notre ère, à la suite du décret par lequel les Pariens acceptaient l'épangélie![des Leukophryena de Magnésie-du-Méandre, les Magnètes ont fait graver la liste des cités des îles qui avaient pareillement agréé le caractère pah- hellénique de la fête (1). [Karot Ta] aùxà. 8s !<]w)^>ityavTO [N-]à|;ioi' "AvSpiot, 'Apffivosïç. T^-vio*. Oïipaieïç TotAïtat. 80 Sàfuoi oi If*. Mivowu, KapQaieîç Septowi 'ApxEartveeïç [KJtiôvwt 'A^xX^itietç AfljytaXeïî Olvjaïos, ÈÇ 'Ixapou] t Ki(*[<«>)>iot.] Mux[6vtot] Or l'une de ces villes, celle des 'Aa-xXïimeîç, apparaît pour la première fois dans les documents dont nous disposons. On s'est facilement résigné à ne pas l'identifier : « 'A^xX/imew sind unbekannt », a déclaré le premier éditeur, 0. Kern; « ignota civitas », ont répété Dittenberger et Hitler von Gaertringen (2) ; l'Encyclopédie de Pauly-Wissowa n'a pas donné asile aux Asklepieis dans ses Suppléments (3). (1) /. von Magnesia, 50; Sylloge', 261 ; Sylloge 3, 562. (2) Cf. aussi P. Boesch, 8E<jjpdç, 39, note 2 : « Wohin die 'Apmvoeïî und die 'AottViviueû; gehôren, weiss man nicht ». (3) D'ailleurs il est fréquent que les, villes connues seulement par des inscriptions soient oubliées dans l'Encyclopédie de Pauly-Wissowa. Je me réserve d'en donner ailleurs des exemples, mais je note déjà ici que la ville de Strato- nikeia du Calque, connue par les listes d'évêchés byzantins, la numismatique et plusieurs inscriptions, a été oubliée dans le récent volume où il a été traité de Stratonikeia (de Carie).

ROBERT (Louis). Les Asklepieis de l'Archipel (Revue Des Etudes Grecques 46 1933 2)

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Page 1: ROBERT (Louis). Les Asklepieis de l'Archipel (Revue Des Etudes Grecques 46 1933 2)

DES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL

Vers l'an 205 avant notre ère, à la suite du décret par lequelles Pariens acceptaient l'épangélie![des Leukophryena de

Magnésie-du-Méandre, les Magnètes ont fait graver la liste des

cités des îles qui avaient pareillement agréé le caractère pah-

hellénique de la fête (1).

[Karot Ta] aùxà. 8s !<]w)^>ityavTO•

[N-]à|;ioi' "AvSpiot,

'Apffivosïç. T^-vio*.

Oïipaieïç TotAïtat.

80 Sàfuoi oi If*. Mivowu, KapQaieîç

Septowi 'ApxEartveeïç

[KJtiôvwt 'A^xX^itietç

AfljytaXeïî Olvjaïos, ÈÇ 'Ixapou]

t Ki(*[<«>)>iot.]—

Mux[6vtot]

Or l'une de ces villes, celle des 'Aa-xXïimeîç, apparaît pourla première fois dans les documents dont nous disposons. On

s'est facilement résigné à ne pas l'identifier : « 'A^xX/imew sind

unbekannt », a déclaré le premier éditeur, 0. Kern; « ignotacivitas », ont répété Dittenberger et Hitler von Gaertringen (2) ;

l'Encyclopédie de Pauly-Wissowa n'a pas donné asile aux

Asklepieis dans ses Suppléments (3).

(1) /. von Magnesia, 50; Sylloge', 261 ; Sylloge 3, 562.

(2) Cf. aussi P. Boesch, 8E<jjpdç, 39, note 2 : « Wohin die 'Apmvoeïî und die

'AottViviueû; gehôren, weiss man nicht ».

(3) D'ailleurs il est fréquent que les, villes connues seulement par des

inscriptions soient oubliées dans l'Encyclopédie de Pauly-Wissowa. Je me réserved'en donner ailleurs des exemples, mais je note déjà ici que la ville de Strato-nikeia du Calque, connue par les listes d'évêchés byzantins, la numismatique et

plusieurs inscriptions, a été oubliée dans le récent volume où il a été traité deStratonikeia (de Carie).

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424 LOUIS ROBERT

Je crois qu'on a renoncé trop facilement. Il-est. clair qu'ilfaut chercher dans une région bien délimitée de la Mer Aigée :

les mêmes théores, Molossos, Démétrios et Kallikratès, ont été

à Délos (1), à Paros, et c'est parce qu'ils rapportaient aussi les

décrets de toutes les villes dont on a le nom ici qu'on a gravéla liste de ces villes sous lé décret de Paros (2) ; ils ont fait le

tour des Cyclades, Kéos (Karthaia, Ioulis, Arsinoé), Kythnos,

Sériphos, Kimolos, Thera (3), Paros, Naxos, Amorgos (Aigialé,

Arkesiné, Minoa), Ikaros, Mykonos, Délos, Syros, Ténos,Andros (4). Voici longtemps que j'avais été surpris qu'une cité

nouvelle pût nous être révélée dans les Cyclades ; où trouver

la place d'une nouvelle ville, — cité indépendante, comme

l'atteste sa mention dans la liste de Magnésie, et non bourg—, un site nouveau, dans celte région des Cyclades, connue

depuis si longtemps, par tant de témoignages et de voyageurs,

explorée et étudiée, sauf de rares exceptions, assidûment et parles voyageurs étrangers et par les habitants curieux de leurs

(1) /. von Magnesia, 49. L'origine délienne de ce décret, soupçonnée par O. Kern,a été établie de façon certaine par'Ad. Wilhelm, Jahreshefte, IV, Beiblatt, 26-27;cf. M. Holleaux, RE A, 1903, 213 ; P. Roussel, BCH, 1907, 368-369.

(2) Tableau du champ d'action des groupes de théores magnètes dans O. Kern,Hermès. 1901, 502 ; P. Boesch, 8ewp<Sî, 32. Cf. L. Robert, BCH, 1930, 326. Ce sont

d'autres théores qui ont visité Samoa et Chios, ainsi que les villes d'Ionie (/. von

Magnesia. 53:; cf. B. Hausaoullier, Études sur l'histoire de Milet et du Didymeion,

145-148; Ad. Wilhelm, Neue Beitràge, IV, 36).

(3) L'ethnique est ici, contrairement à l'usage, ©Tipaisîc;, et non 8ï|paîot ; Dit-

tenberger, Sylloge', 261, note 15, a remarqué que le même ethnique apparaissaitdans le décret d'Oropos, W, Vil, 262, où il avait à tort corrigé en 6ïi(6)ai&x.Cette observation a échappé à Swoboda, Zwei Kapitel s. gr. Bundesrecht, 19 et

à W, Kolbe, Das gr. Bundesbilrgerrecht, Zeitschr. d. Savigny Stiftung, 1929, 147.

Croyant que « das Ethnilton ©tjpaieû? ist fur Thera nicht bezeugt », on a voulu

faire de ce 6ti(6)aiei3i; un citoyen soit de Thèbes de Phthiotide, soit de Thèbes de

Béotie (sur la foi d'Etienne de Byzance!); le document doit rester en dehors de

la discussion. Le mémoire de W. Kolbe est d'ailleurs excellent; il est fâcheux

que W. Schwann, qui a écrit dans VHermes, 1931, 97-118, sur Das BUrgerrechtder sympol. Bundesstaaten bei den Griechen, ne l'ait pas connu, car il eût pu se

dispenser d'écrire le sien.

(4) Les noms de deux cités étaient encore gravés aux lignes 84, et 85. Hiller:

von Gaertringen restitue [MViXio]i; la restitution est possible, mais doit être

accompagnée d'un signe de doute, car on peut avoir aussi bien [2âpio]i. A la

ligne suivante, on a à hésiter aussi entre Eîipvios, Sixtvioi, 'I^taf.

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LÈS ASKLEPIEIS DE L'AHCHIPEL 426'

antiquités? Nous ne pouvons point nous y attendre aux mêmes

surprises qu'en Analolie.

Un autre nom de la listé apparaissait aussi pour la premièrefois : les 'Apjnvoeïç. Une ville d'ArsinOe étant inconnue dans

l'Archipel, Hiller von Gaertringen (1) songeait à voir en elle

Arsinoe du Péloponèse, nom attesté pour Methana, placée sous

la domination ptolémaïque (2), mais Dittenberger faisait juste-ment remarquer — observation qui vaut pour les Asklepieis— qu'on ne pouvait la chercher en dehors des îles (3) ; P. Grain-

dor a établi, par la découverte d'une inscription, qu'Arsinoeétait située dans Fîle de Kéos (4), et que c'était un nom nou-

veau donné à Koresia, dont le port sûr et, pour une marine

antique, spacieux, formait une admirable base navale pour la

marine plolémaïque (S). 11 me paraît extrêmement tentant de

supposer que. pour les Asklepieis comme pour les Arsinoeis,nous avons, non pas une ville nouvelle jusqu'alors inconnue,mais seulement un nom nouveau. De fait le nom des Asklepieisne peut être très ancien, l'expansion du culte d'Askléptosétant un phénomène relativement récent (6).

Le peuple dont le nom suit celui des mystérieux Asklepieis

(1) Dans /. von Magnesia, 50j notes.

