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Rapport agricole 2019 Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts DIAF Direktion der Institutionen und der Land- und Forstwirtschaft ILFD

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Rapport agricole

2019

Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts DIAF

Direktion der Institutionen und der Land- und Forstwirtschaft ILFD

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Table des matières —

1 Préface du Directeur de l’agriculture et des forêts 4

2 Introduction 5

3 Politique agricole fédérale 7

4 Politique agricole fribourgeoise 13

4.1 Etat de la situation et défis 13

4.2 Statistiques 18

4.3 Vision du Conseil d’Etat 22

4.4 Stratégie 24

4.5 Moyens annuels à disposition 26

5 Axes stratégiques 28

5.1 Production agricole et filières 29

5.1.1 Eclairage : Etudes FILAGRO 35

5.1.2 Eclairage : Agrotourisme* 35

5.2 Recherche, formation et conseil 37

5.2.1 Eclairage : ferme connectée 40

5.3 Exploitation familiale et évolution sociale 41

5.3.1 Eclairage : Rapport sur les risques psychosociaux

dans l’agriculture fribourgeoise 44

5.4 Sécurité alimentaire et santé animale 45

5.4.1 Eclairage : projet ReLait 48

5.5 Ressources naturelles 49

5.5.1 Eclairage : réseau écologique Düdingen, Schmitten et Tafers 56

5.6 Savoir-faire et outil de production 58

5.6.1 Eclairage : La coopérative de pompage de Portalban 61

5.7 Paiements directs 62

5.7.1 Eclairage : GELAN 66

6 Résumé 67

7 Annexes 69

7.1 Tableau récapitulatif des objectifs et mesures 69

7.2 Statistiques 76

7.3 Bibliographie 82

7.4 Lexique 83

Page 4: RZ RAQ 2019 contenu FR

4

1 Préface du Directeur de l’agriculture et des forêts —

Fribourg, terre au riche patrimoine naturel et bâti, terre de traditions et d’innova-

tion, garde une identité agricole forte malgré l’évolution sociétale et sa démographie

croissante. Le gouvernement fribourgeois s’étant fixé l’objectif ambitieux et réaliste de

devenir le leader suisse de l’agroalimentaire, il est essentiel de définir une stratégie

agricole claire, ambitieuse, tenant compte de nos forces et faiblesses ainsi que de notre

fort potentiel de développement. En parallèle, une véritable stratégie agroalimentaire et

un plan d’action sont en cours d’élaboration. La concentration annoncée d’Agroscope

sur le site de Grangeneuve constitue un premier succès important dans cette optique. À

terme, ce sont 650 personnes qui travailleront pour Agroscope sur le campus de

Grangeneuve, un signal fort pour nos agriculteurs, nos étudiants, nos entreprises et

artisans du domaine agroalimentaire.

Le Conseiller d’Etat Didier

Castella, Directeur des

institutions, de l’agriculture et

des forêts

1 Chiffres ONU et OFS 2017 :

tous les chiffres du présent

rapport, dont l’année n’est

pas précisée, sont basés sur

l’année 2017

2 OFAG, Rapport agricole

2018

3 Pour des questions de

lisibilité, nous renoncerons

parfois dans ce rapport à la

forme épicène

Dans une société en recherche de repères, en recherche d’identité et d’authenticité, il

me paraît important de rappeler ce qui devrait être une évidence, le but premier de

l’agriculture est de nourrir les 7,6 milliards d’êtres humains1 de notre planète, dont les 8,5 millions de Suisses. Notre agriculture se doit donc d’être productive et durable,

respectueuse de l’environnement, de la santé humaine et animale. La Suisse connaît un

taux d’auto-approvisionnement légèrement supérieure à 50 %2 , elle importe donc près

de la moitié de son alimentation et dépend fortement, pour se nourrir, de la produc-

tion étrangère. La tendance des consommateurs3 et du marché est claire, elle se dirige

pour des raisons de sécurité, de santé et d’écologie vers une production de qualité, sure,

traçable et locale.

Dans ce contexte exigeant, dans une société en forte évolution et parfois contradictoire,

l’agriculture fait face à de nombreux défis économiques, technologiques, environne-

mentaux et sociaux. On peut citer par exemple, la pression accrue sur les protections

douanières et en conséquence sur les prix des produits indigènes, l’agriculture 4.0, les

nombreuses initiatives populaires dans le domaine agricole ainsi que la révision de la

loi sur l’aménagement du territoire, – pour nommer les plus importants.

On parle aujourd’hui beaucoup du bien-être animal, et c’est une préoccupation légi-

time. Mais il ne faut pas oublier l’essentiel, le bien-être des producteurs eux-mêmes.

La durabilité que tout le monde appelle de ses vœux ne pourra être atteinte que si les

producteurs eux-mêmes peuvent durer ! Pour répondre aux défis actuels, les agricul-

teurs doivent pouvoir tirer de leur travail un revenu suffisant pour vivre, faire vivre leur

famille, assurer le bon fonctionnement et le développement de leurs exploitations. Si

ceux qui sont sur le terrain n’ont plus les moyens d’exercer leur métier, on ne pourra

jamais répondre aux attentes des consommateurs et de la société. C’est pourquoi je suis

convaincu qu’il faut soutenir une agriculture professionnelle, attractive, productive,

innovante, dans le respect de la santé et de l’environnement.

Page 5: RZ RAQ 2019 contenu FR

5

2 Introduction —

Le Rapport agricole quadriennal présente un état de situation de l’agriculture fribour-

geoise et précise les objectifs généraux de la politique agricole cantonale fixés par

le Conseil d’Etat. En particulier, il tient compte de la politique agricole fédérale

qui donne le cadre général et alloue des moyens financiers pour la promotion de l’agriculture, les paiements directs et les aides structurelles. La politique cantonale est

complémentaire et subsidiaire de la politique fédérale. La nouvelle présentation choisie

pour cette édition 2019 vise à renforcer sa lisibilité, y compris par ceux qui ne sont pas

des spécialistes du domaine, mais qui, comme consommateurs, ou tout simplement

comme Fribourgeois, sont attachés à cette agriculture, essentielle à l’identité et à l’éco-

nomie de notre canton.

La publication du Rapport agricole quadriennal en 2019, soit 5 ans après le rapport

2014, se justifie par le fait que l’actuelle PA 2018-2021 s’inscrit dans la continuité de la

précédente. En revanche, la prochaine Politique agricole fédérale « PA 22+ » pourrait

largement modifier le système. Les principaux éléments présentés par la Confédération

lors de la consultation de cette nouvelle politique ont pu être ainsi repris dans la partie « Politique agricole fédérale » du présent rapport.

Dans le cadre donné par la législation fédérale, le canton de Fribourg s’est doté de sa

propre loi sur l’agriculture qui définit les buts et les mesures de soutien et de dévelop-

pement durable de l’agriculture sur les plans économiques, écologiques et sociaux. En

outre, elle comprend les dispositions d’application de la législation fédérale sur l’agri-

culture et celles qui se rapportent au canton de Fribourg. Le plan financier 2017-2021

donne le cadre budgétaire cantonal pour les mesures prévues ces prochaines années.

Afin d’élaborer ce rapport, il a été tenu compte des remarques faites à la suite des publi-

cations précédentes afin de définir les axes stratégiques. Ces derniers ont été définis

en étroite collaboration avec la Commission de l’agriculture qui traite des questions

de portée générale concernant la politique agricole. Tenant compte des observations

formulées par les députés au Grand Conseil, le rapport a été épuré et la partie sta-

tistique a été simplifiée pour se concentrer sur un nombre d’indicateurs réduits. A

noter que le rapport introduit un thème sur la situation sociale des familles paysannes

dans le contexte actuel. La structure de ce rapport agricole, tournée vers l’avenir, a été

revue dans un but de pragmatisme et d’efficience, en intégrant la vision du canton de

Fribourg.

Page 6: RZ RAQ 2019 contenu FR

6

Le rapport est structuré de la manière suivante. Il présente tout d’abord un aperçu

sommaire de la politique agricole fédérale qui définit le contexte général. Il expose

brièvement les enjeux et une première appréciation du projet de la « Politique agricole

fédérale à partir de 2022 (PA 22+) » mis en consultation par le Conseil fédéral le 14

novembre 2018. Le chapitre suivant présente la politique agricole fribourgeoise avec un

état de la situation et des défis ainsi que la vision du Conseil d’Etat. Il présente les sept

axes de sa stratégie (Production agricole et filières, Recherche, formation et conseils,

Exploitation familiale et évolution sociale, Sécurité alimentaire et santé animale,

Ressources naturelles, Savoir-faire et outil de production et Paiements directs) et

leur lien aussi bien avec le programme gouvernemental que leur intégration dans les

politiques transversales. Suit un aperçu des moyens annuels à disposition sur la base

des comptes 2018 et du budget 2019. Le chapitre 4 présente pour chaque axe stratégique

le contexte et les défis de la thématique pour le canton, puis les objectifs de l’agriculture

et les mesures du Conseil d’Etat existantes et/ou à développer. Pour chaque axe straté-

gique, un éclairage sur des réalisations ou des programmes phares de la thématique est

mis en évidence.

Page 7: RZ RAQ 2019 contenu FR

7

3 Politique agricole fédérale —

Cadre général de la politique agricole fédérale

Pour la Confédération, la politique agricole est complexe. Elle représente de multiples

défis d’envergure :

› Garantir à tous les consommateurs un accès à des produits sains et sûrs, à un

prix accessible

› Défendre la sécurité alimentaire du pays (maintenir le taux d’approvisionnement

au niveau actuel)

› Défendre les intérêts du secteur agroalimentaire dans le cadre des négociations

internationales

› Respecter les accords internationaux (climat, abandon du protectionnisme,

greenbox*4)

› Intégrer les diverses politiques environnementales à la politique agricole « La plus-value du projet

PA 22+ est insuffisante.

L’USP déplore les nouveaux

chambardements dans le

système des paiements

directs et l’absence d’une

simplification administrative.

› Garantir un revenu et une couverture sociale à tous les membres de la famille paysanne

› Renforcer l’acceptation de la politique agricole auprès des citoyens Le manque de stabilité des

conditions cadres capte

inutilement des ressources

entrepreneuriales des

exploitations. »

Jacques Bourgeois,

directeur de l’Union suisse

des paysans USP à propos

du projet PA 22+

4 Les astérisques renvoient au

lexique en fin de rapport

La politique agricole fédérale prend parfois des virages que les exploitants mais aussi l’administration mettent

plusieurs années à mettre en œuvre. Après la PA 14-17 et ses nombreuses nouveautés, l’agriculture a besoin de

stabilité. La Confédération prévoit pourtant un nouveau train de mesures important pour 2022. (© Grangeneuve)

Page 8: RZ RAQ 2019 contenu FR

8

Outre les mesures prises à l’intérieur du pays, la politique agricole doit tenir compte

des échanges internationaux. Pour illustrer cette relation, le tableau suivant de l’Or-

ganisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montre l’évo-

lution de la valeur de la production agricole suisse en relation aux prix suisses et aux

prix à l’importation. A cela s’ajoute les contributions à l’agriculture découplées de la

production.

16’000

14’000

12’000

10’000

8’000

Valeur de production et soutien budgétaire

Valeur de production aux prix suisses

Valeur de production aux prix à l’importation

6’000

4’000

2’000

0

1986

1996

2006

2016

Evolution du soutien à l’agriculture selon l’OCDE5

5 OCDE

En 30 ans, le montant de la valeur de production additionnée du soutien budgétaire

a diminué de 2 milliards environ. En moyenne de tous les produits, les prix suisses

diminuent alors que les prix à l’importation augmentent. Il est intéressant de constater

que si l’évolution de la valeur de production diminue plus que l’augmentation du sou-

tien aux agriculteurs, la valeur de production suisse calculée aux prix à l’importation

augmente elle légèrement : l’écart entre les prix suisses et étrangers diminue mais reste

une menace pour la production agroalimentaire suisse dans l’éventualité d’une ouver-

ture des marchés.

Soutien budgétaire Ø 2015/17 : 3,4 mrd. fr.

Protection douanière Ø 2015/17 : 3,3 mrd. fr

Valeur de production aux prix à l’importation Ø 2015/17 : 5,3 mrd. fr.

millio

ns d

e f

ranc

s

Page 9: RZ RAQ 2019 contenu FR

9

Les grandes étapes de la politique fédérale6

1992 Découplage de la politique des prix

de celle des revenus par l’introduction

de paiements directs non liés à la

production.

1996 Nouvelle base constitutionnelle (art.

104 de la Constitution fédérale2 :

Cst.). En vertu de cet article, la

Confédération veille à ce que

l’agriculture, par une production

répondant à la fois aux exigences du

développement durable et à celle du

marché, contribue à la sécurité de

l’approvisionnement de la population,

à la conservation des ressources

naturelles, à l’entretien du paysage

rural et à l’occupation décentralisée

du territoire.

1999 Abolition des garanties étatiques

des prix et de l’écoulement des

produits, introduction des prestations

écologiques requises (PER) comme

condition au versement de paiements

directs.

2004 Suppression progressive des quotas

laitiers jusqu’en 2009 et introduction

de la mise en adjudication pour

la répartition des contingents

d’importation de viande donnant le

droit d’importer à un taux réduit

(PA 2007).

2007 Suppression des subventions à

l’exportation de produits agricoles

primaires, réallocation des moyens

financiers destinés à soutenir le

marché sous forme de paiements

directs, réduction du prélèvement

douanier sur les céréales panifiables

et les aliments pour animaux

(PA 2011).

2014 Meilleure adéquation des paiements

directs avec les objectifs de l’art. 104

Cst., consolidation des instruments

de mise en œuvre de la stratégie

qualité (PA 2014-2017).

6 Source: dossier de consultation PA 22+

7 Tous les chiffres cités dans ce rapport, sans autre

source citée, proviennent de la Confédération (des

Offices fédéraux de la statistique (OFS) et de l’agriculture

(OFAG)) et du canton (Service de l’agriculture, Service de

la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires et du

Service de la statistique)

Le soutien au marché La Confédération a réduit progressivement son soutien aux

marchés. Le système des paiements directs a été introduit en

1993. Il devait permettre de sortir progressivement de l’écono-

mie planifiée d’alors. A l’échelon constitutionnel, le 9 juin 1996,

le peuple suisse a accepté l’article 104 de la Constitution et le 24

septembre 2017, la votation sur la sécurité alimentaire a permis

d’ajouter l’article 104a. La Loi sur l’agriculture est entrée en

vigueur le 1er janvier 1999, elle a été révisée en 2013 (entrée en

vigueur le 1er janvier 2014 de la PA14-17). Le tableau suivant en

résume les grandes étapes. La Loi chocolatière a été supprimée

avec effet au 1er janvier 2019, les moyens fédéraux seront alloués

(lait, céréales) aux producteurs par d’autres canaux.

La politique agricole 18-21 (PA18-21) La PA 18-21 s’inscrit dans la continuité de la PA 14-17 qui est en

vigueur depuis 5 ans. L’enveloppe financière pour les 4 années de

2018 à 2021 est de 13,560 milliards (-270 millions par rapport à 2014-2017).

La politique agricole après 2022 (PA22+) La prochaine étape, PA22+, devrait apporter des modifications

importantes. Ce projet, mis en consultation fin 2018, prévoit

en effet une modification de la Loi sur l’agriculture, de la Loi

sur le droit foncier rural et de la Loi sur le bail à ferme agricole.

Pour la Confédération, la PA 22+ doit permettre d’adapter

les conditions générales de la politique agricole aux plans du marché, de l’exploitation et de l’environnement afin que l’agri- culture et le secteur agroalimentaire suisses puissent tirer parti

des possibilités qui s’offrent à eux de manière plus autonome et

entrepreneuriale. Le montant de l’enveloppe financière agricole sera fixé pour la période comprise entre 2022 et 2025 de manière

à correspondre aux dépenses prévues entre 2018 et 2021, soit une enveloppe de 13,915 milliards de francs7. Il est également à

souligner que la protection à la frontière du marché agroalimen- taire n’est pas abordée dans la PA22+.

La Confédération a construit cette nouvelle politique agricole sur

ce qu’elle appelle le triangle des perspectives. Il est représenté

dans le schéma ci-dessous. Pour garantir la prospérité de l’agri-

culture suisse, la Confédération veut travailler sur les trois axes

« marchés », « développement des exploitations » et « ressources

naturelles ».

Page 10: RZ RAQ 2019 contenu FR

10

Première appréciation de la PA 22+

Utiliser et protéger

les ressources

naturelles

Succès sur les marchés

en Suisse et à l’étranger

Utilisateur et protecteur des ressources de

production

Développement

économique

des exploitations

Point positif du projet, le maintien de l’enveloppe finan-

cière globale pour les années 2022 à 2025 au niveau

actuel. Une certaine stabilité est bienvenue pour per-

mettre aux exploitants agricoles de planifier sur la durée

d’importants investissements, après l’importante adapta-

tion consécutive à la politique agricole 2014. La volonté

de régionalisation des mesures est en théorie attrayante, la

mise en pratique pourtant difficile, à l’image des mesures

de qualité du paysage de la PA 14-17. La mise en œuvre

de tels projets coûte cher aux cantons et aux agriculteurs

(fédéralisme, base de données différentes, bureaux d’ex-

perts) et leur plus-value est limitée.

Triangle des perspectives8 : représentation schématique élaborée par

l’administration fédérale dans le cadre de mise en consultation de la

PA22+

8 Dossier de consultation PA 22+

Le système actuel des paiements directs est extrêmement

complexe et représente un risque élevé d’erreurs admi-

nistratives pour les agriculteurs, comme pour l’adminis-

tration. Au stade de la consultation, les simplifications

promises depuis des années par la Confédération ne se

concrétisent pas dans la PA 22+. Au contraire, l’introduc-

tion de nouvelles mesures demanderont, pour les agricul-

teurs, des efforts d’adaptation. La charge administrative

et financière pour les cantons continue aussi d’augmenter.

Des efforts supplémentaires sont à prévoir, notamment

pour l’introduction de variantes spécifiques à chaque

exploitation en faveur de la biodiversité, ou pour de nou-

velles contributions en matière de santé animale difficiles

à mettre en œuvre avec les instruments proposés.

Le remplacement des contributions « qualité du paysage »

et la « mise en réseau » par des contributions pour une

« agriculture adaptée aux conditions locales » demanderait

un effort de conversion très important. Par ailleurs, l’aug-

mentation attendue du cofinancement cantonal de ces

mesures à 30 % (contre 10 % actuellement) représenterait

un surcoût très important pour les cantons (de l’ordre de

4 millions de francs pour le canton de Fribourg). Il y a par

ailleurs un risque de voir se développer une agriculture à

deux vitesses : celle des cantons à forte capacité financière

qui pourront profiter de l’ensemble des financements

fédéraux, et celle des cantons financièrement plus faibles,

qui verront leur secteur agricole prétérité.

Les prestations en faveur de la production indigène pour

l’octroi des contingents d’importation permettent de

garder un lien fort entre les importateurs et la production

suisse. D’autre part, les mesures d’allègement du mar- ché sont adaptées à la saisonnalité et aux spécificités de

Créer

des perspectives

pour un secteur

agroalimentaire

prospère

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11

notre pays. Il serait très dommageable de se priver de tels instruments ayant fait leurs

preuves, en particulier dans les régions à fort cheptel comme le canton de Fribourg.

Enfin, il manque dans le projet PA 22+ des propositions concrètes en matière de ges-

tion des risques, notamment face aux défis du changement climatique et des prix fluc-

tuants suite à d’éventuelles ouvertures des marchés. Par ailleurs, les nouveaux objectifs

dans le domaine de l’environnement sont modestes, en particulier en ce qui concerne

l’atténuation des émissions de gaz à effets de serre.

Différences de revenu dans l’agriculture suisse9

Les différences de revenu dans l’agriculture suisse sont considérables. Une analyse des

comptabilités agricoles effectuée par Agroscope a identifié quatre causes : la formation,

la taille de l’entreprise, l’orientation de l’exploitation et la gestion de l’exploitation. La

région joue également un rôle significatif : le revenu se réduit à mesure que l’altitude

augmente.

Les principaux facteurs qui influent sur le revenu du travail par unité de main d’œuvre

familiale sont :

› Taille de l’exploitation : la taille de l’exploitation représente un facteur

d’influence agroéconomique fondamental. Une dimension plus importante a

une influence positive sur le revenu du travail. Si un producteur de lait agrandit

son troupeau, la masse de travail et donc les charges d’exploitation augmentent

de manière proportionnellement moins importante en raison des effets d’échelle.

Les petites exploitations peuvent aussi bénéficier des effets d’échelle et de

rationalisation en collaborant avec d’autres exploitations.

› Orientation de la production : les exploitations de production végétale, grandes

cultures ou cultures spéciales telles que légumes, fruits et vigne enregistrent

des revenus plus élevés. Il en va de même pour l’engraissement de porcs et

de volaille. Par contre, l’orientation vers la production laitière ou les vaches

allaitantes génère souvent un revenu plus bas par main-d’œuvre familiale.

› Formation : le revenu augmente avec le niveau de formation du chef

d’exploitation et de son/sa partenaire. Cela ne concerne pas seulement la

formation agricole, mais aussi la formation hors de l’agriculture.

