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1 / 9 LES SECRETS ET CHAPELLES DE LA CATHÉDRALE Ce livret vous décrit les secrets et chapelles de la cathédrale qui étaient à découvrir durant le grand Jeu. I Secret 1 : l’ange pleureur II Secret 2 : les 2 gisants des 2 évêques bâtisseurs III Secret 3 : le baptistère IV Secret 4 : le bas-relief de Saint Firmin V Secret 5 : le caveau des évêques d’Amiens VI Secret 6 : le labyrinthe VII Secret 7 : les 3 roses VIII Secret 8 : Sainte Ulphe et Saint Domice IX Secret 9 : l’Évêque X Secret 10 : les stalles XI Chapelle de Saint Honoré XII Chapelle de Saint Jacques ou du Sacré Coeur XIII Chapelle de Sainte Marguerite XIV Chapelle de Saint Augustin de Cantorbéry, ou Sainte Theudosie XV Chapelle de Saint Michel, dite de Saint-Sauve XVI Chapelle de Saint Jean-Baptiste (Saint Antoine Daveluy) I - Secret 1 : l’ange pleureur (voir plan repère 1) Nicolas Blasset (1600-1659), sculpteur et architecte, réalise, entre 1630 et 1659, la plupart des oeuvres consacrées à l’art funéraire dans ce monument qui est aussi une véritable nécropole. Le type de prédilection où il excelle, est d’associer le thème de l’Enfance avec celui de la Mort. « L’Ange Pleureur » qui occupe le centre du monument dédié au chanoine Lucas – réalisé en 1636 - est son oeuvre la plus « populaire » car « elle parle à celui qui passe ». Un enfant qui souffre, ou qui est dans la peine, ne peut laisser quiconque insensible. Son chagrin, n’est pas comme le dit une tradition tenace, occasionné par la mort du dit chanoine, fondateur d’une « maison de Charité » pour les enfants orphelins de la ville. Cet enfant en pleurs est le symbole le plus parfait au XVII e siècle ; qui invite celui qui passe à la réflexion sur la brièveté de la vie, comme le représente les grains de sables s’écoulant dans une clepsydre sur laquelle il s’appuie. Nicolas Blasset a conçu des angelots de meilleure facture, mais il n’empêche que « l’Enfant Pleureur » jouit d’une célébrité mondiale due surtout à l’usage qui en a été fait pendant la Grande Guerre : médailles, spécialités amiénoises et autres menus objets portaient son effigie ; ils étaient achetés par tous les soldats alliés qui les emmenèrent aux quatre coins du monde. De nombreux étrangers viennent encore lui rendre visite. II - Secret 2 : les 2 gisants des 2 évêques bâtisseurs (voir plan repère 2) Tombes en bronze d’Evrard de Fouilloy et de Geoffroy d’Eu. Par un bonheur exceptionnel, la cathédrale d’Amiens possède deux monuments à peu près uniques en France depuis la Révolution. Evrard de Fouilloy (mort en 1222) lança la construction de l’actuelle cathédrale ; son successeur Geoffroy (mort en 1236) poursuivit les travaux. Ils furent sauvés de la fonte lors de la Révolution. Jusqu’en 1762, ces deux monuments en bronze couvraient l’emplacement des deux tombes, dans l’axe de la nef, juste à l’est du portail du Beau Dieu. Jugés gênants pour le passage des processions, ces deux tombeaux furent dégagés de chaque côté de la porte puis, en 1867, Viollet-le-Duc les plaça à l’emplacement où nous les voyons encore aujourd’hui. Chaque tombe est formée d’une grande plaque rectangulaire, portée par six lionceaux, sur laquelle est étendu le gisant, vêtu de ses ornements pontificaux. Une épitaphe est gravée le long de la bordure. Stylistiquement ces deux monuments peuvent être datés des années 1230.

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LES SECRETS ET CHAPELLES DE LA CATHÉDRALE

Ce livret vous décrit les secrets et chapelles de la cathédrale qui étaient à découvrir durant le grand Jeu. I Secret 1 : l’ange pleureur II Secret 2 : les 2 gisants des 2 évêques bâtisseurs III Secret 3 : le baptistère IV Secret 4 : le bas-relief de Saint Firmin V Secret 5 : le caveau des évêques d’Amiens VI Secret 6 : le labyrinthe VII Secret 7 : les 3 roses VIII Secret 8 : Sainte Ulphe et Saint Domice IX Secret 9 : l’Évêque X Secret 10 : les stalles XI Chapelle de Saint Honoré XII Chapelle de Saint Jacques ou du Sacré Cœur XIII Chapelle de Sainte Marguerite XIV Chapelle de Saint Augustin de Cantorbéry, ou Sainte Theudosie XV Chapelle de Saint Michel, dite de Saint-Sauve XVI Chapelle de Saint Jean-Baptiste (Saint Antoine Daveluy)