(2) Sur Methana-Arsinoe, voir essentiellement Hiller von Gaertringen, 'Ap/;

'Eip., 1925/1926, 68-75.

(3) Sylloge', 261, note H; OGI, 102, note 7.

(4) IG, XII 5, 1061.

(5) BCH, XXX (1906), 97 sqq. ; Musée Belge, 1921, 123-124. Hiller von Gaertrin-

gen tenait pour une identification avec Poiessa (Sylloge 3, 562; hôte 14;,522,note 15); il a récemment accepté celle de P. Graindor, en l'appuyant d'un nouvel

argument (Hist. gr. Epigramme, 96 ; 'Apx- 'E»., 1925-1926, 70) ; de même H. Swo-

boda, Zwei Kapitel z. gr. Bundesrechl, 50-51; Je remarque que l'ancien nom,

Koresia, a déjà reparu dans la liste delphique des théorodoques, BCH, 1921, p. 5,1. 38 (premier quart du ne siècle).

(6) Sur la date récente (milieu du iv* siècle) de l'établissement du culte d'Às-

klépios dans son sanctuaire, illustre ensuite, de Kos, K. Herzog, Heilige Gèselze

von Kos, Abhandl. Berl. Akad., 1928, VI, 46-47. Cf. R. Herzog, Die Wunderhei-

lungen von Epidatiros (1931), 37-39, sur les dates de fondation d'autres filiales

d'Épidaure : Sicyone (v siècle ?), Athènes (420 ; cf. Kernand Robert, Rev. Phil.,

1931, 136-139), Pergame (iv« siècle ; cf. H. Hepding, Philologus, 1933, 96), Rome

(293; cf. M. Besnier, L'île Tibérine dans l'antiquité, 152 sqq.; Schmidt, Kult-

Ubertragungen; Relig.-gesch. Vers. a. Vorarb., VIII, 31-46).

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426 LOUIS ROBERT

dans la liste de Magnésie ,est celui des Olvoûoi, les Oinéens,d'Ikaros. Lorsqu'on va de Mykohos à Samos, on longé long-

temps la côte Sud de Nikaria, côte abrupte et par endroits

couronnée de forêts. Au Nord, la montagne s'abaisse dou-

cement et laisse place à des parties fertiles, notamment, aprèsle plateau de la Messara, la plaine d'Evdilos, et, au N.-E., la

plaine de Phanari ; on y cultive la vigne, le vin d'Ikaros était

célèbre dans l'antiquité ; et c'est dans « la plaine », le Kambos,

près d'Evdilos, que se trouvait la ville d'Oiné (1). Les Oinaioi

(1) Carte de Nikaria au 1 : 150.000 par L. Bûrchner, complétant la carte del'Amirauté anglaise, dans Pelermanns Mitleilungen, 1894, pi. 18. Croquis dumême Bûrchner dans Pauly-Wissowa, s. ». Ikaros. Carte sommaire au 1 : 50.000de reûpyioî Ni*. IloûXiavo;, maître d'école nikariote (1929). Il suffit, pour suivremon élude, d'avoir sous les yeux la carte de Kiepert, Kleinasien (1 : 400.000) oucelle de Philippspn, Westl. Kleinasien (1 : 300.000). — Rapide description de l'île,avec listes des localités, dans Epaminondas I. Stamatiadis, 'Ixaptaxi ^xot laxoptaxai itepiYpaoe->itiy; v/juou 'lxapta; (Samos, 1893, 159 p.), 56 sqq.; quelques pagessans intérêt de L. Bûrchner, loc. cit., 256-261; du même, dans Pauly-Wissowa,s. v. Ikaros (1919). Un M. Henry Hauttecoeur a publié un article sur « L'îled Ikaria » dans le Bulletin de la Société Géogr. d'Anvers, 25 (1900), 329-363 ; ildit que l'ouvrage de Stamatiadis a servi de base à son « travail » ; il semble diffi-cile d'appeler travail un résumé-traduction d'une partie de l'ouvrage de Stama-

tiadis, enrichi de trouvailles de cette sorte : p. 331 : « Quelques géographes etsavants modernes, entre autres Dapper et Tournefort, ont appelé parfois cette île,l'île de Nicaria. Nous supposons que cette variante provient de la, juxtapositionde la lettre n, consonne initiale du mot grec v^aoç, lie, qui précède sur les cartes

géographiques le nom propre Ikaria, nom officiel » ; p. 348 : « On fabriqueaussi à Ikaria un vin très spiritueux, le Krasi ». Si je signale cette production,c'est pour éviter à d'autres de perdre leur temps, comme je l'ai fait, à la recher-che de cette publication assez peu répandue. — Quelques inscriptions ont ététrouvées dans la plaine d'Evdilos; elles sont publiées dans le Mouaeîov de l'École

Évangélique de.Smyrne, 1 (1875), pp. 139, 141 et 142, et par Stamatiadis, loc. cit.,21-22 et 40. En dehors des dédicaces de l'époque impériale, dont je parlerai plusloin, la plus intéressante (MÔUTEÏOV,loc. cit., 139, n. \y ; Stamatiadis, p. 21) estune liste de 19 éphèbes, de l'époque d'Auguste, mentionnant le gymnasiarque et

l'éphébarque. Je donnerai prochainement une photographie de l'épigrammefunéraire de Philoklès, mort à 12 ans, avant d'avoir été au gymnase (Mouaeîov,loc. cit., 141; Stamatiadis, loc. cit., p 22; Kaibel, Epigr., 295) L. Biirchner,

Pauly-Wissowa, s. v. Ikaros, fait allusion à des inscriptions mutilées, qu'il a

copiées en 1893, encore inédites, et qui mentionneraient l'une le démiurge, le

stéphanéphore et des 'Iimaïoi, l'autre le prytane (ce doit être Stamatiadis, p. 221 ;fragment incompréhensible de 5 lignes; à la ligne 5, — icpijTaviv 2u[ie —). Récem-ment A. Retira a visité Ikaros pour y rechercher les inscriptions ; dans un rap-

port préliminaire (Sitzungsber. Akad. Berl , 1926, 92), il a noté qu'un décretmentionnait la ville d'Oiné et son Artémis Tauropolos, et que la plupart des

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 427

nous sont connus par des inscriptions du ve et du ive siècle :

ils firent partie de l'empire maritime athénien et figurent.surles listes des tributs : Olvaïoi sv 'Ixàpou ou Olvatot. IÇ 'Ixàpou (1) ;

les Amphictidns athéniens chargés de gérer les finances du tem-

ple de Délos de 377 à 373 inscrivent les Oîvcùoi èij 'Ixàpou parmi

inscriptions étaient des épitaphes, dont un assez grand nombre sont de bonne

époque hellénistique. — L. Ross, Inselreisen, II, 156-157, a visité seulementH. Kyrikos, sur la côte Sud, et les sources chaudes voisines. Sur le reste de

l'île, il n'a pu que donner des renseignements qu'il tenait des habitants, et d'aprèslesquels il a reconnu qu'il fallait chercher Oine dans la plaine au Nord de l'île

(déjà Tournefort, I, 97). Aussi en sommes-nous réduits, sur les antiquités de la

plus grande partie de l'île, soit aux renseignements indirects qu'il adonnés, soitaux maigres renseignements de Stamatiadis ou aux vagues indications de Bûr-

chner, Pauly-Wissowa, s. v. Ikaros. 11serait heureux que l'on ait des précisionssur les restes antiques du Kambos et de la Messaria (Oiné et le Tauropolion)(Pet. Mitl., 1894, 260 : « Das Hinterland westlich hinter Ewdilos heisst Kampos,ist fruchtbar und trâgt Ruinen aus dem Mittelalter und.aus dem Al ter tu m »),sur les ruines de la pointe Nord-Est de l'île, à Pyrgo-Phanari (cf. Pet. Mitt., 259 :« Pyrgos, um den herum Spuren hellenischer Niederlassungen sind » ; Ross, 158 ;selon Rehm, loc. cit., importantes fortifications de bonne époque hellénistique),enfin sur les tours, antiques ou médiévales, situées au Nord de l'Ile (Stamatiadis,p. 34) ou sur les crêtes au-dessus d'H. Kyrikos (que sont les Vigliais, que men-tionne Bûrchner, Pet. Mitl., 259; «an dem Wigles (Warten) vorbei. » ?). Je

crois,qu'une étude de topographie historique, qui étudierait les établissementshumains et leurs ressources et les fortifications, serait fructueuse; et je regrettede n'avoir pu, occupé à d'autres tâches, disposer, dans l'été 1932, des.quelquessemaines qui m'eussent été nécessaires pour ce travail. Peut-être me sera-t-ildonné quelque jour de l'entreprendre, — Sur l'histoire d'Ikaros, on n'a rien, sauf

quelques indications, incomplètes et mauvaises, de Bûrchner, Pauly-Wissowa,s. ». Ikaros. C'est à propos d'Ikaros qu'on trouve dans F. Bilabel, Die ionischeKolonisation (1920), p. 54, la plus belle perle peut-être de cette compilation qui encontient tant : « Ikaros (Ikaria), eine schon zu Strabons Zèit unbewohnte Insel

(C 488). Die atnerikanischen Ausgrabungen dort haben leider nicht sehr viel

zutage gefôrdert. Cf. die Notiz in Ath. Mitt., XIII (1888), p. 142 » (lire 112).Bilabel a confondu l'île d'Ikaros et le dème attique d'Ikaria, dans lequel l'Écoleaméricaine d'Athènes a fait des fouilles, sur lesquelles on ne trouvera rien dansl'article Ikaria de Pauly-Wissowa, p. 973 (il n'y est question que de la situationadministrative du dème), mais qu'on peut connaître dans le détail par l'Amer.Journ. Arch., IV, 421-426 (inscriptions); V (1889), 9-33 (sculptures ; documents surla chorégie), 154-181, 304-319, 461-477 (topographie de la région, inscriptions,sculptures), — Sur les ruines d'Oiné même on manque d'indications précises. Laville était dans le Kambos ou la Messaria ; on la place près d'Evdilos parce quec'est là que sont les ruines les plus étendues de l'île (A. Rehm, loc. cit.) ; A. Fon-trier, JHS, l (1880), 297, qui a visité l'île en 1875 (cî.ibid., 293), plaçait Oiné à Na(selon lui, le nom est une survivance de Oiné), où Bûrchner (Pet. Mitt., 260) asignalé quelques ruines.

