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Vue de Marseille Réussir l’action de l’Etat en Provence-Alpes-Côte d’Azur n° 18 octobre 2013 LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, MODÈLE DE CROISSANCE RÉGIONALE DURABLE ET SOLIDAIRE En Provence- Alpes-Côte d’Azur, des milliers de citoyens, d’élus, de pro- fessionnels, d’associatifs et d’experts ont participé aux 66 rendez-vous de réflexion et d’échanges proposés au printemps par l’Etat et le Conseil régional dans le cadre du débat na- tional sur la transition énergétique. La synthèse du débat national, signée par toutes les parties, est la marque du consensus large- ment partagé par les Français que la transition énergétique est indispensable pour notre société. En Provence-Alpes-Côte d’Azur nous devons plus encore qu’ail - leurs nous engager dans cette ambitieuse mutation. Affirmée par le président de la République lors de la conférence environnementale des 20 et 21 septembre 2013, cette dynamique se concrétisera notamment dans une grande loi de programmation. La transition énergétique signe notre passage d’une société de consom- mation des énergies fossiles à une société décarbonée, tournée vers la sobriété et l’efficacité énergétiques. Les objectifs que se fixe la France reflète cette ambition : contenir l’évolution des températures en deçà de 2°C à l’horizon de 2100, diminuer de 30% la consommation des énergies fossiles en 2030, ré- duire de 50 % notre consommation d’énergie finale à l’horizon 2050. Cet élan se concrétise dans une dynamique de solutions, en par- ticulier sur les territoires, et les projets présentés dans cette édi- tion de Réussir en témoignent : la transition énergétique est une réa- lité en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’Etat entend agir sur tous les leviers, incitatifs et régaliens, de sensibilisa- tion et de mobilisation des acteurs régionaux pour accompagner et accélérer cette transition en région. Le formidable potentiel qu’elle ré- vèle ne se mesure par seulement en mégawatts produits ou en tonnes de gaz à effet de serre non émis, mais aussi en emplois, en croissance économique, en justice sociale. La transition énergétique suscite les innovations qui portent les germes de filières industrielles per- formantes et de compétences non- délocalisables, elle stimule le vo- lontarisme politique des territoires, elle amène davantage de cohésion sociale en permettant l’accès équi- table à l’énergie et ses bénéfices en termes de mobilité, de qualité de vie et de réduction de la précarité. Michel CADOT Préfet de la zone de défense Sud Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Préfet des Bouches-du-Rhône Dossier/Entretiens La DREAL et l’ADEME, outils stratégiques de l’État pour construire la transition énergétique en Paca : - Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Paca, - Anne-France Didier, directrice régionale de la DREAL Paca. Zoom - La réhabilitation thermique, arme de réduction massive de la précarité énergétique, - Une Opération d’intérêt national expérimente la ville durable en Méditerranée, - L’Éco-Vallée plaine du Var, territoire démonstrateur de la transition énergétique. Regards dans nos départements - L’eau potable d’Allos, source d’énergie renouvelable, - Le choix du bois et une volonté de faire, à Embrun, - Les smart grids : un moyen d’optimiser la production et la consommation d’électricité solaire, - Vents favorables pour l’éolien offshore flottant, - Pôle Mer Méditerranée, moteur de compétitivité, - Les beaux fruits de la méthanisation à la ferme l’Isle sur la Sorgue. Directeur de la publication : Gilles BARSACQ, secrétaire général pour les affaires régionales. Rédacteur en chef : Tessa FRECHIER-MEY, chef de la communication régionale. Rédacteurs : ADEME, DREAL, SGAR / Béatrice TONINI, Michel GIORIA, Augustin AUBERT, Astrid OLLAGNIER, Karine LISIECKI-MOTTET, Martine MARTINI , Yves LE-TRIONNAIRE, Tessa FRECHIER- MEY, Jérôme LAFON. Infographie : Sandrine BAGNIS. PRÉFET DE LA RÉGION PROVENCE-ALPES CÔTE D’AZUR

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Vue de Marseille

Réussir l’action de l’Etat en Provence-Alpes-Côte d’Azur

n° 18 – octobre 2013

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, MODÈLE DE CROISSANCE RÉGIONALE DURABLE ET SOLIDAIRE

En Provence-A lpes-Côte d’Azur, des mi l l iers de c i t o y e n s , d’élus, de pro-fessionnels, d’associatifs et d’experts

ont participé aux 66 rendez-vous de réflexion et d’échanges proposés au printemps par l’Etat et le Conseil régional dans le cadre du débat na-tional sur la transition énergétique. La synthèse du débat national, signée par toutes les parties, est la marque du consensus large-ment partagé par les Français que la transition énergétique est indispensable pour notre société.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur nous devons plus encore qu’ail-l eu r s nous engage r dans cette ambit ieuse mutat ion.

Affirmée par l e président de l a République lors de la conférence environnementale des 20 et 21 septembre 2013, cette dynamique se concrétisera notamment dans une grande loi de programmation.

La transition énergétique signe notre passage d’une société de consom-mation des énergies fossiles à une société décarbonée, tournée vers la sobriété et l’efficacité énergétiques. Les objectifs que se fixe la France reflète cette ambition : contenir l’évolution des températures en deçà de 2°C à l’horizon de 2100,

diminuer de 30% la consommation des énergies fossiles en 2030, ré-duire de 50 % notre consommation d’énergie finale à l’horizon 2050. Cet élan se concrétise dans une dynamique de solutions, en par-ticulier sur les territoires, et les projets présentés dans cette édi-tion de Réussir en témoignent : la transition énergétique est une réa-lité en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

L’Etat entend agir sur tous les leviers, incitatifs et régaliens, de sensibilisa-tion et de mobilisation des acteurs régionaux pour accompagner et accélérer cette transition en région. Le formidable potentiel qu’elle ré-vèle ne se mesure par seulement en mégawatts produits ou en tonnes de gaz à effet de serre non émis, mais aussi en emplois, en croissance économique, en justice sociale.

La transition énergétique suscite les innovations qui portent les germes de filières industrielles per-formantes et de compétences non-délocalisables, elle stimule le vo-lontarisme politique des territoires, elle amène davantage de cohésion sociale en permettant l’accès équi-table à l’énergie et ses bénéfices en termes de mobilité, de qualité de vie et de réduction de la précarité.

Michel CADOTPréfet de la zone de défense Sud

Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

Préfet des Bouches-du-Rhône

Dossier/EntretiensLa DREAL et l’ADEME, outils stratégiques de l’État pour construire la transition énergétique en Paca :

- Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Paca,- Anne-France Didier, directrice régionale de la DREAL Paca.

Zoom- La réhabilitation thermique, arme de réduction massive de la précarité énergétique,- Une Opération d’intérêt national expérimente la ville durable en Méditerranée,- L’Éco-Vallée plaine du Var, territoire démonstrateur de la transition énergétique.

