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Saison XX 2012-2013

Saison XX 2012-2013 - cornetto-diffusion.com · Le 8 décembre 1992, à Lyon, a lieu la première représentation du Concert de l’Hostel Dieu : Selva Morale ... Dans l’évocation

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Saison XX 2012-2013

Saison XX 2012-2013

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Sommaire

éditorial

le concert de l’hostel dieu

agenda

Monteverdi & l’Orient mystique

Mozart en Italie

La ciaccona, il mondo che gira

Gloria, Vivaldi

Shakespeare in love

Le médecin imaginaire

Carolan’s dream

Stabat Mater, Pergolèse

Salsa y Barocco

Judith triomphante, Vivaldi

Artistes

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Le 8 décembre 1992, à Lyon, a lieu la première représentation du Concert de l’Hostel Dieu : Selva Morale de Monteverdi. L’ensemble est alors en résidence dans les bâtiments baroques de l’Hôtel Dieu.

Aujourd’hui, dans le cadre de sa saison lyonnaise et de sa diffusion dans toute la France et à l’International, le Concert de l’Hostel Dieu, constitué d’un chœur de chambre, d’un ensemble de solistes et d’un orchestre sur instruments anciens, donne environ 70 concerts par saison, dédiés principalement à l’interprétation du répertoire vocal baroque.

Son positionnement artistique, emblème de la « griffe » de l’ensemble, l’inscrit dans une approche résolument contemporaine. En parallèle de son travail de création et de diffusion, le Concert de l’Hostel Dieu soutient l’émergence de jeunes talents, les aidants à s’insérer dans le réseau professionnel (stages, master class, académies...).Au fil des vingt saisons, les enregistrements du Concert de l’Hostel Dieu ont permis de diffuser le répertoire des XVIIème et XVIIIème siècles auprès d’un large public et de restituer des œuvres rares ou inédites, issues pour la plupart du patrimoine régional rhône-alpin.

L’enregistrement, en 1997 du premier disque baroque du Concert de l’Hostel Dieu dans le cadre du festival Musicales en Auxois - Alceste de Haendel - reçoit la récompense ffff de Télérama. Viennent ensuite le concert et l’enregistrement au festival de la Chaise Dieu par Radio France du Dixit Dominus de Haendel.

À l’automne 2011, l’ensemble présente au public son nouvel opus A shakespeare Fantasy. Le succès du disque O Carolan’s Dream produit en 2008 conduit le Concert de l’Hostel Dieu à rééditer le disque pour sa vingtième saison.

Le Concert de l’Hostel Dieu

Belle VirgnieUne rencontre musicale métisséepour petits et grands

Le Martyrede Sainte UrsuleOratorio inédit d’Alessandro Scarlatti

Haendel en ItalieLa virtuosité d’un grand maîtrede l’écriture chorale

La bellissima speranzaAirs, duos et trios pour découvrir Stradella

Réédition !

Carolan’s DreamRencontre entre l’univers baroqueet le monde celtique

A Shakespeare FantasyL’univers musical féerique de Purcellet ShakespeareLigia Digital / Harmonia Mundi

C’était il y a vingt ans. Le Concert de l’Hostel Dieu délivrait sa première prestation publique au moment précis où, succédant aux pionniers, les baroqueux de la deuxième génération étaient largement installés. La troisième vague pointait à l’horizon. Votre ensemble favori allait en faire partie. Après les fort honorables tentatives du passé, peu soucieuses de restitution musicologique, c’est au cours des années quatre-vingt que Lyon avait commencé à accueillir de prestigieux ensembles spécialisés. Toutefois, leur présence demeurait ponctuelle, à l’occasion de tournées ou de la résidence temporaire de tel chef renommé, brillant serviteur de ce répertoire. En pleine vague « baroqueuse », Lyon ne disposait pas encore d’une structure permanente vouée à cette esthétique. Or, pourquoi, en gardiens jaloux, Paris et la Région Ile de France auraient prétendu à l’exclusivité des forces dévolues au répertoire baroque dans notre pays ? Bientôt, ce que l’on appelle péjorativement « la Province » se signalait par un frémissement. Une place était à prendre en région lyonnaise. Certes, d’aucuns pourraient prétendre « que l’on ne nous avait rien demandé » mais qui aurait, aujourd’hui, la cuistrerie d’exprimer un point de vue aussi inepte ? Assurément aucun individu cultivé !

Le chemin parcouru, l’œuvre accomplie plaident en la faveur de Franck-Emmanuel Comte et ses amis. Ils eurent le courage de tenter une folle aventure, peut-être alors inconscients de cette destination lointaine. En effet : qui eût cru que, deux décennies plus tard, Le Concert de l’Hostel Dieu serait devenu le grand ensemble stable dédié à la musique dite ancienne dans notre cité ? Pourtant, l’audace a porté ses fruits. Les chiffres sont là et parlent d’eux-mêmes : un millier de concerts, des centaines de déplacements à travers l’Europe, neuf enregistrements discographiques salués par la critique, des dizaines d’artistes révélés qui, pour la plupart, collaborent toujours à nos saisons, contribuant à la renommée de nos programmations. Aujourd’hui, c’est de surcroît avec émotion que nous assistons à la naissance de nouveaux ensembles locaux. Ils appartiennent à la quatrième génération des serviteurs de la musique baroque. Nous avons parrainé certains d’entre eux et nous contemplons leurs progrès dans un esprit de saine émulation.

Dans l’évocation de toutes les énergies et volontés

qui concourent au succès du Concert de l’Hostel Dieu, nous n’aurons garde d’oublier la dynamique équipe professionnelle qui assiste au quotidien notre directeur musical dans les tâches les plus complexes. Par ailleurs, une institution comme la nôtre ne pourrait fonctionner sans l’apport indispensable des bénévoles qui – entre autres – vous accueillent et vous renseignent à chacun de nos concerts. Pour leur dévouement et la prodigalité des soins apportés aux nombreuses tâches qui leur sont assignées, qu’ils soient ici vivement remerciés.

Ce tour d’horizon ne saurait s’achever sans vous rendre un vibrant hommage. C’est en effet à vous, fidèles spectateurs-auditeurs – pour certains de la première heure ! – que nous voulons exprimer toute notre gratitude. Vous êtes notre raison première d’exister. De même que Lully n’eût point été le premier compositeur de France sans l’auguste protection du Roi-Soleil, de même nous n’existerions pas sans votre présence et votre soutien constants. Aussi, dans les temps économiquement agités et difficiles que nous vivons c’est pour nous un puissant réconfort de vous voir assister de plus en plus nombreux à nos prestations, à Lyon autant qu’en d’autres lieux où vous nous suivez avec passion. Votre bonheur est notre satisfaction première et, si nous parvenons à vous transporter loin des inquiétudes du quotidien, c’est aussi parce qu’en permettant à l’Art d’exister, l’Art vous récompense par la régénération de l’esprit, du cœur et de l’âme. Sous la plume de Dostoïevski est née l’idée que « La beauté sauvera le Monde ». Aussi, continuez d’être, cher public, nos ambassadeurs auprès de tous ceux qui aspirent à la Beauté et à la Vraie Culture. En diffusant les lumières artistiques, c’est tous rassemblés que nous pourrons persévérer, en apportant notre modeste contribution à une nouvelle Renaissance dont notre humanité éprouve l’urgente nécessité. Nous savons que nous pouvons compter sur vous, c’est pourquoi nous vous dédions cette XXème saison.Qu’elle s’inscrive en lettres d’or, non comme la conclusion d’un cycle mais, plutôt – nous le souhaitons sincèrement – à l’image d’une porte grande ouverte sur une nouvelle décennie de bonheurs musicaux partagés.

À toutes et à tous, nous souhaitons un excellent anniversaire !

Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin

Éditorial du président : 20 ans déjà !

lundi 17 septembre à 20h30mardi 18 septembre à 20h30

Monteverdi & l’Orient MystiqueLamenti e sospiri di un’anima amante

Église Saint-Bruno-les-Chartreux56, rue Pierre Dupont, Lyon 1°

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programme• 1ère partieLamma Bada Yatatanna, chant arabo-andalouLamento della Ninfa, Claudio Monteverdi (8ème Livre de madrigaux)Lamento di filia et Coro finale (Jephte), Giacomo CarissimiLà tra’l sangue e le morti, Sigismondo d’IndiaYi Mariyamo, prière à la ViergeUsurpator Tiranno, Giovanni Felice SancesAnima dolorosa, Claudio Monteverdi (4ème Livre de madrigaux)Al houbo dini, chant arabo-andalou• 2ème partieLi Habibi Oursil Salam, chant arabo andalouPiagne e sospira, Claudio Monteverdi (4ème Livre de madrigaux)Pianto della Madonna, Claudio MonteverdiLagrime d’amante al sepolcro dell’amata, Claudio Monteverdi (6ème Livre de madrigaux)Lamento d’Orfeo et Coro finale, Luigi Rossi (Orfeo)Psaume 42, Kama yachtaqo l’ayyiloLamento d’Arianna, Claudio Monteverdi (6ème Livre de madrigaux, 1ère partie)

distributionHasnaa Bennani, soprano

Youssef Kassimi Jamal, oud & chantNolwenn Le Guern, viole & lyrone

Étienne Galletier, théorbe & guitareLuc Gaugler, viole & violone

Franck-Emmanuel Comte, clavecin, orgue & directionChœur de chambre du Concert de l’Hostel Dieu

Hugo Peraldo, chef des chœurs

Agenda

Septembre Monteverdi et l’Orient mystique Lamentiesospiridiun’animaamanteOctobre Mozart en Italie EntreombresetlumièresdanslaVilleÉternelleNovembre La ciaccona, il mondo che gira Chaconnes,folies,tarantellesibériques&italiennesDécembre Gloria, Vivaldi PerlanottediNataleJanvier Shakespeare in love L’âmeamoureusedeShakespeareFévrier Le médecin imaginaire Musique&comédiesouslaplumedeMolièreMars Carolan’s dream Larencontreentrelemondegaëlique&l’artbaroqueAvril Stabat Mater, Pergolèse Naples,entreartsavant&inspirationspopulairesMai Salsa y Barroco ! Soiréecubaine: entresalsacubaine&negritosbaroquesJuin Judith triomphante, Vivaldi Lebaroquevictorieux!

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Les trois vies du Lamento d’AriannaLe lamento est une pièce qui exprime la tristesse et la plainte, souvent liées au sentiment amoureux. On le retrouve fréquemment sous une forme pour voix seule, le récitatif, où la mélodie obéit au texte, suit et révèle par ses inflexions le sens du poème. Telle est la première version du Lamento d’Arianna de Monteverdi (1608), œuvre qui structure ce programme. Sixième et unique scène de l’opéra Arianna qui nous soit parvenue, l’héroïne y chante sa douleur au départ de Thésée, accompagnée d’un continuo. Quelques années plus tard, en 1610, Monteverdi compose une version à cinq voix de ce lamento. Il s’agit d’un madrigal, qui est publié en tête du Sixième Livre de madrigaux en 1614. Forme polyphonique qui peut rassembler jusqu’à huit voix a cappella, le madrigal est une composition dont la structure et la musique obéissent aussi au sens d’un texte toujours profane. Maître en la matière, Monteverdi compose huit livres de madrigaux. Il marque ce genre par l’ajout d’un accompagnement que l’on voit apparaître dès le Cinquième Livre. Il transcende les règles de polyphonie et de contrepoint, concevant un style nouveau, la seconda pratica, opposé à la prima pratica qui dicte le respect strict des lois contrapuntiques. Les madrigaux peuvent être considérés comme des extensions polyphoniques de la déclamation « monteverdienne ». Le madrigal du Lamento d’Arianna est un écho à la pièce monodique de 1604. Monteverdi imagine une résonnance polyphonique, tout en gardant intacte la rhétorique poétique du texte. Mais il existe encore une dernière version de ce lamento, cette fois-ci sous un titre différent : Pianto delle Madonna. Il s’agit ici d’une monodie sacrée et latine, publiée en 1640 où 1641 à la fin du recueil Selva Morale e spirituale. Le sentiment amoureux y est transcrit en pieuses pensées, Teseo mio devenant Mi Filli.

La rencontre entre l’Orient et l’OccidentL’Orient est le lieu de multiples croisades européennes dès le XIème siècle. Sans occulter l’aspect sanglant et guerrier de ce siècle plein de fureur, les croisades sont aussi le théâtre de la rencontre de deux cultures qui, à cette occasion, se mêlent, se séduisent et se repoussent. Cette contrée fascinante offre une inépuisable source d’inspiration à de nombreux artistes occidentaux. Le poème épique de Torquato Tasso (dit Le Tasse), Gerusalemme liberta, est la principale œuvre de l’artiste italien du XVIème siècle. Illuminé par cet Orient mystérieux qui fascine, il peint les épisodes les plus expressifs de la grande épopée des croisades. Les poèmes du Tasse furent un vaste terrain d’inspiration pour toute une génération de musiciens, mais aussi de peintres tels que Paolo Domenico Finoglio. On trouve en effet un patrimoine poétique commun à l’Orient et à l’Occident des XIIème et XIIIème siècles, une sensibilité commune. L’œuvre de Tasso entrelace, au récit romancé des croisades, des histoires d’amours tourmentées et impossibles que l’on retrouve de toute part dans la musique. Les amours d’Armide la magicienne et du croisé Renaud furent de nombreuses fois mises en musique (D’India, Lully, Haendel, Vivaldi, Gluck, Haydn, Rossini…), ainsi que l’histoire de Tancrède qui donne naissance au Tancrède de Campra et au célèbre madrigal Il combattimento di Tancredi e Clorinda de Claudio Monteverdi.

Les musiques arabo-chrétiennes et chants arabo-andalousL’Orient – et tout l’imaginaire mystique et poétique qui gravite autour – a inspiré la création artistique en Occident. Mais cette contrée tant romancée a aussi gardé en mémoire la longue présence chrétienne sur ses terres, présence souvent violente mais pas uniquement. Il n’est pas inutile de rappeler que la chrétienté est née en Orient et que sa langue d’origine est l’araméen, idiome proche de l’arabe. Très vite, de nombreux peuples arabes ont adopté la nouvelle religion ainsi que les textes sacrés et chants religieux liés à celle-ci, lesquels ont été traduits et rédigés en arabe. Une communauté chrétienne arabe existe toujours au Moyen-Orient, véhiculant des chants et des prières chrétiennes en arabe, telle cette prière dédiée à la Vierge Marie ou ce Psaume 42 tiré de la Bible. Le répertoire musical arabe classique comprend donc ces chants chrétiens, mais aussi de très beaux chants d’amour arabo-andalous. L’Orient est présent sur la Péninsule Ibérique depuis sa conquête islamique au VIIIème siècle et l’Andalousie n’a cessé de donner au monde un grand exemple de convivialité et de tolérance entre différentes cultures et religions. Dans ce climat favorable, les arabes inventent au XIème siècle une nouvelle forme de poésie exclusivement vouée au chant et qu’ils appellent mouachah et qui signifie « brodé ». Cette nouvelle forme est le fruit d’un mélange entre la forme métrique traditionnelle de la poésie venue de l’Arabie et la forme plus variée des chants des troubadours. Les mouachah sont les unités de base qui forment les suites appelées nouba ou tout simplement musique arabo-andalouse. Les deux chants choisis ici (Al houbo dini et Li habibi oursil salam) sont des mouachah de deux nouba différentes. Mais les deux parlent d’amour charnel, lequel, pour certains, s’apparente et se mêle à l’amour divin. Ainsi le chant d’amour se transforme-t-il en chant profondément mystique. Le chant de l’introduction Lamma bada est plus récent mais emprunte tout de même la forme du mouachah andalou par sa forme poétique. D’un point de vue musical, il est purement oriental et de tradition Ottomane en raison de la longue présence des Ottomans en Orient arabe. C’est un chant qui décrit la beauté et la grâce féminine à travers son corps et sa démarche ainsi que tout ce que cela suscite comme ravages auprès des amoureux qui la convoitent, sans aucune connotation religieuse ni mystique. Youssef Kassimi Jamal

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Lamento di filia et Coro finale (Jephte) Giacomo CarissimiPlorate, colles, dolete, montes ,Et in afflictione cordis mei ululate.(écho : ululate)Ecce morira virgo Et non potero morte mea meis filiis consolari.Ingemiscite silvae, fontes et flumina,Et interitu virginis lachrimate !(écho : lachrimate)Heu me dolentem in laetitia populi, In victoria IsraëlEt gloria a patris mei.Ego sine filiis virgo, ego filia uni genita, morirar et non vivam.Exhorrerscite rupes, obstu pescite, Colles valles et cavernae, in sonitu horibili resonate !(écho : resonate)Plorate, filii Israel, plorate virginatem meam,Et filiam Jephte unigenitam,In carmine doloris lamentamini.Coro : Plorate, filii Israel, Plorate omnes virgines,Et filiam Jephte unigenitam,In carmine doloris lamentamini. Pleurez collines, affligez-vous montagnes ;Et dans le chagrin de mon cœur gémissez.(écho : gémissez)Je vais mourir viergeEt à ma mort je ne pourrai être consolée par mes fils.Gémissez forêts, fontaines et fleuves,Pleurez la mort d’une vierge !(écho : pleurez)Malheur à moi qui souffre au milieu de l’allégresse publique,Dans la victoire d’IsraëlEt dans la gloire de mon père.Moi, vierge sans enfant, moi fille unique, je vais mourir, et je ne vivrai pas.Hérissez vous rochers, tremblez collines,Vallées et cavernes, résonnez de sons horribles !(écho : résonnez)Pleurez fils d’Israël, pleurez ma virginité,Et pour la fille unique de Jephté,Chantez un chant de deuil.

Chœur : Pleurez fils d’Israël,Et vous toutes les vierges pleurez,Et pour la fille unique de Jephté,Chantez un chant de deuil.

Là tra’l sangue e le mortiSigismondo D’India« Là tra’l sangue e le morti egro giacenteMi pagherai le pene, empio guerriero.Per nome Armida chiamerai soventeNe gli ultimi singulti : udir ciò spero.»Or qui mancò lo spirto a la dolente,Né quest’ultimo suono espresse intero :E cadde tramortita, e si diffuseDi gelato sudor, e i lumi chiuse. « Là, gisant, agonisant au milieu du carnage et des mortsAlors, l’infâme guerrier, tu me paieras ta cruauté.Souvent tu invoqueras le nom d’ArmideDans tes dernier sanglots : c’est tout ce que j’espère.»Mais le souffle venant à lui manquer, la misérable Put à peine prononcer ces derniers mots :Elle perdit les sens et s’effondra, inondéeD’une sueur glacée, puis elle ferma les yeux.

Ya MariyamoNous te saluons, ô toi Notre DameMarie Vierge Sainte que drape le soleilCouronnée d’étoiles, la lune est sous tes pas.En toi nous est donnée, l’aurore du salutMarie Eve nouvelle et joie de ton SeigneurTu as donné naissance à Jésus le Sauveur.Par toi nous sont ouvertes les portes du jardinGuide-nous en chemin, étoile du matin.

Usurpator TirannoGiovanni Felice SancesUsurpator tiranno della tua libertà sia Lilla altrui,Che da gl’imperi sui non riceve il mio amor perdita o danno.Faccia’l geloso amante che non t’oda,Ben mio che non ti miri.Saranno i miei sospiri a suo dispetto d’amator costante.Procuri pur ch’io sia esule dal tuo affetto e dal tuo core,

Lamma Bada YatatannaQuand elle apparut avec sa démarche si fièreMon amour m’a séduit par sa beautéAh comme son regard m’a asservi !C’est un rameau qui captive quand elle se pencheAh dans quel trouble elle m’a mis !Je n’ai pour compatir à ma plainteÀ cause de la douleur que me cause cet amour ?Que la reine de la Beauté !

Lamento della NinfaClaudio MonteverdiLa Ninfa : AmorCoro : diceaLa Ninfa : AmorCoro : il ciel mirando, il piè fermòLa Ninfa : Amor, amor,Dov’è la fe’Ch’el traditor giurò ?Coro : miserellaLa Ninfa : Fa’ che ritorni il mioAmor com’ei pur fu,Tu m’ancidi ch’ioNon mi tormenti più ;Coro : Miserella ah più, no,Tanto gel soffrir non puòLa Ninfa : Non vo’ ch’ei più sospiriSe non lontan da me.No no, che i suoi martiriPiù non dirammi, affé !Coro : Ah miserella. Ah più no noLa Ninfa : Perché di lui mi struggo,Tutt’orgoglioso sta ;Che sì, che sì, s’il fuggo,Ancor mi pregherà.Coro : Miserella, ah, più nonTanto gel soffrir non puòLa Ninfa : Se ciglio ha più serenoColei che il mio non è,Già non rinchiude in senoAmor sì bella fe’.Coro : Miserella, ah, più nonTanto gel soffrir non puòLa Ninfa : Nè mai sì dolci baci

Da quella bocca havràNè più soavi... ah taci,Taci, che troppo il sa !Coro : Miserella !La bergère : AmourChœur : disait-elleLa bergère : AmourChœur : regardant le ciel, le pied immobileLa bergère : Amour, amour,Où est la foiQue le traître m’a jurée ?Chœur : Pauvre enfant !La bergère : Fais que mon amourRedevienne ce qu’il était,Ou tue-moi,Que je ne me tourmente plus.Chœur : Pauvre enfant ! Assez !Elle ne peut souffrir tant de froideur.La bergère : Je ne veux pas qu’il soupire davantage,Sinon quand il est loin de moi.Non, non, il ne m’exposera plusSes tourments, ma foi !Chœur : Ah, la pauvre ! Assez !La bergère : Parce que je me consume pour lui,Le voici tout orgueilleux ;Mais alors, oui, si je le fuis,Il reviendra m’implorer.Chœur : Pauvre enfant ! Assez !Elle ne peut souffrir tant de froideur.La bergère : Si l’autre a l’œil plus douxQue n’est le mien,Amour n’enferme pas en son seinAutant de fidélité.Chœur : Pauvre enfant ! Assez !Elle ne peut souffrir tant de froideur.La bergère : Jamais il n’aura de sa bouchePlus doux baisers, plus délicieux ;Ah, tais-toi, tais-toi,Il ne le sait que trop !Chœur : Malheureuse !

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Li Habibi Ourssil salamLe poète dit qu’il envoie le salut à sa bien-aiméEt qu’il souhaite qu’elle fasse de même.Qu’elle soit près de lui malgré la jalousie des autres.Et il dit : « O la pleine lune *,C’est toi que je demande dans l’ existence.Toi la beauté qui existe dans ce mondeReçois de moi mille saluts. »*la lune : la femme avec son beau visage rond

Piagn’e sospiraClaudio MonteverdiPiagn’e sospira, e quando i caldi raggiFuggon la greggia a la dolce ombra assiseNe la scorza de’ pini o pur de’ faggiSegnò l’amato nome in mille guise,E de la sua fortuna i gravi oltraggiE i vari casi in dura scorza incise ;E in rileggendo poi le proprie note

Spargea di pianto le vermiglie gote. Elle pleurait et soupirait, et lorsque les chaudsRayons du soleil eurent quitté le troupeau, elle s’assitDans la fraîcheur de l’ombre et dans l’écorce d’un pinOu d’un hêtre, elle grava mille fois le nom de l’être aimé,Et inscrivit un par un dans la dure écorceTous les coups du sort préparés pour elle ;Puis, relisant ses propres caractèresSes joues roses se couvrirent de larmes.

Pianto della MadonnaClaudio MonteverdiIam morir mi Fili,Quis nam poterit mater consolariIn hoc fero dolore,In hoc tam duro tormento ?Iam morir mi Fili.Mi Jesu, o Jesu mi sponse, Mi dilecte,Mi mea spes, mea vita,Me deferis, heu, vulnus cordis mei.Respice Jesu mi,Respice Jesu precor, respice matrem tua

Quae gemendo pro te pallidas languetAtque in morte funesto in hac tam duraEt tam immani CruceTecum petit affigi.Mi Jesu, O Jesu mi,O potens homo, O Deus,Cujus pectores, heu, tanti dolorisQuo torquetur Maria.Miserere gementisTecum quae extinta sit, quae per te vixit.Sed promptus ex hac vita discendis,O mi Fili, et ego hic ploro.Tu confringes infernum hoste victo superbo,Et ego relinquor,preda doloris, solitaria et mesta.Te Pater almus, teque fons amoris suscipiant laeti,Et ego te non videbo.O Pater, O mi sponse.Haec sunt promissaArchangeli Gabrielis,Haec illa excelsa sedesAntiqui Patris David,Sunt haec regalia sceptraQuae tibi cingant crines,Haec ne sunt aurea sceptra,Et fine regnumAffigi duro ligno,Et clavis laniari atquae corona ?Ah Jesu, ah Jesu mi,En mihi dulce mori.Ecce plorando, ecce clamando,Rogate misera Maria,Nam tecum mori est illi gloria et vita.Heu, Fili, non respondes,Heu, surdus es ad flectus atquae quarellas.O morso, O culpa, O inferne esse sponsus meus,Mersus in undis veloxO terrae centrumAperite profundumEt cum dilecto meo me quoque absconde.Quid loquor ? Heu, Quid spero misera ?Heu, iam quid quero ?O Jesu, O Jesu mi,Non sit quid volo,Sed fiat quod tibi placet.Vivat mestum cor meum pleno dolore,Pascere, Fili mi, Matris amore.

Laisse-moi mourir, mon Fils,Car qui pourrait consoler une mère

Che non farà ch’amore abandoni già mai l’anima mia.Di sdegno in frà gl’ardori armi la voce a stratii miei rivolto ;Non potrà far il stolto, che se ben tù non m’ami io non t’adori.Ma che val ch’il rival non mi possa impedir ch’io non ti brami,Se per far ch’io non a mi l’adorar giova poco amar non vale.Meta de tuoi diloetti fatto e novo amator vago e felice,A cui concede e lice il tuo voler del cor, gl’ulti mi accenti.Seguane ciò che vuole ; adorerò com’adorai l’tuo nome,Le luci tue, le chiome saranno del moi cor catena e Sole.Sii pur Lilla crudele ; tenti per tormentarmi angosce e affanni ;non mi darano gl’anni altro titolo mai che di fedele.

Que le tyran usurpateur de ta liberté soit Lilla ou un autre, Sa domination n’entache ni ne détruit en rien cet amour pieux.Qu’il fasse l’amant jaloux, qu’il ne t’entende point,Ma bien-aimée, qu’il ne te regarde point.Mes soupirs seront ceux d’un amoureux fidèle, quelque dépit qu’il en ait.Il peut bien faire en sorte que je sois banni de ton cœur,Mon âme ne renoncera pas à son amour pour autant.Il peut bien, dans son ardeur, mépriser les traits de mon amour ;Il ne pourra pas faire semblant de rien car si tu ne m’aimes pas, je ne t’en adore pas moins.Mais qu’importe que mon rival ne puisse m’empêcher de te désirer, Ni sa passion ni son amour ne m’empêcheront de t’aimer.Ton nouvel et bel amant, le bienheureux,À qui ta volonté accorde les derniers accents de ton cœur, est devenu l’objet de tes plaisirs.Advienne que pourra ; j’adorerai tes yeux comme j’ai adoré ton nom,Et ta chevelure sera la chaîne et le Soleil de mon cœur.

Lilla peut bien être cruel ; qu’il tente de m’infliger tourments et peines ;Les années n’entameront jamais ma fidélité.

Anima dolorosaClaudio MonteverdiAnima dolorosa,Che vivendo tanto peni e tormentI quant’o di e parli e pensi e miri e sentiAmor spiri ?Che speri ?Ancor dimori in questa viva morte ?In quet’inferno dele tue pene eterno ?Mori misera mori !Che tardi più che fai ?Perché mort’al piacer viv’al martire ?Perché viv’al morire ?Consum’il duol che ti consum’homaiDi questa morte che par vita uscendoMori meschina al tuo morir morendo

Âme douloureuse,Dont la vie n’est que peine et tourment,Quoi que tu entendes, dises, penses, voies et sentes.Aspires-tu à aimer ?Qu’espères-tu ?Es-tu encore attachée à cette mort vivante ?À cet enfer de souffrances éternelles ?Meurs, misérable, meurs !Pourquoi tardes-tu, pourquoi ?Pourquoi morte pour le plaisir, vivrais-tu pour souffrir ?Pourquoi vivre pour mourir ?Consume le souci qui te ronge toujours,Quitte cette mort qui se fait passer pour la vie,Meurs, vilaine, et finis avec cette mort en mourant pour de bon !

Al houbo diniL’amour est ma religionEt je ne désire pas en changerLa beauté est une souveraineRespectée, équitable ou abusiveOrgueilleuse est mon âmeMais pour toi j’accepte de l’humilier,Car si amère quoi la soumissionL’amour la rend délicieuse.

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Dicano i venti ogn’or, dica la terra :« Ahi Corinna ! Ahi Morte ! Ahi tomba ! »Cedano al pianto i detti ! Amato seno,A te dia pace il Cielo ; pac’ a te, Glauco,Prega honorata tomba e sacra terra.

Restes réduits en cendres, tombe avareDevenue le Ciel terrestre de mon beau Soleil,Hélas ! Je m’incline à terre devant vous.Mon cœur est enfermé avec vous au sein du marbreEt nuit et jour, Glaucus tourmentéVit dans le feu, dans les larmes, le deuil, la colère.Dites-le, ô fleuves, et vous qui avez entendu GlaucusFrapper de ses cris l’air au dessus de la tombe,Campagnes désertes, et les nymphes et le Ciel le savent :Le deuil fut mon aliment, les larmes ma boisson ;Mon lit, bienheureuse pierre, fut ton beau sein,Puisque la terre glacée recouvre ma bien aimée.Le soleil donnera la nuit sa lumière à la terre,Cynthie resplendira de jour, avant que GlaucusCesse d’honorer, de baiser ce seinQui fut nid d’amour, qu’écrase une rude tombe ;Et les bêtes sauvages, et le Ciel, ne seront pas seulsÀ lui prodiguer profonds soupirs et larmes.Mais le Ciel, ô nymphe ! t’accueille en son sein,Et je vois la terre, par ton départ, devenue veuve,Je vois les bois déserts, les larmes coulant en fleuves.Dryades et Napées redisentLes lamentations du triste Glaucus, et sur la tombeChantent les qualités de ce sein aimé.Ô cheveux d’or, gente neige du sein,Ô lis de la main, que le ciel jalouxNous a ravis, quand il l’enferma dans une tombe aveugle,Qui vous cache ? Hélas ! Une pauvre terreCache la fleur de toute beauté, le soleil de Glaucus !Ah, Muses ! Laissez couler vos larmes !Donc, reliques aimées, mes yeuxNe donneront pas une mer de larmes au noble seinD’un froid rocher ? Voici que le dolent GlaucusFait retentir de Corinne la mer et le ciel.Que les vents disent sans cesse, que la terre dise :« Ah ! Corinne ! Ah ! Mort ! Ah ! Tombe !»Que les paroles laissent la place aux larmes ! Sein chéri,

Que le Ciel te donne la paix ; paix à toi, Glaucus,Prie la tombe honorée et la terre sacrée.

Lamento d’Orfeo et Coro finale (Orfeo)Luigi RossiLasciate Averno, o pene, e me seguite !Quel ben ch’à me si toglieRiman là giù, né ponno angoscie e doglieStar già mai seco unitePiù penosso ricetto,Più disperato locoDel mio misero pettoNon hà eterno foco ;Sono le miserie mie solo infinite.Lasciate Averno, o pene, e me seguite !Ah piangete ! Ah, lagrimate,Tracie rive,Ohimè, priveD’ogni pregio di Beltate !Ah piangete ! Ah, lagrimate,Vanne in pace, ché l’oscuraSepoltura a un inocenteè di glotia immortal chiaro Oreinte !

Abandonnez l’Averne, ô peines, et me suivez !Le bien qui me fut ôtéReste là-bas et les angoisses et les ennuisNe peuvent rester avec lui.Non, le feu éternelN’a pas de recoin plus désespéréD’abri plus douloureux,Que mon cœur malheureux ;Il n’y a que mes misères d’infinies.Abandonnez l’Averne, ô peines, et me suivez !Ah, pleurez, versez des larmes,Rivages thraces,Hélas, privésDe l’éclat de la Beauté ! Ah, pleurez, versez des larmes,Va en paix, l’obscureSépultureEst pour un innocentUn clair Orient de gloire immortelle.

