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SEQUENCE 3 Les modèles d'analyse grammaticale Objectif : étudier les modèles grammaticaux et leur fonctionnement dans la langue. Séance 1 :Objectifs : définir les différentes acceptions de la notion de grammaire ; distinguer les différents modèles d'analyse grammaticale. Séance 2 :Objectifs : comprendre la notion de linguistique structurale ; identifier des différents types de structures, de syntagmes et de groupes. Séance 3 : Objectif : définir et manipuler les concepts de la grammaire générative et transformationnelle. Plan de la séance Séance 1 : La grammaire : notions Séance 2 : La linguistique structurale Séance 3 : Les grammaires génératives et transformationnelles

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SEQUENCE 3 Les modèles d'analyse grammaticale

Objectif : étudier les modèles grammaticaux et leur fonctionnement dans la langue.

Séance 1 :Objectifs : définir les différentes acceptions de la notion de grammaire ; distinguer les différents modèles d'analyse grammaticale. Séance 2 :Objectifs : comprendre la notion de linguistique structurale ; identifier des différents types de structures, de syntagmes et de groupes. Séance 3 : Objectif : définir et manipuler les concepts de la grammaire générative et transformationnelle.

Plan de la séance

• Séance 1 : La grammaire : notions • Séance 2 : La linguistique structurale • Séance 3 : Les grammaires génératives et

transformationnelles

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Séance 1 : La grammaire : notions

Définir et identifier les différents modèles de description grammaticale de la langue. Lisons et découvrons : Dictionnaire de linguistique, (J. Dubois). « Le terme de grammaire a plusieurs définitions selon les théories linguistiques ; on peut en retenir quatre principales : 1- La grammaire est la description complète de la langue, c'est-à-dire des principes d'organisation de la langue. Elle comporte plusieurs parties :

- une phonologie (étude des phonèmes et de leurs règles de combinaison) ; - une syntaxe (règles de combinaison des monèmes et morphèmes et des syntagmes) ; - une lexicologie (étude du lexique) ; - une sémantique (étude des sens des mots et de leurs combinaisons).

2- La grammaire est la description des morphèmes grammaticaux (articles, conjonctions, prépositions, pronoms, etc.) et des lexèmes ou monèmes lexicaux (noms, verbes, adjectifs, adverbes) et l'étude de leurs combinaisons pour former des mots ou des phrases (syntaxe). En ce cas, la grammaire s'oppose à la phonologie (l'étude des sons et de leurs règles de combinaison). On peut l'appeler morpho-syntaxe. 3- La grammaire est la description des seuls morphèmes ou mots grammaticaux (articles, conjonctions, prépositions, pronoms, etc.), en excluant les lexèmes ou monèmes lexicaux (c'est-à-dire les noms, adjectifs, adverbes, verbes). Elle décrit les règles qui régissent le fonctionnement des morphèmes ou mots grammaticaux dans la phrase. Ainsi, la grammaire ne s'intéresse qu'à la syntaxe et s'oppose à la phonologie et au lexique. 4- En linguistique générative, la grammaire d'une langue est le modèle de la compétence idéale de sujets parlant une langue. Elle est formée de trois parties :

- une composante syntaxique : système des règles définissant les phrases permises dans une langue ;

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- une composante sémantique, système des règles définissant le sens des phrases générées ou produites ; - une composante phonétique et phonologique : système des règles réalisant en une séquence de sons les phrases générées par la syntaxe.

Documents supports : Pour un complément de lecture sur les différents courants ou écoles de linguistique et de grammaire, lisez les extraits suivants provenant d’ouvrages de linguistique et de didactique.

Support 1 : Source : Dictionnaire de didactique des langues, R. Galisson et D. Coste, pp. 253-257. Grammaire, n. f. Ce mot très courant est délicat à définir parce que ses emplois sont aussi flous que multiples, surtout en méthodologie de l'enseignement des langues. Nous ne chercherons pas ici à faire l'inventaire de toutes ses acceptions, nous ne retiendrons que les suivantes : 1. Description du fonctionnement général d'une langue maternelle. 2. Description de la morphologie et de la syntaxe d'une langue naturelle. 3. Discipline étudiant les règles de fonctionnement ou d'évolution de toute langue naturelle. 4. Ensemble de prescriptions normatives régissant certaines zones et certains détails de l'usage linguistique, et jouant un rôle de discrimination sociolinguistique. 5. Système formel construit par le linguiste pour établir un mécanisme susceptible de produire des phrases considérées comme grammaticales par les locuteurs d'une langue. 6. Système intériorisé par le locuteur-auditeur d'une langue et lui permettant de produire et de comprendre les phrases de cette langue. Les acceptions 1 à 5 sont relatives à des entreprises d'ordre métalinguistique (il s'agit toujours d'un discours sur le langage humain en général ou sur telle langue naturelle en particulier). L'acception 6 réfère à la base même de ce que les grammairiens et linguistes cherchent à décrire, à codifier ou à simuler. Mais cette dernière acception est plus rarement attestée ; elle correspond à ce que CHOMSKY appelle non pas grammaire (terme qu'il réserve à la description donnée par le linguiste), mais compétence du sujet parlant. ►Compétence. Les diverses acceptions du mot grammaire peuvent aider à rendre compte d'oppositions plus ou moins fréquemment utilisées telles que : grammaire /linguistique ; grammaire normative/ grammaire descriptive ; grammaire implicite / grammaire explicite ; grammaire / vocabulaire ; grammaire active /

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grammaire passive, qu'on s'efforcera de caractériser rapidement. - Grammaire / linguistique ; grammaire normative / grammaire descriptive : la linguistique appliquée a souvent opposé grammaire et linguistique ou encore grammaire nor-

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Support 2 : Polysémie du mot "grammaire" Source : Extrait de Grammaire et Didactique des Langues, H. Besse - R. Porquier, pp. 10-11.

