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Sable Mouvant Marlène Jedynak Roman Boy s love

Sable mouvant

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Chapitre I, roman boy's love. Jeremy fait un soir une rencontre troublante avec un inconnu au regard de braise...

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Sable Mouvant

Marlène Jedynak

Roman Boy’s love

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Chapitre 1

Été 2009, Paris 4 h du matin à l’Addicted .

La foule se bousculait ce soir-là à l’Addicted, ce club privé réservé à

une clientèle exclusivement gay. Des hommes, il y en avait pour tous

les goûts : des grands, des petits, des gros, des maigres, des beaux,

des moches, des blancs, des noirs, des beurs… mais ils avaient tous un

point commun : la distinction et l’argent !

L’établissement disposait d’un étage où se situait une boite de nuit.

Pierrick le barman y jouait les acrobates et assurait le spectacle sur

une musique entraînante. Pour ceux qui désiraient boire sans

forcément se trémousser, un bar se trouvait au rez-de-chaussée avec

plusieurs petites salles adjacentes. Jeremy officiait au comptoir avec

dextérité, offrant de délicieux cocktails aux consommateurs, des

habitués pour la plupart.

Terminant d’essuyer ses verres, Jeremy leva les yeux pour faire face à

son nouveau client. Le barman déglutit. Le regard de braise lui

paraissait familier. Nombre de ses clients le dévisageaient avec cette

même lueur de convoitise. Sachant que Jeremy refuserait les

invitations, ces derniers venaient ne serait-ce que pour discuter.

Jeremy était le minet. Beau, au regard intelligent et clair, les cheveux

sombres aux mèches indisciplinées donnant des envies d’y plonger

ses doigts, au corps svelte et finement musclé que l’on désirait

caresser, à l’allure fière que l’on souhaite domestiquer. Jeremy en

faisait fantasmer plus d’un. Le barman était tout à fait conscient de

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l’envie qu’il provoquait et s’en réjouissait intérieurement. Il faut dire

qu’il en passait des heures à s’entretenir.

Oui, mais… l’homme qui venait de s’asseoir en face de lui, lui causât

un choc. Son regard sombre le tétanisait. La trentaine, il n’était pas

spécialement beau, pourtant, il était sûr qu’au sex-appeal, ce type

devait le battre à plate couture. D’ailleurs, vu le nombre de regards

dévorant ses larges épaules où sa chemise se tendait sur les muscles

puissants qu’elle cachait, ses soupçons furent vite confirmés.

L’inconnu lui demanda d’une voix profonde et sensuelle.

— Un baiser de feu1 , s’il vous plaît.

Jeremy lui adressa un sourire commercial tout en essayant de paraître

sûr de lui. En fait, jamais il n’avait été aussi troublé par une

présence… par la vibration d’un timbre rauque. Pourtant, le brouhaha

environnant lui cachait certainement la vraie tessiture de sa voix… Ses

mains habituées à manipuler des bouteilles volèrent sur le comptoir,

composant la boisson de son client. Jeremy était nerveux. Sans à

avoir à lever les yeux, il était sûr que ce type observait chacun de ses

mouvements.

Lorsqu’il présenta la boisson devant son client, ce dernier voulu lui

adresser la parole mais Jeremy avait repéré des habitués qui

l’interpellaient discrètement. Il préférait battre en retraite, abasourdi

par l’effet que lui procurait cet homme. Après une excuse et un

1 Baiser de feu : cocktail à base de cognac, triple sec, sirop de fraise

et de crème fraîche.

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sourire poli, très professionnel, le jeune homme s’activa autour de ses

nouveaux cocktails. Même s’il évitait de croiser le regard qui le

couvait depuis le coin du bar, Jeremy était sûr que ce type ne le

quittait pas des yeux.

Loin de ressentir l’indifférence usuelle, son cœur battait comme un

fou, ses mains étaient étrangement moites. Il devait se reprendre. Au

bout d’une heure, Jeremy remarqua l’appel de l’inconnu et se dirigea

vers lui. À présent un peu plus détendu, il s’avança naturellement

vers cet homme au charme envoûtant.