Dans cette douleur atroce,Dans ces tourments insupportables ?Laisse-moi mourir, mon Fils.Mon Jésus, o mon Jésus,Mon époux bien-aimé,Mon espoir, ma vie,Tu me quittes – ah ! Mon cœur se déchire.Pense à moi, mon Jésus,Je t’en supplie, pense à ta mèreQui gémit et soupire après ToiEt qui demande à partager avec toiCette mort atroce, clouéeSur la croix dure et terrible.Mon Jésus, o mon Jésus,O Homme de pouvoir, O Dieu,Hélas ! La souffrance de ton cœurAccable également Marie.Prends pitié sur ses gémissementsEt laisse-la mourir avec Toi, celle qui a vécu pour Toi.Toi, tu dois quitter cette vie trop tôt,Mon Fils, et je dois pleurer ici-bas.Tu descendras aux enfers,Et vaincras le fier ennemi - et moi je suis abandonnée,Proie au chagrin, seule, le cœur brisé.Ton tendre Père et l’Esprit Saint t’accueilleront, et moiJe ne te reverrai jamais.Mon Père, mon bien-aimé.Sont-ce là les promessesDe l’Archange Gabriel,Est-ce ceci le trône élevéDe David, notre ancêtre,Est-ce là la couronne royaleQui devait ceindre ton front,Est-ce ceci le sceptre doré,Là les limites de ton royaumeD’être cloué au bois cruel,Transpercé par les clous et couronné d’épines ?Ah Jésus, O mon Jésus,La mort me semble douce à présent.Vois mes larmes, entends mes cris,Exauce la pauvre Marie qui t’en supplie,Car mourir avec toi est sa gloire et sa vie.Quoi, mon Fils, Tu ne réponds pas,Tu es sourd à mes pleurs et à mes gémissements.O mort, O péché, O enfers,Mon Fils plongé au fond des abîmes

O centre de la terreOuvre-toi profondémentEt ensevelis-moi avec mon bien-aimé.Mais que dis-je ? Qu’est-ce que je désireDans ma misère ? Assez de plaintes.O Jésus, mon Jésus,Que non pas ma volonté soit exaucée,Mais la tienne.Laisse vivre mon pauvre cœur plein de douleur,Et Toi, mon Fils, fortifie-Toi de l’amour d’une mère.

Lagrime d’amante al sepolcro dell’amata Claudio MonteverdiIncenerite spoglie, avara tombaFatta del mio bel Sol terreno Cielo,Ahi lasso ! I’ vegno ad inchinarvi in terra.Con voi chius’è ‘l mio cor a marmi in seno,E notte e giorno vive in foco, in pianto,In duolo, in ira, il tormentato Glauco.Ditelo, o fiumi, e voi ch’udiste GlaucoL’aria ferir dì grida in su la tomba,Erme campagne e’l san le Ninfe e ‘l Cielo :A me fu cibo il duol, bevanda il pianto,Letto, o sasso felice, il tuo bel senoPoi ch’il mio ben coprì gelida terra.Darà la notte il sol lume alla terra,Splenderà Cintia il di, prima che GlaucoDi baciar, d’honorar lasci quel senoChe fu nido d’Amor, che dura tombaPreme ; né sol d’alti sospir, di pianto,Prodighe a lui saran le fere e ‘l Cielo.Ma te raccoglie, O Ninfa, in grembo ‘l Cielo,Io per te miro vedova la terra,Deserti i boschi e correr fium’il pianto.E Driade e Napee del mesto GlaucoRidicono i lamenti, e su la tombaCantano i pregi dell’amato seno.O chiome d’or, neve gentil del seno,O gigli della man, ch’invido il cieloNe rapì, quando chiuse in cieca tomba,Chi vi nasconde ? Ohimè ! Povera terraIl fior d’ogni bellezza, il Sol di GlaucoNasconde ! Ah ! Muse ! Qui sgorgate il pianto !Dunque, amate reliquie, un mar di piantoNon daran questi lumi al nobil senoD’un freddo sasso ? Ecco l’afflitto GlaucoFa rissonar Corinna il mare e ‘l Cielo,

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programme• 1ère partie : «Ombres»Miserere K85, Wolfgang Amadeus Mozart (composé à Bologne en juillet - août 1770)De profundis K93, Wolfgang Amadeus Mozart (composé à Salzbourg en 1771)Miserere, Gregorio Allegri (transcrit à Rome en 1770)

• 2ème partie : «Lumières»Exsultate, jubilate K 165, Wolfgang Amadeus Mozart (composé à Milan en janvier 1773)Regina coeli K.127, Wolfgang Amadeus Mozart (composé à Salzbourg en juin 1772)

distributionHeather Newhouse, soprano

Marie-Frédérique Girod, sopranoAnthéa Pichanick, mezzo-soprano

Hugo Peraldo, ténorÉric Chopin, basse

Orchestre et chœur de chambre du Concert de l’Hostel DieuFranck-Emmanuel Comte, direction

Hugo Peraldo, chef des chœurs

Église Notre Dame Saint-Vincent56,quaiSaint-Vincent,Lyon1°

dimanche 21 octobre à17h00lundi 23 octobre à 20h30

Mozart en ItalieEntre ombres et lumières dans la Ville Éternelle

Psaume 42Kama yachtaqo l’ayyilo(Comme le cerf soupire après les sources d’eau)

Au maître de chant.Cantique des fils de Coré.Comme le cerf soupire après les sources d’eau,Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu.Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant :Quand irai-je et paraitrai-je devant la face de Dieu ?Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit,Pendant qu’on me dit sans cesse: « Où est ton Dieu ? »Je me rappelle, et à ce souvenir mon âme se fond en moi,Quand je marchais entouré de la foule,Et que je m’avançais vers la maison de Dieu,Au milieu des cris de joieEt des actions de grâces d’une multitude en fête !Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme, et t’agites-tu en moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore, lui,Le salut de ma face et mon Dieu !Mon âme est abattue au dedans de moi ;Aussi je pense à toi, du pays du Jourdain,De l’Hermon, de la montagne de Misar.Un flot en appelle un autre,Quand grondent tes cataractes :Ainsi toutes tes vagues et tes torrents passent sur moi.Le jour, Yahweh commandait à sa grâceDe me visiter ; la nuit, son cantique était sur mes lèvresJ’adressais une prière au Dieu de ma vie.Maintenant je dis à Dieu mon rocher :« Pourquoi m’oublies-tu?Pourquoi me faut-il marcher dans la tristesse,Sous l’oppression de l’ennemi ?Je sens mes os se briser,Quand mes persécuteurs m’insultent,En me disant sans cesse: « Où est ton Dieu ? »Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme,Et t’agites-tu en moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore, lui,Le salut de ma face et mon Dieu !

Lamento d’AriannaClaudio MonteverdiLasciate mi morire !E che volete voi che mi conforteIn così dura sorte,In così gran martire ?Lasciatemi morire !

Laissez-moi mourir !Que voulez-vous qui me réconforteDans un si dur destin,Dans un si grand martyre ?Laissez-moi mourir !

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met en musique l’intégralité des vingt versets du Psaume 50, en alternant plain-chant pour les répons (strophes paires) et polyphonie (strophes impaires), tandis que le Miserere de Mozart utilise le texte de manière partielle. Franck-Emmanuel Comte choisit ici de faire chanter le texte délaissé par le compositeur – les répons en plain-chant – par des sopranos. Entre les deux Miserere vient se glisser une prière d’une grande simplicité : le De Profundis. Cette miniature homophonique témoigne d’une profonde intériorité, exprimée avec retenue. Deux ans plus tard, Mozart compose le brillant Exsultate, jubilate pour le castrat Venanzio Rauzzini. Ce motet, ainsi que le Regina Caeli, sont deux œuvres lumineuses, attestant d’une maturité précoce et d’une influence du style lyrique.

Mozart sur instruments baroquesSouvenons-nous que lorsque Wolfgang naît, c’est encore – tout autour de lui – le monde du clavecin et du style baroque. C’est donc d’une manière tout à fait naturelle que l’enfant-génie se penche aussitôt sur la littérature de cet instrument et plus largement sur les œuvres des maîtres italiens ou européens du XVIIIème siècle. Concernant les cordes, le violon sur lequel jouait Wolfgang enfant était un « Jacobus Stainer », un luthier du Tyrol qui supportait fort bien la comparaison avec les maîtres de Crémone, et dont on a gardé de nombreux exemplaires. Mozart, qui ignorait alors ce que pouvait « donner » le violon de Menuhin, jouait ainsi sur un instrument au son « acide », mais riche en sonorités, avec lequel il obtenait, entre aigu et grave, des couleurs très distinctes. Côté vents, les cuivres étaient dépourvus de pistons et spatules (on jouait alors uniquement avec les lèvres) et possédaient une sonorité moins éclatante et plus contrastée. Les flûtes en bois à une clef ne présentaient absolument pas les caractéristiques d’homogénéité des flûtes modernes en métal. Les clarinettes, bassons et autres cors de basset étaient à peu de choses près ceux qu’avaient connus Bach et Haendel (ce sera Theobald Böhm, né en 1794, qui placera des clefs sur les flûtes d’abord, puis ensuite sur tous les instruments à vent). Par ailleurs, l’équilibre entre vents et cordes n’était pas du tout le même que celui que connaissent les orchestres contemporains. L’orchestre mozartien privilégie une indépendance marquée des vents vis à vis du quatuor des cordes et ne cherche absolument pas à fondre les timbres de chaque instrument dans un son unique d’orchestre, à la fois moelleux et puissant, comme c’est souvent le cas de nos jours. Enfin, Mozart appréciait par-dessus tout la personnalité propre de chaque instrument et sa palette expressive, plutôt que ses possibilités techniques. Ainsi, peut-on affirmer qu’il était profondément amoureux du timbre du cor, du basson ou de la clarinette qu’il a souvent utilisés, caracolant sur leurs tonalités graves ou aiguës, comme une voix, cette fameuse voix humaine, pour laquelle Mozart a tant composé...Ce propos n’ayant pas pour vocation d’affirmer la supériorité d’une interprétation sur instruments anciens par rapport à une approche plus classique, nous passerons volontairement sous silence les inconvénients que les détracteurs de cette posture musicale mettent régulièrement en avant (instruments moins sonores et plus hétérogènes, justesse plus aléatoire…). L’essentiel est de comprendre que désormais, depuis les Harnoncourt, Leonhardt et autres Hogwood, une autre approche est possible, en rien supérieure à celle pratiquée jusqu’à la « grande vague des baroqueux », mais juste différente, et que celle-ci renouvelle l’imagination des interprètes tout en proposant une autre écoute de la part du public. On peut considérer que l’interprétation musicale dans sa globalité est constituée d’une rencontre entre l’époque du compositeur et celle de l’interprète. Ainsi, aucune vérité interprétative ne peut être définitivement gravée dans le marbre. Chaque génération de musiciens apporte sa vision, influencée tant par les avancées musicologiques que par l’air du temps, les modes et les lubies de l’instant présent. Enfin, l’essentiel est sans doute ailleurs : autant il serait vain de vouloir à toute force recréer l’univers sonore que Mozart connaissait de son vivant, autant il serait hasardeux d’en ignorer complètement les caractéristiques. Un esprit de synthèse doit donc se manifester, lequel réservera une place non négligeable à l’instinct musical de tout un chacun, qu’il soit interprète ou auditeur.

Un voyage en Italie« Tu as peut-être déjà entendu parler du Miserere de Rome, tellement célèbre, et qui est estimé à un tel prix qu’il est expressément défendu sous peine d’excommunication aux musiciens de la chapelle [Sixtine] d’en sortir une partition hors de la chapelle, de le copier ou de le communiquer à qui que ce soit. Or nous le possédons déjà. Wolfgang l’a déjà écrit […] ». Ainsi s’exprime Johann Georg Léopold dans une lettre à sa femme le 14 avril 1770 à Rome. Leur fils, Wolfgang Amadeus Mozart, assistant à un office au Vatican, mémorise en une écoute le Miserere d’Allegri, une œuvre mythique dont les papes avaient de tout temps interdit la copie. Georg et Wolfgang accomplissent alors leur premier voyage en Italie, qui sera suivi de deux autres entre 1769 et 1773. À la différence du grand circuit européen précédent, essentiellement destiné à révéler au monde le jeune prodige salzbourgeois, les déplacements italiens ont pour but de parachever sa formation de compositeur. Ils vont aussi permettre l’épanouissement de l’adolescent avide de découvertes. Sa vaste correspondance, entamée à cette époque, nous révèle, d’une manière très vivante, les grandes étapes de ce parcours : Vérone, Mantoue, Milan, Bologne, Naples, Venise et surtout Rome, la Ville Éternelle, qui le subjugue. De nombreuses rencontres humaines et musicales marquent ces trois voyages. Certaines exerceront une forte influence sur la création de Wolfgang et laisseront des empreintes indélébiles dans les compositions dès cette période (Niccolò Piccinni, Giovanni Battista Sammartini, Boccherini, Nardini, Manfredi, ainsi que les maîtres vénitiens étudiés lors de son passage dans la Cité des Doges). À Bologne, père et fils sont présentés au célèbre castrat Farinelli qui vit alors une paisible retraite, ainsi qu’au docte Padre Martini qui soumettra le jeune prodige à quantité d’exercices redoutables, en particulier sur le plan contrapuntique. C’est grâce au Padre Martini qu’il achèvera sa formation de compositeur. Lors de son dernier voyage en Italie, Mozart quitte l’adolescence. Pour le public, il n’est plus un objet d’étonnement mais un compositeur parmi tant d’autres. Le « miracle » qu’il représentait est terminé. Au début de mars 1773, Wolfgang âgé de 17 ans quitte Milan avec son père et peu après, l’Italie, à laquelle il ignore qu’il fait ses adieux, puisque, malgré son désir, il n’y reviendra jamais. Déjà l’Italie l’a oublié, mais lui ne l’oubliera pas… Elle demeure gravée au fond de son âme et il s’en souviendra lorsqu’il écrira des chefs-d’œuvre comme Idomeneo Re di Creta, Le Nozze di Figaro, Don Giovanni ou Così fan tutte, ceux où il fera chanter la langue de Dante et Pétrarque.

Les œuvres du programmeLe concert rassemble des œuvres de jeunesse de Mozart, composées lors de ce voyage en Italie. « Entre ombres et lumières » est la thématique autour de laquelle se déploient les œuvres de cette programmation. C’est un leitmotiv que l’on retrouve souvent dans la musique du Siècle des Lumières, lié à la dialectique du bien et du mal. Il suffit de penser à La Flûte Enchantée pour voir que ces thématiques, influencées par l’appartenance du compositeur à l’ordre maçonnique, sont très présentes dans son œuvre. L’expression douloureuse des Miserere et du De Profundis vont ainsi s’opposer aux brillants et concertants Exsultate, jubilate et Regina coeli.Les quatre œuvres de Mozart et le Miserere d’Allegri mettent en valeur une période intermédiaire chez le jeune compositeur en voyage, entre style baroque et style classique. Son Miserere pour trois voix en est une parfaite illustration. Mozart vient de rencontrer, en mars 1770 à Bologne, le Padre Martini dont il reçoit les conseils. L’écriture du Miserere date de l’été de la même année, alors que le compositeur est de retour à Bologne pour la saison chaude. Dans ce contexte, ce Miserere pourrait être l’application des leçons de contrepoint du vieux maître. Une composition donc peu mozartienne et qui, comme l’expriment Jean et Brigitte Massin dans leur biographie du compositeur, hésite « encore entre l’homophonie et le contrepoint ». De plus, on ne peut oublier ici l’influence de la pièce éponyme d’Allegri, composée en 1630 et entendue quelques mois plus tôt. Imprégnée de l’atmosphère mystique du Miserere et de son contrepoint, la pièce à trois voix de Mozart se place bien au carrefour du baroque et du classicisme dans l’œuvre du jeune compositeur. D’un point de vue structurel, la partition d’Allegri

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MiserereMiserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam.Et secundum multitudinem miserationum tuarum :Dele iniquitatem meam.Amplius lava me ab iniquitate mea,Et a peccato meo munda me :Quoniam iniquitatem meam ego cognosco :Et peccatum meum contra me est semper.Tibi soli peccavi, et malum coram te feci :Ut justificeris in sermonibus tuis, et vincas cum judicaris.Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum :Et in peccatis concepit me mater mea.Ecce enim veritatem dilexisti :Incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.Asperges me hyssopo, et mundabor :Lavabis me, et super nivem dealbabor.Auditui meo dabis gaudium et laetitiam :Et exsultabunt ossa humiliata.Averte faciem tuam a peccatis meis :Et omnes iniquitates meas dele.Cor mundum crea in me, Deus :Et spiritum rectum innova in visceribus meis.Ne projicias me a facie tua :Et spiritum sanctum tuum ne auferas a me.*Redde mihi laetitiam salutaris tui :Et spiritu principali confirma me.Docebo iniquos vias tuas :Et impii ad te convertentur.Libera me de sanguinibus, Deus, Deus salutatis meae :Et exultabit lingua mea justitiam tuam.Domine, labia mea aperies :Et os meum annuntiabit laudem tuam.Quoniam si voluisses sacrificium dedissem utique :Holocaustis non delectaberis.Sacrificium Deo spiritus contribulatus :Cor contritum et humiliatum Deus non despicies.Benigne fac, Domine, in bona voluntate tua Sion :Ut aedificentur muri Jerusalem.Tunc acceptabis sacrificium justitiae, oblationes et holocausta.Tunc imponent super altare tuum vitulos.

Pitié pour moi, Seigneur, en ta bonté.En ta tendresse :

Efface mon péché.Lave-moi tout entier de ma faute,Purifie-moi de mon offense :Car je connais mon iniquité :Et mon péché est toujours devant moi.Contre Toi, Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait :Ainsi tu peux parler et montrer ta justice, être juge victorieux.Moi je suis né dans la fauteJ’étais pécheur dès le sein de ma mère.Mais tu veux au fond de moi la vérité :Dans le secret tu m’apprends la sagesse.Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur :Lave-moi et je serai plus blanc que la neige.Fais que j’entende les chants et la fête :Ils danseront les os que tu broyas.Détourne ta face de mes fautes :Enlève tous mes péchés.Crée en moi un cœur pur, Ô mon Dieu :Renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.Ne me chasse pas loin de ta face :Ne me reprends pas ton Esprit Saint.*Rends-moi la joie d’être sauvé :Que l’esprit généreux me soutienne.Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins :Vers Toi reviendront les égarés.Libère-moi du sang versé, Dieu, Dieu mon sauveur :Et ma langue proclamera ta justice.Seigneur, ouvre mes lèvres :Et ma bouche annoncera ta louange.Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas :Tu n’acceptes pas d’holocauste.Le sacrifice qui plait à Dieu, c’est un esprit brisé ; d’un cœur broyé :Ô mon Dieu, tu n’as point de mépris.Accorde à Sion le bonheur :Relève les murs de Jérusalem.Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes.Alors on offrira des taureaux sur ton autel.* Ici s’arrête les paroles utilisées dans le Miserere de Wolfgang Amadeus Mozart.

De ProfundisWolfgang Amadeus MozartDe profundis clamavi ad te Domine.Domine, exaudi vocem meam :Fiant aures tuae intendentes in vocem deprecationis meae.Si iniquitates observaveris, Domine,Domine, quis sustinebit ?Quia apud te propitiatio est,Et propter legem tuam sustinui te, Domine.Sustinuit anima mea in verbo ejusSperavit anima mea in Domino.A custodia matutina usque ad noctem, speret Israël in Domino.Quia apud Dominum misericordia, Et copiosa apud eum redemptio.Et ipse redimet Israël ex omnibus iniquitatibus ejus.Gloria patri et filio et spiritui sancto, Sicut erat in principio et semper et in saecula saeculorum.Amen.

Des profondeurs je crie vers toi Seigneur.Seigneur, écoute mon appel :Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière.Si tu retiens les fautes, Seigneur,Seigneur, qui subsistera ? Car près de toi se trouve le pardon,Pour que l’homme te craigne.J’espère le Seigneur de toute mon âmeJe l’espère, et j’attends sa parole.Plus qu’un veilleur attend l’aurore.Car avec le Seigneur est la miséricorde,Car, près du Seigneur abonde la rédemption.C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes.Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit,Comme il était au commencement et pour les siècles des siècles.Amen.

Exsultate, jubilateWolfgang Amadeus MozartExsultate, jubilate,O vos animae beatae,Ulcia cantica canendo,Cantui vestro respondendo,

Psallant aethera cum me.Fulget amica dies, iam fugere et nubila et procellae ;Exortus est justis inexspectata quies.Undique obscura regnabat nox ; Surgite tandem laeti, qui timuistis adhuc,Et iucundi aurorae fortunataeFrondes dextera plena et lilia date.Tu virginum corona,Tu nobis pacem dona,Tu consolare affectus,Unde suspirat cor.Alleluia, alleluia.

Exultez, réjouissez-vous,Ô, âmes bienheureuses,Chantant de doux cantiques,En réponse à vos chants, Laissez le ciel chanter avec moi. Le jour amical brille enfin, nuages et tempêtes ont fuit désormais ;Un calme inespéré est revenu pour les justes.De tous côtés l’obscurité régnait ;Relevez-vous enfin, ceux qu’elle a effrayés,Et réjouissez-vous de cette auroreEn lui tendant une main pleine de guirlandes et de lys.O couronne de la Vierge,Donne-nous la paix,Toi qui nous console des maux,Dont souffre le cœur.Alleluia, alleluia.

Regina coeliWolfgang Amadeus MozartRegina caeli, lætare, Quia quem meruisti portareResurrexit, sicut dixit, Ora pro nobis Deum !Alleluia, alleluia.

Reine du ciel, réjouis-toi,Parce que Celui que tu as mérité de porterEst ressuscité comme il l’a dit,Prie Dieu en notre faveur !Alleluia, alleluia.

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programme• 1ère partie : L’Espagne et le Nouveau MondeSi quieres dar Marcia - ténor, José MarínFolias españolas - instrumental, AnonymeChaconas/Marionas - instrumental, AnonymeLa Xaccona - ténor, Juan AraniesDesgraciado gracioca (Azis y Galatea) - soprano et ténor, Antonio de LiteresLos imposibles - instrumental, Santiago de MurciaEll Fil del Rey - soprano et ténor, AnonymeLa Llorona – soprano et ténor, AnonymeAzis y Galatea - duo, Antonio de Literes• 2ème partie : L’Italie et les provinces du sudSi dolce tormento - soprano, Claudio MonteverdiUsurpator Tirano - soprano, Giovanni Felice SancesLa Ciaccona - instrumental, Giovani Girolamo KapsbergerTamai gran tempo - ténor, Stefano LandiDura pena - soprano, Antonia BemboLa Passacaglia della vita - duo, AnonymeLa Ciaccona - soprano, Tarquinio Merula

distributionHeather Newhouse, soprano

Hugo Peraldo, ténorFrançois Costa, violon

Nolwenn Le Guern, violeÉtienne Galletier, théorbe & guitare

Benoit Poly, percussionsFranck-Emmanuel Comte, clavecin & orgue

Salon de l’Hôtel de Ville de LyonPlacedelaComédie,Lyon1°

mardi 13 novembre à 20h30

La Ciaccona, il mondo che giraChaconnes, folies, tarentelles ibériques et italiennes

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Si quieres dar MarciaJosé MarínEstribillo : Si quieras dar Macia en lo çiertoQuiérme másY dímelo menos.Copla 1 : Si quieres a mi fortunaCoronarla de una vezPrimero la sientas diezQue me lo confieses unaY para no ser algunaDe las comunes del pueblo.Copla 2 : Sávete que mucha genteQue no save de sentirPiensas que hablar y dezirEs lo mismo que se sienteMas yo que soy inoçenteA mi pretensión me atengoQuiéreme más y dímelo menos.Copla 3 : Una ley para sentilloPara sentillo otra leyNiña por vida del ReyQue marea el estilillioYa me canso de deçilloSi quieras no gastar tiempoQuiéreme más y dìmelo menos.

Refrain : Si tu veux, Marcia, être dans le vraiAime-moi davantageEt dis-le-moi moins souvent.1er couplet : Si tu veux une fois pour toutesAssurer mon bonheurRessens l’amour plutôt dix foisQue de me l’avouer une seuleEt tu ne seras pas Comme quelqu’un du peuple.2ème couplet : Sache bien que des gensQui ne savent pas ressentirPensent que parler et direEst la même chose que ressentirMais moi qui suis simple

Je m’en tiens à mon souhaitAime-moi davantage et dis-le-moi moins souvent.3ème couplet : Une loi pour ressentirPour ressentir une autre loiFillette, sur la vie du RoyCe petit manège m’étourditJe suis las de le dire, si point ne veuxPerdre mon tempsAime-moi davantage et dis-le-moi moins souvent.

Esperar, sentir, morir, Juan HidalgoCopla 1Por qué más iras buscasQue mi tormento,Si en su siempre callado dolorAtento,Yo propio me castigo que me quejo ?EstribilloEsperar, sentir, morir, adorar, Porque en el pasar de mi eterno amorCaber puede en su dolorAdorar, morir, sentir, esperar.Copla 2Vive tú, muera solo quien tanto sienteQue sus eternos malesLa vida crecenY solamente vive porque padece.

1er coupletPourquoi cherches-tu d’autres torturesA mon tourment,Quand dans sa douleur toujours silencieuseEt soucieuse, Je me châtie seul dans mes plaintes ?RefrainAttendre, mourir, sentir, adorer,Puisque dans la peine de mon éternel amourEt dans sa douleur, seuls peuvent tenirAdorer, mourir, sentir, attendre.2ème coupletVis, seul meurt celuiQui ressent tellementQue sa vie accroît son éternelle douleurEt qui ne vit que de sa souffrance.

Du Nouveau à l’Ancien MondeDans la péninsule ibérique du XVIIème siècle, on vivait au rythme d’une grande variété de danses, pour la plupart exubérantes. Elles étaient considérées par le clergé comme « l’œuvre obscène du Diable », tant elles étaient lascives et suaves. Ce goût profane pour la danse suggestive suscitait l’indignation de certains dont les attitudes de protestation n’eurent pour effet que de les rendre encore plus populaires ! C’est à cette époque que ces danses s’enrichirent des influences en provenance des colonies du Nouveau Monde et de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, outre le maïs, la pomme de terre, la tomate et quelques richesses minérales, l’Amérique Latine a apporté la chaconne, par conquistadores interposés, qui fut baptisée la « chacona ». L’Italie s’en saisit et en fit la ciaccona, une danse populaire ouvertement sensuelle ou, comme l’atteste Cervantès, carrément érotique. Elle sera très utilisée dans tout le folklore populaire du sud de l’Italie.

Savante et populaire : folia et tarentelleD’un point de vue formel, la ciaccona se caractérise par sa basse obstinée, c’est-à-dire par la répétition quasi hypnotique d’une même cellule mélodico-rythmique, s’appuyant très souvent sur un tétracorde descendant à la basse. Ce procédé constitue un des canons esthétiques les plus permanents au XVIIème siècle : on retrouve la ciaccona et sa basse obstinée déclinées sous bien d’autres formes telles que les passacailles, les tarentelles et autres « folies ». Le succès de ces pièces à ostinato provient, sans doute, de la liberté d’expression qu’elles procurent. En effet, en constituant un repère immuable et d’une grande simplicité, l’ostinato permet à la voix ou aux instruments mélodiques de s’exprimer avec plus d’originalité et de créativité. Ainsi, retrouve-t-on la ciaccona et toutes ses déclinaisons tant dans la musique populaire que dans la musique savante. Pour ce dernier domaine, on peut citer les très nombreuses variations autour du thème de la Folia (Marin Marais, Corelli...). Dans l’art populaire, la tarentelle peut être considérée comme une forme dérivée de la ciaccona. Emblématique de l’univers populaire italien, elle est ainsi appelée car elle guérirait la piqûre de l’araignée tarentule par son caractère répétitif et hypnotique.À travers la ciaccona, les deux univers musicaux (savant et populaire) se rencontrent ainsi, autour de deux sensibilités, deux cultures, deux modes de transmission : l’écrit et l’oral.

Un sentiment d’éternitéLa ciaccona (et toutes les formes qui en découlent) présente un curieux paradoxe : l’ostinato de basse, dans son extrême concision, est néanmoins le point de départ de formes musicales très longues, suggérant l’éternité. Pour ce qui est des formes savantes de la ciaccona, Vivaldi et Corelli nous offrent ainsi plus de vingt variations sur le seul thème de la Folia. Kapsberger explore quant à lui, dans sa Ciaccona pour théorbe, la totalité des douze tons de la gamme dessinant ainsi un mouvement giratoire achevé. Comment ne pas rapprocher les tarentelles, jouées des nuits durant, d’expressions musicales mystiques appartenant à d’autres cultures plus exotiques. Prenons ainsi l’exemple du rite de possession des peuples Gnaouas d’Afrique occidentale, la lila, qui dure toute la nuit au son d’un groupe de musiciens, le maallem. Mysticisme et spiritualité composent ainsi ces expressions musicales où les participants communient autour d’une notion d’éternité. Pour en revenir à la tarentelle, l’idée d’éternité est traduite de manière instinctive : les différents participants se relaient de manière spontanée comme si on cherchait à protéger la tarentelle d’une extinction sonore qui lui serait fatale. Dans un monde globalisé, ces formes musicales populaires et festives restent surtout l’expression privilégiée d’un souhait de conserver une tradition séculaire intacte.

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Dans la forêt ils se sont retrouvés,Que toi, tu les as espionnésParce qu’elle t’a vu au loin.Ecoute ! Puisque de tes ragotsDépend ta tranquillité :Ou bien prépare-toi « ad parlandum »,Ou, sinon, « morietur ».Momus : Malheur à moi, imbécile que je suis !Car, que je parle ou ne parle pas, de toute façon, je meurs. Nymphe de tous les diablesQui, avec ces propos hostilesMe menaces en latinQui pour moi sonne comme de l’hébreu.Comment veux-tu que je te conteCette maudite affaireSi, après, GalatéeDoit faire de moi une sardine ?Thisbé : Alors, qu’est-ce que tu réponds, animal ?Momus : Qu’en matière de sentimentsIl faut opter entre crainte et tendresse,La flatterie et la peur,Si je parle, je m’exposeA être de deux choses l’uneOu un requin humainOu un crabe doué de raison.Si je ne parle pas, DorisPourra faire avec mes osUne belle omeletteAu moyen d’un bâton bien dur.Dans ce cas, compte tenu des angoisses, affliction,Soupir, abattement,Fatigues et ennuis,Je ne peux que tout rapporter :Pauvre de moi ! Quel imbécile je suis !...

Ell Fill del Reyanonyme1er coupletSi n’eren tres ninetes,Mes ai ! Vora un torrent.L’una en renta bugada,Mes ai !

L’altra l’estén.Que mes ai !2ème coupletL’altra en cull violetesPer fill del rei.El fill del rei passava,Amb un pom d’or.3ème coupletTira un pedra enlaire,Toca l’amorTaca-la ben tocadaAl mig del cor.4ème couplet- Si t’he fet mal, ‘moreta ?- Un xic i poc.Un xiquet i no gaireAl mig del cor5ème couplet- Si t’he fet mal, ‘moreta,Bé es curara :Prou barbers hi ha FrançaPer curar.6ème coupletI si aquests no hi basten, D’altes n’hi ha.Prou barbares hi ha en bossaPer pagar.

1er coupletS’en allaient trois jeunes filles, Mes ai !Au bord d’un torrent.L’une lave la lessive,Mes ai !L’autre l’étend.Mes ai !2ème coupletL’autre cueille des violettesPour le fils du toi.Le fils du roi passa,Avec une canne à pommeau d’or.3ème coupletIl lance en l’air une pierre,Touche l’amourL’a bien touchéEn plein cœur.

La XacconaJuan AraniesUn sarao de la ChaconaSe hizo lo mes de las rosas,Huvo millares de cosas,Y la fama lo pregona.A la vida vidita, bona,Vida vámonos a Chacona.Porque se casò AlmadánSe hizo un bravo sarao,Dançaron hijas de AnaoCon los nietos de Milán.Un suegro de Don BeltránY una cuñada de OrfeoCommençaron un guineoY acabólo una amaçonaY la fama le pregona.A la vida vidita bona, Vida vámonos a Chacona.

