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Sans Concession n° 77

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Revue révisionniste animée par Vincent Reynouard

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Un jour de juin 1943, à Saint-Sulpice-de-Roumagnac (Dordogne), une dizaine

de franc-gardes de la Milice arrêtèrent un dénommé Vergnaud. Après l’avoir

traîné devant le monument aux morts, ils lui tondirent une partie de la che-

velure puis lui enduisirent la tête de goudron. Si ce Vergnaud avait été juif ou

Résistant, cet acte serait aujourd’hui rappelé dans le village et mis sur le compte

de la « barbarie des complices des nazis ». Mais il s’agissait d’un délateur qui

avait dénoncé à la Kommandantur un prisonnier français évadé. Indignées par

ce comportement répugnant, les autorités allemandes non seulement n’avaient

pas pris en compte cette dénonciation, mais aussi, elles avaient puni le délateur

en le dénonçant à leur tour aux autorités françaises (voy. Combats, 12 juin 1943,

S������'ÊR®�OH�FK�WLPHQW�LQÐLJ��SHX�DSU�V�SDU�OD�0LOLFH�HQ�SU�VHQFH�GHV�KDELWDQWV�du village.

&H� VLPSOH� H[HPSOH� FRQÏUPH� XQH� IRLV� GH� SOXV� TXÊHQ� SU�VHQFH� GÊXQ� DFWH� TXHO-conque, tout jugement hâtif est à éviter. Or, l’Histoire de la seconde Guerre mon-

GLDOH�HVW�UHPSOLH�GH�U�FLWV�GH�FH�JHQUH��GRQW�RQ�WDLW�OH�FRQWH[WH�DÏQ�GH�FKDUJHU�OH�vaincu. C’est ce que Maurice Bardèche appelait « un savant éclairage de scène »,

XQ��FODLUDJH�TXL��SDUDGR[DOHPHQW��FRQVLVWH���ODLVVHU�GDQV�OÊRPEUH�XQH�SDUWLH�GH�OD�U�DOLW��SRXU��DX�ÏQDO��G�IRUPHU�WRWDOHPHQW�FHWWH�U�DOLW���$SU�V�OD�JXHUUH��OHV�vainqueurs inaugurèrent dans ce domaine en faisant appel à Alfred Hitchcock

pour produire leur moyen-métrage sur les « atrocités nazies ». Sur les 25 km de

ÏOPV�SULV�GDQV�OHV�FDPSV���OHXU�OLE�UDWLRQ��FHOXL�FL�HQ�V�OHFWLRQQD�PRLQV�GH���NP�(voy. R. Faurisson, Écrits révisionnistes, t. I, pp. XXXVII-XXXVIII).

Près de trois quarts de siècles après l’écrasement du IIIe Reich, une grande par-

WLH�GH�FHV�]RQHV�ODLVV�HV�GDQV�OÊRPEUH�UHVWHQW����FODLUHU��/Ê�TXLSH�GH�Sans Conces-sion y travaille avec ses moyens. Dans cette nouvelle livraison, vous découvrirez

deux témoignages inédits (au moins en France) : l’un sur Dachau, l’autre sur

+LWOHU� HW� VRQ�HQWRXUDJH��9RXV�G�FRXYULUH]��JDOHPHQW�XQH�QRXYHOOH� UXEULTXH� ��l�/D�Ç6KRDKÈ�DX�ÏO�GH�OÊDFWXDOLW��x��(QÏQ��YRXV�SRXUUH]�OLUH�OH�FRPSWH�UHQGX�GH�QRWUH�DFWLRQ�GH�OÊ�W��TXL�D�FRQVLVW����SXEOLHU�VXU�,QWHUQHW�GHV�SHWLWHV�YLG�RV�U�YL-sionnistes réalisées par Vincent Reynouard. Avec plusieurs centaines de vues

par jour, l’opération a été un succès totalement inattendu. Preuve de notre réus-

site : la censure n’D�SDV�WDUG����VXUYHQLU���WURLV�VHPDLQHV�DSU�V�OD�SXEOLFDWLRQ�GH�OD�SUHPL�UH�YLG�R��QRWUH�FKD¤QH�l�7K�VHV�,QWHUGLWHV�x��WDLW�EORTX�H�HQ�)UDQFH��Mais nous avons réagi en en créant d’autres (dont une en Roumanie) et en diffu-

VDQW�QRV�SHWLWV�ÏOPV�via notre site internet phdnm.org.

Nos adversaires doivent savoir que la censure et la répression n’auront pas plus

GÊHIIHW�TXÊXQH�GLJXH�GH�VDEOH�IDFH���OD�PDU�H�PRQWDQWH��7RXW�DX�SOXV�SRXUURQW�LOV�retarder l’éclatement de la vérité ; mais ils ne l’empêcheront jamais.

/H�FRPEDW�FRQWLQXH��%RQQH�OHFWXUH���WRXWHV�HW���WRXV�

Marie Pererou

0��8UEDLQ�&DLUDWC.P. 1528

CH-1820 Montreux

Suisse

[email protected]

http://sansconcession.max.st

Directeur de publicationJoseph Renand

Directeur/RXLV�/HUR\

Ventes et abonnementsVF�DERQQHPHQW#JP[�FRP���0DULH�%UXFKHW�5DSKD¡O�/DXQD\

Rédactrice en chefMarie Pererou

Secrétaire général de la rédactionPierre Guérin -

[email protected]

Conseiller éditorial-XOLHQ�/HPD¤WUH

Conception graphique - iconographiqueJoseph Martin - [email protected]

MaquettePascal Barteaux

Conseiller scientifiqueVincent Reynouard

DocumentationAndré Germain -

[email protected]

Site internet%HQRLW�4XLOOHW��6�EDVWLHQ�5LERW��/XFDV�&ROOLQ

Direction commercial et marketingStéphane Petit - [email protected]

Assistant de direction commercialePascal Mary - [email protected]

Titres et chapôts sont écrits par la rédaction

Les opinions exprimées dans les articles n’engagent que leurs auteurs.

Couverture : © Joseph Martin

Sans Concession

Notre seule mission

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SommaireS a n S C o n C e S S i o n n ° 7 7 / a o û t - S e p t e m b r e 2 0 1 2

La Shoah au fiL de L’actuaLité

P 4 > Rafle du Vel d’Hiv : Hypocrisie de Hollande P 5 > L’Holocauste n’appartient pas au passé > La 2ème Guerre mondiale passionne P6 > Les chiffres sont accablantsP7 > Et « Vade retro Satanas » devint «dehors les Fachos »P8 > Le baryton russe chantera bientôt les LamentationsP9 > Shoah : le crime de référence pour l’évaluation de la barbarieP10 > La Shoah : une valeur pour Juppé >Apprendre ce qu’est le Mal grâce à la ShoahP11 > Le prétendu Holocauste éclipse tout le resteP12 > Hollande ouvre la porte à toutes les dérivesP13 > Condamnation sans preuve : le cas DemjanjukP14 > Encore la Shoah par balles > Gayssot persiste et signeP16 > Un mythe protégé par le flou qui l’entoureP17 > Des preuves de substitutionP18 > L’Unesco, complice de l’escroquerie

Inédit

P19 > Témoignage inédit sur Dachau

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���������

Dossier

Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

P23 PrésentationP25 > Un document inéditP26 > Le «jusqu’au boutisme» de HitlerP30 > La légende du bloc monolithiqueP38 > Rosenberg : un idéologue incompris du Fuhrër lui-mêmeP45 > Le cas Bormann

P50 Le témoignage

Des nouvelles du front

P56 > Internet : la nouvelle chance...

Opinion

P59 > Lettre à Franz-Olivier Gisbert

Communiqué

P61 > En dépit de la répression le révisionnisme vaincra

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Brèves

Sans Concession N° 77

4

On a beaucoup commenté le discours prononcé le 16 juillet par François Hol-lande lors des commémorations du 70ème� DQQLYHUVDLUH� GH� OD� UDÐH� GX� 9HOÊ�

GÊ+LYÊ�HW�QRWDPPHQW�OD�SKUDVH�VXLYDQWH���l�La vé-

rité, c’est que ce crime fut commis en France, par

la France. » (le texte intégral du discours peut être FRQVXOW�� �� OÊDGUHVVH� VXLYDQWH� �� KWWS���MVVQHZV�FRP������������KROODQGHKLVWRULTXH���Reconnaissance de la responsabilité de la )UDQFH�"�$EVROXPHQW�SDV��&DU�SHX�DSU�V�� OH�3U�-VLGHQW�D�DMRXW���Mais la vérité, c’est aussi que le crime du Vel d’Hiv

fut commis contre la France, contre ses valeurs,

contre ses principes, contre son idéal. […] L’hon-

neur de la France était incarné par le général

de Gaulle qui s’était dressé le 18 juin 1940 pour

continuer le combat. L’honneur de la France était

défendu par la Résistance, cette armée des ombres

qui ne se résigna pas à la honte et à la défaite.

2Q� HQ� UHYLHQW� GRQF� DX� PHVVDJH� VHORQ� OHTXHO�OH� l� FULPH�x�GX�9HOÊ�GÊ+LYÊ�D��W��FRPPLV�SDU�XQH�DXWRULW�� GH� IDLW� �FHOOH� GX� PDU�FKDO� 3�WDLQ�� TXL�UHSU�VHQWDLW� OÊDQWL�)UDQFH�� /D� VHXOH� YUDLH� )UDQFH�Æ�FÊHVW���GLUH�OD�5�SXEOLTXH��VHV�SULQFLSHV�HW�VHV�l�YDOHXUV�x�Æ��WDLW�LQFDUQ�H�DX�GHO��GHV�PHUV�SDU�le général de Gaulle et elle continuait la guerre DYHF� �� VRQ� DUP�H� IRUP�H� GH� 5�VLVWDQWV�� &HWWH�)UDQFH��HOOH�UHVWH�VDQV�WDFKH�0DLV�DORUV��SRXUTXRL� FHWWH�SKUDVH� VHORQ� ODTXHOOH�l� ce crime fut commis […] par la France� x� "� /D�UDLVRQ�GH�FHWWH�FRQWUDGLFWLRQ�HVW�VLPSOH���HOOH�VHUW���MXVWLÏHU�OHV�l�U�SDUDWLRQV�x�YHUV�HV�DX[�MXLIV�SDU�OÊ�WDW���FDU�VL�OD�)UDQFH��WDLW�LQQRFHQWH��HOOH�QÊDXUDLW�DXFXQH� UDLVRQ� GH� G�GRPPDJHU� OHV� YLFWLPHV�� ,O�fallait donc une condamnation minimale…

5DÐH�GX�9HO�GÊ+LY���Hypocrisie de François Hollande

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Sans ConcessionN° 77

La Shoah au fil de l’actualité

BHDXFRXS� GÊRSWLPLVWHV� FURLHQW� TXÊXQH� IRLV�OHV� GHUQLHUV� VXUYLYDQWV� GHV� FDPSV� PRUWV��RQ�SRXUUD�SDUOHU� GH� OÊ� l�+RORFDXVWH� x� ELHQ�

SOXV�OLEUHPHQW��&HWWH�FRQYLFWLRQ�HVW���OÊRULJLQH�GH�tous les appels à la prudence adressés aux révi-VLRQQLVWHV�PLOLWDQWV���l�$WWHQGH]�TXHOTXHV�DQQ�HV�TXH� OHV� GHUQLHUV� VXUYLYDQWV� VRLHQW� PRUWV�� /HV�HVSULWV� VHURQW� FDOP�V� x�� 1RXV� OHXU� RSSRVHURQV�FHV�G�FODUDWLRQV�GH�OÊKLVWRULHQ�MXLI�<HKXGD�%DXHU�entendues en avril dernier��Nous sommes un peuple traumatisé, nous vivons avec ce traumatisme, que nous nÊavons pas sur-monté, et qui a peu de chances de lÊêtre dans un DYHQLU�SURFKH� >Â@�� ,l ne sÊagit pas seulement des

MXLIV� LVUD�OLHQV��PDLV�GH� WRXV� OHV� MXLIV�GX�PRQGH� ��lÊHolocauste ce nÊest pas le passé, cÊest le présent. Il y a encore de nombreux rescapés, et encore plus dÊHQIDQWV�GH� UHVFDS�V� �� FHOD� YHXW�GLUH�TXH� OÊHolo-causte reste une histoire personnelle pour beau-coup, beaucoup de gens...� �YR\��Le Monde����DYULO�������DUW��GH�/DXUHQW�=HFFKLQL� LQWLWXO�� ��l�/Ê+ROR-FDXVWH�QÊHVW�SDV�OH�SDVV���FÊHVW�OH�SU�VHQW�x��*DJHRQV� TXÊDSU�V� OHV� l� HQIDQWV� GH� UHVFDS�V� x�YLHQGURQW�OHV�SHWLWV�HQIDQWV��SXLV�OHV�DUUL�UHV�SH-WLWV� HQIDQWVÂ�&URLUH� GRQF� TXH� GÊLFL� GL[� RX� YLQJW�DQV�� OÊ� l�+RORFDXVWH�x�DSSDUWLHQGUD�DX�SDVV���XQ�SDVV��GRQW�RQ�SRXUUD�SDUOHU�OLEUHPHQW��VH�U�Y�OH�WU�V�QD¥I�

L’Holocauste n’appartient pas au passé

La seconde Guerre mondiale passionne les Français

1RWRQV� TXH� OHV� MXLIV� QH� VRQW� SDV� OHV� VHXOV� HQ�FDXVH�� $ORUV� TXH� OD� V�ULH� l� 8Q� YLOODJH� IUDQ-�DLV� x� UHYHQDLW� VXU� OD� FKD¤QH� GH� W�O�YLVLRQ�

)UDQFH� ��� UDFRQWDQW� OÊKLVWRLUH� �ÏFWLYH�� GÊXQH� ERXU-JDGH�GX� -XUD� VRXV� OÊ2FFXSDWLRQ��'DOLGD�.HUFKRXFKH��FULYLW� �� l�7�O�YLVLRQ�� FLQ�PD�� �GLWLRQÂ� �� OD� VHFRQGH�guerre mondiale passionne de plus en plus� x��$SU�V�DYRLU��YRTX��OHV�l�5 millions de téléspectateurs�x�TXL�suivaieQW�FHWWH�V�ULH��HOOH�DMRXWDLW��les Français se passionnent pour la seconde guerre mondiale. Depuis « les Bienveillantes », de Jonathan Littel (Goncourt 2006), vendu à un million d’exem-plaires, le phénomène s’accentue. Sur France 2, « Apo-calypse », série documentaire […], a séduit 6 millions GH� W�O�VSHFWDWHXUV�� $X� FLQ�PD�� l� OD� 5DÐH� x� GH� 5RVH�Bosch, plus de 2,8 millions. « Elle s’appelait Sarah », de Gilles Paquet-Brenner, 600 000 spectateurs en un mois�>YR\��Madame Figaro����G�FHPEUH�������S����@�$� TXL� IHUD�W�RQ� FURLUH� TXH� FHV�PLOOLRQV� GH� JHQV� DX-UDLHQW� �W�� FRQWUDLQWV� GDQV� OHXU� FKRL[� "� /D� Y�ULW���FÊHVW�TXH�WRXV�FHV�)UDQ�DLV�DGK�UHQW���OD�SURSDJDQGH�RUFKHVWU�H�DXWRXU�GH�OD�VHFRQGH�JXHUUH�PRQGLDOH�HW�GHV�l�QD]LV�x� Madame Figaro 4/12/2010

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Brèves

Sans Concession N° 77

6

8Q�GHUQLHU�VRQGDJH�U�DOLV��OHV���HW���MXLOOHW������OH� FRQÏUPH� GÊDLOOHXUV� DYHF� �FODW�� WRXW� FRPPH�LO�FRQÏUPH�OHV�FKLIIUHV�TXH�QRXV�DYRQV�SXEOL�V�

GDQV�QRWUH�GHUQL�UH� OLYUDLVRQ��YR\��SC��Qp�����SS��������'ÊDSU�V� OXL�� ��� �� GHV� )UDQ�DLV� LQWHUURJ�V� WURXYHQW�l� WU�V� x� RX� l� SOXW©W� x� l� important de transmettre aux jeunes la mémoire de la Shoah » (YR\�� &6$�� VRQGDJH�Qp���������SRXU�OÊ8(-)��MXLOOHW�������S������

Selon vous, est-il important de transmettre la mémoire de la Shoah ?

&HUWDLQV� LQYRTXHURQW� OD� SURSDJDQGH� RUFKHVWU�H�G�V�OD�SOXV�SHWLWH��FROH��FÊHVW���GLUH�OD�SURSDJDQGH�WHOOH�TXÊHOOH�H[LVWH�DXMRXUGÊKXL��/ÊKLVWRULHQQH�$Q-

QHWWH�:LHYLRUND�QH�OD�FRQWHVWH�SDV��SXLVTXÊHOOH�G�FODUH�nettement��je ne vois pas comment on peut faire plus, en ce qui FRQFHUQH� OD� 6KRDK�� (OOH� ÏJXUH� GDQV� OHV� SURJUDPPHV�scolaires, dans les médias, des dizaines de milliers d’en-IDQWV�VRQW�DOO�V�YRLU�OH�ÏOP�l�/D�5DÐH�x�>9R\��Le Figaro�����MXLOOHW�������DUW��LQWLWXO����l�9HOÊ�GÊ+LYÊ���OHV�KLVWRULHQV�SDV�VXUSULV�x�@/ÊKLVWRULHQQH� UHFRQQD¤W� GRQF� VDQV� SUREO�PH� TXH� OHV�MHXQHV� J�Q�UDWLRQV� VRQW� VRXPLVHV� �� XQ� PDWUDTXDJH�PD[LPDO��0DLV�GDQV�OH�VRQGDJH�&6$�FLW��SOXV�KDXW��RQ�QRWH�OHV�IDLEOHV�GLVSDULW�V�VXLYDQW�OHV�FDW�JRULHV�GÊ�JH���VL� ��� �� GHV� )UDQ�DLV� WURXYHQW� l� WU�V� x� RX� l� SOXW©W� x�l�important de transmettre aux jeunes la mémoire de la Shoah�x��LOV�VRQW������FKH]�OHV�������DQV�HW������FKH]�OHV�������DQV��/HV�J�Q�UDWLRQV�TXL�QÊRQW�SDV�FRQQX�OD�SUR-SDJDQGH�HIIU�Q�H���OÊ�FROH��FÊHVW���GLUH�OHV�������DQV�HW�OHV�SOXV�GH����DQV� réalisent respectivement un score GH������HW�GH�������3UHXYH�TXH�OD�PDQLSXODWLRQ�G�V�OD�SHWLWH��FROH�QÊH[SOLTXH�SDV�WRXW��5�S�WRQV�OH���OHV�)UDQ-�DLV�ERLYHQW�GÊHX[�P PHV�OH�ODLW�GH�FHWWH�SURSDJDQGH��3HUVRQQH�QH�OHV�D�REOLJ�V���DFKHWHU�Les Bienveillantes et à regarder Apocalypse��Un village Français ou /D�5DÐH…

3URSDJDQGH���l’aveu d’Annette Wieviorka

85 % des Français pour la transmission de la mémoire de la Shoah

Les chiffres sont accablants...

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Sans ConcessionN° 77

La Shoah au fil de l’actualité

&KDTXH� QRXYHOOH� DQQ�H� DSSRUWH� GÊDLOOHXUV�OD� SUHXYH� TXH�� ORLQ� GH� VÊDSDLVHU�� OHV� HVSULWV�VÊ�FKDXIIHQW�GH�SOXV�HQ�SOXV��4XHOTXHV�PRLV�après le nivellement de la sépulture de la fa-

PLOOH�GH�5XGROI�+HVV��OD�WRPEH�GHV�SDUHQWV�GH�+LWOHU�D�HOOH�DXVVL��W��UHWLU�H��&Ê�WDLW�OH����PDUV�GHUQLHU��/H�PRWLI��WDLW�OH�P PH���l�La tombe des parents d’Adolf Hitler était devenue le lieu de pèlerinage pour les mi-lieux d’extrême-droite » (YR\��l�/D�WRPEH�GHV�SDUHQWV�GÊ+LWOHU�UHWLU�H�x��$)3�Le Figaro�����PDUV�������ZZZ�OHÏJDUR�IU���$�VXSSRVHU�TXH�FHV�l�S�OHULQDJHV�x�DLHQW�toujours été DFFRPSDJQ�V� GH� JUDYHV� YLROHQFHV�� OD�G�FLVLRQ�DXUDLW� VDQV�GRXWH��W�� MXVWLÏ�H��0DLV� LO� QÊHQ�DOODLW�SDV�DLQVL��OD�PHLOOHXUH�SUHXYH��WDQW�TXH�GHSXLV�������DXFXQH�GHPDQGH�U�FXUUHQWH�GÊHQO�YHPHQW�GH�OD�SLHUUH�WRPEDOH�QÊDYDLW��W��IRUPXO�H��(Q� Y�ULW��� OÊREMHFWLI� HVW� GÊ�UDGLTXHU� WRXWH� WUDFH� GX�QDWLRQDO�VRFLDOLVPH�SDUFH�TXH�GDQV�QRV�VRFL�W�V�G�-FKULVWLDQLV�HV��+LWOHU�HVW�OH�QRXYHDX�'LDEOH�TXÊLO�IDXW�LPS�UDWLYHPHQW�H[WLUSHU�SRXU� OH�VDOXW�GHV��PHV��'H�QRV� MRXUV�� OHV� U�XQLRQV�GH�Q�RQD]LV�VRQW�FRPPH� OHV�VDEEDWV�GX�0R\HQ�|JH��2Q�FKHUFKH�à tout prix à les �YLWHU��'�EXW� MXLOOHW��RQ�DSSULW�TXH� OÊ�WDW�GH�%UDQGH-ERXUJ� DYDLW�PLV� �� OD� GLVSRVLWLRQ�GHV�K©WHOLHUV� l�une brochure pour détecter les réservations masquant des réunions, de plus en plus discrètes, de nostalgiques du IIIe Reich�x��YR\��l�$OOHPDJQH���GHV�UHVWDXUDWHXUV�LQFL���YR\��l�$OOHPDJQH���GHV�UHVWDXUDWHXUV�LQFL-W�V���UHS�UHU�OHV�Q�RQD]LV�x����MXLOOHW�������ZZZ�OHÏ-JDUR�IU���/��HQFRUH��VL�FHV�U�XQLRQV�UHJURXSDLHQW�GHV�H[FLW�V�KDELOO�V�HQ�66��YRFLI�UDQW�GHV�l�+HLO�+LWOHU���x�HW�IUDSSDQW�OHV�DXWUHV�FOLHQWV��OÊLQLWLDWLYH�SRXUUDLW�VH�FRPSUHQGUH��0DLV�LO�QÊHQ�HVW�ULHQ��Les nostalgiques du IIIe Reich ont troqué leurs blou-sons bombers, leurs bottes de parachutiste et leurs crânes rasés pour des vêtements plus sobres, voire des costumes, et des coiffures policées. Ils affectionnent particulièrement certaines marques de vêtements distinctives aux noms évocateurs, telle Thor Steinar, nommée d’après une divinité germanique. Hormis en petit cercle fermé, ils ne scandent plus le salut hitlé-rien. Un discret « 88 » brodé sur un vêtement, ou lâché en guise de salut, remplace ce signe de ralliement. Le « H » est la huitième lettre de l’alphabet et le « 88 » leur permet de lâcher « Heil Hitler » en public en toute im-

punité, les signes ostensibles de reconnaissance nazis étant formellement interdits par la loi fondamentale >id�@�5LHQ��GRQF��GH�WU�V�P�FKDQW��0DLV�P PH�VÊLO�QH�ODLVVH�SDV� DSSDUD¤WUH� VHV� VDERWV� HW� VD� TXHXH� IRXUFKXH��P PH�VÊLO�VH�SU�VHQWH�VRXV�OHV�WUDLWV�GÊXQ� WUH�KXPDLQ�EDQDO�� OH� 'LDEOH� UHVWH� OH� 'LDEOH�� 6RQ� REMHFWLI� HVW� GH�QRXV�SHUGUH��'�V�ORUV��LO�IDXW�OH�WUDTXHU�HQ�FKHUFKDQW���OÊLGHQWLÏHU�JU�FH���GÊDXWUHV�VLJQHV�H[W�ULHXUV��7HOOH�HVW� OÊREMHW�GH�OD�EURFKXUH�U�FHPPHQW�GLVWULEX�H�DX[�K©WHOLHUV�2Q� QRXV� U�SRQGUD� TXH� UHIXVHU� XQ� FOLHQW� SRXU� GHV�PRWLIV�SROLWLTXHV�UHO�YH�GH�OD�GLVFULPLQDWLRQ��&HUWHV��PDLV�FRPPH�QRXV� OÊDYRQV�G�M��G�PRQWU��� OHV� U�JOHV�GX� MHX� G�PRFUDWLTXHV� QH� E�Q�ÏFLHQW� TXÊDX[� SHU-VRQQHV� HVWDPSLOO�HV� l� G�PRFUDWHV� x�� &RQWUH� OHV�DXWUHV�� HW� FRQWUH� OHV� l� IDFKRV� x�� WRXWHV� OHV� HQWRUVHV�DX[�l�JUDQGV�SULQFLSHV�x�VRQW�MXVWLÏ�HV��Le 9 mars, la cour de justice fédérale de Karlsruhe, statuant sur une plainte d’un ancien leader du NPD, TXL�DYDLW��W��UHIXV��SDU�XQ��WDEOLVVHPHQW��D�FRQÏUP��le droit des hôteliers allemands de refuser des clients pour des motifs politiques. Le NPD a réagi à l’initiative du Brandebourg en évoquant un « comportement pro-IRQG�PHQW� DQWLG�PRFUDWLTXH� HW� GLVFULPLQDWRLUH » destiné à l�LQVWUXPHQWDOLVHU�OH�VHFWHXU�GH�OÊK©WHOOHULH�et de la restauration en criminalisant des personnes GÊRSLQLRQV�SROLWLTXHV�GLII�UHQWHV »�>id�@�/HV� GLULJHDQWV� GX� 13'� IHUDLHQW� ELHQ� GH� OLUH� OÊ�WXGH�TXH�QRXV�DYRQV�SXEOL�H�GDQV�Sans Concession�Qp����VXU� OHV�GURLWV�GH� OÊKRPPH�� ,OV� FRPSUHQGUDLHQW�DORUV�OÊLQXWLOLW��GH�OHXUV�SURWHVWDWLRQVÂ(QÏQ�PDOKHXU���FHX[�TXL��P PH�VDQV�OH�VDYRLU��DXURQW�DFFXHLOOL�XQ�VDEEDW�PRGHUQH��Le 1er janvier [2012], rien n’a alerté Detlef Kampschultes lorsquÊun groupe de 120 personnes a réveillonné dans son établissement. Il a servi de la bière sans rechigner aux clients vêtus de costume-cravate. Kampschultes ne lÊa appris que plus tard ��LO�VÊagissait dÊune réunion des cadres du parti dÊextrême droite NPD de Saxe et du Mecklembourg-Poméranie. CÊétait trop tard. Désor-mais son établissement — boycotté par la clientèle habituelle, qui lui reproche dÊavoir offert le gîte et le couvert aux nazis — est menacé de faillite�>id�@�

(W

l�Vade retro Satanas » devint

�l�Dehors les néonazis ! »

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Brèves

Sans Concession N° 77

8

AXWUH�SUHXYH�GH�OÊ�WHUQHO��FKDXIIHPHQW�GHV� HVSULWV� ORUVTXÊLO� VÊDJLW� GX� QDWLR�agit du natio-QDO�VRFLDOLVPH� �� OÊDIIDLUH� GX� EDU\WRQ�UXVVH� (YJHQ\� 1LNLWLQ�� $X� IHVWLYDO� GH�%D\UHXWK�� LO�GHYDLW� MRXHU� OH� U©OH�SULQ-

FLSDO�GÊXQ�RS�UD�GH�:DJQHU��FÊHVW���GLUH�OH�+ROODQ-dais du Vaisseau fantôme��/D�UHSUésentation était SU�YXH�SRXU�OH����MXLOOHW��0DLV�OH����MXLOOHW��OD�FKD¤QH�GH�W�O�YLVLRQ�=')�PRQWUD�XQH�SKRWR�R®�OÊRQ�SRXYDLW�YRLU�OH�EDU\WRQ��SOXV�MHXQH��MRXHU�GH�OD�EDWWHULH�WRUVH�QX���HW�VXU�VRQ�WRUVH��XQH�FURL[�JDPP�H�ELHQ�YLVLEOH�TXRLTXH�UHFRXYHUWH�GDQV�VD�SDUWLH�FHQWUDOH�SDU�XQ�DXWUH�GHVVLQ��$�F©W��ÏJXUDLW�XQH�UXQH�GH�FRPEDW�6DQV� DWWHQGUH�� (YJHQ\� 1LNLWLQ� VÊH[SOLTXD�� LQYR-TXDQW�XQH�HUUHXU�GH�MHXQHVVH��DORUV�TXÊLO��WDLW�EDW-WHXU�GDQV�XQ�JURXSH�GH�KDUG�URFN���l�Je me suis fait faire ces tatouages quand j’étais jeune. C’était une

grande faute dans ma vie et je souhaite ne l’avoir jamais fait�x��YR\��l�%D\UHXWK���XQ�WDWRXDJH�QD]L�VXU�YR\��l�%D\UHXWK���XQ�WDWRXDJH�QD]L�VXU-JLW�x��$)3�Le Figaro�����MXLOOHW��������ZZZ�OHÏJDUR�IU���&HWWH�MXVWLÏFDWLRQ�HQ�IRUPH�GÊH[FXVHV�QH�VXIÏW�SDV��/H�EDU\WRQ�GXW�UHQRQFHU�à sa participation au IHVWLYDO�'DQV�FHWWH�DIIDLUH��RQ�QRWHUD�TXÊ(YJHQ\�1LNLWLQ����QÊD�MDPDLV�PLOLW��GDQV�XQ�SDUWL�Q�RQD]L����QÊD�MDPDLV�SURI�U��GHV�LQMXUHV�UDFLDOHV��DX�PRLQV�HQ�SXEOLF�����D�SXEOLTXHPHQW�UHJUHWW��VD�G�FLVLRQ�GH�MHXQHVVH����QÊDOODLW�SDV�PRQWUHU�VHV�WDWRXDJHV�VXU�OD�VF�QH�GX�IHVWLYDO�GH�%D\UHXWK�'�V� ORUV��P PH��� VXSSRVHU�TXH� VHV�H[FXVHV�DLHQW��W�� K\SRFULWHV�� LO� VÊDJLVVDLW� GÊRSLQLRQV� TXL� UHOH-YDLHQW� GH� VD� YLH� SULY�H�� 6HXOHPHQW� YRLO�� �� +LWOHU�D\DQW� UHPSODF�� OH�'LDEOH�� OH� UHVSHFW�GH� OD� YLH�SUL-Y�H�QH�VÊDSSOLTXH�SOXV��(YJHQ\�1LNLWLQ�SRUWDQW��RX�D\DQW�SRUW���VXU�OXL�OD�PDUTXH�GX�G�PRQ��LO�D�EDLV��OH�FXO�GX�'LDEOH�HW�TXRL�TXÊLO�IDVVH��LO�VHQW�G�VRUPDLV�OH� VRXIUH�� (Q� FRQV�TXHQFH�� VRQ� VHXO� HVSRLU� U�VLGH�GDQV�XQH�DEMXUDWLRQ�WRWDOH���XQ�S�OHULQDJH�QRQ�SDV�HQ�7HUUH�6DLQWH�PDLV���$XVFKZLW]����<DG�9DVKHP�RX�DX�0�PRULDO�GH�OÊ+RORFDXVWH���%HUOLQ�SDU�H[HPSOH�/H� EDU\WRQ� UXVVH� GRLW� FRPSUHQGUH� �� OD�PRUDOH� GH�QRV� VRFL�W�V� PRGHUQHV� �WDQW� E�WLH� HQ� U�DFWLRQ� à OÊ� l�+RORFDXVWH� x�� OH�PRLQGUH� VLJQH� GÊDGK�VLRQ� DX�l� QD]LVPH� x� HVW� GHYHQX� OH� S�FK�� FDSLWDO� Qp� ���'�V�ORUV�� SRXU� FHX[� TXL� VHQWHQW� OH� VRXIUH�� VHXOH� XQH�SURVWHUQDWLRQ�GHYDQW�OÊLGROH�KRORFDXVWLTXH�SHUPHW�GH�VH� ODYHU��GRQF�GH�VH�l�JX�ULU�x�HW��DLQVL��GÊHVS�-rer une�U�LQW�JUDWLRQ�SDUPL�OHV�l�ERQV�x��$�FH�VXMHW��UDSSHORQV�OÊDIIDLUH�GX�SULQFH�+DUU\��OH�ÏOV�GX�SULQFH�&KDUOHV�HW�GH� IHXH� ODG\�'LDQD��TXL��HQ�������DYDLW�VXVFLW�� OD� SRO�PLTXH� HQ� DSSDUDLVVDQW� Y WX� GÊXQH�FKHPLVH�EUXQH�HW�SRUWDQW�XQ�EUDVVDUG���FURL[�JDP-P�H�ORUV�GÊXQH�VRLU�H�FRVWXP�H��&LQT�DQV�SOXV�WDUG��LO�ÏW�XQ�l�S�OHULQDJH�SULY��x��private pilgrimage����%HUOLQ��DX�0�PRULDO�GH�OÊ+RORFDXVWH��YR\��l�3ULQFH�+DUU\� ,Q� 9LVLW� WR� %HUOLQ� +RORFDXVW� 0HPRULDO� x�����G�FHPEUH�������ZZZ�YRVL]QHLDV�FRP���&Ê�WDLW�OH�prix à payer…&HUWDLQV� QRXV� DFFXVHURQW� GÊH[DJ�UHU� OH� U©OH� GH�OÊ�l�+RORFDXVWH�x��,OV�VH�WURPSHQW�

Le baryton russe chantera bientôt les Lamentations

Nikitin : à quand un concert au profit des victimes de la Shoah ?

