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15 samedi 28 octobre 2017 L’OLJ WEEK-END Karen Klink s’intéresse à la musique, aux installations, au travail du fer et du bois, même à la couture ; elle matérialise ses idées à la force de ses doigts. De petits boulots en petites expériences, elle mène une vie d’artiste. L’humain Lorsqu’elle commence à explorer l’univers du tatouage, elle découvre un monde très hermétique et très machiste. Les années passent, et toujours pas de contact avec une machine. Comme il n’existe pas d’école de tatouage et que le métier s’ap- prend sur le terrain, elle décide d’acheter un kit et de prendre un cours d’hygiène sanitaire, en espérant une position de nègre chez les grands tatoueurs. Un couple la prend sous son aile. Elle observe et ingère le métier, puis décide, quand une bande de copains stoïques et dévoués lui font don de leur épiderme, de se lancer seule. Karen Klink s’applique et se surpasse, quelques centimètres carrés de peau et un champ de possibles s’ouvre à elle. Le processus le plus important reste pour elle la création. L’instant qui précède la première goutte d’encre injectée est un grand moment de méditation, de concentration et de solitude – d’une enfance solitaire, elle en a gardé les stigmates. Elle ne reproduit jamais une image qu’on lui impose et réfléchit longuement son sujet pour le décliner au gré de son imaginaire. Dans cet art se loge la responsabilité de l’artiste, une discipline qui requiert du sérieux, une confiance partagée et une vie saine (ne pas prendre le risque de la main qui tremble après une soirée arrosée). Le plaisir reste le contact humain et l’intimité qu’elle développe avec ses clients, patients. Il lui arrive même de jouer au psy : le tatouage crée des liens. Combien d’artistes insatisfaits ont plongé leurs travaux dans des pénombres oubliées. Quand ceux de Karen Klink sont terminés, ils se doivent d’être aboutis, avec pour satisfaction le rapport à l’œuvre et à son support, l’humain. Il est révolu le temps où le tatouage était propre aux camion- neurs, aux anciens combattants, aux dockers et aux rockeurs. Aujourd’hui il évolue à une vitesse sidérante, rattrapé par des ar- tistes ayant à cœur de le renouveler. Le dessin est un medium qui suggère la narration, la narration sollicite l’imagination et celle de Karen Klink n’a pas de limites. Dessiner, c’est raconter des histoires, celle du loup couronné tsar ou du renard aux longues tresses, des oiseaux du paradis qui se mesurent à l’escrime ou de la métamorphose d’une fleur en serpent, d’un serpent en dragon ou d’un poisson en chat. Si vous cherchez à entrer dans son monde en perpétuelle mutation, sachez qu’elle en a absolu- ment les clés, et les aiguilles pour vous le faire découvrir. Karen Klink est née en 1985. Son père dentiste et sa mère comptable, tous deux aventuriers de nature et grands voyageurs, s’installent peu après sa naissance à Paris où elle est scolarisée. De retour à Beyrouth, l’enfant de neuf ans trouve beaucoup de difficultés à s’adapter. Rebelle, timide et solitaire, elle se calfeu- tre dans un monde peuplé de bandes dessinées et de mangas, un monde qui nourrira son imaginaire. À ses heures perdues, Karen Klink aime à traîner dans la clinique de son père, jouer au docteur, manipuler les instruments. Elle se découvre une nature de petite laborantine et déjà pointait l’aiguille à l’horizon. Quand un petit frère voit le jour quelques années plus tard, l’adolescen- te commençait à trouver ses marques. Sa façon à elle d’ap- préhender le monde et de le comprendre passait par le dessin. Des pupitres d’école à ses sketches aux airs de manga, son âme d’artiste se dessinait et son langage se libérait. On dit que les parents ont toujours raison, et nombreux sont ceux qui se sont opposés au choix des études universitaires de leurs enfants. Karen a voulu les arts plastiques, elle se contentera de