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Marcel-Paul Duclos nous a quittés subitement ce vendredi 5 mars, il avait 57 ans. Ce site qu'il avait consacré à sa ville natale et à ceux qui comme lui ont aimé ce pays était une part importante de sa vie. Il ne sera malheureusement plus actualisé et les courriers resteront sans suite. Merci à tous d'avoir partagé avec lui l'amour de Philippeville. Sa famille Comme PHILIPPEVILLE, COLLO a connu des jours de splendeur au temps des Romains. Sa rade bien abritée par la presqu'île d'El-Djerda, avec des fonds de 25 mètres, était un abri sûr pour les bateaux de pèche ou de trafiquants qui venaient y aborder. Aussi, cette cité privilégiée à tant de points de vue, a eu une population nombreuse, qui, aux dires des historiens du Moyen Âge, était comparable à celle de Cirta (Constantine). Lorsque les Français prirent possession de la ville ils trouvèrent une inscription portant qu'elle était COLONIŒ MINERVIÆ CHULLU : CHULLU fut tout d'abord une ville punique, Les auteurs anciens la mentionnent : Pline, Ptolémée, l'Itinéraire d'Antonin. Julius Honorius et le géographe Ravenne. A l'époque de Trajan, la ville était importante puisqu'elle devint Colonie. Elle formait avec Rusicade, Milew et Cirta la confédération " RESPUBLICA IIII COLONIARUM " qui fut

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Marcel-Paul Duclos nous a quittés subitement ce vendredi 5 mars, il avait 57 ans. Ce site qu'il avait consacré à sa ville natale et à ceux qui comme lui ont aimé ce pays était une part importante de sa vie. Il ne sera malheureusement plus actualisé et les courriers resteront sans suite. Merci à tous d'avoir partagé avec lui l'amour de Philippeville.

Sa famille

Comme PHILIPPEVILLE, COLLO a connu des jours de splendeur au temps des Romains. Sa rade bien abritée par la presqu'île d'El-Djerda, avec des fonds de 25 mètres, était un abri sûr pour les bateaux de pèche ou de trafiquants qui venaient y aborder. Aussi, cette cité privilégiée à tant de points de vue, a eu une population nombreuse, qui, aux dires des historiens du Moyen Âge, était comparable à celle de Cirta (Constantine).

Lorsque les Français prirent possession de la ville ils trouvèrent une inscription portant qu'elle était COLONIŒ MINERVIÆ CHULLU : CHULLU fut tout d'abord une ville punique, Les auteurs anciens la mentionnent : Pline, Ptolémée, l'Itinéraire d'Antonin. Julius Honorius et le géographe Ravenne. A l'époque de Trajan, la ville était importante puisqu'elle devint Colonie. Elle formait avec Rusicade, Milew et Cirta la confédération " RESPUBLICA IIII COLONIARUM " qui fut

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dissoute au IIIème siècle. C'était la Chulli Municipium d'Antonin et la Kellops Magnus de Ptolémée, d'où son nom actuel de COLLO.

— Collo, vue d'ensemble —

Au moment de la conquête, COLLO avait deux ports, dont l'un était constitué par un étang qui se trouvait au sud de la ville, et qui était séparé de la mer par une barre de sable de cent mètres. Ce lac qui communiquait avec la mer servait de port. Les galères impériales venaient s'y abriter. On remarquait autrefois des vestiges romains qui pouvaient bien être des quais de débarquement. COLLO, était le siège d'un Évêché. Au montent du schisme donatiste, il y eu même deux Évêques : QUILLITANUS et FIDENTIUS. Chose extraordinaire, cette cité magnifique et opulente n'a laissé aucune trace importante. On a supposé qu'un tremblement de terre avait englouti la cité, ou plus simplement que les Vandales passant en rafale sauvage sur la ville l'avaient complètement rasée. Les écrivains latins nous parlent de COLLO : Salin, Pomponius Mela. Ils racontent que COLLO, ville industrielle, avait la spécialité de la teinturerie. Ses étoffes pourpres égalaient les plus réputées de Tyr. Ses cuirs, ses bois de construction faisaient prime sur les marchés romains.

