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Bu. Acad. Vét. de France, 1991, @ (suppl. au n° 4), 119-139 RÉSUMÉ Répercussions des techniques actuelles de producon animale sur l'environnement par Yves HENRY* Face à une intensification de plus en plus rte des productions animales, notamment dans les systèmes hors sol (porcs, volailles), et à leur concentration géographique dans des unités de plus grande dimension, il est possible de proposer des solutions préventives, principalement par l'alimentation, pour réduire les pollutions engendrées par les effiuents d'élevage, tout en sauvegardant la productivité. Une gestion raisonnée des intrants alimentaires (protéines et acides aminés, phosphore), en visant la partition des nutriments non seulement fixés dans les produits animaux mais également excrétés (ces, urine et gaz), est d'abord obtenue par une bonne adéquation des apports alimentaires aux besoins, suivant une approche de modélisation prenant en compte le potentiel de production des animaux, complétée par une adaptation des stratégies de conduite alimentaire et par la maîtrise de la disponibilité des nutriments (digestibilité iléale des acides aminés et digestibilité du phosphore phytique), selon les matières premières et leurs associations dans le régime. L'amélioration de l'équilibre alimentaire, en particulier grâce à l'emploi des acides aminés industriels, constitue une voie complémentaire de réduction des rejets azotés, très prometteuse pour l'avenir. Par ailleurs, l'accroissement du potentiel de production, que ce soit par le progrès génétique ou par d'autres moyens de stimulation des productions (somatotropine), tout comme l'amélioration des conditions d'élevage (milieu thermique optimal pour un coût alimentaire minimum), ont pour effet de diminuer l'importance des rejets par unité de produit rmé. Dans le cas du porc, les possibilités de réduction des rejets d'azote et de phosphore sont ainsi respectivement de l'ordre de 1/3 et 40%. Mots és: Productions animales - Nutrition animale - Techniques d'élevage - Environnement - Effluents d'élevage. IN, Station de Recherches Porcines, Centre de Rennes, 35590 St-Gilles.

Répercussions des techniques actuelles de production

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Page 1: Répercussions des techniques actuelles de production

Bull. Acad. Vét. de France, 1991, 64 (suppl. au n° 4), 119-139

RÉSUMÉ

Répercussions des techniques actuelles de production animale

sur l'environnement

par Yves HENRY*

Face à une intensification de plus en plus forte des productions animales, notamment dans les systèmes hors sol (porcs, volailles), et à leur concentration géographique dans des unités de plus grande dimension, il est possible de proposer des solutions préventives, principalement par l'alimentation, pour réduire les pollutions engendrées par les effiuents d'élevage, tout en sauvegardant la productivité. Une gestion raisonnée des intrants alimentaires (protéines et acides aminés, phosphore), en visant la partition des nutriments non seulement fixés dans les produits animaux mais également excrétés (fèces, urine et gaz), est d'abord obtenue par une bonne adéquation des apports alimentaires aux besoins, suivant une approche de modélisation prenant en compte le potentiel de production des animaux, complétée par une adaptation des stratégies de conduite alimentaire et par la maîtrise de la disponibilité des nutriments (digestibilité iléale des acides aminés et digestibilité du phosphore phytique), selon les matières premières et leurs associations dans le régime. L'amélioration de l'équilibre alimentaire, en particulier grâce à l'emploi des acides aminés industriels, constitue une voie complémentaire de réduction des rejets azotés, très prometteuse pour l'avenir. Par ailleurs, l'accroissement du potentiel de production, que ce soit par le progrès génétique ou par d'autres moyens de stimulation des productions (somatotropine), tout comme l'amélioration des conditions d'élevage (milieu thermique optimal pour un coût alimentaire minimum), ont pour effet de diminuer l'importance des rejets par unité de produit formé. Dans le cas du porc, les possibilités de réduction des rejets d'azote et de phosphore sont ainsi respectivement de l'ordre de 1/3 et 40%.

Mots clés: Productions animales - Nutrition animale - Techniques d'élevage -Environnement - Effluents d'élevage.

• INRA, Station de Recherches Porcines, Centre de Rennes, 35590 St-Gilles.

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INTRODUCTION

Le développement des productions animales, en France et dans les autres pays de la Communauté Européenne, fait l'objet d'un débat de plus en plus difficile, voire parfois passionné, qui oppose les impératifs de la productivité aux contraintes de plus en plus exigeantes de l'environnement.

Les tendances actuelles en matière d'évolution des productions animales sont marquées par la poursuite de l'accroissement de la produc­tivité, condition nécessaire pour le maintien de filières de production compétitives au plan international :

- une accentuation de l'intensification des productions. Ceci est vrai pour l'ensemble des productions animales, qu'il s'agisse de la viande (volailles, porc), des œufs ou du lait. Ainsi, dans le cas du porc dans l'Europe des 12, les données rassemblées par AUMAITRE (1990) font ressortir une forte concentration de la production dans un nombre limité de régions (Nord-Brabant aux Pays-Bas, Flandre Ouest en Belgique, Rhénanie Septen­trionale-Westphalie en Allemagne, Catalogne en Espagne, Ouest du Danemark, Bretagne en France, Lombardie en Italie), ainsi qu'au niveau des élevages, dont le nombre est en constante diminution. Le million d'éleveurs de porcs en France dans les années 60 a fondu rapidement: en 1988, on n'en dénombrait que 166 000, et parmi eux 21400 seulement avaient une vocation commerciale et 10960 tiraient du porc l'essentiel de leur activité (RGA, 1988). L'impact de cette concentration géographique sur l'environnement est tout à fait perceptible si l'on considère l'effectif d'animaux par rapport à la surface disponible (RIEU, 1989). Le Nord-Brabant est ainsi la province la plus chargée en porcs, avec un effectif de 2 100 têtes pour 100 hectares de surface agricole utile (SAU). En Bretagne, qui assure désormais plus de 50 % de la production nationale, il est de l'ordre de 320, soit une densité comparable à celles observées dans l'Ouest du Danemark et en Catalogne, et légèrement plus qu'en Saxe et en Lombardie;

- une amélioration spectaculaire du potentiel de production, grâce au progrès génétique. Dans l'espèce porcine, selon OLLIVIER et al. (1985, 1991), la vitesse de croissance et la teneur en muscle des carcasses ont augmenté d'une façon quasi-linéaire au cours des 30 dernières années, parallèlement à une diminution progressive de l'indice de consommation. Les perspectives d'évolution à ce niveau sont amplifiées de nos jours par les possibilités de manipulations hormonales de la croissance (somatotropine porcine ou PST chez le porc) et de la sécrétion du lait (somatotropine bovine ou BST chez la vache);

- dans le domaine de l'alimentation animale, un approvisionnement en matières premières plus abondant et plus diversifié. La production des fourrages et la productivité des pâturages ont fortement augmenté sous l'influence d'une fertilisation accrue. La diversification des sources d'appro­visionnement en matières premières, principalement dans l'alimentation des porcs, a été marquée par le remplacement progressif des céréales par les