Dans d’autres exemples, enfin, grammaire évoque un point de vue particulier sur

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le savoir grammatical propre à une langue, une école de pensée particulière, une théorie sur le fonctionnement interne des langues. Très critiquée, la grammaire traditionnelle reste à la base des cours de langue les plus récents. La grammaire générative et transformationnelle peut être considérée comme un prolongement de la grammaire structurale. Il y a des ressemblances entre la grammaire indienne ancienne et la grammaire structurale. A partir de ces trois séries d'exemples, on peut délimiter trois acceptions sensiblement différentes les unes des autres : 1) un certain fonctionnement interne caractéristique d'un langue donnée ; 2) l'explicitation plus ou moins méthodique de ce fonctionnement ; 3) la méthode d'explicitation suivie. Les acceptions 2 et 3 relèvent d'activités métalinguistiques ; l'acception 1 renvoie essentiellement à des activités linguistiques. C'est le sentiment que l'on a de ces distinctions qui permet des énoncés comme celui-ci : «En fait, ce qu'ils [les étudiants étrangers] connaissent, ce sont les livres de grammaire et non la grammaire.» (A.Wisniewska -Visnin, 1981, p.34). Mais dans de nombreux contextes, concernant en particulier la pédagogie et la didactique des langues, ces distinctions s'obscurcissent ou se confondent. Ainsi, une faute de grammaire peut être relative au non-respect des pratiques langagières usuelles (première acception) ou au non-respect d'une règle établie par les grammairiens (seconde acception). Par exemple, ne pas accorder le participe passé qui suit avoir avec son complément d'objet direct placé avant le verbe ne heurte guère, à l'oral, le sentiment linguistique de la plupart des francophones (*cette lettre, je te l'ai écrit hier), mais sera sanctionné par de nombreux professeurs et puristes de la langue, conscients qu'il existe une règle explicite régissant ces emplois. Un livre de grammaire est un manuel qui, le plus souvent, traite des constantes d'une langue donnée (première acception), pour en proposer une description systématique (deuxième acception), en s'ap-puyant sur une théorie grammaticale attestée, en particulier dans la terminologie choisie (troisième acception). Le Dictionnaire de Didactique des Langues, (R. Galisson et D. Coste, 1976, article grammaire) reconnaît que les emplois du mot « sont aussi flous que multiples, surtout en méthodologie de l'enseignement des langues» et .propose de retenir six acceptions différentes. Cinq d'entre elles «sont relatives à des entreprises d'ordre métalinguistique» (voir p. 41 du présent fascicule). Support 3 : De la grammaire à la linguistique, le 19ème et le 20ème siècle, pp. 14-23. Source : Extraits de Une Introduction à la didactique de la grammaire en Français Langue Etrangère, Jean-Pierre CUQ, Hatier.

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Pourtant, parallèlement à la scolarisation du savoir grammatical, s'élève peu à peu une science nouvelle. Qu'ils le veuillent ou non, les grammairiens vont céder le terrain scientifique aux linguistes, mais ces derniers ne conquerront jamais véritablement l'école. Pourtant, on va le voir dans un rapide panorama, leurs mérites ne sont pas minces. La grammaire comparée et la grammaire historique C'est en 1816 que Franz Bopp fonde la grammaire comparée des langues indo-européennes en suivant une méthode inspirée de celles des sciences naturelles : les langues, considérées comme des organismes vivants, naissent, se développent et meurent. Grâce à la découverte du sanskrit, qui rend évidentes les parentés entre la plupart des langues de l'Europe et beaucoup de langues de l'Inde, Bopp induit l'existence d'une langue mère : l' indo-européen. De cette comparaison entre des langues d'âges différents, naît la linguistique historique qui s'occupe de dresser les lois qui président à l'évolution des langues. À la fin du XIXe siècle, l'histoire a remplacé les sciences naturelles au palmarès des sciences : la linguistique ne pouvait qu'en être influencée. L'école la plus productive est sans doute alors celle des néo-grammairiens allemands avec, parmi d'autres, Hermann Paul. Ferdinand de Saussure Malgré l'importance de tous ces travaux, beaucoup situent au début de notre siècle, avec Ferdinand de Saussure (1857-1913), la véritable naissance de la linguistique. Saussure, à l'origine lui-même néo-grammairien, donne à Genève, entre 1907 et 1911, un cours de linguistique qui sera recueilli par ses étudiants et publié par eux après sa mort. Saussure impose le premier l'idée qu'il faut étudier les langues en synchronie, en mettant l'accent sur le fait qu'elles forment chacune un système. Saussure remet également en question la notion de mot à laquelle il tente d'opposer les unités véritables de la chaîne parlée. Mais son influence, tant du point de vue linguistique que du point de vue didactique, ne se fera vraiment sentir que plus tard avec l'essor du structuralisme. Quelques grands linguistes français En ce début de XXe siècle, la grammaire scolaire a encore de beaux jours devant elle, mais les lignes de vie de la linguistique et de la didactique des langues vont, elles, tantôt s'éloigner, tantôt, mais plus rarement, se croiser. Pour se convaincre de cet éloignement, il suffit d'évoquer les noms de grands linguistes français dont l'importance de l'œuvre n'a d'égale que leur absence quasi totale d'influence en didactique.

En 1922, Ferdinand Brunot (1860-1938) publie La pensée et la langue, ouvrage dans lequel il réfute la vieille notion aristotélicienne des catégories grammaticales et, expliquant les faits de langue à partir de la pensée, leur sub-stitue cinq classes : les êtres, les faits, les circonstances, les modalités et les rela-tions. Longtemps passée dans l'ombre du courant structuraliste post-saussurien, la pensée de Brunot, fondée sur la mise en évidence de concepts rationnels,

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semble inspirer aujourd'hui plus ou moins ouvertement de nombreux linguistes, mais n'a aucun effet du point de vue didactique.

