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Haro sur les conflits d'intérêts dans le domaine de la santé planet.fr /societe-haro-sur-les-conflits-dinterets-dans-le-domaine-de-la-sante.791076.29336.html Publicité Publié par Michèle Rivasi le Lundi 02 Février 2015 : 17h15 par Michèle Rivasi Ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses et professeur agrégée de sciences naturelles, Michèle Rivasi a fondé la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) en 1986, après la catastrophe de Tchernobyl. Elle est également présidente du Centre de recherche indépendant sur les rayonnements électro-magnétiques (Criirem). Elle fut directrice de Greenpeace France, députée de la Drôme de 1997 à 2002 et eurodéputée écologiste au sein d'EELV depuis 2009. Notre République est victime d’une profonde crise démocratique et est sapée par la généralisation de la corruption qui met en péril notre Etat de droit. Ce phénomène se nourrit notamment de la banalisation des conflits d’intérêts, du lobbying institutionnel des multinationales et de la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution des politiques publiques. La santé est l’un des secteurs les plus exposés à ces dérives et les conséquences sont funestes pour nos finances publiques et la pérennisation du système de soins. Les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. Chaque année, les Français consacrent 2% du PNB à la consommation de médicaments. C’est entre 50% et 100% de plus que nos voisins les plus proches. En luttant contre cette sur-consommation et cette surfacturation par une meilleure prescription, l'assurance-maladie pourrait réaliser au moins 10 milliards d'économies c’est à dire annuler son déficit chronique et ce sans dommage pour la santé publique, bien au contraire. En Italie, on constate en effet que le coût des médicaments en ville et à l’hôpital s’élève pour 2013 à 18 milliards d’euros contre 34 milliards pour la France, soit 70% de plus à populations égales pour les mêmes résultats sanitaires. > Lire aussi : Pourquoi une opération mains propres est urgente pour que la vie politique retrouve de la crédibilité "La transparence ne règne pas dans le monde de la santé publique" Comment en sommes nous arrivés là ? Parce qu’en France, la transparence ne règne pas dans le monde de la santé publique. Les intérêts privés viennent heurter l’intérêt général ; parce nous ne sommes toujours pas sortis de la collusion entre l’Etat et les groupes pharmaceutiques. D’ailleurs, les dernières affaires Cahuzac et le scandale du Médiator ont révélées ces situations de conflits d’intérêts au plus haut sommet de l’Etat. Si nous en sommes arrivés là, c’est notamment à cause du poids des firmes pharmaceutiques dans la fixation des prix des médicaments. C’est l’Etat qui négocie avec les industriels le prix remboursable aux assurés sociaux de chaque médicament. Selon le discours de communication des laboratoires, les prix élevés sont indispensables pour couvrir le coût de la recherche. Mais la réalité est toute autre. Les laboratoires gonflent les chiffres en y incluant les dépenses de lobbying, de marketing, de

Santé : Halte aux conflits d'intérêts !

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Haro sur les conflits d'intérêts dans le domaine de la santé !

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Haro sur les conflits d'intérêts dans le domaine de lasanté

planet.fr /societe-haro-sur-les-conflits-dinterets-dans-le-domaine-de-la-sante.791076.29336.html

PublicitéPublié par Michèle Rivasi le Lundi 02 Février 2015 : 17h15par Michèle Rivasi

Ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses etprofesseur agrégée de sciences naturelles, Michèle Rivasi a fondé la Commissionde recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) en1986, après la catastrophe de Tchernobyl. Elle est également présidente du Centrede recherche indépendant sur les rayonnements électro-magnétiques (Criirem).Elle fut directrice de Greenpeace France, députée de la Drôme de 1997 à 2002 et eurodéputéeécologiste au sein d'EELV depuis 2009.