(l)SÊÉf, V, 1, IV, 7; 4, II, 9; 5, 11,2; 9, I, 9; 13, I, 10; 15,1, 15; 16, 1, 17;22, I, 52 ; 23, I, 14. Je ne cite que les listes où le nom n'est pas restitué.

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428 LOUIS ROBERT.

les villes débitrices qui ont payé des intérêts (1). A Délos, au

début du 111esiècle et au début du 11e, trois Olvoùot. sont connus

comme proxènes : MeXàvfhoç 'HpoSwpou ?Ixàpio<; è£ Ow^ç (2),

'ÉTOyovoç MïiTpooewv'coi; Oiycùôç, M'/irpo^wy Olvaloç (3). Au 111esiècle

remontent les espèces d'argent et de bronze frappées par, les

Olvatoi, qui portent au droit soit une tête d'Artémis, soit une

tête de Dionysos, soit un taureau, et, au revers, avec la légende

OINÂIQN, OINAI ou 01, une grappe, un taureau ou un bélier (4).

(1) Sylloge 3, 153, 1. 14 et 114 (IG, H, 814; Michel, Recueil, 577 ; IG, IF, 1635).

(2) IG, XI 4, 539. Fin du ive ou début du iiie siècle, selon P. Roussel. A. Rehm,

loc.cit., croit que la forme authentique Oîvirfi (et non OIVOT), comme on écrit tou-

jours, d'après plusieurs textes anciens) a été révélée seulement par un décretinédit qu'il a,copié ; on voit qu'on la connaissait déjà par le décret de proxéniede Délos. Meineke, commentant Etienne de Byzance (Olvo-q, |j.!a trâv h 'Ixâpij> 8ûoTOXEÛIV TÔ êôvtxôv Oivoaïoç), remarquait déjà que, d'après l'ethnique Oïvotïoi connu

par les inscriptions attiques, on devait avoir un nom de ville Oïvi). Boeckh,

Staatshaushaltung der Athener*, II, 80, a justement relevé que Strabon avait été

l'unique source d'Etienne de Byzance sur Ikaros, pour l'article Otv<W\ comme

pour les articles Apâxotvov et TaupoitôXiov.- (3) IG, XI 4, 811-812. Début du n<= siècle, selon P. Roussel.

(4) Pour la numismatique d'Oiné, v. essentiellement Head, Historia numorum' 2,

602, avec bibliographie. Des exemplaires de toutes les variétés décrites par Head

figurent au Cabinet des Médailles (5177-5181 ;• lnv. Waddington, 2022-2023). Head

pense que seule Oiné a frappé monnaie à son nom et qu'il n'y pas de monnaies

des 'Ixoipioi. On s'étonne d'abord de constater que Bûrchner. Pauly-Wissowa,s. v Ikaros, 978 et 985, affirme que, après le iv« siècle, les Ikariéns ont frappédes monnaies en commun, avec de longues interruptions ; il cite des bronzes

portant au droit la tête de Zeus, au revers une déesse appuyée sur un sceptre,avec la légende 'Exxapéwv, et, d'autre part, des monnaies, frappées sous Com-

mode, avec la légende 'Ixaptéwv. C'est que, sans critique (je donnerai ailleurs des

preuves affligeantes de l'ignorance et de la négligence presque incroyables quifont que la plupart des articles de géographie rédigés par L. Bûrchner pour

l'Encyclopédie de Pauly-Wissowa sont la honte du recueil, par ailleurs si esti-

mable, où ils ont été insérés), Bûrchner a reproduit les indications qu'il trouvait

dans Mionnet, Suppl. 6, 114-115, et dans l'édition périmée de Head-Svoronos. Les

monnaies à la légende 'Euxapsuv n'ont certainement rien à faire dans la numis-

matique d'Ikaros, comme on le voit aussitôt, et on les classe maintenant à la

ThessaUe (cf. Head, ff.V2., 294; F. Stahlin, Das Hellenische Thessalien, 154;

l'attribution est pleinement assurée, des bronzes des 'Exxapéuv ayant été achetés

en Phthiotide, aux villages de Tsatma et de Kislar, par Wace et Stahlin). Quantà la monnaie de Commode à la légende 'Inoepiéuv, elle n'est connue que par le

Catalogue d'Ennery, et Eckèl déjà, remarquant que l'ethnique d'Ikaros est 'lxâpKK,et non 'IxapiEuç (ce que les découvertes épigraphiques ont confirmé), émettait

des doutes sur l'authenticité de la monnaie ou l'exactitude de la lecture;'il n'en

a depuis surgi aucun exemplaire (il est douteux, d'autre part, qu'lkaros ait pu

frapper monnaie sous l'empire; cf. ci-dessçus, 433). Ce que dit Stamatiadis, 55-56,

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 429

Les types de Dionysos et de la grappe de raisiiî s'expliquentassez par le nom de la ville et la réputation de ses vignes (1);la.tête d'Artémis et le taureau sont une claire allusion au culte

célèbre d'Oiné, celui d'Artémis Tauropolos (2) ; son sanctuaire,dont on désirerait connaître le site exact (3), est cité par Stra-

bon (4), et une inscription funéraire d'Ikaros, à l'époque impé-

riale, prévoit le versement de l'amende, en cas de violation

du sépulcre, x^ T<*.upoizok<$"Apxéjji.tSi (S).Mais si Oiné, occupant la seule plaine un peu vaste de l'île,

en était la ville la plus importante, elle n'était pas la: seule (6):Les, mêmes documents attiques du ve et du iv" siècle qui font

connaître les Otvatot èS 'Ixàpou nous parlent aussi des 0sp-

[jiawt !£ 'Ixàpou. Cette cité des Thermaioi était moins impor-tante ; son tribut est moins élevé (7) ; l'emprunt qu'elle a fait

au trésor de Délos est beaucoup moins considérable (8); elle

des monnaies d'Ikaros est encore plus inexact, car il attribue aux 'Ixdpun dès

monnaies dont les légendes ont été mal lues aux xvi» et xvii< siècles. Mais il n'est

pas étonnant que Stamatiadis, chancelier de la principauté de Samos, ait suivi en

numismatique des autorités périmées ; ce n'était pas son affaire, et on ne peut

que lui être reconnaissant de son opuscule, qui est en somme ce qu'on a encore

de plus détaillé sur la moderne Nikaria.

(1) Textes dans Ross, Inselreisen, II, 159. note; surtout 6au(iotÇ6tai ôè xai ô

'Inipioç olvoç, à; "Ajif w; ' iv 8oupio;<; xoB>,aiov, Iv l'éXqt ipaxoi, ) 'lxdtpio? ©Tvoç, laxditf

Kt[x<i\iai. —IIpoffayopiÛEtat 8à — i\ àputeXoç -?| tàv 'Ixapiov npipwiov çépouaa oîvov

Grcô TWV Çevûv (lèv 'Ispà, ûrà 8è Ttov Oivoalwv Alovuaiâç.

(2) Bien que Bûrchner, loc, cit , 985, le présente comme une hypothèse (« stûr-

mendes Stier (Beziehung(?) auf das Wort TotupoitdTaov) »), c'est évident; Pellerin,

111, 45-47 le reconnaissait déjà.

(3) L. Ross, loc. cit., 158, d'après les indications qu'on lui avait données sur

un Kastro hellénique, avec colonnes antiques, situé dans la Messaria, à la cha-

pelle H; Geôrgios, supposait que le Tauropolion était situé à cet .endroit ;A. Fontrier, JHS, 1, 297 y incline aussi; Bûrchner, Pauly-Wissowa, 984, le cher-

che plutôt, il ne dit pas pourquoi, près de H. Irini, non loin d'Evdilos. Il serait

important de savoir exactement ce que sont les ruines à l'un et l'autre endroit.

(4) XIV, 639 : lati 8è xal 'ApTS[«.iSoç iepôv, xaloûjievov TaupoiroÀiov, èv z% vVjffw,xai its^ujiiTiov Olvdïi.

(5) Stamatiadis, p. 40-41.

(6) Cf. Boeckh, Slaalshaushaltung der Athener 3, 11, 88.

(7) SEG, V, 3, V, 6; 4, II, 2; 5, II, 36 ; 6, I, 27; 13, I, 5 ; 14, II, 7; 15, I, 17;

25, 111, 35 ; 28, I, 9.

