Ruhe Allemands Fascines

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  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

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    Les Allemands fascins par l Algrie

    Rcits de voyages des XVlllme et X Xme sicles

    *

    Par

    Ernspeter Ruhe

    Professeur l Universit de Wrzburg - R.F.A.

    De nombreux contacts se sont tablis entre J Allemagne

    et

    l Algrie depuis son indpendance, autant dans les secteurs poli

    tiques et conomiques que culturels. Dans ce dernier domaine,

    des chercheurs et des tudiants algriens se consacrent dans

    leurs instituts d allemand la langue

    et

    la littrature allemandes,

    et des spcialistes allemands de diffrentes facults s intressent

    au pays central du Maghreb ; des arabisants

    et

    des romanistes

    font des recherches sur la riche littrature algrienne, qui n a pas

    encore reu chez nous l cho qu elle mrite.

    Si

    l on essaie de remonter avant

    1962

    et

    de

    s informer

    sur

    les contacts existants alors entre les deux pays, on ne trouvera

    qu un grand vide. Ceci est d autant plus surprenant qu au XIX

    sicle, les Allemands parcouraient le monde entier et qu ils jou

    rent un rle important dans la dcouverte du dernier continent

    inconnu, la mystrieuse Afrique (Barth, Nachtigal, Rohlfs, Sch-

    weirrfurth]. e (leut-il cr f fIs aient considr t Atgde comme fai-

    sant tellement partie de la France - ce qui correspondrait

    la politique coloniale franaise - qu ils ne s intressrent pas

    ce pays o les Franais se rservaient absolument tout, jusqu aux

    dcouvertes

    En

    ralit, les Allemands ne montraient pas un tel respect

    devant les activits coloniales de leurs voisins europens. Ils

    avaient t

    en

    Algrie, et ceci dj avant

    183

    o, cause d un

    coup d ventail, les Franais commencrent une longue

    et

    dif

    ficile conqute. Au cours du XIX sicle, les Allemands vin

    rent de plus en plus nombreux et suivil ent avec attention les

    tapes de la colonisation, qu ils relatrent dans leurs publications.

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    cits de voyages es

    XVIIIe

    et

    XIX

    sicles

    Si ces faits ne sont pas c o n n u ~ c'est uniqua:nent parce que

    personne ne

    s y est

    encore intress (1)

    et

    qu'il n'est pas facile

    de rassembler les textes. La recherche de documents que j'ai

    entreprise

    il

    y a quelque temps dj, a rvl

    ma

    propre sur

    prise l'existence d'un corpus important. Parmi les auteurs de ces

    rel tions de

    voyage, on trouve des noms fameux comme celui

    du

    Prince Pckler, l'auteur de rcits

    de

    voyage le plus clbre de

    la premire moiti

    du

    XIxe sicle,

    et

    celui de Karl Marx. Mais

    tous les autres, qui sont maintenant oublis

    et

    qui, mme

    leur

    poque, taient souvent inconnus

    du

    grand public, prsentent

    pour nous un intrt de

    mme importance : en effet, on peut tre

    particulirement reconnaissant

    du

    fait

    que des gens

    de

    condition

    sociale et de profession trs diverses aient retenu par crit leurs

    impressions de voyage : des aristocrates, tels des princes, des

    barons

    et des

    nobles dames,

    tout

    comme

    des

    simples soldats

    de

    la lgion trangre, des botani.stes, des zoologistes, des mi

    nraogistes, des mdecins ou bien encore, tout simplement, des

    touristes. Si 'on rass'emble 'leurs observations, on peut recons

    tituer une image dtaille

    de

    l Algrie partir de la fin

    du

    XVIII

    sicle

    et

    suivre son volution, telle que les Allemands

    l ont

    vue

    et

    commente.

    L'analyse de ces documents est intressante sur bien des

    plans. Tout d'abord pour les Allemands eux-mmes : en effet,

    par

    tout

    ce qu ils observent, travers les intrts qui les habi

    tent

    au

    dpart de chez eux, travers la faon dont ils sont confor

    ts dans l'opinion qu'ils ont dei 'Algrie ou dont,

    au

    contraire, ils

    en

    changent et enfin, travers leur faon de relater tout ce qu'ils

    voient et

    tout

    ce qui leur arrive, ces voyageurs

    en

    disent avant

    tout long

    sur

    eux-mmes,

    ce

    qui peut nous aider grce

    ce

    miroir

    mieux nous

    voir et

    donc

    mieux nous comprendre.

    D'autre part, les observations

    et

    les jugements qu'ils ont

    transmis sont importmt pour le pays qu ils ont travers. Ces Al

    lemands qui arrivaient en Algrie au XVlfI sicle ou au X Xe sicle

    n'y venaient pas, contrairement aux Franais, en conqurants.

    Leur regard est donc par dfinition plus distant mais aussi plus

    neuf, plus libre

    de

    prjugs que celui que l'on trouve dans les

    nombreuses publications d'auteurs franaiS de l'poque. Ceci ne

    veut pourtant pas dire que les voyageurs allemands aient t indif

    frents

    au

    pays dont

    ils

    parlent. Au contraire, ils sont tous

    en-

    thousiasms par l Algrie

    et ils se

    proccupent

    de sa

    destine

    avec un engagement personnel qui les mne souvent ,critiquer

    les colonisateurs.

    Pour

    l Algrie

    d'aujourd'hui, ces relations

    de

    voyage sont des

    sources historiques qui prsentent

    un

    double

    intrt

    : d'une part,

    on y trouve des descriptions et des reprsentations (dessins,

    photos) qui conservent les traces d'une poque passe au cours

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    Ernstpeter

    RUHE

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    de laquelle,

    partir de 1830, le caractre de ce pays arabe

    et

    musulman n a pas t beaucoup respect,

    c est

    le moins qu on

    puisse dire. D autre part, la lecture de ces textes met en vidence

    les constantes

    et

    les caractristiques qui sont propres

    ce pays

    et sa

    population

    et

    qui rsistrent

    13 ans

    de

    domination colo

    niale. Ce sont des sources_ d information

    qui.

    ne devraient pas

    tre ngliges par celui qui voudra crire une histoire de l identit

    nationale. Pour les germanistes algriens, ce serait un travail

    intressant et utile que de les exploiter.

    Ma confrence se donne pour but de permettre

    un

    premier

    accs

    ce corpus

    de

    textes

    et

    d en analyser quelques aspects

    particulirement intressants.

    Il se pose tout d abord

    un

    problme de mthode comme pour

    l analyse de

    tout rcit

    de voyage. Ce problme peut se rsumer

    dans le paradoxe suivant :

    tout rcit de

    voyage est le rsultat

    de deux voyages : celui du corps prsuppose

    un

    voyage de

    l esprit.

    Chaque voyageur arrive dans le pays dont il entreprend la

    dcouverte avec, dans la tte, une certaine image

    qu il s est

    for

    me par les lectures traitant de ce sujet. A ct des informations

    prcises sur des dtails qui lui sont transmises

    de

    cette faon,

    d autres entrent en jeu

    et

    l atteignent de plusieurs manires : ce

    sont les ides gnrales, les jugements

    tout

    faits, les clichs,

    comme chaque peuple s en cre d un autre. Ces simplifications

    sont commodes, car elles permettent de donner

    la complexe

    ralit d une culture trangre une structure simple. Cependant,

    elles cachent dans leur principe

    de

    rduction le danger

    de

    rem

    placer la rflexion personnelle

    et

    d tre utilises des fins pu

    rement polmiques.