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Les historiens Arabes constatent au XIe siècle que sa renommée était encore solide. Au XIIIe, et au XIVe siècle les Génois et les Pisans achetaient des cuirs, des céréales et de la cire. Léon l'Africain, dit de COLLO : "Il n'y avait pas alors par toute la côte de Tunis, cité plus opulente ni plus sûre, à cause que l'on y gagnait toujours en double sur les marchandises" Marmol au XVIe, siècle, disait également : "COLLO était autrefois fort peuplée et avait de hautes murailles que les Goths rasèrent après l'avoir conquise sur les Romains. Cependant on ne les a jamais rétablies depuis, quoiqu'il y ait grand commerce et force marchands et artisans.

Le peuple est courtois et civil ; on va y acheter de la cire, des cuirs et d'autres marchandises. La contrée, du côté de la montagne, abonde en blé, en troupeaux de toute sorte. Les habitants se maintenaient autrefois en liberté et étaient assez puissants pour se défendre des rois de Tunis et des seigneurs de Constantine. Outre que la plupart du pays est montagneux et peuplé de Berbères et d'Azuagues fort vaillants, de sorte qu'il n'y avait pas de ville plus riche ni plus assurée que celle-ci, car elle faisait 10 000 hommes de combat. Elle s'est depuis donnée aux Turcs qui y tiennent garnison, et celui qui commande dans Alger y envoie un gouverneur qui dépend de celui de Constantine, lequel reçoit le revenu de toute la province et a soins que les habitants ne soient pas floués"

Un fait historique des plus importants dans l'Histoire de l'Afrique romaine se serait déroulé à COLLO : Bocchus y aurait livré Jugurtha aux Romains.

— Collo, le port - A gauche l'Eglise ; à droite, la Mosquée —

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L'historien Arabe Ibn Khaldoun, raconte l'épopée du roi Pierre III d'Aragon, venu en 1282 faire la conquête de COLLO et de la Province numidienne. Comparée avec la Chronique du Roy Pierre de Bernard d'Eselot ; nous possédons ainsi sur cette aventure les renseignements les plus précieux. Abou Beker Ibn Ouezir, gouverneur de Constantine en 1282, était vassal de Abou Isahac sultan de Tunis. Il avait une garde composée de soldats chrétiens mercenaires. Il envoyait un émissaire au roi d'Aragon, avec une lettre où il affirmait que " s'il passait à COLLO avec 800 cavaliers et 2 000 hommes d'infanterie, il lui livrerait Constantine qui est non loin de COLLO et de la mer de Stora " Le capitaine chrétien porteur du message, revint à Cirta, avec la promesse d'un embarquement pour COLLO, le deuxième dimanche après Pâques. Pierre d'Aragon réunit une armée conforme aux directives d'Abou Beker, mobilisait une flotte formidable pour l'époque et partait de Tortose. L'amiral Ramon Marquet s'arrêtait à l'île de Mahon, mais les Sarrasins qui habitaient l'île envoyèrent un bâtiment à voile des plus rapides pour prévenir les Colliotes ; aussi lorsque le 28 juin 1282, la flotte ancrait dans la rade, la ville était vidée de ses richesses et de ses habitants ; le corsaire étant arrivé vingt-quatre heures avant le roi d'Aragon. Pierre III apprenait alors que son allié Bou Beker dénoncé au Sultan de Tunis, avait été surpris et décapité ainsi que ses partisans. Le roi d'Aragon ayant débarqué son armée, ses vivres et ses munitions, s'installait dans un camp près de la ville, et construisait des murs et des retranchements, non loin d'un puits nommé Picca Boralta. Les soldats, ne pouvaient cependant dépasser l'oued Guebli. Le castillan Montanes, historien de l'expédition, raconte que le roi fit un jour une sortie, et après avoir taillé en pièces l'armée des Sarrasins, arrivait après trois heures de marche à une ville magnifique, déserte, mais pleine de richesses extraordinaires. Après un pillage complet, le roi fit brûler la cité amenant 2.000 bœufs et 20 000 moutons et chèvres.