— Souhaitez-vous un nouveau cocktail, Monsieur ?

— Non… sourit lentement l’inconnu.

— Désirez-vous autre chose ? proposa le barman en serrant un

peu plus fort son torchon.

— Ton numéro de téléphone.

Jérémy ouvrit de grands yeux stupéfaits et accusa le coup. Un peu

trop direct à son goût. Le regard sombre et chaud comme de la braise

le fixait calmement. Ce type était un peu trop sûr de lui. La lueur de

désir y était nettement imprimée : quiconque les dévisageraient

alors, ne pouvait pas ignorer l’intérêt de cet homme ni son agitation,

lui si serein habituellement.

— Je crois que vous n’avez pas bien compris ma fonction dans

ce bar… Je ne suis pas un prostitué.

— Rien ne vous empêche de voir des clients en dehors du bar ?

Je peux payer…

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— Garder votre argent ! répliqua sèchement Jérémy.

— Une pipe ? Allez cinq cent euros ? C’est bien payé non ?

Le regard polaire, le barman fixa son interlocuteur en colère cette

fois-ci. Ce n’était pas la proposition qui le choquait, il en avait eu

beaucoup de semblables, quoique moins cher la passe. Non, c’était

l’arrogance et l’ironie dans son attitude ; ce regard qui le détaillait

comme un vulgaire morceau de viande, ces lèvres pleines qui

affichaient une moue suggestive. Jeremy fronça légèrement les

sourcils. Quelque chose…

— Comme tu veux… bonne soirée.

Et l’homme quitta les lieux, comme ça, après avoir jeté un dernier

regard à sa montre. Jeremy s’aperçu qu’il faisait de l’apnée depuis un

petit moment. Reprenant de l’air, il remarqua Bastien un amoureux

transit de la première heure, le dévisager moqueur.

— Eh bien… moi qui pensais que tu étais un monceau

d’indifférence… Il te plaît !

— Ne raconte pas n’importe quoi…

— Lui aussi, tu lui plais… S’il avait pu, je pense que tu aurais fini

les cuisses écartées sur le comptoir !

— Imbécile !

Jeremy se détourna pour débarrasser. Les clients commençaient à

quitter les lieux et Bastien toqua sur le comptoir avant de partir.

— Fais attention à toi…

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Le barman haussa les épaules et ne prit pas la peine de répondre.

Rapidement, il fit le tour du bar et rangea la salle avant de fermer.

Son esprit revenait malgré lui sur ce drôle de type qui l’observait sans

rien dire, sauf que… cette proposition… Elle avait tout gâché !

Jeremy n’y pouvait rien. C’était un indécrottable romantique. Des

hommes qui le désiraient, il en avait vu des tas. Des propositions… il

ne les comptait plus. Mais rien n’y faisait… Il adorait Dirty Dancing,

Titanic, Quand Harry rencontre Sally, le Goût de la Vie… Jeremy

pouvait citer des centaines de titres. Merde ! Pourquoi ce privilège

était-il réservé aux filles ?

Lui aussi aimerait rencontrer le prince charmant. Au lieu de ça,

systématiquement, on lui proposait de payer ses services. Un soupir

passa ses lèvres. Fatigué ! Voilà… fatigué de tous ces mecs qui ne

voyaient en lui qu’un « trou à fourrer » pour parler vulgairement. En

rentrant chez lui sur son vieux scooter, aux heures où les autres se

levaient, Jeremy zigzaguait sur la route et songeait que la vie était mal

fichue. Le regard noir l’obséda encore un long moment avant qu’il ne

tombe dans les bras de Morphée.

°°0o0°°

Le bar était presque vide ce soir là. Le milieu de semaine était de

toute façon très calme et Jeremy ne faisait pas beaucoup d’extra. Son

regard fouilla inconsciemment les lieux. Pas là ! Cela faisait presque

deux semaines que cet inconnu venait tous les soirs, mais là, il brillait

par son absence.

