2
39 pratique compléments alimentaires Actualités pharmaceutiques n° 509 Octobre 2011 La chute des cheveux est une préoccupation fréquente au sujet de laquelle le pharmacien est souvent sollicité en première ligne. Les compléments alimentaires disponibles en officine peuvent constituer une réponse intéressante. L a chute des cheveux touche aussi bien les hommes que les femmes. Chez l’homme, ce phénomène est souvent chronique et progressif, d’étio- logie génétique et hormonale. Chez la femme, la chute est généralement consécutive à un accouchement, une grande fatigue ou liée à un changement de saison. L’automne est la période de l’année durant laquelle les cheveux sont particulièrement dévitalisés, fatigués ou en phase de chute. Le cheveu À la base du follicule pileux, le bulbe est l’élément vital dans la construction du cheveu. Une multitude de vaisseaux sanguins afflue à sa base et l’approvi- sionne en nutriments. C’est la connexion étroite du bulbe avec la microcirculation qui permet à ses cellules (les kératino- cytes) de fabriquer en continu les compo- sants de la fibre. Les kératinocytes du bulbe maturent et synthétisent les kérati- nes pour former la fibre (figure 1). La chute de cheveu Tant que la papille dermique est en “bonne santé”, elle stimule la multiplica- tion des cellules de la matrice et le cheveu est solidement ancré, épais et résistant. Or, elle peut se fragiliser sous l’influence de quatre facteurs. La suractivité enzymatique Première cause de chute, la suractivité enzymatique est plus spécifiquement masculine. En fonction de son héritage génétique, chaque homme est plus ou moins prédisposé à perdre ses cheveux. La suractivité de la 5-α-réductase trans- forme la testostérone en dihydrotesto- stérone qui fragilise les cellules de la papille dermique. L’inflammation locale du follicule L’inflammation locale du follicule correspond à la libération de médiateurs de l’inflammation en raison des agressions subies par le follicule. La rigidification du bulbe La fibrose, par production excessive de collagène, rigidifie et comprime la racine du cheveu. Ainsi, celui-ci se déracine et tombe. La diminution de la microcirculation sanguine Moins bien irriguée par le sang, la papille dermique se dénutrit et s’atrophie, produi- sant un cheveu de plus en plus faible et fragile qui finit par tomber. Le rôle des compléments alimentaires Nombreux sont les compléments ali- mentaires visant à enrayer la chute des cheveux disponibles sur le marché. Des actifs aux actions multiples Les actifs retrouvés dans les compléments alimentaires et destinés à s’opposer à la chute des cheveux agissent à plusieurs niveaux. La phase vasculaire Les actifs stimulent la microcirculation pour maximiser l’apport en éléments énergétiques et nutritifs essentiels à une croissance optimale du cheveu : extraits de Citrus aurantium, de quinquina (riche en quinine)… La phase hormonale Les actifs diminuent l’hyperactivité de la 5-α-réductase et régulent ainsi la produc- tion de sébum, facteur aggravant de la chute des cheveux : isoflavones de soja, huile de pépin de courge, extraits de curbicia, phytostérol de pin… La phase inflammatoire Les actifs protègent le bulbe pileux pour un environnement propice au développement de cheveux forts. Ce sont généralement de puissants antioxydants : vitamine E, extrait d’olivier, polyphénols de thé vert… Rôle de la complémentation orale pour lutter contre la chute de cheveux © BSIP/Jacopin Figure 1 : La continuelle synthèse cellulaire au sein du bulbe (papille) assure la poussée permanente et la bonne croissance du cheveu. Les cheveux en quelques chiffres 250 à 350 cheveux par cm² de cuir chevelu. chevelu. Tige pilaire Glande sébacée Racine (follicule pileux) Bulbe pilaire Glande épithéliale externe Glande épithéliale interne Muscle horripilateur Papille dermique Épiderme Derme

Rôle de la complémentation orale pour lutter contre la chute de cheveux

Embed Size (px)

Citation preview

39 pratique

compléments alimentaires

Actualités pharmaceutiques n° 509 Octobre 2011

La chute des cheveux

est une préoccupation

fréquente au sujet de laquelle

le pharmacien est souvent

sollicité en première ligne.

Les compléments alimentaires

disponibles en officine peuvent

constituer une réponse

intéressante.

La chute des cheveux touche aussi bien les hommes que les femmes. Chez l’homme, ce phénomène est

souvent chronique et progressif, d’étio-logie génétique et hormonale. Chez la femme, la chute est généralement consécutive à un accouchement, une grande fatigue ou liée à un changement de saison. L’automne est la période de l’année durant laquelle les cheveux sont particulièrement dévitalisés, fatigués ou en phase de chute.

Le cheveuÀ la base du follicule pileux, le bulbe est l’élément vital dans la construction du cheveu . Une multitude de vaisseaux sanguins afflue à sa base et l’approvi-sionne en nutriments. C’est la connexion étroite du bulbe avec la microcirculation qui permet à ses cellules (les kératino-

cytes) de fabriquer en continu les compo-sants de la fibre. Les kératinocytes du bulbe maturent et synthétisent les kérati-nes pour former la fibre (figure 1).