Il n'y aurait rien d'étonnant que celle ville magnifique, soit Celtlane. On a en effet découvert au douar Beni-Ouelbane, à El Mrabaa (les ruines en arabe) une cité détruite s'étendant sur une cinquantaine d'hectares, à 294 mètres d'altitude et dont il ne reste que des pierres couchées. Pour arriver à ces ruines, partir de Sidi Mesrich distant de 15 km ; ou bien s'arrêter au kilomètre 50 sur la route de Robertville à Collo et faire 8 kilomètres dans la brousse. La ville devait être très importante : le sol est couvert de fûts, de colonnes, de chapiteaux, de base, de moulins, de linteaux de portes, de pierres taillées avec quelques inscriptions. L'enceinte devait avoir deux kilomètres de long : des fortins la flanquait tous les 200 mètres. A 500 mètres au delà, une nécropole est très visible et parait posséder de très beaux tombeaux.

Pierre III, aurait bien voulu marcher sur Constantine. Il voulut avoir l'appui et les encouragements du Pape. Il envoyait Guilhem de Conet, et quelques nobles barons porter une lettre au Saint-père, et lui disait :

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" Sachez 0 Saint-père, que nous sommes passés en Barbarie, et nous avons fait tout ce que nous étions capable de faire pour conserver ce que nous avons pris, lieu beau et fort, qui est la ville de COLLO... " Après avoir écouté les envoyés du roi d'Aragon, le Pape répondit simplement : " Nous ne croyons pas qu'un si petit roi fut passé en Barbarie, ni que ses gens y aient conquis quelque chose. Le roi d'Angleterre celui d'Allemagne, le roi Charles et beaucoup de comtes s'ils y étaient allés, n'auraient rien fait " Nantis de cette douche pontificale, les nobles seigneurs revinrent à COLLO et y trouvèrent une armée toujours ardente à la bataille, mais assoupie auprès des feux de bivouac. Très peu de temps après leur retour, une ambassade de Siciliens débarquait à COLLO et offrait à Pierre III le royaume de Sicile qu'il revendiquait depuis longtemps. Le roi d'Aragon accepta avec empressement. En trois jours le camp fut levé, troupes, chevaux, artillerie et vivres furent embarqués ; et COLLO fut incendié et détruit de fond en comble. Pierre III avait une flotte composée de 2 grands vaisseaux de guerre, 20 transports, vingt grandes galères et 22 petites galères à 16 rames, puis d'autres bâtiments portant les troupes, et les vivres : en tout 140 voiles. On sait que dès 1450, les Marseillais avaient obtenus sur une étendue de 10 lieues ce que l'on appelait alors les Concessions d'Afrique. Le centre était La Calle où ils fondèrent le BASTION DE FRANCE détruit en 1551 par le successeur de Barberousse : Salah Reiss. Richelieu découvrit un ancien consul à Alep devenu gentilhomme de la chambre du Roi : Sanso Napollon corse d'origine, ayant toutes les vertus de sa race : un courage indomptable au service d'une souplesse d'esprit admirable, Sanso fut envoyé en mission en 1623 à Constantinople pour obtenir du Sultan aide et protection contre les Algérois. Le résultat de cette visite de Sanso Napollon, fut un traité de paix signé le 29 septembre 1628 entre la France et le Grand Turc. Le 29 septembre 1628 un contrat était remis au vaillant corse, dans lequel il était dit : " Avons déclaré, promis, donner Bastion et eschelles de Bônes au Roy de France, avec pesches que, pour récompense des services rendus par le capitaine Sanso, il en sera le chef et commandera les dictes places, sans que l'on puisse mettre un autre ; néanmoins après son décès, le Roy y pourra pourvoir d'autres personnes" Sanso Napollon créa la forteresse de La Calle puis une autre au cap de Roze ; et lorsque Richelieu envoya en 1633, M. de Seguiran pour inspecter les ports de Provence, celui-ci consignait dans son rapport que : " Sanso Napollon allait tous les ans à Alger où à sa côte qui est La Colle (COLLO) et Bône avec 4 ou 5 vaisseaux qui portaient 20 000 livres chacun " C'était la redevance fixée par le traité de 1628 qui était versée au trésor de la Casbah. La partie du littoral Barbaresque accordée aux Marseillais allait du cap de Garde au cap de fer (200 kilomètres environ) Bône en était le cœur et avait un consul français. COLLO devint un centre (une échelle comme l'on disait alors) très important de la Compagnie d'Afrique. Deux commis y restaient à demeure, et exportaient en moyenne 400 quintaux de cire, des suifs, des céréales, du corail, du miel, de l'huile, 150 000 peaux non tannées.