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La Shoah au fil de l’actualité

/D� SKUDVH� LPSRUWDQWH�prononcée par Fran-çois Hollande lors des commémorations de OD� UDÐH� GX� 9HOÊ� GÊ+LYÊ�

HVW�OD�VXLYDQWH���l�Il ne doit pas y avoir un seul établissement où cette histoire-là ne soit pleine-ment entendue, respectée et mé-ditée.� x�1RWH]�ELHQ� OD� IRUPXOH� ��XQH�l�histoire […] entendue, res-pectée et méditée� x�� 4XDQG� OHV�enfants apprennent la bataille GH� 0DULJQDQ�� OD� G�FRXYHUWH�GH� OÊ$P�ULTXH� RX� OH� VDFUH� GH�1DSRO�RQ�� LOV� retiennent� OÊ�SL-VRGH� HQ� TXHVWLRQ�� SRLQW� ÏQDO��$YHF�OD�6KRDK��LO�HQ�YD�GLII�UHP-PHQW���OD�FRQQDLVVDQFH�GHV�IDLWV�HQ�HX[�P PHV�QÊHVW�SDV�OÊREMHF-tif principal — pour preuve la faible proportion des jeunes )UDQ�DLV� TXL� FRQQDLVVHQW� OD�UDÐH�GX�9HOÊ�GÊ+LYÊ�������GHV�������DQV�HW������GHV�������DQV���FH�TXL�LPSRUWH�FÊHVW�HQWHQGUH��UHV-SHFWHU�HW�P�GLWHU�1RXYHOOH�SUHXYH�TXH�VL�OD�6KRDK�HVW� XQ� �Y�QHPHQW� KLVWRULTXH��HOOH�HVW�HQ�U�DOLW��ELHQ�SOXV�TXH�FHOD�� 4XRL� H[DFWHPHQW� "� 'DQV�le Guide pédagogique d’Aus-chwitz� ��G�� $XWUHPHQW�� �������OH� GLUHFWHXU� GX� PXV�H� GÊ�WDW�GÊ$XVFKZLW]�%LUNHQDX�� 3LRWU�&\ZLQVNL��U�SRQG��L’Europe doit comprendre que la Shoah constitue non pas une période terrible de son histoire, mais un point de non-retour.Rien ne peut plus être comme avant. On ne peut plus avoir FHWWH� SDLVLEOH� FRQÏDQFH� HQ� OD�force éthique du religieux, en la

raison tant éclairée de l’huma-nisme, dans les valeurs consti-tutionnelles et démocratiques ou les dogmes logiques du posi-tivisme. Tout cela a failli. Face à l’épreuve, tous les fondements se sont effrités. Avec la Shoah, nous avons perdu le sens de nos constructions communes et il nous a fallu les repenser complètement. Avec la Shoah, nous avons vécu un véritable parricide spirituel et il nous a fallu repenser notre généalogie éthique et religieuse […].De la compréhension de la Shoah résulte pourtant la com-préhension du passé, du présent

et des enjeux de l’avenir. C’est bien d’un point de non-retour dont nous parlons. Une réfé-rence en soi. Factuelle, cultu-relle, anthropologique. De la remise en question de l’humain résulte le besoin de mémoire. Non pas en tant que but en soi, mais en tant que fondement de la prise de conscience, laquelle peut seulement aboutir à une responsabilité nouvelle�>SS����HW���@�(Q� U�VXP�� �� DYHF� OÊ� l� +ROR-FDXVWH� x�� OÊ(XURSH� HVW� UHYHQXH��� OÊDQQ�H� ]�UR� GH� VRQ� KLVWRLUH��7RXW� GRLW�  WUH� G�VRUPDLV� U�LQ-YHQW��� \� FRPSULV� VXU� OH� SODQ�UHOLJLHX[�� HQ� SUHQDQW� FRPPH�IRQGHPHQW�OD�6KRDK�

4XDQG� RQ� D� OX� FH� WH[WH�� RQ�comprend mieux le message GX� 3U�VLGHQW� IUDQ�DLV� TXL�exige des élèves une médita-WLRQ�VXU�FH�l�FULPH�DEVROX�x��6DQV� VXUSULVH�� OH� IDX[� UHEHOOH�6W�SKDQH�+HVVHO� FRQÏUPH� OHV�propos du directeur du musée GÊ�WDW� GÊ$XVFKZLW]�%LUNHQDX��FL�GHVVXV��� $FFXV�� GÊDQWLV�-PLWLVPH�� LO� VÊHVW� HPSUHVV�� GH�U�SRQGUH��Le fascisme, le nazisme et la Shoah ont été ce sur quoi l’on s’est appuyé après la guerre dans les préambules de la Charte des nations unies et de la Déclaration universelle des

Droits de l’homme, en réfé-rence à ces libertés trahies. Oui, le nazisme est « l’icône du mal universel », à laquelle on se réfère quand on pense par exemple aux génocides arménien ou rwandais� >YR\��6W�SKDQH� +HVVHO�� l� 2FFX-SDWLRQ� QD]LH� ÇLQRIIHQVLYHÈ� ��FULWLTXHU� ,VUD¡O�� HVW�FH� GH�OÊDQWLV�PLWLVPH�"�x��Le Nouvel Observateur��PRGLÏ��OH����MXLO-OHW������@�/D�U�I�UHQFH�XOWLPH�DX�l�0DO�x�QÊHVW�GRQF�SOXV�OH�'LDEOH��PDLV�OH� l� QD]LVPH� x� TXL� D� SHUS�WU��OD� 6KRDK� HW� TXL� SHUPHW�� VXU�OH� SODQ� SROLWLTXH�� GH� MXVWLÏHU�OÊREOLJDWLRQ� GÊ WUH� G�PRFUDWH�GDQV�OH�FDGUH�GH�OÊ218�

6KRDK���OH�crime de référenceSRXU�OÊ�YDOXDWLRQ�GH�OD�EDUEDULH

« De la compréhension de la Shoah résulte pourtant la compréhension du passé, du présent et des enjeux de l’avenir. C’est une référence en soi. »

Piotr Cywinski

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3UHXYH� TXH� O� l� +RORFDXVWH� x� D� UHPSODF�� OH�'LDEOH�� FHWWH� H[SRVLWLRQ� RUJDQLV�H� SDU� OHV��O�YHV�GX�O\F�H�-HDQ�3DXO�6DUWUH���%URQ�TXL�

UHYHQDLHQW� GÊXQ� YR\DJH� S�GDJRJLTXH� DX� 0�PR-ULDO� GH� OD� 6KRDK� �3DULV�� SXLV� �� $XVFKZLW]�� 8QH�H[SRVLWLRQ�TXL�l�UHYLHQW�VXU�OH�YR\DJH�HQ�3RORJQH��GÊXQ�SRLQW�GH�YXH�KLVWRULTXH�VXU� OÊH[WHUPLQDWLRQ�HW�>GÊXQ�SRLQW�GH�YXH@�SKLORVRSKLTXH��VXU�OD�QDWLRQ�GX�ÇPDOÈ��x��YR\��Bron Magazine��PDL�������S�������3LRWU�&\ZLQVNL�GRLW� WUH�VDWLVIDLW���GX�SDVV��D��W��IDLW�WDEOH�UDVH���OH�0DO�DXMRXUGÊKXL��OHV�MHXQHV�YRQW�OÊDSSU�KHQGHU���$XVFKZLW]��VLWH�l�symbole de l’ho-

locauste » (dixit�OÊ8QHVFR��YR\��KWWS���ZKF�XQHVFR�RUJ�IU�OLVW�����Â3HXW� WUH� FHV� �O�YHV� DYDLHQW�LOV� OX� OH� PDQXVFULW�GÊ$OH[LV� 6�� GRQW� XQ� H[WUDLW� SXEOL�� SDU� OH� SKLOR-VRSKH� 0LFKHO� 7HUHVWFKHQNR� G�FODUDLW� �� l� Tre-

blinka, Auschwitz, les camps de concentration et

d’extermination, c’est la réalité incarnée du mal,

du Mal absolu et qu’il faut, là aussi, écrire avec

une majuscule.� x� �KWWS���PLFKHO�WHUHVWFKHQNR�EORJVSRW�IU���������OLQFDUQDWLRQ�GX�PDO�KWPO��

La Shoah : une valeur pour Monsieur Juppé

Apprendre ce qu’est le Mal grâce à l’Holocauste

/H�IDLW�TXH� OÊ�l�+RORFDXVWH�x�GRLYH�IRQGHU� OHV�YDOHXUV� D� �W�� FRQÏUP�� HQ� MXLQ� GHUQLHU� SDU�$ODLQ�-XSS���$�SURSRV�GX�SDUWL�GH�0DULQH�/H�

3HQ��OH�PDLUH�GH�%RUGHDX[�D�G�FODU��DX�QRP�GH�VD�IRUPDWLRQ� �OÊ803�� �� l�Nous avons une incompa-

tibilité de valeurs, de programme et de stratégie

avec le FN » (YR\��Le Monde�����MXLQ��������-XVTXÊLFL��ULHQ�GÊ�WRQQDQW��6XU�OHV�l�YDOHXUV�x��FHSHQGDQW��RQ�DWWHQGDLW�XQH� OLVWH�GH�G�VDFFRUGV��FRPPH� OD�QD-WLRQDOLW���OÊ�GXFDWLRQ��OD�YLVLRQ�GH�OÊ�WDW��OH�VWDWXW�GH�OD�IHPPH�DX�IR\HUÂ�2U��$ODLQ�-XSS��VH�FRQWHQWD�GH�G�FODUHU���l�>LQFRPSDWLELOLW�@�de valeurs, car ce

SDUWL�QÊD�MDPDLV�FODULÏ��VHV�SRVLWLRQV�VXU�OÊDQWLV�-

mitisme et la Shoah�x��/��HQFRUH��3LRWU�&\ZLQVNL�GRLW�  WUH� VDWLVIDLW� �� SRXU� OÊ803�� HQ� PDWL�UH� GH�YDOHXUV�� OÊ� l� +RORFDXVWH� x� HVW� GHYHQX� OÊDOSKD� HW�OÊRP�JD�� OD� U�I�UHQFH� VXSU PH��(W�SXLVTXH� OH�)1�QÊD�MDPDLV�l�FODULÏ��VHV�SRVLWLRQV�x�VXU�FH�VXMHW��LO�UHVWH�LQIU�TXHQWDEOH�

Le Monde�����MXLQ�����

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La Shoah au fil de l’actualité

/H� SU�WHQGX� l� +RORFDXVWH� x� �WDQW� GHYHQX�OÊDOSKD� HW� OÊRP�JD�� LO� �FOLSVH� WRXW� OH� UHVWH��5HYHQRQV� VXU� OH� FDV� GH� 6W�SKDQH�+HVVHO�� /H����MDQYLHU�������LO�DYDLW�G�FODU��DX�Frankfurter Allgemeine Zeitung��

Si je peux oser une comparaison audacieuse sur un sujet qui me touche, jÊDIÏUPH� FHFL� �� OÊoccupation alle-mande était, si on la compare par exemple avec lÊoccu-pation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite dÊéléments dÊexception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol dÊœuvres dÊart.�:HQQ�LFK�HLQHQ�N±KQHQ�9HUJOHLFK�DOV�%HWURIIHQHU�ZD-JHQ�GDUI��VR�EHKDXSWH�LFK��'LH�GHXWVFKH�%HVDW]XQJ�ZDU��ZHQQ�PDQ�VLH�YHUJOHLFKW�]XP�%HLVSLHO�PLW�GHU�KHXWLJHQ�%HVHW]XQJ�YRQ�3DO�VWLQD�GXUFK�GLH�,VUDHOLV��HLQH�UHODWLY�KDUPORVH��YRQ�$XVQDKPHQ�DEJHVHKHQ�ZLH�GHQ�9HUKDI-WXQJHQ��,QWHUQLHUXQJHQ�XQG�(UVFKLH�XQJHQ��DXFK�YRP�5DXE�GHU�.XQVWVFK�W]H��>Source���KWWS���ZZZ�ID]�QHW�IUDQNIXUWHU�DOOJHPHLQH�]HLWXQJ�IHXLOOHWRQ�ZLH�LFK�EXFKHQZDOG�XQG�DQGHUH�ODJHU�XHEHUOHEWH���������KWPO�'UXFN�@�$�OÊ�SRTXH��FHV�SURSRV�étaient passés�LQDSHU�XV��0DLV�OÊ�W�� ����� YLW� XQH� YLROHQWH� SRO�PLTXH� VÊDOOXPHU�� /H����MXLOOHW�6W�SKDQH�+HVVHO�IXW�V�Y�UHPHQW�DWWDTX��SDU�OH� SU�VLGHQW�GH� OÊ8QLRQ�GHV� �WXGLDQWV� MXLIV� GH� )UDQFH��8(-)��� -RQDWKDQ� +D\RXQ�� 'DQV� XQ� DUWLFOH� SXEOL��par le Nouvel Observateur�� FHOXL�FL� OXL� UHSURFKD� GH�l� tenir pour négligeable� x� l� les internements, incar-cérations, et exécutions massives des Juifs, des Tzi-ganes, des homosexuels et des opposants politiques » �KWWS���OHSOXV�QRXYHOREV�FRP�FRQWULEXWLRQ��������VWHSKDQH�KHVVHO�HW�O�RFFXSDWLRQ�QD]LH�LQRIIHQVLYH�TXHO�LQGLJQH�HVW�LO�YUDLPHQW�KWPO��� 2U�� 6W�SKDQH�+HVVHO�VÊ�WDLW�SODF��VXU�OH�WHUUDLQ�SXUHPHQW�TXDQWLWDWLI�DÏQ� GH� UDSSHOHU� XQH� �YLGHQFH� �� GXUDQW� OÊ2FFXSDWLRQ��le nombre de drames dont ont été victimes les juifs a été négligeable au regard de tous les événements sur- négligeable au regard de tous les événements sur-YHQXV��$XWUHPHQW�GLW���HQWUH������HW�������OÊLPPHQVH�PDMRULW��GHV�)UDQ�DLV�QH�VRXIIULW�TXH�GH�FLUFRQVWDQFHV�LQK�UHQWHV� �� WRXWH� RFFXSDWLRQ� HQQHPLH�� 3OXV� WDUG��GÊDLOOHXUV��OÊDXWHXU�GH�Indignez-vous !�H[SOLTXD��Ce que je voulais dire, c’est que l’occupant allemand était bien entendu nuisible à nos compatriotes, mais qu’il n’y avait pas chez eux [sic��OLUH���l�FKH]�OXL�x@�OD�YR-

lonté de les empêcher de se rendre au théâtre, de circu-ler ou d’aller à l’université […].Je n’exonère pas un seul instant l’Allemagne nazie des crimes qu’elle a commis, je trouve simplement intéres-sant d’observer que lorsque la France était occupée, dans un grand nombre d’occasions, les Français étaient libres de leurs mouvements� >YR\�� 6W�SKDQH� +HVVHO� ��l�2FFXSDWLRQ�QD]LH�ÇLQRIIHQVLYHÈÂ��G�M��FLW��@0DLV� SRXU� -RQDWKDQ� +D\RXQ�� FHWWH� DQDO\VH� HVW� LQDF-FHSWDEOH��FDU�VDFKDQW�TXH�OÊ�l�+RORFDXVWH�x�HVW�OH�FHQWUH�GH�WRXW��WRXW�GRLW� WUH�MXJ��SDU�UDSSRUW���OXL��'�V�ORUV��DX� GLDEOH� OHV� PLOOLRQV� GH� )UDQ�DLV� TXL� QÊRQW� SDV� �W��LQTXL�W�V�SDU� OHV�$OOHPDQGV� ORUV�GH� OÊ2FFXSDWLRQ� �� ,OV�QH�FRPSWHQW�SRXU�ULHQ�IDFH�DX[�TXHOTXHV�GL]DLQHV�GH�PLOOLHUV� GH� MXLIV� G�SRUW�V�� /H� 3U�VLGHQW� GH� OÊ8(-)� H[-SULPD�FHWWH�SHQV�H�HQ�UHSURFKDQW���6W�SKDQH�+HVVHO�GÊLJQRUHU�l� le déterminant fondamental de l’immora-lité de l’occupation nazie�x��&RPSUHQH]��� OÊ2FFXSDWLRQ�doit toujours et en toutes circonstances être déclarée FULPLQHOOH� SXLVTXH� OHV� $OOHPDQGV� RQW� G�SRUW�V� GHV�MXLIV��SRXU�OHV�H[WHUPLQHU���3XLV�LO�DMRXWD��Ce procédé, en plus de relever d’une malhonnêteté intellectuelle déplorable, implique que, lorsqu’il s’agit d’Israël, les déportations ne représentent plus un argu-ment majeur du jugement moral que nous devons faire aujourd’hui de l’occupation nazie.6RXV�HQWHQGX��� OÊRFFXSDWLRQ�GH�OD�3DOHVWLQH�SDU�,VUD¡O�VHUD� WRXMRXUV� SOXV� E�QLJQH� TXH� OÊ2FFXSDWLRQ� GH� OD�)UDQFH� SDU� OÊ$OOHPDJQH� SXLVTXH�� PRUDOHPHQW�� LO� IDXW�juger cette dernière en tenant exclusivement compte GHV�G�SRUWDWLRQV�GH�TXHOTXHV�GL]DLQHV�GH�PLOOLHUV�GH�MXLIV� �SRXU� OHV�JD]HU��� OÊDUULY�H��� OH�GHVWLQ�GX�UHVWH�GH�OD�SRSXODWLRQ��HQYLURQ����PLOOLRQV�GH�SHUVRQQHV��UHOH-YDQW�GX�l�G�WDLO�x��/H�WRXU�GH�SDVVH�SDVVH�FRQVLVWH���Ï-QDOHPHQW���GLUH���SHX�LPSRUWH�FH�TXH�,VUD¡O�IDLW�VXELU�D�WRXW�OH�SHXSOH�SDOHVWLQLHQ��FH�VHUD�WRXMRXUV�PRLQV�WHU�DOHVWLQLHQ��FH�VHUD�WRXMRXUV�PRLQV�WHU-ULEOH�TXH� OD�G�SRUWDWLRQ��HW� OÊH[WHUPLQDWLRQ��GHV� MXLIV�TXL�DYDLHQW�FKHUFK��UHIXJH�HQ�)UDQFH�2Q�FRPSUHQG�SRXUTXRL�,VUD¡O�D�WDQW�EHVRLQ�GX�P\WKH�GH�OÊ�l�+RORFDXVWH�x��7DQW�TXH�FH�P\WKH�GXUHUD��,VUD¡O�SRXUUD�WRXW�VH�SHUPHWWUH��FDU�HQ�FDV�GH�FRQGDPQDWLRQ��OÊHQWLW��VLRQLVWH�SRXUUD�WRXMRXUV�VRUWLU�VRQ�DWRXW���l�RQ�QRXV�D�H[WHUPLQ�V�SDU�PLOOLRQV��RQ�D�GRQF�OH�GURLW�O�JL-WLPH�GH�VH�G�IHQGUH�SRXU�QH�SDV�TXH��D�UHFRPPHQFH�x�&HWWH� GLDOHFWLTXH� QÊHVW� SDV� XWLOLV�H� TXÊHQ� ,VUD¡O� �� HQ�)UDQFH�DXVVL��OHV�DXWRULW�V�\�RQW�UHFRXUV�

Le prétendu « Holocauste » éclipse tout le reste

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'ans son discours prononcé le 16 juillet GHUQLHU��)UDQ�RLV�+ROODQGH�D�FODLUHPHQW�G�FODU���Transmettre l’histoire de la Shoah, c’est en effet enseigner sa terrible singularité.

Ce crime reste, par sa nature, par sa dimension, par ses méthodes, par l’effrayante précision de sa mise en œuvre, un abîme unique dans l’histoire des hommes. Cette singularité-là doit être constamment rappelée.7UDQVPHWWUH� FHWWH� P�PRLUH�� FÊHVW� HQÏQ� HQ� UHWHQLU�toutes les leçons. C’est comprendre comment l’igno-minie fut possible hier, pour qu’elle ne puisse plus jamais ressurgir demain […].Notre vigilance ne doit jamais être prise en défaut. Au-cune Nation, aucune société, aucune personne n’est immunisée contre le Mal. N’oublions pas ce jugement GH� 3ULPR� /�YL� �� SURSRV� GH� VHV� SHUV�FXWHXUV� �� l� 6DXI�exceptions, ils n’étaient pas des monstres ; ils avaient QRWUH�YLVDJH�x��5HVWRQV�HQ�DOHUWH��DÏQ�GH�VDYRLU�G�FH-ler le retour de la monstruosité sous ses airs les plus anodins.

Je sais les craintes exprimées par certains d’entre vous. Je veux y répondre.Consciente de cette Histoire, la République pourchas-sera avec la plus grande détermination tous les actes antisémites ; mais encore tous les propos qui pour-raient seulement amener les Juifs de France à se sentir inquiets dans leur propre pays.Rien, en la matière, n’est indifférent. Tout sera com-battu avec la dernière énergie. Taire l’antisémitisme, le dissimuler, l’expliquer, c’est déjà l’accepter.La sécurité des Juifs de France n’est pas l’affaire des Juifs, c’est celle de tous les Français, et j’entends qu’elle soit garantie en toutes circonstances et en tous lieux.Il y a quatre mois, à Toulouse, des enfants mouraient SRXU� OD� P PH� UDLVRQ� TXH� FHX[� GX� 9HO� GÊ+LY� �� SDUFH�qu’ils étaient juifs.L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est une abjec-tion. Pour cela, il doit d’abord être regardé en face. Il doit être nommé et reconnu pour ce qu’il est. Partout où il se déploie, il sera démasqué et puni.Toutes les idéologies d’exclusion, toutes les formes d’intolérance, tous les fanatismes, toutes les xénopho-bies, qui tentent de développer la logique de la haine, trouveront la République sur leur chemin.&H�GLVFRXUV�UHSUHQG�OÊKDELWXHO�SU FKL�SU FKD�U�SXEOL-FDLQ��0DLV�GHX[��O�PHQWV�VRQW�SOXV�SDUWLFXOL�UHPHQW�LQTXL�WDQWV�� LOV� VXUYLHQQHQW� ORUVTXH� OH� 3U�VLGHQW�G�FODUH���l�5HVWRQV�HQ�DOHUWH��DÏQ�GH�VDYRLU�G�FHOHU�OH�retour de la monstruosité sous ses airs les plus ano-dins x�SXLV�ORUVTXÊLO�DMRXWH���l�Consciente de cette His-toire, la République pourchassera avec la plus grande détermination >Â@�tous les propos qui pourraient seu-lement amener les Juifs de France à se sentir inquiets dans leur propre pays�� x�2Q�HQ�G�GXLW�TXH� OHV�SRXU-suites pourront être intentées non en se fondant sur GHV��O�PHQWV�REMHFWLIV��PDLV�XQLTXHPHQW�VL�GHV�MXLIV�VH�VHQWHQW�l�inquiets�x��(W�DX�FDV�R®�OHV�SURSRV�G�QRQ�(W�DX�FDV�R®�OHV�SURSRV�G�QRQ-F�V�VHUDLHQW�PDQLIHVWHPHQW�LQVLJQLÏDQWV��LO�VHUD�WRX-MRXUV� SRVVLEOH� GH�SU�WHQGUH�TXH� OD� l�monstruosité » revient� l�sous ses airs les plus anodins� x��%UHI�� DYHF�)UDQ�RLV�+ROODQGH��WRXWHV�OHV�G�ULYHV�VRQW�G�VRUPDLV�SRVVLEOHV�

Hollande ouvre la porte à toutes les dérives

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Sans ConcessionN° 77

La Shoah au fil de l’actualité

OQ� VRXOLJQHUD� TXH�GDQV� FH� GRPDLQH��OÊ$OOHPDJQH� D�— sans surprise — G�M�� LQQRY��� 5DS-

SHORQV� HQ� HIIHW� TXH� OH� ��� PDL������� -RKQ� 'HPMDQMXN� IXW�FRQGDPQ�� �� �� DQV� GH� SULVRQ�SRXU� l� complicité de meurtre

dans l’extermination de 28 060

juifs, en 1943, au camp de Sobi-

bor » (YR\��Le Figaro����RFWREUH�������� 5LHQ� GÊH[WUDRUGLQDLUH��QRXV� GLUD�W�RQ�� &HUWHV�� PDLV�YRLFL� OD� VXLWH� �� l� Pour la pre-

mière fois lors d’un tel procès,

les procureurs ont obtenu une

condamnation sans fournir la

preuve de la participation de

OÊDFFXV�� �� XQ� FULPH� VS�FLÏTXH��L’accusation avait fondé sans

argumentation sur le fait que

s’il travaillait dans un camp

dont l’extermination était le

seul but, sa fonction de garde

le rendait automatiquement

complice des meurtres commis

pendant la durée de son séjour

à Sobibor » (id���� /H� 7ULEXQDO�VÊHVW�UDQJ����FHW�DYLVÂ$� VXSSRVHU� TXH� 6RELERU� DLW��W��� GH� ID�RQ� �YLGHQWH�� XQ�l� FDPS� GÊH[WHUPLQDWLRQ� x�� OD�

G�FLVLRQ� GHV� MXJHV� DXUDLW� SX���� OÊH[WU PH� ULJXHXU�� WURXYHU�XQ� G�EXW� GH� MXVWLÏFDWLRQ�� 2U��VXU� FH� FDPS�� QRXV� LQYLWRQV�nos lecteurs à se reporter au OLYUH� GÊ(XJHQ� .RJRQ�� +HU-PDQQ� /DQJEHLQ� HW� $GDOEHUW�5±FNHUO�� Les chambres à gaz

secret d’État� ��G�� GH� 0LQXLW���������,OV�G�FRXYULURQW�TXH�OHV�auteurs ne disposent d’aucun

document d’époque� TXL� YLHQ-drait démontrer la présence de l� FKDPEUHV� �� JD]� x� �� 6RELERU��7RXWH� OHXU� GRFXPHQWDWLRQ� HVW�H[WUDLWH�GH�MXJHPHQWV�GÊDSU�V�JXHUUH��GÊ�l�DYHX[�x�HW�GH�l�W�-PRLJQDJHV� x� �YR\�� SS�� ��������������� ������� HW� ������ $MRX-tons à cela les écarts énormes ORUVTXÊLO� VÊDJLW� GH� GRQQHU� OH�QRPEUH� GH� PRUWV� �� ���� ����SRXU� 6W�SKDQH� %UXFKIHOG� HW�3DXO� $�� /HYLQH�� ���� ���� SRXU�5DXO� +LOEHUJ�� ���� ���� SRXU�-XOHV�6FKHOYLV����������SRXU�OH�7ULEXQDO�GH�+DJHQ���������������������HQÏQ�VHORQ�-HDQ�&ODXGH�3UHVVDF�&H� YLGH� GRFXPHQWDLUH� HW� FHV�écarts dans les estimations G�PRQWUHQW� TXH� OÊKLVWRLUH�vraie du camp est entièrement

�� UHYRLU�� 1RXV� UHQYR\RQV� QRV�OHFWHXUV� DX� OLYUH� GH� -±UJHQ�*UDI�� 7KRPDV� .XHV� HW� &DUOR�0DWWRJQR�� Sobibor, Holocaust

propaganda and reality� �7KH�%DUQHV�5HYLHZ�� ������� /HV� DX-WHXUV� FRQFOXHQW� TXH� OH� FDPS�IXW� XQ� VLPSOH� OLHX� GH� WUDQVLW��VDQV� FKDPEUH� �� JD]� HW� TXH�10 000 personnes y moururent (soit une vingtaine par jour en PR\HQQH��FH�TXL�HVW�WRWDOHPHQW�FRQWUDGLFWRLUH� DYHF� OD� WK�VH�RIÏFLHOOH�GX�l�FDPS�GÊH[WHUPL-QDWLRQ�x�GRW��GH�VL[�FKDPEUHV���JD]�SRXYDQW�DVSK\[LHU�TXRWL-GLHQQHPHQW�������SHUVRQQHV��4XRL� TXÊLO� HQ� VRLW�� OD décision Æ� DKXULVVDQWH� Æ� des juges GH� 0XQLFK� FRQWUH� -RKQ� 'HP-MDQMXN�D�FRPEO��GÊDLVH� OHV� WUD-TXHXUV�GH�l�QD]LV�x���l�Les auto-

rités allemandes ont décidé de

rouvrir les dossiers de plusieurs

centaines de gardes dans les

camps nazis, classés fautes de

SUHXYHV�VXIÏVDQWHV�» (id����0DLV�LO� IDXW� IDLUH� YLWH�� FDU� OH� WHPSV�l� est désormais le principal

ennemi pour les procureurs,

qui cherchent à traduire en jus-

tice ces hommes âgés de 80 à

90 ans » (id���

&RQGDPQDWLRQ�VDQV�SUHXYH�� le cas Demjanjuk

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Brèves

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/es procureurs allemands pourront égale-PHQW� SRXUVXLYUH� GÊDQFLHQV� PHPEUHV� GHV�Einzatsgruppen� DX� PRWLI� TXH� OHXU� PLVVLRQ�

�WDLW� GH� PDVVDFUHU� OHV� MXLIV�� &HOD� VHUD� GÊDXWDQW�SOXV� IDFLOH� TXH�� GDQV� FH� FDV�� OHV� IRVVHV� FRQWH-nant les corps des victimes prétendues ne feront OÊREMHW�GÊDXFXQH�IRXLOOH��GRQF�GÊDXFXQH�H[SHUWLVH�V�ULHXVH��'DQV�VRQ��WXGH�GX�WUDYDLO�GX�S�UH�'HV-ERLV��9LQFHQW�5H\QRXDUG�DYDLW� V�Y�UHPHQW� FULWL-TX��FHWWH�DEVHQFH�GÊH[SHUWLVH���YRLU���KWWS���ZZZ�SKGQP�RUJ�XSORDGV�����������������GHVERLV�KWP�B7RF������������0DLV� GÊDQFLHQV�PHPEUHV�GH� OÊ�TXLSH� GX� S�UH� 'HVERLV� RQW� G�QRQF�� DX�FRQWUDLUH�OHV�TXHOTXHV�IRXLOOHV�TXL�DYDLHQW��W��HI-IHFWX�HV��DX�PRWLI�TXÊHOOHV�YLRODLHQW�l�la halakha,

ensemble de prescriptions religieuses réglant la vie juive x� HW� TXL� LQWHUGLVHQW� l�de déplacer les ossements des morts » (YR\��L’Express�����RFWREUH�������S�������� ,O�VXIÏUD�GRQF�DX[�DFFXVDWHXUV�GH�PRQWUHU� TXHOTXHV� HPSODFHPHQWV� DX� PLOLHX� GH�FKDPSV�RX�GH�IRU WV�HW�GH�SU�WHQGUH�TXÊ��TXHOTXHV�mètres sous terre reposent les corps de milliers GH�MXLIV�PDVVDFU�V��OH�WRXW��WDQW�DWWHVW��SDU�XQ�RX�GHX[�YLHX[�8NUDLQLHQV��(W�ORUVTXÊXQ�DYRFDW�VÊDYL-VHUD�GH� U�FODPHU�XQH�H[SHUWLVH�� OHV�DVVRFLDWLRQV�MXLYHV�QÊDXURQW�TXÊ��RSSRVHU� OD�halakha� SRXU�VÊ\�RSSRVHU��/D�GHUQL�UH��WDSH�FRQVLVWHUD���VÊDSSX\HU�VXU� OD� MXULVSUXGHQFH� 'HPMDQMXN� SRXU� REWHQLU� OD�FRQGDPQDWLRQ�DXWRPDWLTXH�GHV�SU�YHQXV��&HOD�GLW��UHYHQRQV�HQ�)UDQFHÂ

/es premières victimes des dérives prévisibles suite au discours présidentiel du

��� MXLOOHW� VHURQW�� WRXW� QDWXUHOOH-PHQW�� OHV� U�YLVLRQQLVWHV�� )UDQ-�RLV� +ROODQGH� QRXV� D� SU�YHQXV� ��l�L’enjeu est de lutter sans relâche FRQWUH�WRXWHV�OHV�IRUPHV�GH�IDOVLÏ-cation de l’Histoire, a-t-il lancé le ��� MXLOOHW� Non seulement contre l’outrage du négationnisme, mais aussi contre la tentation du relativisme. » Gageons donc TXH�WRXW�VHUD�PLV�HQ�ÄXYUH�SRXU�U�SULPHU�P PH� OH� VLPSOH�GRXWH��

&H� VHUD� GÊDXWDQW� SOXV� IDFLOH� TXH�le révisionnisme est non seule-PHQW�DVVLPLO���� OÊDQWLV�PLWLVPH��PDLV�DXVVL�DFFXV��GH�MXVWLÏHU�SDU�DYDQFH�XQ�QRXYHO�+RORFDXVWH��,Q-terrogé sur la pertinence de sa loi DQWLU�YLVLRQQLVWH�� -HDQ�&ODXGH�*D\VVRW��D�G�FODU���Elle considère dans l’un de ses ar-ticles que nier la Shoah, c’est faire de l’antisémitisme militant [...].Il ne faut plus débattre sur la vé-rité historique de la Shoah. C’est un fait avéré que des millions de juifs ont été exterminés par les

nazis durant la seconde guerre mondiale, seulement parce qu’ils étaient nés juifs.Ceux qui refusent de tirer les leçons de cette histoire justi-ÏHQW� SDU� DYDQFH� TXÊHOOH� SXLVVH�se reproduire� >YR\�� Sud-Ouest�����QRYHPEUH�������DUW�� LQWLWXO�� ��l� )DXW�LO� DEURJHU� OD� ORL� *D\VVRW�YRW�H�LO�\�D�YLQJW�DQV�"�x@�$YHF� XQH� WHOOH� GLDOHFWLTXH�� LO�HVW� IDFLOH� GH� SU�WHQGUH� TXH� OHV�OLEUHV� FKHUFKHXUV� VHUDLHQW� GHV�monstres assoiffés de sang et FDFK�V�VRXV�XQ�YLVDJH�DQRGLQÂ

Encore la « Shoah par balles »...

Jean-Claude Gayssot persiste et signe

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La Shoah au fil de l’actualité

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Brèves

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&ertains croiront pouvoir en sortir en �YLWDQW� GÊDWWDTXHU�OH� P\WKH� GH� IURQW�mais en révélant

OHV� SRLQWV� IDLEOHV� GH� OD� WK�VH�RIÏFLHOOH��,OV�VH�WURPSHQW��$LQVL��QÊDOOH]� SDV� GLUH� TXÊLO� QÊH[LVWH-UDLW� DXFXQ� RUGUH� GÊH[WHUPLQHU�OHV� MXLIV��&DU� OHV�KLVWRULHQV�QÊHQ�RQW�SDV�EHVRLQ�SRXU��SU�WHQGUH���WDEOLU� OD� U�DOLW�� GX� *�QRFLGH��'DQV� XQ� HQWUHWLHQ� U�FHPPHQW�accordé au Nouvel Observateur��OH� GLUHFWHXU� GH� OÊ,QVWLWXW� GÊKLV-WRLUH� GX� 7HPSV� SU�VHQW�� &KULV-WLDQ�,QJDUR��D�G�FODU���Les historiens nés après 1945 nous ont appris qu’il n’y avait pas de décision globale, mais une série d’actes, un continuum de décisions. Hitler a décidé qu’il fallait tirer les conséquences de tout ce qui s’était peu à peu enclenché et a ordonné la des-truction des juifs européens dans leur entièreté�>YR\��Le Nou-vel Observateur�� �� DR°W� ������S�����@�8Q�SHX�SOXV�ORLQ��LO�SDUOH�GH�l�la décision de principe prise en décembre 1941 » (id����/DTXHOOH�"�3ULVH� SDU� TXL� "� (W� TXDQG� H[DF-WHPHQW� "� &KULVWLDQ� ,QJDUR� QÊHQ�GLW� ULHQ�� 'H� VRQ� F©W��� *HRUJHV�Bensoussan est encore plus im-SU�FLV���LO�SDUOH�GÊXQH�l�décision

politique au plus haut niveau dont on sait aujourd’hui de plus en plus qu’elle a probablement été prise entre le 20 octobre et le 10 décembre 1941 » (YR\�� OH�&'�520� Auschwitz-Birkenau dans le processus génocidaire��ÏOP� LQWLWXO�� �� l� 4XHOOH� �WDLW� OD�PRWLYDWLRQ� GHV� QD]LV� SRXU� OD�GHVWUXFWLRQ� GHV� MXLIV� GÊ(XURSH�>SURJUDPPH� RX� HQJUHQDJH@� "���$GPLUH]� OD� WRXUQXUH� �� l�on sait de plus en plus qu’elle a proba-blement été prise… » %UHI��RQ�QH�VDLW� ULHQ�� *HRUJHV� %HQVRXVVDQ�en a parfaitement conscience et pour tenter de donner le FKDQJH�� LO� IRXUQLW� GHX[� GDWHV�SU�FLVHV� �� PDLV� WRXW� FHOD� QÊHVW�TXÊHVEURXIH��FDU�FHV�GDWHV�QH�UH-SRVHQW�VXU�ULHQ��4XDQW���&KULV-WRSKHU�%URZQLQJ��LO�HVW�IRUPHO���l�6L�DYDQW�ÏQ�DR°W�������OD�TXHV-tion juive doit être résolue “d’une manière ou d’une autre”, après octobre elle doit être résolue d’une seule façon — par la mort de tous les juifs� x� �YR\��&KULVWR�YR\��&KULVWR-SKHU�%URZQLQJ��Les origines de OD�6ROXWLRQ�ÏQDOH�>�G��/HV�%HOOHV�/HWWUHV������@��SS����������3RXU�OÊDXWHXU�� GRQF�� OD� l� G�FLVLRQ� x�DXUDLW��W��SULVH�HQWUH�OD�ÏQ�DR°W�HW�OD�ÏQ�RFWREUH������2Q� OH� YRLW�� OH� SOXV� JUDQG G�VRUGUH� H[LVWH�� TXL� G�ERXFKH�VXU� GHV� FRQWUDGLFWLRQV��

OHVTXHOOHV� G�PRQWUHQW� TXH�cette prétendue�l�G�FLVLRQ�x�QÊD�pas le moindre commencement GH�SUHXYH��0DLV�TXÊLPSRUWH���/HV�KLVWRULHQV� DFFU�GLW�V� DIÏUPHQW�TXÊXQ� RUGUH� GÊH[WHUPLQDWLRQ�globale fut donné durant le der-QLHU� WULPHVWUH� ������3DU� FRQV�-TXHQW�� FRQWHVWHU� OÊH[LVWHQFH�GÊXQ� WHO� RUGUH� VHUD� FRQVLG�U��FRPPH�UHOHYDQW�GX�l�Q�JDWLRQ-QLVPH�x�'H� P PH� QÊDOOH]� SDV� G�QRQFHU�OHV� HUUHXUV� UHOHY�HV� FKH]� OHV�l� W�PRLQV� x�� FDU� OH� SURIHVVHXU�GÊKLVWRLUH� -HDQ�)UDQ�RLV� )RUJHV�U�SRQGUD��Même s’il ne faut pas toujours chercher une vérité factuelle dans la mémoire des survi-vants exprimée par des dessins ou des récits, ces témoignages sont chargés d’une telle vérité humaine profonde qu’ils sont absolument nécessaires pour imaginer la quantité démesurée GH� VRXIIUDQFHV� LQÐLJ�HV� SDU� OHV�SS et le courage qu’il fallait pour résister à la barbarie� >YR\�� OH�Guide pédagogique d’Auschwitz��G�M��FLW���S����@�/�� HQFRUH�� GRQF�� FRQWHVWHU� OD�YDOHXU�GHV�l�W�PRLJQDJHV�x�UHO�-YHUD� GX� l� Q�JDWLRQQLVPH� x� FUL-minogène…

Un mythe protégé par le flou qui l’entoure

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La Shoah au fil de l’actualité

/H�O�JLVWH� D\DQW� G�FU�W�� l�avéré » le fait TXH�l�des millions de juifs ont été exter-minés par les nazis durant la seconde guerre mondiale x��WRXWH�SUHXYH�DX�VHQV�strict GX� WHUPH� HVW� G�VRUPDLV� LQXWLOH��

3LV��OD�FUR\DQFH�D\DQW�XQ�DVSHFW�VWUXFWXUDQW��FH-OXL�TXL�FURLW�QH�YRLW�SOXV�OD�U�DOLW��GÊXQ�ÄLO�QHXWUH��PDLV�LO�OÊDQDO\VH�HQ�IRQFWLRQ�GH�VD�FUR\DQFH���WRXW�GHYLHQW�XQH�FRQÏUPDWLRQ�GX��SU�WHQGX��PHXUWUH�GH�PDVVH��'DQV�OÊHVSULW�GHV�JHQV��l�XQH�YDOLVH� �XQH�IDPLOOH�JD]�H�x� �� l�XQ�KDELW�GÊHQIDQW� �XQ�HQIDQW�JD]��x���l�XQH�SDLUH�GH�FKDXVVXUH� �XQH�SHUVRQQH�JD]�H�x���l�XQH�FKHYHOXUH� �XQH�SHUVRQQH�JD]�H�HW�WRQGXH�GDQV� OD� FKDPEUH���JD]�x� �� l�XQH�ER¤WH�GH�=\NORQ�%�YLGH� �������SHUVRQQHV�JD]�HV�xÂ�'H�UH-WRXU�GÊ$XVFKZLW]��XQ��O�YH�DX�O\F�H�9DO�UH�0DWK���9HQG�H��D�G�FODU���Les vestiges les plus bouleversants ? Les 80 000 chaussures, les boîtes de Zyklon B… Quatre boîtes de 2,5 kg pouvaient tuer 1 500 personnes en trois minutes. Une véritable usine de mise à mort qui a fait disparaître 1,3 million d’hommes, de femmes et d’enfants� >YR\��Ouest-France�� ���DYULO������� DUW�� LQWLWXO�� �� l� 'H� UHWRXU� GÊ$XVFKZLW]�� OH�ÇGHYRLUÈ�GÊHQ�SDUOHU�x@�'H�VRQ�F©W���XQH�O\F�HQQH�GH����DQV�D�ODQF����l�le musée où étaient exposés les chaussures et les vêtements des déportés, c’est du concret. C’est là qu’on réalise�x�4XDQG� RQ� VDLW� TXÊ$XVFKZLW]� �WDLW� DXVVL� XQ�camp de transit� R®� OHV� DIIDLUHV� GHV� DUULYDQWV�étaient volées pour être ensuite distribuées en Allemagne (principalement aux sinistrés des ERPEDUGHPHQWV���OD�SU�VHQFH�GH��������SDLUHV�GH�FKDXVVXUHV�HW�GH�Y WHPHQWV�GLYHUV�QÊHVW�SDV�néces-sairement�OD�SUHXYH�GÊXQ�PDVVDFUH�GH�PDVVH��(OOH�SHXW� DYRLU� XQH� H[SOLFDWLRQ� ELHQ�PRLQV� WUDJLTXH��

4XDQW�DX�=\NORQ�%��FHW�LQVHFWLFLGH�GHVWLQ����FRP-battre les épidémies était principalement utilisé SDU�OÊDUP�H�DOOHPDQGH��(Q������������OÊXVLQH�DOOH-PDQGH�TXL�OH�SURGXLVDLW�HQ�IRXUQLW����WRQQHV���OD�:HKUPDFKW�HW����WRQQHV���OÊHQVHPEOH�GHV�FDPSV��YR\�� OH� Guide pédagogique d’Auschwitz�� G�M��FLW��� S�� ����� 6DFKDQW� TXH� OD� :HKUPDFKW� QH� VÊHQ�HVW� SDV� VHUYL� SRXU�PDVVDFUHU� TXLFRQTXH� HW� TXÊ��$XVFKZLW]� IRQFWLRQQDLHQW� GHV� FKDPEUHV� �� JD]�GÊ�SRXLOODJH�DX�=\NORQ�%��OD�SU�VHQFH�GH�FHV�ER¤WHV�QÊHVW�SDV�nécessairement�OD�SUHXYH�GÊXQ�PDVVDFUH�GH�PDVVH��/��HQFRUH��HOOH�SHXW�DYRLU�XQH�H[SOLFD-WLRQ�SDUIDLWHPHQW�EDQDOH��0DLV�FHV��O�YHV�IRUPD-W�V� HW� SHX� FXULHX[� QH� SHXYHQW� OH� FRQFHYRLU� �� LOV�VRQW� IHUPHPHQW� FRQYDLQFXV� GÊDYRLU� YX�� GH� OHXUV�\HX[��GHV�l�SUHXYHV�LQGXELWDEOHV�x�

Les preuves de substitution

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Brèves

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/H� SOXV� WUDJLTXH� HVW� GH� SHQVHU� TXH�OÊ8QHVFR� HVW� FRPSOLFH� GH� FHWWH� HVFUR-TXHULH��-H�UDSSHOOH�TXH�OH����G�FHPEUH������� DX�PRPHQW� R®� LO� �WDLW� TXHVWLRQ�de trouver des fonds pour la préser-

YDWLRQ�GX�VLWH�GÊ$XVFKZLW]�%LUNHQDX��OÊH[WHUPL-QDWLRQQLVWH�5REHUW�-DQ�YDQ�3HOW�ODLVVD�HQWHQGUH�TXH�OÊHQMHX�QÊ�WDLW�SDV�VL�FUXFLDO��$ÏQ�GH�MXVWLÏHU�VD�SRVLWLRQ��LO�ÏW�FHW�DYHX��QRUPH��99 % de ce que nous savons [sur Auschwitz], nous n’avons pas vraiment de preuves matérielles pour le démontrer… c’est devenu partie intégrante de notre connaissance héritée.�l� 1LQHW\�QLQH� SHU� FHQW� RI� ZKDW� ZH� NQRZ� ZH�GR� QRW� DFWXDOO\� KDYH� WKH� SK\VLFDO� HYLGHQFH� WR�SURYH���� LW� KDV� EHFRPH� SDUW� RI� RXU� LQKHULWHG�NQRZOHGJH� » Source� �� KWWS���ZZZ�WKHVWDU�FRP�QHZV�LQVLJKW�DUWLFOH���������D�FDVH�IRU�OHWWLQJ�QDWXUH�WDNH�EDFN�DXVFKZLW]��$YHF�ORJLTXH��OH�SURIHVVHXU�)DXULVVRQ�HQ�FRQFOXW�TXH�l�même pour R.J. van Pelt, ce que les pèlerins, par millions, s’imaginent voir sur place n’est, à 99%, que du faux, du vide ou du vent.�x��KWWS���UREHUWIDXULVVRQ�EORJVSRW�IU���������SURSRV�GH�ODIIDLUH�NHYLQ�NDWKHU�KWPO��� 2U�� ORLQ� GH� OH�

UHFRQQD¤WUH��OÊ8QHVFR�G�FODUH�DX�FRQWUDLUH��Les enceintes, les barbelés, les voies de garage, les quais, les baraquements, les potences, les chambres à gaz et les fours crématoires d’Aus-chwitz-Birkenau montrent clairement le dérou-lement de l’Holocauste, ainsi que la politique allemande nazie de meurtre de masse et de tra-vail forcé. Les collections sur le site préservent le témoignage de ceux qui ont été assassinés avec préméditation, et présentent le mécanisme sys-tématique de ce mode d’exécution. Les effets per-VRQQHOV�ÏJXUDQW�GDQV�OHV�FROOHFWLRQV�W�PRLJQHQW�de la vie des victimes avant leur envoi dans les camps de concentration, ainsi que de l’utilisation cynique de leurs biens et de leurs restes. Le site et son paysage représentent un haut niveau d’au-thenticité et d’intégrité d’autant que les preuves originelles ont été soigneusement conservées, VDQV�DXFXQH�UHVWDXUDWLRQ�VXSHUÐXH��>Â@Auschwitz-Birkenau, monument évoquant le gé-nocide délibéré des Juifs par le régime nazi (Alle-magne 1933-1945) et la mort d’innombrables autres victimes, témoin irréfutable d’un des plus grands crimes commis contre l’humanité >KWWS���ZKF�XQHVFR�RUJ�IU�OLVW����@�

L’Unesco complice de l’escroquerie

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Témoignage inédit sur Dachau

Témoignage inédit sur Dachau

/H�GRFXPHQW�TXH�QRXV�publions ci-dessous QÊDYDLW� MDPDLV� �W��WUDGXLW�HQ�IUDQ�DLV��,O�VÊDJLW� GÊXQH� G�FODUD-

tion sous serment (DIÏGDYLW��GÊXQ� FRPPXQLVWH� SRORQDLV��+HUEHUW�:LOVFKHZVNH��DQFLHQ�LQWHUQ��DX�FDPS�GH�'DFKDX��,O�\��WDLW�UHVW��SOXV�GH�GHX[�DQV��GH�I�YULHU��������OD�OLE�UDWLRQ�HQ�DYULO������6D� G�FODUDWLRQ� VRXV� VHUPHQW�IXW� UHFXHLOOLH� OH� ��� MXLQ� �����SDU� OD� '�IHQVH� DX� l� JUDQG� x�SURF�V� GH� 1XUHPEHUJ�� (OOH�IXW� SURGXLWH� OH� ��� DR°W� �����SDU� OÊDYRFDW� GHV� 66�� 0D¤WUH�+RUVW� 3HOFNPDQQ�� /H� 7ULEX-QDO� QÊD\DQW� WRXWHIRLV� DFFRU-G�� TXÊXQH� GHPL�MRXUQ�H� ��FKDTXH� G�IHQVHXU� SRXU� SU�-senter sa plaidoirie (TMI��;;,�� ������ 0e� 3HOFNPDQQ� QH�SXW�TXÊHQ�PHQWLRQQHU�OD�U�I�-UHQFH��VDQV�SRXYRLU�QL� OD� OLUH��QL� P PH� OD� U�VXPHU�� ,O� VH�FRQWHQWD�GH�GLUH��Le groupe suivant contient OHV�DIÏGDYLWV���������������������21, 23 et 25 qui traitent de la condition des détenus dans les camps de concentration. &HV�DIÏGDYLWV�SURXYHQW�TXH�OHV�détenus des camps de concen-tration étaient, d’une manière très générale, traités d’une façon très satisfaisante�>ibid���S�����@�6DQV� VXUSULVH�� OHV� MXJHV� QH�tinrent aucun compte de ces GRFXPHQWV�4XHOTXHV� PRLV� SOXV� WDUG��la déclaration de Herbert

:LOVFKHZVNH� IXW� FLW�H� ��QRXYHDX�� &Ê�WDLW� DX� SURF�V�GHV� l� P�GHFLQV� QD]LV� x�� (OOH�devait servir à la défense GHV� GRFWHXUV� 6LHJIULHG� 5XII��:ROIUDP� 6LHYHUV� HW� :LOKHOP�%HLJOERHFN�� LPSOLTX�V� GDQV�les expériences médicales FRQGXLWHV�DX�FDPS�GH�'DFKDX��H[S�ULHQFHV�GLWHV�l�GH�KDXWH�DOWLWXGH�x�HW�l�GÊHDX�GH�PHU�x���/H����DYULO�������HOOH�IXW�OXH���OÊDXGLHQFH�� 'DQV� VD� SODLGRL-ULH�� OÊDYRFDW�GH�6LHJIULHG�5XII�insista sur sa valeur comme SUHXYH���G�FKDUJH��TMI��V�ULH�YHUWH��YRO��,��S��������/ÊDYRFDW�GH�:ROIUDP�6LHYHUV�HQ�FLWD�SRXU�sa part un passage attestant TXH� OHV� G�SRUW�V� VRXPLV� DX[�H[S�ULHQFHV� VÊ�WDLHQW� SRUW�V�volontaires (ibid��� S�� ������ 6L�5XII�HXW�OH�ERQKHXU�GÊ WUH�DF-TXLWW���DX�E�Q�ÏFH�GX�GRXWH���Beiglboeck fut condamné à ���DQV�GH�SULVRQ�HW�6LHYHUV���OD�PRUW�SDU�SHQGDLVRQ�'DQV�OHV�DQQ�HV�TXL�VXLYLUHQW��ce document sombra dans OÊRXEOL�� 1RXV� OH� SXEOLRQV� DX-MRXUGÊKXL�GDQV�XQH�WUDGXFWLRQ�française effectuée par nos VRLQV�&HUWDLQV� QRXV� REMHFWHURQW� ��l� 3RXUTXRL� FUR\H]�YRXV� ��FH� W�PRLJQDJH� �TXL� YRXV�DUUDQJH�� DORUV� TXH� YRXV� HQ�UHMHWH]� WDQW� GÊDXWUHV� �TXL�YRXV� J QHQW�� "� x� (Q� JXLVH� GH�U�SRQVH��QRXV�SRXUULRQV� OHXU�UHWRXUQHU� FH� TXÊRQ� QRXV� RS-SRVH� WRXMRXUV� ORUVTXÊLO� VÊDJLW�GÊ�l�DYHX[�x�GÊDQFLHQV�66�GRQW�nous dénonçons le caractère

PHQVRQJHU���l�4XHO�LQW�U W�DX-UDLHQW�LOV�HX���PHQWLU�"�x��QRXV�GHPDQGH�W�RQ� DORUV�� &HWWH�TXHVWLRQ�� QRXV� SRXUULRQV�GRQF�OD�SRVHU���FHX[�TXL�YRX-draient rejeter le témoignage GH� +HUEHUW� :LOVFKHZVNH��1RXV� QRXV� HQ� DEVWLHQGURQV�FDU�HOOH�HVW�WRWDOHPHQW�YDLQH��8Q� W�PRLJQDJH� GRLW� WRXW�GÊDERUG�  WUH� MXJ�� DYHF� OÊRXWLO�GH� OD� FULWLTXH� LQWHUQH� �� HVW�LO�FRK�UHQW� "� 5DSSRUWH�W�LO� GHV�faits a priori�SRVVLEOHV�"�6L�RXL��LO�P�ULWH�GÊ WUH�SU�VHQW��1RXV� QÊDYLRQV� GRQF� DXFXQH�raison de croire davantage FH� W�PRLJQDJH� TXÊXQ� DXWUH��0DLV�QRXV�FRQVWDWRQV�TXÊLO�QH�FRQWLHQW�QL�LPSRVVLELOLW��SK\-VLTXH��QL� G�WDLOV� �YLGHPPHQW�G�UDLVRQQDEOHV�&HUWHV��RQ�QRXV�REMHFWHUD�TXH�+HUEHUW� :LOVFKHZVNH� SDUOH�GÊXQH� l� FDQWLQH� x� TXL� IRQF-tionnait dans le camp et dans ODTXHOOH� RQ�SRXYDLW�G�SHQVHU���50�SDU�VHPDLQH�HQ�l�papier, boisson et tabac� x�� G�WDLO� TXL�SDUD¤WUD� VDXJUHQX� �� EHDX-FRXS��&ÊHVW�FHSHQGDQW�RXEOLHU�TXH� FHUWDLQV� FDPSV� DYDLHQW�OHXU�FDQWLQH��%XFKHQZDOG�SDU�H[HPSOH�� R®� XQ� SDSLHU�PRQ-naie spécial existait pour les DFKDWV�� 'DQV� OHXU� UDSSRUW�publié au terme de leur visite GHV� OLHX[�� OHV� SDUOHPHQWDLUHV�DP�ULFDLQV��FULYLUHQW���l�Nous avons vu le papier-monnaie du camp que les prisonniers pouvaient gagner en tra-vaillant et dépenser à la can-tine� x� �YR\�� Articles et Docu-

