119
Scudéry, Georges de (1601-1667). La Comédie des comédiens, poème de nouvelle invention, par M. de Scudéry. - L'Amour caché par l'amour, tragi-comédie pastorale. 1635. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

Scudéry, Georges de (1601-1667). La Comédie des comédiens, poème de nouvelle invention, par M. de Scudéry. - L'Amour caché par l'amour, tragi-comédie pastorale. 1635.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Page 2: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens
Page 3: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

LA

COMEDIE

D, E S

COMEDIENS

POEME DE NOVVEIXE

INVENTI O N.

Aíonslenrde SCVDERT.

À PARIS/

Chez AVGVSTIN COVRBE' au Palais, dans

la petite Salle, à la Palme.

M. D C, XXXV.

[AVEC PRIV1ZEGB DV ROY.

Page 4: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

xA MONSIEVR

MONSIEVR

XE MÂRQVISDE

CO ALI N, COL O N EL

GENERAL D ES S v is s ES.

ONSIEVR,

St ìe nefçauois

bien

que farmy lespersonnes Illustres,

mrkhejse des dons rien

fait pasla

valeur i ie riauroisgarde

de voiti

offrircette

Comédie:elle

est trop peu

considérable pvurvn homme

qui

l*èst tant'.U ie deurois amir honte

Aifj

Page 5: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

. EPISTKE:

de má hardiesse.Mais

âpreslé

courtoisiesdont ie vous

fuis défia

tedeuable, ïefj/ere quevous ne te-

garderez*mon

dessein plustoft que

monprésent-, que

vous ouurirez,

mon coeurauecques

mon liure, &

quevoíts lirez, dans svn çtf dans

l'autreque

ie fuis,

MONSIEVR,

Voctrc trcs-humble & "tre$r

fidelle seruheur,y

DE SCVDERY.

Page 6: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

AV LECTEVR.

'EST vne maxime re-

ceuë entre lesperson-

nesqui

se connoiísent

aux bonnes choíês,que

ieípric

de celuy quifait des vers,

ÔC qui les fàit bien,doit estre com-

me le Prothee des Poètes, ou co-

rne la matièrepremière , capable

de toutes formes : il fautqu'il sça-

che faireparler

des Rois & des

Bergers,&c les vns odes autres en

des termes , qui conuiennent à

leurs conditions. Ainsi, le Dieu de

h Pocfíe Latine, quetoute la ter-

Page 7: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

AV LÈCTEVR.

ït adore encorso us le noní dp

Virgile,n'a

pas manque de fui-

ure vnérègle

si nécessaire aux

bonsouurages.

Etqui prendra le

ioíh% decomparer

le stilepom-

peux ÔCmagnifiquede ÍEneide,

auec la douceurnaïfue des Buco-

liques j iugerafans dòubte

que

rnonopinion

est bien fondée. te

ne tafche(Lecteur)

de ramener

dans mon sens, parce raisonne-

ment, qu'àfîn quesi la fuite des

tempste met en mairì aprés

ma

COMEDIE, LIGDAMON,

LE TROMPEVR PVNY,

LE VASSAL GENERE VX,

CRANTE, LE FILS SVPPO

SE', LÉ PRINCE DESGVISE*

LA MORT DE CMSAR, o

celle de DIDON queie traitté

ta n

Page 8: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

AV LECTEVR.

tu ne t'estonnes point d'y voir vne

diuersité sigrande,

soit auxpesées,

soit en la façonde les

exprimer,

quelquesvns de ces Poèmes, m'ont

obligéde toucher en

passant,la

morale ôc ,ta politique y d'autres

m'ont faitparler

de Fart militaire

Ô£parterre &par mer; Les voya-

gesde mes Héros m'ont fait mar-

querla Carte de leur

nauigation;

les àduentures despersonnes

illu->

fixes m'ont donné les grandes ô£- t>

les fortespáíìions, que

demande

vne douleuréloquente; &í de cette

forte, i'ay tafche de n'estrepoint

ignorant, dans les seicn.çes,5c dans

les Arts, quise sont trouuez com-

me .enchaînez auec les íiibiectsque

i'ay vouluprendre, que

si tu ne réT

contrepas

vn de ces ornemensen

e

Page 9: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

AV LECTEVR.

cette Piecé, tu te souuiendras s'il te

plants qu'aux autres, ce font des

Princes 6>Cdes Roys qui parlent, 6c

qu'en celle-cy^cé font des Comé-

diens & desBergers,mais

Comé-

diens &Bergers, qui

ne fontpas

pourtantdu commun, Ô£ qui

t'en-

cretiendront assezagréablement,

des chosesqui regardent

leurpro-

fession & leurs amours. En vn mot

i'ofe croireque

cette Peinture a ses

grâces,auíïl bien

quela

plusache-

úee des miennes,l'inuention en est

liouuelle, ôisiiene me trompedi-

uértissante, elle tietquelque

chose

de cegenre

de Poème, queles Itâ-*

liensappellent capricfiofi

si Tirn-

pressionla fait aussi bien réussir que

.te Théâtre , ic neplaindray pas

Quinze iours, quema coustéfa

Page 10: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

AV LECTEUR.

production.C'est ce

queie doibs

aprëdrede la voix publique, dont

la tienne faitvnepartieî

mais de

grâcefois iuste òc clément

pourcet

Ouurage;cestà dire, estime ce

qu'il a de bon, ÔCpardonne moy

des fautesque

tu nc verras, que

parce queie ne ies

ay point veuës»

Page 11: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ExtraitdfíPriuHege

auRoy.

PARgrâce &Priuílege du Roy, donné à

Paris, cn datte du zo. Auril 11535. II eA

permis à Augustin Courbé Marchant Librai-

reà Paris, d'imprimer vendre & distribuer

LA Comédie des Çemedìens pcëme de notwelle

imemio», parMr. Defcudcry, Sc defîences

font faites à tous autreslrnprimeurs 8c autres

persones de quelque qualité & condition qu'il

soient,dmiprimer vendre ny distribuer'dudit'

Liure d autre Impression que celle qu'il aura

fait ou fait faire ledit Courbé ou autre ayantdroit de luy, &: ce pendant letéps de sept ans

à peine aux contreuenans de mille liures da-

jnande & de confiscation de tous les exem-

plaire imprimez, ainsi qu'il est porté plus am-

plement par lefdites Lettres de PriuilcgePar le Roy & son Conseil.

Signe CONRART.

Page 12: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

*

PROLOGVE

ONjien'éfemyrienjteneZjI

reprenez vos habits: ienc

veuxpoint

estre folpat

compagnie: èc nesçaurois

me reíoudrc àtromper

tant d'hohne-

stesgens,

comme ievoy qu'il y

en aicy.

Icnesçay ( Messieurs ) quelleextraua^-

ganceest

auiourd'huycelle de mes

Compagnons,maiselle est bien si

gran-

de, queíc fuis force'de croire, que quel-

quecharme leur dérobe la raison, & le

pire quci'y voy, c'est, qu'ilstaschenc

demila faireperdre, èc à vous autres

auííì. Ils veulent mepersuader que

ie ne

suispoint

fur vn Théâtre; ils disentque

Cesticy

la ville de Lion, quevoila vne

A .

Page 13: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

V PROLOGVÊ.

Hostellerie; &:que voicy vn jeu de

pau-

me, où da Comédiesqui ne

sontpoint

nous,& lesquelsnous sommes

pourtát,

représententvne Pastorallejccs insensez

onttouspns

des noms deguerre, &

pè-sent vous estre inconnus, en

s'appel-

îant, Belle Ombre, Beau Soleil, Beau

Seiour, & d'autres encor tous sembla-

bles; ils veulentque

vouscroyez estre

aubordduRhome, &11011pas

à c'cluy

dek Seine; &: saaspartir

de Paris, ils

prétendentvous faire

passer pourdes

nabitansjde Lion: àmoy meíme ces

Meflìeursdespetites Maisons,me veu-

létpersuader que

laMetempsychose

est

vraye,&;que par conséquent Pithagore

estoit vnEuangeliste.

car ils diíentque

ieíuis vn certain monsieur de Blandi-

marc, bieûque

iem'apellc

véritable-

ment Mondory,& voyez

s'ils|>nt

U

sens bienesgarc,

ils doiaent fairepasser

icy vn Tambour & vn Harlequin,

comme lepratiquent

lespetites

Tr©u-

Page 14: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

PROLO OVE.|

pesdedans, les

petites villes-, n'est-ce

passefâire tort,& vous ofFencer auíìl?

mais ce n'estpoint

encore tout, leur fo-

lie va bien plusauant -, car la

piçce qu'ils

représentent,ne sçauroit durerqu'vne

heure & demie, mais ces insensez asseu-

rent, qu'elleen dure

vingt&

quatre&

cesesprits déréglez , appellent

cela

fuiure les relies, mais s'ils estoient VC-

ritàbles, vous d curiezenuoyer quérir à

disner, àsouper,

& deslicts ; iugez si

vous ne seriezpas

couchez bien chau-

dement, de dormir dans vn ieude Pau-

me: en fin leur manie m'óblige à faire

vnvoyage

a Saint Mathurinpour eux,

où ie m'envay:& cepédant ( Messieurs)

ne les, croyez pas, quo-y qu'ils puissent

dire; carie meure s'ily

aura rien de ve-

rkablc.-maisil est bien tardpour partis

& le Soleil s'abaisse fort, deforte-que

puis queie fuis contraint dç. remettre

monvoyage

à demain, il faut nécessai-

rementqueie m'accommode

pourau-

A ij

Page 15: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

% VROtOOVE.

iourd'huy,àl'humeur de ces Passerellis;

car elle sepeut

vaincrepar

la douceur,

& s'irritepar

la résistance: & depeur de

les mettre en mauuaise, ncdites mot ig

vous suplie: parce qu'estans melancho-

liques,ils font amateurs du silence.

Page 16: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ACTE. PREMIER.

BELLE OMBRE, H ARLEQUIN , LI

TAMBOVR, BELLE-JLEVR, BELLE

ESPINE,SA FEMME, BEÀVSEIOVR,

BEAV SOLEIL, SA FEMME, M*, DE

BLANDIMARE, SON HOSTE.

SCENEPREMIERE.

BELLE OMBRE-

Emeure, s'il n'est vray que

tout cequi

reluit n'estpas

or: ê< queles belles

aparen-

ces font le plus souuent

trompeuses, auantqu'auoir gouste'

la

forme de vieque

ie meine, ie me l'ima-

ginoisla plus agreaBl® de toutes: &

- - A iij

Page 17: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

% LA COMEDIE

croyois indubitablement la Comédie

aussiplaisante

à faire, qu'àvoir : mais

rexperiencem'acontraint de

changer

d'opinion:&icertes ilfaudroit

quei'eus-

se le ^oùstbien malade, pour

ne sça-

uoirpas

faire la disserence de ces deux

choses, puis quel'vne commence, con-

tinue, & finit auecplaisir,

&que l'autre

aucohtraire, est íuiuiede mille incom-

moditez:Ce n'estpas que

laqualité que

nous auons de Bourgeois de. l'vni-

vers,bu deCitoyensdu M'ondc, nçsoit

capablede contenter l'esprit

d'vn ieune

homme, parles diueríitez

qu'elle pré-

sente à ia curiosité, comme à sa veuë,

mais cepeu

de .douceur est mcílé de

tant d'amertume, &ces rosesaccompa-

gnéesde tant

d'espines, qu'ilest

impos-

sible deprendre

l'vne sansdeígoust, ny

de toucher aux autres fanspicqueure.

quoy quele

personnage queie iouëà

cetteporte,

ne soitpas

lcplus

hono-

rable, il estpourtant

leplus vtile, &

Page 18: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DÉS COMEDIENS.'%.

comme il fais iapart

à mesCompa-j

gnons,ie

n'ay pasla mémoire íl maii-

uaiíe, quei'oublie à faire la mienne bo-

ne; mais le malheur est, quemon indu-

strie ne trouuepoint

òùagir pleinemét,

à cause de l'humeur de ceshabitans,plus

froideque

la saison où noussómcs, de

forte quesi ce desordre continue, B1 L-

L E O M B R E, iepense que le meilleur

sera de nousy teair, c'est à dire, dallée

reuoir les clochers de nostre ville, &c

demeurer à la maison clos & couucrt de

peur du hafle. Mais Yoicy nostre Tam-

bour Sc nostreHarlequ'ïn reuenus &c

iepense puis queic

nevoy venir

person-

ne, quelé bruit

qu'ilsont faict par les (

rues, n'aurapas

este7

plus persuasif, qusles menteries delafEchc.

Page 19: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

i LA COMEDIE

SCENE SECONDE.

HARLECLVIN, LE TAMBQVR,

HARLE Q^V I N.

'O v spouuons bien bandée

nostre quaisse, & nostre Tam-

bourdesbandcr la fienne:car déformais

iene voy point d'apparence quenous

faífionsrien icy,iln'est

grande ny peti-

te rue, quenous n'ayons visitée

quatre

fois,auccplusdc foin, queíi nous eus-

fions eu ordre duMagistrat

de faire la

patrouille:mais le tout inutilement, èc

puissay-iene

souper; d'auiourd'huy, à

voir lepeu

d'esmodonque

mapreíeiv-

ce leurapporte,

si l'on ne diroitque

ie

suisBourgeois

comme eux, ouqu'ils

font tousHarlcquins

comme moy.il

n'estpas iusqu aux

petits enfans, quine

soient fols à force d'estresages?&

iepuis" " ---—-- --dire

Page 20: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. 9

dire sans vanité, queiamais homme de

ma condition ne íevid si mal accom-

pagné, iray mesmeplusfait

quene

por-

te ma commiíïìon,car ceque

les affiches

leur monstrentpar

les yeux, i'aytafche

de le leuraprendre par

les oreilles, Se

cette ville n apoint

de carrefour, où ie

n'aye faict le crieur

public;mais ie

pense

qu'ilsont tous

voyagé cnEgypte,& que

le bruict des Cataractes du Nil, leur a

desrobél'ouye.