9 Données extraites du Rapport

› Gestion de l’exploitation : les exploitations qui ont un revenu du travail plus

élevé génèrent systématiquement plus de revenu par hectare et par unité de

gros bétail et présentent des coûts plus bas. Elles parviennent ainsi à générer

plus d’extrants avec moins d’intrants. Par exemple, les coûts des machines

dans la branche de production du blé présente des coûts moins élevés de 525

francs par hectare pour le quart ayant les revenus du travail les plus élevés que

pour le quart ayant les revenus les plus bas. Les choix et les décisions du chef

d’exploitation ont une influence importante sur le niveau du revenu. de consultation PA 22 +

Page 12: RZ RAQ 2019 contenu FR

12

En chiffres

(année de référence 2017)

Le territoire cantonal a une superficie de

167’000 ha dont :

Le canton comprend 75’516 ha de surface

agricole utile (SAU), dont :

12’000 ha de surface constructible et dédiée

au transport

67 % de prairies et pâturages

15’000 ha de surface improductive (lac,

montagne)

35’000 ha de terres assolées (labourées et

prairies temporaires)

45’000 ha de forêt 22’000 ha de terres ouvertes (essentiellement

céréales, pomme de terre, betterave sucrière,

colza)

95’000 ha de surface agricole, dont 20’000

ha de pâturage d’estivage

Les 2’464 exploitations fribourgeoises sont

en moyenne 30 % plus grande que les

exploitations suisses. 33 % d’entre elles ont

disparu depuis 2’000.

6 % du PIB vient de l’agriculture et de la

transformation agroalimentaire

Sources : Etat de Fribourg, GELAN

Page 13: RZ RAQ 2019 contenu FR

13

4 Politique agricole fribourgeoise —

4.1 Etat de la situation et défis

— Le canton de Fribourg a un fort ancrage agricole. Même s’il a connu ces 50 dernières

années un important développement économique et démographique, 60 % de son

territoire est consacré à l’agriculture. Les prairies et les pâturages principalement

destinés à la production laitière couvrent près de deux tiers de la surface agricole. Les

districts de la Broye et du Lac sont plus tournés vers les grandes cultures et les cultures

maraichères.

« Le canton de Fribourg

défend une agriculture

professionnelle, productive,

durable, respectueuse de

l’environnement et de la santé

animale »

Conseil d’Etat,

extrait de la prise de

position du CE sur PA 22+

(©Etat de Fribourg, photo

Jessica Genoud)

L’agriculture fribourgeoise est réputée en Suisse et dans le monde pour ses fameux

fromages que sont le Gruyère AOP et le Vacherin fribourgeois AOP, ses produits du

terroir, mais aussi dans des marchés spécifiques, comme les poudres de lait spéciali-

sées. Elle est aussi reconnue pour son élevage bovin de haut niveau. Elle est également

à la pointe dans les secteurs volaille, légumes (en partie bio) et pommes de terre, à

forte valeur ajoutée. L’économie alpestre bien qu’astreignante reste rémunératrice et

patrimoniale dans le canton. Le principal atout de l’agriculture fribourgeoise est de

pouvoir compter sur des agriculteurs motivés et bien formés. Si l’évolution technique

et technologique a permis de réduire la pénibilité physique du travail agricole, d’autres

problématiques, notamment d’ordre social, sont apparues.

L’agriculture fribourgeoise est très productive. Les grandes cultures bénéficient des sols les plus productifs du pays.

Quant à la production animale, notamment la production bovine qui met en valeur les herbages, elle offre une forte

valeur ajoutée. Elle produit 10 % du lait suisse. (©Tony Lehmann / IAG)

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14

L’agriculture fribourgeoise est dynamique et diversifiée. Elle n’a cessé

de s’adapter et d’évoluer afin de rester compétitive, tout en intégrant les

exigences plus élevées en matière d’environnement et de protection ani-

male. Le canton a répondu à l’évolution des besoins des consommateurs

en matière de sécurité alimentaire au travers de la formation de tous

les acteurs de l’agroalimentaire et de la mise en place du concept « de la

fourche à la fourchette » (voir encadré).

De la fourche à la fourchette

Cette expression illustre la chaine

alimentaire de la production à la

consommation, avec tous les métiers

qui accompagnent le produit et

sa transformation à tous les éche-

lons : du producteur au vendeur,

en passant par le transformateur et

l’inspecteur, sans oublier les pro-

ducteurs de fourrage ou de produits

phytosanitaires et vétérinaires.

Cette chaîne alimentaire joue un

rôle économique important pour la

Suisse. En 2008, quelque 100’000

établissements comptant un total de

531’500 emplois étaient actifs dans

cette la branche. Une personne active

sur huit a directement à faire avec

des denrées alimentaires dans son

activité professionnelle (OFS).

Fribourg a l’avantage de pouvoir compter sur de grandes industries

agroalimentaires réputées qui bénéficient d’un approvisionnement en

matières premières indigènes de qualité, non seulement de provenance

fribourgeoise, mais aussi des régions voisines. 20 % des produits agri-

coles du pays sont transformés dans le canton.

Comme l’agriculture suisse, l’agriculture fribourgeoise est en constate

restructuration avec une concentration et une spécialisation des exploi-

tations. Le nombre d’exploitations baisse constamment, un quart d’entre

elles ont disparu entre 2000 et 2017. La production laitière a vécu une

forte concentration : 46 % des producteurs de lait ont abandonné la

production laitière depuis l’an 2000 sans que les volumes de produc-

tion ne diminuent (320 millions de litres annuels). La volaille échappe

toutefois à la tendance générale. En effet le nombre de détenteurs de

volailles est resté stable, tandis que la production a augmenté de 80 %.

La spécialisation nécessite de plus grandes infrastructures et conduit à

une standardisation des modes de production et une certaine uniformi-

sation des produits (calibrage). Parallèlement à cette tendance générale,

certains exploitants sont à la recherche d’alternatives, de production de

niche (ex. : Batati Prix à l’innovation 2018) ou de nouveaux modes de

production. D’autres exploitations continuent à miser sur la mixité des

productions afin de répartir les risques ou explorent de nouvelles pistes

(nouvelles cultures, vente directe, vente d’énergie, etc…). Cette diversité

de modèles est positive dans la mesure où elle offre des perspectives à

un vaste panel d’exploitations. Le défi pour Fribourg est d’accompagner

cette évolution en élargissant son cadre réglementaire et son action.

Page 15: RZ RAQ 2019 contenu FR

15

L’agriculture fribourgeoise doit répondre aux défis du développement durable :

› Économie : Au-delà de l’importante restructuration qu’elle a déjà menée,

l’agriculture vit avec une incertitude économique due en bonne partie à

l’ouverture des marchés. La baisse des prix de ces dernières années pourrait

se poursuivre. Sans un accompagnement étatique, les conséquences,

notamment pour les exploitants qui produisent des « produits de base » pour

la transformation (lait, céréales, oléagineux, betteraves sucrières, …), seraient

dramatiques.

› Environnement : Les changements climatiques provoquent des épisodes

météorologiques de plus en plus extrêmes, -inondation, sécheresse, tempête-,

qui ont des incidences sur l’agriculture. L’agriculture fribourgeoise a pris

conscience des impacts sur l’environnement et a déjà commencé à s’adapter

à cette nouvelle donne (méthodes culturales, irrigation, systèmes de

détention), des efforts sont cependant encore nécessaires. Les préoccupations

environnementales des citoyens se traduisent par des choix de consommation,

mais aussi des initiatives populaires qui demandent des modifications légales

importantes pour l’agriculture.

› Social : Les pressions économiques et environnementales, liées aux évolutions

sociétales (cloisonnement de la société, clivage ville-campagne, modèle familial,

tertiarisation du travail) augmentent les risques psychosociaux auxquels les

agriculteurs sont soumis.

Page 16: RZ RAQ 2019 contenu FR

16

Situation financière des exploitations fribourgeoises

Le cash-flow* avant intérêts et privés10 représente les liquidités disponibles pour couvrir

les dépenses privées, les opérations de financement (remboursement et intérêts des

dettes de l’exploitation) ainsi que les opérations d’investissements (ex : renouvellement

usuel du parc machines). L’endettement des exploitations agricoles, parfois perçu

comme problématique, n’est pas un indicateur pertinent s’il est considéré de manière

isolée des autres paramètres de l’exploitation. Le tableau ci-dessous représente la

médiane du cash-flow selon 3 quartiles (le quartile 1 signifie que 25 % des exploitations

a un résultat inférieur, la médiane signifie que la moitié des exploitations se situe en

dessous et l’autre moitié en dessus, le quartile 3 signifie que 25 % des exploitations ont

un résultat supérieur). La médiane est utilisée pour minimiser l’impact de la variabilité

des résultats.

Cash-flow monétaire avant

intérêts et privés (CHF)

Cash-flow monétaire

avant intérêts et privés par

hectare

(CHF/ha) 10 Le cash-flow est un

indicateur qui met en

évidence la capacité

fi ancière d’une exploitation.

Il s’agit d’un « solde

comptable », en l’occurrence

Médiane 82’026 3117

Quartile 1 (25 % inférieur) 49’820 2027

Quartile 2 (médiane) 82’026 3117 avant intérêts et dépenses

privées

11 Résultats des comptabilités

agricoles 2017 de 399

exploitations fribourgeoises,

toutes régions confondues :

Résultats monétaires,

Centre de conseils agricoles,

Grangeneuve.

Quartile 3 (25 % supérieur) 132’077 4320

Ecart-type 70’826 2930

Cash-fl w par quartile des exploitations fribourgeoises11. Le cash-flow avant intérêts et privé est le solde de toutes

les recettes et dépenses courantes de l’exploitation. Il se différencie du revenu pour lequel des produits et des

charges non-monétaires sont pris en compte (modifications d’inventaire ou amortissements par exemple). Le

cash-flow est l’indice/ratio idéal pour évaluer la capacité financière d’une entreprise. Il montre si les propres moyens

suffisent pour assurer, à long terme, l’existence de l’entreprise.

Page 17: RZ RAQ 2019 contenu FR

17

Le cash-flow est un bon indicateur. Pour juger la performance d’une exploitation il sera

nécessaire de le mettre en relation avec d’autres éléments tels que la taille, l’intensivité

ou les besoins en travail. Une exploitation qui dégage un cash-flow de 80’000 francs

(médiane, quartile 2) peut en principe assurer ses intérêts et sa consommation pri-

vée. Elle devra par contre gérer avec précaution ses investissements usuels. En outre,

la recherche de revenus accessoires apparaît comme important pour permettre un

développement de l’entreprise. De manière générale les exploitations se situant dans

le quartile 1 ne peuvent vivre entièrement de l’agriculture. Pour les exploitants qui ne

peuvent exercer une activité annexe, la seule solution consiste à réduire leur consom-

mation privée.

Les résultats obtenus par les comptabilités se basent sur une majorité d’exploitations

situées dans les zones de plaine et de collines (la SAU comporte 72 % de plaine et de

collines). L’écart-type assez élevé montre une grande diversité des exploitations en

matière de moyens dégagés par l’activité agricole.

Page 18: RZ RAQ 2019 contenu FR

18

4.2 Statistiques

Comparaison intercantonale12

Le canton de Fribourg dispose, en proportion, de secteurs primaire et secondaire

largement supérieurs à la moyenne suisse et à ceux des cantons voisins. Cela tient entre

autre à la relative faiblesse de son secteur tertiaire, mais aussi à la part importante de

sa population qui travaille à l’extérieur du canton. Le rapport entre le nombre de places

de travail et le nombre d’habitants est plus bas que chez ses voisins (FR : 0.47, VD : 0.54,

BE : 0.61, CH : 0.59), de même que PIB par habitant. Le canton peut compter sur un

secteur secondaire dynamique et où le secteur agroalimentaire joue un rôle important.

L’agriculture fribourgeoise se démarque par une très forte production animale, notam-

ment bovine. Cet écart est particulièrement frappant avec le canton de Vaud, où la pro-

duction végétale domine. Cela est aussi dû à une surface agricole propice aux herbages,

à la possibilité de mettre en valeur les produits dans des filières à forte plus-value, à la

présence d’importantes entreprises de transformation, mais aussi au haut niveau de

l’élevage bovin (cf. renommée nationale voire internationale de la génétique fribour-

geoise), ainsi que certainement le poids des traditions fribourgeoises liées à l’élevage

(Bénichon, désalpe, etc.).

12 Source OFS. Sauf pour

les UGB : Union Suisse des

paysans

La rentabilité agricole est assez uniforme entre les cantons. Les statistiques nationales

ne permettent pas véritablement de la différencier. La réalité des différents marchés

génère toutefois des écarts de prix assez importants.

Page 19: RZ RAQ 2019 contenu FR

19

2017 Fribourg Vaud Berne Suisse Part FR/CH %

Nb exploitations

(à titre principal)

2’840 (80 %) 3’628 (80 %) 10’561 (74 %) 51’620 (71 %) 5.5

SAU en hectare 75’516 108’350 192’259 1’046’109 7.2

UGB totaux 106’182 83’735 246’678 1’310’975 8.1

UGB bovins 80’709 65’998 191’803 957’813 8.4

Emplois (à plein temps) 8’470 (57 %) 12’653 (52 %) 31’616 (42 %) 153’864 5.5

Paiements directs

fédéraux, milliers

187’408 258’207 525’463 2’789’165 6.7

Valeur de la production

agricole, milliers

739’159 1’161’203 1’677’634 10’310’904 7.2

Dont production végétale 205’741 758’107 530’077 4’126’157 5.0

Dont production animale 465’265 303’110 932’280 5’026’687 9.3

Population 315’074 793’129 1’031’126 8’484’130 3.7

Emplois (2016)

- primaire

- secondaire

- tertiaire

150’458

8’945

(5.9 %)

37’001

(24.6 %)

104’512

(69.5 %)

438’633

13’489

(3.1 %)

71’828

(16.4 %)

353’316

(80.5 %)

633’597

33’991

(5.4 %)

129’002

(20.4 %)

470’604

(74.3 %)

5’116’165

167’443

(3.3 %)

1’069’027

(20.9 %)

3’879’695

(75.8 %)

2.9

5.3

3.4

2.7

Emplois dans la fi ière

agroalimentaire

29’613

(19.5 %)

76’173

(17.4 %)

108’499

(17.1 %)

720’626

(14.1 %)

5.4

PIB (2016) millions 18’393 56’277 77’886 660’393 2.7

PIB par habitant 59’391 72’232 76’210 78’869

Sources : OFS (relevé des structures agricoles, comptes régionaux de l’agriculture,...), sauf UGB : USP

Page 20: RZ RAQ 2019 contenu FR

20

L’agriculture fribourgeoise en 2017

Les exploitations Les personnes La formation L’économie (en mio. de fr.)

2840 exploitations 2’811 chefs d’exploitation 66 % CFC Valeur de la production

agricole fribourgeoise

739

598 estivages 901 cheffes d’exploitation 10 % maîtres agriculteurs PIB de l’agriculture

fribourgeoise

276

180 exploitations bio 1916 expl. avec employés 4 % agronomes Autres subventions sur la

production

197

195 ventes directes 219 expl. avec apprentis 20 % autres Revenu net de l’agriculture

fribourgeoise

240

Prêts publics 200

Prêts privés* 700

Prix licite* de toutes les

exploitations

4’000

* estimations

Auto-approvisionnement suisse 2016 % %

Denrées alimentaires végétales 37 Denrées alimentaires animale 100

céréales 47 viande 86

pommes de terre 68 œufs 54

sucres 62 poisson 2

légumes 50 lait et produits laitiers 116

fruits 27 conserves de lait 157

graisses végétales 21 graisses animales 110

Sources : USP, GELAN (année de référence 2017, sauf auto-approvisionnement)

Page 21: RZ RAQ 2019 contenu FR

21

Ressources naturelles Production animale Production végétale

9 projets nitrates agricoles 108’732 UGB 75’516 ha de SAU

180 exploitations participants au projet

ReLait

55’872 vaches 35’800 ha de quota SDA

35’351 ha purinés avec pendillards 74’340 autres bovins 23’000 ha de terres ouvertes

5’632 de cultures sans labours 79’684 porcs 11’951 ha de céréales

8’766 ha de surfaces de promotion de

la biodiversité

2’145’700 volailles 3’674 ha de maïs ensilage

81'503 arbres fruitiers sur la SAU 20’996 chèvres et moutons 5’441 ha de cultures sarclées

7’004 chevaux

La valeur de la production agricole fribourgeoise (en miliers de fr.) 739’159

bovins 327’640 grandes cultures 74’607

production laitière 207’335

production de viande 120’304

porcs 48’419 cultures fourragères 73’233

volaille 85’868 cultures maraîchères 46’802

autres 3’338 autres (viti + arbo) 11’099

Production animale 465’264 Production végétale 205’740

Services agricoles 45’133

Autres (activités

secondaires liées)

23’021

Sources : Gelan, OFS (année de référence 2017)

Page 22: RZ RAQ 2019 contenu FR

22

4.3 Vision du Conseil d’Etat

La Vision

Le Conseil d’Etat a inscrit cette volonté dans son Programme gouvernemental pour

la législature aux côtés de trois autres priorités qui concernent l’agriculture mais

elle s’inscrit bien sûr dans une perspective à plus long terme : stimuler la

compétitivité et l’innovation (y compris Agriculture 4.0), promouvoir et pré-

server la santé et protéger les ressources naturelles. En voulant faire du canton

le leader de l’agroalimentaire en Suisse, le gouvernement affirme son ambition en

faveur d’une agriculture professionnelle, productive, innovante, durable, respec-

tueuse de l’environnement et de la santé animale. Cette ambition s’étend également

à l’ensemble des filières de transformation, du producteur au consommateur.

L’agroalimentaire fribourgeois

L’agroalimentaire comprend aussi bien la production agricole que sa transformation.

La production agricole fait partie du secteur primaire de l’économie et représente

quelques 6 % des places de travail du canton. L’agriculture fribourgeoise produit 5 % de

la production végétale et 10 % de la production animale du pays.

La transformation des produits agricoles de base en produits prêts à la vente fait partie

du secteur secondaire. Elle comprend l’abattage des animaux et la préparation de la

viande, la meunerie et la boulangerie, la laiterie et la fromagerie, de nombreuses autres

fabrications d’aliments et de boissons, ainsi que le stockage et la distribution de ces

produits transformés. Ce secteur transforme non seulement les produits fribourgeois,

mais aussi en provenance du reste du pays : 10 à 20 % des denrées alimentaires suisses

passent par Fribourg (selon les branches). Le canton produit 3 fois plus de denrées que

sa population n’en consomme. Ce secteur représente quelque 4 % des places de travail.

L’agriculture fribourgeoise est professionnelle, productive, durable, respectueuse de l’environnement et de la santé animale. Le canton de Fribourg est le leader de

l’agroalimentaire en Suisse.

Page 23: RZ RAQ 2019 contenu FR

23

Consommatrices et consommateurs

8,3 millions de personnes

Restaurants, tea-rooms, bars, cantines et traiteurs

Etablissements : 26’400 Emplois : 171’300

Commerce de détail de produits alimentaires

Etablissements : 11’100 Emplois : 94’900

Agriculture

Etablissements : Emplois : Surface utile :

52’800 152’100

10’500 km2

Pêche et pisciculture

Etablissements : Emplois :

200 500

Importations

Produits alimentaires : 10’400 mio Fr.

Exportations

Produits alimentaires : 8’300 mio Fr.

Commerce de gros de produits alimentaires

Etablissements : 3’400 Emplois : 34’100

Industrie alimentaire

Etablissements : Emplois :

4’800 86’500

li nta

L’agriculture et la transformation des produits regroupent quelque 14’000 places de

travail, soit environ 10’000 EPT.

Dans la perspective de devenir leader de l’agroalimentaire, d’autres activités du secteur

tertiaire peuvent être associées à ce secteur, notamment le commerce et la restaura-

tion. Le contrôle, la traçabilité et les tâches administratives qui y sont liées font partie

intégrante de ce secteur agroalimentaire, tout comme les efforts en matière de for-

mation et surtout de formation continue des professionnels de la branche, mais aussi

la recherche et le développement des techniques et technologies, qui jouent un rôle

central. La mise sur le marché et la vente de produits vétérinaires ou phytosanitaires est

également une activité liée à ce secteur sans être directement quantifiable en termes

d’emplois ou de part du PIB.

Dans cette vision large, l’agroalimentaire fribourgeois représente 20 % des emplois

dans le canton.

La filière agroalimentaire en Suisse, en 2015

Flux d’aliments intérieurs Flux d’aliments avec le reste du monde

6 Source : ADF - Statistique du

commerce extérieur suisse;

OES - STATEN STATPOP

Relevé des structures agricoles

Page 24: RZ RAQ 2019 contenu FR

24

4.4 Stratégie

La stratégie du Conseil d’Etat pour que le canton devienne le leader de l’agroalimentaire

repose sur plusieurs axes. Il souhaite ainsi garantir un revenu du travail qui permettre aux

familles paysannes de vivre dignement au sein de la société fribourgeoise.

Politique agricole fédérale et paiements directs

Le canton de Fribourg a un rôle subsidiaire dans la politique agricole qui est avant tout une

politique fédérale et dont les moyens proviennent de la Confédération (192 millions de

paiements directs pour Fribourg). Dans cette optique, le Conseil d’Etat entend participer

de façon active à l’élaboration de la politique fédérale, notamment la PA 22 +. Il est

indispensable de conserver l’enveloppe des paiements directs attribués à Fribourg à son

niveau actuel et d’obtenir une réelle simplifi ation des tâches administratives.

Production agricole et filières

La création d’un terreau propice à l’innovation est un instrument effi ace pour soutenir la

compétitivité des filières agroalimentaires fribourgeoises. L’innovation doit permettre

à ce secteur d’être plus performant, de trouver de nouveaux marchés et de répondre aux

besoins et aux exigences des consommateurs et des citoyens. La promotion des produits

du terroir fribourgeois est un instrument cantonal déterminant pour la mise en valeur de

la production agroalimentaire et la garantie d’une plus-value pour tous les acteurs d’une

filière organisée en interprofession. Elle contribue à l’image positive du canton en général

(patrimoine, culture, tourisme, économie) et de son secteur agroalimentaire. Le canton

investit annuellement 2,1 millions dans la promotion des ventes et la promotion des

produits. Le Conseil d’Etat développe une stratégie propre dans ce domaine. Il souhaite

faire du site de Saint-Aubin un pôle de l’innovation et de la recherche, en synergie avec le

campus Grangeneuve et le tissus d’entreprises fribourgeoises existantes.

