10
N°51 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2011 66 TABLE RONDE Lors d’une table ronde orga- nisée par Supply Chain Magazine le 13 janvier der- nier à Paris, les acteurs de la préparation de commandes et du stockage automatisés se sont livrés de bonne grâce à un exercice quelque peu inédit. Celui d’analyser les raisons pour lesquelles le marché français de l’auto- matisation est aujourd’hui moins développé que dans beaucoup d’autres pays européens. Voyage au cœur de la fameuse « exception française ». ©KNAPP SYSTÈMES DE PRÉPARATION AUTOMATISÉE L’EXCEPTION FRANÇAISE

S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

N°51 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 201166

TABLE RONDE

Lors d’une table ronde orga-nisée par Supply ChainMagazine le 13 janvier der-nier à Paris, les acteurs de lapréparation de commandeset du stockage automatisésse sont livrés de bonne grâceà un exercice quelque peuinédit. Celui d’analyser lesraisons pour lesquelles lemarché français de l’auto-matisation est aujourd’huimoins développé que dansbeaucoup d’autres payseuropéens. Voyage au cœurde la fameuse « exceptionfrançaise ».

©KN

APP

SYSTÈMES DE PRÉPARATION AUTOMATISÉE

L’EXCEPTIONFRANÇAISE

Page 2: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

JANVIER-FÉVRIER 2011 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°51 67

Après deux ans de netralentissement de l’éco-nomie et des investisse-ments industriels, sousquels auspices se pré-

sente 2011 ? Une parfaite entrée enmatière pour inaugurer la premièretable ronde Supply Chain Magazinede l’année consacrée aux acteurs del’automatisation de la préparation decommandes et du stockage. « Il y a denombreux projets sur le marché, maisbeaucoup sont dans une phased’étude. La grande question mainte-nant, c’est : Est-ce que les clients vontvraiment se décider à investir ? », selance Jan Van Der Velden, Manageren charge des systèmes de distributionchez Vanderlande Industries. « En cequi concerne l’activité française, aprèsdeux années extrêmement calmes, on avu apparaitre pas mal de projets, en

particulier lors du dernier trimestre2010 et à l’occasion du salon Manu-tention », précise Philippe Verne, Directeur Général de Cinetic Transi-tique. Au niveau international, il sem-ble que certains pays soient plusdynamiques que d’autres en termes delancement de projets d’automatisa-tion. Claude Pasqua, ReprésentantOfficiel d’Ulma Handling Systemspour la France, avoue par exempleque le maintien du niveau d’activitéde son groupe a été « sauvé par le Brésil, qui a réalisé des investisse-ments importants en 2010 ». Mêmeconstat chez Heinz Stiglmayr, Direc-teur des ventes de Knapp pour laFrance, qui confirme que « d’autresmarchés, comme l’Amérique du Sud,sont actuellement assez porteurs ».D’après Jean-David Attal, Directeurdu développement de Savoye, le mar-

ché global de l’automatisation enEurope et aux EtatsUnis a chuté de 30 % en 2009, avec une baisse sup-plémentaire de 10 % en 2010. « C’estclassique lorsqu’on commence à sortird’une crise, on observe aujourd’hui un surcroît de demandes d’études,ajoute-t-il. Et certains pays ressortentde la crise plus vite que les autres :l’Europe de l’Est, la Russie mais aussila Belgique. Les pays comme France,l’Allemagne ou les Etats Unis sont un peu plus lents. » Ce n’est pas tout-à-fait l’avis de Jean-Marc Heilig, Responsable commercial France deWitron, qui déclare sans ambages : « 2010 a été pour nous l’année la plusfaste de notre histoire. Elle s’est ter-minée en beauté avec la signature endécembre d’un de nos plus groscontrats d’automatisation, avec Coopen Norvège (80 M€). On espère que

Jean-David Attal, Directeur du développement de SavoyeFiliale du groupe français Legris Indus-tries, Savoye compte environ 500 per-sonnes, pour un CA compris entre 80et 90 M€. Son activité est focalisée surla fabrication et l’intégration de sys-tèmes logistiques, avec une forteexpertise en matière d’études et d’in-formatique (en particulier dans le sec-teur des WMS). Son domaine d’activitécouvre historiquement la distributionde détail spécialisée, avec des dévelop-pements dans l’e-business et la grandedistribution.