Regards dans nos départements- L’eau potable d’Allos, source d’énergie renouvelable,- Le choix du bois et une volonté de faire, à Embrun,- Les smart grids : un moyen d’optimiser la production et la consommation d’électricité solaire,- Vents favorables pour l’éolien offshore flottant,- Pôle Mer Méditerranée, moteur de compétitivité,- Les beaux fruits de la méthanisation à la ferme l’Isle sur la Sorgue.

Directeur de la publication : Gilles BARSACQ, secrétaire général pour les affaires régionales. • Rédacteur en chef : Tessa FRECHIER-MEY, chef de la communication régionale. • Rédacteurs : ADEME, DREAL, SGAR / Béatrice TONINI, Michel GIORIA, Augustin AUBERT, Astrid

OLLAGNIER, Karine LISIECKI-MOTTET, Martine MARTINI, Yves LE-TRIONNAIRE, Tessa FRECHIER-MEY, Jérôme LAFON. • Infographie : Sandrine BAGNIS.

PRÉFET DE LA RÉGIONPROVENCE-ALPES

CÔTE D’AZUR

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La DREAL et l’ADEME, outils stratégiques de l’État pour construire la transition énergétique en Paca

Dossier - Entretiens

Collectivités, associations, entreprises, particuliers… Les acteurs régionaux de la transition énergétique réalisent leurs projets avec deux interlocuteurs majeurs : une agence d’incitation et de moyens, l’ADEME, un service régalien et facilitateur, la DREAL. L’une et l’autre interviennent en cohérence avec les poli-tiques publiques nationales et régionales, sous l’autorité du Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Thierry Laffont, directeur régional de l’ADEME Paca : « Notre vocation, c’est susciter et accompagner les initiatives et innovations qui feront la transition énérgétique et écologique de notre pays».

Le saviez-vous ?

Quelques mots pour définir l’ADEME et son action :

L’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie est un établissement public, placé sous la tutelle conjointe du ministère en charge de l’Écologie, du Déve-loppement durable et de l’Énergie, et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la direction régionale de l’ADEME mobilise une équipe d’une tren-taine de personnes pour contri-buer, en étroite collaboration avec les autres services de l’Etat (no-tamment la DREAL, la DIRECCTE, la DRAAF,…) à la mise en œuvre des politiques publiques sur plu-sieurs grandes thématiques envi-ronnementales : - efficacité énergétique et éner-gies renouvelables, - préservation des sols, des res-sources et des matières premières, - gestion des déchets, - qualité de l’air, - lutte contre le bruit.

Comment l’ADEME favorise-t-elle la transition énergé-tique en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

Thierry Laffont : Notre voca-tion, c’est de lever les freins de la transition énergétique, de faire sauter les verrous tech-nologiques, organisationnels et socio-économiques, et ainsi faciliter l’émergence des biens, des services et des modes de gouvernance d’une société plus sobre en énergie et en carbone.

Pour cela, l’ADEME accompagne une grande diversité de projets, à différents stades : recherche

en connaissances nouvelles, re-cherche appliquée (via des pôles de compétitivité comme le Pôle Mer Méditerranée), développe-ment expérimental (du type de Vertiwind ou Nice Grid), opéra-tions de démonstration et opé-rations exemplaires (telle l’unité de méthanisation des Vergers du Mourgon), généralisation.

Notre logique d’intervention s’inscrit donc dans un conti-nuum qui va de l’identifica-tion de questions de recherche au déploiement de solutions. Pour favoriser et susciter l’émer-gence de projets, tout au long de ce continuum, nous soute-nons les initiatives de veille, observation, sensibilisation, communication, animation territoriale et sectorielle vi-sant à mobiliser ses acteurs.

Quels sont les moyens d’ac-tions concrets de l’ADEME en Paca ?

Thierry Laffont : Nous met-tons nos expertises techniques, accompagnements méthodologi-ques et aides financières à dis-position des collectivités, admi-nistrations, acteurs de l’écono-mie, associations, chercheurs...

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Thierry Laffont © TERRAZ/ADEME.

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Anne-France Didier, directrice régionale de la DREAL Paca : « Notre mission, c’est de déployer en Paca les politiques d’État pour la transition énergétique ».

Dossier- EntretiensNotre appui passe par différents dispositifs adaptés à chaque objectif, cible et nature de pro-jet (appels à projets, appels à manifestations d’intérêt, pro-jets de gré à gré...), déclinés dans les grands programmes que sont le Fonds Chaleur, le Fonds Déchets, les Investisse-ments d’Avenir, l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME... Notre implantation régionale

favorise une approche de proxi-mité, la recherche de syner-gies et de complémentarités avec nos différents partenaires, , notamment la DREAL et le Conseil régional. Nous sommes ainsi bien à même de co-construire avec eux des projets adaptés aux contextes locaux. Je pense par exemple à la valori-sation des potentiels de la petite hydroélectricité ou aux réseaux

de chaleur bois d’Embrun que nous accompagnons depuis de nombreuses années, ou encore à la réhabilitation thermique des logements sociaux dont nous avons fait émerger les opérations de référence à l’échelle régio-nale. En 2012, notre action s’est notamment matérialisée par un montant d’aides de 15,6 millions d’euros investis sur le territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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Comment la DREAL favorise-t-elle la transition énergé-tique en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

Anne-France Didier : Nous in-tervenons à la fois dans notre pos-ture historique régalienne, celle du contrôle et de l’expertise, et dans un rôle de « go-beetween »,

où nous sommes médiateurs et facilitateurs de projets, de pro-cess, et de partenariats au ser-vice de la transition énergétique.Sur la biomasse par exemple, cette double logique d’interven-tion est pleinement à l’œuvre. Suite aux appels d’offres natio-naux CRE biomasse, deux projets ont été sélectionnés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le projet E.On de reconversion d’une centrale charbon à Gar-danne (13) et la centrale ther-mique Inova à Brignoles (83).La DREAL accompagne d’une part les industriels concernés pour qualifier les projets et faire en sorte qu’ils soient mis en œuvre dans les meilleures conditions d’approvisionnement, et d’autre part instruit les autorisations ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement)

Le saviez-vous ?

Quelques mots pour définir la DREAL et son action :

La direction régionale de l’envi-ronnement, de l’aménagement et du logement est le service de l’État chargé de piloter et décliner les politiques de développement durable du ministère de l’écolo-gie, du développement durable et de l’énergie, en fonction no-tamment des priorités issues de la conférence environnementale.

560 agents placés au croisement de nombreuses thématiques de politiques publiques : - territoire et aménagement,- logement, construction et foncier,- biodiversité, eau et paysages, - développement durable,- énergie, climat et air,- prévention des risques,- transports et infrastructures.

Les services de l’État en région accompagnent, au plan réglementaire, technique, méthodologique et avec des financements souvent déclencheurs ou déterminants, tels que les Investissements d’ave-nir, le Fonds unique interministériel, le Fonds Chaleur renouvelable… La direction régionale de l’envi-ronnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) et l’Agence de l’environnement et de la maî-trise de l’énergie (ADEME) sont en première ligne, avec des logiques d’interventions synergiques.