Recherche, formation et conseil

La formation et le conseil sont des leviers essentiels en mains du canton qui permettent de

préparer les professionnels des secteurs agricole et agroalimentaire à faire face aux défis,

notamment les changements économiques, technologiques, sociétaux et environnemen-

taux. La recherche permet également d’ouvrir de nouvelles opportunités pour le secteur

primaire. Pour ce faire, les essais pratiques, trait d’union entre la recherche fondamentale

et la recherche appliquée, permettent de vulgariser et de transmettre de nouvelles compé-

tences aux agriculteurs praticiens.

Page 25: RZ RAQ 2019 contenu FR

25

Exploitation familiale et évolution sociale

En 2017, le Conseil d’Etat a adopté sa stratégie de prévention de la santé « Perspectives 2030 » (lead :

DSAS) avec la volonté de rendre la politique de santé publique plus transversale et de travailler en

amont sur la prévention. La DIAF s’investit dans cette stratégie, car l’agriculture a, par les aliments

qu’elle produit et l’impact qu’elle a sur l’environnement (eau, air, sol, biodiversité), un rôle central à

jouer dans la prévention. La santé des agriculteurs est également une thématique à mieux prendre en

considération.

Sécurité alimentaire et santé animale

La sécurité alimentaire et sanitaire est une mission de service public essentielle pour accompagner

tout le secteur agroalimentaire dans une optique « de la fourche à la fourchette ». Elle garantit la mise

sur le marché de produits sains et sûrs, même pour des modes de production sensibles (fabrication

de fromage au lait cru). La stratégie du Conseil d’Etat vise la maîtrise des technologies les plus poin-

tues et l’anticipation des nouveaux risques, en collaboration avec tous les partenaires.

Ressources naturelles

L’agriculture, comme les autres secteurs économiques, doit minimiser son impact sur les ressources

pour préserver un environnement sain afin de garantir la santé et la qualité de vie de la popula-

tion, mais aussi afin de disposer à l’avenir de ressources saines. Le canton promeut une agriculture

préservant les écosystèmes. Il encourage, à travers des projets pilotes et des mesures ciblées, l’optimi-

sation de l’utilisation des engrais et produits phytosanitaires et veille à maintenir la qualité des sols

notamment par la réalisation d’une cartographie et par la lutte contre l’érosion. Il veille à mettre en

place les conditions permettant une adaptation de l’agriculture aux changements climatiques, tout en

cherchant à limiter ses impacts.

Savoir-faire et outils de production

Le soutien à l’investissement dans un outil de production performant, moderne et connecté est un

instrument important de l’Etat. Des bâtiments d’exploitation et des installations de production et de

transformation modernes permettent de mettre en valeur et faire vivre le savoir-faire des filières.

Cette stratégie s’inscrit aussi dans plusieurs politiques transversales de l’Etat de Fribourg :

› Développement durable : Le développement durable est ancré dans la Constitution cantonale.

Dès 2010, plusieurs projets agricoles (sols agricoles, agriculture biologique, formation, etc.)

ont été menés sous l’égide du Développement durable (lead : DAEC), la première politique

transversale mise sur pied par le canton. Une nouvelle stratégie est en cours d’élaboration.

› Plan climat : Une stratégie d’adaptation aux changements climatiques et de réduction des

émissions de CO2 est en cours d’élaboration (lead : DAEC). Le Conseil d’Etat l’a inscrit dans

Programme gouvernemental 18-21.

› Innovation : Pour rester compétitif dans un marché en constante évolution et incertain, Le

Conseil d’Etat mise sur l’innovation (lead : DEE) dans tous les secteurs économiques. La DIAF

participe à différents projets, dont notamment le développement du Cluster Food & Nutrition

et l’élaboration d’une stratégie agroalimentaire.

Page 26: RZ RAQ 2019 contenu FR

26

4.5 Moyens annuels à disposition

Les paiements directs représentent la plus grande contribution financière pour l’agri-

culture fribourgeoise. En 2018 près de 192 millions de la Confédération ont été

versés aux agriculteurs. Les moyens cantonaux en faveur de l’agriculture s’élevaient

la même année à 39 millions. Près de 14 millions sont attribués sous forme de sub-

ventions alors que les coûts de fonctionnement des services de l’Etat directement liés à

l’agriculture représentent environ 25 millions. A cela s’ajoutent les prêts sans intérêts

du fonds rural (5 millions) et les prêts par les crédits d’investissements fédéraux (25

millions).

Le Conseil d’Etat a décidé que le budget 2019 était la base de référence pour la mise à

jour du plan financier 2020 -2023. L’ambition de devenir le canton leader du secteur

agroalimentaire, inscrite au programme gouvernemental, permettra d’entrer en matière

sur des besoins stratégiques bien fondés liés à cet objectif. Le Conseil d’Etat rappelle

également que des moyens importants sont d’ores et déjà prévus pour des investisse-

ments : un décret de 70 millions pour le nouveau bâtiment d’Agroscope permettant

l’accueil du personnel de Liebefeld et un décret de 12 millions pour l’étable, la halle de

technologie et la halle polyvalente de Grangeneuve, approuvés par le Grand Conseil.

Un crédit de 8 millions supplémentaires a été inscrit au plan financier 2017-2021 pour

la deuxième étape du développement de Grangeneuve et la nouvelle ferme-école bio de

Sorens.

Les 25 millions de coûts de fonctionnement de la DIAF représentent moins d’un pour-

cent du budget de l’Etat de Fribourg (3,5 milliards).

Page 27: RZ RAQ 2019 contenu FR

27

Moyens cantonaux en faveur de l’agriculture (subventions et prêts)

Comptes

2018

Budget 2019

Subvention pour Promotion des produits et le

développement économique

2’098’976 2’100’000

Part cantonale pour les mesures Réseaux, Qualité du

paysage, Protection des eaux

1’956’508 1’962’000

Subvention pour SANIMA 1’259’806 1’165’000

Subvention pour les aides structurelles

dont pour les améliorations foncières

dont pour les constructions rurales

7’570’553

5’482’873

2’087’680

7’750’000

4’420’000

3’330’000

Fonds Améliorations foncière (AF) 706’131 750’000

Autres subventions : apiculture, économie alpestre, estivage,

org. professionnelles

281’997 283’600

Total des subventions 13’873’971 14’010’600

Total des prêts (Prêts du Fonds rural) 2’948’000 5’000’000

Moyens fédéraux en faveur de l’agriculture (subventions et prêts)

Subventions fédérales améliorations foncières 7’253’547 9’200’000

Paiements directs (subventions) 191’000’000 194’240’000

Crédits d’investissements et Aides aux exploitations

paysannes (prêts)

23’381’400 25’000’000

Coûts cantonaux de mise en œuvre de la politique agricole fédérale et cantonale

Formation et vulgarisation

coûts de fonctionnement de Grangeneuve destinés à

l’agriculture et à l’agroalimentaire selon la comptabilité

analytique

15’285’000 14’880’000

Sécurité alimentaire et santé animale

part des coûts de fonctionnement (50 %) du SAAV destinés à

l’agriculture et à l’agroalimentaire

4’382’000 4’858’000

Gestion des paiements directs, aides structurelles et

promotion de produits

coûts de fonctionnement du SAgri

5’484’933 5’805’380

Total des coûts cantonaux de mise en œuvre de la

politique agricole cantonale et fédérale

25’151’933 25’543’380

Source : les chiffres des moyens cantonaux et fédéraux proviennent des comptes et budget des Services de l’Etat

de Fribourg. Les chiffres des coûts cantonaux correspondent à des montants nets.

Page 28: RZ RAQ 2019 contenu FR

28

5 Axes stratégiques —

Les axes stratégiques du présent chapitre correspondent

aux sept points de la stratégie du Conseil d’Etat (cf 4.4 Stratégie).

5.1 Production agricole et filières

5.2 Recherche, formation et conseil

5.3 Exploitation familiale et évolution sociale

5.4 Sécurité alimentaire et santé animale

5.5 Ressources naturelles

5.6 Savoir-faire et outil de production

5.7 Paiements directs

Page 29: RZ RAQ 2019 contenu FR

29

5.1 Production agricole et filières

Contexte et défis

Le canton de Fribourg se caractérise par la puissance de son économie agroalimen-

taire. La valeur de la production agricole est d’environ 739 millions de francs. En aval,

le canton bénéficie d’un tissu conséquent d’entreprises de 1ère transformation, abattage

et expédition, à vocation nationale et mondiale, qui génère valeur et emplois (20 % des

places de travail du canton).

Depuis les années 1990, la politique agricole fédérale a réduit progressivement les

mesures de soutien aux marchés. Dans un contexte libéralisé, l’agriculture doit trouver

elle-même des débouchés rémunérateurs pour sa production. Des filières qui garan-

tissent la qualité, la traçabilité, la typicité, la proximité, ainsi que le respect des

animaux et de l’environnement, satisfont de plus en plus aux attentes des consom-

mateurs, prêts à payer un peu plus. La grande distribution exerce toutefois une forte

pression sur les prix, impose ses conditions (calibrage, conditionnement, stockage,

flexibilité) et reporte parfois sur le producteur des tâches logistiques coûteuses et

certains risques.

« Les produits du terroir font

l’âme d’une région. Ils sont

des trésors de savoir-faire, de

savoir-vivre et d’identité. Pays

romand – Pays gourmand

veut améliorer la visibilité et

la vente de ces concentrés

de culture dans leurs régions

d’origine et en dehors. »

Christine Bulliard,

Présidente de la fédération

Pays romand – Pays

gourmand

L’AOP obtenue en mai 2018 par la Cuchaule lui offre à la fois une protection forte et une bonne visibilité à l’intérieur

et à l’extérieur du canton. Elle valorise le travail de toute la filière de production. Les AOP-IPG et autres labels du

terroir donnent une image positive au canton de Fribourg et à son secteur agroalimentaire. (© Interprofession de la

Cuchaule AOP)

Page 30: RZ RAQ 2019 contenu FR

30

Une filière bien organisée, parfois au bénéfice d’un label ou d’une appellation, renforce

sa position sur le marché et garantit une plus-value répartie équitablement entre tous

les partenaires de la filière. C’est le cas de la poire à Botzi AOP qui offre une visibilité et

une protection à un produit traditionnel fribourgeois et à sa vingtaine de producteurs.

La Cuchaule a obtenu une AOP en très peu de temps. Les démarches des producteurs

pour un jambon de la borne AOP sont actuellement en cours. Grâce au Vacherin

fribourgeois AOP et au Gruyère AOP, 70 % du lait fribourgeois bénéficient d’une forte

plus-value. Certaines initiatives comme le label « de la Gruyère » visant des marchés de

niche se développent.

La production bio progresse lentement. Il reste cependant un potentiel sur le marché

bio suisse à valoriser pour les céréales, le lait et la volaille par exemple, à l’exemple de

ce que fait la filière maraîchère fribourgeoise. Par ailleurs Bio-Suisse va revoir ses exi-

gences en limitant l’affouragement de fourrage importé. Cette nouvelle règle concerne

particulièrement le soja et représente une opportunité pour les producteurs bio de

grandes-cultures.

De plus, de nouveaux modes de vente s’installent progressivement (agriculture contrac-

tuelle de proximité, vente directe, autocueillette, vente en vrac) et trouvent leur place

sur le marché.

D’autre part, les besoins de restructuration de l’agriculture imposés par le marché et

la politique agricole peuvent entrer en conflit avec la nouvelle législation en matière

d’aménagement du territoire.

La filière maraîchère s’est réorganisée ces dernières années afin de répondre aux attentes des

distributeurs (conditionnement, stockage, livraison). Dans le Seeland les 25 % des surfaces

maraîchères sont cultivées en bio (© IAG)

Page 31: RZ RAQ 2019 contenu FR

31

Les filières agricoles du canton de Fribourg

Filière du Vacherin fribourgeois AOP. Cet exemple illustre parfaitement une filière fonctionnelle qui

génère une plus-value pour tous les partenaires. La lutte contre les contrefaçons est encore appelée à se

développer en partenariat avec tous les acteurs.

› La production animale est économiquement la branche agricole la plus

importante dans le canton. Elle repose principalement sur la filière laitière. La

production de viande, de volaille notamment, prend de l’importance.

› Le secteur laitier et fromager est la locomotive de l’agroalimentaire

fribourgeois. Grâce aux deux filières de fromage AOP, le lait

fribourgeois de fabrication est le mieux valorisé du pays. Le prix payé

pour le lait de centrale* est fortement influencé par le portefeuille

de produits/clients des entreprises et la situation nationale, voire

internationale, du marché. Une restructuration importante a lieu dans

les exploitations produisant du lait d’ensilage*.

› Viande : la production de viande bovine est en partie directement

liée à la production laitière mais certains éleveurs abandonnent cette

dernière et se spécialisent dans la production de viande. L’utilisation

de nouvelles races peut être relevée (Charolais, Limousin, Hérens,

Highland, Galloway etc.).

La production de viande de porc est aussi liée à la production laitière.

En effet, la majorité des élevages d’engraissement valorisent le petit-

lait de la filière fromagère.

Le canton de Fribourg est un acteur essentiel pour la « volaille de

chair » sur le plan suisse, tant par l’engraissement que l’abattage et la

transformation.

L’élevage de petits bétail (moutons, chèvres, mais aussi alpagas,

cerfs, porcs laineux voire bisons) est plutôt en recrudescence

dans le canton. La viande et/ou le lait d’autres espèces, produit

majoritairement de manière extensive apporte de la diversité à l’offre

et correspond bien aux attentes des consommateurs. Il est à relever

que les taux d’autoapprovisionnement de ces produits est très faible.

› Grandes cultures : l’agriculture fribourgeoise assole 35’000 hectares. La rotation

des cultures est toujours de mise. Les prairies artificielles couvrent plus du tiers

de la surface, les céréales un autre tiers. Les surfaces de céréales fourragères

sont en baisse constante et sont remplacées par les cultures sarclées (betterave,

pomme de terre, oléagineux, protéagineux). Le tabac est la culture traditionnelle

de la Broye. À noter l’apparition et l’augmentation de quelques nouvelles cultures

pour la région (lin, sarrasin, soja, lentilles, quinoa, etc.).

2’800 tonnes de Vacherin fribourgeois AOP

4 affineurs

950 producteurs de lait de non-ensilage

69 fabricants

33 fabricants d’alpage

Page 32: RZ RAQ 2019 contenu FR

32

› Cultures spéciales : il s’agit des cultures maraichères, de la vigne, des cultures

fruitières, des baies ainsi que des cultures horticoles. Elles jouent localement un

rôle économique important (ex. Vully, Cheyres et Grand Marais).

› Apiculture : l’abeille n’est pas un animal de rente, elle joue néanmoins un rôle

central dans l’agriculture, notamment par la pollinisation. Les agriculteurs

pratiquant l’apiculture sont plutôt rares, celle-ci étant essentiellement une

activité de loisir. Le miel et la cire sont des produits appréciés. La propolis, le

pollen, la gelée royale ou le venin sont rares.

› À l’image des autres cantons romands, la production biologique (5’062 ha, soit

6,7 % de la surface totale) est moins importante dans le canton qu’en moyenne

suisse (14,5 % de la surface agricole utile*). Dans les régions herbagères, où la

production laitière de non-ensilage domine, les interprofessions misent plus

sur l’AOP (dont les exigences sont déjà très élevées) que sur le label biologique :

les deux-tiers du lait produit dans le canton sont mis en valeur au travers

d’une AOP. En région de grandes cultures, les contraintes techniques de la

production biologique, notamment pour les cultures sarclées, retiennent encore

les agriculteurs. À l’inverse, les cultures spéciales se démarquent par la culture

biologique. Un quart des surfaces maraichères et un cinquième des hectares de

vigne sont bio. Le Plan d’action bio établi en 2013 par le canton en collaboration

avec Bio Fribourg a fixé des objectifs pour 2020 : ils sont d’ores et déjà atteints.

Les mesures seront poursuivies.

Page 33: RZ RAQ 2019 contenu FR

33

L’agrotourisme*

Il s’agit encore d’un marché de niche mais avec un fort potentiel de

développement. La promotion de notre canton en liaison avec des

produits du terroir de plus en plus recherchés, sert l’image de Fribourg.

La vente de produits à la ferme a fortement augmenté, surtout dans la

partie francophone. Les deux parcs régionaux Gruyère Pays-d’Enhaut et

Gantrisch représentent une valeur ajoutée intéressante non seulement

pour la nature et le paysage mais également pour l’économie régionale.

Terroir

« Ensemble des terres d’une région

considérées du point de vue de leurs

aptitudes agricoles et fournissant

un ou plusieurs produits caractéris-

tiques. » (Larousse)

Le terroir porte aussi la notion de

goût, de tradition, d’artisanat et de

paysage.

Les appellations d’origine protégées

(AOP) et les indications géogra-

phiques protégées (IGP) mettent

en avant le Terroir. Dans le can-

ton, le Gruyère AOP, le Vacherin

Fribourgeois AOP, l’Emmentaler

AOP, la Poire à Botzi AOP, la

Cuchaule AOP sont porteurs d’une

telle appellation. La législation sur

les vins parle encore AOC, mais à

terme le label AOP leur sera ouvert.

Actuellement la majorité des vins

fribourgeois sont commercialisés

avec une AOC.

Le nombre de familles paysannes qui offrent des prestations agrotou-

ristiques est stable. La liste de Grangeneuve qui n’est pas exhaustive

comprend une cinquantaine d’exploitations. Le SAAV recense actuel-

lement quelques 300 exploitations qui offrent des prestations de vente

directe. Cette offre joue également un rôle touristique. Dans ce domaine

le développement actuel ne se mesure plus par une augmentation des

points de vente mais par l’amélioration des infrastructures (construction

de petits magasins à la ferme) et une augmentation de la qualité des pro-

duits et/ou leur présentation. Le développement des offres sur Internet

est également un signe, quand bien même les consommateurs suisses

commandent peu de denrées alimentaires en ligne. Il n’existe encore pas

de plateforme qui regroupe toutes les offres fribourgeoises.

L’agrotourisme peut représenter une opportunité intéressante pour

certaines exploitations. Ceci doit cependant bien être planifié. En zone

agricole, la législation sur l’aménagement du territoire permet aux

exploitations agricoles de réaliser certains travaux, à titre de diversifi-

cation. Il est cependant nécessaire de bien se renseigner avant d’entre-

prendre un tel projet.

La promotion des produits

Pour être rémunératrice, l’agriculture fribourgeoise doit pouvoir mettre

en valeur sa production sur le marché. La promotion des produits joue

un rôle essentiel. Dans la grande distribution, cette promotion se fait au

niveau suisse, le label « swissness » mis en place par la Confédération en

2017 est censé jouer ce rôle. Pour les circuits plus courts, la promotion

doit être organisée au niveau cantonal. Les producteurs, les artisans,

les vendeurs et les restaurateurs sont regroupés sous l’égide Terroir

Fribourg. Par produits du terroir, on entend souvent d’abord les pro-

duits liés à la tradition fribourgeoise (par exemple la Bénichon), mais le

label Terroir Fribourg est accessible à toute la production et transforma-

tion agroalimentaires, ainsi que la vente et la restauration.

Page 34: RZ RAQ 2019 contenu FR

34

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (production agricole et filières)

› Positionner Fribourg en tant que leader de l’agroalimentaire au niveau suisse

› Développer une agriculture fribourgeoise professionnelle, productive, durable,

respectueuse de l’environnement et de la santé animale

› S’organiser en filières afin de se démarquer sur le marché

› Utiliser les produits du terroir et de proximité dans la restauration

› Entretenir des relations de confiance entre partenaires

› Cultiver l’esprit d’innovation (nouvelles techniques, nouveaux produits) à

l’intérieur les filières

Mesures cantonales (production agricole et filières)

› Promouvoir les produits du terroir fribourgeois et de proximité en collaboration

avec « Terroir Fribourg » via la certification et la communication

› Promouvoir les produits durables et de proximité dans la restauration collective

via des cours de formation continue pour les restaurateurs, la certification des

restaurants et l’intégration de critères dans les procédures d’appel d’offre

› Soutenir par la recherche, le conseil et l’analyse les choix stratégiques des filières

› Aider les filières à obtenir pour leurs produits des labels ou des appellations à

forte valeur ajoutée tels qu’AOP/IGP

› Soutenir l’agriculture biologique à travers la vulgarisation et la promotion

› Garantir le contrôle et la certification en collaboration avec d’autres partenaires

› Promouvoir les produits du terroir et les traditions alimentaires comme vecteurs

de l’offre touristique fribourgeoise

› Promouvoir et soutenir l’élevage, ainsi que l’écoulement du bétail

› Confirmer Grangeneuve comme centre de compétences lait et agroalimentaire

› Encourager dès la phase initiale les projets précurseurs et innovants.

Promouvoir activement l’innovation, notamment par le Prix de l’innovation

agricole, mais aussi au travers de la stratégie agroalimentaire du Conseil d’Etat

Page 35: RZ RAQ 2019 contenu FR

35

5.1.1 Eclairage : Etudes FILAGRO

Face aux incertitudes de la politique agricole et à la pression de la concurrence interna-

tionale, il est plus que jamais nécessaire de développer des stratégies capables d’amé-

liorer les prix payés aux producteurs. L’Etat a joué son rôle de soutien en analysant

les principales filières agricoles fribourgeoises : lait et produits laitiers, viande bovine

et viande porcine, volailles de chair, céréales panifiables, légumes et pommes de terre

(études FILAGRO).