Sylvain Cerise, Directeur du département Automation de SSI Schaefer FranceSSI Schaefer est un groupe internatio-nal d’origine allemande principalementimpliqué dans la logistique (rayonnages,containers, systèmes automatisés depréparation de commandes et destockage), avec un CA supérieur à 2 Md€ et un effectif de près de8.000 personnes dans le monde. Lafiliale française compte 55 employéset réalise un CA compris entre 20 et30 M€.

Francis Ciuch, PDG du groupe CiuchCréé en 1966, le groupe Ciuch s’estréorganisé en 2007 autour de troismétiers : Ciuch Solutions (conseil etconception de solutions de mécanisa-tion des flux logistiques pilotées parinformatique), Ciuch Industrie (con-ception et prototypage de matériel demanutention) et Ciuch Services (ins-tallation et maintenance). Il réalise unCA d’environ 10 M€, pour un effectifd’une trentaine de personnes. Ciuchest issue du nord de la France, avecune forte expertise historique sur lemarché des VPCistes.

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

Page 3: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

N°51 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 201168

TABLE RONDE

2011 va continuer sur cette lancée. Lesmarchés avancent bien en Europe duNord, aux Etats Unis. Nous avonsaussi reçu des demandes émanant deRussie ».

Des projets en « pièces détachées »Et la France dans tout ça ? Même si lepotentiel du marché est fort, Jean-Marc Heilig insiste sur la nécessité dechanger l’état d’esprit. Et de déplorerla démarche, qu’il a rencontrée égale-ment dans le milieu industriel, d’ache-ter plutôt des projets « en piècesdétachées ». « De notre côté, nous pen-sons que cela ne marche pas. Nousdélivrons des systèmes intégrés, plusou moins complexes, qui seuls per-mettent d’apporter un avantage cer-

tain, concurrentiel, à nos clients »,assène-t-il. « Concernant la France, ily a peut-être un ou deux très gros dos-siers de plusieurs millions d’euros quiapparaissent chaque année dans l’au-tomatisation, mais ce sont plutôt dessolutions simples, des solutions àgares, peut-être des trieurs, considèreHeinz Stiglmayr. Ce que nous voyonsen revanche, ces derniers temps, c’estun intérêt croissant pour des systèmesautomatisés de stockage grande hau-teur. » « Sur 2010, que ce soit auJapon, aux Etats-Unis ou en Suède,nos filiales sœurs étrangères travail-lent sur des projets de grande enver-gure, des contrats de plusieurs mil-lions d’euros, renchérit Philippe Verne.En France, les projets sont de taillesbeaucoup plus modestes et les auto-

Christian Esnault, PDG de B+ EquipmentBasé à Gemenos, B+ Equipment (40 personnes, environ 7 M€ de CA)est un équipementier qui s'estd'abord focalisé sur la R&D pour lecompte d'autres industriels avant delancer ses propres briques technolo-giques en 2000, notamment I-Pack ,une solution automatisée d'embal-lage avec réduction du volume expé-dié, et plus récemment Intel'Pick,dans le domaine du picking robotisé.

Jean-Marc Heilig, Responsable commercial France de WitronWitron est une entreprise familialebasée depuis 40 ans en Bavière. Déjàreprésentée dans des pays comme lesEtats Unis, le Canada, les Pays Bas, l’Es-pagne ou encore le Royaume Uni,cette société d’environ 1.200 collabo-rateurs a choisi de se développer enFrance en 2010. Elle est spécialiséedans les projets d’automatisation glo-baux de grande ampleur, notammentdans le domaine du commerce et de ladistribution. En 2009, Witron a réaliséun CA d’environ 200 M€.