Partant, comme le sous-titre de leur ouvrage (Des mots à la pensée) l'in-dique, d'un point de vue opposé à celui de Brunot, J. Damourette et E. Pinchon publient, entre 1911 et 1952, un monumental Essai de Grammaire de la Langue française. De leur point de vue, on peut découvrir à travers la langue l'existence d'un véritable système de pensée commun à tous les locuteurs français. Pour ce faire, ils s'attachent donc à inventorier, décrire et classer tous les tours possibles du français. Ils choisissent pour cette description une terminologie entièrement neuve : on a avec eux le plus bel exemple de travail grammatical pratiquement oublié à cause d'un métalangage trop particulier et partant trop peu accessible (voir chapitre 5).

Avec Temps et Verbe (1929), on peut dire que Gustave Guillaume (1883-1960) s'oppose totalement aux théories structuralistes qui commençaient à dominer la linguistique de son époque. Avec une terminologie propre (qui, encore une fois, allait être assez préjudiciable à la diffusion de ses théories), il évoqua les notions qui allaient faire quelques décennies plus tard le fond de la grammaire générative : mentalisme, universaux du langage, structure de surface et de profondeur, compétence et performance. Guillaume a inspiré de nombreux linguistes parmi lesquels on peut citer R.-L. Wagner, P. Imbs, G. Moignet, J. Stéfanini et aujourd'hui encore R. Martin et B. Pottier. De Lucien Tesnière (1893-1954), on peut également dire qu'il ouvrit la voie aux générativistes. Ses deux livres principaux sont : Esquisse d'une syntaxe structurale (1953) et Éléments de syntaxe structurale (posthume, 1959). Le principe fondamental de la grammaire de Tesnière est la " translation ", c'est-à-dire le passage, le changement, la " transposition" comme dit Bally, par exemple d'un nom en un adjectif, ou d'un verbe en substantif. Tesnière en montra le caractère général et il décrivit les structures de la phrase simple avec ses constituants immédiats ou "nœuds" (substantival, verbal, adjectival, adverbial). On peut dire que l'influence de ces deux grands linguistes français sur la didactique contemporaine est quasi nulle. On voit, aujourd'hui, quelques linguistes se tourner à nouveau vers la logique pour établir une théorie sémantique. Parmi eux, le plus connu en France est sans doute Robert Martin, promoteur de la théorie des " univers de croyance ". Dans Pour une logique du sens (1983), sa réflexion porte essentiellement sur les rapports qui existent entre"sens" et " vérité ". Plus tard, en 1987, dans Langage et croyance, les " univers de croyance " dans la théorie sémantique, il montre que dans un " univers de croyance" plusieurs" mondes" sont possibles.

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Chomsky a eu le grand mérite de ne pas considérer ses théories comme défi-

nitives et il les a reprises et reformulées chaque fois que des difficultés tech-

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niques ou théoriques sont apparues à lui ou à ses disciples. Il a été ainsi amené à remettre en cause les théories structuralistes et behaviouristes et à renouer avec une tradition linguistique d'obédience psychophilosophique.

Le deuxième état de sa théorie (dite "théorie standard") apparaît dans son ouvrage fondamental : " Aspects of the Tbeory of Syntax" (1965).

Dans une troisième période ("théorie standard élargie", puis "hypothèse lexicaliste" et "sémantique générative"), Chomsky s'est intéressé aux rapports entre la syntaxe et la sémantique (Studies on Semantics in Generative Grammar, 1972).

Les développements de la grammaire générative ont été nombreux et féconds tant en Amérique qu'en Europe. Mais elle est avant tout une linguistique de la phrase et, à ce titre, ne répond pas aux problèmes que pose l'unité discursive supérieure qu'est le texte. Elle semble aujourd'hui être en perte de vitesse. On a trouvé dans les années 70-80 de nombreuses applications de ses principes dans les livres de grammaire destinés aux classes de français langue maternelle et aussi dans de nombreux pays de français langue seconde. Mais au total, on ne peut pas vraiment dire que son influence ait été grande en didactique du français langue étrangère. Le courant énonciatif

C'est à nouveau un courant d'inspiration française. On considère souvent que l'un des initiateurs des théories de l'énonciation et du discours est un gram-mairien venu lui aussi de la linguistique comparée et de la philologie, mais très inspiré par l'école praguoise, Émile Benveniste 0902-1976). Il est surtout connu par ses Problèmes de linguistique générale, publiés en 1966 et 1974. Tous les travaux contemporains sur l'emploi des déictiques, des temps, des personnes se font en référence à ses travaux. À ce titre, on peut éventuellement considérer qu'il a eu une influence indirecte sur la didactique d'aujourd'hui, qui est très imprégnée de ces travaux.

Ce courant énonciatif est surtout représenté aujourd'hui par Antoine Culioli. Les tenants de la linguistique énonciative tentent, d'où leur nom, de retrouver dans les énoncés les marques de l'énonciation et, par là, de substituer une lin-guistique de l'énoncé à celle, jugée trop réductrice, de la phrase. Ainsi de nombreux travaux ont été menés sur les indicateurs de la deixis, sur les moda-lisations, bref, sur tout ce qui peut laisser apparaître la trace du sujet dans le texte. Ce type de linguistique tente d'effacer la dichotomie désormais classique entre langue et parole, et celle, plus ancienne encore entre syntaxe et sémantique.