(8) Sylloge 3, 153, 1. 14 et 112-114; IG, II 2, 1635. Elle paye 400 drachmes d'inté-

rêts, alors qu'Oiné en paye, une fois, 4,000, une autre, 1 talent et 80 drachmes.

11 serait assurément risqué de prétendre toujours déterminer l'importance d'une

REU, XL.V1, 11)33, n» 218. 88

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430 LOUIS ROHERT

n'a pas frappé monnaie (1). On le comprend facilement lorsqu'onsait quel site elle occupait. Il a été déterminé brillamment parL. Ross, pendant l'escale d'un jour qu'il fit, sur la côte Sud

d'Ikaros, àHaghios Kyrikos, A une demi-heure au Nord-Est du

village moderne, en suivant la côte, il trouvait, près d'une

source sulfureuse encore appelée -zk ©spjxa, les minces restesd'un site antique; où il reconnut aussitôt la ville des Thér-

maioi (2). La plaine, sur le bord de laquelle est le site des

Thermaioi, est exiguë ; presque aussitôt commence la monta-

tagne (3); les Thermaioi ont du vivre chichement ; de leurs

rares cultures (4), de la pêche (S),, des moutons et des chèvres

qu'ils envoyaient paître sur les pentes (6), peut-être aussi,comme les Nikariotes à l'époque moderne, du commerce du

bois (7) et du charbon (8).

ville par celle de ses dettes; ici cela concorde avec les autres renseignements.— Dans un document semblable, dut milieu du iv° siècle, mention des [8e]p|JLaïoti\ 'Ixàpou (IG, 11% 1637).

(1) On n'y a pas trouvé ^'inscriptions.

(2) Loc. cit., 160-162. Deux sources chaudes. A quelques minutes, trois vastes

chambres funéraires, et aussi traces d'une canalisation. Cf. aussi Stamatiadis, 18

(semble copié sur Ross) et Bûrchner. Les cartes de Bûrchner, dans Pet. Mitl. et

dans Pauly-Wissowa, contiennent une grave erreur ; elles placent l'antique Ther-

mai aux sources chaudes qui sont à 5 kilom. au Sud-Ouest de H. Kyrikos

(Bûrchner note lui-même, dans Pauly-Wissowa, qu'il n'y a pas là de restes nota-

bles), et non à celles (décrites par Ross, Stamatiadis et Bûrchner lui-même) quisont au Nord-Est près de Mesakli. Les cartes de Kiepert et de Philippson ne tom-

bent pas dans cette confusion.

(3) On s'en rend compte quand, pour aller à Samos, on suit la côte Sud de

Nikaria; on fait escale à H. Kyrikos. Le simple examen de la carte le montre

assez. Cf. aussi Ross, loc. cit., 157, décrivant son excursion au couvent de la

Panaghia Evangelistria. Comme à l'ordinaire, les indications de Ross, si brèves

qu'elles soient, sont fort intéressantes.

(4) Cf. Ross, loc. cit., 157 : malgré la rudesse du sol, quand il y a un filet d'eau,

petits jardins avec arbres fruitiers.-

(5) Athen., I, 30 : èxa^EÏto 8é r\ "Ixxpoç -jtpÔTepov 'tyOoéeoaa ôii TÔ SV xùzr\ TMV

t^BiJwv •nXfjOoç; cf. Bûrchner, Pauly-Wissowa, 979.

(6) Cf. Stamatiadis, loc. cit., et Strabon, cité plus loin.

(7) Cf. Tournefort, I, 95. Un temps réputés pour la construction des barques ;

Stamatiadis, 106.

(8) Les Nikariotes étaient renommés comme charbonniers et allaient vendre leur

charbon jusqu'à Alexandrie et Constantinople ; cf. Boss, 119 ; Stamatiadis, 55. —

Sur le commerce du charbon dans l'antiquité, nos documents sont rares ; règle-ment de Délos, BCH, 1907, 46 sqq.; IG, XI 4, 509; Sylloge 3, 975; E. Ziebarth,

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 431

Mais on voit où je veux en venir,,: les Asklepieis inconnus

qui apparaissent dans la liste de Magnésie à côté des Oinaioi

sont les mêmes, sous un autre nom, que les Thermaioi quel'on attendrait, Thermai tirait son nom de ses sources

chaudes; comme, au xixe siècle, les malades y venaient de

Samos et de la côte anatolienne (1), dans l'antiquité aussidès malades s'y rendaient, et cela formait peut-être le^plusclair des ressources des Thermaioi. Quand se fut répandu le

culte d'Asklépios, on l'invoqua avec ferveur près dés sourceschaudes de Thermai, et, un jour, les habitants mirent leur ville

sous la protection du dieu guérisseur, les Thermaioi devinrentdes Asklepieis; c'était un fait accompli à la fin du m' siècle.

La localisation des Asklepieis aux Thermes d'Ikaros me sem-

ble un fait acquis. Maintenant je ne puis que poser des ques-tions sans pouvoir y répondre. Ce changement de nom fut-il

définitif? ou le nouveau nom fut-il plus ou moins éphémère,?La décadence qui déplus en plus frappa l'île explique le silence

qui s'est fait sur la cité de la côte Sud, qu'ils fussent Thermaioi

ou Asklepieis (2). Au temps de Strabon, l'île était possédée

par les Samiens, qui y faisaient paître leurs troupeaux (XIV\

639) : yuvl jjiivTot./Xst.itavopoû'a-av2à[juoi véjj.0VTai Ta noA^à [3oo,x-/)u.à-xwv yàptv (3) ; (X, 488) : -r\ u.èv ouv 'Ixapîa ëpYijjiô^ ISTIV, vojjiàç 8's-

Beilràge zur Gèsch. des Seehandels, 124-125; cf. Ad. Wilhelm, Neue Beitrage, IV,23-30 ; A. Jardé, BCH, 1923, 301 sqq. Je signale un document de Cyzique,très abîmé et jamais étudié, publié en majuscules, où on lit stvOpaxaç (I. 20), dans

des prescriptions relatives au commerce et aux impôts; A M, 1884, 14-15 : TÉXO?

(I. 5 ; 19), teXûv (1. 27) ; eïffâyovxa; (1. 19) ; xitoSwvxai (I. 7) ; je reconnais, 1. 6 :

èx xfâç ûitepo[ptaç] ; 1. 18 : zlaâyouaiv uû[|jiai:a ?]. -

(1) Cf. Ross, 161 ; Stamatiadis, 18.

(2) Voir la judicieuse discussion de Boeckh, loc. cit., sur les villes d'Ikaros. Les

documents épigraphiqùes font connaître deux villes, Oiné et Thermai. A ces deux

villes doit faire allusion le pseudo-Skylax, 59, qualifiant Ikaros de SÏ-EOXK;. A cette

époque Drakanon, forteresse à la pointe Nord-Est de l'île (Pyrgo, Phariari) ne

devait pas être indépendante. Strabon connaît (mais je dois faire toutes réserves

sur la qualité de sou information) Oiné (Oinoé) et Drakanon. Lorsque Pline, IV,

33, dit de l'île « cum oppidis duobus, tertio amisso », il faut peut-être entendre

que les deux villes subsistant sont Oiné et Drakanon, tandis que Thermai aurait

disparu.

(3) L'état économique de l'île devait alors beaucoup ressembler a celui quedécrit Ross, 159-160 : les plaines incultes, servant de pâtures aux grands trou-

peaux de chèvres des « archontes », chacun de 300 à 400 têtes.

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432 LOUIS ROBERT

yei xoù yjjûvuai, aÙTotî?Sàp.t.0!,.Elle avait perdu son indépendance,s'était dépeuplée, mais il ne faudrait pas, en prenant à la lettre

le terme ep^p-oç ou en forçant le mot XswiavSpoûtrav, employés

par Strabon, qui d'ailleurs n'avait pas visité l'île, pas plus que

Samos, croire qu'elle était inhabitée (i) ; ce serait ne pas vou-

loir connaître les épitaphes de l'époque impériale, la liste

d'éphèbes qui date précisément de l'époque de Strabon (2) et la

dédicace des habitants de l'île à l'empereur Antonin (3).D'autre part, quelle fut la raison de ce changement de nom?

Certes il atteste une dévotion à A^klepios et, à ce titre, il est

intéressant pour l'histoire de la diffusion du culte de ce dieu.

Alors que tant de villes ont tiré leur nom de Zeus, d'Héraklès

ou d'Apollon, les Asklepieis d'Ikaros sont, je crois, la seule

cité de ce nom. Mais n'y eut-il pas d'autre cause? Générale-

ment ces métonomasies attestent un changement importantdans la vie de la cité, reconstruction de la ville après quelque

désastre, fondation nouvelle, déplacement, changement de

domination (4). Il est bien difficile de rechercher l'événement

historique qui aurait pu amener le changement de nom des

Thermaioi, puisque la date de ce changement flotte dans de

trop larges limites : les Thermaioi sont cités dans une inscrip-tion d'Athènes au milieu du iv* siècle (S), les Asklepieis appa-raissent sur l'inscription de Magnésie dans les dernières années

du m* siècle. Si la métonomasie a eu lieu au m" siècle, et non

au iv", une explication peut se présenter. J'ai pleine conscience

de la. fragilité de cette hypothèse, mais, en L'exposant, je pour-rai peut-être préciser certaines questions.

A l'époque d'Hadrien, nous dit-on, et vraisemblablement

(1) Bilabel, loc. cit., « scbon zu Strabos Zeit unbcwohnte lnsel ».