la publicité. Elle qui aimait la vie et ses pérégrinations appréhen- dait les cours de nature morte. Au moment de choisir l’illustra- tion comme spécialisation, c’est un professeur qui aura raison de sa décision. Michèle Standjofski se présentera comme le mentor idéal. Un an après avoir obtenu son diplôme à l’Académie libanaise des beaux-arts, elle s’envole en 2006 pour Barcelone. Karen Klink, TATOUEUSE, 32 ANS Ce qu’elLe déteste UN ACTEUR/UNE ACTRICE DÉTESTÉ(E) ? Chuck Norris, il est insupportable et il prend son rôle très au sérieux. UN CHANTEUR/UNE CHANTEUSE DÉTESTÉ(E) ? Lana del Rey. UN ÉCRIVAIN DÉTESTÉ ? Oysho. UN PEINTRE DÉTESTÉ ? Sylvester Stallone (il peint aussi !). UNE COULEUR DÉTESTÉE ? Je déteste m’habiller en orange... UN PLAT DÉTESTÉ ? Aucun ! UN TRAIT DE CARACTÈRE DÉTESTÉ ? Je déteste détester. UNE VILLE DÉTESTÉE ? Chaque ville a son propre charme. UN ANIMAL DÉTESTÉ ? Aucun. UN ÉMOTICON DÉTESTÉ ? La bouche, son expression est aberrante. UN ALCOOL DÉTESTÉ ? Le Kalimocho (mix de vin rouge et de Coca cola, très populaire en Espagne). UNE TÂCHE MÉNAGÈRE DÉTESTÉE ? Éplucher des pommes de terre. UN COMPLIMENT DÉTESTÉ ? Ya Allah comme tu es folle ! UNE PARTIE DE VOTRE ANATOMIE DÉTESTÉE ? Mon front. UN OUTIL TECHNOLOGIQUE DÉTESTÉ ? Le Segway. Achtard Klink SA MAMAN Enfant, Karen nous accom- pagnait partout. Dans les musées, les expositions ou les sites archéologiques. Je gardais toujours dans mon sac de quoi dessiner. Karen, qui s’ennuyait vite, croquait tout ce qui l’interpellait. À 4 ans, après le spectacle de La Belle au bois dormant à l’Opéra Bastille, elle reproduit sur son bout de papier les danseurs avec les beaux costumes, les robes dentelées, les coiffures et surtout le mouvement des mains jusqu’à la pointe des pieds. Avec elle, la maison était un vrai labo. Ses poupées Barbie se transformaient, elle modifiait leur allure, les relookait. À l’école, son pupitre était gravé de mille dessins. Karen est sensible, perfec- tionniste, sérieuse, sincère et très curieuse. Je l’appelle « My Busy Bee ». Chadi Aoun SON AMI D’ENFANCE Karen n’est pas simple à cerner. Elle évolue dans un monde propre à elle et le résultat est un univers visuel fou et merveilleux. Karen est courageuse. Quand elle part à l’aventure, elle ne tarde pas à trouver sa place sur la scène artistique espagnole. Dans le cadre de Génération Orient, et en partenariat avec la Société Générale de Banque au Liban (SGBL), L’Orient-Le Jour va braquer chaque mois tous les projecteurs (pa- pier et web) sur un artiste (âgé de maximum 35 ans), toutes disciplines confondues (cinéma, musiques, peinture, sculpture, photo, illus- tration, street art, danse, mode, design, archi- tecture, cuisine, etc.), et lui faire sa campagne sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, YouTube, Snapchat…) pendant 30 jours, jusqu’à la date de publication du prochain artiste. Chaque mois, douze artistes (cette an- née, juste six, puisque nous avons commencé en mai) seront en lice pour le prix L’OLJ-SGBL (5000 USD le 1er, 2000 USD le 2e et 1000 USD le 3e). Les lecteurs de L’OLJ voteront à 50%, et le vote d’un jury (L’OLJ, SGBL et grands noms/ experts du monde artistique) comptera pour les 50% restants. CE QU’EN DIT LE PROFESSEUR - Michèle Standjofski Je me souviens des premiers projets de Karen Klink à l’ALBA : des licornes roses, des papillons multicol- ores et des abeilles – sans dard – butinant des fleurs et des fleurs et des fleurs. C’était sirupeux, ça ne me plaisait pas et je voyais bien que ça ne lui plaisait pas non plus. Puis il y a eu le déclic, suivi d’un virage à 180 degrés et… l’explosion ! Des fleurs, il y en avait toujours, dans les nouvelles images de Karen Klink, mais piquantes, carnivores, sulfureuses, toxiques, et surtout foisonnantes. Exit la décoration, place à l’expression exubérante, aux expérimentations les plus hardies et aux prises de risques les plus