Sans rejeter, bien au contraire, les études particulières, A. Culioli tente d'éla-borer une théorie globale du langage exempte d'empirisme. L'objet de la lin-guistique est pour lui l'étude de la relation qui existe entre la faculté de langage qui est universelle (production et interprétation de textes) et les langues natu-relles, en tant que systèmes particuliers. Toutefois, Culioli pense qu'observer les langues, ce qu'il tient pour une grande nécessité, ne peut se faire valablement

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sans une théorie qui permette d'opérer abstraitement, à l'aide d'un métalangage aussi éloigné que possible de celui dont les linguistes ont hérité de la tradition. Aux notions d'émetteur et de récepteur, Culioli préfère substituer le concept de co-énonciateurs, dont on peut retrouver les traces dans les énoncés. La situation d'énonciation elle-même laisse également des marques. Cet ensemble de marques permet, au moyen d'une suite d'opérations complexes, aux co-énon-ciateurs d'ajuster leurs systèmes de repérage qui ne sont jamais totalement équivalents, ce qui peut provoquer des ambiguïtés, des lapsus, etc. Parfois accu-sée de parisianisme, voire même d'être une chapelle, eu égard sans doute à sa faible diffusion, la théorie de Culioli n'a pas été sans influencer de nombreux didacticiens des langues dans les années 80, par exemple en anglais. Mais il semble que les résultats aient été assez décevants. Henri Besse cite ainsi quelques remarques de D. Bailly à ce sujet, intéressantes parce qu'elles résument bien la désillusion des didacticiens "applicationnistes ": "Nous avons cru aussi, et surtout, que l'activité métalinguistique, telle qu'elle est décrite par les linguistes, était la même que celle mise en jeu dans les opérations de production en langue 2 en apprentissage captif (...) ; elle en diffère totalement. Il nous a bien fallu nous rendre à cette évidence." Mais il semble qu'aujourd'hui les courants pragmatiques et sociolinguistiques aient imposé leur prééminence. Le courant pragmatique

Bien qu'il soit difficile de le séparer totalement du courant énonciatif, on peut dire que ce courant est plutôt d'inspiration anglo-saxonne (Pierce, du côté sémiotique, Carnap du côté logique, Austin et Searle du coté philosophique...).

Ses tenants considèrent avant tout le langage comme un acte en relation avec un environnement, qu'il soit linguistique ou non. Chaque réalisation linguistique est ainsi susceptible de plusieurs significations, qui seront déterminées par le contexte, dont les co-énonciateurs sont partie prenante. Mais, inversement, un acte de langage est susceptible d'être accompli par plusieurs types d'énoncés (on peut, par exemple, énoncer un ordre de diverses façons selon la personne à qui on s'adresse, l'humeur du moment, l'éducation, etc.). Dans cette perspective se sont développés de nombreux travaux qui s'intéressent aux interactions et à la conversation.

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Dans How to Do things With Words (Quand dire c'est faire, 1962),

l'Anglais Austin a montré que certains actes de langage exercent un effet sur l'interlocuteur (par exemple l'émotion, la peur...) : ils sont dits perlocutoires. D'autres au contraire ont une valeur accomplissante (exemple : "je te promets de venir dimanche"). On les appelle performatifs. À la suite d'Austin, on a vu naître une série d'études dans lesquelles le langage n'est plus considéré comme un simple représentant du réel ni même seulement comme un objet à décrire, mais comme un élément d'une situation communicative plus vaste. On peut alors légitimement se demander si la pragmatique est en-deçà ou au-delà des frontières de la linguistique. Quoi qu'il en soit, on doit constater que, parce qu'elle s’intéresse au langage en situation, elle inspire aujourd’hui assez largement didacticiens et méthodologues.

La grammaire de texte Ce courant est étroitement lié au développement des linguistiques pragmatiques et énonciatives. Sans dénier totalement les mérites des grammaires qui prennent la phrase pour limite, on doit toutefois reconnaître qu'elles présentent des lacunes graves, dont la moindre n'est peut-être pas de n'avoir jamais véritablement réussi à proposer une définition claire de la phrase elle-même. Mais les limites des grammaires de la phrase sont véritablement manifestes quand il s'agit pour elles de traiter, pour prendre quelques exemples, de la valeur des pronoms, de celles des déterminants, de celles des temps. C'est que, comme le faisait remarquer Weinrich 1, les grammaires de la phrase travaillent sur un " découpage de textes ", et procèdent par une sorte de " mise en fiches ". Or les signes linguistiques viennent à nous à travers des textes au sein desquels ils dessinent des " réseaux de valeurs textuelles ", où ils fonctionnent de façon" indicielle. 2 Pour certains, dans une acception très large reprise par les sémioticiens, le texte est une réalité qui dépasse le seul domaine linguistique, et il peut être, comme le disait Hjelmslev, manifesté par différentes substances comme la peinture ou la musique par exemple. Mais, même à s'en tenir à un domaine de définition proprement linguistique, on peut définir le texte de façon plus ou moins large. Ainsi, pour Rück3, un texte est " tout acte communicatif recourant à une langue" parce que, comme dit Hartman4," quand on parle, on ne parle qu'en textes" et que " le texte est le signe linguistique originaire". On situera dans cette lignée la définition du texte que donne Patrick Charaudeau 5 : " Le texte est la manifestation matérielle (verbale et sémiologique : orale/graphique, gestuelle, iconique, etc.) de la mise en scène d'un acte de communication, dans une situation donnée, pour servir le Projet de parole d'un locuteur donné.

Mais ce type de définition ne sépare guère la notion de texte de celle de discours. Pour simplifier un débat qui est loin d'être clos, on peut admettre, à la suite de Jean-Michel Adam6, que le discours est à envisager comme un acte accompli dans certaines " conditions de productions " (situation, lieu, temps.. .),

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alors que le texte, qui est inclus dans cet acte, est à envisager comme un objet linguistique hors de ces mêmes conditions. -------------------------------- 1. WEINRICH H., Le temps, Seuil, 1973. 2. CORTES J., dir., in Le français dans le monde, n° 192, 1985. 3. RÜCK H., Linguistique textuelle et enseignement du français, LAL-Crédif, Hatier, 1980. 4. HARTMAN P., Text aIs linguistisches Objekt, in Stempel W.D., éd. Beitrage zur Textlinguistik, Munich, 1971, pp. 9-29. 5. CHARAUDEAU P., Grammaire du sens et de l'expression, Hachette, 1992, p. 645. 6. ADAM J-M., Eléments de linguistique textuelle. Théorie e t pratique de l'analyse textuelle, Mardaga, 1990, p.23.

