14
DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 foodsecurecanada.org Documents de réflexion de Sécurité alimentaire Canada La politique alimentaire populaire se fonde sur dix documents de réflexion détaillés. Ces documents de réflexion ont été générés grâce aux 350 tables rondes, des centaines de propositions de politiques, des douzaines de téléconférences, des discussions en ligne, et trois conférences pancanadiennes. Plus de 3500 personnes ont participé à leur développement. Ces documents couvrent une vaste gamme de questions et de recommandations politiques détaillées pour la reconstruction du système alimentaire du Canada. Contrairement à Du pain sur la planche, ce ne sont pas des documents de consensus et ils n’ont pas été approuvés par chacun des membres de Sécurité alimentaire Canada. Ce sont plutôt des documents vivants, destinés à éclairer le débat, stimuler la discussion et contribuer à bâtir une meilleure compréhension de notre système alimentaire et comment il devrait êtreet doit êtreréparé. 1) Souveraineté alimentaire autochtone 2) Souveraineté alimentaire dans les communautés rurales et isolées 3) Accès aux aliments dans les communautés urbaines 4) Agriculture, infrastructures et moyens de subsistance 5) Pêcheries durables et mode de subsistance convenable pour les pêcheurs 6) Environnement et agriculture 7) Science, technologie et alimentation 8) Politique alimentaire internationale 9) Accès général à des aliments sûrs et sains 10) Démocratie alimentaire et gouvernance Sécurité alimentaire Canada est une organisation nationale à base d’adhésion qui est engagée dans la lutte contre la faim et pour l’instauration d’un système alimentaire sain, équitable et écologique. Notre vision est définie dans Du pain sur la planche : Une politique alimentaire populaire pour le Canada. Accès aux aliments dans les communautés urbaines

Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

;

DO

CU

ME

NT

D

E

FL

EX

ION

3

foodsecurecanada.org

Documents de réflexion de Sécurité alimentaire Canada La politique alimentaire populaire se fonde sur dix documents de réflexion détaillés. Ces documents de réflexion ont été générés grâce aux 350 tables rondes, des centaines de propositions de politiques, des douzaines de téléconférences, des discussions en ligne, et trois conférences pancanadiennes. Plus de 3500 personnes ont participé à leur développement. Ces documents couvrent une vaste gamme de questions et de recommandations politiques détaillées pour la reconstruction du système alimentaire du Canada. Contrairement à Du pain sur la planche, ce ne sont pas des documents de consensus et ils n’ont pas été approuvés par chacun des membres de Sécurité alimentaire Canada. Ce sont plutôt des documents vivants, destinés à éclairer le débat, stimuler la discussion et contribuer à bâtir une meilleure compréhension de notre système alimentaire et comment il devrait être— et doit être— réparé. 1) Souveraineté alimentaire autochtone 2) Souveraineté alimentaire dans les communautés rurales et isolées 3) Accès aux aliments dans les communautés urbaines 4) Agriculture, infrastructures et moyens de subsistance 5) Pêcheries durables et mode de subsistance convenable pour les pêcheurs 6) Environnement et agriculture 7) Science, technologie et alimentation 8) Politique alimentaire internationale 9) Accès général à des aliments sûrs et sains 10) Démocratie alimentaire et gouvernance

Sécurité alimentaire Canada est une organisation nationale à base

d’adhésion qui est engagée dans la lutte contre la faim et pour

l’instauration d’un système alimentaire sain, équitable et écologique.

Notre vision est définie dans Du pain sur la planche : Une politique

alimentaire populaire pour le Canada.