I - Secret 1 : l’ange pleureur (voir plan repère 1) Nicolas Blasset (1600-1659), sculpteur et architecte, réalise, entre 1630 et 1659, la plupart des œuvres consacrées à l’art funéraire dans ce monument qui est aussi une véritable nécropole. Le type de prédilection où il excelle, est d’associer le thème de l’Enfance avec celui de la Mort. « L’Ange Pleureur » qui occupe le centre du monument dédié au chanoine Lucas – réalisé en 1636 - est son œuvre la plus « populaire » car « elle parle à celui qui passe ». Un enfant qui souffre, ou qui est dans la peine, ne peut laisser quiconque insensible. Son chagrin, n’est pas comme le dit une tradition tenace, occasionné par la mort du dit chanoine, fondateur d’une « maison de Charité » pour les enfants orphelins de la ville. Cet enfant en pleurs est le symbole le plus parfait au XVII

e siècle ; qui invite celui qui passe à la réflexion sur la brièveté de la vie, comme le représente les grains de sables s’écoulant dans une clepsydre sur laquelle il s’appuie. Nicolas Blasset a conçu des angelots de meilleure facture, mais il n’empêche que « l’Enfant Pleureur » jouit d’une célébrité mondiale due surtout à l’usage qui en a été fait pendant la Grande Guerre : médailles, spécialités amiénoises et autres menus objets portaient son effigie ; ils étaient achetés par tous les soldats alliés qui les emmenèrent aux quatre coins du monde. De nombreux étrangers viennent encore lui rendre visite. II - Secret 2 : les 2 gisants des 2 évêques bâtisseurs (voir plan repère 2) Tombes en bronze d’Evrard de Fouilloy et de Geoffroy d’Eu. Par un bonheur exceptionnel, la cathédrale d’Amiens possède deux monuments à peu près uniques en France depuis la Révolution. Evrard de Fouilloy (mort en 1222) lança la construction de l’actuelle cathédrale ; son successeur Geoffroy (mort en 1236) poursuivit les travaux. Ils furent sauvés de la fonte lors de la Révolution. Jusqu’en 1762, ces deux monuments en bronze couvraient l’emplacement des deux tombes, dans l’axe de la nef, juste à l’est du portail du Beau Dieu. Jugés gênants pour le passage des processions, ces deux tombeaux furent dégagés de chaque côté de la porte puis, en 1867, Viollet-le-Duc les plaça à l’emplacement où nous les voyons encore aujourd’hui. Chaque tombe est formée d’une grande plaque rectangulaire, portée par six lionceaux, sur laquelle est étendu le gisant, vêtu de ses ornements pontificaux. Une épitaphe est gravée le long de la bordure. Stylistiquement ces deux monuments peuvent être datés des années 1230.

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Les visages, idéalisés, ne sont assurément point des portraits. La tombe d’Evrard de Fouilloy est plus ornée que celle de Geoffroy d’Eu. Le vêtement est très soigné : mitre basse à orfrois et fanons, amict paré, chasuble ornée d’un orfroi, longue dalmatique ornée d’un orfroi de broderies, aube, manipule sur le bras gauche, sandales pointues ornées de galons. La tête repose sur un coussin brodé, et les pieds sur deux dragons. La main droite bénit, la gauche tenait une crosse aujourd’hui disparue. L’effigie est abritée sous un arc trilobé, surmonté d’architectures crénelées, supportées par des arcs-boutants reposant sur des tourelles en poivrière. L’ensemble est supporté par de fines colonnettes annelées à chapiteaux. Cette architecture, s’apparentant à une église gothique, représente à coup sûr l’image de la Jérusalem Céleste. Le gisant d’Evrard de Fouilloy est accosté de deux clercs cérophéraires (porteurs de cierges) et de deux anges thuriféraires (porteurs d’encensoirs). Chacun des anges est malheureusement amputé d’une aile qui fut probablement volée. Chaque lame pèserait environ 2300 kilogrammes ; chacun des lionceaux 100 kilogrammes. III - Secret 3 : le baptistère (voir plan repère 3) Fonts baptismaux. Cette grande cuve en pierre en forme d’auge est située dans le bras nord du transept. Elle repose sur cinq supports en pierre calcaire tendre, ornés de motifs de fleurettes semblables à celles qui ornent le soubassement de la façade occidentale de la cathédrale. Ces motifs permettent de dater ces supports du milieu du XIII

e siècle environ. La cuve semble nettement plus ancienne, sans qu’il soit aisé de la dater précisément : XI

e ou XIIe siècle.