SCENE TROISIESME,

. T o v s LES COMÉDIENS;

BELLE FLEVR.

*A ha, te voila fur î'histoire, à

eeque i'entends.

HARLE C^VIN.

Ouy i & plusvéritable à mou

grand regret ,. quecelle de Pline,

B

'"."

Page 21: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

iò LA COMEDIE

qui raportece

queie viens de dire: car

il est indubitable, quenousne gagne-

ronsxien icy.-

B ELLE-ESPIN E.:j

Voila lesplus

mauuaifesnouuelles/que

tu nouspouuois ap rendre: il

est.vray

qu'ellesne me

surprennent point^carie

les auois bienpreueué's„

BEÀV-ÌEIOVR.'

Voicyvndcces Prophètes, qui predi-

senc les choses arriueesr òc Tiercelet de

Nostradamus,si vous preuoyezle mal-

heur de laTroupe quene l'en aduertif-

fiez vous?'

BELLE-ESPIN E.

Ce quim'en çmpcscha,

futque

ie eó'n-

noiíîois que i'ay parmyvous autres le

malheur ck Cassandrc , qui bienque

tousiours véritable, ne rutpourtant

Jamais crue: mais vouspourriez

bien

auoir lapunition

desTroyens,

il est

vray que i'y aurayma

partcomme

die.

Page 22: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS- n

BE AV-SOLEIL.

Voila à mon aduis, leplus grand

aiombre de tes humanisez , & de tes

fleurs deRethorique estalé, &

pour peu

qu'on tepressast encore, tu serois con^

traint de recourir, àl'cloquence

de toà

pays,c'est à dire aux

phrases Perigour-

dincs.

LA BELLE ESPIN E.

Monsieur de Beau-Soleil, si mon

Mary n'apas

lalágue

si bien péduë que

voUs, il ad'autresípartics

en luy, quile

rendent recommandablc.

LA BE A V SOLEIL.

Nous le debuons croirepuis que

vous le dites, Mademoiselle de Belle

Espine, car il n en apoint de si cachées,

dont vous nepuissiez parler

comme

sçauante;

BELLE-O MB RE.

Larepartie

n'estpas mauuaifc, mais

elle mëiíembie vnpeu bien libre pour

vne femme.

B ij

Page 23: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

í* LA COMEDIE

LA BEAV-SOLE IL.

Les eaux dormantes ne fontpas

les

plussaines,&lavertusetrouue

pourle

moins auffi íouuent dans vnesprit libre,

que parmyces âmes retenues, qu'on

a

droictdeíoupçóner d'hypocri{ic,mais

c'est vne erreur où tombepresque

tout

le monde,pourcequiregar.se

les fem-

mes de nostreprofession,car

ilspensent

quela farce est l'ímage de nostre vie, &

Î^...,r nous ne faisons

que repreíentercc

quenous

pratiquonsen effect,ils croiét

quela femme d'vn de vous autres, lest

indubitablement de toute laTroupe;

&s'imaginant que

nous sommes vn

bien commun, comme le Soleil ou les

ElemeiiSjil ne s'en treuue pas vn,quine

croye auoir droict de nous faire souffrir

l'importunité de ses demandes,& certes

c'est bien de làque procède

laplus

fa-

cheuíe chose, qui s'eíprouuea nostre

conditiorì: car comme nos chambres

tiennétdesTemples,ence quellesson,t.

Page 24: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DDES COMEDIENS. >}

©uuertesà chacun, pourvn honnestc

Kommcqui

nous y visite,il nous faut

endurer les impertinences,de mille

qui

nelesontpas,l'vnviendra braníler les

iambes toute vne apres-dineefur vu

coffre fans dire mot, seulement pour

nous monstrerqu'il

a des mouítaches,

&qu'il

les sçaitreleuer,l'autre vn

peu

moins réueurque celuy-cy, mais non.

pas plushabile homme, fera toute fa

conueríation debagatelles , auíîì

peu

considérablesque

sonesprit:

& tran-

chant de l'oíîicieux, ilvoudrajplacer

vne mouche sur lagorge,

mais c'est à

êxíCcm d'ytoucherai voudra tenir le

miroir, attacher vn noeud, mettre dela

poudreaux cheueux, &

prenant suiet

déparierde toutes ces choses, il le faict

auec.despointes

auíìi nouuclles3 & aus-

sipeu

communesquéla Guimbarde,ou

Lanturlu. L e troisiesmeprenant

vn ton

plushau t,& trop fort

pourson haleine,

s'engage inconsidérément, à la censure1

B iij

Page 25: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

x4 LA COMEDIE

desPoëmcs,qúe

nous auro B sreprésen-

tez: l'vn feratrop ennuyeux pour

sa ló-

gueur,l'autre

manquede

iugemcnten

faconduitte, cettuy-eyest plat òctrop

stérile enpensées, cetuy-là au can traire

à force d'en auoir s'embarasse, &c parle

Galimatias; vn est dessectueux en ce

qu'ilne s'attache

pasaux

règlesdes an-

ciens, cequi tefmoigne

ionignorance?

l'autrepour

les auoirtrop religieuse-

ment obseruees, est froid, &presque

du tout íans action; eeluy-cy ne liepas

son discours, &c fait des fautes aulanga-

ge^, cetuy-làna

pasla

politessede la

Cour; l'vn manquedes ornemens de

'iapoésie;

l'autre esttrop

abondant en

fables; cequi

sentplus

le Pédantque

ì'honnestc homme, &plus

Thuileque

l'Ambrcgris;en fin, il n'en

eschape pas

vnàlalangue

de ceCritique, qùi

fai-

sant ainsi leprocès

à tat de bonsesprits,

fans les ouir en leurs.dcffenses, monstre

qu'Uest austimauuai'S

iugeen matière

Page 26: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. 15

devers,-que

le font en la connoiíïànce

de l'honnestetc des femmes, ceuxqui

noussoupçonnent

d'enmanquer.

BELLE-FLEVR.

íe meure si elle n'habille ses raisofis

de bonne grâce;&c bien

que cinqheu-

resayent sonné, depuis qu'elle parle,,

1

ie m'estois résolu de nei'interrompre

point;mais

puis qu'vncfemme

a'péii

s'imposersilence elle mesme, faisons en

autant, &; rentrons ; òc bienque

nous

ayos accoustumé ailleurs d'auoir achcué

à cettehcure,iïelaiíïèpas

Belle Ombre,

de te tenir encorequelque temps

à la

porte;car

peut estre, cequenous

iugeós

stupidité,né se trouuera

que paresse-.&•

le bien ae vient iarnais tard, quand il

arriuc.

BELLE-OMBRE.

Si nousrepaissons

de cetteeíperance

íèule, nous auons la mine deaesouper

que de vent.

Page 27: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

-ï« LA COMEDIE

SCENE QVATRIESM.E.

Mr. DE BLANDIMA.RE, 'L!HOSTE,

- -Mr. DE BLANDIMARE.

ÏL

faut aduoucr, quela ieunesse &

laprudence,

ne íe trouuentque

bien: rarement ensemble, comme'en

cet âge bouillant, lecorps

estremply

de

force, l'espriti'est d'inconsidération.

On n'a-pourbut

queles délices, fans

songeràl'vtile nyà. rhonneste: & flat-

tant la foliede ses pensées,on

croitque

tout cequi plaist

estpermis. I'ay

tiré la

creuuedecequeiedis,dans nostre faf

millcmcsme, car feu mon frère d'Ol-

linuille quevous connoiíìiez, mon

Hofte, n'a laisséqu'vnfilsasa mort,he-

ritier de tous ses biens, & des miens en-

core, puis queie ne maneray

iamais

Page 28: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS: Yf

qussuiuaritles caprices qui l'ernpor-

tent loingde la raison,a desiafaict mil-

le saillies, les Lettres ou nous Ie desti-

noins,luyont semblé vne

occupation

trop basse, &trop endormie, pour

sa

viuaci.té, il a vouluporter

les armes, ôc

le faisant, a couru touteTEurope

: &

certes comme ce mestier n'estoitpas

in^

diguede fa naissance, nous

íuportions

ion erreur,mais lorsque

nouspensions

qu'ildeust.faire fa retraicte, il est

reparti

denouueau, fans que nous ayons peu

descouurir sa route,dc-xrion frère m'ayát

supliécu mourant, d'auoir foin d'en

? faire la recherche, il n'est forme de vie

% où la desbauchepuisse

réduire vn ieunc

) homme, danslaquelle

ien'aye

taíché de

V le rencontrer: mais tout inuiilement,de

\ forte, qu'ennuyé d'vn si Ion ? voyage,

j enfin mevoicy dans Lyon, mais si las,

\ qu'il ne m'estpas possible

d'enpartir

de

;. deux ou trois iours, pourreuoir

âpres

; nostrcvillc,laplusbeliedumóde,Píiris.'

Page 29: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

it LA COMEDIE

L'HOSTE.

Monsieur, iesuis marry quevol

peinesn'ont esté

plus fructueuses; mais

il faut s'armer depatience,&

vous diuer*

tir. les affichesque

vous voyez à ce coin,

vousmonstrentqu'il y

a des Comédies

en cette ville, & le ieu de Paume où ils

représentent,n'est

qu'àtrois

pas^d'icy,

Vous ferez biend'y aller prendre vostre

partdu

passe temps.

ML DE BLANDIMARE.

Quoy queie naye pas "grandeenuíe

derire}isíùiuray pourtantvostre con-

seil, 5c iem'y

envay.

L'HOSTE

Et moy vous faire àsouper pour

retour.

Page 30: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES'COMEDIENS. rp

SCENE CINQJslSEME.

B ELLE O M B. R E,

MR. DE BLANDIMAREJ

BELLE OMBRE.

IE

croy quetoute la ville est en deuo

tio auiourd'huy,ôt qu'òleur a ordon-

népour

se mortifier, de ne venirpoint

à la Comédie: en fin lu patiencem'es-

chape; mais silence, voicy vn Oiseau

quiala mine de se venir setter dans, nos

filets,peut estre comme les Canards., les

autres feront lcmesme à sonexemple,

Mr. DE BLANDIMARE.

LES COMEDIENS DV ROY.

ho cela s'entend sans le dire, cettequa-

lité, & ccllç de Gentilhomme ordinaire

de la Chambre , font à bon marché

maintenant ; mais aussi lesgages

n'en

fontpas grands i que prend

on >

C ij

l'affiíh

Page 31: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

%û LA CO MEDÎE

B E L L E O M B R E.

Huict sols:"'

M1'. D E B L AN DIM ARE,

Commencera-ton bien tostî

BELLE OMBRE.

Ouy Monsieur, ons'y

en ya; toute la

Compagnieest dans vn ieu de ;Paumc

voisin, & comme elle viendra tout à

coup entrez , & retenezplace

de bon-

ite heure.'

M,;. DE BLANDIMARE.

O D ieu, qu'est-ce que ievoy?fuis- ie.

tndormy,ousi c'est vne illusion?es tu

mon Neueu, ouquelque

Démon fous

fa forme?,

r- BFLLE OMBRE.

Mon Oncle ie vous demandepat-

don, encoreque i'aye peine

à croire,

quece

queie fais ioit vne faute.

M'. DE BLANDIMARE. ,

Et c'est là ce.que ievoy

depire;

d'au-

tant, quetu tombes en sens reprouué:

tu ne crois point auoir failli, en te fai*

Page 32: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

D ES COMEDIENS. 11

fant portierde Comédie, ha certes voí*

la vne belle métamorphose,bien

quel-

le ne soitpas

dans Ou'ide, quid'vfî

Gentilhomme de bòne Maison, a faiefc

en toyvnvoleur.

BELLE OMBRE.

Ha mon Oncle, Dieu me damne si

ie le suis.

M1'.- DE BLANDIMARE.

O monAmynciure

pointvne chose

qu'onne

peut croire; lesportiersne sòt

pasreceus à se

purger parserment íur

çesubjêct l'oecasion esttrop belle, la

tentation del'argenttrop puissante,

Sc

ie larcin de cette nature, tropdiíficileà

prouiier;envnmot,le titre de voleur

est vnequalité

annexée à celle de Por-

tier de Comédie: & vn homme fidelle

de cetteprofession,

est comme lapierre

Philoíophale,le rnouuemét

perpétuel,

ou la quadrature du Cercle ; c'est a

dire, vne chosepossible

& non trou-

vée.

O

Page 33: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

t* LA COMEDIE

BELLE OMBRE.

Mais mon Oncle, est on blâmable

pourestre Comédien?

M", DE BLANDÏMARF.

Laquestion que

tu me fais, n'est pas

fi aisée àrésoudre,'qu'on

lepuisse

faire

dans la rue, ily

abeaucoup

de raison s?

pouf& contre, & de

plus,tel íè noto-

mc Comédien, qui n'est rien moinsque

cela,& ievoy bien mcímc, queicn'a-

prendray d'auiourd'huy íúr vostre

Théâtre si tesCompagnons

ontdroità

cettequalité,

ou s'ilsi'vsurpent:

car ie

n'aperçoyvenir

personne, èc i'aybien

remarqué, quele ieu de

paume voisin,

estoit vn tour de ton mestier. mais ce

queie veux

quetu fasses, estj que

tu te

íouuiennes, queie

logeà la Pomme de

pin, &.qu'àce soir tu

m'yconduise tou-

te laTroupe, pour venir

souperauec-

ques moy.vpeutestre ma conucrsatipe

ne leur serapas

inutile: Adieu.