Accès

au

x a

lim

en

ts d

an

s le

s

co

mm

un

au

tés

urb

ain

es

Page 2: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

2 2

2

2

Contact : SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA FOOD SECURE CANADA CP 48020 BP Bernard Montréal (Québec) H2V4H0 Canada (514) 271 7352 [email protected] www.foodsecurecanada.org

Page 3: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 – ACCÈS AUX ALIMENTS DANS LES COMMUNAUTÉS URBAINES

3 3

3

Accès aux aliments dans les communautés urbaines

RÉSUMÉ Le but du présent document de réflexion consiste à identifier les obstacles à la souveraineté alimentaire que peuvent rencontrer les résidents en milieu urbain, ainsi qu’à fournir des solutions politiques permettant de contrer ces obstacles. Nous nous concentrons sur trois champs d’action : 1) les contraintes économiques qui empêchent les populations à faible revenu de se procurer des aliments sains, de même que la dépendance de celles-ci envers les organismes caritatifs ; 2) les restrictions à la production alimentaire urbaine ; et 3) l’impossibilité, pour plusieurs groupes de la population, de s’approvisionner en aliments locaux et d’accéder à de l’information adéquate.

Recommandations 1) Améliorer les programmes d’aide financière (revenu minimum garanti, assurance-

emploi, prestations de retraite, soutien du revenu) de manière à ce que tous les Canadiens puissent se procurer des aliments nutritifs. Autrement, mettre sur pied un système de bons échangeables contre des aliments sains qui seraient distribués à tous les Canadiens. Faire en sorte qu’il n’y ait pas de déserts alimentaires – ces derniers forçant les gens à parcourir d’importantes distances pour se procurer leurs aliments – dans les villes et les banlieues.

2) Mettre sur pied des programmes permettant d’utiliser des terres en milieu urbain à des fins agricoles. Financer des programmes alimentaires scolaires.

3) Mettre en place des politiques d’approvisionnement alimentaire favorisant l’achat local au sein des municipalités, des régions, des provinces, des territoires et des institutions fédérales. Instituer une politique d’achat pour l’ensemble des institutions fédérales où les contrats d’approvisionnement privilégient les aliments locaux autant que faire se peut. Fournir un soutien financier pour que des coordonnateurs alimentaires puissent œuvrer dans toutes les communautés urbaines.

Page 4: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

4 4

4

4

INTRODUCTION Le refus de considérer les aliments comme de simples marchandises est une position clairement établie dans l’ensemble de nos documents de réflexion. Cela signifie que nous entamons une discussion visant à concevoir des moyens non commerciaux de distribuer les aliments. Cette tentative visant à imaginer le monde au-delà de la vision mercantile affectera sans nul doute notre manière de comprendre les réalités autres que celles se rapportant à l’alimentation. Les villes sont intimement liées à l’activité commerciale. Elles ont d’abord vu le jour pour servir de plaques tournantes (ports de mer et fluviaux) pour la distribution des marchandises. Avec l’émergence de l’industrialisation, les villes se sont développées autour des meuneries et des manufactures. Les gens se sont installés dans les villes afin de prendre part à l’innovation, à l’effervescence et à la prospérité. Les villes ont toujours été négligées par les politiques gouvernementales, tant provinciales que fédérales. Bien que certaines grandes villes – Vancouver et Toronto en sont des exemples – ont eu la prévoyance d’établir des organismes consultatifs en matière de politique alimentaire (Food Policy Councils), toutes doivent s’assurer un revenu par l’entremise des taxes foncières et des frais de services. Elles sont également assujetties au pouvoir provincial pour toute question concernant l’aménagement de leur territoire. Les politiques fédérales, quant à elles, sont plus enclines à se plier aux demandes des industries extractives qu’à répondre aux besoins des habitants des villes. Il demeure toutefois que lorsque les gens sont affamés, malades ou sans-abris, le problème incombe aux villes. Bien que le principal objet de ces documents de réflexion soit la politique fédérale, nous ferons mention de quelques changements qui devront provenir des autorités municipales. Comme l’indique clairement le document de réflexion #10 (Démocratie alimentaire et gouvernance), la première étape de tout changement sera constituée de discussions en continu parmi les citoyens et, dans cette perspective, nous portons à l’attention du palier municipal les problèmes et solutions identifiés. Des problèmes intrinsèques à la nature des villes ont été clairement identifiés. L’un d’eux réside dans le fait que les marchés engendrent des inégalités : alors que certains sont récompensés pour leurs innovations, d’autres sont laissés pour compte. Le fait que les terres sur lesquelles sont construites les villes ne sont plus considérées comme étant une source d’aliments constitue également un problème. Elles ne sont perçues qu’à titre d’espace : l’espace sur lequel sont construits les bâtiments et les routes. Une certaine partie de cet espace est dédié à des fins sociales et sanitaires, les parcs par exemple. Toutefois, parce que les villes tirent leurs revenus à partir des taxes foncières, la tendance générale consiste à utiliser l’espace de la manière la plus productive possible. Ainsi, en l’absence