Une soirée de ChaconneA eu lieu au mois des roses,Il se fit un milliard de choses,La renommée le proclame.A la vie, bonne petite vie,Vie, allons à la chaconne.Pour le mariage d’AlmadanOn a fait une grande fête,Les filles d’Anao ont danséAvec les petits fils de Milan.Un beau-père de Don BeltranEt une belle-sœur d’OrfeoOnt commencé un pas de « guineo »Qu’une amazone a finiLa renommée le proclame.A la vie, bonne petite vie,Vie, allons à la chaconne.

Desgraciado gracioca (Azis y Galatea)Antonio de LiteresTisbe : Desgraciado graciosoA quien amor ha hechoRidícula figuraDe este cómico enredo,Si al punto no me parlasEl pasado sucesoDe Acis y Galatea,

No des por ti un buñuelo.Doris sabe que juntos,En la selva estuvieron,Que tú los atisbastePorque te vio a lo lejos.Mira, pues que te importaEste chisme el sosiego :O prevente ad parlandum,O, si no, morietur.Momo : ¡ Ay de mi, majadero ! Que, si parlo o no parlo, siempre muero.Endemoniada ninfa Que en contrarios aquellosEn latín me amenazasPara aburrirme en griego.¿ Cómo quieres que garleEse maldito cuentoPara que GalateaMe haga sardina luego.Tisbe :Pues, ¿ qué respondes, bruto ? Momo : Que entre los dos afectosDe temor y cariño,De lisonja y de miedo,Si lo digo me expongoA ser de ese elemento O tiburón humanoO racional cangrejo.Si no lo digo, DorisPodrá hacer de mis huesosUna blanda tortilla Con lo duro de un leño.Conque entre ansias, congojas,Suspiros, desalientos,Fatigas y pesares,Solo referir puedo :¡ Ay de mi, majadero !... Thisbé :Malheureux bouffonQu’amour a faitRidicule acteurDe cette intrigue comique,Si tu me parles sur le champDe ce qui vient de se passerEntre Acis et Galatée,Tu ne vaux pas même un pet de nonne.Doris sait que, ensemble,

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Momus :Par Tous les diables, qu’est cela,Qui marche dans la forêt ?Thisbé :C’est le géant qui tousse,Puisque tout tremble.Mais toi, pour être si peureux,Qu’est-ce qui t’afflige ?Momus :Hélas ! Thisbé, il n’est point de peurQui ne me guette.Thisbé :Pour sûr, avec ces gestesEt ces grimaces,Ce n’est plus Momus qu’il faut t’appelerMais plutôt singe.Momus :Cela te paraît-il vraimentUne belle et grande chose, pour un homme,D’avoir des visionsDe chair à pâté ?Thisbé :C’est clair : de toiOn ne ferait qu’une seule bouchée.Momus :Réjouissez-vousD’apprendre cette nouvelle.Momus :Tu seras le dessert.Thisbé :Et pourquoi, fripon ? Momus :Parce que le blanc-mangerVient toujours au dessert.Mais, hélas ! Mon Dieu ! Voici que le vacarmeSe rapproche et s’amplifie.Thisbé :J’ai bien du mal à retrouver mes espritsPour me cacher.Momus :Acis arrive en courantDe ce côté.Thisbé :Acis sait bien, dans tout ceciCe qu’il convient de faire.

Momus :Polyphème le suitEt, à chacune de ses grandes enjambées,Il franchit une forêt.Thisbé :Voyez un peu ce pas !

Si dolce e tormentoClaudio Monteverdi1er coupletSi dolce è’l tormentoCh’in seno mi sta,Ch’io vivo contentoPer cruda beltà.Nel ciel di bellezzaS’accreschi fierezzaEt manchi pietà :Che sempre qual scoglioAll’onda d’orgoglioMia fede sarà.2ème coupletLa speme fallaceRivolgam’il pie.Diletto né paceNo scendano a me.E l’empia ch’adoroMi nieghi ristoroDi buona mercè :Tra doglia infinitaTra speme tradita,Vivrà la mia fé.3ème coupletPer fuoco, per geloRiposo non hoNel porto del cieloRiposo havero.Se colpo mortaleCon rigido straleIl cor m’impiagio,Cangiando mia sorteCol dardo di morteIl cor sanero.4ème coupletSe fiamma d’amoreGià mai non sentìQuel rigido coreCh’il cor mia rapì,

4ème couplet-Si je t’ai fait mal, brunette ?- Un petit peu.Un peu, mais pas trop,En plein cœur.5ème couplet- Si je t’ai fait mal brunette, Tu guériras bienIl y a assez de barbier en FrancePour te guérir6ème coupletSi ceux-ci n’y parviennent pas, Il y en a d’autreJ’ai assez d’argent dans ma boursePour les payer.

La LloronaAnonymeSalías del templo un día, Llorona,Cuando al pasar yo te vi,Tan lindo huipil llevabas, Llorona,Que la Virgen te creí.Dicen que no tengo duelo, Llorona,Porque no me ven llorar,Hay muertes que no hacen ruido, Llorona,Y es más grande su penar.Llorona de azul celeste

Tu sortais du temple, Pleureuse,Quand en passant un jour je t’ai vue,Tu portais un si beau huipil, Pleureuse,Que je te pris pour la Vierge.Ils disent que je ne souffre pas, Pleureuse,Parce qu’ils ne me voient pas pleurer,Il y a des morts qui ne font pas de bruit, Pleureuse,Mais plus grande en est la peine. Pleureuse de bleu céleste

Azis y GalateaAntonio de LiteresMomo : ¿ Qué demonios es estoQue anda en la selva ?Tisbe :El gigante que tose,

Pues todo tiembla.Pero tú tan medroso,¿ De qué te afliges ?Momo :¡ Ay, Tisbe !, que no hay miedoQue no me atisbe.Tisbe :Cierto que con los gestosDe tanto coco,El nombre se te pasaDe Momo en mono.Momo : ¿ Te parece que es bellaGiganteríaTener un hombre asomosDe almondiguilla ?Tisbe :Claro está, que a un bocadoTragarte es fuerza.Momo :Esté usté muy alegreCon esa nueva.Momo : Tú serás la postrera.Tisbe :¿ Por qué, taimado ?Momo : Porque siempre es de postresEl manjar blanco.Pero, ¡ay, Dios !, que el estruendoSe acerca y crece.Tisbe :Aún yo no acierto a hallarmePara esconderme.Momo :Acis viene corriendoPor esta parte.Tisbe :Bien sabe Acis en esoLo que se hace.Momo :Polifemo le sigueY, a cada tranco,Atraviesa una selva.Tisbe :¡ Miren qué paso !

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Ricco mi fanno sol di pentimento.Hor non più no,Tadorerò, Ch’io son già stufoE m’ho provvisto altrove.Chegià di là, Di là dal Po, passato è ‘l Merlo...Corri, corri a vederlo !

Longtemps je t’ai aimée et j’ai demandé pitié.Tu m’as toujours trahi, femme infidèle.Va avec des nouveaux amants faire tes preuves,Car je suis fatigué et j’ai trouvé ailleurs.Va maintenantJe ne te veux plus,Car je suis fatiguéEt j’ai trouvé ailleurs.Déjà par là,Au delà du Pô, le Merle est passé…Cours, cours le voir !Mille fois je pleurais et tu riais.Mille fois je riais et tu pleurais.Ainsi, gracieuse, les amants les plus heureuxTu moquais par tes jeux, tes rires et tes pleurs.Crie maintenant,Je reste sourd,Car je suis fatiguéEt j’ai trouvé ailleurs.Déjà par là,Au-delà du Pô le Merle est passé…Cours, cours le voir !Je t’ai été fidèle lorsque j’étais aimé. Je veux te quitter ici, si tu m’as trompé.Va poser tes pièges pour des nouveaux amants,Je suis déjà libre et je n’entends pas le sifflet.Crève, maintenant,Je ne te veux pas,Car je suis fatigué Et j’ai trouvé ailleurs.Déjà par là,Au-delà du Pô le Merle est passé…Cours, cours le voir !Si tu as envie de te poser des questions,Regarde ton visage qui n’est plus le même.Maintenant tes lèvres dorées et tes cheveux d’argentMe remplissent uniquement de repentir.Maintenant, non,Je ne t’adorerai plus,

Car je suis fatigué Et j’ai trouvé ailleurs.Déjà par là,Au delà du Pô le Merle est passé…Cours, cours le voir !

Dura penaAntonio BemboDura pena è l’aspettarQuel diletto chen non giungeNel figuro in vaneggiarDa vicino all’hor ch’è longe.

Une dure souffrance est attendreLe plaire qui ne vient pasEt l’évoquer dans le rêveTout près alors qu’il est loin.

La Passacaglia della vitaAnonyme1er coupletO come t’inganniSe pensi che gl’anniNon hann’da finire,Bisogna rnorire.2ème coupletE’un sogno la vitaChe par si gradita,È breve il gioire,Bisogna morire.Non val medicina,Non giova la China,Non si può guarire,Bisogna morire.3ème coupletNon vaglion sberate.Ninarie, bravateChe caglia l’ardire,Bisogna morire.Dottrina che giova,Parola non trovaChe plachi l’ardire,Bisogna morire.4ème coupletNon si trova modo

Se naga pietateLa cruda beltateChe l’alma invaghì : Ben fia che dolente,Pentita e languenteSospirimi un dì.

1er coupletSi doux est le tourmentQue j’ai dans le cœur,Que je vis heureuxA cause d’une cruelle beauté.Dans le ciel de beautéLa fierté a beau croître :Et la pitié manquer,Toujours comme un rocherContre la vague d’orgueilSera ma foi.2ème coupletL’espoir trompeurA beau venir à moi.La joie et la paixOnt beau ne pas me rejoindre.Et la cruelle que j’adoreA beau me refuser la consolation :D’une douce pitiéDans la douleur infinie,Dans l’espoir trahiVivra ma foi.3ème coupletLe feu et la glaceNe me laissent pas de repos,Dans le havre du cielJe connaîtrai le repos.Si un coup mortelPorté par une dure flècheBlessa mon cœurEt changea mon destin,Avec le dard de la mortJe soignerai mon cœur.4ème coupletSi flamme d’amourJamais n’éprouvaCe cœur insensibleQui a ravi mon cœur.Si la cruelle beautéDont mon âme s’est épriseMe nie sa pitié,

Il faudra bien qu’un jourSouffrante, repentie et languideElle me pleure.

Usurpator TiranoGiovanni Felice SancesCf page 11

Tamai gran tempoStefano LandiT’amai gran tempo sospirai mercede.Tu m’hai tradito ogn’hor, priva di fede.Hor và con novi amanti a far tue prove,Ch’io son già stufo e m’ho provvisto alrove.Hor vanne mòCh’io non ti vuò,Ch’io son gia stufoE m’ho provvisto altrove.Che già di là,Di là dal Po, passato è ‘l Merlo...Corri, corri a vederlo !Mille volte io piangeva, e tu ridevi.Mille volte io rideva, e tu piangevi.Così cortese, i più felici amantiSchernisti cruda in giochi, in risi, in pianti.Hor grida mò,Ch’iosordo stò,Ch’io son già stufoE m’ho provvisto altrove.Chegià di là,Di là dal Po, passato è ‘l Merlo...Corri, corri a vederlo !Ti fui fedele allor che fui gradito.E qui lasciar ti vuò, se m’hai tradito.Hor vanne a porre a nuovi amanti il vischio,Ch’io son già sciolto, e più non sent il fischio,Hor crepa mò,Ch’io non ti vuò,Ch’io son già stufoE m’ho provvisto altrove.Chegià di là, Di là dal Po, passato è ‘l Merlo...Corri, corri a vederlo !Se talento ti vien di dar martello,Guardati il volto, che non è più quello :Hor le tue labra d’oro e ‘l crin d’argento

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En cendres doivent finir,Il faut bien mourir.Les sains, les malades,Les courageux, les doux,Ils doivent tous finirIl faut bien mourir. 8ème coupletEt lorsque tuN’y penses pas, dans ton seinTout se termine,Il faut bien mourir.Si tu n’y songes pasTu as perdu ta raison,Tu es mort et tu peux dire :Il faut bien mourir.

La Ciaccona Tarquino MerulaSu la cetra amorosaIn dolce e lieto stileIo non pensavo mai di più cantar.Ch’anima tormentosaIn suon funesto umileDovea pianger’mai sempre e sospirarPur da nova cagionChiamato son d’amor il cant’e al suon.Io, ch’amante infeliceCeneri fredde a penaDal rogo riportai d’infaust’amorSento che più non liceCon roca e stanca lenaNarrar le fiamme antich’e’l veccio ardor.Ora che novo solM’accende e vuol ch’io di lui canti sol.Questa lacera spogliaD’un cor trafitto ed arsoMiserabile avanzo dei martirInvece che l’accogliaPovero avello e scarsoAmor tiranno anche pur vuol ferir.Eccomi fatto ugualScuopo al suo stral despietato e mortal.

Sur la lyre amoureuseAvec un style doux et légerJe ne pensais pas pouvoir y chanterParce que l’âme tourmentée

Dans des tons tristes misérables,Devait à jamais pleurer et soupirerMais une nouvelle raisonL’amour m’appelle à chanter, à jouer.Moi l’amante malheureuseQui venait à peine de ramener les cendres froidesDu feu d’un triste amourJe sens que je ne peux plus raconterAvec une voix rauque et fatiguéeLes flammes anciennes et la vieille ardeurMaintenant qu’un nouveau soleilM’enflamme et veut que je chante pour lui.Au lieu de laisser reposer en paix, Les maigres lambeauxDe mon cœur fendu et bruléVestiges piteux d’une telle douleur,L’amour tyrannique veut le blesser à nouveau. Je suis à toi, Fais de moi la cible De tes impitoyables flèches mortelles.

Di scoglier ‘sto nodo,Non val il fuggire,Bisogna morire.Commun’é il statuto.Non vale l’astuto‘Sto colpo schermire,Bisogna morire.5ème coupletSi more cantando,Si more sonandoLa Cetra, o Sampogna,Morire bisogna.Si more danzando,Bevendo, rnangiando ;Con quella carognaMorire bisogna.6ème coupletLa Morte crudeleA tutti è infedele,Ogn’uno svergogna,Morire bisogna.E’ pur ò pazzia O gran frenesia,Par dirsi menzogna,Morire bisogna.7ème coupletI Giovani, i PuttiE gl’Huomini tuttiS’hann’a incenerire,Bisogna morire.I sani, gl’infermi,I bravi, gl’inermi,Tutt’hann’a finireBisogna morire.8ème coupletE quando che menoTi pensi, nel senoTi vien a finire,Bisogna morire.Se tu non vi pensiHai persi li sensi,Sei morto e puoi dire :Bisogna morire.

1er coupletTu te trompesEn pensant que les annéesNe vont jamais finir.Il faut bien mourir.

2ème coupletLa vie est un songeElle semble si douce,Mais la joie est courte,Il faut bien mourir.A rien ne sert la médecine,Inutile est la quinine,L’on ne peut pas guérir,Il faut bien mourir.3ème coupletRien ne vaut les jérémiades,Les menaces, les bravades,Que le courage sait bien bâtir,Il faut bien mourir.Aucune bonne science,Ne trouve les parolesPour calmer le désir,Il faut bien mourir.4ème coupletIl n’y a pas d’astucePour défaire ce nœud,À rien ne sert de fuir,Il faut bien mourir.C’est ainsi pour tout le monde,Le malin ne sait pasÉviter ce coup bas,Il faut bien mourir.5ème coupletL’on meurt en chantant,L’on meurt en jouantLa Cithare, ou la Musette,Mourir, il le faut.On meurt en dansant,En buvant, en mangeant ;Avec cette charogneMourir, il le faut.6ème coupletLa Mort cruelleN’est fidèle à personne,Et fait honte à tous,Mourir. il le faut.Pourtant, ô délireÔ grande folie,On croirait mentir,Mourir, il le faut.7ème coupletJeunes enfants,Et tous les hommes

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programme• 1ère partieConcerto grosso n° 8 « Fatto per la notte di Natale », Arcangelo Corelli- Vivace / Grave / Allegro / Adagio / Adagio / Vivace / Allegro / Pastorale, largoNoëls populaires et laudes des provinces italiennes des XVIIème et XVIIIème siècles- Puer Natus in Bethleem, choeur, Grégorien- Per la natività del Signore, soprano et chœur, Lauda spirituale, anonimo, XVIIème siècle - Bambino divino, mezzo solo et chœur, canzone, XVIIIème siècle- La notte di Natale, solistes et chœur, Trentino, XVIIIème siècle- Dormi, Dormi o bel Bambin, chœur- Figlio dormi, soprano solo, Giovani Girolamo KapsbergerCantata per la notte di natale (extraits), Alessandro Scarlatti- Air de Daniel / Récitatif / Duo de Daniel et Ezéchiel / Air de Jérémie / Air d’Ezéchiel / Récitatif / Tutti, solistes et chœur

• 2ème partieGloria RV 589, Antonio Vivaldi- Gloria in excelsis Deo, chœur (allegro) / Et in terra pax, chœur (andante) / Laudamus te, duo de sopranos (allegro) / Gratias agimus tibi, chœur (adagio) / Propter magnam gloriam tuam, chœur (allegro) / Domine Deus, aria de soprano / Domine Fili unigenite, chœur (allegro) / Domine Deus, Agnus Dei, alto et chœur (adagio) / Qui tollis peccata mundi, chœur (adagio) / Qui sedes ad dexteram patris, aria d’alto (allegro) / Quoniam tu solus sanctus, chœur (allegro) / Cum Sancto Spiritu, chœur (allegro)

distributionHeather Newhouse, soprano

Anthéa Pichanick, mezzo-sopranoOrchestre et chœur de chambre du Concert de l’Hostel Dieu

Franck-Emmanuel Comte, directionHugo Peraldo, chef des chœurs

Sanctuaire Saint-BonaventurePlacedesCordeliers,Lyon2°

mardi 18 décembre à 20h30mercredi 19 décembre à 20h30

Gloria, VivaldiPer la notte di Natale

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Alessandro Scarlatti et la cantateElus tous deux à l’Accademia dell’Arcadia et protégés par les mêmes figures de la noblesse et du clergé italiens, Corelli et Scarlatti se connaissent. Alessandro Scarlatti (1660 – 1725) partage sa vie artistique entre Rome et Naples. Très connu pour ses opéras, il développe et perfectionne l’aria da capo avec sa reprise ornée ainsi que l’ouverture à l’italienne. Auteur d’un grand nombre d’opéras, d’oratorios, de sérénades, de motets et de messes, on lui doit aussi plus de 600 cantates. La grande majorité des cantates de Scarlatti sont profanes et évoquent l’amour. Il s’agit de cantates de chambre. Cependant, il existe aussi des cantate spirituali, et le thème de la Nativité, par ses caractéristiques dramatiques, en a inspiré plus d’une. Scarlatti compose sa Cantata per la Notte di Natale sur le texte d’un poète et librettiste contemporain, Silvio Stampiglia : Abramo, il tuo sembiante. Elle est donnée la première fois par les chanteurs de la Chapelle Papale. Maître en la matière, ses cantates révèlent une plume virtuose, un contrepoint raffiné et une écriture très intellectuelle. La particularité de cette cantate de Noël est la présence, nouvelle pour l’époque, de hautbois, en plus des deux violons et des instruments du continuo : violoncelle, théorbe et clavecin.

Noëls populaires En regard de ces musiques bien connues, le concert propose des chants de Noël populaires collectés dans les provinces italiennes. Noël est une célébration très importante dans le sud de l’Italie : promenez-vous dans les rues de Naples au mois d’octobre et vous vous retrouverez déjà nez à nez avec les santons, plongés dans une ambiance chaleureuse et festive. De la Toscane à la Sicile, la conclusion de ce concert de Noël offre des miniatures musicales à la fois délicieuses et naïves, dont les mélodies nous sont finalement peu familières.

Ce programme, festif et brillant, illustre l’atmosphère joyeuse qui caractérise le temps de l’Avent. De la musique baroque aux noëls populaires, laissons nos oreilles suivre ces variations autour de la Nativité.

Les maîtres de l’art baroqueVivaldi, Corelli et Scarlatti : trois grands maîtres italiens de l’ère baroque et trois partitions qui nous font goûter l’exaltation que les hommes et femmes du XVIIIème siècle pouvaient ressentir à l’approche de Noël. Vivaldi et ses contemporains se sont plus à peindre en musique les tableaux touchants et expressifs de la Nativité, mettant à contribution leur science de l’éloquence et de la rhétorique. L’exubérance baroque trouve ainsi son cadre, les émotions propres à l’esprit de Noël leur traduction sonore. Trois partitions, de trois maîtres baroques, mais aussi trois spécificités musicales qui leur sont à chacun liées : la musique sacrée, le concerto grosso et la cantate.

Antonio Vivaldi et la musique sacréeNoël est une fête universelle. Dans cette ambiance populaire et festive, il fallait une œuvre brillante et enlevée. Quoi de plus populaire, dans la musique savante, de plus universel que le jubilant Gloria de Vivaldi ? Cette œuvre si connue nous fait partager l’atmosphère empreinte d’allégresse et d’exaltation liée à Noël. Antonio Lucio Vivaldi (1678 – 1741) fut un violoniste virtuose, compositeur, chef d’orchestre et professeur. En 1703, il est ordonné prêtre et engagé à l’Ospedale della Pietà en qualité de professeur de violon puis de viola all’inglese, de compositeur et de chef d’orchestre. Vivaldi est l’auteur d’un grand nombre de concertos pour soliste (genre dont il est l’initiateur) de sonates, d’opéras, mais aussi de musique sacrée : environ soixante œuvres religieuses sont nées de sa plume, témoignant d’une grande « spontanéité », de « sincérité », d’« ardeur » et d’une « chaleureuse humanité », selon les termes employés par Marc Pincherle et Roger-Claude Travers. Commande de l’Ospedale della Pietà au « prêtre roux », le Gloria, prière à la gloire de Dieu, révèle une harmonie et une écriture mélodique simples et claires, une texture plus contrapuntique, conjuguée à un orchestre à cordes complété par des instruments à vents.

Arcangelo Corelli et le concerto grossoLes peintures musicales de la Nativité sont souvent vocales. Cependant, il existe aussi des tableaux instrumentaux : le Concerto grosso n° 8, « Fatto per la notte di Natale » d’Arcangelo Corelli en est un très bel exemple. Corelli (1653 - 1713) passe la majeure partie de sa vie à Rome, sous la protection de nombreux et puissants mécènes tels que la Reine Christine de Suède et les cardinaux Pamphili et Ottoboni. Violoniste virtuose, chef d’orchestre et compositeur, il n’a jamais écrit pour la voix, fait singulier pour un compositeur italien de son époque. En revanche, son nom est lié, dans l’histoire de la musique, à la forme instrumentale du concerto grosso. Bien que Stradella se soit déjà intéressé au concerto grosso dès 1670, c’est Corelli qui le conduit à sa maturité, en fixe la forme et les « normes ». Le concerto grosso dont il arrête la forme, sera le modèle de bien des compositeurs de l’époque baroque. Etymologiquement, concerto vient du latin concertare, qui signifie s’opposer, lutter. Le concerto grosso fait davantage dialoguer, dans un jeu de question-réponse, deux groupes d’instruments accompagnés par une basse continue. Un orchestre de cordes (le ripieno) alterne avec un groupe de solistes (le concertino), dont l’écriture plus ornée et plus brillante s’oppose au ripieno. Chez Corelli, le concertino se compose de deux violons et un violoncelle. Le concerto grosso est construit en quatre mouvements, courts et contrastés. Cependant, le concerto « Fatto per la notte di Natale » de Corelli est beaucoup plus complexe : il comporte huit mouvements et se termine par une partie liée au thème du concerto, une pastorale. Arcangelo Corelli compose 12 concerti grossi, que rassemble l’Opus 6 et qui firent l’objet d’une publication posthume en 1714.

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Bambino divinoBambino divino fra l’ombra apparì,Fra grotte di notte più chiara del dì.La Vergin Maria, sul fieno posò,Il nato beato che il mondo creò.Nel gelo, col velo, le membra coprì,E il Figlio, qual giglio, tra spine vagì.

Enfant divin dans l’ombre tu es apparuDans une grotte sombre, rendue plus claire que le jour.La Sainte Vierge, sur le foin a fait naître, Le nouveau-né bienheureux qui créa le monde.Dans le froid, les membres couverts d’un voileLe Fils, ce lys, pleure parmi les épines.

La note di NataleLa notte di Natale e’ nato Gesù, (2 fois)Sul fieno e su la paià e gnente di più.E vano i pastori a adorar Gesù, (2 fois)Sul fieno e su la paià e gnente di più.Andiamo noi tutti a adorar l’Bambin, (2 fois)Sul fieno e su la paià e gnente di più.

La nuit de Noël Jésus est né, (2 fois)Sur le foin et la paille seulement.Les bergers viennent l’adorer, (2 fois)Sur le foin et la paille seulement.Allons nous aussi adorer L’Enfant, (2 fois)Sur le foin et la paille et seulement.

Dormi, Dormi o bel Bambin1er couplet :Dormi, dormi, dormi, o bel Bambin,Re divin, Re divin,Fa la nanna, o fantolino,Re divin, Re divin,Fa la nanna, o fantolino.RefrainFa la ninna fa la nannaFa la ninna nanna a Gesu.Gli angioleti su nel cielo veglieran su Te Gesu.Fa la la la la la, Fa la la la la laFa la la la la la, Fa la la la la la.

2ème couplet :Perche piangi, o mio tresor ?Dolce amor, dolce amor,Fa la nanna, o caro figlio,Tanto bel, tanto bel,Fa la nanna, o caro figlio.3ème couplet :Chiudi gli occhio mio tresor,Dolce amor, dolce amor,Fa la nanna sul mio cuore,Dolce amor, dolce amor,Fa la nanna sul mio cuore.

1er couplet :Dors, dors,dors, ô bel Enfant,Roi divin, Roi divin,Dors, ô petit enfantRoi divin, Roi divin,Dors, ô petit enfantRefrainDors, dors, Fait dodo petit JesusLes anges dans le ciel veilleront sur Toi JésusFa la la la la la, Fa la la la la laFa la la la la la, Fa la la la la la.2ème couplet :Pourquoi pleures-tu, mon trésor ?Doux amour, doux amour,Dors, mon cher fils,Tellement beau, tellement beau,Dors, mon cher enfant.3ème couplet :Ferme les yeux mon trésor,Doux amour, doux amour,Dors sur mon cœur,Doux amour, doux amour,Dors sur mon cœur.

Figlio dormiGiovani Girolamo KapsbergerFiglio dormi, dormi figlio,China l’ciglio caro figlioRicciutello della mama,Del mio petto dolce fiamma.

Puer Natus in Bethleem1er couplet :Puer natus in Béthlehem, alleluia,Unde gaudet Jerusalem, alleluia, alleluia.Refrain :In cordis jubilo,Christum natum adoremus,Cum novo cantico.2ème couplet :Per Gabrielem nuntium, alleluia,Virgo concepit Filium, alleluia, alleluia.3ème couplet :Et Angelus pastoribus, alleluia,Revelat quod sit Dominus, alleluia, alleluia.4ème couplet :In hoc natali gaudio, alleluia,Benedicamus Domino, alleluia, alleluia.

1er couplet :Un enfant est né à Bethléem, alléluia.Jérusalem est dans la joie, alléluia, alléluia.Refrain :Dans la joie Christ nous t’adoronsAvec un nouveau cantique2ème couplet :L’ange Gabriel a annoncé, alléluia,La Vierge a conçu le Fils, alléluia, alléluia.3ème couplet :Et l’ange aux bergers, alléluia.Révèle que c’est le Seigneur, alléluia, alléluia.4ème couplet :En cette joyeuse naissance, alléluia,Bénissons le Seigneur, alléluia, alléluia.

Per la natività del Signore1er couplet :A Bethlem, a Bethlem, O cor mio, Andiam pure con rapido piè :E vedremo fatt’uomo quel DioCh’or languisce, vagisce per me,E vedremo fatt’uomo quel DioCh’or languisce, vagisce per me,

O Gesù mio, cor del mio coreFin dal Cielo ti trasse l’amore.2ème couplet :O fedeli venite, mirate,Che bel Sole di note spuntò ?Ecco, trema fra l’ombre gelateChi d’amore ogni core infiammò,Ecco, trema fra l’ombre gelateChi d’amore ogni core infiammò,Che più tardate anime belle ?Sta nel fieno, chi trono ha di stelle.3ème couplet :Nell’altissime cime de’CieliEcco a Dio nuova gloria si dà :Perchè in terra la pace ai fedeliGià diguisce, vagisce per me,E vedremo fatt’ pace ai fedeliGià dispensa l’immensa pietà.Tra pochi veli Involta giaceNel presepe del mondo la paca.

1er couplet :A Bethléem, à Bethléem, oh mon cœur,Allons prestement :Nous verrons ce Dieu fait hommeQui languit et crie pour moi,Nous verrons ce Dieu fait hommeQui languit et crie pour moi,Oh Jésus, cœur de mon cœur Depuis le ciel l’amour te suit.2ème couplet :Oh fidèles, venez, admirez Quel beau soleil brille dans la nuit ? Le voici tremblant parmi les ombres geléesQui enflamme d’amour chaque cœur,Le voici tremblant parmi les ombres geléesQui enflamme d’amour chaque cœur,Qu’attendez-vous belles âmes ? Il dort dans le foin mais il règne sur les étoiles.3ème couplet :Dans les hauteurs des CieuxGloire est donnée au Dieu nouveau :Pour que la paix règne parmi les fidèlesIl sourit déjà et crie pour moi,Et la paix règnera parmi les fidèlesGrâce à son immense amour.Il dort drapé d’un simple voileDans la crèche d’un monde en paix.

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Aria di GeremiaLagrime amareDegl’occhi miei, Oh Dio, vorreiChe da’ miei lumiCadendo a’ fiumiFormaste un mare.Tanto vorreiLagrime amareDegl’occhi miei.

Aria di EzechieleTempo non é di piangere,È tempo di goder :Ride la terra e il cieloE sanza il negro veloTutta lucente e bellaRide la notte anch’ella,E dove il guardo giroNon miro che piacer.Tempo non è...

Recitativo[...]Ezechiele : Veggo stella clementChe de’ regi e de’ regniRasserena gli sdegni e pace apporta :Stella di rai sì adorniL’alba sarà di fortunati giorni.

Tutti (i soli e il coro)Amato mio Gesù,Gloria nel cielo a voi !Pace, sì, pace a noi,Pace alla terra !E non rimbombi più,No, caro mio Gesù,Tromba di guerra.Amato mio Gesù...

Air de DanielEnfant, dans les langes grossiersMon Seigneur est emprisonné,Et l’amour, l’amour incarnéDevient un objet de pitié.Il naît aux tourments de la terreL’enfant sublime et bienheureux,Et lui qui enflamme les astres

Le gel mordant le fait trembler.Enfant,…

RécitatifDaniel : Ô bergers innocents !Ezéchiel : Innocentes bergères !Daniel : Il est né, le Dieu d’Israël,En ce lieu qui soudain d’un tel éclat se pare.Vers cet antre courez bien vite,Car ses cris, ses cris adorésQui l’on dirait des pleurs, à l’aimer vous invitent.

Duo de Daniel et EzéchielC’est ainsi qu’il vous appelle,C’est ainsi qu’il crie vers vous,Car il ne veut que vos cœurs :Et de vous il ne désireQue la simple et pure foi,Non de sanglantes victimes.Accourez, accourez tousVers le berger des bergers.C’est ainsi…

Air de JérémieÔ larmes amèresDe mes tristes yeux,Puissiez-vous, oh Dieu,En coulant de mes yeuxÀ torrentsFormer une mer.Sans cesse coulezÔ larmes amèresDe mes tristes yeux.

Air d’EzéchielLe temps n’est plus aux larmes,Il faut se réjouir :Terre et ciel sont en joie,Et sans son voile noirToute brillante et belle,La nuit sourit aussi.Où que ton regard se tourneIl ne voit que du plaisir.Le temps n’est plus…

Récitatif[...]