Page 34: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. '»j

BELLE OMBRE.

Trcshumble seruiteur mon Oncle.

iamais iene metrouùay fi

empeschcde

ma contenance ; maispuis que

ie ne

faisplus

rienicy,

allons reioindre nos

Messieurs, &z leur rendrecompte

de

mon auanture.

Page 35: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

i'4

ACTE SECOND.

SCENE PREMIERE.,

M£. DE BLANDIMARE.

Tovs LES COMÉDIENS.1

M1', DE BLANDIMARE.

V o Naporte

à làuer s

nous ne saisonsplus

rien a

table: ça, donnezmoyla,

maia. Mademoiselle de

M'e. DE-BIAV SOLEIL"

DeBeauíoleiljà vostre íeruice Mon-

teur. .'

" ~ ". Mons

Page 36: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS, ij.

, Mr. DE BLANDIMARE.

La faute de ma mémoire est fort ex-

cúsablej ear toutes lesTerres des Comé-

diens , ont tantderaport

aux iíoms *

qu'ilest bien difficile qu'on

nelesprerH

në l'vn pourl'autre. ML'. de Bellerose,

de âelleuille, Beauchateâu, Bélier oche*

Beauìieu, Beaupré, Belkfleur, Belle E&-

pine,Beau seiour > Beau Soleil, Belltì

Ombre, en fin, eux íeulspóssedeí%

toúteslésbeautezdek Nature*

BEAV SQÎLEI^ ;:

Pòur hóus puniren

quelque façërij

de la fauteque

nous auons commisea

en receuant Monsieur vostre\Néueu j

vostre belesprit

a semblé auditj?ris

a

tafche, pendanttout le

souper,le mes-

prisde la Comédie: maisnous nous ea

consolons j par,la

cogrioissancé quehous auons de la bonté de vostre iu-

gement, quifans doute,vous faict auok

dans l'ame, des fentimëhs de nostre

Prossession, tous contraires, à cequela"" " '

D .

Page 37: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

z6 LA COMEDIE

raillerie,.yous'met à la bouche fur cç

^fubiect. .

Mr. DE BLANDIMARE,^ :

. Tant s'en fautque

ie lamesprise, que

ie tiensqu'à

moinsque

d'auoir renonce

.au sens commun 7 if n'estpas possible

qu'onne l'estime

quandelle est bien

•Táíte- mais ievousdiray librement, que

i'ayje mesme: goust peurles Comédies,

?que.pourles Vers, pour les Melons, &

pour les. Amis; c'est à dire,, ques'ils ne

font excellents, ils ne valent rien du

tout*, ily

a des choses d'vne nature si

rèleuee, quela médiocrité les destruk:

& à„n'en point mentir, il faut tant .de

qUíilitezà vn Comédien,epour

mériter

celle de bon y qu'onnedés rencontre,

que.fort rarement ensemble, il faut

piremierementvquelànature y contri-

bue, enluy

donnant la bonne minasM

c'est cequi

faida première, impression

dans.ii'ame desspectateurs: qu'il

ait le

port d u co

rps auantageux,i'actionlibf ey.

Page 38: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DÉS COMEDIENS.if

;& sans còtrainre; la voix claire,nette,&

forte; queson

langagesoit

exemptdes

jniauuaises prononciations,& des accès

corrompus, qu'on aquiertdans les Pròr

uinces, &qu'il

se conserue tousiours

lapureté

du François, qu'ilait

l'esprit

&leiugement bon, pourl'intelligence

àes vers,& la force de la mémoire, pour

lesapprendre próptement,

&lesreté*~

nirâpres

tousiou rs.qu'il

ne soit ignorât

ny del'Histoire,ny

de la fable,car autre-

ment,ilferadu Galimatiasmalgré qu'il

enaye:& recitera âcs choses bien sou-

uent à contre sens: & aussi hors de ton,

qu'vnMusicien

quin a

point-d'oreille:

ses a osions mesmcs íerpnt comme les

pasd'vn mauuais

Balladin,quisautevneheure

âpresla cad,cnce;& de là vienr tát

depostures extrauagantes,&

tant dele-

uerdechap'peauhorsde saison, comme

on en voir sur lcsTheatres.enfin, il faut

que toutes cesparties soient encor ac-

compagnéesd'vne hardiesse modeste

D ij

Page 39: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

tl LA CO MEDIE

qui'netenant rien de

l'essronté,nydu tí~

íhide,se maintienne dans vn iuste tern~>

pcrament,& pouf conclusion, il faut,

queles

pieurs,le rire, ì'amqur,lahaync,

lìncìisterence,le mcípris , lá ialousie,lá

çolere,l'arnbition', & bref'

quetoutes

les passions spient peintes

furíònvisàge,

chaquefois

qu'ille voudra. Or

iugeg

maintenantjsivnhpfnmede céttc íor-

te,est beaucoupmoins rare

quelePhoe-

nixì' •

"i"•' "-''" <

'" " ; : '*""

BEAV-^EIO VR.

Cequevousnous

venez de dire, est

ndeedelaperfectio^quine së trouue

pointaux hómmes.-ifiais i'oíc bien assu-

rer quenostre

tròuppën en est

pastant

eíloic-nee;& comme vous fçauez parfai-

ctement faire lë discernement des bon-

nes & des mauuaises choses, fi vous nous

auiez vcUreprésenter, péut-estre

seriez-

vpus de mon aduis. ^

Mr. DE BLANDIMARE.

A dire vray l'onconnoistle Lion;par

Page 40: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMÉDIENS: zj

ìongle:maisles nuictsfont

longues §ç

çnnuyeuses,qúdn4vousm'aurez/ fait la

faueur d'en employervne'demie |ieure

à reciter des vers deuant mpy,ilnl^sqrf

"estera encore assezpour dormir.

BELLE-ESPINE.

Vous pouúeztout fur nostre

obeyf-

fance.;

,..,..,

MR. 15 EBLANDIMARE^

Quelles piècesauez vous?

* BELLE^-FLEVR,

Toutes celles de feuHardy:

'Mf. DE BLANDIMARE^

Il fàut donner cet adueu à la mémoi-

re de cet Aùtheiir, qu'ilauoit vn

puissant

génie,& vne veine

prodigieusement

abdndarite(commehuictcents Poèmes

de fa façon en fontfoy) & certes

àluyseul

appartientla

gIoire,d'auoirle

pre-mier releué lë Théâtre François,tombé

depuistant d'annees. il estoit

pleinde

facilité, & de doctrine, ôcquoy qu'en

vueillent dire íes enuieux , il est certain., ,_.. _...._ -_ ... ... .

p

_^

Page 41: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

JB ::tA- COMEDIE

quee'estoit vn grand

homme. & s'il eust

auííi bié trauaillépar diuertissemét, que

par nécessiteuses ouufagcsauroientfans

dojuc|,ëstéinimitabl.es:maisilauoit trop

depart

à lapautureté

de ceux de fapro-

festion,& c'est cequeproduit l'ignorà-

ce de nostre siécle, & lemépris

de la ver-

tu.

BEAV-SOLEfL.v

Nous auons encor toutceieuimprimé,

îaPiramede.Theophile,Poëme,quin'est

mauuaisqu'en

cequ'il

a estétropbó:

cair

excepté ceuxquin

ótpointde mémoire,

i.lhesc trpuue personne quine le ssçache

par cceur, de.sorte queses

raretez,empes-

clientqu'ilnesoit

rare.Nous auons aus-

si la SiIuie,laChriseide, &laSyluaníre,

les follies de Cardenio, i'infideilç Con-

fidente, & laP'hilisde Scire , lesBerge-

ries de Monsieur deRacan,icLigdamó,

leTrompeur Puny,Melite, Clitandre,

la Vesue,la Baguede l'oubly,&

tout ce

quïontmis en lumière les

plusbeaux e£>

Page 42: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. íji

pritsdu tempSjinais pour maintenant, ii

îufrlraqûënous vous fassions

oùyr vtìe

Éelogue Pastoral âf l'Autheúr du Trò~£> fc> • - - - - .

peur Puny, nous i'auonsaprile par

ce

qu'elle estbbnne,& fans dessëirtde nous

en feruir au Theatre,pour lequelelle n a

pas estécompofèe:Prenez la"

peine de

í'entendre.

M>. D Es B L A t D IM ARE."

VOUS n'auezpas

malchoisi?pour ren-

contrer monapprohatiomcarceGenÊil

homme dont vousparlez,

est à n^on grévn de ceux

qui p&ttentvn-e

cípee^qúís'aide lc mieux d'vne

plume: mais com-

pencez quandil

vousplaira.

Page 43: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

3£ LA COMEDÍÉ

EGL O GV.E.

j AN C RÉ D E/Iá I S^

'AjCIDO N, C L0RICF*

ÍANÇREDE;

V'efdiëleí'tiQiis jru dans cetteforcft

sombre,

PttnulSoleil

que Vous ffa iamais%ene«

I R I S,

Ty ckerchoiï cequi fuit, ce'ft

k dire de

lomhrej

Htfuyois feulement

ceque i'ay rencontré.

CLORICE,

plusparfaiéi que Parisscher miracle des hem-

mèSy

Vmrquoy héjfe^-yousmon Visage & mon

nom}

TANCREDE

Page 44: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ÚÈi CáMEDlËNSt jj

T.AtrCREDEi

Siìestaisce Troyen, & que i'eujfe pni

pommes,•'-'./ .

Vms en aurie% ámmt,quePallas 9 que Iu^

non. '•

ÁLCIDON)

Reynede mesdefîrsju tevo'urejfufcel

Ëï moy quite cherisyie me voymeíjrifen

GLORlCEí

Siguarir

dvn reffus, estçhofe tant aifeel

Que neteguaris tu#e Voyantreffuferì

°'I RI.-SJ-"'

Quitte cherAlcidon}qttitte cettefarouches

Qui rie méritepas

decaptïuer

tafoy:

ALCIDON,

Veux-wque

laraifonse

trouue das ta bouches

Ne meparle point d'Elies dis cela de toy*

T A N G RD E*

Ha Glaço animéjtu veux meurtrir Tacrede]

Ton abordmejfrijànt,

enporte

lafaçon.

I R i s.

Berger, ne>têplainspas der^enmontreffreds11

faut queie le

foh} fie fuisVn Glaçon.

E

Page 45: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

24<ï A COMEDIE

CLORICE.

%as, rejpodsa ma voix, alors

quellety

dpsèche

ynRocherendurcy,ne doitpas craindre l'aer*

TAN CRI DE.

Discours doquesfort peu.car efìatvne Roches

Apresdeux ou trois mots, ie ne

puis pins par*

ler.

ALCIDON,

Puisque

tout messouhaits,

ont laraison pour

Permets moy de te voir,bel Astre fanspareih

CLORICE.

Jïetmeplustostlesycuxfar n'estant point vne

Aigle,

lepourrois tdueugler,fiiefuis

vn Soleih

í R I S.

Ingrat,stM me

fuis,letorrent de mes larmes]

Tesutura pas

àpas, afin de

tabifmcn

ALCIDON.

Cherche ailleursque

dans Veau, dusecours

& des armes,

Car lese» queie sens pourrott

tarir la Mera

Page 46: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

3ES COMÉDIENS: 3J

TANCREDÏ.

Enfinie nepuis plussouffrir

tonarrogance',

Adieu mejchante Iris}qui niaraifon furprist:IRIS.

Va,nemebíajme pointde cette

répugnance]

Qui vientdemonimerite,^çlejope<u2'est>rit,

..CLORICE?-,' ;/.. - .

Mnfíaméd'vndefsit3quetupprtes dastame,

.Souffre moydetesttpure, 0* de teconsoler i.. ;

.-;; .::-; .- ^A^ÇXEBEf....,, ,. -. km?»

O n nemaprqçkefoint,pmsquè

iefuis desta*

O u bien ne ??plains-plus, Jim tejènsbmsterj

•-'[y/: ALCIDQN.

fëlle c^urt en pleurant, âpresVn insensible-,

Arreste ceruisseau, qui te-.fera} mourir;.

~\\ vi-vCLaRi'ÇE.','•

.Tu demandesBerger^ne; çhofè impossible,

;Q-ìïVoiSrtuquVnRuisseau, gujjfe estre fa^

.\CQurir> _i.-':i ^?' -;(- ,'-.

-- ." IRIS.

JbïacmçlAlcidon, mv asfuyant infamei

jMéism vain, iet^ray d'vn cours

précipite

Page 47: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

|és t^ COMEDIE

Axe ID o N.