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Brèves

Sans Concession N° 77

20

ments�� QRXYHOOH� V�ULH�� Qp� ������ PDL� ������ l� /HV� KRUUHXUV�GH�%XFKHQZDOG�x��S�����FRO��%���$LOOHXUV��QRXV�OLVRQV���SURSRV�GX� FDPS�GÊ$XVFKZLW]� ,� �� l�La cantine d’Auschwitz (Kantine) se trouvait dans le block 25. Les détenus qui avaient reçu de l’argent ou s’étaient arran-gés pour en obtenir pouvaient acheter du papier à lettre ou des produits d’épicerie comme de la marmelade de betterave.� x� &H� SDVVDJH� QÊHVW�SDV�H[WUDLW�GÊXQ� OLYUH� l�Q�JD-WLRQQLVWH� x�� PDLV� GX� Guide pédagogique d’Auschwitz� ��G��$XWUHPHQW��������S�������FR�-FULW� SDU� OH� SURIHVVHXU� GÊKLV-WRLUH� -HDQ�)UDQ�RLV� )RUJHV��déjà auteur du livre Éduquer contre Auschwitz�� /H� GRFX-PHQW� TXH� QRXV� UHSURGXLVRQV�HQÏQ�FL�FRQWUH�HVW�XQ�PDQGDW�postal destiné à un prisonnier �SRORQDLV�� LQWHUQ�� �� 'DFKDX�HQ�RFWREUH�������6ÊLO�QÊ\�DYDLW�eu aucune possibilité de dé-SHQVHU� TXRL� TXH� FH� I°W� GDQV�OH�FDPS��XQ�WHO�PDQGDW�DXUDLW��W��SDUIDLWHPHQW�LQXWLOH�/H� W�PRLJQDJH� GH� +HUEHUW�:LOVFKHZVNH� QH� FRQWLHQW�GRQF� ULHQ� GÊLPSRVVLEOH�� 'H�SOXV�� LO� QÊHVW� QXOOHPHQW� HQWD-FK�� GÊLQFRK�UHQFHV�� 9RLO��SRXUTXRL� QRXV� DYRQV� G�FLG��GH� OH� SXEOLHU�� 'HSXLV� WURS�ORQJWHPSV�� VHXOHV� OHV� SL�FHV��� FKDUJH� VRQW� PRQWU�HV� DX�JUDQG�SXEOLF�� ,O� HVW� WHPSV� GH�YHUVHU�DX�GRVVLHU�FH�TXL�D��W��délibérément ignoré après la JXHUUH�

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La Shoah au fil de l’actualité

Né en Pologne, j’avais la nationalité polonaise. Avant la guerre, je travaillais à la poste. Mon père était communiste et m’a incité à le devenir. En 1942, j’ai reçu ma lettre de mobilisation pour servir dans l’armée anti-aérienne à Stettin, cependant l’appel fut annulé. Puis, je reçus une nouvelle lettre pour mon incorporation dans les Waffen-SS à Munich. Cependant, depuis le début je n’avais aucune inten-tion d’obéir à cette demande de mobilisation, car du fait de mes idées communistes, j’étais contre la politique allemande et contre la guerre. En consé-quence, je fus arrêté par la Police Militaire alle-mande. Je fus condamné à huit ans de travaux for-cés par la Cour-SS et la Cour de la Police à Prague pour insoumission et défaitisme. Je fus alors envoyé en détention préventive au camp de concentration de Dachau, c’était le 3 février 1943.Je dois admettre que j’ai été bien traité là-bas. Au début, je restai en cellule d’isolement et, plus tard, on me plaça dans une baraque avec d’autres prison-niers. Peu après, je fus mis au travail. [Il y avait] beaucoup de rayonnages dans une boulangerie de Dachau. La nourriture était bonne.Jusqu’au printemps 1945, chaque matin, nous rece-vions un quart de miche de pain de caserne, accom-pagné d’extras : 30 grammes de beurre tendre, du fromage et un succédané de miel ou de la confiture. A midi, nous recevions un litre de soupe, du ragoût avec des légumes et des pommes de terre. Parfois, nous recevions aussi des pommes de terre cuites au four. Deux fois par semaine seulement nous avions un ragoût sans légumes et des pommes de terre au four. Le soir, nous avions souvent un litre de soupe ou du pain avec des extras. Ces rations restèrent inchangées jusque peu avant la capitulation, vers février 1945, lorsqu’au lieu d’un quart de miche de pain de caserne, on ne nous en donna plus qu’un cin-quième, et finalement un huitième, matin et soir.Je dois dire que même avec ces rations réduites, la nourriture était encore suffisante pour éviter à cha-cun de mourir de faim.Durant tout ce temps, nous reçûmes également du tabac et, jusqu’à la fin de l’année 1944, de 3 à 10 ci-garettes par jour au moins. Ceci s’appliquait particu-lièrement aux unités spéciales qui s’étaient portées volontaires pour former les escadrons d’enlèvement des bombes [anglo-américaines retrouvées non-ex-plosées après les bombardements]. J’aimerais égale-

ment mentionner les colis réguliers envoyés par la Croix Rouge qui étaient distribués aux prisonniers étrangers. Cette distribution eut lieu jusqu’à la fin.Le logement était bon. Chacun avait son propre lit avec une paillasse ou un matelas. Les lits avaient trois étages, l’un par-dessus l’autre. Nos sous-vêtements étaient régulièrement changés pour des propres. Les draps étaient changés toutes les quatre semaines. Des salles de bain et des lumières électriques étaient fournies et nous devions nous laver régulièrement. Jusqu’en 194.., on comptait 20 hommes par pièce. Ce n’est qu’à l’approche des Alliés que 30 à 40 hommes furent mis dans une seule pièce.Afin de satisfaire les demandes personnelles en pa-pier, boisson et tabac, une cantine fonctionnait dans le camp. Nous pouvions y dépenser jusqu’à 5 RM [Reichsmark] par semaine. Des primes étaient don-nées pour un travail accompli. Jusqu’à l’été 1944, on put acheter des boissons non-alcoolisées à la can-tine, ainsi que des articles de base et des affaires de toilette. Pour les affaires de toilette, nous pûmes les acquérir jusqu’à la fin.Durant tout le temps de mon séjour à Dachau, je n’ai jamais vu aucun prisonnier se faire tuer ou maltrai-ter, à l’exception de mesures de discipline, comme les coups de fouet, approuvés par le Reichsführer-SS. J’ai entendu des rumeurs d’exécutions par fusillade ou par pendaison, mais ces dernières étaient tou-jours liées à des sentences de cours martiales.Les conditions [de vie], comme celles que j’ai vues dans les films et lues dans les journaux après l’ef-fondrement de l’Allemagne, à propos des mauvais traitements dans les camps de concentration alle-mands, n’ont jamais eu lieu en ma présence. J’avais connaissance des expériences médicales sur des pri-sonniers. A plusieurs reprises, j’ai eu l’opportunité de parler avec des prisonniers qui s’étaient portés vo-lontaires pour ces expériences. J’ignore de quel type d’expériences il s’agissait. A ma connaissance, les prisonniers volontaires pour ces expériences ont agi de leur plein gré et en agissant ainsi, ils pouvaient regagner leur liberté et leur réinsertion [dans la vie civile] ainsi qu’une amélioration des conditions de vie pour leurs proches…….WILSCHEWSKE est actuellement interné, car de-puis l’approche des troupes américaines, il a été mis en uniforme avec d’autres prisonniers pour protéger le camp.

SS-Affidavit n° 16Déclaration sous serment

Nuremberg, 18 juin 1946Wilschewske, Herbert, né le 15 juillet 1922 […]

Signé : Herbert WILSCHEWSKEA signé et juré devant moi ce 26ème jour de juin 1946.

Robert B. STARNES1er Lieutenant 0-1384383

Tribunal Militaire International

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

LUMIÈRE SUR UN TÉMOIN OUBLIÉ

ANNI WINTER

Présentation´� �/H�jusqu’auboutisme�GH�+LWOHU´� /D�O�JHQGH�GX�EORF�PRQROLWKLTXH´� 5RVHQEHUJ���XQ�LG�RORJXH�LQFRPSULV�GX�)±KUHU�OXL�P PH

´� /H�FDV�%RUPDQQ

7�PRLJQDJH�GÊ$QQL�:LQWHU

S���p.26p.30p.38

p.46

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Photographie dédicacée par Hitler : « A ma bien-aimée Madame Winter... »

Dossier

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

Le document que vous allez décou-vrir dormait depuis 66 ans dans les archives de Nuremberg. Il n’a jamais été utilisé, ni pendant le « grand »

procès, ni après. Il s’agit de l’interroga-toire d’une femme qui servit Hitler comme intendante dans le luxueux appartement que celui-ci avait acquis à Munich, Prinzre-gentenplatz 16, en 1929. Elle s’appelait Anni Winter. Hitler l’appréciait énormément. En 1930, il lui offrit pour Noël un portrait RIÏFLHO� DYHF� XQH� G�GLFDFH� TXL� FRPPHQ�DLW�ainsi : « A ma bien-aimée Madame Winter… » Dans le testament privé du Führer, elle est la seule qui soit nommément désignée, avec Martin Bormann (voir annexe A.1) [1]. Pen-dant des années, Anni Winter fut présente lorsque Hitler recevait des amis. Elle a donc pu non seulement connaître le Führer, mais aussi beaucoup de ses proches.En 1945, elle sauva du pillage des vainqueurs tout ce qu’elle put emporter. Parmi les diffé-UHQWV�REMHWV�ÏJXUDLHQW�XQH�GDJXH�DLQVL�TXH�OD�photographie dédicacée [2]. Le 6 novembre 1945, elle fut interrogée dans le cadre de l’instruction du procès de Nuremberg. Nullement compromise dans des affaires politiques, elle n’avait rien à redouter pour elle-même. Par conséquent, au-delà d’une certaine subjectivité inévitable, la sincérité de son témoignage ne saurait être mise en

doute. Anni Winter raconta tout simple-ment ce qu’elle avait vu et ressenti durant ces nombreuses années.On ne trouvera pas dans cette déposition des révélations sensationnelles. Mais bien qu’ils soient ténus, les éléments qu’elle apporte sont précieux. Par exemple, elle dépeint Hitler comme un homme très généreux, qui « fut incroyablement exploité » par certains GH�VHV�SURFKHV�FROODERUDWHXUV��(OOH�FRQÏUPH�également que, malgré les nombreuses dis-cordes qui existaient entre le IIIe Reich et le Vatican, Hitler refusa de quitter l’Église : « Je

dis à Hitler que mon mari et moi avions déci-

dé de quitter l’Église parce qu’il était membre

de la SS. Alors que, pour moi, ça ne faisait

pas beaucoup de différence qu’il soit dans

l’Église ou non, malgré tout, je ne voulais pas

la quitter, et je demandai son opinion à Hit-

ler. Sa réponse fut : “Moi aussi, je suis catho-lique et, bien entendu, je reste dans l’Église. Il vaudrait mieux pour vous attendre avant de franchir ce pas” (wieso, ich selber bin doch auch katholisch, ich bin doch auch in der Kirche. Lassen Sie das nur an sich heran-kommen). »Mais surtout, Anni Winter rapporte des pro-pos qui donnent un éclairage nouveau et TXL� SHUPHWWHQW� GH� UHFWLÏHU� FHUWDLQV� PHQ-VRQJHV� KLVWRULTXHV�ÐDJUDQWV�� (Q� YRLFL� WURLV�exemples que j’ai choisi d’approfondir.

Un document inédit

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Depuis plus de 60 ans, on présente Hitler comme un fana-tique jusqu’au-boutiste qui aurait contraint son peuple à poursuivre une lutte dont il savait qu’elle était définiti-vement perdue (création du Volkssturm commandé par Martin Bormann). Le 16 janvier 1946, le substitut du pro-cureur général américain, Thomas KW. Lambert, lança :En sa qualité de chef du Volkssturm, [Martin] Bormann a prolongé inutilement la guerre en provoquant la des-truction de l’économie allemande et de l’économie eu-ropéenne, la perte de nombreuses vies et des ravages considérables [TMI, V, 316].

Le « jusqu’auboutisme » de Hitler

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

Le cynisme du TMISachant que dès 1942, les

Alliés avaient annoncé qu’ils

lutteraient jusqu’à la reddition

inconditionnelle du IIIe Reich (donc qu’ils ne négocieraient

jamais avec l’ennemi) et qu’ils

avaient mis au point une arme

(la « forteresse volante ») pour

paralyser économiquement le

pays (destruction des routes,

des voies ferrées, des usines…)

et pour terroriser les popula-

tions en rasant les villes (ce

qui avait entraîné la mort de

centaines de milliers de civils),

l’accusation portée contre

Martin Bormann relevait du

cynisme le plus éhonté. Je

note d’ailleurs que le Tribu-

nal abandonna cette charge.

Dans la partie du jugement qui

concerne Martin Bormann, on

ne trouve rien sur le Volkss-turm (TMI, XXII, 628-9).

Hitler y a cru jusqu’à la mi-avril 1945

Passons cependant. Dans son

témoignage, Anni Winter fra-

gilise la thèse qui présente le

Führer comme un fanatique

jusqu’au-boutiste. Elle dé-

clare : « Je pense que jusqu’au bout il croyait à la victoire. »

Certains rejetteront cette hy-

pothèse comme totalement

impossible. Ils se trompent :

FHWWH� VXSSRVLWLRQ� HVW� FRQÏU-

mée par Joachim von Ribben-

trop qui fut le ministre des

Affaires étrangères de Hitler

peu avant puis pendant toute

la durée de la guerre. Inter-

rogé le 10 septembre 1945,

il déclara que six semaines

HQFRUH� DYDQW� OD� ÏQ�� +LWOHU� OXL�avait dit : « Ribbentrop, nous allons gagner cette guerre VXU� OH� ÏO� x (voir annexe A.2)

[3]. Abasourdi, le ministre lui

avait répondu : « Bonté divine, comment ? » Il savait en effet,

depuis plusieurs mois, que

la guerre était perdue. Mais

Hitler, poursuit-il, « était convaincu que les nouveaux types d’avions aideraient à amener un tournant au FRQÐLW� x (ibid., pp. 1204-5).

Dans ses Mémoires, l’ancien

pilote de Hitler, Hans Baur, ra-

conte que dans « la deuxième moitié de mars 1945 », terré

dans le bunker de la Chancel-

lerie à Berlin, le Führer rêvait

encore la reconstruction de

Munich [4]. De son côté, le

général Warlimont souligne

que le 15 avril 1945, le géné-

ral Jodl et le maréchal Keitel

« croyaient non seulement, tout comme Hitler — avec qui il leur arrivait encore occasionnellement d’avoir des liaisons téléphoniques ou ra-s ou ra-dio — pouvoir dégager Berlin, mais encore continuer à diriger la défense du Reich dans son ensemble » [5].

Le 22 avril toutefois, le Führer

rencontra son ministre de l’Ar-

mement — Albert Speer —pour la dernière fois. Des an-

nées après, celui-ci raconta :

« Ce jour-là, [Hitler] ne dit plus rien de l’imminence d’un changement, de la nécessité d’espérer » ; « Hitler renonça même à se perdre dans le rêve d’un miracle qu’accomplirait pour lui la Providence » [6].

Preuve que le Führer n’y

croyait plus, il lui parla de

sa mort et précisa : « Je ne voudrais pas non plus que mes ennemis traitent mon cadavre comme une charogne. J’ai donné l’ordre qu’on me brûle »

(ibid, p. 628).

Dans la nuit du 24 au 25 avril,

Hitler réorganisa le comman-

dement des trois armées. Le

26 avril encore, il déclara à

Hanna Reitsch que les hommes

du général Wenck pourraient

dégager Berlin. Plus tard, ce-

pendant, la célèbre aviatrice dé-

clara que si « ses mots parlaient d’espoir », l� VD� ÏJXUH�PRQWUDLW�TXH�OD�JXHUUH��WDLW�ÏQLH�x [7]. Le

29, sachant qu’il n’y avait plus

rien à faire à la Chancellerie,

il envoya son aide de camp, le

général von Below, à l’armée

Wenck [8]. Le lendemain, il

DQQRQ�D�à son pilote personnel

VRQ�LQWHQWLRQ�GÊHQ�ÏQLU��FH�TXÊLO�ÏW� HIIHFWLYHPHQW� OH� MRXU�P PH�(ibid., p. 254). On peut donc dire

que jusqu’au 15 avril, au moins,

le Führer refusa de croire la dé-

faite inévitable.

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Pourquoi Hitler a voulu y croire

Refus totalement irraisonné ? J’en conviens sans peine. Dès la mi-1944, Albert Speer sa-vait qu’avec la destruction des usines de carburant, la guerre de la production était désor-mais perdue pour l’Allemagne (TMI, XVI, 504). Un mois après le Débarquement en Normandie,

les chefs militaires allemands lui déclarèrent que la guerre se-rait terminée « en octobre ou en novembre » (ibid., p. 506). Dans les hautes sphères, donc, tout le monde savait, ou pouvait savoir.D’après Paul Schmidt, cepen-dant, depuis l’attentat du 20 juillet 1944, le Führer souf-frait d’une « méconnaissance complète des réalités » [9]. Aussi espérait-il, un espoir conforté par l’arrêt subit des opérations alliées en octobre. Le 28 dé-cembre 1944, il s’exprima ainsi devant ses généraux : […] n’en tirez pas la conclusion que je songe le moins du monde que cette guerre puisse être per-due. L’idée de capitulation m’a toujours été inconnue tout au long de mon existence, et je suis un de ces hommes qui se sont élevés en partant de rien. Pour moi, par conséquent, la situa-

tion dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui n’est pas nouvelle. La situation a été au-trefois pour moi tout différente, bien pire. Je ne dis cela que pour vous faire mesurer pourquoi je poursuis mon dessein avec un tel fanatisme et pourquoi rien ne SHXW�PH�IDLUH�Ð�FKLU��-H�SRXUUDLV�être bourrelé de soucis tant qu’on voudra, et même être ébranlé

dans ma santé par mes soucis, que cela ne changerait rien à ma décision de combattre jusqu’à ce TXH���� OD�ÏQ�GHV�ÏQV�� OD�EDODQFH�penche quand même de notre côté [10].Mais à la mi-janvier 1945, avec l’arrivée des Russes sur l’Oder HW� OÊ�FKHF� G�ÏQLWLI� GH� OD� SHU-cée des Ardennes, Hermann Göring sut lui aussi que l’Alle-magne n’aurait désormais plus le temps de produire « en série des armes nouvelles », donc que tout était irrémédiable-ment perdu [11]. Malgré cela, « l’isolement auquel Hitler s’était condamné en demeurant dans le bunker » [12] lui permit encore d’échapper à la sinistre réalité. Albert Speer parle d’ail-leurs de « ces fantasmes qui, à cette l’époque-là, frappaient les esprits comme un éclair, y créant de nouveaux espoirs pour, tout

aussitôt, laisser place à d’autres fantasmes » [13]. Il est dès lors clair qu’à partir de l’été 1944, l’espoir du Führer fut irraisonné, même si certaines « armes nou-velles » sur lesquelles il comp-tait, comme le Messerschmitt Me 262 et le V2 (anciennement : A4), n’étaient pas fantasmago-riques.Certains parleront de « folie fanatique ». Je leur répondrai que Hitler connaissait la volonté manifestée par des adversaires de détruire le national-socia-lisme [14]. Le 28 décembre 1944, il le répéta encore une fois à ses généraux, déclarant : La situation de l’Allemagne peut se décrire en très peu de phrases. Dans cette guerre, il ne s’agit pas de savoir […] si l’Allemagne, en cas de victoire de nos adver-saires, se verra accorder par bon-té d’âme, sous une forme quel-conque, le droit d’exister ; mais il s’agit uniquement de savoir si l’Allemagne veut subsister ou si elle doit être anéantie. Ce dont cette guerre doit décider, ce n’est pas, comme peut-être au cours des précédentes guerres du XVIIe ou du XVIIIe siècle, une question d’organisation de l’État, une question de rattachement au Reich allemand, d’un peuple, d’une souche ethnique, ou d’un ancien État confédéré, mais FÊHVW� HQ� G�ÏQLWLYH� OÊH[LVWHQFH� GH�notre substance nationale qui se décidera […]. Là, il s’agit plutôt

Le Führer savait que la victoire de ses ennemis sonnerait le glas non seulement de l’Allemagne, mais aussi de l’Europe.

Dossier

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

de l’existence même de la subs-tance. Or, la substance est ou bien maintenue ou bien détruite. Notre but est de la maintenir. La détruire fait, le cas échéant, dis-paraître pour toujours une race comme celle-ci. Des guerres comme il s’en dé-roule actuellement portent en HOOHV� OH� FDUDFW�UH� GH� FRQÐLWV�idéologiques et durent souvent fort longtemps. […] il s’agit pour le Reich allemand de mener une guerre idéologique qui est une question de vie ou de mort, dont OH� VXFF�V� VWDELOLVHUD� G�ÏQLWLYH-ment cette grande puissance qui existe déjà par le nombre et par la valeur, et dont la perte détruira et fera voler en éclats le peuple allemand [15].

A Nuremberg, Hermann Göring

expliqua :

Je savais que la propagande en-nemie insistait sur le point qu’il n’y aurait, en quelque circons-tance que ce soit, de négocia-

tions avec Hitler. Je savais aussi que Hitler lui-même ne voulait négocier à aucun prix, mais pas sous ce rapport. Hitler aurait dé-siré négocier s’il avait eu en vue la perspective de résultats, mais il était absolument contraire aux négociations désespérées et vaines.Après le débarquement en Afrique, l’ennemi de l’Ouest déclara, autant que je m’en sou-vienne, qu’en aucune circons-tance il ne négocierait avec l’Al-lemagne, mais la forcerait à la reddition sans conditions. C’est alors que la résistance de l’Alle-magne se renforça au plus haut point et que des mesures furent prises en conséquence. Si je n’ai aucune chance de conclure une guerre par des négociations, alors il est inutile de tenter de négocier et il faut déployer tous ses efforts pour essayer de for-cer le destin en faisant appel aux armes [TMI, IX, 458-9].

Anni Winter était donc dans

le vrai lorsqu’elle déclara que

Hitler avait cru jusqu’au bout

à la victoire. J’ajouterai que s’il

y a cru, ce ne fut ni par « folie

jusqu’au-boutiste », ni par volonté de se venger de son propre peuple, mais à cause de la volonté IDQDWLTXH� DIÏFK�H�par les alliés d’écraser l’Alle-

magne nationale-socialiste.

Les fanatiques, c’était eux. Le

Führer savait que la victoire de

ses ennemis sonnerait le glas

non seulement de l’Allemagne,

mais aussi de l’Europe. Il n’était

pas le seul. Dans son édito-

rial du 1er mai 1944, Philippe

Henriot avertit qu’en cas de

victoire alliée, donc en cas de

triomphe du libéralisme anglo-

saxon, on verrait la France « se

dissoudre dans la facilité, dans

la médiocrité et l’usure lente

de ses nerfs et de ses muscles »

[16]. Il avait raison ; ils avaient

raison.

[1] : Une copie de l’original du testa-

ment est consultable dans l’ouvrage

de Werner Maser, Hitler inédit. Écrits intimes et documents (éd. Albin Michel, 1975), pp. 227-9.[2] : Source : http://www.germaniain-

ternational.com/hitler18.html.

[3] : « Ribbentrop, we are going to win this war by the length of a nose. »

(voy. TMI, série rouge, supplément B,

p. 1204).

[4] : Voy. Hans Baur, J’étais pilote de Hitler (éd. France-Empire, 1957), p. 241.[5] : Voy. Walter Warlimont, 5 ans au G.Q.G. de Hitler (éd. Elevier Séquoia,

Bruxelles, 1975), p. 309.

[6] : Voy. Albert Speer, Au cœur du

Troisième Reich (éd. Fayard, 1971), pp. 628 et 630.[7] : Voy. le résumé de l’interrogatoire

de Hanna Reitsch par Robert E. Work,

8 octobre 1945, §§ 22-24. Copie en

possession de V.R.

[8] : Voy. Hans Baur, J’étais pilote…,

déjà cité, p. 253.

[9] : Voy. Paul Schmidt, Sur la scène LQWHUQDWLRQDOH��0D�ÏJXUDWLRQ�DXSU�V�de Hitler. 1933-1945 (éd. Plon, 1950), p. 355.[10] : Voy. Hitler parle à ses généraux. Comptes rendus sténographiques des rapports journaliers du Q.G. du Führer,

1942-1945 (éd. Albin Michel, 1964),

pp. 284-5.

[11] : Voy. la déposition de Hermann

Göring le 18 mars 1946 à Nuremberg

(TMI, IX, 458).

[12] : Voy. Karl Dœnitz, Dix ans et vingt jours (éd. Plon, 1959), p. 350.[13] : Voy. Albert Speer, Au cœur…, déjà

cité, p. 630.

[14] : J’en ai déjà parlé dans mon

étude sur la Gestapo. Voy. Vincent

Reynouard, Gestapo : justice pour une police calomniée (éd. VHO, sd),

deuxième partie, pp. 57-58.

[15] : Voy. Hitler parle…, déjà cité,

pp. 282-3.

[16] : Voy. Éditoriaux prononcés à la radio par Philippe Henriot, n° 4, du

28 février au 6 mars 1944, éditorial

du 1er mars, 12 h 40 : « Les deux esclavages », p. 21.

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Sans Concession N° 77

30

Julius Streicher rejoint Hitler

Dès novembre 1945, pourtant, le témoignage d’Anni Winter faisait voler cette thèse en éclats. Le cas de Julius Strei-cher, qu’elle mentionne à la ÏQ��HVW�H[HPSODLUH��3RXU�GHX[�raisons. La première est la sui-vante : quand on adhère à un « complot », on se documente, on rencontre les conjurés, on tente de juger leur sérieux… Rien de tel avec Streicher. A

Nuremberg, il raconta ainsi la ID�RQ� GRQW� LO� UHMRLJQLW� +LWOHU��mû par une voix intérieure après ne l’avoir entendu qu’une seule fois :[…] en 1921 — je reviens à cette époque — je me rendis à Mu-nich. J’étais curieux. Quelqu’un m’avait dit : « Vous devriez entendre un jour Adolf Hitler. » […]. Je me rendis donc à Muni-ch au Bürgerbräukeller. Hitler parla. Je ne le connaissais que de nom. Je n’avais encore ja-

mais vu cet homme. J’étais là, un inconnu parmi les incon-nus. Je vis cet homme après un discours de trois heures, peu avant minuit, baigné de sueur, rayonnant. Un de mes voisins croyait voir une auréole autour de sa tête ; et moi, j’éprouvais TXHOTXH� FKRVH� GÊLQG�ÏQLV-sable. Messieurs, c’était un spectacle qu’on ne voyait pas tous les jours. Lorsqu’il eut terminé son discours, une voix intérieure m’ordonna de me le-

La légende du bloc monolithique

Dans un registre voisin, une histoire simpliste présente le groupe des hauts digni-taires nationaux-socialistes comme un bloc monolithique, soudé autour d’un pro-jet commun exposé par Hitler. Cette vision a été entérinée à Nuremberg avec l’accu-sation de « complot ». Je rappelle que selon cette thèse bâtie par les vainqueurs, les proches d’Adolf Hitler n’auraient eu, dès le début, qu’une seule volonté : effacer la défaite de 1918 (abolition du Traité de Versailles) pour ensuite reprendre les ter-ritoires perdus et en conquérir d’autres par tous les moyens, y compris criminels, au nom des droits de la « Race supérieure » à dominer les « sous-races », voire à les exterminer [17].

Dossier

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Sans ConcessionN° 77

Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

ver. Je me rendis sur l’estrade.

Quand Adolf Hitler en descen-

dit, j’allai à lui et lui dis mon

QRP��>Â@�2XL��MÊHQ�VXLV�ÏHU���MH�me suis contraint et j’ai remis

moi-même entre les mains

de Hitler le mouvement que

j’avais créé en Franconie [TMI, XII, 314-5 ; voir annexe A.3].Contre-interrogé par l’Accu-sation, il expliqua s’être peu intéressé, par la suite, aux idées défendues par Hitler :

L I E U T E N A N T - C O L O N E L

J.M.G GRIFFITH-JONES

[…]. — Lorsque vous avez livré

votre parti à Hitler en 1922,

connaissiez-vous sa politique

et saviez-vous ce à quoi elle

tendait ?

ACCUSÉ STREICHER. — Je

voudrais d’abord dire non.

A cette époque, on ne pou-

vait pas parler de choses qui

étaient inconcevables. La po-

litique consistait alors à créer

un nouvel idéal pour le peuple

allemand, un idéal refusant le

chaos et le désordre et signi-

ÏDQW�OH�UHWRXU���OÊRUGUH�LIEUTENANT-COLONEL J.M.G

GRIFFITH-JONES. — Puis-

MH� DIÏUPHU� TXH�� GDQV� XQ� EUHI�délai, vous avez été mis au

FRXUDQW� GH� OD� SROLWLTXH� Ï[�H�dans le programme du Parti

HW�G�ÏQLH�GDQV�Mein Kampf ?