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Conclusion

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Agissons : Répondez par "vrai "ou "faux" aux énoncés suivants : 1- Toutes les définitions de la notion de grammaire s'accordent à dire que "la grammaire est la description de toutes les parties de la langue". VRAI/ FAUX 2- La phonologie est l'étude des syllabes. VRAI / FAUX 3- La grammaire décrit les règles qui régissent le fonctionnement des différentes catégories grammaticales, lexicales et phonologiques de la langue.

VRAI /FAUX 4- La grammaire est un système intériorisé par le sujet parlant et le récepteur. Ce système n'a aucun rapport avec l'interprétation des sens des messages ou énoncés.

VRAI / FAUX 5- Quand nous parlons ou écrivons, nous pensons à la grammaire.

VRAI / FAUX 6- La grammaire décrit le fonctionnement externe de la langue. VRAI / FAUX 7- La grammaire générative et transformationnelle se substitue à la grammaire structurale.

VRAI / FAUX 8- Les analyses de la grammaire fonctionnelle sont à l'origine de toutes celles des grammaires d'aujourd'hui.

VRAI/ FAUX 9- Saussure impose qu'il faut accorder de l'importance à la notion de "mot".

VRAI/ FAUX 10- L'influence de la grammaire générative est considérable ; elle a eu de nombreuses applications en didactique des langues.

VRAI/ FAUX 11- Dans le courant pragmatique, on considère le langage comme un acte en relation avec la communauté linguistique.

VRAI/ FAUX 12- La grammaire de texte s'intéresse au découpage du texte pour en décrire des phrases.

VRAI / FAUX

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Séance 2 : La linguistique structurale Objectif : définir les notions de base de la linguistique structurale et les appliquer. Lisons et découvrons : 1. L'axe syntagmatique : "La langue est une structure ou système ". "On peut appeler structure d'un jeu l'ensemble des règles indiquant le nombre des pièces existant dans le jeu et la façon dont chacune des ces pièces peut se combiner avec les autres […]". (Hjelmslev) "Toute langue se présente comme un système de signes rigoureusement organisé ". (Cassirer) "Dans un état de langue donné, tout est structuré ; une langue quelconque est constituée par des ensembles ou groupes où tout se tient : - systèmes ou structures des sons (phonèmes) ; - systèmes ou structures des mots (monèmes, morphèmes). Qui dit système ou structure, dit ensemble cohérent où tous les éléments dépendent les uns des autres. Observons les énoncés suivants : 1- Nous organiserons demain un débat démocratique. 2- Un débat démocratique organiserons nous demain. Les signes linguistiques utilisés dans les deux énoncés sont les mêmes, seul leur ordre a changé. L'énoncé 1 appartient à la langue française ; la phrase se lit sans difficulté, avec l'intonation qui lui convient. Au contraire, dans l'énoncé 2, les signes forment un ensemble, une suite de mots dont on ne perçoit pas les relations qui les relient les uns aux autres. C’est un exemple de non phrase. Dans l'énoncé 1, "Nous organiserons demain un débat démocratique", les signes sont accrochés ou combinés pour former des groupes ou syntagmes soumis à des lois précises de la langue. Ces lois sont des lois syntagmatiques. Enoncé 1 (Phrase) : Nous organiserons demain un débat démocratique Sujet verbe COD

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Cette succession sujet + verbe + COD constitue l’axe syntagmatique ou axe des combinaisons. Enoncé 2 (Non phrase) : Un débat libre organiserons nous demain. La succession des unités linguistiques n’obéit pas aux lois syntagmatiques de la langue. 2. L'axe paradigmatique : Reprenons l'exemple 1 : - Nous organiserons demain un débat libre. La langue fonctionne selon deux axes : - l'axe syntagmatique sur lequel s'accrochent et se combinent les mots (monèmes et morphèmes) ; cet axe est horizontal, il concerne les lois de relations entre les mots ou groupes de mots ; - l'axe paradigmatique est un axe vertical qui concerne les relations qui peuvent exister entre les signes appartenant à la même catégorie grammaticale et pouvant se substituer à celui qui a été utilisé par le locuteur. On peut dire aussi que c’est l’axe des choix.

Schéma représentant les deux axes: 1- Indications Axe des combinaisons (règles syntagmatiques) Liens, relations, accrochages Axe paradigmatique (relations de choix possibles)

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Schéma de la phrase : J’ organise ce soir une discussion amicale Les élèves organisaient souvent des rencontres sportives Vous organisez demain un pique nique familial Ils ont organisé hier la cérémonie nuptiale Remarque : Nous avons un axe seul syntagmatique horizontal et plusieurs axes paradigmatiques verticaux, un pour chaque monème de la phrase. La grammaire normative Lisons et découvrons : Dans Le bon usage de M. Grevisse, on peut lire ceci p. 71: " Les mots du français peuvent être rangés en neuf parties du discours qui sont : le nom, l'article, le pronom, le verbe, l'adverbe, l’adjectif, la préposition, la conjonction et l'interjection". On peut lire légalement : Le nom sert à désigner, à "nommer" les êtres et les choses. Le verbe exprime en général une action ou un état. La phrase est un assemblage logiquement et grammaticalement organisé en vue d'exprimer un sens complet. On découvre tout de suite que les notions de monèmes et de morphèmes, qui sont des signes pourvus d’une forme et exprimant une unité de sens, se confondent ici avec le terme vague et imprécis de mot, employé par Grévisse. De même, la définition de la phrase que donne Le Bon usage ne rend pas compte de la notion de système ou structure, où les signes entretiennent des relations d'interdépendance aux plans syntaxique et sémantique. • Exemples d'analyse grammaticale traditionnelle (grammaire normative)