Facïïeufetu dkvnay,earestantVne

femmes

:$e$tte_peMt/^4lìcrj4-fd:p:Kreté.

u M'.brBLANDIMARE. /

JHfa> certes ilfautaduouer;que voilarew

citer de bohïíe grâce: éc qu-en vous au-

tres, iâytr

ornièreque

le cherenoas ;de-

•pùl'ssi

long-tèmps. nonj npn, se leue le

itçasque;ôt íè

vousfaisrëpafatio d'hoh-

íieufjpour teque fay diten

spuppànà

encoreque

maSatyre nç s'adressast

pointa laprofest]on,mais feulement à

ceuxqui

s'enaçquitent

mal. car il( fâu-

droirestrepriuedíe raison, pqur meípri-

íêrviie çhofè tant estimable: lâ COMÉ-

3D"íÈ ,. quià esté en vénération dans

tous les Siécles, ou les sciences fleurie-

íòient!ÎâGoM£DlE, :vi;> le diuertiííe-

inehtièsEmpìereaïí^

êï- f^ntretien-de^

"bonseípritérîe;TaMçlH 4^^àssìpmV

Jimagede la vie hurriainçj, ITíistoireh

Page 48: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

®Es COMÉDIENS: ??

parlante, laPhilosophie visible, k ?a«

du vice, & leThròspe de la vertu. rroTi,'

non tant s*en fautqu'este

me soit eu

íiorreut» que voyant comme elle est cri

son lustreparmy vous, ielouë le

iiige-

mentde mpnNeueu, de s'estre mis en

¥ostreTroupe:

&pour

vouS monstrer

quei^ay ce queiédis,aussi bieíi dans 1c

coeur, quedans la bouche, &

quebien,

ìoingde soubconne'r vostrc Profeíïìoa

d'ignominie,ie la tiens fort

glorieuse;ie ïa ^eùx embrasser moy-rheíme, fl,

ypusmeyoulez receuoir.

,. f";^,;7.pEAV-$pLEirJ'

'

M Onïiëur, nous;acceptonscc't honneur

auécqufes ioye,'& nous en rcçpnnpií-

sonsindignes,

'^ ".

MV pE BLANDIMARE?

Mais niauez vouspoint de Jtoqme3 qui

fj-ayedesiaestévçu? y ,

Page 49: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

p LA COMEDIE

BEAV S.EIOVR. ;'"

Ouy,Mónsieur,ii

nous reste vne TR A5

GITCOMEDIE PASTORALE , intitulée,

Î-'AMÔVR CACHE' PAR LAMOVR.,

Mr. D E B L A N D IM À R É.

Elle est de ma Gonnoissance,5c de ía coí

position deceluy dont nous aUons par-

lé, il m'a fait la faueur de me la donner

escritc deissa main. C'est vn Poème à

l'Efpágnoìe,detrois Actes; mis

par luy

dans larègle

desvingt

&quatre

heures.

<k comme ie vousay dit, que

ie csicris

toutjcç qUÌVient de cet

AutheU^pcu

s'en fautèque

ie nele sçache entier, de

sorte, que siypusietrouuez.hon, i'cri

iouëray demain y n Roílc,pourf aire

m|

cpup4ess^y?

13 ELLE ESPIN EJ :,:'

C'est à vous d'ordonner tout cequi

vousplaira dans la

Troupe: mais crai-

gnantde vous aporter

de l'importUí;

Page 50: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. '39

îiité, nous allons vous donner le bon-

soir.

Mr. DE BLANDIMARE.'

Ié ne vousprie point de coucher iey^

, parce que vous ferezplus

commodé-

ment chez vous: maispour

ces Demoi-

selles, àqui

le sereinpourroitjfairemal

en s?en allant, ie leur ossre, & ma cham-

bres mon lictjsllleUr agrée.

Mle. DE BEAV SOLEIL."

Sansaccepter

cette courtoisie, nous

vous en restosobligées,

nous doubtans

bicn,quenos Maris

s'y opposeroient,

Mr. DE BLANDIMARE.

Adieu Mesdames,bonsoir Messieurs;

BEAV SOLEIL.

Monsieur nous sommes vos trcs-hura-

blcs seruiteiux"

Page 51: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens
Page 52: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

L'AMOVR

CACHE' :PAR

L'A M Q V R.

TRAGI-COMEDIE

PASTORALE.

Page 53: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

LES ACTEVRS,

•î,E PRO L OGVE

L'ARGVMÈNT,

ifLdRINTORBcrger.

Pï R ANDRE Berges.

ISO MENEBergère.

MELISEE Bergère.

pTARAMlNTE PèredcFlormtor'

rA L P H A N G E Père de Pirandre.:

X V SIM A N T O ncle deMelisce,

'ALLIANTE. Mère d'isomene.

!•* SCÈNE EST EN FORESTS*

Page 54: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

M

LE PROLOGE, L'ARGVMENt;

LE-: P R O..LO':G v tï

Effieurs,- '

L'ARGVMENTJ

Mes Dames,

LE P R OLOG VE.'

"Cet anciéPhiiosopheGrec

auoit raisons

L'ARGVMENT.

Taraminte Beréer de Forets,O. .... -f ^ . .

LE PROLOGVE,Ji ::'":

Qui difoítcpie

les hommes,

V L'ARGVMENT.

N'ayant quvn fils nomme FlorintpíJ

LET PROL'OGVE.'

J^ujlest

cctespouuentaii de ehencuiere

qui vientiej ìtiinterrompre?

"'"""''~~" '

F ij

Page 55: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

^|-LA COMEDIE

L'ARGVMENT.

f£t quiest ce reUestu de

larriperie, qui1©

jjiemandede si^uuàisè

grâce?..'

'.v! ; :î

',..':'/ : VXE..' PRpLQ G.V.E.: .., ., I

Ne me conn ois-titpas g, i'habjt íans

que

fc me nommes""' " ; "

:-'":'\"^" '!''

t'-AR-Gy MENT; ,

Non, mon Amy,ietelëiure: %;ily

a

plesia long-temps qu'onne

peut plus

eoiinoistre en Fránceles conditions pat

l'habit. ;:.; ;• ''••'^.-.-.' -:\ ;f:

•','';;.s : ?'"'

''"'• î-E PE.OLOÇ:,V£ .-.y-'

Poursupleér charitablement

à ton

jgnóranëe, ie^ t'apireHds,queie fuis 1©

Prologue.''- .if' î: ?;L',.;

;-'. y;;." -

Et moyie íujs, f Arguments

-

<'"

LE ^|:RO;.L;0:.G,y'Ev ; ;; ;;;;

ïe neíçay qustameìneicy, toy qui

çs

la plus inutile piece d'vn Poëme. i - '::v

i'-'-''''''•'X'ÀR-GVMENTv"^

'

*Jpfî&ne íçay qiiit

y peut- cojiduireá, jtegf

quiës l^rnpinsj rreceíï&re^ <\ "-.7-. fr/p<*'

Page 56: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES ÇQMEDIENS: 45

LE PROLOGVE.

Jìt va te cacher dans la Presse, va te bar-

bouiller d'encredlmprimerie, 6c te ve-

stir depapier

où deparchemin,

si tu

veux estre reconnu': il estvrây'què

bienque

tu fois fur vn Théâtre, on te

peutcrpiredans yn Hure, parce que tu

escouuertde veau. ; .:

';•;•

V ; L'ARGVMENT..;7 .::'

Qupy que i'aye; les iniurës en main

aussi .bien que toy,site veux-ie

payer

èn meilleure monnpye: .& te dire, que

bienquenous soyons en vn

tempsou là

çoustumeest aussi forteque laloy,

si né

sçauro^-ie me résoudre à estimer cette

vieilleespèce de

Prologue, quel'vsage

sans, doute faisoit attendre d:etoy

à ces

Meffieurs.Ces sellés à tous cheuauxme

despláisenE, & ie, trouue qirtivaut

mieux- ireussir !aueemoins degloire,

qu'eri matière de Proseparler

comme

yn perroquet.Se

pique quivoudra d'vri

éssojrt. de mémoire en cette occasion»

Page 57: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

fy-

'

-%A COMEDIE

.c'est aux versque

iereserue la mienne*

&quelques grands que soient les es-

pritsde nos auditeurs, il faut

quetu te

cròyesbíen priuédeíéns commun, en"

iugeant qu'iltest absolument nécessai-

re, de dire vne chose estudiee, quandtu

les veux entretenir. La naïfuetéabieri*.

aussi bonnegrâce qu-eTamfiec,"&

les"

beautez nues ne se font pas des moins

excellents rraictsde lapeinture.

Et con-

fessezla vérité Messieurs, ne le trouue-*

riez vouspoint ridicule,'si se mettant

fur le hautstile, comme il auoit desia^

commence' quandie suis

venu,pour pa-

roistre ceqU'il

n'estpas ( ie veux dire do-;

cte) il vous alìpit citer deux cens Au-,

th'eurs/leíquclsil ira leus de fa vicj- ni

peut-estrevous aussi. Ne feroit-ce

pas

vous assassiner parToreiile, quede vous

faire déscompliments

auvieuiloup,

&:

qui commençoientà estre desia hors

de mode, soubs lerègne

de Châties' se-

pticsrnc,ôc ne le tiçndriés yous pas cou-

Page 58: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

/ b ÊS e O MED IÉJSF-S.

'

'4f

pàbled'vneruse. charlatane, si comme

on ditpour

attirer seau au moulin, jil

salloitembarasser danslesloúangesds

personnes, qu'il n'a pasrhonneur de

eonnoistre assezparticulièrement, pour

fçauoirl'histoirede leur ville, ni cellede

leurs maisons. Vois-tu mon Amy, il

faut estre vn peu plusdu dernier siécle

<juecela : mais si

parla caiollerietune

mets pointla modestie de nos

specta-teurs en estât de

rougir, sçaches qu'ilne

faut nonplus que

tu laperdes

en leur

parlantde nostre

Troupe.Puis

qu'ils

doiuent estre nosiuges,

il ne fautpoint

lesp'reocuper,

& te doit suffire de les

aduertír, quenous espérons

fairepour

leur contentement, tout ceque

les au^

prés promettent.

LE PROLOGVE.

Quoy quetout ce

quivient d'vn en-

íí.cmy doiue estresuspect, si ne

laissay-ie

pas de receuoir tes aduertissements de

; boncoeur, par

ceque i'y voy quelque

Page 59: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

%tLA <?ëMEblB

ombre de raison 6c de vérité : Scpour

ìì'en demeurerpas ingrat,

iê téprie

de

considérer vh peu combien' estpeu

im-

portantle

personnage quetú íóiiçs fous

le nom dé 1argumét.

Tu sçais qu'iln'est

rienqui plaise

tarit en toute, la Nature

quela nouueauté, et toy

séulempes-

che_s qu'onn'en

puisse trouuer aux Poë-

meSjâyátdésia aduertile Spectateur,

de

tout cequ'il y

doit voir. Leprincipal

fe-•

crét depatéils oUurages,consiste

à in tri-

qUcr les accídens de forte, que1°

esprit

áuspectateUfdemeurant

suípèridùen-

tre laioye

& la douleur, entrel'esperan-

ce ôç la crainte , né'puissedeúiilet ou

doit aboutir I histoire , & se trouUè

agréablement surpris, patcet Muisiblè

«ceud,qUídesbroùille toute vnë

piëce:

quesi tu me dis*

quetiï íers à faciliter

l'mtelligencedu Poëme, i'ay

à te refpó-

drc, queles

premiers broyeurs d'0'crè

quifurent au mondé, imitòy

eht si niai

toutes chôfés, qu'ils ëtoiënt forcez d'cf

'":""

crirc fou

Page 60: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

V DES COMEDIENS. 4^

çrire sous leurs Tableaux,, cecy estyi\

homme,& cela est vn cheual: mais com-

me les Arts se perfectionnerit

parla fui-

te dés siècles, lespeintres

fe font, tirez

bien lóinle cetteignorance grossières

1& maintenantleur trauail ne donne

pas

íì tost dan^la veuëj que rimáginatiori,

conçoit ceque

la leur a voulu repïe-

ienter, ieveúidire.par là5que

tout Poë^

irnequi

ne se rçítd intelligible de.íoy.

mesme, &qui

a. besoin xle toivîeeours,

pourl'esttèy manquefans doute, de iùW

gcmenten fa conduite. & comme tous l

çeux que nostreTroupe représente,vié~r

nent deplûmes qui

voilent haut fans

prendre1 essor,* ie concliis

quele babil

inutile dei'augumentj

doit estre con-

damneausilence. .,.,,-

VARGVNÌEN.T. K ,_ .

Puisquetu

semblesáuoiraquiescé àma

sentéce,ie n'appejieray pointde la.tien-

ne: &puis que

tu te confesses inutile, rc

me reconnoissuperflu,

& si û m'erT"

t

Page 61: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

joLA COMEDIE

crois, nous ne ferons niArgument,

JE»

Prologue.

LE PROLOGVE.

Ta propositionest

trop iuste,pourneIa

ïeceuoir pas.retironsnous puis qu'ilt V

gree:aussi bien i'entends

l'impatience

de nosCompagnons, qui

demandent

quela Prose cède la

placeà la rime.

L'ARGVMRNT.

Bon soir Monsieur lePrologue,-

LE PROLOGVE.

'Adieu Monsieur l'Argument*

Page 62: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

s*

ACTE PREMIER

& Tròisiçíme,

p I R A N b R E, ME L'Ï SÈ E?

FLORINTOR, ISOMENE.

SCENE PREMÏER^E.

PIRANDRE, Lcjh;atrienr

loist Bocager.

E nepuis endurer,ingrate Mehjeâ,

Que ma fidélité soit (ànstmtffrxfee^

lenepua[plus souffrir que

l'vn de

mes Riuaux,

Recueille sas trauail lefruit

de mes irauaux)

OuÇtdemesfóuffirstune dais tenir compte,

gênant estreyaiwHj ieleferdyfanfihonte:

Page 63: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

U

'LA COMEDIE

saignâtd^ahné'r ailleurs, aulxeu de ie moquer,

L'Amourparle deffitte

pourra hien'picqùen

Ifomehe abusée, acceptemon ferùice ;

P*n- Die Uqui f

dit moncrime'^nexcuje

le vicey,

Te disque son

bel $i:l s'est rendutno-Vainqueur^

Mais U bouchereçoityV®dcfmëntirdi4Ctzurif

Et lotsque

mondiscours trope son innocence,,

îe-crains que ceBrocher

riaidt•Xfaconnoif-

'• \ .fance i\. :y

*'v. -:;;•? \ <y

•.'