ACCUSÉ STREICHER. — Je

n’avais pas besoin du pro-

gramme du Parti. Je recon-

nais que je ne l’ai jamais lu en-

tièrement. A cette époque, ce

n’étaient pas les programmes

qui comptaient…

LE PRÉSIDENT. — Ce n’est pas

une réponse. La question était

de savoir si, peu après 1922,

vous connaissiez la politique

contenue dans le programme

du Parti et dans Mein Kampf ?

ACCUSÉ STREICHER. — Oui.

L I E U T E N A N T - C O L O N E L

J.M.G GRIFFITH-JONES. —

Vous saviez, n’est-ce pas, que

cette politique comprenait

l’Anschluss avec l’Autriche ?

Répondez par oui ou par non.

ACCUSÉ STREICHER. — Non,

il n’avait jamais été question

de l’Autriche. Je ne me sou-

viens pas que le Führer ait

jamais parlé de l’annexion de

l’Autriche.

LIEUTENANT-COLONEL J.M.G

GRIFFITH-JONES. — Je veux

que vous répondiez à ma

question. Saviez-vous que la

politique du Führer compre-

nait l’annexion de l’Autriche

à l’Allemagne ? Je crois que

votre réponse est négative ?

ACCUSÉ STREICHER. — Non,

je ne savais pas qu’il en eût

l’intention.

L I E U T E N A N T - C O L O N E L

J.M.G GRIFFITH-JONES. — Savez-vous s’il avait l’inten-

tion d’annexer la Tchécoslo-

vaquie, ou tout au moins le

pays des Sudètes ?

ACCUSÉ STREICHER. — Non.

L I E U T E N A N T - C O L O N E L

J.M.G GRIFFITH-JONES. —

Saviez-vous que depuis le

début, l’espace vital était

l’ultime objectif de Mein Kampf ?

ACCUSÉ STREICHER. — Ce

que j’ai lu dans Mein Kampf

est marqué au crayon rouge.

/H� OLYUH� D� �W�� FRQÏVTX��� -H�n’ai lu dans ce livre que ce qui

concerne la question juive ; je

n’ai rien lu d’autre. Mais, que

nous ayons eu le but d’acqué-

rir un jour un espace vital,

cela va sans dire. Je m’étais

personnellement proposé de

contribuer à assurer l’avenir

de l’excédent de la population [TMI, XII, 350-1].

« A cette époque, on ne pouvait pas parler de choses qui étaient inconcevables. La politique consistait alors à créer un nouvel idéal pour le peuple allemand, un idéal refusant

le chaos et le désordre et signifiant le retour à l’ordre. »Julius Streicher

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On le voit, Julius Streicher n’avait pas lu Mein Kampf dans son entier. Il en avait lu peut-être 10 %. Et s’il réclamait un espace pour « assurer l’avenir de l’excédent de population », cela restait — comme chez de

très nombreux Allemands —un souhait aux contours très imprécis. Il rejoint Hitler parce que celui-ci lui avait fait une très forte impression au cours d’une réunion.

Le cas de Hermann Göring

Son cas n’est pas unique. A Nuremberg, Hermann Göring raconta qu’il avait décidé de rencontrer Hitler après l’avoir entendu parler une seule fois ÏQ�RFWREUH�RX�G�EXW�QRYHPEUH�1922 :+LWOHU�>Â@�ÏW�DOOXVLRQ�DX�7UDLW��de Versailles, au Diktat de Ver-sailles et à son rejet. Il dit que les protestations vides de sens […] n’étaient pas indiquées. Il dit qu’une protestation ne pou-vait être utile que si, derrière elle, il y avait la puissance ca-pable de lui donner du poids ; tant que l’Allemagne ne serait

pas forte, les protestations de ce genre n’auraient aucun sens. Ces conceptions corres-pondaient point par point à mon intime conviction.Dans les jours qui suivirent, je me rendis au bureau de la

NSDAP. A ce moment-là, je ne connaissais rien du pro-gramme de la NSDAP et je ne savais rien de plus, sinon que c’était un petit parti. […]. Je YR\DLV� HQÏQ� XQ� KRPPH� TXL�avait devant lui un but dé-terminé et solide. Je voulais d’abord lui demander si j’étais susceptible de lui apporter une aide quelconque. Il me reçut immédiatement. Quand je me fus présenté, il me dit que c’était le destin qui nous avait rapprochés. Nous parlâmes tout de suite de ce qui nous préoccupait le plus tous les deux, la misère de notre patrie et l’impossibilité de nous en te-nir à la résignation. Le thème principal de cette conversa-tion fut également le Traité de Versailles. Je lui dis qu’il pou-vait disposer entièrement de ma personne et de mes biens, parce que mon esprit n’avait

en vue qu’un résultat décisif : la lutte contre le Diktat de Versailles [TMI, IX, 260, voir annexe A.4].Hitler lui demanda s’il vou-lait devenir le chef des S.A., car il ne disposait que de gens trop jeunes et il aurait préféré « trouver un aviateur décoré de l’ordre “Pour le Mérite” ou un marin décoré du même ordre » (ibid., p. 261). Dernier commandant de l’escadrille Richthofen, Hermann Göring accepta et « quelques jours après », il adhéra au Parti (id.). Il rejoignit donc Hitler suite à un simple entretien, alors qu’il ne connaissait rien de la NSDAP, sinon que c’était un « petit parti » !

Von Ribbentrop et Sauckel

Je pourrais mentionner encore le cas de Joachim von Ribben-trop qui, en 1938, devint le mi-nistre des Affaires étrangères de Hitler. Lui aussi adhéra à la NSDAP après un seul entretien avec Hitler, le 13 août 1932. A Nuremberg, il expliqua :Ses pensées et ses déclarations avaient toujours quelque chose GH�G�ÏQLWLI� HW� VHPEODLHQW� YHQLU�du plus profond de lui-même. J’avais l’impression de me trou-ver en face d’un homme qui sa-vait ce qu’il voulait et qui était animé d’une volonté inébran-lable, servie par une personna-

« Nous parlâmes tout de suite de ce qui nous préoccupait le plus tous les deux, la misère de notre patrie et l’impossibilité de nous en tenir à la résignation. »

Hermann Goering

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Sans ConcessionN° 77

Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

lité très forte. Je peux résumer

ces impressions en disant que

je quittai Hitler convaincu que

c’était le seul homme capable de

sauver l’Allemagne si quelqu’un

pouvait encore le faire au milieu

GHV�GLIÏFXOW�V�HW�GH� OD�G�WUHVVH�dans lesquels elle se battait

alors [TMI, X, 240].

Dans ses Mémoires, son épouse

précise : « C’est à la suite de cet

entretien avec Hitler que mon

mari adhéra au parti national-

socialiste » [18].

Quant à Fritz Sauckel (qui allait

plus tard devenir plénipoten-

tiaire à la Main-d’œuvre), issu

d’un milieu très modeste et

ayant travaillé après la guerre

dans une usine « ultra-rouge »

à Schweinfurt, il fut séduit par

un discours très socialiste de

Hitler, un discours dans lequel

l’orateur avait déclaré que le re-

lèvement de l’Allemagne néces-

sitait une compréhension mu-

tuelle entre toutes les classes

sociales, manuelles et intellec-

tuelles. « Cette déclaration, ex-

pliqua-t-il plus tard, me toucha

si irrésistiblement, que je déci-

dai de consacrer ma vie à conci-

lier ce qui semblait s’opposer

irrémédiablement » (TMI, XIV,

636). C’est ainsi qu’il devint un

sympathisant de la NSDAP. Il

n’avait pas lu Mein Kampf (qui

n’avait pas encore été rédigé) et

jamais il n’adhéra à la thèse de

la « race supérieure ». A Nurem-

berg il fut contre-interrogé par

le substitut du procureur géné-

UDO� IUDQ�DLV� -DFTXHV� +HU]RJ��Voici ce que l’on put entendre :

M. HERZOG. — Je vous

demandais […] si vous

considériez que la politique

étrangère de l’Allemagne devait

être déterminée en fonction des

deux théories hitlériennes de

l’ « espace vital » et de la « race

des seigneurs » ?

ACCUSÉ SAUCKEL. — […]. Non,

pas par le principe d’une « race

supérieure ». Je vous demande-

rais de pouvoir faire une décla-

ration à ce sujet.

Je n’ai personnellement jamais

approuvé les déclarations faites

par certains orateurs natio-

naux-socialistes sur une « race

supérieure » ou une « race des

seigneurs ». Je n’ai jamais non

Hitler, entouré de Himmler, Goebbels, Streicher, Goering, vers 1925.

Ce qui rénit des hommes aussi différents, c’est la situation politiquement et écono-

miquement catastrophique de leur patrie. Redresser l’Allemagne en instituant le

véritable socialisme, celui qui défendrait les intérêts de leur peuple, de leur nation :

voilà leur objectif commun. Pour le reste, on se mettrait d’accord par la suite...

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Sans Concession N° 77

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plus exprimé de telles opinions. Quand j’étais jeune homme, j’ai beaucoup voyagé à tra-vers le monde, et en Amérique et en Australie j’ai noué avec des familles des relations qui comptent parmi les plus beaux souvenirs de ma vie. Mais j’aime le peuple qui est le mien et je me suis efforcé, je le reconnais, de lui faire obtenir l’égalité des droits. Jamais je n’ai tenu pour bonne la notion de supériorité

d’une race, mais je considérais comme nécessaire l’égalité des droits.M. HERZOG. — Dans ces condi-tions, vous n’avez pas approuvé toutes les mesures de politique étrangère de Hitler et vous n’y avez pas collaboré ?ACCUSÉ SAUCKEL. — J’ai déjà déclaré […] que jamais je ne me suis considéré comme compé-tent en matière de politique étrangère. C’est d’une tout autre

manière et pour des motifs tout différents que j’ai adhéré au Parti [TMI, XV, 72-3, voir annexe A.5].Seuls les ignorants peuvent croire que les nationaux-socia-listes auraient formé un bloc idéologiquement soudé.

Une amitié

née de l’action

Il est intéressant de noter que, sans cesse à la recherche GH� FROODERUDWHXUV� HIÏFDFHV�

Lorsqu’on prend la peine de l’étudier objectivement, le NSDAP apparaît sous son vrai visage : les rangs

de chemises brunes impeccablement alignées des images d’Epinale cèdent le pas à un regroupement

hétéroclite de personnes si différentes que seul l’amour de leur pays et les conditions inhumaines du

Diktat peuvent rassembler.

Dossier

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

dont il lui arrivait de manquer cruellement, Hitler embau-cha Hermann Göring sans plus d’examen. Son amitié avec Julius Streicher naquit dans des conditions sem-blables. A Nuremberg, ce der-nier raconta :Puis ce fut [la préparation du] putsch de Munich. Après minuit, comme la plupart des gens l’avaient abandonné, je vins à lui et lui dit qu’il fallait maintenant éclairer l’opinion en attendant le grand jour prochain. Il me regarda alors en ouvrant de grands yeux et me dit : « Voulez-vous le faire ». Je répondis : « Je le ferai ».[…] Après minuit, il écrivit sur un morceau de papier : « Strei-cher est chargé de l’ensemble de l’organisation ». Cela devait avoir lieu le lendemain, le 11 no-vembre. Ce jour-là, je dirigeai ouvertement la propagande et cela encore une heure avant OH� G�ÏO�� �� OD� )HOGKHUUQKDOOH��Quand je revins, tout était prêt. En avant, le drapeau qui devint plus tard la Blutfahne. Je me joi-gnis au second groupe et nous G�ÏO�PHV��� WUDYHUV� OD� YLOOH� YHUV�la Feldherrnhalle. Lorsque je vis devant la Feldherrnhalle les fusils braqués et que je sus qu’on allait tirer, je m’avançai de dix mètres devant mon drapeau et je marchai sur les fusils. Puis ce fut le bain de sang et nous fûmes arrêtés.

[…] A Landsberg, Adolf Hitler me dit devant ses codétenus qu’il n’oublierait jamais cet acte ; ainsi, parce que j’avais pris part à cette marche sur la Feldherrnhalle, à la tête du G�ÏO��� $GROI� +LWOHU� VÊ�WDLW� VHQWL�plus attiré vers moi que vers un autre. L’amitié est née de l’ac-tion [TMI, XII, 319].Telle fut la raison de l’amitié qui, au moins dans un premier temps, lia Hitler et Streicher. Cette amitié était née de l’ac-tion, de l’action seule. L’idéolo-gie n’y jouait qu’un rôle minime.

Julius Streicher : un « ami » bien encombrant

Aujourd’hui encore, une ha-bile propagande présente Der Stürmer comme un pilier de la propagande allemande et Julius Streicher comme un cadre important du régime. Dans son livre intitulé Aus-chwitz, Léon Poliakov montre la première page d’une livrai-son du Stürmer� �FHOOH� TXL� ÏW�le plus scandale parce qu’elle traitait du « meurtre rituel ») et explique : « Der Stürmer, le plus spécialisé des organes de propagande antisémite du IIIe Reich » [19]. Sur Wikipédia, à l’entrée « Julius Streicher », on lit : « Il fut le fondateur et l’éditeur du journal Der Stür-mer, qui devint un élément central dans la machine nazie de propagande » [20].

La réalité est cependant très différente. Malgré l’amitié qui le liait au Führer, Julius Streicher resta toujours « hors du cercle restreint gravitant autour d’Adolf Hitler » (TMI, XVIII, 201). A Nuremberg, il déclara qu’à l’exception d’une rencontre en privé à la Mai-son brune, il ne vit le Führer « que dans des congrès de Gauleiter », c’est-à-dire en compagnie de cinq ou dix convives, voire davantage (TMI, XII, 319). L’accusé ne parlait toutefois que de sa vie d’homme public. Anni Winter nous apprend que dans le pri-vé, il venait plusieurs fois par an au 16 Prinzregentenplatz. (OOH�SRXUVXLW�WRXWHIRLV�HQ�DIÏU-mant que Hitler n’aimait pas spécialement Julius Streicher. Erreur d’appréciation ? Oui et non. Il est certain que jusqu’à la prise du pouvoir, Hitler s’appuya sur Streicher. Mais une fois le pouvoir conquis, ce collaborateur violemment antijuif devint de plus en plus encombrant. Si, au début, le gouvernement allemand uti-lisa son nom pour une action de portée internationale — c’était pour la journée de boycottage des magasins juifs organisée le 1er avril 1933 [21] — cela ne se produi-sit qu’une seule fois [22]. Le « comité de Boycottage » alors créé avec lui comme président

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n’exista que sur le papier : « il ne s’est jamais réuni, expliqua Streicher en 1946 ; il n’exis-il n’exis-

tait que pour l’extérieur ; il ne devait avoir qu’un rôle repré-sentatif, pour donner de l’im-portance à l’affaire » (ibid., pp. 320-1).Par la suite, Julius Streicher se cantonna à des discours publics — comme tous les gauleiters — mais il fut tenu éloigné des sphères gouver-nementales [23]. Un exemple frappant : alors que Julius Streicher animait depuis 1923 l’hebdomadaire purement an-tijuif Der Stürmer qui préten-dait éclairer toutes les facettes de la question juive, « jamais on QH�ÏW�DSSHO���OXL�pour établir les bases idéologiques de la lutte contre les juifs » (TMI, XVIII, 221). Il fut notamment laissé de côté au moment de la rédaction des fameuses lois de Nurem-berg (15 septembre 1935). Le 26 avril 1946, il expliqua :En 1935, au congrès du Parti à Nuremberg, nous avons été ap-pelés dans la salle sans savoir ce qui allait se passer ; du moins je n’en avais aucune idée ; et les lois raciales ont été proclamées.

C’est là que j’entendis parler pour la première fois de ces lois […]. Je n’y ai pas travaillé direc-tement. J’avoue d’ailleurs que j’ai été fort humilié de n’avoir pas été appelé à participer à la discussion de ces lois [TMI, XII, 321-2].Ce simple fait permet de relati-viser l’éloge du Führer adressé à Julius Streicher pour son cinquantième anniversaire, le 12 février 1935 (doc. M-8 à Nu-remberg). Là comme ailleurs, il existe souvent une grande différence entre les messages diplomatiques de politesse et la réalité.Plus révélateur encore : Julius Streicher ne fut pressenti ni pour diriger l’Institut d’examen de la question juive à Francfort, ni même pour animer ses tra-vaux (TMI, XVIII, 221-2). Il resta totalement en dehors de cette VWUXFWXUH� RIÏFLHOOH� GH� OÊ�WDW��Quant à son hebdomadaire Der Stürmer, une lettre de Martin Bormann envoyée à tous les chefs de district précisa que ce « n’était pas un organe du Parti et [qu’il] n’avait rien à faire avec celui-ci » (TMI, XII, 349). A Nu-remberg, celui qui, sous Wei-mar, avait été le rédacteur en chef du Service radiophonique et qui l’était resté après l’arri-vée des nationaux-socialistes au pouvoir, Hans Fritzsche, déclara nettement :mes collaborateurs et moi à la

presse et à la radio, nous avons tous, sans exception, repoussé impitoyablement le Stürmer. En treize ans, je ne l’ai jamais cité une fois dans mes revues de presse à la radio. On n’en parlait pas davantage dans la presse allemande. De mon temps, ses rédacteurs en chef ne faisaient pas partie de l’organisation professionnelle de la presse allemande. Son éditeur ne faisait pas non plus partie de l’organisation des éditeurs [TMI, XVII, 171].Dans son numéro du 16 avril 1936, le Stürmer publia triom-phalement une lettre d’un groupe de jeunes gens et de MHXQHV� ÏOOHV� GH� OÊDXEHUJH� GH�jeunesse nationale-socia-liste située à Grossmöslen (près d’Erfurt). Les jeunes remerciaient l’hebdomadaire pour son enseignement sur la question juive (doc. M-25 à Nuremberg). La réalité était FHSHQGDQW� PRLQV� ÐDWWHXVH��A Nuremberg, celui qui avait été le chef des Jeunesses hitlé-riennes, Baldur von Schirach, expliqua sans pouvoir être contredit :Nous n’avons pas distribué ce journal [Der Stürmer] parmi la jeunesse ; je crois qu’à l’excep-tion de la jeunesse qui a vécu dans cette région […] de Fran-conie [terre natale du Stür-mer], le reste de la jeunesse n’a pas entendu parler de ce jour-

Là comme ailleurs, il existe sou-vent une grande différence entre les messages diplomatiques de politesse et la réalité.

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

nal et ne le lisait pas. Quant aux chefs masculins et féminins de mon organisation, ceux-ci re-fusaient carrément de lire Der Stürmer [TMI, XIV, 443].Ces faits permettent de juger à sa juste valeur la courte lettre de félicitations adressée le 19 janvier 1937 au Stürmer par Heinrich Himmler lui-même (doc. M-22 à Nuremberg). Il s’agissait davantage d’un acte de courtoisie que d’une preuve d’estime. Julius Streicher était d’ailleurs si peu apprécié qu’il ne collabora ni à l’organe RIÏFLHO� GX� 3DUWL�� OH�Völkischer Beobachter, ni aux « autres organes de premier plan de la presse allemande », « bien que le ministère de la Propagande H°W�TXDOLÏ�� OD� W�FKH�GÊ�FODLUHU�le peuple sur la question juive comme la plus noble de la presse allemande » (TMI, XVIII, 216). De même, « il ne fut jamais chargé de faire des conférences radiophoniques » (ibid., p. 217).

La disgrâce de Julius Streicher

A partir de 1938, l’anima-teur du Stürmer perdit le peu de crédit qui lui restait. Suite à l’action de Hermann Göring, « Hitler abandonna complètement » son ancien camarade de lutte, rompant tout contact avec lui (ibid., p. 209). A l’automne 1939, il lui interdit de prendre la parole en public (TMI, XII, 335). La guerre venue, Julius Streicher ne fut même pas, contrairement à tous ses col-lègues, nommé commissaire régional militaire de son Gau (TMI, XVIII, 201). En 1940, il fut relevé de son poste de gauleiter (id.).Redevenu simple citoyen, il se retira dans sa grande ferme et y vécut isolé pour toute la du-U�H�GX�FRQÐLW�— « Pendant la guerre, expliqua-t-il à Nurem-berg, j’ai vécu isolé à la cam-pagne ; pendant cinq ans, je

n’ai pas quitté ma ferme » ; « les personnes éminentes du Parti et de l’État n’ont entretenu aucune correspondance avec moi » (TMI, XII, 327 et 337). Seul Josef Gœbbels vint le voir une fois, en mai 1944, pour lui demander s’il avait une quel-conque demande à adresser à Hitler [24]. Face à ses juges, Julius Streicher contesta avoir été placé en « résidence forcée » dans sa ferme, au Pleikershof. Mais il admit que la Gestapo le surveillait et que « chacun de [ses] visiteurs » était ensuite « convoqué par la Police et interrogé sur les entretiens qu’il avait pu avoir avec [lui] » (ibid., p. 337). Ces IDLWV� FRQÏUPHQW� TXÊLO� �WDLW�en résidence surveillée, avec interdiction de s’éloigner.Quand on sait cela, on mesure toute l’ineptie d’une propa-gande qui, depuis des années, présente cet homme comme un pilier du régime national-socialiste.

[17] : Voy. Sans Concession, n° 67-70, octobre 2011, pp. 51 et ss. Le texte est disponible sur notre site Internet à l’adresse suivante : http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/3001973/hess.htm#_Toc308515520.[18] : Voy. Joachim von Ribbentrop, De Londres à Moscou. Mémoires (éd. Grasset, 1954), p. 32.[19] : Voy. Léon Poliakov, Auschwitz (éd. Julliard, 1964), illustration en face de la page 96.[20] : « He was the founder and

publisher of Der Stürmer newspaper, which became a central element of the Nazi propaganda machine. » (http://en.wikipedia.org/wiki/Julius_Strei-cher).[21] : Voy. le doc. M-7. Le discours qu’il SURQRQ�D���FHWWH�RFFDVLRQ�IXW�SXEOL��dans le Münchener Beobachter, n° 91-92, 1-2 avril 1933 (voy. le doc. M-33 à Nuremberg).[22] : La destruction d’une des synago-gues de Nuremberg, le 4 août 1938, sous la direction de Julius Streicher, ne fut

pas un événement de portée interna-tionale. Seuls des journalistes du Reich GHYDLHQW� WUH�RIÏFLHOOHPHQW�UH�XV��YR\��doc. M-5 à Nuremberg, §§ 1 et 7).[23] : Pour ses discours publics, voy. les documents M-2, M-4, M-34, M-41…[24] : Voy. le rapport sur l’interrogatoire de Julius Streicher par le lieutenant-colonel Brookhart le 6 novembre 1945. Copie en possession de V.R.doc. PS-3559 in TMI, série rouge, t. VI, p. 243.

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Alfred Rosenberg présenté par les antinazis

Un autre aspect important du témoignage d’Anni Win-ter concerne Alfred Rosen-berg, auteur du Mythe du

XXème siècle publié pour la première fois en 1930. Depuis 80 ans, cet homme est consi-déré comme le dogmatiste du Parti qui aurait sans cesse tra-vaillé avec l’aval de Hitler. En 1936, dans un livre anonyme paru sous le titre : Hitler et

Rosenberg ou le vrai visage du

national-socialisme, on lisait :

A l’époque de la Révolution,

Rosenberg est déjà, avec Hit-

OHU��OH�SOXV�OX��OH�SOXV�LQÐXHQW��OH�plus indiscuté des écrivains du

Parti. Aujourd’hui, tout l’Em-

pire subit la loi de ce grand

prophète, et peut-être son em-

prise sur l’évolution actuelle

du mouvement dépasse-t-elle

celle du fondateur [25, voir annexe A.6].Deux ans plus tard Pierre Gro-sclaude écrivit :-RXLVVDQW�GH�WRXWH�OD�FRQÏDQFH�du Führer, Alfred Rosenberg

HVW� OH� WK�RULFLHQ� TXDVL� RIÏFLHO�

du national-socialisme, disons

plus, il en est le doctrinaire et

presque le prophète [26].A Nuremberg, l’Accusation brossa de Rosenberg un por-trait qui s’accordait parfaite-ment avec la thèse du « com-plot ». Elle déclara qu’il avait adhéré à la NSDAP « avant

Hitler lui-même » (TMI, V, 48) et qu’en 1922, il avait rédigé une brochure qui développait et expliquait le programme du Parti (doc. PS-2433). Le substitut du procureur général américain Walter

Rosenberg : un idéologue incompris du

Führer lui-même

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

Brudno chargé de présenter les charges contre l’accusé conclut ainsi : « Nous estimons que Rosenberg, en formulant et en propageant l’idéologie nationale-socialiste, a joué un rôle essentiel dans le complot » (TMI, V, 56).

Aucun rôle au départOr, s’il est indéniable qu’à partir de février 1919, Alfred Rosenberg collabora à la revue Auf gut Deutsch, animée par Gottfried Feder et Dietrich Ec-kart — cofondateur en janvier 1919 du DAP (Parti ouvrier allemand), il ne participa en rien à la fondation de la NSDAP [��@�� ,O� \� DGK�UD� ÏQ�1919 (avec comme numéro de membre le n° 625), c’est-à-dire après Adolf Hitler (qui avait le n° 555), et ne contribua pas à la rédaction du programme. Le 15 avril 1946, face à ses juges, il déclara :$�OD�ÏQ�GH�������MH�VXLV�HQWU��DX�Parti, pas avant Hitler, comme on l’a prétendu ici, mais plus tard. Je reçus le numéro 625 ; je n’ai pas participé à l’élabora-tion du programme mais j’étais présent quand ce programme fut lu publiquement par Hitler et proclamé le 24 février 1920 [TMI, XI, 457].Mensonge destiné à tenter de minimiser son action pour se dégager du « complot » ? Une pièce extraite des dos-

siers du Ministère public démontre que non. Au terme de l’instruction du procès de Nuremberg, l’Accusation dressa une éphéméride intitu-lée : « Calendrier de l’histoire allemande, 1918-1944. Avec une référence particulière au Parti national-socialiste et aux principaux accusés pour-suivis par le Tribunal militaire international » [28]. Ce docu-ment n’a jamais été publié, mais nous en avons obtenu une copie. Dans cette éphé-méride, la première mention d’Alfred Rosenberg se trouve à la date du 10 mars 1923 (p. 4), lorsqu’il devint rédacteur en chef du Völkischer Beobachter en remplacement de Dietrich Eckart dont la santé déclinait (il devait mourir le 26 dé-cembre suivant). A la date du ���I�YULHU�������DQQRQFH�RIÏ-cielle du programme du Parti), on lit que les 25 points avaient été « esquissés par [Anton] Drexler et [Gottfried] Feder » (p. 2, voir annexe A.7). L’Accu-sation savait donc pertinem-ment qu’Alfred Rosenberg n’avait pas formulé l’idéologie nationale-socialiste.

La malhonnêteté de l’Accusation à Nuremberg

Pendant le procès, les procu-UHXUV�ÏUHQW�JUDQG�FDV�GX�Mythe du XXème siècle, que l’accusé avait commencé à écrire dès

1917 [29]. Dans cet ouvrage, il exposait sa pensée qui se vou-lait universelle. Selon l’auteur, la race était « l’extériorisation de l’âme ». De nombreux su-jets très divers étaient traités dans ce pavé comprenant trois parties :- 1/ Le combat des valeurs, avec les chapitres suivants : « Race et âme de la race », « Amour et honneur », « Mys-tique et action » ;- 2/ L’essence de l’art germa-nique : « L’idéal racial de la beauté », « Volonté et instinct », « Style de la personnalité et style de l’objectivité », « La volonté esthétique » ;- 3/ Le Reich à venir : « Mythe et type », « L’État et les sexes », « Peuple et État », « Le Droit nordico-germanique », « Église et écoles nationales allemandes », « Un nouveau système d’État », « Unité de l’être ».Je note en passant qu’une autre pièce extraite des dos-siers du Ministère public dé-clarait :Rosenberg développa et expo-sa les idées et les principes de la NSDAP en commençant à une date antérieure à l’établis-sement de la NSDAP. Son livre, Le Mythe du XXème siècle, fut commencé en 1917, fut subs-tantiellement complété en 1925 et publié en 1930 [30].A supposer que cet exposé

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correspondit à la réalité, en tant que père de l’idéologie nationale-socialiste, Alfred Rosenberg aurait nécessaire-ment été mêlé à la formation de la NSDAP. Il aurait même fallu en déduire qu’il avait été le principal orchestrateur du « complot », puisqu’il l’avait ébauché deux ans avant les autres. Seulement, toutes les preuves découvertes par OH� 0LQLVW�UH� SXEOLF� FRQÏU-maient l’absence de l’accusé dans la formation du Parti ainsi que dans l’élaboration de son programme. Face à cette contradiction insurmontable, l’Accusation — qui tenait à la thèse du « complot » — choi-sit en toute logique d’occul-ter les informations sur Le mythe du XXème siècle. Lors des audiences, elle « oublia » l’ex-posé ci-dessus et présenta cet ouvrage sans jamais mention-ner le fait qu’il avait été com-mencé en 1917 [31]. C’était très malhonnête, mais passons…

Les faits invoqués par l’Accusation

Avec Le Mythe du XXème siècle, Alfred Rosenberg éduqua-t-il les masses allemandes ? L’Ac-cusation à Nuremberg voulut en persuader le Tribunal. Elle rappela :- que l’ouvrage avait été tiré à « plus d’un million d’exemplaires » (TMI, V, 56) ;

�� TXÊHQ� ������ LO� DYDLW� UH�X� XQ�prix national allemand avec la mention suivante : « Par ses publications, Alfred Rosenberg a contribué d’une façon parfaite à poser les fondements VFLHQWLÏTXHV� HW� LQWXLWLIV� HW��� DIÏUPHU� OD� SKLORVRSKLH� GX�national-socialisme » [32] ;- qu’en novembre 1942, la revue Bücher-Kunde avait fait l’éloge du Mythe… en le SOD�DQW� MXVWH� DSU�V� OH� « livre du Führer » (Mein Kampf), en DIÏUPDQW�TXÊLO�DYDLW��W��OX�SDU�« des millions d’Allemands » et que les « phrases inventées » par Alfred Rosenberg étaient devenues « les piliers d’un �GLÏFH� LG�RORJLTXH�x (doc. PS-3554 in TMI, série rouge, t. VI, pp. 242-3).Mais tout comme pour Julius Streicher, il faut rappeler le décalage qui existe souvent HQWUH� OHV� GLVFRXUV� RIÏFLHOV� HW�la réalité. Dans l’une de ses livraisons de septembre 1936, le Stürmer VÊ�WDLW�DLQVL�ÐDWW���Les quinze ans de travail que le Stürmer D� U�DOLV�� SRXU� OÊ�GLÏ-cation ont amené au national-socialisme une armée de ceux qui savent — forte de millions de personnes [33].A Nuremberg, le défenseur de Julius Streicher déclara qu’avec ce texte, l’accusé s’était « attribué un succès qui n’était absolument pas fondé » (TMI, XVIII, 209).