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produits de substitution (ou PSC) et les protéagineux européens, et plus récemment par l'utilisation croissante des PSC européens en remplacement des PSC importés (MAINSANT et NICOLAS, 1991). Si l'on considère l'exemple du porc, ce dernier n'est plus le transformateur quasi-exclusif des céréales de l'exploitation. En transformant des matières premières essentiellement en provenance de l'extérieur, dans un système hors sol dominant, il participe à l'accroissement des rejets par rapport à la SAU dans les grands bassins de production. Ainsi, selon TAMMINGA et VERSTEGEN (1991), 50 à 65% des aliments utilisés par les animaux aux Pays-Bas sont importés. Il convient cependant de préciser à ce propos, au vu de l'évolution des formules des aliments consommés, que le porc joue un rôle d'épurateur de sous-produits dont l'industrie doit se débarrasser de toute façon;

- enfin, un élevage en confinement qui va en se généralisant. En ce qui concerne le porc, les nécessités de réduire les coûts de construction et surtout les dépenses de main-d'œuvre ont conduit dans tous les pays à élever les deux tiers des animaux sur caillebotis, avec une production prédominante de lisier (environ 1 m3 par porc de 100 kg) dont les effets sur l'environnement ne manquent pas de sensibiliser les médias et l'opinion publique. D'après les données recueillies par FLEMING (1991), la charge polluante en déjections animales par ha de SAU, au sein de l'Europe des 12, varie dans des proportions importantes entre les pays et selon les espèces animales. Pour le porc, la valeur estimée de la charge polluante en Bretagne à partir de la moyenne nationale (5,4 T /ha SAU) est comparable à celle de la Belgique et du Danemark (respectivement 7,7 et 5,9 T), et nettement plus faible qu'aux Pays-Bas (51,8 T). En Bretagne, selon SIMON et GOLVEN (1989), sur les 320 kg d'azote potentiellement épandus par hectare et par an environ 220 kg proviennent des déjections animales : le bilan entre les entrées et les sorties à l'échelle de la région fait apparaître un excédent annuel voisin de 50 kg/ha/an.

Pour mesurer l'impact des techniques actuelles de production animale sur l'environnement, il convient de bien discerner ce que ce terme recouvre dans le cas précis qui nous préoccupe. Selon BALLAY et al. (1975), on a l'habitude de distinguer les nuisances (effets des phénomènes perceptibles par l'homme et susceptibles de l'incommoder: odeurs, bruits) de la pollution qui concerne les effets d'apport dans le milieu récepteur (cours d'eau, atmosphère ... ) de substances susceptibles d'affecter ses qualités premières. Parmi les nuisances, ce sont principalement les odeurs qui sont incriminées : il en est ainsi du lisier de porc. En ce qui concerne la pollution, elle peut être microbienne et parasitaire, mais dans le cas présent nous retiendrons avant tout les polluants chimiques (organiques et minéraux), avec les rejets d'azote, de phosphore, et de métaux (cuivre, zinc et métaux lourds). L'impact des productions animales sur l'environnement, par les excrétions solides (fécales) et liquides (urinaires), concerne essentiellement les rejets d'azote (nitrates) et phophore dans les eaux, tandis que les émissions gazeuses (T AMMINGA, 1991 b) ont une certaine part de responsa­bilité dans la formation des pluies acides (ammoniac, oxydes d'azote) et l'effet de serre (méthane, oxydes d'azote dont N10 et NOJ. Il est établi (STEFFENS et BENEDETTI, 1991) que les populations animales sont

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responsables pour 80-900/o des émissions d'ammoniac, dont 50% pourraient se produire après épandage des effluents. En ce qui concerne l'effet de serre, les émissions de méthane (CH4) et de protoxyde d'azote (N20) liées à l'activité humaine à l'échelle de la planète, et dont le potentiel de serre correspond respectivement à 32 et 30 fois celui du gaz carbonique, contri­buent respectivement pour 19 et 40/o, contre 50% pour le gaz carbonique (IPCC, 1989). Les émissions de N20 qui sont surtout liées à la fertilisation azotée et au travail du sol, apparaissent également lors du traitement des lisiers, mais elles restent très faibles par rapport aux émissions d'ammoniac. L'une des principales sources de dégagement de méthane d'origine anthro­pogénique (CRUTZEN et al., 1986) est représentée par les fermentations entériques anaérobies dans les populations animales, et les fermentations anaérobies des déjections (lisiers). Les espèces animales domestiques dans leur ensemble contribuent pour 24 % environ des émissions totales de CH4, les 3/4 provenant des populations d'herbivores (50 à 90 kg de CH/an contre 1 kg seulement pour un porc, d'après SAUVANT, 1990).

Dans le présent rapport, nous nous proposons de faire le point des conséquences de l'évolution des techniques de production animale sur l'environnement en dégageant les solutions possibles pour y porter remède. Les effets sur l'environnement seront appréciés principalement par la prise en compte des rejets d'azote et de phosphore, en relation avec l'alimen­tation, le potentiel des animaux et les conditions d'élevage. Dans les productions concernées, nous considérerons en premier lieu les animaux monogastriques, et notamment le porc, qui est souvent mis en cause dans les pollutions provoquées par le lisier.

INCIDENCE DE L'ALIMENTATION SUR LES REJETS ET MOYENS DE PRÉVENTION

Il est tout à fait naturel qu'avec la montée en puissance des problèmes de pollution, on soit amené à se préoccuper prioritairement des rejets des animaux d'élevage, ce qui a conduit à raisonner l'alimentation en termes de nutriments {N, P205) non fixés par les animaux relativement aux nutriments ingérés. En dehors d'une faible part d'émissions gazeuses (CH4, NH3, N20) exerçant un effet négatif sur l'environnement, les rejets par l'alimentation sont constitués par les déjections solides (fèces) et liquides (urines) qui contaminent directement les eaux par défaut d'épuration suffisante par les sols, que ce soit dans les conditions naturelles d'élevage en plein air (pâturage) ou lors de l'épandage des effluents. Pour l'azote comme pour le phosphore, les quantités excrétées comprennent une fraction non digérée qui est éliminée au niveau fécal (pour l'azote, principalement sous la forme de protéines alimentaires non dégradées ou microbiennes) et une fraction excrétée au niveau urinaire (pour l'azote, en grande partie sous la forme d'urée). L'importance relative de la fraction non digérée pour rapport à la quantité ingérée dépend principalement de la digestibilité des composants (protéines, phosphore) du régime. Quant à la fraction excrétée dans les

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urines, son importance dépend de l'utilisation métabolique des nutriments par l'animal pour la formation des dépôts corporels ou pour l'exportation dans le lait.