Ces études, disponibles sur le site du Service de l’agriculture, ont analysé de façon

systématique les différents circuits de mise en marché des produits des filières agricoles

et en ont relevé leurs points forts et leurs faiblesses. Les résultats sont à disposition

des acteurs des différentes filières afin qu’ils puissent valoriser les produits agricoles

fribourgeois.

Les deux grandes filières fromagères, Gruyère AOP et Vacherin fribourgeois AOP, sont

établies depuis plusieurs décennies et garantissent un débouché assez stable à une

bonne partie de l’agriculture fribourgeoise : le lait fribourgeois de fabrication est en

moyenne le mieux valorisé du pays. La qualité des produits des filières fromagères peut

se mesurer lors des différents concours tels que les Swiss cheese awards ou les Worlds

cheese awards. Les fromages fribourgeois sont régulièrement récompensés par des

distinctions.

La filière volaille connait une belle dynamique dans le canton depuis plusieurs années.

Des niches de production sont encore à prendre pour des produits destinés à la vente

directe.

La production de viande bovine et porcine est liée à la production laitière et essentiel-

lement destinée à la grande distribution via les grands abattoirs. Actuellement le flux

d’animaux et de carcasses est intense à travers la Suisse. Il existe un potentiel pour des

filières régionales.

Dans le domaine des céréales panifiables, les premiers échelons de la filière (céréaliers,

meuneries) sont relativement bien organisés. Il reste cependant un potentiel de mise en

valeur des farines fribourgeoises dans les boulangeries et la distribution. La production

de semences de céréales est bien installée dans le canton de Fribourg.

La production de légumes et de pommes de terre nécessitent un savoir-faire élevé.

Ces deux filières sont bien installées principalement dans le Seeland et la Broye. Il est

primordial pour l’avenir de ce type de cultures de bien appréhender les questions des

ressources (sols, eau d’arrosage) comme les questions d’investissements (serres, stoc-

kage, …)

5.1.2 Eclairage : Agrotourisme*

L’agrotourisme fribourgeois est encore un marché de niche mais avec un potentiel de

développement. La vente de produits à la ferme a fortement augmenté. Les deux parcs

régionaux, Gantrisch et Gruyère Pays-d’Enhaut, apportent une valeur ajoutée consi-

dérable non seulement pour la nature et le paysage mais également pour l’économie

régionale. De même, la qualité et la notoriété des produits du terroir fribourgeois ainsi

Page 36: RZ RAQ 2019 contenu FR

36

En chiffres

(année de référence 2017)

315’074 consommateurs fribourgeois

(2016)

739’159’000 frances c’est la valeur

de la production agricole

fribourgeoise

200 Mio de litres de lait transformés

en 20 Mio de kg de Gruyères AOP et

Vacherin fribourgeois AOP. Restent

180 Mio de litres de petit-lait, à

valoriser

3,3 fois plus de fromage produit dans

le canton que consommé

2 fois plus de viande bovine produite

dans le canton que consommée

1,6 fois plus de viande porcine

produite dans le canton que

consommée

2,6 fois plus de volaille produite dans

le canton que consommée

3,3 fois plus de céréales panifiables

produites dans le canton que

consommées

3,9 fois plus de pommes de terre

produites dans le canton que

consommées

25 % de la production maraîchère est

bio

5’062 ha de production bio

Sources : OFS, GELAN

que les différentes certifications AOP et AOC représentent certainement

un des points forts du canton. Cependant, un manque de synergies entre

les offres agrotouristiques est à relever, de même qu’avec la promotion

des produits du terroir.

L’Union Fribourgeoise du Tourisme (UFT), également connue sous la

marque Fribourg Région, qui a pour but de développer un tourisme

privilégiant la valorisation du patrimoine naturel et culturel du canton,

pourrait développer ces synergies, notamment avec Terroir Fribourg.

La contribution de l’agrotourisme à l’économie locale est actuellement

assez faible. L’offre d’une activité touristique peut représenter une source

de diversification bienvenue pour certaines exploitations agricoles. Les

règles en matière d’aménagement du territoire doivent être toutefois

appréhendées soigneusement, à l’exemple des buvettes d’alpage qui ne

peuvent ouvrir leurs portes que durant l’été, période d’estivage du bétail,

pour conserver leur statut d’activité annexe à l’agriculture. Grangeneuve

joue un rôle important dans la formation et l’accompagnement de

projets.

Agrotourisme

AGRIDEA* définit l’agritourisme (ou agrotourisme) comme un tou-

risme à la ferme englobé dans le tourisme rural. L’agritourisme est

déployé plus spécifiquement dans le cadre d’une exploitation agricole,

d’une activité agricole ou para-agricole et ce par les membres de l’ex-

ploitation. Il se base sur des activités ou des produits offerts par le

monde agricole et met en valeur sa production et ses produits dérivés.

Les prestations agritouristiques comprennent les activités d’accueil,

d’hébergement, de restauration, de vente directe, de loisirs, d’animation

socio-pédagogique et de services divers ayant pour cadre un environne-

ment agricole » (Flückiger, E., Gigandet, P., & Zufferey, M. (2011). Je me

lance dans l’agritourisme. Lausanne ).

Médaille du Swiss cheese awards

Page 37: RZ RAQ 2019 contenu FR

37

5.2 Recherche, formation et conseil

Contexte et défis

Fribourg, canton bilingue par excellence, renforce son positionnement comme pas-

serelle entre la Suisse romande et la Suisse alémanique grâce à l’offre de formations

initiale et supérieure en français, en allemand et également bilingue. L’Institut agricole

de l’Etat de Fribourg attire de nombreux élèves d’autres cantons. Grangeneuve est

parmi les meilleures écoles d’agriculture du pays, en 4ème position en termes d’élèves

après Berne, Lucerne et Saint-Gall.

Une agriculture en constante évolution nécessite une formation et un conseil adaptés

aux défis du temps, dans une recherche d’équilibre entre économie, écologie et attentes

sociales. Les axes prioritaires de cette nouvelle agriculture sont la compétitivité et

l’innovation, la révolution numérique et technologique, l’impact sur l’environnement,

la garantie d’une alimentation saine et de la santé animale. La collaboration de l’école

d’agriculture avec la Confédération, les autres instituts de formation, les organisations

professionnelles et la recherche sont indispensable pour anticiper les évolutions et s’y

préparer.

« Se former et savoir faire

appel à des compétences

de conseil externe sont les

caractéristiques de ceux qui

dessinent la vision agricole de

demain. »

Pascal Toffel,

directeur de l’Institut

agricole de Grangeneuve

Grangeneuve est une des quatre plus importantes écoles d’agriculture de Suisse. Elle est de plus la seule école

d’agriculture du pays à proposer tout son cursus en français et en allemand, ainsi que des filières bilingues. (©

Martine Wolhauser/Grangeneuve)

Page 38: RZ RAQ 2019 contenu FR

38

Agroscope

En novembre 2018, le Conseil fédéral

a pris la décision de principe de

concentrer les activités d’Agroscope

sur un campus central, Posieux, et

deux centres de recherche régionaux,

Changins (VD) et Reckenholz (ZH).

Les stations d’essai décentralisées

sont maintenues.

Posieux, qui devait déjà accueillir

le personnel de Liebefeld (décision

du CF de 2011), doit maintenant se

préparer à accueillir l’administration

centrale d’Agroscope. À terme cela

représente 650 postes sur le site de

Posieux. Le canton de Fribourg s’est

engagé à financer et construire le

bâtiment nécessaire à l’arrivée des

employés de Liebefeld. Le Grand

Conseil a approuvé en mars 2015

un crédit cadre de 70 millions à

cet effet. D’autres infrastructures

devront à terme être réalisées par la

Confédération sur le site. Le projet

présenté en 2014, à l’issue d’un

concours, devra être adapté aux der-

nières décisions du Conseil fédéral.

Pour le Campus Grangeneuve, la

décision du Conseil fédéral repré-

sente une opportunité de premier

ordre. Cette proximité avec la

recherche agronomique fédérale per-

mettra de renforcer et de développer

les synergies dans les domaines de

la recherche, de la formation et de la

vulgarisation. Cela permettra aussi

au canton de s’affirmer comme le

leader de l’agroalimentaire au plan

suisse.

Dans son offre de formations continues et de conseil, Grangeneuve

doit être attractif, performant et complémentaire face à la concurrence

d’autres acteurs. Une culture d’entreprise dynamique, prospective et

ouverte aux changements encourage les collaboratrices et collaborateurs

à développer leurs compétences et leur niveau de connaissance afin de

coller aux besoins et à la réalité du terrain. Dans cette perspective, la

proximité d’Agroscope et le développement du Campus Grangeneuve

représentent un énorme atout.

Au travers de ses prestations, Grangeneuve conseille, forme et informe

les agriculteurs et les professionnels de l’agroalimentaire sur une large

palette de thématiques, comme la gestion et la stratégie d’entreprise, les

productions animales et végétales, la transformation du lait, les activités

para-agricoles (énergies, agrotourisme*), le droit agraire et l’aménage-

ment du territoire, mais aussi la vente directe ou contractuelle. Dans l’op-

tique de former des entrepreneurs capables de trouver leur place dans

un marché concurrentiel et compétitif, la formation et le conseil mettent

un accent particulier sur l’économicité des différentes méthodes et

techniques ainsi que la recherche de solutions innovantes. Grangeneuve

dispose de spécialistes capables de réaliser des analyses systémiques, afin

de répondre aux interrogations des exploitants (agriculteurs, froma-

gers, etc…) dans leur pratique quotidienne ou leurs perspectives de

développement.

Le transfert de connaissances passe par une communication dynamique

sur différents supports (Internet, bulletin Terre à Terre, Facebook, SMS

et Application mobile) mais aussi par des démonstrations ouvertes à

toutes et à tous au sujet de techniques et d’équipements, ainsi que par des

manifestions grand public et de grande ampleur, telles que les « Journées

des fromages suisses AOP ». Les collaborateurs du SAgri et du SAAV,

dans leurs tâches quotidiennes, contribuent également au transfert de

connaissance.

Enfin Grangeneuve est un remarquable lieu de rencontre pour les

agriculteurs et les professionnels de l’agroalimentaire qui répond à la fois

à un besoin d’échange, de formation et de conseil, mais aussi d’apparte-

nance sociale. Grangeneuve a contribué à valoriser le travail des femmes

dans l’exploitation familiale en leur offrant des formations qualifiantes.

Des efforts sont encore nécessaires pour qu’elles soient équitablement

rémunérées et soient assujetties aux assurances sociales (AVS et LPP).

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Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (Recherche, formation et conseil)

› Disposer d’une formation de qualité, bilingue, adaptée aux besoins actuels et d’infrastructures à

la pointe, sur un campus moderne

› Pratiquer une agriculture durable, entrepreneuriale et répondant aux attentes des

consommateurs

› Anticiper la transmission des exploitations

› Utiliser les nouvelles technologies numériques dans la conduite des exploitations

› Promouvoir la recherche et la formation, au travers du campus Grangeneuve

Mesures cantonales (Recherche, formation et conseil)

› Développer le campus Grangeneuve en utilisant le maximum de synergies avec Agroscope

› Construire une nouvelle ferme-école

› Construire une nouvelle halle des technologies sur le site de Grangeneuve

› Réaliser une ferme-école Bio à Sorens

› Assurer un enseignement et une formation continue de qualité pour les agriculteurs et

agricultrices

› Renforcer les compétences de formation et de conseil en matière de préservation des

ressources naturelles, d’économie d’énergie et d’adaptation aux changements climatiques

› Assainir la Grange Neuve avec une nouvelle affectation des locaux

› Développer le Centre de compétences lait et agroalimentaire

› Soutenir le développement de l’agriculture 4.0 (projets novateurs, recherche, formation et

vulgarisation) Sensibiliser à l’utilisation de solutions numériques (tracteur GPS, applications

numériques de gestion, etc.)

› Mettre en œuvre le plan d’action phytosanitaire national* (encadrement des agriculteurs)

› Encourager la mise sur pied de projets de développements régionaux PDR

› Développer les compétences méthodologiques des conseillers agricoles notamment dans le

coaching, la gestion de conflits, la vision et la veilles stratégiques

› Développer les partenariats externes de Grangeneuve, notamment dans le cadre du réseau

ADALUS

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40

5.2.1 Eclairage : ferme connectée

L’agriculture 4.0 est devenue une réalité dès les années 1990 chez les

maraichers, à l’image de l’exploitation Gutknecht à Ried bei Kerzers. À

l’époque, l’ordinateur servait à la régulation du climat dans les serres.

Aujourd’hui, des appareils mesurent en continu la température de l’air,

l’humidité et le taux de CO2, mais aussi la consommation en eau des

cultures. A cela s’ajoutent un robot de traitement phytosanitaire, des

engins de transport et de chargement entièrement automatiques. Chaque

donnée utile à la gestion optimale de la culture est enregistrée en temps

réel.

En chiffres

(année de référence 2017)

8 élèves AFP agriculteur

271 élèves CFC agriculteur

125 élèves Brevet agricole

22 élèves diplôme fédéral (maîtrise)

30 élèves ES Ecole Agro-commerçant

31 candidates au Brevet de paysanne

1289 participants à la formation

continue agricole

34 visites de cultures avec la

participation de 2’148 personnes

21 cours organisés en formation

continue en économie familiale

9 cours tout public Grangeneuve

pourtous (GPT) avec 139 participants

Source : Grangeneuve

En plein air, robots de sarclage et de binage et système GPS sont la

norme. Ces robots permettent de diminuer le recours aux herbicides et

le système de navigation a remplacé la conduite manuelle. Les surfaces

sont ainsi mieux utilisées et la croissance des plantes plus uniforme. La

géolocalisation des surfaces facilite le suivi des cultures et permet de

nouveaux développements avec toujours comme objectifs l’optimisation

du suivi des cultures, l’amélioration de la qualité et des rendements, un

travail plus efficient, et le remplacement des travaux manuels et pénibles.

Le défi de la digitalisation dans l’agriculture réside dans la complexité

des nouveaux systèmes et leur management, mais aussi l’engagement

de personnel qualifié et sa formation. Sur le plan financier, le rapport

coût/bénéfice et de l’amortissement rapide des investissements restent

centraux. L’évolution rapide des techniques peut faire craindre de ne plus

trouver de fournisseurs de pièces de rechange à court terme.

Gutknecht espère améliorer encore la gestion digitale de son exploita-

tion, par exemple par l’enregistrement automatique de sa récolte dans un

objectif de traçabilité, mais aussi de détection automatique de maladies

ou ravageurs.

Des exploitations maraîchères étrangères qui fournissent le marché

suisse ont déjà recours à des lignes robotisées. Il devrait donc être

possible de développer de telles infrastructures en Suisse, même si les

exploitations maraichères y sont nettement plus petites.

Un robot contrôle enregistre et gère la production de tomates dans les serres

de l’exploitation Gutknecht à Ried bei Kerzers © Lutz Collet / IAG

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41

5.3 Exploitation familiale et évolution sociale

Contexte et défis

« La famille paysanne c’est

l’essence même d’une

agriculture productive et

durable. »

Murielle Chassot,

présidente de l’Association

fribourgeoise des paysannes

13 Prénom fi tif

14 Droz, Y., Miéville-Ott,

V., Jacques-Jouvenot, D.,

Lafleur, G., 2014. Malaise en

agriculture. Une approche

interdisciplinaire des

politiques agricoles France-

Québec-Suisse. Karthala,

Paris

« Nous sommes des Atlas,

on porte le monde… dur à

la tâche, dur à la vie… des

gens qui vraiment s’affirment

comme des travailleurs du

samedi, du dimanche. C’est

un des éléments qui fait qu’ils

supportent et qu’ils ont la

volonté de continuer, de ne

pas se poser trop la question,

de dire : « Maintenant on y va.

Qu’importe 60, 70 heures de

travail, on y va ! »

Antoine13, 48 ans, agriculteur

parlant de l’identité

professionnelle dans le

cadre de l’étude sur les

risques psychosociaux des

agriculteurs et agricultrices

du canton de Fribourg

La santé des agriculteurs s’est en général améliorée.

L’évolution technique et technologique ainsi que le confort

des engins agricoles a permis de réduire la pénibilité du

travail. Il y a 50 ans, les récoltes étaient transportées « à

bras d’homme », par sac de 100 kg, aujourd’hui la norme

est 30 kg. Les personnes souffrent moins qu’auparavant de

problèmes du système locomoteur. Le travail dans l’agri-

culture reste cependant, en moyenne, plus physique que

pour la moyenne de la population.

Selon plusieurs études récentes, il s’avère que les facteurs

ressentis comme stressants par les agriculteurs ont

augmenté et qu’ils sont plus nombreux à se dire « stressés

quotidiennement » que le reste de la population. D’autre part, une étude14 des conditions cadres de l’agriculture

dans trois pays, Suisse, France et Québec, relève que la

proportion de répondants suisses se trouvant à un niveau

élevé de détresse psychologique est de 47,4 % pour les

hommes et 65,7 % pour les femmes.

L’échange entre collègues est primordial pour éviter l’isolement sur son

domaine. Ici formation continue à Höhi Übersdorf organisée par Grangeneuve

(© IAG)

Page 42: RZ RAQ 2019 contenu FR

42

Les auteurs établissent un lien clair entre une perception négative de la situation finan-

cière de l’exploitation et les risques psychosociaux des individus. Parmi ces facteurs

de stress, la transmission de l’exploitation, le contexte familial et social et le besoin de

reconnaissance sont souvent évoqués.

La législation agricole est centrée sur la famille et la transmission de l’exploitation au

sein de la famille. Or, la relève intrafamiliale est de plus en plus difficile et peut sus-

citer des tensions entre générations. Pour certains parents, l’agriculture n’est plus une

voie assez prometteuse pour leurs enfants, tandis que d’autres ne comprennent pas les

réticences de ces derniers à reprendre le domaine. Dans le même temps, des jeunes qui

ne viennent pas du milieu agricole se forment dans l’agriculture, mais peinent à trouver

des terres.

Pour beaucoup, la valeur de leur métier réside dans la valeur que la population

accorde à leurs produits. Si les paiements directs compensent en partie la baisse des

prix des produits agricoles, cette solution apparait aux yeux d’une partie des agricul-

teurs comme dévalorisante.

L’évolution technique de l’agriculture a réduit le recours à la main-d’œuvre et isolé

en quelque sorte l’agriculteur sur son domaine. La concurrence entre agriculteurs,

induite par la nécessité d’agrandir leur domaine pour être compétitif, contribue aussi à

l’isolement.

Tous ces facteurs participent à un certain mal-être paysan qui peut déboucher sur

des situations de souffrance. Les moments de convivialité et de sociabilité positive, ou

la solidarité familiale peuvent apaiser cette souffrance, l’isolement et l’individualisme

l’exacerber. Cette réalité est heureusement largement minoritaire, mais mérite une

attention particulière des Directions et Services de l’Etat.

Grangeneuve joue un rôle de point de rencontre et d’échange très apprécié des agricul-

teurs fribourgeois. Les différentes manifestations d’information et ouvertes au grand

public sont très prisées et renforcent le sentiment d’appartenance à un secteur écono-

mique dynamique et tourné vers l’avenir.

Pourcentage de distribution des exploitants fribourgeois par classe d’âge

Année 2000 Année 2017

18 ans et moins

19-24 ans

25-29 ans

30-34 ans

35-39 ans

40-44 ans

45-49 ans

50-54 ans

55-59 ans

60-64 ans

65 ans et plus

Les exploitants agricoles fribourgeois actifs sont âgés de 49 ans en moyenne en 2017. Le graphique montre

la distribution des agriculteurs fribourgeois par classe d’âge. Un vieillissement de la population des chefs

d’exploitation est visible.

13,91

9,71

8,20

5,06

2,27

19,13

16,64 16,89

15,57

14,63 14,47

14,20 14,23

10,94

9,63

5,98

3,68

2,97

0,95 0,63

0,16 0,17

% d

’exp

loit

ants

pa

r tr

an

ch

e d

’âg

e

Page 43: RZ RAQ 2019 contenu FR

43

L’arrivée de nouveaux habitants en zone rurale a élargi le champ relation-

nel des agriculteurs et a ouvert des possibilités nouvelles pour ceux qui

ont su les saisir. Certains agriculteurs ont ainsi développé des modèles

d’agriculture contractuelle ou de vente directe qui mettent en valeur leurs

produits et leur travail. Les nouveaux habitants ont dû, de leur côté,

apprendre vivre avec certains désagréments propres à la campagne.

