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S C E N A R I O Notes de lecture : Comme nous l’avons esquissé dans la note d’intention, nous rappelons que ce film aura deux niveaux de narration, des dialogues et des actions joués par des comédiens mais que chaque comédien aura son « double » rappeur ou chanteur dans les séquences musicales. Ainsi, Daniel le personnage principal évoluera à travers les mots, le flow d’Akhenaton, Safia sa femme empruntera la voix d’Amel Bent, Nassim le beau frère celle de Faf Larage etc... - Écrits en « NOIR » : les dialogues et les actions qui s’y rapportent - Écrites en « BLEU » : les paroles des chansons - Écrites en « ROUGES » : les intentions de mises en scènes ou caméra ou Post Prod 1. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/JUSTE A L’AUBE 06:00 (Toutes les actions qui suivent seront filmées en plan séquence, la caméra sur Steadicam, laissant de temps à autre notre personnage sortir du champ. Nous le perdons ainsi lorsqu’il va aux toilettes, sous la douche et lorsqu’il rentre se changer dans la chambre avant de le laisser définitivement hors champ quand il sort de l’appartement. Nous jouerons beaucoup avec la mise au point, avec régulièrement des pertes de points tout en suivant Daniel (par exemple, le point peut rester fixe et c’est lui qui viendra se positionner tout en jouant dans la zone de netteté) Daniel est allongé sur un canapé, il se réveille difficilement, la télé encore allumée diffuse une atone et amorphe émission hertzienne pré matinale. Le visage écrasé contre un coussin, de sa main droite, il tâte le sol, écarte un cendrier remplis qui vomit ses mégots, une manette de jeu, une canette de soda à moitié concassé et un paquet de cigarette. Il prend une cigarette et l’allume, il tire une grande bouffée et se passe la main sur son visage et ébouriffe ses cheveux en bataille. DANIEL (fatigué, dans un souffle) Putain … Il se lève enfin pour aller aux toilettes, en sortant il oublie de tirer la chasse et d’éteindre la lumière. Il se fait réchauffer un café de la veille dans le micro onde. Il se retrouve ensuite dans sa salle de bain, et prend une douche. En sortant trempé, il met de l’eau partout et laisse traîner sa serviette mouillée par terre. Il revient à la cuisine et s’aperçoit que son café s’est refroidi et relance donc le micro onde. Le temps qu’il réchauffe, il va dans la chambre récupérer ses vêtements de travail (tenue de livreur US, chaussures de sécurité noires, pantalon et chemisette dans les mêmes tons avec une casquette sur laquelle apparaît le logo de la boite et veste droite). On découvre qu’il ne vit pas seul, Safia, sa femme, dort dans le lit. Daniel semble ne pas la voir mais se fait discret en enfilant ses habits.

SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

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le scenario du moyen metrage d'Akhenaton, Conte De La Frustration

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Page 1: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

SS CC EE NN AA RR II OO Notes de lecture : Comme nous l’avons esquissé dans la note d’intention, nous rappelons que ce film aura deux niveaux de narration, des dialogues et des actions joués par des comédiens mais que chaque comédien aura son « double » rappeur ou chanteur dans les séquences musicales. Ainsi, Daniel le personnage principal évoluera à travers les mots, le flow d’Akhenaton, Safia sa femme empruntera la voix d’Amel Bent, Nassim le beau frère celle de Faf Larage etc...

- Écrits en « NOIR » : les dialogues et les actions qui s’y rapportent - Écrites en « BLEU » : les paroles des chansons - Écrites en « ROUGES » : les intentions de mises en scènes ou caméra ou Post Prod

1. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/JUSTE A L’AUBE 06:00 (Toutes les actions qui suivent seront filmées en plan séquence, la caméra sur Steadicam, laissant de temps à autre notre personnage sortir du champ. Nous le perdons ainsi lorsqu’il va aux toilettes, sous la douche et lorsqu’il rentre se changer dans la chambre avant de le laisser définitivement hors champ quand il sort de l’appartement. Nous jouerons beaucoup avec la mise au point, avec régulièrement des pertes de points tout en suivant Daniel (par exemple, le point peut rester fixe et c’est lui qui viendra se positionner tout en jouant dans la zone de netteté) Daniel est allongé sur un canapé, il se réveille difficilement, la télé encore allumée diffuse une atone et amorphe émission hertzienne pré matinale. Le visage écrasé contre un coussin, de sa main droite, il tâte le sol, écarte un cendrier remplis qui vomit ses mégots, une manette de jeu, une canette de soda à moitié concassé et un paquet de cigarette. Il prend une cigarette et l’allume, il tire une grande bouffée et se passe la main sur son visage et ébouriffe ses cheveux en bataille.

DANIEL (fatigué, dans un souffle) Putain …

Il se lève enfin pour aller aux toilettes, en sortant il oublie de tirer la chasse et d’éteindre la lumière. Il se fait réchauffer un café de la veille dans le micro onde. Il se retrouve ensuite dans sa salle de bain, et prend une douche. En sortant trempé, il met de l’eau partout et laisse traîner sa serviette mouillée par terre. Il revient à la cuisine et s’aperçoit que son café s’est refroidi et relance donc le micro onde. Le temps qu’il réchauffe, il va dans la chambre récupérer ses vêtements de travail (tenue de livreur US, chaussures de sécurité noires, pantalon et chemisette dans les mêmes tons avec une casquette sur laquelle apparaît le logo de la boite et veste droite). On découvre qu’il ne vit pas seul, Safia, sa femme, dort dans le lit. Daniel semble ne pas la voir mais se fait discret en enfilant ses habits.

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DANIEL (VOIX OFF) Elle, c’est Safia… ma femme … On s’est connus au lycée, ça va faire 10 ans qu’on est ensemble… C’est une fille bien.

Il retourne dans la cuisine chercher son café, qui cette fois si à plus que bouillit en moussant et giclant sur les parois du micro onde, le goûte fait une mou de dégoût et préfère le jeter dans l’évier. Il prend son lecteur MP3 et son casque qu’il met autour du cou puis sort en claquant la porte, ce qui réveille sa femme… Safia sort la tête de la chambre et l’appelle.

SAFIA (petite voix encore endormie) Daaan ?

Sans réponse, elle va machinalement tirer la chasse d’eau des toilettes et éteint la lumière.

SAFIA (mi exaspéré mi « maternelle ») Ooh…Daniel …

Elle retourne se coucher.

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2. EXT/ENTREE BARRE D’IMMEUBLE/Aube Daniel sort du hall, il rentre dans sa voiture de fonction, un fourgon de livraison couleur gris métallisé avec un logo orange dessus assorti à sa tenue. Il se regarde un instant dans le rétroviseur.

DANIEL (VOIX OFF) (soupir) Mouais ! Ca c’est moi…Daniel… j’ai 30 ans, j’ fais des petits boulots par ci, par la. Les jours se suivent et se ressemblent… Rien d’excitant… A part ma musique…

Il démarre et met du son dans ses écouteurs. GÉNÉRIQUE DE DÉBUT Divers plans de la ville qui s’éveille au petit matin, des rues, des façades, des gens pour illustrer le titre « Des gens ordinaires ». - Des gens ordinaires - A l’instar du générique de la série « Entourage » ou le générique d’intro du film « Panic Rom », les noms et les infos seront incrustés en tracking à même les devantures des magasins, les panneaux de signalisation, le mobilier urbain et d’autres, typo en volume au milieu des rues qui se reflèteront dans des vitrines, masquées et démasquées, par des véhicules, des angles de rues etc…

1er couplet Comme si seul l’éclat des pierres Pouvait embraser notre bonheur Perdu dans la ville des lumières

Au cœur de la foule on se sent seul Si encore tout cet argent

Pouvait seulement acheter l’amour De nos parents, de nos amants

Ou bien de ceux qui jouaient dans la cours On est assis sur la même terre

La même où l’on pousse le premier cri Puis on se couche sous les mêmes pierres

Où quelques mots résument nos vies

Refrain Quand vient le soir, qu’on ferme les portes, que nos pensées dans le ciel se

perdent On mord dans la vie, on défit la mort, comme des personnes ordinaires

C’est vrai On bâtit nos vies, on porte nos peines, on fait tout ce qu’il faut pour se plaire

On est ni meilleur ni pire, juste ordinaires

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Oh Ohoh Ohoh Ohoh Juste ordinaires Oh Ohoh Ohoh

2ème couplet

Si les mille feux de nos parures Pouvaient illuminer ces secondes

On serait choisi, on serait sûr On danserait sur le toit du monde

On vit pourtant ces déchirures Ces rires, ces pleurs, ces frustrations Ces coups de blues, ces blessures

Ces trahisons, ces passions Quand le miroir nous renvoi l’image Notre œil n’y voit que des défauts Des larmes redessinent nos visages Mais la joie n’en devient pas l’écho Il suffit parfois d’une seule étreinte

D’un grand sourire, de quelques mots D’un regard toutes mains jointes Et d’un souffle qui effleure la peau

Refrain

3. EXT/ENTREPOT/JOUR Un grand entrepôt où sont parqués plusieurs fourgons, une dizaine d’employés s’affairent à charger les livraisons de la journée.

Daniel sort à peine de son camion qu’il aperçoit au loin devant des bureaux vitrés son patron, un homme à la carrure de docker approchant la soixantaine. Ce dernier tapote sa montre d’un doigt violement et lui balance un regard qui en dit long. Daniel détourne la tête et marmonne.

FIN DU GENERIQUE « DES GENS ORDINAIRES »

DANIEL (irrité) Mais ouais …çà va... je sais

Déjà exaspéré par la journée qui s’annonce, Daniel ouvre le coffre de son fourgon et commence à charger les colis déposés en tas sur des palettes à son attention. Le téléphone posé sur la banquette avant sonne. Safia l'appelle. Daniel à l’extérieur forcément ne répond pas. Il referme les portières du coffre et va se prendre un expresso au distributeur . Il passe à l’accueil prendre sa feuille de route quand il se fait tomber dessus par le boss.

PATRON

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(sec, cynique et haussant le ton) Ohw Di maïo ! Tu t’crois encore à l’heure d’été ?

Daniel baisse la tête et gratte du bout des pieds un chewing-gum incrusté dans le sol en attendant que passe l’orage. Il relève la tête.

DANIEL (insolent limite irrespectueux) C’est bon ?... J’peux y’aller là?

Une colère contenue se lit dans les yeux du patron. Daniel le contourne et en remettant l’oreillette de son mp3...

PATRON (menaçant) Di Maïo, j’t’ ai déjà prévenu.

...et grimpe dans son véhicule. Il jette un œil sur son rétroviseur et aperçoit le patron qui le fixe, hostile. Daniel, démarre le moteur. Le patron reste solidement planté là, et observe le véhicule de Daniel quitter l’entrepôt. Il reprend soudainement ses esprits et lance un regard furieux vers deux jeunes employés qui regardent également partir la fourgonnette.

PATRON (hurlant) Capus ! Mentz ! C’est valable pour vous 2.. au boulot

4. INT/EXT FOURGON et RUE/JOUR - Fin de semaine –

1er couplet Je suis de ceux qu’on n’voit pas, qui n’font rien qu’on r’marque

Rien qu’on apprécie, rien dont on parle, mais de Ceux qu’on écarte au premier ennui

Ma vie est plate, mes jours fades, mes rêves fanent

A la vitesse de ma j’nesse qui s’enfuit, résigné les Trains passent et moi j’mens, j’dis à tous que j’m’en fiche

C’n’est pas grave, je fais c’que j’ai à faire, depuis l’ CP j’ai l’habitude, quand le monde parle, j’me la ferme…

Daniel débute sa tournée de livraisons. Arrivé dans une ruelle il se retrouve coincé dans un embouteillage monstre. Daniel abattu appuie sa tête contre le volant

DANIEL

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(dégouté) Oh noooon, pas çaaaa déjà …

Il sort la tête de la vitre, et aperçoit deux livreurs occupés à leur tache. Il commence à perdre patience.

DANIEL (plaintif) Allez alleeeeez …

Daniel pose sa main contre le klaxon, et hésite à appuyer, c’est alors qu’il entend d’autres voitures klaxonner et appuie par à-coup. Les livreurs finissent par rentrer dans leur camion et libèrent le passage.