Pourtant, c’est ce qu’il avait souhaité durant la dizaine de nuits où cet

homme était assis là, toujours à la même place au coin du bar, non

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loin des pompes à bières. Une impression de grand vide et de froid le

tenaillait. Pourquoi n’était-il pas là ? S’était-il lassé ?

Il était vrai que depuis le premier soir, ce type ne lui avait fait aucune

autre proposition. Toujours assis, à siroter un cocktail, jamais le

même d’ailleurs, à le dévisager en silence. Depuis l’arrivé de Stan

(c’était ainsi que l’avait surnommé Jeremy dans son imaginaire), plus

aucun clients ne l’abordaient. Comme si ce dernier avait marqué son

territoire. Ou bien, était-ce que les clients remarquaient son intérêt

voilé pour Stan ?

La soirée lui parut interminable. Ses yeux se posaient invariablement

soit sur le siège laissé vide au coin du bar, soit vers la porte d’entrée

double battant ouverte en grand, guettant inconsciemment son

arrivé. Peut-être avait-il eu un accident ? À moins que ce type ne soit

retourné quelque part en province et que son voyage d’affaires ne

soit fini ?

Jeremy se fit une montagne de scénarios. Certains vraisemblables,

d’autres complètement stupides… mais il évitait d’envisager le pire,

enfin essayait. Son cœur cognait douloureusement dans sa poitrine.

Oh… son cœur tambourinait comme jamais auparavant. Finalement, il

en était au point de regretter de ne pas avoir accepté la proposition.

Après tout, combien de types l’attiraient comme son charismatique

inconnu ? Jeremy rentra déprimer une nouvelle fois… comme on dit

« demain est un autre jour » ! L’espoir faisait vivre après tout…

°°0o0°°

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Penché sur son scooter, Jeremy tentait de comprendre ce qui clochait

chez lui. Sa casquette en arrière, une sucette à la fraise coincée au

coin de sa bouche, une barre soucieuse plissait son front. La

mécanique et lui, normalement ça collait bien… mais là, il séchait ! Et

le soir même, il devait manger chez son grand-père pour un repas de

famille… pas question d’appeler un taxi !

Ses doigts jouaient inconsciemment avec une clef, alors que sa langue

déplaçait la sucette dans sa bouche. Peut-être que son vieil engin,

malgré tous ses soins, avait rendu l’âme ? C’était la poisse si c’était

vraiment le cas ! Ses moyens financiers étaient maigres, voir

inexistant actuellement. Ses économies étaient passées dans un

écran plat avec home vidéo, assorti d’une nouvelle console de jeu.

Certes, il avait songé à se mettre de l’argent de côté pour le

remplacement de son scooter mais Jeremy était persuadé qu’il

tiendrait encore un an ! Quel gâchis… songea-t-il, dépité.

— Ce n’est pas en fixant le moteur que tu vas faire démarrer ta

machine…

Surpris, le jeune homme se tourna vers… Stan ! Ce type se tenait à

quelques mètres de lui, en costume trois pièces sombre. Sa chemise

étincelante faisait ressortir sa peau légèrement bronzée. Il était

beau… pas de cette beauté lisse des publicités mais de celle que l’on

acquiert au fil des années. Stan respirait la force tranquille et l’argent.

Que faisait-il ici ? Son interrogation devait passer sur ses traits car

l’homme sourit et s’approcha

— Je suis venu pour affaires dans le quartier. Je ne m’attendais

pas à te rencontrer.

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— Et moi donc…, murmura Jeremy toujours sous le choc.

L’homme se mit accroupi à ses côtés et Jeremy senti une délicieuse

odeur boisée et musquée lui titiller délicieusement l’odorat. Son

cœur battait comme un fou. Le jeune homme, mal à l’aise, tentait de

cacher son trouble… Comme Stan lui avait manqué. Il remercia la

providence qui le replaçait sur sa route. Jeremy remarqua

brusquement que son interlocuteur lui parlait. Il rougit, il n’avait rien

entendu.