Mio bambino piccinino,Fà la ninna, fa la nanna figlio,Ninna la nanna, ninna, nanna,Amoroso mio tesoro,Ninna la nanna, ninna, nanna,Dolce e vago ricciutello,Vezzosetto vago e bello.Luci vaghe, luci belle,Vive stelle del mio figlio,Non più crude al sonno omaìSerenate i vostri rai.Mio bambino piccinino,Fà la nanna, fà la ninna, figlio,Ninna la nanna ninna, nanna,Pupilluccie lusinghiere,Ninna la nanna, ninna, nanna,Pupilluccie ritrosette,Ritrosette pupillette.Ecco il sonno che l’assale.Spiega l’ale su’l mio foglio.Dolce sonno, à te si spetta,Tù la stringi, tù l’alletta.Mio bambino piccinino,Fà la nanna, fà la ninna, figlio,Ninna la nanna ninna, nanna,Lusingatelo, ò miei canti,Ninna la nanna ninna, nanna,Mio dolcissimo ristoro,Mio ricchissimo tesoro.

Dors mon fils, dors mon fils,Ferme les yeux mon cher enfantTout bouclé de sa maman,Douce flamme dans mon cœur.Mon enfant tout petit,Dors, dors mon chéri,Ninna la nanna, ninna, nanna,Mon trésor, mon amour,Ninna la nanna, ninna, nanna,Doux et tendre tout boucléMignon, joli dans ta beauté.Charmants regards, jolis yeux,Étoile vives de mon enfant,Ne soyez plus durs pour le reposApaisez vos rayons.Mon enfant tout petit,Dors, dors mon chérubin,Ninna la nanna, ninna, nanna,Charmantes petites prunelles,

Ninna la nanna, ninna, nanna,Petites prunelles timides,Timides petites prunelles.Voici le sommeil donnant l’assaut.Ouvrant ses ailes sur mon enfant.Doux sommeil, il t’attend,Tu le serres, tu le captives.Mon enfant tout petit,Dors, dors mon chérubin,Ninna la nanna ninna, nanna,Flattez-le, mes chansons,Ninna la nanna ninna, nanna,Mon très doux réconfort,Mon si précieux trésor.

Cantata per la Notte di nataleAlessandro ScarlattiAria di DanielePargoletto in rozze fasceSta ristretto il mio Signore, E divien l’istesso amoreUn oggetto di pità.Agl’affanni in terra nasceLa beata eterna prole, E chi accende gl’astri e il soleFreddo gel tremar lo fa.Pargoletto...

RecitativoDaniele : Innocenti pastori ! Ezechiele : Semplici pastorelle ! Daniele : Nato è il dio d’Israelle,Dove tanti splendori arder vedete.A quell’antro correte,Che i suoi cari vagitiRassembrano lamenti e sono inviti.

Duetto di Daniel ed’EzechielSì, vi brama,Sì, vi chiama,E non vuol che i vostri cori :Sol vi chiedePura fede,E non vittime svenate.Deh volateAl pastore de’ pastori.Sì, vi brama...

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- Gigues O’Connor, Turlough O’Carolan- William Shakespeare, texte extrait du Songe d’une nuit d’été- Song Come all (The Fairy Queen),Henry Purcell- William Shakespeare, Sonnet 21- Song Love in their little vein (Timon of Athenes), Henry Purcell- Gigue (Dance for the haymakers) (The Fairy Queen), Henry Purcell- William Shakespeare, Sonnet 76- Prelude and song If love’s a sweet passion (The Fairy Queen), Henry Purcell- William Shakespeare, Texte extrait de La nuit des Rois- Scotch Tune (The Fairy Queen), Henry Purcell- Chinese song (The Fairy Queen), Henry PurcellHornpipe (The Fairy Queen), Henry Purcell- William Shakespeare, texte extrait de Les deux gentilshommes de Vérone

- Monkey’s dance (The Fairy Queen),Henry Purcell- The Secret « One charming night » (The Fairy Queen), Henry Purcell- When she came ben, Turlough O’Carolan- William Shakespeare, Sonnet 77- Ground in E, Henry Purcell- If Music be the food of love, Henry Purcell- William Shakespeare, Sonnet 66- What power art thou (King Arthur),Henry Purcell- Ground in C, Henry Purcell- William Shakespeare, Sonnet 119- Ever the wind, traditionnel- Cupid song (Timon of Athenes), Henry Purcell- William Shakespeare, texte extrait de Peines d’amour perdues- Gigue (The Fairy Queen), Henry Purcell

distributionThéophile Alexandre, contre-ténor et danseur

Nolwenn Le Guern, violeFrançois Costa, violon

Étienne Galletier, théorbe & guitareFranck-Emmanuel Comte, clavecin & orgue

Jacques Chambon, comédien

Amphithéâtre de l’Opéra de LyonPlacedelaComédie,Lyon1°

mardi 22 janvier à 18h30 et 21h00lundi 28 janvier à 20h30

Shakespeare in loveL’âme amoureuse de Shakespeareconcert théâtralisé

Ezéchiel : Je vois l’astre clémentQui, parmi tant de rois, parmi tant de royaumesApaise la colère et ramène la paix :Cet astre ceint de splendides rayonsAnnonce l’aube de jours fortunés.Tutti (solistes et chœur)Jésus, mon bien-aimé,Gloire à vous dans les cieux !Et paix, oui, paix à nous,Paix à la terre !Et que ne grondent plus,Non, bien-aimé Jésus,Les trompes de guerre.Jésus, mon bien-aimé…

GloriaAntonio VivaldiGloria in excelsis Deo,Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.Laudamus te, benedicimus te,adoramus te, glorificamus te.Gratias agimus tibiPropter magnam gloriam tuam.Domine Deus rex coelestis,Deus pater omnipotens.Domine fili unigenite, Jesu Christe.Domine Deus, Agnus Dei, filius patris.Qui tollis peccata mundi,Miserere nobis !Qui tollis peccata mundi,Suscipe deprecationem nostram !Qui sedes ad dexteram patris,Miserere nobis !Quoniam tu solus sanctus,Tu solus Dominus, tu solus altissimus,Jesu Christe,Cum Sancto Spiritu,In gloria Dei Patris.Amen.

Gloire à Dieu au plus haut des cieux,Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.Nous te louons, nous te bénissons,Nous t’adorons, nous te glorifions.Nous te rendons grâcesPour ton immense gloire.

Seigneur Dieu, Roi du ciel,Dieu le Père tout-puissant.Seigneur fils unique, Jésus Christ.Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père.Toi qui enlève les péchés du monde,Aie pitié de nous !Toi qui enlève les péchés du monde,Reçois notre prière !Toi qui es assis à la droite du Père,Aie pitié de nous !Car toi seul es Saint,Toi seul es Seigneur, toi seul es le Très-Haut,Jésus Christ,Avec le Saint-Esprit,Dans la gloire de Dieu le Père.Amen

programme

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toutes des comédies écrites entre 1590 environ, période supposée pour Les deux gentilshommes de Vérone, et 1601. Outre ces pièces de théâtre, Shakespeare s’est aussi adonné à l’écriture de poèmes, notamment les fameux 154 sonnets, regroupés dans le recueil du même nom, Sonnets. Ce dernier renferme l’un des plus beaux témoignages de la poésie élisabéthaine. Il paraît en 1609, bien que certains poèmes aient été déjà connus. Ces sonnets qui inspirent à l’auteur des déclarations et méditations passionnées, sont adressés non pas à une dame mais à un jeune homme, dont on n’établira peut-être jamais avec certitude l’identité. La forme de ces sonnets est également spécifique : trois quatrains et un distique. Testament amoureux crépusculaire et bouleversant, ces sonnets constituent le fil d’Ariane dramaturgique de ce spectacle, imaginé par Jacques Chambon et Franck-Emmanuel Comte.

Henry Purcell et le masqueCompositeur décédé prématurément à 36 ans, Henry Purcell (1659-1695) eut cependant le temps durant sa courte vie de s’imposer comme l’un des plus brillants compositeurs de l’époque baroque. Il aborda avec un égal talent des genres aussi différents que l’opéra, la fantaisie instrumentale, les œuvres de circonstance, comme les odes à la reine Mary ou les odes à Sainte Cécile, ou encore les airs à voix seule et basse continue. Il compose aussi des masques, tels que The Fairy Queen, Timon of Athenes et King Arthur. Le masque (mask en anglais), appelé parfois semi-opéra, est un genre typiquement anglais. Il puise ses origines au XVIème siècle, à la cour d’Henri VIII et devient par la suite très populaire au cours des XVIème et XVIIème. En effet, le public londonien, peut-être en raison d’une longue tradition de théâtre parlé, n’appréciait pas vraiment l’opéra et lui préférait le masque. Il s’agit d’un genre réunissant musique, danse et théâtre, en un spectacle total. Il était souvent créé pour célébrer certains évènements tels qu’un mariage, une visite d’état, ou bien en l’honneur du Roi. Les masques sont donc tirés de pièces de théâtre dans lesquelles la musique s’est immiscée, prenant de plus en plus d’importance et où les personnages sont essentiellement allégoriques, féériques ou mythologiques. La danse demeure une composante importante des masques et la musique instrumentale y est étroitement liée. On trouve donc de nombreuses pièces en lien avec la danse comme des gigues, des préludes, ou encore des variations. La mise en scène tient de même un rôle primordial et l’on met en place d’extraordinaires effets scéniques qui enthousiasment le public. A l’époque de Purcell, le semi-opéra alterne donc dialogues parlés, airs, intermèdes instrumentaux. Les scènes instrumentales, malgré un rôle de divertissement, interviennent toujours lorsque la présence de musique est justifiée par l’intrigue. Après avoir connu un engouement formidable, le genre – représenté à merveille par Purcell – a progressivement décliné tandis que le public jetait sa passion sur un tout autre genre : l’opéra italien. C’est ce nouvel intérêt qui a finalement conduit à la progressive disparition du masque. Aujourd’hui, on pourrait associer le principe des masques anglais du XVIIème siècle à celui des comédies musicales.

Voyage au cœur de l’imaginaire shakespearienLa rencontre du théâtre et de la musique, à travers ces figures incontournables que sont William Shakespeare et Henry Purcell, conduit à la création de chefs-d’œuvre du théâtre musical. L’univers onirique de Shakespeare a ainsi inspiré à Purcell ses plus belles mélodies et des œuvres de théâtre musical telles que The Fairy Queen ou Timon d’Athènes. Ces « masques », ou « semi-opéras », nous font entrevoir des univers tout à fait originaux, colorés et baroques. Œuvres en apparence hétérogènes, ces grandes fresques réservent des moments d’une rare poésie où toute la complexité et la richesse de la poésie « shakespearienne » apparaissent de manière évidente. Purcell compose des intermèdes d’une inventivité rare qui laissent aux auditeurs une impression de grande liberté. Les différentes atmosphères musicales maintiennent toujours le lien avec le sujet de l’œuvre originale, restant ainsi proche de l’univers de Shakespeare. Le spectacle Shakespeare in love, intermezzo poétique imaginé conjointement avec Jacques Chambon, se présente comme un voyage au cœur de l’imaginaire shakespearien, voyage témoignant de l’imagination prolifique de ces deux grands maîtres. En contrepoint des airs savants et raffinés de Purcell, quelques tunes et jigs de Turlough O’Carolan (1670 - 1738) viendront apporter une touche plus populaire, laquelle fait partie intégrante des inspirations de Purcell. Dialogue entre poésie et musique, mariage des gigues et des sonnets sur une note nocturne, tel est donc le menu de cet intermezzo. Le temps s’arrête quelques instants, suspendu entre le XVIIème et le XXIème siècle, plongé dans l’univers délicat et poétique de Shakespeare.

Franck-Emmanuel Comte

Ombre ou lumièreAmours ambiguës ou solitude ultime.Danse de vie ou chant funèbre.Battements du cœur et du sang ou froid engourdissement de la mort.Ainsi, Shakespeare et Purcell nous font-ils voyager d’un sentiment à l’autre, d’un crépuscule à une aube naissante.Ainsi voudrions-nous que le spectateur parcourt le spectacle.Deux personnages.L’un porte la parole de Shakespeare, l’autre, le chant de Purcell.L’un danse, l’autre écrit. L’un rit, l’autre pleure.Amputés l’un de l’autre, incomplets, imparfaits, ils vont chercher à se retrouver, à se reconnaître et à se confondre pour n’être plus qu’un seul. Éprouvé mais en paix, en harmonie, en équilibre...

Jacques Chambon, comédien.

William ShakespeareGrand représentant de la langue anglaise qu’il maniait à merveille, Shakespeare (1564 - 1616) a écrit une quarantaine de pièces de théâtre, réputées pour leur diversité de sujets et de personnages. Aujourd’hui, il est reconnu pour cela, ainsi que pour sa capacité à dépeindre la nature humaine sous des aspects multiples. Le théâtre anglais de l’époque faisait un large usage de musique et incluait sérénades, madrigaux et airs à boire, notamment dans les comédies. Les effets scéniques et changement de décors, également, se faisaient souvent au son de la musique. Ainsi, la frontière avec le semi-opéra n’était déjà pas si éloignée. Apprécié de tout temps, Shakespeare a influencé et inspiré nombre d’artistes et, parmi eux, un grand nombre de compositeurs. On peut, bien sûr, citer Henry Purcell, mais aussi Giuseppe Verdi, Franz Liszt, Richard Wagner, Hector Berlioz, Richard Strauss, Benjamin Britten et bien d’autres.Les quatre pièces de théâtre de Shakespeare dont sont issus les extraits de notre programme (Songe d’une nuit d’été, La nuit des Rois, Les deux gentilshommes de Vérone et Peines d’amour perdues) sont

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When she came benTurlough O’CarolanO, whe she cam ben, she bobbèd fu’ law !O, whe she cam ben, she bobbèd fu’ law !And whe she cam ben, she kiss’d Cockpen,And syne she deny’d she did it at a’.

Ô, en entrant, elle fit une grande révérence !Ô, en entrant, elle fit une grande révérence !Et en entrant, elle embrassa Cockpen,Et depuis elle nie le fait.

Air If Music be the food of loveHenry PurcellIf music be the food of love,Sing on till I am fill’d with joy ;For then my list’ning soul you moveTo pleasures that can never cloy.Your eyes, your mien, your tongue declareThat you are music ev’rywhere.Pleasures invade both eye and ear,So fierce the transports are, they wound,And all my senses feasted are ;Tho’ yet the treat is only sound.Sure I must perish by your charms,Unless you save me in your arms.

Si la musique nourrit l’amourVa chante et remplis-moi de joie ;Puisque mon âme t’écoutant s’emplitDe plaisirs dont je ne serai jamais rassasié.Tes yeux, ton visage, ta bouche disentQue partout tu es toute musique.Les plaisirs envahissent l’œil et l’oreille,En transports si vifs qu’ils blessent,Et tous mes sens sont festinés ;Même si le repas n’est que sonore.Je pourrais certes périr par tes charmes,Si tu n’allais en tes bras me sauver.

Air What power art thou (King Arthur)Henry PurcellWhat power art thou, who from belowHast made me rise unwillingly and slowFrom beds of everlasting snow ?See’st thou not how stiff and wondrous old,

Far unfit to bear the bitter cold,I can scarcely move or draw my breath ?Let me, let me freeze again to death.

Quelle puissance es-tu, toi qui, du tréfondsM’a fait lever à regret et lentementDu lit des neiges éternelles ?Ne vois-tu pas combien, raidi par les ans,Trop engourdi pour supporter le froid mordant,Je puis à peine bouger ou exhaler mon haleine ?Laisse-moi, laisse-moi geler à nouveau, jusqu’à mourir de froid.

Ever the windtraditionnel1er coupletAs I went a walking way down by the greenwoodDown where the ivy and laurel entwineI heard a bird singing his sad plaintive love songHe mourned for his true as I mourned for mine.RefrainEver the winds keep on changing their journeyEver the waves keep on changing the seaEver green summer keeps changing to autumnMy true love has changed, but there’s no change in me.2ème coupletI brought my love flowers all tied up with ribbonsSoon the sweet flowers were faded and goneLike the flowers, my true love’s affections have witheredWhich leaves me alone here to pine and to mourn.

1er coupletAlors que je me promenais du côté de la forêtLà-bas où le lierre et le laurier s’entrelacentJ’ai entendu un oiseau chantant sa chanson d’amour plaintive et tristeIl pleurait son grand amour comme je pleure le mien.RefrainToujours les vents changent leur voyageToujours les vagues changent la mer

Song Come all (The Fairy Queen)Henry PurcellCome all ye songsters of the sky,Wake and assemble in this wood ;But no ill-boding bird be nigh,None but the harmless and the good.

Venez tous, chanteurs du ciel,Réveillez-vous et dans ce bois rassemblez-vous ;Qu’aucun oiseau mal intentionné ne s’approche,Mais seulement les bons et les innocents.

Song Love in their little vein(Timon of Athenes)Henry PurcellLove in their little veins inspiresTheir cheerful notes, their soft desires.While heat makes buds and blossoms spring,Those pretty couples love and sing.But winter puts out their desire,And half the year they want love’s fire.

L’amour qui coule dans leurs veinesLeur souffle leurs joyeuses cantilènes.Les beaux jours font éclore arbres et fleurs,Et chanter les gentils couples amoureux.Mais l’hiver éteint leurs ardeurs,Et tout ce temps il leur manque de l’amour les feux.

Prelude and song If love’s a sweet passion (The Fairy Queen)Henry PurcellIf love’s a sweet passion,Why does it torment ?If a bitter, oh tell me Whence comes my content ?Since I suffer with pleasure,Why should I complain,Or grieve at my fate when I know ‘tis in vain ?Yet so pleasing the pain is, so soft is the dartThat at once it both wounds meAnd tickles my heart.

Si l’amour est une douce passion,Pourquoi tourmente t-il ?S’il est amer, dites-moiD’où vient alors un tel bonheur ?Et si je souffre avec plaisir,Pourquoi me plaindre,Et déplorer mon sort quand je sais que c’est vain ?Et ces flèches si légèresQue mon cœur en est à la foisBlessé et réjoui.

Chinese song (The Fairy Queen)Henry PurcellYes, Daphne, in your looks I findThe charms by which my heart’s betrayed ;Then let not your disdain unbindThe prisoner that your eyes have made.She that in love makes least defenceWounds ever with the surest dart ;Beauty may captivate the senseBut kindness only gains the heart.

Oui, Daphné, je vois dans ton regardLes charmes qui trahissent mes sentiments ;Empêche ton indifférence de relâcherCelui que tes yeux firent prisonnier etCelle qui, face à l’amour, ne s’arme pasBlesse toujours de la meilleure flèche ;La beauté captive les sensMais seule la douceur gagne le cœur.

The Secret « One charming night » (The Fairy Queen)Henry PurcellOne charming nightGives more delightThan a hundred lucky days.Night I improve the taste,Make the pleasure longer lastA thousand several ways.

Une nuit de charmes donne plus de délicesQue cent jours de bonheur.Grâce à la Nuit et au Secret,Le plaisir est plus doux,Nous le faisons durer plus longtemps,Et de toutes sortes de manières.

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programme- Prologue / Ouverture, Le Malade imagi-naire Marc-Antoine Charpentier- Scène 1 : Trio « Sans nous, les hommes deviendraient malsains », L’Amour Médecin, Jean-Baptiste Lully- Scène 2 : Air instrumental pour les cro-quignoles, Le Malade imaginaire, Marc-An-toine Charpentier- Scène 3 : Ritournelle et air « Votre plus haut savoir », Le Malade imaginaire, Marc-Antoine Charpentier- Air de l’Opérateur « L’or, de tous les climats », L’Amour Médecin, Jean-Baptiste Lully

- Scène 4 : Dialogue des deux compères « Mon compère en bonne foy », Le Mariage forcé, Marc-Antoine Charpentier- Scène 5 : Chanson à boire « Qu’ils sont doux, bouteille jolie », Le Médecin malgré lui, Jean-Baptiste Lully- Scène 6 : Chaconne, Le Médecin malgré lui, Jean-Baptiste Lully- Scène 7 : Récit d’Esculape « Bel art qui retardez », Ballet des arts, 6ème entrée : « La Chirurgie », Jean-Baptiste Lully- Scène 8 : Trio des grotesques, Le Mariage forcé, Marc-Antoine Charpentier- Scène 9 : Scène finale, Le Malade imagi-naire, Marc-Antoine Charpentier

distributionJacques Chambon, comédienPaulin Bündgen, contre-ténorHugo Peraldo, ténorAntoine Saint-Espes, barytonFrançois Costa & Claire Létoré, violonsLuc Gaugler, violePierre Bats, flûtes & bassonÉtienne Galletier, théorbe& guitare baroque

Franck-Emmanuel Comte, clavecinChœur de chambredu Concert de l’Hostel DieuAdaptation des textes de Jacques Chambon, d’après des pièces de Molière (Don Juan, L’amour médecin, Le malade imaginaire, Le médecin malgré lui)

Franck-Emmanuel Comte & Jacques Chambon :conception et direction

Salle Sainte-Hélène10,rueSainte-Hélène,Lyon2°

dimanche 3 février à 17h00mardi 5 février à 20h30

Le Médecin imaginaire Musique et comédie sous la plume de Molière

Toujours l’été vert tourne en automneMon grand amour a changé, mais je ne change point.2ème coupletJ’ai offert à mon amour des fleurs d’un ruban ficeléBientôt ces douces fleurs étaient fanées et mortesComme les fleurs, l’affection de mon grand amour s’est fanée Me laissant ici, seul, à languir et pleurer.

Cupid song (Timon of Athenes)Henry PurcellCome all to me, make haste,The sweets of mutual passion taste. Come all to me, and wear my chains,The joys of love, without its pains.

Accourez aussi vite que vous le pourrez,Goûtez les délices de l’amour partagé.Accourez et portez mes chaines,Les joies de l’amour, mais sans les peines.

coproduction : Concert de l’Hostel Dieu / Evedia

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Molière et les médecins : un regard critique Molière n’a pas été tendre avec les médecins. Quelques tragiques épisodes familiaux sont susceptibles d’avoir nourri ce ressentiment, notamment la mort de son fils en 1664. Mais c’est peut-être principalement sa propre maladie qui aiguise sa critique. Dès le milieu des années 1660, Molière est malade des poumons, et sa diatribe sur le corps médical semble se développer de plus en plus alors que sa santé s’aggrave et que la médecine s’avère impuissante. En effet, la critique s’accentue et prend toute son ampleur dans L’Amour médecin, Le Médecin malgré lui et Le Malade imaginaire, trois pièces écrites entre 1665 et la mort du dramaturge en 1673. En homme moderne, Molière ne supporte pas le dédain notoire des praticiens officiels de son temps pour les avancées de la science telle que la circulation du sang récemment démontrée. Il vise les médecins de la Cour par des allusions à peine voilées, critiquant à travers ses personnages leurs méthodes, montrant leur absolue inefficacité et prenant le contre-pied de leur science. Leur art semble souvent se dévoiler dans la manière de cacher leur incompétence par les apparences. C’est l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes qu’attaque alors Molière. Il en exagère les traits, les accusant de se jouer des patients en les impressionnant par de fausses apparences : l’habit et le langage. Les médecins cherchent à justifier leurs méthodes par de longues démonstrations creuses et d’interminables discours vides de sens, recourant à des termes soi-disant techniques aux sonorités savantes latines et grecques. En filigrane de ces critiques, Molière décrit des praticiens ignorants et indifférents, vaniteux et cupides. Les médecins fournissent ainsi à Molière, homme de théâtre avant tout, un prétexte extraordinaire pour imaginer des comédies satiriques et piquantes. Par la critique qu’elles en font, ses pièces sont autant de peintures relativement exactes de la médecine à son époque, que la littérature du XVIIème vient confirmer par des accusations parfois virulentes (Boileau, La Bruyère, La Fontaine…).

* SADIE, Julie Anne, éd., Guide de la musique Baroque, Paris : Fayard 1995

Le Médecin imaginaire, un projet originalLe Médecin imaginaire, c’est l’idée que musique et théâtre peuvent parler et chanter d’une même voix, celle de l’humour et de la fantaisie, ce, même si le sujet traité se révèle grave : le rapport de la science aux « petites gens », la maladie, la mort. C’est aussi l’idée, défendue par Molière, que la comédie et la musique peuvent et doivent apporter, en toutes circonstances, légèreté et bonne humeur ; non point par la vulgarité et la trivialité, mais par la critique et la causticité, par l’inventivité et le génie, lorsque celui-ci met à nu la sottise et la bêtise humaines. Ce spectacle fantaisiste et baroque du Médecin imaginaire nous entraîne à la suite du Sganarelle de Don Juan dans sa quête de respectabilité et de légitimité médicale. À la faveur d’un déguisement de circonstance, notre Sganarelle va découvrir la griserie de la reconnaissance et de la notabilité. Sous son habit, il va délivrer prescriptions fantaisistes et diagnostics hasardeux. En empruntant aux comédies de Molière quelques unes des célèbres scènes qui mettent en présence médecins douteux et patients simulateurs, nous allons accompagner notre ambitieux valet dans son « ascenseur social », jusqu’au sommet de son intronisation par la Faculté, rendant hommage au génie et à l’esprit de révolte du sieur Poquelin.

Comédie-ballet : Molière, Lully et CharpentierC’est à Jean Baptiste Poquelin que l’on attribue l’invention de la Comédie-ballet. Plus connu sous le nom de Molière, ce dramaturge est un des plus illustres de son siècle. Créé pour la première fois en 1661 avec Les Fâcheux, le genre de la Comédie-ballet mêle le théâtre, la musique et la danse. Molière les désignait lui-même de « comédies meslées de musique et de danses ». La voix et la chorégraphie viennent illustrer le texte mais elles sont aussi des éléments de l’action faisant avancer le drame. Molière, maître du genre, écrira de nombreuses comédies-ballets avec le chorégraphe Pierre Beauchamps et le célèbre compositeur Jean-Baptiste Lully (1632 - 1687), trio aujourd’hui emblématique du genre : Le Mariage forcé (1664), L’Amour médecin (1665), Le Médecin malgré lui (1666) et bien sûr Le Bourgeois gentilhomme (1670). Les compositions de Lully pour les pièces de Molière sont décrites comme des « opéras miniatures intimement liés et mêlés aux actes des comédies satiriques de Molière » *. Cependant, Lully, compositeur préféré du Roi, obtient après la création du premier opéra français Pomone en 1672, de nombreux privilèges parmi lesquels celui d’avoir le monopole sur les musiques de scène en France et d’être propriétaire de ses airs. À ces privilèges s’ajoute une ordonnance royale qui limite le nombre d’artistes ayant le droit de se produire avec les troupes parisiennes. Ceci n’était pas sans arranger le Roi Soleil, limitant ainsi les représentations populaires des pièces si critiques et satiriques de Molière, qui ne pouvaient se faire sans autorisation du compositeur. Ces événements sont à l’origine de l’éloignement entre le dramaturge et Lully. Molière se tourne alors vers Marc-Antoine Charpentier (1643 – 1704). Avec ce dernier, il crée son ultime comédie-ballet, Le Malade imaginaire. Gravement malade, il tenait le rôle principal lorsqu’il mourut après la quatrième représentation, le 17 février 1673. Hormis le prologue de circonstance, vibrant hommage à Louis XIV, la musique de Charpentier est un mélange de farces, de satires mordantes, d’orientalismes et d’arlequinades. Le genre de la comédie-ballet a une histoire très courte puisqu’il commencera à décliner dès la mort de Molière, douze ans après sa création, au profit de l’opéra français. Cette période confirme aussi la séparation du théâtre parlé et du théâtre lyrique, que l’on verra renaître au XVIIIème siècle avec l’opéra-comique.

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Chanson à boire « Qu’ils sont doux, bouteille jolie », Le Médecin malgré lui de Jean-Baptiste LullyQu’ils sont doux,Bouteille jolie,Qu’ils sont doux,Vos petits glouglous.Mais mon sortFerait bien des jaloux,Si vous étiez toujours remplie.Ah ! Bouteille, ma mie,Pourquoi vous videz-vous ?

Récit d’Esculape « Bel art qui retardez », Ballet des arts, 6e entrée : « la Chirurgie »,de Jean-Baptiste LullyBel art qui retardez l’infaillible trépas,En secrets merveilleux votre science abonde.(2 fois)Faut-il que vous n’en ayez pasContre les plus communs de tous les maux,De tous les maux du monde. (2 fois)Un cœur tout languissant, tout languissant,Et qui s’en va mourir, (2 fois)Mettrait-il son espoir en vos seules racines ?C’est à l’Amour à le guérir et comme il fait les maux,Il fait les médecines. (2 fois)

Trio des grotesques, Le Mariage forcé de Marc-Antoine CharpentierLa lalalala, la lalalala, la lalalala,La lalalalalala, bonjour, bonjour, bonjour,Bonjour, pour trente mille années. (2 fois)Chers compagnons, puisqu’ici nous voilàTrois favoris d’ut, ré, d’ut, ré, mi, fa, sol, la,Qu’ici nos voix soient desguénées, (2 fois)Chantons ! Chantons ! Mais que dirons-nous ? Je m’en rapporte à vous.Que vous en semble ?Je n’en sais rien. Qu’importe ?Chantons tous ensembleMal ou bien ! Qu’importe ?Chantons tous ensembleMal ou bien !Fagotons, à tort et à travers,De méchants vers,

Les uns longs comme vers d’élégie,Les autres à jambe raccourcie.Point de rime et point de raison,Tout est bon, tout est bonQuoi qu’on dise,Tout bruit forme mélodie. (2 fois)Tic-toc, chic-choc, nic-noc, fric-froc.Peinte, verre, coupe, broc.Ab hoc et ab hac, ab hac et ab hoc, ab hac et ab hoc.Fran, fran, fran, pour le Seigneur Gratian !Frin, frin, frin pour le Seigneur Arlequin !Fron, fron, fron pour le Seigneur Pentalon !O, ô le joli concert, et la belle harmonie, la belle harmonie. (3 fois)O, la belle simphonie ! (3 fois)Qu’elle est douce, qu’elle a d’appas !Mélons-y la mélodieDes chiens, des chats,Et des rossignols d’Arcadie.Caou, caou, caou… ( 20 fois)Miaou, oua, oua, oua, oua, oua, miaou, miaou,Hinhan, hinhan, hinhan, hinhan, hinhan, hinhan.O, ô le joli concert et la belle harmonie. (6 fois)

Scène f inale Le Malade imaginaire de Marc-Antoine Charpentier

- Discours de Praeses et ritournellesPraeses :Sçavantissimi doctores,Medicinae professores,Qui hic assemblati estis ;Et vos, altri messiores,Sententiarum FacultatisFideles executores,Chirurgiani et apothicari,Atque tota compania aussi,Salus, honor et argentum,Atque bonum appetitum.

Non possum, docti confreri,En moi satis admirariQualis bona inventioEst medici professio ;Quam bella chosa est et bene trovata,Medicina illa benedicta,Quae, suo nomine solo,

Trio « Sans nous, les hommes deviendraient malsains »,L’Amour Médecin de Jean-Baptiste LullyRitournelleSans nous tous les hommesDeviendraient malsains,Sans nous tous les hommesDeviendraient malsains,Et c’est nous qui sommesLeurs grands médecins,Et c’est nous qui sommesLeurs grands médecins.Sans nous tous les hommesDeviendraient malsains,1er coupletVeut-on qu’on rabattePar des maux moins doux Les vapeurs de rateQui nous minent tous,Qu’on laisse HypocrateEt qu’on vienne à nous ?Ritournelle2ème coupletÀ moins que de suivreNotre art plein d’appas,Le chagrin nous livreAux mains du trépas,Et rien ne fait vivreQue les doux ébats.Ritournelle

Ritournelle et air « Votre plus haut savoir », Le Malade imaginaire de Marc-Antoine CharpentierVotre plus haut savoir n’est que pure chimèreVains et peu sages médecins,Vous ne pouvez guérir par vos grands mots latinsLa douleur qui me désespère,Votre plus haut savoir n’est que pure chimère.