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Les archives de la Compagnie sont remplies de plaintes au sujet de l'existence insupportable à laquelle étaient condamnés les officiers du comptoir de Coll. Les Collins, comme on appelait les habitants, passaient pour les plus méchants de tous les Indigènes. Ils ne toléraient qu'une faible garnison turque. L'Agha qui y commandait était sans autorité, et ils ne redoutaient ni le Bey de Constantine ni celui d'Alger. L'autorité appartenait à la Djemaa des notables. Les agents habitaient une maison sans défenses et vivaient là dans des transes continuelles. " Je ne vois, lit-on dans une lettre de 1746, que personne puisse tenir à COLLO, où les Maures feront le diable, si la Compagnie ne leur accorde leurs prétentions en sucre et en café et en autres choses " Cette maison était située au-dessus de la Mosquée actuelle et s'appelait la maison du Consul ( Dar-el-Consoul ) Le 3 janvier 1746, l'agent Broude écrivait : " Je suis forcé de vous représenter que depuis deux mois et demi, les Français qui sont à COLLO, ne boivent que de l'eau et que la frégate de La Calle, n'a jamais pu trouver un moment de beau temps pour leur apporter un peu de vin, ce qui est de même presque tous les hivers. Lorsque cet article manque, le pays devient plus affreux aux domestiques… On a peine à trouver qu'ils y veuillent rester. Je vous avoue que c'est toute la satisfaction qu'ils peuvent avoir dans leur espèce d'esclavitude " Les Colliotes n'acceptèrent jamais la construction de magasins, et le comptoir fut abandonné en 1745, puis repris et délaissé en 1748, par les agents dont la vie était épouvantable. La Compagnie dut cependant le rétablir en 1750, car le Bey d'Alger menaçait de céder l'échelle de COLLO aux Anglais. L'abbé Poiret, en 1785, dans ses Lettres sur la Barbarie dépeint la situation qui est toujours la même : " Les bâtiments qui abordent à COLLO, pour la traite, sont forcés d'être sans cesse sur leur garde, ils ont à éprouvé les plus fortes insultes de la part des habitants : souvent, les gens de l'équipage n'osent débarquer qu'à la faveur des ténèbres. Ils se hâtent de charger les cuirs et les autres denrées qui sorti au dépôt, dans la maison de l'agent de la Compagnie, et s'éloignent le plus tôt qu'ils peuvent d'un pays où les hommes sont plus à craindre que les bêtes féroces. Les précautions que l'agent de la Compagnie est obligé de prendre, pour sa sûreté, font frémir et annoncent bien l'évidence du danger. Il habite, avec un caissier et quelques domestiques, une maison qui n'a d'autres ouvertures que de très petites lucarnes ; encore les fenêtres et les portes sont-elles doublées de fer et en état de résister aux balles de fusil. Ces messieurs font, avec leurs domestiques, une garde continuelle, tant le jour que la nuit. Malgré ces précautions, il est arrivé plusieurs fois des accidents fâcheux. L'on a vu des Arabes monter pendant la nuit sur les toits, enlever les tuiles, faire une ouverture pour passer le bout de leurs fusils, et tuer ou blesser la personne en sentinelle. Ils ont une fois Poussé leur rage jusqu'à mettre le feu aux quatre coins de la maison et brûler l'agent et tout son monde (en 1759). M. Hugues, agent actuel de la Compagnie, a été mille fois insulté, il y a quelques années, il reçut un coup de fusil à la joue, dont il fut heureusement guéri. Il avait voulu se retirer. Les