(2) Cf. plus haut, page 426, note 1 = M. Collignon, De collegiis epheborum,pp. 81-82.

(3) Cf. plus loin, page 433. — Je ne prétends pas que Bilabel ait connu cesdocuments ; je croirais même volontiers le contraire, et je ne prétends pas non

plus qu'il ait toujours pesé ses expressions.(4) Cf. par exemple G. Hirschfeld, Aufsatze E. Curtius, 370-372; K. Regling,

Journal Int. d'arch. numism., VI (1903), 173-175.

(5) IG, H», 1637.

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 433

déjà auparavant, l'île était au pouvoir de Samiens immi-

grés (1). On a fait ainsi allusion à une inscription d'Ikaros (2)>

dédicace à Antonin le Pieux (3) des 2àp.tot. oï sv 'Ixapîat xawi-

xouvxeç (4). Il n'est pas seulement « vraisemblable » que la pos-

session d'Ikaros par les Samiens remonte plus haut que le

11esiècle de notre ère; il est expressément attesté par Strabon

que, de son temps, l'île était possession samienne : vuv! jjiivtoi.

AentavSpoûo-av Eàjnoi vép.ovTaa*côcitoÀXà j3oux7]fjt.àT<i)v%àpiv. Mais à

quand remonte cette occupation samienne ?

On a trouvé à Samos, au sanctuaire d'Héra, l'inscription

suivante, gravée sur une base de statue (S) :

'O Sfjpoç 6 Sajjtîwv JTvàïov Ao[A6Tt.ovTvaLou ulôv ioû Soôsvtoç vizb rrj<;

TUVXA7JT0U 7tàTpG>V0î 7(01 0*7) U.GH,

uirép TEtùv xa7ot TÔ Upov Tt\Ç,

'ApTépuSoç

T»iç TaupoTOÎÀou,àperrii; svexev

TÎiî sic iauxov "Hpvjt.

/DIAOTS^VOÎ'HpwiSou ènoiei.

Le sanctuaire d'Artémis Tauropolos à Ikaros était célèbre ;

Strabon le signale dans les quelques lignés qu'il a consacrées à

Ikaros (6) ; son idole primitive est mentionnée par Clément

(1) Bûrchner : K Zur Zeit des Hadrian und wahrscheinlich schon vorher,waren Samier eingewandert, die ihre Staatsgchôrigkeit behielten »,

(2) Stamatiadis, p. 21.

(3) AlXCtj) 'ASpiavii 'Avxuvivû Se6a<rx<â Eiaeêêt.

(4j Aux lignes 1-2, 2â[uot ot iv 'Ixap£at xaxoixoûvxe; | .. xoû votoû aûxoxpâxop-,faut-il lire [xot]l Oiva(i)oï? Quant à l'inscription connue seulement par une copiedu papas Georgi (Mou?eïov, I, p. 542; Stamatiadis, p. 21; du même, Eajitaxâ, 248),

2a|j.£tuv dicoCxuv | 'Ixatpia; | aùxoxpdtxopi xaîuipi | Aéptoi 7tavST,]xei. et qui aurait servi

de pressoir à huile dans une maison du village d'Evdilos, je ne sais par quelbout la prendre et serais disposé, à moins que les lignes ne soient incomplètes, à

y voir une mauvaise invention du papas Georgi, fabriquée maladroitement

d'après Strabon.

(5) Kirchhoff, Monatsber. Berl. Akad,, 1859, 753 ; Loewy, Inschr.gr. Bildhauer,295 ; /GR, IV, 968.-

(6) Voir plus haut, p. 429, note 4, et sur les types numismatiques se rapportantà- Artémis Tauropolos, p. 429,

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434 LOUIS ROBERT

d'Alexandrie ; surtout Callimaque, dans l'hymne à Artémis,cite Ikaros, sous son nom poétique de AoXfyïi (1), comme l'île

préférée d'Artémis (v. 183 sq.) :

Tîç oi vu TOI vvîffwv, TCOÏOVS' opoç s.uaSe TtAetorov ; -- -'

Eure, 9sà, <rù [/.sv au.ijuv, syw 5' ETspoto-iv àeta-w.

NTQITWV p.Èv AoX-î^T), 7ioX£cov Se TOI êuaSe néoy/i (2).

On admet communément que la Tauropole avait aussi un

sanctuaire à Samos ; c'est une vieille erreur que l'on se trans-

met religieusement, en recopiant les mêmes références, mais

sans doute, sans regarder les textes (3). On invoque un passaged'Hérodote, III,. 59; mais Hérodote parle d'un sanctuaire

d'Artémis, sans préciser son épithète, et ne dit mol de la Tau-

ropolos. Si on a voulu y reconnaître celte dernière, c'est en

invoquant l'article d'Etienne de Byzance, s. v. TaupouoA'.ov, sv

*2à|A(>>'ApTSjjLtSoç lepév•

STpàëwv IO". Mais une affirmation

d'Etienne de Byzance ne vaut que ce que vaut sa source ; or,dans le cas présent, nous avons sa source, qu'il indique lui-

même, c'est le passage de Strabon que j'ai transcrit plushaut (4), où il est parlé du Tauropolion d'Ikaros (5) ; on

voit nettement qu'Etienne de Byzance, qui ne se souciait

nullement de géographie — ce sont les modernes qui le lisent

trop souvent comme ils liraient un géographe— mais seule-

ment de grammaire, à savoir des règles de formation des

(1) Cf. Et. Byz., s. v. Ikaros; Pline, IV, 68.

(2). Sur Artémis de Perge, en Pamphylie, article insuffisant de B. Pace, Ana-lolian Studies présentée lo Sir William Rarnsay, 297-314 ; sur l'asylie du sanc-

tuaire, la jolie note de A. M. Woodward, Classical Review, 1932, 9-H.

(3) L'erreur remonte au moins à Panofka, Res Samiorum, 1822, 63. De là elle

s'est répandue notamment dans le Dictionnaire de Saglio-Potticr, Diana, 137 ;

Stamatiadis, Sat|i.taxâ, 1881, 223; Roscher, Lexicon, I, 568; Bilabel, Die ionische

Kolonisalion, 170 ; Cagnat, IGR, IV, 968, note 2 ; Bûrchner, Pauly-Wissowa, s. v.

Samosi 2207.

(4) Cf. page 429, note 4.

(5) Panofka, loc. cit., donne comme témoignage-sur un Tauropolion à Samos :

Strabon dans Etienne de Byzance. Le malheur est que Strabon, quand il n'est

pas cité par Etienne, ignore le soi-disant Tauropolion de Samos et parle de

celui d'Ikaros.

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 435

ethniques, a lu très vite les lignes où Strabon parle successive-

ment de Samos et d'Ikaros et mêle le nom des Samiens à la

description d'Ikaros ; il a placé le Tauropolion d'Ikaros à

Samos (1), — déplacement sans importance pour un auteur quia situé Cannes près de Carthage, on voit facilement par

quelle sorte de confusion dans ses lectures, ou a fait du

verbe àpTÉaTai dans Hérodote, I, 125, le nom d'un peuple perse.Il n'y a aucun témoignage sur un Tauropolion à Samos ;

l'inscription de l'Héraion se rapporte au sanctuaire d'Ika-

ros (2).'

^

La date en est fixée approximativement (3) par la signaturedu sculpteur ^HXÔTS-^VO; 'Hpcîno'où de Samos, qui avait fait, à

Délos, la statue de Krateros d'Antioche, précepteur (Tpotpeùç)du futur roi séleucide Antiochos Philopator (IX Cyzicène),« ami » du roi Antiochos VII Sidétés et médecin de la reine,entre 130 et 117 av. J.-C. (4). La statue avait été élevée par les

Samiens à un Romain, fils du patron.de Samos. Il semble

tentant d'identifier ce rvoùo? AÛJASTIOÇTvatou u«k, qui a été lé

bienfaiteur des Samiens, avec le Tvaïo; AOJASTIOÇTvaîou que nous

'a fait connaître une inscription de Bargylia en Carie, lieute-

nant (5) du consul M'. Aquilius pendant sa campagne en Asie

contre Aristonikos et laissé à la garde du territoire de Bargyliaen 129 (6).

(1) Cf. la note de Meineke à Etienne de Byzance: « Immo in Icaria insula

prope Samum, vide quem affert Strab., 14, p. 639 ».

(2) Cela a été bien vu par Hôfer, dans Roscher, s. ». Tauropolos (1916), p. 141,et était déjà indiqué par Kirchhoff.

(3) D'après l'écriture, Kirchhoff indiquait la seconde moitié du n» siècle ou ledébut du ier.

(4) OGI, 256 ; Durrbach, Choix d'inscr. de Délos, n. 110. Le même artiste avaitfait la statue d'un athlète de Tralles : BCH, 1886, 327 ; Pappakonstantinou, AI

TpiXTksK;, pi. 18, n° 87 ; cet athlète avait été vainqueur aux Koriasia de Kleitor

d'Àrcadie : sur ces fêtes, cf. L. Robert, Rev. Phil., 1929, p. 129; c'est par une

grosse méprise qu'on parle parfois ^auly-Wissowa, s. »., et s. v. Artémis, 1930;Highbarer, The history and civilisation of ancient Megara i.1927), 39) de Koriasiacélébrées à M égare.

(5) Sur son titre, cf. M. Holleaux, REA, 1919, 97.