DANIEL (Enervé) Eh ben voilaaa, c’est pas trop tôt…

5. INT/EXT FOURGON et RUE/JOUR

- Fin de semaine - …C’est moi l’gars qui livre, des paquets de carton

Dans les piaules pour vivre, et j ‘en suis Ni heureux, ni fier, j’me lève tous les matins, sachant

Bien qu’j’vais rencontrer des gens qui m’toisent et m’ Prennent pour un larbin, ni salut, ni bonjour, Ni rien, même pas une poigné de main…

Daniel s’arrête dans une rue, un colis à la main. Son téléphone portable sonne à nouveau. Daniel essaie de décrocher mais embarrassé par son colis et son carnet électronique et ses feuilles de route, fait chuter le paquet, il le ramasse, le secoue en écoutant le bruit à l’intérieur et rentre dans une résidence.

6. INT/HALL D’IMMEUBLE/JOUR - Fin de semaine -

…En parlant d’çà où elle crèche celle là ? Ah voilà j’crois qu’j ‘ai

Trouvé, ascenseur en panne ! Manquait plus qu’ça!!…

Il arrive dans le hall de l’immeuble et appuie sur le bouton de l’ascenseur et attend un instant, surpris, il appuie de nouveau sur le bouton et s’aperçoit d’une petite note collée sur la porte « En panne … » Il envoi un petit coup de

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pied nerveux contre le bas de la porte et résigné, avale les escaliers étage par étage. 7. INT/DERNIER ETAGE IMMEUBLE/JOUR Il arrive évidemment presque au dernier étage, essoufflé, cherche le nom du destinataire, sonne et attend. Personne ne répond, il appuie de nouveau sur la sonnerie. On entend plusieurs verrous s’ouvrir, puis la porte s’entrouvre, bloquée par une chaînette, une vieille dame regarde Daniel d’un air méfiant.

DANIEL (monocorde) ‘Jour M’dame...C’est pour une livraison …

La vieille dame ne répond pas, et continue de fixer Daniel qui, encombré, lui tend un carnet électronique et un stylet.

DANIEL Te… tenez … si vous voulez bien signer la …

La vieille dame passe la main à travers la porte prend le stylet et gribouille une signature en bas de l’appareil que lui tend maladroitement Daniel. Il prend alors le colis et essaie de le passer par l’ouverture de la porte, le colis est légèrement trop épais et passe difficilement, la vieille dame ne réagit pas et observe Daniel lutter. Il finit par pousser le colis qui craque dangereusement en forçant le passage. La vieille dame claque la porte au nez de Daniel. Il s’en va. Au bout du couloir dans le dos de Daniel, la porte se ré-entrouvre, la vieille dame vérifie bien que le livreur soit parti. Daniel jette un coup d’œil, la vieille femme referme brusquement sa porte. Arrivé au rez-de-chaussée, Daniel entend des klaxons et se rend compte que son fourgon a provoqué à son tour un bel embouteillage. Il sort de l’immeuble en pressant le pas et se dirige vers son véhicule, dans un concert de coups de klaxons et d’insultes.

CONDUCTEUR 1 (TRES TRES ENERVE) OH BOUGE AHH !

CONDUCTEUR 2 (énervé) hé Casse toi de la maint’nant !

Daniel rentre dans son fourgon et claque sa portière. Il fulmine.

DANIEL (revanchard) Ah ouaip ? Ah ouaip !!!!

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Il démarre le moteur de la voiture mais ne bouge pas d’un centimètre. Par le rétroviseur, il regarde les passagers qui commencent à klaxonner de plus belle, puis un des passagers finit par sortir d’une voiture et avance d’un pas menaçant en sa direction. Daniel ouvre sa vitre, sort sa main et leur fait à tous un gros doigt, avant de démarrer en trombe.

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8. EXT/KEBAB/JOUR - Fin de semaine -

2ème couplet La ville m'appartient de la crasse aux palaces, à l'ennui

Des pauses dans les döners, des trottoirs de l'aube à la nuit Sans point sur le permis, au d(e) là des limites

Rentabilité dit le Boss, voilà la messe est dite et puis Hors la loi, c'est ainsi que j'fais mes visites

Avec le son du poste à fond qui crache mes musiques Les jours s'enfilent, monotones, p’tits accrochages

Et embrouilles déversent un peu d'été dans mon automne. Daniel est devant une baraque à Kebab dans une zone industrielle. Le serveur (un jeune Turc ?) termine de confectionner son sandwich de façon mécanique, fait frire des morceaux de viande, se baigner des frites dans une mer de végétaline et dispose les différentes garnitures dans une galette. Daniel observe chaque geste … Une fois servi, debout, le corps penché en avant, les jambes écartées, Daniel dévore son Kebab, de la sauce blanche ruisselle le long du papier à emballage et entre ses doigts.

9. INT/FOURGON/JOUR - Fin de semaine -

…Parfois en avance, je m'allonge à l'arrière et tape un Somme, si bien que j'finis en retard quand je somme

Quand mes paupières s'ferment, j’vais ma vie telle qu'elle aurait Du être, ma bonne étoile n'a jamais parlé toujours

Elle est restée muette, alors j'construis victoires Et fantasmes dans ma tête et ma vie désuète…

Daniel est allongé dans le coffre arrière de son fourgon. Sa tête est posée sur les quelques colis restants qui lui servent d’oreiller de fortune... Il dort casquette rabattue sur les yeux.

…Et c'portable qui m'tape sur le système

Ça c'est l'autre, eh, elle croit qu'j'ai qu'ça à faire?… Le téléphone sonne, sans regarder il raccroche. Et se lève (Pendant toute la matinée, en conduisant, en livrant, pendant son repas, son téléphone sonne continuellement, c’est souvent Safia, il ne répond pas, par pure négligence et parce que ça l’exaspère d’être pendu au téléphone à qu’a chaque fois il avait autre chose à faire).

10. INT/STUDIO D’ENREGISTREMENT/JOUR (APRÈS MIDI) Pour sa nouvelle livraison, Daniel rentre dans le hall d’un studio d’enregistrement, une secrétaire se tient debout derrière une banque d’accueil, et patiente au téléphone .Daniel semble très impressionné d’être

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là. Pour se donner de la contenance en attendant son tour il dévisage un jeune trentenaire qui attend avant lui… c’est manifestement quelqu’un de connu, un acteur qui lui est familier… mais qui ??? Daniel essaie de mettre un nom sur le visage du comédien. (NB : possibilité en post prod d’intégrer différents noms de comédiens français qui pourraient défiler comme un panneau d’affichage à côté du visage du comédien selon les pensées de Daniel : « Benoît Magimel ? » puis le nom s'efface « Samuel le Bihan ? » le nom s'efface encore, « Guillaume Canet ? », « Nicolas Cazalé ? »...

DANIEL (s’adressant au comédien en aparté) Hey ..? Hey… M’sieur…Je vous connais vous non?!

LE COMEDIEN (Surpris et amusé) Euh... oui, enfin… je sais pas çà dépend ?!!

DANIEL Mais oui vous êtes… (en claquant plusieurs fois des doigts ou en tapotant sur son colis à livrer) heu ??? Raah… c’est quoi votre nom déjà ... ?

LA SECRETAIRE (en off qui a enfin son interlocuteur au téléphone) …BENOÎT MAGIMEL est à l’accueil !? …Ok… (elle raccroche) …Manu vous attend au studio A

NB : selon l’option choisie « Benoît Magimel » se réinscrit à côté de son visage

BENOÎT MAGIMEL (D’un petit sourire amusé en hochant les épaules il montre la secrétaire d’un geste de la main ou de la tête du genre « ben voilà elle vient de vous donner la réponse » … puis il tend la main à Daniel et la lui serre en lui balançant une petite tape sur l’épaule) …bonne journée, j’dois y aller… courage.

DANIEL

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(qui n’en reviens pas de la proximité, de la simplicité de l’acteur, de l’accessibilité d’une « vraie star », puis s’adressant à la secrétaire) …Bonjour, J’ai une livraison pour euh... Mèche ?!

SECRETAIRE Mèche, d’accord, c’est au Studio B, au fond à droite au bout du couloir.

DANIEL Merci (accentué d’un hochement de tête)…

Daniel traverse le couloir et ouvre la porte qu’on lui a indiquée. Il se retrouve dans un studio d’enregistrement, un ingénieur du son s’affaire sur ses consoles tandis que Soprano, accompagné de son manager et ses producteurs, écoutent le morceau qu’il vient de poser (Le même effet du nom de l’artiste comme « Magimel » pourrait être repris lorsque Daniel reconnaît Soprano, dont le prénom s'afficherait en volume au dessus de sa tête). Tout ce qui fait rêver Daniel se trouve concentré dans cette pièce, des musiciens, du matériel de son « pro ». Daniel donne le colis et le bon de livraison à signer au client…son regard et ses pensées se perdent. Daniel ose, il sort son téléphone portable, tout intimidé demande s’il est possible de faire une photo aux côtés de Soprano qui accepte chaleureusement.

DANIEL (en montrant son appareil téléphonique) S’cusez moi…J’peux..?

SOPRANO Vas’y vas’y…Y’a pas de problèmes frérot ! (Daniel se cale aux côtés du rappeur et flashe l'instant)

DANIEL Merci, hé franchement çà fait trop plaisir vraiment j’suis fan et…

SOPRANO Aaahhh c’est gentil, te cass’ Y’a pas de quoi ! L’ingé son essaye de lui tendre le bon signé.

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INGENIEUR DU SON Hé jeune homme ?

Daniel reprend ses esprits récupère le bon de livraison et salut l’équipe un peu « lourdement ».

DANIEL Merci et « A LA BIEN» la famille…

Il sort du studio, visiblement « secoué » ému et pensif. NB : CI DESSOUS LES PAROLES DU 3ème couplet - Fin de semaine - QUI SONT ILLUSTRÉES DANS LA SÉQUENCE PRÉCÉDENTE- N°10

Je pénètre dans un hall classe, un studio où tout est clean J’fais demi tour pour m’essuyer les pompes, aux murs des

Affich(e)s de films, des récompenses, des prix J’avance, non, j’hallucine, eh mec t’as vu c’est qui ?

Première fois que j’vois un’ star, j’y tends la main, il m’dit Bonjour, j’y arriverais/je s(e)rai dans son costard un jour

La secrétaire, me rappelle à la réalité Bonjour c’est pour qui le paquet à livrer ?

Je r(e)garde et dis c’est pour Mèche/elle montre Studio B au fond à droite au bout du couloir et là

J’pousse la porte/c’est le vrai paradis que j’viens d’voir Matos de fou, rêve de fou, mes yeux scrutent chac’ recoin de

Cette pièce, les personnes affairées à travailler Le son que dans 6 mois le public va kiffer

Tellement que j’en oublie l’ingé qui m’tend le bon et m’dit Monsieur, eh monsieur ! Putain j’crois que j’dois

Filer pour de bon, retrouver le fourgon 11. EXT/FOURGON et RUELLE/JOUR (PLUS TARD) - Fin de semaine – Daniel s’aperçoit qu’il reste un colis perdu au fond du coffre de son fourgon, il jette un œil à sa montre et rentre dans le coffre. Il pose le colis dans l’axe d’une benne à ordure située derrière le véhicule. Il fait mine de calculer une trajectoire avec son pouce, prend un peu d’élan et shoote dans le colis qui vole et atterrit pile poil dans la poubelle.

DANIEL (vainqueur)

Yeesss (susurré)... Fin de journée ! Et fin d’semaine ! Merci !

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…Les bruits, les bouchons, les cris et les têt’ de cons J’monte dans l’coffre, merde, il reste un colis au fond J’le prends et l’pose à terre, dans l’axe d’une benne

Je r(e)cule, prend de l’élan, derrière le véhicule Un grand coup de pied, et l’paquet finit dans les ordures

Là j’balance, les 2 ou 3 conneries qui trainent Yes ! Fin d’journée, fin d’semaine ! 12. INT/FOURGON /FIN DE JOURNEE Sur le retour, son téléphone sonne une énième fois, il soupir et décide enfin de répondre, il décroche. (A partir de ce moment-là, montage parallèle de la conversation téléphonique / Daniel qui conduit son fourgon / Safia qui prend sa pause de vendeuse en cosmétique). (possibilité de monter la conversation en split-screen.)

DANIEL (monocorde)

Yep ?

SAFIA (inquiète)

Et ben quand même ! J’ai essayé de te joindre toute la journée …j’m’inquiétais (affectueuse) Tout va bien ?

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DANIEL (monocorde)

Mais oui, rien de spé …j’bosse, qu’est c’qui s’passe ?