Cette cuve, couverte d’un couvercle en bois, est entièrement garnie de plomb à l’intérieur. D’anciens trous, aujourd’hui bouchés, devaient être utilisés pour l’adduction et l’évacuation de l’eau. Un trou est actuellement percé au centre du fond de la cuve pour évacuer l’eau dans le sol. Quatre personnages garnissent les angles de la cuve. Leur usure témoigne de l’ancienneté du monument. Deux sont identifiés par une inscription gravée : IOHEL et ZACHARIAS. Il s’agit des deux petits prophètes Joël et Zacharie, dont certains écrits sont en relation avec le rite baptismal (« En ce jour-là, une source jaillira […], elle effacera leur péché et leurs impuretés » (Zacharie, 13, 1) ; « Après cela il arrivera que je répandrai mon esprit sur toute chose » (Joël, 3, 1)). Cette cuve baptismale provient très probablement de l’ancienne cathédrale, détruite en 1218, voire de l’ancien baptistère. Le fait qu’elle ait été surélevée par cinq supports au XIII

e siècle témoigne du changement de rite baptismal. C’est en effet à cette époque que l’on passe du baptême par immersion au baptême par infusion. Une scène de baptême par immersion est sculptée dans la clôture de chœur consacrée à la vie de saint Firmin (troisième niche) où l’on voit représenté le baptême d’Atille. La tradition qui voyait dans cette cuve baptismale un remploi d’un ancien bac à laver les morts, doit être aujourd’hui rejetée. IV - Secret 4 : le bas-relief de Saint Firmin (voir plan repère 4) Clôtures de la vie de saint Firmin martyr. Ces clôtures en pierre ferment le chœur de la cathédrale sur le bas-côté sud. Elles ont un pendant du côté nord où est narrée la vie de saint Jean Baptiste. La clôture qui nous intéresse a été réalisée, pour la première partie, au début des années 1490 et, pour la seconde, dans les années 1520. Elles ont été offertes par Adrien de Hénencourt, prévôt puis doyen du chapitre pour servir également de tombeau à son oncle l’évêque Ferry de Beauvoir et à lui-même. Adrien de Hénencourt est d’ailleurs représenté en donateur, en prière, à l’extrême gauche de la première clôture. Elles servent de mur d’appui aux stalles qui sont situées juste derrière. La vie de saint Firmin, assez légendaire, est décrite dans la première clôture. Chaque scène est décrite par une inscription en français écrite en caractères gothique. Les personnages sculptés sont couverts de riches peintures datant de la fin du Moyen Age qui furent restaurées au XIX

e siècle et au XXe siècle. Au

fond de chacune des quatre premières niches se déroule le paysage urbain de notre ville d’Amiens à la fin du XV

e siècle : on distingue dans la première niche les remparts, les champs à l’extérieur et les

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jardins intra-muros ; dans la seconde niche on voit dépasser l’ancienne flèche du beffroi ; la quatrième niche présente la monumentale façade occidentale de la cathédrale. Les scènes sculptées se lisent de gauche à droite :

1. Arrivée de saint Firmin à Amiens, à la porte de Beauvais (actuelle place Gambetta), accueilli par le sénateur Faustinien.

2. Prédication de saint Firmin depuis une chaire à prêcher et conversion des Amiénois au christianisme.

3. Saint Firmin baptise les habitants d’Amiens dans la grande cuve située au fond de la niche. On assiste au baptême d’Atille.

4. Saint Firmin est arrêté par les soldats des gouverneurs romains Sebastianus et Longulus. Refusant de sacrifier aux idoles païennes, il est condamné à mort et décapité secrètement dans la prison du Castillon (en fait l’amphithéâtre gallo-romain qui était situé en partie sous l’actuel hôtel-de-ville). La date que l’Eglise d’Amiens a retenue pour le martyre de saint Firmin est le 25 septembre de l’an 303, c’est-à-dire dix ans avant l’édit de Milan qui marque la fin des persécutions contre les Chrétiens.

La seconde clôture, plus tardive, raconte l’histoire de l’invention (c’est-à-dire de la découverte) et de la translation (du transfert) des reliques de saint Firmin martyr en l’an 613, sous l’épiscopat de saint Sauve. Les scènes se lisent aussi de gauche à droite :

1. L’évêque d’Amiens saint Sauve souhaitant retrouver l’emplacement de la tombe saint Firmin incite les habitants d’Amiens à la prière. On le voit s’adresser à eux depuis la chaire à prêcher.

2. Un rayon de soleil venu miraculeusement du ciel indique dans l’église Notre-Dame-des-Martyrs (actuelle église abbatiale Saint-Acheul) l’emplacement du tombeau de saint Firmin dont on avait alors perdu la trace.