    Vue sous cet angle, la longue srie de relations

    de

    voyage

    qui nous intresse peur tre analyse comme un procs perma

    nent

    de la

    confrontation

    de

    l individu qui

    fait un

    voyage

    en Algrie

    et

    en

    voit

    la ralit, avec ce qu il a emmagasin dans sa tte.

    Qu il voie se transformer ce que les autres avant lui ont ob

    serv

    ou

    bien qu il fasse d autres expriences qui soient

    en

    contra

    diction avec ses lectures - son voyage sera toujours double.

    L intelligence des voyageurs sera facile

    mesurer suivant le degr

    de ,conscience qu ils auront du

    lest

    mental qu ils tr anent avec

    eux :

    on

    observera dans quelle mesure ils

    arrivent

    garder un

    regard lucide, malgr les points

    de

    vue

    et

    les jugements triqus

    dont ils ont

    hrit;

    il se peut aussi que, comme provoqus par

    ces pr-informations, ils sachent s en dtacher tout

    fait; l autre

    extrme, dans la ngative, tant qu ils ne remarquent mme pas

    qu on leur a col des lunettes sur le nez

    et

    qu ils se contentent

    de rpter ce qu ils ont lu

    ou

    entendu dire.

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    Rcits

    de

    voyages des XVIII

    et

    XIX' sicles

    Toutes ces ractions sont pour notre tude d'un intrt gal;

    car mme le plus

    intelligent

    aura des moments de faiblesse o

    sa,

    lucidit

    lui fera dfaut et, d'autre part, le

    touriste

    moyen ne

    pourra pas toujours empcher les contradictions de la ralit de

    troubler la clart de ses images d'Epinal.

    Vouloir analyser la littrature allemande de voyage sur l'Al

    grie signifie donc reconstruire comme un processus dialectique

    le processus de la confrontation

    existant

    entre, d'un ct, la thse

    que sont les ides reues

    et

    les descriptions prexistantes, et,

    de l'autre ct, l'antithse reprsente par la vision personnelle

    des choses et les ventuelles corrections qu'elle entrane : Ce

    processus

    aboutit toujours

    de nouvelles synthses. Cette syn

    thse fera partie de la thse des voyageurs suivants et apportera

    ainsi denouvelles forces dynamiques aux

    trois

    tapes

    du

    raison

    nement dialectique.

    ,*

    **

    Les

    rcits

    des voyageurs allemands

    datent

    de deux poques

    trs diffrentes de

    l histoire

    de l Algrie : l'poque ottomane

    et celle de la colonisation franaise. Jusqu'en 1830,

    l Algrie

    n'tait

    pas seulement

    pour

    le voyageur europen

    un

    pays hermtique

    ment

    referm sur lui-mme, ce qui normalement ne

    fait

    qu'exciter

    la

    curiosit des aventuriers, mais encore tait-oe un pays que l'on

    avait tout

    intrt

    viter. Le long de la cte entre le Maroc et

    la Tunisie, le danger pour la

    libert et

    la vie

    tait

    trop grand, com

    me

    en

    tmoignent les noms que lui donnent toutes les nations de

    la

    chrtient qui parcouraient les mers: la Cte des Pirates, l'Etat

    pillard, la Barbarie, l'Etat barbaresque. C est d Alger que partaient

    les navires de corsaires vers leurs sombres quipes

    ;

    leur

    butin humain

    tait

    rduit

    en

    esclavage

    et

    dprissait dans

    un

    pays

    cruel

    au

    milieu

    des ennemis

    de

    la Foi

    Qui donc se serait appro

    ch de son plein gr de cette cte

    Il n'y avait que peu d'Europens qui taient assez courageux

    pour s y risquer.

    C tait

    des membres du personnel des consulats

    europens qui taient accrdits auprs du Dey d'Alger. Leurs

    rcits sont

    pour nous d'un grand

    intrt

    parce que ces gens

    restaient plusieurs annes dans le pays

    et ils

    pouvaient donc

    en

    acqurir une connaissance approfondie.

    Le

    baron von Rehbinder a rassembl son savoir sur le pays

    en

    trois volumes portant le titre Nouvelles

    et

    remarques sur

    l'Etat algrien , parus de 1798

    1800 (2). Il

    est

    imprgn des

    ides du side des Lumires.

    Le

    but principal de

    Son

    ouvrage

    est

    donc de combattre les prjugs existants

    sur

    l Algrie,

    l tat

    pirate,

    et

    de prcher la tolrance face aux autres religions.

    La

    peur de ce pays tait systmatiquement entretenue avant tout par

    des ecclsiastiques et des missionnaires catholiques, par l'inter-

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    mdiaire d'crits arborant des titres pseudo-scientifiques (3). Von

    Rehbinder, qui ne mche pas ses mots, caractrise leur contenu

    comme

    tant

    un sordide mlange de thologie de moinillons

    et

    d'idiotie (t. l, p. 11). A son avis, les auteurs de ces pamphlets

    font

    tout

    pour

    dcrire les murs, la religion

    et

    les habitudes de

    vie des autochtones comme tant repoussantes,

    r p u g n n ~ e s

    et

    abject'es. L'incroyance seule-- des indignes leur aurait suffit

    trouver toute organisation ,et amnagement d'ici imparfaite' et

    oondamnable ; ce qui ne nat pas de la fois est impie, ainsi radote

    le missionnaire bigot; la seule chose qui soit encore plus condam

    nable et insupportable, c'est que les indignes traitent des fidles

    des Euroropens chrtiens comme des esclaves ngres, alors

    qu'ils devraient savoir qu'agir de cette faon est un droit rserv

    aux pieux et puissants Europens, qui, tant les justes matres

    de

    la terre, en ont le droit absolu ,et exclusif . (t. l, p. 9).

    Avec adresse et beaucoup d'ironie, von Rehbinder retourne

    les accusations contre les auteurs eux-mmes ; il s'en prend

    la pratique esclavagiste des tats europens et, comme incidem

    ment, met nu le caractre arrogant et abusif du colonialisme

    europen.

    A travers cet honteux commerce de personnes hu

    maines, les indignes se rvlaient

    et

    se rvlent encore

    au

    vrai missionnaire sous le

    jour

    le plus odieux. Ils dcri

    vent le comportement des Musulmans envers leurs

    esclaves chrtiens d'une faon verbeuse

    et

    exagre :

    Ils prennent quelques exemples d'actes

    de

    cruaut et

    d'injustice qui se produisent ici pour

    en

    faire la preuve

    irrfutable que les indignes traitent ainsi leurs 'esclaves

    en

    gnral. Ils en dduisent que les habitants

    de

    la Bar

    barie

    mritent

    bien les noms

    de

    Barbares

    et

    de

    monstres.