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Arabes s'opposèrent à son départ. Son successeur s'étant, présenté, ils le reçurent si mal, qu'il n'eut que le temps de se rembarquer " M. Hugues agent de la Compagnie a donné des renseignements précieux sur COLLO en 1785 : " Le pays proprement dit de COLLO, est une petite vallée où se trouvent 150 maisons à un seul étage, mal bâties en argile et en terre. Elles forment quatre villages, distants d'environ 400 pas l'un de l'autre, habités depuis plus de 200 ans par des Maures qui s'y sont rassemblés de différentes nations de la montagne. Ces villages ont tous un nom particulier. Le premier et le plus éloigné de la marine s'appelle Berkaïde (Bir el Kaïd), le second l'Azouline, qui est le nom de la nation qui l'habite, le troisième Berdrouille (Bir Touil) et le quatrième, la Jasde (El Djerda), qui est le nom de la montagne auprès de laquelle le village est bâti.... D'anciens puits qui sont encore dans le meilleur état, un vieux château, et quantité de vieilles masures font voir clairement que ce pays a été habité avant l'arrivée des Maures, et ce qui porte à croire que les Romains y avaient formé un établissement très considérable, ce sont quelques inscriptions que l'on voit sur de grandes pierres blanches, qui servaient apparemment de frontispice à leur temple.... Le gouvernement civil est entre les mains de deux Caïds et de sept chefs maures, dispersés dans les quatre villages. Ils n'ont aucune autorité sur les Collins et se contentent du titre de leur charge. Ils traitent seulement de la paix ou de la guerre avec les nations de la montagne (Cabaïles). Ces Caïds ou Schiks, qui sont eux-mêmes les plus grands coquins du pays, n'ont pas le pouvoir, ni même la volonté de mettre un frein à l'injustice et au crime, qui vont tête levée dans le pays. Le droit du plus fort et le fusil, décident tous les différents. Les Turcs ne sont pas même épargnés. Quand leur Agha ou le Divan veulent s'aviser de mettre le bon ordre, il est bien rare que la garnison retourne à Alger sans laisser plusieurs soldats tués sur place ; ce qui fait que, depuis longtemps, ils se bornent à manger tranquillement leur paye et à ne point s'écarter du château, laissant les Collins dans leurs villages, jouir impunément d'une liberté qui occasionne presque tous les jours les plus grands désordres. L'impunité a multiplié tous les crimes, et à fait des Collins, sans exagération, les hommes les plus méchants qu'il y ait sur la terre. Les Collins sont en général blonds, grands, robustes. Ils ne sortent jamais de leurs maisons qu'armés du fusil, de pistolets et de sabre. Ils ne meurent guère que des coups, meurtriers de ces armes, étant sans cesse en guerre. Ils sont tous, sans en excepter aucun, grands voleurs, fainéants, gourmands, cruels et inhumains envers les étrangers, traîtres, dissimulés, lascifs, jaloux, vindicatifs, flatteurs et aimant la flatterie, orgueilleux, avides des honneurs, superstitieux, hypocrites, en un mot adonnés aux vices les plus abominables " En 1820, les Colliotes étant devenus maîtres de la ville après avoir chassé les Turcs, le comptoir fut supprimé.

Les Colliotes furent alors réduits à la misère, et comme le Dey d'Alger les menaçait d'un bombardement par mer. ils acceptèrent une nouvelle garnison turque qui y séjourna jusqu'en 1830.

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— La route de Philippeville —

Le départ des Turcs fit tourner les yeux des Colliotes du côté des conquérants. Ils se mettent de très loin sous leur protection. Ils essaient d'empêcher une invasion française par tous les moyens. (C'est ainsi que le journal officiel de la Colonie le Moniteur Algérien n° 194 du 4 septembre 1835 publiait cette information typique : " COLLO : Un reïs nommé Dahman étant arrivé à COLLO dans un moment où la ville était en désordre et où beaucoup de gens se disposaient à se réfugier à Tunis, on lui conseilla de se retirer en lui disant que ce n'était pas l'instant de commercer. Comme il persistait à rester on se vit dans la nécessité de faire feu sur son bâtiment. Les matelots du reïs qui s'entendaient avec les cabaïles engagèrent leur chef à revenir, ce qu'il fil en effet. Alors les cabaïles montèrent à bord comme pour lui acheter ses marchandises et le dépouillèrent, les matelots prirent de leur côté une bonne partie de la cargaison. Les habitants de COLLO craignant que cet acte de brigandage ne leur fut attribué, ont écrit au Gouverneur général, en demandant grâce. M. le maréchal Gouverneur ayant été informé par le général Munck d'Uzer (Maréchal de camp commandant le Cercle de Bône) que les gens de COLLO servent la France avec zèle et fidélité, leur a promis qu'aucune vengeance ne serait tirée de ce délit auquel d'ailleurs ils paraissent avoir été étrangers " Un ancien agent de la Compagnie des Concessions d'Afrique de Marseille, M. Raimbert qui fut chargé en 1805 de réorganiser la pèche au corail, avait rédigé une notice dans laquelle, il mentionnait les richesses forestières de cette région :