Notre République est victime d’une profonde crise démocratique et est sapée par lagénéralisation de la corruption qui met en péril notre Etat de droit. Ce phénomène se nourritnotamment de la banalisation des conflits d’intérêts, du lobbying institutionnel desmultinationales et de la faiblesse des moyens de contrôle démocratique dans l’exécution despolitiques publiques. La santé est l’un des secteurs les plus exposés à ces dérives et lesconséquences sont funestes pour nos finances publiques et la pérennisation du système desoins.

Les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments en Europe. Chaque année, lesFrançais consacrent 2% du PNB à la consommation de médicaments. C’est entre 50% et 100% deplus que nos voisins les plus proches.

En luttant contre cette sur-consommation et cette surfacturation par une meilleure prescription,l'assurance-maladie pourrait réaliser au moins 10 milliards d'économies c’est à dire annuler son déficitchronique et ce sans dommage pour la santé publique, bien au contraire.

En Italie, on constate en effet que le coût des médicaments en ville et à l’hôpital s’élève pour 2013 à 18milliards d’euros contre 34 milliards pour la France, soit 70% de plus à populations égales pour lesmêmes résultats sanitaires.

> Lire aussi : Pourquoi une opération mains propres est urgente pour que la vie politique retrouve dela crédibilité

"La transparence ne règne pas dans le monde de la santé publique"

Comment en sommes nous arrivés là ? Parce qu’en France, la transparence ne règne pas dans lemonde de la santé publique. Les intérêts privés viennent heurter l’intérêt général ; parce nous nesommes toujours pas sortis de la collusion entre l’Etat et les groupes pharmaceutiques. D’ailleurs, lesdernières affaires Cahuzac et le scandale du Médiator ont révélées ces situations de conflits d’intérêtsau plus haut sommet de l’Etat.

Si nous en sommes arrivés là, c’est notamment à cause du poids des firmes pharmaceutiques dans lafixation des prix des médicaments. C’est l’Etat qui négocie avec les industriels le prix remboursableaux assurés sociaux de chaque médicament. Selon le discours de communication des laboratoires,les prix élevés sont indispensables pour couvrir le coût de la recherche. Mais la réalité est toute autre.Les laboratoires gonflent les chiffres en y incluant les dépenses de lobbying, de marketing, de

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communication et tout ce qui entretient le système de désinformation : les visites médicales, laformation médicale continue – financée à 98% par les labos – le sponsoring de la presse médicale,d’associations...

Le système entier est structurellement "pharma-amical". Il est temps que ceux chargés de préserverl’intérêt général et la santé publique exercent leurs responsabilités.

Il faut remonter les "liaisons dangereuses", qui n'ont fait que se développer (politiques, hautsfonctionnaires, praticens et labos) depuis l'origine de la mise en place du "système" soit le milieu desannées 80, quand il est devenu difficile de trouver de nouvelles molécules.

Depuis Claude Evin, tous les ministres de la Santé ont eu des liens soit antérieurs, soit postérieurs àleur exercice de la fonction avec l’industrie pharmaceutique.

La nécessité d'une opération "mains propres"

Il y a aujourd’hui nécessité d'une opération "coup de poing" telle l’opération "mains propres" ("manipulite") menée en Italie sur la décennie 82/92 dont les procédures se sont terminées en 2012 et qui ontpermis d'assainir la situation notamment au niveau des conflits d'intérêts puisque tous les experts etleaders d'opinion des institutions ont subi enquêtes et condamnations. C'est un réseau extrêmementtouffu et organisé qu'il faut démanteler, avec des intérêts énormes et qui concerne toute la vie politiqueet son financement.

Il convient de construire un mur parfaitement étanche entre les intérêts privés et la décision publiquedans le domaine de la santé. Cette dernière doit être fondée uniquement sur l'intérêt général, latransparence et les principes qui fondent le service public pour les usagers : gratuité et égalité d’accès.

Voir en vidéo l'intervention de Michèle Rivasi sur l'opération "Mains propres sur la santé" dans BourdinDirect le lundi 5 janvier 2015 sur RMC :

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