    Non seulement cherchent-ils rapporter dans leurs crits

    en exagrant et en la plaant sous un jour odieux tout'e

    description de la duret,

    de

    la cruaut et de la barbarie

    des indignes, mais encore

    se

    croient-ils permis d'y ra

    joute'r de loin

    en

    loin parfois des fables 'et des inventions

    de leur propre cru, avec la pieuse intention d'animer par

    l et d'augmenter la piti

    et

    l'indignation des fidles 'euro

    pens. T. l, pp. 9-19).

    Von

    Rehbinder rpond toute ces mdisances

    et

    ces horreurs

    en

    donnant une description dtaille des faits. Il n'embellit pas

    les souffrances auxquelles l',emprisonnement

    et

    l'esclavage peuvent

    tre lis. Mais il montre aussi que, tout d'abord, le nombre de

    l'ensemble des esclaves qui se trouvent Alger est bien infrieur

    celui qui est souvent donn

    et

    que,

    du

    reste, le

    sort

    rserv aux

    victimes des pirates ne concerne qu'une petite partie des esclaves:

    la plupart des esclaves chrtiens sont ce que l'on appelle des

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    Rcits de voyages des XVIIIe et XIX sicles

    Oranistes, des dserteurs de la garnison espagnole d'Oran et de

    Merselkebir qui

    y

    avaient t envoys d'Espagne pour

    y

    purger

    une peine ,et qui ensuite avaient

    justement

    prfr

    l'esclavage

    algrien l'es,clavage espagnol (394). De cette bande de canailles

    et d'aventuriers, parmi lesquels ct des Espagnols et des Ita

    liens - qui taient les pires

    - ,S e

    trouvaient galement des

    Franais, des

    Anglais

    des Suisses, des Polonais et des Prus

    siens (t. l, p. 394),

    on

    avait fait des esclaves

    au

    service de l'Etat

    Alger. Bien que Von Rehbinder ne peut s'empcher de

    les

    gner sous le nom de rebut de la plupart des nations europenn

    S

    Ct l, p. 389), il essaie de dcouvrir l,es causes de

    la

    situation

    ans

    laquelle

    ils

    sont:

    chez

    les

    Allemands,

    il

    la

    voit

    dans

    la

    dplorable

    habitude qu'avaient des Etats prussiens de faire recruter les

    jeunes

    gens dans l'arme pardeis

    enrleurs

    qui usaient

    de

    rUse

    ou

    de violence,,; aprs avoir dsert, ces mercenaires descen

    daient toujours plus bas. Mais, mme ayant atteint le point le plus

    bas de cette dchance, ils conservent un caractre dbonnaire,

    poli et zl ". constate Von Rehbinder qui ne leur refuse pas

    sa

    compassion (t.

    1 p.

    391).

    la

    quintessence de son analyse trs dtaill

    du problme

    des

    esclaves

    est trs

    claire et - contrairement

    au

    priuq habituel

    - elle

    rduit

    les accusations des dtracteurs europens de l'AI

    1rie

    en

    miettes:

    ... on sera bien forc de reconnatre que les Europens

    qui s e disent si

    civiliss

    et clairs ont de quoi rouqir

    devant la faon dont des peuples et des nations qu'ils

    appellent des Barbares, traitent leurs prisonniers de guerre

    et leurs esclaves. (T. l, p. 415).

    Aprs avoir lu cela,

    on

    ne s'tonnera pas

    du

    fait

    que non

    seulement il se trouve dans le deuxime volume de Von Rehbinder

    un expos dtaill et prcis sur la religion islamique, mais que

    l'auteur se soit tellement familiaris par exemple aux habitudes

    et aux faons

    de

    penser de la socit a'lgrienne qu'il arrive

    comprendre

    l

    faon de ce comporter vis--vis des femmes, ce qui

    posait des difficults ses collgues europens. En racontant

    un incident auquel il avait assist. il dmontre magistralement

    combien

    il

    tait normal qu'un musulman

    ait

    t bless par la

    rflexion dite

    sans mchancet, mais la lgre par un Europen

    (t. l, pp. 627-630, note).

    De mme il n est pas surprenant qu'un livre aussi clair

    qui ne mnage ni l es autorits d'Etat, ni les autorits d'glise

    de l'Europe, ne soit pas bien accueilli par tous : dans l'avant

    propos

    au

    troisime volume, von Rehbinder rapporte que son livre,

    cause de cette deuxime partie [consacre

    la

    religion is

    lamique] fait

    partie, dans plusieurs rgions d'Allemagne, des

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    3

    livres

    interdits...

    le

    premier

    volume fut galement considr

    comme dangereux 'et von Rehbinder s'attend ce que le

    troisime

    suive le mme chemin (t. III,

    p.

    ix).

    les

    efforts

    e n t ~ e p r i s par la censure pour empcher que les

    ides

    toute

    faites

    soient

    corriges

    n a b o u t i ~ e n t

    pas.

    l ouvrage

    fut

    non seulement remarqu par les spcialistes

    et

    analys dans

    les comptes ~ e n d u s , mais encore

    il

    servit de base, en 1819, la

    rdaction de

    l article sur l Algrie

    dans une des premires ency

    clopdiesallemandes.

    Dans

    cet

    article, la question de l'esclavage

    est traite

    tout fait dans l esprit de von Rehbinder et

    on

    peut

    y

    lire

    la laconique constatation suivante :

    l

    traitement inflig

    aux esclaves

    n est

    en gnral pas rigoureux

    et

    leurs tches ne

    dpassent que rarement leu'rs forces. ,. (4) Von Rehbinder, le ratio

    naliste, pouvait-il attendre une rcompense plus grande que de

    voir

    ses observations, par

    l intermdiaire

    du dictionnaire de conver

    sation, atteindre le plus grand nombre

    pOSSible

    de lecteurs

    ***

    1830 : une nouvelle poque s'ouvre pour

    l Aglrie et

    pour

    les voyageurs qui attendent depuis longtemps de pouvoir se lancer

    la dcouverte de ce pays qui

    leur e s t ~ e s t

    ferm jusqu'alors.

    le vieux clich de l'Etat barbaresque

    et

    pirate

    ne

    hante leur

    mmoire que pour provoquer juste

    ce

    qu'il faut

    de

    suspense

    et

    _de pouvoir en

    jouir

    sans danger :

    ils

    soulignent bien

    qu ils

    pn

    trent dans un pays terriblement

    craint

    jusqu' maintenant;

    par

    quelque frisson,

    il

    s'agissait

    d inspirer au lecteur

    bien

    au

    chaud

    dans son foyer douillet le respect que rclamait une telle audace.