SAFIA (petite voix) Ben rien, je voulais juste avoir des nouvelles … Ah oui tant qu’j’y pense ! Tu t ’sens d’passer à la pâtisserie, j’leur ai commandé un truc c’matin…mais oui celle là

DANIEL (soupir)

Ok, ok, je m’en occupe ...ouais, ouais t’inquiète…OUI... Allez à toute j’file.

SAFIA O-kay... alors à tout', bises.

Daniel jette son portable sur le siège passager et remet ses écouteurs … 13. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/ ENTRE CHIEN ET LOUP Dan passe le pas de la porte l’air vanné mais empressé... Il jette sa veste de travail dans l’entrée. Son regard balaye rapidement chaque pièce qu’il traverse et se dirige dans un petit bureau où traîne un vieux synthétiseur posé devant un ordinateur poussiéreux (type Atari ST). Il allume son ordinateur et sort de la pièce se mettre à l’aise le temps que les logiciels chargent. La caméra découvre son univers musical pendant qu'en off on entend Daniel se changer. Sur les murs de son petit « home studio » qui s’apparente plus à une chambre d’adolescent qu’aux « Studios d’Abbey Road » traînent quelques affiches et posters de musique. Dan ajuste quelques réglages sur sa micro table de mixage, se met un gros casque sur les oreilles et commence à « faire » du son. Plus tard Safia rentre à son tour. Elle l’appelle.

Page 15: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

SAFIA (enthousiaste puis jette un œil sur la veste de Dan échouée au sol elle le ramasse) Dan ?... Daniel t’es rentré ?... DA-NIEL ?

Pris par sa musique, Dan n’entend pas. Elle le rejoint dans le bureau, se penche derrière lui et l’embrasse tendrement sur la nuque. Dan sursaute.

DANIEL (surpris) Putain... c’est toi? Tu m’as fait peur !

SAFIA (sortant du bureau allant ranger la veste) He ben! Ça va pas mieux d’puis d’ta l’heure, toi?

Dan se retourne vers son ordi sans répondre.

SAFIA (OFF, BRUIT DE CINTRES) Au fait, t’as pu récupérer le gâteau ?

Dan a un mouvement de recul sur son fauteuil. Il se prend le visage dans les mains tout en levant les yeux au plafond

DANIEL (murmurant comme pris en flag’) Meeeeeeeeeeeeerde…

SAFIA (sortant la tête du couloir, sérieuse) Dan… ?!!

DANIEL (de dos, il écarte les mains avec un petit haussement d’épaule et se tourne vers elle, l’air désolé et fautif) ...J’ai zappé.

SAFIA

Page 16: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

(un peu exaspérée mais douce) Et Nass t’as zappé aussi j’ parie non ?

DANIEL (perplexe presque agacé) Nass ?

SAFIA Ben oui, Nass… Nassim... T’as rendez-vous… T’es pas un peu sensé l’amener à l’aéroport ce soir ? Tu t’souviens ?

DANIEL Putain j’l’avais oublié çui-là…

Dan se lève sans grande conviction et s’apprête pour sortir.

13 BIS. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/ ENTRE CHIEN ET LOUP Après le départ de Daniel, Safia reste seule quelque peu désappointée par l’attitude, et les réactions de son compagnon, son égoïsme, son individualisme. Changera t ‘il un jour, redeviendra t il le jeune homme attentionné, tendre et sensible qu’il était au début de leur relation sentimentale ? Safia commence à en douter sérieusement, cet enfant, qu’on comprend qu’elle porte en elle, sera t il cette dernière chance de sauvetage de leur couple ou anéantira t’il un amour moribond ? Toute à sa réflexion, Safia est dans le couloir et range quelques affaires éparses de Daniel. En haut de l’armoire trônent quelques photos, des albums et autres souvenirs rangés dans des boites. Safia se risque à en exhaler ces images heureuses d’un temps, qu’elle espère, n’être pas révolu. Les boîtes ouvertes, Safia regarde des photos, les caresses du bout des doigts, tombe sur des tickets de cinéma, une chaîne en or offerte par Daniel, des billets d’avion… Elle remet en place un pan de sa vie en haut du placard, fait le tour de leur appartement, émue les yeux dans le vide (à sa fenêtre ou balcon ou terrasse) elle fume une cigarette en cassant le bout avant de l’allumer. Elle passe en cuisine, prépare un petit repas « d’amoureux » et dresse une belle table, une ambiance propice pour mettre toute les chances de leurs côtés. - Juste une chance -

AMEL BENT

1er couplet Effacée, forcée d’y croire

Assise au pied du mur dans ce long couloir

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Devant toutes les photos de nos souv(e)nir (En)tassées dans les boites

Des portraits, témoins de jours heureux La soif du lendemain brillait dans tes yeux

De me retrouver là sous l’abri bus Cachée sous les arbres

Refrain

Juste une chance Rien qu’une chance

Posons-nous un instant et regardons le temps nous donner… Plus qu’une danse Juste une danse

Prends-moi la main, viens près de moi et laisse ta tête tourner

2ème couplet Le lycée, les mots passés en cours

La première chaîne enroulée dans le velours L’aprèm au cinéma on rêvait de la vie des personnages

Nos fous rires, nos premières histoires Cette fille qui te draguait à mon taf le soir

Pour prouver ton amour t’avais posé ce menu sur la table

Refrain

3ème couplet Quand tous les autres mecs vivaient le diable dans le corps

Sans un mot un soir t’as roulé vers l’aéroport T’avais pris 2 billets pour qu’on s’en aille ensemble

Loin de nos vies stressantes et du froid de décembre Aussi beau que ce jour où cette clé ouvrit la porte

Sur un nouveau départ, sur un projet sans amour propre Dans ce petit appart, j’ai vu mes plus belles heures

Défilées doucement M’enivrer pleinement

Je vais dresser la plus belle table que t’ai vu ce soir Bougies, roses blanches et musique, plongé la chambre dans le noir

Pour t’annoncer ce qui donne encore plus de sens A tout ce qu’on a bâtit pendant ces 10 ans ensemble

14. EXT/TERRASSE HOTEL/NUIT Dan sort de sa camionnette, l’horloge numérique indique 18:45

Page 18: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

DANIEL (VOIX OFF) (marchant d’un pas nonchalant vers la soirée) Nassim, c’est l’ frère de Safia... J’peux pas m’le voir... tu m’diras lui non plus d’ailleurs… C’est un gros enfoiré dans l’genre qui s’la raconte avec son pognon et ses traders … Enfin… (marmonnant pour se donner un peu d’entrain) Puisque j’dois y aller…

Dan se trouve à l’entrée d’une terrasse d’un hôtel luxueux, où se tient une soirée privée où des financiers, traders et autres économistes se relâchent après la fermeture des marchés. Nassim, son beau frère en assure l'organisation. Daniel arrive et s’apprête à entrer quand deux agents de la sécurité en costume, oreillette, l’arrêtent.

VIDEUR 1 (stoïque, esquissant un STOP de la main) Monsieur...c’est à quel sujet ?

DANIEL (surpris) C’est au sujet que j’rentre là dedans, pourquoi ?!

VIDEUR 2 Eh bien pour rentrer il faut être soit client de l’hôtel soit avoir une invitation. Je peux voir la votre ?

DANIEL (un peu embarrassé) Mais... j’ai pas vraiment d’invite, en fait j’dois juste voir Nassim pour… VIDEUR 1 Désolé, Monsieur mais ça va pas être possible... Veuillez vous décaler sur le côté Monsieur s’il vous plait, y a des gens qui veulent passer.

Page 19: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Le videur écarte Dan sur le côté, un couple de yuppie-bobos passe près de lui, indifférents, et salue les videurs d’un hochement de tête présentant, sûrs d’eux, un carton d’invitation du bout des doigts.

VIDEUR 1 (reprenant un sourire de rigueur) Merci, passez une bonne soirée. (il se retourne vers Dan l’air grave) Bon maintenant il va falloir nous laisser faire notre travail.

Daniel commence à perdre patience.

DANIEL Allez les gars, j’en ai pour 5 minutes. Nassim c’est mon beau frère, il a son avion ce soir à 8h et franch…

VIDEUR 1 (le coupant sèchement) Pas d’invit’ : pas d’entrée. C’est clair ?

DANIEL (énervé) Vas-y, à quoi tu joues là. Puisque j’te dis qu’il est au courant !

VIDEUR 2 Maintenant c’est pas la peine d’insister on t’a dit NON ! DANIEL (essayant de garder son calme) ... Bon ok, je bouge pas, j’reste là. Vous pouvez au moins dire à Nassim que j’l’attends à l’entrée alors ?

VIDEUR 1 Désolé Monsieur mais on ne peut pas quitter notre poste.

Page 20: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

DANIEL (à lui-même) Oh...sérieux ... j’hallucine là !?

15. INT/TERRASSE HOTEL/NUIT Nass est en pleine discussion dans le hall de l'hôtel. En off on entend depuis l’intérieur de la party fuser des insultes (« dégage maintenant connard etc... »). Nass se retourne, on voit derrière lui l’altercation de Dan avec les videurs. Nass s’en rend compte, il prend congé de ses invités et se précipite vers l’entrée. - Chacun de son côté –

DANIEL Oh, SON PUTAIN D’AVION EST À 8H ALORS MAINTENANT ENCULÉ TU VAS ME L’CHERCHER OK PARSQUE SANS QUOI C’EST ENCORE MOI QU’IL VA FAIRE CHIER TU VOIS...

NASSIM (s’interposant) OWH OHW OHW... Oh Daniel ! HÉ Daniel...

DANIEL Ah t’es là toi, eh bordel ça fait des plombes Que j’leur dis de t’appeler aux deux là

NASSIM (s’adressant aux videurs) C’est bon messieurs il est avec moi, désolé ( en leur tapottant l’épaule ) (A Daniel)Et mais Toujours tu râle toi ? R’garde tes sapes aussi, non mais mate toi Comment tu veux rentrer comme çà (lui tirant le col de son sweat).

1er Couplet Faf la rage

T’aurais pu m’appeler, le portable ça existe Non, tu t’sentais la sécu, t’aimes trop les risques

Page 21: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

AKH Alors quoi d’entrée, t’envoies les critiques

J’ai pas envie d’parler, c’est ça, allez, prends tes valises A moins qu’tu payes un bon verre, à ton méchant beau-frère

Qui s’lève le cul pour te trimballer quand t’es en galère ? Faf la rage

Tu veux une coupette ? Sers-toi ! Le bar est ici

(Ils se mettent au comptoir du bar, Nassim tend une coupe de champagne)

Faf la rage T’as trop l’habitude, dès qu’t’es avec moi, pas de soucis c’est gratuit

Arrête de tirer cette tronche, c’est bon allez rentre AKH

Ouh, y a du beau monde ce soir, eh, ça brasse les rentes Sinon le biz en c’moment, comment ça marche ?

Est-c’que t’as mis 2 ou 3 bifs de côté pour ma ganache ?

(Daniel qui se sent exclu de ce milieu. Il semble malalaise et sur ses gardes. Joute verbale habituelle entre les deux hommes. Daniel lui reprochant d'être toujours relié à tes taches subalternes et de n'être que la dernière roue du carrosse, ce que lui confirme un Nassim ironique)

Page 22: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Faf la rage Tu veux dire quoi par là ? J’te devrais quelque chose

T’as que le pognon à la bouche bordel ? AKH

C’est bon j’rigole, c’est moi qui te rends un service. (Daniel sort un billet tout froissé de 10 ou 20 euro de sa poche et le lance du bout des doigts au visage de Nassim)

FAF LARAGE T’sais quoi, oublies le verre, on a des trucs à se dire

(D’un geste sec et violent Daniel poseson verre sur une table, écarte « nerveusement » des convives pour sortir du lieu de la soirée en « invitant ». Nassim l’air de dire « ah ouais ? veine dehors qu’on s’explique un peu ». Le champagne éclabousse la veste de Nassim et les invités autour. Devant la réaction des convives, Nassim s'excuse et emboite le pas à Daniel.) 16. INT/ASCENSEUR/NUIT - CHACUN DE SON COTE –

Refrain Quand les sourires sont faux, que pour les apparences

Quand ne viennent plus les mots, on met de la distance Même si le temps s’échappe, même si des plaies s’effacent

Il vaudrait mieux qu’on parte, chacun d’son côté Quand le cœur n’y est plus, qu’on a fait trop d’efforts

Quand les silences sont durs, parc’qu’on est pas d’accord Même si les doutes se tassent, même si les routes se croisent

Il vaudrait mieux qu’on trace, chacun d’son côté Pendant le refrain du morceau. Ils sortent de l’hotel et se dirigent vers l'ascenseuret descendent cloîtrés dans leur mutisme en attendant le deuxième round dans le parking sous terrain loin des regards. 17. INT PARKING SOUTERRAIN NUIT On retrouve Dan et Nass dans les parkings souterrains du palace, entourés par des voitures de luxes qui trônent fièrement dans les allées. De nombreux néons font briller les carrosseries des véhicules. La dispute reprend. Nassim va lui explique que sa réussite personnelle n'est due que par son travail, que Daniel se regarde un peu avant de juger les autres. Nassim lui expliquera qu'à ses yeux il n'est qu'un looser, incapable d'être père de famille et encore moins musicien. Daniel encaissera mal le coup et partira. - Chacun de son côté –

DANIEL Alors c’est quoi ton problème ?