En ce qui concerne l'azote, on peut considérer qu'en première approxi­mation, d'après les données de Van ES (1978), environ 2/3 (entre 60 et 700/o) des quantités ingérées sont excrétées, qu'il s'agisse des animaux monogas­triques (porcs, volailles) ou des herbivores (vache laitière). Dans le cas du porc, les rejets azotés ont fait l'objet d'estimations récentes (DOURMAD et GUILLOU, 1991;DOURMADeta/.,199lb) dont nous retiendrons les conclu­sions principales. La fraction d'azote excrétée dans les urines est prédominante par rapport à celle excrétée dans les fèces: plus des 2/3 contre un peu moins d' l /3 des rejets totaux. Par porc produit de 100 kg de poids vif à

l'abattage, il faut environ 60 kg de protéines, soit 10 kg d'azote dont 6 kg sont rejetés : la contribution des reproducteurs, des porcelets et des porcs à

l'engrais à la production de ces rejets est respectivement de 18-4 et 78 %. Ainsi, le porc à l'engrais, par l'importance de sa part des protéines consom­mées (de l'ordre de 75%), est le principal responsable des rejets d'azote dans les effiuents. Dans les conditions habituelles d'alimentation, il excrète en moyenne 15 à 200/o de son azote ingéré par voie fécale et 40 à 450/o par voie urinaire, soit au total environ 60 à 70% de l'azote ingéré. Chez la vache laitière, selon TAMMINGA et VERSTEGEN (1991), sur les 175 kg d'N consommés annuellement près de 80% sont excrétés, dont 113 dans les fèces et 213 dans l'urine. Mais leur estimation s'appliquait à un régime à base de pâturage à forte fertilisation azotée, se traduisant par un apport accru d'azote facilement dégradable et favorisant les pertes d'ammoniac dans le rumen. Ceci explique que la part de l'azote excrété dans l'urine était dans ce cas prédominante, alors que dans les conditions normales d'alimentation elle est équivalente à celle excrétée par voie fécale. A la différence des monogastriques, les pertes d'azote dans l'urine chez les ruminants ont une double origine, suivant qu'elles proviennent de l'excès d'ammoniac dans le rumen (en relation avec l'apport d'azote alimentaire et surtout sa dégrada­bilité) ou du catabolisme des acides aminés en excès après absorption dans l'intestin grêle. Pour ce qui est du phosphore, chez les porcs comme chez les volailles environ 70 à 800/o des quantités ingérées sont excrétées, la part de la fraction excrétée dans les fèces étant prédominante par rapport à celle excrétée par voie urinaire. Il en résulte que pour abaisser le niveau de pollution des rejets par l'alimentation il conviendra d'intervenir de façon préférentielle sur l'excrétion urinaire dans le cas de l'azote, par la prise en compte des facteurs d'utilisation métabolique, et sur l'excrétion fécale dans le cas du phosphore, par une meilleure connaissance des facteurs d'utili­sation digestive.

Les moyens permettant, par l'alimentation, de réduire les rejets d'azote et de phosphore, relèvent de deux approches complémentaires, qui concer­nent d'une part une meilleure adéquation des apports alimentaires aux besoins des animaux, et d'autre part l'amélioration de l'équilibre alimentaire, et notamment l'équilibre du régime en acides aminés, par la réduction des normes azotées quantitatives, comme cela a été souligné par

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ailleurs, aussi bien chez les monogastriques (LENIS, 1989) que chez les herbivores (TAMMINGA, 199la).

1. Adéquation des apports alimentaires aux besoins

Pour viser le niveau minimum de rejets, il importe en premier lieu d'ajuster dans le temps les apports journaliers de nutriments aux besoins des animaux, en fonction de leurs exigences particulières liées à leur potentiel de production et sur la base des nutriments disponibles (c'est-à-dire digestibles) en vue de leur utilisation métabolique ultérieure. Ceci est désormais rendu possible par l'application des techniques de modélisation des besoins nutritionnels et par la maîtrise des variations de digestibilité des matières premières selon leur origine et leurs caractéristiques particulières de composition. Sur le plan pratique, l'ajustement dans le temps des apports de nutriments aux besoins nécessite à son tour la mise en œuvre d'une conduite alimentaire appropriée en fonction du choix du type d'aliment (formulation) et de la phase d'alimentation correspondante.

• Modélisation des besoins

Jusqu'à présent, l'établissement des recommandations alimentaires pour les animaux a été basé sur 1' adoption de valeurs moyennes s'appliquant aux animaux les plus exigeants de la catégorie concernée ou à la partie la plus exigeante du stade physiologique considéré, avec une marge de sécurité entraînant ainsi une exagération des rejets par rapport aux besoins stricts des animaux. Ce n'est que récemment, à la faveur d'une démarche analytique factorielle, qu'il a été possible d'envisager une modélisation des besoins nutritionnels à partir de la quantification des dépenses (entretien, production) et des rendements d'utilisation des nutriments, en fonction des potentialités des animaux. La meilleure adéquation des quantités de nutriments nécessaires pour un niveau minimum de rejet s'effectue alors sur la base d'apports journaliers qu'il est cependant difficile de réaliser dans les conditions pratiques de l'alimentation. Cela suppose également que les performances des animaux du troupeau soient les plus homogènes possible. En tout état de cause, l'importance du rejet est estimée par différence entre les quantités de nutriment ingérées et déposées.

Chez le porc, des modèles de prévision des besoins nutritionnels ont été établis au cours des années écoulées : ainsi, pour le besoin azoté, il convient de citer les travaux de WHITTEMORE (1983), BLACK et al. (1986), MOUGHAN et al. (1987), MOUGHAN (1989). Cependant, le choix des critères de prévision ne permet pas de prendre aisément en compte les performances particulières observées au niveau de l'élevage. C'est ainsi que DOURMAD et al. (199l a) ont proposé un modèle de prévision des besoins en acides aminés de la truie en lactation à partir des résultats de mise bas et de la croissance la portée jusqu'au sevrage. De même, pour le porc en croissance, les récents travaux de NOBLET (non publiés) devraient déboucher rapidement sur une estimation précise des besoins journaliers en acides aminés tout au long de la croissance du porc, à partir de l'évolution des

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dépôts corporels selon le type de porc et du rendement d'utilisation des acides aminés pour la formation des dépôts. D'ores et déjà, comme l'ont montré DOURMAD et al. (199lb), il est possible d'estimer précisément les rejets d'azote au niveau d'un élevage à partir des quantités ingérées et déposées, ces dernières étant elles-mêmes quantifiées en fonction des performances enregistrées sur l'élevage (reproduction, sevrage, croissance et caractéristiques des carcasses à l'abattage). Ainsi, la quantité d'azote fixé par le porc au cours de sa croissance peut être estimée à partir de l'évolution du gain de poids journalier et la teneur en muscle de la carcasse mesurée à l'abattage.