Anne-France Didier © COM.DREAL.

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qui permettent d’imposer des normes d’émissions plus contraignantes que les stan-dards, dans une région sen-sible à la qualité de l’air.

Chaque fois que nous sommes confrontés à ces opérations à caractère industriel et environ-nemental, nous nous mettons ainsi en mode projet, en rela-tion avec les autres services et instances de l’État en région.

Sur le suivi de la filière bio-masse, nous fonctionnons en comité de pilotage, notam-ment avec l’ADEME et la DRAAF.

L’objectif est d’optimiser les délais des procédures adminis-tratives sans perdre en route la qualité économique et réglemen-taire de notre intervention, et tout en développant une capacité de retour d’expériences, de capi-talisation et de v alorisation des savoirs vis à vis des partenaires.

Habitués à travailler ensemble et très en amont sur des su-jets complexes, nos services ont naturellement une vision transversale de leur action.

Cette approche se décline main-tenant sur de nombreux sujets, transports, smart grids, pro-jets énergétiques innovants…

Sur le projet de développement de l’éolien flottant, nous avons mené un travail de médiation poussé entre des interlocuteurs tels que le ministère de la Dé-fense, les industriels, les ser-

vices de l’État, avec des enjeux de taille sur la biodiversité, la sécurité en mer, les paysages…

Quels sont les enjeux spéci-fiques de la transition énergé-tique en Paca pour la Dreal ?

Anne-France Didier : Ils sont multiples ! Le premier, c’est ce-lui de la maîtrise de la demande énergétique dans une région at-tractive ou croissance démogra-phique et croissance de la consom-mation d’énergie vont de pair.

La lutte contre la précarité énergétique est aussi un enjeu fort : la rénovation thermique des logements sociaux impul-sée avec l’ADEME et le Conseil régional doit contribuer à sécu-riser la facture énergétique des populations les plus fragiles.

La région concentre 3 des 10 pre-mières agglomérations françaises. Les problématiques urbaines sont donc très impactantes en termes de gestion de l’énergie, d’amé-nagement, ou encore de mobi-lité, thématique pour laquelle la transition énergétique est claire-ment un enjeu de santé publique par la réduction des pollutions.

Dans le domaine du bâtiment, on observe sur le littoral que les constructions sont de moins bonne qualité thermique que la moyenne. C’est un parc plus col-lectif qu’ailleurs, avec une popu-lation plus âgée, un taux de rési-dences secondaires plus élevé… Même dans le neuf, on constate des non-conformités sur le res-

pect des règles de construction. Le chantier de la transition éner-gétique est donc important.

La DREAL est bien sûr très pré-sente sur ces thématiques, à tra-vers sa contribution à la défini-tion stratégique des Écocités et à la construction de visions ter-ritoriales cohérentes et conver-gentes : Schémas de cohérence territoriaux (SCoT), Plans lo-caux d’urbanisme (PLU), Plans de déplacements urbain (PDU), Plans climat-énergie territoriaux (PCET), Agenda 21 locaux et bien sûr le Schéma régional cli-mat air énergie (SRCAE), éla-boré avec le Conseil régional.

À ce propos, quels bi-lans du débat régional sur la transition éner-gétique et de la consul-tation publique sur le SRCAE ? Comment les propositions en PACA se distinguent et s’arti-culent avec les proposi-tions du Conseil national du Débat national sur la transition énergétique ?

Anne-France Didier : On a lancé la consultation publique sur le projet de SRCAE en même temps que la déclinaison régio-nale du débat national. On a vu qu’il y avait une très grande per-méabilité entre les deux débats.Le SRCAE a évolué et s’est syn-chronisé avec le débat natio-nal : il sera un outil de mise en œuvre, à l’échelle régio-nale, des décisions de l’État sur la transition énergétique.

Dossier- Entretiens

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Dossier- Entretiens

En Paca, on constate d’ail-leurs des points de consensus très cohérents avec le national.

L’idée par exemple qu’il faut en-trer activement dans la transition énergétique, parce qu’elle apporte la compétitivité économique, la réduction de la précarité énergé-tique avec tout ce qui va avec (la justice sociale, la qualité de vie, la mobilité…), les emplois non délocalisables tels que ceux créés

par la rénovation dans l’ancien… Autre consensus clé : avant de parler de production, il faut parler d’efficacité énergé-tique, de performance éner-gétique dans les bâtiments et les transports notamment.

Et cette idée qu’il faut produire plus d’énergies renouvelables, notamment le solaire photovol-taïque sur les terrains anthropisés. Il y aussi, il faut bien le dire, des

points qui ne font pas encore consensus en Provence-Alpes-Côte d’Azur : le développement de l’éolien terrestre par exemple - c’est l’une des rares spécifi-cités du débat régional – et le modèle économique de l’énergie.

Les professionnels défendent plutôt la centralisation, le tis-su citoyen et les élus une pro-duction répartie et décentra-lisée sur le modèle d’Embrun.

Au-delà de nos services experts, la transition énergétique devient une priorité d’action pour d’autres représentations de l’État en région, en particulier la DIRECCTE au plus près des entre-prises, la DRAAF pour le secteur de l’agriculture et de la forêt, la DIRM pour les activités maritimes ou les DDTM auprès des acteurs des territoires, les rectorats pour l’éducation à l’environnement…

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ZoomLa réhabilitation thermique, arme de réduction massive de la précarité énergétique

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Depuis 2010, des appels à projets font émerger dans le parc HLM les bâtiments démonstrateurs d’une haute performance énergétique.

« En décembre 2008, les ministres européens du logement ont déci-dé que les fonds Feder devaient aussi servir à améliorer la qualité de vie des plus modestes en lut-tant contre la précarité énergé-tique par la maîtrise des charges. Une circulaire de la Datar a don-né le feu vert, et en novembre 2009 le premier appel à projets pour la réhabilitation thermique des logements sociaux de Paca était lancé », explique Philippe Oliviero, directeur de l’ArHLM Paca&Corse qui représente tous les bailleurs sociaux régionaux.

Signataires d’une convention de partenariat portant sur la maîtrise de l’énergie, la qualité environ-nementale et le développement durable, l’ArHLM Paca&Corse, le Conseil régional et l’ADEME ont animé quatre appels à projets successifs en 2010, 2011, 2012 et 2013 avec l’appui de la pré-fecture de région et de la DREAL.

Objectif : mobiliser le Feder avec les aides de l’État et des collectivités afin de faire émer-ger des opérations de réhabili-tation thermique suffisamment

qualitatives, variées et perfor-mantes pour définir l’exem-plarité à l’échelle de la région. La barre est placée à un très haut niveau : la consommation d’énergie primaire maximum du bâtiment doit être de 60 kWhep/m² SHON/an, soit 25 % mieux que le label BBC Effinergie ré-novation, et une division par 4 par rapport à la consomma-tion unitaire moyenne du parc.