3. Un autre miracle se produit alors : au moment où l’on ouvre la tombe, une douce odeur s’exhale du tombeau et se répand dans les quatre évêchés voisins de Thérouanne, Cambrai, Noyon et Beauvais. Les évêques de ces quatre villes viennent aussitôt assister à la découverte du corps de saint Firmin.

4. Un dernier miracle a lieu ce même jour : alors qu’il fait très froid (la scène se passe le 13 janvier 613), une soudaine chaleur se fait sentir et les arbres reverdissent. Le corps de saint Firmin est mis dans une châsse en or et apporté en procession dans l’église cathédrale. Au premier plan on voit des infirmes priant le saint pour retrouver la santé.

V - Secret 5 : le caveau des évêques d’Amiens (voir plan repère 5) La cathédrale abrite dans son sous-sol un véritable cimetière de plusieurs centaines de tombes (peut-être 200 ou 300). Les inscriptions dans le dallage (noms, croix, dates) signalent systématiquement une tombe. Les évêques ont droit à des tombeaux plus imposants, souvent sculptés que l’on trouve le long des murs ou au milieu du pavage. Certains tombeaux n’existent plus aujourd’hui, souvent détruits lors de la Révolution française ou des réaménagements du XVIII

e siècle. Aujourd’hui encore, les évêques qui le souhaitent peuvent être inhumés dans leur cathédrale. En 1896, Mgr Dizien, évêque d’Amiens, décida de faire creuser un caveau destiné à ensevelir les corps des évêques d’Amiens. L’emplacement choisi est le bas-côté nord du chœur. Ce caveau fut réalisé en 1896 et en 1897, au moment où l’on refaisait tout le dallage noir et blanc de la cathédrale. Ce caveau en brique mesure 5 mètres de profondeur. Il est entièrement en brique et est constitué de huit places et d’un ossuaire. La dalle qui le recouvre mesure 15 centimètres d’épaisseur et pèse environ 2 tonnes. Y sont gravées en latin les épitaphes des évêques et du vicaire général qui y sont enterrés : Mgr Dizien (mort en 1915), Mgr Glorieux, vicaire général, Mgr Lecomte (mort en 1934), Mgr Martin (mort en 1945) et Mgr Droulers (mort en 1950). En 1937, on rapporta dans ce caveau les restes de Mgr de Demandolx (mort en 1817) qui avait été enterré au cimetière de La Madeleine. Il reste actuellement trois places dans ce caveau.

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VI - Secret 6 : le labyrinthe (voir plan repère 6) Appelé aussi "Chemin de Jérusalem", ce magnifique octogone est un parcours de 234 mètres de long sur 12,40 mètres de large (aussi vaste que la grande rose), il est composé de pierres blanches et bleues foncées. Mais pourquoi un tel labyrinthe dans une cathédrale ? Origine du labyrinthe : Lorsque se développe le christianisme, bien souvent au lieu d’effacer ou de combattre les signes des rites antérieurs, le nouveau culte les récupère : ainsi sont absorbés les labyrinthes présents dans les tombeaux ou les différents espaces sacrés des cultes païens. Le labyrinthe est toujours situé du côté ouest, la direction d’où viennent les démons (l’ouest, où le soleil disparaît, représentant la direction de la mort). Ne pouvant se déplacer qu’en ligne droite, les démons étaient ainsi piégés avant d’arriver au chœur. À travers les siècles, le labyrinthe d’église a connu différentes appellations : « le dédale » (en référence à l’architecte du labyrinthe de Cnossos), « le méandre », « le chemin de Jérusalem », « la lieue » (car il fallait pour parcourir le labyrinthe à genoux le même temps que pour faire une lieue à pied), « la Via Dolorosa » (en évocation du chemin que prit le Christ entre le tribunal de Ponce Pilate et le Golgotha)... Le centre, lui, était nommé « paradis » ou encore « Jérusalem ». Ces chemins étaient suivis, si possible à genoux, par les pénitents qui ainsi réalisaient symboliquement un voyage en Terre Sainte et s’épargnaient un pèlerinage réel, pas toujours possible, notamment pour les pauvres. Le dédale était une représentation optimiste de la sanction finale, car il ne comportait quasiment jamais d’embranchements, ni boucles, ni culs-de-sac, et ne demandait, pour aboutir au centre, que de la persévérance. Le pavage du sol a été refait à l'identique au XIXe siècle en respectant le dessin du dallage du XIIIe siècle. Long de 234 m, le labyrinthe est de plan octogonal. La pierre centrale du labyrinthe, dont l'original est conservé au musée de Picardie, représente une croix avec fleurs de lys, indiquant les points cardinaux, les 3 architectes de la cathédrale (Robert de Luzarches, Thomas et Renaud de Cormont) et l'évêque Evrard de Fouilloy. Autour, gravé sur une bande de cuivre, figure le texte de fondation de la cathédrale :