Page 5: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 – ACCÈS AUX ALIMENTS DANS LES COMMUNAUTÉS URBAINES

5 5

5

d’intervention de la part des autorités, utiliser les terres en milieu urbain à des fins de production alimentaire devient économiquement impossible. L’accès aux aliments sains demeure pourtant une nécessité pour tous. Résoudre les problèmes reliés à l’accès aux aliments en milieu urbain consiste à identifier leurs causes fondamentales et à identifier les groupes démographiques les plus touchés. Les habitants des villes se procurent la majeure partie de leurs aliments en les achetant. Cependant, ceux qui n’en ont pas les moyens se retrouvent soit à ne pas manger, soit à ne pas consommer suffisamment d’aliments sains. Bien qu’ils ne soient pas exclusifs au monde urbain, la pauvreté et l’incapacité d’acheter et de préparer des aliments sains sont des problèmes sérieux auxquels font constamment face les décideurs. Toute discussion portant sur la souveraineté alimentaire doit conséquemment reconnaître et cibler ces facteurs. À l’instar de l’éducation et des soins de santé publics, les aliments sains ne devraient pas être l’apanage de ceux qui ont les moyens de se les payer. Une attention particulière devrait être portée à certains groupes de la population lors de l’élaboration de politiques visant à améliorer la sécurité alimentaire en milieu urbain1. Ces groupes comprennent les peuples autochtones, les minorités visibles, les personnes âgées et les mères monoparentales. S’assurer que toutes les personnes, indépendamment de leurs revenus, puissent consommer suffisamment d’aliments sains mènera à une société plus en santé, plus productive et jouissant d’un meilleur niveau de vie. Puisqu’il privilégie les personnes jouissant d’un niveau socio-économique plus élevé et qu’il défavorise celles dont le niveau socio-économique est plus faible, le concept d’aliment-marchandise constitue une entrave fondamentale à l’atteinte de la souveraineté alimentaire. Il s’agit d’un problème en soi et cela doit changer. Dans le présent document, les discussions quant aux politiques visant un meilleur accès aux aliments dans les communautés urbaines s’articulent autour de quatre thèmes clés :

i. les contraintes économiques à l’accès aux aliments pour les populations urbaines ;

ii. les possibilités restreintes de développement de l’agriculture urbaine ;

iii. l’incapacité, pour plusieurs groupes de la population, de s’approvisionner en aliments locaux et d’accéder à de l’information adéquate ;

iv. l’absence de programmes éducatifs qui, en concomitance avec d’autres programmes cherchant à faciliter l’accès aux aliments sains, permettraient aux gens d’améliorer leur accès aux aliments de même que leur régime.

Page 6: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

6 6

6

6

CHAMP D’ACTION #1. AMÉLIORER L’ACCÈS AUX ALIMENTS POUR LES COMMUNAUTÉS URBAINES À FAIBLE REVENU

Situation actuelle Un résident urbain sur dix a un accès limité ou insuffisant aux aliments en raison de contraintes financières2. Les résidents urbains à faible revenu dépendent grandement des banques alimentaires et autres organismes caritatifs. Ces organismes sont toutefois dans l’incapacité de répondre à la demande, étant ainsi contraints à ne servir qu’une partie de ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire. De plus, les programmes de bienfaisance sont souvent incapables de fournir des aliments suffisamment nutritifs pour répondre aux besoins de leur clientèle. Pour ces raisons, les résidents urbains à faible revenu devraient avoir les moyens financiers de se procurer des aliments nutritifs et culturellement appropriés. Ils devraient pouvoir y arriver d’une façon qui respecte leur dignité en bénéficiant de la création d’emploi, d’une aide salariale ou de paiements de transfert. Ces mêmes personnes devraient également pouvoir accéder à des logements abordables qui sont dotés, et c’est là une importante composante de la souveraineté alimentaire, d’installations adéquates pour l’entreposage et la préparation des aliments. Puisque quémander des aliments est une chose indigne qui fait honte à ceux qui ont faim, nous suggérons une solution de rechange à ce qui constitue actuellement la principale réponse aux problèmes de la faim et de l’insécurité alimentaire, en proposant un système alimentaire équitable et accessible à tous, digne et autonomisant, en plus de promouvoir des normes nutritionnelles élevées.