L’avocat avait raison : de 1923 à 1931, Der Stürmer était resté purement local avec un tirage moyen de 6 000 exemplaires (3 000 en 1923, 10 000 en 1931, 20 000 peu avant 1933 ; ibid., p. 208). En comparaison, OÊRUJDQH�RIÏFLHO�GH�OD�16'$3��OH�Völkischer Beobachter, tirait à 25 000 exemplaires en 1923 et à 120 000 en 1931 [34]. Après 1933, en outre, les adhésions n’avaient pas eu pour causes les articles antisémites, mais la réussite du gouvernement et — il faut le dire — l’oppor-tunisme de certaines per-sonnes toujours prêtes à se ranger du côté des puissants.

Hitler refusait d’être l’esclave des idéologues

On ne le répétera jamais as-sez : dans les premières an-nées, la NSDAP regroupa des Allemands qui voulaient avant tout délivrer leur pays des FKD¤QHV�GH�9HUVDLOOHV�DÏQ�GH�OXL�redonner l’espoir. Le 18 mars 1946, Hermann Göring répon-dit à Robert Jackson :Le Diktat de Versailles était de nature à engager, me semble-t-il, tout Allemand à être en IDYHXU� GÊXQH� PRGLÏFDWLRQ�� HW�l’on peut admettre que c’était l’une des raisons majeures qui attiraient les gens vers notre mouvement [TMI, IX, 470].Dans ces conditions, les ques-tions idéologiques comp-

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

WDLHQW� ÏQDOHPHQW� SHX� HW� QL�l’antijudaïsme d’un Streicher ni la philosophie universelle d’un Rosenberg ne devaient pas jouer un rôle capital. A Nuremberg, Fritz Sauckel dé-clara : « Il n’y avait à l’époque qu’une question en matière de politique intérieure. Il s’agissait d’atténuer une misère indescriptible » (TMI, XIV, 638). L’important était donc l’action sociale, pas les idées, et surtout pas les idées philosophiques… Hitler refu-sait d’ailleurs d’être l’esclave des idéologues. Voici ce que l’on put entendre le 16 avril 1946, alors que l’accusé Ro-senberg était interrogé par son avocat :Dr THOMA. — Monsieur Rosenberg, vous aviez été chargé par le Führer de veiller à l’ensemble de l’éducation spirituelle et idéologique de la NSDAP et des organisations DIÏOL�HV�� $YLH]�YRXV�� HQ� FHWWH�TXDOLW���OH�SRXYRLU�GÊLQÐXHQFHU�la législation d’État ?ACCUSÉ ROSENBERG. — Le Führer aborda une fois la ques-tion avec moi. Il m’expliqua que les dirigeants d’un grand mou-vement d’un État avaient à en-visager trois facteurs. Il y avait des gens qui, d’après leurs aptitudes, devaient étudier à fond les problèmes posés, les exposer en conférence après les avoir médités. Puis la direc-

tion, c’est-à-dire lui, devait dans ces exposés choisir ce qui, éventuellement, serait réalisé. (QÏQ�� HQ� WURLVL�PH� OLHX�� YH-naient ceux dont la tâche, une tâche très absorbante, était de réaliser les solutions choisies dans le domaine social et éco-nomique [TMI, XI, 468 ; voir annexe A.8].Pour Hitler, donc, les intel-lectuels devaient cogiter et la direction devait « choisir ce qui, éventuellement, serait réalisé ». Il n’était donc pas question de se lier à une doc-WULQH�SU�FLVH�HW�ÏJ�H�

La NSDAP n’avait pas de

doctrine établie

A ce sujet, le témoignage de Hans Fritzsche est capital. Il adhéra à la NSDAP le 1er mai 1933 seulement. A Nurem-ent. A Nurem-berg, il expliqua :Je ne suis venu au Parti qu’après mon entrée au ministère de la Propagande […]. Je n’ai pas été au parti national-socialiste par son programme, ni par la lecture du livre de Hitler, Mein Kampf. Je n’y suis pas non plus venu du fait de la personnalité de Hitler dont on a évoqué ici même et à plusieurs reprises la force de suggestion que je n’ai pas éprouvée quant à moi […].Lorsque je suis arrivé au par-ti national-socialiste, je ne croyais vraiment pas devenir membre d’un parti au sens réel

de ce mot, car le parti national-socialiste ne possédait pas de théorie de parti au sens où les partis marxistes possédaient une théorie mûrie et élaborée. Tous les théoriciens du Parti étaient contestés. Les théories de Gottfried Feder avaient été interdites. Le théoricien [Al-fred] Rosenberg a été et est res-W��MXVTXÊ��OD�ÏQ�GLVFXW��DX�VHLQ�même du Parti. Le manque de théorie dans le Parti était si

Bien loin d’être un incontournable de la litté-

rature nationale-socialiste, Le Mythe du XX

siècle restera un livre d’opinions marginales

qui n’influancera guère le régime du III Reich.

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grand que l’impression même du programme, si restreint que fut le programme du Parti, fut interdite dans les journaux al-lemands. Oui, les journaux al-lemands, pendant les quelques années qui ont suivi 1933, se virent interdire de publier de leur propre chef des passages de Mein Kampf de Hitler. Je ne croyais pas, par conséquent, à ce moment, appartenir à un parti étroitement déli-mité, mais je considérais que j’adhérais à un mouvement, un mouvement qui réunissait dans son sein des contrastes tels que ceux de [Robert] Ley et de [Walter] Funk, ceux de [Al-fred] Rosenberg et de l’évêque du Reich, un mouvement qui était absolument souple dans le choix de ses moyens, qui à un moment donné interdisait le travail des femmes et un autre jour préconisait ce même travail. Je croyais être membre

d’un mouvement, parce que, au sein du parti national-so-cialiste, un groupe ne voyait dans le drapeau à croix gam-mée pas autre chose qu’une nouvelle combinaison, qu’un assemblage nouveau des cou-leurs noir, blanc et rouge, tan-dis qu’un autre groupe de ce même Parti y voyait le drapeau rouge avec une croix gammée. Et c’est ainsi qu’il existait des groupes entiers d’anciens na-tionalistes allemands ou d’an-ciens communistes au sein du parti national-socialiste. J’espérais, par conséquent, trouver dans ce mouvement extrêmement vaste, le forum d’une discussion spirituelle qui ne se déroulerait plus sous le signe de l’animosité criminelle qui avait régné en Allemagne jusque-là, mais qui s’expri-merait précisément avec une certaine discipline et sous la primauté de l’idée nationale et

sociale [TMI, XVII, 140-1, voir annexe A.9].Ce témoignage central FRQÏUPH�TXH��GDQV�OH�GRPDLQH�de l’idéologie, les nationaux-socialistes ne formaient pas un bloc monolithique, loin de là. Composé de gens dont le premier souci était de libérer le pays des « chaînes de Ver-sailles », le Parti était traversé par de graves désaccords doc-trinaux.

Rosenberg : un idéologue employé à autre chose

Contrairement, donc, à ce que prétendait en 1936 l’au-teur de l’ouvrage Hitler et Rosenberg ou le vrai visage du national-socialisme, Al-fred Rosenberg n’était nul-lement « indiscuté », bien au contraire. Quant à Hitler, son premier souci était de rebâ-tir l’Allemagne, pas de dis-cuter à perte de vue sur des

Partisan du NSDAP par ses idées nationalistes et personnalité importante de ce parti grâce à sa culture et sa maitrise de la rhétorique, Rosenberg n’avait que peu de poids au sein du national-socialisme pour ses idées racistes considérées comme marginales.

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

problèmes philosophiques. Ce désintérêt pour l’idéolo-gie transparaît dans l’affaire de la Hohe Schule der Partei, une haute école qui devait servir à former ceux qui de-viendraient les professeurs chargés de former idéologi-quement les futurs cadres na-tionaux-socialistes. En 1936, celle-ci était encore à l’état de projet (doc. PS-3552). Il fallut attendre le 29 janvier 1940 pour que le Führer ordonne VD�IRUPDWLRQÂ�DSU�V�OD�ÏQ�GH�la guerre (« Ihre Errichtung wird nach dem Kriege VWDWWÏQGHQ� x) ; pour l’heure, LO�FRQÏDLW���$OIUHG�5RVHQEHUJ�le soin de continuer les pré-paratifs dans le domaine de la recherche et de la consti-tution d’une bibliothèque (« … Gebiet der Forschung und Errichtung der Bibliothek weiterführt. » [35]). D’après la WK�VH� RIÏFLHOOH�� OD� FRQVWLWX-tion de la Hohe Schule entre 1941 et 1945 s’apparenta à un pillage des trésors artistiques et culturels étrangers [36]. Je ne discuterai pas ici cette allégation, me contentant de VRXOLJQHU� TXH�� ÏQDOHPHQW�� OD�Hohe Schule n’a jamais vu le jour… A partir de juin 1941, Alfred Rosenberg fut absor-bé par une tâche bien plus importante : l’administration des territoires de l’Est occu-pés.

Alfred Rosenberg : un idéologue que

personne ne comprenaitPersonnellement, j’analyse le peu d’empressement mani-festé par Hitler comme un ma-laise face aux discussions doc-WULQDOHV�HW��ÏQDOHPHQW��FRPPH�XQ� PDQTXH� GH� FRQÏDQFH� HQ�Alfred Rosenberg. Cette der-nière allégation pourra sur-prendre, voire choquer. Mais le témoignage d’Anni Winter permet de soulever un coin du voile. Parlant de ses nom-breuses conversations avec le Führer, elle précise : « […] une fois seulement je me souviens l’avoir entendu mentionner Le Mythe du 20ème siècle. Hit-ler disait que c’était stupide. » Et aussi : « Hitler ne pensait pas que le livre de Rosenberg devait être pris au sérieux. » Si ce témoignage était isolé, on pourrait être tenté de le mettre en doute. Mais deux autres existent, que l’on ne saurait écarter d’un revers de la manche. Le 17 octobre 1945, Joachim von Ribbentrop fut interrogé sur la « conception du monde » nationale-socia-liste (Weltauffassung). Voici ce que l’on put entendre :4>XHVWLRQ@��$YH]�YRXV�XQH�G�Ï-nition pour Weltauffassung ?R[éponse]. Weltauffassung ?Q. Oui. Quand vous dites « conception du monde », pen-sez-vous cela ?

5�� &ÊHVW� YUDLPHQW� WU�V� GLIÏ-cile. Je l’ai toujours traduit par conception du monde, mais je ne sais même pas si c’est la bonne traduction.Q. J’ai entendu ce terme pro-noncé tant de fois, et je n’ai en-core trouvé personne qui peut me dire ce que c’est […].R. Bien, pour être franc, je crois que c’est assez vrai. Je n’aurais pas pu vous le dire moi non plus […]. Je ne sais pas, je crois que si vous demandez à une

douzaine de membres du Parti GH� YRXV�GRQQHU�XQH�G�ÏQLWLRQ�du mot Weltauffassung, vous aurez probablement des opi-nions différentes. Je veux dire que vous aurez une opinion différente par personne. Bien sûr, certaines choses fonda-mentales sont relativement claires : avoir des tendances nationales et, deuxièmement, avoir des tendances socialistes […].Q. Pensez-vous que [Hitler] savait ce que c’était ?R. Personnellement, pour être franc, je ne peux pas vous don-QHU�XQH�YUDLH�G�ÏQLWLRQ�G�ÏQL-tive de ce mot.

« Hitler ne pensait pas que le livre de Rosenberg devait être pris au

sérieux. »Anni Winter

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Q. Pensez-vous à quelqu’un

qui pourrait nous en donner

XQH�G�ÏQLWLRQ�"�4XÊHQ�HVW�LO�GH�Rosenberg ?

R. Je pourrais le demander à

Rosenberg, parce qu’il était le

dogmatiste du Parti. Il pour-

rait le savoir, mais j’ai entendu

le Führer dire, à propos du livre

de Rosenberg, qu’il ne l’avait

pas compris.

Q. Tout semble avoir été fait au

nom d’une chose particulière

et maintenant personne ne

semble en savoir le sens.

R. Je n’en suis pas surpris. Je

vous l’ai déjà dit [37, voir an-nexe A.10].&HV�G�FODUDWLRQV�FRQÏUPDLHQW�TXH�� ÏQDOHPHQW�� SHUVRQQH�dans les hautes sphères du national-socialisme n’avait vraiment compris le message d’Alfred Rosenberg.Deux semaines auparavant, Constantin von Neurath avait déclaré :Les idées de Rosenberg étaient

très confuses — si confuses —[que] je voudrais dire quelque

chose, mais ne dites pas que

je vous l’ai dit, car un jour Hit-

ler lui-même m’a demandé

de corriger Rosenberg dans

ses idées — Rosenberg, qui

était le représentant le plus

connu du nazisme, et de me

l’envoyer, moi qui n’était pas

un membre du Parti, bien,

c’était ridicule. Mais cette

remarque vous permettra de

[...] Nous aurions ordonné le prétendu assassinat de 12 000 000 d’hommes. On a réuni toutes ces accusations sous le terme de génocide. A ce propos, j’ai quelques remarques à faire : -H�VDLV�TXH�GHYDQW�PD�FRQÙDQFH��MH�QH�PH�VHQV�DXFXQHPHQW�FRXSDEOH�d’une telle faute, de la complicité d’un génocide. Au lieu de m’occuper de l’extermination de la culture et des sentiments nationaux des peuples de l’Est européen, je me suis employé à développer leurs conditions d’existence physique et morale. Au lieu de détruire leur sécurité personnelle et leur dignité humaine, je me suis opposé de toutes mes forces, ainsi qu’il a été prouvé, à toute politique de mesures coercitives et j’ai exigé une attitude juste de la part des fonctionnaires allemands et un traitement humain des ouvriers de l’Est. Au lieu de réduire des enfants en esclavage comme on l’a dit ici, j’ai fait protéger et soigner tout particulièrement les jeunes, originaires des régions menacées par la guerre [[...]].La pensée d’une destruction physique des Slaves et des Juifs, donc de génocides à proprement parler, ne m’est jamais venue à l’idée ; je l’ai donc HQFRUH�ELHQ�PRLQV�SURSDJ©H�GÍXQH�ID§RQ�TXHOFRQTXH��-Í©WDLV�GÍDYLV�TXH�OD�question juive existante devait trouver sa solution par la création d’un statut GHV�PLQRULW©V��SDU�OÍ©PLJUDWLRQ�RX�SDU�OÍ©WDEOLVVHPHQW�GHV�-XLIV�GDQV�XQ�territoire national, au cours d’un processus de transplantation qui durerait des centaines d’années [[...]].Le Procureur soviétique a déclaré, entre autres, que toute la prétendue activité idéologique était une préparation pour des crimes. Je voudrais faire quelques remarques à ce sujet : Le national-socialisme représentait l’idée d’une victoire sur la lutte des classes qui minait le peuple et l’idée d’une unité de toute la population au VHLQ�GÍXQH�JUDQGH�FRPPXQDXW©�SRSXODLUH��,O�U©WDEOLVVDLW�SDU�H[HPSOH�SDU�OH�VHUYLFH�GX�WUDYDLO�REOLJDWRLUH��OÍKRQRUDELOLW©�GX�WUDYDLO�PDQXHO��GX�WUDYDLO�GH�OD�terre natale, et attira le regard de tous les Allemands sur la nécessite d’une paysannerie forte. Par le secours d’hiver, il forma une camaraderie de la nation entière pour tous les compatriotes nécessiteux, sans tenir compte de leur ancienne appartenance à un parti. Il construisit des foyers pour les mères, GHV�DXEHUJHV�GH�MHXQHVVH��GHV�PDLVRQV�FRPPXQDXWDLUHV�GDQV�OHV�XVLQHV��HW�SHUPLW� �GHV�PL�OLHUV�GH�JHQV�GÍDSSU©FLHU�GHV�WU©VRUV�GÍDUW�LQVRXS§RQQ©V�-ÍDL�©JDOHPHQW�VHUYL�WRXW�FHOD��PDLV�MH�QÍDL�MDPDLV�RXEOLH�� �F´W©�GH�OÍDPRXU�SRXU�OH�5HLFK�OLEUH�HW�IRUW��OH�GHYRLU�HQYHUV�XQH�(XURSH�UHVSHFWDEOH��-H�IDLVDLV�G©M �DSSHO�HQ������ �5RPH� �VRQ�PDLQWLHQ�HW� �VRQ�G©YHORSSHPHQW�SDFLÙTXH��et je luttais pour l’idée qui devait faire adhérer les peuples de l’Europe de l’Est, dans leur for intérieur, à cette idée. Lorsque je suis devenu ministre de l’Est en 1941, j’ai continué cette lutte aussi longtemps que j’ai pu [[...]].Le service rendu honnêtement à cette idéologie, en raison de toutes OHV�LQVXIÙVDQFHV�KXPDLQHV��QÍ©WDLW�SDV�XQH�FRQVSLUDWLRQ��0RQ�DFWLYLW©�QÍD�jamais été un crime, et j’entendais que ma lutte, tout comme celle de mes FDPDUDGHV��IXW�PHQ©H�SRXU�OÍLG©H�OD�SOXV�QREOH�SRXU�ODTXHOOH�RQ�HXW�OXWW©�depuis plus de cent ans et levé un drapeau [(70,� XXII, 408-10)].

8OWLPHV�G�FODUDWLRQV de Rosenberg

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

comprendre comment il était jugé [ibid., p. 1490].Ces déclarations permettent de comprendre que, contrai-rement aux allégations de l’Accusation, Le Mythe du XXème siècle QÊD�SDV� ID�RQQ��l’esprit du peuple allemand.Dans un interrogatoire pré-liminaire, le général Wil-helm Keitel déclara à pro-pos de la personnalité de Hitler : « La première chose était cet attachement, qui nous apparaissait quasiment incompréhensible, aux “Alte Kempfer”, c’est-à-dire aux anciens camarades de lutte du Parti » (ibid., p. 1284). Personnellement, je crois que ce trait de caractère du Führer explique en partie ses décisions concernant Alfred Rosenberg. Essentiellement tourné vers l’action, Hitler ne considérait pas les dis-cussions doctrinales comme

capitales. Il laissait cela aux « intellectuels », estimant que les décideurs devaient avoir le dernier mot. Rosenberg se revendiquant comme un penseur, le Führer laissa donc à son ancien camarade de combat le soin de s’occuper de toutes ces questions, et cela même s’il ne comprenait guère ses idées, une incom-

préhension qui pouvait aller jusqu’au jugement sévère. C’était un ancien camarade, voilà tout, et même s’il lui pa-raissait stupide, son livre Le Mythe du XXème siècle n’avait pas fait le même tort que la

propagande « populaire » d’un Streicher.Tous ces faits permettent de juger la propagande qui, de-puis huit décennies, présente Alfred Rosenberg comme le doctrinaire jouissant de la FRQÏDQFH� GX� )±KUHU� HW� GLUL-geant la pensée des masses au sein du IIIe Reich. Le 8 février 1934, le pape Pie XI condamna

et ordonna l’inscription à l’Index des livres Le Mythe du XXème siècle. [38]. En agissant ainsi, il donna de l’importance à un ouvrage qui n’en avait guère hors de certains milieux assez restreints.

[25] : Voy. Hitler et Rosenberg ou le vrai visage du national-socialisme (Maison de la Bonne Presse, Paris, 1936), p. 46.[26] : Voy. Pierre Grosclaude, Alfred Rosenberg et Le Mythe du XXème siècle (éd. Sorlot, 1938) p. 8.[27] : Sur la participation de Rosenberg à la revue Auf gut Deutsch, voy. PS-3557 in TMI, série rouge, t. VI, p. 243.[28] : Voy. le dossier Kellerman/fes 61288, 14 novembre 1945. Copie en possession de V.R.[29] : Voy. Alfred Rosenberg, Le Mythe du XXème siècle (éd. Avallon, 1986), préface à la première édition (1930), p. 3.

[30] : « Rosenberg developed and expounded the Ideologies and policies of the NSDAP beginning with a date prior to the establishment of the NSDAP. His book, « The Myth of the Twentieth Cen-tury », was began in 1917, was substan-tially completed in 1925, and published in 1930 » (voy. « Section of indictment, Appendix A, Page 29. Rosenberg », Statement of evidence, I, § G).[31] : Voy. notamment TMI, II, 195 et TMI, V, 49-56, 411.[32] : Voy. TMI, V, 55. Voy. également le doc. PS-3559 in TMI, série rouge, t. VI, p. 243.[33] : Voy. doc. M-6 à Nuremberg in TMI,

XXXVIII, 113-4. Voy. également TMI, V, 101 ; mais la traduction est assez approximative.[34] : Source : http://en.wikipedia.org/wiki/V%C3%B6lkischer_Beobachter.[35] : Voy. le doc. PS-136 reproduit in TMI, XXV, p. 229-30.[36] : Voy. Walter W. Brudno, « Plunder of art treasures », document rédigé lors de l’instruction du procès de Nurem-berg, non publié, copie en possession de V.R.[37] : Voy. TMI, série rouge, supplé-ment B, pp. 1255-6.[38] : Voy. La documentation catholique, t. 31, 1934, col. 611 à 626.

Essentiellement tourné vers l’action, Hitler ne considérait pas les discussions doctrinales comme capitales. Il laissait cela aux « intellec-

tuels », estimant que les décideurs devaient avoir le dernier mot.

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Influence sur HitlerJe terminerai cette présenta-tion avec le cas — intéressant à plus d’un titre — de Martin Bormann. Le 18 mars 1946, Hermann Göring déclara :C’est M. Bormann qui exerça OÊLQÐXHQFH� OD� SOXV� G�FLVLYH� VXU�le Führer, pendant la guerre et spécialement vers 1942, après le départ de [Rudolf] Hess en ������(OOH�VH� U�Y�OD��YHUV� OD�ÏQ��avoir une puissance désas-treuse [TMI, IX, 471].

Quelques mois auparavant, dans un interrogatoire préli-minaire, Wilhelm Frick avait expliqué :Il y avait deux hommes forts proches du Führer ; non seu-lement ils soutenaient les mesures que celui-ci prenait,

mais aussi ils les renforçaient DÏQ� GH� OXL� SODLUH�� ,O� VÊDJLVVDLW�de Bormann et de Himmler, qui n’étaient que deux vulgaires criminels [39].Bien qu’absent du box des pré-venus (j’y reviendrai), Martin Bormann fut jugé à Nurem-berg. Dans sa plaidoirie, son avocat souligna que certains de ses coaccusés l’avaient chargé « pour mieux faire valoir leur propre défense » (TMI, XIX, 125). « Les déclarations des autres accusés, insista-t-il, faites pour servir à leur propre défense, ne sont pas des preuves recevables » (ibid., p. 129). Ces remarques n’étaient sans doute pas dénuées de fonde-ment, car noircir les morts et les absents reste une stratégie largement utilisée pour tenter

d’éviter la potence. Mais dans sa déposition, Anni Winter — qui n’avait nulle défense à préparer —�TXDOLÏH��JDOHPHQW�Martin Bormann d’individu « sans cœur », « brutal, cruel, cynique »…

Bormann : un parfait second

Pour ma part, je vois dans ce personnage le type même de l’homme d’action, et du par-fait second, audacieux, méti-FXOHX[� HW� HIÏFDFH� DX� SRLQW�d’être parfois sans scrupules. Né le 17 juin 1900, il s’engagea en juin 1918 dans l’armée alle-mande. Démobilisé, il rejoignit le corps franc Erhardt qui, dans les États baltes, luttait contre les forces bolcheviques. Après la signature de la paix

Le cas Bormann

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

entre ces États et l’U.R.S.S., le FRUSV� IUDQF� IXW� RIÏFLHOOHPHQW�démantelé. Mais il poursui-vit ses activités au sein des provinces de l’Est de l’Alle-magne sous le couvert de tra-vaux agricoles dans les grands domaines fermiers. En 1922, Martin Bormann se retrouva à la tête d’une section du corps franc (la Rossbach Brigade) dans la ville de Mecklenburg (Poméranie occidentale). Im-pliqué, avec Rudolf Höss, dans l’assassinat de Walter Kadow — on l’accusait d’avoir livré l’activiste Léo Schlageter aux )UDQ�DLV�TXL�OH�IXVLOO�UHQW — il ÏW� VL[�PRLV� GH� SULVRQ� SU�YHQ-tive (juillet-décembre 1923). Reconnu coupable de com-plicité dans ce meurtre, il fut condamné à un an de prison ; c’était en mars 1924. Redevenu libre, il rejoint la Frontbahn (un club sportif national-socialiste masquant une association paramilitaire) puis la NSDAP une fois le Parti de nouveau autorisé. Entré « par la petite SRUWH�x��VRQ�DXGDFH�HW�VRQ�HIÏ-cacité lui permirent de gravir les échelons. De 1927 à 1928, il servit comme responsable du bureau de presse national-so-cialiste dans le district de Thu-ringe. Le 1er avril 1928, il devint secrétaire général de la NSDAP dans ce district. De septembre 1928 à août 1930, il travailla au commandement suprême de la

SA. Son action fut si énergique qu’en 1929, elle amena la première grande percée électorale des nationaux-socialistes dans une province allemande (celle de Thuringe) et, en 1932, la formation du premier gouvernement national-socialiste dans cette région (TMI, XIV, 638). Jusqu’en 1933, en outre, il s’occupa d’une association caritative (la Hilfskasse) qu’il avait fondée et qui venait en aide aux familles de militants nationaux-socia-listes tués, arrêtés ou licenciés du fait de leurs activités poli-tiques [40].

Servi par son mariage, son efficacité et le destin

Sur le plan matrimonial, le 2 septembre 1929, Martin Bormann dut se marier avec Gerda Buch (19 ans) qu’il avait séduite et qui était enceinte >��@�� &Ê�WDLW� OD� ÏOOH� GÊXQ� KDXW�cadre national-socialiste, mili-tant de la première heure, le major Walter Buch. Depuis 1927, il chapeautait le Bureau d’enquête du Parti qui allait devenir, en 1934, la Cour su-prême du Parti (Oberstes Par-teigericht). En 1928, il était de-venu l’un des douze premiers nationaux socialistes élus au Reichstag [42]. Gerda donna naissance à dix enfants dont le dernier, né en 1943, mourut en 1946.