Air de l’Opérateur « L’or, de tous les climats », L’Amour Médecin de Jean-Baptiste LullyL’or de tous les climats,Qu’entoure l’Océan,Peut-il jamais payer,Ce secret d’importance.Mon remède guérit,

Par sa rare Excellence,Plus de maux qu’on ne peutNombrer dans un tout un an,La galle, la rogne, la tigne,La fièvre, la peste, la goutte,Vérole, descente rougeole,Ô grande puissance de l’orviétan ! (2 fois)Admirez mes bontés,Et le peu qu’on vous vend,Ce trésor merveilleux,Que ma main vous dispense.Vous pouvez avec lui,Bramer en assurance,Tous mes maux que sur nousDu ciel se répand,La galle, la rogne, la tigne, La fièvre, la peste, la goutte,Vérole, descente rougeole,Ô grande puissance de l’orviétan ! (2 fois)

Dialogue des deux compères « Mon compère en bonne foy », Le Mariage forcé de Marc-Antoine CharpentierTénor :Mon compère, en bonne foy,Que dis-tu du Mariage ?Baryton :Toi, comment de ton ménage ;Te trouves-tu ? Dis le moi.Ténor :Ma femme est une diablesseQui tempeste jour et nuit.Baryton :La mienne est une traitresseQui me fait bien pis que du bruit.Ténor et Baryton :Malheureux qui se lieA ce sexe trompeurBizarre, extravaguant, Infidèle, obstiné,Querelleur, arrogant !C’est renoncer au bonheur de la vie.Tout le monde en fit autant ;Et pourtant chacun en fait la folie,

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Super illas maladiasDominus bachelierus dixit maravillas ;Mais, si non ennuyo doctissimam facultatemEt totam companiam honorabilem,Tam corporaliter quam mentaliter hic praesentem,Faciam illi unam quaestionem :De hiero maladus unusTombavit in meas manus,Homo qualitatis dives comme un Crésus.Habet grandam fievram cum redoublamentis,Grandam dolorem capitis,Cum troublatione spiriti et laxamento ventris ;Grandum insuper malum au côté,Cum granda difficultateEt pena a respirare :Veuillas mihi dire,Docte bacheliere,Quid illi facere.Bachelierus :Clysterium donare,Postea seignare,Ensuita purgare.Quintus Doctor :Mais, si maladiaOpiniatriaNon vult se guarire,Quid illi facere ?Bachelierus :Clysterium donare,Postea seignare,Ensuita purgare,Reseignare, repurgare, et reclysterizare.Chorus :Bene, bene respondere, bene, bene respondere,Bene respondere.Dignus, dignus est intrareIn nostro docto corpore.Bene respondere.Dignus, dignus est intrareIn nostro docto corpore.Bene respondere.Bene, bene respondere, bene, bene respondere,Bene respondere.Praeses :Juras gardare statutaPer Facultatem praescripta,Cum sensu et jugeamento ?

Bachelierus :Juro.Praeses :Essere in omnibusConsultationibusAncieni aviso,Aut bono,Aut mauvaiso !Bachelierus :Juro.Praeses :De non jamais te servireDe remediis aucunis,Quam de ceux seulement almae Facultatis,Maladus dût-il crevare,Et mori de suo malo ?Bachelierus Juro.Praeses :Ego, cum isto bonetoVenerabili et docto,Dono tibi et concedoVirtutem et puissanciamMedicandi,Purgandi,Saignandi,Perçandi,Taillandi,Coupandi,Et occidendi Impune per totam terram.

- Air des révérences et discours de BachelierusBachelierus :Grandes doctores doctrinaeDe la rhubarbe et du sené,Ce serait sans douta à moi chosa folla,Inepta et ridicula,Si j’alloibam m’engageareVobis louangeas donare,Et entreprenoibam ajoutareDes lumieras au soleillo.Des etoilas au cielo,Des flammas à l’inferno,Des ondas à l’oceano,Et des rosas au printano,Agreate qu’avec uno moto,Pro toto remercimento,

Surprenanti miraculo,Depuis si longo tempore,Facit à gogo vivereTant de gens omni genere.

Per totam terram videmus,Grandam vogam ubi sumus ;Et quod grandes et petitiSunt de nobis infatuti.Totus mundus, currens ad nostros remediosNos regardat sicut deos ;Et nostris ordonnanciisPrincipes et reges soumissos videtis.

Donque il est nostrae sapientiae,Boni sensus atque prudentiae,De fortement travaillareA nos bene conservareIn tali credito, voga, et honore ;Et prendere gardam a non recevereIn nostro docto corporeQuam personas capabiles,Et totas dignas remplireHas plaças honorabiles.

C’est pour cela que nunc convocati estis,Et credo quod trovabitisDignam matieram mediciIn sçavanti homine que voici ;Lequel, in chosis omnibus,Dono ad interrogandum,Et à fond examinandumVostris capacitatibus.Primus Doctor :Si mihi licentiam dat dominus praeses,Et tanti docti doctoresEt assistantes illustresTrès sçavanti bacheliero,Quem estimo et honoro,Demandabo causam et rationem quareOpium facit dormire.Bachelierus :Mihi a docto doctoreDemandatur causam et rationem quareOpium facit dormire.A quoi respondeo,Quia est in eoVertus dormitiva,Cujus est naturaSensus assoupire.

- Chœurs « Bene rispondere »Chorus :Bene, bene respondere, bene, bene respondere,Bene respondere.Dignus, dignus est intrareIn nostro docto corpore.Bene respondere.Dignus, dignus est intrareIn nostro docto corpore.Bene respondere.Bene, bene respondere, bene, bene respondere,Bene respondere.Secundus Doctor :Cum permissione domini praesidis,Doctissimae Facultatis,Et totius his nostris actisCompaniae assistantis,Demandabo tibi, docte bacheliere,Quae sunt remedia(Tam in homine quam in muliere)Quae, in maladiaDite hydropisia,(In malo caduco, apoplexia, convulsione et paralysia)Convenit facere.Bachelierus :Clysterium donare,Postea seignare,Ensuita purgare.Chorus :Bene, bene respondere, bene, bene respondere,Bene respondere.Tertius Doctor :Si bonum semblatur domino praesidiDoctissimae Facultati,Et companiae ecoutanti,Demandabo tibi, docte bacheliere,Quae remedia eticis,Pulmonicis atque asthmaticis,Trovas à propos facere.Bachelierus :Clysterium donare,Postea seignare,Ensuita purgare.Chorus :Bene, bene respondere, bene, bene respondere,Bene respondere.Quartus Doctor :

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programmeFirst music (Ouverture) - John O’Connor, T. O’Carolan - Maurice O’Connor, T. O’Carolan - Planxty Kelly, T. O’Carolan

Mysteries (Mystères) - Sheebeg and Sheemore / Gaelic tarentelle, T. O’Carolan / F. E. Comte - Captain O’Kane, T. O’Carolan - The Fairy Queen, T. O’Carolan - Miss Mac Dermott, T. O’CarolanLove and devotion (Amour et dévotion) - La Folia / When she cam ben, A. Corelli / T. O’Carolan - Carolan’s dream / Eleanor Plunkett, T. O’Carolan - Carolan’s welcome, T. O’Carolan

The last farewell (Le dernier adieu) - Lament for Tenrence Mac Donough, T. O’Carolan - Lament for Charles Mac Gabe,T. O’Carolan - Daily growin’ / Tom Ginley, traditionnelA feast (Une fête) - Mary O’Neill / Mervyn Pratt, T. O’Carolan - Lamentation for Owen Roe O’Neill / Planxty Burke, T. O’Carolan - Jig JamesBetagh, T. O’Carolan - Edward Dodwed / The Clergy’s lamenta-tion, T. O’Carolan - Johnny will you marry me / Congress reel, traditionnel

distributionGarlic Bread

Sandrine Burtin, chant & violon Yann Manche, flutes irlandaises

& uelleann pipeDamien Lachuer, bouzouki & guitare

Estelle Ansellem, contrebasse

Le Concert de l’Hostel DieuCaroline Anssoux, harpe celtique

Henri-Charles Caget, bodhran& percussions

Luc Gaugler, viole de gambeFranck-Emmanuel Comte, clavecin

Le Plateau - Hôtel de Région1,esplanadeFrançoisMitterrand,Lyon2°

dimanche 17 mars à 17h00

Carolan’s dreamLa rencontre entre le monde gaëlique et l’art baroque

Rendam gratias corpori tam docto.Vobis, vobis debeoBien plus qu’à naturae et qu’à patri meo :Natura et pater meusHominem me habent factum ;Mais vos me (ce qui est bien plus)Avetis factum medicum :Honor, favor et gratia,Qui, in hoc corde que voilà,Imprimant ressentimentaQui dureront in secula.

- Chœur « Vivat, Vivat »et 1ère entrée de balletChorus :Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,Novus doctor, qui tam bene parlat ! (2 fois)Mille, mille annis, et manget et bibat,Et seignet et tuat,Et tuat et seignet, et tuat !Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,Novus doctor, qui tam bene parlat !

- Airs des deux chirurgienset 2ème entrée de balletChirurgus :Puisse-t-il voir doctasSuas ordonnancias,Omnium chirurgorumEt apothicarumRemplire boutiquas !

- Chœur FINAL « Vivat, Vivat »Chorus :Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,Novus doctor, qui tam bene parlat ! (2 fois)Chirurgus :Puissent toti anniLui essere boniEt favorabiles,Et n’habere jamaisQuam pestas, verolas,Fievras, pluresias,Pluxus de sang, et dysenterias !Chorus :Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,Novus doctor, qui tam bene parlat ! (3 fois)Mille, mille annis, et manget et bibat,

Et seignet et tuat,Et tuat et seignet, et tuat !Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,Novus doctor, qui tam bene parlat !

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hôte, George Reynolds, lui conseille d’ailleurs de se tourner plutôt vers la composition et lui donne même le sujet d’inspiration de sa première œuvre : le mythe de la bataille de Sheebeg et Sheemore. Il suivra son conseil quant à la composition mais persistera dans son métier de harpiste itinérant, Miss MacDermott lui fournissant un cheval, un guide et une somme d’argent.

- Itinéraire d’un enfant gâtéIl passe ainsi l’essentiel de sa vie à voyager à travers l’Irlande, subvenant à ses besoins en jouant ou en donnant des cours. Se déplaçant de manoir en manoir, avec quelques détours par les tavernes, O’Carolan se fait rapidement une solide réputation, tant comme harpiste que comme personnage au caractère bien trempé. Son humour, ses réparties et ses mésaventures font rapidement progresser sa légende personnelle. Le Lament for Charles MacCabe est ainsi la mise en musique d’un canular macabre autour de la mort supposée d’un compagnon. Esprit caustique et vif, il composera des œuvres humoristiques telles que Ode to Whiskey ou la satire sur le clergé The Clergy’s lamentation. Malgré cette vie agitée, il prend le temps de fonder une famille. Il épouse Mary Maguire, qui lui donnera six filles et un garçon.

- Le dernier adieuSuite au décès de sa femme en 1733, O’Carolan, alors âgé de soixante-trois ans, retourne au manoir des MacDermott où il passe ses dernières années à composer. On raconte qu’à ses funérailles, il y eut un grand rassemblement de harpistes, venus de tout le pays pour une veillée qui dura cinq jours et cinq nuits. C’est grâce à l’affection et à l’admiration d’un cercle d’amis fidèles que son œuvre est parvenue jusqu’à nous. Car O’Carolan, étant aveugle, il ne nous a laissé aucune partition de sa main. Son fils, également harpiste, et ses amis écrivirent sous la dictée du maître les quelques 220 mélodies qui existent encore. La première édition de ses œuvres parut ainsi à Dublin en 1748, dix ans après sa mort.

- Des rencontres improbablesDe par sa naissance, O’Carolan appartient davantage à l’univers culturel gaëlique. Toutefois, au gré de ses pérégrinations, il découvre les œuvres des musiciens italiens qui se produisent dans les salons des occupants anglais. On dit qu’il aurait rencontré le violoniste Francesco Geminiani à Dublin et qu’il vénérait la musique de Corelli et de Vivaldi. Dans le cadre de ses commandes, il composait aussi bien pour l’ancienne aristocratie irlandaise, descendante comme lui des Gaëls, que pour les nobles d’origine anglaise. Aussi, certaines de ses pièces empruntent-elles au monde de la musique savante par l’utilisation de formes classiques (le rondeau de The Fairy Queen, le thème et les variations sur When she came ben, le concerto Carolan’s concerto) ou de tournures mélodiques utilisant fréquemment les notes sensibles rarement employées dans le répertoire traditionnel (Carolan’s welcome, James Betagh’s Jig…). C’est cette dualité culturelle, ce métissage des inspirations et des références, que nous avons souhaité mettre en lumière. La musique de O’Carolan reflète ses diverses et changeantes humeurs : la lamentation sur un ami défunt, la nostalgie d’un amour perdu, la féérie d’un rêve fugitif… Mais c’est par-dessus tout le thème du songe, ce regard vers l’intérieur, cette introspection un peu folle, que l’artiste – bien malgré lui – pratiquait depuis son adolescence. Destin brisé, lutte désespérée pour une vie meilleure, errance perpétuelle : seule une sensibilité exacerbée comme celle de Turlough O’Carolan pouvait les transformer en une quête sublime, dont l’unique objet est la recherche de la grâce.

Garlic Bread rencontre Le Concert de l’Hostel DieuIl y a tout juste 10 ans, Franck-Emmanuel Comte nous contactait via le Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes… Notre groupe, Garlic Bread, formé deux ans plus tôt, pendant nos études à l’INSA de Lyon, sortait alors son tout premier album : A four wheeled bike. Le projet proposé par Le Concert de l’Hostel Dieu consistait à revisiter le répertoire de Turlough O’Carolan (1670-1738) que nous connaissions, certes, mais qui nous semblait assez éloigné de notre vision - plutôt moderne - de la musique irlandaise. L’idée nous semblait ambitieuse, cependant, elle nous captiva tout de suite. Mais saurions-nous relever ce défi ? L’univers de la musique dite « classique » ne nous était pas tout à fait étranger car chacun des membres du groupe avait commencé par l’étudier avant de s’orienter progressivement dans le monde des musiques traditionnelles, à la recherche notamment d’un autre type de rapport avec le public, plus spontané et festif. Nous appréhendions un peu la première rencontre avec ces « prestigieux musiciens spécialistes du baroque », par peur de ne pas être à la hauteur techniquement, ou pire … que le courant musical ne passe pas ! Dès les toutes premières notes de musique, nous étions immédiatement rassurés et agréablement surpris par la potentialité musicale du projet. Les barrières fictives que nous avions pu imaginer entre ces deux univers musicaux étaient tombées en quelques instants : un ensemble était né. La musique choisie, celle d’un harpiste-poète emblématique en Irlande, justement pour sa capacité à combiner les influences des musiques classiques et populaires dans ses compositions, était un élément favorable à la réussite de l’expérience. Les nombreux points communs entre la musique traditionnelle irlandaise et la musique baroque (libertés de variation, d’ornementation, de déplacement des temps forts…) nous offraient une piste opportune à une association constructive. Enfin – et surtout – c’est à partir de l’imagination de chaque musicien que nous avons pu construire des arrangements contrastés des dix-huit mélodies choisies.L’aventure de Garlic Bread est avant tout une histoire d’amitié et de complicité entre ses membres depuis les années étudiantes, c’est pourquoi les paramètres non-musicaux qui viennent indirectement alimenter la richesse d’un projet sont, pour le groupe, fondamentaux. La réussite de la rencontre avec Le Concert de l’Hostel Dieu est donc aussi due en grande partie aux différentes personnalités qui composent cet ensemble, à leurs influences respectives et à leur capacité d’écoute et d’ouverture, leur envie d’expérimentation et de défi. Notre groupe a éprouvé énormément de plaisir à imaginer des harmonisations empreintes de jazz, de classique et même parfois … de rock sur les thèmes de Turlough O’Carolan. Une rencontre riche humainement et musicalement qui, nous l’espérons, en appellera d’autres !

Yann Manche, Flûtiste de Garlic Bread

Turlough O’Carolan : parcours d’un artiste original- Naissance d’une légendeNé en 1670 dans un village du comté de Meath, au nord de Dublin, dans une famille catholique, Turlough O’Carolan quitte cette région à l’âge de quatorze ans pour s’établir dans la demeure des employeurs de ses parents, les MacDermott Roe de Ballyfarnon. La maîtresse de maison, Miss MacDermott aura une grande importance dans la vie de O’Carolan. Elle prend le jeune garçon sous sa protection et lui fait donner des cours de harpe. À la fin du XVIIème siècle, la harpe est l’instrument de prédilection de l’aristocratie. Les « harpers » forment une caste à part et sont reçus de maison en maison, toujours très favorablement. Miss MacDermott restera une des muses de O’Carolan durant toute sa carrière. Il lui dédiera plusieurs « tunes » (airs), dont la célèbre mélodie qui fournira le support de la chanson anti-française, Arethusa.

- Des débuts difficilesÀ la suite d’une maladie, il perd la vue à l’âge de dix-huit ans. Il décide alors de devenir harpiste, profession souvent adoptée par les artistes malvoyants. Ses débuts ne sont pas brillants. Son premier

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Ó ! Nach breágh dhom seo a rá,’S gur [tú] do shliocht na bhfear éifeachtÓ Árdmacha bréigeFuair sár-chlú ó GhaodhalaibhLe tréan-neart a lámh.

Nelly aux cheveux flottants,Aux yeux verts comme l’herbeAu point du jour,Ah, qu’il m’est agréable de dire Qu’en droite ligne vous descendezDes braves hommes d’Ardamagh de Bregia, Renommés parmi les Gaëls,Pour la puissance de leurs bras !

Daily growin’ / Tom GinleyThe trees they grow high, the leaves they do grow green,Many is the time my true love I’ve seen,Many an hour I have watched him all alone,He’s young but he’s daily growing.Father, dear father, you’ve done me great wrong,You have married me to a boy who is too young,I am twice twelve and he is but fourteen,He’s young but he’s daily growing.Daughter, dear daughter I’ve done you no wrong,I have married you to a great lord’s son,He will be a man for you when I am dead and gone,He’s young but he’s daily growing.Father, dear father if you see fit,We’ll send him to college for another year yet,I’ll tie a blue ribbon all around his head,To let the maidens know that he’s married.One day I was looking over my father’s castle wall,I spied all the boys playing with a ball,And my own true love he was the flower of them all,He’s young but he’s daily growing.And so early in the morning at the dawning of the day,They went into a hayfield for to have some sport and play,And what they did there she never would declare,But she never more complained of his growing.At the age of fourteen he was a married man,At the age of fifteen the father of my son,

At the age of sixteen his grave it was green,And death had put an end to his growing.I’ll buy my love some flannel, I’ll make my love a shroud,With every stitch I put in it, the tears they will pour down,With every stitch I put in it, how the tears they will flow,Cruel fate has put an end to his growing.

Les arbres, ils grandissent, les feuilles, elles verdissent,Bien des fois ai-je vu mon bien-aimé,Bien des heures l’ai-je regardé quand il était tout seul ;Il est jeune, mais il grandit de jour en jour. Père, ô mon père, tu m’as fait un grand tort,En me mariant à un garçon qui est trop jeune,J’ai deux fois douze ans et il n’en a que quatorze ;Il est jeune, mais il grandit de jour en jour.Fille, ô ma fille, je ne t’ai fait aucun tort,Je t’ai mariée au fils d’un grand seigneur,Ainsi, quand je ne serai plus, tu auras un homme ;Il est jeune, mais il grandit de jour en jour.Père ; ô mon père, si tu juges bon de le faire,On l’enverra au collège pour encore un an,Autour de la tête, je lui nouerai un ruban bleu,Pour que les filles sachent qu’il est marié.Un jour, en regardant par-dessus la muraille du château de mon père,J’ai vu tous les garçons qui jouaient au ballon,Et mon bien-aimé, il était le plus beau de tous ;Il est jeune, mais il grandit de jour en jour.Et le matin de bonne heure, à l’aube d’un nouveau jour,Ils sont allés dans un pré folâtrer dans les foins,Et ce qu’ils y firent, jamais elle ne voulut le dire,Mais depuis, elle ne se plaint plus qu’il est trop jeune.À quatorze ans, c’était un homme marié,À quinze ans, c’était le père de mon fils,À seize ans, sa tombe était fleurie :La mort était passée par là, il ne grandira plus.À mon bien-aimé, j’achèterai de la flanelle pour lui coudre un linceul,Et avec chaque point que je coudrai, je verserai des larmes,Avec chaque point que je coudrai, ah ! Que de larmes je verserai,Car le sort cruel voulut qu’il ne grandisse plus.

Sídh Bheag agus Sídh Mhór (Sheebeg and Sheemore)Imreas mór tháinic eidir na ríoghnaMar fhíoch a d’fhás ón dá chnoc sídhe ;Mar adubhairt an tsídh mhór go mb’fhearr í féinFaoi dhó, faoi dhó ná an tsídh bheag.An tráth chruinnigh na sluaighte bhí an buala teannAr feadh na machaireacha anonn ’s anall ;’S níl aon ariamh dár ghluais ón mbinnNár chaill a chionn san ár sin.

Il survint une grande dispute entre les souveraines,Et sur les deux collines des fées éclata une véritable colère;Car la grande colline des fées se prétendait supérieure,Deux fois, deux fois supérieure, à la petite colline des fées.Quand les armées furent rassemblées, la bataille qui s’ensuivitFut terrible, livrée de long en large dans la plaine ;Et personne descendant des sommets ne fut épargné :Tous sans exception furent décapités dans ce massacre.

An Bhanríoghan Sídhe (The Fairy Queen)Ciste nó stór go deó ní mholfadAch imirt is ól is ceól do ghnáth ;Taom ar baois fá mhnaoi ’s ní ró-mhaith chodlaim,‘S nach truagh sin duine ar bith beó mar táim ?‘S é fáth mo thuirse nach bhfágham do chuideacht,A mhaighdean tséimh má’s gnaoi leat mé,Suidh go dlúth le mo thaobh is tabhair póg dhom bhéal,Is coinnigh dhuit féin ón mbás mé !

De trésors ou de richesses jamais je ne ferai l’éloge,Mais de jeu, de boisson, de musique, je ferai les louanges.À cause d’un moment de folie pour une femme, je ne dors plus ;N’est-ce pas triste qu’un homme comme moi vive encore ?

Si je suis las, c’est que votre compagnie me manque ;Ô ma douce, si vous m’aimez,Asseyez-vous près de moi et embrassez-moi sur la bouche,Et sauvez-moi de la mort, que je sois à vous !

Miss MacDermottOn deck five hundred men did dance,The stoutest they could find in France :We with two hundred did advance,On board of the Arethusa.Our captain hailed the Frenchman : Ho !The Frenchman then cried out : Hallo !« Bear down, d’ye see, to our Admiral’s lee. »« No, no, » says the Frenchman, « that can’t be. »« Then I must lug you along with me, »Says the saucy Arethusa.

Sur le pont dansaient cinq cents hommes,Des plus vaillants de toute la France :Nous, à bord de l’Aréthuse,Avec deux cents on avançait.Notre capitaine héla le Français : Ho !Et le Français répondit : Allo !« Mettez-vous en panne ; passez en poupe de notre Amiral ! »« Non, non, » dit le Français, « Cela ne peut se faire ! »« Alors, on devra vous y contraindre ! » Répliqua le capitaine de l’intrépide Aréthuse.

La folia / O, whe she cam benO, whe she cam ben, she bobbèd fu’ law !O, whe she cam ben, she bobbèd fu’ law !And whe she cam ben, she kiss’d Cockpen,And syne she deny’d she did it at a’.

Ô, en entrant, elle fit une grande révérence !Ô, en entrant, elle fit une grande révérence !Et en entrant, elle embrassa Cockpen,Et depuis elle nie le fait !

Carolan’s dream / Eleanor Plunkett A Neilí an chúil chraobhaigh,Is a shúil ar dhath an fhéir ghlaisAg éirghe don lá

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programmeStabat Mater d’Ostuni (à 2 voix a cappella)Stabat Mater (soprano et mezzo),Giovanni Battista Pergolesi*Cujus Animam (soprano), Giovanni Battista Pergolesi*O quam tristis (à 5 voix), Giovanni Battista Pergolesi*Donna Isabella, canzone (soprano)Miserere traditionnel (3 voix d’hommes)Quae moerebat (baryton), Giovanni Battista Pergolesi*Quis est homo (soprano et mezzo puis Baryton et basse), Giovanni Battista Pergolesi*A cantina, tarentelle (mezzo et ténor)Vidit suum (soprano), Giovanni Battista Pergolesi*Eja mater (basse), Giovanni Battista Pergolesi*

Fac ut ardeat (à 5 voix), Giovanni Battista Pergolesi*La Cicerenella, tarentelle (ténor)Sancta Mater (mezzo et ténor), Giovanni Battista Pergolesi*Fac ut portem (mezzo), Giovanni Battista Pergolesi*Inflammatus (à 4 voix), Giovanni Battista Pergolesi*Tarentelle instrumentaleStabat Mater traditionnel (à 4 voix)La carpinese, tarentelle (soprano)Quando corpus (soprano et mezzo),Giovanni Battista Pergolesi*Amen final (tutti), Giovanni BattistaPergolesi

distributionHeather Newhouse, soprano

Emmanuelle Fruchard, mezzo-sopranoHugo Peraldo, ténor

Antoine Saint-Espes, barytonND, basse

Ensemble instrumental du Concert de l’Hostel Dieu Franck-Emmanuel Comte, clavecin, orgue & direction

Basilique Saint-Martin d’AinayPlaced’Ainay,Lyon2°

dimanche 7 avril à 17h00mardi 9 avril à 20h30mercredi 10 avirl à 20h30

Stabat Mater, PergolèseNaples, entre art savant et inspirations populaires

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Le Stabat Mater, l’œuvre universelle de PergolèseC’est au Conservatorio dei Poveri di Gesù Cristo de Naples que Giovanni Battista Draghi, dit Pergolesi (1710 – 1736), approfondit les études musicales commencées dans sa ville natale. Malgré sa brève existence et une période d’écriture limitée à six ans, il eut le temps d’affirmer son talent, par ses compositions tant profanes que sacrées, et d’attirer l’attention de divers mécènes. En 1736, malade, il se retire au monastère de Pozzuoli. C’est là qu’il composa son Salve Regina et son bouleversant Stabat Mater, qui se placent tous deux parmi les premiers chefs-d’œuvre de la musique sacrée de l’ère pré-classique. L’écriture de Pergolèse marque en effet une transition : le langage baroque de l’école napolitaine coexiste avec des formes classiques novatrices, qui s’affranchissent des conventions religieuses ou dramatiques de son époque. En effet, dès 1725, les observateurs étrangers de passage lors des fêtes de Carême ou de Noël ont pu observer que le style des pièces sacrées empruntait de plus en plus largement à l’opéra et à la musique de salon. Pergolèse, que l’on peut qualifier de pré-classique, fait partie des maîtres de la nouvelle génération qui illustrent l’interpénétration des genres.Dans son interprétation du célébrissime Stabat Mater de Pergolèse, Le Concert de l’Hostel Dieu s’appuie sur une source manuscrite originale conservée dans le fonds ancien de la Bibliothèque Municipale de Lyon. Celle-ci présente l’œuvre dans une version réorchestrée par un musicien lyonnais pour cinq solistes et huit instrumentistes. Bannissant la voix de contre-ténor alors disparue des usages lyonnais, le manuscrit de Lyon ouvre de nouvelles perspectives en termes de contrastes vocaux. Dépassant le caractère intime et suranné de la version habituelle, à deux voix égales, la portée lyrique et dramatique de l’œuvre est étendue, gommant quelque peu l’esthétique éthérée et angélique que de nombreuses versions discographiques proposent.

La Semaine Sainte à Naples : ferveur et traditionsDe nos jours, le visiteur sera surpris de voir combien les traditions musicales et religieuses perdurent au cours de la Semaine Sainte à Naples et dans les environs. Il suffit de se rendre sur un des lieux de pèlerinage – fort nombreux dans le sud de l’Italie – pour constater combien la ferveur populaire est à son comble pendant le temps de la Passion. Processions et festivités de toutes sortes accompagnent les services religieux dans une ambiance populaire où sacré et profane se mêlent allègrement. La musique vocale, chantée dans les églises, sur les parvis ou lors de haltes au cours des processions, est omniprésente. Ainsi, à Sessa Aurunca par exemple, un trio de confrères s’arrête-t-il à chaque carrefour pour chanter des versets du Miserere, tandis que d’autres portent la croix du Christ. Ce même Miserere, que les habitants de la ville des Pouilles chantent depuis trois siècles, rythme une procession longue de plus d’une dizaine de kilomètres, que chacun accomplit pieds nus ou à genoux. A quelques pas de là, on chante et on joue des tarentelles aux paroles fort peu chrétiennes. Souvent, une même et unique tarentelle est scandée pendant des heures, reprise par de nouveaux arrivants remplaçant les musiciens sortants, transcendant la même mélodie répétée des heures durant et accentuant l’effet hypnotique et obsessionnel.

Une approche philologiqueLe Concert de l’Hostel Dieu a choisi d’associer au Stabat Mater de Pergolèse quelques polyphonies napolitaines et tarentelles, entendues et notées lors de la Semaine Sainte à Naples et dans la région des Pouilles. Privilégiant ainsi une approche philologique plutôt qu’exclusivement musicologique, notre propos sera de donner au Stabat Mater un autre écho, constitué d’éléments profanes et populaires. L’œuvre de Pergolèse retrouvera ainsi plus spontanément son contexte historique, marqué par une culture napolitaine complexe et contradictoire. Une nouvelle approche donc, pour une œuvre dont le succès immédiat, rencontré dès le milieu du XVIIIème siècle, a quelque peu contribué à en figer l’interprétation dans une approche étriquée. Aussi, pour enrichir notre approche, nous nous sommes inspirés d’une légende napolitaine selon laquelle Pergolèse aurait composé son Stabat Mater dans l’émotion d’une scène dont il aurait été le témoin : sur une place publique de Naples, une foule est assemblée pour assister à un triste spectacle ; un jeune larron est pendu par l’occupant espagnol pour avoir volé quelques pommes ; sa mère se tient à ses pieds, submergée par la douleur. Ainsi, l’œuvre célébrissime de Pergolèse ne serait-elle pas seulement le poème supra-expressif et quelque peu maniéré que l’on se plait à interpréter de nos jours. Certains dramatismes seraient cachés dans l’expression de cette douleur maternelle, certaines rudesses seraient gommées, et sont ici mis en valeur par la confrontation avec les polyphonies napolitaines. Ces dernières proviennent soit de manuscrits conservés à Naples et dans la région des Pouilles, ou ont été enregistrées sur place lors de processions, puis transcrites par Franck-Emmanuel Comte. S’inscrivant dans un même espace géographique et temporel que l’œuvre de Pergolèse - l’Italie du Sud au début du XVIIIème siècle - elles sont l’expression d’une foi sincère, traduite musicalement par une mélodie unique dans le style du plain-chant, harmonisée en faux bourdon. Pour ce qui est de la présence des tarentelles aux côtés des versets du Stabat Mater, il faut rappeler que la Semaine Sainte est l’occasion d’une fête gigantesque, laquelle se traduit par un charivari musical ébouriffant. Les tarentelles sont chantées sur le parvis-même des églises et accompagnées par de bruyantes castagnettes en châtaignier, alors même que les offices se déroulent à quelques mètres. Construites sur une répétition constante de la mélodie qui leur confère un caractère obsessionnel, presque hypnotique, elles constituent un contrepoint étonnant à la ferveur des cantiques. Rappelons que ce principe de répétition ad vitam aeternam est à l’origine même du genre : le terme « tarentelle » vient de « tarentule » et une des fonctions de la tarentelle consisterait, selon les savants du XVIème siècle tel Kirchner, à guérir les morsures de l’araignée. Surnaturel et mysticisme, chants et danses, rires et pleurs constituent ainsi l’âme de ces manifestations populaires et latines, d’un peuple qui n’oublie pas de conserver ses traditions intactes.

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Moi je suis né dans la faute :J’étais pécheur dès le sein de ma mère.Mais tu veux au fond de moi la vérité :Dans le secret tu m’apprends la sagesse.Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur :Lave-moi et je serai plus blanc que la neige.

Quae moerebatGiovanni Battista PergolesiQuae moerebat et dolebat,Et tremebat cum videbatNati poenas inclyti

Dans le chagrin qui la poignait,Cette tendre Mère pleuraitSon Fils mourant sous ses yeux.

Quis est homoGiovanni Battista PergolesiQuis est homo qui non fleret,Christi Matrem si videretIn tanto supplicio ? Quis non posset contristari,Piam Matrem contemplari Dolentem cum filio ?Pro peccatis suae gentisVidit Jesum in tormentisEt flagellis subditum.