Propositions de politiques

1. Appuyer la révision systématique et le réajustement des programmes d’aide au revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer que tous les Canadiens aient les moyens d’acheter des aliments sains et nutritifs qui répondent à leur culture. Cette proposition implique notamment les actions suivantes :

Sur la base de consultations avec les gouvernements municipaux et provinciaux, le monde des affaires, le secteur à but non lucratif de même que les citoyens canadiens, mettre sur pied une stratégie fédérale de prévention et de réduction de la pauvreté comportant des objectifs mesurables et des échéanciers précis, en plus de développer une stratégie efficace permettant aux personnes à faible revenu d’accéder à des logements abordables (voir le document de réflexion #9 : Alimentation et santé).

Page 7: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 – ACCÈS AUX ALIMENTS DANS LES COMMUNAUTÉS URBAINES

7 7

7

Maintenir les transferts de fonds fédéraux aux niveaux prévus, incluant les transferts sociaux canadiens vers les gouvernements provinciaux, territoriaux et ceux des peuples autochtones.

Soutenir la création d’un salaire minimum vital permettant aux travailleurs à faible revenu d’acheter des aliments sains.

Continuer à travailler à faire de l’assurance-emploi (AE) un système plus accessible et plus efficace en tant que programme de soutien salarial pour les travailleurs, notamment ceux qui sont sans emploi, ceux qui travaillent à temps partiel et les travailleurs autonomes.

2. Une autre mesure – qui peut en outre s’ajouter aux mesures plus générales visant à

sécuriser le revenu mentionnées ci-dessus – consisterait à examiner les bénéfices d’un programme de bons alimentaires. Ces bons seraient distribués mensuellement à chaque adulte. Échangeables dans les épiceries ou les marchés paysans, ces bons permettraient de se procurer des aliments locaux et non transformés, tels que fruits, légumes, viandes, fromages, légumineuses et céréales. Ils pourraient de plus être imposables selon une échelle mobile graduelle qui part de ceux dont les salaires sont plus élevés.

Les discussions entourant cette mesure devraient également servir à déterminer qui serait responsable du programme de bons alimentaires : Santé Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada ou une autre entité gouvernementale.

3. Pauvreté, alimentation et logement : Pour le résident urbain aux prises avec la pauvreté, l’accès aux aliments et au logement sont intimement liées. D’abord, en raison du fait que le Canada est le seul pays aux hivers rigoureux à ne pas offrir de subvention au logement à un grand nombre de citoyens à faible revenu, les Canadiens frappés de pauvreté doivent dépenser tant d’argent pour se loger qu’ils ne peuvent se procurer des aliments suffisamment nutritifs. Ensuite, les logements auxquels ceux-ci peuvent avoir accès sont rarement équipés d’installations adéquates pour cuisiner et entreposer les aliments. Nous proposons ainsi que la SCHL offre à nouveau des subventions permettant aux personnes pauvres d’avoir accès à des logements abordables dotés d’installations adéquates pour cuisiner et entreposer les aliments.