• Adaptation des stratégies de conduite alimentaire

Comme nous l'avons souligné précédemment, il n'est guère concevable pratiquement d'assurer un ajustement parfait au jour le jour des apports de nutriments à des besoins en constante évolution. Il est nécessaire de définir un aliment d'une composition donnée pour un stade de production particulier (intervalle de poids ou d'âge). En pratique, différentes formules "types" sont ainsi proposées par les fabricants, corres­pondant à des phases particulières de la vie de l'animal.

Les besoins nutritionnels des animaux évoluent en fonction de leur stade physiologique (reproduction, croissance, lactation). En ce qui concerne l'énergie, dont le contenu correspond à l'ensemble de la matière sèche ou la matière organique ingérée, l'adéquation des apports aux besoins est obtenue naturellement par la mise en place d'un plan de rationnement alimentaire ou en laissant aux animaux le libre choix de leur niveau de consommation. Par contre, pour ce qui est de l'azote ou du phosphore, l'ajustement des apports aux besoins, qui n'évoluent pas de la même manière, impliquerait de pouvoir faire varier constamment leurs teneurs dans le régime relativement à l'énergie, ce qui est impossible avec un seul aliment. Or, pour des raisons de commodité et de simplification ou pour des raisons d'ordre économique (conjoncture de faible coût des protéines, stockage des aliments), les fabricants et les éleveurs ont été conduits à préférer une réduction du nombre de formules d'aliment dans l'élevage.

Chez le porc, la simplification de la conduite alimentaire a ainsi abouti à l'emploi quasi-généralisé d'un aliment unique "croisance-finition" pour le porc à l'engrais et souvent d'un aliment unique "gestation-lactation" pour la truie reproductrice. Il en est résulté un apport excessif de protéines au cours des phases les moins exigeantes (engraissement-finition, gestation), dont l'impact sur les rejets azotés a fait l'objet d'une quantification récente (DOURMAD et GUILLOU, 1991; DOURMAD et al., 199lb). D'après cette estimation, le maintien, pendant l'engraissement (20-105 kg de poids viO, d'un taux constant de 170/o de protéines entraîne par rapport à l'adminis­tration de deux aliments adaptés aux deux phases respectivement initiale (20-60 kg: 170/o de protéines) et terminale (60-105 kg: 15% de protéines) de l'engraissement, une augmentation des rejets azotés de 10%. Au contraire, le passage progressif d'un taux de 17 % de protéines à 20 kg de poids vif à 13 % à 105 kg, à l'aide d'une combinaison simultanée de deux aliments (17 et

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13% de protéines), permettrait de réduire les rejets azotés d'environ 8% par rapport à la séquence croissance-finition. De la même façon, chez la truie, le maintien d'un aliment unique gestation-lactation à 17% de protéines conduit, par rapport à deux aliments gestation et lactation renfermant respectivement 12 et 17 % de protéines, une augmentation des rejets azotés de 48% en gestation et de 34% sur l'ensemble du cycle de reproduction. Dans tous les cas, l'accroissement des rejets azotés sous l'effet d'apports pléthoriques est à mettre au compte de l'excrétion urinaire. Ces résultats montrent qu'une meilleure gestion de l'alimentation azotée chez le porc devrait permettre une réduction de la pollution azotée par les effluents de l'ordre de 15 à 20 %. Pour cela, il importe de définir les phases d'alimentation les mieux appropriées pour éviter des rejets azotés excessifs.

Comme pour les protéines, une meilleure adéquation des apports de phosphore aux besoins des animaux, en fonction du stade de production (de 4,5 g de phosphore digestible par kg d'aliment chez le porcelet à 2,0 g chez le porc en finition) et le type génétique, selon COPPOOLSE et al. (1990) et JONGBLOED et al. (1991), contribue à réduire les excès, donc les rejets.

•Maîtrise de la disponibilité des nutriments.

Le développement récent des productions animales, notamment dans les systèmes hors sol, s'est traduit par une forte augmentation de la consom­mation des produits de substitution des céréales, dont l'intérêt économique a souvent pour contrepartie une digestibilité moindre, liée à leur surcharge en glucides de structure, entraînant des rejets plus importants par voie fécale. C'est ainsi que VRILLON (1989) a montré une relation inverse entre l'évolution du taux d'incorporation des protéines de substitution du soja dans les aliments du porc au niveau de la CEE et celle de leur digestibilité iléale, avec comme conséquence un accroissement progressif des rejets d'azote. Quoi qu'il en soit, les nouvelles connaissances sur l'utilisation digestive des acides aminés chez le porc (RÉRAT, 1991) permettent désormais de raisonner les besoins et les apports d'acides aminés sur la base de leur digestibilité iléale (à la fin de l'intestin grêle) et, par voie de consé­quence, de minimiser les quantités excrétées. Des tables de valeurs de digestibilité iléale des acides aminés dans les matières premières selon leurs caractéristiques particulières (origine botanique, traitements technolo­giques) sont ainsi disponibles en France (Eurolysine, 1988; RPAN, 1989) pour la formulation d'aliments respectant mieux les contraintes de l'environnement.

A la différence de l'azote, la faible rétention du phosphore par les animaux s'explique avant tout par des pertes digestives prédominantes. Ceci est dû à une faible digestibilité du phosphore phytique, qui est présent en grandes quantités dans les végétaux (environ 2/3 du total), et dont la faible utilisation digestive entraîne une excrétion du phosphore principa­lement au niveau fécal. Pour réduire les rejets de phosphore, il importe donc d'intervenir sur les facteurs d'utilisation digestive. Pour cela, on peut

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améliorer la digestibilité du phosphore phytique, soit par l'utilisation de matières premières riches en phytases (comme c'est le cas pour le blé comparativement au maïs, selon GUÉGUEN et POINTILLART, 1986), soit par l'incorporation dans l'aliment de phytases d'origines microbiennes obtenues par les procédés de la biotechnologie. D'après les travaux néerlandais (JONGBLOED et al. 1990; SIMONS et al., 1990), l'emploi de ces phytases à la dose de 1 000 unités/kg chez le porc permet d'améliorer la digestibilité du phosphore de 20 points et une réduction de l'excrétion dans les fèces de 35 %. De même, chez le poulet, les données de SIMONS et

VERSTEEGH (1990) concluent à l'effet favorable de l'addition de phytase: pour un même niveau de performances, l'excrétion de phosphore est réduite d'environ 55 %. En définitive, la prise en compte de la digestibilité du phosphore phytique pour la formulation des aliments, et les perspectives d'utilisation· de phytases microbiennes constituent des voies nouvelles prometteuses pour la réduction des rejets de phosphore par l'alimentation.

D'autres voies possibles d'amélioration de la disponibilité des nutriments par des traitements enzymatiques et technologiques existent, quoique plus limitées ( CHESSON, 1987): elles permettent, notamment chez les volailles et le porc, ainsi que chez les jeunes animaux, la destruction des substances antinutritionnelles (facteurs antitrypsiques et lectines des protéagineux) et la dégradation des polysaccharides non amylacées (hydrolyse des B-glucanes de l'orge par une B-glucanase de fabrication industrielle dans le cas des volailles).