Page 23: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

NASSIM Mon problème tu dis ?

2ème couplet Faf la rage

Tu parles de fric, de service, mais j’te dois rien petit Saches que j’te traine avec moi, pour faire plaisir à ma sœur

Si j’avais pris un taxi, t’aurais pas mis la merde à ma teuf AKH

Là j’te reconnais bien ! Un type qui pense qu’à sa gueule Qui pense qu’à ses poches, qui pense qu’à ses meufs

Faf la rage Ecoutes moi bien connard, là, moi je pense qu’à ma sœur

Qui taffe, qui fait l’ménage quand toi tu rentres à pas d’heure AKH

De quoi tu t’mêles d’abord, balaies devant ta porte Mais qu’est-c’tu donnes des leçons, quand t’as l’pif dans la coke

Faf la rage J’t’emmerde pauvre mec, toujours pendu au goulot

C’est pas not’ faut’, t’es dans la loose et t’as un sale boulot AKH

Mon taf, il m’convient, et t’inquiètes pas la roue tourne, ces Pompes ? Regardes, tu viendras les cirer un jour

Faf la rage Ah j’oubliais m’sieur est dans la musique / personne t’attend mec

T’as même pas commencé qu’t’es déjà un ex Retournes à tes colis ramper devant ton chef

AKH Putain, j’te jure, je vais te défoncer pour faire bref

Laisse tomber, regardes l’heure, t’as loupé ton avion J’dirais à ma femme, que je s(e)rais plus jamais ton pigeon

Nassim voit arriver des invités dans le parking. Dan en profite pour laisser son beauf’ avec ses invités et décide de rentrer chez lui. Nass pensif, le suit du regard, jusqu’à ce que le groupe d’invités arrive à sa hauteur.

L'INVITE ET SON AMIE Hé qu’est ce qu’il y a Nass ?... Un problème ?

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NASSIM Hein ? (encore dans ses pensées) Non, non rien… Putain la « famille » j’te jure... Heeeey (reprenant du service) ! Mon poulet, comment tu vas ? …

Nass prend ses invités par l’épaule et les accompagne vers l’ascenseur. 19. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/NUIT Safia est dans la salle de bain, courbée en deux, elle se sèche les cheveux vigoureusement. On entend la porte d’entrée claquer, elle coupe le sèche-cheveux… C’est Dan qui rentre plus tôt que prévu. Safia « panique » contrariée dans le bon déroulement de ses plans.

SAFIA (OFF) Dan ? Dan c’est toi ? T’es déjà de retour ?

DANIEL (dégouté) Ouais, j’me suis encore pris la tête avec ton frère…

Elle enfile un pull tout en courant pour rejoindre Dan à l’entrée, prise de court, elle improvise.

SAFIA (se précipitant vers Dan, un peu paniquée) Tu m’raconteras ça plus tard. Mais avant, suis moi, je te sers un verre dans la cuisine.

Dan la suit sans rien ajouter, soulagé de ne pas avoir à se noyer dans des explications interminables. Safia lui sert un verre.

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SAFIA (avec douceur) Tu bois un coup, tu souffles… tu m’attends sagement, j’en ai pour 2 minutes.

DANIEL De quoi?

SAFIA Rien, t’inquiète c’est une surprise, tu restes là hein ?...

Dan commence à se détendre entre deux gorgées. Safia s’affaire au salon. La table est dressée pour un dîner aux chandelles, en tête à tête. Elle allume quelques bougies, réduit la lumière pour tamiser l’ambiance de la pièce… Puis, glisse quelque chose dans une enveloppe qu’elle garde à la main. En passant devant le miroir ornant un des murs du salon, elle se passe la main dans les cheveux, se remet un peu de gloss… La sonnerie de la porte retentie. Daniel va ouvrir.

DANIEL J’y vais

Dan regarde à travers le judas. (Subjectif judas : on voit la tête déformée de son ami Stef grimaçant bêtement avec une chapka – sous réserve la chapka - visée sur la tête. Dan ouvre la porte, étouffant un rire compulsif.)

STEF (enjoué) Hey la famille ! Bien ou bien ?

Ils se checkent du poing.

DANIEL Bien jeune ? Qu’est-ce qui t’amènes ?

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STEF Comme d’hab, on s’fait un p’tit tour… à l’ancienne quoi, ça te dit… ? Y’a Mo en bas

Dan hésitant regarde par-dessus son épaule en direction du couloir vers Safia toujours dans le salon.

STEF (mimant l’action de fumer un joint) T’inquiètes mec, j’ai du gros son dans la caisse. Allez fais pas ta vieille !

Dan passe la tête dans le couloir, regarde si la voie est libre.

DANIEL (chuchotant, à Stef) Attends, ‘tends, ‘tends 2 sec… (il enfile rapidement un sweat à capuche, il prend sa veste en cuir et haussant la voix…) Safia, vas-y, j’fais juste un tour avec Stef OK ?... J’prendrais un sandwich dehors, m’attends pas, j’reviens pas tard. A tout'! (Et claque la porte derrière lui)

Safia est toujours devant le miroir, elle se fige, les traits alors enjoués de son visage laissent place à l’amertume teintée d’une insondable tristesse. Son regard se durcit, elle lâche l’enveloppe qui glisse au sol. Puis, elle se penche sur une des bougies et d’un souffle, elle l’éteint. La flamme ne se rallumera plus. Fondu au noir 20. INT/ASCENSEUR/NUIT Les deux amis sont côte à côte dans un ascenseur faiblement éclairé, sans mot dire. Stef s’amuse à graver des motifs sur la porte en métal à l’aide de sa clef, pendant que Daniel, regarde dans le vide le miroir. L’ascenseur s’arrête, ils s’apprêtent machinalement à sortir et s’aperçoivent qu’ils ne sont pas au rez-de-chaussée et reculent. Un vieux retraité en savates rentre, tenant dans ses bras un petit chiwawa. Les deux se mettent à parler en même temps.

DANIEL

Page 27: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

(monocorde, en même temps que Stef) Bonsoir.

STEF (marmonnant, en même temps que Dan) ‘soir.

Le vieil homme vient se placer entre les deux sans répondre. Dans son dos Dan et Stef se mettent à observer le chien tout tremblant qui les dévisage à son tour en dodelinant légèrement la tête. Tous les deux partent involontairement dans un jeu de mimétisme avec le chien. L’ascenseur s’arrête, le vieil homme sort de l’ascenseur avec son chien. Les deux hommes reprennent leurs esprits, se regardent avec un air complice, éclatent de rire et poursuivent leur chemin. 21. EXT/ENTREE BARRE D’IMMEUBLE/NUIT Mo les attend, assis sur le capot d’une voiture, il fume une cigarette. En voyant arriver ses deux collègues, il jette sa clope dans les fourrés.

MO’ Hola, bien Dan ?

DANIEL (check du poing) Wwouai, tranquille et toi ?

Ils montent dans la voiture : Mo côté passager, Daniel se met à l’arrière et Stef est au volant.

Page 28: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

22. INT/VOITURE/NUIT

STEF Bon juste un truc les gars, faut qu’ON mette de l’essence.

MO’ (mettant les pieds sur le tableau de bord) T’inquiète, y a une station pas loin.

STEF (exaspéré) Putain Mo tes pieds ! J’te l’ai d’jà dit 100 fois… ah j’plains ta mère toi des fois hein !!!

MO’ Ooohh Ça va, ‘xcuse, s’cuse.

DANIEL (impatient à Stef pour qu’il démarre) Allez roule !

STEF (impatient à MO pour qu’il fasse un gros 3 feuilles) tiens ben ouais voilà, roule toi aussi là !!!

Stef démarre et envoie du son sur le poste qui nous indique l’heure : 21:00. La virée nocturne peut commencer. En Off Mo’ ricane. On se lance dans une pérégrination à travers la ville, une errance dans les rues animées de la cité. Personne ne s’adresse la parole, les trois amis observent la vie, la ville défilée sous leurs yeux par les vitres de la voiture. Un joint circule et les plonge dans une rêverie collective. Daniel a la tête posée contre la vitre hypnotisé par les lumières de la ville, perdu ses pensées. (Dans cette séquence les 3 comédiens seront tour à tour remplacé en alternance à l’image par leur « doubles » rappeur Sako/Stef, Veust/Mo et Akhenaton/Daniel) Pour cette séquence, la caméra restera constamment braquée sur les comédiens et leurs doubles fantomatiques rappers afin d’étendre jusqu’à l’extrême la sensation d’ennui, de fatuité et de huis-clos.Nous vivons quasiment en temps réel en unité de temps et d’actions une errance nocturne au cœur des rues . Ainsi, les actions se limiteront à des choses très

Page 29: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

futiles comme conduire, rouler un joint,regarder à travers la vitre, Daniel qui écrit son nom sur la vitre embuée, etc… Nous n’illustrerons en aucun cas ce qui est rappé dans le texte de la chanson. Parmi les possibles effets de transitions, le joint qui tourne dans la voiture peut servir d’élément qui nous fera passer des comédiens aux artistes et inversement : la caméra suit le joint et quand elle revient sur le passeur ce n’est plus le comédien mais son double rapper /voix

- Par le toit ouvrant – SAKO

Comme d’hab, il claque la portière, cash, j'ai trop les nerfs. Comme d’hab, j’râle alors ça monte le son du Pioneer.

J’plisse les paupières, passe la première, Comme d’hab, ça craque: "Te casse, bientôt le hummer".

Bords d’mer, j’observe les hautes sphères Corps d’rêve, roadsters, sortis de posters

Des golden boy trop fiers, sourire Colgate Crachent un bonheur trop net pour être honnête,

J'vois les gosses faire fumer les Goodyear Pump up the volume, ambiance poppers et valium

Ça chasse la bimbo en Twingo A leur âge, ma vie c’était la guerre, à chaque niveau, des rivaux (Bref), Oublie les minots, la corniche défile, ça tapine au prix fort

Des narines ont pris gros, silicone et botox designés au stylo Les mères comme leur fille veulent les formes de J Lo Là-bas une mignonne crie fort mais le monde l'ignore

Elle raccroche son phone, fond en larmes aussitôt J’vois d’ici le topo, quand il l’a su en cloque,

Son homme a fui. Aujourd’hui il réclame leur minot La gorge déshydratée, encore une nuit bradée,

Ca klaxonne derrière... tranquille, on va tous y passer (comme s'il fallait plus vite clamser)

Mes potes collés au siège, direction le drive-in Des songes volés au ciel, « What’s Going on » de Marvin

REFRAIN

VEUST LYRICIST De l’essence et on tourne dans la ville

Confrontés aux visages de l’autre côté d’la vie On se plait à rouler à côté de la vie

On croise quelques rôdeurs, on s’comprend, on navigue Le beau temps puis l’orage d’un regard à l’autre, ça va vite

L’espoir, la détresse, mais autour on gravite Des stops, des feux rouges, des clopes, des yeux rouges

Nos rêves, nos souffrances, partent par le toit ouvrant

Page 30: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

AKHENATON Enfoncé sur la banquette arrière Avec la tête posée sur la fenêtre

J’avance accroché à mes rêveries Certains sous la couette, rendent jaloux ceux qui taffent

J’vois ceux qui taillent, pousser les portes de la cafet’ J’aime ces visages, imaginer leurs vies

Deviner sur les traits, la romance ou les plaies endurées Machinalement écris mon nom sur la vitre embuée

Placé au rang d’ces choses, qui s’évaporent en fumée Comme ces yeux que j’croise, qui reflètent haine, amour,

Passion, patience infinie R’garde cet homme, ses paupières incriminent les coups du sort

Le bilan d’une course, qu’il qualifie d’insipide Accident sur son lieu de travail, le voilà invalide

Plus d’job, depuis sa femme a fait la valise La piaule est vendue pour solder les dettes

Et c’est tous les souvenirs joyeux, des mômes qui partent avec La pension, jamais vu, rien qu’des foutaises

Du coup, c’est HLM pourri, rez de chaussée et boule quiès Debout à l’aube, quand dehors, ils secouent les poubelles

Aller rêvez là où les femmes se voilent en Courrège Les trottoirs d’la ville défilent, décrivent des pistes

Où les vies s’déguisent, s’embrassent et puis s’déchirent Une latte sur mon artificiel Eden

Ici viennent se faire mes vers coincés entre ciel et terre 23. EXT/STATION ESSENCE/NUIT Ils s’arrêtent comme prévu à une station essence 24 / 24. Pendant que Stef commence à faire le plein, les deux autres se dirigent à l’intérieur de la petite supérette de la station. (A partir de ce moment-là, montage parallèle entre Stef qui met de l’essence à la pompe Dan et Mo’ qui se ravitaillent dans la supérette).