    L'image strotype qui avait t dpasse par l'volution

    historique va tre remplace par une autre. Elle

    doit

    son

    origine

    une mode occidentale de l'poque, le mythe oriental. Inverse

    ment ,ceux qui l'on prcd, ce mythe

    est tout

    fait positif,

    c est

    un rve romantique tel qu'il s tait dvelopp

    en

    Allemagne

    ds le XVlllme sicle avec l e philosophe Herder (5). Avec le

    Divan occidental

    et oriental

    de Goethe, qui parat en 1818,

    et surtout avec la rception de la mode orientale franaise, il

    connat une extension importante. Le pote Ferdinand Freiligrath,

    comptabl,e dans

    un

    comptoir de commerce qui ne devait jamais

    quitter le sol de l'Europe du Nord, en deviendra le reprsentant

    principal;

    qrce ses uvres d'un

    lyrisme

    dbordant, et, en tout

    premier lieu, grce ses Sandlieder (Chants du dsert), il sus

    citera J'enthousiasme. mme parmi ses collglJes potes les plus

    clbres. Cet exotisme

    transmettait

    une socit qui se

    sentait

    ~ J'troit dans la politique de rest::Juration de l'poque,

    et

    qui souf

    frait

    de la trs rpandue maladie qui

    tait

    la fatigue de l'Europe ,

    des possibilits d'vasion ve'rs un monde aussi riche en couleurs

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    8/18

    3

    Rcits

    de

    voyages des XVIIIe

    et

    XIX sicles

    qu'en aventures, dans lequel mme

    l,es

    liens de la pudiponderie

    pouvaient se relcher sans risque.

    Les ingrdients 'entrants dans la composition de c e mythe

    de l Orient sont vite numrs : ce sont l'Arabe hospitalier et

    noble et sa belle monture, le sable fin du dsert, le bdoin pris

    de libert, sous sa tente, quelques btes sauvages,

    en

    plus -

    c est

    Freiligrath que

    je

    cite -

    La Mditerrane

    .. et

    sur ses rives,

    un peuple audacieux, beau et pittoresque aux visages bruns

    et

    blancs. un coutelas, une lance et un kaftan, des accords e guitare

    et, sous la sombre

    nuit

    des boucl,es, les yeux

    de

    gazelle d'une

    Anatolienne,. (6).

    Les voyageurs qui arrivaient

    Alger

    avec de telles esprances

    n'taient pas dus - au moins au dbut - : tous, ils sont mer

    veills par le premier coup d'il sur le spectacl'e qu'offre la ville

    vue du bateau : Dans la baie, comme dans un amphittre. la

    blanche pyramide de la Casbah, belle dans son tranget pour

    certains

    ou

    nigmatique et angoissante pour d autres; les vertes

    collines des alentours

    o

    se cachent de splendides villas. Tous

    les 'rcits de voyage vont commencer par cette scne, avec quel

    ques variantes,

    et

    elle envahira jusqu'aux colonnes des articles

    sur

    Alger

    dans

    I,es

    Encyclopdies (7).

    Von

    a l t a ~ a n l u i

    ddie un long pome (8). C est une aristo

    crate, Mme Rugard qui nous

    dcrit

    dans le style le plus impres

    sionnant la vue

    s offrant elle l'arrive tant attendue sur Alger,

    dans

    J.es

    annes

    60

    :

    Au pied du Sahel. les fins minarets s,cintillent dans les voiles

    parfums d'or et de vert, les blanches coupoles des villas arabes

    brillent

    et refltent

    merveilleusement les flamboyants rayons du

    soleil, des centaines de maisons de campagne blanohes, de villages

    accueillants comme taills dans ce bijou rafrachissant pour l il

    et pour le cur qu est le jeune printemps, lgrement orn de

    duvet. Puis, un curieux triangle se dtache dont lia pointe est

    couronne par la Casbah. Devant nos yeux s'lve la pyramide

    blanche comme neige des maisons mauresques d'Alger - la vieille

    ville

    de pirates sur un fond de ciel d'un bleu transparent dans le

    soleil matinal brille, 'comme s i elle tait ,construite du plus pur

    a'rgent. C est la beaut dan.::; toute sa plnitude, comme je ne l'avais

    enoore jamais vue se

    dresser

    sous mes regards enthousiasms (9).

    Puis.

    au

    moment d'accoster, la population orientale

    fait

    irru

    ption, les port'e-faix envahissent l e bateau et s e

    prcipitent

    sur

    les bagages.

    A peine avions-nous pos le pied

    terre qu'une cen

    taine d'individus bruns

    ou

    noirs, tous vtus

    de

    burnous qui

    avaient

    d

    t're blancs

    l'origine,

    lia

    plupart [l'ayant que des

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    9/18

    Ernstpeter RUHE

    33

    loques sales pendant autour d'eux, se prcipitr'ent sur

    mes valises, comme des bandits, en

    ,se

    bagarrant entre

    eux ... Cela dura bien un quart d'heur'eavant que cinq ou

    six de ces individus dmeniaques n'aient eu raisen de

    leurs riva'ux au peint que ceux-ci les laissent partir en

    paix avec les charges, d'ailleurs 'rparties

    fert

    ingale

    ment (10).

    Des bateliers aux yeux de brais'es neus entourent

    et

    escal,adent le bateau; ils ent le teint brun, neir eu brenze

    et

    portent toutes les sertes

    de

    costumes imaginables

    ..

    Teut n'est que cri, appel et signes de la main ininterrempus.

    Le

    pays

    du

    seleil

    neusattend

    (11)

    Enfin vient le feurmillement prepre ;Ia l ue

    erientale:

    Des cestumes rgionaux de teutes sertes neus entou

    rent - c es t ainsi que le prince Pckler-Mukau cemmence

    la descriptien de ses premi'resimpressiens - des Kabyles

    Ngres dans des vestes ressemblant celle d'Arlequin,

    neirs venant de l'Atlas, avec des manteaux blancs ; des

    Maures portant

    de

    semptueux cestumes multiceleres ; des

    bredes trs 'richement de fl-eurs et

    d'teilesaux

    couleurs

    vives;

    d'lgant efficiers franais; des zeuav,es et des

    spahis portant cet uniferme franais d'inspiratien erientale ;

    des seubrettes parisiennes; des femmes mauresques en

    veleppes dans un grand tissu de lin de faen ne laisser

    libres que les yeux, elles ressembl'ent des cadavres

    qui se sel aient juste relevs de leur

    l it

    de mert pour la

    ville

    une derni're feis ; des femmes juives aux jambes

    nues, des sandales aux pieds, couvertes d'er, sur la tte

    un tuyau haut de treis pieds,

    fuit

    avec du

    fil

    de fer tress

    - teut

    ,ce

    mendeauquel se mlaient de nembreux animaux

    greuillait auteur de nous, un vrai mH-mlo multicelere.

    T. l,

    pp.

    28-29).

    Mais, en

    I:is ant

    cette descriptien crite en 1835, en s'apereit

    que d'entre, la beaut du rve oriental, 'est entame; une fissure

    s'ouvre entre le mythe et

    la ralit:

    ene est le rsultat

    de

    la

    celonisation franaise qui vient de ,commencer

    et elle ira s'lar

    gissant d'anne

    en

    anne. Grce aux r,el'ations

    de

    veyage, neus

    pouvens suivre cette velution destructive pas

    pas.

