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Rome et Moscou (1900-1950) by Antoine WengerReview by: Étienne FouillouxArchives de sciences sociales des religions, 32e Année, No. 64.2 (Jul. - Dec., 1987), pp. 349-350Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30129254 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

Le livre fournit nombre d'informations in- t~ressantes sur l'histoire du groupe, sur les adeptes (il insiste notamment sur le recrute- ment de families entibres, recrutement ( inter- g~nrrationnel > jusqu'A trois grn~rations), sur le fonctionnement du leadership de Jones, sur les processus et les orientations de la ( reso- cialisation w qui correspond A la construction d'une nouvelle r~alit6 dans laquelle les adeptes du Temple du Peuple menaient une w vie qui les satisfaisait w et dans laquelle, tout ce qui a choqu6 les < 6trangers A ce monde w avait un sens. On ne d~couvre pourtant pas de choses radicalement neuves, conduisant A un regard different sur ce suicide. Peu importe, nous ne sommes nullement des adeptes du nouveau A tout crin. Plus important est que nous ne soyons pas convaincus. Pas convaincus par exemple que les punitions physiques ne doivent pas 6tre vues comme des moyens d'obtenir l'obrissance des membres, mais comme des moyens que ceux-ci avaient d'ex- primer leur obrissance w (soulign6 par J.M.W.). La problkmatique de I'A. souffre d'une diffi- cult6 fondamentale: le Peuple du Temple n'est pas une < soci6t6 primitive >, au fin fond de la for~t amazonienne... ou guyanaise... ou d'un autre monde non terrestre - une soci~t6 pour laquelle sa rralite est la seule qui puisse 6tre - mais un groupe de gens recrut~s au coeur m~me de la soci~te urbaine ambricaine. Une < resocialisation > est autre chose qu'une socialisation < naturelle >. L'A. en convient lui-meme lorsqu'il precise, qu'en ce qui concer- ne le processus d'engagement des adeptes, on ne peut pas raisonner en termes de < sociologie de la connaissance >, qu'une analyse fonction- naliste s'impose - il admet l'idre de ( depri- vation >.

Bref, nous ne pensons pas que le relativisme culturel soit ici l'approche la mieux appro- pride, susceptible de s~rieusement contrer la these du lavage de cerveau ou de la manipula- tion, these que nous-meme, ici m~me, avons A plusieurs reprises, A propos d'autres groupes Scontests >, fortement critiqu~e. Le juste

6quilibre entre conviction et tolkrance semble d~cidrment bien difficile A trouver.

Frangoise Champion.

A History of the Church of England (1945- 1980). Oxford, Oxford University Press, 1984, 300 p., biblio., index.

64.381 WELSBY (Paul. A).

Avec la brnrdiction initiale de l'archeveque de Cantorbery, le chanoine Welsby nous don- ne, sur l'histoire rrcente de l'Eglise itablie d'Angleterre, un prrcis vu de l'intrrieur, mais nranmoins fort utile. I1i resume en effet, sous une forme 616gante et maniable, un quart de siecle de p~riprties touffues, sans omettre au- cun secteur important : des rapports avec l'ltat A la rrforme liturgique, en passant par la place dans les m~dias ou les relations aecumrniques, la plupart des questions clrs sont traitres. Le seul regret concerne une discretion excessive quant aux rudiments de la sociographie quan- titative: les vocations sacerdotales drclinent, mais la pratique des fiddles ? Elle ne possbde certes pas le meme sens qu'en catholicisme; des indications sommaires auraient pourtant 6t6 bienvenues.

La matibre se rrpartit de faron simple en trois parties chronologiques correspondant A peu prbs aux trois primats successifs : Fisher, Ramsay et Coggan. La premiere 6voque une Eglise qui tient sa place dans la reconstruction du pays, sans trop s'inqui~ter de critiques encore sporadiques. La contestation des sixties la frappe au contraire de plein fouet, qu'il s'agisse des drfis d'une socirt6 en voie de srcularisation rapide, ou des solutions parfois radicales pr6n~es de l'intrrieur pour y rnpon- dre. Comme ailleurs, cette contestation decline au cours des ann~es 1970, mais l'6branlement subi s'y prolonge en marasme qui touche une bonne partie du pays. L'anglicanisme connait aussi ce temps d'inquirtude et se divise sur les rembdes A utiliser (ordination des femmes par exemple). Au total, une prncieuse rnflexion sur I'Jglise d'Angleterre au feu de la modernit&, par l'un des siens.

Etienne Fouilloux.

Rome et Moscou (1900-1950). Paris, Desclke de Brouwer, 1987, 684 p.

64.382 WENGER (Antoine).

Ce livre important retient l'attention d'une double manibre. D'abord parce qu'il marque le retour de son auteur, byzantiniste de forma- tion, aux 6tudes orientales aprnis des annres passnes A La Croix ou A l'ambassade de France pros le Saint-Siege. Ensuite et surtout parce qu'il apporte beaucoup de neuf sur un sujet oi le pire a trop souvent 6touff6 le meilleur (cf. Arch., 62, nw 339). Certes, le titre drpasse quel- que peu le propos. I1 ne s'agit pas de la synthbse

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

annonc6e des rapports entre les deux princi- pales forces idbologiques du XXC si~cle, mais d'une appr6ciable pierre d'attente pour celle- ci. Assomptionniste disposant des archives de sa congr6gation, I'auteur retrace de fagon ex- haustive l'histoire d'une tentative d'implanta- tion commenc~e au debut du sidcle par l'aum6- nerie des communaut6s franco-belges et close en 1950 par le retour du dernier religieux en poste A Moscou. Pendant ce demi-si~cle, une poign6e d'assomptionnistes, exaugant pour partie le voeu du fondateur Emmanuel d'Al- zon, a ainsi multipli6 sur place les jalons d'une 6ventuelle et utopique conversion de la Russie au catholicisme.