En l an de grace mil IIc

Et XX fu leuvre de cheens Premierement encommenchie. Adonc yert de cheste evesquie

Evrart evesques beneis Et roy de France Loeys

Qui fu filz Philippe le sage. Chil qui maistre yert de loeuvre

Maistre Robert estoit només Et de Lusarches surnommes. Maistre Thomas fu après luy De Cormont et apres cestuy

Ses filz maistre Renaut qui mettre Fist à chest point cy ceste lettre

Que l incarnacion valoit XIIIc ans, XII en faloit.

En l'an de grâce 1220, cette œuvre fut commencée.

L'évêque béni de ce

diocèse était alors Evrard et le roi de France Louis fils de Philippe le Sage.

Celui qui était maître d'œuvre était nommé "Maître Robert" et surnommé "de Luzarches". Après lui vint Maître Thomas de Cormont et après celui-ci son fils Maître Renaut qui fit

mettre, à cet endroit-ci, cette inscription en l'an de

l'Incarnation 1288.

Philippe II Auguste fut roi de France de 1180 à 1223 Louis VIII le lion, son fils, fut roi de France de 1223 à 1226 En 1220, c’est donc Philippe le Sage qui est roi

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VII - Secret 7 : les 3 roses (voir plan repère 7) Elles dominent des galeries ajourées : � La rose dite « de la mer » - Au mur occidental de la nef, elle a un encadrement du XIIIe, mais un remplage flamboyant du début du XVIe. �La rose du transept nord dite « rose des vents » - Elle a été réalisée à l’extrême fin du XIII

e siècle ou au commencement du XIV

e siècle. Son dessin est fort original, peut-être unique : au centre, un pentagone étoilé avec une pointe dirigée vers le bas. Les symbolistes accordent à cette figure un sens ésotérique qui la rend célèbre � La rose du transept sud dite « rose du Ciel » Elle a un remplage flamboyant du début du XVIe. VIII - Secret 8 : Sainte Ulphe, vierge et solitaire

Saint Domice, diacre et chanoine de l’Eglise d’Amiens (voir plan repère 8) Sainte Ulphe : fête le 31 janvier - Saint Domice : fête le 23 octobre Abbé Jules Corblet, Hagiographie du diocèse d’Amiens, tome III, Amiens, Prévost-Allo, 1863, p. 536-581. Le texte hagiographique le plus fiable est une légende latine datant probablement du XIII

e siècle, et traduite en français au XVI

e siècle. Le manuscrit est conservé à la bibliothèque municipale d’Amiens (ms. n° 103) et provient du couvent du Paraclet d’Amiens. Le chroniqueur ne nous fait connaître ni le lieu ni la date de naissance de sainte Ulphe. Certains la font naître à Amiens, d’autres dans les environs de Laon, d’autres encore dans le Soissonnais. Le Père Daire la fait naître en 682, d’autres en l’an 710. Elle avait 28 ans quand elle reçut le voile de l’évêque Chrétien qui siégea de 721 à 740. La jeune fille déclara à ses parents qu’elle n’aurait jamais d’autre époux que Jésus-Christ et se consacra à Dieu. Elle prit la fuite pour échapper aux poursuivants qui voulaient l’épouser et parvint près d’Amiens dans un lieu solitaire sur les bords de la Noye où elle se reposa près d’une fontaine. C’est la fontaine qu’abrite aujourd’hui la chapelle Sainte-Ulphe. Pendant son sommeil, elle vit apparaître la Sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus : « Ulphe, ma fille, lui dit-elle, puisque tu as choisi cet enfant pour époux sur la terre, tes noces avec lui dureront autant que l’éternité. C’est ici qu’il faut demeurer pour y sanctifier tes jours. Sache qu’après ta mort ta maison deviendra un asile de saintes religieuses qui marcheront sur tes traces ». Un vieillard, nommé Domice, ancien chanoine de Notre-Dame, avait renoncé à sa prébende pour s’adonner à la vie solitaire. La chapelle Saint-Domice, sur le territoire de Fouencamps, marque l’emplacement de son ermitage. De cet ermitage, situé à deux lieux et demi d’Amiens, il se rendait chaque nuit aux matines de l’église Notre-Dame, et passait près de la fontaine où s’était arrêtée sainte Ulphe. La rencontre du vieillard réconforta Ulphe qui devint sa fille spirituelle. Ils se rendaient désormais tous deux à l’église cathédrale, pour assister à l’office des matines. L’évêque Chrétien passa l’anneau au doigt de sainte Ulphe et bénit le voile qu’il lui remit. Il la remit à Domice pour qu’elle restât sous sa garde. Défense fut faite, sous peine d’excommunication, de nuire à l’un d’eux ; grâces et indulgences furent promises à ceux qui les visiteraient. Des biens de l’évêché furent affectés à l’alimentation de sainte Ulphe et à la construction d’une maisonnette, où elle demeurerait non loin de Domice. Ulphe vécut dans la solitude. Chaque nuit Domice, se rendant aux matines de la cathédrale, appelait sainte Ulphe en passant, et ils cheminaient ensemble jusqu’à Amiens. L’ermitage de sainte Ulphe était situé au milieu de marécages peuplés de grenouilles. Par une nuit fort chaude de l’été, elles avaient tellement redoublé leurs coassements que sainte Ulphe ne put s’endormir que vers les minuit. Cette fois-là ce fut en vain que Domice heurta au logis et appela sa compagne. Supposant qu’elle avait pris les devants, le vieillard inquiet hâta sa marche, mais il ne trouva point dans la cathédrale celle qu’il cherchait avec tant d’angoisses. Au retour il rencontra sainte Ulphe attristée au seuil de sa porte. Alors Ulphe se mettant à genoux dit la prière suivante : « Mon dieu (…), je te prie et requiers que tu veulle estaiendre [apaiser] et retraire le chant, le cry et le tumulte des raines [grenouilles] qui sont en ce pourpris [enclos] et à l’environ, tellement que celles qui y sont présent et celles qui seront cy après n’ayent jamais le povoir de cryer, chanter et mener tel tumulte, telle noise et tel empeschement. Et incontinent son oraison finée, elle se retourna vers les dictes raines et commença à dire : Pour ce que