    Avant de peuvei'r jeuir du spectacle de la pitteresqueagitatien

    de la rue principale dcrit plus haut qui s'offre lui sen arrive

    en Janvier

    1835,

    le prince Pchle'r-Muskau dceuvre un tableau

    plus affligeant qu'II dcrit ainsi:

    ... dans la rue la plus large de la ville, droite et

    gauche,

    des

    maisons sont moiti

    en

    ruines parce

    que

    les

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    10/18

    34

    Rcits

    de

    voyages

    des XVIIIe

    et

    XIX

    sicles

    Franais les ont dmolies pour largir les rues. 1 1 y a donc

    des tas de gravats

    et

    de pierres partout... Maintenant,

    nous tions devant une maison dtruite dont on nous

    annona qu'elle tait l'htel. Je pris peur. En escaladant

    les gravats avec peine, nous nous engagemes sous une

    vote troite moiti terre .. (T. l, pp. 27-29).

    La dmolition de rues entires n'est que de ce que-Ie prince

    rencontrera sans ,arrt : le palais

    du

    Dey dans la Casbah est dans

    un

    tat lamentable :

    ...

    il

    a t) dvast d'une faon honte, les arcades

    ont t condamnes par des murs, les jardins ravags,

    et

    comme il

    sert

    de caserne 13000 hommes,

    il

    est ais

    d'imaginer dans quel tat de salet et de dlabrement

    il se trouve. Tous les kiosques dors d'antan, la grande

    galerie des glaces, les beaux pavs de marbre, ils n'exis

    tent plus. (T. l, p. 37).

    L'architecte paysagiste clbre qu'tait le prince Pckler

    Muskau

    en

    Europe devait particulirement

    souffrir

    de voir que

    les arbres imposants avaient t tous coups,

    de

    rares ex,ceptions

    prs, ce qu'il pourra constater galement par la suite l'intrieur

    du pays. Emu, le prince constate:

    Mme

    pas l'ombre de la

    splendeur passe subs'iste. (p. 38). La magnifique maison

    de

    campagne que l'on appelle ,l,a maison riche est occupe par

    des sous-officiers franais : Les consquences en s'ont v'rita

    blement tragiques. et

    une

    telle

    dvastation

    en

    l'espace de quatre

    ans

    me

    parat peine pens'able. (p. 217).

    Huit ans plus tard, ce procs s'est avanc, inxorable et sys

    tmatique.

    En

    1843,

    le Gnral von Decker,

    en

    visite Alger,

    constatera :

    Les indignes ont d presque tous quitter l'unique fau

    bourg de la ville, Bab-a-Zun, situ devant la porte du mme

    nom,

    ~ u

    faire place des colons frana'is, pour la plu

    part des cafetiers, restaurateurs ou commerants. .

    .

    Il

    reste peine

    ,la

    moiti des nombreuses mosques, l'autre

    moiti a t dmolie afin d agrandir les rues ou bien trans

    formes en casernes ... (12).

    Douze ans plus tard, les lamentations sur la destruction in

    cons:idre de l'achitecture mauresque tant admire se trans

    forment

    en

    vritables griefs d'accusation. Quand le baron von

    Maltzan commence en 1853.ses voyages intensifs travers tout

    le pays qu'i l renouv,lera plusieurs reprises

    au Dours

    des 10 an

    nes suivantes, il ne rencontre que dvastation systmatique de

    l'ancienne culture. A la place de ces bonbonnires infiniment

    belles, harmonieuses, lgres, dlicates et adorables que l'on

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    11/18

    Ernstpeter RUHE

    5

    nomme maisons maul' S il ne

    voit

    que ce que les Franais, ces

    vandales

    modernes.

    comme

    il

    les appelle, ont construit, c'est-

    dire

    : des lourdes maisons europennes ... ces monstres de

    btiments 'en forme deca,sernes que les Franais aiment tant

    (13). Que ce soit Alger, Milianah, Blida, Mda, Tlemcen ou

    Oran,

    l'a

    majeure partie de l'Algrie est devenue, en ce qui

    concerne l'architecture, dj largement franaise

    .

    (t. l, p. 184).

    Et von M ltzan

    ne

    s'tonnerait

    pas

    si

    un

    tremblement de terre

    fournissait

    la

    preuve que

    la

    nouvelle faon franais,e

    de

    btir

    n'est pas seulement laide. mais encore non adapte ce pays .

    (t.

    l,

    p 18).

    Suivant l'opinion de von Maltzan,

    tout

    ceci est l'expression

    du

    mpris,

    de

    la manire cavalire avec laquelle ,les Franais

    tra'itent ces gens l'allure noble, et de la manire dont ils bles

    sent, chaque occasion qui s'offre, ,la dlicatesse et la sensibilit

    des autochtones (t. l, p. 49). Et ceci est une observation que

    , j'ai pu faire plusieurs reprises en Algrie : moins les Franais

    ont d'instruction, plus ils hassent les Arabes

    (t. Il, p. 12). Et,

    tant donn que, suivant une autre constatation de von Maltzan,

    cette classe de Franais s'ans instruction, rustre. est malheu

    reusement prdominante ici, en Algrie -, (t. Il, p. 12) on peut

    s ~ i m a g i n e r

    que l'expression ces cochons de Bdouins qu'il a

    si souvent entendue, tait en effet monnaie courante.

    Mais les Algriens savent se dfendre.

    Le

    prince Pckler

    rapport l'anecdote suivante : lors de sa visite dans une maison

    de belles mauresques - il fallait bien sacrifier au mythe d'un

    Orient pays

    de

    la volupt - une jeune

    fille

    rpond aux propos

    indlicats

    d un

    officier franais d'une faon tellement pertinente que

    le soldat, bless

    mort dans

    sa

    virilit, s'empressa de

    fuir

    cette

    maison de (d) plaisir (14).

    Von Maltzan cite d'autres exemples non moins frappants. Il

    raconte la tentative entreprise par un de ses compagnons de

    voyage, un cuisinier franais, qui voulait, en employant ,la ruse,

    faire manger de la viande de porc un Algrien. La ruse

    est

    d-

    c9uverte et, pour finir, le Franais est l'arroseur arros dont tout

    le monde se moque (t. Il, pp.12-13). Il parle aussi d'un touriste

    allemand que le bureau arabe lui impose pendant

    un

    certain temps

    comme accompagnateur et qui a t svrement puni

    cause

    de

    son racisme : Des Algriens, qu'i l insultait sans cesse,

    au

    cours

    d'une chasse o ils devaient l'aider,

    se

    vengrent

    en

    conduisant

    leur t o ~ i o n n a r e

    .dans

    un marais o il s enlisa;

    de

    peur, il ,lcha

    son fusil, qUi disparut immdiatement, et y laissant une botte,

    l'Allemand

    fut

    content de sauver

    sa

    peau - (t. II. pp. 62-63). Cette

    punition bien russie amuse von Maltzan.

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    12/18

    6

    Rcits de voyages

    des XV e

    et X X sicles

    Le

    mythe fabuleux ori'ental ne fonctionne plus

    en

    Algrie,

    c'est ce que Pckler-Muskau et von Maltzan doivent constater avec

    amertume. Pckler respire quand il atteint enfin Biserte. Il

    crit:

    L' intrusion perptueHe des Fr,anais cesse enfin,

    tout

    semble

    tre un monde vraiment nouveau (t. III, p. 3). Von Maltzan ne

    trouvera le caractre naturel

    et

    original qu'il cherchait que tout

    fait dans le sud algrien, dans le dsert qu'il qualifie

    de su-

    blime, sacr, paisible

    et

    divin (t. III. pp. 188,

    232,

    259). Quand il

    le voit pour la premire fois, au clair

    de

    .Iune, il est totalement

    emport d'enthousiasme et,

    dans

    sa

    description, il introduira des

    accents lyriques, voire mme des fragments de posie dont il

    parsme son texte :

    Sous nos yeux se droulait un spectacle merveilleux,

    encore jamais vu, que l'on ose

    peine rver. A l'horizon

    s'tendait le dsert, sacr et paisible - Image

    de

    l'infinI.

