Le scrutin du 7 juin a mis en relief des enseignements qui constituent des tendances lourdes de l’opinion et donc probablement durables.

Le 1er enseignement : la participation

L’opinion a appliqué la règle «parce que vous le valez bien». La campagne a été inexistante. Les projets n’ont pas été communiqués ou très peu. Il n’y a eu aucun spectacle. L’opinion a donc délibérément boudé ce scrutin portant l’abstention à un niveau record. L’importance de ce «sleeping giant» altère significativement tous les enseignements qui peuvent être tirés de ce résultat.

Le 2ème enseignement : les critères de mobilisation pour

un scrutin national Un scrutin a besoin d’héros crédibles. La campagne devient un combat

avec des rebondissements et une issue qui peut changer le quotidien. Sans combat digne de ce nom, sans rebondissement, sans issue lisible, la campagne ne naît pas. La campagne Européenne n’a jamais eu un moindre évènement qui puisse être son «faire part de naissance». Elle s’est déroulée dans l’indifférence la plus totale depuis son lancement jusqu’à sa conclusion. La campagne est née avec sa fin c'est-à-dire ses résultats définitifs.

Le 3ème enseignement : la vie d’une campagne électorale

Pour qu’une campagne vive, elle doit apporter du rêve. Le rêve emporte tout y compris la raison. Le rêve a été absent tout au long de cette campagne. Il est d’ailleurs significatif de constater que le seul moment d’enthousiasme collectif fut pour

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Les principaux enseignements

Exprimeo vos idées ... votre communication est en marche !

Nu

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Le scrutin du 7 juin 2009

Un scrutin riche d’enseignements

un évènement extérieur au scrutin Européen : la venue de Barack Obama pour l’anniversaire du 6 juin 1944. Son parcours porte du rêve. Ses interventions reposent sur du rêve collectif. Ce contraste montre que l’opinion sait réagir au rêve. Elle l’attend. Il n’y a donc pas de fatalité à la morosité ambiante globale. Le 4ème enseignement : l’hiver

des partis politiques Seule compte désormais la voix de chaque chef de parti. Le parti politique n’est plus le socle idéologique d’une démarche mais il est de facto le club de supporters du leader du moment. Adhérer à un parti politique, c’est rejoindre le club de fans du responsable de ce parti. Après la présidentielle 2007, ce scrutin a démontré que chaque parti ne peut vivre par lui-même. Par conséquent, les partis politiques sont devenus les structures juridiques et de logistique des combats de leurs leaders.

Le 5ème enseignement : la recherche permanente du

gagnant Le scrutin Européen a été très impacté par le fait qu’il mettait en présence soit des «has been» soit

des «loosers» à l’exception de Vincent Peillon qui fut d’ailleurs le seul à réveiller «sa géographie» parce que sa personnalité et ses ambitions rompaient avec la banalité. L’opinion pose maintenant deux conditions préalables pour se mobiliser : que le candidat soit connu et qu’il soit en situation de gagner. S’il est inconnu et si sa con t r i bu t i on es t de pu r témoignage, il se marginalisera rapidement. Dans ce contexte, la campagne n’est pas parvenue à reposer sur des éléments personnalisés. L’enjeu de « la victoire » s’est déplacé sur la place nationale de premier parti.

Ce constat fait vivre le 6ème enseignement : la consécration

des « citoyens consommateurs »

Le citoyen vote pour lui et pas principalement pour un candidat. Si le candidat n’apporte pas assez

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Editeur : Newday Directeur de publication : Denis BONZY SIREN : 479 561 243 Adresse : 127 rue Amelot 75 011 Paris

de précisions permettant au citoyen de penser que sa situation personnelle peut évoluer, le c i t o y e n s ’ i n s t a l l e d a n s l’indifférence. Dans ce cadre, qui vise à concilier le rêve et le quotidien immédiat, la vie publique Française est à la recherche de sa nouvelle génération de leaders. Elle a tourné la page des littéraires pour les technos au cours des années 70. Puis elle a tourné la page des technos pour les pragmatiques de proximité dans les années 90. Elle a la recherche d’un nouvel équilibre entre la passion et le réalisme, entre l’air des cimes et l’odeur du trottoir. Bien au-delà de l’absence de vie qui a caractérisé le scrutin de juin 2009, la désaffection naît aussi plus structurellement de cet espace inoccupé, de cette demande qui ne rencontre aucune offre. Là aussi, la comparaison avec la vie politique Américaine est instructive. Le résultat 2008 est né en 2006. Lors de ces élections du mid term, la nouvelle génération démocrate est née.