2. Amélioration de /'équilibre alimentaire.

Au plan métabolique, c'est sans aucun doute l'amélioration de l'équilibre en acides aminés et l'abaissement concomitant du taux azoté du régime qui procurent une solution de choix pour réduire les rejets azotés par l'alimentation. Ceci est particulièrement le cas pour les monogastriques, qui consomment des aliments à teneur élevée en protéines pour assurer la couverture de leurs besoins pour les acides aminés les plus limitants. En ce qui concerne le porc, le régime est généralement limitant en lysine. La teneur en protéines doit ainsi être ajustée pour satisfaire prioritairement le besoin en cet acide aminé. Le pourcentage de ce dernier par rapport aux protéines représente entre 4,5 et 5,0%: il est d'autant plus faible que les protéines du régime sont déséquilibrées en lysine par défaut, et constitue un index de la qualité. Une simple supplémentation en lysine sous forme libre permet d'obtenir une première réduction du taux de protéines, et par consé­quent de l'excrétion azotée par la voie urinaire. Chez le porc à l'engrais­sement, cette économie de protéines réalisable est de l'ordre de 1 à 1,5 point (de 17 à 15,5 O/o par exemple) pour un simple apport de lysine supplémentaire d'environ 0,1 % (HENRY, 1988), mais elle est d'autant plus élevée que les associations alimentaires sont elles-mêmes plus déséquilibrées en lysine (faible pourcentage de lysine par rapport aux protéines), comme c'est le cas du blé vis-à-vis du maïs (HENRY et PEREZ, 1986). Une réduction plus

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importante du taux de protéines peut être obtenue en associant à la lysine les acides aminés limitants secondaires, qui sont le plus souvent, selon le cas, la thréonine, la méthionine et le tryptophane, dans un ordre et selon une combinaison qui dépendent de l'association de matières premières utilisées. Après la lysine et la méthionine, l'élargissement de la gamme de production industrielle de ces acides aminés limitants (thréonine, tryptophane) permet désormais d'envisager des solutions pratiques de supplémentation et une réduction importante du taux de protéines, et donc du rejet azoté, jusqu'au stade ultime de la "protéine idéale" (6,5 à 6,8% de lysine dans les protéines), qui comporte un équilibre parfait entre les acides aminés indispensables (FULLER, 1991).

L'impact de l'amélioration de l'équilibre en acides aminés du régime et de l'abaissement concomitant du taux azoté sur les rejets d'azote chez le porc a été estimé par DOURMAD et GUILLOU (1991): la diminution du taux de protéines de 17à14%, après rééquilibrage en acides aminés, se traduit par une réduction des rejets d'azote dans l'urine de 18 %. GA TEL et al. (1991) ont confirmé, par des mesures d'excrétion azotée, la possibilité de diminuer les pertes d'azote de 15 à 20% chez le porc à l'engraissement à la suite d'un abaissement du taux de protéines combiné avec une supplémentation en acides aminés limitants, tout en maintenant les performances de croissance et la rétention azotée à leur niveau optimal. De leur côté, LA TIMIER et

CHATELIER (1992), en comparant un régime apportant en séquence 17 % de protéines entre 28 et 58 kg de poids vif puis 13 % entre 58 et 103 kg avec un régime apportant 17 % pendant la totalité de l' engraissement, pour un même équilibre en acides aminés, enregistrent une diminution du rejet d'azote dans le lisier de 17,6% (2,44 contre 2,96 kg d'N par porc). Sur la base d'une protéine parfaitement équilibrée et d'une bonne digestibilité, on peut penser que la limite inférieure pour l'excrétion azotée devrait se situer aux alentours de 40% de l'azote ingéré contre 60% actuellement, ce qui consti­tue une marge d'amélioration de l'ordre de 30%.

Chez les volailles, l'abaissement de la teneur en protéines du régime après rééquilibrage en acides aminés essentiels conduit de la même façon à une diminution du rejet d'azote dans les déjections. Ainsi, chez la poule pondeuse, les données de SCHUTTE et BOSCH (1989) montrent que l'administration d'un aliment à 14% de protéines procure, par rapport à un régime à 17 % de protéines une réduction du rejet d'azote de 23 %.

Il peut paraître surprenant qu'après les premiers travaux confirmant, vers les années 60, l'efficacité de la supplémentation du régime par l'acide aminé limitant (lysine), chez le rat (RÉRA T, 1957) puis chez le porc (RÉRA T et al., 1962; RÉRAT et HENRY, 1969), il a fallu attendre l'émergence des contraintes liées à la protection de l'environnement pour que l'on ait vu

apparaître les possibilités effectives d'économie de protéines par l'utili­sation des acides aminés industriels. Entre temps, le faible coût des protéines relativement à l'énergie et comparativement aux acides aminés industriels, ne pouvait que faire prolonger une situation de pléthore de protéines dans l'alimentation des animaux. Ce n'est qu'en 1973, lors de la

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première crise pétrolière et avec la flambée des cours des protéines pour l'alimentation animale, que l'économie de protéines ainsi techniquement réalisable put passer momentanément au stade de l'application.

Il est encourageant de constater que le prix à payer pour les contraintes de pollution azotée, en incitant à l'emploi de régimes mieux équilibrés en acides aminés, a pour contrepartie favorable une valorisation plus efficace à

la fois de l'aliment et du potentiel de production des animaux. Du côté de l'aliment, la réduction de l'excès de protéines est connue pour améliorer l'utilisation nette de l'énergie alimentaire, grâce à une diminution de la production d'extra-chaleur associée au catabolisme des acides aminés excédentaires (NO BLET et al., 1987): les excès de protéines alimentaires sont non seulement source de pollution mais également source de gaspillage d'énergie pour la transformation des aliments en produits animaux. Du côté de l'animal, il semble se confirmer (HENRY, 1988) que l'amélioration de l'équilibre en acides aminés du régime favorise l'appétit souvent limité, et par voie de conséquence les performances de croissance, des lignées de porc de type maigre et à croissance rapide.

Chez les herbivores, et notamment chez la vache laitière, l'amélio­ration de l'équilibre alimentaire constitue une voie prometteuse de réduction des pertes d'ammoniac dans le rumen, et par voie de conséquence des rejets azotés dans les effiuents. Parmi les moyens permettant de diminuer ces pertes d'ammoniac dans le rumen, TAMMINGA et VERSTEGEN (1991) proposent en particulier un équilibre correct entre fourrages et concentré sur le plan de l'apport azoté, un ralentissement de la dégradation des protéines alimentaires par un choix judicieux des matières premières ou l'application de traitements technologiques appropriés, enfin une meilleure capture de l'azote dégradé dans le rumen en multipliant le nombre de repas ou par l'utilisation de rations mixtes. C'est ainsi, par exemple, qu'un traitement thermique du tourteau de colza, en diminuant la dégradabilité de l' azote dans le rumen, permet de maintenir le même niveau de production laitière pour un taux azoté dans le régime et une excrétion d'azote plus faibles (BERTILSSON et al., 1991).