    Les vague,s dlicates, peine marques

    de

    ses collines de

    sable en

    pente douce flottaient telles des bancs

    de

    nuages'

    passant

    bas

    dans le ciel. Mais un 'accueil exquis nous at

    tendait

    cet endroit.

    Le

    dsert s'tendait devant nous dans

    toute ,son immensit, comme l'ocan s'tire jusqu' chacun

    des points cardinaux. Et, pourtant,

    tout

    prs de

    l'il

    en

    chant, se dvoila la plusadmirabl,e des oasis, talant

    sa mer d'arbres verts et en fleurs, ses ruisseaux clairs

    comme de l'eau

    de

    roche qui courent travers la

    campa

    gne ...

    Ce fut

    un des moments les plus forts de ma vie,

    ,lorsque moi, qui venais de pntrer dans l'immuable dsert,

    je fus recueilli par la plus splendide des oasis, illumine

    par l'astre nocturne, et introduit dans son ombr,e hospita

    lire. ft. III, pp. 97-98).

    Mais le dsert, le dernier espace que la colonisation

    n'ait

    pas

    encore gch, est aussi menac. Si von Maltzan peut trouver la

    vie orientale originale Touggourt, que

    pas

    un seul Franais

    n'osait encore

    habiter

    et sur laquelle les auteurs de son guide

    de voyage ne rpandaient que des mensonges en parlant de luxe

    fabuleux - ils 'avalent

    d

    se

    fier eux-mmes

    d'autres rcits -

    ft. III,

    pp.

    149-153),

    il en

    va bien diffremment

    Dschelfa. L,

    il.

    Y a un htel dont les meilleures chambres sont occupes par

    deux Anglaises bizarres, grands amateurs d'absinthe; le Cheik,

    qui reoit dans sa tente, en bordure de la ville, offre aux Europens

    un ;repas franais, dans le confort d'un salon meubl

    la

    fran

    aise. Je fus trs

    du

    notera von Maltzan ft. III, p. 218).

    ,.

    **

    Aprs les renseignements apports par ces auteurs, les voya

    geurs qui Ieur succderont ne s'attendront plus

    trouver l'Orient

    en Algrie. rrs devront accepter les changements oprs dans le

    pays comme des faits, et ils considrent malgr tout qu'il est

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    13/18

    Ernstpeter RUHE

    7

    encore suffisamment

    et

    merveilleusement ,africain et oriental.

    Ceci formera une bonne base psychologique pour

    ,le

    nouve,au

    mythe qui va s'tablir. Il caractrise trs bien la banalisation que

    l'Algrie a subi avec la colonisation : l'Algrie ,est considre

    comme un lieu aux vertus curatives - uniquement dans le sens

    mdical, en tant que station thermale, pour les Europens, qui

    souffrent des bronches et des poumons.

    Comme beaucoup d'autres malades, l'aristocrate Mme Rugard

    y trouvera la gurison deux reprises et prouvera une grande

    reconnaissance envers le pays. Quelques annes plus tard, au

    printemps

    1882,

    ce sera

    un

    homme auquel les privilges de

    la

    00

    ,blesse sont bien trangers qui y cher,chera la mme chose, dans

    le cadre trs simple de la pension Victoria Mustapha Suprieur;

    pourtant, :il ne trouvera pas la gurison : il s'agit de Karl Marx.

    Par contre il laissera Alger quelque chose d'important qui fait

    partie de sa lgende,

    sa

    barbe de prophte et son abondante

    chevelure -. C est le soleil d'Afrique qui l'obligea faire ce

    sa-

    crifice pOilu sur l'autel d'un barbier algrien , il l crit Engels

    dans sa lettre du 28

    avril

    1882

    (15). Il s'est fait photographier juste

    avant pour ses filles. Malheureusement, il n'est pas retourn

    tout

    de suite aprs chez le photographe, ce qui fait que nous n'avons

    aucune photo de lui aprs cette intervention qui a

    d

    laisser des

    traces dans sa remarquable physionomie.

    Intrieurement, Alger n'a pas chang Marx. Dans son opinion

    surie colonialisme franais

    en

    Algrie telle qu'il l'exprime un an

    avant sa mort, JI peut se rattacher une longue tradition de voya

    geurs allemands.

    Cela commence ds le dbut

    de

    la conqute d'Alger

    en

    1830.

    A la suite du Marchal

    et

    Comte de Bourmont, un officier allemand,

    le

    prince Schwarzenberg, fils d'un clbre feld-marchal, aborde

    la cte algrienne. Il participe la conqute depuis les tous pre

    miers moments. Dans le rcit qu il

    en

    fait et qu'il publie en 1837,

    il arrive la conclusion suivante :

    Nous ,comprenions trs bien l'attachement des Arabes

    ce

    pays que nous foulrent

    en

    conqurants. Etant tran

    gers leur foi, trangers leurs coutumes,

    on

    devait trou

    ver

    en

    eux d'inconciliables ennemis,

    et

    ceci d'autant plus

    que, contrairement aux Anglais

    en

    Inde qui s'adaptent

    l esprit des autochtones, les Franais emportent la France

    et Paris partout avec eux. C'est pourquoi les tentatives des

    ,Franais de coloniser l ou vivent dj des populations indi

    gnes ont chou pour la plupart. les Franais ... taient

    hais... partout o

    ils

    imposrent leur autorit.

    En

    Allema

    gne, en Italie, en Espagne ou en Egypte, nulle part ils n ob-

    tinrent

    de :Iapopulationle droit de cit. C'est pourquoi,

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    14/18

    38

    Rcits de

    voyages des

    XVIIIe et XIX sicles

    mme si les Franais

    ont

    conquis l'Algrie, et en comptant

    autant d'annes supplmentaires que la conqute a requis

    de jours, cela ne suffira pas affermir cette possession

    D'autres officiers allemands se rendront dans les annes

    autrement que par

    la violence des armes (16).

    Voici des paroles vraiment prophtiques auxquelles d'autres,

    issus de plumes diffrentes, viendront s'ajouter. D'autres officiers

    allemands se rendront dans les annes suivantes sur le champ

    de

    bataille africain - cet aspect serait, lui tout seul, un chapitre

    entier

    du

    sujet trait ici, et serait digne d'une recherche spcifique.

    En

    1842, un autre militaire de haut rang, le gnral de brigade

    von Decker, au service de sa Majest le roi de Prusse, dont j'ai

    dj parl, dbarque en Algrie. la guerre dure dj depuis treize

    ans et, comme il le dit, rien ne laisse prvoir la fin de cette

    guerre funestre

    (17). Decker en voit la raison principale dans la

    rsistance de la population qui est tellement exacerbe par les

    abus impardonnables - pour Decker lui-mme - des Franais

    (destructions de lieux saints, dvastation du pays, etc.) que l'ap

    pel la vengeance rsonne dans les rgions les plus lOignes

    du

    pays

    : (18).