Barack Obama allait être la figure emblématique de cette nouvelle génération. Sur le fond, cette génération a effectué sa révolution conceptuelle en refusant que l’offre démocrate demeure éloignée de vagues durables structurantes de l’opinion Américaine en matière de rigueur de gestion, de puissance militaire, voire même de religion … Cette génération n’entrait plus dans les frontières classiques d’opposition entre les Républicains e t l e s D é m o c r a t e s . I l s revendiquaient la rigueur de gestion. Ils se présentaient comme animés par une forte foi religieuse. Ils sont sortis des chemins classiques des leaders Démocrates pour aller chasser sur des thèmes longtemps considérés comme réservés aux Républicains. Pour communiquer ce contenu, il fallait trouver un nouveau discours qui soit inclusif non pas à partir de propositions détaillées mais en mettant en scène une histoire personnelle. Là encore, Barack Obama a offert une démonstration de cette méthode lors des cérémonies du D Day avec «l’aventure de son grand père». Il venait «découvrir» ce qu’il avait lu dans le regard de son grand père qui avait vécu le débarquement de juin 44. La

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Le scrutin du 7 juin

dimension personnelle était acquise. Le personnel politique Français n’a toujours pas trouvé cette tonalité personnelle, quasi-intimiste qui favorise l’émotion et l’implication. Le septième enseignement : le

classement de visibilité a conditionné le classement de

vote Ce scrutin pose une question majeure qui est celle de l’égalité devant le temps de parole dans les dernières heures qui ont précédé le vote. D’ordinaire, ces dernières heures sont un temps de respiration donc d e n e u t r a l i s a t i o n d e communication. Là, cet espace est devenu pour deux composantes un temps de surexposition : • pour les écologistes avec le

lancement du film « Home », • pour la majorité présidentielle

avec la venue de Barack Obama pour l’anniversaire du 6 juin 1944.

L e s é co l o g i s t e s F r ança i s fournissent 7 des 8 membres de la progression de leur groupe Européen ... Dans ces deux occasions, les deux formations politiques qui ont bénéficié d’une progression de dernière minute ont été celles qui ont pu compter sur une hyper-visibi l i té de leur pouvoir d’évocation dans les derniers instants avant le vote. C’est une rupture d’égalité

manifeste à l ’ issue d’une campagne qui a été caractérisée par des pratiques mettant en quest ion de façon quasi-p e r m a n e n t e d e s r è g l e s f o n d a m e n t a l e s d e b o n fonctionnement d’une campagne électorale : la place des médias, le rôle des sondages, les relations avec la gestion Gouvernementale … Le huitième enseignement : la

place considérable des électeurs nomades qui se déterminent au dernier

moment La comparaison entre les enquêtes et les résultats définitifs donne des écarts considérables sauf à introduire la notion du deuxième choix. Le score du 7 juin s’explique parce que des intentions de votes de «second choix» sont passées devant dans la dernière ligne droite à l’exemple des transferts d’électeurs de Ségolène Royal et de François Bayrou sur la liste Europe Ecologie. Avec cette absence d’ancrage solide, les dernières heures de la campagne électorale deviennent les heures déterminantes ; ce qui renvoie aux conditions de neutralité de ces dernières heures. Les prochaines campagnes devront respecter ces données qui confirment que l’opinion publique Française est réellement entrée dans un nouvel âge de communication dans la continuité de la présidentielle 2007.

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Scrutin du 7 juin