Un autre exemple illustrant l'incidence de l'équilibre alimentaire sur les rejets par les animaux concerne le méthane, principalement chez les herbivores. Il n'est certes guère aisé de réduire la production de méthane, dans la mesure où elle est le résultat des activités fermentaires des micro­organismes du rumen qui participent notamment à la dégradation des glucides des parois végétales. Cependant, des solutions techniques existent (SAUVANT, 1990; TAMMINGA, 199lb), qui devraient permettre de réduire la méthanogénèse digestive, prioritairement chez les bovins, que ce soit en agissant sur la nature du régime (supplémentation en matières grasses, apport d'amidons ou de protéines échappant à la digestion ruminale, éventuellement sous l'action de traitements technologiques particuliers) ou par l'emploi d'additifs alimentaires inhibiteurs de microorganismes méthanogènes. Des recherches complémentaires sont néanmoins nécessaires pour formuler des propositions effectives à ce niveau.

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CONSÉQUENCES DE L'AMÉLIORATION DU POTENTIEL DE PRODUCTION SUR L'ENVIRONNEMENT

Aux yeux de l'opinion publique, le sentiment général prévaut que l'évolution récente des techniques de production animale a sa part de responsabilité dans la dégradation de l'environnement par l'accroissement de la productivité qui en est résulté. Ceci nous conduit à nous interroger sur l'impact de l'amélioration du potentiel de production sur la pollution engendrée au niveau des effluents d'élevage, que ce soit sous l'effet de la sélection ou avec l'apport de nouveaux moyens de manipulation des productions par la biotechnologie.

1. Effet de la sélection d'animaux plus performants

Si l'on considère le cas du porc, les résultats de l'amélioration génétique au cours des dernières décennies (OLLIVIER et al., 1985, 1991) font apparaître des progrès continus sur la vitesse de croissance et le gain de muscle au détriment du dépôt gras, ce qui se traduit par un coût énergétique du gain en constante diminution et un indice de consommation de plus en plus bas.

Les études de simulation de DOURMAD et GUILLOU (1991) montrent clairement que l'abaissement de l'indice de consommation chez le porc à l'engrais génère une diminution des rejets d'azote dans les effluents: de l'ordre de 3% pour 0,1 point de diminution de l'indice. Cette incidence est encore plus forte lorsque la diminution de l'indice de consommation résulte d'un accroissement des dépôts de tissus maigres, correspondant à une amélioration du rendement global de l'utilisation de l'azote par l'animal.

Cela signifie que la sélection d'animaux à fortes potentialités de dépôt de tissus maigres et de protéines va de pair avec une réduction des rejets azotés, et donc des nuisances pour l'environnement. Il en est de même avec l'utilisation du porc mâle entier qui, par rapport au castrat, présente une capacité de rétention azotée accrue (BONNEAU, 1988). Par ailleurs, l'amélioration de la productivité numérique de la truie {DOURMAD et al., 1991b) se traduit par une diminution des quantités d'azote excrété par truie et par an, et plus encore lorsque le rejet est rapporté au porcelet produit. Selon le niveau de productivité numérique et le taux de protéines des aliments gestation-lactation, le rejet d'azote peut ainsi varier de 0, 7 à 1,3 kg par porcelet sevré.

Si l'on considère le cas des émissions gazeuses, et notamment de méthane, il apparaît de la même façon, d'après les estimations de SAUVANT (1990), que si le dégagement de CH4 augmente avec le niveau de production des animaux (par exemple la production laitière), elle diminue lorsqu'elle est rapportée à l'unité de produit formé. Ainsi, pour une même allocation de quotas laitiers, les émissions de CH4 par vache et par an diminuent de 146 à 109 kg, soit- 25%, lorsque le niveau de production du troupeau passe de 3 500 à 6570 kg de lait/vache/an. Cela signifie qu'une production animale

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intensive ne doit pas être nécessairement associée à une méthanogénèse accrue.

2. Effets des manipulations de la croissance

En dehors de la sélection, les applications récentes des biotechnologies ont permis d'envisager un accroissement supplémentaire du potentiel de production des animaux, notamment grâce à l'emploi des hormones de croissance ou somatotropines de type recombinant: somatotropine bovine ou BST pour stimuler la production laitière chez la vache, somatotropine porcine ou PST chez le porc (KOPCHICK et CIOFFI, 1991). Comme pour l'amélioration génétique, la question est posée de savoir quel est l'impact de cette nouvelle génération de produits de la bio-industrie au niveau de l'environnement, en particulier sur la pollution azotée par les effluents d'élevage.

L'étude de l'efficacité de la somatotropine porcine sur la croissance du porc a fait l'objet, au cours des dernières années, d'un volume considérable de travaux (revues de VERSTEGEN et van der HEL, 1989, et de BONNEAU, 1990), qui concluent à une stimulation spectaculaire du développement des masses musculaires, accompagnée d'un dépôt fortement réduit des lipides dans l'organisme. L'accroissement du gain pondéral associé à un dépôt plus important de protéines (et d'eau) a pour conséquence une nette diminution de son contenu énergétique, et un accroissement correspondant de l'indice de consommation. En outre, les données récentes de NOBLET et al. (1992) font apparaître une augmentation du rendement d'utilisation métabolique des protéines ingérées à la suite de l'administration de la PST. Il en découle que l'utilisation de cette dernière a pour effet de réduire très sensiblement les intrants azotés alimentaires pour la production d'une même quantité de viande, avec un rejet moindre d'azote dans les effluents par la voie urinaire. Cette diminution de l'excrétion azotée après administration de PST a été chiffrée expérimentalement à 20% par van WEERDEN et VERSTEGEN (1989).

Parmi les autres facteurs de stimulation de la croissance, qui favorisent la répartition des dépôts corporels en faveur des tissus maigres au détriment du gras, il convient de mentionner les .B-agonistes (HANRAHAN, 1987; WILLIAMS, 1987), qui contribuent également à réduire le niveau des rejets azotés par unité de produit formé.

En résumé, l'accroissement du potentiel de production, suivant qu'il s'exprime au niveau de la croissance ou de la reproduction, que ce soit sous l'effet de l'amélioration génétique ou de manipulations hormonales, agit favorablement sur l'environnement, par une réduction des rejets azotés par unité de produit formé. En d'autres termes, si la concentration géogra­phique des élevages peut être incriminée dans l'augmentation des rejets, il n'en va pas de même des facteurs contribuant à l'accroissement de la productivité qui, bien au contraire, permettent de reculer, pour une même concentration animale, les limites de la pollution par unité de surface agricole utile.