4. Accès géographique aux aliments : En raison de la faible quantité d’aliments produits en ville, les résidents urbains dépendent souvent des supermarchés pour se procurer la majeure partie de leurs aliments. Or, au Canada, puisque le cadre politique impose que les ressources soient distribuées par l’entremise du marché,

Page 8: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

8 8

8

8

plusieurs communautés urbaines au pays – particulièrement celles qui sont défavorisées – sont extrêmement mal desservies par les épiceries3. En réponse aux modalités du développement économique qui favorise l’expansion des banlieues, les grandes chaînes de supermarchés tendent à délaisser les quartiers défavorisés pour plutôt s’établir dans les quartiers bien nantis. Cette situation engendre ce qu’il convient d’appeler des déserts alimentaires : des zones où il est difficile, voire impossible d’accéder à des aliments sains et abordables4. Ceux qui n’ont pas accès à un mode de transport adéquat se voient donc forcés de se procurer leurs aliments ailleurs, souvent dans les dépanneurs, ces derniers offrant un choix plus limité et des aliments de moins bonne qualité à prix plus élevés. L’impossibilité de composer un régime nutritif peut comporter des effets négatifs sur la santé et le bien-être de ces résidents. Ceci est particulièrement vrai dans le cas des populations vulnérables que représentent les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques5.

L’implantation d’entreprises d’économie sociale œuvrant dans le secteur de l’alimentation au sein des quartiers défavorisés constitue une mesure importante permettant d’améliorer l’accès géographique aux aliments. Le développement de telles entreprises, dont des cafés et des marchés maraîchers abordables, pourrait constituer un gagne-pain pour les résidents à faible revenu qui sont actuellement hors du marché du travail. Cela améliorerait l’accès aux aliments pour ces derniers, en plus de réduire le besoin de recourir à des œuvres de bienfaisance pour nourrir la population à risque6. Nous proposons que le gouvernement fédéral, de concert avec les gouvernements provinciaux et municipaux, développe des programmes de soutien assurant que tous les Canadiens aient accès à des aliments sains et abordables. Nous encourageons également les organismes caritatifs à adopter un modèle de développement économique communautaire qui s’attaque aux racines de l’insécurité alimentaire, tout en répondant aux besoins immédiats des gens qu’ils desservent.

CHAMP D’ACTION #2. AMÉLIORER L’ACCÈS À UNE ALIMENTATION SAINE ET ABORDABLE PAR L’ENTREMISE DE L’AGRICULTURE URBAINE

Situation actuelle En milieu urbain, les habitants dépendent d’un système d’approvisionnement au sein duquel les aliments voyagent sur de longues distances avant d’arriver sur les étalages des détaillants à l’intérieur des limites de la ville. La possibilité de réduire la distance parcourue

Page 9: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 – ACCÈS AUX ALIMENTS DANS LES COMMUNAUTÉS URBAINES

9 9

9

par les aliments en remplaçant un régime essentiellement composé d’aliments importés par un approvisionnement de proximité n’est souvent pas envisageable en ville en raison d’un manque de connaissances sur la production alimentaire à petite échelle (jardinage) ou encore d’un manque d’espace pour cultiver les aliments. En ce qui a trait à la sécurité alimentaire, lorsque les individus possèdent les connaissances, les compétences et l’espace pour cultiver leurs propres aliments, ils réduisent leur dépendance envers les sources alimentaires externes. De plus, les problèmes reliés au prix élevé des fruits et légumes frais et la difficulté de se les procurer empêchent plusieurs habitants de la ville de se nourrir sainement. Cultiver des aliments en ville pourrait augmenter de manière significative la disponibilité et l’accessibilité financière des aliments frais en régions urbaines, de même qu’améliorer la sécurité alimentaire de la population. Ce genre d’initiative existe déjà ailleurs dans le monde : à Quito (Équateur), à Hanoï (Viêtnam) et à la Havane (Cuba), jusqu’à 35 % du territoire urbain est en culture7. Dans les villes, les terrains publics peuvent être utilisés efficacement afin d’y cultiver des aliments et d’y élever du bétail destinés aux communautés et aux individus. Il s’agirait d’un moyen aidant à pallier l’indisponibilité et l’inaccessibilité des aliments sains et frais pour les populations urbaines appauvries, tout en permettant de fournir plus d’aliments locaux à l’ensemble des résidents. Il est possible d’atténuer la pression exercée sur les organismes caritatifs tels que les banques alimentaires et les cuisines collectives en augmentant la quantité d’aliments produits et transformés par des gens à l’intérieur des limites des villes. Par ailleurs, le jardinage et l’agriculture à petite échelle, couplés au fait que les individus et les communautés entretiennent des liens plus serrés avec la source de leur alimentation, augmentent le contrôle des individus sur leurs propres choix alimentaires, en plus de favoriser l’éducation et la sécurité alimentaire au sein de la population.