Au bilan, les appels à projets sont un succès, avec 33 opérations retenues, portées par 15 bail-leurs sociaux différents dans les Bouches du Rhône, le Vaucluse, le Var, les Alpes-Maritimes et les Hautes-Alpes. Les rénovations thermiques en cours concernent 110 bâtiments, soit 3011 loge-ments pour un total de 244 600 m². Les économies d’énergies attendues à l’issue des travaux atteignent 110 kWh/m²/an.

Le saviez-vous ?

Le parc locatif social de Pro-vence Alpes Côte d’Azur est à 70 % issu des programmes de construction d’après guerre, mis en œuvre entre 1945 et 1975.

Les campagnes de réhabilita-tion successives n’ont pas per-mis de résorber entièrement le problème de « passoire ther-mique » dont souffrent les loge-ments particulièrement vétustes et énergivores. Selon l’Association régionale des organismes HLM (ArHLM Paca&Corse), 17 % du parc locatif social régional, soit 47 000 logements, serait concerné.

Le risque de précarisation éner-gétique est très important quand on observe dans le même temps une nette augmenta-tion du nombre des ménages les plus modestes parmi les loca-taires de logements sociaux.

Ces ménages, dont les revenus sont égaux ou inférieurs à 23 819 €/an pour quatre personnes, ont progressé de 5,5 % entre 2000 et 2006 (source Credoc).

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À Orange (84), la résidence Four-chevieilles (Rue du Bellay Nou-veau logis provençal) réalise après réhabilitation thermique une performance énergétique

supérieure à la norme pourdes logements neufs. Cette opé-ration s’accompagne de progrès en qualité de vie urbaine, avec la requalification de tout un quartier.

À Saint-Étienne-de-Tinée (06), la réhabilitation du Col d’Auron, gérée par Côte d’Azur Habi-tat, aboutit à 80 % d’économie d’énergie et à la mise en place d’une chaufferie bois. Un accom-pagnement social des habitants est programmé dans certains im-meubles pour consolider, grâce à un travail sur les usages, le confort

et les baisses de charges visés par la réhabilitation thermique.

« Ce que les partenaires de cette démarche ont réussi à faire », conclut Philippe Oliviero, « c’est d’articuler une procédure d’ap-pels à projets exemplaires avec une politique de droit commun, contractualisée dans le cadre de l’aide à la pierre sur l’en-semble du patrimoine des bail-leurs sociaux, et mise en œuvre par le Conseil régional à travers le programme Région Habitat Énergie Amélioration (RHEA) ».

Une Opération d’intérêt national expérimente la ville durable en Méditerranée

Au nord de Marseille, Euromé-diterranée explore un modèle urbain économe en énergie avec l’appui des Investisse-ments d’avenir à travers le « Fonds Ville de demain ».

Engagée en 1995 par l’État, la Ville de Marseille, la Commu-nauté urbaine Marseille Provence Métropole, le Conseil régional provence-Alpes-côte d’Azur et le Conseil général des Bouches-du-Rhône, l’Opération d’inté-rêt national Euroméditerranée 1 avait pour ambition de stimuler l’attractivité et le rayonnement de la métropole marseillaise

entre l’Europe et la Méditerranée. En 2009, l’opération Euroméditer-ranée élargit son périmètre, avec une extension de 170 hectares entre Cap Pinède, les Arnavaux, le village du Canet et la nouvelle tour CMA-CGM. Ici prend place Eu-roméditerranée 2, labellisée Éco-cité par le ministère de l’Écologie.

L’Écocité marseillaise porte une ambition de planification ur-baine : créer un véritable mo-dèle de ville durable médi-terranéenne, aménagée sans étalement urbain, adaptée aux modes de vie et à la géographie. La question énergétique y oc-

cupe une place importante, dans une approche alliant modéli-sation climatique, valorisation des ressources locales et concep-tion urbaine bioclimatique.

Plusieurs projets sont soutenus par le fonds Ville de demain géré par la Caisse des dépôts et consi-gnations (CDC) dans le cadre des Investissements d’avenir.

Avec pour commencer une pre-mière nationale en R&D : la simulation de l’impact clima -tique de l’Écocité sur le phéno-mène d’îlots de chaleur urbain en contexte méditerranéen.

Repères :• 10,15 M€ d’aides Feder (mesures 3.1.1, maîtrise de la demande énergétique) mobilisées sur les appels à projets 2010, 2011, 2012. • 11,5 M€ d’aides attribuées via l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME.• 91 M€ d’investissements totalisés par les bailleurs sociaux.

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Réalisée par Météo France et le CNRS, soutenue par la Caisse des dépôts, les collectivités et Air Paca, cette étude a permis de vérifier comment les hypo-thèses d’aménagements d’Euro-méditerranée pouvaient réduire ces « microclimats » urbains qui font monter la tempéra-ture et les factures d’énergies (ventilateurs, climatisations…).

Les calculs ont validé l’effet régulateur de plusieurs éléments du projet : le parc urbain des Aygalades (trame verte de 14 ha à l’étude dans le périmètre de l’Écocité autour de la résur-gence d’un ruisseau marseil-lais), les jardins en cœur d’îlots, l’albedo* des matériaux, et une boucle à eau de mer également en phase d’études. En produisant du chaud et du froid distribués via un réseau collectif à l’échelle de la façade maritime Nord de Marseille, ce système innovant de thalassothermie contribue-rait à l’amélioration de l’efficacité énergétique et au développe-ment des énergies renouvelables.

Le principe de boucle à eau de mer est duplicable sur le pour-tour méditerranéen, comme

peuvent l’être les principes d’un habitat durable développés dans l’Écocité et testés au sein d’un îlot démonstrateur (58 000 m2 de logements, bureaux, hôtel et commerces) mis en chantier en 2014 sur le macro-lot Allar. La haute performance environ-nementale est visée : mobilité électrique, énergie positive (Be-pos), mutualisation des consom-mations et production d’éner-gie, architecture bioclimatique…

« Nous souhaitons un modèle de qualité de vie qui profite au maxi-mum des conditions naturelles : des cœurs d’îlots ouverts côté mer pour récupérer les brises rafraichissantes, une orienta-tion des bâtiments pour opti-miser la ventilation naturelle et tenir compte des phénomènes de vent, des logements traversants, des puits canadiens et proven-çaux pour rafraîchir les parties communes, etc. Tout cela doit conduire, dans l’usage, à limiter les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, et c’est un des enseigne-ments attendus de l’îlot démons-trateur », explique François Jali-not, directeur général de l’Epaem. * Indice de réfléchissement solaire.

Le saviez-vous ?

D’Euromed 1 à Euromed 2 :

Près de 20 ans et 3,5 Mds€ d’investis-sements plus tard, la majeure partie de la programmation est accomplie pour Euromed 1 , les dernières opé-rations du périmètre initial de 310 hectares sont lancées, et Marseille a changé de visage. Principe cardinal de cette première phase d’aména-gements pilotée par l’Établissement public d’aménagement Euroméditer-ranée (Epaem) : reconstruire la ville sur la ville dans l’équilibre entre équité sociale, croissance économique et res-pect de l’environnement.