Page 31: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

24. INT/STATION ESSENCE/NUIT Ils parcourent lentement les rayons éclairés par la pâle lueur des néons. Chacun de son côté erre sans trop savoir quoi acheter, les yeux rougis par le joint, l’air agar. La caisse est tenue par un hindou, petite moustache, impassible. Son nom, Apu, est inscrit sur un petit badge négligemment accroché à son gilet d’un vert assez laid. Dessous, il porte un polo qui fut un jour sans doute coloré et rayé rentré dans un pantalon blanc qui lui remonte jusqu’au nombril. Derrière son comptoir, un petit téléviseur diffuse un obscur film d’action indien dans la plus pure tradition des « nanars ». Mo’ s’arrête devant un frigo, laissant un bon moment la porte en verre ouverte le temps de se décider. Le visage d’Apu se crispe à mesure que la chaîne du froid de son frigo se rompt. Mo’ se décide enfin à prendre un grand Coca, Apu lui lance un regard à la fois soulagé et vindicatif en marmonnant dans son idiome …

23bis. EXT/STATION ESSENCE/NUIT Stef fait le plein en chantonnant (ou rappant) exagérément mal, tout en bougeant à la manière d’un robot avec sa main libre, au rythme de sa dernière composition… Stef termine de mettre de l’essence en mimant l’action de pisser ses dernières gouttes. Il remue le pistolet de la pompe frénétiquement en forçant les traits du soulagement sur son visage, accompagné d’un râle, range le pistolet de la pompe dans son étui en tressautant de joie. 24bis. INT/STATION ESSENCE/NUIT Devant la caisse, en attendant de payer Mo’ est absorbé par une séquence du film indien au kitsch outrageant, du Coca et des friandises posés sur le comptoir. Sur son visage, on ne lit aucune expression, si ce n’est de l’incompréhension totale bouche entr’ouverte. L’arrivée de Dan le sort de sa torpeur.

APU (avec un fort accent hindou et dans un français mal maitrisé) Vlou kllelle plomple ?

Dan et Mo’ ne savent pas quoi répondre. Ils se tournent vers l’extérieur, il n’y a qu’une seule voiture à la pompe, c’est donc forcément la leur.

DAN (se retournant vers Apu en pointant la voiture d’un signe de tête) Beennn…

APU

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(impassible, toujours avec l’accent) Num’lo tloi, … (tapotant sur sa machine) toussa aussi ? (en montrant une grande bouteille de coca et 2 paquets de M&Ms)

DAN Hé attendez M’sieur, Y’a plus de club poulet mayo ?

APU ...‘a pu !

Mo’ et Daniel bloquent un moment sur le badge nominatif « APU » que porte le vendeur. S’engage un ping pong visuel entre le badge le visage du vendeur et les deux amis hébétés...

APU ...Non...‘a pu !

GROS SILENCE. Dan laisse tomber son idée de sandwich, lâche un billet de 20€ et quelques pièces de monnaie sur le comptoir avant de sortir. 23ter. EXT/STATION ESSENCE/NUIT Stef les attend dans la voiture. Les deux autres montent avec leurs provisions, cette fois si Daniel à l’avant et Mo derrière au milieu entre les deux siège avant.

Page 33: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

MO’ (TRES PENSIF) Et Dan...mais pourquoi il nous répétait son nom le mec ?

STEF Quoi?

MO’ (sur le ton de « papa c’est quoi cette bouteille de lait ? ») Hein Dan...mais pourquoi il nous répétait son nom le mec ?

Stef démarre et la virée nocturne reprend son cours.

DAN Mo.. A-P(O)U... c’est AP(O)U son nom, pas APU

25. INT/VOITURE/NUIT - Par le toit ouvrant -

REFRAIN VEUST LYRICIST

De l’essence et on tourne dans la ville Confrontés aux visages de l’autre côté d’la vie

On se plait à rouler à côté de la vie On croise quelques rôdeurs, on s’comprend, on navigue

Le beau temps puis l’orage d’un regard à l’autre, ça va vite L’espoir, la détresse, mais autour on gravite

Des stops, des feux rouges, des clopes, des yeux rouges Nos rêves, nos souffrances, partent par le toit ouvrant

Les trois amis roulent à travers la ville toujours sans se dire un mot. La caméra panote sur le toit ouvrant laissant défiler les lumières de la ville. En hors champ :

MO’ (bien plus tard en off) Ah d’accord… c’était ton sandwich qu’y’ en a pu ??? hein ?

DANIEL (épuisé en off) Pfffou Mo’ t’es lourd

Page 34: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Mo ricane en off. « hi hi hi » 26. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/NUIT Le micro onde de la cuisine nous indique: 23:00 La porte s’ouvre, Daniel rentre de sa virée sans trop faire de bruit et cherche sa femme... ne la trouvant pas :

DANIEL (surpris) Safia ?

Pas de réponse.

DANIEL (à haute voix) Safia !

Il jette un coup d’œil rapide dans toutes les pièces en vain. Il commence à s’inquiéter. Arrivé dans le salon, Dan découvre la table que Safia avait dressée pour leur repas en tête à tête. Il marque un temps, réfléchit et assemble les pièces du puzzle et comprend la « petite » surprise loupée du début de soirée. Il prend le téléphone et compose nerveusement le numéro de Safia... « Répondeur »...

Page 35: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

DANIEL (susurré quand il entend le message du répondeur)

Rhho putain (BIP)

Ouaip Safia c’est moi, j’suis rentré à la maison...rappelle moi steup.

Il raccroche. Aussitôt compose compulsivement le numéro de téléphone de la grande sœur de Safia. Ça sonne un certain moment.

NAYLA (OFF) (somnolante) Mmm… allo ?

DANIEL Nayla ? Ouais c’est Daniel.

NAYLA (OFF) Dan ?! T’as vu l’heure ?

DANIEL ‘Scuse. Dis-moi, euh… A tout hasard… ta sœur s’rait pas chez toi ?

NAYLA (OFF) Safia ? Quelle idée, pourquoi veux tu qu’elle y soit ? Elle est pas chez vous ?

Pendant qu’ils parlent, Daniel remarque une enveloppe posée sur la table contre une bougie laissée allumée. Il commence à l’ouvrir le téléphone coincé entre l’épaule et la joue et abrège la conversation

DANIEL … non mais ça va t’inquiète. Ah ??? (faussement) attend j’crois qu’ c’est elle qui rentre là... Ok, ok j’l’embrasse... allez fais une bise aux enfants. Ciao.

A partir de ce point jusqu’à la fin de la séquence 28, les actions décrites seront montées dans un plan séquence truqué. La caméra exerce un mouvement circulaire panoramique à 360° sur un axe au milieu du salon, avec Daniel qui lit la lettre , puis alternant pendant ce même mouvement

Page 36: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

« temps présent » (Daniel qui lit) et flashbacks (départ de Safia qui abandonne le domicile conjugale )… puis daniel qui in situ lettre en main se remémore ces soirées entre potes pendant que Safia faisait office de « bonne à tout faire » puis enfin des playback des artistes en lieu et place des comédiens ( playback de akhenaton qui remplace Daniel ). Dan raccroche. Il ouvre l’enveloppe et y trouve une lettre (accompagnée d’une échographie qu’il ne voit pas). Et commence à la lire dans sa tête. Le titre « Plein de si » commence. 27. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE / NUIT (FLASHBACK) - Plein de si –

AKHENATON 1er couplet

Tout à coup, c’est comme si le monde s’effondre Un coup si violent que même le plus fort des hommes ne peut s’défendre

Et si Dieu tient les comptes, j’devais être en débit Content des péripéties d’une vie débile

J’vais pas faire comme d’hab, j’vais rester planté là A regarder cette vérité dans les yeux car j’fais partie de ceux qui s’débinent

Au premier ennui quand dans le nid y’a l’feu, je fuis Et si j’peux pas m’effacer, alors j’me déguise

T’as vécu avec cet homme là, lâche parmi les lâches Tirant et tirant sur la corde jusqu’à c’qu’on se fâche J’me croyais en position de force, qu’tu partirais jamais

Comme ce nom et ce visage tatoués sur mon torse Safia fait ses valises. Elle traine le pas dans leur appartement, les larmes aux yeux. Elle récupère quelques photos. Elle passe un coup de téléphone. Sur la table du salon, elle dépose la lettre contre la bougie. Puis, elle quitte l’appartement après un dernier regard teinté à la fois d’amertume, de mélancolie et de détermination. Daniel se replonge dans la lecture de la lettre.

28. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/JOUR (FLASHBACKS) (A partir de là, on voit Daniel déambulant, seul, dans son appartement, en spectateur des scènes qui vont suivre. Dans chaque pièce surgissent, en fonction des situations décrites dans les paroles, des réminiscences et résurgences du passé. Tel des fantômes, Safia, sa bande de potes apparaissent pour illustrer les paroles.) - Plein de si –

…Ces soirées où dans ma piaule, y’avait 20 d’mes potes Buvant et fumant, tu souriais peu importe si dans les placards ils fouillaient

Mangeant tout sans vergogne avec ton p’tit salaire, les courses, c’est toi qui les payais

Page 37: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

J’t’ai remercié passant des nuits à la console Sans personne qui t’console, toi effondrée en larmes dans les draps

J’ai bâti mon p’tit monde et je m’suis mis au centre Et réduit une décennie d’vie commune en cendres comme ça !

Quand on s’est rencontrés, t’étais ma princesse adorée Exaltés par la taille de cet amour, affolés Le temps est passé, déformé les choses

De ma perle de lune, t’es devenue l’21ème de mes SOS

2ème couplet Puis la bonne qui faisait à bouffer, quand j’sortais des clubs

Avec sa place à la piaule comme un meuble J’ai oublié de prendre soin de toi, et t’as hérité d’quoi ?

Des emmerdes d’une vie à deux avec la tristesse du célibat

26bis. INT/APPARTEMENT BANAL DU CENTRE VILLE/NUIT (A partir de là, on retrouve Dan, la lettre froissée dans sa main, dans toutes les pièces de l’appart, tantôt effondré, en larmes ou rageur) On le voit allongé au sol, au milieu de la cuisine, juste éclairée par la lumière du frigo ouvert, il fume une cigarette, le regard vide et hypnotisé par le nuage de fumée. Il jette en boule l’échographie puis la ramasse la défroisse l’instant d’après. Puis on le voit sur son lit, les larmes aux yeux la tête plongée dans l’oreiller de sa femme. Dans la salle de bain fixant les cheveux qui dépassent d’une brosse oubliée par Safia. Le souffle court, les nerfs à vif, il voit son reflet sur le miroir qu’il brise d’un coup de poing. Blessé à la main, du sang coule dans l’évier. Il se fait un bandage grossier avec un morceau de T-shirt qu’il déchire… - Plein de si –

…Que puis-je dire pour ma défense ? Rien de bien intéressant depuis mes avances !