Quel homme sans verser de pleurs,Verrait la Mère du SeigneurEndurer si grand supplice ?Qui pourrait dans l’indifférence,Contempler en cette souffranceLa Mère auprès de son Fils ?Pour toutes les fautes humaines,Elle vit Jésus dans la peineEt sous les fouets meurtri.

A cantina, tarentelle‘A cantina ‘e Zi Teresa nuje truvanno ‘o vino buono‘O bevimmo la matina, s’arrenfrescano ‘e ‘ntestine,

‘O bevimmo a miezojuorno, ce allontana li taluorne,‘O bevimmo all’otto ‘e sera, nun ce vene lu colera,‘O bevimmo a mezanotte, è fernuta n’ata votta,‘O bevimmo tutto l’anno e d’e guaje ce scordammo,‘O guaje d’’a vita quanno nun ce sta fatica,‘O guaje d’’e figlie ca sò sempe piccerille,Se piscino sotto, è fernuta n’ata vottaE vota e gira, nun ce abbastano ‘e lire,E gira e vota, ne parlammo n’ata vota.

Au bistrot de Tante Thérèse on trouve du bon vinOn le boit le matin, il rafraîchit les incertains,On le boit à midi, il éloigne les tracas,On le boit à huit heures du soir, on évite le choléra,On le boit à minuit, un tonneau est déjà fini,On le boit toute l’année, et on oublie tous les soucis,Les soucis de la vie, c’est quand il n’y a pas de travail,Les soucis des enfants qui sont toujours petits,Ils se pissent dessus, un autre tonneau est fini.On tourne et on retourne, il n’y a jamais assez de lires,On tourne et on retourne, on en reparlera une autre fois.

Vidit suumGiovanni Battista PergolesiVidit suum dulcem natumMorientem desolatum,Dum emisit spiritum.

Elle vit l’Enfant bien-aiméMourir tout seul, abandonné,Et soudain rendre l’esprit.

Eja materGiovanni Battista PergolesiEja Mater, fons amoris,Me sentire vim dolorisFac, ut tecum lugeam.

Stabat Mater d’OstuniStabat Mater dolorosa.Juxta crucem lacrimosa,Dum pendebat Filius.

Debout, la Mère des douleurs,Près de la croix était en larmes,Quand son Fils pendait au bois.

Stabat MaterGiovanni Battista PergolesiStabat Mater dolorosa.Juxta crucem lacrimosa,Dum pendebat Filius.

Debout, la Mère des douleurs,Près de la croix était en larmes,Quand son Fils pendait au bois.

Cujus AnimamGiovanni Battista PergolesiCujus animam gemetem,Constristatam ac doléntem,Pertransivit gladius.

Alors, son âme gémissante,Toute triste et toute dolente,Un glaive le transperça.

O quam tristisGiovanni Battista PergolesiO quam tristis et afflicta,Fuit illa benedicta,Mater Unigeniti !

Oh combien était elle triste et affligée,La femme entre toutes bénie,La Mère du Fils de Dieu !

Donna Isabella, canzoneNun me chiammate chiù donna ’Sabella,Chiammateme Isabella sventorata.

Aggio perduto trentatré castella,La chiana Puglia et la Basilicata.Aggio perduto la Salierno bella,Lo strazio de la disgraziata.La sera me ‘mbarcaje ‘mbarconcellaE la matina me trrovai legata.

Ne m’appelez plus Madame Isabelle,Appelez-moi Isabelle la malheureuse.J’ai perdu trente-trois châteaux,La plate région des Pouilles et la Basilicate.J’ai perdu ma belle Salerne,Voilà le tourment d’une malheureuse.Un soir on m’a emmenée dans une petite barqueEt le matin suivant je me suis retrouvée liée.

Miserere traditionnelMiserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam.Et secundum multitudinem miserationum tuarum :Dele iniquitatem meam.Amplius lava me ab iniquitate mea,Et a peccato meo munda me :Quoniam iniquitatem meam ego cognosco :Et peccatum meum contra me est semper.Tibi soli peccavi, et malum coram te feci :Ut justificeris in sermonibus tuis, et vincas cum judicaris.Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum :Et in peccatis concepit me mater mea.Ecce enim veritatem dilexisti :Incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi.Asperges me hyssopo, et mundabor :Lavabis me, et super nivem dealbabor.

Pitié pour moi, Seigneur, en ta bonté.En ta tendresse :Efface mon péché.Lave-moi tout entier de ma faute,Purifie-moi de mon offense :Car je connais mon iniquité :Et mon péché est toujours devant moi.Contre Toi, Toi seul, j’ai péché, Ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait :Ainsi tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire.

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Fais que je porte en moi la mort du Christ,Que je partage ses douleurs,Et vénère ses plaies.Fais que ses propres plaies me blessent,Que la croix me donne l’ivresseDu sang versé par ton Fils.

INFLAmmatusGiovanni Battista PergolesiInflammatus et accensusPer te, Virgo, sim defensusIn die judicii.Fac me cruce custodiri,Morte Christi praemuniri,Confoveri gratia.

Je crains les flammes éternellesO Vierge, assure ma tutelleA l’heure de la justice.Fais que la croix soit ma protection,La mort du Christ ma garantie,Sa grâce mon soutien.

Stabat Mater traditionnelStabat Mater dolorosa.Juxta crucem lacrimosa,Dum pendebat Filius.Cujus animam gemetem,Constristatam ac doléntem,Pertransivit gladius.Eja Mater, fons amoris,Me sentire vim dolorisFac, ut tecum lugeam.

Debout, la Mère des douleurs,Près de la croix était en larmes,Quand son Fils pendait au bois.Alors, son âme gémissante,Toute triste et toute dolente,Un glaive le transperça.Ô Mère, source d’amour,Fais-moi sentir la violence de tes douleursPour que je pleure avec toi.

La carpinese, tarentellePigliate la paletta e vae pi’ffoco,E va’alla casa di lu’nnammurato,E passa duje ore’e juoco.Si mamma se n’addona’e chiste juoco,Dille ca so’state falelle de foco,E vule di’e llà, chello che vo’la femmena fa !Luce lu sole quanno egrave : buono tiempo,Luce lu pettu tujo, donna galante,Mpietto li tieni duje pugnali argiento.A chi li tocchi bella, nci fa santo.E ti li tocchi je ca so’l’amante.E’mParaviso jamme certamente...E vule di’e llà, chello che vo’la femmena fa !

Prends la pelle et ravive le feu,Va chez ton amoureux,Passe deux heures dans les jeux.Si ta mère se fâche pour ton jeu,Dis-lui que ton visage est rouge à cause du feu,Dis-lui ce que tu veux, toute femme fait ce qu’elle veut !Le soleil brille lorsqu’il fait beau,Tes seins resplendissent, femme galante,Ta poitrine abrite deux poignards en argent.Celui qui les touche, ma belle, devient un saint.Et je les touche, moi, qui suis l’amant.Nous irons sans doute au Paradis… Dis-lui ce que tu veux, toute femme fait ce qu’elle veut !

Quando corpusGiovanni Battista PergolesiQuando corpus morieturFac ut animae doneturParadisi gloria.Amen.

À l’heure où mon corps va mourirÀ mon âme, fais obtenirLa gloire du paradis.Amen.

Ô Mère, source d’amour,Fais-moi sentir la violence de tes douleursPour que je pleure avec toi.

Fac ut ardeatGiovanni Battista PergolesiFac ut ardeat cor meumIn amando Christum Deum,Ut sibi complaceam.

Fais que mon âme soit de feuDans l’amour du Seigneur mon Dieu,Que je puisse lui plaire.

La Cicerenella, tarentelleCicerenella tenea no ciardinoE l’adacquava coll’acqua e lo vino.Ma l’adacquava pó senza lancella...Chisto è o ciardino è de Cicerenella.Cicerenella si bona e bellaCicerenella teneva na gattaCh’era cecata e purzì scontrafatta,La strascenava co mmeza codella …Chesta è la gatta de Cicerenella.Cicerenella teneva no gallo,Tutta la notte nce jeva a ccavallo,Essa nce jeva pò senza la sella …Chisto è lo gallo de Cicerenella.Cicerenella teneva no ciuccioE ll’avea fatto no bello cappuccio,Ma no tteneva nè ossa nè pella ...Chisto è lo ciuccio de Cicerenella.

Cicerenella avait un jardin,Elle l’arrosait avec des seaux de vin.Il lui arrivait même de l’arroser sans rien… Ce jardin est à Cicerenella.Cicerenella tu es bonne et belleCicerenella avait un beau coqQui toute la nuit allait à cheval,Il lui arrivait même d’aller sans selle …C’est le beau coq de Cicerenella.Cicerenella avait une pouleQui faisait l’œuf soir et matin,Elle mangeait du son à la poêle… Cette poule est à Cicerenella !

Cicerenella avait une roseElle était gracieuse et odorante,Oh chanceux celui qui s’embellit …De la rose de Cicerenella !

Sancta MaterGiovanni Battista PergolesiSancta mater, istud agas,Crucifixi fige plagasCordi meo valide.Tui nati vulnerati,Tam dignati pro me pati,Poenas mecum divide.Fac me vere tecum flere,Crucifixo condolere,Donec ego vixero.Juxta crucem tecum stare,Te libenter sociareIn planctu desidero.Virgo virginum praeclara,Mihi jam non sis amara :Fac me tecum plangere.

Mère sainte, daigne fixer,Les plaies de Jésus crucifiéEn mon cœur très fortement.Pour moi, ton Fils voulut mourir,Aussi donne-moi de souffrir,Une part de ses tourments.Donne-moi de pleurer en toute vérité,Comme toi près du crucifié,Tant que je vivrai.Je désire auprès de la croix,Me tenir, debout avec toiDans ta plainte et ta souffrance.Vierge des vierges, toute pure,Ne sois pas envers moi trop dure :Fais que je pleure avec toi.

Fac ut portemGiovanni Battista PergolesiFac ut portem Christi mortem,Passionis fac consortem,Et plagas recolere. Fac me plagis vulnerari,Cruce hac inebriariOb amorem Filii.

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programme• 1ère partie : La rencontre du répertoire baroque sud-américain et de la salsa- Negrito de cucurumba, villancios en « petit nègre » et biscaïen, Gaspar Fernandes- Sà qui turo zente pleta, anonyme- Negrinho tiray vos, Gaspar Fernandes- La Jotta (instrumental), Santiago de Murcia- Tambalagumbà, Juan Guterriez de Padilla- La Xacona, Juan Aranies- Los Impossibles (instrumental), Santiago de Murcia- La Guajira, traditionnel- Niña Pancha, habanera traditionnelle- Bardo, traditionnel- El negro Bembon, traditionnel

• 2ème partie : Mango Son, la salsa contem-poraine, entre héritage et invention- A Guarachar, Moises Valle « Yumuri »- Guajiro natural, Polo Montanez- Se te accabo la Rumba, Orlando « Maraca » Valle- Ya no puedo estar con ella,Mingo Fernandez - La pastillita, Mingo Fernandez - Los Tamalitos de Olga, Félix Reina- Macando la distancia, Manolito Simonet- Me recordaras- Salsa para los salseros

distributionMango Son

Yoël Viso-Valdez, congas, chantMiguel Olmo Hernandez, timbales, chœurs

Isabelle Gospodinov, flûte, chœursSalvatore Staropoli, basse, chœurs

Mathilde Malenfant, clavier

Le Concert de l’Hostel DieuMarie Remandet, Mathilde Monfray, sopranos

Paulin Bündgen, Séverine Maras, altosHugo Peraldo, Benjamin Ingrao, ténors

Antoine Saint-Espes, Simon Gallot, bassesLuc Gaugler, viole

François Cardey, cornetPierre Bats, dulciane et flûtes

Nicolas Muzy, guitareÉtienne Galletier, guitare et théorbe

Franck-Emmanuel Comte, orgue et direction

mardi 14 mai à 20h30mercredi 15 mai à 20h30

Espace culturel Saint-Marc10,rueSainte-Hélène,Lyon2°

Salsa y Barroco !Soirée cubaines : entre salsa cubaine et negritos baroques

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composer ses danses stylisées (zarambeques, cumbées…) conservées dans le Codex Salivar, retrouvé à Mexico. Ainsi, sous sa plume, les danses espagnoles s’enrichirent des influences en provenance des colonies du Nouveau Monde et de l’Afrique de l’Ouest.

Le répertoire de salsa de l’ensemble Mango Son.Au XXème siècle, une nouvelle influence vient enrichir encore la musique de Cuba et de ses alentours : le jazz et ses dérivés. Cette fusion, conséquence d’échanges culturels entre Amérique du Nord et du Sud, apportent une coloration inédite à la musique latine, celle des cuivres. C’est à la même époque que le terme salsa, qui signifie le mélange, la « sauce » en espagnol apparaît. Popularisé par Izzy Sanabria pour promouvoir les studios Fania, il regroupe le Guanguanco, le Son, le Bolero, le Mambo, le Cha Cha Cha, la Rumba, la Tumba… Ainsi, lorsqu’on parle de salsa aujourd’hui, il s’agit d’une musique aux quadruples influences cubaine, africaine, européenne et américaine. Ces multiples sources musicales proposent de nombreux points de coïncidence, lesquels ont inspiré la rencontre de deux ensembles : l’un baroque, Le Concert de l’Hostel Dieu, l’autre lié au répertoire de la salsa, Mango son.La première partie du concert met en lumière les multiples croisements concentrés dans la musique latine depuis le XVème siècle jusqu’à la fin du XIXème, dans la musique tant populaire que savante. Elle propose une approche originale et philologique de ce répertoire étonnant aux sources historiques de la salsa. En deuxième partie de soirée, c’est ce mélange de rythmes et d’harmonies aux origines plurielles appelé aujourd’hui salsa que nous offre Mango Son. Le répertoire du groupe est typique de la musique cubaine moderne développée au XXème siècle avec l’avènement du jazz.

Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb et ses navigateurs aperçoivent pour la première fois les côtes du Nouveau Monde. Seize jours plus tard, le 28 octobre, l’explorateur accoste une île qu’il nomme Juan, et qui porte aujourd’hui le nom de … Cuba. L’île devient alors une colonie espagnole qui retrouvera son indépendance seulement quatre siècles plus tard, en 1898. Alors que, de nos jours, il est aisé et rapide de rejoindre le Mexique ou le Guatemala en quelques heures d’avion, il en était tout autrement au XVème siècle. Le voyage du Portugal au Nouveau Monde était une aventure longue et périlleuse. Or, paradoxalement, les liens culturels entre l’Ancien Monde et les colonies étaient riches et intenses, contribuant à créer une culture musicale métissée.

Une culture musicale trans-continentaleL’installation des colons se met en place dès le XVIème siècle. Ces derniers, pour exploiter toutes les ressources de l’île, vont aussi la peupler d’esclaves, notamment de Yoruba, de Bantu et de Cango. Ils apportent avec eux leur religion et surtout leur musique, qu’ils pourront encore jouer lors de certaines fêtes autorisées. Les percussions, fabriquées avec de nouveaux matériaux trouvés sur place, et le rythme sont des fondamentaux de leur art musical. Se fondant avec la musique locale, ils font rapidement partie des caractéristiques majeures des musiques latines de Cuba et de ses alentours tels que la guaracha, la chumchumbre, le boléro, la rumba… Les colons quant à eux, voyagent avec leurs cultures espagnole et portugaise. Plus largement, ils apportent des harmonies et des formes européennes, notamment la contredanse. Originaire d’Angleterre, on la retrouve dansée par la Cour à Versailles, puis exportée en Espagne et en Amérique latine au travers des colonisations tant françaises qu’espagnoles, sous le nom de contredanza. D’autres formes et danses européennes furent adaptées et métissées, telles que la tumba francesa ou la habanera.

Un baroque métisséAvec les colons vinrent aussi des missionnaires. Afin de s’assurer de l’allégeance de ses nouveaux fidèles – indiens et esclaves noirs – l’Église catholique s’efforçait de les éblouir et de leur assurer une place active dans la pratique cultuelle. Aussi, les Maîtres de Chapelle, formés dans les meilleures cathédrales du Portugal ou de l’Espagne, composent-ils en « petit nègre » des pièces vocales appelées negritos, cousins américains des villancicos ibériques. Le résultat est étonnant : les sonorités baroques se mélangent au « swing » tout à fait africain des rythmes syncopés, les langues indigènes quechua et nahuatl se mélangent au portugais pour chanter Dieu sur un ton résolument païen. Le chantre de ce surprenant métissage, fruit de la rencontre de trois mondes – européen, africain, américain – s’appelle Gaspar Fernandes. Davantage que ses collègues, il se plut à fusionner des esthétiques musicales contrastées, des influences ethniques éloignées, et ce, plus de trente ans après les fulminations de Philippe II contre la culture indienne ! Gaspar Fernandes, natif d’Evora, est l’un des grands polyphonistes portugais. On pense qu’il traversa l’océan en 1599 pour être engagé à la cathédrale de Guatemala, puis à celle de Puebla en 1606. C’est là qu’il composera l’essentiel de son œuvre, dont les autographes se trouvent aujourd’hui à Oaxaca, réunis en un gros volume de parchemin renforcé de 284 folios, contenant pas moins de 301 compositions du maître lusitanien. Le manuscrit d’Oaxaca est intéressant à plus d’un titre : on y découvre la pleine mesure d’un génie prolifique, exubérant, capable d’inventions permanentes dans ces pièces majoritairement vocales, écrites de trois à huit voix. Toutes les formes musicales paraliturgiques sont représentées dans ce recueil où les motets voisinent avec les villancicos en diverses langues vernaculaires (espagnol, portugais, nahuatl negrito…).Un autre chantre du métissage musical latin, pour le genre instrumental cette fois-ci, est Santiago de Murcia. Ce guitariste de la cour d’Espagne arrive au Nouveau Monde au début du XVIIIème siècle. Les esclaves noirs ont apporté d’Afrique leurs traditions musicales, et celles-ci se mêlent avec les villancicos apportés par les maîtres de chapelles jésuites espagnols ou portugais. Ces deux cultures se lient progressivement pour créer un style créole protéiforme, hybride et coloré. Murcia s’en inspire pour

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A negro mais trindegadoNão faleis por coisa talQue não vira PortugalDe mandinga acompañadoQue se ele vem limparCavalos do português.Gui gui ri gui,Que negrito es- Não e !- Si es.

Cuando niño Dios naceLa etreya a lo neglo envia,Plotugal, pro vira mia,La Niño no conose,Y si venimo traera siñoCa bola português.Gui gui ri gui,Que negrito es- Não e !- Si es.

Petit nègre, pars chercherCelui des trois rois,Qui a choisi un dieuQui est portugais.Gui gui ri gui,C’est un petit nègre-Pas possible !-Mais si

Le noir le plus basanéN’a pas eu envieDe retourner au PortugalEntouré de sa magiePour venir lustrerLe cheval portugais.Gui gui ri gui,C’est un petit nègre-Pas possible !-Mais siQuand l’enfant Dieu est néL’étoile a été envoyée par un noir,Portugal, par ma foi,Ce que l’enfant ne savait pas,Et si nous apporterons, ou pasCe beignet portugais.Gui gui ri gui,C’est un petit nègre-Pas possible !-Mais si

TambalagumbáJuan Guterriez de PadillaTambalagumbáQue ya no gorioso naçiro yaTambalagumbé turuEn plosisione vamo a Bele.Aya huuchihaQue téne candelaLa nubalà.Y ya, y ya, y ya,Titilitando lo niño, yaA la porta de BeléneVenimo neglo cuntentaA haceu na plosisioneDelante la naçimenta.A lo neglo don JorgiyoQue dice tené opinióA ese habemo de rogá,Que nos lleve la pendó.A lo neglo don VicalioQue dice so más honrrazo,A ese habemo de rogáQue nos lleve lo sensario.A lo neglo don BiafraPues que tené bono cala,A ese habemo de rogáLa cluz de la cambada.[…]

TambalagumbáJe ne sanglote plus car l’Enfant est néTambalagumbé turuEn procession rendons-nous à Bethléem.Ayahu uchihaCelui qui a la lumièreNous éclaireraL’enfant Jésus tremble de froidY ya, y ya, y ya,Et sa mère bénie le réchauffe.Devant la crèche de BethléemNous les noirs accourons heureux,Et venons en processionHonorer la naissance.Don Jorgiyo le noirQue l’on dit fort sage,C’est à lui que l’on doitDemander de porter la bannière.Vicario le noirQue l’on dit fort honnête,

Negrito de CucurumbaGaspar FernandesEstribilloA negrito de CucurumbéVissicayno lo sà mia feQui vai buscan a mé¿ Y si cansarte ?Ma si qui cansame,Que preso hàrtameDe si pan qui dameQui trasi pañoliDe Santo Tomé.GurumbéCoplaSi dia piensasSi dia bebesMientes sangre de Dios esQue por eso tanto puedesQue vuelves hombre al revésCuando comas como debes.

RefrainNegrito de CucurumbéBiscayen, je le sais, ma foi,Qui part pour chercher moi- Et sans te fatiguer ?Ça oui eux me fatiguerCar prisonnier gaver moiDe c’pain qu’eux donner à moiQu’ces espagnols de Santo ToméEmportent avec eux.Gurumbé.CoupletSi un jour tu réfléchisSi ce jour-là tu boisTu te trompes : c’est le sang de DieuCar c’est pour cela que tu peux tant de chosesQue tu deviens un homme tout autre Lorsque tu mangeras comme il se doit.

Sà qui turo zente pletaanonymeSã qui turo zente pleta,Turo zente de Guine, he he !Tambor flauta e cassaeta,Y carcave na sua pé, he he !Vamos o fazer huns fessaO menino Manué, he he he !

Canta Bacião, canta tu Thomé,Canta tu, canta tu,Canta tu Flansiquia, canta Caterija,Canta tu, canta tu,Canta tu Flunando, canta tu Resnando,Canta tu, canta tu,Oya, oya.Turo neglo hare cantá,Ha cantamo e bayamoQue fesso ficamo,Ha tanhemo y cantamoHa frugamo e tanhemoHa tocamo pandero ha flauta y carcavéHa dizemo que bibaBiba mia siola y biba Zuzé !

Tous ici des gens noirs,Tous gens de Guinée, hé, hé !Tambour, flûte et castagnettes,Et grelots à leurs pieds, hé, hé !Nous allons faire une fêteEn l’honneur du petit Emmanuel, hé, hé, hé !Chante Sébastien, chante, toi, Thomas,Chante, toi, chante, toi,Chante, toi Françoise, chante Catherine,Chante, toi, chante, toi,Chante, toi Ferdinand, chante, toi RenandChante, toi, chante, toi.Ecoutez, écoutez.Tous les nègres savent chanter,Nous chantons et nous dansonsCar nous sommes libres,Nous jouons et nous chantonsNous nous amusons et nous jouonsNous jouons du tambourin, de la flûte et des grelotsNous lançons des vivatsVive Notre Dame et vive Joseph !

Negrinho tiray vósGaspar FernandesNegrinho, tiray vós laQue um dos reis tres,Voto a DeusQue é português.Gui gui ri gui,Que negrito es- Não e !- Si es.

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Solo de tresCouplet :Aïe ma jolie paysanneTu marchais dans la plantationEn bougeant tes hanchesAvec grâce et saveur au son d’une chanson.Refrain :Ma paysanne jolie jolie.Ma paysanne jolie jolie.Couplet :Avec tes chaussures de bacuPersonne ne foule le sol comme toi.Les fleurs poussentEt tapissent le champAux endroits où tu passes.Refrain :Ma paysanne jolie jolie.Ma paysanne jolie jolie.Couplet :Ma jolie paysanneMarchait dans la plantationMa petite jolie paysanneMarchait dans la plantation.Refrain :Ma paysanne jolie jolie.Ma paysanne jolie jolie.

Niña Panchahabanera traditionnelleNiña Pancha,Soy cubanita soySoy cubana.Soy de la playa hermosaDonde se agita mas, se agita masArmonioso el mar.Soy de la Isla,Si de la isla soy.De la dulce caña.De los cocuyos y del radiante sol.La niña Pancha ahy La niña siNo cesa de llorar.Porque su tierra ahy, Tiene que abandonar.La niña Pancha ahyLa niña SiNo cesa de llorar.

Porque si tierra ahy, tiene que abandonar.Arrr… Tiene Que Abandonar.

Petite fille Pancha,Je suis une petite cubaine, je le suisJe suis cubaine.Je suis de la belle plageOù il y a les plus belles vagues, les plus belles vaguesMer harmonieuse.Je suis de l’îleOui je suis de l’îleDe la douce canne à sucreDes vers luisants et du soleil radieux.La petite fille PanchaLa petite fille ouiElle n’arrête pas de pleurer.Parce que sa terre là-bas, Elle doit l’abandonner.La petite fille PanchaLa petite fille ouiElle n’arrête pas de pleurer.Parce que sa terre là-bas, elle doit l’abandonnerArrr… Elle doit l’abandonner.

BardotraditionnelCantantePara ti oye CantorLo que sufridoTan solo por quererteUn solo Dia.En esta me desprecia mi destinoMe da mucho dolor pues mi agoniaPues ya no que da lugar del alma miaQue no sufra la angustia y el martirio.Bardo que te lleve mi dolorBardo di si tienes Corazon.Bardo porque no sientes amor.No te quiero aunque estas arrepentidaYa que por fin mimente no reposaSolito con mi vieja en una chozaQuiero pasarme el resto de mi vida.Bardo que te lleve mi dolorBardo di si tienes CorazonBardo porque no sientes amor.CoroAlgundia tal vez me quierasAlgundia tal vez me quieras

C’est à lui qu’on doit demanderDe porter l’encensoir.Don Biafra le noir Qui est bon charpentier,C’est à lui que nous devons commanderLa croix de notre confrérie.[…]

La XaconaJuan AraniesCf Page 26

La GuajiratraditionnelPor el cañaveralIba una gujirita.Por el Cañaveral.Se ilumina la campiñaEn la tarde tropicalCuando se ve la guajiraCruzando el cañaveral.Cruzando el cañaveral.Estribillo :Mi Guajirita Linda Linda.Mi Guajirita Linda Linda.Copla :Mi Guajirita LindaIba por el cañaveralHay desnuda a la cabezaRozando sus cabellos el viento al pasar.Estribillo :Mi Guajirita Linda Linda.Mi Guajirita Linda Linda.Copla :Con sus traje de nansuNadie luce como tu.En la enramada se oye mi claveCuando la cantas tu.

Estribillo :Mi Guajirita Linda Linda.Mi Guajirita Linda Linda.Solo de tresCopla :Hay mi guajirita lindaIba por el cañaveralMoviendo la cinturaCon gracia y sabrosura el son de un cantar.

Estribillo :Mi Guajirita Linda Linda.Mi Guajirita Linda Linda.Copla :Con zapatos de bacuNadie pisa como tu.Brotan las floresSe alfombra el campoPor donde cruzas tu.Estribillo :Mi Guajirita Linda Linda.Mi Guajirita Linda Linda.Copla :Mi gujirita lindaIba por el cañaveralMi guajirita lindaIba por el cañaveral.Estribillo :Mi Guajirita Linda Linda.Mi Guajirita Linda Linda.

Dans la plantationPassait une paysanne.Dans la plantationLe champ s’illumineDans l’après-midi tropicalQuand on voit la paysanneTraverser la plantation.Traverser la plantation.Refrain :Ma paysanne jolie jolie.Ma paysanne jolie jolie.Couplet :Ma jolie paysanneMarchait dans la plantationLa tête dégagéeLe vent effleurant ses cheveux en passant.Refrain :Ma paysanne jolie jolie.Ma paysanne jolie jolie.Couplet :Avec tes habits nansoukPersonne ne brille comme toi.Dans ce berceau de verdure on entend ma claveQuand tu la chantes.Refrain :Ma paysanne jolie jolie.Ma paysanne jolie jolie.

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Que siñe la bacaloY vino la pestaniQue también era CaloY tuvo u la mala bajiHacer la destigacionY tuvo u la mala bajiHacer la vestigacion.Chalee la pregunta que le hizo el CalonCoroPorque lo Mato.Porque lo Mato.CantanteChalee la respuesta que le hizo el BurlonYo lo mare por ser tan CalonEl gitano saco la puca y le hizo.CoroEso no es razón.Eso no es razón.CantantePero que no que no que no que no que no.CoroEso no es razón.CantanteChonorito chonorito Chonorito Anton.CoroEso no es razón.CantanteY lo mato y lo mato.[…]

ChanteurIls ont tué le noir lippuIls ont tué le noir lippuAujourd’hui on pleure nuit et jourCar le petit noir lippuTout le monde l’aimaitCar le petit noir lippuTout le monde l’aimait.Et la police est arrivéeEt ils ont arrêté le meurtrierMais un des policiersQui était lui aussi lippuA eu la malchanceDe faire l’enquêteA eu la malchanceDe faire l’enquête.Et vous savez la question qu’il a posée au meurtrier ?

Pourquoi l’avez-vous tué, dites la raison,Et savez-vous la réponse que lui a donné le meurtrier ?Je l’ai tué parce qu’il était trop lippu !Le garde s’est caché les lèvres et lui a dit :ChœurCe n’est pas une raisonCe n’est pas une raisonChanteurIls ont tué le gitan tsiganeIls ont tué le gitan tsiganeMesdames Messieurs quelle peineCar le petit gitan tsiganeTout le monde l’aimaitCar le petit gitan tsiganeTout le monde l’aimait.Et la police est arrivéeEt ils ont arrêté le meurtrierEt un des policiersQui lui aussi était gitanA eu la malchanceDe faire l’enquêteA eu la malchanceDe faire l’enquête.Savez-vous la question que le policier gitan a posée ?ChœurPourquoi l’avez-vous tué ?Pourquoi l’avez-vous tué ?ChanteurSavez-vous la réponse que lui a donnée le meurtrier ?Je l’ai tué parce qu’il était trop gitanLe gitan a sorti son flingue et a tiré.ChœurCe n’est pas une raison.Ce n’est pas une raison.ChanteurMais non, mais non, mais non, mais non.ChœurCe n’est pas une raison.ChanteurPetit petit petit gitan.ChœurCe n’est pas une raison.ChanteurEt il l’a tué et il l’a tué.[…]

CantanteYo no te quiero mas Nunca.CoroAlgun dia tal vez me quieras.CantanteMujeres como tu merecen que se mueran.CoroAlgun dia tal vez me quieras.CantanteEsa maldita ingrata bandolora.CoroAlgun dia tal vez me quierasCantanteYo No te quiero mas nunca.CoroAlgun dia tal vez me quieras.[…]

SolistePour toi, écoute chanteuseComme j’ai souffertSeulement pour t’avoir aiméeUn seul jour.A cause de ça mon destin me mépriseIl me fait souffrir et pire me fait agoniserIl ne reste plus de lieu pour mon âmeQui ne ressent l’angoisse et le martyre.Barde prends ma douleurBarde dis si tu as un cœurBarde pourquoi ne ressens-tu pas d’amour.Je ne t’aime pas même si tu t’es repentieAu final mon esprit ne se repose pasTout seul avec ma mère dans une cabaneJe veux passer le reste de ma vie.Barde prends ma douleurBarde dis si tu as un cœurBarde pourquoi ne ressens-tu pas d’amour.ChœurUn jour peut-être tu m’aimerasUn jour peut-être tu m’aimerasSolisteJe ne t’aimerai plus jamaisChœurUn jour peut-être tu m’aimerasSolisteLes femmes comme toi méritent de mourir

ChœurUn jour peut-être tu m’aimerasSolisteEspèce de bandit maudite et ingrate ChœurUn jour peut-être tu m’aimerasSolisteJe ne t’aimerai plus jamaisChœurUn jour peut-être tu m’aimeras[…]

Negro BembóntraditionnelCantanteMataron al negro BembónMataron al negro BembónHoy se llora noche y díaPorque al negrito BembónTodo el mundo lo queríaPorque al negrito BembónTodo el mundo lo quería.Y llegó la policíaY atraparon al matónPero habia un policía,Que también era BembónLe tocó la mala suerteDe hacer la investigaciónLe tocó la mala suerteDe hacer la investigación.Y saben la pregunta que le hizo al matónPorque lo mato diga usted la razon,Y saben la respuesta que le dio el matón¡ Yo lo maté por ser tan Bembón !El guardia escondió la Bemba y le dijo :CoroEso no es razón.Eso no es razón.CantanteMataron al Gitano AntonMataron al Gitano AntonHay señores que penitaPorque al Gitanito AntonTodo el mundo lo queriaPorque al Gitanito AntonTodo el mundo lo Anelaba.Y llego la Pestani

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programme• 1ère partieChœur : Arma, caedes, vindictæ, furoresHolopherne - récitatif : Felix en fausta diesHolopherne - air : Nil arma, nil bellaVagaus, Holopherne - récitatif : Mi Dux, Domine mi…Vagaus - air : Matrona inimicaHolopherne - récitatif : Huc accedat MatronaJudith - air : Quocum Patriae me ducit amoreAbra - récitatif : Ne timeas non, laetareAbra - air : Vultus tui vago splendoriAbra, Judith - récitatif : Vide, humilisprostrataChœur, Vagaus - air : O quam vaga, venusta, o quam decoraVagaus - récitatif : Quem vides prope aspectuVagaus - air : Quamvis ferro, et ense gravis

Holopherne, Judith - récitatif : Quid cerno ! Oculi meiJudith - air : Quanto magis generosaHolopherne, Judith - récitatif : Magna, ô foemina petiHolopherne - air : Sede, o caraHolopherne, Judith - récitatif : Tu Judex es, tu Dominus, tu potensJudith - air : Agitata infido flatuHolopherne - récitatif : In tentorio supernaeChœur, Vagaus - air : O servi, volateVagaus - récitatif : Tu quoque hebraica ancillaJudith - air : Veni, me sequere fidaAbra - récitatif : Venio Juditha, venio animo faveAbra - air : Fulgeat sol frontis decoraeAbra - récitatif : In Urbe interim piaChœur : Mundi Rector de Caelo micanti

distributionMajdouline Zerari, Juditha

Estelle Béréau, VagausSarah Jouffroy, Abra

Dina Husseini, HolofernesAnthéa Pichanik, Ozias

Orchestre et chœur d’oratorio du Concert de l’Hostel DieuFranck-Emmanuel Comte, clavecin & direction

Paul Agnew, conseiller vocal

lundi 17 juin à 20h30mardi 18 juin à 20h30

Judith Triomphante, VivaldiLe baroque victorieux !