Cas il fçait mon dessein, & cruel comme toy?

Son Echo l'autre iourainstparloit amòy? -y-,.

::":''$' liNÇ'E^S.'"

N/ff^tf

( //^ ífo-ji? ) foUtaine,

Qui fçàis quelobietma charmé»

De mefprisle Voyant drmè,:: ,;•'•• '-.,'Dis moy ce

quetu ne

peuxtaire ;

$i ièiie l'auray. point, fousles'loixde Iunonh

;-'!_Austi tostéïïe pií>rNQN. . h' ' .'":;-)

,•

0 rude^'.çrmlle sentence,

'

/'Aquóy ,m<nk fMÌS,consentir?'-•/'

'Êíírmw. ftifàtéfátònfàtncey-\

Page 64: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

•&ES COMÉDIENS:g

Lapeut

toucher derepeniirí

fêt lorsque fer

ai elle, au tourmêtque ifdmeh

V:letentenâtí'tef^ôêdr^

;D;VRE, •''•'""

Si ievay prés

de lafarouche}

Armufiry&'fechenVir fleurs,

De. t-eau.qui"coulede^mspleurs,

DessonpìtsqmiaydAnsIahomhei

Son ml, de madouleiir, feraiiltefoú'jì-^

Elle'inerep^rik^:<SYT." -'x['- •?' ;

$cho, ie te crois véritable; : .„.'. ;.

Mon maï, fe 'vèutperpetUgH ...

Mtié;ne Vêis deprofitable.

;;. • :"\

Quelêdèfjeinidtr me'tuer; ; { v

Veu. que montfyexanceen$ne%ayawet' f

P A lïnstanièlk crÌ4,rvÉ.:;' ' "ì

JMais ilnestrien enta Nature,'

Qui nesoit fubiet à

changer f

Telfe trouue hors de

danger,

Qui fecroit dans la

sépulture',

&*! ^JÌdois4e mourir,m fléchir ses humeurs}

Page 65: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ilLA COMEDIE

Èlkeuthafiede dite, MEVRS.

Fuisquemaperte est ordonnée -,

Etque

tu melésais fçauoir.

Lutter contre laDestinee,

Nestpasvna$eenmonpouuoir:

Cajonnqs d'vncousteau,st tout nous abad'éneï

Cette inhumaine adiouta, D Q N N E.

Ainfitout m'cfìlcot)taire',&'pourme

ficomir^

11semble que

le Ciel m ordonne de mourir,

JMais essayons premier ctaquerirparla

ruse,

Vn bienque

la Fortune au mériterefuse^

Etpuis qu'en laferuant nous'souffrons h

treÇftas, .'- " '

^afchónsdefobtenhr en ne

If feruantpaí.

Page 66: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DBS' CO ME D IE N S.%

ç. t ...•** •*-,*' ., y \ . .. '". \,? '„,,r'i- - ' i " '

SCENE SÈCOND&

ME LI SE E,

OPirandre,

Pirandréj obiei de m A

pensée-,-

SittifçauoU cobienmapauureameestblestee'y

Au lieu de m accuser demanquer d'amitié,

'ï'uioindrois à!amourpeut estre la

pitié.

Maisievoy bien ta rufe> Çr

nonpas toy m*

feinte;

Ettkien

que noseffritssoient

enmefme

con-

trainte,

Etqu'vn mefme Démo

s'emparede nos

sens-,le cache mieux

que toy lefeu que

ieressens.-

Tufeins grossièrement

d'aimervneBcrgere;

Tu feins d'estre infidelle,enmecroydtlegere;Mais

auecfpeud'art, qu'àtoute heure, en

tous lieux,

, le te meinc enefclauej attaché

parles yeuse.

Couragemon

BergesU Fortune

fapellt i

Page 67: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

|S L^X&MEDIËv

Et] puis queton amour a

souffertla

couppelle;

Que tu ies, /veu quiterfjànsme

pouuoir hair,

Etque tafoy subsiste, eynieyoyanttrahir;

le me Veux ìaijfervaincre a tant de bons

os-.

ficesy ,.<',,.-", »".'.-•..:

Déformaisie renonce, à totk mes artifice si

Et'quelque jugement que

tufasses

demoy, .„

Tuconnoistras bien tost queie n aimé

que

JCEÙE fROÍÈÍESME.

FíORINTo R, I S O M E N E2:

FLORIN T OR.

QVknd

Vouslasser eX^

Vous de me faire

vneiniure'í

Ouadvous loejfere%vous de me

reàrepariureì

Engefnantmon

effrit, rìdue% vompointde

peur,.

Qjià forcede le

feindreil ne vienne tropeur

?

Vous mehasardes trop,

ilfaut que

ie le die:

Qarvouè

Page 68: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES CQMÈDÏËNS; $f

CdrVous m accoustu^ne^dedans laperfidie.

T ab useVne innocente, & Voyant son erreur 1

Auprèsde ma

fìnejfe,elle

mefaithorreufi.

Voulamvom obéir,l'ay peineà

myrefoudrc;

Etpour Vous, & pQurmòy j ï

appréhende lé

foudre;

Etienepuis souffrit qtt'VnRiual prés déVouì^

Bienque

cesoit par feinte,en

ait Vn oeûfidouxì

En Vn mot, cette vie est pour moy tropamer et,

ISOMENE.

Ie v.ou<s I'aycent

fois dit, ilfaut tromper

md

Mère;

Etnécessairement; ferejoudre acepoinSf;'

Elle estime Vitandre, & neVoUsaimepointì

Toy veu( pourla

chager ) le bout demafçiece

Noflrevnique remède, est en la

patience;

Apres vn rnauuai!temps,

il en Vient Vnplue

beau ;

Elle touche défia le bord defin ^Tombeau!

Nospeines >&ses iours^ont me fmes destinées;

iVcpouuànt augmenter, que

defort peu

d années ;"

Et lorsfoy

et ccruûn,aueVo* niaUre%VnïoufiJ "

H

Page 69: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

5SLA COMEDIE

"~

.FLORENT

OR.

Ainsidonc

parla mort,Vous paye^mo amour.

Htconfidere^bìen, quelle est mon aduantUre;

Que ceMostre hideux}quidefiruitla N ature,

Cet hostedes Tombeaux,ce ffeéîre d'ojfemes,

La mort,donne lavie, à mes contentemens,

Me doit- onenuier, ouft

l'on medoitpleindreì

Me Voyant defirer3vn obiet tant a craindre?

I s O MENE.

Garde%que Vosdefirs,nefoiet trop

criminels:

FLORINTO R.

P enfuis defiapuni, par

desfeux éternels.

ISOMENE.

Ie m en vay vousquiter, pour

Vous tiret de

peine:

FLORINTOR.

Ha demeure^ mocqueufe,&cruellc Ifomene;

Que Vousconnoiffe% mal, l'effet

de Vosappas;

le meurs en lesy oyant, & ne lesVoyantpaL

IsOMENE.

C'est àmongrad regret,queieVousfuis fatale:

FLORINTOR. (phale,

Vostre oeilpour Florintor, est le dard de Ce*

Page 70: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DÉS COMEDIENS. 59

Qui nemanque

iamais "sdeluy toucher le

sein.

Mais ilfait plus

encore ,il frappe fans desseins

Vouscroyez qu'à

me Vaincre, on a fi peude

gloire,

Qui}'faut-quele

hasard,Vous donne ma

victoire,-

Mais comme lafroideur approche

dumeffris,

lefçay bienque par

là ì ie nefus

iamaispris

:

Et lorsque

de mon coeur, vousfufles adorée9

Confessez que Vostre oeilfut

àlapicorèe,

le levy ce bel ffH»fe

cacher ddemy, ^

Poursurprendre ce coeur

qu'il iugeoit ennemy;

fjMen qu'à force ouuerte ilpeut dompter la

terre ,

IIfut commf Vn Soldat, à lapetite guerre;

Et \ors fumant le cours de mo heureux destin],

Çétoeilìugea mon coeur, digne defonhutin.'ISOMENE.

II est vtay,ïews dessein dessus Vostre constance»

Mais bons Dieux, quece coeur, fit peu

de re-A

pstanceì

le lepris fans trauail; luy mefme lenchaifnk

''"'-'

'-H ì)

.."

Page 71: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

j>@ LA COMEDIE

Mais pensantï emmener, le rusé m" emmena;

Je le fis monCaptif, & ie

fus fa Cdptitïg:'

Silence,Fl6rint,or,Vostre Riualarriue;

IeVotis quite pour luy, nenfoyezypas ialouìs;

Çe queie

luy diray,ne

s*adressé qu'à Votts.>

FLO RINTO R.

D^ux! quecet artifice, estfafcheux

à mon

amè;^

ìfomene, Trompeuse,alle^ieVous en blafmeo

Page 72: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS, tz

SCENE QVATRÌESME.

ISOMENE, PlRANDRE, FlORLNTOR,'

ISOMENE.

Ostfe abord,. ne mefut

iamais

moinsdeíblaifant;'

Car Vous'msdefchargez, d'y n

farde au bien

pesant:

'^^^'SOMENE.

Yious ditesfranchement)

mut cequi

vous en

semble; .;,-

Mais ie nelaisse pasje

Vous trôuuer ensëbk;

Si VOUS ne mequiteT^ Ifomene^trger,

liray Vc/>

Melifee, afin de meVenger.

p Z. O R I N T O R.'

AprockeXi aproché^fèpïenez V0fir^púcc;

Nous fçmmes l'vn & Vautre,^^fl^e]

& de'gkscr;^ '

fí..M

Page 73: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

6i LA COMEDIE

Elleglacepourmoy, feupourVoftrefubieç

Moy glace pour fies y eux, feu pourVn aut*

cbiet.

I S O M E N E.

Sans estre pour aucun, défi facile prise,

L'vn des 'deux me menace, & l'autre me

méprise;

Soyezflame,ou glaçon, partez,ou demeure^,

lememocquedevouSj&Vousen assure^.

PlRANDRE.

'..- Voila souurirl'esprit, & le monstres fans

Voiler

FLORINTOR.

Quilleen

prenneVn

par mon confia

Cache^vous Estoile,

Voicy le Soleil.

Page 74: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

:DES COMEDIENS.€5

SCENE CINQVIESME.

IS O M E N E. M E L I S E E,

FLORINTOR, PIRANDRE*

í S O M E N È.

DËux

contre Vne, c'est trofa

ME LISEE.

Vous estes garantie:

Amoy Berger,

àmoy,ieJnìs

delapartiet

FLORINTOR.

Ie mets les armes bas, Amour est mon vain-

queur, /'

Quoy? Voule^vous combats'C,vn quinapoint

de coeur ì

ME L i s E F.

Vous rìauez pointde coeur ! ha ce

discours

moffence: .

Que direz Vo9

quiferue, &pajfepourdeffence

Page 75: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

64 LA COMEDIE

Vous rfauezpointde coeun helas

depuis cobieí

RefpondeT^ moy Berger i qu'auezVous fait

du.mien ì

FLORINTOR*

ApresVamir

acquis,auecquetant de

peine

Ie ne le mostre point,de

peur qu'onne

leprene:

PIRANDRE.

Vous lepouuez monstrer, librement en ces

lieux,

Vnplusrare

tht'tfor,m'occupe affezlesyeuxi

MELISEE.

De Vostre iugement,nevient pas mon estime:

ISQMENE.

Mille deson aduis, le croiront

légitime:

Iointque plus

rare ou no, il n estpas importas

L'homme contentes riche , & Pirandre est

content.

FLORINTOR*

Sonamepar orgueil, n'est point trop ausuglée?

Etson ambition, me

semble affeT^ réglée:

PIRANDRE.'

O n blafme biefouuet,ce qu'enne connoit

pas}

Mais ie Vo9 aime

aueugle^upresde ces

appas

MELIÌEE.

Page 76: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

h%^Ç.OMEDÎÌN$ï: v$i

,Mm&nstreparJ^ (fouet qu'il 4:firìj$w?é

. y "V'eWïr ;-i ; ,_,:; ,.-/. ',.;•. ,£,,c ..

r .' % TsQ&ÎÈNE/.-'

., , V,V

DéméritepoùrluyiVqus estes trop pourueuh

.Vojfoaute^fwse&e^

FLÛRIN ÏOR; ... .ss\'.

aM&nwurejtaJfeT^ fìri,pçur kef}fistèíh;

. charmesji j ; -rr.. ... 0 ,: ^-

\ ;

<-.í!wi^-iiì ,ì--,ls0^í,EN.^r.. ... .ÏÌr,vr,,:.>

X*if/? £Ì«Î^/w úáblementféui 'iç'óçupç

tMej

\Lêtttà$'àt ée-j&§±regap-àss fìmt\bi0,fî^

r:..-haukm^/X^..,J-. s,--.\-.: Áà&VÇtïí.--~

Vostre coeurferoït honte, ^éu^ípiet^f

," .Mft-'JfeííPje.' :

*Ofr^tì&^îaÉfrdevoMi'éeìMmarqMcì êph

$/ìais Monarques pàèrtarii,à ce

qu'on péi-í

•gefi

"-

•';.' .' •

Page 77: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

;&LA CO M EÛ.IE

ISOMEIÍE.

iêrgéridontU vertu^'oils fait bierecb'nefffol

Que s'il n est pas nay Prince, il est dignede

lestre.