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (Exploitation familiale et évolution sociale)

› Veiller à la santé des agriculteurs et de leurs familles

› Entretenir des liens étroits entre producteurs et consommateurs

› Valoriser le travail des agriculteurs

› Cohabiter entre ville et campagne

› Faire preuve de solidarité professionnelle dans l’agriculture

fribourgeoise

En chiffres

(année de référence 2017)

60 h de travail hebdomadaire. Selon

l’OFS, c’est le temps de travail moyen

de l’agriculteur. La moyenne pour le

reste de la population est de 50h

8’470 personnes actives dans

l’agriculture et

6’167 personnes actives dans

l’agroalimentaire, représentent

10 % des emplois du canton

30 % de la main-d’œuvre des

› Prendre en compte la dimension familiale de l’agriculture

Mesures cantonales (Exploitation familiale et évolution sociale)

› Renforcer les compétences du personnel en contact avec les

agriculteurs en matière de soutien social

› Créer un réseau de sentinelles, chargé de déceler les situations de

crise dans le milieu agricole

› Encourager et soutenir des projets de plateformes de rencontre ou

d’évènements récréatifs entre producteurs et consommateurs exploitations agricoles fribourgeoises

est féminine

49 ans c’est l’âge moyen des

exploitants en 2017, contre 46 en

2000

Source : OFS

› Mettre en œuvre les Aides aux exploitations agricoles en difficulté

(Cellule AED) et les Aides aux exploitations paysannes (AEP)

› Thématiser les aspects sociaux de l’agriculture, notamment dans

la formation et la vulgarisation agricole

Page 44: RZ RAQ 2019 contenu FR

44

5.3.1 Eclairage : Rapport sur les risques psychosociaux

dans l’agriculture fribourgeoise

Ce rapport présente les résultats d’une étude qualitative en sciences sociales (ethno-

logie) sur les questions de bien-être dans l’agriculture fribourgeoise de l’Université de

Neuchâtel, mandatée conjointement par la Direction des institutions, de l’agriculture et

de la forêt (DIAF) et la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS). Elle répond

à une demande de meilleure connaissance de la situation psycho-sociale de l’agriculture

dans le canton.

Il est généralement admis que l’agriculture suisse traverse une période difficile sur le

plan économique. L’effondrement du prix du lait de centrale* pèse notamment sur les

finances de nombreuses exploitations, tout particulièrement dans un canton à forte

tradition laitière comme Fribourg. Partant de ce constat, cette étude explore les aspects

plus sociaux et humains des difficultés rencontrées par les agriculteurs au quotidien.

Basée essentiellement sur une série d’entretiens semi-directifs, l’étude identifie trois

aspects de l’activité agricole qui jouent un rôle central dans le bien-être ou les difficultés

rencontrées par les agriculteurs du canton :

› une identité professionnelle forte mais contestée ;

› la famille comme soutien, mais aussi source de conflits ;

› le cloisonnement du milieu agricole, entre agriculteurs (jalousie, compétition) et

face au reste de la société.

De manière frappante, chacun de ces trois aspects représente à la fois un ensemble

de facteurs protecteurs pour les agriculteurs, leur permettant de surmonter les

difficultés quotidiennes liées au métier, et en même temps constitue une zone de

fragilité en cas de disfonctionnement qui vient amplifier les problèmes rencontrés.

Les entretiens permettent également d’identifier vers qui les agriculteurs se tournent

en cas de difficultés personnelles. Les proches, famille ou amis, sont souvent mention-

nés aux côtés des institutions agricoles du canton (Grangeneuve et SAgri*). Plusieurs

personnes rencontrées sont également passées par divers services de santé ou encore

d’autres types de professionnels de l’encadrement et de coaching.

En conclusion, le rapport reprend les trois aspects, - identité professionnelle, famille et

liens sociaux-, pour réfléchir aux conditions nécessaires pour en faire des forces plus

que des facteurs de risques. Il se termine sur des pistes de réflexion pour une action

cantonale déclinée en trois volets :

› comment soutenir et promouvoir une « reconnexion sociale » ;

› le rôle que la formation et le conseil peuvent prendre ;

› l’opportunité d’un service de prévention spécifique aux agriculteurs.

Page 45: RZ RAQ 2019 contenu FR

45

5.4 Sécurité alimentaire et santé animale

Contexte et défis

« Le Service de la sécurité

alimentaire et des affaires

vétérinaires SAAV a pour

mission de veiller, par ses

inspections et analyses, à ce

que les denrées alimentaires

et les objets usuels ne

mettent pas en danger la

santé des consommateurs

ou ne les trompent. Il

veille au bien-être et à la

santé des animaux pour

eux-mêmes et à l’avantage

de l’Homme. L’objectif à

tous est de produire des

denrées de qualité, saines

et sûres de manière à être

« Le rôle de Sanima est de

soutenir et d’assurer les

détenteurs d’animaux de

rente fribourgeois face aux

épizooties. Les actions

quotidiennes de dépistage

et de prévention prises en

charge contribuent à la bonne

santé des troupeaux et de la

population. »

Il incombe à l’Etat d’assurer par ses inspections et ses

analyses officielles que les produits alimentaires mis

sur le marché sont sûrs et de qualité, « de la fourche à

la fourchette ». Il effectue pour cela les contrôles officiels

nécessaires dans les exploitations agricoles et les entre-

prises agroalimentaires. Les différentes étapes de produc-

tion sont inspectées, des fourrages et herbages (produc-

tion primaire) destinés aux animaux, jusqu’à l’obtention

de denrées alimentaires sûres et de qualité, prêtes à être

commercialisées aux consommateurs ou exportées dans

le monde entier. Le SAAV effectue également lors de ses

inspections, les contrôles des AOP fromagères.

Les exportations de produits fribourgeois dans plus

de 100 pays sont importantes pour tout le secteur. Un

guichet unique « export » a été mis en place au SAAV*,

permettant ainsi une optimisation et une centralisation

des procédures pour les entreprises exportatrices.

remises régionalement aux

consommateurs ou exportées

dans plus de cent pays. »

Grégoire Seitert,

chef du Service de la

sécurité alimentaire et

des affaires vétérinaires

Michel Roulin,

administrateur de Sanima

La sécurité alimentaire commence à l’étable avec le respect des bonnes

pratiques. La traite robotisée allège et flexibilise le travail à l’étable, mais

exige maîtrise technique et vigilance afin d’assurer la qualité et la sécurité du

lait. (© Lely)

Page 46: RZ RAQ 2019 contenu FR

46

La multiplication des échanges internationaux augmente aussi les risques sanitaires et

nécessite des mesures préventives en amont, mais aussi une bonne connaissance des

risques potentiels sur la filière. La lutte contre les épizooties est centrale dans le canton

de Fribourg où la densité de la détention, notamment bovine, et la qualité génétique

du cheptel représentent un défi quotidien. Le choix du canton de Fribourg de se doter

d’un Etablissement d’assurance des animaux de rente, Sanima, est un atout précieux

pour la prévention comme pour le soutien lors de la gestion de crises. La recrudescence

de détention à titre de loisir accentue aussi ces risques, par la multiplication des lieux

de détention et parfois aussi le manque de formation des détenteurs dans le domaine.

L’élimination conforme des déchets animaux joue également un rôle central dans la

lutte contre les épizooties. Des infrastructures performantes et sûres, une communica-

tion efficace à la population et une surveillance de tous les détenteurs sont nécessaires.

Les mesures sanitaires publiques (élimination des animaux malades, séquestre et qua-

rantaine) doivent absolument reposer sur des faits avérés et solides. Ce travail repose

en bonne partie sur des analyses de laboratoire de qualité et accrédité. Leurs techniques

évoluent rapidement et exigent une mise à niveau constante du personnel et du maté-

riel, mais aussi des bases légales et des processus.

La détention conforme et le souci du bien-être des animaux de rente est un autre aspect

de la sécurité alimentaire et sanitaire. Le recensement et son contrôle (cf. 4.7 Paiements

directs) est la première étape d’un suivi efficace de la qualité de la détention dans les

étables. Un gros enjeu réside dans le suivi, l’accompagnement et la suppression des non-conformités constatées lors des contrôles officiels.

Nombre d’animaux PI dans le canton de Fribourg

1500

1200

900

600

300

0

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

Evolution entre 2008 et 2017 du nombre d’animaux PI (infectés permanents) par la diarrhée virale bovine (BVD),

i.e. qui excrètent la maladie pendant toute leur vie. Il montre l’effet du programme d’éradication national de la BVD

de 2008 à 2013, qui a été suivi ensuite d’une période de surveillance une fois le cheptel pratiquement indemne.

Il est à noter que depuis septembre 2016, des cas de réinfections des exploitations fribourgeoises ont exigé des

mesures additionnelles importantes, pour obtenir une situation stabilisée à fin 2018. Canton d’élevage, Fribourg a

été particulièrement exposé à la BVD, notamment en raison des déplacements importants d’animaux (marchés,

estivages).

No

mb

re

Page 47: RZ RAQ 2019 contenu FR

47

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (Sécurité alimentaire et santé animale)

› Assurer la sécurité sanitaire et la traçabilité de tous les produits

agroalimentaires

› Faire reconnaître les produits de l’agriculture fribourgeoise, en

Suisse et à l’étranger, comme sûrs

› Veiller à la santé et au bon traitement du cheptel fribourgeois

Production primaire

Par production primaire, l’ordon-

nance fédérale entend « la produc-

tion, l’élevage et la culture de pro-

duits primaires, y compris la récolte,

la traite et la production d’animaux

de rente avant l’abattage ».

Chaque producteur qui met en

circulation des denrées alimentaires

s’engage à respecter les normes en

vigueur. Il est soumis à un système

d’autocontrôle. Le rôle des autorités,

par la surveillance « de la fourche à

la fourchette » - les contrôles de base,

les analyses de risques et les analyses

d’échantillons, les inspections est

d’assurer la sécurité alimentaire des

produits remis aux consommateurs.

Mesures cantonales (Sécurité alimentaire et santé animale)

› Surveiller et conseiller les acteurs de l’agroalimentaire,

notamment les filières et les interprofessions de produits du

terroir ou régionaux

› Organiser périodiquement des tables rondes avec tous les acteurs

› Surveiller et conseiller les détenteurs de bétail

› Garantir une eau potable de qualité

› Être à jour dans l’évaluation et suivre l’évolution des risques

potentiels en matières sanitaire (Escherichia coli, salmonelle,

listeria…) et vétérinaire (grippe aviaire, peste porcine...)

› Recenser le cheptel et ses mouvements (lutte contre les épizooties)

› Former les collaborateurs aux nouvelles techniques et aux

nouveaux risques

› Veiller au bon état de préparation de tous les partenaires

d’intervention contre les épizooties et plan OCC (Organe

cantonal de conduite)

› Adapter les moyens de lutte à l’évolution des risques potentiels

d’épizooties (BVD, varroa et loques, salmonellose bovine, etc.)

› Coordonner les contrôles en bonne intelligence avec les autres

services de l’Etat et les organismes extérieurs

› Collaborer à la mise en place de la stratégie STAR (diminution

des antibiotiques, cf. 5.4.1 Eclairage : ReLait) et faire vivre la

Charte des bonnes pratiques des vétérinaires praticiens

› Développer le guichet unique « export » pour faciliter

l’administration pour les entreprises exportatrices

Page 48: RZ RAQ 2019 contenu FR

48

5.4.1 Eclairage : projet ReLait

› Le projet ReLait (diminution des antibiotiques) s’inscrit

parfaitement dans la stratégie antibiorésistance StAR de

la Confédération. De simple initiative cantonale, le projet

fribourgeois a pris de l’ampleur pour devenir un projet phare au

niveau fédéral, avec le soutien financier de la Confédération. Ce

projet s’intègre parfaitement dans la stratégie du Conseil d’Etat

de faire de Fribourg le leader de l’agroalimentaire en apportant

des solutions innovantes pour l’élevage laitier et en renforçant son

image auprès des consommateurs.

En chiffres

(année de référence 2017)

4 lois fédérales dont le SAAV doit

veiller à l’application

75 ordonnances fédérales dont le

SAAV doit veiller à l’application

843 contrôles sur les exploitations en

matière de protection animale

779 contrôles de base

690 contrôles Gruyère AOP, Vacherin

› A l’origine, ce sont les producteurs de lait attentifs à la santé de

leur cheptel qui ont approché Grangeneuve pour développer des

stratégies alternatives au niveau de la prévention et du traitement

des animaux. Ils souhaitaient en effet réduire les antibiotiques

administrés à leur cheptel. Le projet est orienté vers la pratique

quotidienne des producteurs, avec des stratégies de santé des

troupeaux qui peuvent s’appliquer à toutes les exploitations

laitières. Le projet, mené en partenariat avec la Faculté vétérinaire

de l’Université de Berne (Vetsuisse), innove dans la mise en

réseau des exploitations et la collaboration plus étroite entre

producteurs, agronomes et vétérinaires praticiens.

› La Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts soutient

cette initiative et y collabore avec ses services et Grangeneuve. fribourgeois AOP et Emmentaler AOP.

130’212 bovins

55’872 vaches laitières

79’684 porcs

20’996 chèvres et moutons

2’145’700 volailles

9’837 colonies d’abeilles

7’004 chevaux

4’334 détenteurs d’animaux de rente,

y compris apiculteurs

120 fromageries

940 entreprises transformatrices

1’630 commerces

308 exploitations avec vente directe

12 entreprises exportatrices

730 restaurants

23 abattoirs

Source : OFS, GELAN, SAAV

› Une soixantaine d’exploitations se sont engagées dès la 1ère

phase (2017) de la démarche. En 2019, la 2ème phase permettra à

quelque 120 exploitations supplémentaires d’y participer.

› La Confédération suit de près l’expérience fribourgeoise et

reconnait son utilité dans le cadre de son programme d’utilisation

durable des ressources. Elle compte utiliser les solutions pratiques

trouvées pour définir ses propres stratégies dans le domaine.

Exploitation de Francis Terreaux à Arconciel (©IAG)

Page 49: RZ RAQ 2019 contenu FR

49

5.5 Ressources naturelles

« Mon objectif est de produire

des denrées alimentaires de

qualité en quantité suffisante

afin de nourrir la population,

en respectant au maximum

notre environnement. Pour

soigner mes cultures, je

n’ai recours aux produits

phytosanitaires qu’en dernière

ligne de défense. L’utilisation

réfl chie de mes intrants

agricoles sont les garants

d’une agriculture productive

et durable. »

Fabrice Bersier,

agriculteur et gérant

de Phyto-Eco Vesin

Contexte et défis Dans le canton, l’agriculture occupe les deux tiers du territoire. Elle doit composer dans

cet espace avec d’autres intérêts comme la biodiversité, le paysage, les eaux de surface et

souterraines, l’air et le sol, mais aussi les besoins de l’aménagement du territoire (forêt,

urbanisation, routes, armée). Si la Stratégie du canton de Fribourg en matière de déve-

loppement durable (juin 2016), le Plan climat (en cours d’élaboration) le Rapport sur

l’agriculture et l’environnement publié en 2009 (avec un suivi monitoring des mesures)

fournissent certaines informations, la difficulté à établir une stratégie globale réside

dans l’absence de données complètes sur l’état actuel de ces ressources.

Le changement climatique a un impact majeur sur les ressources naturelles.

L’agriculture travaille avec la nature et, est particulièrement touchée par le change-

ment climatique tout en étant également un des facteurs de ce changement. Le défi sera

de trouver un bon équilibre. Il faudra à la fois prévenir le changement climatique et s’y

Les prairies fleuries illustrent bien les mesures prises en faveur de la biodiversité par la richesse des espèces qui la

composent (© Jacques Frioud / SFN)

Page 50: RZ RAQ 2019 contenu FR

50

adapter. Dans une optique de durabilité, le défi est de ne pas impacter les ressources

naturelles au-delà de leurs capacités à se renouveler.

Les agriculteurs fribourgeois sont conscients de la valeur des ressources naturelles : ils

ont mis en œuvre les nouvelles règles dans le domaine, se forment et participent aux

programmes volontaires au-delà des attentes : réduction des produits phytosanitaires et

vétérinaires, biodiversité, paysage. Ils sont cependant tributaires des aléas de la météo

et de la pression économique et peuvent encore améliorer leur pratique quotidienne.

Depuis 1992 et les premières subventions liées à la prestation, les agriculteurs ont ainsi

continuellement amélioré leur bilan environnemental global.

Différentes priorités peuvent être conflictuelles et nécessiter des adaptations. Les

normes de détention des animaux, par exemple, ont conduit à construire des lieux de

détention plus vastes, augmentant d’autant les surfaces d’évaporation de l’urine et donc

les émissions d’ammoniac. Une solution possible dans le cas présent est de créer de

légères pentes pour réduire le temps d’évaporation.

Plusieurs évaluations et monitorings au niveau suisse montrent que les objectifs

PA14-17 ont été atteints, voire dépassés, dans de nombreux domaines. Cela vaut en

particulier pour les objectifs concernant la biodiversité et la mise en réseau, en termes

de superficie.

Réalisation des objectifs PA 14-17

Aspect État 2007/09 Objectif 2021 Situation

actuelle

Efficience de l’azote 28 % 33 % 31 % (2015)

Efficience du phosphore 60 % 68 % 60 % (2015)

Émissions d’ammoniac 48’700 t 41’000 t 47’700 t

(2015)

Surfaces de promotion

de la biodiversité SPB

60’000 ha

en région de

plaine

65’000 ha

en région de

plaine

75’163 ha

en région de

plaine (2016)

Qualité des SPB 36 % en

réseau

27 % qualité

50 % en

réseau

40 % qualité

74 % en

réseau

37 % qualité

(2016)

Ressources vitales naturelles / écologie : réalisation des objectifs PA 14-17

(état au 1er novembre 2017)

Page 51: RZ RAQ 2019 contenu FR

51

Dans les domaines où les objectifs n’ont pas été atteints, l’évolution va, d’une manière

générale, dans la bonne direction. Il n’en reste pas moins que les avancées sont encore

insuffisantes dans plusieurs domaines. Il existe toujours des améliorations à faire dans

le domaine de l’environnement. Des lacunes existent dans le domaine des cycles de

fertilisants, en particulier concernant les émissions d’ammoniac et du phosphore.

En matière de produits phytosanitaires l’utilisation ciblée (produit utilisé, stade de

croissance et seuil d’intervention) et l’application précise (équipement technologique)

doivent encore permettre des améliorations.

La Confédération a fait le point de l’état de l’environnement des ressources naturelles

dans le cadre de l’activité agricole et a fixé ensuite 20 objectifs environnementaux pour

l’agriculture suisse (OEA) pour les domaines Biodiversité, Paysage et Espace réservé

aux cours d’eau, Climat et Air, ainsi que Eau et Sol. Un rapport a été établi en 201615. Le canton de Fribourg s’est inspiré de ces objectifs pour orienter ses propres actions en

faveur de la préservation des ressources naturelles.

Etat de situation des ressources dans le canton de Fribourg

« La biodiversité est

constituée par la

diversité des espèces

d’animaux, de

plantes, de champi-

gnons et de micro-or-

ganismes, la diversité

génétique au sein des

espèces, la diversité

des écosystèmes et les

interactions dans et

entre ces niveaux. »

Plan d’action Stratégie

Biodiversité Suisse

du Conseil fédéral,

septembre 2017

15 Objectifs environnementaux

pour l’agriculture – Rapport

d’état 2016, OFEV et OFAG

Biodiversité

Les surfaces spécifiques de promotion de la biodiversité ont régulièrement augmenté

depuis 1998 pour atteindre 9’600 ha en 2017 (12,8 % de la SAU). L’objectif n’est plus

aujourd’hui d’accroitre ces surfaces, mais d’en augmenter la qualité. Il est à relever que

depuis 2014 la saisie géographique a contribué à la qualité de la gestion et au suivi de

ces surfaces, notamment pour les mesures de réseaux écologiques, pour les mesures de

contribution à la qualité écologique, ainsi que pour les surfaces soumises à la loi sur la

protection de la nature. La délimitation de « l’espace réservé aux eaux » et son exploita-

tion extensive sont encore un défi.

Les efforts de réduction des produits phytosanitaires et de réduction de travail du sol

contribuent grandement au maintien de la biodiversité sur l’ensemble des surfaces

agricoles.

L’uniformisation des techniques, des cultures et des variétés, même si elles sont écono-

miquement intéressantes, ainsi que le calendrier imposé des fauches ont une incidence

sur la biodiversité. A l’inverse, la reprise d’anciennes variétés et cultures, telles que le blé

rouge ou le lin par exemple, contribue au maintien de la biodiversité parce qu’elles ont

d’autres rythmes et peuvent servir de refuge à certains moments de l’année.

Eau

L’activité agricole a besoin d’eau pour irriguer les cultures, mais elle a également, par

ses rejets, un impact sur les eaux de surface et les eaux souterraines. Malgré les bonnes

pratiques agricoles, l’utilisation des engrais de ferme liés à la détention des animaux

et les traitements des cultures présentent des risques pour les eaux. Le canton de

Fribourg, avec sa forte production laitière et animale doit particulièrement veiller à

cette problématique. La gestion des engrais de ferme et l’emploi correct des produits

Page 52: RZ RAQ 2019 contenu FR

52

phytosanitaires et des engrais sont deux instruments importants pour limiter les

risques d’atteintes aux eaux.

Si la sensibilisation des agriculteurs au problème de l’épandage des engrais de ferme

pendant la saison sensible a porté ses fruits, la question reste d’actualité en raison de

la part importante de la production laitière et animale de l’agriculture fribourgeoise.

La mise à jour des données concernant les capacités de stockage en engrais de ferme

qui date de 2002 et le contrôle de l’état des fosses à purin existantes doivent encore être

faites. L’utilisation des engrais en général est suivie et contrôlée grâce aux bilans de

fumure et de la base de données fédérale HODUFLU.

Les produits phytosanitaires ne sont utilisés, en principe, qu’en cas de nécessité.

L’utilisation de seuil ou en fonction des stades de croissance et de la météo sont

aujourd’hui usuels. A noter également que les pompes à traiter sont obligatoirement

équipées d’eau claire permettant le rinçage aux champs et évitant aux fonds de cuves

de finir dans les eaux claires. Depuis peu, de nouveaux projets de « biobed » ont été

lancés, ceci afin de permettre la dégradation des résidus dans des lits biologiquement

actifs. Les dernières publications, par exemple sur les néonicotinoïdes ou le glyphosate,

montrent que des efforts sont encore ponctuellement nécessaires.

Les projets visant à renforcer la couverture des sols par des prairies permettant ainsi de

réduire le taux de nitrates dans les captages d’eau peuvent être qualifiés de succès dans

la majorité des cas.