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vous, villes et ordes [sales] vermines et bestes, maulvaises raines, m’avés cette nuyt fraudée et privée de ma dévotion matutinalle et empescher d’aller aux matines et au service divin, moy, confiant en la vertu et puissance de Dieu, mon Père Créateur, je vous impose et indictz [ordonne] perpétuel silence et taciturnité […] Et depuis ce temps et jusques aujourdhuy nulles raines ne furent, ne sont ouyes cryer, chanter, ne faire quelque bruyt en ce lieu »1. Depuis, tous les biographes de sainte Ulphe constatèrent le mutisme des grenouilles qui se trouvent dans la vallée du Paraclet. Domice mourut un 23 octobre (de l’an 768 ou 775, on ne sait). Son corps fut enseveli dans son oratoire, où s’accomplirent de nombreux miracles. Plus tard les reliques du saint furent mises en châsse et déposées à la cathédrale d’Amiens. Sainte Ulphe, retirée dans sa cellule, pleurait la mort de son protecteur. Elle fonda, d’abord dans son ermitage, et ensuite à Amiens, un couvent de vierges. Quand elle l’eut organisé, elle en laissa la direction à sainte Aurée et retourna dans sa solitude. Ulphe mourut le 31 janvier, à l’âge de 78 ans. La date de sa mort est difficile à déterminer mais se situe dans la deuxième moitié du VIII

e siècle. Elle fut enterrée dans sa cellule du Paraclet, près de Boves. Reliques Les reliques de sainte Ulphe furent transférées à la cathédrale. Le 16 mai 1279, l’évêque d’Amiens, Guillaume de Mâcon, procéda à la translation dans de nouvelles châsses des reliques de sainte Ulphe et de saint Firmin le Confesseur, alors que le roi de France, Philippe III le Hardi, et le roi d’Angleterre, Edouard Ier Plantagenêt, étaient à Amiens. Au commencement du XIV