Thierry Le Chêne, Directeur commercial de SylepsLancée en février 2009, la marqueSyleps regroupe les sociétés Sydel,Sedep (basées à Lorient) et Synapse(basée à Bordeaux), qui ont fédéréleurs compétences (informatique, tran-sitique, stockage automatisé et palet-tisation robotisée) pour constituerune offre unique de produits et ser-vices clés en main pour l’équipementd’unités de production et d’entrepôtslogistiques. Syleps realise un CA d’en-viron 30 M€, pour un effectif de prèsde 220 personnes. Son cœur d’activitéest la préparation de commandes dansles industries agroalimentaire et manu-facturière.

matisations moins poussées, moinsambitieuses, à moins de 3 M€. ». « Nous constatons forcément le retarddu marché français par rapport aumarché allemand, enchaîne HoyameSaber, Responsable Systèmes Logis-tiques chez Jungheinrich France. Cesont souvent des groupes ayant desfiliales en Allemagne ou dans d’autrespays d’Europe qui sont les plus avan-cés en France dans la modernisationde leur outil industriel et logistique. »

Petit projet deviendra grand« Pour nous, c’est un peu différent, carnous sommes équipementier, et nonpas intégrateurs, argumente ChristianEsnault, Président de B+ Equipment.Nous parvenons donc à travailler sur

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

Page 4: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

JANVIER-FÉVRIER 2011 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°51 69

des projets plus petits. Du coup, enFrance, nous n’avons pas eu à déplorerde diminution de chiffre d’affaires. »Cela dit, la plupart des intégrateurs nerechignent pas à commencer petit, demanière modulaire, en cherchant àaccompagner le client au fur et àmesure de son évolution, notamment

dans l’e-business, cité par de nom-breux intervenants comme le marchéle plus porteur actuellement en termed’automatisation. C’est le cas chezCiuch, par exemple. « Nous avonsl’habitude de travailler par blocs defonctions dans l’entrepôt : réception,expédition, etc. Ce sont des investis-

sements souvent inférieurs à 1 M€ quipeuvent être rentabilisés en un an,précise ainsi son PDG, Francis Ciuch.Ce qui permet à nos clients, l’annéesuivante, de relancer un projet sur uneautre fonction. » Bref, place au prag-matisme. Et Jean-Marc Heilig de pré-ciser : « Qui sait faire grand sait aussi

Hoyame Saber, Christian Esnault, Heinz Stiglmayr,

Patrick Teissier, Francis Ciuch et Audrey Zugmeyer ©

SCM

AG

AZ

INE

Page 5: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

N°51 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 201170

TABLE RONDE

faire petit. D’ailleurs, je traite desdemandes de plusieurs dizaines demillions d’euros à celles de 2 à 3 M€.Mais nous n’y répondrons que si lasolution est économiquement rentablepour le client. » La notion de « petitprojet » est donc toute relative. « Cheznous, un petit projet fait 50.000€ etun grand, 20 M€. Un projet moyenétant d’environ 3M€ », estime parexemple Jean-David Attal.

Où sont les freins ?Comment expliquer cette exceptionfrançaise en matière de tailles de pro-jets comparées aux autres pays ? Yaurait-il des freins purement hexago-naux ? « Il faut quand même noter des

effets secondaires suite aux malaisessociaux par rapport à la réforme desretraites. Nous avons vu des planssociaux déboutés, des situations où le

Jacques Legallais, Directeur Général de Caljan Rite-Hite FranceCaljan Rite-Hite est un groupe inter-national (américano-danois) d’environ1.700 personnes, avec un CA d’envi-ron 400 M$. La division Caljan est spé-cialisée dans la fabrication de com-posants de manutention clés en main,notamment les convoyeurs télesco-piques et les systèmes de manutentionpour le chargement et le décharge-ment de charges isolées.

Claude Pasqua, Représentant Officiel d’Ulma Handling Systems pour la FranceUlma est une société basque espa-gnole appartenant à la structure coo-pérative Mondragon (environ 4.000personnes). La partie Manutentioncompte 200 personnes et réalise dansle monde environ 80 M€ annuels.Ulma possède des filiales aux Pays-Bas,en France, au Portugal et au Brésil. Elleest aussi partenaire du japonais Dai-fuku. Sa spécialité : les systèmes depréparation de commandes, à diversdegrés d’automatisation.