LeurséistoHrsimportiïï,medonentdefo

Soyé^moins fértìmequ'elle, & plêshomme

que luy i {meure.

LdVÏSióifë est dnoíù,fans que perfomieen

F L O RI NT O Ri- -

Ouy, noussommes vaincus^mais le

Champ

ítsus demeure. '! "',-'-^?

I S O MENE.'

t->v.^

Goûtsë- lafoîle Mnur, quivoàfVa

possédant,

M fautcombatre en Parthe, gr vous Vaincre

"gntedant. -; '\:.^ -viy%

M ELI'SE^.

Stratagème fubtilïexeétìênte conduise,

Vous lanomme%mraitei& nouslapellehs

y PíRÂKD&E; '

Vous VëUstrompe^ Bergère , & Vouì la

pomme z^ten;

Page 78: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ÙES $OM£BIENS. 6%

Qn doit fuirle mat, comme fu'mre

h bien ;

Etfuguant fan estrtt, pour m'esloignerd^VQ^

te ctois assurément,queie

faitl'vn

gsïautre:

Etqui

de Vos beautés, fera comparai'&n,

S'il ri'enmaq^e beaucoup,dira

que iayfaist»

Mais parfaite Ifomene,allons

fous quelque

ombaage;

Le Solejl ( ainsi queux ) tafche à Vous faipç

outrage;..

Cosmos,ce beau taintirnals elle

^peutrester9

Car nayamjicn deheau,qHe luy peut

il ojierì

, FLORIN T o R.

T estime ceconfeilycherchez Vn lieu

fort s^rei.

Decouurir cesdeffauzs, ilp'apartiem qu'à

sombre ;

C'est là, quon ne Voit

point, quelle manque'

d'appas;

SiMen que pour l'aymerflfaut neUvavtpm*

PIRANDRE.

Btpourne F aimer

pas,il faut voirMelrfeel

FLORINTOR,

Vuider nostre dispute^ eflchofe fort aìfefy"' '"' '

" "

'?'«"

Page 79: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

$$::LA' cèMEBlÊ'^

pJous ioberons d'accord,nostre p-oust est par ei^

Pòurhaif ìfomene;iífàutvoirmónSoleiL

PIRANDRE.

Voù'sprenë-z

mal te s o ,de ceque

ie Veux diréi •;.1

M f LISEF.

En ine croyant fâcher, il me. forced f rire ;

)ïconfesse son crime,&fon aueuglement,

Etpuis

il esì honteux,d'auoir duiugement\

M4d&persistez Berger,encette repentance:

''Î^IR-ANDRE.''

-$Aa fuie fin ^feracelle de ma confiance.

''"'''•.•' "ME LISEE.

""'"

La mienne doit durer, plus long temps que

mesiows.' :_

I-SOMENE,

le n'aimeejiiyn

*~PaÊeur , quet aimer 4y

loufioitrs.

FLORINTOR,

fia que vousferfZ^bien,ne soyez f** tyefB

le^HiteroukÇiei, pluftost quema Bergère. \

P IRA ND Rí.''-'"" (>«$'

Qmàfon esprit pour moy,namo\t que cruau^

fe'fátí vmfokmmì,i adorer

fes'heamf^

Page 80: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

p.ES> $ÒMËQ!ENS. 1%'

M S L I SE fi. ''"

fînater dejfus moncíetir^nestpas estrìreâ®

fable;

Mon amouKQM diuin,n ariendeperijptítë

s.piÍÈ NE.

A titreque monBerger,ne peut qu'en s'abusifs

Çroire'quefondeffein,neme fiitdefflaijànt»;'

'

FLORINTOR»

Le Soleil esleuê,donne aplomb fur là rpche'9*

Tefmoignage çértaiu}quele midi

s'aprochei

IIJefautrettrer,!heure nòusyfopond;

kdetl SE'E. .

Allons voir mónTroupeau, qui

broute 4$

pied du Mont % r

PERIAÎÏDRE,

$oyezaufii contens,que iijùisà

monaifè;'>'IsOMENE.

Auprès'de ct.ffonqmttil n'est rien

qttitie

"plaise.

!: ";

''" '

Page 81: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ACTE SEC O N El

'*'".'.' &

quatriesme.

LVSIMANT, TÀRÀMÍNTÉ, ALLÍANTF,

ALFHANGE, PIRANDRE, FLORINTOR,

ÌSO'MENE, M ELISEE,

ySÇENE PREMIERE', .,

TARAMIN.TE,, LvsïMAkT.» .

JA RA MI N TE.

O v sconnoiffez W^n fils, Vpuix

fçauezquelilesti

S'il touche vostre esprit, yofirê

Niècemeplaift.

Et comme Florintor adore Melifee,

Qnvoitque fon.ampurn'en estpasMeffrife\

Page 82: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES &<ïïM§DÏENS.^

:"^ì"njoés k-dtjire^aìnfiquéìe-le veux,

Ví-*Z-.

NosvoUnsë\irómít)às^drest'et kúrs'fáfcx;

£cpu% q^vnmefue Dfeu'dhr-scóHrâgestaf-

semble,î - • ->*..- '- V-I

Nousles iàisterQíVÌHréi&derïìé^rtf èmêkfk

''$mr'duyftulWhQ%#fiScè-níb^

Doni^dnvôí^çhaqùe îour-'^ bíà'mfiirMus -<£èf

iCoupèaiïXjr y\: -•V.^.^ :..,^.^'

'.'

len'enfuis que Pasteur,. N^i^e- leslu^^dMèi

Vûùffçà0%^he$Féstiffi

t^fbnnel1''-'.*'- ~,\y-:í. :;\ ï; nv-..i

Aucundevnm'Bergersrteiëipèut èetiahcet^ i^j

Af^uter^umtydcourir^à'dançer;-• •?•-*

^tlors que JoiitàireàTefckftils'Âmustç

J^dnna,taces^ochers)Iaird'VheC^rn;èm^pí

'0 n VétqiïâWàintAigneaiï^ deffm. tMrV^

paiffénty-S. T >: l .:/ A.X >. ;.

Lafoulle fans manger, &£enva'bàndrffiâ%%

Jií charmépaHes

tonsqmfaldext:refr;êáMe\

L'Animalfamrdifòn}aynieceìqui résonne.

Mnfinferepuaiitez, dt•lefprit'&'duçorpsfi

Semblent Vous ob i<rer d'accoplir leurs accords:

'Wò:ífs estesfeul tarent de cette beUc fiiié'ï-

'

Page 83: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

fiLa GO MED fE

Et Vo^nignQnZpotntqueyleeflnosthfajm1ì$

Aíçceptez fe Neueu,ne le, refis Zpasf

Çrfr certes cerefus, cauferoit son irefpas*

l/V S 1 M A N t.

te sertis énnemy,&ema

propre parentes

Si l'offre quòh luy fait, ttìe&oitindiffèrent

tel'acceptepour elle,& tiens àgrand hckettr^

Cequi

la va combler deplaifir^ d'honneurs

&iies à Vostre fils ,qu dourdJ&MaistreJfe:

Xç des fqui

lepoint,est ctUfyqUïme presse-* ^

DdmfescontentemcntsjeérQUueraylesmiêsi

Etmouixaysas regret,en luyléipat mes bi$s£

Etquand vostre maison,me ferQ&imonwtï.,,

TadcrerokeníuyilaVeriutoUtènuë:

AMeH,çhir Tar4minte,alh%pen afsturé^

Car il n!arií àMmndre,^pmtMMtfi^^'

TARÀMINTI. cv..

$DìeuxîcbenLyfimdnt,apre^ X

J)jQntie leVayrauirie. n'y courspas i:y Vm%

;L-VSIM A NT..";,. . ..',;

Et môy, ie m enVay dirë9 a- m^Niete a lïtáv

-fiants

-

Que Florintot.qùeìlemmest wBtrge tbfiû:'

La muft'

Page 84: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DÉS COMEDIENS.7|

Ldmufique d'amour,en douceur infime,

Lorsqu'on est bien d'accord,estplemed'har-ì

monieí '-,-.

SCENE SECONDE, -

ALLIANTE ^.

ALTHANMEI

ALLIANTE.

'

^y,Pirandre l'dura; de bancceút^

t'y consents,

Et nepuis exprimetJe plaiss'que

. te sents:

Enmoffrat Vostrefils,VoUSmetirezdepein.e^

le ne ïkimepas moins,que peut fdrelfomenet^

Et fi la bienfiance eustpeú

me lesouffrir y

Tauroïsestémoy-mefme,enparler & l

offrir^'Ie voudrais

qu'elle fust, & plm riche, &plûs

rare,'Mais Pyrandre amoureux, nefçauroit èstré

auare, : '":

Etpuisque far antoUrsonéffmefi dimptê^

Page 85: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

74 LA COMEDIE

U prendra pour tejfecl:,mabonne Volonté.

A L P H AN G E.

Quandvous luy donerieT^çes

pierres adorées.

Qui filles duSoleil,n'enfontpas ejclairees,

Etquand

cette eauqui failles perles efiimër,

Aimeraitmieuxfinfein,queceluy

de la Mer,

Quand toute la Namre,auroit choifidans elle

Tant dediuerfitez,qui

lafont estre beîle,

Et quand les elemens, ne Voudraient auiour-.

d'huy,

Trauaillèr aux metaux,que pourl'am'ourde

luy,

IIfouleroit auxpkds,

ceque

le monde hon-

noré,

Et lapossédant• feule,il gagnerait

encore* ,

A L L I A N TE.

Veufuecomme te fuis ji ay besoin

desupport,

ALPHANG E.

Vous enaureT^

de nousJusques

a mftre mort.

ALLIANTE.

Ie ïattendsde Pirandre, & l'efpered'Aï-

phanpe:

Page 86: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS- 75

ALP HAN GE.

Ne craignez pas qu'vniour nostre Volonté

change,

Aliante, & fa fille, auront toufiours de nous,

Vnferuiteurfidelle, &le traitement doux:

Moisiaperçoy

mon fils, glabelle ïfomene;

le m'en Vay satisfaire,au

deffain quiìesmei-

ne:

La victoire esta toy, Pirandre bien heureuxy

Aliante reçoit, tonferuice amoureux,

Etconfient que fa fille, en

soitla

récompense!

ALIANTE.

Vous n'enpleurerez pas~,

ou du moins ie 1$

pense;

C ontentantceBerger,

en tonaffeBioyi^

le croisauoirfuiui, vostre inclination..

&í.

Page 87: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

f$ XA COMEDIE

SCENE TRQIÇIESME,

PIRANDRE, ISOMENE,

i 4L P H AN G E, A L'I ANTE,

PIRANDRE.

W E viens de la trouuer, au bout de laprai-

I S 0 M E N E.

Etie m enretomnois,à nostre Bergerie:

ALPH AN GE.

Dieuxlque pQurVn Amant, tuparois peu

hardy:- ' '

P I R ANDRE.

leconnokauSolei^qu'ilefíplus

de midi; [née:

Etn'ayveu monTroupeau,de toute la iour-

A LIAN TE.

Isomene, qu\ds tu, pour faire l'estonneeì

OrBerger

a'tongré, manquerait U

d'apas;

Page 88: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS*?f

I s o M E N E.

Quel,ma jfyfere, Çlinderì ie ne le connob

b'pM,

'

.''_.

A LPHANGE.

Suiurez'wus monconfeilì latjfons les

^liante t

Amour estvn Enfant, capable defpouuentei

Nostre âge luy faitpeur, laissons ksfeulement

ALIANTE.

Allons rire chez moy,de leur

estonnement."PIRANDRE.

Q'Dieuxl que dois-ieclíre, Isomene, vne, af-

faire.

Me reuiet en ïesprit,

ie ne m'enpuis distraire-,

Vom mepermettrez hien, que íj'passe

le

-:. iour.' ': "": '"

I S O M E N I.

Que^puiffetutrouuer la mort, k tpn retour,

Ne tas dequel malheur,me Voy-ie pourfuiuiel

. La ruse donti'vfois',

me va coustêría vie;

Monesprit

encreusant,

Vnpiège fions

met

Pour tropfairele

fìn,-trouue qu'ilne

ïestps^

.$n tajchant de tenir, mapafiioncouuerte,

Page 89: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

7S.:, , LA COMEDIE

Ie recueille mon bien, gp ïaduance maperte,

IepriueFlorintor

dufruiBdefestrauaux ; .

Etluy f ais'.plus

de mal, quen'ont

fait ses

P^iuaux.

Que de mon feint amour,ie mevoy bien punie!

Etquoy,céderons

nous a cernetyrannie}

.

A. tentendre.parler,

d'vnp

ouuoìrabsolu,

Usemblelafcheesprit, qu'on t'y Voidrefioluï

Peux tubien endurer, cette douleur amereì

Etquoy,

tufais

vn Dieu, plus'faible queta

\ f. Mère}.

Et quoy,tant de

ferments, parle Ciel enten-

. du.sì

Etquoy ylefoquenir des

fieruices rendus ?