Dans cette histoire de famille, A.W. suit tout particulibrement l'aventure russe du pbre Pie Neveu. Ce dernier arrive A Saint-P6tersbourg en 1906 et devient cure de Makeevka (Donetz) l'ann~e suivante. En 1926, Mgr d'Herbigny le consacre discr~tement 6v~que et lui confie de la part de Rome, outre l'administration apos- tolique de Moscou oh il r6side, la charge de ce qui reste de catholicisme en URSS. Jusqu'A son expulsion d6guis6e dix ans plus tard, sa correspondance avec d'Herbigny constitue la principale source d'information du Saint-Siege sur la situation dans la patrie du communisme. Elle fourmille de notations passionnantes quant A la vie religieuse... et A la vie tout court. On y suit pas A pas le retournement d'un homme d'abord bien intentionn6 vis-A-vis du

r6gime, puis de plus en plus hostile du fait des tracasseries subies. A.W. eclaire son influence vraisemblable sur le retournement parallkle de Pie XI, dans l'encyclique DiviniRedemptoris notamment.

Mais il ne s'arrete pas en si bon chemin. Avec les archives du Quai d'Orsay et les papiers d'Herbigny d6pos6s A la Biblioth~que natio- nale, il entreprend de d6meler l'6cheveau 16gendaire tiss6 autour du j6suite frangais, devenu l'homme de confiance du pape pour la Russie. Malgr6 l'absence des documents vati- cans, il reconstitue minutieusement et solide- ment l'ascension, puis la double chute de d'Herbigny (1933-1937). Certes, on aimerait parfois des d6veloppements plus synth6tiques ou des conclusions plus nettes; mais la pru- dence du pbre Wenger tranche heureusement sur l'assurance de certains de ses pr6d6ces- seurs... moins bien inform6s que lui. On a dit et 6crit trop de betises autour de cet episode encore brfilant. Sans aller toutefois jusqu'au bout de ses pr6somptions, il 6vitera d6sormais

de les ressasser et son ouvrage, de ce fait, fera date.

Etienne Fouilloux.

Ils 6taient juifs, r6sistants, communistes. Paris, Denoel, 1986, 357 p., bibliog., index.

64.383 WIEVIORKA (Annette).

La M.O.I., vous connaissez ? Non sans doute. Et pour cause. Lorsqu'on sait qu'elle fut l'une de ces innombrables parentes pauvres, une de ces << laiss6s pour compte de l'histoire dont bien peu de livres sur la Seconde Guerre mon- diale mentionnent Faction ou simplement signalent l'existence. Le sigle M.O.I. - main- d'oeuvre immigr~e - (dans son ouvrage Les Juifs e Paris de 1933 ca 1939, Paris, Calmann- Levy, 1974, David Weinberg parle de la M.O.E. - main d'oeuvre 6trangbre) d6signe l'organisation centrale des sections de langues 6trang~res du parti communiste au sein de laquelle furent notamment regroup6s, sur in- jonction du comit6 central, les Juifs yiddisho- phones immigr6s d'Europe orientale. Elle de- vait 6tre dissoute peu apris la guerre.

C'est pr6cis6ment pour la sauver de l'oubli que l'auteur (professeur d'histoire au Lyc6e Voltaire et co-auteur avec Itzhok Niborski de Les Livres du Souvenir. Mimoriauxjuifs de Po- logne, Paris, Gallimard/Julliard, 1983 (coll. < Archives >) a r6pondu pr6sente A la sollici- tation de quelques uns des rares survivants ayant appartenu A cette section yiddish, lui demandant de reconstituer l'histoire de ces obscurs groupes de r6sistants communistes juifs : F.T.P.-M.O.I., U.J.J., M.N.C.R., Solida- rit6, U.J.R.E. ... Mais plus encore, A travers t6moignages oraux et d~pouillement d'archi- ves, A.W. a cherch6 des r6ponses aux questions bien pr6cises que posait en elle-m~me l'exis- tence d'une r6sistance sp6cifiquement juive : <Qui 6taient les Juifs organis6s dans la M.O.I. ?... Pourquoi et comment s'engagbrent- ils dans la r6sistance communiste ? Ce groupe eut-il une politique distincte de celle du P.C.F. ? Quel r61e joua-t-il? Quelle fut son action ? Ou r6side sa sp6cificit6 juive ? Com- ment analysa-t-il la pers6cution et quelle re- ponse lui apporta-t-il ? > (p. 12). Ces questions posant A leur tour celle, plus globale, de < la strat6gie et de la tactique de la r6sistance communiste dans son ensemble et du r61e que durent y jouer les immigr6s >, (p. 13).

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