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Françoise Collin : Parcours féministe Parcours féministe. [Entretiens par] Irène Kaufer by Françoise Collin Review by: Martine Chaponnière Nouvelles Questions Féministes, Vol. 25, No. 2, Santé ! (2006), pp. 132-133 Published by: Nouvelles Questions Féministes & Questions Feministes and Editions Antipodes Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40620512 . Accessed: 14/06/2014 02:07 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Nouvelles Questions Féministes & Questions Feministes and Editions Antipodes are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Nouvelles Questions Féministes. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.83 on Sat, 14 Jun 2014 02:07:54 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Santé ! || Françoise Collin : Parcours féministe

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Françoise Collin : Parcours féministeParcours féministe. [Entretiens par] Irène Kaufer by Françoise CollinReview by: Martine ChaponnièreNouvelles Questions Féministes, Vol. 25, No. 2, Santé ! (2006), pp. 132-133Published by: Nouvelles Questions Féministes & Questions Feministes and Editions AntipodesStable URL: http://www.jstor.org/stable/40620512 .

Accessed: 14/06/2014 02:07

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Françoise Collin : Parcours féministe^ Par Martine Chaponnière

Dans cet ouvrage, Irène Kaufer s'attache à la réflexion intellectuelle de Françoise Collin sur les différents thèmes qui ont marqué le féminisme occi- dental depuis trente ans. Sans doute les lecteurs et lectrices de Nouvelles Questions Féministes connaissent-ils et elles déjà Françoise Collin, fonda- trice, en 1973 avec Jacqueline Aubenas, des Cahiers du Grif. Ce livre d'en- tretiens se révèle cependant utile pour suivre l'évolution du cheminement intellectuel de cette grande figure du féminisme intellectuel et militant.

Les premiers chapitres de Parcours féministe reprennent les slogans des années 70 comme «le privé est politique», «mon corps est à moi» ou encore «à travail égal, salaire égal» pour en retracer la genèse et examiner ce qu'il en est aujourd'hui. Nombre de revendications des années 70 se sont trans- formées en lois : loi sur l'égalité des salaires, lois sur la violence domestique et sur le viol conjugal, dépénalisation de l'avortement, loi sur la parité, etc. Comme le dit Collin : « On passait nécessairement de la révolution au réfor- misme. (...) Le plus intéressant, c'est ce questionnement lui-même qui est parti de <le privé est politique >, toute cette réflexion sur les rapports à la loi, à la fois contre la loi et dans la demande de nouvelles lois» (p. 35). Le slo- gan «Mon corps est à moi» permet à Françoise Collin de réfléchir sur les débats d'actualité au sein du mouvement féministe tels que la prostitution, le foulard islamique (Collin est contre la «loi sur le foulard») ou encore le désir de parentalité et les nouvelles techniques de reproduction.

La deuxième partie du livre est plus théorique. Collin y met en doute la notion de genre et surtout celle de construction sociale des sexes, estimant que même si celle-ci peut servir d'outil d'analyse, « elle comporte un certain danger en ce sens qu'elle semble dénoncer < la construction) en tant que telle plutôt que sa dérive inégalitaire. Or tous les rapports humains, parce qu'ils sont culturels, sont et seront toujours < construits), formalisés, même dans l'hypothèse d'un (féminisme achevé): la question est de savoir comment nous voulons les construire, à quelle culture sexuée nous aspirons. Tel est notre enjeu théorique et politique. Notre critique ne porte donc pas sur la (construction) en tant que telle - toute culture est construction - mais sur la forme séculaire hiérarchique prise par cette construction» (pp. 102-103).

1. Françoise Collin (2005). Parcours féministe. [Entretiens par] Irène Kaufer. Bruxelles: Labor, collection Trace, 2005, 202 p.

132.1 NQF Vol. 25, No 2 / 2006

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Édito I Granel angle | Champ libre | ParcoursgJjyjy^^^^^^H Collectifs Françoise Collin: Parcours féministeì

Par Martine Chaponnièrel

Critique tant à l'égard de la position universaliste - qui fait de l'égalité une histoire d'identité, une égalité entre les mêmes qui reviendrait au deve- nir-homme des femmes - que de l'école différencialiste plus proche de ses convictions mais dont elle critique l'ontologisation de la dualité des posi- tions sexuées, Françoise Collin adopte une troisième voie issue de la philo- sophie contemporaine à la suite de Heidegger et qui se définit comme post- métaphysique, ce que le féminisme américain a traduit comme post-moderne. Inspiré de Derrida, le courant post-métaphysique part de l'idée que «la vérité n'est pas identifiable à une thèse, à une représentation, mais est la pensée dans son mouvement, et le mouvement de la pensée» (p. 119). Appliqué à la question de la différence des sexes, le post-métaphy- sique fait appel au concept derridien de «différance» pour signifier le fémi- nin, cette différance qui « ne nie pas les pôles, n'abolit pas les deux au profit de l'un, mais en déstabilise la fixité» (p. 120). Également marquée dans son itinéraire intellectuel par Maurice Blanchot et Hannah Arendt, Collin reprend chez cette dernière la distinction de l'agir et du fabriquer. «Agir, prendre une initiative, être initium ne demande pas la représentation du but à atteindre mais requiert à chaque moment l'imagination, et la prise de déci- sion qui est toujours aussi un risque (...). Déplacer ce qui est, inlassablement, mais sans modèle contraignant, sans succomber à l'injonction du choix entre l'un et le deux des sexes. C'est ce que j'ai qualifié de < praxis de la dif- férence des sexes >, c'est-à-dire d'acte transformateur: c'est en quoi a consisté mon féminisme. La différence est une < différance > non déterminée a priori comme le fait apparaître Derrida, mais la différance n'est pour moi pas un fait : c'est un acte, un acte de déplacement hors des places, sans assi- gnation à la bonne place. La vérité des sexes est indécidable et elle se redé- cide à chaque moment, dans chaque acte politique et même privé» (p. 121).

Les derniers chapitres traitent de l'art (y a-t-il et qu'est-ce qu'un art féminin ou un art féministe?), de la recherche féministe, de ses conditions de production et de réception, de l'entre-soi (de l'homosociabilité à l'homo- sexualité des hommes et des femmes) et enfin, en guise de post-scriptum, un bilan des acquis et des revers de médaille de trente ans de « nouveau » féminisme.

Une anecdote personnelle pour terminer. En 2001, le comité de rédac- tion du mensuel féministe Femmes en Suisse (aujourd'hui Vémilie) remet- tait clés en mains à une équipe déjeunes femmes motivées ce journal fondé en 1912 par la Genevoise Emilie Gourd dans le but d'obtenir le suffrage féminin. A nous, les quadras, quinquas (et plus), les jeunes demandaient : comment avez-vous «appris» le féminisme? De quoi discutiez-vous dans les groupes de conscience? Les jeunes femmes qui s'interrogent aujourd'hui sur les grandes étapes intellectuelles, politiques et pratiques du féminisme trouveront dans cet ouvrage quelques réponses à leurs questions. Et pour celles qui ont vécu le nouveau féminisme des années 70 et qui sont restées actives dans le mouvement, ce livre est l'occasion de faire le point sur la question posée dans le premier numéro des Cahiers du Grifen 1973 : «Le féminisme pour quoi faire ?» ■

NQF Vol. 25, No 2 / 2006 | 1 3 3 .

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