'

Ecquoy,

tantdepaifirs,

tant de douleurspas-

sées. ,

Nestant déformais, qu images effacées,,

Etquoy,

tu t'y rcfoûds &, tupeux consentir,

D'achetter chèrement, Vn triste repentir,

Do$c âpres l'auojr feint, m veux eílre infi-

delleì

Et courir à clos y eux s ou le malheur t appelle)

Crois tuque Florintor,puiffevoiffans

meurit

Page 90: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DE S COMEDIENS., f9

-Que Ufoibk amitié-irìapeúlesecourir,

"Et d'i'confiante alors, tuferas

homicide:

Non,non,monpaúurè esprit ,ne fois'pas fi

timide; -

Si kfort

nousdeffend;

dé fiurèuuècbonheiir,

11 nouspermet

au moinsjde mUurifen honeur:

Ie puis malgré l'effort,de

far âge ennemie,

Luy remettre moname,exempte d'itìfamìe,

Dansquelque extrémité,quyil mepuisse rager,

11changeraplustosty que

mefaire changer,

Que fansauoir

pitié,de ma triste aduanture,

-Que leCielennemy,feioignea

la Nature,

Que trois des Elemens, conspirecontre moy,

U rieflpoint

de Rocher, fi ferme quema

foy;

Que les hommes, les Dieux, lOnde, ï Air,

& la "Verre,

Au feude mon amour, dénoncent touts U-

guerre,

Ce dernier Elément, enaffirantaux Cieux,

Esleuera mon coeur, comme vn victorieux.

C'estlà,que lesDeflins,auront laconnoifiace,

Desmasques

de maforce, & de leur

impuis-

sance,

Page 91: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

f o LA COMEDIE

C'est Idqu'en confessant, qu'ils

n'ont rien Veu.

detel

í'Ofiray (comme l*Amour) Vn renom immor-

tel,

P^ne feule Couronne, est le bien ouïaflnre,

Destins, donnes laénoyj degloire^ou

de mar-

Nimporte

l'Vnou Vautré; aussi bienmalgré

Vous,

Taimeplus Florintor, que

ie ne crainds vos

coups:

Ha bons Dieux! le Voicy, quel transportií

me donne!

Page 92: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES.COMËDIENS: f*

SCENE Q^ATRIESME.

FLORINTOR, ISOMENE.

FLORINTOR/

D/E

v x, Destins, & parents,'èn fin

tout mMbandonne;

L Amours Idpitié, les

pleurs ^le discours

S ont inutilement venus d mon secours;

*Touttede à larigueur

d'Vnpereinexerable,

Quime croît rendre heur eux,& me

faumi-

sérable:

Jvíais ile^ innocent,Vofire crime efi le mie% .

Sont lesseuls ennemis, de nostre commun bien\

Ifostre rufenoufpert;car fin ame

abusée,

Mecommandeauiourd'huy, d'estoufir Me-

lifiee;

Et commeassurément

ie 'ri obéir ay pas,

IIfaut quei'en

efihappe,encourant au

tressas.

ISOMENE.(fendre,

Nelas cefi par luy seul, que

ie mepeux des

Page 93: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ft LA- COMEDIE

De larrefi quime donne

FLORINTOR,

Acheuez,

I s O M E N E.

a Virandre*

FLORINTOR.

O Destins ennemis, quime

persécutez,

Voicy le derniercoup,

de tant de crùautéZi

Déformaisie

deJJ>ite,eylesDÌeux,eyles homes

Hiennepeut augmenter,le

désastreoù nous

sommes ;

Et dans l'excez des maux,où l'on ma condané

Sans descendre auxenfers, iefuis défia damné.

Masubtile

à Vo 9perdre ,oT r

opeufelfomene,

Vous aue%ffaitla faute,^1ïe

porte lapáne;

I'ay tropbien obéi, voííre commandement

Me priuepour iamais,de tout contentement.

IsOMENE.

La fin de Vosplaisir s,e fi celle de ma

ioye;

Mais mon cher Florintor, i'ay peur qu'onné

nous voye,

U nous faut séparer,

Page 94: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. tj

FLORINTOR.

Origoureux destin.

ISÓMJBNE.

2'espèrevous reuoir, demain des le matin;

J^endezvousou Ligno'n. arroufela prairie,

C eflateurde Vos maux,O' de ma reuerie;

C'est làque

nous verros, s'il nousfiera permis',

JD'efuiterles

effortsde tous nos ennemù\

Adieu, n'y manquez pas,

Fi o RI NT OR.'

Douxobiet demaflame,

le n'y fçaurois manquer,Vous

y portezmQn

Ame.

L t\

Page 95: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

H LA COMEDIE

SCENE CINQVIESME.

M E L I S E E. BUe.parle aprcsauou eseoute.

V me punis Amouf, parce

que i'ay

péché, ..-..

Tonfeu paroist trop beau, pour

le

tenir cache y>

' ' '

Mapafiionvoyant

U fienne mutuelle,

Sansraison en i'aimantje me

feignaiscruellei

Mon Onclesestdéceu,parce mestris m.êteur;

Maisri'impartes'espritn''a

iamais deTuteuri

Son crédit contre vnDieu,manquera

depuis-

sance;

Vn Dieuqui

m absoudrade

désobéissance £

Etpour ueu

que Pirandre, aimeaufiibien

que.

rnoy,

IBjenque.ce mefme Dieu, ne nom

ferala

loy.

Arriére, lafroideur, loin bien loin l'artifice j

M faut me la raison, j'affeen. fin son office»

Page 96: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. g5

\Pirandre wìaferuie,\l est tempsde

penser

A l'vniquemoyen,de le

récompenser:

Confessons librement, nosstames insensées;

Faisonslire mon Oncle,au fonds

de nospestes;

Monjlronsluy clairement, quilneVoit qu'à

demy;

Et chassons lerespect, qui

nousestennemy.

lamaiïa Florintor ie ne veux estre vnie ;

Amour efl Vn Tyran,qui fuitla tyrannie',

Etquoy qu'opofè icy, mon Oncle

Lufimant,

Ce riest pas

defa

mainqueie

veux vnAmat:

Quand le choixque i'ay fait, me doneroit

fkf

haine,

Mon inclination, régnera fouueraine.

Mais d'oùpeut

bien venirque

Florintoricy

Entretient Ifomene, &paroisttout transi

Nulleque may ria

mis,finame

prisonnière;

Ih entpris rendez vous, au bord de la ri-

uiere ;

Ce procédém estonne; &• cette nouueauté,

Mechatouille!esprit

de curiosité;

Demain dés le matin,ie my veux aller rendre,,

W.eùtestre leur

discours, feruirapour Piradre;

L iij

Page 97: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

U LA COMÉDIE

Amour, Roydes Amants,par tonpouuoir du

uin,

Rends ceprésage heuteux, & mon coeur b-m

Deuin.

SCENE SI XI ES ME,

PIRANDRE.

S T A N C E S,

N fin cetteruse inutile^

P7«j'dommageable quefuhtile%

Dont ie couuro'u mespostions;

Nefirtqua me

trdperyaufiibienque; moperei

Et le malqui

medefeffere;

Ne vient que de mes fictions,

lepenfo'ufléchirma Maistreffe,

E» cachant l'ennuy qui m'opreffe,

Mais Dieux! auei'euspeude raison:.

Is moblige

à meperdre,au

lieu de ïe distraire^

Page 98: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

JD£S COMEDIENS. îj

Et parvn

effeBtout contraire,

Cz remède mest

Vnp oison.

i

Mais ri adorantque Melifee,

DésabusonsVne

abusée,

'

Dontl'espoir riefi qu

vnevapeur:

Pourgrand que fiait

le malque fin

ame m

ressente,

Disons luy quelle estinnocente3

Aujïibien

queie

fuis trompeur.

Demain austitofi quel'Aurore,

Enquitant

les riues du Mores

O uuriralesportes duiour;

firay présde

Lignonretrouuer

Ifiomeneì

Et tafcher d'auoirparfa haine,

Vn bienque monstre son amour.

Tous les obiets deuiennentsombres;

Eti'aperçoy parmi

les Ombres,

La fin d'vn tourqui mest fatal:

Mais la Lunesuccède

àfa

clartédcffunté;

Page 99: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

*« LA COMEDIE

Suiuons cèt Jfire libéral,

Qui nom donne cequ'il emprunte]

ACTE

Page 100: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

8 9

ACTE TROI.SIES.M'Ë

&cinquieíme.

TÀRAMINTEJ ALPHANGE, ALIANTE,"

LV S I H A N T, MELISEE, PIRANDRE^

FLORINTOR, ISOMENE.

SCENE PREMIER.

TARAMINTEJ ALPHANGE,

ALIANTE, 'LVSIMANT.

TA RA MIN TE.

K.s s ìtofl que

le iour a Veunofìre

horifin,

' ' ' "

Florintor s esueillát, aqmtéía mai-

fin

M

Page 101: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

io LA COMEDIE

Ie ne le celépoint,

cela me met enpeine:

ALPHANGE.

Lemefme

afait Pirandre,

ALIANTE.

Et lemefme Ifomene:

LVSIMANT.

Et ma Nièceprenant

vn chemineficarté,

Sembloit auoirdeffein,d'efuiter

la clarté:

ALPH AN GE,

le nepuis

conceuoir pareille procédure:

LVSIMANT.

Nimoy

Vousexprimer

ceque

mon coeur en-

dure.

TARAMINTE.

Eri ohligeant

mon fils, on í'adésoblige,

le mestonnede voir comme il est affligé.

ALIANTE.

Ma fille enaprenantfin prochain himenee,

A T instant fi fit Voir, triste, morne, efionnee;

So oeilparut humide; (y

1chageantde couleur,

O n ne vid en soteint,que marquesde douleur:

Son ame enfe faisant beaucoupde violence,

Condamne toutlefoirfaparok

au silence;,

Page 102: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. 5*

Mau parde

hngs fouspir's,Fvn

furl'autre

lafiheT^,

'(

Elle medefcouuroit ses desflaifirs cachez.

Et malgréle

xespeEì quila tenoit contrainte,

lé leus.dans son espritvne

excefiuecrainte:

Asakquelefile fubiet quila luy peut donner,

C'efl là ceque

le mien nefcauroit

deuiner.

En Vainpour

cetejfèfí,

ie merompois lateste,,

: >Quandie Vous ay trouue7^,tou44ro'tí enmef

mequeste ; ;

Etiefiens

maintenant redoubler monfiucy,

Pìuisque

nousdefcouuros qu'ils

ne font pas icy,

Car cepré que Lignon arroufe

deson onde,

Cepré

leplus aimable, & le

flus beau du

\ monde,

Efi leseul rendez Vous,ou ces

captifsd'Amour

Auoient accauflumé de venirchaque iour.

, ...' '

A,LPHAN;G:E. .- . .,'

lispours

ont arriuer; cetteplace efìfecrette;

Voyez quece Rocher nous

offre faretraite,

Lieuplus propre

a cacher, nous nepourrions

J^boisìr;•

D:oW§ons nousfieulimtm

vne heure deloisir;

M í

Page 103: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

pï LA ÇQMEDIE

E Ombrepour

cedessein,

nous rendvn'boìjL

office, _•

, .-

Et nousfera Voir clair, dedans leur artifice.

'LysiMAN T . .

Laprouuece

conseil,car

par luy nous fçaurons-

Vn secret biencaché,puis que

nousîignoros.

Orfans plus

dediscours, metons nous dans.

sla Roche,

De peur d'ejìreaperceus,fi quelqu'vnd'eux

aproche..-,

Page 104: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. 9l

SCENE SECONDE.

MELISEE, LVSIMANT, ALPHANGE,

. TA RAM IN TE, ALLIANTE.

M E L I S E Eç

! E chemin ordinaire, eut trahi ma

langueur;

Et l'autrem'affafiine,

enson trop

deLongueur.

Florintor, Isomene, & Cupidon encore,

Me verront arriuer, austibien queï Aurore:

Et lefort ennemy, qui

ne veutpas

mon bien,

Me cachant leurdessein, defcouurira

le mien.

Mais ieVoyfans

les Voir, queie me

fuisde-

ceuë;

Etie me Veuxcacher,craignat d'estre aperceuë

Oiseaux, allez ailleurs, reciter Voschansons,

Amourpour

me couHrir>me monfireces

buis.

sons,

M iij

Page 105: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

M LA COMEDIE

LVSIMANT.

te vay luy tefmoigner, que sonhumeur me

fafche:

ALPHANGE.

L edessein quelle

àpris,

auec ellef

e cache ;

Donnesvous

patience, attendez s'il Vous

flaisi;

Indubitablementnous sauronsce

quece

fi.

Page 106: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. $$

SCENE TROISIESME.

PIRÀNDRE,\ ALPHANGE , LVSIMANT,•MELISEE, TARAMINTE, ALIANTE.

PIRANDRE.

L le ri est point icy ; malgré ma

refuerie,

V arriue deuant elle, au bout de

laprairie;

1 ay loisir desonger

auecquelles raisons

ì'adouciray l'aigreurde tant de

trahisons:

Maisplus t'y pense, Amour, moins

ïytrouue

d'excuse;'

Pour cefafcheux discours,malague

merefuse

Maisdeuffay

ie mourir àfesy

eux esbáhis^

Ils Verrontauiourd'huy^queie

lesay trahis.

Et depeur que quelqu'\w

nem'vfè

desurprise

*-£ que fin emycúen,rien rampeï

entreprise,

Page 107: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

$6 LA COMEDIE

Le tronc de ce vieuxchesne, & fis grands

rameaux verds,

Offrentà mes desseins, de les tenircouuersi

( ALPHANGE.

leveuxluy reprocher,l'excesde fa follie*

LVSIMANT."