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CONDITIONS D'ÉLEVAGE ET ENVIRONNEMENT

Le développement des productions animales intensives a été surtout marqué par une quasi-généralisation de l'élevage en confinement, dans des conditions d'ambiance de mieux en mieux contrôlées pour optimiser les performances de production. Parmi les facteurs liés au logement suscep­tibles d'agir sur les pollutions engendrées par les effluents liquides (lisier) ou les émissions gazeuses (ammoniac), il convient de considérer en particulier les conditions d'ambiance, le milieu thermique et les systèmes d'alimentation. Sur ce point, il y a lieu également de s'interroger sur les mérites comparés du système dominant d'élevage en confinement et du mode d'élevage en plein air.

1. Conditions d'ambiance et émissions gazeuses

La présence des animaux et de leurs déjections dans les bâtiments d'élevage provoque une contamination de l'air environnant par des gaz (principalement l'ammoniac et le gaz carbonique), des poussières et des microbes. Il en est de même au cours du stockage des effluents et de leur épandage. A notre connaissance, il n'existe pas d'informations précises sur l'évolution des émissions gazeuses depuis le local d'élevage jusqu'à l'épandage, en fonction du mode d'élevage et des conditions climatiques (température, hygrométrie, vitesse de l'air ... ), ce qui explique leur très grande variabilité. Ainsi, NICKS et al. (1990) enregistrent sur 7 élevages de porcs et 33 bâtiments (maternité, post-sevrage) des teneurs moyennes en NH3 et en C02 respectivement de 10 et 1 283 ppm, avec des valeurs par bâtiment comprises entre 6 et 29 ppm pour NH3 et entre 458 et 2 400 ppm pour C02• En rapprochant ces valeurs des concentrations maximales fixées par le CIGR (1984), on s'aperçoit que le seuil de tolérance pour le bien-être des animaux comme de l'éleveur est parfois dépassé dans le cas de l'ammoniac, dont les effets nocifs se traduisent notamment par une irritation des voies respiratoires. De même, dans une porcherie d'engrais­sement, les mêmes auteurs (NICKS et al., 1991) notent une concentration en NH3 de l'air ambiant de 26 ppm, supérieure à la norme de 20 ppm, consécuti­vement à un débit de ventilation insuffisant. Globalement, pour ce qui concerne l'azote, il est généralement admis (BERTRAND, 1990) que les pertes par les émissions gazeuses représentent entre 20 et 50 % des quantités excrétées dans les déjections en fonction de la durée et de la nature des stockages. LATIMIER et CHATELIER (1992) ont chiffré la part de l'azote de l'aliment évacué dans l'air sous forme de NH3 pendant l'engraissement entre 16,5 et 23% suivant la teneur en protéines du régime.

2. Milieu thermique et rejets

En raison de l'importante contribution de la thermorégulation dans les dépenses énergétiques totales, le milieu thermique ambiant constitue un élément essentiel dans la valorisation des aliments par les animaux pour les différentes productions. Il convient donc d'en apprécier les conséquences

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sur l'environnement, par le biais des rejets dans les effiuents liquides ou gazeux.

En ce qui concerne le porc, les données récentes rassemblées par LE DIVIDICH et RINALDO (1989) montrent que le coût alimentaire dépend étroitement de la température moyenne du local d'élevage et de ses fluctuations. Dans les conditions actuelles d'élevage sur caillebotis, ils concluent, pour le porc en croissance, à l'intérêt du maintien dans les bâtiments d'une température ambiante relativement élevée (24-25 °C} pour obternir un coût alimentaire minimum. C'est ainsi qu'une augmentation de la température de 1 °C entre 20 et 25 °C entraîne une économie de 1,2à1,4 kg d'aliment par porc produit de 100 kg de poids vif. Comme l'indiquent DOURMAD et GUILLOU (1991), cette économie d'aliment procure une réduction du rejet azoté qu'on peut estimer, d'après leurs estimations, aux alentours de 3 % pour un écart de température de 5 °C; cette réduction est encore plus sensible lorsque les conditions climatiques sont plus rigoureuses. Bien entendu, l'obtention d'une telle température optimale suppose une bonne isolation thermique et un renouvellement de l'air adéquat. Pour définir ce taux minimum de renouvellement de l'air dans les bâtiments d'élevage, les auteurs précédents soulignent la nécessité de quantifier les effets des constituants de l'air et notamment de l'hygrométrie et de certains gaz nocifs, comme l'ammoniac, sur les performances de production et la santé des animaux. L'intérêt de ces travaux est d'autant plus justifié que les observations rapportées précédemment sur la concentration en ammoniac dans les bâtiments font état, dans certaines circonstances, d'un dépassement du seuil de tolérance pour l'environnement.

3. Systèmes d'alimentation et d'abreuvement

Le développement de l'élevage en bâtiments fermés s'est accompagné d'une mécanisation de la distribution d'aliment et d'eau, qui, par la diversité des systèmes mis en œuvre, entraîne une grande hétérogénéité dans le volume et la composition des effiuents liquides. Ainsi, chez le porc, selon la façon dont l'alimentation et surtout la distribution d'eau sont plus ou moins bien contrôlées, le taux de dilution du lisier (en moyenne 8 % de matière sèche) peut varier dans des proportions considérables (parfois moins de 3 % de matière sèche, selon HÉDUIT et al., 1977), ce qui a pour conséquence une aggravation du coût du transport et de la manutention. Comme l'ont indiqué CHOSSON et al. (1988), la distribution d'un aliment liquide, à l'aide d'une machine à soupe, permet de limiter la consommation supplémentaire d'eau, en ajustant l'apport au niveau du besoin (2,51/kg d'aliment sec). Dans le cas de l'abreuvement à l'aide d'un abreuvoir de type sucette, avec une distribution d'aliment sous forme sèche, l'excès de consommation d'eau peut être abaissé d'environ 50% par rapport au besoin en limitant l'accès des animaux à l'abreuvoir pendant 45 minutes par jour au moment des repas. Selon AUMAITRE (1990), une bonne gestion de l'abreuvement contribue à limiter le gaspillage d'eau qui, en moyenne, ne dépasse pas 4% et varie peu avec l'âge ou le stade physiologique de l'animal.

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Grâce à la mécanisation de la distribution de nourriture, on dispose désormais de nouvelles façons de raisonner l'alimentation et l'abreuvement du porc, notamment avec les systèmes de distribution en soupe, qui permettent de contrôler à la fois le nombre de repas, les quantités d'aliment et d'eau distribuées. Avec de tels systèmes, il est possible également, à partir de deux aliments à taux différents de protéines d'ajuster dans le temps l'apport journalier de protéines et d'acides aminés aux besoins momentanés des animaux, en vue d'un rejet minimum d'azote dans les effiuents. En résumé, les nouvelles possibilités offertes par la mécanisation de la distri­bution des aliments, jointes à une gestion raisonnée de la conduite alimentaire, contribuent positivement à diminuer la charge polluante des déjections animales.