e siècle, Isabelle de France, fille de Philippe le Bel et épouse d’Edouard II, roi d’Angleterre, donna à la cathédrale d’Amiens un reliquaire d’argent doré, en forme de buste, aux armes de France et d’Angleterre, pour y mettre le chef de sainte Ulphe. Le 31 décembre 1654, François Faure, évêque d’Amiens, ouvrit la châsse de sainte Ulphe pour en tirer quelques ossements destinés à l’abbaye du Paraclet et à Anne d’Autriche qui se trouvait alors à Amiens. En 1718, le chanoine Langlois fit présent à l’église de Molliens-Vidame d’un reliquaire contenant quelques ossements de sainte Ulphe et de saint Domice. La châsse et le chef-reliquaire de la cathédrale furent fondus lors de la Révolution. En 1861, le curé de Dommartin-Fouencamps obtint de l’évêque d’Amiens quelques parcelles des corps de saint Domice et de sainte Ulphe. Culte Le culte de sainte Ulphe ne dépassa jamais les limites du diocèse d’Amiens. On voit encore au Paraclet la petite chapelle construite au lieu de l’ermitage de la sainte. A la cathédrale, on célébrait solennellement sa fête le 31 janvier. Sa grande châsse était alors exposée dans le chœur, et son chef dans la chapelle qui lui était dédiée (la première de la nef gauche après le portail de Saint-Firmin). L’abbaye Notre-Dame du Paraclet, de l’ordre de Cîteaux, fut fondée en 1218 par Enguerrand II, seigneur de Boves, de retour des croisades. Il choisit comme emplacement l’ermitage de sainte Ulphe. La petite chapelle Sainte-Ulphe laissa alors place au maître-autel de la nouvelle abbaye. Le nom du Paraclet lui vient qu’elle fut fondée dans la semaine de la Pentecôte. En 1630, lors de l’invasion des Espagnols en Picardie, l’abbaye était exposée aux insultes des ennemis, si bien que les religieuses se retirèrent dans leur maison de refuge d’Amiens, rue des Jacobins, où elles finirent par rester. L’église fut détruite en 1835 pour réaliser le percement de la rue Napoléon (actuelle rue Lamarck). Dans la cathédrale, dans le bas-côté nord du chœur, se trouve l’emplacement du puits de sainte Ulphe. C’est à cette fontaine, enclavée dans les constructions de la cathédrale, que sainte Ulphe, selon la tradition allait se désaltérer. On prenait dans ce puits l’eau nécessaire aux oblations des messes, usage qui persévéra jusqu’au milieu du XVIII

e siècle.

1 Texte du XVI

e siècle, ms. n° 103, Bibliothèque municipale d’Amiens.

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IX - Secret 9 : l’Évêque (voir plan repère 9) La cathèdre Elle est le siège d’où l’évêque préside les cérémonies dans l’église mère de son diocèse qu’est la cathédrale. Elle est le signe de la fonction d’enseignement de l’évêque. Monseigneur Jean-Luc Bouilleret, 102ème évêque d’Amiens a pris possession du siège le 11 mai 2003. Le bâton pastoral Un bâton de guide qui doit être vu de toute une foule en la dépassant, point de ralliement autour et derrière celui qui la mène sur le chemin de la lumière de Dieu d’où une forme qui suggère la flamme, le buisson ardent ou comme le suggéreraient certains fidèles lors de l’ordination, sur un plan plus personnel au niveau de la symbolique, un cep de vigne. Cette lumière est manifestée par le mystère d’une unité en trois personnes (trois rameaux) : � Celui du Père qui est lumière pure, accès à l’infini. � Celui du Fils qui, le plus proche de l’humanité puisqu’il s’est fait chair et a donné son amour pour elle, s’incline pour montrer sa compassion envers elle. � Celui du Saint-Esprit qui est souffle et flamme. Ce bâton est appelé à circuler dans une cathédrale très lumineuse, pure, haute et ajourée (son chœur est une dentelle de bois et surtout en ce qui concerne les pilastres situées de part et d’autre de l’entrée du Jubé, eux aussi points de ralliement de la foule autour de l’autel). Il est à la fois le bâton du pasteur mais aussi le bâton de celui qui chemine vers Dieu comme les pèlerins de Compostelle. Amiens, patrimoine de l’humanité est une étape importante de ce pèlerinage, cheminement et quête. Sur l’anneau en argent est gravé la devise de l’Evêque : « Sagesse, humilité ». Le bois est le matériau choisi pour sa simplicité, sa fondamentalité, son aspect simple et naturel. Le hêtre, car c’est un bois blanc et lumineux issu d’un arbre de haute futaie comme les forêts de Picardie, comme les colonnes de la Cathédrale, Le buis car c’est un bois utilisé souvent pour les objets sacrés et présent dans l’artisanat du Jura. X - Secret 10 : les stalles (voir plan repère 10) Le chœur de la cathédrale d'Amiens est un des rares chœurs de cathédrale à avoir été conservé presque dans son état d'origine. Le chœur reste isolé du bas-côté par les clôtures de pierre sculptées, et surtout il est toujours meublé des stalles que les chanoines firent construire au début du XVI

e siècle. Sur les 118 stalles présentes à l’origine, il en subsiste 110 (62 hautes et 48 basses). Elles servaient de sièges aux chanoines, chapelains et enfants de chœur ; deux stalles maîtresses étaient réservées au roi et au doyen du chapitre. Elles constituent le plus bel ensemble de sculpture sur bois en France, tant par son importance que par la qualité de la menuiserie et des ornements. Sculptées de 1508 à 1519, en style gothique flamboyant, elles sont l’œuvre de deux maîtres huchiers, Arnould Boulin et Alexandre Huet, et de sept entailleurs d’images qui travaillaient uniquement avec un maillet, des ciseaux à bois et des gouges. Au total sont représentées 400 scènes et plus de 3650 personnages. Cette « Bible de bois » comporte des scènes de l’Ancien et du Nouveau testament. Les parcloses racontent la vie de la Vierge. Sous les 122 accoudoirs, les artistes ont représenté la vie quotidienne de leur époque en laissant libre cours à leur verve satirique. Toutes les stalles sont en chêne blond. Les stalles sont assemblées sans clous, sans colle, et sans chevilles, par tenons et mortaises. Les stalles maîtresses du roi et du doyen du chapitre sont formées d’un assemblage de pièces de chêne culminant à 13 mètres de hauteur.