Cette union introduisit Mar-tin Bormann dans les hautes sphères du régime. Grâce à son beau-père, Adolf Hitler fut son témoin à son mariage et le parrain de son premier enfant. En juillet 1933, toujours grâce à son beau-père, il devint le secrétaire personnel de Rudolf Hess [43]. Ce poste lui permit de devenir, à partir d’octobre 1933, un Reichsleiter de la NS-DAP. Un mois plus tard, il de-vint membre du Reichstag. Au sein de la SA, il se hissa au rang d’Obergruppenführer. Entré également dans la SS, en 1940 il était Gruppenführer.Martin Bormann fut le secré-taire personnel de Rudolf Hess jusqu’en avril 1941, quand celui-ci s’envola pour l’Angle-terre. Par la suite, il devint chef de la Chancellerie du Parti ( juin 1941) puis, en mars 1942, secrétaire du Führer (un poste nouvellement créé). Il fut éga-lement nommé membre du Conseil des ministres pour la Défense du Reich et fait SS-Obergruppenführer. C’est à cette époque que son ascen-dant sur Hitler devint très grand. Plus tard, Hermann Göring déclara que sa propre LQÐXHQFH� VXU� OH� FKHI� GH� OÊ�WDW�n’atteignait alors pas 10 % de celle qu’avait Martin Bor-mann [44]. Un autre témoin FHUWLÏD� TXÊHQ� ������ OH� VHFU�-taire du Führer était devenu

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0DUWLQ�%RUPDQQ�VH�WURXYDLW�HQFRUH�GDQV�OH�EXQNHU�GH�OD�&KDQFHOOHULH�� �%HUOLQ��OH��er mai 1945 au soir. Il en VRUWLW�YHUV����K����DYHF�+DQV�%DXU��OH�SLORWH�GH�+LWOHU��Werner Naumann, du ministère de la Propagande, et le Dr Ludwig Stumpfegger, dernier médecin du Führer. +DQV�%DXU�OHV�SHUGLW�GDQV�OD�=LHJHOVWUDVVH�DORUV�TXÍLOV�couraient sous les tirs. Les trois hommes retrouvèrent (ULFK�.HPSND��OH�FKDXIIHXU�GH�+LWOHU��TXL�IX\DLW�DYHF�d’autres sur le pont du Weidendamm, tout près de la gare de la Friedrichstrasse. Pris sous le feu des Soviétiques, un char allemand explosa, le groupe se dispersa et les trois hommes disparurent. A partir de FH�PRPHQW��RQ�SHUG�OD�WUDFH�GH�0DUWLQ�%RUPDQQ��HW�GH�Ludwig Stumpfegger).:HUQHU�1DXPDQQ�SXW�VÍHQIXLU�GH�%HUOLQ�SXLV�d’Allemagne. Il s’envola pour l’Argentine avant de revenir, quelques années après, dans la mère-patrie où il mourut en 1982. A ma connaissance, il ne donna aucun renseignement précieux sur le destin de l’ancien secrétaire du Führer.6HXO�0D[�$PDQQ��OÍ©GLWHXU�GH�+LWOHU��G©FODUD�SOXV�WDUG�VͪWUH�UHWURXY©�HQ�FRPSDJQLH�GH�%RUPDQQ�HW�GH�6WXPSIHJJHU�DSU¨V�OD�G©EDQGDGH�GX�SRQW�GX�:HLGHQGDPP��(QVHPEOH��LOV�DXUDLHQW�WHQW©�GH�IXLU�HQ�ORQJHDQW�OHV�EHUJHV�GH�OD�6SUHH�SXLV�HQ�HPSUXQWDQW�OHV�YRLHV�IHUU©HV�YHUV�OD�JDUH�FHQWUDOH�GH�%HUOLQ��Ayant poursuivi seul mais étant ensuite revenu sur ses pas, il aurait découvert leurs corps, non loin de l’Invalidenstrasse, sans pouvoir connaître la cause de leur mort.&HUWDLQV�DFFXV¨UHQW�0D[�$PDQQ�GH�PHQWLU�SRXU�protéger son ancien camarade en laissant croire sa mort certaine. La traque se poursuivit donc dans OHV�DQQ©HV����HW�����0DUWLQ�%RUPDQQ�IXW�UHFKHUFK©�

de l’U.R.S.S. jusqu’au Paraguay et de la Norvège à l’Égypte. En mars 1964, des fouilles furent entreprises DX�3DUDJXD\�DÙQ�GH�UHWURXYHU�VHV�RVVHPHQWV��(Q�YDLQ�/ÍDQQ©H�VXLYDQWH��XQ�$OOHPDQG��$OEHUW�.UXPQRZ��raconta que vers le 8 mai 1945, des Soviétiques lui avaient ordonné d’enterrer deux corps découverts sous un pont ferroviaire, près de la station Lehrter, c’est-à-dire non loin de… l’Invalidenstrasse. D’après VHV�VRXYHQLUV��LO�VÍDJLVVDLW�GÍXQ�l�PHPEUH�GH�OD�Wehrmacht » et d’un « médecin SS » que des papiers DYDLHQW�DORUV�SHUPLV�GÍLGHQWLÙHU�FRPPH�©WDQW�/XGZLJ�Stumpfegger. Par la suite, l’épouse aurait été avertie que son mari avait été inhumée au niveau du 63, Invalidenstrasse. Des fouilles entreprises en juillet 1965 à l’endroit indiqué restèrent toutefois sans résultat./H���G©FHPEUH�������FHSHQGDQW��GHV�RXYULHUV�GÍXQ�FKDQWLHU�EHUOLQRLV�G©FRXYULUHQW�GHX[�VTXHOHWWHV�non loin de la station Lehrter, à une douzaine de mètres seulement de l’endroit qu’avait indiqué $OEHUW�.UXPQRZ��/HV�PHQVXUDWLRQV�GX�SUHPLHU�s’accordaient avec celles de Ludwig Stumpfegger. 4XDQW�DX�GHX[L¨PH��XQH�EOHVVXUH�RVVHXVH�HW�l’emprunte dentaire (qui, peu après la guerre, avait été reconstruite de mémoire par le dentiste du Führer, +XJR�%ODVFKNH��PRUW�HQ�������G©PRQWUDLW�DYHF�XQH�WU¨V�JUDQGH�SUREDELOLW©�TXÍLO�VÍDJLVVDLW�GHV�UHVWHV�GH�0DUWLQ�%RUPDQQ��'HV�IUDJPHQWV�GH�YHUUH�G©FRXYHUWV�sur les mâchoires des deux crânes attestèrent la thèse du suicide par ingestion d’une ampoule de poison (sel de cyanure). Les deux hommes avaient SUREDEOHPHQW�PLV�ÙQ� �OHXUV�MRXUV�ORUVTXÍLOV�DYDLHQW�HVWLP©�WRXWH�IXLWH�LPSRVVLEOHÒA la suite de cette découverte, les autorités DOOHPDQGHV�G©FODU¨UHQW�%RUPDQQ�RIÙFLHOOHPHQW�décédé. L’expertise fut toutefois contestée et la décision allemande provoqua la colère de certains PLOLHX[�VS©FLDOLV©V�GDQV�OD�WUDTXH�GHV�l�QD]LV�{��0DLV�en 1988, une comparaison de l’A.D.N. présent dans les RVVHPHQWV�HW�GH�FHOXL�SU©OHY©�VXU�XQ�PHPEUH�GH�OD�IDPLOOH�%RUPDQQ�FRQÙUPD�OHV�FRQFOXVLRQV�DYDQF©HV�VHL]H�DQV�SOXV�W´W��/HV�RVVHPHQWV�IXUHQW�EU»O©V�HW�MHW©V�GDQV�OD�PHU�%DOWLTXH�SDU�OH�ÙOV�D®Q©�GH�0DUWLQ�%RUPDQQ��0DUWLQ�$GROI�%RUPDQQ��XQ�SUªWUH�FDWKROLTXH� �la retraite.6DQV�VXUSULVH��OÍ©SLORJXH�GH������QH�ÙW�SDV�WDLUH�OHV�rumeurs selon lesquelles le secrétaire du Führer aurait VXUY©FX� �OD�JXHUUH�HW�DXUDLW�ÙQL�VHV�MRXUV�TXHOTXH�SDUW�en Amérique du Sud ou ailleurs…Crâne retrouvée en 1972 attribué à Bormann

Bormann est-il PRUW�"

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

l�XQ�KRPPH�WU�V� LQÐXHQW�x, au point d’être « plus puissant que Himmler » [45].3HQGDQW� OD� JXHUUH�� LO� SURÏWD�de sa situation pour éviter à certains dignitaires allemands impliqués dans diverses af-faires d’être jugés par la Cour VXSU PH�GX�3DUWL��3DUPL�HX[�Ï-guraient Robert Wagner, Hans Frank et Max Amann [46].

Pourquoi Hitler choisit Bormann

Ces quelques rappels per-mettent de comprendre pour-quoi Hitler choisit Martin Bormann, malgré les désac-cords idéologiques qu’il pou-vait avoir avec lui, malgré son manque de scrupules et bien que cet activiste de la première heure n’ait eu ni la culture ni la ÏQHVVH� GÊHVSULW� GH� VRQ� SU�G�-cesseur Rudolf Hess. Le Führer OH�FKRLVLW�SDUFH�TXÊLO��WDLW�HIÏ-

cace et que dans une guerre à mort, on s’entoure de gens HIÏFDFHV�� VXUWRXW� ORUVTXÊLOV�sont immédiatement dispo-nibles. Le témoignage d’Anni :LQWHU� OH� FRQÏUPH� �� TXDQG�elle se plaignit de Martin Bor-mann : « Hitler répondit qu’il n’avait personne d’autre, et que tout cela était entre les mains de Bormann grâce à son HIÏFDFLW��� 4XH� %RUPDQQ� �WDLW�l’homme qui pouvait s’impo-pouvait s’impo-ser. » Ailleurs, on lit que face à son entourage qui, un jour, émettait des réserves sur ce collaborateur, le Führer répon-dit :Je sais que Bormann est bru-tal. Mais quand il s’occupe de quelque chose, c’est du solide, et je peux lui faire entièrement FRQÏDQFH���TXHOV�TXH�VRLHQW�OHV�obstacles, mes ordres seront immédiatement exécutés… Les exposés de Bormann sont

si précis que j’ai seulement besoin de dire oui ou non. Avec lui, je règle en dix minutes des affaires pour lesquelles, avec d’autres, j’aurais besoin de plusieurs heures. Lorsque je lui dis : rappelez-moi dans six mois telle ou telle affaire, je peux être certain qu’il ne l’ou-bliera pas [47].Dans son ouvrage La foi dé-cantée, Pierre de Locht rap-pelle qu’on ne peut « enfermer [autrui] dans les actes qu’il pose » [48]. Le cas de Hit-ler avec Bormann en est un H[HPSOH�ÐDJUDQW���OH�FKRL[�TXH�le Führer porta sur ce colla-borateur ne démontre ni une proximité idéologique, ni une proximité de personnalité, ni une volonté de gouverner avec brutalité. Il résulta des circons-tances (guerre à mort, départ de Rudolf Hess…) et du besoin YLWDO�GÊXQ�VHFRQG�HIÏFDFH�

[39] : « There were two strong men close to the Fuehrer who would not only support his measures but would even exagerated them to please him. They were Bormann and Himmler, who were just two criminals » (voy. le résumé de l’interrogatoire de Wilhelm Frick, 3 oc-tobre 1945, p. 2 ; copie en possession de V.R.). Voy. également l’interrogatoire de Goerg Eidenschink le 6 novembre 1945 ainsi que le « Report of High Command Interrogation », n° 14, 7 novembre 1945, 9h45-10h45, p. 2, § 7.[40] : Pour toutes ces informations, voy. notamment le rapport biographique sur 0DUWLQ�%RUPDQQ�U�GLJ��SDU�OÊ�l�2IÏFH�RI�strategic services, research and analysis branch », 20 août 1945, pp. 1-2. Voy,

également TMI, V, 310-15.[41] : « Bormann seduced the daugh-ter of Major Buch and had to marry her because she was with child » (voy. l’interrogatoire de Georg Eidenschink, 6 novembre 1945, p. 5).>��@���9R\��OH�5DSSRUW�GH�OÊ�l�2IÏFH�RI�strategic services, resarch and analysis branch » consacré à Walter Buch. Sans lieu ni date. Copie en possession de V.R.[43] : « $W�ÏUVW�KH�KDG�D�VPDOO�MRE�ZLWK�the NSDAP Relief Fund (Hilfskasse), then gained access to Hess through his father-in-law. » (voy. l’interrogatoire de Georg Eidenschink, 6 novembre 1945, p. 5-6).[44] : « Source [Göring] stated that his RZQ�LQÐXHQFH�ZLWK�WKH�)XHKUHU�ZDV�QRW�

10% of Bormann›s. » (voy. le « Report of High Command Interrogation », n° 14, 7 novembre 1945, 9h45-10h45, p. 2, § 7).[45] : « a YHU\�LQÐXHQWLDO�PDQ�x��l�PRUH�powerful than Himmler » (voy. le résumé du témoignage d’Arnold Rechberg, sans lieu ni date, p. 2. Copie en possession de V.R.).[46] : Voy. le rapport sur l’interroga-toire de Thérèse Reinwald par Thomas S. Hinkel, Nuremberg, 30 octobre 1945. Thérèse Reinwald avait été la secrétaire de Walter Buch.[47] : Voy. Joachim Fest, Les maîtres du IIIe Reich (éd. Grasset, 1965), p. 174.[48] : Voy. Pierre de Locht, La foi décan-tée (éd. Desclée de Brouwer, 1998), p. 15.

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Bien sûr, ces personnes sont responsables. Le qui-dam peut dire qu’il ne savait rien mais ceux qui furent les leaders, comme le Maréchal du Reich [Hermann Göring], ne peuvent jamais prétendre ne rien savoir. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il devait notifier à Hitler le nombre d’engins qu’il mettait à disposition pour la défense, etc. ; par conséquent lui aussi partageait la responsabi-lité.Mais c’est surtout [Martin] Bormann qui influen-ça Hitler, à partir de 1940/1941, après le départ de Hess. Bormann était brutal, cruel, cynique ; il était simplement sans cœur. Personnellement, je le connais grâce aux visites qu’il m’a rendues. Je me suis plainte à Hitler quelques fois. Une fois, je l’informai de la plainte de paysans de Pullach dont la propriété avait été confisquée par Bormann sans contrepartie financière. Hitler dit alors qu’il ne croyait pas que Bormann avait refusé de payer, puisqu’il y avait de l’argent. Ma réponse fut qu’un grand nombre de plaintes étaient déposées contre Bormann : Hitler répondit qu’il n’avait personne d’autre, et que tout cela était entre les mains de Bormann grâce à son efficacité. Que Bormann était l’homme qui pouvait s’imposer.(Mme Winter aida beaucoup de gens, particuliè-rement lorsqu’on lui remettait des lettres pour Hitler. Si les lettres lui étaient destinées person-nellement, il s’en occupait toujours.)L’équipe d’adjudants-majors de Hitler empê-chaient particulièrement que les nouvelles ne lui parviennent. Au Berghof, le courrier était d’abord

pris en charge par le bureau des adjudants-ma-jors ; à Berlin il était traité par [Josef] Bühler, de la chancellerie privée. […]La dernière fois où j’étais au Berghof, mais aussi la dernière fois où j’ai vu Hitler, ce fut le 8 juin ou le 8 juillet 1944. Depuis que la guerre avait éclaté, Hitler venait moins souvent chez moi. J’ai beaucoup été seule avec lui en privé, particulière-ment dans les temps d’avant-guerre lorsqu’il était à Munich presque toutes les semaines. A partir de 1940/41, il n’est plus venu que 8 fois, 4 fois, 3 fois, etc. En 1944, il quitta le Berghof pour le Quartier Général ; de là il se rendit à Nauheim, et finalement à Berlin, où il resta. Avant qu’il ne parte pour le quartier général, j’étais avec lui au Berghof. Après qu’on ait tenté de l’assassiner le 20 juillet 1944, je ne l’ai jamais revu. D’après ce que ses secrétaires de sexe masculin et féminin ont raconté, il paraît avoir profondément souf-fert à ce moment-là. En général, les gens qui ont fait de telles remarques étaient plutôt déprimés, parce que personne ne voulait admettre que Hitler n’allait pas bien.Lorsque je l’ai vu pour la dernière fois au Ber-ghof, j’ai eu l’impression que Hitler était déjà bien malade. Il était très nerveux, mal à l’aise, et sa vue avait baissé ; il n’était plus du tout le même. Les médecins [dont le Dr. Ludwig Stumpfegger, méde-cin personnel du Führer] devaient se débrouiller pour le maintenir grâce à des injections et à une forte médication.[…]

Interrogatoire par le Capitaine O. N. NordenLe 6 novembre 1945

Munich, Wiedenmayerstrasse 43/3Appartement Geheimrat Zentz

Déposition d’Anni Winter

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

Hitler ne savait rien [du projet] de vol de [Rudolf] Hess pour l’Angleterre. Il fut consterné et m’an-nonça que cela le privait désormais du dernier ami en qui il avait placé toute sa confiance. Il condam-na Hess et aussi ses médecins (Hess était soigné par des praticiens homéopathes). A cette époque, Hitler me dit : « J’espère bien que Hess mourra en Angleterre, cela m’épargnerait ce qui serait le plus difficile pour moi : avoir à prononcer un jugement sur lui. » Hitler était vraiment épouvanté. J’ai connu Hess personnellement ; quand nous avons appris son voyage en avion pour l’Angleterre, nous en avons tous été abasourdis. Je n’aime pas dire que Hess était fou. Hitler considérait cela [l’acte de Hess] comme une trahison personnelle. La nouvelle de la fuite de Hess arriva aux oreilles de Hitler lorsque celui-ci était à l’Obersalzberg. Il se tenait près de la grande fenêtre au moment où Pietzsch [lire : Karl-Heinz Pintsch. Il y a ici erreur sur la personne, car Albert Pietzsch, indus-triel allemand, fut, de 1934 à 1942, président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie. Il fut également à la tête de la Chambre économique na-tionale de 1936 à 1944.], l’adjudant-major de Hess, requit une audience afin de délivrer un message urgent de la part de Hess. Sa première réaction fut de refuser l’audience à l’adjudant-major. Quand, à bien y réfléchir, il accepta de le recevoir et après que l’adjudant-major eut fait son rapport, Hitler — c’est ce qu’il me dit plus tard — crut que le sol ou les murs s’effondraient. Il me raconta que, immédiatement après avoir reçu le rapport selon lequel l’avion de Hess avait été vu près de Brême, il avait dépêché un avion à sa poursuite, trop tard cependant.Hitler prit connaissance de la fuite en avion de Hess peu après le départ de ce dernier. Dès que l’appareil fut aperçu à Brême, Hitler en fut averti.D’après ce que je sais, aucune discussion n’avait eu lieu auparavant. Je ne crois pas que Göring était impliqué dans l’affaire.De manière incontestable, Göring connais-sait Hess, et, indéniablement, Hess connaissait Göring. Étant donné que Hess était l’adjoint de

Hitler, qu’il était son bras droit et qu’il bénéfi-ciait de son entière confiance, il était évident qu’il [Hess] devait collaborer avec Göring. Aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi ils ne firent pas plus ample connaissance. Je crois également qu’aucun des deux ne s’en est sorti avec la conscience tran-quille.Quant à savoir qui influençait Hitler, je suspecte Bormann plus que quiconque. Bormann était pré-sent dès 1941, et l’administration de l’Obersalzberg tout entière était entre ses mains ; toutes les ques-tions se rapportant au territoire étaient sous sa juridiction. Les achats de terrains étaient réalisés par Färber, l’un des amis de Bormann ; quant à Bormann, il passait la commande.[…] Sepp Dietrich ne venait presque plus nous voir ; avant, il venait toujours les 8 et 9 novembre. Je ne crois pas avoir vu Dietrich depuis le 1er mai 1944 environ. Son épouse actuelle est la fille du propriétaire de la Brasserie Moning, à Karls-Moning, à Karls-ruhe. Elle était mariée à un officier administratif (intendant), à égalité de rang avec Sepp Dietrich, et elle avait déjà deux enfants dont Dietrich était le père ; le mari força Dietrich à l’épouser. En trois jours, le premier mariage fut annulé et le deuxième fut conclu à Berlin. La première femme de Dietrich vivait à Grünewald. L’épisode du di-vorce et du remariage de son mari fut l’affaire de trois jours. Dans le journal, j’avais lu cette his-toire et en informai Betty, la première femme de Dietrich, qui n’était absolument pas informée de ce qui se passait. Dietrich réclama à sa femme le contrat de mariage et Mme Dietrich, ayant très bon caractère, le lui remit tout simplement ; l’adju-remit tout simplement ; l’adju-dant-major de Dietrich s’occupa des autres dé-tails. Dietrich promit à sa première femme qu’elle pourrait garder la maison et qu’en plus de cela, il lui donnerait une pension mensuelle de 300 RM [Reichsmark]. Cependant, il ne remplit pas son engagement, et à la fin, c’était Hitler lui-même qui payait la pension de 300 RM à Mme Dietrich. Hitler fut incroyablement exploité.Ce fut également lui [Hitler], tout à fait son genre,

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qui paya 100 000 RM à [Walther von] Brauchitsch

[Hitler prêta 80 000 RM à W. von Brauchitsch

afin que ce dernier puisse divorcer de son épouse

Elizabeth von Karstedt (de laquelle il tenait sa

fortune), pour se remarier avec Charlotte Rüffer

(de 22 ans sa cadette).].

Une fois, on rapporta à Hitler que le courtier im-

mobilier Färber ne tirait aucun profit [des tran-

sactions]. La réponse de Hitler fut : « Très bien,

donnons-lui 10 000 RM ; si cet homme fait son

travail, donnons-lui quelque chose ». Hitler paya

[Färber] avec ses propres deniers et une partie des

recettes provenant de ses cachets [Anni Winter

fait ici référence aux cachets perçus grâce à la

vente de son livre Mein Kampf.]. Grâce à [la vente

de] ses livres, Hitler avait un compte privé avec la

maison d’édition Eher[-Verlag].

J’ignore si Hitler recevait encore quelque chose

d’Amann vers la fin. [Max Amann était le direc-

teur de la maison d’édition Eher-Verlag et l’édi-

teur officiel de Mein Kampf.]. Amann devait

s’occuper du compte de Hitler. Je me souviens

même qu’une fois — je crois que c’était au mois de

mars de cette année — j’ai été appelée pour faire

une déclaration sur le montant que Hitler avait

sur son compte personnel. En ce temps-là, il s’éle-

vait à 6 millions de RM. Cette information a été

demandée par Julius Schaupp [Il s’agit en fait de

Julius Schaub, qui fut l’aide de camp de Hitler de

1940 jusqu’à la fin. Il mourut en 1967.]. J’ajoute

qu’Amann ne réussissait jamais à gagner suffisam-

ment d’argent. [En fait le revenu annuel de Max

Amann passa de 108 000 en 1934 à 3 800 000 RM

en 1944. Condamné en novembre 1948 à dix ans de

travaux forcés par un tribunal allié, sa fortune fut

confisquée et tous ses droits à une pension quel-

conque retirés. Libéré en 1953, il mourut dans

la misère le 30 mars 1957, à l’âge de 65 ans.] En

revanche, Hoffmann était probablement le plus

malin [Heinrich Hoffmann était le photographe

accrédité de Hitler. Sa fille avait épousé Baldur

von Schirach, le chef des Jeunesses hitlériennes.].

Amann garda au moins les livres, mais on ne put

absolument plus rien faire pour Hoffmann. Je

crois que Hoffmann ne savait pas lui-même com-

bien il gagnait [Cette dernière assertion est à rela-

tiviser. En novembre 1945, un historien allemand

de l’Armée, Wilhelm Scheidt, déclara que Hein-

rich Hoffmann lui avait dit avoir gagné 250 mil-

lions de RM sous Hitler — « Hoffmann, Hitler›s

photographer, informed him [Scheidt] that he

made 250 million marks through Hitler » (compte

rendu d’un entretien entre von Schlabrendorff et

Wilhelm Scheidt, 10 novembre 1945, p. 1. Copie

en possession de V.R.). D’après Herbert Ritter,

un Tchèque naturalisé allemand, Heinrich Hoff-

man aurait effectivement gagné beaucoup d’argent

en profitant de la guerre pour effectuer de nom-

breuses transactions dans le monde des objets d’art.

La tenancière d’une galerie d’art à Munich, Maria

Dittrich-Almas, lui octroyait d’ « importantes

commissions » (« big commissions »). Lors d’une

vente d’un tableau à Hitler pour 3,5 millions de

RM, il aurait cherché à dégager un bénéfice per-

Max Amann

Dossier

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Sans ConcessionN° 77

Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

sonnel d’un million de RM (voy. le « Résumé de la déposition de Herbert M. Ritter, Munich », p. 2. Copie en possession de V.R.).].Ni [le maréchal Walter] Brauchitsch, ni [le maré-chal Wilhelm] Keitel ne se rendaient jamais chez Hitler. Je ne connaissais pas [le général Walter] Warlimont. Peu de dirigeants militaires venaient chez moi.Je n’ai pas connu [le général Franz] von Halder ; il n’est pas venu à l’appartement.[Le général Alfred] Jodl non plus n’est pas venu à l’appartement.Pendant la guerre, lui-même [Hitler] ne venait que très rarement à l’appartement.[…]Hitler parlait de Göring pour la Luftwaffe. Par exemple, lorsque les attaques aériennes sur Berlin étaient particulièrement graves et que, le 24 avril 1944, Hitler vint à Munich, je lui dis que les gens de la ville s’inquiétaient beaucoup, etc. La réponse de Hitler fut : « A Munich, les choses n’arriveront pas comme cela s’est passé à Berlin ; premièrement parce que la météo est meilleure pour la défense anti-aérienne et, par ailleurs, Göring m’a dit que les nouveaux avions de poursuite Messerschmidt étaient maintenant prêts ; par conséquent nous allons être mieux préparés pour la défense de première nécessité. En outre, je sais que quelques autres petites choses sont disponibles ; elles évite-ront à Munich de subir le même sort que Berlin. Je le déplorerai personnellement parce que j’aime beaucoup Munich. » A l’évidence, les hommes avaient révélé leurs plans à Hitler.Hitler riait de la faiblesse de Göring pour les décorations, mais je n’ai pas eu l’impression qu’il l’en blâmait. Il avait de la tendresse pour lui. Hit-ler ne s’est jamais prononcé sur les transactions de tableaux faites par Göring. Je me souviens seule-ment d’un cas : un jour, Hitler souhaitait acheter une peinture, mais Göring fut plus rapide que lui. Pourtant, Hitler n’en eut aucun ressentiment ; il fut simplement désolé de ne pas avoir pu acheter le tableau. Quand Göring fut nommé Maréchal du Reich, Hitler me dit que Göring était l’homme de

la situation pour les forces aériennes, l’organisa-teur, etc. La confiance de Hitler pour Göring était sans bornes. Je suis également convaincue que Göring fut l’ami de Hitler dès 1923.J’étais certainement celle qui savait le mieux qui jouissait de la confiance de Hitler et à qui il pen-sait beaucoup ; et je dois dire que Göring en béné-ficiait ; je ne crois pas non plus qu’en ce temps-là Göring l’ait déçu une seule fois. Göring était rare-ment à Munich, seulement quand il venait faire

Hermann Goering

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des rapports ou discuter de la situation.La dernière fois que j’étais à Berghof, j’y ai vu Göring.Je connaissais [Alfred] Rosenberg, mais il n’est jamais venu chez moi. Hitler en parlait rarement ; une fois seulement je me souviens l’avoir entendu mentionner Le Mythe du 20ème siècle. Hitler disait que c’était stupide. Je crois qu’en lien avec cela, nous avons discuté de la question de l’Église. Hit-ler ne pensait pas que le livre de Rosenberg devait être pris au sérieux. Je dis à Hitler que mon mari et moi avions décidé de quitter l’Église parce qu’il était membre de la SS. Alors que, pour moi, ça ne faisait pas beaucoup de différence qu’il soit dans l’Église ou non, malgré tout, je ne voulais pas la quitter, et je demandai son opinion à Hitler. Sa réponse fut : « Moi aussi, je suis catholique et, bien entendu, je reste dans l’Église. Il vaudrait mieux pour vous attendre avant de franchir ce pas. »[Julius] Streicher venait à l’appartement peut-être 5 fois par an environ. Personnellement, je ne l’y ai vu qu’une seule fois, et nous étions assis juste comme vous et moi le sommes actuellement. Je n’ai jamais aimé Streicher et je pense que Hit-ler ne l’aimait pas non plus ; Hitler condamnait vivement Le Stürmer. Au début, Le Stürmer nous était envoyé à la maison ; mais à la demande de Hitler, cela fut interrompu. Quand à ce moment-là Streicher se rendit à Munich, Hitler affirma que Streicher avait toutes les raisons d’être heu-reux que des ordres n’aient pas été donnés pour son arrestation, qu’il avait été autorisé à se déplacer autour de sa propriété et que, finalement, le temps des grands projets était achevé, qu’il n’avait donc aucune excuse pour son comportement. Hitler était vraiment très profondément indigné ; c’était en 1942/1943. L’opinion de Hitler sur Streicher à ce moment-là n’était vraiment pas bonne du tout.

Relation avec Hitler :Vraiment, je pense que, parmi ceux qui sont suf-fisamment informés pour en parler, personne n’y croit. Si Streicher dit à droite à gauche que j’ai eu des relations intimes avec Hitler, c’est un men-

teur. Je me fiche de ce qu’il dit. Hitler m’aimait bien parce que j’étais ordonnée et parce que, peut-être, il pouvait s’exprimer en privé sans adju-dants-majors ; en-dehors de ça, il n’y avait rien entre Hitler et moi, et tous ses adjudants-majors devraient le confirmer. Streicher ne peut pas être en possession de photos de moi parce que, comme je l’ai dit, Streicher n’a été qu’une seule fois [en ma présence]….Les indicateurs auraient passé un sale quart d’heure à la maison ; il n’y avait aucun micro-phone chez nous, ça je peux l’affirmer avec cer-titude ; à chaque fois qu’il y avait des travaux ou des rénovations, j’étais là, et personne n’aurait déplacé une pierre sans que j’en sois informée. Bien sûr, notre téléphone était sur écoute. Je ne crois vraiment pas avoir besoin de clarifier quoi que ce soit par rapport à Streicher. Si Streicher prétend que Hitler était soumis à moi, il ment. « Tout ce que je puis dire, c’est que je réfute toutes les déclarations de cette nature. »Chaque fois que Hitler était là, Eva Braun était présente elle aussi. Parfois, on la reconduisait pendant la soirée ; d’autres fois, cependant, elle restait. Autant que je me souvienne, c’était l’ar-rangement que nous avions, et ce, jusqu’à la fin. L’affection mutuelle entre Hitler et Eva s’appro-fondissait constamment. En octobre 1944, Eva Braun est partie de Munich pour se rendre à Berlin ; elle y est restée jusqu’au bout.De plus, Hitler aimait les actrices, presque toutes. Par exemple, Maxi Bayer, Olga Tschecho-wa, et Leni Riefenstahl qui plus tard tomba éper-dument amoureuse de Hitler, mais à qui Hitler ne demanda rien. Je n’ai pas connu Olga Tsche-chowa. Hitler admirait aussi les sœurs Höppner. Tout ceci, cependant, n’était rien d’autre que de l’admiration à distance.[Hjalmar] Schacht n’est jamais venu à l’apparte-ment. Le Führer ne m’en a jamais parlé.[Franz] von Papen est venu peut-être 3 ou 4 fois à l’appartement. Je le connaissais seulement en tant que ministre de l’Intérieur. Si je me souviens bien, Neurath fut nommé à sa place. Hitler fit

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Lumière sur un témoin oublié : Anni Winter

l’éloge de Papen en Russie.Hitler ne fit jamais de commentaires sur [Constantin von] Neurath.[Joachim von] Ribbentrop : Le Führer le consi-dérait comme une personne dotée de grandes capacités. Il disait qu’il était ravi d’avoir un tel homme comme ministre des Affaires étrangères plutôt qu’un homme comme Neurath. Qu’il était l’homme approprié pour élaborer la politique extérieure allemande.[Hans] Frank n’était en fait jamais mentionné par Hitler. Cependant, je sais que Hitler estimait beaucoup Frank lorsqu’il était avocat à Munich.[Walther] Funk Je crois que Hitler ne l’aimait pas tellement. Il n’a jamais tenu compte des der-nières volontés de Hindenburg. Les commen-taires de Hitler à propos de [Paul von] Hin-denburg étaient très favorables.[Hermann] Fegelein est, pour parler crûment, un porc. Fegelein a profité de tout pour parvenir à ses fins ; il n’a même pas reculé devant un ma-riage. Il a épousé la sœur d’Eva Braun en deux mois.Hitler décrivait Fegelein de telle manière qu’il ne pouvait que conclure : Fegelein est l’homme [de la situation]. Hitler ne parlait de Fegelein qu’en des termes impliquant qu’il le considérait comme un dirigeant militaire intelligent [Her-mann Fegelein fut finalement fusillé le 28 avril 1945 après avoir été reconnu coupable de déser-tion. Il avait été retrouvé la veille en vêtements civils, prêt à partir pour la Suisse ou pour la Suède.].Dans l’ensemble, l’influence d’Eva Braun sur Hitler était bonne, par exemple, pour permettre aux gens de le rencontrer. Concernant Fegelein, il est certain que l’influence d’Eva Braun était mauvaise ; son excuse pourrait être les manières de Fegelein, qui l’aveuglaient. Fegelein était éga-lement le meilleur ami de Bormann.Autant que je sache, Hitler ignorait qu’Eva Braun avait eu une aventure avec un autre homme. J’ai appris plus tard seulement qu’Eva Braun avait eu une liaison.