La chute de cheveuTant que la papille dermique est en “bonne santé”, elle stimule la multiplica-tion des cellules de la matrice et le cheveu est solidement ancré, épais et résistant. Or, elle peut se fragiliser sous l’influence de quatre facteurs.

La suractivité enzymatiquePremière cause de chute, la suractivité enzymatique est plus spécifiquement masculine. En fonction de son héritage génétique, chaque homme est plus ou moins prédisposé à perdre ses cheveux. La suractivité de la 5-α-réductase trans-forme la testostérone en dihydrotesto-stérone qui fragilise les cellules de la papille dermique.

L’inflammation locale du folliculeL’inflammation locale du foll icule correspond à la libération de médiateurs de l’inflammation en raison des agressions subies par le follicule.

La rigidification du bulbeLa fibrose, par production excessive de collagène, rigidifie et comprime la racine du cheveu. Ainsi, celui-ci se déracine et tombe.

La diminution de la microcirculation sanguineMoins bien irriguée par le sang, la papille dermique se dénutrit et s’atrophie, produi-sant un cheveu de plus en plus faible et fragile qui finit par tomber.

Le rôle des compléments alimentairesNombreux sont les compléments ali-mentaires visant à enrayer la chute des cheveux disponibles sur le marché.

Des actifs aux actions multiplesLes actifs retrouvés dans les compléments alimentaires et destinés à s’opposer à la chute des cheveux agissent à plusieurs niveaux. La phase vasculaire

Les actifs stimulent la microcirculation pour maximiser l’apport en éléments énergétiques et nutritifs essentiels à une croissance optimale du cheveu : extraits de Citrus aurantium, de quinquina (riche en quinine)… La phase hormonale

Les actifs diminuent l’hyperactivité de la 5-α-réductase et régulent ainsi la produc-tion de sébum, facteur aggravant de la chute des cheveux : isoflavones de soja, huile de pépin de courge, extraits de curbicia, phytostérol de pin… La phase inflammatoire

Les actifs protègent le bulbe pileux pour un environnement propice au développement de cheveux forts. Ce sont généralement de puissants antioxydants : vitamine E, extrait d’olivier, polyphénols de thé vert…

Rôle de la complémentation orale

pour lutter contre la chute de cheveux

© B

SIP

/Jacop

in

Figure 1 : La continuelle synthèse cellulaire au sein du bulbe (papille) assure la poussée permanente et la bonne croissance du cheveu.

Les cheveux en quelques chiffres

250 à 350 cheveux par cm² de cuir chevelu.

chevelu.

Tige pilaire

Glande sébacée

Rac

ine

(folli

cule

pile

ux)

Bul

be

pila

ire

Glande épithéliale externe

Glande épithéliale interne

Muscle horripilateur

Papille dermique

Ép

ider

me

Der

me

40pratique

compléments alimentaires

Actualités pharmaceutiques n° 509 Octobre 2011

Les facteurs nutritionnelsLes actifs permettent un bon dévelop-pement du bulbe pileux : vitamine E, vita-mines B6 et B8, acides aminés soufrés (cystine, méthionine, taurine), acides gras essentiels (huile de bourrache) et minéraux (zinc, sélénium), extrait de cléome…

Une redynamisation du cycle pilaireLes compléments alimentaires permet-tent, de manière significative, de redyna-miser le cycle pilaire. Ainsi, ils :– améliorent la microcirculation capil-laire ;– diminuent l’inflammation du bulbe et l’hyperactivité enzymatique de la 5-α-réductase au niveau bulbaire ;– permettent un apport en vitamines B6, B8, zinc, acides aminés soufrés nécessai-res à la pousse du cheveu ;– contribuent au ralentissement de la chute et à l’accélération de la pousse du cheveu ;– améliorent la qualité du cheveu (diamè-tre, brillance, tonus, cuir chevelu propre à la pousse).Ils doivent être pris, en moyenne, au moins 3 mois avant que les premiers effets apparaissent.Ils ont, par ailleurs, fait la preuve d’une évaluation rigoureuse en double aveugle contre placebo.

Deux grandes indicationsIl existe deux grandes indications à la délivrance de complément alimentaire pour prévenir et ralentir la chute de cheveux. La chute de cheveux prématurée chez

l’hommeLa chute de cheveux prématurée se définit par un affinement continu des cheveux au niveau des golfes, ce qui est un phéno mè ne anormal chez un homme de moins de 35 ans. La racine, compri-mée et privée de ses éléments nutritifs, produit une fibre plus fine. Petit à petit, le cheveu ne repousse plus. Une chute préma tu rée doit être prise en charge dès les premiers signes. Il est, en effet, possi-ble de l’enrayer, ce qui permet de prévenir la chute installée qui se caractérise par un dégarnissement du vertex aboutissant à une calvitie. La chute de cheveux réactionnelle

La chute de cheveux réactionnelle survient surtout chez la femme. �

François Pillon

Pharmacien, Dijon (21)

[email protected]

François-André Allaert

Chaire d’évaluation des allégations

de Santé & Cen Nutriment,

Dijon (21)

[email protected]

Chute des cheveux prématurée, un cas pratique

La taurine

α