Église Saint-Bruno-les-Chartreux56,ruePierreDupont,Lyon1°

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comme le soulignent les nombreux et chaleureux témoignages de contemporains tels que Jean-Jacques Rousseau, Johann-Wolfgang von Goethe, le Président de Brosses ou encore Charles Burney. Ces témoignages contribuent à façonner une sorte de légende. Le chœur de l’Ospedale della Pietà compta en moyenne soixante-quinze musiciennes, appelées figlie di coro. Elles étaient toutes choisies, à l’origine, parmi les orphelines de l’institution. Par la suite, le recrutement des jeunes filles se fit de plus en plus sur des critères de talent et non de pauvreté et c’est ainsi qu’au XVIIIème siècle, le chœur n’était plus constitué uniquement d’orphelines, bien au contraire. Très protégés du monde extérieur, on ne pouvait entendre les « divins anges » musicaux que derrière des grilles où seules l’oreille et l’imagination étaient sollicitées. C’est donc pour ces jeunes musiciennes que Vivaldi composa de nombreuses pièces, notamment la Juditha triumphans. Aujourd’hui elles sont, la plupart du temps, interprétées par des chœurs mixtes, souvent pour des raisons de commodité. En choisissant un ensemble vocal exclusivement féminin et donnant ainsi une version plus musicologique de cet oratorio, Franck-Emmanuel Comte et Le Concert de l’Hostel Dieu cherchent à restituer l’ambiance particulière de l’Ospedale della Pietà, sans oublier la texture sonore particulière ainsi obtenue. Les harmonies « serrées » – caractéristiques des chœurs à voix égales – mettent en lumière de très belles parties intermédiaires qui, sans cet arrangement, seraient restées cachées. Cette couleur vocale ainsi restituée permet donc de conserver la totalité des lignes mélodiques de Vivaldi. Pour aller plus loin dans cette reconstitution tant musicologique que philologique, les soli de la Juditha triumphans, parfois d’une grande virtuosité et demandant une technique vocale importante, sont exécutés, de la même façon qu’à la Pietà, par de jeunes solistes professionnelles en début de carrière. En amont des représentations, ces solistes ont travaillé sous la conduite de Paul Agnew. Chef associé des Arts Florissants et tout particulièrement attaché à la formation des nouvelles générations de musiciens baroques, il co-dirige l’Académie des Arts Florissants pour les jeunes chanteurs, Le Jardin des Voix, et dirige régulièrement l’Orchestre Français des Jeunes Baroque.

Une orchestration originaleFresque concertante et colorée, la Juditha triumphans révèle une orchestration incroyablement imaginative et diversifiée. L’habituel pupitre de cordes (violons, altos, violoncelles et contrebasse) est enrichi d’une viole d’amour et de viole all’Inglese, tandis que les vents sont présents en grand nombre : flûtes à bec et hautbois, mais aussi trompettes, clarinettes et ce mystérieux salmoé, terme italien pour chalumeau. Le continuo utilise aussi un large panel de timbres : plusieurs théorbes, un clavecin et un orgue. Pour finir, il ne faut pas oublier la présence du timbre percussif et guerrier des timbales et des trompettes. L’instrumentarium extraordinaire de Vivaldi a ici un rôle très descriptif. Parmi les nombreux exemples que l’on pourrait citer, il y a celui de l’utilisation des timbales qui ouvrent l’oratorio, accompagnant le chœur militaire des soldats en guerre. Dans l’air de Judith « Veni, veni, me sequere fida », le chalumeau imite le chant d’une tourterelle, symbole de la fidélité conjugale de l’héroïne à son défunt époux. C’est aux théorbes que revient le rôle de décrire l’agitation de la préparation du banquet. Les variations nombreuses et les contrastes que permet une telle orchestration créent une narration. De la même manière que l’harmonie, la tonalité, le rythme ou encore l’allure, l’instrumentation et ses timbres si variés est un outil qui permet de porter le texte, d’en exprimer le caractère et le sens. D’autre part, on comprend que l’orchestration soit aussi porteuse d’exigences musicales et techniques qui peuvent expliquer que ce chef-d’œuvre soit si rarement donné. Cela fait de chaque interprétation un véritable événement artistique et musicologique.

• 2ème partieOzias - récitatif : Summi Regis in menteOzias - air : O Sydera, o stellaeOzias - récitatif : Jam servientis in hostemHolopherne - récitatif : Nox in umbra dum surgitHolopherne - air : Nox oscura tenebrosaHolopherne, Judith - récitatif : Belligerae, meae sortiJudith - air : Transit ætasHolopherne, Judith - récitatif : Haec in crastinum serva : Ah, nimis vereHolopherne - air : Noli o cara te adorantisJudith, Holopherne - récitatif : Tibi dona salutisChœur - air : Plena nectare non merHolopherne - air : Tormenta mentis tuas fugiant a cordeJudith - air : Vivat in pace, et pax regnet sincera

Judith - récitatif : Sic in Pace inter hostesVagaus - air : Umbrae carae, aurae adorataeVagaus, Judith - air : Quae fortunata es tu vaga MatronaAbra - air : Non ita reducemAbra - récitatif : Jam, pergo, postes claudoJudith - récitatif : Summe Astrorum CreatorJudith - air : In somno profundoJudith - récitatif : Impii, indigni TiranniJudith, Abra - récitatif : Abra accipe munusAbra - air : Si fulgida per teVagaus - récitatif : Jam non procul ab axeVagaus - air : Armatae face, et anguibusOzias - récitatif : Quam insolita luceOzias - air : Gaude felixOzias - récitatif : Ita decreto aeternoChœur - air : Salve invicta Juditha formosa

Judith triomphante : contexte historique et musicologiqueNabuchodonosor, roi d’Assyrie, décide d’envoyer une armée contre Israël, car le pays a refusé de payer un impôt levé pour financer une guerre contre les Mèdes. Menée par Holopherne, suivi de son fidèle serviteur Vagaus, l’armée assyrienne assiège la ville de Béthulie. Afin de sauver sa cité, Judith, une jeune veuve accompagnée de Abra son esclave, imagine un plan. L’oratorio de Vivaldi débute lorsqu’elle se rend dans le camp d’Holopherne afin d’implorer la paix. Celui-ci tombe alors sous le charme de la jeune fille et la retient, organisant une fête en son honneur. Les festivités terminées, Holopherne, ivre, s’écroule endormi. Judith en profite alors pour le décapiter et s’enfuit vers Béthulie où elle est accueillie victorieuse et triomphante. Voici le synopsis du seul oratorio d’Antonio Vivaldi dont la partition nous est connue à ce jour, la Juditha triumphans. C’est en 1716 qu’il le compose, pour les instrumentistes et les chanteuses de l’Ospedale della Pietà, alors qu’il y remplace momentanément le maestro di coro dont la fonction est de composer des pièces vocales sacrées pour la chapelle. Vivaldi enseigne déjà à la Pietà depuis 1703, année de son ordination, en qualité de professeur de violon puis de maestro dei concerti (compositeur instrumental et chef d’orchestre). Le manuscrit de cet ouvrage est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque nationale universitaire de Turin. Il fut découvert tardivement, dans les années 1920, au collège de San Carlo à Borgo San Martino, avec les manuscrits de nombreuses autres pièces vocales très variées : cantates, sérénades, psaumes, hymnes, antiennes, motets… La découverte de ces volumes originaux révèle un pan de l’œuvre de Vivaldi inconnu jusqu’au début du XXème siècle, celui de la musique sacrée vocale : l’artiste italien apparaît, dès lors, comme un compositeur majeur de musique d’église.

La distribution vocaleIl y avait, depuis le XIVème siècle, quatre ospedali à Venise, célèbres pour la qualité des concerts que donnaient les orphelines qui y étaient recueillies. Ces institutions étaient à la fois des hôpitaux, des hospices, des orphelinats pour filles, mais aussi des centres musicaux de haut vol. Parmi elles, c’est l’Ospedale della Pietà, où enseigna Vivaldi de 1703 à 1738, qui apparaît comme le plus illustre,

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Envers toi, ô charmante.Ton sort et ta destinée sont entre tes mains,Il n’éprouvera nulle colère à ton égard,Car tes pupilles sont des étoiles.Holopherne et Judith : récitatifHolopherneQue perçois-je ! Mes yeuxInterdits, que voyez-vous là !La splendeur du soleil et des cieux ! Ah ! la sublime enfant,La lumière de ses yeux triomphe de la lumière du soleil.Préparez des trophées pour nos invités,Épandez des fleurs,Et que les tendres Amours aillent à la rencontre de leur déesse.JudithRoi tout puissant, vaillant soldat,Cœur du Roi Nabuchodonosor, qui détientEn ses mains la puissance suprême, quiCommande la fortune et le sort,Et le pouvoir den lequel réside toute justice.HolopherneÔ combien est plus aimable la vertuQuand elle est exprimée par des lèvres si exquises !Que veux-tu, toi si charmante qui me supplies ?JudithCe n’est pas pour moi, mais pour ma Patrie,Je prie pour retrouver l’espoir et la liberté,Et je t’implore de ramener la paix en Béthulie.Judith : ariaQu’y-a-t-il de plus noble que la miséricorde,Le conquérant en verra sa gloire accrue,Et sera béni par le vaincu s’il l’éprouve.Ô comme ta puissance serait

magnifique,Si elle était tempérée par ta clémence !Épargne-nous, Ô Roi, et allège notre amertume.Holopherne et Judith : récitatifHolopherneTu demandes beaucoup, ô femme,Quand même tu demanderais plus, tu l’obtiendrais !Mais je te serai toujours redevable.Ô tambours, faites silence,Retirez-vous, ô phalanges,Abandonnez à mon amour, abandonnez à cette invaincue,Vos torches, vos lances, vos flèches,Et vos impies machines de guerre sur le champ de bataille,Soyez heureux de partager ma satisfaction.Assieds-toi ici, douce amie.JudithPareil honneur Ne devrait être accordé à ta servante.HolopherneC’est toi qui m’honores.JudithJe te suis dévouée.HolopherneAssieds-toi ici.JudithJe ne dois pas, nonHolopherneJe te l’ordonne, telle est ma volonté.Holopherne : ariaAssieds-toi, toi qui m’es chère,Précieuse et charmante vision,Ma rose vive,Ma lumière ardente,À toi, par Mars triomphant,À toi, par ton valeureux amant,Paix belle entre toutes.Judith et Holopherne : récitatifJudith

Tu es Juge, tu es Maître, tu es souverainDe cette armée redoutable, et que tes troupes victorieusesSoient toujours vues favorablement des astres.HolopherneJe suis heureux grâce à toi, et je serai plus heureuxSi, pendant que repose dans les flotsLa lumière d’Apollon, tu me fais l’honneurD’être ma convive,Afin de pouvoir mieux célébrer avec toi la solennitéDe cette paix désirée et chérie.JudithAu festin ou au banquet,Mes lèvres sont engourdies,Accoutumées au jeûne :Triste, ne manifestant nul plaisirDans la nourriture,Mon âme chagrine ignore tout de ces délices.Judith : ariaAgitée par le souffle inconstant du ventPendant son long vol,L’hirondelle vagabonde est affligée,Elle déploreSon ignorance du bonheur.Mais sous l’impulsion d’une brise sereine,Elle oublie vite ses peines.Dans la douceur du nidQu’elle affectionne,Elle rit de joie, ne convoite nulle autre joie.Holopherne : récitatifDans ma tente,Que la meilleure table soit dressée.Tout ce qui nage dans le Pont,Toute la nourriture du ciel et de la terre,Rien n’est trop précieux pour toi.Maintenant, tu es notre ReineQue toi, Vagaus, tu serviras,Que te sois apporté le suave don de Lyaeus.

PREMIÈRE PARTIEChœur (Les soldats combattent au son des tambours de guerre)Que les armes, les carnages, la vengeance,La colère, la terreur et la nécessitéNous précèdent.Dans la fureur,Livrez bataille,Ô sorts de la guerre,Puissiez-vous déchaînerMille plaies,Mille morts.Holopherne : récitatifHeureux soit ce jour propice,Ô héros magnanimes et aimés des dieux : Le sort, les astres et les cieux sont avec vous.Voici qu’après bien des années, enfinS’est levée la lumière désirée, la lumière convoitéePar où vous serez grands en votre Chef,Par où votre Chef sera grand en vous :La Victoire sera également vôtre,Et votre Roi recevra Honneur et Gloire.Holopherne : ariaÀ quoi servent les armes, à quoi sert la guerre,Qu’est-ce donc que la fureur de la guerre,Si le cœur du guerrierEst abattu.S’il combat dans l’espérance,Alors sa vaillance dans la batailleS’affermira dans cette espérance.Vagaus et Holopherne : récitatifVagausÔ Seigneur, mon Maître…HolopherneEt que demandes-tu ?Vagaus Je t’apporte à l’instant de bonnes nouvelles.

Holopherne Quelle heureuse fortune m’annonces-tu ? Vagaus Rien qui n’ajoute considérablementÀ ta gloire,Et, en vérité, un suave prodigeÀ tes yeux.Holopherne Parle…Vagaus : ariaUne matrone ennemieS’est enquis de toi auprès de notre armée,Grand Chef Holopherne.Et bientôt, crois-moi,Elle sera ton amieSi seulement tu poses les yeux sur elle.Holopherne : récitatifHolopherneQue la Matrone approche, et quand bien mêmeElle serait la Bellone hébraïque des armées de Mars.À Béthulie, nos ennemisSont réduits à la misère, plongés dans la détresse : Partout, tristesse, partout, clameurs de rage. Ici, l’un peine,Ici, l’un gémit, là, l’autre s’afflige ; tous souffrent ;Rien d’autre que la crainte, la déreliction,La lâcheté, le désespoir, l’affliction, le dénuement,Et les larmes en abondance.Vagaus Viens noble femme,Vaillante guerrière, dont les yeux et le portRavissent qui te voit. Et approche avec la fierté de ta race.Judith : ariaC’est l’amour de la Patrie qui m’animeEt le désir si doux de liberté,Guidés par la lumière du firmament,

Que mes pas aillent en sûreté parmi les soldats.Abra : récitatifN’aie crainte,Réjouis-toi, chaste veuve bénie des dieux,Tu recevras les présents que mérite ta vertu.Abra : ariaDevant la splendeur éclatante de ta personne,La colère s’évanouit, l’amour sourit.Et en ton insigne honneur,Une clameur joyeuse s’élève de tous côtés.Abra et Judith : récitatifAbraVois comme ces gens, bien qu’armés,Se prosternent en toute humilité,Impressionnés par ta prestance.JudithSans plus tarder, à HolopherneMenez-moi, valeureux soldatsJe viens en messagère de paix,Et non de guerre.Vagaus et ChœurComme tu resplendis, ô charmante, comme tu es belle,Ô notre unique et véritable espoir de victoire.Honore de ta présence la tente du chef,Fais toute confiance à Holopherne, et espère.Vagaus : récitatifCelui que tu vois près de toi,Si terrible dans son abord, et pourtant si plaisant,Est celui que tu recherches : avec amour et foi,En celui-là même, espère, belle Sion, et aie confiance.Vagaus : ariaSi redoutable soit-il avec son glaive et son armure,Il n’en sera pas moins un seigneur doux et aimant

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Vaincue par ta splendeur.Holopherne, Judith : récitatifHolopherneJe t’en prie, ô mon aimée,Pardonne à mes soldats :Ces mets sont indignesD’une invitée aimée des dieux.

JudithMais c’est un signe de la magnanimité de ton cœur.Holopherne Mon cœur magnanime sera à toi,Pourvu que tu crois que j’adore ton cher visage.JudithNulle autre image que celle de DieuNe doit être vénéréePar une créature sur terre.HolopherneC’est ton allure si splendide qui me pousseÀ de telles extrémités.JudithQuelle que soit cette splendeur du visageElle n’est que poussière, ombre et néant.Judith : ariaLa vie passe,Les années s’envolent,De nos infortunesNous sommes la cause.L’âme vit, immortelle,Cependant que l’amour,Et la passion ne sont que fumée.Holopherne, Judith : récitatifHolopherneGarde ces paroles pour demain : Ah, plus je ressens les feux de l’amour,Plus je sens mes entrailles dévorées par le feu.JudithModère la chaleur de ta passion,Vaillant souverain, fuis-en la flamme…

HolopherneJe brûle…Judith Je vais m’en aller…HolopherneNon, chère Judith.Holopherne : ariaN’éconduis pas, ô chère,Les vœux d’un souverain qui t’adore,Et apprends à ne pas te dérober, du moins,Aux ardeurs d’une âme aimante.Judith, Holopherne : récitatifJudithJe prie les cieuxDe t’accorder la paix, Ô Roi.HolopherneQu’il en soit ainsi : en buvant,J’espère être sauvé par toi,Et si tu m’aimes, je serai ton salut.ChœurEmplies non de vin fin mais de nectarSont les coupes d’or ; tendres amours,Couronnez-les de myrte et de roses.Et dans une joie mutuellePuisse l’amour de ces êtres divinsProspérer en une douce flamme.Holopherne : récitatifPuissent les tourments être bannis de ton cœur,Et, levant le calice, je dis : que viveLa gloire de Judith et, quand sera éteint le flambeauDe la guerre, que vive par toi, l’amour en paix.Judith : ariaQu’il vive en paix, et que la paix sincère règne,Et que la torche de l’amour paraisse à Béthulie.Dans la paix se trouve toujours le vrai bonheur,Que les guerres ne soient plus

cause de douleur.En la paix, place tout ton espoir, mon âme.Puisque la paix est le remède à notre affliction.Dans la paix, Dieu bon, tu accomplis tout,Et tu chéris les fruits de la paix.Judith : récitatifAinsi en paix parmi les ennemis,Puisse ma patrie rester inviolée.Mais que vois-je là ! Holopherne,Enivré par son vin, dort à table !Je vais me lever. Vers mon souverain.Accourez, ô serviteurs : viens, Abra,Demeurons ici, dans la tente,Pendant que dort notre ennemi,Veillons et prions Dieu.Vagaus : ariaOmbres chéries, brises enchantées,Soufflez doucement sur lui ;Quand le Maître dort,Que tous fassent silence.Du fardeau des soucis En un suave sommeil,Que son âme soit apaisée.Vagaus, Judith : récitatifVagausQuelle chance tu as, belle Matrone.Qui triomphas d’un roi aussi hardi.Et conquis le conquérant de ses ennemis.JudithC’est l’œuvre du Roi des cieux qui régit les rois,Et puisse la miséricorde de Dieu exaucerLes soupirs et les vœuxDe mon cœur dévoué.VagausQu’il se repose bien sur le lit,Je vais desservir la table, et ici, belle JudithPuisses-tu goûter la joie d’être seule avec notre souverain,

Vagaus et Chœur : ariaVagausÔ serviteurs, volez,Et pour mon maîtrePréparez sans retard le festin,Car la nuit tombe.Pour Holopherne l’invaincu,Nous chantons tour à tour,Pour l’honneur, pour l’amour,Que nos voix résonnent en une même harmonie.ChœurPour l’honneur, pour l’amour,Que nos voix résonnent en une même harmonie.Vagaus : récitatifVagausÀ toi aussi, servante des Hébreux,Notre contentementApportera joie et paix en ton cœurAbraComme il parle avec audace,Avec la même audace que mon Maître.Hâtons-nous, Judith : partout et toujours,Espérant avec toi dans les astres,Je serai la compagne fidèle de ma maîtresse.Judith : ariaViens, viens, suis-moi, fidèle et Aimée Abra, privée d’époux comme moi.Comme la tourterelle, je compatis avec toi.En ce sort funeste, tu es mon amicale confidente.Lorsque ce sort funesteSera accompli,Je deviendrai ta compagne dans la joie.Abra : récitatifJe viens, Judith, je viens : courage,À ton amour, crois-moi, rien de pénible n’arrivera.Abra : aria

Que resplendisse ton merveilleux visage,Et que de tes pupillesS’éloigne la triste rosée de l’Aurore.Aime-le, languis-toi, feins l’ardeur ;Si notre cause peut être favoriséePar tes feux.Abra : récitatifPendant ce temps en notre pieuse Cité,J’entends des voix incertaines, la brise légèrePorte le murmure de ton vœu, et, je le crois, de ta gloire.D’une même voix implorent et prientLes vierges de Juda, inquiètes de leur sort.ChœurÔ souverain du monde, des cieux étincelants,Entends les prières et accepte les vœuxQu’un cœur dévoué, combattant de ta causeT’offre avec piété.En Judith, qui s’est offerte à toi,Attise la douce flamme de ton amour,Subjugue ainsi la barbarie ennemie,Dirige sur la Béthulie l’espoir de paix.Reviens, reviens victorieuse, combattantEn cilice et en prière, tu revis,Toi qui triompheras aujourd’hui d’Holopherne,Pieuse Judith, puisses-tu vivre à travers les siècles.

DEUXIÈME PARTIEOzias : récitatifDans ma mémoire, je détiensTous les secrets du plus grand Roi : la fin desEnnemis tyranniques, des guerriers sans foi

Est proche, grâce aux cieux,Je prévois cette issue irrémédiable. Dieu d’Abraham,Tu es le Dieu des armées, formidable dans la guerre,Que ton nom,Que ta main droite disperse l’ennemi.Nous te prions, nous tes fidèles. Qu’à ta gloireS’ajoute cette nouvelle victoire de ceux qui t’honorent.Ozias : ariaÔ Astres, ô étoiles,Par cette lune décroissante,Soyez des flambeauxFunestes aux ennemis.En cette nuit bénie,Seront détruits les ennemis impies,Pour qu’au lever du soleil,Ils soient tous morts.Ozias : récitatifMaintenant, les prières deNotre vertueuse Judith, en ce moment mêmeCombattant l’ennemi, ont été entendues des cieux,Elle reviendra bientôt, triomphante,Et, privée de son chef, cette maudite race s’éteindra.Holopherne : récitatifLes ombres nocturnes maintenant s’avancent,Le soleil étincelant s’abîme dans la mer ;Mais toi, belle Judith,Mon éclatant soleil, en ces aveugles ténèbres,Relève-toi devant moi, dans ta splendeur.Holopherne : ariaLa nuit sombre et ténébreusePour toi resplendit de lumière,Dans une merveilleuse splendeur,Et nulle Aurore, à la lumière nouvelle ne paraîtra,Quelque rayonnante, quelque belle qu’elle soit,

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A venger le meurtre de notre souverain.Ozias : récitatifAvec quelle lumière insolite,Surgit l’Aurore des entrailles de la terre,Ceinte de fleurs mouillées de rosée !Ô comme ce jour nous sourit de bonheurPlein d’une joyeuse lumière !Elle arrive, elle arrive enfin,(Je l’aperçois au loin, courons vers elle.)Judith arrive, elle arrive,Et Judith est triomphante. Avec quelle joieJe t’embrasse, fille élue :Souverain Dieu,Vois comme mon âme exulte en toi.Ozias : ariaSois heureuse, fortunéeBéthulie, réjouis-toi,Console-toi,Cité profondément affligée.Tu es aimée des cieuxEt du sort,Jamais les ennemis ne pourront triompher de toi.Ozias : récitatifAussi par décret éternel,Je déclare que Venise, la Ville de la Mer,Sera inviolée,Tout comme en Asie contre l’impie tyran Holopherne,La Cité Vierge sera toujours défendue par la grâce de Dieu.Elle sera une nouvelle Judith,Et le Pasteur priera pour son peuple,Et le fidèle OziasMaintiendra la vraie foi de sa Béthulie.Allons ! Filles de Sion,Hâtez-vous de célébrer avec gloireLa victoire espérée.Et, avec dévotionAu son des psaltérions,

Applaudissez Judith triomphante.ChœurSalut, superbe et victorieuse Judith,Splendeur de notre patrie, espoir de notre salut,Toi, le modèle souverain de la vraie vertu,Sois à jamais, de par le monde, glorieuse.Le barbare Thrace ainsi défait,La reine de la mer triomphera,Et le courroux divin ainsi apaisé,Qu’Adria vive et règne en paix.

Et apaiser l’angoisse de ton cœur.Mais voici que vient ta servante,Je me hâte à présent de m’en aller,Et te laisse seule avec ton amour.JudithTe voilà à propos, ô fidèle, Tiens-toi prêteLe temps de notre gloire est venu,L’heure de la victoire tant attendue.AbraQue ton entreprise soit couronnée de succès,Et pour toi, ô ma Judith,Comme pour ta patrie, tu seras la sourceDu salut, et de la vie.JudithIl suffit : clos la porte,Ne laisse entrer âme qui vive,Embrase ton cœur d’une ferveur céleste,Et attends en silence la preuve de ma victoireAbra : ariaL’enfant qui revient chez lui,Saisi par le vent glacial,N’est pas attenduAvec plus de ferveurPar sa mèreQue je ne t’attends.Mais la peine d’un cruelBien que bref contretempsTourmente grandementL’âme aimanteQui craint et espère.Abra : récitatifMaintenant, je m’en vais, je referme la tente,Et j’attends, en priant pour toi, le retour de notre héroïne.Judith : récitatifSouverain Créateur des Astres,Qui fis tout surgir du néant,Et, pour que nous soyons tes serviteurs,Nous fis à ton image,Père miséricordieux dans les

cieux,Puissant Dieu du monde,Qui à la victorieuse Yaél,Ou à la pugnace Déborah, donnas force, entendsNotre prière et efface nos péchés,Et, que ta puissante main droite,Prête une force suffisante à ma main droite pusillanime.Judith : ariaSi dans un profond sommeil.Quelqu’un est plongé,Il perd sa vigilance,Celui qui dort en votre pouvoir.Que celui-ci soit vidé de son sang.Et que ce sang giclantM’apporte la gloire.Judith : récitatifJe découvre le glaive de l’impie et indigne tyranSuspendu à la tenture de son lit,Je le prends et porte un coup à la poitrine d’Holopherne,Et tranche en ton nom,Seigneur, sa tête funeste.Adieu, ô tente protectrice,Que soit à jamais réputée dans le ciel et sur la terreLa haute victoire acquise en votre asile.Judith, Abra : récitatifJudithAbra, Abra, prends ce que je te donne,Place-le dans ton petit sac et, fidèle servante,Suis-moi, avec hâte,Et que la main miséricordieuse de DieuNous conduise en sûreté hors du camp.AbraQue vois-je ? Ô miracle ! Tu as tranchéLa tête du terrible monstre,Et, du même coup, les as tous vaincus.Allons, vite, allons,

Et rendons mille, mille grâces à Dieu.Abra : ariaSi par toi resplenditLa lumière bénie des cieux,Si par toi rayonnent en nos âmesLa bienveillante paix et le doux espoir,Au seul GuideÀ celui qui ne fut pas crééNous devons notre paix et notre gloire.Il enflamma nos cœurs,Renforça la vigueur de notre bras,Et notre victoireEst un don de sa main.Vagaus : récitatifMaintenant, à l’est,Se lève l’Aurore prochaine ; dans le firmament, de raresÉtoiles scintillent ; dans la tenteVacille une lumière incertaine.La tente est ouverte mais je ne vois personne.Mais ah, ah, que perçois-je ?Du sang partout répandu !Ah, quelle vision effroyable !Le corps de mon maître gît, exsangue.Venez-ici, soldats,Debout, ô serviteurs, sentinelles, ne dormez pas.C’en est fait de nous :Béthulie nous a échappé et Holopherne a été tué.Ah, pleurons, malheureux que nous sommes tous, tous,Et vengeons le meurtre de notre souverain.Vagaus : ariaArmez-vous de vos torches et de vos serpents !De votre sombre et funeste royaume,Redoutables compagnes,Furies, venez à nous.Par la mort, le fouet, le carnage,Apprenez à nosCœurs irrités

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Artistes Franck-Emmanuel ComteChef d’orchestre et claveciniste, Franck-Emmanuel Comte dirige Le Concert de l’Hostel Dieu depuis sa création. Spécialisé dans le répertoire baroque, il a dirigé plus de 1 000 concerts en France et en Europe. Il collabore régulièrement avec diverses institutions musicales. C’est lycéen qu’il fait connaissance avec la musique baroque. Il a le privilège de chanter la Messe de Minuit de Charpentier à Saint-Pierre de Rome avec la Maîtrise de la cathédrale de Dijon. Après avoir obtenu plusieurs prix (direction, composition, chef de chant) du CNSMD de Lyon, il devient l’assistant de Bernard Têtu auprès du Chœur de l’Orchestre National de Lyon et appréhende la globalité du répertoire choral. Mais c’est définitivement le Siècle des lumières qui retient son attention avec la création en 1992, à l’instigation de médecins de l’Hôtel-Dieu de Lyon, du Concert de l’Hostel Dieu. Après un détour par l’univers lyrique comme chef des chœurs de l’Opéra de Nantes, Franck-Emmanuel consacre l’essentiel de son temps au répertoire vocal des XVIIème et XVIIIème siècles, en assurant à plein temps la direction du Concert de l’Hostel Dieu. Passionné d’art vocal, il crée à la fin des années 90, l’Atelier Vocal du Concert de l’Hostel Dieu. Parallèlement à ses recherches autour de manuscrits inédits et de l’interprétation du répertoire baroque, il s’intéresse aux cousinages stylistiques entre différentes cultures et aux correspondances spirituelles entre musiques de l’écrit et répertoires de l’oralité. Il invite ainsi le chœur corse Tavagna à partager un programme de Laudes mariales italiennes, l’ensemble Marrackchi Joussour à venir mêler ses noubas arabo-andalouses aux polyphonies de Charpentier, l’ensemble napolitain Neapolis à associer ses tarentelles aux Vêpres des grands maitres napolitains ; autant de rencontres qui viennent nourrir l’envie d’ouverture, de créativité et d’échange artistique. Franck-Emmanuel est également invité à diriger diverses formations telles que l’Orchestre de l’Université d’Auckland, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Ensemble Orchestral Contemporain, le Centre de formation lyrique de l’Opéra de Paris, divers chœurs et maîtrises françaises… Il est également directeur musical du Festival Musicales en Auxois et du Centre Musical International J.S. Bach de Saint-Donat.