Hoyame Saber,Responsable Systèmes Logistiques chez Jungheinrich France Historiquement constructeur de maté-riels de manutention, l’Allemand Jun-gheinrich (1,7 Md€ de CA en 2009,environ 10.000 salariés), présent mon-dialement via 31 filiales de distribution,a élargi progressivement sa gamme versles « solutions complètes intra-logis-tiques globales ». L’activité automatisa-tion, déjà bien développée en Alle-magne, Italie ou Suisse, inclut égalementles AGV, le WMS, les transstockeurs àbacs et à palettes, pour des prestationslogistiques « clés en main ». Junghein-rich compte 1.000 employés enFrance, dont 600 techniciens.

Suite page72

projet est gelé parce qu’il faut gérer lestensions sociales », constate FrancisCiuch. « C’est vrai que même auRoyaume-Uni ou en Allemagne où ilexiste pourtant un syndicalisme trèsfort, l’esprit est beaucoup plus ouvert »,renchérit Heinz Stiglmayr. HoyameSaber insiste pour sa part sur la len-teur du processus de décision. « Nousne sommes pas aidés, notamment pourles bâtiments grande hauteur, lorsqu’ils’agit d’obtenir une autorisation. Il fautbatailler entre les mairies, les PLU, lesbâtiments de France, etc. ». « C’est vraiqu’il est très difficile d’obtenir lesautorisations nécessaires pour monterau-delà de 18 mètres, en stockagegrande hauteur », atteste aussi Claude

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

Patrick Teissier ©SC

MA

GA

ZIN

E

Page 6: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

N°51 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 201172

TABLE RONDE

Pasqua. Pour Thierry Le Chêne, Direc-teur commercial de Syleps, les réti-cences de la France face à l’auto-matisation sont à chercher ailleurs. « Le modèle français de la distributiony est pour quelque chose. La grandedistribution ne joue pas un jeugagnant-gagnant. Elle reporte toutesses contraintes sur les fournisseurs,sur les prestataires logistiques, sanspartager la richesse. C’est un frein à lacapacité des industriels ou des logisti-ciens à investir durablement dans desoutils structurants ».

Le boycott du bac plastiqueClaude Pasqua s’associe à cettedémonstration, mais en abordant lesujet sous un autre angle, celui des

bacs plastiques. « Un challenge trèsimportant pour l’avenir est d’arriver àconvaincre la distribution de passerpar des réseaux de gestion de conte-nants adaptables aux systèmes auto-matisés, ce qui permettra aussi debaisser le coût des systèmes. L’Alle-magne ou les pays scandinaves ont faitun pas très important depuis plusieursannées en utilisant des contenantsrigides, pliables ou pas, recyclables,notamment les bacs plastiques ». Etpourquoi pas en France ? « Il y a unboycott mécanique du bac plastique enFrance qui n’existe pas en Allemagne.En effet, un distributeur français quidemande à un fournisseur d’utiliserun bac, d’en payer la location, vaaussi demander au loueur de lui rétro-céder une partie non négligeable du

bénéfice que ce dernier réalise enlouant le bac. C’est ce type de circuitde re-paiement qui rigidifie encore le système ». « Seuls les groupes inté-grés, qui contrôlent non seulement la distribution, la logistique et pourcertains, la production, se lancent aujourd’hui pour certains dans desmodèles avec des bacs plastiques parcequ’ils maîtrisent toute la chaîne »,illustre Thierry Le Chêne.

Vers un changement de mentalité ?« Il est vrai que la grande distributionn’a pas automatisé pendant très long-temps en France tandis que des pro-jets d’automatisation se réalisaientdans d’autres pays, concède Jean-David Attal. Mais je pense que les

Heinz Stiglmayr, Responsable du marché français chez Knapp Knapp est un groupe autrichien de1.800 personnes qui réalise un CA de205 M€. La société se positionnecomme un intégrateur de solutionsautomatisées clés en main (prépara-tion de commandes et stockage). Al’origine, son secteur de prédilectionétait la pharmacie, mais depuis unedizaine d’années, Knapp s’est dévelop-pée dans d’autres secteurs commel’agroalimentaire ou dernièrement, letextile (suite à l’acquisition de Dür-kopp Fördertechnik, l’été dernier).