culottées. Étonnamment, dans sa métamorphose, elle n’avait rien perdu de sa fraîcheur. Il restait même, dans les rares centimètres carrés vides de ses magnifiques collages, quelque chose du côté girly de ses débuts. Mais là, ça me plaisait, et à elle aussi. Un vrai bonheur que de voir un vrai talent se dessiner, une vraie personnalité se construire, et de l’accompagner, un peu, au tout début du chemin. MICHÈLE STANDJOFSKI EST BÉDÉISTE, ILLUSTRATRICE ET PROFESSEURE DE BANDE DESSINÉE ET D’ILLUSTRATION À L’ACADÉMIE LIBANAISE DES BEAUX-ARTS. CE QU’EN DIT LE MAÎTRE - Charlie Harjulin J’ai eu le privilège de connaître Karen il y a de cela quelques années, et la chance de partager avec elle maintes conversations profondes et séances de fous rires. Pour la décrire, je réalise que je n’ai pas besoin de mots : elle se décrit parfaitement par son travail et par son art – tout du moins pour moi. Je regarde un de ses plus beaux dessins (que j’ai la chance d’avoir sur mon mur) en écrivant ce texte. C’est l’image d’un cœur, d’une grande beauté dans la finesse de la ligne, et dessiné d’une main particulièrement confiante. Je m’émerveille face aux infimes détails et face à la richesse de l’histoire que cela suggère. Plus je re- garde, plus le dessin me fascine. Il émane du travail de Karen une harmonie, une chaleur et une spon- tanéité qui calment et qui apaisent, mais aussi qui attestent d’une profonde connexion avec elle-même. Comme un savoir qui se manifeste avec facilité et compassion. Enfin, c’est beau et cela me rend heureux. C’est ça ma Karen. CHARLIE HARJULIN EST CINÉASTE. Après le papier, la porcelaine, les maisons d’édition, les expositions, les tableaux et la mode, c’est naturellement que son art se transpose sur la peau. Du papier à la peau, son art demeure vivant, authen- tique. Il nous interpelle par une effervescence intérieure, toujours en mouvement, une créativité sans tabou ni limite. Comme beaucoup, « I have been Klinked »... Dominique Chouchani SA MEILLEURE AMIE Depuis notre rencontre il y a dix ans, j’ai découvert une fille dynamique, pleine d’enthousi- asme, et qui entretient avec la vie un rapport très authentique. Elle est déterminée, mais elle dégage une certaine douceur et poursuit ses rêves d’en- fant qu’elle mène à bon port. L’univers artistique dans lequel elle baigne est unique. Toujours très fraîche et souriante, elle nous transporte dans son véritable monde imaginaire, propre à elle. Belle, jeune et talentueuse, Karen s’exprime à travers ses dessins dans un monde onirique de créatures qui coexistent harmonieuse- ment en perpétuelle mutation. Joëlle Achkar SON AMIE D’UNIVERSITÉ Karen et moi nous sommes connues à l’ALBA, en section illustration. Je me souviens de ce beau visage rond à la peau lisse et cristalline comme une poupée de cire, mais aussi de cette lourde masse de cheveux noirs, de ce regard intense et de ce long corps aux os sail- lants. Je la vois en chamane, munie de ses aiguilles, lacérer les peaux de ses encres indélébiles de totems uniques, dans une sorte de rituel mys- tique. Les créatures qu’elle dessine prennent la couleur de ses tripes biophiles, et elles grognent, piquent et ondulent. Sensuelles, elles s’entrelacent, fleurissent et se multiplient. Mi-figue mi-raisin, mi-anges mi-démons, créa- tures entre ciel et terre, ciel et mers, douces et piquantes à la fois : ses bébés. Lara Wehbé SON AMIE Je connais Karen depuis 25 ans. Je suis fascinée à quel point elle est devenue femme et créatrice, sans perdre ni son innocence ni son côté en- fantin. Son rire est absolument contagieux, et elle n’a jamais dévié de son objectif, de sa passion, de sa sensibilité et de son art. Cet art dans lequel elle a su, mieux que quicon- que, plonger sa personnalité captivante. L’instant qui précède la première goutte d’encre injectée est un grand moment de solitude Ce qu’en dit lA famille Page réalisée par Danny MALLAT