Propositions de politiques

1. Intégrer le concept d’agriculture urbaine au sein d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et accorder aux fermes urbaines la même légitimité que les petites fermes rurales, reconnaissant ainsi l’importance et le potentiel de l’agriculture urbaine à titre de complément valable à la production agricole rurale. Agriculture et Agroalimentaire Canada aurait ainsi le mandat d’élargir le champ de ses responsabilités pour offrir des programmes et des soutiens qui concernent l’agriculture urbaine, la recherche sur la production alimentaire à petite échelle, la formation en matière de production alimentaire domestique, la mise en place de programmes facilitant l’accès à la terre en milieu urbain et la promotion de l’agriculture urbaine à l’instar de Victory Garden.

2. Soutenir la mise en place de programmes alimentaires scolaires à travers tout le Canada, ceux-ci comprenant des repas pour les élèves, des potagers dans les écoles, ainsi que des cours sur l’alimentation et l’agriculture qui permettraient de

Page 10: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

10 10

10

10

s’assurer que tout élève qui termine sa scolarité est en mesure de cultiver des aliments sains et de les apprêter (voir les documents de réflexion #6 – Développement durable et alimentation – et #9 – Alimentation et santé).

3. Imposer qu’une certaine partie des terres fédérales comprises en milieu urbain soit employée afin d’y aménager des potagers, des vergers, des murs et des toits verts, etc.

4. Soutenir des centres régionaux de services-conseils et de recherche afin qu’ils diffusent une information adaptée aux régions qu’ils desservent sur les semences et les races pouvant être employées dans les ménages et les communautés agricoles, et qui répondent aux intérêts et aux divers choix alimentaires de ceux-ci (voir le document de réflexion #2 : Pauvreté et accès aux aliments dans les communautés rurales et éloignées).

5. Implanter, protéger et entretenir des fermes et des potagers en milieu urbain, ceux-ci pouvant servir de modèles éducatifs. Sans s’y limiter, cela pourrait comprendre la création, l’utilisation et la réaffectation d’infrastructures nécessaires ou existantes telles que des serres se trouvant à proximité de sources de chaleur, des installations pour la culture du cannabis saisies par les forces policières, etc.

6. Accorder des privilèges aux personnes immigrantes dotées d’habiletés pour la production alimentaire. Il s’agirait d’un moyen d’accroître l’accès aux aliments culturellement appropriés qui sont en demande croissante dans les centres urbains (voir le document de réflexion #4 : Agriculture, infrastructures et subsistance).

7. Supprimer la taxe de vente harmonisée sur l’équipement de jardinage (outils, semences, etc.).

CHAMP D’ACTION #3. AMÉLIORER LES LIENS DES RÉSIDENTS DES COMMUNAUTÉS URBAINES AVEC LES ALIMENTS SAINS ET LOCAUX

Situation actuelle En raison de la faible quantité d’aliments produits en ville, les résidents urbains dépendent souvent des supermarchés pour se procurer la majeure partie de leurs aliments. Les produits retrouvés dans ces magasins proviennent généralement de fermes situées sous des climats plus propices à l’agriculture. Considérant les coûts de production ainsi que la quantité et la fiabilité de l’approvisionnement, les fermes locales sont rarement compétitives devant la concurrence des grandes exploitations agricoles internationales.