Sur le nouveau territoire de pro-jets baptisé Euromediterranée 2, des aménagements sont annoncés selon un protocole financier établi en 2011 entre l’État et les collectivités. Pour cette phase, les investissements pu-blics pourraient atteindre 1 Md€, les investissements privés 3 Mds€, et l’Epaem annonce 20 000 emplois nou-veaux à venir, soit autant que ceux créés dans la dynamique d’Euromédi-terranée 1.

Les services de l’État (Préfecture, DREAL, DDTM…) et l’ADEME sont aux côtés de l’Epaem en apport de réflexion, outils, avis et accompagne-ment technique avec, par exemple, l’approche environnementale de l’ur-banisme.

Epaem Euroméditerranée © Euroméditerranée-François Leclercq-TER-Marciano-Sbriglio-Setec.

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L’Éco-Vallée plaine du Var, territoire démonstrateur de la transition énergétique

De la conception urbaine du-rable à la mise en œuvre des grands projets, l’État tra-vaille avec les collectivités locales pour un aménage-ment durable du territoire.

En 2009, le ministère de l’Éco-logie labellise 3000 ha de l’Éco-Vallée au titre de la démarche Écocité. Le Fonds Ville de de-main, géré par la Caisse des dépôts et Consignation dans le cadre des Investissements d’Avenir, contribue à hauteur de 93 M€ sous forme de subventions et de participations au finance-ment de 12 projets innovants.

Parmi ces derniers, une réflexion de fond est conduite sur l’électro-mobilité, avec la mise en œuvre par la métropole Nice Côte d’Azur du premier système d’autopartage 100 % électrique via le déploie-ment de 700 points de charge. Du côté des smart grids, ces réseaux électriques intelligents, leur potentiel est exploré avec deux démonstrateurs financés par les Investissements d’Ave-nir : « Nice Grid » cible les quartiers d’habitat de Carros, « Reflexe » les sites tertiaires et industriels de la Métropole niçoise et de Sophia-Antipolis.

Plus au sud démarrent les tra-vaux du quartier d’affaires Grand Arenas, autre opération emblé-

matique de l’Éco-Vallée ; EDF et GDF Suez mettent à l’étude dans le futur pôle d’échanges multimo-dal Nice-Aéroport deux îlots à très haute performance énergétique, alliant énergie positive, produc-tion solaire et géothermie, effa-cement de consommation lors de pics grâce à la mise en œuvre de stockages de froid et de chaleur.

Parmi les quatre opérations prio-ritaires de l’Éco-Vallée - plate-forme agro-alimentaire et hor-ticole de la Baronne Lingostière, éco-quartier de Saint-Martin-du-Var, technopole urbaine Nice-Me-ridia et Grand Arenas - ces deux dernières sont concernées par la

mise en œuvre d’un « monitoring urbain », nouvel outil de mesure et d’évaluation des données en-vironnementales pour optimi-ser la gestion durable de la ville.

Grand Arenas © Mateoarquitectura / EPA.

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Meridia © Devillers&Associés / By Encore / EPA.

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« Dans l’en-semble de notre périmètre, nous appliquons un cadre de réfé-rence pour la qualité environ-nementale de l’aménagement

et la construction, élaboré en collaboration avec la préfecture des Alpes-Maritimes, la DREAL, la DDTM06, l’ADEME, les collec-tivités locales et les filières pro-fessionnelles », explique Olivier Sassi, directeur du dévelop-pement et des projets à l’EPA. « Compatible avec les certifi-cations environnementales na-

tionales et internationales, ce cadre de référence fixe des ob-jectifs de performance sur huit thèmes, dont l’énergie : une charte d’adhésion incite à l’ex-cellence environnementale tous les maîtres d’ouvrages publics et privés ainsi que l’ensemble des maîtrises d’œuvre et des entreprises parties prenantes des projets de l’Éco-Vallée ». Selon l’EPA Éco-Vallée, pour construire cette ville de de-main, 1600 emplois pérennes seront créés. Et 25 000 nou-veaux emplois viendront in-vestir ses nouveaux espaces d’activités économiques où s’ac-complit la transition énergétique.

Meridia © Devillers&Associés / By Encore / EPA.

Le saviez-vous ?

Fin 2003, la Directive territoriale d’aménagement des Alpes-Mari-times, élaborée sous la responsabilité de l’État, identifiait la plaine du Var comme un secteur stratégique de dé-veloppement.

Après un temps de diagnostics et ré-flexions partenariales nourris notam-ment par le CETE Méditerranée et la DATAR, l’État et les collectivités défi-nissent les grandes orientations d’un projet appelé Éco-Vallée. Sur un périmètre de 10 000 hectares et 15 communes, une action répara-trice de l’environnement et un aména-gement durable du territoire sont les priorités pour impulser une forte dyna-mique économique et sociale dans la métropole.

En 2008, l’État confère au projet le sta-tut d’Opération d’intérêt national, et en confie le pilotage à un Établissement public d’aménagement créé la même année.

Olivier Sassi.

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Valorisation des potentiels de la petite hydro-électricité : l’exemple de la pico-centrale du Haut-Villard.

Pico, micro, mini… de moins de 20 kW à 10 MW, il existe 143 petites centrales hydroé-lectriques en Provence-Alpes-Côte d’Azur*. La puissance installée de ce parc atteint 420 MW*, soit 13 % de l’hydroélectricité régionale. Qu’ils soient collectivités, associations d’irrigants ou ex-ploitants de réseaux, les porteurs de projets d’ins-tallations y voient une opportunité de diversifica-tion d’activités et de recettes financières nouvelles.

En vue de concilier gestion des ressources en eau, développement de la petite hydroélectri-cité et minimisation des impacts sur les éco -systèmes et la santé humaine, les services ins-tructeurs et les instances consultatives de l’État participent à la délivrance des autorisations nécessaires (préfectures, DDT, Onema, ARS). Les financements au titre de l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME sont mobilisés pour les études de faisabilité, la réalisation des équipe-ments et l’animation de le filière en Provence-Alpes-Côte d’Azur, à travers la mission Pe-tite hydroélectricité et environnement (PhéE). Fruit d’une dynamique associant l’ADEME, l’One-ma, la DREAL, l’Agence de l’eau Rhône-Médi-terranée-Corse et le Conseil régional, PhéE est pilotée par le Geres et la Maison régionale de l’eau. Sa vocation : appuyer les porteurs de pro-jets et promouvoir les opérations exemplaires. Les centrales sur réseau d’adduction d’eau potable (AEP) et d’irrigation font l’objet d’une attention par-ticulière. Infrastructures préexistantes, aménage-ment réduit, débits conséquents et réguliers, impact environnemental faible ou nul… Les avantages de ces installations étaient soulignés dès 2005 par une étude du potentiel régional de développement de la petite hydroélectricité, commandée par l’ADEME et le Conseil régional. Une nouvelle étude ciblée sur les AEP et les canaux d’irrigation est en cours dans les Alpes-de-Haute-Provence, à l’initiative du Conseil général et avec la participation des services de l’État.