samedi 28 octobre 2017 Karen Klink, · Le Kalimocho (mix de vin rouge et de Coca cola, très populaire en Espagne). UNE TÂCHE MÉNAGÈRE DÉTESTÉE ? courageuse. Quand elle part

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Page 1: samedi 28 octobre 2017 Karen Klink, · Le Kalimocho (mix de vin rouge et de Coca cola, très populaire en Espagne). UNE TÂCHE MÉNAGÈRE DÉTESTÉE ? courageuse. Quand elle part

15samedi 28 octobre 2017L’OLJ WEEK-END

Karen Klink s’intéresse à la musique, aux installations, au travail du fer et du bois, même à la couture ; elle matérialise ses idées à la force de ses doigts. De petits boulots en petites expériences, elle mène une vie d’artiste.

L’humainLorsqu’elle commence à explorer l’univers du tatouage, elle découvre un monde très hermétique et très machiste. Les années passent, et toujours pas de contact avec une machine. Comme il n’existe pas d’école de tatouage et que le métier s’ap-prend sur le terrain, elle décide d’acheter un kit et de prendre un cours d’hygiène sanitaire, en espérant une position de nègre chez les grands tatoueurs. Un couple la prend sous son aile. Elle observe et ingère le métier, puis décide, quand une bande de copains stoïques et dévoués lui font don de leur épiderme, de se lancer seule. Karen Klink s’applique et se surpasse, quelques centimètres carrés de peau et un champ de possibles s’ouvre à elle. Le processus le plus important reste pour elle la création.

L’instant qui précède la première goutte d’encre injectée est un grand moment de méditation, de

concentration et de solitude – d’une enfance solitaire, elle en a gardé les stigmates. Elle ne reproduit jamais une image qu’on lui impose et réfléchit longuement son sujet pour le décliner au gré de son imaginaire. Dans cet art se loge la responsabilité de l’artiste, une discipline qui requiert du sérieux, une confiance partagée et une vie saine (ne pas prendre le risque de la main qui tremble après une soirée arrosée). Le plaisir reste le contact humain et l’intimité qu’elle développe avec ses clients, patients. Il lui arrive même de jouer au psy : le tatouage crée des liens. Combien d’artistes insatisfaits ont plongé leurs travaux dans des pénombres oubliées. Quand ceux de Karen Klink sont terminés, ils se doivent d’être aboutis, avec pour satisfaction le rapport à l’œuvre et à son support, l’humain.

Il est révolu le temps où le tatouage était propre aux camion-neurs, aux anciens combattants, aux dockers et aux rockeurs. Aujourd’hui il évolue à une vitesse sidérante, rattrapé par des ar-tistes ayant à cœur de le renouveler. Le dessin est un medium qui suggère la narration, la narration sollicite l’imagination et celle de Karen Klink n’a pas de limites. Dessiner, c’est raconter des histoires, celle du loup couronné tsar ou du renard aux longues tresses, des oiseaux du paradis qui se mesurent à l’escrime ou de la métamorphose d’une fleur en serpent, d’un serpent en dragon ou d’un poisson en chat. Si vous cherchez à entrer dans son monde en perpétuelle mutation, sachez qu’elle en a absolu-ment les clés, et les aiguilles pour vous le faire découvrir. Karen Klink est née en 1985. Son père dentiste et sa mère comptable, tous deux aventuriers de nature et grands voyageurs, s’installent peu après sa naissance à Paris où elle est scolarisée. De retour à Beyrouth, l’enfant de neuf ans trouve beaucoup de difficultés à s’adapter. Rebelle, timide et solitaire, elle se calfeu-tre dans un monde peuplé de bandes dessinées et de mangas, un monde qui nourrira son imaginaire. À ses heures perdues, Karen Klink aime à traîner dans la clinique de son père, jouer au docteur, manipuler les instruments. Elle se découvre une nature de petite laborantine et déjà pointait l’aiguille à l’horizon. Quand un petit frère voit le jour quelques années plus tard, l’adolescen-te commençait à trouver ses marques. Sa façon à elle d’ap-préhender le monde et de le comprendre passait par le dessin. Des pupitres d’école à ses sketches aux airs de manga, son âme d’artiste se dessinait et son langage se libérait.On dit que les parents ont toujours raison, et nombreux sont ceux qui se sont opposés au choix des études universitaires de leurs enfants. Karen a voulu les arts plastiques, elle se contentera de la publicité. Elle qui aimait la vie et ses pérégrinations appréhen-dait les cours de nature morte. Au moment de choisir l’illustra-tion comme spécialisation, c’est un professeur qui aura raison de sa décision. Michèle Standjofski se présentera comme le mentor idéal. Un an après avoir obtenu son diplôme à l’Académie libanaise des beaux-arts, elle s’envole en 2006 pour Barcelone.