— Hum… Excusez-moi… murmura-t-il au comble de la gêne.

— Tu ne m’écoutais pas ?

— Je… je suis tellement surpris de vous revoir que…

L’homme sourit et Jeremy se redressa gêné.

— Tu fais vraiment gamin, lorsque l’on te voit de prêt… et dans

cette tenue.

— Je n’allais pas mettre un costume pour réparer mon

scooter ! protesta Jeremy aigrement.

Le barman replaça sa sucette dans sa bouche. L’inconnu avait suivi

son geste du coin de l’œil, le troublant un peu plus au passage. Et

puis, se faire appeler gamin par lui… c’était la fin du monde.

Apparemment, cela l’amusait.

— Mais tu es toujours aussi séduisant, si cela peut te rassurer.

Jeremy le foudroya du regard. Cette foutue arrogance !

— Je suis heureux de te rencontrer à nouveau.

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Cette déclaration ferma la bouche de Jeremy qui ne s’y attendait pas.

Il haussa les sourcils interrogateurs. En fait, il était désarmé. Stan

avait l’air sérieux, et la lueur ironique qu’il avait vue au cours de leur

première rencontre avait disparu. Des chatouillis vinrent caresser le

creux de son estomac. Le jeune homme respira doucement. Tendant

brusquement la main, il déclara abruptement

— Je m’appelle Jeremy…

L’homme observa sa main un instant, avant d’y glisser la sienne. Le

barman frissonna. L’étreinte était chaude et enveloppante.

Totalement déconcertante. Son regard envoûté par celui de son

interlocuteur qui lui souriait sincèrement.

— Ce prénom m’est familier… Je m’appelle Absalon, et je suis

vraiment heureux de pouvoir te parler en dehors du bar.

— Absalon ? s’étonna Jeremy

— Peu courant, hein ?

Le sourire dont il gratifia Jeremy, lui fit battre le cœur. La musique

d’un portable résonna. Absalon chercha dans sa poche intérieure de

veste et récupéra son téléphone pour lire son message.

— Oh… je vais devoir te laisser. J’ai un rendez-vous ce soir,

grimaça l’homme visiblement contrarié, mais j’aimerai te rencontrer à

nouveau…

— Pour une passe ? demanda Jeremy, ironique malgré lui.

À sa grande surprise, Stan… il ne pouvait pas s’empêcher d’utiliser ce

prénom, l’autre était trop exotique à son goût, caressa sa joue d’un

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revers de main avec tendresse. Jeremy déglutit, hypnotisé par son

interlocuteur.

— Je m’excuse pour cela. Inutile de le cacher… dès que je t’ai

vu, j’ai eu envie de toi. Tu brillais tel un joyau derrière ton bar…

— Ne me prenez pas pour un imbécile… Ses paroles réserver-les

pour un autre.

— Pourquoi… tu ne le ressens pas Jeremy ?

— Qu…

— Ce trouble à chaque fois que tu poses les yeux sur moi ?

coupa Absalon très sérieusement. J’éprouve la même chose. Je ne

peux pas m’empêcher de te regarder. J’ai envie de te toucher. C’est un

peu comme si… comme si je te connaissais déjà.

Jeremy s’aperçu d’un mouvement sur le côté et constata que la main

de cet homme avait glissé contre sa nuque avec douceur. Ce geste

intime ne passait pas inaperçu. Ils étaient le point de mire de toute la

petite place sur laquelle ils se trouvaient. Le barman repoussa la main

d’un geste maladroit, ses doigts s’attardant une fraction de seconde

sur cette peau.

— On nous regarde…, marmonna Jeremy au comble de la gêne.

— Je voudrai t’embrasser…, chuchota Absalon.

Jeremy se pencha à nouveau pour reprendre contenance et ramassa

toutes ses affaires, en faisant abstraction de son vis-à-vis. Il jeta son

bâton de sucette dans sa caisse à outils. La fièvre qui s’était emparée

de lui redescendait trop lentement à son goût.