La réduction des pesticides dans les eaux passe par une sensibilisation des agriculteurs

aux risques de pollution des rivières et par une amélioration de la protection des eaux

contre les apports diffus. Reste qu’une part importante des captages ne sont pas proté-

gés correctement par des zones réservées (S1, S2, S3) légalisées. Il est donc nécessaire

que toutes les parties prenantes collaborent à l’objectif d’une eau propre.

Espace réservé : Le SEn*

est chargé de délimiter les

espaces réservés aux eaux

pour tout le canton. Dans

l’espace une exploitation

agricole extensive devra être

mise en place si ce n’est pas

le cas. C’est par exemple déjà

en place le long de la Petite-

Glâne, à Saint-Aubin.

La revitalisation des cours d’eau est un autre sujet prioritaire. La stratégie cantonale de

revitalisation a été approuvée par l’OFEV en juillet 2015. Sa mise en œuvre constituera

une tâche d’envergure qui aura des impacts sur l’agriculture.

Les mesures d’aménagement du territoire concernant les eaux constituent un autre axe

prioritaire. La délimitation des zones de protection des eaux souterraines a été réalisée

de cas en cas jusqu’à maintenant, mais doit être élargie à tout le territoire dans le cadre

d’un plan sectoriel « Eaux souterraines ».

Page 53: RZ RAQ 2019 contenu FR

53

Air

Pour l’agriculture fribourgeoise, l’élevage a naturellement un impact sur l’air en particulier

par les déjections animales sources d’ammoniac. Afi de permettre de limiter les émissions

d’ammoniac à un niveau acceptable, des adaptations constructives sont entreprises. A

relever que ces mesures en matière de protection de l’air (émissions d’ammoniac) peuvent se

trouver en confl t avec d’autres objectifs, notamment l’augmentation régulière des animaux

détenus dans des étables aux conditions particulièrement respectueuses des animaux.

Les questions d’émanations d’odeurs doivent également être considérées avec prudence,

notamment dans le cadre de regroupement d’effectifs consécutif à la diminution du nombre

d’exploitations. Les nuisances sont de ce fait cumulées, mais le risque est mieux maîtrisé car

les agriculteurs sont mieux formés et la technique plus développée (filtres). Le programme

Friammon visant à réduire les émissions d’ammoniac a permis à Fribourg d’être un pion-

nier de la réduction des émanations. Il a contribué à l’achat de «pendillards» qui réduisent

les émissions lors de l’épandage du lisier, à permettre la couverture de fosses à purin et à

l’utilisation d’aliments pauvres en azote.

Sol

Le sol est le support indispensable de la production agricole traditionnelle. Il est donc

important pour l’agriculture d’en disposer en quantité et en qualité suffisante. C’est pro-

bablement sur la thématique de la protection des sols que les plus grands défis attendent

l’agriculture, car sans sol pas d’agriculture.

Afi d’assurer l’approvisionnement alimentaire en cas de crise, les meilleures terres agri-

coles suisses sont protégées depuis 1992 par des dispositions spécifi ues. Le plan sectoriel

des surfaces d’assolement (SDA) vise à maintenir à au moins 438’460 ha la surface des

meilleures terres agricoles en Suisse. L’extension massive du territoire urbanisé exerce une

pression toujours plus forte sur les SDA. L’introduction de la 1ère étape de la révision de la

loi sur l’aménagement du territoire (LAT) en 2014 a permis de réduire la pression sur les

terres agricoles. La 2ème étape de la révision de la LAT dont le message a été adopté par le

Conseil fédéral fi octobre 2018, prévoit des mesures de protection plus importantes pour

les terres agricoles. La 2ème étape de la révision de la LAT règlera l’aspect quantitatif de la

protection des sols agricoles.

Illustration des différentes pressions exercées sur les terres agricoles et sur les SDA : croissance de la zone à bâtir et

des forêts, besoins en infrastructures (transport, loisirs, armée) dans la zone agricole, protection de l’environnement

(eaux souterraines, biodiversité etc..), constructions agricoles.

Surfaces d’assolement

Protection Loisirs et délassement

Terres agricoles

Zo

ne à

tir

Ag

ricole

Pa

s a

gri

cole

Infr

astr

uctu

res

Forê

t

Page 54: RZ RAQ 2019 contenu FR

54

Innoserre

Les cultures sous abris sont des

cultures intensives à forte technicité.

Des solutions innovantes de réduc-

tion de la consommation d’énergie

fossiles et d’utilisation d’énergie

alternatives ou de technologies

doivent être testées dans le contexte

suisse.

L’objet du projet Innoserre est de

démontrer la faisabilité de différentes

solutions énergétiques innovantes

et écologiques dans le domaine des

productions sous serres/sous abris.

Il s’agit de mettre en relation les

aspects coûts, notamment des inves-

tissements, avec les bénéfices, de

développer un catalogue de solutions

adaptées à différentes cultures et

conditions, et d’élaborer des concepts

de projets modèles ayant un fort

potentiel de déploiement.

L’aspect qualitatif est aussi primordial. Il faut relever que les données

pédologiques sont très lacunaires dans le canton ce qui rend une

appréciation précise difficile. Les enjeux économiques ont conduit des

agriculteurs à privilégier des cultures intensives là où ils pratiquaient

auparavant des cultures variées (abandon du bétail dans la Broye et

spécialisation dans la pomme de terre, par exemple). Les principaux

risques d’atteinte aux sols peuvent être résumés ainsi : les conditions cli-

matiques deviennent plus extrêmes avec des alternances de sécheresses

et d’inondations pouvant causer de l’érosion ou des pertes de matière

organique, le tassement des sols en lien avec la mécanisation et la perte

de matière organique par minéralisation (Grand Marais). La formation

(connaissance des sols et suivi des conditions de travail), la cartographie

des sols et la recherche d’alternatives économiquement viables à cer-

taines cultures permettront de conserver les sols fribourgeois productifs

et durables.

Énergie

Il ressort d’une étude d’AGRIDEA* de 2016 que la consommation

énergétique totale de l’agriculture fribourgeoise s’élève à près de 275

GWh. Cette consommation est répartie entre les carburants (45 %), les

combustibles (38 %) et l’électricité (17 %). La production fribourgeoise

d’énergies renouvelables est répartie entre l’électricité (33 %) et la chaleur

(67 %) pour une production totale de près de 83 GWh. Le photovol-

taïque (18 %) et le biogaz (15 %) assurent la principale source de produc-

tion d’électricité. La chaleur provient principalement du bois (33 %) et du

biogaz (27 %).

Le solde de la chaleur (7 %) est produit par les capteurs solaires

thermiques.

De nombreux agriculteurs ont misé sur le photovoltaïque tablant sur les

promesses fédérales de reprise à prix coûtant (RPC) de leur électricité.

Ils ont dû déchanter lorsque la Confédération a stoppé ce financement,

et doivent faire face à des charges importantes. Il ne faudrait pas que

cette mésaventure freine le développement de projets de production

d’énergie verte, telle que le biogaz à partir de résidus agricoles, le

bois-énergie, les réseaux de chaleur, la récupération de chaleur en circuit

fermé.

La politique économique actuelle n’étant pas favorable aux projets de

production énergétique à grande échelle, les mesures envisageables sont

donc plus orientées sur l’efficacité énergétique. Diverses recommanda-

tions émises par AGRIDEA dans son étude permettraient un potentiel

de réduction d’électricité (-28 %), de carburant (-27 %) et de combus-

tibles (-23 %).

Page 55: RZ RAQ 2019 contenu FR

55

L’efficience de l’énergie et la réduction de l’utilisation des énergies fossiles sont au cœur

des préoccupations des producteurs. Des solutions innovantes, de réduction de la

consommation d’énergies fossiles, d’utilisation d’énergie alternatives ou de technologies

permettant l’augmentation des rendements doivent être testées dans le contexte suisse

afin de pouvoir garantir la rentabilité aux producteurs. Il s’agira donc de mettre en rela-

tion les aspects coûts, notamment des investissements, avec les bénéfices, de dévelop-

per un catalogue de solutions adaptées à différentes cultures et conditions, et d’élaborer

des concepts de projets modèles ayant un fort potentiel de déploiement.

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (Ressources naturelles)

› S’adapter aux changements climatiques

› Diminuer l’impact de l’agriculture sur les eaux (réduction des intrants agricoles

tels que résidus phytosanitaires, nitrate et phosphore essentiellement),

› Diminuer l’impact de l’agriculture sur l’air et le climat (ammoniac, méthane,

CO2…)

› Diminuer l’impact de l’agriculture sur les sols (tassement, érosion, …)

› Préserver la biodiversité

Mesures cantonales (Ressources naturelles)

› Mettre en œuvre le Plan d’action phytosanitaire* et promouvoir l’usage d’outils

de précision lors de l’utilisation de produits phytosanitaires

› Soutenir le développement de capacités de stockage d’engrais de ferme suffisant

permettant leur utilisation pertinente afin de réduire les risques de lessivage des

éléments nutritifs de la végétation et diminuer au final leur présence dans les

eaux (ne plus avoir besoin de puriner pour vider sa fosse à purin)

› Actualiser l’inventaire des fosses à purin et contrôler leur état en fonction du

risque

› Délimiter l’espace réservé* et mettre en place son exploitation extensive

› Accompagner les projets économes en eau et prévenir les conflits d’usage

› Renforcer les compétences de conseil dans le domaine de la détention animale

› Réaliser une cartographie complète des sols agricoles fribourgeois

› Définir une méthodologie et une procédure pour réhabiliter les sols agricoles

dégradés

Page 56: RZ RAQ 2019 contenu FR

56

› Prendre en compte, dans la pesée des intérêts dans l’aménagement du territoire,

la qualité des sols afin de préserver les meilleurs sols

› Etendre le réseau de mesure de l’humidité des sols qui indiquent la capacité du

sol à supporter des charges afin de prévenir des dommages irréversibles

› Promouvoir les bonnes pratiques culturales (sans labour, engrais vert,

pendillard, poids des machines)

› Accompagner les projets visant à l’amélioration de la biodiversité

› Développer les conseils aux agriculteurs dans le domaine de l’énergie

› Développer le champ de connaissances sur les ressources naturelles (par

exemple le parcours de l’eau dans le sol)

› Mettre en place une gestion des eaux durable et responsable

› Protéger les sols de qualité face à la pression de la construction (y compris

agricole)

› Soutenir les agriculteurs dans leurs projets de production d’énergie verte et de

réduction de consommation d’énergie

› Mettre en place des mesures en faveur du climat dans le cadre du plan climat

› Mettre en œuvre la stratégie cantonale de développement durable

5.5.1 Eclairage : réseau écologique Düdingen, Schmitten et Tafers

En 1995 déjà, un projet pilote alliant nature et agriculture a germé autour des étangs de

Bäriswil, porté par Pro Natura et Grangeneuve, et vivement encouragé par les com-

munes de Guin, Schmitten et Tavel. L’idée était de favoriser la diversité biologique du

site en valorisant les surfaces de compensation écologique dans les surfaces agricoles

alentour. Très vite, le projet s’est étendu à l’ensemble du périmètre des trois communes,

passant de 575 ha à 3’600 ha, s’adaptant dans la foulée à l’évolution des bases légales. En

2003, le canton approuvait un projet de mise en réseau dans l’agriculture selon l’ordon-

nance sur la qualité écologique. 70 % des 165 exploitations agricoles du périmètre ont

accepté de participer au projet sur une base volontaire.

Page 57: RZ RAQ 2019 contenu FR

57

En chiffres

(année de référence 2017)

6’987 ha « Extenso », de céréales,

oléagineux et protéagineux avec

utilisation réduits de produits

phytosanitaires,

266 ha de cultures fruitières, vignes

et betteraves sucrières avec utilisation

réduite de produits phytosanitaires

8’766 ha de surface de promotion de

la biodiversité (SPB*)

81’503 arbres fruitiers haute-tige et

arbres indigènes isolés

5’632 ha de cultures respectueuses

du sol en semis direct, semis sous

litière ou semis en bandes fraisées

(sans labour), soit ¼ des surfaces de

cultures

35’800 ha de SDA, surfaces

d’assolement (quota fribourgeois)

1’800 ha de SAU situées dans

l’espace réservé aux eaux

35’351 ha purinés avec des

pendillards (beaucoup moins

d’émanation d’ammoniac et d’odeur)

108’723 UGB (Unités de gros bétail)

détenus dans le canton

dont 73,8 % sont des bovins

Source : GELAN

Aujourd’hui, le réseau de Guin, Schmitten et Tavel est dans sa troisième

période et poursuit son développement. Après une phase dont le but

était de combler les zones dépourvues d’éléments écologiques, l’effort s’est

porté sur l’amélioration de la qualité. Ainsi, la part de surfaces répon-

dant aux exigences de la Qualité 2* a augmenté, offrant à la faune un

habitat de plus grande valeur et aux exploitants des contributions plus

élevées. Le périmètre de ce réseau comprend deux marais d’importance

nationale, le Franislismoos et les Düdingermöser. Le projet a permis une

meilleure connexion entre eux par la mise en place de surfaces de pro-

motion de la biodiversité, pouvant servir de relais. Certaines surfaces de

ces marais ou des zones tampons, soumises à des contrats nature, sont

exploitées par des agriculteurs et valorisées dans le cadre du réseau.

Le développement positif de ce projet repose avant tout sur la moti-

vation des exploitants, le conseil régulier de la part du spécialiste, les

synergies entre la protection de la nature et l’agriculture, mais aussi sur

le soutien des communes et l’implication de la population, des écoliers

notamment, dans certaines activités liées au réseau.

Le caractère pionnier d’un tel projet montre le chemin pour s’adapter

aux défis futurs, comme par exemple la prise en compte de l’espace

réservé aux eaux. En installant de manière volontaire des surfaces exten-

sives dans des zones sensibles, les agriculteurs anticipent des prescrip-

tions qui seront imposées à large échelle dans un avenir proche.

Une des difficultés, comme dans d’autres projets réseau, est de motiver

les agriculteurs à placer des surfaces de promotion de la biodiversité

dans les terres ouvertes, jachères, ourlets et autres bandes fleuries.

En 1998, les surfaces de compensation écologique représentaient 9,4 %

de la surface agricole. En 2014, la part des surfaces de promotion de la

biodiversité (SPB) est de 13,2 % et 110 agriculteurs sur les 127 qui com-

posent le périmètre y participent.

L’entretien des surfaces écologiques, ici le débroussaillage autour des

marais, nécessite une bonne part de travail manuel. © Jacques Frioud, SNP

Page 58: RZ RAQ 2019 contenu FR

58

5.6 Savoir-faire et outil de production

Contexte et défis

Le canton de Fribourg est doté d’un riche savoir-faire agricole et agroalimentaire,

preuves en sont des filières dynamiques capables de s’organiser et d’innover sans cesse.

Avec un tissu artisanal et agroindustriel riche, les compétences sont importantes et il

s’agit de les développer que ce soit par l’initiative d’entrepreneurs innovants ou par des

investissements tournés vers l’avenir. Il existe une large diversité de savoir-faire entre

les maraîchers du Seeland, les éleveurs et producteurs de lait de la Gruyère, les exploi-

tations mixtes de la Singine ou celles de grandes cultures de la Broye. On le constate,

l’exploitation fribourgeoise affirme une forte identité d’agriculture productrice.

Aujourd’hui, les exploitations qui tirent leur épingle du jeu, notamment par leurs

résultats économiques, sont pilotées par des exploitants dotés de compétences entre-

preneuriales affutées. La formation a un rôle important à jouer pour renforcer ces com-

pétences, mais c’est surtout un esprit qu’il faut cultiver. Le canton offre d’ores et déjà des

formations adaptées aux besoins des filières, comme c’est particulièrement le cas pour

les métiers du lait, principale production agroalimentaire fribourgeoise. Les conseils

« Je pense que les petites

structures sont bien adaptées

à la région et ont toute leur

chance à condition de bien

coopérer et d’adapter leurs

infrastructures. »

Hans Marti,

président de la coopérative

Sense Oberland, propriétaire

de l’abattoir régional de

Zollhaus

La construction d’infrastructures de pointe contribue au renforcement des savoir-faire et de la compétitivité de

l’agriculture fribourgeoise à une époque où il est important de se démarquer sur les marchés. Ici le projet de la

nouvelle ferme de Grangeneuve. (© IAG)

Page 59: RZ RAQ 2019 contenu FR

59

agricole et en économie laitière permettent d’accompagner et faciliter les projets de leur

conception à leur réalisation (soutien technique, encadrement, plan de financement,

aménagement du territoire, etc…). (cf. 4.2.Formation et conseil).

Afin de soutenir les investissements dans l’outil de production, le canton dispose de

plusieurs types de mesures d’aides structurelles en complément des mesures fédérales.

Ces aides structurelles visent à accompagner l’évolution de l’agriculture et à soutenir

des projets innovants. Elles permettent notamment une exploitation plus rationnelle

des terres par les remaniements parcellaires ou l’amélioration de l’accès aux fermes.

Elles contribuent à améliorer la gestion de l’eau que ce soit par la mise en place de

réseaux d’irrigation permettant de décharger les cours d’eau ou la rénovation de drai-

nages. Le soutien aux constructions rurales individuelles sur les exploitations agricoles

(fermes, porcheries, serres, locaux de stockage, aide à la reprise du domaine, etc.) ou

aux constructions collectives (coopérative de fromagerie, centre collecteur etc.) permet

de conserver un outil de production performant et moderne.

Actuellement, des projets très variés d’agrandissement ou de modernisation de

bâtiments, d’amélioration de fromageries avec les techniques les plus avancées, de

construction de serres maraîchères, de rénovation de chalets d’alpage ou de mise en

place d’installation de triage et de conditionnement de produits agricoles sont en cours

de réalisation ou sont en phase de développement. En fonction des conditions requises,

ces projets peuvent bénéficier des aides structurelles cantonales et fédérales soit par

des contributions à fonds perdu, soit par des prêts sans intérêt ou à intérêts réduits, des

aides combinées sont aussi possibles.

A l’avenir, il s’agira de maintenir cette dynamique positive afin de conserver des

infrastructures à la pointe de la technique et de l’innovation tout en maitrisant les

coûts. Dans ce but, des chefs d’exploitations bien formés, entreprenants et avec des

visions stratégiques claires pourront compter sur une formation professionnelle et un

conseil de qualité.

Page 60: RZ RAQ 2019 contenu FR

60

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (Savoir-faire et outil de production)

› Etablir Grangeneuve comme le centre d’excellence à disposition des filières

agroalimentaires

› Rendre le Campus Grangeneuve comme la plateforme de recherche, de

formation, de conseil et d’échange à laquelle l’ensemble des agriculteurs

s’identifient tout au long de leur carrière

› Elever le niveau de formation des agriculteurs fribourgeois

› Soutenir les investissements

› Dynamiser l’agriculture fribourgeoise et procéder à des investissements afin de

conserver un outil de travail productif et adapté

Mesures cantonales (Savoir-faire et outil de production)

› Inciter les agriculteurs à recourir aux offres de formation et de conseil de

Grangeneuve

› Maintenir les aides structurelles

› Soutenir des projets pilotes capables de faire évoluer les techniques et leur

utilisation (recherche appliquée)

› Soutenir des projets novateurs et durables pour faire face au changement

climatique

› Encourager les agriculteurs à collaborer pour réaliser des infrastructures en

commun

› Mettre en œuvre les mesures d’améliorations structurelles pour les projets

individuels et collectifs

› Inciter les agriculteurs, lors d’investissements, à planifier à moyen terme les

remboursements bancaires, en leur offrant des prêts agricoles adaptés

› Accompagner le développement de projets sur le plan de l’aménagement du

territoire

› Mettre en œuvre le nouveau plan directeur cantonal (régler la construction de

serre, porcherie, halle à volaille)

› S’engager en faveur d’une augmentation de la part fédérale dans le financement

des aides structurelles

› Préparer l’introduction de la PA 22+

Page 61: RZ RAQ 2019 contenu FR

61

5.6.1 Eclairage : La coopérative de pompage de Portalban

Dans les prochaines décennies, la production agricole de la région des

Trois-Lacs risque de souffrir de l’influence du changement climatique.

En particulier, la probabilité d’événements de sécheresses estivales et

de périodes de canicule devrait s’accroître. De surcroît, les exigences

de qualité des produits agricoles nécessitent un approvisionnement en

eau régulier. Différents outils ont été développés et des projets sont en

discussion pour faire face à cette nouvelle réalité.

En chiffres

(année de référence 2017)

14’573’423 frs de subventions

annuelles fédérales et cantonales

octroyées

25’185’000 frs de prêts annuels

octroyés

50 millions de frs de travaux annuels

réalisés grâce aux subventions et aux

prêts

3’508’000 frs de prêts annuel du

Fonds rural

171’358’742 frs de crédits

d’investissements en cours

32’523’474 frs de prêts en cours du

Fonds rural

219 exploitations formatrices

d’apprentis

277 apprentis sur des exploitations

fribourgeoises

Sources : SAgri, GELAN

Présenté en novembre 2018, l’objectif du projet « Irrigation Seeland-

Broye (ISB) » par exemple, est de favoriser des méthodes et aménage-

ments permettant une production agricole plus efficace et plus robuste.

D’autre part, l’outil de prévision online des besoins en irrigation et des

ressources en eau, isb.swissrivers.ch, est proposé pour la région Seeland-

Broye. Cette plateforme, soutenue par la Confédération et les cantons

de Fribourg, Vaud et Neuchâtel, permet une vision globale des besoins

en eau sur 10 jours afin d’anticiper et d’optimiser cette utilisation pour

l’agriculture tout en respectant la protection des cours d’eau. Des alarmes

sont déclenchées en cas de pénurie, mettant en garde les autorités com-

pétentes et les utilisateurs de l’eau sur la situation à venir.