Nous organiserons demain un débat libre

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Ex : La fille du voisin accompagne mon fils à l'école. la : article défini, se rapporte au nom fille, féminin singulier. fille : nom commun, sujet du verbe accompagne. du : article défini contracté, se rapporte au nom "voisin". voisin : nom commun, masculin singulier, complément du nom fille. accompagne : verbe accompagner, 1er groupe, temps présent, mode indicatif, forme active, 3ème personne du singulier, a pour sujet fille. tous : adjectif indéfini, se rapporte au nom jour, masculin pluriel. les : article défini, se rapporte au nom jour, masculin pluriel. mon : adjectif possessif, se rapporte à fils, masculin singulier. fils : nom commun, masculin singulier, C.O.D du verbe accompagne à : préposition l' : article défini élidé, se rapporte à école, féminin singulier. école : nom commun, féminin, singulier, complément circonstanciel de lieu du verbe accompagne. Nous découvrons que cette analyse ne décrit pas les groupes de la phrase dans leurs relations syntagmatiques. Les constituants de la phrase formés de syntagmes ou de groupes et entretenant des relations de combinaison morphosyntaxiques ne sont pas analysés en tant que tels. La grammaire normative considère la langue comme un assemblage de mots organisé grammaticalement et logiquement pour exprimer du sens. La description ne tient pas compte de la notion de structure ou système. L'analyse présentée ci-dessus montre une déstructuration des systèmes de signes (groupes ou syntagmes). Les mots sont analysés un par un, isolément, ne donnant pas lieu à une étude des syntagmes dans leurs combinaisons et interrelations. Retenons : La grammaire normative considère la phrase comme une suite de mots à décrire isolément dans leurs fonctions. La grammaire structurale considère la phrase comme un ensemble, un système structuré dans lequel les syntagmes ou groupes doivent être analysés dans leurs rapports de combinaison.

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Les syntagmes (ou groupes) : Ex : La fille du voisin / accompagne mon fils à l'école - groupe d'éléments - groupe d'éléments - unité de structure - unité de structure - combinaison - combinaison ou - syntagme (groupe) ou - syntagme (groupe) GN GV En grammaire structurale, on appelle syntagme un groupe d'éléments linguistiques (monèmes et morphèmes) formant une unité dans laquelle ces éléments entretiennent des relations d'interdépendance. Le terme de syntagme est suivi d'un qualificatif qui définit sa catégorie grammaticale : - syntagme nominal ou groupe nominal (SN ou GN) ;

- syntagme verbal ou groupe verbal (SV ou GV) ; - syntagme adjectival ou groupe adjectival (SA ou GA) ; - syntagme prépositionnel ou groupe prépositionnel (SP ou GP) ; - syntagme adverbial ou groupe adverbial (S Adv. ou G Adv.).

Ex : La fille du voisin / accompagne mon fils à l'école. Analyse structurale : - la phrase P - la fille du voisin SN (GV) sujet - accompagne mon fils à l'école SV (GV) Les autres symboles sont : Dét : déterminant ; Prép : préposition ; se réécrit ; Pr : pronom. La phrase analysée peut être représentée ainsi (arbre ou indicateur syntagmatique) :

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La fille du voisin accompagne mon fils à l’école

P (Phrase)

La fille du voisin SV accompagne mon fils à

SN l’école SP V à l’école SN SP accompagne SN La fille mon fils Prép SN Det N Prép SN de le voisin mon fils à l’école

Det N Det N le

du voisin l’ école

Cette description grammaticale rend compte des différentes combinaisons ou interdépendances des groupes, unités ou syntagmes, lesquelles constituent ce que Saussure appelle la structure (ou système).

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• Séance 3 : Les grammaires génératives et

transformationnelles Objectif : définir les principes de la grammaire générative et transformationnelle de Chomsky. Les grammaires génératives Lisons : * Définition du concept de générativisme : La grammaire est, selon Chomsky, un mécanisme qui permet de générer des phrases, c'est-à-dire de les former à partir de règles de combinaison que l’on peut décrire. Toute phrase peut donc être décrite en utilisant les symboles étudiés dans les pages précédentes. Ex : Les élèves révisent leurs leçons.

P G N + G V GN Dét + N GN V + GN

On peut générer, à partir de ce noyau ou modèle, un très grand nombre de phrases. Ex : La mère / fait la cuisine. Le père / regarde la télévision. Le ministre / prononce un discours. Chaque phrase ainsi obtenue est grammaticale. Noam Chomsky, linguiste américain dont le premier ouvrage important, Structures Syntaxiques, paraît en 1957 (traduction française aux éditions du Seuil en 1969), ne rejette pas les acquis de ses prédécesseurs ou contemporains mais il montre les limites de la grammaire structurale. C’est ainsi que, à une grammaire statistique, va succéder une grammaire plus dynamique. Les structures profondes selon Chomsky

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La quasi infinité des phrases du français produites par un locuteur francophone sont réalisées à partir d'un nombre limité de modèles, de types de phrases noyaux. La phrase noyau (rappel) : P GN + GV Ex : L'élève/ écoute le professeur GN GV Contenu de la grammaire générative et transformationnelle : Un ensemble fini (limité) de règles permettent de générer toutes les phrases noyaux d'une langue donnée : ce sont, comme nous l’avons déjà vu, les règles concernant les lois de combinaison sur l'axe horizontal (syntagmatique) et celles commandant les choix sur l’axe vertical (paradigmatique). Un ensemble fini de règles de transformation permettent de produire une infinité de phrases grammaticales à partir de ces phrases noyaux. Comme nous l’avons déjà vu, la description structurale des phrases produites peut se faire à l’aide d’une formalisation propre à Chomsky : c’est le schéma ou graphe ayant la forme d'un arbre renversé et qu'on appelle arbre ou indicateur syntagmatique. Ex : La maman / allaite / son bébé. P GN + GV P GN La maman GN GV GV allaite son bébé La maman allaite son bébé Compétence et performance : Pour Chomsky, « tout sujet adulte parlant une langue donnée est à tout moment capable d’émettre spontanément ou de percevoir et de comprendre un nombre infini de phrases que, pour la plupart, il n'a jamais prononcées ou entendues auparavant. »

La compétence linguistique d'un sujet se définira comme l'ensemble des aptitudes acquises depuis sa plus jeune enfance et qui lui permettent, au niveau de la performance, d'énoncer et de comprendre un ensemble infini de phrases de sa langue maternelle. Au niveau de la compétence linguistique, on parle de structures profondes (phrases noyaux) mises en œuvre inconsciemment par le locuteur.