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— Non ?

Cette question lui fit relever la tête. Un blanc s’opéra dans la tête du

jeune homme. Son estomac se tordait à nouveau. L’envie d’une

étreinte le surprenant avec force.

— Ecoutez… je… je…

Jeremy détourna le regard et termina de ranger ses outils. Se

redressant, il murmura sans oser dévisager Stan.

— Un seul baiser ?

— Juste un… sourit l’homme.

— Suivez-moi…

Jeremy se dirigea vers son immeuble Haussmannien et traversa le

porche refermé par deux grandes portes. Le jeune homme traversa la

cours intérieure pour entrer dans son appartement. La porte

refermée sur sa petite serre, où s’entassaient de nombreuses plantes

variées et fleuries pour certaines, il se tourna vers Absalon qui

l’enlaça sans tarder. Le corps athlétique qui se pressait contre le sien

et la bosse en bas du pantalon identique à la sienne, le fit soupirer. Le

barman se mordit la lèvre, alors qu’Absalon souriait.

— Tu en as autant envie que moi… Jeremy.

La bouche de l’homme se ferma sur la sienne. Le barman attrapa les

revers de la veste et les serra entre ses doigts. Ces lèvres douces et

exigeantes à la fois. Jeremy ferma les yeux. Il avait l’impression de

vivre une scène de roman ou de film… il ne savait plus très bien et il

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s’en fichait. Ces doigts qui caressaient son corps, l’exaltaient. C’était si

bon.

Lorsque la langue d’Absalon demanda de franchir le passage de ses

lèvres, Jeremy accéda à ses désirs. Sa tête lui tournait. Que lui

arrivait-il ? Jamais il n’avait cédé ou avait eu ce type de relation. Tout

ce qu’il connaissait de lui, c’était son prénom : Absalon. Ses sens

s’enflammaient au moindre regard. Entre les halètements qu’ils

poussaient, fou de désir, le léger chuintement que produisit la

fermeture éclair de son pantalon ne l’alerta pas.

Jeremy ne voulait pas être en reste, il s’attaqua à la boucle de

pantalon et à la fermeture éclair qui se montra quelque peu

récalcitrante. Ou bien était-ce lui qui était trop pressé ? Un rire bas et

grave vibra contre son oreille, suivi d’une langue qui lécha le coin de

celle-ci.

— Jeremy…

Cet appel étrange entre ses lèvres le bouleversa. Lui n’osait pas parler.

La morsure légère sur son lobe d’oreille le fit frissonner davantage,

alors que sa main serra le membre brûlant d’Absalon. Caché derrière

des plantes hautes dans cette véranda où il n’y avait presque pas de

place, le jeune homme se laissait aller au désir brut. Les lèvres

d’Absalon léchaient son buste découvert tout en soulevant son t-shirt.

Lui se laissait aller contre son épaule, sa main caressant toujours le

sexe de cet homme.

— Jeremy…

Une nouvelle fois son nom. C’était grisant, plus que n’importe quel

cocktail. La main du jeune homme dévala vers la nuque d’Absalon, ses

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phalanges découvraient les mèches courtes, jouèrent avec elles, les

tirant par instant de manière plus forte. Jeremy lécha sa lèvre

inférieure lentement, alors qu’une bouche se saisissait de son sexe,

suçotant son gland, léchant sa hampe droite comme un I.

Jeremy glissa un coup d’œil vers son partenaire qui le fixait d’un

regard assombri par la passion. Le jeune homme eut un petit sourire

et glissa son index dans la bouche. Ses paupières se fermèrent à

demi, laissant filtrer un regard lourd. Lentement et suggestivement,

en émettant un bruit léger de succions, le barman alluma son amant.

Ce dernier approcha son index. Jeremy se pencha et le goba, le

lubrifiant de salive.