Le canton de Fribourg a été proactif dans ce domaine et a soutenu par

exemple le projet d’un groupe d’agriculteurs des communes fribour-

geoises et vaudoises de Delley-Portalban, Missy, St-Aubin, Vallon,

Vully-les-Lacs. Ils ont créé la Société coopérative de pompage au lac

à Portalban qui gère aujourd’hui une station de pompage au lac et un

réseau de conduites d’environ 25 km permettant de distribuer l’eau

sur un périmètre irrigable de plus de 1’400 ha. La création de réseaux

interconnectés d’irrigation à partir du lac permet d’éviter d’assécher les

nappes phréatiques ou les petites rivières. Ce projet couvre les besoins en

irrigation des grandes cultures. Un hectare de pomme de terre nécessite

250 m3 d’eau tous les 5 jours, par exemple. Ce projet intercantonal a été

soutenu par les cantons de Fribourg et Vaud ainsi que la Confédération.

La plupart des grandes cultures sont gourmandes en eau. Il existe plusieurs

méthodes pour pallier aux carences temporaires en eau. L’arrosage par

aspersion nécessite plus d’eau qu’un arrosage au goutte à goutte. L’irrigation

et le pompage au lac représentent des solutions plus durables. Le canton

soutient notamment les équipements collectifs d’irrigation et d’adduction

d’eau. (© IAG)

Page 62: RZ RAQ 2019 contenu FR

62

5.7 Paiements directs

« Par notre action, nous

souhaitons contribuer à

permettre aux familles

paysannes d’assurer une

production alimentaire

saine et de proximité et

d’en vivre dignement,

tout en contribuant au

développement harmonieux

de l’espace rural et à la

préservation des ressources

naturelles. »

Pascal Krayenbuhl,

chef du Service

de l’agriculture.

Contexte et défis Le canton a la charge d’administrer la politique agricole fédérale en matière de

paiements directs. En raison de la complexité du système, la gestion des données se

fait dorénavant entièrement de façon électronique, au travers du logiciel GELAN

(Gesamtlösung Landwirtschaft und Natur) développé avec les cantons de Berne et

Soleure (cf. 4.7.4. Eclairage : GELAN). Cela a été possible grâce à un gros effort d’adap-

tation des agriculteurs et des services de l’Etat.

Chaque animal de rente est inscrit dès la naissance dans la Banque de données sur le trafic des animaux (BDTA).

Son numéro d’identification est inscrit sur une marque auriculaire fixée à chacune de ses oreilles. (© Adrian Moser/

IAG)

Page 63: RZ RAQ 2019 contenu FR

63

Les tâches des services de l’Etat en matière de paiements directs comprennent

notamment :

› La reconnaissance des exploitations agricoles selon normes fédérales ;

› Le recensement annuel de toutes les exploitations (surfaces, cultures, bétail etc.) ;

› Le contrôle et l’apurement des données ;

› Le calcul et le versement en trois tranches des paiements directs ;

› La communication de la décision annuelle comprenant les éventuelles

réductions (en moyenne ces dernières années 0,5 % des paiements directs ne

sont pas versés en raison de non-conformité) avec voies de recours usuelles.

Depuis 1992 et l’introduction du principe de paiements directs découplés de la pro-

duction, tant la Confédération que les cantons et leurs différents services ont vu dans

ce système un outil d’application efficace de mise en œuvre de différentes politiques

(production, protection des animaux, de l’environnement, des eaux, de l’air, des sols, de

la nature et du paysage, etc…). Le rythme des modifications légales, en particulier lors

de la PA 14-17, s’est accéléré, complexifiant le système et augmentant les tâches admi-

nistratives pour les agriculteurs comme pour le canton.

Chaque année le train d’ordonnances agricoles amène, au mois de novembre, son lot

de modifications qui entreront en vigueur au 1er janvier suivant. Dans ce cours laps

de temps, la planification de contrôles supplémentaires, la mise en place d’un service

de conseils et la formation des collaborateurs doivent être assurées. Tout le processus

se densifie d’année en année, augmente fortement l’administration et donne lieu à des

situations compliquées. Par exemple, les inscriptions aux différents programmes de

paiements directs se font en septembre, alors que les nouveaux programmes ne sont

connus qu’en novembre : un agriculteur doit donc faire soit une demande anticipée, soit

rapidement une inscription rétroactive tout en prouvant que la mesure est remplie sur

son exploitation.

Quant aux services cantonaux, ils ont quelques semaines pour mettre à jour les bases

de données et les formulaires destinés à toute la branche. Ils doivent communiquer

les modifications légales et informer les collaborateurs de l’Etat, les préposés agricoles

et les agriculteurs des changements. Les services de l’Etat veillent à faire remonter

auprès de la Confédération qui est responsable de la politique agricole les réalités

du terrain afin de contribuer à établir des règles qui soient applicables et simples

administrativement.

Les programmes facultatifs liés à des prestations, qui représentent plus de 40 % des

paiements directs actuels, se multiplient. Ils entrainent pour l’agriculteur des coûts

supplémentaires en conseil et en validation soit par des agronomes, des biologistes, des

bureaux de conseils ou des organisations agricoles. Une part des subventions fédérales

est ainsi utilisée par l’agriculteur pour légitimer son droit à la mesure.

Page 64: RZ RAQ 2019 contenu FR

64

Total des paiements directs

Montant des paiements direct et proportion de paiements liés à la prestation

200’000

195’000

190’000

185’000

2013

2014

2015

2016

2017

Part des paiements directs généraux Part des paiements directs liés à la prestation

La proportion des paiements directs liés à des prestations écologiques est en constante augmentation, en

particulier depuis l’introduction de la PA 14-17. Le montant total des paiements directs versés aux agriculteurs

fribourgeois a diminué en 2014 mais la bonne participation aux différents programmes écologiques a permis de

compenser en partie cette baisse.

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise (Paiements directs)

› Valoriser les atouts et les spécificités de l’agriculture fribourgeoise dans

l’élaboration de la politique agricole fédérale

› Vivre dignement de l’activité agricole

› Collaborer à la formation de l’opinion avec les parties prenantes

Fra

ncs

Page 65: RZ RAQ 2019 contenu FR

65

Mesures cantonales (Paiements directs)

› Participer à l’élaboration de la politique agricole fédérale au sein de groupes de

travail ou d’experts etc.

› Assurer la part du financement cantonal aux paiements directs

› Utiliser au maximum la marge de manœuvre cantonale pour promouvoir une

agriculture productive et rémunératrice dans le respect de l’environnement

› Participer à des projets pilotes pour être à l’avant-garde des futures dispositions

et mettre en évidence plus concrètement les spécificités de l’agriculture

fribourgeoise

› Organiser des séances d’information et de formation continue pour les

agriculteurs, les préposés, les bureaux de conseil, et des collaborateurs et les

collaboratrices de l’Etat afin de les préparer à la mise en œuvre des nouvelles

dispositions fédérales

› Mettre à niveau les collaborateurs et les collaboratrices de l’Etat par la formation

continue interne, intercantonale, fédérale, scientifique ou d’organismes de la

branche

› Former et superviser les contrôleurs publics et privés

› Assurer la validation et le suivi des annonces de manquements faites par les

contrôleurs et accompagner les exploitations dans leur mise en conformité par la

vulgarisation agricole

› Poursuivre le développement de l’outil GELAN - élément de la

cyberadministration 4.0- conçu pour les paiements directs, comme une porte

d’entrée aux services de l’Etat pour les agriculteurs

› Contrôler et apurer les données du recensement agricole en réalisant des

contrôles selon les rythmes imposés par la Confédération

› Assurer le recensement des apiculteurs, des pisciculteurs professionnels et des

détenteurs d’animaux de rente à titre de loisir : ces données servent en premier

lieu à la prévention des épizooties

› Exécuter l’attribution des paiements directs de façon diligente, transparente et

constante dans la pratique

› Simplifier l’administration des paiements directs et fournir des outils

informatiques simples et adaptés

Page 66: RZ RAQ 2019 contenu FR

66

5.7.1 Eclairage : GELAN

En chiffres

(année de référence 2017)

2’483 exploitations au bénéfice de

paiements directs

588 exploitants d’estivage

4’450 numéros BDTA (banque de

données sur le trafic des animaux)

746 apiculteurs

10’041 colonies d’abeilles

8 pêcheurs professionnels

20’708’447 poissons d’élevage

21’323 pâquiers normaux

1’380 détenteurs d’animaux de rente

à titre de loisir

Source : SAgri, GELAN

Un agriculteur inscrit les données de toute son

exploitation dans GELAN © SAgri

La base de données GELAN (Gesamtlösung Landwirtschaft und Natur),

bilingue, développée par les cantons de Fribourg, Berne et Soleure,

réunit toutes les données nécessaires à l’administration des paiements

directs. Grâce à cet outil, continuellement développé depuis 20 ans,

l’agriculture et les différents services compétents disposent de toutes

les informations actualisées annuellement de l’ensemble des exploita-

tions : personnes actives sur les domaines, parcelles (géolocalisation,

culture etc.), lieux de détention (géolocalisation), effectif animal, types

de cultures, prestations écologiques et autres programmes volontaires

(Qualité du paysage, programme nitrate, etc.).

Depuis l’introduction des paiements directs liés à la surface, le contrôle

de la surface agricole utile (SAU) a gagné en importance. Les correc-

tions de recensement dues aux réductions de SAU (déprise forestière ou

bétonnage) sont moins importantes que celles rendues possibles par la

grande qualité des données géolocalisées, introduite par GELAN et à la

mensuration officielle.

Toutes ces données sont systématiquement contrôlées et de ce fait elles

constituent une référence sûre qui sert notamment au calcul et au verse-

ment des paiements directs. GELAN permet donc d’assurer l’exécution

de la politique fédérale de manière efficiente, rationnelle et constante.

GELAN est connecté à d’autres bases de données comme celles de la

Confédération, du SAAV ou de SANIMA et une partie des données sont

reprises sur le portail cartographique de l’Etat. Le système permet ainsi

la mise en place de mesures d’urgence en cas d’épizootie selon un rayon

donné, ou à l’établissement de statistiques. Les données GELAN sont très

précieuses pour la recherche. Quant aux données individuelles, elles sont

aussi utilisées dans les conseils personnalisés aux agriculteurs.

Grâce aux efforts de formation et d’accompagnements, l’ensemble

du recensement agricole annuel ne se fait plus que sous forme élec-

tronique. Les données GELAN peuvent être reprises dans les appli-

cations numériques qu’utilisent les agriculteurs pour leur propre

exploitation. Pour le futur, le défi consistera à encore améliorer la

connectivité de la base GELAN avec d’autres programmes et applications

(plateformes digitales Barto et Ada), ceci en garantissant une sécurité

élevée.

Page 67: RZ RAQ 2019 contenu FR

67

6 Résumé —

Le canton de Fribourg se caractérise par la puissance de son économie agroalimentaire.

La valeur de la production agricole atteint quelque 740 millions de francs. En aval, le

canton bénéficie d’un tissu conséquent d’entreprises de 1ère transformation et d’ex-

pédition, à vocation nationale et mondiale, qui génère valeur et emplois. Le Conseil

d’Etat a l’ambition de faire du canton de Fribourg le leader suisse de l’agroalimentaire

en s’appuyant sur une agriculture professionnelle, productive, durable, respectueuse de

l’environnement et de la santé animale, mais aussi sur des entreprises agroalimentaires

artisanales et industrielles innovantes et durables.

L’essentiel de la politique agricole et des moyens qui y sont alloués sont du ressort de la

Confédération. Le canton de Fribourg entend cependant utiliser au maximum sa marge

de manœuvre et s’affirmer comme partenaire incontournable de la Confédération. Il

souhaite surtout développer sa propre stratégie en faveur d’un secteur agroalimentaire

leader.

La politique agricole cantonale repose sur sept axes stratégiques :

Production et filières La création d’un terreau propice à l’innovation est un instrument

cantonal efficace pour soutenir la compétitivité des filières agroalimentaires fribour-

geoises. L’innovation doit permettre à ce secteur d’être plus performant, de trouver de

nouveaux marchés et de répondre aux besoins et aux exigences des consommateurs et

des citoyens. Elle permet surtout aux familles paysannes de vivre de leur travail.

Recherche, formation et conseil La formation et le conseil sont des leviers essentiels

en mains du canton qui permettent de préparer les professionnels des secteurs agricole

et agroalimentaire à faire face aux défis actuels, mais aussi à tirer parti des nouveaux

outils 4.0. Le Campus Grangeneuve gagnera encore en attractivité et en aura grâce aux

investissements prévus et au renforcement d’Agroscope avec l’arrivée de l’élite de la

recherche agronomique du pays.

Exploitation familiale et évolution sociale Le contexte économique et l’évolution de la

société exercent une forte pression sur les exploitations agricoles familiales et la santé

des agriculteurs. Dans le cadre de la stratégie de prévention de la santé « Perspectives

2030 » le canton souhaite valoriser le travail des agriculteurs, renforcer les liens entre

producteurs et consommateurs et encourager la solidarité professionnelle.

Page 68: RZ RAQ 2019 contenu FR

68

Sécurité alimentaire et santé animale La sécurité alimentaire et sanitaire est une

mission de service public essentielle pour accompagner le secteur agroalimentaire.

Elle garantit la mise sur le marché de produits sains et sûrs, même pour des modes de

production sensibles. La stratégie du Conseil d’Etat vise la maîtrise des technologies les

plus pointues et repose sur une analyse de risques bien fondée en collaboration avec

tous les partenaires.

Ressources naturelles Les ressources naturelles, -air, eau, sol et biodiversité-, sont

la base de toute production agricole et agroalimentaire. Dans une optique de dura-

bilité il est essentiel de veiller à minimiser l’impact de la production agricole sur ces

ressources. Pour développer de nouvelles techniques de production respectueuses, le

canton encourage des projets pilotes dans des domaines sensibles tels que par exemple

l’optimisation de l’utilisation des engrais et produits phytosanitaires ou la réduction des

antibiotiques administrés au bétail.

Savoir-faire et outil de production Le soutien à l’investissement dans un outil de

production performant, moderne et connecté est un instrument important de l’Etat.

Des bâtiments d’exploitation et des installations de production et de transformation

modernes permettent de mettre en valeur et faire vivre le savoir-faire des filières.

Paiements directs Le canton a la charge d’administrer la politique agricole fédérale

en matière de paiements directs. Le Conseil d’Etat entend contribuer à façonner la

politique fédérale et soutenir les agriculteurs fribourgeois et leurs familles, en faisant

entendre sa voix au niveau fédéral, mais aussi en développant des projets pilotes pour

être à l’avant-garde des futures dispositions fédérales et mettre en évidence les particu-

larités de l’agriculture fribourgeoise.

Le présent rapport présente les objectifs de chacun de ces axes et les mesures canto-

nales pour les atteindre.

Page 69: RZ RAQ 2019 contenu FR

69

7 Annexes —

7.1 Tableau récapitulatif des

objectifs et mesures

Production agricole et filières

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› Positionner Fribourg en tant que leader de l’agroalimentaire au niveau suisse

› Développer une agriculture fribourgeoise professionnelle, productive, durable, respectueuse de l’environnement et de la santé animale

› S’organiser en filières afin de se démarquer sur le marché

› Utiliser les produits du terroir et de proximité dans la restauration

› Entretenir des relations de confiance entre partenaires

› Cultiver l’esprit d’innovation (nouvelles techniques, nouveaux produits) à l’intérieur les filières

› Promouvoir les produits du terroir fribourgeois et de proximité en collaboration avec « Terroir Fribourg » via la certification et la communication

› Promouvoir les produits durables et de proximité dans la restauration collective via des cours de formation continue pour les restaurateurs, la certification des restaurants et l’intégration de critères dans les procédures d’appel d’offre

› Soutenir par la recherche, le conseil et l’analyse les choix stratégiques des filières

› Aider les filières à obtenir pour leurs produits des labels ou des appellations à forte valeur ajoutée tels qu’AOP/IGP

› Soutenir l’agriculture biologique à travers la vulgarisation et la promotion

› Garantir le contrôle et la certification en collaboration avec d’autres partenaires

› Promouvoir les produits du terroir et les traditions alimentaires commew vecteurs de l’offre touristique fribourgeoise

› Promouvoir et soutenir l’élevage, ainsi que l’écoulement du bétail

› Confirmer Grangeneuve comme centre de compétences lait et agroalimentaire

› Encourager dès la phase initiale les projets précurseurs et innovants. Promouvoir activement l’innovation, notamment par le Prix de l’innovation agricole, mais aussi au travers de la stratégie agroalimentaire du Conseil d’Etat

Page 70: RZ RAQ 2019 contenu FR

70

Recherche, formation et conseil

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› Disposer d’une formation de qualité, bilingue, adaptée aux besoins actuels et d’infrastructures à la pointe, sur un campus moderne

› Pratiquer une agriculture durable, entrepreneuriale et répondant aux attentes des consommateurs

› Anticiper la transmission des exploitations

› Utiliser les nouvelles technologies numériques dans la conduite des exploitations

› Promouvoir la recherche et la formation, au travers du campus Grangeneuve

› Développer le campus Grangeneuve en utilisant le maximum de synergies avec Agroscope

› Construire une nouvelle ferme-école

› Construire une nouvelle halle des technologies sur le site de Grangeneuve

› Réaliser une ferme-école Bio à Sorens

› Assurer un enseignement et une formation continue de qualité pour les agriculteurs et agricultrices

› Assainir la Grange Neuve avec une nouvelle affectation des locaux

› Renforcer les compétences de formation et de conseil en matière de préservation des ressources naturelles, d’économie d’énergie et d’adaptation aux changements climatiques

› Développer le Centre de compétences lait et agroalimentaire

› Soutenir le développement de l’agriculture 4.0 (projets novateurs, recherche, formation et vulgarisation) Sensibiliser à l’utilisation de solutions numériques (tracteur GPS, applications numériques de gestion, etc.)

› Mettre en œuvre le plan d’action phytosanitaire national* (encadrement des agriculteurs)

› Encourager la mise sur pied de projets de développements régionaux PDR

› Développer les compétences méthodologiques des conseillers agricoles notamment dans le coaching, la gestion de conflits, la vision et la veilles stratégiques

› Développer les partenariats externes de Grangeneuve, notamment dans le cadre du réseau ADALUS

Page 71: RZ RAQ 2019 contenu FR

71

Exploitation familiale et évolution sociale

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› Veiller à la santé des agriculteurs et de leurs familles

› Entretenir des liens étroits entre producteurs et consommateurs

› Valoriser le travail des agriculteurs

› Cohabiter entre ville et campagne

› Faire preuve de solidarité professionnelle dans l’agriculture fribourgeoise

› Prendre en compte la dimension familiale de l’agriculture

› Renforcer les compétences du personnel en contact avec les agriculteurs en matière de soutien social

› Créer un réseau de sentinelles, chargé de déceler les situations de crise dans le milieu agricole

› Encourager et soutenir des projets de plateformes de rencontre ou d’évènements récréatifs entre producteurs et consommateurs

› Mettre en œuvre les Aides aux exploitations agricoles en difficulté (Cellule AED) et les Aides aux exploitations paysannes (AEP)

› Thématiser les aspects sociaux de l’agriculture, notamment dans la formation et la vulgarisation agricole

Page 72: RZ RAQ 2019 contenu FR

72

Sécurité alimentaire et santé animale

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› Assurer la sécurité sanitaire et la traçabilité de tous les produits agroalimentaires

› Faire reconnaître les produits de l’agriculture fribourgeoise, en Suisse et à l’étranger, comme sûrs

› Veiller à la santé et au bon traitement du cheptel fribourgeois

› Surveiller et conseiller les acteurs de l’agroalimentaire, notamment les filières et les interprofessions de produits du terroir ou régionaux

› Organiser périodiquement des tables rondes avec tous les acteurs

› Surveiller et conseiller les détenteurs de bétail

› Garantir une eau potable de qualité

› Être à jour dans l’évaluation et suivre l’évolution des risques potentiels en matières sanitaire (Escherichia coli, salmonelle, listeria…) et vétérinaire (grippe aviaire, peste porcine...)

› Recenser le cheptel et ses mouvements (lutte contre les épizooties)

› Former les collaborateurs aux nouvelles techniques et aux nouveaux risques

› Veiller au bon état de préparation de tous les partenaires d’intervention contre les épizooties et plan OCC (Organe cantonal de conduite)

› Adapter les moyens de lutte à l’évolution des risques potentiels d’épizooties (BVD, varroa et loques, salmonellose bovine, etc.)