Mise en service en 2008, la pico-centrale du Haut-Villard à Allos est un modèle du genre. Avec une puissance de 51 kW, elle produit 356 MWh par an en turbinant les eaux du réseau AEP captées à la source des Chiens. Propriétaire de l’installation

gérée en régie, la commune a perçu annuellement jusqu’à 45 000 euros d’EDF. Une partie de cette recette est reversée au budget municipal, le reste vient amortir l’installation qui a coûté au total 275 000 euros, financés à hauteur de 37 700 euros par le Feder et 29 400 euros par l’Accord-cadre État-Conseil régional-ADEME. Une bonne moitié de cet investissement a bénéficié aux entreprises locales.

« En amont du projet, l’étude de préfaisabilité a été financé à 90 % par l’ADEME et le Conseil régional, l’étude de faisabilité à 80 % », précise Bernard Deleuil, chargé de mission à la mairie d’Allos. « Les énergies alternatives, ici, c’est une prise de conscience, mais on a aussi démontré que l’on peut faire aujourd’hui une production propre, non polluante et qui rapporte. Ce projet a impacté positivement les décisions des élus, par exemple sur la mise en œuvre d’un réseau de chaleur avec chaudière bois-énergie desservant six bâtiments publics ou sur la participation au Plan climat-énergie territorial (PCET) départemental ».

* Source mission PHéE

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Alpes de Haute-Provence / L’eau potable d’Allos, source d’énergie renouvelable

Centrale d’Allos.

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Hautes-Alpes / Le choix du bois et une volonté de faire

Le territoire de l’Embrunais (05) prend en main son avenir énergétique avec le soutien de l’État.

Pour construire le plus important équipement bois-énergie de la région, la Ville d’Embrun a procédé par étape. Premier acte en 2007 : une chauffe-rie bois et son réseau de chaleur desservent 3600 m2 de bâtiments communaux du quartier Delaroche (crèches, salles de loisirs, maison des associations, bureaux) ainsi qu’une maison de retraite. En 2010 et 2012, deux autres chaudières bois sont mises en service pour le réseau de chaleur du quartier de la Gare, reliant neuf bâtiments publics (3 écoles, lycée, collège, salle des fêtes, restaurant scolaire, centre des impôts…), 170 logements sociaux, trois copropriétés de 100 logements, des bureaux…

« Ces projets se sont construits sur notre souhait d’innover en montrant l’exemple », explique Marc Viossat, élu municipal en charge de l’espace rural et de l’environnement, également pré-sident de la Régie bois-énergie. « Mais il a fallu prendre le temps de la pédagogie : rassurer la po-

pulation sur les chaufferies bois automatisées, le potentiel d’exploitation des forêts, lever un à un les freins sur l’intégration urbaine, la filtration des fumées… ». La réussite des réseaux a permis au territoire d’activer le développement de toute une filière bois énergie locale, pour d’une part proté-ger et valoriser les espaces forestiers, d’autre part conforter les entreprises et les emplois : exploi-tants, producteurs, ingénierie, BTP, installateurs…

Après avoir élaboré avec l’ADEME, l’ONF et les pro-priétaires forestiers le premier plan d’approvisionne-ment territorial (PAT) en Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Communauté de communes de l’Embrunais a réa-lisé en 2010 une plate-forme de séchage, stockage et broyage de bois déchiqueté sur la zone d’activité de Pralong, dédiées aux activités du bois (6 entre-prises et 25 emplois en 2012). La plateforme sécu-rise le prix et le volume d’approvisionnement local des chaudières collectives. Son premier client (1500 tonnes par an) est la Régie bois-énergie d’Embrun, créée en 2010 par la commune pour développer les réseaux de chaleur et vendre l’énergie produite.

« Nous voulions une alternative : l’objectif est at-teint », conclut Marc Viossat. « Pour tous les rac-cordés, la facture de chauffage au bois en 2012 était inférieure au fioul de 19 % en moyenne. C’était – 12 % en 2011 ». De nouveaux pro-jets sont en cours. « Nous voulons étendre l’al-ternative bois-énergie, avec son confort et son prix modéré, à l’ensemble des logements so-ciaux et des équipements publics d’Embrun ».

Marc Viossat.

Chaufferie bois du quartier de la Gare Embrun © GUIBAUD/ADEME.

Repères :• Production de chaleur : 2750 5850MWh/an.• 3,7 emplois créés pour la plateforme bois et la régie. • 1600 tonnes de CO2 évitées chaque année. • 550 000 € investis pour le réseau du quartier Delaroche, financés à 49 % par l’Accord-Cadre État-Région-ADEME et le CG05. • 2,9 M€ investis pour le réseau du quartier de la Gare, financés à 54 % par le Fonds chaleur de l’ADEME, le Feder, le Conseil régional et le Conseil général des Hautes-Alpes.

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Alpes-Maritimes / Les smart grids : un moyen d’optimiser la production et la consommation d’électricité solaire

Bénéficiaire des Investissements d’Avenir, le projet Nice Grid à Carros (06) est le premier démonstrateur français de quartier solaire in-telligent.

Comment passer du système électrique actuel, caractérisé par une production centralisée et des lieux de consommations éloignés, à demain un système électrique intelligent dit smart grid ? ? L’expérimentation Nice Grid vise à tester une so-lution qui associe production massive d’énergies renouvelables, stockage d’électricité et maîtrise de la demande. En 2011, dans le cadre du pre-mier Appel à manifestation d’intérêt sur les réseaux électriques intelligents, 3,5 M€ au titre du pro-gramme Investissements d’Avenir ont été attribués à ce projet, d’un montant total de 30 M€. Autour d’ErDF, coordonateur de Nice Grid, un consortium de partenaire rassemble Saft, Alstom Grid, EDF, RTE, Watteco, Armines, Daikin et Netseenergy.

« Choisir Carros comme territoire test présente plu-sieurs avantages », précise Christophe Arnoult, res-ponsable Grands projets et réseaux du futur au sein d’ErDF : « un environnement très favorable à l’inno-vation, au voisinage de l’Éco-Vallée de la Plaine du Var ; un gisement important d’énergies renouve-lables, notamment solaire ; un ensemble représen-tatifs de clients, maisons individuelles, logements sociaux en petit résidentiel, PME et PMI… et puis Carros est une commune de l’Est-Paca, région sen-

sible à la bonne gestion de l’énergie parce que située à l’extrémité du réseau de transport électrique ».