    En

    Algrie, ~ u t l'Algrie est l'ennenie de

    la

    France.

    t us

    les habitants qui y reconnaissent leur patrie et qui

    ,l'aiment en tant que telle, du plus jeune enfant jusqu'au

    vieillard. Mme ,les ossements des morts se sont levs

    'contre les Franais, car, des tombes violes se dresse le

    sombre esprit de la vengeance qui enflamme les vivants

    contre les sacrilg-es les poussant mener une guerre

    d'extermination sans merci (t. l, p. 243).

    Cette conclusion est plus prophtique qu'il n'aurait jamais

    pu

    l'imaginer :

    Et,

    malheur aux Franais si - ce qui n'est pas impos

    sible - l esprit de discipline s'tablissait parmi les tri

    bus le marchal Buy,eaud dit lui-mme qu'ils

    ne

    leur

    manque rien d'autre eux autochtones que de la discipline

    et de l'organisation pour devenir les guerriers les plus

    re-

    doutables (t. Il, p. 260).

    J ne

    fallut pas attendre

    1954

    pour que la vrit contenue dans

    cette sentence se vrifie. Dj avec Abd-EI-Kader, les Franais

    reurent une premire preuve qui failli remettre totalement en

    question la colonisation qui avait si difficilement dbut. l'admi

    ration des Allemands envers .J Emir victorieux est grande : toutes

    les publications sur lui paraissent l'tranger (en France, au

    Da-

    nemark) sont traduites immdiatement. Ce sont des uvres dans

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    15/18

    Ernstpeter

    RUHE

    9

    l s ~ u l l s

    s'exprime

    la

    profonde admiration pour la personnalit

    d'un homme quia su faire natre au sein de son peuple un senti

    ment national, donner une nouvelle orientation leurs ides poli

    tiques

    et

    poser le germe du bonheur, de la prosprit

    et

    de la

    force, sans pour autant briser violemment les liens

    un

    tat

    antrieur

    et

    aux traditions des poques prcdentes

    t

    (19).

    La reconnaissance de ses normes qualits de conducteur

    des armes et de figure de ralliement pour son peuple atteint son

    apoge dans la comparaison de sa personne avec le prodigieux

    Napolon Bonaparte (20).

    Ceux des voyageurs qui s'offre l'occasion de rencontrer

    l'mir

    le font. Cette chance ne

    fut

    pas donn Pckler-Muskau,

    mais il peut pour le moins relater en dtail l'accueil que Abdel

    kader rserva en

    1835 un

    de ses compagnon de voyage, Klimerath,

    qui le confirme dans son admiration de cet homme extraordinaire,

    de sa culture et de la noblesse de son comportement (21).

    Ni sa dfaite, ni son exil

    ne

    porteront atteinte :l'estime por

    te l'mir.

    Von

    Maltzan lui rend visite deux reprises: en 1854

    Brussa et plus tard Damas. Ils s'entretiennent

    de la

    bataille

    de

    la Makta, remporte par l'mir, au cours de laquelle les Franais

    subirent des pertes plus lourdes qu'ils ne le dclarrent officiel

    lement, comme von Maltzan le ,constatera en tudiant des docu

    ments. Le visiteur a:llemand

    est

    heureux de voir que cet homme

    fier

    qui avait lutt pour la libert, n'avait pas t corrompu par la

    vie d'oisivet, laquelle il est condamn dans son exil et qu'il

    n'avait pas chang d'opinion en ce qui concerne ses anciens ad-

    versaires.

    Seul Napolon III, qui le dlivra de captivit jouit de son es

    time : el

    r a n s i ~

    okhrin ulkhul kelleb (tous les autres Franais

    sont des chiens), dit-il Maltzan (22).

    Von

    Maltzan avait dj pu constater l'existence de ce gouffre

    infranchissab'le entre

    tout

    ce qui tait maure

    et tout

    ce qui tait

    franais (23). Lorsque, en 1882, Karl Marx arrive de nouveau

    Alger pour y passer 3 mois, rien n'a modifi ce bilan, bien au

    contraire. Par

    les

    relations amicales qu'il entretien avec

    le

    juge

    d'appel Ferm, il apprend que les traitements arrogants ,infligs

    :Ia

    population continuent d'tre

    pratiqus;

    entre temps, des cho

    ses terribles s,e passent dans le secret derrire les portes fer

    mes : la police emploie la torture pour faire avouer les

    Arabes

    Oettre Engels du 8 avril 1882) (24); quant aux juges on attend

    d'eux qu'ils fassent comme s'Us ne s'avaient rien. Des familles

    de colons menacent le juge, s'il le faut de mort, si, au cours du

    jugement d'un Arabe coupable, il

    ne

    .. racourcisse pas aussi

    une demie douzaine d'Arabes innocents . Tous ces faits, Marx

    les commente en les gnralisant de la manire suivante :

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    16/18

    40

    Rcits de voyages des

    XVIIIe

    et

    XIX

    sicles

    L

    o un

    col n

    europen

    s'tablit

    parmi les

    races

    infrieures

    .,

    ou ne

    fait

    qu'y

    sjourner

    pour affaires, il se

    considre en gnral comme plus i n t o u : l , ~ b e que le beau

    Guillaume Premier

    54).

    Les

    autorits

    franaises maltraitent la population de diff

    rentes manires (25). Il

    n'est

    pas tonnant, si, face cette situation

    qui ne fait que se dtriorer depuis le dbut de la colonisation,

    Marx constate que les Algriens sont habits d'une c haine des

    chrtiens

    et

    de l 'espoir de vaincre dfinitivement ces mcrants

    Comme le

    font

    galement - juste titre ", dit-il - les politi

    ciens algriens,

    Marx

    voit

    dans le

    c

    sentiment et

    la pratique d'une

    galit abso'lue dans le

    comportement

    social des Algriens entre

    eux une condition importante pour atteindre cette victoire, c une

    galit

    - explicite-t-il - non pas de biens

    matriels ou

    de la

    position sociale, mais une galit

    de

    la personnalit ". A son avis,

    l'important est encore autre chose et cE.'a

    leur

    manque: il ajoute

    entre parenthses dans sa

    lettre

    : " (Pour:"ant. ils sont perdus sans

    un

    mouvement

    rvolutionnaire) ". (Lettre 8 Laura Lafargue du

    4

    avril 1882). (26).

    L'istoire

    algrienne a

    confirm

    ce

    pronostic

    d'une faon im

    pressionnante. Quant le mouvement nationaliste du pays conquis

    mais jamais soumis arrivera enfin sous le choc des massacres

    de

    mai 1945, rassembler ses forces d'abord au sein du

    c

    Comit

    r ( ~ v o l u t i o n n a i r e d'unit

    et

    d'action et puis du Front de libration

    nationale , alors, les conditions dcisives l'achvement d'une

    longue priode de colonisation furent runies.