Patrick Teissier, Directeur des Systèmes intégrés de Dematic France et Dematic Europe zone francophoneDematic est un géant allemand de plusde 4.100 personnes, avec un CA d’en-viron 1,2 Md$ et des usines implantéesaux Etats-Unis, en Europe, en Chine eten Australie. Il compte plus de 4.800systèmes automatisés installés dans lemonde. La structure française, dont lesiège est basé à Bussy-Saint- Georges(77), emploie environ 110 personnes,dont une cinquantaine à Saint-Etienne,dans son centre de développementpour l’Europe du Sud. Le CA hexago-nal « varie » entre 18 et 30 M€ « sui-vant les années ».

Jan Van Der Velden, Manager en charge des systèmes de distribution chez Vanderlande Industries.Le groupe hollandais propose des sys-tèmes de manutention de toutes taillesdans trois grands domaines d’activité :traitement de bagages, messagerie etdistribution. Dans le monde, Vander-lande Industries emploie un peu plusde 2.000 personnes, pour un CA quise situe aux alentours de 600 M€.

Suite de la page 70

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

Page 7: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

JANVIER-FÉVRIER 2011 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°51 73

projets doivent correspondre auxattentes et que les mentalités ontbeaucoup évolué depuis ces dernièresannées dans au moins trois domaines :le facteur écologique, la recherche de délais de livraison de plus en pluscourts et la prise en compte des

contraintes opérationnelles, notam-ment au niveau de la pénibilité. »D’autres sont moins optimistes sur unéventuel changement de mentalités. « Je crois que l’attentisme est encorevraiment important, intervient Jac-ques Legallais, Directeur général de

Caljan Rite-Hite France. Ceux quiinvestissent le font soit dans le cadrede grands développements prévus delongue date, soit parce qu’ils n’ont pasd’autres choix. Mais je ne sens pasune véritable volonté de maintien oud’amélioration des outils en fonction

Claude Pasqua, Jan Van Der Velden,Jacques Legallais, Jean-David Attal

et Sylvain Cerise©SC

MA

GA

ZIN

E

Page 8: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

N°51 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 201174

TABLE RONDE

de perspectives futures. » « En 2008,notre prévisionnel de ventes était trèssatisfaisant, et l’activité était forte.Tout ce prévisionnel de ventes a étéconsommé sur 2009. 2010 a été plu-tôt à marée basse et nous avonsconsacré notre temps à regonfler ceprévisionnel de ventes. Maintenant,est-ce que 2011 sera l’année de ladécision ?, s’interroge Thierry LeChêne. Cela dit, ajoute-t-il, les indus-triels ne peuvent pas rester plusieursannées sans décider. De plus, le coûtdu pétrole remonte, ce qui va sansdoute entraîner des changements dansle domaine de la logistique. »

L’investissement qui fait peurL’aspect financier est également évo-qué. « Tout ce qui est immobilisationde l’investissement est banni. A telpoint qu’on essaye des formules flexi-bles de financement qui permettent decacher au niveau du bilan l’impactfinancier des projets. C’est peut-êtreça le futur, des formes de leasing, decrédit relais », avance Claude Pasqua.« Quand nous proposons des solutionscourte plutôt que longue durée, l’ap-proche est tout à fait différente. Cen’est plus un investissement et claire-ment cela séduit le client », acquiesceHoyame Saber. Une fois encore, Jean-David Attal s’attache à voir les chosesautrement. « C’est vrai que personnen’investit plus sur 15 ou 20 ans, alorsautant jouer le jeu de ce que nousdemandent nos clients. Autant se met-tre à leur place, en calculant l’ensem-ble du schéma des flux, en prenant encompte les contraintes et l’organisa-tion logistique. Dans un dossier vrai-ment mené à son terme, nous noussommes par exemple aperçus que l’en-trepôt totalement automatisé coûtaitmoins de 20 % de plus qu’un entrepôttotalement manuel, mais qu’il dimi-nuait de 40 % les coûts opérationnels.Et là le client a réalisé que c’est cettesolution qui lui convenait car elleallait lui permettre en plus de livrerses clients plus vite ».