Tous les documents ont été enlevés de chez moi par Schaupp ; il n’y avait aucun dossier dans l’ap-partement. Hummel, le bras droit de Bormann, a également enlevé une partie des choses. Je n’ai jamais entendu parler de Hummel après cela. D’après ce que je sais, il a acheté une maison à Mondsee (Autriche) ; il retira aussi beaucoup de propriétés privées du « Führerbau » [Le Führer-bau fut le plan de reconstruction de Munich entre 1933 et 1937.].Je ne crois pas que Hitler soit encore en vie, ni qu’Eva Braun soit encore en vie également. Je tends à penser qu’on a versé de l’essence sur lui et que lui et le bunker tout entier ont explosé.Je n’ai pas la moindre idée de où se trouve Bor-mann.Je crois que Hitler s’est empoisonné lui-même. En fait, il n’a jamais laissé penser qu’il essaie-rait de se suicider. Je pense que jusqu’au bout il croyait à la victoire. Toutefois, je ne pense pas qu’il ait rédigé ses dernières volontés.

Hermann Fegelein

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Nouvelles du froNt

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L’été qui s’achève a marqué le début d’une bataille sans merci entre les fanatiques de la Mé-moire et l’équipe de Sans Conces-sion. Grâce à votre soutien et à votre générosité, nous avons pu nous consacrer à certaines cam-pagnes de diffusion que, faute de temps et d’argent, nous n’avi-ons jamais pu réaliser. Tout a commencé début juillet avec la fameuse brochure de seize pages intitulée : Holocauste. Ce que l’on vous cache (celle qui m’a valu un an de prison en France) ; nous OÊDYRQV�UHIDLWH�HQ�FRXOHXU�DÏQ�GH�la poster sur notre site internet phdnm.org.Ayant acquis récemment du ma-tériel vidéo (merci encore à vous qui nous soutenez), l’idée nous est venue de réaliser de transfor-PHU�HQ�ÏOP��&LQT�MRXUV�SOXV�WDUG��le projet était achevé et publié sur notre chaîne Youtube bapti-V�H� l� 7K�VHV� LQWHUGLWHV� x�� &Ê�WDLW�le 7 juillet. La réussite du projet nous encouragea à réaliser une vidéo qui répondrait à l’antiré-visionniste Georges Bensoussan dont nous avions parlé dans Sans Concession. Deux jours de travail furent nécessaires et le 9 juillet, cette vidéo fut publiée sur Inter-net. Grâce à la publicité faite par nos amis, le succès fut au rendez-vous. En trois jours, plus de cinq cents personnes avaient regardé OH� ÏOP� U�DOLV�� �� SDUWLU� GH� Holo-

causte. Ce que l’on vous cache. Très vite, les messages d’encou-ragement abondèrent, ainsi que les messages d’injure et de haine.Après quatre jours de diffusion, la vidéo fut bloquée en France par Youtube. Sans attendre, nous la publiâmes à nouveau, dans une YHUVLRQ�O�J�UHPHQW�PRGLÏ�H��'H�mon côté, je réalisai une nouvelle vidéo dans laquelle je dénonçai la censure et invitai mes adver-saires à un débat loyal, face à face. Intitulée : Vincent Reynouard ODQFH� XQ� G�Ï� �� VHV� DGYHUVDLUHV, elle fut publiée le 12 juillet. Le lendemain, deux nouveaux docu-mentaires parurent sur notre chaîne « thèses interdites » : Au-FXQH�SUHXYH�GHV�ÇFKDPEUHV���JD]È���1XUHPEHUJ ainsi que : La mal-KRQQ WHW��GHV�KLVWRULHQV�RIÏFLHOV�(I)�� /D� GHX[L�PH� SDUWLH� GX� ÏOP�VXU�OHV�KLVWRULHQV�RIÏFLHOV�YLQW�OH�17 juillet ; j’y évoquai notamment OD�IDLOOLWH�GH�-HDQ�&ODXGH�3UHVVDF��A cette date, les messages d’in-sultes et de menaces pleuvaient et le 21 juillet, nous fûmes avertis que la vidéo sur les « chambres à gaz » à Nuremberg venait d’être bloquée à son tour. Dès le lende-main, nous la postâmes de nou-YHDX�DSU�V�OÊDYRLU�PRGLÏ�H�&H� QRXYHO� DFWH� GH� FHQVXUH� PH�donna une idée. Le 22 juillet, avec Marie, nous effectuâmes quelques plans dans le cimetière de la ville normande de Saint-Lô,

victime d’un terrible bombar-dement le 6 juillet 1944 et bap-tisée par la suite : « capitale des ruines ». Le soir, je sélectionnai les moments les plus forts pour réaliser une vidéo intitulée : Pour-quoi ils nous censurent… J’y expli-quai que, depuis 1945, les vain-queurs de l’Axe avaient besoin GHV� l� DWURFLW�V� QD]LHV� x� DÏQ� GH�faire oublier leurs propres crimes de guerre et crimes contre l’hu-manité. Le lendemain, je la postai VXU� l� WK�VHV� LQWHUGLWHV� x�� &HWWH�fois, le succès dépassa toutes nos espérances. En quelques heures, plus de mille personnes l’avaient déjà regardée. Les compteurs s’affolaient. Le cap des deux mille puis des trois mille vues fut rapi-dement atteint… A notre toute petite échelle, on pouvait parler d’un « buzz ».&LQT� MRXUV� SOXV� WDUG�� WRXMRXUV�soucieux d’aller plus loin, nous publiâmes une nouvelle vidéo : +RORFDXVWH� �� OHV� ÇW�PRLJQDJHVÈ�en procès (I). L’objectif était de ré-pondre au sempiternel argument selon lequel l’ « Holocauste » était prouvé par des milliers de témoi-gnages.Le succès obtenu par Pourquoi ils nous censurent… me donna l’idée d’un nouveau documentaire qui aborderait plus largement la question des crimes alliés. Le 31 juillet, paraissait sur notre FKD¤QH�XQ�ÏOP�LQWLWXO����Ce sont les

Internet : la nouvelle chance...

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Internet : la nouvelle chance...

vainqueurs qui écrivent l’Histoire. J’y expliquai que si les Allemands avaient gagné la guerre, ils au-raient pu largement diffuser les clichés du « dimanche sanglant de Bromberg » (3 septembre 1939 : l’assassinat de 6 000 Alle-PDQGV�PLQRULWDLUHV�HQ�3RORJQH���des terribles bombardements de terreurs sur l’Allemagne et le Japon, ainsi que des atroci-tés soviétiques en 1944-1945. A chaque fois, je montrai des pho-tos terribles de ces événements. Nouveau « buzz », encore plus im-pressionnant que le précédent. En quelques jours, nous avions atteint les 8 000 vues. Sur la

chaîne, partisans et adversaires de nos vidéos se déchaînaient ; les commentaires se comptaient par dizaines. Aidée par deux de nos collaborateurs, Marie pas-sait le plus clair de ses journées à répondre aux commentaires, à clore le bec aux insulteurs et à répondre à toutes les questions de ceux qui voulaient en savoir SOXV��8QH�Y�ULWDEOH�Ï�YUH�U�JQDLW�dans nos locaux.3URÏWDQW� GX� VXFF�V�� MH� U�DOLVDL�deux nouvelles vidéos sur un de mes sujets de prédilection : les causes de la seconde guerre mon-diale. Une version courte, sans preuve à l’appui du discours, et

une version longue, avec tous les documents essentiels montrés à l’écran, références incluses. &HV� GHX[� YLG�RV� IXUHQW� SRVW�HV�le 7 août sous le titre Acquitte-ment pour Hitler et Pourquoi je plaide l’acquittement pour Hit-ler. Une autre les accompagnait, un documentaire bidon qui pré-tendait montrer les « chambres à gaz » du camp de Wolzek (un camp que Rudolf Höss a men-tionné dans ses « aveux » bien qu’il n’ait jamais existé). En réa-lité, les images avaient été prises dans les bunkers d’Utah Beach, une plage du département de la Manche sur laquelle les troupes

Voilà ce qu’il reste de notre chaîne Thèses interdites en France

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opiNioNs

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anglo-américaines débarquèrent le 6 juin 1944, et à Longues-sur-0HU� �&DOYDGRV�� R®� XQH� EDWWHULH�allemande subsiste, relativement bien conservée. Nous avions réa-lisé ce documentaire pour dé-montrer qu’en matière de ruines, OD�P�ÏDQFH��WDLW�GH�ULJXHXU��TXH�ce soit à Birkenau ou ailleurs.&RPPH� RQ� SRXYDLW� VÊ\� DWWHQGUH��les deux vidéos dont le titre par-lait d’acquittement pour Hitler déchaînèrent la colère des anti-fascistes et autres fanatiques de la Mémoire. Moins de 48 heures après leur parution, une féroce répression s’abattit sur notre chaîne : quatre vidéos furent blo-quées, dont Pourquoi je plaide l’ac-quittement pour Hitler qui n’avait donc pas tenu trois jours. Le soir du 9 août, je répondis en réalisant une nouvelle vidéo qui commen-çait de façon humoristique ; on m’y voyait avec une médaille d’or au motif que nous venions de battre deux records : le record de la brièveté (une vidéo qui n’avait pas tenu trois jours) et celui du nombre de vidéos bloquées dans la même journée (quatre). Je démontrai ensuite que la morale laïque prêchait sans cesse la libre discussion, ce qui venait prouver que nous étions désormais dans une société d’essence religieuse, c’est-à-dire une société dominée par une (contre-)religion, celle de l’ « Holocauste », dont le dogme central, exposé le 23 février 1979 par 34 historiens en réponse au professeur Faurisson, était l’exis-tence de la « chambre à gaz homi-cide » dans les camps allemands.

Le lendemain, 10 août, notre chaîne « thèses interdites » �WDLW� G�ÏQLWLYHPHQW� EORTX�H� HQ�France.Naturellement, nous avons réa-gi en créant une autre chaîne �l� 6DQV&RQFHVVLRQ� 79� x��� HQ�expatriant nos vidéos sur un serveur roumain et en les héber-geant aussi sur notre site inter-net phdnm.org. Mais nous savons que les adversaires de l’Histoire objective réagiront à leur tour pour tenter de nous bloquer d’une façon ou d’une autre. Déjà notre site a subi une attaque ; un internaute qui voulait le consul-ter a reçu, au moment de se connecter, un faux avis d’inter-diction et d’amende. Immédia-tement prévenus, nous avons acheté un logiciel qui permet de démultiplier la protection du site contre les tentatives d’intrusion diverses. La bataille ne fait donc que commencer…Quoi qu’il en soit, la répression féroce qui s’est abattue sur notre chaîne démontre que nous avons visé juste : la petite vidéo courte et concise diffusée sur Inter-QHW� HVW� OÊDUPH� TXL� WHUULÏH� QRV�DGYHUVDLUHV�� &DU� HQ�PRLQV� GÊXQH�semaine, elle peut être vue par cent fois plus de monde que ne sont lues nos publications écrites en un, deux ou cinq ans. De plus, elle s’adresse à un public relati-vement jeune, c’est-à-dire aux citoyens de demain. A plusieurs reprises, déjà nous avons reçu des messages du genre : « Je suis abasourdi par vos vidéos et je comprends maintenant qu’on me

WURPSH���OD�W�O�YLVLRQ����OÊ�FROHÂ�x ou : l�-H�QH�VXLV�SDV�Q�JDWLRQQLVWH�mais vos vidéos me troublent au SOXV� KDXW� SRLQW�� x� 3RXU� XQ�PLOL-tant, ces messages sont autant d’encouragements. La petite vidéo, c’est notre arme intellec-tuelle de destruction massive des mythes ennemis. Elle sème la panique chez nos adversaires qui se croyaient invulnérables et qui l’étaient effectivement tant qu’ils disposaient du monopole des techniques de large diffu-sion. Aujourd’hui, cependant, leur cuirasse est trouée. Des gens ouvrent les yeux. Nous devons en SURÏWHU�� FÊHVW���GLUH� SURÏWHU� GX�temps qu’ils mettront à pouvoir obtenir des autorités une répres-VLRQ� V\VW�PDWLTXH�� 3RXU� OÊKHXUH��de nombreux vides juridiques existent encore qui nous per-mettent de jouir d’un espace de liberté presque totale. Sachons l’utiliser.3RXU� WHUPLQHU�� MH� ODQFH�XQ�DSSHO�à tous nos lecteurs. Si tout ce tra-vail a pu être réalisé cet été, se-mant la panique chez nos adver-saires, c’est grâce à votre soutien HW���YRWUH�J�Q�URVLW���&DU�U�DOLVHU�puis diffuser gratuitement des vidéos ne rapporte rien. J’appelle donc tous ceux qui le peuvent (et le souhaitent) à continuer de soutenir par des dons réguliers. &HV� GRQV� QRXV� SHUPHWWURQW� GH�poursuivre la lutte sur Internet, c’est-à-dire de sortir du cercle fermé des convaincus et d’ouvrir les yeux à d’autres personnes. Un grand merci à tous.

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Lettre à Franz-Olivier Gisbert

&KHU�)UDQ]�2OLYLHU�*LHVEHUW�

Je ne crois pas vraiment que vos « derniers carnets » soient votre dernière contribution au destin GH� OÊKXPDQLW��� 9RXV� QÊDWWHQGH]�pas d’éloges car vous semblez être au-dessus de ces vaines consécrations mais je puis dire que j’ai apprécié votre ouvrage.J’ai regretté en arrivant au terme de la lecture que vous n’ayez pas évoqué, sinon très discrètement, le drame central de notre époque qui domine presque tous les autres : la naissance d’une nouvelle reli-gion en passe de transcender celles qui ont essaimé à travers le monde. Je ne doute pas que vous en fussiez conscient mais sa réalité, pesante, castratrice, destructrice, demeure encore ODUJHPHQW� LQH[SULP�H�� 9RXV�n’utilisez qu’une seule fois le mot « shoah » et encore tout HQ� ÏQ� GÊRXYUDJH�� en rapport DYHF� 0DULQH� /H� 3HQ� l� HQWD-mant son aggiornamento ». 9RXV� YRXV� ERUQH]� �� DQDO\VHU�OHV�UHY WHPHQWV�SHX�JUDWLÏDQWV�de la vie politique française, avec talent certes, mais sans

VXIÏVDPPHQW�JUDWWHU� OH�YHUQLV��/D� SOXV� HIIDUDQWH�P\VWLÏFDWLRQ�de l’Histoire nous enveloppe depuis plus d’un demi-siècle et vous n’en touchez mot alors qu’elle détermine l’essentiel de notre existence en tant que SHXSOH�� 9RXV� �YRTXH]�� GRFLOH�commentateur, l’affaire Mehra, sans laisser entendre que l’on ne nous a peut-être pas tout dit pour des raisons qui ne sont pas éloignées du concept shoah, autrement dit de l’arrogante puissance juive-sioniste-is-raélienne, en d’autres termes de la renversante — le terme convient mieux que l’on ne peut l’imaginer — impudence d’un lobby que tout être sensé peut nommer si n’était la crainte d’en devenir la victime. En effet le crime suprême, la pire forfai-ture, le mot qui tue c’est ANTI-6�0,7,60(����2Q�QÊHQTX WH�SDV�vraiment sur le onze septembre, alors que les recherches durent des années pour un simple acci-GHQW�GÊDYLRQ��2Q��WRXIIH�OHV�SUR-testations concernant les moti-YDWLRQV� GH� OD� JXHUUH� GÊ,UDN�� 2Q�passe la Lybie par pertes et pro-ÏWV��2Q�RFFXOWH�DXWDQW�TXH�SRV-sible tout ce qui, de près ou de loin, pourrait déplaire à un petit

état-croupion, fait de bric et de broc, qui tient apparemment les rênes de gouvernements aspi-rant à dominer la planète. Nous vivons entre autres sous une loi, la loi Gayssot, et personne ne s’insurge avec force contre ce déni de droit le plus révol-tant qui soit. Les plus extrava-gantes déclarations de J[ean]-)>UDQ�RLV@� &RS�� HW� GÊDXWUHV�personnalités à propos d’Israël ne choquent point. Les plus éhontés mensonges deviennent paroles d’évangile jusqu’au jour R®� OD� VXSHUFKHULH� HVW� U�Y�O�H��s’il se trouve un journaliste assez inconscient ou honnête pour signaler, après recherches, que tel ouvrage biographique rapporte des faits inventés de toutes pièces. Tel enfant resca-S��GÊ$XVFKZLW]�� WHOOH� MHXQH�ÏOOH�sauvée des ogres nazis par des loups, tels incidents ou agres-sions antisémites organisés par les juifs eux-mêmes, sans évoquer sur le plan politique les meurtres ciblés dont un ancien agent du Mossad nous décrit le mécanisme, à commencer par celui d’un ancien secrétaire gé-néral des Nations-Unies...&RPPHQW� HVW�LO� SRVVLEOH� TXH�dans un État qui se veut de

Journaliste, biographe, présentateur de télévision et romancier, Franz-Olivier

Gisbert a publié en mai 2012 des mémoires intitulés : Derniers carnets - Scènes de

la vie politique en 2012 (et avant) (éd. Flammarion). Un de nos lecteurs, Jacques

Vecker, l’a lu et y a répondu sous la forme d’une lettre ouverte que nous publions

volontiers.

Lettre à Franz-Olivier Gisbert

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CommuNiqué

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droit, les membres d’une com-munauté déterminée, en l’oc-currence les juifs, soient mis par la loi à l’abri de toute cri-tique et que par leur présence attentive à tous les échelons de l’information toute déviation — entendre toute révélation pour eux inopportune — soit aussitôt condamnée et cela avec les arguments les plus spécieux. L’accusation d’antisé-mitisme vous bâillonne et vous appartenez aussitôt à la lie de la société, vous avez « dérapé », au mieux vous êtes sénile, vous vous êtes laissé abuser, et il vous faut vous excuser, vous avez été manipulé, vous êtes farfelu ou encore devenu fou.Soyez attentif aux intérêts d’Is-raël et vous comprendrez qui mène le monde, qui pourchasse les méchants dictateurs et pas les autres, qui met à l’index les livres déplaisants, qui domine OD� ÏQDQFH� GDQV� OH� PRQGH�� TXL�corrompt, trompe au nom de l’antiracisme et du métissage cosmopolite : le groupe humain le plus radicalement raciste : les juifs. Nos frères ou nos maîtres.2Q�GRLW�SRXYRLU�SDUOHU�GHV�MXLIV��qui ont les mêmes droits — et les mêmes devoirs — que les autres humains, mais qui ne peuvent se réclamer d’aucun statut particulier, sinon, quand c’est le cas, par leur excellence.

-DFTXHV� 9HFNHU� l� /LEUH� H[SUHV-sion »19 juillet 2012

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En dépit de la répression le révisionnisme vaincra

&H� �� MXLOOHW�� �� 3DULV�� XQ� MXJH� GÊLQVWUXFWLRQ�PÊD�QRWLÏ�� WURLV� PLVHV� HQ� H[DPHQ� TXL� FRQFHUQHQW�essentiellement ma participation à la conférence internationale de Téhéran sur « l’Holocauste ». Je rappelle qu’à cette conférence, qui s’est tenue les 11 et 12 décembre 2006, tous les participants sans exception, aussi bien les croyants que les contes-tataires de la nouvelle religion, ont pu librement faire entendre leurs arguments. Le 13 décembre ������ -DFTXHV� &KLUDF�� �� OÊ�SRTXH� SU�VLGHQW� GH�la République française, avait dénoncé ma par-ticipation à ladite conférence et annoncé qu’il demandait à mon encontre l’ouverture d’une en-TX WH�MXGLFLDLUH��&ÊHVW�SU�FLV�PHQW�FHWWH�HQTX WH�qui vient ainsi d’aboutir, cinq ans et demi plus tard, à ma triple mise en examen. Il faut com-prendre que de pieuses associations ont entre-temps joint leurs propres plaintes à l’initiative de Supermenteur, lequel, tout à fait normalement, s’était ainsi porté au secours d’un Supermen-songe en péril.3DU�DLOOHXUV��DXMRXUGÊKXL�P PH���� juillet, je re-çois une convocation de la police judiciaire pour le 31 juillet. Renseignement pris, il s’agit d’un propos révisionniste que j’aurais tout récemment tenu sur Internet.J’ai pour habitude de me rendre aux convocations GÊXQ� MXJH�GÊLQVWUXFWLRQ�RX�GÊXQ�RIÏFLHU�GH�SROLFH�judiciaire mais jamais je ne réponds aux ques-tions en dehors de celles qui portent sur mon identité. Même si le fonctionnaire renâcle, je lui fais toujours consigner dans le procès-verbal de

l’interrogatoire ma brève déclaration rituelle : « Je refuse de collaborer avec la police et la justice françaises dans la répression du révisionnisme historique ». Auparavant je préviens l’intéressé TXÊDX�FDV�R®�LO�UHIXVHUDLW�GÊLQVFULUH�FHWWH�SKUDVH��je ne signerais pas le procès-verbal.

L’inéluctable victoire du révisionnismeSur le plan strictement scientifique et histo-rique, la victoire des révisionnistes est déjà totale mais encore faut-il porter la nouvelle à la connaissance du grand public, ce qui n’est pas une mince affaire.De toute façon, il existe nécessairement un considérable temps de retard entre le moment R®� VH� SURGXLW� XQH� G�FRXYHUWH� VFLHQWLÏTXH� TXL�HVW�UHQYHUVDQWH�HW�OH�PRPHQW�R®��HQÏQ��OÊRSLQLRQ�publique se décide à accepter cette découverte. Autrefois ce pouvait être l’affaire de plusieurs siècles mais aujourd’hui, surtout grâce à Internet, GHX[�RX� WURLV�J�Q�UDWLRQV�SRXUUDLHQW� VXIÏUH� �GH�66 à 99 ans après 1945 !). Un jour, des chercheurs venus de tous les horizons joindront leurs efforts en vue de publier sur Internet une interminable Encyclopaedia Universalis des mensonges de l’Holocauste, un immense Bêtisier de la Shoah, XQH�YDVWH�UHFHQVLRQ�GX�IDX[�HW�GH�OD�IDOVLÏFDWLRQ�chez « les vrais faussaires de l’Histoire ». Sources ou références à l’appui, on y découvrira les noms et les œuvres de ceux qui se sont déshonorés aussi bien par leurs mensonges, leurs calomnies, leurs faux témoignages que par leurs appels à la

En dépit de la répression le révisionnisme vaincra&RPXQLTX��GX�3URIHVVHXU�)DXULVVRQ�Le 28 Juillet 2012

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répression contre les révisionnistes. Les géné-rations futures y verront sur pièces comment naît, vit et meurt un certain type de religion uni-verselle essentiellement fondée sur la haine, la fraude et le lucre. Nul complot, nulle conjuration n’ont été nécessaires pour produire ces abjections KRORFDXVWLTXHV���RQW�VXIÏ��GÊXQH�SDUW��OÊRUJXHLO�GX�vainqueur doté d’un pouvoir illimité, son aplomb, son cynisme, son goût de la vengeance, et, d’autre part, l’exploitation de la Bêtise, du Mensonge et GH�OD�&U�GXOLW��Sur les victoires jusqu’ici remportées par le révi-sionnisme et le plus souvent cachées au grand public, voyez dans le blog http://robertfaurisson.blogspot.com mes textes du 11 décembre 2006 (http://robertfaurisson.blogspot.it/2006/12/les-victoires-du-revisionnisme.html) et du 11 sep-tembre 2011 (http://robertfaurisson.blogspot.it/2011/09/les-victoires-du-revisionnisme-suite.html��� 'DQV� FH� GHUQLHU� WH[WH�� LQWLWXO�� l� /HV� 9LF-toires du révisionnisme (suite) », j’appelle l’at-tention du lecteur sur la section titrée « Le coup de grâce porté, le 27 décembre 2009, au mythe des ‘chambres à gaz’ nazies ». Il y est question GH� 5REHUW� -DQ� YDQ� 3HOW�� TXH� MH� QRPPH� SDUIRLV�« le dernier des Mohicans de la cause extermi-QDWLRQQLVWH� x�� 9RLO�� XQ� FKHUFKHXU� MXLI� TXL�� GH�JXHUUH� ODVVH�� D�ÏQL�SDU� UHFRQQD¤WUH�TXÊLO�QÊH[LVWH�à Auschwitz, capitale de « l’Holocauste », aucune 35(89(�GÊXQH�H[WHUPLQDWLRQ�GHV�MXLIV�PDLV�VHX-lement des « témoignages » (sic). Il préconise que sur le site tout entier d’Auschwitz et de Birkenau on laisse la nature reprendre ses droits. Autre-ment dit, si l’on comprend bien, les dizaines de millions de touristes ou de pèlerins qui se sont rendus sur les lieux ont été et continuent d’être abusés par une abondance de fausses preuves. 3RXU�PRL�� OHV� H[SORLWHXUV� GX�P\WKH� GÊ$XVFKZLW]�ne se moquent pas seulement des vivants ; ils se moquent aussi des morts dont les souffrances réelles sont ainsi reléguées au second plan pour laisser place à des récits fantasmagoriques nés de FHUYHDX[�PDODGHV�HW�H[SORLW�V�SDU�GHV�ÏORXV�-H� OH� FRQÏUPH� LFL� �� GHSXLV� OH� ���G�FHPEUH�������

il ne s’est trouvé personne pour apporter une SUHXYH� VFLHQWLÏTXH� �� OÊDSSXL� GH� FHWWH� FDXVH� TXL�s’est construite à la fois sur la trop réelle douleur des victimes et sur trop de « faits [non] établis » et, par conséquent, « destinés aux poubelles de l’histoire »�� /ÊDYHX� HVW� GH� -HDQ�&ODXGH� 3UHVVDF��Encore sous le coup de la déroute qu’il avait eu à subir lors de mon procès du 9 PDL�������R®�QRXV�avions, Me Eric Delcroix et moi-même, exigé sa comparution, l’homme a signé cet aveu un mois plus tard, exactement le 15 juin 1995, au terme GÊXQ� WH[WH� GH� SU�V� GH� TXDUDQWH� SDJHV�� &HWWH� FD-pitulation d’un ancien collaborateur du couple Klarsfeld a d’abord été tenue sous scellés pendant FLQT�DQV��3XLV��OH�WH[WH�QRXV�HQ�D��W��HQÏQ�U�Y�O��SDU�9DO�ULH�,JRXQHW�HQ�XQ�SHWLW�FDUDFW�UH�W\SRJUD-SKLTXH�HW�YHUV�OÊH[WU PH�ÏQ�GH�VRQ�RXYUDJH��His-WRLUH�GX�Q�JDWLRQQLVPH�HQ�)UDQFH, Seuil, 2000, p. 613-652.

Sic transit gloria turpis mendacii ! [Ainsi passe la gloire du honteux mensonge !]L’imposture d’Auschwitz a fait son temps. Quant à la répression exercée par les imposteurs, elle est le VLJQH�TXH�FHV�GHUQLHUV�VRQW���ERXW�GÊDUJXPHQWV��2Q�leur demandait « une preuve, une seule preuve » à l’appui de leur terrible accusation : selon eux, pen-dant plus de quatre ans l’Allemagne aurait perpétré contre le peuple juif un crime sans précédent dans l’histoire de l’humanité et, durant toutes ces an-nées, le reste du monde, à l’exception d’une poignée de « Justes », serait resté indifférent à cette horreur sans nom. En un premier temps, les imposteurs ont fourni une abondance de « preuves » qui, toutes, se sont révélées fallacieuses et cela à telle enseigne qu’en un second temps, dès 1979, il leur a fallu conclure qu’au fond il n’y avait pas lieu de prouver l’évidence ! Il ne restait plus qu’à frapper les récalci-trants et ils ont frappé. Ils l’ont fait aussi bien par la SURGXFWLRQ�GÊRXYUDJHV�R®�OD�VXSSXWDWLRQ�OH�GLVSXWH�à la spéculation, aussi bien par le cinéma que par le roman, aussi bien par le matraquage des esprits que par la violence physique et la force injuste de la loi. En pure perte. Le révisionnisme vaincra.

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