Théophile AlexandreThéophile a étudié au Conservatoire de Lyon d’abord en classe de danse contemporaine, intégrant ensuite le CCN de Grenoble J. C. Gallotta, puis en classe de chant. Il est lauréat de plusieurs concours à l’étranger (Vienne, Bern) et en France (Nantes, Tarbes). C’est à Naples, lors du Concours Francesco Provenzale, qu’il se fait remarquer et débute sa carrière en chantant le rôle-titre d’Orlando de Haendel sous la direction de J. C. Malgoire. Il se produit par la suite à l’Opéra de Lyon, à l’Opéra Royal de Versailles, au Teatri de Reggio Emilia, à l’Auditorium Conciliazione de Rome… dans l’Orfeo de Monteverdi, Fairy Queen et Dido and Aeneas de Purcell, l’Orfeo de Gluck, Apollo et Hyacinthus et Die Zauberflöte de Mozart, Ercole Amante de Cavalli, Jephte, Jonas et Ezechias de Carissimi. Il apparait aussi en récital avec les Musiciens du Louvre dans Pulcinella de Stravinsky et avec Le Concert de l’HostelDieu dans Shakespeare in Love (musique de Purcell). Il a collaboré avec des chefs tels que G. Garrido, S. D’Hérin, B. Tétu et des ensembles tels que la Camerata de Lyon, l’Ensemble Instrumental de Corse et Carpe Diem. L’oratorio tient une place importante dans sa carrière et il chante les Messie et Dixit Dominus de Haendel, Nisi Dominus, Gloria et Dixit Dominus de Vivaldi, les Stabat Mater de Pergolèse, Scarlatti et Haydn et le Membra Jesu Nostri de Buxtehude.

Hasnaa BennaniDiplômée du CNSMD de Paris en chant, dans la classe de Glenn Chambers, Hasnaa se perfectionne en musique ancienne auprès d’Howard Crook, Yvon Repérant et Sophie Boulin. Elle a remporté le 1er prix du Concours international de chant baroque de Froville. Dans le répertoire baroque sacré, elle chante avec l’Orchestre d’Auvergne dans des Cantates de Bach, avec l’Opéra de Dijon, et dans un programme consacré à Schütz sous la direction de Sigiswald Kuijken. Elle collabore avec l’ensemble Pierre Robert dans Les Leçons des Ténèbres de Couperin, ainsi qu’avec Le Palais Royal, dirigé par Jean Philippe Sarcos, avec lequel elle s’est produite au Festival de La Chaise Dieu. Elle chante également Le Messie de Haendel avec La Grande Écurie et la Chambre du Roy sous la baguette de J. C. Malgoire. A l’opéra, Hasnaa a incarné le rôle-titre de l’Enfant et les sortilèges de Ravel, Gretel (Hansel und Gretel de Humperdinck), Barbarina (Le Nozze

di Figaro de Mozart) et de Maguelonne (Cendrillon de Viardot). Dans l’opéra baroque, Hasnaa était Émilie (Les Indes Galantes de Rameau), Josabet (Athalie de Moreau) et la Musique (Les Arts Florissants de Charpentier). Elle joue en tournée le rôle de Teosena dans Caligula Delirante de Pagliardi et chante des programmes de musique française avec La Rêveuse de Benjamin Perrot et Florence Bolton ainsi qu’avec Le Concert Lorrain, la Messe en Si avec Akadêmia et joue la 1ère sorcière dans Didon et Enée de Purcell et Venus dans Venus et Adonis de Blow.

Estelle BéréauEstelle est diplômée du CNSMD de Paris dans la classe de Malcolm Walker, en juin 2010. Elle réalise la première année de son master à la Royal Danish Academy de Copenhague dans la classe de Kirsten Buhl Møller avec qui elle continue de se perfectionner aujourd’hui. Elle participe à de nombreuses master classes internationales avec M. Sénéchal, U. Reinemann, D. Ferro, L. Vaduva... Estelle obtient le 2ème prix du Concours international de chant baroque de Froville en septembre 2011 et le prix Isabelle Masset de l’Opéra de Bordeaux au Concours international de chant des Châteaux en Médoc en mars 2012. Sur scène, la soprano interprète entre autres Pamina dans Die Zauberflöte de Mozart (direction N. Krüger), Colette dans L’ivrogne corrigé de Gluck à la Péniche Opéra et à l’Opéra de Paris, Sesto dans Giulio Cesare de Haendel (direction J. C. Malgoire), Eleonore dans Larmes de Couteau de Martinù. En concert, elle chante Carmina Burana d’Orff (direction M. Schaefer), le Te Deum de Charpentier (direction L. Castelain), le Requiem de Mozart (direction F. Gregorutti), le Gloria de Poulenc et le Requiem de Fauré (direction B. Rossignol). Estelle se présente en récital avec la pianiste Charlotte Bonneu dans un programme de mélodies françaises et avec le claveciniste Martin Robidoux avec qui elle chante Le petit livre et notes d’Anna-Magdalena Bach.

Paulin BündgenPaulin chante au sein des ensembles Doulce Mémoire, les Paladins, Akadêmia, Le Concert de l’Hostel Dieu, les Traversées Baroques, la Fenice et Elyma. Il aime également travailler avec l’ensemble Clément Janequin, Clematis, Vox Luminis, Cappella Mediterranea, les Jardins de Courtoisie et Il Delirio Fantastico. Sa curiosité l’a amené à chanter aussi bien dans les spectacles

de danse de Sidi Larbi Cherkaoui, les Ballets de Monte-Carlo, la Cie Ana Yepes, Jean-Christophe Maillot, Il Ballarino… qu’aux côtés du musicien turc Kudsi Erguner, du comédien Jacques Chambon ou de la compagnie taïwanaise Han-Tang Yuefu. Il aborde régulièrement le répertoire contemporain, dans des œuvres de Pierre-Adrien Charpy, Jean-Philippe Goude, Régis Campo, Pierre Bartholomée… Paulin a interprété Edimione (La calisto de Cavalli), la Reine Rouge (Tea Time cheZ’ Alice de Lewis Carroll), Mercurio (La morte d’Orfeo de Landi), Floridor (Les frasques du Capitaine le Golif ), Cirilla (Gli amori di Dafne e Apollo de Cavalli), le Poète (Mémoire des vents du sud), Ottone (L’Incoronazione di poppea de Monteverdi) et Céladon (Il était une Bergère), le tout dans des mises en scènes de Christophe Rauck, André Fornier, Philippe Vallepin, Alain Perroux et Jacques Chambon. Sa discographie comprend une trentaine de CD et couvre un répertoire allant de la chanson médiévale à la musique contemporaine. Paulin a fondé en 1999 l’ensemble Céladon avec lequel il aborde la musique médiévale, renaissance et baroque.

Jacques ChambonJacques a été formé par Serge Erich à l’école d’acteurs Jean-Louis Martin-Barbaz. Pendant de nombreuses années, il a été l’un des piliers de la compagnie Sortie de Route au sein de laquelle il a enchaîné les créations et les tournées dans les mises en scène de Jean-Luc Bosc et de Thierry Chantrel. Il a joué dans des mises en scène de Bruno Bonjean et sous la direction de Roger Planchon lors de la création de S’agite et se pavane d’Ingmar Bergman. Il a interprèté Banquo dans Macbeth et Trivelin dans La Fausse Suivante mis en scène par Cécile Perrot. Il joue avec la compagnie de danse contemporaine Acte, sous la direction d’Annick Charlot. Jacques est aussi auteur et metteur en scène de deux comédies : Du plomb dans le super et Ascension pour les fauchés. Il déteste les chapelles et se plaît à fréquenter les contrées suspectes de la comédie, et même – horreur ! - du café-théâtre. C’est là qu’il a rencontré Alexandre Astier, sous la direction duquel il est Merlin l’enchanteur dans Kaamelott à la télévision.

Eric ChopinAprès des études d’informatique et de musicologie à l’Université de Poitiers, Eric devient chanteur à la Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles dirigée par

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Olivier Schneebeli. Parallèlement, il s’intéresse à la musique contemporaine et complète son enseignement auprès de Laurence Equilbey au Jeune Chœur de Paris et aux côtés de Roland Hayrabédian au sein du Chœur Contemporain d’Aix-en-Provence. Installé à Lyon depuis 2002, il se perfectionne dans la classe de Catherine Maerten à l’ENM de Villeurbanne où il obtient son Diplôme d’Etudes Musicales de chant en 2006. Outre sa participation fréquente aux projets des Solistes de Lyon dirigé par Bernard Tétu et aux créations contemporaines de l’ensemble Musicatreize, dirigé par Roland Hayrabédian, Eric pratique régulièrement le répertoire baroque avec Le Concert Spirituel dirigé par Hervé Niquet et la musique de la renaissance avec l’ensemble Non Papa de Clément Lebrun.

Emmanuelle FruchardMusicienne accomplie (pianiste et violoniste) et diplômée d’une maîtrise de musicologie à la Sorbonne, Emmanuelle intègre la troupe de l’Opéra de Lyon en 1998. Elle est accueillie par l’Opéra-Comique, le Théâtre des Champs-Élysées, l’Opéra d’Avignon, le Festival Berlioz et l’Opéra-Studio de Genève. Elle interprète Le Nozze Di Figaro (Cherubino), Die Zauberflöte, La Traviata (Flora), Don Quichotte de Massenet (Garcia), Le prince Orlowski de Strauss, L’Enfant et les sortilèges de Ravel, Aldébarane de Puntos, La petite renarde rusée de Janacek, Didon et Énée de Purcell, Cendrillon de Massenet, Cadmus et Hermione de Lully (Junon) et Lo Frate‘nnamorato de Pergolèse. Elle travaille sous la direction de David Stern, Louis Langrée, Christophe Rousset, Christophe Coin, Phlippe Picket, Bruno Conti, André Engel et Neil Beardmore. Dans le domaine de la musique ancienne, elle collabore avec des ensembles comme Le Parlement de Musique, Le Concert d’Astrée, Le Concert de l’Hostel Dieu, Les Nouveaux Caractères et Ostinato. Régulièrement invitée par l’Abbaye de Sylvanès, elle dirige depuis 2009 l’ensemble baroque Oxymore, qui se produit fréquemment en récital. Emmanuelle est depuis trois ans en tournée en France et à l’étranger avec les Solistes de Lyon Bernard Têtu et Les Folies d’Offenbach.

Simon GallotChanteur basse, Simon explore les possibilités vocales dans des répertoires hétéroclites, du chant lyrique aux musiques traditionnelles. Sa sensibilité l’oriente le plus souvent vers la

musique contemporaine et la création, ainsi que vers la musique ancienne. Directeur musical de l’ensemble La Note Brève, spécialisé en musique médiévale et renaissance, il chante aussi sous la direction de Gabriel Garrido ou Guillaume Bourgogne. Il est fréquemment invité à participer au Festival d‘Ambronay ou au Festival Musique en Scène, où il a eu l’occasion de travailler avec les compositeurs Alejandro Viñao et Kaija Saariaho. Simon est également Docteur en musicologie. Il a obtenu le prix des Muses 2011 pour son livre sur le compositeur György Ligeti. Il est également joueur de vielle à roue.

Marie-Frédérique GirodMarie-Frédérique suit des cours de flûte traversière et de danse classique. Elle débute le chant en 2005 au CNR de Lyon, parallèlement à ses études en lettres supérieures, avant de se consacrer exclusivement à l’apprentissage du chant en 2008. Elle intègre en 2009 le CNSMD de Lyon dans la classe de chant de musique ancienne dirigée par Marie-Claude Vallin, assistée de Mireille Deguy et d’Isabelle Eschenbrenner. Elle collabore avec différents ensembles, tels que Les Barbaresques pour le répertoire médiéval, Oxymore pour le répertoire renaissance, Le Concert de l’Hostel Dieu pour des projets renaissance et baroque, Il delirio fantastico pour les Cantates de Bach et le chœur Britten pour le répertoire contemporain. Marie-Frédérique participe également à plusieurs projets mis en scène, notamment avec l’ensemble Boréades (Invitation à Carthage, Enée auteur de sa légende, Les Poules de la Bruyère), Yves Pignard (Il était une voix, il était une vigne au Théâtre des Marronniers à Lyon), Deda Colona en avril 2011 dans l’opéra La Dafne de Gagliano, ou Emmanuelle Cordoliani dans l’opéra Don Quixote de Purcell en avril 2012 avec le CNSMD de Lyon. Son répertoire inclut les cantates de Bach, le Te Deum et la Messe de Minuit de Charpentier, le Miserere de Lully, le Gloria de Vivaldi, King Arthur de Purcell, les Requiem de Fauré et de Brahms, mais aussi Carmina Burana de Orff.

Dina HusseiniNée au Caire, d’origine allemande et libanaise, Dina débute sa formation musicale à la Maîtrise de la Loire. Parallèlement à des cours de chant, elle se consacre d’abord à des études supérieures de commerce. Diplômée de l’Ecole de Management de Lyon, elle se tourne

définitivement vers une carrière de chanteuse lyrique en intégrant la Haute Ecole de Musique de Genève en 2007. Elle participe alors à des masters classes animées par Jean-Paul Fouchécourt, Alain Garichot, Philippe Huttenlocher et Ulrich Koella à Genève, et par le compositeur Karel Husa aux Etats-Unis et Leonardo Alarcon au Centre de Musique Ancienne d’Ambronay. Elle se perfectionne désormais auprès d’Isabelle Henriquez. En tant que soliste, elle se distingue dans Die Schöpfung de Haydn aux Etats-Unis, le Stabat Mater de Pergolesi, le Magnificat, le Nisi Dominus et le Gloria de Vivaldi ou encore la Messe en Ut de Mozart. Dernièrement, elle était la soliste alto dans le Requiem de Saint-Saens ainsi que dans Petite messe solennelle de Rossini. Elle se produit aussi en récital dans des œuvres d’Alizia Terzian. Sur scène, elle incarne le rôle de Vénus dans L’incoronazione di poppea de Monteverdi ainsi que le rôle de Furie dans La Calisto de Cavalli au Grand Théâtre de Genève.

Benjamin IngraoBenjamin débute son apprentissage musical par l’étude du violon avant d’aborder le chant au CNR en 2001. Il y obtient son CFEM en Formation Musicale, musique de chambre et chant. Après s’être perfectionné auprès de Pierre Mervant, Florence Couderc ou encore Anne-Christine Heer-Thion, il intègre en septembre 2008 la classe de chant de Marie-Claude Vallin au département musique ancienne du CNSMD de Lyon. Il se produit régulièrement comme choriste, mais aussi soliste dans différents ensembles nationaux et régionaux (chœur atelier du Concert de l’Hostel Dieu, Chœur National des Jeunes, ensemble A l’8ctave, Epsilon, Temps relatif, le Labyrinthe). Inscrit à l’Université Jean Monnet en doctorat de musicologie et titulaire d’une maîtrise et d’un DEA ayant pour sujets la musique ancienne et plus spécifiquement les œuvres sacrées vocales a capella, il se tourne naturellement vers la pratique de la direction chorale. Il a suivi l’enseignement de Toni Ramon et Leslie Peeters. Il est ainsi chef de différents chœurs : à l’Institut de Musique Sacrée de Lyon (chœur De usu canendi) ou à Saint-Etienne (Alter Echo - ensemble Cantabile). Entre 2002 et 2007, il enseigne comme professeur d’Education musicale dans divers établissements de la Loire et du Rhône. Depuis 2006 il est professeur d’Histoire de la musique à l’école supérieure du Grim-Edif (Lyon).

Sarah JouffroySarah commence ses études musicales par l’apprentissage du violoncelle. A l’âge de vingt ans, elle débute le chant en cours particuliers puis intègre le CNSMD de Lyon. Elle débute sur scène au sein de la compagnie Les Brigands et participe aux opérettes Geneviève de Brabant et Le Docteur Ox d’Offenbach. Puis elle chante à l’Opéra de Marseille, les rôles de Nicklausse dans Les Contes d’Hoffmann et Dorabella dans Cosi fan tutte de Mozart. Sous la direction de Christophe Rousset, elle interprète Fortuna et Melanto dans Le retour d’Ulysse, et Venus dans Il ballo del ingrate de Monteverdi à l’Opéra d’Amsterdam. En oratorio, elle est soliste dans le Requiem de Mozart, des cantates et le Magnificat de Bach, le Dixit Dominus de Haendel, le Stabat Mater de Pergolese, le Magnificat et le Gloria de Vivaldi, la Petite messe solennelle de Rossini… Elle a donné ses premiers récitals avec Hélène Lucas à l’Opéra de Lille, au Festival de Saint-Riquier et au Théâtre de Compiègne. Elle a chanté à l’Opéra de Nantes, dans Manon de Massenet et La flûte enchantée de Mozart, puis à l’Opéra Comique dans Fortunio de Messager. En 2011, elle chante sous la direction de Ton Koopman la Cantate 207 de Bach et le Requiem de Mozart à l’Auditorium de Lyon. On a pu l’entendre dans l’Orféo, où elle tenait le rôle de Proserpine ainsi que dans Fairy Queen dans le cadre du Festival de Musique Baroque de Lyon. Elle retrouve l’Opéra de Lille dans Cendrillon de Massenet.

Youssef KassimiYoussef étudie le solfège, le oud, la musique arabe et andalouse au Conservatoire de musique de Marrakech. En 2000, il obtient le prix d’honneur en oud au Conservatoire nationale de Rabat. Il est aussi diplômé de l’Académie internationale de musique sacrée de Fés. Il est membre de l’Orchestre du Conservatoire de Marrakech et de l’Orchestre andalou de Marrakech. En avril 2000, Youssef compose la musique orientale d’une Carmen arabo-andalouse d’après l’opéra de Bizet qui donne lieu à une tournée au Maroc, en France, en Italie, à Andorre et en Tunisie. Durant l’été 2001, il crée l’ensemble de musique de chambre arabe Al Jisr. Après le succès rencontré au Festival de Saint-Céré et lors de la tournée 2002-2003, Al Jisr enregistre son premier disque. En 2004, au Festival de Saint- Céré, il crée son premier concert de polyphonies arabes avec le groupe Al Jisr et fait

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l’expérience de jouer un quatuor de Beethoven en transcrivant la partie du deuxième violon pour le oud. Parallèlement à sa carrière de musicien, Youssef enseigne le oud, le solfège et la musique arabe au Conservatoire national de Marrakech et au Conservatoire privé Zéryab à Marrakech. Depuis 2005 il dirige l’ensemble polyphonique arabe Jossour à l’institut français de Marrakech. Youssef compose et mène des recherches musicales cherchant à s’ouvrir au monde et faire connaître le patrimoine arabe et marocain.

Séverine MarasÀ onze ans, Séverine découvre le chant en intégrant la Maîtrise de la Loire dirigée par Jacques Berthelon. Elle continue sa formation au CRR de Lyon, où elle obtient un Diplôme d’Etudes Musicales de chant en 2007. Elle est aussi titulaire du Diplôme d’Etudes Musicales de Formation Musicale ainsi que d’une Licence de Musicologie de l’Université Lyon 2. Séverine a chanté sous la direction de Bernard Têtu, Franck-Emmanuel Comte, Régine Théodoresco et Graziella Contratto. On a pu l’entendre dans le rôle de Chérubin dans le Gloria de Vivaldi, ainsi que dans des cantates de Bach. Dernièrement, elle a donné plusieurs récitals autour des Mélodies de Poulenc et de Déodat de Séverac, et chanté comme soliste dans la Messe Nelson de Haydn. En 2009, Séverine co-fonde l’ensemble Orphéa avec trois jeunes musiciennes professionnelles. Leurs affinités musicales les portent vers un répertoire romantique et moderne. Parallèlement, elle enseigne le chant dans plusieurs écoles de musique de la région stéphanoise.

Mathilde MonfrayMathilde passe deux années au chœur d’adolescentes de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon avant d’entrer en 2003 à l’ENM de Villeurbanne dans la classe de Catherine Maerten. Elle participe, en tant que soliste à l’opéra bouffe Les amours de Ragonde de Mouret et est soprano solo dans le Requiem de Haydn. De 2006 à 2010, elle se produit dans divers opéras et opérettes : Faust de Gounod, Méditerranée de Lopez, les Contes d’Hoffmann d’Offenbach… De 2004 à 2007, elle chante dans le chœur préprofessionnel du Centre de la Voix Rhône-Alpes où elle prend des cours de technique vocale avec J. M. Lévy et M. Deguy et participe à des masters classes avec R. Klekamp, M. Hönig et A. Buet. On a pu l’entendre dans Noye’s fludde de Britten, Dido and Aeneas de

Purcell, Les toasts du nouvel an (mise en scène par Y. Pignard) au Théâtre des Marronniers puis en tournée en région Rhône-Alpes, et dans Les Indes galantes de Rameau avec Le Concert de l’Hostel Dieu. En septembre 2009, elle entre dans la classe de chant de Maria Diaconu à la Haute Ecole de Musique de Genève et étudie avec Gabriel Garrido et Leonardo Garcia Alarcon en musique ancienne. En 2010, Mathilde a également chanté La 9ème Symphonie de Beethoven sous la baguette d’E. Krivine au Victoria Hall à Genève. Elle travaille régulièrement avec la compagnie l’Opéra-théâtre, Le Concert de l’Hostel Dieu, les Comédiens associés, la compagnie Cala et le chœur Emelthée. En février 2012, elle intègre le chœur de l’Opéra de Lausanne dans Falstaff de Verdi.

Heather NewhouseOriginaire du Canada, Heather obtient sa médaille d’or en musique à l’Université du Western Ontario en 2005. En 2006, elle est diplômée de la prestigieuse Guildhall School of Music and Drama de Londres. En 2009, elle obtient le prix du meilleur jeune en formation du Concours international d’interprétation de la mélodie française de Toulouse. Elle est venue poursuivre ses études en France au CNSMD de Lyon, où elle obtient son diplôme en 2010. Elle y interprète le rôle d’Anna Gomez du Consul de Giancarlo Menotti et le rôle de Rosita du Mari à la porte d’Offenbach. En 2010, elle participe à l’Académie Européenne de Musique au Festival d’Aix-en-Provence. Elle fait actuellement partie du Nouveau Studio de l’Opéra de Lyon, où elle interprète en 2011 le rôle de Mattea dans Vous qui savez… ou ce qu’est l’amour… d’après Mozart. En 2012, elle interprète une Blumenmädchen dans Parsifal de Wagner et les rôles de la Bergère et de la Chauve-souris dans l’Enfant et les sortilèges de Ravel à l’Opéra de Lyon. Parallèlement, elle a participé à de nombreux concerts en oratorio avec Le Concert de l’Hostel Dieu : Requiem de Mozart, Te Deum et Messe de Minuit de Charpentier, Stabat Mater et Requiem de Haydn, Dixit Dominus de Handel et Dominus Regnavit et Jubilate Deo de Mondonville.

Hugo PeraldoHugo débute la musique à la Maîtrise du Conseil Général de la Loire où il apprend le chant, la direction de chœur et la flûte traversière avec Jeanne Marie Levy, François Jacquet et Jacques Berthelon. Au Centre de la Voix Rhône-Alpes,

il continue son apprentissage du chant auprès d’Isabelle Eschenbrenner, ainsi qu’en cours particuliers avec Françoise Pollet et depuis deux ans avec Cécile De Boever. Menant une carrière de chef d’orchestre et de chœur en parallèle, il termine ses études en 2008 au CNR de Dijon dans la classe de direction d’orchestre de Pierre Cao. Il dirige l’orchestre symphonique de l’INSA et est directeur musical de la compagnie lyrique Brusset. On a pu le voir sur scène dans plusieurs rôles du répertoire d’opérette : Pomponnet (La fille de Madame Angot), Pluton (Orphée aux enfers), Piquillo (Périchole). Il chante au Festival d’Ambronnay Le Golif dans le rôle de Giacommo, un opéra baroque mis en scène par André Fornier. Attaché au répertoire d’oratorio, il interprète Salomon de Haendel, Fairy Queen de Purcell, La Suzanna de Stradella, Le Messie de Haendel, le Requiem de Mozart, le Magnificat de Bach, La Messe Nelson de Haydn. Dans le répertoire romantique, il chante le Requiem de Saint-Saëns, la Petite messe solennelle de Rossini, La Messa di Gloria de Puccini, Don José dans des extraits de Carmen, Sporting life dans une adaptation de Porgy & Bess. Par ailleurs il se produit régulièrement avec les Solistes de Lyon Bernard Tétu depuis de nombreuses années. En mars 2012 il a chanté pour le chœur de l’Opéra de Lyon dans l’opéra Parsifal de Wagner. Ce jeune chef est l’assistant de Franck-Emmanuel Comte au Concert de l’Hostel Dieu.

Anthea Pichanick Anthea débute sa formation au Conservatoire de Musique d’Aix en Provence au violon, à l’âge de huit ans. Quelques années plus tard, elle obtient plusieurs prix de violon, de musique de chambre et de formation musicale. Passionnée par le chant lyrique elle part se perfectionner à Lyon où elle décroche sa licence de musicologie. Après deux ans à l’ENM de Villeurbanne, dans la classe de Catherine Maerten en chant, elle est admise au Conservatoire de musique de Genève. En 2008, Anthea intègre le chœur professionnel de femmes Calliope, sous la direction de Régine Théodoresco. Elle a été membre du quatuor à cordes Accorda pendant trois ans. En septembre 2010, Anthea est admise au Conservatoire de Florence en Italie, pour étudier le chant auprès des Maestro Leonardo de Lisi et Vitalba Mosca pendant un an. De retour en France, elle obtient son diplôme de Bachelor of Arts en chant à Genève et intègre le

CNSMD de Lyon pour se perfectionner auprès de Brian Parsons et finir sa formation de master en chant.

Antoine Saint-EspesAprès avoir obtenu son diplôme au CNR de Grenoble dans la classe de Cécile Fournier, il entre au CNSMD de Lyon dans la classe de Brian Parsons. Il se perfectionne auprès de personnalités tels que Udo Reinmann et François Leroux. Il se produit régulièrement en tant que basse et baryton solo dans les grands oratorios de Haendel, Bach, Telemann, Charpentier, Haydn et Mozart. Il travaille avec de grands ensembles tels que les Solistes de Bernard Tétu et Le Concert de l’Hostel Dieu sous la direction Franck-Emmanuel Comte. Il a déjà tenu plusieurs rôles à la scène dans les opéras tels que Didon et Enée, King Arthur, Fairy Queen de Purcell, La Flûte enchantée de Mozart, La Belle Hélène d’Offenbach, Mireille de Gounod, L’Amour masqué de Messager, Le consul de Menotti, La Traviatta de Verdi. Son intérêt pour le jazz l’a emmené à participer à la création de Libertad, opéra de Loockwood, dans le rôle de Leandro à l’Opéra Comédie de Montpellier. Il a interprété, en version concert, Guglielmo dans Cosi Fan tutte de Mozart, Dulcamara dans l’Elixir d’amour de Donizettin, The Tempest de Purcell.

Marie RemandetMarie découvre la musique à l’âge de cinq ans, lorsqu’elle débute le violon à l’École de Musique de Chalon-sur-Saône. Elle y obtient un Certificat de Fin d’Etudes Musicales de violon et un Diplôme d’Études Musicales de Formation Musicale. Sa fascination pour les chanteurs la pousse à expérimenter sa propre voix. Elle étudie d’abord au Conservatoire de Chalon-sur-Saône, puis au Centre de la Voix Rhône-Alpes où elle a l’occasion d’aborder le théâtre. Elle passe une année au CNR de Lyon avec Marcin Habela avant d’entrer au CNSMD de Lyon dans la classe de chant en musiques anciennes de Marie-Claude Vallin où elle affine son goût pour le chant grégorien et pour la musique médiévale. Elle y approfondi son travail avec de nombreux ensembles vocaux de la Renaissance et du répertoire baroque. Elle se passionne pour la musique italienne du XVIIème

siècle. En 2010, elle part étudier à la Scuola Civica de Milan avec Roberto Balconi. Marie interprète avec le Chœur de Chambre Rhône-Alpes, dirigé par Marie-Laure Teissèdre, le rôle de Belinda dans Didon et Enée de Purcell au Festival

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d’Ambronay en 2007. En 2011, elle est sélectionnée par Sigiswald Kuijken pour chanter la Messe en si mineur de Bach dans le cadre de l’Académie baroque d’Ambronay. Depuis 2006 elle chante régulièrement avec Le Concert de l’Hostel Dieu. Son goût prononcé pour le répertoire ancien ne l’empêche pas de participer avec enthousiasme à des projets de musique contemporaine.

Majdouline ZerariMajdouline, mezzo-soprano, débute à neuf ans des études musicales au sein de la Maîtrise du CNR de Lyon, puis intègre le CNSMD de Lyon dans la classe de Françoise Pollet où elle obtient son diplôme mention très bien à l’unanimité du jury. Elle travaille avec des personnalités telles que Margreet Honig, Yvonne Minton, Tom Krause et David Syrus. En tant que soliste, elle participe à différentes productions : Esther de Moreau, Noye’s fludde de Britten et Didon et Enée de Purcell. Elle intègre ensuite le CNIPAL pour la saison 2008-2009 et participe à l’Académie Européenne 2010 de Lied et de Musique Contemporaine d’Aix en Provence. Elle obtient le 2ème prix de Mélodie Française et le 2ème prix d’Opéra au XIIIème Concours Européen de Chant de Mâcon. Elle interprète à l’opéra l’Architecture dans les Arts Florissants de Charpentier, Mastrilla et Frasquinella dans la Périchole d’Offenbach. En 2011 elle intègre le nouvel Opéra Studio de Lyon pour une production autour de Mozart et joue le rôle de Cora dans Vous qui savez… ou ce qu’est l’amour… Elle interprète le rôle d’Aglatida dans Zanaïda de Bach au Festival Bach de Leipzig. Elle se produit en concert avec l’Orchestre de Radio France (Festival Présences) sous la direction de Peter Eötvös. Elle chante l’alto solo dans le Requiem de Mozart ainsi que dans l’Opus 79 de Chostakovitch.

Garlic BreadGroupe de la scène trad’ en Rhône-Alpes, Garlic Bread sait marier thèmes traditionnels d’Irlande et compositions autour d’arrangements créatifs en laissant une grande part à la spontanéité et à l’improvisation. Le groupe, constitué de quatre musiciens aux origines musicales diverses (classique, jazz, traditionnel...) s’inspire au départ des groupes incontournables de la musique traditionnelle irlandaise (De Dannan, Planxty, Bothy Band, Chieftains) mais aussi de musiciens plus modernes (Michael MacGoldrick, Flook, Dervish, Old blind dogs...). Il propose aussi, dès

ses premiers concerts dans la région Rhône-Alpes, des compositions originales de chacun des membres du groupe. En 2002, Garlic Bread entre en studio pour la première fois. La collaboration du groupe avec Didier Boyat lui permet de sortir son premier album, A four Wheeled Bike. L’album répond aux attentes du public, en confirmant cette volonté d’offrir une musique riche et créative tant du point de vue de sa construction que de ses influences, en restant vivante et pleine d’émotions. Cet album permet au groupe de se produire sur de grandes scènes en France et à l’étranger aux côtés de groupes prestigieux. Après deux tournées en Bretagne puis en Irlande, les musiciens travaillent à la sortie d’un nouvel album studio, qui sort en 2004. Tell it unto, au son plus travaillé et aux arrangements plus inventifs, est distingué au prix Bruno Coquatrix de l’ADAMI. Les quatre musiciens sont également passionnés de pédagogie, et travaillent depuis plusieurs années avec des élèves musiciens d’horizons très divers sur la musique traditionnelle irlandaise et le travail d’arrangement.

Mango SonNé en 2007, le quintet de salsa cubaine Mango Son s’est créé autour de l’échange entre hommes et femmes dans la culture afro-cubaine comme lors du projet de la Biennale de la danse en 2008. Mango Son s’inscrit dans la tradition cubaine qui tend à nourrir sa culture populaire de tous les métissages. Ce quintet franco-cubain offre la salsa moderne telle qu’elle est pratiquée actuellement dans les rues de cuba et, dans cet esprit, amène la danse en tous lieux (clubs de jazz, casinos, salles de concerts…). Le répertoire de Mango Son propose un mélange de salsa et des rythmes traditionnels afro-cubains comme la rumba, le chachacha, la danzon, la charanga…