Les garanties qui rassurent« Si l’avenir est de fournir des sys-tèmes capables de livrer la commandeen une heure, il est certain que ce ne

pourra être effectué en manuel ou avecdes chariots, souligne Heinz Sti-glmayr, qui insiste par ailleurs sur lanotion de disponibilité de l’outil auto-matisé. Chez Knapp, nous garantis-sons une disponibilité de 98 % ou 99 % avec nos propres techniciens quiassurent la maintenance préventive.Au Royaume-Uni, par exemple,80 techniciens sont basés dans les dif-férentes installations de nos clients. Jepense que cela va venir aussi enFrance. » Pour Jan Van Der Velden, latechnologie ne doit pas faire oublierl’importance de l’organisation quirend le système le plus flexible possi-ble. « Avec son système automatisé, unaéroport atteignait sa limite en termesde flux lors des pointes. Nous lesavons aidés à organiser tout leur opé-rationnel et actuellement, ils traitent30 % de trafic en plus avec exacte-ment la même installation ». PatrickTeissier, Directeur des Systèmes Inté-grés de Dematic France, fait remar-quer que son groupe, comme beau-coup d’autres d’ailleurs, s’oriente surl’ingénierie et sur l’intégration, maisaussi sur l’accompagnement desclients. « Il me paraît fondamentalpour la réussite des projets de s’assu-rer du respect de ce que nous avonspromis commercialement dans l’exé-cution de la logistique », déclare-t-il.

On n’arrête pas le progrèsMalgré les difficultés du marché, lestechnologies n’ont évidemment pasarrêté de progresser. « La moitié de cequi va se vendre cette année n’existaitpas en 2007-2008 », annonce Jean-David Attal. « Les technologies vontbeaucoup plus vite aujourd’hui. Lesperformances ont été multipliées parquatre, voire par 10, en quelquesannées et cela nous permet de propo-ser des systèmes relativement com-pacts, qui n’ont plus des dimensionscolossales », ajoute Claude Pasqua. Dequoi également répondre aux besoinsd’ergonomie de plus en plus forts enmatière de lutte contre les TMS (Trou-bles Musculo-Squelettiques) dans lesentrepôts. « Plusieurs commandes encours sont effectivement générées parcette recherche d’ergonomie dans ladistribution, pour pouvoir manuten-

Philippe Verne, Directeur Général de Cinetic TransitiqueCinetic Transitique fait partie du pôlelogistique de Fives (6.000 personnes),un groupe d’ingénierie spécialisé dansla conception et la réalisation d'usinesclés en main, qui a réalisé en 2010 unCA de près de 1,4 Md€. La divisionlogistique comprend quatre entitésdont la française historique CineticTransitique et trois autres sociétésissues de l’acquisition en 2007 deSandvik Sorting Systems (trieurs hautecadence) : Cinetic Sorting Italie, USAet Japon.

Hoyame Saber

©SC

MA

GA

ZIN

E

©SC

MA

GA

ZIN

E

Page 9: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

tionner plus facilement. Beaucoup dedossiers sont aussi liés à la diminu-tion du bruit dans les entrepôts et à lapossibilité de mettre en œuvre desrobots poly-articulés (cinq ou six axes)de palettisation sur des sorties delignes », note Philippe Verne. « Dansla réforme des retraites, la prise en

compte de la pénibilité va sans douteamener les entreprises en 2011 ou2012 à suivre les risques liés à chaqueposte de travail. Il est clair que celapeut déboucher en France sur un cer-tain nombre de projets », entrevoitFrancis Ciuch, tout en précisant quece type d’initiatives, dont l’objectif

premier n’est pas la productivité,n’aura sans doute pas un retour surinvestissement sur deux ou trois ans.

Du neuf dans la préparationautomatique« Chez Vanderlande, les produits lesplus importants sont notre gamme detrieurs et notre poste de picking, quiest le plus ergonomique au monde,assène Jan Van Der Velden. Auprochain Cemat d’Hanovre [Ndlr : 2-6 mai 2011], nous allons lancer unsystème de préparation automatiquede cartons complets sur palette hété-rogène sans utilisation de supportintermédiaire. C’est en ce moment laplus grosse activité dans la grandedistribution ». Dans la même veine,Sylvain Cerise, Directeur du départe-ment Automation de SSI SchaeferFrance, rappelle que sa société aexposé au dernier salon Manutention« le premier robot qui prélève au-delàde 2.000 pièces par heure de façoncomplètement automatique ». Concer-