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" Plus loin au COLLO, écrivait-il, où j'ai résidé dix années du temps de l'ancienne Compagnie d'Afrique, au COLLO dis-je, à moins de demi-heure de son port, il u a une immense forêt de haute futaie : ormes, chênes blancs et frênes, aussi anciens que le monde, à une lieue Ouest de là, se trouvaient des sapins, les goudrons, les résines qui, avec la forêt de COLLO, alimentaient autrefois l'arsenal de l'ex-régence d'Alger " L'importance de cette région et surtout la turbulence et la combativité des habitants du littoral, donnaient des inquiétudes aux généraux lors de la préparation de l'expédition militaire contre Constantine, et le Moniteur Algérien du 28 Novembre 1836 publie le résumé d'un ordre à la Marine de guerre : " Les corvettes de charge, la MARNE, la CARAVANE, et la FORTUNE parties d'Alger et d'Oran pour transporter des troupes à Bône, ont reçu l'ordre de M. le Contre amiral de Fresne, commandant la Marine à Alger de croiser dans les golfes de Stora et de COLLO et d'y mouiller aussi souvent que le temps le leur permettrait. Elles ont appareillé de Bône le 10 Novembre pour cette destination. Ces démonstrations, qui ont pour but de tenir les Arabes de la côte sur le qui-vive, ne peuvent produire qu'un très bon effet pendant l'expédition de Constantine " Après le tableau peu flatteur et certainement poussé au noir par le Marseillais Hugues, on peut se demander ce qui pouvait rester aux Colliotes pour ressembler encore à des hommes. Il leur restait la foi à leur religion. La Grande Mosquée qui existe toujours, et qui est le premier monument que l'on trouve à l'arrivée dans le port, a été construite en 1756 par Ahmed ben Ali Roumanli, bey de Constantine, ancien janissaire, puis Agha de la garnison de COLLO, et surnommé El Colli. Cette mosquée a été édifiée sur un ancien temple romain consacré à Neptune : 30 colonnes antiques, en marbre blanc ont été employées à son édification, et les jarres qui servaient aux ablutions des fidèles, étaient romaines. Lorsque les Français sont arrivés à COLLO, il existait 15 petits marabouts. L'un d'eux aujourd'hui disparu attenant à un cimetière était proche d'une tombe qui existait encore en 1859 et qui contenait les restes d'un pacha d'Alger Charkan Ibrahim mort en 1711. Venant de Constantinople pour gagner son nouveau domaine, il dut relâcher à COLLO par suite du mauvais temps et y mourut. Sur le sommet du Gouffi, se trouve le marabout de Sidi-Achour qui a le don de faire pleuvoir. A l'embouchure de l'oued Guebli, le marabout de Sidi ben Zouit existe encore. Celui de Sidi Mohamed Aourar à L'Ouest du cap Bougaroni, était le saint vénéré des matelots et des pilleurs d'épaves. Les Indigènes, attachaient une lanterne entre les cornes d'une vache pendant la nuit et trompaient ainsi les navigateurs qui venaient dans sa direction et se perdaient sur les rochers. En 1842, un navire italien le Falmar fut ainsi naufragé et son équipage prisonnier des Kabyles, ne fut délivré qu'après versement d'une rançon. C'est à l'embouchure de l'oued Zhor que ce naufrage eut lieu. Cet oued aux eaux profondes et très fraîches a un affluent l'oued Abaïch où les Français conquérants trouvèrent des truites. Depuis, un administrateur de la Commune mixte de Chéria avait fait