Page 11: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 – ACCÈS AUX ALIMENTS DANS LES COMMUNAUTÉS URBAINES

11 11

11

Marginalisant l’accès des épiceries à nos agriculteurs, cette situation réduit la disponibilité des aliments locaux pour les résidents urbains. Cependant, le soutien et le développement de systèmes alimentaires locaux (ex. marchés paysans, programmes d’agriculture soutenue par la communauté) est primordial afin d’instaurer la souveraineté alimentaire. Acheter des aliments locaux soutient les fermes locales, créé des emplois et promeut la croissance économique locale. Cela accroît également la connaissance du mode de production des aliments chez les consommateurs et contribue à faire regagner aux consommateurs et aux fournisseurs une certaine partie du pouvoir décisionnel. Les systèmes alimentaires locaux réduisent l’impact environnemental relié au transport des aliments et la dépendance envers les grandes compagnies. Accroître la disponibilité des aliments produits localement reste une chose importante pour toutes les communautés urbaines ; elle l’est particulièrement pour les endroits – tels que les déserts alimentaires – où l’accès aux aliments sains est inexistant. De manière générale, il est également nécessaire de mettre sur pied des entreprises d’économie sociale en alimentation, particulièrement dans les quartiers défavorisés. La création d’entreprises d’économie sociale en alimentation, telles que des cafés et des marchés maraîchers abordables, permettrait aux résidents à faible revenu hors du marché du travail d’obtenir un salaire, ce qui améliorerait leur accès aux aliments et réduirait potentiellement la dépendance des personnes à risque envers les banques alimentaires8. La mise en place de politiques favorisant l’achat d’aliments locaux au sein des contrats fédéraux d’approvisionnement peut potentiellement ouvrir de manière importante les marchés aux aliments cultivés localement. Les institutions fédérales peuvent également servir de site d’implantation pour des marchés paysans, des jardins communautaires ou des programmes d’agriculture soutenue par la communauté. Cela peut potentiellement profiter autant aux employés de ces institutions qu’aux quartiers avoisinants. Les coordonnateurs alimentaires demeurent la clé du mouvement de souveraineté alimentaire. Il s’agit de personnes travaillant dans nos communautés afin d’encourager les Canadiens à revendiquer un certain pouvoir décisionnel au sein de nos systèmes alimentaires. Toutefois, et qu’importe la nature des choix alimentaires disponibles, l’accès aux aliments peut s’avérer être tout un défi. Ceux qui n’ont pas accès à un mode de transport adéquat se voient obligés de se procurer leurs aliments ailleurs que dans les supermarchés, souvent dans les dépanneurs, ces derniers offrant un choix plus limité et des aliments de moins bonne qualité à prix plus élevés. L’impossibilité de composer un régime nutritif peut comporter des effets négatifs sur la santé et le bien-être de ces résidents. Ceci est particulièrement vrai dans le cas des populations vulnérables (femmes enceintes, enfants, personnes âgées et malades chroniques)9.

Page 12: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

12 12

12

12

Propositions de politiques

1. Créer un fonds alimentaire substantiel, qui serait administré par la Fédération canadienne des municipalités et qui servirait à assurer un soutien aux projets de production alimentaire urbaine adaptés aux spécificités régionales : marchés paysans, jardins communautaires, distribution d’aliments locaux, soutien aux entreprises alimentaires, éducateurs communautaires en alimentation, etc. (voir le document de réflexion #9 : Alimentation et santé).

2. Accorder la priorité aux politiques d’achat local au sein des institutions municipales, régionales, provinciales, territoriales et fédérales telles que les écoles, les hôpitaux, les centres de soins de longue durée, les garderies, les entités gouvernementales, etc. Rejeter l’Accord économique et commercial global (AECG) et tout autre accord similaire, tout en continuant de mettre en place des politiques favorisant l’achat d’aliments locaux à titre de stratégie clé au sein des initiatives concernant le développement économique, la santé et la relève agricole.

3. Développer une politique d’achat pour l’ensemble des institutions et des contrats d’approvisionnement fédéraux qui accorde la préférence aux aliments produits localement chaque fois que cela est possible (voir le document de réflexion #4 : Agriculture, infrastructures et subsistance).

4. Appuyer le développement d’initiatives qui mettent l’accent sur les aliments locaux dans les bâtiments institutionnels fédéraux et aux alentours de ceux-ci, telles que les marchés paysans et les jardins communautaires.