Karen Klink, TATOUEUSE, 32 ANS

Ce qu’elLe détesteUN ACTEUR/UNE ACTRICE DÉTESTÉ(E) ? Chuck Norris, il est insupportable et il prend son rôle très au sérieux.

UN CHANTEUR/UNE CHANTEUSE DÉTESTÉ(E) ? Lana del Rey.

UN ÉCRIVAIN DÉTESTÉ ? Oysho.

UN PEINTRE DÉTESTÉ ? Sylvester Stallone (il peint aussi !).

UNE COULEUR DÉTESTÉE ? Je déteste m’habiller en orange...

UN PLAT DÉTESTÉ ? Aucun !

UN TRAIT DE CARACTÈRE DÉTESTÉ ? Je déteste détester.

UNE VILLE DÉTESTÉE ?Chaque ville a son propre charme.

UN ANIMAL DÉTESTÉ ?Aucun.

UN ÉMOTICON DÉTESTÉ ? La bouche, son expression est aberrante.

UN ALCOOL DÉTESTÉ ? Le Kalimocho (mix de vin rouge et de Coca cola, très populaire en Espagne).

UNE TÂCHE MÉNAGÈRE DÉTESTÉE ? Éplucher des pommes de terre.

UN COMPLIMENT DÉTESTÉ ? Ya Allah comme tu es folle !

UNE PARTIE DE VOTRE ANATOMIE DÉTESTÉE ? Mon front.

UN OUTIL TECHNOLOGIQUE DÉTESTÉ ? Le Segway.

Achtard KlinkSA MAMANEnfant, Karen nous accom-pagnait partout. Dans les musées, les expositions ou les sites archéologiques. Je gardais toujours dans mon sac de quoi dessiner. Karen, qui s’ennuyait vite, croquait tout ce qui l’interpellait. À 4 ans, après le spectacle de La Belle au bois dormant à l’Opéra Bastille, elle reproduit sur son bout de papier les danseurs avec les beaux costumes, les robes dentelées, les coiffures et surtout le mouvement des mains jusqu’à la pointe des pieds. Avec elle, la maison était un vrai labo. Ses poupées Barbie se transformaient, elle modifiait leur allure, les relookait. À l’école, son pupitre était gravé de mille dessins. Karen est sensible, perfec-tionniste, sérieuse, sincère et très curieuse. Je l’appelle « My Busy Bee ».

Chadi AounSON AMI D’ENFANCEKaren n’est pas simple à cerner. Elle évolue dans un monde propre à elle et le résultat est un univers visuel fou et merveilleux. Karen est courageuse. Quand elle part à l’aventure, elle ne tarde pas à trouver sa place sur la scène artistique espagnole.

Dans le cadre de Génération Orient, et en partenariat avec la Société Générale de Banque au Liban (SGBL), L’Orient-Le Jour va braquer chaque mois tous les projecteurs (pa-pier et web) sur un artiste (âgé de maximum

35 ans), toutes disciplines confondues (cinéma, musiques, peinture, sculpture, photo, illus-tration, street art, danse, mode, design, archi-tecture, cuisine, etc.), et lui faire sa campagne sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram,

Twitter, YouTube, Snapchat…) pendant 30 jours, jusqu’à la date de publication du prochain artiste. Chaque mois, douze artistes (cette an-née, juste six, puisque nous avons commencé en mai) seront en lice pour le prix L’OLJ-SGBL

(5000 USD le 1er, 2000 USD le 2e et 1000 USD le 3e). Les lecteurs de L’OLJ voteront à 50%, et le vote d’un jury (L’OLJ, SGBL et grands noms/experts du monde artistique) comptera pour les 50% restants.

CE QU’EN DIT LE PROFESSEUR- Michèle StandjofskiJe me souviens des premiers projets de Karen Klink à l’ALBA : des licornes roses, des papillons multicol-ores et des abeilles – sans dard – butinant des fleurs et des fleurs et des fleurs. C’était sirupeux, ça ne me plaisait pas et je voyais bien que ça ne lui plaisait pas non plus. Puis il y a eu le déclic, suivi d’un virage à 180 degrés et… l’explosion ! Des fleurs, il y en avait toujours, dans les nouvelles images de Karen Klink, mais piquantes, carnivores, sulfureuses, toxiques, et surtout foisonnantes. Exit la décoration, place à l’expression exubérante, aux expérimentations les plus hardies et aux prises de risques les plus culottées. Étonnamment, dans sa métamorphose, elle n’avait rien perdu de sa fraîcheur. Il restait même, dans les rares centimètres carrés vides de ses magnifiques collages, quelque chose du côté girly de ses débuts. Mais là, ça me plaisait, et à elle aussi. Un vrai bonheur que de voir un vrai talent se dessiner, une vraie personnalité se construire, et de l’accompagner, un peu, au tout début du chemin.