La gentillesse qui logeait dans ton cœur, Hanina, j’en ai abusé Et tous les abrutis s’en sont amusés

Comme quand t’allais remplir le frigo, exténuée après le travail J’t’ai jamais aidée, bordel, j’avais qu’la gueule pour raillave

Et quand l’soir, ton cou dénudé, prisait mes lèvres J’posais mes pieds sur toi comme sur une paillasse

J’ai perdu ma poésie, sur un carré d’asphalte Perdu mon amour comme quand on part et dit « au plaisir »

Et arrivé à c’stade, on s’croise et on parle même plus C’est p’têt trop tard mais tu méritais bien plus En 10 ans j’ai pas dit j’t’aime, j’ai pas su faire

J’t’ai fait payer pour c’que dans mon enfance j’ai souffert, Loin d’égayer les murs du foyer, j’ai tourné le dos quand tu croyais

Qu’on allait discuter, j’ai tracé, comme tout à l’heure La p’tite goutte a fait tout déborder, si c’était pas aujourd’hui

C’aurait été demain c’est fort vrai

Page 38: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

J’t’ai même pas entendue m’annoncer ta promotion à ton job Et qu’t’avais acheté 2 billets pour qu’on s’en aille 3 jours à Rome

Alors t’es partie, maintenant j’suis là assis sur le sommier

A secouer nos souvenirs comme un pommier Et les fruits tombés à terre sont si amers que j’ne peux y goûter

Et que j’suis là à te lire, car j’n’ai pas su t’écouter Daniel se reprend, essaye de contenir sa rage et sèche ses larmes. La lettre en poche, il sort de chez lui d’un pas décidé. 29. INT/FOURGON/NUIT

Daniel conduit vite, la colère et la détermination se lisent dans son regard. Eclairés par les phares de la voiture, les marquages au sol de la route défilent à toute vitesse.

Page 39: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

DANIEL (VOIX OFF) C’est vrai, là quitte à passer pour un con fallait qu’ j’la vois… Elle devait forcément être chez sa mère ??!...quoique … Putain j’croyais même qu’elle avait pu s’tailler avec un enfoiré, qu’ils avaient planifiés tout çà, dans mon dos … (Daniel chasse cette idée d’un revers de tête et s’auto persuade) … Mais bien sûr qu’elle devait être chez sa mère !

30. EXT/MAISON DES BEAUX PARENTS/NUIT Sur le tableau de bord, on peut lire l’heure : 00:30. La voiture de Daniel est garée devant un petit pavillon. Il observe attentivement la fenêtre éclairée de la salle de séjour. Et fume nerveusement une cigarette.

DANIEL (VOIX OFF) Enfin d’vant la baraque d’sa mère, j’étais vraiment dans un sale état : Triste, fatigué…les nerfs à fleur de peau!

Il sort de la voiture, claque la porte, et marche en direction de la porte d’entrée. Il jette sa moitié de clope qui vient s’écraser sur la pelouse humide. Il frappe à la porte (le tout filmé au steadicam, passant du personnage à la maison, s’attardant sur certains détails comme celui de la cigarette). La mère de Safia lui ouvre et le fixe du regard.

DANIEL (peu fier, détournant le regard) Bonsoir Saadia, j’euh…

Sans lui laisser finir, elle lui refermer calmement la porte au nez. Dan reste planté là. Il rebrousse chemin en traînant le pas puis s’arrête. Il se retourne, le visage crispé par la colère, il lève les yeux à l’étage.

DANIEL (hurlant) Safiaaa !... Safiaaaa, c’est moi putain ! T’es là ?...

Dan revient précipitamment vers la porte.

Page 40: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

DANIEL (frappant à la porte) Safia, ouvre j’t’en supplie ! Ouvre c’te putain d’porte ! J’sais qu’t’es là…Safiaaa ! Mais regarde-moi ! Regarde! Qu’est-ce que t’attends d’moi ?! (baisse la tête, résigné) Qu’est-ce tu veux qu’fasse ?

La porte s’ouvre doucement.

SAFIA (froide mais les yeux humides) Arrête Daniel, tout l’monde t’entend.

DANIEL (criant) HÉ ALORS ?!! (plus posément comme assagi) Je… j’avais besoin d’te parler et…

SAFIA Parler ? ah ? C’est maintenant qu’tu veux m’parler !

(On les voit discuter avec véhémence, tristesse, lui énervé, elle plus froide posée et résignée. On alterne parties jouées par les comédiens (dialogues repris du texte de la chanson) et parties plus « clipesques » où on ne perçoit que des bribes d’attitudes des personnages (pour lesquelles on garde les paroles chantées/rappées en fond)) A niveau de la mise en scène pour ce face à face, les apparition d’Amel et Akh devront jouer le contre point des comédiens. Ces derniers évoluant dans un registre assez dramatique, tendu, déterminé; les artistes se substituront par intermittence, jouant leur playback de manière plus douce, ouaté, quasi-angélique. Ainsi, chaque comédien se retrouvera respectivement épaulé par une sorte de double angélique de la personne à qui il est sensé faire face lors de cette dispute. Les comédiens pourront également ne pas rester sur le pas de la porte mais se déplacer sur les marches de l’entrée afin d’amener une certaine diversité. Une diversité qui peut également être accentuée par l’intervention d’éléments extérieur à la scène, comme des plans sur un voisin dérangé par la dispute et qui les interrompt l’espace d’un instant en criant depuis sa fenêtre ( « c’est pas bientôt fini c’bordel…j’appelle les flics moi hein ?!! » )… - Essaie de comprendre –

SAFIA

Page 41: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

« Çà fait 10 ans Daniel, 10 ans de ma vie j’suis fatiguée d’attendre »

AMEL BENT

Chaque soir ce qui chez toi allait me surprendre J’n’ai manqué de rien, mais si tu m’voyais tu saurais

Non, on n’garde pas la flamme, dans une prison dorée

SAFIA « Dan... Comment te dire les choses sans te blesser »

Les petits gestes tendres se sont effacés

Pour faire place à la peine, désireuse parfois de mourir Oh mon Dieu, laissez moi voir son sourire

Essaies de comprendre (X4)

REFRAIN

SAFIA (répété, sur différents tons) « Essaies de comprendre »

Essaie de comprendre…

Comprendre quoi ? Que la porte est fermée, j’peux pas m’y résoudre Essaie de comprendre…

Dis-le-moi si notre serment devant Dieu va s’dissoudre Essaie de comprendre…

Comprendre quoi ? Que j’dois faire un demi-tour et revenir sur mes pas ? Essaie de comprendre…

Attends, attends, pose toi deux minutes, écoute moi !

AKHENATON 2ème couplet

Un trip dans les bas fonds, voilà c’que j’sens la corde à mon cou Not’ relation pendue au plafond

DANIEL « Hé attend,...J’en veux pas des… « On prend du recul, on s’donne du temps pour réfléchir.... On fait l’point et tant d’main on r’prend... » Putain c’est des conneries tout çà Safia »

J’aime les choses claires, d’emblée j’dis c’que je pense

Page 42: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

On doit tirer un trait sur le passé, Si l’but c’est d’avancer, oublie mes offenses

Oublie c’manque de respect, j’t’en prie, on doit recommencer Sur des bases nouvelles, j’comblerai les manques

Les marches ne verrai plus, je retrousserai les manches Debout à l’aube, une rose à la main

Posée sur la fine porcelaine éclatante à côté du café

Tu m’dirais tes rêves, sous les alizés Enfin j’me mettrai en 4 pour les réaliser

Étreins-moi, car je m’éteins dans les silences de l’attente Et ton impassible visage me fait trop baliser

AMEL BENT

3ème couplet Je t’en prie n’mets pas ta vie dans la balance

Tu m’as donné l’absence, j’attendais une alliance J’ai vu mes amies, les passer à leur doigt une à une

SAFIA «Et moi Daniel, J’suis resté en rade... j’ai abandonné mes études... j’ai vécu qu’ au travers d’tes caprices et des choix d’ta p’tite personne sans un égard pour moi »

Même si au fil des jours, on se hait, on s’embrasse et on s’aime

La vie est dure : on a des tempêtes que l’on sème Essaies de comprendre (X4)

REFRAIN

SAFIA (répété, sur différents tons) « Essaies de comprendre »

Essaie de comprendre…

Comprendre quoi ? Que la porte est fermée, j’peux pas m’y résoudre Essaie de comprendre…

Dis-le-moi si notre serment devant Dieu va s’dissoudre Essaie de comprendre…

Comprendre quoi ? Que j’dois faire un demi-tour et revenir sur mes pas ? Essaie de comprendre…

Attends, attends, pose toi deux minutes, écoute moi !

Safia, les larmes aux yeux, referme tout doucement la porte laissant une nouvelle fois Daniel seul au-dehors.

Page 43: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Noir.

DANIEL (VOIX OFF) C’était sur un pan d’ma vie que cette porte se refermait à double tour…et j’avais pas la clef (Ou) C’était sur un pan d’ma vie qu’elle refermait c’tte porte à double tour…et j’avais pas la clef …

31. EXT FOURGON/VUE SUR LA VILLE/NUIT Sur les hauteurs de la ville, on retrouve Daniel avachit dans l’habitacle de son fourgon, une flasque de rhum agricole à la main.

DANIEL (VOIX OFF) …Il pleuvait sur la ville. J’avais plus goût à rien.... La gorge nouée (IL BOIT UNE RASADE DE RHUM). Le cœur au fond des tripes. J’avais plus qu’une envie… disparaitre…

(La radio, grésillante, crachote d’insipides hits.)

ANIMATEUR RADIO (OFF -DANS L’EMPHASE) Oh la la la la la du lourd du lourd Rien qu’du bon, Que du hit pour vous ce soir ! 02:00 du mat’ tout rond, on enchaine : Keïshiya « Pour te garder » (etc... etc...)

(Daniel coupe le poste.) A travers le pare-brise, on voit les lumières scintillantes de la ville, sous une pluie battante. Dan ouvre la fenêtre pour sentir la pluie sur sa main et se rafraîchir le visage. Daniel, soul, dépité se laisse aller à une introspection. Il lutte constamment contre ses démons intérieurs qui parasitent ses pensées, (ces dernières, illustrées par les artistes eux-mêmes qui apparaissent à l’image de temps à autre aux côtés de Daniel à la manière des « revenants » dans la série « Six feet under »). On retrouve ainsi, pendant cette réflexion intérieure, les présences fantomatique d’Akhenaton, Faf la Rage / Nassim mais aussi de sa femme Safia / Amel Bent au chant), son patron, les amies de sa femme... Au

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niveau sonore, nous oscilleront entre la voix off du personnage et les playbacks des artistes. - MA CONSCIENCE –

AKH Certains disent, ces secondes Ouvrent sur un nouveau jour

C’est un’ rose qui se fane Une page qui se tourne

Mais mon cœur lui dit si fort « Ce n’est pas la vérité »

Dans un dernier effort, je dois le Laisser crier

De la brum(e), dans les yeux J’ai du mal à respirer

Pourtant je demandais peu Qu’elle daigne m’écouter

La colère sur son visage M’a poussé du haut des nues

J’ai perdu là, son image Comme si je n’l’avais pas connu

Ce sont mes songes qui s’effondrent Et m’entrainent dans leur chute

La terre, se dérobe, et M’ensev(e)lit un peu plus Je regarde à, l’extérieur

Je vois les gens, les sourires Qu’ils paient tous pour leurs erreurs

Que Dieu les fassent tous mourir *

(Safia apparaît à ses côtés sur le siège avant, elle lui parle en même temps que son double chant Amel Bent qui apparaît dans la nuit noire à l’extérieur du véhicule comme sous un coup de projecteur.)

* Amel Bent/Safia

Tu disais : « qu’il vente ou pleuve Tu es ma raison de vivre

On pass(e)ra tous les écueils Et ce… quoiqu’il arrive »

* (Daniel a un sursaut mêlé d’effroi et de colère. Il commence à sentir trop ivre. Il sort en titubant de la voiture pour prendre l’air, il manque de vomir.)

* Mais à la première épreuve Je ne sais pourquoi, si vite

Page 45: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Tu m’as planté là, tout seul Tu n’es vraiment qu’une hypocrite

Et là ton, batard de frère *

( Dans son dos, une silhouette s’approche de la voiture, on reconnait Nassim… Il s’adresse à Daniel.)