    *

    **

    Voici donc, comme je l'avais promis, une premire analyse

    de certains aspects de

    l'important

    corpus de

    textes

    que nous

    ont

    laiss des voyaqeurs allemands

    sur leur

    sjour en

    Algrie

    aux

    XVlllme

    et

    X1Xme sicle. Beaucoup d'autres choses seraient

    analyser qui apporteraient des rsultats non moins intre 'lsants,

    comme par exemple les aspects touchant les exoriences des

    au-

    teurs avec la population alqrienne. sa vie quotidienne, son carac

    tre; l ' intrt Qu'ils portaient la langue arabe; leur position

    face la foi

    islamique;

    l'A1lrie en tant que pays de civilisations

    n c i e n n e ~

    et

    l'attitude des Francais face aux trsors archoloqi

    ques;

    le jUlement

    qu'ils portent

    sur

    la

    politique

    coloniale fran

    aise:

    le sort des colnT1S allemands

    Clue

    les Franais avaient

    appels dans

    le

    pays, etc.

    Nous avons l

    un

    vaste domaine de recherr.hes. duquel il me

    semble, nous avons tous quelque chose apprencire : les Alqriens

    des connaissances sur

    leur

    propre P"'ys sw IAur histoire et sur

    les Allemands, les Allemands sur les Alqriens

    et

    aussi - ce

    qui n'est pas ngligeable - sur les Allemands.

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

    17/18

    Ernstpeter

    RUHE

    41

    (*) La confrence dont le texte est publi ici a t donne le 16 mars

    1986

    au

    Centre National

    dEtudes

    Historiques

    (CNEH, Palais de la

    Culture)

    L au

    teur tient

    remercier vivement

    Monsieur

    Mohamed Touili,

    Directeur

    Gllral

    du

    Centre National d Etudes Historiques, pour son aimable invi tation. Ses re ller

    ciements vont galement tous les spcialistes qui, par leur

    participation

    il ten

    sive

    la

    discussion,

    l'ont

    rendue trs fructueuse,

    (1) Belad Doudou,

    professeur

    l'Universit d'Alger, est

    le seul qui

    en

    les traduisant

    en

    arabe, se

    soit

    intress aux principaux textes

    clu

    XIX

    : ,cie

    (von Maltzan, Pfeiffer, etc,).

    (2)

    Nachrichten und Bemerkungen ber den algierischen Staat, Al tma.

    (3) Cf.

    p.

    ex. : Anon., Etat des royaumes de Barbarie, Tripoli, Tuni:., et

    Alger, contenant l 'histoire naturelle et

    politique

    de ces pays; la manire dont

    les Turcs y

    traitent les

    esclaves, comme on les

    rachette

    et

    diverses ave,,tures

    curieuses, avec la tradition de l Eglise pour le rachat, ou le soulagemer,; des

    captives, La Haye 1740.

    (4)

    J.

    S.

    Ersch - J.

    G.

    Gruber, AlIgemeine Encyclopiidie der Wissen

    schaften und Knste in alphabetischer Folge,

    t.

    3, Leipzig

    1819,

    p 112 b

    (5)

    Johann Friedrich Herder, Ideen zur Philosophie der Geschite der Mens

    chheit,

    BerlinfWeimar

    1965.

    (6) Lettre de 1838, cite par J. Schwering, Freiligraths Werke, Berlin/Leipzig

    Wien/Stuttgars,

    s d. t.

    1

    p.

    XLI.

    (7)

    Cf.

    p.

    ex. dans Meyers Konversations-Leixikon, LeipziQfWien

    41890,

    t. l, p. 356 a;

    Der

    groBe Brockhaus, Leipzig J.Bf928, t. l, p. 287 b. /

    (8)

    Algier, dans le recueil Pilgermuscheln. Gedichte eines Touristcn,

    Leipzig

    1863,

    pp.

    79-87

    (9) Aus Welt und Herz. Reisebriefe, Elbing 1877, p.

    87

    (10) Frst Pckler-Muskau, Semilasso

    in Afrika,

    t. l, Stuttgart 1836, pp.

    26-27.

    (11)

    Op.

    cit

    (Note

    9), p. 87.

    (12) Carl von Decker, Algerien und

    die

    dortige Kriegsfhrung,

    t.

    1

    Berlin

    1844,

    pp. 185

    et 187.

    (13)

    Heinrich Freiherr von Maltzan, Drei Jahre

    im

    Nordwesten von Afrika.

    Reisen in Algerien und Marokko, t.

    1

    Leipzig 1863, pp. 15 et 18.

    (14)

    Op clt (Note

    10l.

    pp.

    134-135.

    (15) Karl Marx - Friedrich Engels, Werke, t. 35, Berlin 1967, p. 60.

    (16)

    Rckblicke auf

    Aigier

    und dessen Eroberunq durch die k o n i ~ l i h

    franzosischen Truppen lm Jahre 1830. Von einem Qffizier aus dem Gefolge

    des Marschall Grafen Bourmont, Wien

    1837. p. 148.

    (17)

    Op cit. (Note

    12),

    t. Il,

    p. 260.

    (18) Op. cit. (Note 12), t. l, p. 306.

    (19) A-

    W Dinesen, AbdelKader und die Verhiiltnisse zwischen Franzosen

    und Arabern im nordlichen Afrika, aus dem Diinischen bersetzt von August

    von Keltsch, Berlin/Posen/Bromberg

    1840,

    p iii.

    (2v) A de Lacroix, Ges-:hichte von Abd-el-Kaders politischem und Privat

    lehen. Nach Mittheilungen von N. Manucci, der zwei Jahre in Abd-el-Kaders

    Zelt

    )elebt hat, Grnberg

    1846,

    pp.

    230-231.

    -;>:) Op. cit (Note 10), t. Il, pp. 158-172.

    (22) Op cit. (Note 13), t

    1

    pp. 283-285.

    (23)

    Op cit. (Note

    13),

    t. II.

    p. 91

    (24) Lettre Engels

    du

    8 Avril 1882, Ed cit. (Note 15), p 54.

    (25)

    Cf. p. ex. la lettre Engels du 18 avril 1882, Ed. cit. (Note 15), pp.

    57-58,

    (26) Ed. cit. (Note 15), p. 309.

  • 7/23/2019 Ruhe Allemands Fascines

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    42

    Rcits de voyages des XVIII< et XIX' sicles

    Note addidive la Confrence de Mr E. Ruhe

    Les textes allemands sont rechercher pour bien examiner

    les

    tmoignages franais, souvent sources utiliss par les observateurs

    ~ o m m

    le

    signale bien S.R. Nebia 1) propos

    de

    'l'affaire d'El Ouffia.

    C'est ainsi qu'en s e rfrant

    H. Haubert:

    Mmoire d'A'iger

    ou journal d'un allemand dans l es rangs franais,

    1844

    'J'auteur

    apporte d'utiles prcisions.

    en est

    de mme ga'f'ement d'une autre

    source,

    ceBe de

    A. Jager,

    g

    raf von Schfumb : fAHemand

    Alger,

    ou

    deux ans de

    ma

    vie, tutrgard, 1834.

    Dj.

    SARI

    (1) Voir

    El

    Moudjahid

    du

    25 mai

    1982

    : contribution

    l'affaire

    d El

    Duffia.