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XI - Chapelle de Saint Honoré, 1297-1302 (voir plan repère A) - lieu de réunion de la corporation des boulangers-panetiers - réaménagée en 1780 pour le chanoine Cornet de Coupel par le sculpteur Jacques-Firmin Vimeux. XII - Chapelle de Saint Jacques ou du Sacré Cœur (voir plan repère B) Elle a été élevée dans les années 1240. Son vocable rappelle l’importance de l’étape amiénoise sur la route de Saint Jacques de Compostelle. C’était le lieu de réunion de la corporation des merciers, En 1866, une terrible épidémie de choléra sévit à Amiens. Mgr Boudinet, Evêque d’Amiens, consacra sa cité et son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus et lui dédia cette chapelle. Elle fut entièrement peinte et dorée d’après les dessins de Viollet-le-Duc. Seize personnages sont peints en pied. Ils ont été choisis pour leur rapport au culte du Sacré-Cœur : sainte Marguerite-Marie Alacoque, saint François de Sales, saint Thomas d’Aquin, saint Bernard, saint Firmin, le chef de saint Jean Baptiste, saint Jean l’Evangéliste, saint Pierre, la Vierge Marie, saint Joseph, saint Paul, sainte Marie-Madeleine, saint Augustin, saint François d’Assise, saint Ignace de Loyola, sainte Thérèse d’Avila. Les peintures ont été restaurées en 2007-2009. L’autel en bronze doré a été exécuté en 1867. Au milieu du dallage, est la pierre tombale qui recouvre la sépulture de Mgr Boudinet (décédé en 1873). XIII - Chapelle de Sainte Marguerite 1292 (voir plan repère C) - c’est l’une des plus anciennes chapelles puisque élevée par l’Evêque Guillaume de Macon en 1292 - traces de peinture du XIIIe siècle sur fenêtres - réaménagée en 1768 par le sculpteur Dupuis et l’architecte Christofle : elle est en marbre. La statue

de Sainte Marguerite est placée sur l’autel. XIV - Chapelle de Saint Augustin de Cantorbéry, ou Sainte Theudosie (voir plan repère D) - fragments de vitraux du XIIIe siècle (métier des tisserands) - restaurée en 1854 - reliques de Sainte Theudosie XV - Chapelle de Saint Michel, dite de Saint Sauve 1302 (voir plan repère E) - fragments informes de vitraux du XIIIe siècle (rois, guerriers et chevaux) - lieu de réunion de la corporation des cordonniers, - traces de peinture du XIIIe siècle - réaménagée en 1769 - la pièce la plus insigne en est un Christ byzantin qui provient de l’ancienne église st Firmin-le-

confesseur ; il date du commencement du XIIIe siècle, fut restauré au XVIII

e siècle et en 2010. Cette chapelle jouit d’une grande ferveur populaire ; la présence de multiples cierges en est la meilleure preuve.

XVI - Chapelle de Saint Jean-Baptiste (Saint Antoine Daveluy) (voir plan repère F) - elle contient les reliques de saint Antoine Daveluy, né à Amiens, martyr en Corée en 1866. - lieu de réunion de la corporation des tanneurs, - réaménagée en 1775-1779

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10

Les stalles

Confessionnal

St Jean l’évangéliste

St Firmin

St Honoré

E St Michel / St Sauve (Christ)

St Louis

3

F St Antoine Daveluy

St Jean-Baptiste

5

Ste Thérèse

1 = Ange pleureur

St Sacrement

St Jean-Baptiste

D Ste Theudosie St Jacques le Majeur

St Nicaise + arbre de Jessé

Ste Ulphe et St Domice

Morts pour la France

St Martin

Vierge dorée + fonds baptismaux

Ste Marguerite C

St Etienne

St Nicolas + labyrinthe de François Emielot

Annonciation ou ND de Foy

St Christophe

2 2

6

9

7

Bas-relief St Firmin

Gisants

4

Caveau des évêques d’Amiens

Baptistère

Labyrinthe

Le secret des 3 roses

8

L’évêque

A

B