4. Elevage en confinement ou en plein air

L'influence des facteurs liés au bâtiment sur l'environnement est étroitement dépendante des structures d'élevage caractérisées, dans le cas du porc, par un modèle d'élevage dominant en confinement, sur caillebotis. Notre analyse a été circonscrite à ce schéma, mais il est évident que pour l'avenir des solutions de remplacement (litière accumulée, séparation des déjections solides et liquides ... ) devront être recherchées dans la mesure où l'on pourra raisonnablement progresser dans la voie d'une productivité renforcée tout en respectant mieux les contraintes de l'environnement. En dehors de l'élevage en confinement, on peut s'interroger sur les chances de développement de l'élevage en plein air qui, pour le porc, ne pourra que se limiter à la production du porcelet ou certaines productions sous label à forte valeur ajoutée, en raison du surcoût alimentaire induit pour la production de viande. Le naissage du porcelet en plein air, qui a l'avantage de nécessiter peu d'investissements, ne représente que 2 % environ du cheptel de truies (LE DENMA Tet V AUDELET, 1986), pour une productivité (nombre moyen de porcelets sevrés par truie et par an) légèrement inférieure à la moyenne nationale (- 6%, d'après DAGORN, 1991). Il n'y a pas eu jusqu'à présent d'étude précise permettant de quantifier l'impact de ces deux modes de conduite en confinement et en plein air sur les pollutions engendrées par unité de SAU. Dans le cas de l'élevage en plein air, la pollution est plus diffuse et le rejet s'effectue directement dans l'environ­nement. En ce qui concerne l'élevage en confinement, il est plus aisé de raisonner la gestion des rejets en vue de leur épandage.

CONCLUSION

L'intensification des productions animales, notamment dans les systèmes hors sol (porcs, volailles), en favorisant la concentration géogra­phique d'élevages de plus grande dimension, a certes contribué à sensibiliser l'opinion à l'égard des pollutions et nuisances pour l'environ­nement (pollution des eaux par les nitrates et le phosphore, émissions

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d'ammoniac dans l'atmosphère). L'objectif de ce rapport a été surtout de proposer, en particulier pour le porc, des solutions préventives, principa­lement par l'alimentation, pour réduire la pollution par les effluents d'élevage tout en sauvegardant le niveau de productivité. Ceci est rendu possible par une gestion raisonnée des intrants alimentaires (protéines et acides aminés, phosphore), en visant la partition des nutriments non seulement fixés dans les produits animaux mais également excrétés dans les fèces, l'urine et les gaz. Parmi les moyens nutritionnels permettant de réduire l'importance des rejets, il convient tout d'abord d'assurer en permanence l'adéquation des apports alimentaires aux besoins, suivant une approche de modélisation prenant en compte le potentiel de production des animaux. Cet ajustement des apports aux besoins doit être réalisé dans le temps par le choix de l'aliment le mieux adapté au stade de production considéré. Il doit aussi être raisonné en terme d'éléments disponibles par la prise en compte des variations de la digestibilité iléale des acides aminés, comme de la digestibilité du phosphore phytique, selon les matières premières et leurs associations dans le régime. L'amélioration de l'équilibre alimentaire, en particulier grâce à l'emploi des acides aminés industriels, constitue une voie complémentaire de réduction des rejets azotés, très prometteuse pour l'avenir. En dehors de la réduction des intrants alimen­taires, l'accroissement du potentiel de dépôt tissulaire, que ce soit par le progrès génétique ou par d'autres moyens de stimulation de la croissance (somatotropine porcine), a pour effet de contribuer à une diminution de l'importance des rejets d'azote par unité de produit formé. En ce qui concerne les conditions d'élevage, le maintien d'une température ambiante à un niveau relativement élevé pour optimiser l'efficacité alimentaire participe à la réduction des rejets azotés dans les effluents. De même, une limitation des gaspillages d'eau dans les bâtiments d'élevage, notamment par la mise en œuvre des systèmes de distribution de l'aliment par voie liquide, permet de diminuer globalement le volume des lisiers. La mise en application de ces différentes solutions préventives aboutit, par leurs effets cumulés à une réduction importante de la charge polluante des effluents d'élevage. Ainsi, aux Pays-Bas, JONGBLOED et LENIS (1991) estiment que les excrétions d'azote et de phosphore en production porcine pourraient être diminuées respectivement de 1/3 et de 40%. De même, dans les ateliers de production laitière intensive néerlandais, où 140/o seulement de l'azote ingéré est fixé dans le lait et la viande, les possibilités de réduction des excès d'azote ont été chiffrées entre 25 et 50% (KOREV AAR, 1991).

Il découle de cette analyse que les conséquences de l'évolution des techniques de production animale sur l'environnement doivent être relati­visées par rapport aux changements qui sont intervenus à la suite des modifications des structures d'élevage. Il est encourageant de constater qu'il est possible, tout au moins dans certaines limites, de concilier les impératifs de la productivité et les contraintes de l'environnement, dans la mesure où le niveau de pollution par unité de produit formé est moindre. Bien entendu, des améliorations plus ou moins importantes selon la conjoncture économique peuvent être obtenues dans l'immédiat, à partir d'une situation où les excès d'apport de nutriments générateurs de pollution

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(azote, phosphore) sont facilement corrigibles. A terme cependant, lorsque les différentes solutions envisagées auront été exploitées, on peut s'attendre à ce que les bénéfices prévisibles soient moins spectaculaires. Actuel­lement, avant d'envisager des moyens parfois coûteux de traitement ou de transport du lisier, il convient préférentiellement de tirer le meilleur bénéfice des solutions préventives qui conduisent à reculer les limites de la pollution par les animaux, par unité de surface agricole utile. La mise en œuvre de ces moyens préventifs, notamment par une alimentation respecteuse de l'environnement, permet d'ores et déjà d'envisager un abaissement du coût du traitement des eftluents qui devra être consenti pour la protection de l'environnement.

Pour les années à venir, le problème qui reste posé est de savoir quel sera l'impact des contraintes de l'environnement et des mesures réglemen­taires correspondantes sur l'évolution des structures d'élevage, en particulier pour les productions intensives. En retenant le cas du porc, il est à prévoir que la production devra rester compétitive, ce qui signifie qu'une remise en cause du modèle intensif dominant paraît peu vraisemblable, à moins d'un changement radical dans les conditions économiques et sociales de la filière. Par ailleurs, les chances de la diversification des systèmes de production paraissent limitées, en raison de l'étroitesse des marchés concer­nés. Quoi qu'il en soit, la production devra s'efforcer d'être moins polluante par l'usage de bonnes pratiques agricoles, notamment par une gestion raisonnée des intrants alimentaires. Il est clair que la façon dont les éleveurs pourront réagir aux réglementations en matière d'environnement constitue une nouvelle donne pour l'adaptation de leurs techniques de production. Il s'agit là d'un véritable enjeu aussi bien pour les chercheurs que pour les spécialistes des filières de production animale.

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