› Coordonner les contrôles en bonne intelligence avec les autres services de l’Etat et les organismes extérieurs

› Collaborer à la mise en place de la stratégie STAR (diminution des antibiotiques, cf. 5.4.1 Eclairage : ReLait) et faire vivre la Charte des bonnes pratiques des vétérinaires praticiens

› Développer le guichet unique « export » pour faciliter l’administration pour les entreprises exportatrice

Page 73: RZ RAQ 2019 contenu FR

73

Ressources naturelles

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› S’adapter aux changements climatiques

› Diminuer l’impact de l’agriculture sur les eaux (réduction des intrants agricoles tels que résidus phytosanitaires, nitrate et phosphore essentiellement),

› Diminuer l’impact de l’agriculture sur l’air et le climat (ammoniac, méthane, CO2…)

› Diminuer l’impact de l’agriculture sur les sols (tassement, érosion, …)

› Préserver la biodiversité

› Mettre en œuvre le Plan d’action phytosanitaire* et promouvoir l’usage d’outils de précision lors de l’utilisation de produits phytosanitaires

› Soutenir le développement de capacités de stockage d’engrais de ferme suffisant permettant leur utilisation pertinente afin de réduire les risques de lessivage des éléments nutritifs de la végétation et diminuer au final leur présence dans les eaux (ne plus avoir besoin de puriner pour vider sa fosse à purin)

› Actualiser l’inventaire des fosses à purin et contrôler leur état en fonction du risque

› Délimiter l’espace réservé* et mettre en place son exploitation extensive

› Accompagner les projets économes en eau et prévenir les conflits d’usage

› Renforcer les compétences de conseil dans le domaine de la détention animale

› Réaliser une cartographie complète des sols agricoles fribourgeois

› Définir une méthodologie et une procédure pour réhabiliter les sols agricoles dégradés

› Prendre en compte, dans la pesée des intérêts dans l’aménagement du territoire, la qualité des sols afin de préserver les meilleurs sols

› Etendre le réseau de mesure de l’humidité des sols qui indiquent la capacité du sol à supporter des charges afin de prévenir des dommages irréversibles

› Promouvoir les bonnes pratiques culturales (sans labour, engrais vert, pendillard, poids des machines)

› Accompagner les projets visant à l’amélioration de la biodiversité

› Développer les conseils aux agriculteurs dans le domaine de l’énergie

› Développer le champ de connaissances sur les ressources naturelles (par exemple le parcours de l’eau dans le sol)

› Mettre en place une gestion des eaux durable et responsable

› Protéger les sols de qualité face à la pression de la construction (y compris agricole)

› Soutenir les agriculteurs dans leurs projets de production d’énergie verte et de réduction de consommation d’énergie

› Mettre en place des mesures en faveur du climat dans le cadre du plan climat

› Mettre en œuvre la stratégie cantonale de développement durable

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74

Savoir-faire et outil de production

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› Etablir Grangeneuve comme le centre d’excellence à disposition des filières agroalimentaires

› Rendre le Campus Grangeneuve comme la plateforme de formation et d’échange à laquelle l’ensemble des agriculteurs s’identifient tout au long de leur carrière

› Elever le niveau de formation des agriculteurs fribourgeois

› Soutenir les investissements

› Dynamiser l’agriculture fribourgeoise et procéder à des investissements afin de conserver un outil de travail productif et adapté

› Inciter les agriculteurs à recourir aux offres de formation et de conseil de Grangeneuve

› Maintenir les aides structurelles

› Soutenir des projets pilotes capables de faire évoluer les techniques et leur utilisation (recherche appliquée)

› Soutenir des projets novateurs et durables pour faire face au changement climatique

› Encourager les agriculteurs à collaborer pour réaliser des infrastructures en commun

› Mettre en œuvre les mesures d’améliorations structurelles pour les projets individuels et collectifs

› Inciter les agriculteurs, lors d’investissements, à planifier à moyen terme les remboursements bancaires, en leur offrant des prêts agricoles adaptés

› Accompagner le développement de projets sur le plan de l’aménagement du territoire

› Mettre en œuvre le nouveau plan directeur cantonal (régler la construction de serre, porcherie, halle à volaille)

› S’engager en faveur d’une augmentation de la part fédérale dans le financement des aides structurelles

› Préparer l’introduction de la PA 22+ (droit foncier rural, endettement etc.)

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75

Paiements directs

Objectifs de l’agriculture fribourgeoise Mesures cantonales

› Valoriser les atouts et les spécificités de l’agriculture fribourgeoise dans l’élaboration de la politique agricole fédérale

› Vivre dignement de l’activité agricole

› Collaborer à la formation de l’opinion avec les parties prenantes

› Participer à l’élaboration de la politique agricole fédérale au sein de groupes de travail ou d’experts etc.

› Assurer la part du financement cantonal aux paiements directs

› Utiliser au maximum la marge de manœuvre cantonale pour promouvoir une agriculture productive et rémunératrice dans le respect de l’environnement

› Participer à des projets pilotes pour être à l’avant-garde des futures dispositions et mettre en évidence plus concrètement les spécificités de l’agriculture fribourgeoise

› Organiser des séances d’information et de formation continue pour les agriculteurs, les préposés, les bureaux de conseil, et des collaborateurs et les collaboratrices de l’Etat afin de les préparer à la mise en œuvre des nouvelles dispositions fédérales

› Mettre à niveau les collaborateurs et les collaboratrices de l’Etat par la formation continue interne, intercantonale, fédérale, scientifique ou d’organismes de la branche

› Former et superviser les contrôleurs publics et privés

› Assurer la validation et le suivi des annonces de manquements faites par les contrôleurs et accompagner les exploitations dans leur mise en conformité par la vulgarisation agricole

› Poursuivre le développement de l’outil GELAN - élément de la cyberadministration 4.0- conçu pour les paiements directs, comme une porte d’entrée aux services de l’Etat pour les agriculteurs

› Contrôler et apurer les données du recensement agricole en réalisant des contrôles selon les rythmes imposés par la Confédération

› Assurer le recensement des apiculteurs, des pisciculteurs professionnels et des détenteurs d’animaux de rente à titre de loisir : ces données servent en premier lieu à la prévention des épizooties

› Exécuter l’attribution des paiements directs de façon diligente, transparente et constante dans la pratique

› Simplifier l’administration des paiements directs et fournir des outils informatiques simples et adaptés

Page 76: RZ RAQ 2019 contenu FR

76

7.2 Statistiques

Territoire Exploitations Bétail

Le territoire cantonal a une

superficie de 167’000 ha

dont :

Le canton comprend

75’516 ha de surface

agricole utile (SAU), dont :

2’464 exploitations

bénéficiaires de paiements

directs

108’723 UGB (Unités de gros

bétail) détenus dans le canton

dont 73,8 % sont des bovins

12’000 ha de surface

constructible et dédiée au

transport

67 % de prairies et pâturages 8’470 personnes actives

dans l’agriculture et 6’167

personnes actives dans

l’agroalimentaire, représentent

10 % des emplois du canton

130’212 bovins dont

55’872 vaches laitières

15’000 ha de surface

improductive (lac, montagne)

35’000 ha de terres assolées

(labourées et prairies

temporaires)

Les exploitations

fribourgeoises sont en

moyenne 30 % plus grandes

que les exploitations suisses

79’684 porcs

45’000 ha de forêt 22’000 ha de terres ouvertes

(essentiellement céréales,

pomme de terre, betterave

sucrière, colza)

4’450 numéros BDTA (banque

de données sur le trafic des

animaux)

20’996 chèvres et moutons

95’000 ha de surface

agricole, dont 20’000 ha de

pâturage d’estivage

Les 2’464 exploitations

fribourgeoises sont en

moyenne 30 % plus grande

que les exploitations suisses.

33 % d’entre elles ont disparu

depuis 2’000.

1’380 détenteurs d’animaux

de rente à titre de loisir

2’145’700 volailles

7 % de la surface agricole

suisse

746 apiculteurs 7’004 chevaux

72 % de la SAU se situe dans

les zones de plaines et de

collines

8 pêcheurs professionnels

Page 77: RZ RAQ 2019 contenu FR

77

Environnement Biodiversité Economie Transformation

6’987 ha « Extenso »,

de céréales, oléagineux

et protéagineux avec

utilisation réduits de produits

phytosanitaires,

8’766 ha de surface de

promotion de la biodiversité

(SPB)

739’159’000 c’est la valeur

de la production agricole

fribourgeoise à la sortie de

l’exploitation

200 Mio de litres de lait

transformés en 20 Mio de

kg de Gruyères et Vacherin

fribourgeois AOP. Restent

180 Mio de litres de petit lait

à valoriser

5’632 ha de cultures

respectueuses du sol en

semis direct, semis sous

litière ou semis en bandes

fraisées (sans labour), soit ¼

des surfaces de cultures

81'503 arbres sur la

surface agricole

6 % du PIB vient de

l’agriculture et de

la transformation

agroalimentaire

3,3 fois plus de fromage

produit dans le canton que

consommé

266 ha de cultures fruitières,

vignes et betteraves

sucrières avec utilisation

réduite de produits

phytosanitaires

180 exploitations respectent

les directives bio. Cela

représente 5’062 ha de

production, 25 % de la

production maraîchère et

20 % des surfaces viticoles

192 millions de paiements

directs

3,3 fois plus de céréales

panifiables produites dans le

canton que consommées

50 périmètres de réseau

écologique et 6 de qualité du

paysage

5 % de la production végétale

suisse

3,9 fois plus de pommes de

terre produites dans le canton

que consommées

10 % de la production animale

suisse

2 fois plus de viande bovine

produite dans le canton que

consommée

20 % de la transformation

suisse

1,6 fois plus de viande

porcine produite dans le

canton que consommée

2,6 fois plus de volaille

produite dans le canton que

consommée

Page 78: RZ RAQ 2019 contenu FR

78

Estivage Formation Formation continue

555 exploitants d’estivage 8 élèves AFP agriculteur 1289 participants à la formation

continue agricole

Quelques 20’000 ha de pâturages

d’estivage

271 élèves CFC agriculteur 34 visites de cultures avec la

participation de 2’148 personnes

30’000 bovins montent à l’alpage 125 élèves Brevet agricole 21 cours organisés en formation

continue en économie familiale

21’323 pâquiers normaux (1 PN

représente 1 vache pendant 100 jours

sur l’alpage)

22 élèves diplôme agricole 9 cours tout public Grangeneuve pour

tous (GPT) avec 139 participants

30 élèves ES Ecole Agro-commerçant

31 candidates au Brevet de paysanne

219 exploitations forment

277 apprentis

Page 79: RZ RAQ 2019 contenu FR

79

Travail Améliorations foncières

60 h de travail hebdomadaire. Selon

l’OFS, c’est le temps de travail moyen

de l’agriculteur. La moyenne pour le

reste de la population est de 50h

14’573’423 frs de subventions

annuelles fédérales et cantonales

octroyées

8’470 personnes actives dans

l’agriculture et

25’185’000 frs de prêts annuels

octroyés

6’167 personnes active dans

l’agroalimentaire, représentent

50 millions de frs de travaux annuels

réalisés grâce aux subventions et aux

prêts

10 % des emplois du canton 3’508’000 frs de prêts annuels du Fonds

rural

30 % de la main-d’œuvre des

exploitations agricoles fribourgeoises est

féminine

171’358’742 frs de crédits

d’investissements en cours

49 ans c’est l’âge moyen des exploitants

en 2017, contre 46 en 2000

32’523’474 frs de prêts en cours du

Fonds rural

315’074 consommateurs

Page 80: RZ RAQ 2019 contenu FR

80

Exploitations fribourgeoises

3000

2900

2800

2700

2013

2014

2015

2016

2017

Le nombre d’exploitations est en constante diminution dans le canton et en Suisse.

Surface agricole utile (SAU)

76’000

75’000

74’000 2013

2014

2015

2016

2017

La SAU diminue légèrement, mais il est difficile de déterminer s’il s’agit de pertes réelles ou de corrections dues à la

mensuration officielle (en 2017, plus de 80 % de la SAU est recensé sur la base de données cadastrales récentes). À

noter la légère augmentation de SAU lors du passage au recensement géographique, en 2014.

Distribution de la surface agricole utile (SAU)

80’000

70’000

60’000

50’000

40’000

30’000

20’000

SPB/SCE Terres ouvertes Surfaces herbagères

10’000

0

2013

2014

2015

2016

2017

Distribution de la surface agricole utile, la partie inférieure représente les surfaces herbagères, la partie médiane les

terres ouvertes et la partie supérieure les surfaces exploitées extensivement.

Page 81: RZ RAQ 2019 contenu FR

81

Effectif fribourgeois

120’000

100’000

80’000

60’000

40’000

Autres Volaille Porcs Bovins

20’000

0

2013

2014

2015

2016

2017

Les trois quarts de l’effectif fribourgeois est bovin.

Formation des exploitants en fonction de l’âge

100

80

60

40

Agronomes Maîtres agriculteurs

CFC 20 Autre formation + expérience ou formation complémentaire Formation initiale agricole 0

Moyenne 20

30 40 50

Les jeunes sont tendanciellement mieux formés.

Eff

ectif

en

UG

B

Page 82: RZ RAQ 2019 contenu FR

82

7.3 Bibliographie

Université de Neuchâtel (2018) Etude conjointe DSAS-DIAF sur les risques psycho-so-

ciaux des agriculteurs et agricultrices du canton de Fribourg, Rapport final.

AGRIDEA / BFH-HAFL (2016) Valorisation des produits de l’agriculture fribourgeoise

- étude FILAGRO

BFH-HAFL. (2017) Stratégies d’avenir pour une agriculture romande dynamique.

Recherche Agronomique Suisse

HEG (2018) Analyse des performances de l’agriculture fribourgeoise pour l’économie,

le tourisme et l’environnement. Rapport sur le postulat Bonvin-Sansonnens et Losey

OFS (2018) Agriculture et alimentation, Statistiques de poches 2018

SEn Service de l’environnement de l’Etat de Fribourg, Etat de l’environnement 2016

Confédération (OFEV et OFAG) Objectifs environnementaux pour l’agriculture,

Rapport d’état 2016

OFAG (2017) Vue d’ensemble du développement à moyen terme de la politique agricole

Page 83: RZ RAQ 2019 contenu FR

83

7.4 Lexique

AFAPI

Association Fribourgeoise des Agriculteurs pratiquant une agriculture respectueuse de

l’environnement et des animaux

AGRIDEA

Association suisse pour le développement de l’agriculture et de l’espace rural

Agrotourisme ou agritourisme

Tourisme dont l’objet est la découverte des savoir-faire agricoles d’un territoire, et par

extension des paysages, des pratiques sociales et des spécialités culinaires découlant de

l’agriculture.

Bureaux de conseil

Spécialistes en biologie, en détention d’animaux, du paysage ou de l’aménagement par

exemple, mandatés par les agriculteurs, ils valident scientifiquement la cohérence des

mesures prises par ceux-ci et les justifient pour l’attribution de paiements directs.

Cash flow

« flux de trésorerie » Solde comptable indiquant la capacité financière d’une entreprise.

Conseil et vulgarisation de Grangeneuve (IAG*), d’AGRIDEA et des organisations

professionnelles

Spécialistes en agriculture, ils soutiennent et conseillent les agriculteurs dans leurs projets.

Contrôleurs AFAPI

Salariés de l’AFAPI, ils assurent le contrôle des mesures annoncées par les agriculteurs

selon les rythmes de contrôle fixés légalement. Ils tiennent compte de la coordination

des contrôles interservices afin d’éviter la multiplication des contrôles.

DAEC

Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions

DIAF

Direction des institutions, de l’agriculture et des forets

DSAS

Direction de la santé et des affaires sociales

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84

Ensilage

Méthode de conservation du fourrage par voie humide passant par la fermentation

lactique anaérobie. La production de fromage tels que le Gruyère et le Vacherin fri-

bourgeois nécessite en revanche un affouragement sans ensilage du bétail, c’est-à-dire

du fourrage non fermenté, afin de réduire les risques de fermentation butyrique du

fromage pendant l’affinage.

Espace réservé

La loi fédérale de 1998 sur la protection des eaux (LEaux) a introduit la notion d’espace

« minimal nécessaire au cours d’eau » (ou espace réservé aux eaux). Cet espace est à

considérer comme un corridor aux abords des cours d’eau et des étendues d’eau, dont

le but est de garantir les fonctions naturelles des eaux, leur utilisation et la protection

contre les crues. Des pertes de surfaces exploitables dans cet espace doivent être tolé-

rées en cas d’érosion ou de projet de revitalisation. Cet espace est en principe incons-

tructible et, depuis les modifications de l’Ordonnance sur les Eaux (OEaux) de 2011,

soumis à des restrictions au niveau de l’exploitation agricole.

GELAN

Gesamtlösung Landwirtschaft und Natur. La base de données développée par les can-

tons de Fribourg, Berne et Soleure, réunit toutes les données nécessaires à l’administra-

tion des paiements directs. Grâce à cet outil, continuellement développé depuis 20 ans,

l’agriculture et les différents services compétents disposent de toutes les informations

actualisées annuellement de l’ensemble des exploitations.

Green box ou catégorie verte

Pour qu’une subvention entre dans cette catégorie, autorisée par l’OMC, ses effets de

distorsion sur les échanges doivent être nuls ou, au plus, minimes. Elle doit être finan-

cée par des fonds publics (et non en imposant aux consommateurs des prix plus élevés)

et ne pas apporter un soutien des prix. (OMC, Soutien interne à l’agriculture)

Horizon de désendettement

Estimant que l’actif immobilisé d’une exploitation agricole se compose d’un mélange

d’éléments stables et durables (terres, partie habitation), d’éléments moyennement

durables (étables bovins, remises) ou moins durables (étables plus légères comme

poulaillers ou porcheries, serres), il a été admis de fixer un horizon de désendettement

(dette totale divisé par le montant des remboursements annuels) à 35 ans. Les aides

financières ne sont accordées que si cet objectif est atteint.

IAG

Institut agricole de Grangeneuve

Lait de centrale

aussi appelé lait industriel par opposition au lait de fromagerie. Il s’agit du lait de

consommation domestique (sous toutes ses formes : UHT, poudre…) et de tous les pro-

duits transformés (yogourts, boissons lactées etc..). Il ne bénéficie pas du supplément

de prix octroyé par la Confédération pour le lait de non ensilage.

Page 85: RZ RAQ 2019 contenu FR

85

LDFR

Loi sur le droit foncier rural

OFAG

Office fédéral de l’agriculture

OFEV

Office fédéral de l’environnement

Pâquier normal

mesure de charge en bétail sur les estivages équivalent à 1 UGB pendant 100

jours

Perspectives Santé 2030

La stratégie cantonale de promotion de la santé et de prévention-Perspectives

2030, adoptée le 7 mars 2017 par le Conseil d’Etat, fixe les priorités de promo-

tion de la santé et de prévention pour le canton de Fribourg et sert ainsi de

cadre de référence commun aux différents partenaires concernés

Plan d’action national produits phytosanitaires

Il vise à la réduction des risques et à l’utilisation durable des produits phytosa-

nitaires. Les risques devront être divisés par deux et les alternatives à la pro-

tection phytosanitaire chimique seront encouragées. Le plan d’action permet

à l’agriculture suisse de se positionner dans la production durable de denrées

alimentaires. Le canton de Fribourg n’a pas attendu le plan d’action national

pour réduire les risques et viser à l’utilisation durable des produits phytosa-

nitaires. Grangeneuve forme et conseille les agriculteurs selon les principes

de la protection intégrée des cultures, de manière à ce qu’ils appliquent toutes

les mesures préventives au travers des bonnes pratiques agricoles et utilisent

de façon ciblée et raisonnée les différents produits phytosanitaires. De plus,

Grangeneuve utilise ses exploitations agricoles pour réaliser des essais et des

démonstrations intégrant de nouvelles techniques culturales dans le but de

réduire les applications de produits phytosanitaires. Grangeneuve accompagne

également l’AFETA, l’Association fribourgeoise pour l’équipement technique de

l’agriculture, dans les contrôles des pulvérisateurs. Tous les quatre ans, chaque

propriétaire d’un pulvérisateur a l’obligation de le faire contrôler

Préposés locaux à l’agriculture

Représentants de la DIAF au niveau communal, ils sont essentiels à la mise

en œuvre des dispositions légales et règlementaires. Ils ont aussi un rôle de

facilitateur et permettent des échanges constructifs entre les agriculteurs et

l’administration

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Qualité 2

Les surfaces de promotion de la biodiversité qui présentent une qualité élevée donnent

droit à une contribution Qualité 2 selon l’Ordonnance sur les paiements directs

Réseau écologique

Périmètre dans lequel les agriculteurs collaborent sur une base volontaire à la mise

en place de surfaces de promotion de la biodiversité, bien connectées entre elles, en

fonction d’espèces cibles.

SAAV

Le Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, qui regroupe les acti-

vités du vétérinaire cantonal et celles du chimiste cantonal, a pour mission de veiller,

par ses inspections et analyses, à ce que les denrées alimentaires et les objets usuels ne

mettent pas en danger la santé des consommateurs ou ne les trompent. Il veille au bien-

être et à la santé des animaux pour eux-mêmes et à l’avantage de l’homme.

SANIMA

Etablissement cantonal d’assurance des animaux de rente. Sanima est un établissement

cantonal qui assure les animaux de rente contre les épizooties sur la base du recense-

ment agricole annuel. Sanima indemnise les animaux en fonction de leur valeur indivi-

duelle et assume les frais de prévention et de dépistage. Sanima gère aussi les centres de

collecte de déchets animaux.

SAgri

Le Service de l’agriculture est chargé d’appliquer les mesures de politique agricole

fédérale et cantonale. Il administre les paiements directs et soutient l’agriculture fri-

bourgeoise en encourageant les améliorations structurelles, la promotion des produits,

de l’élevage et de la viticulture ainsi que les mesures environnementales, paysagères

et d’accompagnement social. Il veille à la protection des sols agricoles et collabore à

l’application du droit sur le bail à ferme agricole

SAU

Surface agricole utile

SECA

Service des constructions et de l’aménagement du territoire

SEn

Service de l’environnement

UGB

Unité gros bétail défini dans l’ordonnance sur la terminologue agricole

(1 UGB = 1 vache, 1 mouton = 0,17 UGB etc.)

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Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts DIAF

Ruelle de Notre-Dame 2, Case postale, 1701 Fribourg

T +41 26 305 22 05, F +41 26 305 22 11

[email protected], www.fr.ch/diaf

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© Direction des institutions de l’agriculture et des forêt (DIAF)

Photo de couverture :

Grangeneuve avec la ferme actuelle au premier plan et les gabarits de la future étable.

Imprimé sur papier 100% recyclé

Mai 2019