LaiffeXjvnchemin libre, afamelancholíe;

Son coeur audéfilaifir s'est trop abandonné;

Etfiuìuez Vn

confisqueVous rriauez donne i

MELISEE.

Elle riestpoint icy ? Pirandre

qui madore^

En cetteextrémité,feindre

h il bien enc-oje}

Elle'riefi point icy, non, fans doubtefa foy

Nadresse

cespropos ^a nulle autre

qu'à moy.

Amour,Roydemoncoeur, endureqùenmoû

ame

Lacuriosité,l'emporte fur'taflame;

>

le veuxque

mon ardeur, fecache

pourencor:

:j.'-'TÀ R A MIN TE.

Nous allons tout fçauoir, ïapercoiFlorìnton

ALIANTE.

11 ri arriue pas seul,ie

defiouure Ifimenê;

PIRAN-

Page 108: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. 91\

PIRANDRE.

Ha Ciel!qu'en

ce moment, monesprit est en

peine ;

CeBerger importun,augmente monfiucy,

Maispourtant aprenons,

cequiles

meine icy.

LVSIMANT

Silence, '','

TARAMINTE

Pas vn mot,

ALIANTE.'

. Ie Veux efire Vne souche',

ALPHANGE bouche.

Et malangue (y mes y eux, s attachent kleur

PIRANDRE.

Que mon efionnemet eft extrême auiourduy;

M ELISEE. dautruy.

Que iemeplais d'entrer dans les

secrets.

N

Page 109: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

>.í LA ^COMEDIE

SCENE QFATRIESME,

FLORINTOR,' ÏSOMENE,

PIRANDRE, MELISEE,'

TARAMINTI, ALPHANGE.

IL v SI MAN T, ALIANTE.

FLORINTOR.

Arigueur

de mon Père, & de

ma destinée,

M'ordonne définir, auecqnes la

tournée;

La mortdeliureracepauureprisonnier

Ct iour,detomlesmiens,doitejtre le dernier;

Etpuis quemonbon-heur, estfans

nulleapa^-

rence,

Tauray mefmeSepulchre,auecmon

esterace.

Les hommesgenereux,qu

on nepeut secourir,

Ont toufioursvn remède, en cherchant â

mourir;

LaParquem

mifirahle,efi touftours oportune

Monstratsoncoeur.

Page 110: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMÉDIENS: ?j

La douleur laplus courte,-est

lamoinsimpor-

tune;

Etquel que soit l'effroy,que donne le

tressas^>

Lorsqu'on riefipoint content, il vaut mieux

riejìrepas.

Helas chereIsomene,

en vain lasolitude,

Le silence,la nuisis amour, l'inquiétude,

FideUes Confcillers;

ont tafchede trouuer,

Vn remèdeaffez fort,pour

mepouuoirfkuuer

Toutest faible, a

l'efgaictvnmalheur inuin-

cible;

Et chercher mon salut, cefi chercher îimpos-

sible: ;'

Mais endestit duCiel,quisemble èfireialoux,

lemourray satisfait,

en mourant deuatVom.

ISOMENE.

Vous mourrez satisfait, 0*nonpasmoycok~

tente; ,

Carpuis que

lé Desiins'oppose

k ml* attente,

Que fis ininstes L oix me forcent d'obéir,

Etquefiie

veux viure,il faudra- Vous trahir:

Pourpres que soitï

infiant,ou la mott

rigoti^

reiife ,

Ni)

Page 111: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

io© 'LA COMEDIE

Merauirale iour,ie mourraymalheureufe :

Etsongeant que moy- mefme ay perdu mon

Amant,

le fer ay fans repos,dedans le mpn'umemt.

Ve>us exemptde

péché,foyezledeïenuie,

Quiyouspouffe à chercher la finde

vostrevie;

Viuezcher Florintor, & gardes Voflrefoy,

Pourvneplus heureuse, & plus belle que moy:

Si comme Vostre Estrit, son corps est adorable,

La fortune k tous deux vomfirafauorable;

C'est-leseul reconfortJquema douleur attend;

Etiefiray

moins triste 3&Vous bienplus

con-

tent.'

>

FLORINTOR.

O Conseil homicide, ty- qu'on ne saurait

fuiuréì

Qui medone la mort, en meparlant

de viure:

Cmfeil,austi perfide,

à moy,corneà l'Amour;

Etquoy!

ie Vous p er dr ay, fans perdre austile

iour ?

Comment ì: vouscroyeT^ doncqu

au milieu de.

l'orage,

.Ainsi quede bonheur; ie

manquede cóUragel

.

Page 112: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DG& COMEDIENS. iov

T apprendsàvojlre esprit,dececrime

fouillé,

Que ie me doib s coucher, puis qu'onm'a

des- .)

pouille:

MonVnique repos est en lasépulture ;

Nal que n'est en mafin,celle de la Nature.

En vainpour

me flatter, Vousfaites desdefirs;

C'efiadiouster encorda tant dedestUifirs;

,

Cdrpuis quele Destin,

mereffe Isomene,'

L'vniuers riapour moy que

desobiets de haine.

Hapauure Melïfee,oPirandre banny,

Vous efiesbien Vangez,&ie

fuisbien

puny\

Le Ciel;le iuste Ciel,quihait la

perfidie,> Me condamne

dufup lice,-& veutqUe

iele die:

I'ay mérité mon mal, parcette

trahison;

Et.fi iem'enplaignois,

ceferait fins raison.

Enfin doncIsomene, espoufera

Pirandre}

La contraintel'emporte ,& ï Amour fie y* ^

rendre ì!

II met les armes has, Çy comme on toitparler,

U nerésiste plus;quepour capituler.

La Volonté mafflige, &* la voix me

console,

JMiferable eneffeíibienheureux en

parole,

L'amedas ledejòrdrè&vous

das lesaccords%

, . N i'i

Page 113: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

ioz\ ,Z'J COMEDIE'

Vembrafferay vostre.embre, 0* Pirandre k

corps.

Nel'imdginezpas;la

fortune ennemie

Peut mecharger àepeine,&nopas d'infamie

Puisquevous tefm.oignez

meVouloirsecourir;

Faitesque vostre bras,m aide au moins à mou-

rir.

lepercerou mon coeur^ il rì'auoitvostre image:

jVous quiri adorez pas Vostre propre visage,

Serúez Vous decefer^aidez

a mon dessein;

(2arl' Amour medeffcnàde

me lofler dufém.

LereífeÛ^nonia crainte, occupema

pensée:

\Maïsfour blesser mon coeur, i'ay lame

trop

blessée:J\

Et bienque

letressas déformais

mesoit cher,

Vous feule auez le droiêíde leponuoir

tou-

cher.

Accordes moy lamort, ou mon defir aspire;

Faites Vncorps d'Estât\car cefi

la vofire Em-

pire;.

EmpefchezquvnRiual,riendeuknneVain^

queur;

Etpour

doner levostre, arrachez moy

le cceun

Page 114: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

y 3ES COMÉDIENS. . í©|

IsOMINE. , ;-

%Pa cruel Florintor, que Vostre meffiance'

Irrite mon ammr,& monimpatience;

QueVousauezdetort,deVous imaginer,s

Quece

que i'ay donné, fe puisse redonnes,

Non, non, malgréles Loix, du Cieîï&ds

Nature,'

'r

le vous cenferueray maflame toutepure;

Et bienque

Vossoupçons,me deuffentarriuef>

lequiteray

le iourauantquevous,quiter.

GuerijfeZVostre estritde ï erreur

quiï affliges

En m'ouurant leslomac, Vostre déìkltre m'o-

blige; '•.-'-.;

AuxMmhesamoureux,enlacezduÇipreZt

Et fivous maymez bien, Vous me

fuiure^

; âpres.-I \ >

PIRANDRE.

Quelle merueille o Dieux \ s'emparede mm

ameì

MELISEE,

Quel miracle d'Amour, de cacher de la flame*

TA R AMI N TE.

^dmìrez-dliante,vnteldefguìfiment;

Page 115: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

io4 LA COMEDIE

ALIANTE. ,

Ie nepuis me rauoir de moneslonnement.

ALPHANGE.

Quel'Amour estsubtil, (y qu'il a de malìcesìJ

LVSI M AN T.

Etqu'il méfie de maux

auecquesfis délices.

I S Ç ME N E.

Vous refuet^mon

Berger, quoy,ne Voúle^

Vouspas

.

Confieruer Ifimene, ^fuiurefon trejpasì

Cefier fera plus doux,quvne

Mèreinfienfied.

FLORINTOR.

Vn moy enplus

aisé me vient en lapensée;

Et sas vousamuser parvn plus longdifcaurs,

Voyezcomme Pignonnous

offre son secours,

Là,malgré leDeftinsus qui l'vniucrs treble,

N ayant peu viure"mis, nous mourronsioints

ensemble.

ISOMENE..

ïapprouuece

conseil, embrasse ieleveux;

Carilfaloitde l'eau

pour efieindre nosfeuXi

P IRANDRE.

Arrefiez ï>ousBerger,reteneX^cetté[enuie;

le né

Page 116: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

'DÉS' COMEDIENS. Ï05

lé ne metspoint d'obstacle a theur de vostre vie

On me donne Isomene, & ie vous enfais

don ;

le confessemon crime en demandant

pardon

L edessein que

i'auoiid'obliger Melifiee

Aquitter fin mespris, fi voyant mesfrifee

Me fit feindre'Vne amour malheureux en ce

points

Qu il Vous apensé perdre

en ne me saunant

-point.

MELISEÈ. >

Va fidelle Virandre^auièurd'huyta confiance

Me donne de laioye & deia

repentance,

TropamourèuxBergerfçachesquema rigueur

Nefut iamais d'accordausentiment du coeur

Pour eíprouuerletien^

ie mefeignais cruelle,

-

Et ie brujlou pourtant, d'Vne ardeur mutuelle,

Mauvomque

ï ay trahiVom medeuezpuhht

Silapidé

nepasse

en<vofirë fbumnir:

Cardepuis Céladon & la

Btrgeïe Astrit,O n ri d

point Vmd'amants en tome la contrée,

Siprés du

désespoir, fi rempliede

fureur,Et tout

par mûeffein qui canfit Vostre erreur.

O

Page 117: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

'W LA.COMEDJE '.'•Ó.

-:•;.."'Í FLORINTOR. -..*-.-*A\

Eonuné .Florintor^ ,. ,. -,..'" '. ,w.\\-. •v.'

ISOMENE. •• A

Í •-''.•, ,v<*.í.-''-

.Trop heureufe::Ifomene9

:'- Pi RAN.DRf. Ì , ;-.'.'•

•/

leyencontre l'amour,où ie croyois la haine.

.,;! '.-.•;. 1 À' ,.M E.LJ S E E. '. ;. v :. /-U.

Oublions leposté pour

contenter nosVoeux,

". -^.-Á -v.' T A.RÌ!4'lkTE., u '<" \ -ry

Montrons nous Lufimant .•.-:\.;, .

'•',

~' '" "L.VS;tM.A:NÏ.

,,. . *^ -. r:.{Montrêns-notí$.". ':'.

"~A

,- .-.:• ^ . A.LI.AN'TE. A '..-:;-. •,

-. >. . ,->,>.•/ •<-.---i.'

•-.le le yeux, ;

JrÍ4 .Cif/.<p<f

/<Í douleur adepuijjkniesr.drmés^

Laplainte

a des attraits e^-.les pleursont des.:

charmes. .>. .-', r -T -.;.'••

'--A; .' •''•'.'.

, ., ;,!.. ALPHANGE. . ^ ;v

..

Q rpour viure contente rendons les

satisfaits

Et neséparons point'des

A mans fi parfaits..

T - FLORI N TO R. •.

Arbitres de nos iours àquiparla naissance

.

iSA»^ sommes obligezde rendre obéissance,

.

Page 118: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

DES COMEDIENS. *Qf?

Agréeznos defir-s, ayez f'Uie

^e rious, .

Pour obtenir ce bien, noussommes

dgênons.

TARAMINTE.

Eestrauaux endurez riaccusez queVo

9mefme

On ne doit, plaint 'celer quel est l'objet qu'on

aime. ,'

/ • •.

Vostre erreurfutia nostre &•!amour outragé

Vous apunie luy seul & sestaffe%jyange:

Allez viuez heureux & faites quela ioye

Trouuepóur vpstfe coeurvnefecrette Voye,

Qu elleparoisse

aufront & dessus vn autel, ,""

Ou ces motsdompteront

Vnvageur immortel.

C'efiicylelicudesmerueilles- r. Mille aduantures

nompareilles.

Sur les bordsdeLigno fefont paroifire

au iour

Icy l'amour rendses oracles

Mais leplus grand

defis miracles,

Fut l'Amour cachépar l'amour.

O ij

Page 119: Scudéry, Georges - La comédie des comédiens

LA COM. DES COU.

MK DE BLANDIMARE,

IL

ne vo u s estpas difficile de remar-»

querpar ía satisfactionque tesraoi-

gaentnos

Spectateurs, que ie ne vous

ay pas-este'dutout inutile, & f

espère

quevous vous en

apperçeuerez mieux

encor àraueiìir,pourueu que

le succes-

seur de Belle-Ombre, c'est à direceluy-

.quireceural'argent,se résolue de fairê

vn miracle en faisant homme de bien

vnportier de Comédie : &

pour vous^

Messieurs; si vous rendez maprophétie

véritable, en continuant de noushon-

norer de vosprésences,

nousvous pro-

mettòs absolûmes den'employer

toutes

les forces de nostre esprit qu'àtascher de

fairequelque

chosedigne

de l'excelléce

du vostre.

V l N.