(6) Hypothèse de P. Foucart, Formation de la prov. rom. d'Asie, 330, note 1 •

çonlrà, M. Holleaux, loc. cit., 97, note 2,

Page 14: ROBERT (Louis). Les Asklepieis de l'Archipel (Revue Des Etudes Grecques 46 1933 2)

436 LOUIS ROBERT

Les Samiens lui ont élevé une statué en reconnaissance:ôropTWV xotTÔtTO lepôv" tviç 'ApTépuSoç TTJÇTaupoitôAou ; je ne sais

comment on peut traduire : « au sujet des revenus du templed'Artémis » (1}; il faut entendre « les affaires concernant le

sanctuaire d'Artémis >î. Si GJI. Domitius à rendu service aux

Samiens <<pour les affaires du sanctuaire d'Artémis Taurô-

polos» à Ikaros, c'est que ce sanctuaire dépendait de Samos.

L'état de sujétion d'Ikaros envers Samos que Strabon cons-

tatait de son temps existait donc déjà vers 1!30. L'expression Ta

xaTot To.-Up.ôv, « les affaires concernant le sanctuaire », d'un

type si cher aux écrivains hellénistiques (2), est malheureuse-

ment trop vague. Il s'agit de ditlicultés relatives au sanctuaire

qui ont été aplanies et réglées dans l'intérêt des Samiens grâceà une décision Ou à l'obligeante intervention du magistratromain ; mais d'où venaient ces difficultés, portaient-elles sur

l'administration du sanctuaire où.sur sa possession, contestée

aux Samiens ou revendiquée par eux ? Un litige sur les droits

de possession se concevrait facilement au moment de l'organi-sation de la province d'Asie. Mais le texte ne se laisse pas pré-ciser. En tout cas, vers 130, le Tauropolion, situé sur le terri- '

toire d'Oiné, appartient aux Samiens, soit, que Samos se le soit

approprié aux dépens des Oinéens, soit qu'elle ait absorbé et la

ville d'Oiné et son territoire. D'autre part, au début du

(1). P. Foucart, loc. cit.-; R. Gagnât, IGR, IV, 968, note 2, précise encore :

« profecto bene meritus e rat de Samiorum populo in administrandis Dianae

reditibus »...

(2) F. Poland, Gesch. d. gr. Vereinswesens, p. 41, et B, 160, croit que le nomi-

natif était ot xaxàîxô iepôV et entend par là <<das Kultpersonal des Tempeis » de

Samos.— Cf., outre des expressions comme xà xaxà xty dyopâv (IG, XII 3, 169,

6-8'; REG, 1929, 36-37), xà xaxà xô YU:j.vâ»Cov (IG, XII 9, 904, 4-7 ; IG, XÎV, 256,

lt-16), xà xaxà XT,V âpxw (Sylloge 3, 442, 7; Sylloge*, 935, 2-3 ; IG, XII 5, 818, 6-7 ;Ans. Wien. Akad., 1922, 26), xà xxri xty Stxaixs'.av (IG, VII, 4131, 8), les décrets

des Amptiictions Sylloge 3, 635, 12 sq. : xuptouç 8' eîvai olxovojioûvxaç xà xaxà xô

Ufov xôv xe irpQïnfixT)v xal xov Upéa xoO. 'AitôiXinvoî xoû Ilxwtou, et Fouilles de

Delphes, III 1, 351. 24-26. (cf. p. 402); x[up(om; 8'eïvat otxovo]jxoûvxa? xi xaxà xô

ÎEpôv TÔV xe Eepéa xoû Aiovûaou xaî xoi? Èitt(jLeX'nxài; xxV, et la lettre des stratègesathéniens à l'épimélète de Délos (Sylloge 3, 664; P. Roussel, Cultes égyptiens à-

Délos, n. 14) : yevpnévi«>v jcXsiôWv Xdywv ëv xet jïouXst -HEO!xoû Sofpiaxoç ou •îiveyxevèx 'Pujx^ AyijjiTixptdc 'PïiyaiÉù; ûiièp xûv xaxà xo Sapamelov. On sait que, .cette tour-

nure revient à satiété dans Polybe (cf. Schweighaijser, Lexicon Pàlyb,', 322)."

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 437

ne siècle, deux décrets de proxénie de Délos montrent qu'Oine

est encore une cité indépendante. Entre ces deux dates doit se

placer l'installation des Samiens dans le Nord dé l'île.

L'occupation d'Ikaros par les Samiens, si elle ne s'est pasfaite d'un coup, a dû commencer par la côte Sud-Est, située

en face de Samos. Je me suis demandé — hypothèse sur

laquelle je n'insiste pas — si, prenant pied à Ikaros, les

Samiens n'ont pas commencé par absorber la faible cité des

Thermaioi, et si le nouveau nom d'Asklepieis, que nous

voyons en usage dans les dernières années du m° siècle, ne

marquerait pas Un changement dans la condition politique de

là ville, accompli sous l'influence de Samos (1). Moins qu'une

hypothèse que je forme, c'est uii point d'interrogation que je

pose.En tout cas, de la politique d'expansion de Samos dans les

îles voisines au m* et au 11esiècle, nous avons des preuves,

par l'histoire, encore bien incertaine et fragmentaire, d'Amor-

gos. La liste de Magnésie mentionne les trois villes d'Amor-

gos : AtYtaXeîç, 'Apxeo-tveïç et, en troisième lieu, non pas les

Mt,vo>7)Tat,mais les SàjjLtot.o'i èv Mtvoîat. Donc, dans lès dernières

années du 111esiècle, déjà les Samiens avaient installé une

colonie à Minoa d'Àmorgos. On a conservé cinq documents

qui émanent' des Samiens de Minoa (2) et, depuis la lin

(1) 11 ne s'agirait point d'une éviction des habitants au profit des Samiens,

puisque la ville rend des décrets.

(2) Bibliographie .sur les Samiens de Minoa dans mes Trois Inscriptions de

t Archipel, REG, 1929, 22, note 3. Le récent, article Minoa, 7, par Fiehn, dans

Pauly-Wissowa (1932),/1858-1859 ne peut donner une idée de la question. —

A l'époque hellénistique, décrets ou.lois des Samiens de Minoa:76, XII 7, 226

(on ne peut conclure de la ligne 2, avec Fiehn, que Minoa était appelé « bei den

Alten 5 Xi|rfiv » d'Amorgos ! il s'agit du port de Minoa) (un du m" siècle ou début

du nB, d'après l'écriture) ; 231 ; 237 ; 245 ; dédicace : 269.'

Aux Samiens de Minoa

se rapportent IG, XII 5, 38 (cf. REG, 1929, 23-30) et IG, XII 7, 235, peut-être.aussi/6, XII 7, 241. Décrets rendus par les Minoètës indépendants, avant la

domination samienne, ô Sf^o; 6 MIVO^TÔIV : IG, XII 7, 221 et 222 (sous AntigonosGonatas ou Dospn ; il y a une abondante litttérature sur la date de ces ins-

criptions), et 223 (sans doute à la même époque); sans doute aussi à cette époquele décret du 8T^[IO« MIVOTIXGV,227, daté, d'après l'écriture, de la fin du me siècle ou

du début du nc (j'exclurais le début du n< siècle). Quant au décret du 6T^|J.CH;Q

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438 LOGIS ROBERT

du me siècle, s'échelonnent dans le cours du ite, et du1er siècle, sans qu'on puisse leur fixer de date un peu

précise (1). Les Samiens de Minoa usaient du calendrier

samien (2) et avaient comme éponyme, à l'imitation de

leur métropole, un démiurge. J'ai étudié naguère un frag-ment de décret trouvé à Minoa, daté par le démiurge et le

prêtre de la déesse Rhodos, et j'ai montré que c'était le début

d'une loi réglant l'emploi d'une fondation laissée par une

certaine Hégésarété. Comme on a trouvé d'autre part à Minoa

une loi, dont manque le début, relative à la fondation faite par

Hégésarété pour la célébration de Metrôa, j'avais pensé que les

deux fragments pouvaient appartenir à la même stèle, d'autant

qu'ils étaient pareillement en marbre bleu et que les lettres

étaient de la même taille ; mais j'avais dû me résoudre à

supposer plutôt ou que nous avions les restes de deux copiesdu même document, ou qu'il y avait deux fondations d'Hégé-sarété pour deux objets différents ; en effet les lignes étaient

plus courtes dans le fragment du début, mais ceci correspondà une stèle de forme pyramidante dont la largeur diminue vers

le sommet; d'autre part, l'épaisseur, des deux fragments n'était

pas la même, 12 cm. pour l'un, 15 cm. pour l'autre. J'ai puétudier les deux fragments au Musée de Syra, dans l'été de

1931 ; j'ai constaté que la gravure des deux fragments était la

même et qu'ils appartenaient à une même stèle ; si l'épaisseurde l'un d'entre eux n'est que de 12 cm., c'est que la stèle a

été retravaillée par derrière, et en un endroit on a laissé sub-

sister toute l'épaisseur qui concorde avec celle de l'autre frag-ment. Il est donc assuré que IG, XII 7, 24S, forme le début

de IG XII 7, 237 (Michel, Recueil, 713 ; Ziehen, Leges Sacrae,

'A[AOUPYCU>Vxûv xaxoixoûvxuv Mtvûiav, IG, XII 7, 228, que son écriture date du

iic siècle, je vois dans cette formule même, si remarquable, évidemment choisie

pour s'opposer à 6 Sfjjj.05 6 Sajituv 6 xaxoixûv êv Mcvwiat et attester clairement

l'indépendance de la ville, la preuve que, pendant une période, la domination

samienne a disparu, tandis que la ville redevenait indépendante.