* Faf la rage/Nassim

« Dany, tu n’es pas pour Safia Prends-moi, toutes ces affaires Vas-t-en, fous le camp de là »

* (On revient sur Daniel, qui dans un élan de rage, lui jette sa fiole de rhum. Celle-ci vient s’écraser sur un mur vide, la silhouette ayant disparu. Daniel se sent perdu, il a l’impression de perdre la tête. )

* Qu’il se fixe dans un miroir

Prenne le temps de méditer Le peu d’estime qu’il me reste pour toi

M’empêche de le buter Mon abruti, de patron

Qui n’cesse de m’rabaisser Plein de blagues sur mon compte

Devrait aussi penser *

(Son patron apparaît devant les phares de la voiture, Daniel ramasse un carton/ colis par terre, lui écrase de la main gauche sur le visage pendant que de la droite, un canon scié en main, il lui fait sauter la tête. Du sang et de la matière cérébrale l’aspergent quand même lorsqu’il tire en fermant les yeux et tournant la tête. Vue en large de la voiture avec l’ éclair lumineux du coup de feu qui déchire l’obscurité de la nuit « «BANG »)

* Qu’un d’ces jours, je viendrai

J’aurais scié le canon Balancer tous ces paquets

Avant de m’faire un gros carton Des jalouses : tes amies

* (Daniel paniqué revient à lui, il n’a pas de sang ni de patron mort a ses côtés. Il regarde à l’intérieur de la voiture et voit à l’avant de la voiture une copine de sa femme en larme en pleine crise de jalousie avec son boyfriend qui l’a trompé)

Page 46: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

* Pleines de conseils, bidons

Des principes sur la vie Et d’embrouilles à la con

Regarde-les, là où elles sont Désolé, de le dire

Cocues, en dépression Elles ont foiré leurs vies

Si tu savais, ô ma douce Combien je hais le monde Peu importe qu’il réchauffe

* (Daniel, à nouveau réfugié dans la voiture, regarde dans le ciel au dessus de la ville. Dans le reflet du pare-brise, on voit une énorme boule de feu déchirer l’atmosphère et fondre sur la Ville ravageant tout sur son passage.)

* Ou qu’il crève sous les bombes

A l’heure de l’Armageddon Je serais, le scorpion

Celui qui part en dernier Pour danser sur leurs tombes

A quoi sert, d’exister ? *

(Haletant Il revient à la réalité.) *

Devoir souffrir autant De porter, ce fardeau

Ne plus regarder devant Les horreurs que je promets N’ont aucune importance La dernière chose que j’ai

C’est encore ma conscience Le téléphone sonne. Daniel se précipite dessus, plein d’espoir... Le nom qui s’affiche sur l’écran du portable est celui de Stef. Déçu, il balance sa tête en arrière, pousse un long soupir et décroche. C’est un appel « Visiophone », Stef apparaît à l’écran.

STEF (survolté) Wou hou ! , hey mon pote devine on est où hein ??! Haha !

(A partir de ce moment-là, montage parallèle entre Dan dans sa voiture et Stef et Mo’ dans le Strip-bar)

Page 47: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

32. INT STRIP-BAR NUIT Stef est avec Mo’ dans un lieu festif, la musique bombarde ses décibels. Ils sont tout deux assis devant un comptoir, un verre d’alcool à la main. Mo roule des yeux.

STEF (se filmant avec son téléphone) Ecoutes, écoutes, écoutes ! C’est la folie ici mec !

DANIEL (OFF) (petite voix, au téléphone) Oh putain Stef…

Stef rapproche sa tête des fesses d’une stripteaseuse dansant sur le comptoir tout en tenant le téléphone vers lui.

STEF Mate ça putain mais mate çà ! Allez rejoins nous mon pote ! On est au « Fantasia » !

31bis. EXT FOURGON/VUE SUR LA VILLE NUIT Dan esquisse un timide sourire.

DANIEL Nan, franchement les gars… c’soir j’suis pas d’humeur pour vos conneries.

STEF (hurlant pour couvrir le bruit dans l’écran, au téléphone) Vas-y ! Qu’est-ce tu fais t’y a attrapé la ménopause ou quoi !?

32bis. INT STRIP-BAR NUIT Stef, sentant que quelque chose ne va pas, essayant de reprendre un ton plus sérieux.

MO C’est quoi l’souci ? C’est Safia ? Putain mais elle dort pas encore à c’t’ heure là !?

DANIEL (OFF) (triste)

Page 48: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Ouais c’est Safia… c’est très chaud... mais c’est pas c’que tu crois … c’te fois c’est sér…

Stef est bousculé par Mo que la stripteaseuse rend littéralement fou.

MO’ (à STEF, criant) Naan mais re-gar-de moi c’ boule de fou ! c’est un truc de malade !

STEF (revenant à Dan, cherchant ses mots) Euh… ouais… ben raison d’plus !

MO’ (à STEF, insistant en le secouant) Hein c’est un truc de malade ! Hein ?

STEF (en aparté à MO’ en se dégageant) Rhhoo Mo’ c’est toi t’es malade ouais… t’es lourd (puis revenant à Dan) Rapplique toi on va s’mettre une groooosssse mine, t’inquiète demain matin t’y r’penseras plus. Allez arrive !

Stef raccroche. 31ter. EXT FOURGON/VUE SUR LA VILLE NUIT Dan regarde la ville, se redresse, appui son front contre le volant... pousse un soupir et met le contact. 33. EXT/STRIP-BAR/NUIT 02:30 A l’entrée d’un club de stripteaseuse, une enseigne lumineuse trône au dessus d’un videur patibulaire qui contrôle les entrées. Daniel se réajuste un peu et prend soin d’enlever le bandage ensanglanté qui recouvre sa main. A l’entrée on remarque une note d’avertissement rappelant aux clients de bien se tenir sous peine d’expulsion. « Ici, on ne touche qu’avec les yeux ». 34. INT/STRIP-BAR/NUIT

Page 49: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Daniel rentre dans le club et passe à travers une foule de clients qui boivent fument et s’amusent entre eux. Quelques clientes lancent un regard éphémère et dédaigneux vers Daniel qui se dirige vers le comptoir du bar. Les lumières colorées des spots balayent les lieux tandis que la musique bat son plein, un morceau de rap qui accompagne les danses sensuelles et frénétiques des stripteaseuses. Il regarde autour de lui et cherche en vain ses deux amis, dépité, il décide de s’asseoir et commande un verre au Barman, un petit trentenaire crâne rasé chemisette hawaïenne, épaulé par un serveur plutôt grand habile et très speed. (Pour l’entrée de Daniel et sa découverte du lieu, nous alternons entre une caméra embarquée fixée sur lui (caméra légère) et sa vue subjective, troublée, hoqueteuse et instable comme sous l’effet de l’alcool (en post-prod). - Gogo –

AKHENATON Ils sont pas là, alors j’m’assieds au bar

DANIEL (Doublant le geste à la parole) Oh chef, un gin tonic.

D’vant moi dansent 2 filles supersoniques

Photo discrète, hop, dans la puce électronique Allez chef remets ça avec des glaçons

Que j’rentre dans la vibe, comme elles dans l’son Autour j’vois des jeunes, des vieux, des couples Sur la piste, une métisse à la découpe s’agite

Bouge et s’découvre, j’pète un fusible Et j’fais l’deuil d’mon amour en style abusif

Une heure et j’poireaute encore au comptoir, verre plein Et pensées confuses, perplexe

J’crois qu’ils viennent pas donc j’improvise Reluque les michtos, elles bougent avec trop d’vice

Chef, fais danser l’Paddy, ce soir j’ai soif J’espère qu’t’as rempli l’caddy

Le serveur acquiesce et prépare la boisson, Daniel quant à lui regarde les danseuses se déhancher sur la piste. Il contrôle de moins à moins ses émotions et son regard « vrille » en proie à de noires pulsions. Les visions glauques de ce qui se passe dans la boite deviennent de plus en plus oppressantes : des hommes aux regards lubriques salivent devant le show des filles, les billets pleuvent, les verres se remplissent d’alcools, et la lumière stroboscopique devient de plus agressive. C’est alors qu’une sublime danseuse noire vient danser sur le comptoir du bar, elle s’approche de Daniel qui se laisse enivrer devant le déhanchement lascif de la créature. Il boit verre sur verre que le barman remplis de façon de plus en plus mécanique. Maladroitement il

Page 50: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

prend une photo à l’aide de son téléphone portable. Un videur remarque ce geste prohibé et vient avertir Daniel en lui chuchotant une remarque à l’oreille (il efface la photo de son téléphone). Daniel ne sourcil pas, déjà attaqué par l’ivresse il continue d’admirer la danseuse et tente de lui parler à chacun de ses passage. Son regard s’assombrit, jusqu’au moment où, perdant son sang froid, il lui jette son verre au visage.

Tout à coup : l’silence, elle entre comme une panthère

Avec une sirène stridente Tombe le verre cul sec me voilà pris d’dans

J’sens l’diable pointer avec son trident Eh beauté, pourquoi tu fais c’taf ? Tu t’balances d’vant ces pervers

Qui fantasment chez eux, devant tes kilos d’chair ferme Alors que p’têt ton homme t’attend

Et qu’il s’ronge les sangs, un pied à l’hôpital De peur qu’chaque soir tu partes accrochée au cou d’un minable

Tu m’tournes la tête dans mon verre et dans la salle Il fait 40, fais couler cette bouteille pour la fête

Un molosse de la sécu vient m’calmer J’entends plus rien, j’vois qu’tes jambes galbées

Oh panthère, pourquoi même pas un regard Je m’tue à t’expliquer que j’suis différent d’ces tocards

A bien des égards, j’suis pas un mec à écart Allez s’te plait, j’t’attends d’vant la porte à et quart

Envoie l’sky patron, j’me sens danser Et trinquer on the rocks à la santé d’ma fiancée

Oh panthère, j’te cause, réponds moi bordel J’sais qu’tu m’entends, même si tes paupières sont closes

T’es comme les autres, pas besoin qu’on s’connaisse Freluques différentes ouais t’es comme mon ex

Une salope déguisée en fille valable Et toi un’ salope fringuée avec sa panoplie d’gala A cause d’un’ pute comme toi, j’me retrouve seul

Tu m’feras plus jamais mal, et tiens prends ça dans ta gueule

DANIEL (saoul) Et tiens...Salope !

Deux videurs viennent l’agripper par le col.

DANIEL (furieux se débattant) Touche moi pas toi ! Lève les mains de là.

Page 51: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

Les videurs ne bronchent pas et lui assènent quelques coups dans les côtes et lui balancent un franc coup de tête dans la bouche, avant de le jeter par la porte de derrière. Daniel beugle la bouche éclatée. 35. EXT/RUELLE/NUIT 04:00 Daniel allongé sur un sol de pavés humides, sale et blessé essaye de se relever accroupi, agenouillé le dos voûté face contre terre.

DANIEL Bâtards... bande de bâtards

Un moment d’absence, au cours duquel il semble avoir du mal à reprendre connaissance. Un maelström de son et d’akufen envahissent ses pensées. Sa tête ne veut pas se décoller du sol, un filet de bave et de glaires s’écoulent de sa bouche, et du sang s’écoule de ses narines, il est pris de soubresauts de sanglots et semble « couiner » comme Harvey Keitel dans « Bad Lieutnant ». Daniel se relève difficilement et commence à errer en titubant dans les rues. 36. EXT/RUES/NUIT Il croise des gens qu’il semble dégoûter ou inquiéter. Il les regarde suspicieusement comme si dans chaque couple, il voyait Safia dans les bras d’un autre homme (2 couples et une fille seule qui de loin pourraient ressembler à Safia). Il vomit au coin d’une rue. Puis profitant d’un tuyau d’arrosage de cantonnier, il s’asperge le visage. De l’eau coule le long de ses cheveux. Il titube, se tient aux murs, s’appui contre les voitures en stationnement. Il erre aigris et déboussolé. - La rue –

1er couplet La nuit s’offre à mes yeux à l’heure où les rues sont pas sûres

J’marche, titube / un kleenex panse mes blessures J’m’arrête au coin pour vomir, perd l’équilibre

Me relève avec difficulté avec l’aide des deux mecs qui livrent A chaque pas, la rage inonde mon cœur

Ceux qui m’croisent ont peur, j’peux les comprendre Un faciès de sang et d’sueur, ivre comme une barrique

C’est moi Dany / l’imbécile qu’sa moitié a trahi J’te parie qu’en c’moment elle dort avec un gonze

Si j’avais un peu d’cran / j’irai / avec un chrome Une femme prépare sa sortie avant

Elle quitte le foyer rassurée par un amant J’ai pas foiré en fin de compte, j’suis sûr qu’c’est elle qui m’a trompé

Attend, bientôt, la vérité va tomber Elle a dû s’faire embrouiller tant d’fois dans mon dos

Pour ça j’buterais sa mère, ses copines et son mec dans l’lot

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REFRAIN Du sang dans la bouche, du vomi sur les pompes

Je zig et zag, cogite et fait les comptes C’est si, c’est ça, c’est lui ou elle au fond

C’est la même chanson, le même mensonge - BIS -

2ème couplet

Maint(e)nant mes joues recueillent mes larmes et je ressens le vide Amour et haine démesurés j’souhaite à personne de le vivre

Autour tout bouge, et à 2 doigts d’s’effondrer Maint(e)nant mes joues recueillent mes larmes et je ressens le vide

Amour et haine démesurés j’souhaite à personne de le vivre, debout et emmuré

J’me fais le film où je les tue, non j’peux plus rien endurer Elles jouent les saintes, femmes au foyer modèles Partent au taf le matin, comme on part au bordel

Draguent un mec de la boite, tiens prend le portable Toi tu trimes et elle prend son panard au 1er rencard

Y en a pas une pour sauver l’autre Elles tiennent une armée d’excuses / enrobées d’un esprit trop véloce

Autour d’moi tout tourne, j’suis à deux doigts de tomber L’espoir a succombé

Pendant 2 heures la colère a su m’combler Safia mon amour, comment t’as pu m’tromper

Sais-tu au moins, tout le mal que tu m’as fait

REFRAIN Il arrive alors devant un café, s’arrête sur les baies vitrées de la devanture pour reprendre son souffle.