Nice Grid expérimente notamment l’îlotage d’une zone de Carros, dotée de moyens de production solaire photovoltaïque et de technologies de stoc-kage électrique (batteries lithium-ion) suffisants pour pouvoir être isolée du réseau principal, et fonctionner en totale autonomie pendant plu-sieurs heures. Via les nouveaux compteurs élec-triques communicants Linky, installés chez 1500 clients résidentiels, professionnels et collectifs, un Network energy manager (NEM) permettra d’or-chestrer les prévisions de production solaire et de consommation électrique du lendemain, le pilotage à distance de certains usages (chauffe-eau, chauf-fage, climatisation…) ou d’équipements de stoc-kage (batteries). Ce dispositif devrait contribuer à une évolution des comportements énergétiques.

Les résultats de Nice Grid seront analysés sous tous les angles : technologique, l’expérience concen-trant de nombreuses innovations pour superviser et optimiser production, stockage et consommation ; social, le consommateur devenant consomm’ac-teur avec la possibilité de maîtriser et réduire sa facture d’électricité ; environnemental, les émis-sions de CO2 devant diminuer grâce aux énergies renouvelables ; économique, Nice Grid préfigu-rant les offres et les pratiques d’un marché à ve-nir, pour lequel une filière française se structure.

Showroom Nice Grid.

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Bouches-du-Rhône / Vents favorables pour l’éolien offshore flottant

Pour faire émerger la filière, du concept à la préfiguration industrielle, un large partena-riat réunit pôles de compétitivité, starts up, grandes entreprises, centres de recherche, collectivités territoriales et services de l’État.

« Quand on observe l’accueil lo-cal des projets éoliens en France, il faut bien reconnaître que le public les classe souvent dans l’es-pèce des PUMA : Projets Utiles… Mais Ailleurs. Pour atteindre les objectifs nationaux de produc-tion énergétique éolienne, il faut

innover ». Ce constat a conduit Charles Smadja et Frédéric Silvert, cofondateurs de la startup Nénuphar, à développer leur propre archi-tecture d’éolienne à axe vertical, optimiser la tech-nologie de pale, et breveter un concept de ferme éolienne flottante qui pourrait conquérir les mers du monde. Avantage de la solution : elle exploite mieux les vents marins, forts et réguliers, en éloignant la production des côtes et leurs conflits d’usages. L’éolienne flottante s’affranchit en effet de la limite actuelle des 35 m de profondeur, au-delà de laquelle les éoliennes sur fondation ne sont plus rentables. « En Méditerranée, la bathymétrie descend tellement vite que l’éolien flottant est le seul moyen de bien exploiter le gisement », précise Charles Smadja. Avec un centre de gravité plus bas et un tirant d’eau réduit, les éoliennes flottantes à axe vertical sont en outre moins exposées aux moments déstabilisateurs.

Le développement de cette technologie est réalisé par étape via des collaborations entre industriels et laboratoire de recherche, en concertation et avec l’appui de tous les acteurs du territoire dont les services de l’État et le Conseil régional Paca.

Le projet Vertifloat va permettre à Nénuphar et son partenaire des Arts&Métiers Paris Tech de construire dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-mer

(13) un prototype terrestre pleine échelle de 2 MW, soutenu par la Direction générale de la compétitivité et de l’industrie (DGCIS) via le cluster énergétique européen Eurogia+. Le prototype en mer de 2 MW sera quant à lui développé dans le cadre du projet Vertiwind, porté par Technip avec Nénuphar et diffé-rents partenaires industriels (EDF EN, Seal Enginee-ring, Bureau Veritas) ou académiques (Université du Sud Toulon Var, Arts et Métiers Paris Tech, IFP). Labellisé par les pôles de compétitivité Mer Médi-terranée et Capenergies, Vertiwind a été retenu par les programmes Investissements d’Avenir de l’ADEME pour 7 M€ d’aides (sur un budget total de 16,8 M€). « Ce projet nécessitant une procédure d’autorisations spéciales, le SGAR de la préfecture de région a animé la coordination des services de l’État (pour optimiser les délais d’instruction, avec des points trimestriels », précise Charles Smadja.

Charles Smadja

Eolien flottant : © EDF EN / Nenuphar / Technip

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Technip et Nénuphar restent en première ligne pour Inflow, troisième étape de concrétisation : la mise en place d’un site d’essai au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône, baptisé Mistral et configuré pour deux prototypes, a reçu l’appui de FP7, le fonds R&D de l’Union européenne. Enfin, EDF EN lancera ensuite Provence grand large, une ferme pilote pré-com-merciale de 13 éoliennes à axe vertical (capacité to-tale installée de 26 MW) financée à hauteur de 34,3 millions d’euros par le dispositif européen NER 300.

350 emplois devraient être mobilisés ou créés pour construire les éoliennes de Provence grand large, et 20 créations nettes seront nécessaires à l’exploita-tion de la ferme installée à 12 milles marins du ri-vage de Fos-sur-mer. C’est donc au voisinage d’ins-tallations pétrolières et gazières, qu’une nouvelle chaîne industrialo-portuaire de l’éolien entre en pré-figuration. « On estime à 5000 le potentiel d’emploi liés à la fabrication industrielle des parcs éoliens

offshore flottant, sans compter le travail fourni à la sous-traitance locale », explique Charles Smadja. « La zone de Fos, à la fois industrielle et venteuse, offre des conditions intéressantes pour la fabrica-tion des éoliennes et pour la production d’énergie ».

Eolien flottant : © EDF EN / Nenuphar / Technip

Var / Pôle Mer Méditerranée, moteur de compétitivité

Des énergies marines renouvelables aux bio-technologies « bleues », en passant par les navires et les ports du futur, les projets R&D labellisés par le pôle de compétitivité et sou-tenus par l’État explorent les possibilités de filières industrielles nouvelles.

Labellisé en 2005 avec son jumeau le Pôle Mer Bretagne, le Pôle de compétitivité à vocation mon-diale Mer Paca est né d’une initiative associant la DCNS à un noyau dur d’entreprises et de labora-toires : Thalès, ECA, CNIM, Ifremer, Principia et l’Université du Sud Toulon Var. Rebaptisé en juin 2013 Pôle Mer Méditerranée, il fédère aujourd’hui un réseau de plus de 350 acteurs économiques (dont 150 PME) et organismes de recherche/for-mation. Le contrat de performance 2013-2018 qui va lier le Pôle à l’État et aux collectivités territo-riales définit une ambition commune : dévelop-per durablement l’économie maritime et littorale. Sujet décliné par plus de 200 projets de R&D label-

lisés, l’énergie est un axe fort de la volonté affichée no-tamment par l’Etat de développer de l’économie mari-time et liottorale.

Une dizaine de pro-jets se concentre sur les énergies marines renouve-lables, avec une forte présence de l’éolien marin et de l’hydrolien. Le Fonds Unique In te rm in i s té r i e l (FUI) de soutien à la recherche appli-quée et les aides

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« Vertiwind » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon.