(1) Sur la date approximative d'un groupe de ces documents, cf. REG, loc. cit.,31-32.

(2) Ibid., 28. ,

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LES ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 439

98 ; Sylloge*, 1047), et l'on peut restituer, à la ligne 7 : [o elç

xà. MviTpcÔLa SJTOSUXEV '.Hy/ia-apsr/). Ce rapprochement confirme

que les Sàjuoi ol sv M'.vàoa, 6 Sriu-oç 6 Eapûwv 6 xaToocwv sv Mwanou

avaient pour éponyme un démiurge, et je maintiens que cela

était dû à l'imitation des usages samiens (1).

(1) Puisque l'éponyme de Samos est le démiurge, trouvant un démiurge

éponyme chez les Samiens de Minoa, j'ai cru pouvoir admettre comme une vérité

assurée que les Samiens de Minoa avaient emprunté à Samos, avec sans doute le

reste de leur constitution, le démiurge éponyme (REG, loc. cit., 22 et 26); ce

qu'avaient déjà supposé les éditeurs des inscriptions d'Amorgos, J. Dèlamarre

et Hiller von Gaertringen (cf. ibid., 22, note 6). Cette opinion a été très vivement

combattue par Mlle M. Guarducci, Riv. Fil., 1930, 69-70, dans un appendice à

son article Demiurgi in Creta. La page où, reprenant une hypothèse en l'air et

dénuée de toute vraisemblance, mais qui a l'avantage d'être exposée dans des

manuels (Pauly-Wissowa, s. v. Demiurgi, 2861, 6; Busolt-Swoboda, Gr. Staats-

kunde', 507, n. 5), elle veut voir dans le démiurge éponyme de Minoa la marqued'une influence rhodienne, est si remplie d'erreurs que. je devrais peut-êtrel'écarter sans discussion. Mais la façon de raisonner qui s'y manifeste est si

curieuse que je ne me tiens pas de l'analyser d'un peu près. Étudiant les inscrip-tions de Crète, M. Guarducci a trouvé à Olous et à Polyrrhenia des démiurges,

qui jouent le rôle rempli par les cosmes dans les autres villes Cretoises; elle

voit dans cette particularité, à la suite de M. Muttelsee (Zur Verfassungsgesch.

Kretas, 20, n. 1, pour Olous) une influence étrangère: à Polyrrhenia, influence

des institutions achaïennes, à Olous, influence des institutions rhodiennes. Je ne

disputerai pas sur les démiurges d'Olous. Mais cette théorie d'une influence

rhodienne, à laquelle serait due l'institution des démiurges d'Olous^ M. Guarducci

l'appuie, ou croit l'appuyer, en relevant, avec les manuels cités plus haut, quel'institution d'un démiurge éponyme est due à l'influence de Rhodes dans les

trois villes de Syme, de Minoa et de Naxos. Or, si on accepte les conclusions de

mon article, on ne peut invoquer pour Olous l'analogie des institutions des trois

villes sus-nommées. En effet, j'ai montré que l'inscription « de Naxos » (IG, XII

5, 38 ; « e rodii sono pure, senza alcun dubbio, i quattro successivi demiurgi di

una epigrafia di Naxos », écrivait M. Guarducci, p. 60) était une inscription de

Minoa transportée à Naxos dans les temps modernes, comme lest de caïqueoù

pierre à bâtir. Dans l'appendice à son article, M. Guarducci, ayant eu connais-

sance du mien, veut bien reconnaître que j'enlève à Naxos IG, XII 5, 38, « forse

non a torto, basandosi sulla perfetta analogia dell' intestazione e su altre rispon-denze di forme e di contenuto ». Mais je prétends que le « forse » est de tropet que ma démonstration ne peut être contestée, puisque j'ai eu la chance de

pouvoir, en plus de raisonnements (pp. 23-30) qui risquent toujours de laisser

des érudits indifférents, de pouvoir, dis-je, alléguer une preuve pour ainsi dire

matérielle: 'Apyzkitùi 'Apisxetôou, nommé deux fois dans l'inscription de « Naxos »,est nommé dans un décret de Minoa (IG, Xll 7, 235,1. 25 ; cf. REG, loc. cit., 30).

L'inscription « naxienne », avec son démiurge, doit donc être classée parmi les

inscriptions de Minoa. Or j'ai montré qu'à Minoa l'éponymie du démiurge était

due à une influence samienne, et non rhodienne. Ma contradictrice le conteste et

termine sa critique par cette phrase : « cosicche per il demiurgo amorgino resta

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440 LOUIS ROBERT

On entrevoit comment, aux me et n" siècles, les Samiens se

sempre possibile ammettere un suo rapport© con Rodi ». Or jeprétends, je le

répète, que, le démiurge étant éponyme à Samos, le démiurge éponyme desSamiens de Minoa est une institution empruntée à Samos (je ne sais où M. Guar-ducci a pris que j'étais conduit à cette idée par le souvenir des « antichi rapportidi colonizazione fra Samo et Amorgo » ; je n'ai rien dit de tel et n'ai invoquéque le fait, beaucoup plus précis, de la présence des Samiens à Minoa aux

ni", IIe et icr siècles) ; je prétends d'autre part que le démiurge éponyme desSamiens de Minoa ne peut avoir été créé sous l'influence de Rhodes, puisque le

démiurge n'était pas féponyme des Rhodiens (cf. REG, loc. cit., p. 26). Pour

échapper à ces conclusions, il faut, je crois, un tour de force de dialectique ;

voyons comment on a tenté de le réussir. On jette d'abord un doute sur Topo-nymie du démiurge à Sauios, en déclarant que nos sources sur cette questionsont rares, «scarse » ; évidemment, dans n'importe quelle question d'histoire

ancienne, les sources paraissent toujours trop rares et trop pauvres à notreinsatiable curiosité ; mais, dans l'espèce, elles ne paraissent sans doute si rares àM. Guarducci que parce qu'elle les ignore en partie. « Nemmeno si permettonodi asserire che le demiurgia vi si mantenesse fino ail' inizio del primo secoloav. Chr., età alla quale il Robert attribuisce le iscrizioni di Amorgos ». Exami-

nons la valeur de ce scrupule. Je ne connais pas de texte samien du i" siècle av.

J.-C. permettant de savoir quel était l'éponyme à cette époque. La charge de

démiurge a persisté à l'époque impériale : V. Vischer, en publiant le premierdocument, datant du iv< siècle, qui faisait connaître l'éponymie du démiurge à

Samos (Michel, Recueil, 368) publiait aussi la dédicace d'une statue de Ao),7.(a

Kotvtou OuyixTip, prêtresse 'IouXfaç ^sG.autT^, 87HJ.ioupy^no(xa (Rh. Mus., 1867 =

Kleine Schriften, II, 141-142 = IGR, IV, 984; cf. SEG, I, 393; republiée comme

inédite, avec photographie, dans 'Ap/. AcXx., XI, itap., 30, n. 1) ; mais on ignore si

le démiurge était encore éponyme, et on peut toujours supposer, en l'absence

de documents, qu'il a cessé de l'être juste avant la date où j'inclinerais à placerles documents de Minoa. Mais je dois ajouter que le scrupule de Mlle Guarducci

est déplacé. Il ne nous importe en rien de savoir si le démiurge était éponymeà Samos au moment précis où l'on place les inscriptions de Minoa que j'ai

étudiées; ce qu'il faut établir, c'est si le démiurge était éponyme à Samos au

moment où les Samiens se sont installés à Minoa, y transplantant naturelle-

ment les institutions de leur patrie, ce qui était déjà fait à la fin du m» siècle,comme on l'apprend par la liste de Magnésie. Or de cela nous avons des

preuves formelles et les documents ne sont pas « scarse » : inventaire du templed'Héra, êiti ST,|jiiopyoO Aàpiasix^éouî (iv« s., avant la domination athénienne;

Michel, Recueil, 832, 1. 29) ; — décret pour AioxXf;; de Gela, è-itl 87)]iiopyôv

XapiS'/uiou xat 'Op/a|i.eviou (fin du iv° s.; Michel, Recueil, 368); — catalogue

agonistique, tici 5T,jj.ioupyoû Koipivou xoû Maputiou (milieu du ur siècle ; CIG,

3091, 1. 6; la provenance samienne a été établie par Waddington III, commen-

taire au n° 202 ; cf. A. Brinck, Inscr. gr. ad choregiam pertinentes, Diss. Phil.

Hat., VII, p. 210 ; E. Preuner, AM, 49 (1924), p. 35 ; elle est ignorée dans Pauly-

Wissowa, s. v. Téos, 564) ; — décret sur le prêtre d'Isis, èitl 8ïip.toupYÛv Mapjiouxotl MvjiatSpôxou (u* siècle; Miche), Recueil, 371); — décret de proxénie, i-ict

oVijMOupyûv 8eawéxou xoel M([iavxo; (date incertaine ; /. «on Priene, 67 ; cf. Rev.