5. Offrir du financement pour les coordonnateurs alimentaires au sein de toutes les communautés urbaines.

Page 13: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

DOCUMENT DE RÉFLEXION 3 – ACCÈS AUX ALIMENTS DANS LES COMMUNAUTÉS URBAINES

13 13

13

NOTES

1 Santé Canada. 2007. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, cycle 2.2, Nutrition

(2004). Sécurité alimentaire liée au revenu dans les ménages canadiens. Bureau de la politique et de

la promotion de la nutrition, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada,

Ottawa. 118 p.

2 Kirkpatrick, S., et Tarasuk, V. 2008. « Food insecurity is associated with nutrient inadequacies

among Canadian adults and adolescents ». Journal of Nutrition, 138: 604-612.

3 Bertrand, L., Therien, F., et Cloutier, M. S. 2008. « Measuring and mapping disparities in access to

fresh fruits and vegetables in Montreal ». Canadian Journal of Public Health, 99: 6-11

4 Larsen, K., et Gililand, J. 2008. « Mapping the evolution of ‘food deserts’ in a Canadian city:

Supermarket accessibility in London, Ontario, 1961-2005 ». International Journal of Health

Geographics, 7:16. Disponible à http://www.ij-healthgeographics.com/content/pdf/1476-072X-7-

16.pdf (en anglais; dernier accès le 24 août 2010).

5 Smoyer-Tomic, K. E., Spence, J. C., Raine, K. D., Amrhein, C., Cameron, N., Yasenovskiy, V.,

Cutumisu, N., Hemphill, E., et Healy, J. 2008. « The association between neighborhood

socioeconomic status and exposure to supermarkets and fast food outlets ». Health & Place, 14(4):

740-754.

6 Forum of Research Connections (FORC). 2005. Vancouver food system assessment. Disponible en

ligne à :

http://vancouver.ca/commsvcs/socialplanning/initiatives/foodpolicy/tools/pdf/FORC_final.pdf (en

anglais; consulté le 15 juin 2011).

7 See ETC group: www.etcgroup.org/en/node/4921 (en anglais; consulté le 15 juin 2011).

8 FORC. Op. cit.

9 Smoyer-Tomic, K. E. et al. Op. cit.

Page 14: Sécurité alimentaire Canada ns les ines...revenu aux paliers fédéral, provincial, et territorial qui offrent un soutien social aux individus et aux familles, afin de s’assurer

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA

14 14

14

14

Contact : SÉCURITÉ ALIMENTAIRE CANADA FOOD SECURE CANADA CP 48020 BP Bernard Montréal (Québec) H2V4H0 Canada (514) 271 7352 [email protected] www.foodsecurecanada.org Sécurité Alimentaire Canada fonde ses actions sur trois engagements étroitement liés : La faim zéro : En tout temps, toute personne doit être en mesure de se procurer, en toute dignité, une nourriture de qualité, en quantité suffisante culturellement et personnellement acceptable. Cela est essentiel à la santé de notre population et exige la collaboration entre plusieurs secteurs différents, y compris le logement, la politique sociale, le transport, l’agriculture, l’éducation ainsi que les groupes communautaires, culturels, bénévoles et caritatifs, et les entreprises. Un système alimentaire durable : Au Canada, la nourriture doit être produite, récoltée (y compris la pêche et autre récoltes d’aliments sauvages), transformée, distribuée et consommée de façon à maintenir et à améliorer la qualité de la terre, de l’air et de l’eau pour les générations futures, et de façon à ce que les travailleurs puissent gagner un revenu adéquat et œuvrer dans un environnement sain et sécuritaire en récoltant, en cultivant, en produisant, en transformant, en manutentionnant, en vendant au détail et en servant de la nourriture. Les aliments sains et salubres : Des aliments salubres et nutritifs doivent être accessibles pour tous (et que les aliments moins nutritifs soient moins accessibles); les aliments (ainsi que les aliments sauvages) ne doivent pas être contaminés par des agents pathogènes ou des produits chimiques industriels; et aucun aliment nouveau ne doit entrer dans la chaîne alimentaire ou dans l’environnement sans des contrôles indépendants rigoureux et l’existence d’un système de pistage et de surveillance continus pour s’assurer de sa salubrité et de sa sécurité pour la consommation humaine.