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des collectivités territoriales ont permis l’émer-gence de projets tels que : « Bilboquet » (produc-tion d’électricité par la force de la houle), « Blidar » (mesures offshore de rentabilité d’un parc éolien) et « Powermate » (système de connexion électrique sous marine, également soutenu par le Feder). De leur côté, les Investissements d’Avenir interviennent via l’ADEME pour « Vertiwind » (éolienne offshore flottante à axe vertical, et via l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour « France Énergie Marine », projet d’institut d’excellence en énergies décarbo-nées dédié aux énergies marines renouvelables.

D’autres projets, labellisés par le Pôle et également soutenus par le FUI, voient le jour dans la théma-tique des Navires du futur. « Déesse » préfigure par exemple une navette maritime hybride diesel/élec-tro-solaire pour des transports urbains plus écolo-giques. Retenu par les Investissements d’avenir, le projet « Windkeeper » met au point un navire démons-trateur, éco-conçu et économe en énergie, utilisable pour la maintenance des champs éoliens offshore.

Du côté des Ports du futur, autre thématique de R&D, le volet énergétique explore par exemple la question du branchement électrique des navires. Les biotechnologies « bleues » sont aussi un champ d’exploration de la transition énergétique. Cofinancé par l’ANR, le projet « Shamash » a testé une voie de production à haut rendement de micro-algues utili-sables dans la fabrication d’un nouveau biocarburant. À partir de « Shamash », d’autres recherches applicatives sont mises en œuvre avec le soutien de l’État (ANR, FUI), tels « Salinalgue » (culture

de micro-algues à grande échelle pour la produc-tion de bioénergies et bioproduits) et « Algomics » (études globales de la conversion et du stoc-kage de l’énergie solaire chez les micro-algues).

Le Pôle Mer a également labellisé deux outils dont le but est de dynamiser la recherche, l’innovation et lever les verrous d’une industrialisation des procé-dés utilisant les micro-algues : la plateforme « Hé-lioBiotec », pôle de compétence et d’innovation de dimension européenne, et « Greenstars », institut d’excellence en énergies décarbonées réunissant les acteurs français de la valorisation des micro-algues.

« À travers ces projets bien sou-vent portés par des PME locales, des perspectives de marchés se dessinent ou émergent », explique Patrick Baraona, directeur du Pôle Mer Méditerranée, « le Pôle et ses partenaires les accompagnent pour que notre région soit le point de fixation de ces filières écono-

miques et industrielles d’avenir. Nous sommes en interactions permanentes avec la Préfecture de région , la Préfecture du Var,la DIRECCTE, la DIRM Mé-diterranée, les DDTM, l’ADEME, les services des préfec-tures. Ils sont associés à nos réflexions stratégiques, et le Pôle apporte sa contribution dans les comités de filières comme il l’a fait lors du Grenelle de la mer. Être un des principaux leviers de la politique maritime intégrée est une priorité du Pôle Mer Méditerranée ».

« Windkeeper » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon.

« Salinalgue » Pôle mer : © CNIM-Compagnie maritime Chambon.

Patrick Baraona.

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Vaucluse / Les beaux fruits de la méthanisation à la ferme

Les premiers projets de méthanisation se concré-tisent en Paca.

La méthanisation est un procédé biologique qui per-met de valoriser les matières organiques pour pro-duire à la fois du biogaz, donc une énergie renouve-lable, et un digestat utilisable comme fertilisant. Les avantages environnementaux sont multiples : réduc-tion des émissions de gaz à effet de serre (dans le cas d’un stockage de lisiers), meilleure gestion des dé-chets organiques, production d’énergie décentralisée…

Pour promouvoir la filière, l’ADEME et le Conseil régio-nal ont organisé des journées techniques de sensibili-sation et de mobilisation des acteurs. Dans le secteur agricole, la méthanisation suscite l’intérêt. Une pre-mière unité est sur le point d’être mise en service par le Groupement agricole du Balcon de Gap (05). L’investis-sement est financé par le ministère de l’Agriculture et de la pêche dans le cadre du Plan de performance éner-gétique, ainsi que par l’ADEME et le Conseil régional.

À l’Isle-sur-la-Sorgue (84), les responsables de l’exploi-tation agricole des Vergers du Mourgon ont collaboré avec les services de l’État pour mettre au point le plus ambitieux projet de méthanisation à la ferme de la région.

À l’origine du projet, Laurent et Sylvain Tamisier, premiers producteurs français de pommes et de poires bio. « Nous cherchions une solution pour ne plus jeter les fruits non commercialisables, que nous appelons écarts », raconte Laurent. « On s’est rendu compte qu’avec notre exploitation, on atteignait déjà la ca-pacité suffisante pour un atelier de méthanisation. Nous avons contacté d’autres producteurs locaux qui se sont montrés intéressés par cette solution verte pour leurs propres écarts de fruits et légumes ».

L’unité projetée est dimensionnée en conséquence. Elle pourra méthaniser environ 10 000 tonnes de

matières organiques par an, pour obtenir par cogé-nération 2 158 MWh/an d’électricité et 2 213 MWh/an d’énergie thermique. « La chaleur produite ser-vira pour le chauffage et l’eau chaude de nos lo-gements saisonniers. Nous envisageons aussi la création d’une serre agricole tropicale pour pro-duire des fruits exotiques en Vaucluse dans une démarche circuit court », indique Laurent Tamisier. Un plan d’épandage a été élaboré avec la Chambre d’agriculture de Vaucluse pour mettre en œuvre les 1725 tonnes de digestat solide issus de la métha-nisation. L’eau extraite de ce digestat pourra être réutilisée pour l’irrigation. Les émissions évitées de gaz à effet de serre atteindront 795 tonnes/an.

L’ADEME a financé les études de faisabilité, la Dreal a instruit le dossier d’installation classée, la DDT de Vaucluse celui de la réhabilitation des loge-ments saisonniers. L’ADEME, le Conseil régional et le Feder ont apporté 987 k€ d’aides à la construction de l’unité, dont le coût total s’élève à 3 M€. Début des travaux fin 2013, pour une mise en service au premier semestre 2014. « L’amortissement sera at-teint en une dizaine d’années, et nous allons créer 2 à 3 emplois pour le pilotage et la maintenance ».

Laurent et Sylvain Tamisier.

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Glossaire

ADEME Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

ANR Agence nationale de la recherche.

ARS Agence régionale de santé.

CDC Caisse des dépôts et consignation.

CETE Centres d’études techniques de l’équipement.

CNRS Centre national de la recherche scientifique.

CRE Commission de régulation de l’énergie.

CREDOC Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.

DATAR Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale.

DCNS Société d’armement naval et d’énergie.

DDT/ DDTM Direction départementale des territoires (et de la mer).

DIRECCTE Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.

DIRM Direction interrégionale de la mer.

DRAAF Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt.

DREAL Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.

FEDER Fonds européen de développement régional.

FUI Fonds unique interministériel.

ONEMA Office national de l’eau et des milieux aquatiques.

ONF Office national des forêts.

SGAR Secrétariat général pour les affaires régionales.

SRCAE Schéma régional climat air énergie.