MICHÈLE STANDJOFSKI EST BÉDÉISTE, ILLUSTRATRICE ET PROFESSEURE DE BANDE DESSINÉE ET D’ILLUSTRATION À L’ACADÉMIE LIBANAISE DES BEAUX-ARTS.

CE QU’EN DIT LE MAÎTRE- Charlie Harjulin J’ai eu le privilège de connaître Karen il y a de cela quelques années, et la chance de partager avec elle maintes conversations profondes et séances de fous rires. Pour la décrire, je réalise que je n’ai pas besoin de mots : elle se décrit parfaitement par son travail et par son art – tout du moins pour moi. Je regarde un de ses plus beaux dessins (que j’ai la chance d’avoir sur mon mur) en écrivant ce texte. C’est l’image d’un cœur, d’une grande beauté dans la finesse de la ligne, et dessiné d’une main particulièrement confiante. Je m’émerveille face aux infimes détails et face à la richesse de l’histoire que cela suggère. Plus je re-garde, plus le dessin me fascine. Il émane du travail de Karen une harmonie, une chaleur et une spon-tanéité qui calment et qui apaisent, mais aussi qui attestent d’une profonde connexion avec elle-même. Comme un savoir qui se manifeste avec facilité et compassion. Enfin, c’est beau et cela me rend heureux. C’est ça ma Karen.

CHARLIE HARJULIN EST CINÉASTE.

Après le papier, la porcelaine, les maisons d’édition, les expositions, les tableaux et la mode, c’est naturellement que son art se transpose sur la peau. Du papier à la peau, son art demeure vivant, authen-tique. Il nous interpelle par une effervescence intérieure, toujours en mouvement, une créativité sans tabou ni limite. Comme beaucoup, « I have been Klinked »...

Dominique Chouchani SA MEILLEURE AMIEDepuis notre rencontre il y a dix ans, j’ai découvert une fille dynamique, pleine d’enthousi-asme, et qui entretient avec la vie un rapport très authentique. Elle est déterminée, mais elle dégage une certaine douceur et poursuit ses rêves d’en-fant qu’elle mène à bon port. L’univers artistique dans lequel elle baigne est unique. Toujours très fraîche et souriante, elle nous transporte dans son véritable monde imaginaire, propre à elle. Belle, jeune et talentueuse, Karen s’exprime à travers ses dessins dans un monde onirique de créatures qui coexistent harmonieuse-ment en perpétuelle mutation.

Joëlle AchkarSON AMIE D’UNIVERSITÉKaren et moi nous sommes

connues à l’ALBA, en section illustration. Je me souviens de ce beau visage rond à la peau lisse et cristalline comme une poupée de cire, mais aussi de cette lourde masse de cheveux noirs, de ce regard intense et de ce long corps aux os sail-lants. Je la vois en chamane, munie de ses aiguilles, lacérer les peaux de ses encres indélébiles de totems uniques, dans une sorte de rituel mys-tique. Les créatures qu’elle dessine prennent la couleur de ses tripes biophiles, et elles grognent, piquent et ondulent. Sensuelles, elles s’entrelacent, fleurissent et se multiplient. Mi-figue mi-raisin, mi-anges mi-démons, créa-tures entre ciel et terre, ciel et mers, douces et piquantes à la fois : ses bébés.

Lara WehbéSON AMIEJe connais Karen depuis 25 ans. Je suis fascinée à quel point elle est devenue femme et créatrice, sans perdre ni son innocence ni son côté en-fantin. Son rire est absolument contagieux, et elle n’a jamais dévié de son objectif, de sa passion, de sa sensibilité et de son art. Cet art dans lequel elle a su, mieux que quicon-que, plonger sa personnalité captivante.

L’instant qui précède la première goutte d’encre injectée est un grand

moment de solitude

Ce qu’en dit lA famille

Page réalisée par Danny MALLAT