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Au niveau de la performance, c’est-à-dire de la réalisation, on parle de structures de surface, à travers lesquelles se manifestent les structures profondes, et qui correspondent aux phrases effectivement produites par le locuteur. Générer, c'est donc produire, à partir d’un certain nombre de modèles intériorisés (des règles implicites), des phrases grammaticales – c’est-à-dire acceptables – en nombre illimité. La grammaire implicite (non consciente) : On parle de grammaire implicite quand l'apprenant n'entre pas en contact avec les règles mais seulement avec des modèles de phrases qu’il va imiter. Dans ce cas, il n’y a pas de théorie mais uniquement des exercices (généralement, des exercices dits structuraux). La grammaire explicite (consciente) : L'écrit étant plus complexe que l'oral, tant au niveau de la syntaxe que de la morphologie, l'apprenant a besoin, pour accéder à la compréhension et à la production écrite, d’accéder à une grammaire consciente, c’est-à-dire à l’explicitation des règles.

Les grammaires transformationnelles : Lisons et découvrons : Définition du concept de transformation Il s'agit de l’analyse du procédé qui permet de passer de la structure profonde à la structure de surface, c’est-à-dire la phrase telle qu’elle est réalisée par le locuteur. La grammaire transformationnelle rend compte de la grande variété des transformations grammaticales que l’on peut appliquer à la phrase noyau ou structure profonde. Ex : transformation passive, négative, interrogative, etc. Ces transformations entraînent au niveau de la phrase de base des opérations :

- de déplacement de lexèmes ou de morphèmes ; - de permutation ; - d’enchâssement (expansion, subordination) ; - de substitution (remplacement) ; - d’addition.

Ex : La route provoque des accidents

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La route glissante provoque des accidents La route qui devient glissante provoque des accidents Des accidents sont provoqués par la route glissante. Retenons : Structure profonde : GN + GV (La route provoque des accidents.) Structure de surface : les différentes transformations de la phrase de départ. Types de phrases : 1- Les types obligatoires : Ex: 1- Vous écoutez la radio. Type déclaratif 2- Parlez-vous anglais ? Type interrogatif 3- Vous chantez ! Type exclamatif 4- Fermez la porte ! Type impératif 2 -Les types facultatifs : a- Il ne parle pas. type négatif b- Un suspect est arrêté par la police. type passif c- Saïd, lui, aime la lecture. type emphatique (N.B. L’emphase est un procédé d'insistance qui fonctionne par la mise en relief d’un élément de la phrase). Conditions d’emploi : Dans un même énoncé linéaire, il ne peut y avoir qu'un seul type obligatoire. Ex : Il frappe à ma porte. (phrase déclarative) Un type obligatoire ne peut être associé dans le même énoncé à un autre type obligatoire ; dans l’exemple précédent, on ne pourrait pas ajouter l’interrogatif, l’impératif ou l’exclamatif. Par contre, les trois types facultatifs peuvent s’associer librement avec chacun des types obligatoires, à condition qu’il n’y ait pas de contraintes qui les en empêcheraient, par exemple : un verbe intransitif n’est pas compatible avec le

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passif, un verbe à la troisième personne n’est pas compatible avec l’impératif, etc. Ex :

- Emphase + négatif + déclaratif : C’est toi qui parles. - Négatif + interrogatif : Ne vas-tu pas au travail ? - Emphase + interrogatif + passif : Est-ce vous qui avez été agressé par un voyou ?

Agissons 1- Dans les phrases suivantes, ne gardez que le plus petit nombre de mots pour constituer une phrase minimale, composée des deux constituants uniquement (GN + GV). Ex : Les élèves écoutent en silence, les yeux fermés, tous les bruits qui proviennent de l'extérieur de la classe. Les élèves / écoutent les bruits. (Phrase minimale) GN Sujet + GV (V + C.O Direct) - Sur le tableau mural, un élève dressera la liste des objets et instruments, en leur attribuant un numéro. - Pour affiner leur l'oreille, le professeur d'enseignement musical met les élèves en présence de tout ce qui peut produire sons et bruits. - L'équipe de France a perdu contre l'équipe du pays de Galles le samedi 25 mars, par 20 points à 6, dans le tournoi des Cinq Nations. - Les élèves pratiquent eux-mêmes une musique d'ensemble dès les premiers jours de leur prise de contact avec le monde musical. 2- Les noms ou substantifs se divisent en plusieurs classes selon leurs caractéristiques. Ces caractéristiques sont appelées "traits lexicaux". Ex : Les traits lexicaux des noms lièvre, égoïsme et lycéenne peuvent être ainsi définis dans le tableau suivant :

commun animé humain comptable masculin

Lièvre + + – + +

Egoïsme + – – – +

Lycéenne + + + + –

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Sur le même modèle, dites quels sont les traits lexicaux des noms suivants :

1- facteur 2- langue 3- amitié 4- livre

3- Complétez les phrases suivantes avec les adverbes d’intensité qui conviennent, choisis dans la liste suivante : très, suffisamment, nullement, trop, assez, totalement, bien, trop, mal, moyennement, supérieurement, médiocrement, passablement, vivement. Ces élèves sont -------- heureux. L'exercice est ----- réussi. Le résultat est ----- passable. Le chien est ---- méchant. Le costume est ---- élégant. Le répertoire est ------- choisi. Mon voisin est ---- chauve. Les beaux jours sont ---- désirés. Les vacances sont ----souhaitées. La méthode est ---- contestable. 1- Dans chacune des phrases suivantes, indiquez le groupe nominal (GN), le groupe verbal (GV) et, éventuellement, le groupe prépositionnel (GP) complément de phrase. Ex : Il avait des mains très fines, très blanches. GN sujet GV