Phil., 1929, 125-126) ; — arbitrage entre Samos et Priène, hA oxtoeavritpôpou

'Hyri[J.ovoî —[à(,— ] èïî àyoù^iv, âç Se Sâuvn, èjtt ÔTijugupyoO 8Eo8iSpou xoû ATr)(j.Tixp(ou

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L£S ASKLEPIEIS DE L'ARCHIPEL 441

sont installés à Amorgos et à Ikaros. Puissent des découvertes

(vers 130 ; /. von Priene, 42, 1). — D'autre part les textes des Samiens de Minoa

que j'ai étudiés font mention, à côté du démiurge, du prêtre de la déesse

Rhodos (cf. REG, loc. cit., 23, 30-31; pour la tête de Rhodos, avec couronne

radiée ou non, sur les monnaies de Rhodes, voir Imhoof-Blumer, Journal Int.

Arch. Num., 1908, p. 115, PI. VU, 45-46), qui atteste une influence rhodienne.

« Gerto questa râescolanza di rodio e di samio 'appare un po'singolare, e il

Robert stesso ne sente la difficoltà ». Il peut m'ârriver, même à moi, de sentir

parfois le point faible d'une théorie. Mais, dans le cas présent, je dois déclarer,sans honte, que je n'ai rien éprouvé de cette gêne que croit discerner en mes

propos, à je ne sais quoi, ma savante côntradictrice. Je n'ai vu et ne vois encore

aucune anomalie suspecte dans la situation que je suppose chez les Samiens de

Minoa : la ville de Minoa, peuplée de Samiens, date traditionnellement ses actes

par le démiurge.qu'elle tient de ses origines; au ne ou au i" siècle, l'influence

rhodienne survenant, el le ajoute un second éponyme, le prêtre de la déesse Rhodos,

personnification de la puissance protectrice dont elle a instauré lé culte chez elle.

Tout de même que, à cette époque, beaucoup de cités, à côté de leur éponymetraditionnel, ont un second éponyme, le prêtre de Rome ; ainsi, pour me borner,

Ephèse : &ç uiv 'EipéTioi dEyouffiy àitè itpoxôvswç 2eXei5xou, lepéuç 8èt^i "Ptiptiriç 'Apxepu-

8(4pou, jiïivài; Totupsôvoc (OGI, 437, I. 89 sq.) ; Sardes : 6« 81 SapStavol lui îèpéuç TÏJÎ

p.èv 'P(iiiT,c Éuxpetxou, xoû 8è Aiiç xoû noXtéto; 'AXxatou, [XÏ^VÔÎ-Aatoiou (OGI, 437,. I. 90 sq.'j ; Kymé : êict têpê"o«xâç 'Rûu.«{ xal Aûxoxpïixopoi; Katiapo; xxV IloXé|ju>>vo< xoO

Z^viovo; AaoSixéoç, itpbxctvio? 61 Aeuxtu xxX. (/Gfl, IV, ,1302, 55 sqq.); Pergame : iitl

icpuxdvewç —, àpjjtfpéwc 8è — (AM, 1907, 133, 282); Kos : éiti (iovâp/ou 'Avxâvopoî,

Upéiuî Se Aùxoxpâxopo^ Kxfoapo;—

Keixayàpat (IGR, IV, 1087). Je ne crois pas que per-sonne se soit jamais avisé de trouver ce mélange singulier, Si l'on voulait à toute

force trouver quelque chose « un po' singolare », ce serait plutôt que les deux

éponymes fussent dûs tous les deux à une même influence rhodienne. — Mais

Mlle Guarducci affirme avec vigueur : « maciô che si non puoammittere è quelloch' egli afferme apag. 25 : «le démiurge n|est pas l'éponyme des Rhodiens ».

Infatti il deuiiurgo era eponymo di Kamiros, cip che il R.è subito costrétto a

riconoscere ;n. H) ». Il n'est que de s'entendre, et presque tous mes lecteurs

auront compris que par « l'éponyme des Rhodiens », j'entendais naturellement

«l'éponyme de l'état rhodien ». 11 n'a fallu aucune contrainte pour me faire

avouer que le démiurge était l'éponyme de Kamiros, et j'avouerai que j'avais

glissé cette note, à laquelle renvoie Mlle Guarducci, dans l'espoir précisémentde prévenir une confusion dans l'esprit d'un lecteur non averti. Voyons un peu :

si je disais : o l'archonte est l'éponyme des Athéniens, et non pas le démarque »,se trouvera-t-il quelqu'un pour nie répliquer: « Inadmissible; voyez donc *pu-vtwvoç 8ïi{i.»pj(oûvxoç dans le document du Pirée Sylloge 3, 965, ou xoùç xa(M*<; xoùç

'

èiti A-r)[j.o<rBÉvou; 8T,|xip/ou dans le contrat du dème d'Aixoné Michel, Recueil,1354»? 11 ne nous importe pas que, dans une subdivision de l'Etat rhodien, dans

les documents qui n'intéressaient -que cette partie de l'état, et non le «upurâç

5â(io;, on ait daté par le démiurge, de même que, dans une autre subdivision, à

Lindos, on datait par le prêtre d'Athana Lindia, Si des étrangers, soumis à l'in-

fluence rhodienne, voulaient imiter les institutions rhodienncs, ils n'avaient

pas de raison d'adopter le même éponyme que l'une des trois subdivisions de

l'état rhodien. — J'en arrive .à la question, plus obscure que ne le croit

Mlle Guarducci, des démiurges dans l'Ile de Symé. A l'époque où Symé

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442 LOUIS ROBERT

futures permettre de préciser un peu leur politique (1). On a

supposé que les Samiens, au me siècle, avaient été favorisés

par les Lagides (2) ; c'est une opinion raisonnable, et il est pos-sible que l'expansion samienne. ait eu, au uie siècle, le soutien

de la puissance ptolémaïque (3). Louis ROBERT.

est rhodienne, les documents sont datés et par le prêtre (d'Hélios à Rhodes)et par un démiurge. Cette dernière éponymie souffre deux explications : Use

pourrait que le démiurge fût l'éponyme traditionnel de Symé avant son incor-

poration à l'état rhodien, de même que, sans que Rhodes y fût pour rien, il

était éponyme dans les cités voisines, àKnide, à Nisyros,àAstypalaia. Il se peutaussi, comme on l'admet ordinairement, que le démiurge soit à Symé une insti-tution rhodienne. Mais cela ne justifie pas une comparaison avec le démiurge

pseudo-rhodien de Minoa ou d'Olous ; car, en un cas (Minoa, Olous), il s'agit.devilles autonomes, soumises à l'influence bu au pouvoir de Rhodes, qui n'ont

affaire qu'avec l'Etat rhodien et n'ont pas de raison de modeler leurs institutions

sur celles d'une des trois subdivisions de l'Etat rhodien; Symé au contraire est

partie intégrante de l'Etat rhodien, à ce titre elle a été attribuée à l'une des trois

anciennes villes rhodiennes, dans l'espèce, on le suppose, Kamiros (cf. Hiller von

Gaertringen, Jahreshefte, VII, 83 sqq. ; Swoboda, Staatsallerlûmer,' 205, note 6 ;si Symé a été rattachée à Ialysos, Hiller von Gaertringen, ;Pauly-Wisso\va, Sup-

pl. IV s. v. Rhodos, 748, il faut sans doute adopter la première explication que

j'ai proposée) ; elle a donc lés mêmes magistratures, de même que Physkos,

par exemple, dans la Pérée, est rattachée à Lindos. — On voit, je pense, qu'ilsemble assez difficile de soutenir encore qu'il « reste toujours possible d'admettre

un rapport entre le démiurge de Minoa et Rhodes ».

(1) On n'a malheureusement aucun renseignement sur la date, môme très

approximative, d'une très intéressante inscription, fort peu connue, qui montre

les Samiens envoyant un navire de guerre et des soldats aux lasiens (O. Rayet,-Annuaire Ecole fr. Alh., I ; Stamatiadis, Safiiaxot, 1 (1881), 275) :

Oi <TTpaxeuaa[j.evoi èv x?) xaxacppdtxxw vïii T?I dtiros- (

Ta>,s£a-Q iità xoû S-^piou Ttpô? 'lao-etç èm aujjitxa/toevAIOV'JULOV MT,xpo8ûpou xôv éauxûv xpiïipap^ov

àpET-ty; E'VEXEVxai ipiXa<Y«6Ï3<? xai 8ixaioauvT,ç TÏJÇ elç éau-où;

xat <rxEcpavo>9ivxa ùiz aùxûv Sic ^pu^w axeoavw xai eîxdatv

)Aiâ [ièv ^aXx?|, SW.Ï) 8È |xap|j,«p[vi), xijXïiBÉvxa 8è xai Crao xoû

S^jxou xoû 'lauétov éicaivip xai sxeiçavioOévxa xpuaû axEipocvu "Hp-r^i. yEîaiv Se oî axpaxEU<r<i[iEvoi.

La stèle est brisée. Je tirerais de l'accumulation des honneurs décernés au

triêrarque un indice en faveur d'une date assez basse (fin du ne siècle-ior siècle

av. J.-C.î). Cf., vers 100 av. J.-C, au sanctuaire d'Héra, une dédicace des crtpa-

xEuaoîixevo'., avec leurs ax^vap^oi, qui honorent un stratège d'une couronne dorée

et d'un portrait peint; ^ilf, 1919, 31, n. 17 = SEG, I, 378.

(2) Hiller von Gaertringen, IG, Xll 7, p. 50; d'où Fiehn, dans Pauly-Wissowa,s. v. Minoa, 1859.

(3) Je donnerai prochainement de nouveaux documents sur les rapports de

Samos et de l'Egypte.