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venir de jeunes truites de France et en avait peuplé une autre rivière, l'oued Idjguen non loin du centre d'exploitation d'El Ouloudj. On peut en trouver d'excellentes de nos jours encore. Depuis 1830, COLLO vivait au ralenti. Ses habitants étaient dans la misère. I,'arrivée des Français a complètement transformé le village qui est aujourd'hui très animé et très coquet. Cela n'a pas été sans peine, car la conquête du pays a été longue et difficile. Les alentours de PHILIPPEVILLE étant pacifiés le général Baraguay d'Hilliers décidait de soumettre les tribus farouches de la région de COLLO. Trois colonnes partirent de PHILIPPEVILLE : l'une se dirigeait par la rive droite de l'oued Guebli, et les deux autres dans la direction des Beni Toufout. Encerclés par nos troupes, les tribus se rendirent sans défense, mais les Beni Ouelbane se défendirent sérieusement. Les Indigènes déterrant nos soldats pour les mutiler, le général, après les combats de l'oued Zadra ordonnait de brûler les cadavres. Le camp fut appelé Camp de l'Enfer. Le 10 Avril 1843, le général Baraguay d'Hilliers se présentait devant COLLO, précédé par les habitants du village qui étaient venus à ses devants, avec des drapeaux. Dans le port était ancré un navire chargé de vivres pour les troupes. La pacification du Cercle de PHILIPPEVILLE était terminée. Il y eut cependant de nombreux soubresauts. En Mars 1846, le marabout Ben Bagheriche surnommé le Sultan de la montagne levait l'étendard de la révolte. Une colonne partie de PHILIPPEVILLE sur COLLO rétablissait l'ordre. Le général Bedeau la commandait. En Mai 1849, un prétendu Chérif Mohamed ben Abdallah ben Yamina partait en guerre. Le général Herbillon fit une opération de police vers l'oued Guebli et réduisit les rebelles. En 1858, une colonne après être parvenue à COLLO fût attaquée par les Achache qui s'emparèrent de la ville. Les troupes abandonnant leurs chevaux durent s'embarquer pour regagner PHILIPPEVILLE pendant que le Caïd Saoudi avec 250 cavaliers se retirait sur Souk-El-Sebt, puis reprenait l'offensive à l'annonce de l'arrivée d'une colonne commandée par le général de Saint-Arnaud. La corvette à vapeur LE TITAN, mouillait en rade et bombardait les villages rebelles. Le général de Saint-Arnaud, après de rudes combats, entrait à COLLO le 27 juillet, châtiant durement les insurgés. Par quatre fois, nos troupes entraient ainsi à COLLO sans y laisser de garnison ; aussi les tribus Kabyles composées de pillards ne craignaient pas de recommencer leurs tristes exploits. En Mai 1852, après le mouvement insurrectionnel des Beni Isahak, le général de Mac-Mahon, formant une colonne de 6 500 hommes, partait de Constantine, traversait toutes les montagnes et arrivait à COLLO. La nouvelle de la révolte des tribus des Hanencha qui menaçait Aïn Beida et Bône ne lui permit pas de laisser des troupes et il rebroussait chemin, soutenant encore de rudes combats contre les tribus révoltées. En 1856, un nouvel illuminé soulevait les tribus de la région de COLLO ; 6 000 réguliers arabes commandés par leurs Caïds furent réunis, et lancés contre les insurgés. Le 26 septembre ces goums prenaient la campagne et après 10 jours de lutte, le Caïd Saoudi obtenait leur soumission.

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En Juin 1858, nouvelle agitation. 15 000 hectares furent incendiés dans la région de COLLO anéantissant plus de 80 000 arbres. Le général Gastu à la tête de 4 000 soldats, partit de Constantine séjournait à El Milia le 26 construisait le camp, puis le 22 Novembre arrivait à COLLO, sans laisser de garnison. Aussi, en Mai 1860, le général Desvaux dut refaire la même campagne avec une colonne forte de 10 000 hommes châtiant sévèrement les insurgés. Pendant dix années le calme règne.

— Collo —