Malgré son air discret, / ce garçon / est coléreux. GP GN GV

- A quelques mètres du lieu de l'accident, le blessé a été secouru par de jeunes passants. - Le nouveau facteur apporte le courrier à dix heures - Au restaurant, Leïla et Mourad sont assis l'un à côté de l'autre. - Autrefois, les instituteurs punissaient souvent les élèves. 5- On nomme puristes les personnes qui appliquent eux-mêmes et exigent des autres le respect strict des règles du bon usage de la langue. Ex : Un puriste ne dit pas : J’ai agi dans ce but mais : J’ai agi dans cette intention. Jouez vous aussi au puriste en écartant, parmi les phrases proposées, celles qui relèvent du niveau familier ou relâché. 1- Mon frère va à l'école en bicyclette. Mon frère va à l'école à bicyclette. 2- Il est trois heures et quart. Il est trois heures un quart. 3- La compréhension mutuelle est fondée sur le dialogue. La compréhension mutuelle est basée sur le dialogue. 4- J'habite en face la gare. J'habite en face de la gare. J'habite face à la gare.

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5- La clé est à la porte. La clé est sur la porte. La clé est après la porte. 6- Le cycliste est tombé grâce à un caillou. Le cycliste est tombé du fait d'un caillou. 7- Je cherche après ma sœur. Je cherche ma sœur. 8- Il a une tache à son veston. Il a une tache sur son veston. Il a une tache après son veston 9- Je suis furieux contre lui. Je suis furieux après lui.

6- Certains monèmes lexicaux (ou lexèmes) sont tantôt des adjectifs tantôt des noms. Ex : Il est barbu (adjectif qualificatif). C'est un barbu (nom). Indiquez si le mot souligné dans les phrases suivantes est un nom ou un adjectif. 1- Il s'éveille brusquement dans le noir. 2- Le chapeau marron que le vieil homme portait était défraîchi. 3- Le jeune était coiffé d'une casquette blanche et portait une cravate cerise sur une chemise crème. 4- Les cerises bien rouges se détachent sur le vert du feuillage. 5- Les Hollandais sont de bons marins. 6-.Le vignoble de Mascara produit des vins rouges renommés. 7- Ton rouge à lèvres est trop foncé. 7- Classez les phrases suivantes en deux colonnes : celles qui ne contiennent qu’un type obligatoire et celles qui contiennent un type obligatoire et des types facultatifs. Ex: - Qui sera le Président des Etats-Unis ? Type obligatoire interrogatif - Le gazon n'a pas été arrosé par le jardinier. Type obligatoire déclaratif + types facultatifs négatif + passif 1- La robe chemisier, elle est à l'honneur. 2- Ces tissus ne sont pas à base de fibres synthétiques. 3- Les portables sont très utilisés ces dernières années. 4- Il expose son dos au soleil. 5- Sa garde-robe est simple. 6- Ces modèles ne diffèrent-ils pas de ceux de l'an dernier ? 7- Le pantalon, il reste le vêtement à la mode. 8- La jupe longue est devenue le vêtement des nostalgiques du passé. 9- Des tissus divers sont employés par les couturiers. 10- Acceptez le dialogue.

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8- Dans les phrases ci-dessous, mettez les phrases passives à la forme active et inversement. Ex : La télévision ne parle pas de la manifestation. (forme négative) La télévision parle de la manifestation. (forme affirmative)

Les manifestants sont dispersés par le service d'ordre. (forme passive) Le service d'ordre disperse les manifestants. (forme active) 1- Derrière une banderole commune, les jeunes n'avancent pas. 2- Des mots d'ordre sont lancés par les manifestants. 3- La télévision n'est pas aimée par des jeunes. 4- Seul un homme n'applaudit pas. 5- Ils ne disent rien. 6- On n'est pas chômeur à dix-huit ans. 7- Le cortège n'est plus canalisé par le service d'ordre. 8- Les pancartes ne sont jamais portées par des jeunes filles. 9- Aujourd'hui, personne n'est effrayé par l'avenir. 9- Donnez les phrases correspondant aux formules suivantes : Ex : Déclaratif + passif + Mon mari a repeint la maison. La maison a été repeinte par mon mari. 1. Déclaratif + Négatif + Emphase + Les voitures défilent sur le boulevard périphérique. 2. Exclamatif + Négatif + Emphase + Actif + Les voyageurs vont découvrir la nouvelle gare. 3. Impératif + Négatif + Vous faites du sport. 4. Déclaratif + Négatif + Passif + Emphase + La nourrice remettra les jouets à leur place. 5. Interrogatif + Passif + On a présenté sa fiancé à Hassan. 6. Exclamatif + Emphase + L'assassin avait une voiture noire. 7. Impératif + Emphase + Passif + Ces réponses nous satisfont. 10- Le groupe prépositionnel (GP) est un groupe qui complète le verbe dans le groupe verbal. Il peut être introduit par une préposition ou non. Il est rattaché au GV. Il n'est pas déplaçable. Ex : Nous sortirons en silence GN Nous GV sortirons en silence V + GP (groupe prépositionnel complétant le verbe). Il y a des groupes prépositionnels (GP) qui complètent toute la phrase. Ils sont déplaçables et peuvent être supprimés sans que la phrase ne devienne incorrecte ou incomplète. Ex: La maman a repassé le linge toute la matinée du lundi.

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GNS : La maman GV : a repassé le linge V GN (COD) GP : toute la matinée du lundi

GP complément de phrase On peut soit supprimer le GP : La maman a repassé le linge ; soit le déplacer : Toute la matinée du lundi, la maman a repassé le linge. Indiquez, en vous référant aux indications données ci-dessus, les GP de verbe et les GP de phrase dans les énoncés suivants :

1- Hier, j'ai porté ton chèque à la concierge. - Hier, j'ai endossé ton chèque à la banque.

2- J'ai mangé du poulet aux olives. - J'ai mangé du poulet au restaurant.

3- Il a appelé sa femme en fin de matinée.

- Il déguisa son fils en clown.