Les deux hommes se dévisageaient avec la même fièvre. Le cœur de

Jeremy battait si lourdement dans sa cage thoracique. Il ne savait pas

vers quel genre de relation il dérivait mais il se laissait emporter par

les bourrasques qui secouaient son corps et son cœur. Lorsqu’Absalon

récupéra son index, il le fourra entre ses fesses. Jeremy émit un léger

hoquet de surprise.

— Tu aimes ? Jeremy… Regarde-moi…

Le barman observa son amant, qui lui souriait toujours accroupi

devant sa verge, qu’il lécha à nouveau avec gourmandise. Être pris

là… caché par quelques plantes à peine, cela l’excita. Si un jour on lui

avait dit, il aurait farouchement défendu son honneur. Mais là… ses

repères avaient été balayés un soir, une dizaine de jours auparavant.

Oubliant toute retenu Jeremy haleta plus fort. Cette langue humide

qui descendait toujours plus bas, qui léchait à présent ses bourses,

l’affolait. Les yeux du jeune homme se plissèrent sous le plaisir

procuré par la caresse.

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Prenant appui sur une chaise de jardin toute proche, alors qu’Absalon

se déplaçait toujours accroupi vers l’arrière de son anatomie ; ses

doigts se crispèrent sur le montant du mobilier. Les mains de son

amant n’avaient pas coupé le contact en le frôlant avec sensualité.

A présent, Absalon lui dévora littéralement le cul, l’humidifiant, le

lubrifiant, lui donnant des vapeurs au passage. Emporté par ses

sensations, le jeune homme se caressait le corps avec volupté, ses

dents s’enfonçant dans sa lèvre inférieure. Son partenaire n’était

clairement pas un novice.

Tenu fermement aux hanches par son partenaire, le rendant stable

dans sa position, Jeremy s’abandonna à un va et vient sur son sexe,

augmentant son plaisir. À moitié déshabillé, ne restant qu’en T-shirt,

le pantalon aux chevilles, il attendait… espérait… désirait qu’Absalon

le prenne enfin.

La langue lascive remonta le long de son épine dorsale, pour taquiner

sa nuque ; ses dents prenant le relai pour le mordre, laissant

certainement son emprunte dans sa chair. Le corps de son amant

recouvrait maintenant le sien, l’enveloppant de sa chaleur et son

parfum boisé et musqué tout à la fois, l’envouta.

Une queue se blottit entre ses fesses. Cette dernière était enserrée

dans un préservatif. Quand l’avait-il mit ?

Le jeune homme fut gentiment poussé en avant, alors que la verge

tendue d’Absalon le pénétrait lentement. Un soupir de soulagement

le traversa.

— Plus fort… chuchota le jeune homme.

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Les mouvements de va et vient se firent intense dès le début,

arrachant des gémissements de douleurs et de plaisirs mêlés. Jeremy

se redressa et se cambra, tournant son visage vers son amant qui

s’empara de sa bouche avec passion. Les mains du jeune homme se

calèrent derrière la nuque d’Absalon. C’était si bon que son excitation

portée à son comble le fit jouir plus vite qu’il ne l’aurait aimé. Il eut

un soupir de frustration.

— Je vais venir aussi… Moi aussi, je suis excité…

Le souffle court contre sa nuque, le raidissement du corps derrière lui

confirma les dires d’Absalon qui se laissa choir contre son corps.

Jeremy eut un sourire et laissa les mains de son amant lui entourer la

taille, se rejoignant autour de son ventre plat.

— Tu es si mignon, Jeremy…

Le jeune homme remarqua soudainement l’endroit où il se trouvait et

se racla le fond de gorge. Ses joues étaient écarlates. Mince, jamais il

n’avait songé se retrouver en pareille situation. Que lui avait-il pris ?

Se rendant compte de son changement d’humeur, Absalon le libéra.

— Euh… commença maladroitement Jeremy… voulez-vous boire

un verre ?

— Non… j’ai un rendez-vous ce soir. Mais, une prochaine fois

avec grand plaisir.