DANIEL (VOIX OFF) Alors j’me suis r’trouvé d’vant ce p’tit café, y’ avait une dizaine de clients et au milieu... c’te fille… Alors j‘ suis rentré et j’ me suis assis à sa table… qu’elle le veuille ou non !

37. EXT/CAFE/NUIT Il regarde à l’intérieur, l’air hagard, et ses yeux se portent sur une jeune femme assise seule, rayonnante au milieu de tous les vieux clients habitués du matin : cantonniers, retraités et autres marginaux noctambules. Dans ce décor qui respire la fatigue, Daniel se décide à rentrer et se concentre sur sa marche, évite de se faire remarquer. Il bouscule tout de même une ou deux chaises tandis qu’il se dirige vers la femme, le visage tuméfié.

Page 53: SCENARIO "CONTE DE LA FRUSTRATION"

38. INT/CAFE/NUIT - Au café –

AKHENATON J’ai pris une bonne chaise et m’suis assis en face d’elle Un’ serviette, essuie la gerbe sur mes baskets blanches,

(Daniel attend son verre, le garçon hésite à le servir)

DANIEL (agressif) Eh garçon ?, Ohw...Garçon, sa fait deux heures qu’j’attends là

Un caïperina pour un bibi, un aut’ pour Mamzel

DANIEL (éthylique) Eh ! Attend, J’veux juste boire un coup avec toi T’as vu, on tchatche 10 minutes et j’bouge ok ?

LA FILLE (correcte et compréhensive) « Si j’étais toi j’irais boire ailleurs, mon mec est juste allé aux toilettes et franchement, il est pas du genre commode »

DANIEL (lourd) « Ben écoute çà tombe bien, tu vois, d’puis c’tte nuit J’suis plus jaloux, allez vas y lâche moi un sourire quoi !!? »

Arrête de me mater ici comme si j’allais mourir

J’ai voulu faire un smack mais j’ai accroché le verre Il s’est renversé sur la robe et sur son sac, putain d’merde

Au moment où Daniel s’approche pour tenter de lui voler un baiser, il renverse un verre sur sa robe. Elle pousse un cri, et Daniel se fait arrêter net par le « petit » ami, un homme à la carrure d’un boxeur.

A c’moment précis, son mec est sorti 2m/2 le gadjo m’a paru bien sportif

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PETIT AMI (sec) OH clochard ! Qu’est c’que tu fais ? tu t’crois où là, vas’y lâches ma femme ?

J’me suis écrasé, retombé sur la chaise

Et me suis dit mon p’tit Dany, ce soir t’es de la baise Ils sont sortis du troquet bras d’sus, bras d’sous

Et moi aussi 20 secondes après en laissant 4 sous En répétant dans ma tête, franco, c’est pas possible

S’il t’reste une figure, va rosser cet imbécile Le couple sort du café. Daniel serre les dents, son regard est haineux et il décide de les suivre après avoir lâché quelques pièces sur la table, déterminé et vengeur. 39. EXT/RUE et CHANTIER/AUBE 05:30 - Au café –

DANIEL (VOIX OFF) Alors de loin, j’ les ai suivis sur 1OO mètres

Il traîne le pas, éreinté par la nuit redoutable qu’il vient de passer.

DANIEL (VOIX OFF) Y’avait un p’tit chantier, j’ai chopé une barre de fer

AKH

Et j’ai cavalé tempête, ils étaient plus lents J’ai déboulé par derrière, la pouf s’est retournée en hurlant

En passant à côté d’un chantier, il ramasse une barre de fer qu’il empoigne solidement de sa main meurtrie. Daniel se précipite sur le couple mais la fille se retourne au moment où il lève la barre à mine sur eux. Le colosse lui envoi un crochet qui projette Daniel à terre.

AKH

J’ai voulu frapper l’type, il m’a évité Et direct dans ma tête, un bon crochet

J’suis tombé sur le cul, groggy, j’savais plus où j’étais

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Écumant et en bien piteux état, il se relève et bouscule le garçon qui trébuche sur le trottoir, bascule sur la chaussée et se fait violemment percuter par un fourgon.

AKH Debout sur le trottoir il m’insultait

Je m’suis levé difficilement, avec mes deux lèvres en sang Et par surprise, je l’ai poussé violemment

Il est parti en arrière, entre deux voitures a basculé Au moment même où un fourgon déboulait

Le corps atterri quelques mètres plus loin et reste sans vie. A partir de ce moment, tout est confus, le temps se dilate. Tout semble irréel, onirique et au ralentit. La jeune femme est affolée et court vers le corps de son copain en bousculant Daniel.

JEUNE FEMME (en pleure, hystérique, confuse) Nooooon ! Noooon ! Au s’cour... quelqu’un...aidez moi

Le chauffeur abasourdit descend du fourgon au ralentit. Daniel lui, vacille, perdant prise avec la réalité. Dans ce même mouvement de flottement très elliptique, on voit les lumières des gyrophares balayer son visage.

DANIEL (VOIX OFF) Daniel ? Hé Daniel ? Ohw ? Qu’est ce qui t’arrive là... ? J’ai pas voulu tout ça… on s’ dit toujours qu’on est à l’abri, qu’ça n’arrive qu’aux autres …

Daniel se laisse tomber sur une chaise qui est apparu soudainement en plein milieu de cette rue. Sur les séquences qui suivent et ce jusqu’à la séquence 42 incluse, la caméra tourne autour de notre personnage assis : au milieu de la rue où a eut lieu l’accident, puis passant dans la salle d’interrogatoire au centre commercial à la salle d’interrogatoire à une plage et enfin à sa cellule. Les lieux se mêlent, mais les actions de Daniel marquent une certaine continuité et se raccordent parfaitement par des effets volets (confère l’action de boire son verre ci-après dans les séquences 40 et 41). En effet, nous nous servirons des personnages en face de lui ( inspecteur de police, safia… )pour effectuer les transitions entre chaque lieu. De plus, toujours en alternance et dans le même mouvement de caméra, Akh prendra la place du comédien pour laisser

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place au playback du morceau, il représente une dernière fois son double fantomatique à l’instar de la séquence 30.

40. INT/SALLE INTERROGATOIRE/JOUR - Un plan simple – Le décor en arrière plan change, nous passons de l’extérieur accident à une salle d’interrogatoire dans un commissariat en ayant toujours Daniel en premier plan dans la même valeur.

DANIEL (VOIX OFF) … et là en un clin d’œil tout bascule... Putain j’ai tué quelqu’un… Comme çà, Pour rien ... Pourquoi moi ? sa aurait pu être si simple….

REFRAIN

J’avais pas prévu ça, j’voulais faire comme d’hab C’est l’usage, tracer ma route

Sous des cieux sans nuages, un plan simple Mais j’n’ai plus d’jardin, rien que du sable

AKHENATON

Merde au con qui a dit « l’alcool noie les problèmes » Me voilà maintenant entre 4 murs, faites que Dieu me protège

J’ai jamais pensé menottes et empreintes, non J’avais ma destinée tracée d’un plan simple

J’suis discret depuis la crèche, j’voulais une tire modeste Et croiser le samedi avec du bon son

41. INT/CENTRE COMMERCIAL/JOUR De la salle d’interrogatoire, même principe que pour la séquence précédente, le décor en arrière plan change pour nous faire retrouver Daniel et Safia à la terrasse d’un café dans une galerie commerciale, ils prennent un verre avec leur enfant de 2/ 3 ans. - Un plan simple –

Toi assise à mes côtés, dans ces centres où on consomme On s’ferait gentiment un sorbet à la fraise

Des p’tits bijoux fantaisie empaquetés, avec un collier d’perles Sans valeur, on s’en tape, on est pas gavés d’fraiche

J’voulais pas un palace, juste un peu plus grand qu’l’appart Rien d’comparable à ce ranch à Dallas

Une terrasse avec deux chaises en bois rouge Et là, j’boirais mon thé relax, en short et Havaianas

Les yeux dans l’ciel d’Août, et le cœur loin des épreuves Je sais pertinemment combien la vie est précieuse

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REFRAIN

J’avais pas prévu ça, j’voulais faire comme d’hab C’est l’usage, tracer ma route

Sous des cieux sans nuages, un plan simple Mais j’n’ai plus d’jardin, rien que du sable

Daniel porte son verre à la bouche (le décor s’efface derrière lui pour nous ramener à la salle du commissariat) et quand il le repose...

40B. INT/SALLE INTERROGATOIRE/JOUR Daniel donne des explications aux policiers et raconte. Daniel médite sur son sort. Il boit un verre d'eau (mouvement racc. de la seq. 41). - Un plan simple –

J’voulais voir ton ventre prendre sa forme, mois après mois Et regarder notre amour prendre des force

J’en aurais bien voulu 2 ou 3, tendresse dans la récolte Au petit matin, on aurait déjeuné avant d’partir à l’école

De là ils ramèneraient des soleils faits sur papier Canson J’autoriserais quelques mensonges sûrement

J’voulais m’asseoir près de la fenêtre quand le ciel s’couvre Un verre de Nah Nah dans la main et un livre d’Amine Maalouf

Sentir l’odeur de la terre soulevée par les gouttes, Faire la valise, partir aux antipodes avec nos économies

Bien sûr garder sous le coude, 2 ou 3 sous pour offrir De quoi s’fringuer à la mode : de belles sapes, à nos filles ou nos fils

J’voulais gratter un stock de rimes sur mon cahier Qu’un max de gens l’entendent et que j’puisse grailler

Pas beaucoup, l’minimum, de quoi pas calculer Les jaloux qui rigolent et les tas de factures accumulées

J’voulais après le taf m’asseoir sur le sofa Et t’prendre dans les bras, bref, faire c’que les maris font à leur femme

Je me serais satisfait d’une vie moyenne Mais j’ai foiré, et je pars pour un séjour à Cayenne

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42. EXT/JOUR/PLAGE On retrouve le couple en famille sur la plage en silhouette contre jour, le soleil décline à l'horizon et va disparaître dans la mer, le ciel est pourpre orangé. - Un plan simple –

J’avais pas prévu ça, j’voulais faire comme d’hab C’est l’usage, tracer ma route

Sous des cieux sans nuages, un plan simple Mais j’n’ai plus d’jardin, rien que du sable

43. INT/CELLULE/JOUR 06:00 On retrouve Daniel dans une étroite cellule défraîchie, un rayon de lumière provenant d’une petite fenêtre éclaire faiblement la pièce. Il est recroquevillé et perdu dans ses pensées. (Akhenaton peut être dans un coin de la pièce, tapi dans l’ombre et rapper le dernier morceau). - Thème de fin – Transition avec la lumière de la fenêtre qui vient directement éclairer le visage et le regard de Daniel, il regarde profondément la caméra comme s’il voulait sonder le fond de nos âme et détourne la tête lentement vers le mur. Le rayon de lumière se dissipe peu à peu. La nuit tombe sur Daniel allongé sur la banquette de sa cellule. Fondu au noir. Fin