Jean-David Attal et Sylvain Cerise©

SCM

AG

AZ

INE

Page 10: S L’EXCEPTION FRANÇAISE - Supply Chain Magazine · lance Jan Van Der Velden, ... lancer ses propres briques technolo-giques en 2000, ... environ 10.000 salariés), présent mon-

N°51 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 201176

TABLE RONDE

nant les nouveautés du salon Manu-tention, Christian Esnault n’est pas enreste : « B+ Equipment a présentéIntellpick qui est de la robotisation dupicking. L’objectif est clair : qu’un robotpuisse aller prendre des articles à l’in-térieur et jusqu’au fond d’un bac pourles déposer dans un carton ou dans un autre bac ». Chez Jungheinrich,Hoyame Saber préfère mettre l’accentsur une solution différenciatrice com-binant convoyeurs automatisés et cha-riots personnalisables, dotés d’unetechnologie RFID pour valider auto-matiquement la hauteur de niveau etlibérer les fourches.

A chacun ses secteurs de prédilectionAu-delà de la technologie, la différen-ciation entre les acteurs semble sou-vent aussi se jouer sur la connaissanceet l’expérience acquises année aprèsannée dans tel ou tel secteur. « Jepense que nous faisons partie des

domaine d’expertise de Savoye est ladistribution spécialisée, qui peut être le livre, le parfum, la pièce derechange, les produits de bricolage,etc. », reconnaît de son côté Jean-David Attal. Pour Francis Ciuch, lesecteur historique de sa société est la vente par correspondance. « Noussommes certainement un des pluspetits autour de la table, mais nousavons en revanche une très grosseexpérience dans ce secteur », affirme-t-il. « Pour l’Europe, Dematic comptequatre groupes d’ingénierie : la partiecharges lourdes magasins automa-tiques de stockage, le textile et l’indus-trie, la préparation de commandesdétail et enfin, la grande distribution »,énumère Patrick Teissier, qui n’hésitepas à adresser un vibrant hommage à quelques-uns de ses concurrents. « Rendons à César ce qui lui appar-tient. En termes de systèmes clés enmain, Savoye est le leader en France.Dematic l’est sans doute au niveau del’Europe ou du monde. Il faut pouvoirs’inspirer de ce succès, basé sur ladémarche d’ingénierie, et surveillerégalement la démarche d’investisse-ment de Knapp sur les technologiesinnovantes, ou encore celle de Witrondans la grande distribution ». Laconclusion du débat revient à ThierryLe Chêne : « La technologie peut tou-jours s’acquérir, mais il est beaucoupplus long et plus complexe de cons-truire un savoir-faire métier. Notrerichesse, c’est la compréhension dumétier de nos clients et la capacité àleur apporter des solutions au traversde nos technologies, de nos tech-niques d’assemblages d’intégrateur ».Aurait-il voulu s’exprimer au nom detous les intervenants de cette TableRonde qu’il ne s’y serait pas prisautrement ! ■ Jean-Luc Rognon

Jean-Marc Heilig et Thierry Le Chêne

sociétés très performantes au niveautemps réel dans les ateliers de pro-duction ou de préparation de com-mandes. Nous sommes natifs del’agroalimentaire, mais nous avonsune forte volonté de nous développerplus largement sur le secteur indus-triel et de faire bénéficier de notresavoir faire sur les flux importants »,explique par exemple Thierry LeChêne. Heinz Stiglmayr rappelle poursa part les trois grands secteurs d’ac-tivité sur lesquels Knapp concentreparticulièrement ses efforts : la phar-macie, le textile – avec l’acquisitionl’été dernier de Dürkopp Fördertech-nik – et l’agroalimentaire. « Chez SSISchaefer, nous axons beaucoup notredéveloppement et notre capacité àinnover sur la proximité construiteavec nos clients, dans des industriesphares comme la grande distributionet la pharmacie », énonce SylvainCerise. « Historiquement, comme nousne sommes pas spécialistes en tout, le

©SC

MA

GA

ZIN

SCM

AG

AZ

INE

Jean-Philippe Guillaume, Philippe Verne, Jean-Marc Heilig, Thierry Le Chêne et Claude Pasqua