Jeremy, qui avait enfilé ses vêtements promptement et se tourna

pour la première fois vers Absalon. Celui-ci le dévisageait

chaleureusement, le déroutant, en même temps que s’insinuait en

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Jeremy une agréable sensation d’euphorie. L’amour et la passion

pouvaient-ils cohabiter ?

Absalon réajusta sa cravate et replaça sa veste, tandis que le jeune

homme suivait ses gestes, songeur. Son amant avait un rendez-vous…

Rendez-vous galant ? Comme s’il lisait en lui comme dans un livre

ouvert, Absalon lui caressa la joue avec tendresse.

— Ne t’inquiète pas… si je peux, je me dégagerai pour venir te

voir. En attendant, soit sage…

Absalon l’embrassa rapidement et quitta les lieux après un dernier

geste d’adieu. Jeremy resta immobile, stupéfait. Que venait-il de lui

arriver ? Il ne connaissait pas son nom et n’avait pas son numéro de

téléphone. Il devrait attendre le bon vouloir de cet homme.

Jeremy songea brusquement à sa propre réunion de famille. Et c’était

pour fêter l’anniversaire de son grand-père donc inutile d’imaginer de

ne pas y aller.

Le jeune homme regagna sa salle de bain et remarqua les traces de

suçons sur sa peau lorsqu’il se déshabilla. Ses doigts effleurèrent la

marque laissée sur sa nuque. Mis à part la morsure, il n’avait rien

remarqué… Jeremy se frotta partout, tout en se remémorant cette

étreinte passionnée. Le temps avait cessé d’exister. Sortant de la

douche, complètement assommé de se découvrir une facette aussi

lascive et ardente, Jeremy se prépara lentement. Tant pis, finalement

il appellerait un taxi. Son courage l’abandonnait.

°°0o0°°

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Sonnant à la porte de la maison de campagne de son grand-père,

Jeremy scrutait les alentours. Il y avait foule apparemment ce soir.

Certainement des gens qu’il ne connaîtrait pas. La porte s’ouvrit sur

sa grand-mère, Marie-Claude, qui l’accueilli avec un grand sourire.

— Jeremy ! Nous n’attendions plus que toi… Tu es en retard dis-

moi.

— J’ai été coincé dans un embouteillage. marmonna le jeune

homme mécontent après avoir payé la facture du taxi.

— Enfin, le principal c’est que tu sois arrivé. Tu as pris un taxi ?

s’étonna Marie-Claude.

— Mon scooter est mort.

— Ah… Entre ! Ne reste pas sur le seuil.

Le jeune homme reconnu sa belle-mère dans le couloir. Cette

dernière lui accorda un sourire chaleureux. Ils s’entendaient plutôt

bien. Il l’a salua et Gaëtan vint les rejoindre.

— Qu’est-ce que tu foutais ? grogna-t-il.

— Gaétan ! Ne parle pas comme ça à ton frère… et il n’a pas de

compte à te rendre.

— Alors pourquoi tu me demandes toujours des comptes quand

je suis en retard ?

— Du calme, du calme les enfants.

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Etonné, Jeremy se tourna vers son père. Ce dernier paraissait

vraiment très joyeux. Ce qui était rare ses derniers temps. Il haussa

les sourcils, en une interrogation muette.

— Oh Jeremy… Je suis vraiment heureux de te voir. Tiens, tu vas

revoir quelqu’un que tu n’as pas vu depuis au moins dix-sept ans…

Hein Absalon ? Depuis combien de temps as-tu quitté la maison ?

Jeremy leva lentement le visage vers l’homme qui se tenait auprès de

son père. Le regard qu’il rencontra était aussi hagard que le sien.

— Jeremy… Voici ton oncle !

Le jeune homme fixait Absalon, hébété. Ce dernier lui rendait son

regard. Son père s’extasiait sur le retour du petit frère prodige. Enfin,

il n’en était pas sûr… Il ne captait plus rien. Jeremy eut l’impression

que son esprit s’engloutissait dans un trou noir sans fond. Il ouvrit la

bouche mais il ne fut pas très sûr du son qui en sorti.