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Service médical rendu et kinésithérapie ! Yielded medical service and physiotherapy! L e Parisien, dans son édition du 14 septembre 2013, révélait que le gouvernement échissait à étiqueter les médicaments avec un code appelé SMR, service médical rendu [1]. Ce code permettrait facilement d'en connaître l'efcacité. Ainsi, l'utilisateur verrait si le médicament qu'il prend a un effet « important ou majeur », « modéré ou faible » ou « insufsant ». Selon cette efcacité, le remboursement varierait, l'effet « insufsant » ne justierait pas une prise en charge par la collectivité. Le prix du médicament remboursable sera par l'amélioration du service médical rendu (ASMR) avec 5 grades, le grade I l'ASMR est majeure jusqu'au grade V l'ASMR est inexistante, signiant « absence de progrès thérapeutique ». Selon un document condentiel que le journal a pu consulter, les autorités voudraient proter de la disparition programmée des petites vignettes autocollantes blanches, bleues ou orange pour imposer aux laboratoires pharmaceutiques de faire gurer sur les boîtes des médicaments remboursables ce SMR. À noter que « l'existence de ce document n'est ni conrmée ni démentie par le ministère de la Santé ». Vous imaginez les réactions diverses à ce projet, jugé révolutionnaire par les uns alors que le SMR existe depuis de nombreuses années [2], traité d'excellente initiative par le président de la Commission de la transparence de la HAS [3] et jugé inopportun par le directeur général du Leem (entreprises du médicament), qui représente les laboratoires pharmaceutiques [4]. À quand l'application du SMR à la kinésithérapie ? Comment pourrions-nous classer nos techniques en 3 niveaux d'efcacité ? Vous me direz que cette classication est beaucoup plus difcile à réaliser que pour un médicament car nous n'avons pas de structures de recherche établies. Nous ferions référence à des études de petite taille, à la quasi-absence de comparatif pertinent et à un niveau de preuve moins facile à déterminer. Prenons l'exemple de la kinésithérapie dans la maladie de Parkinson : quel impact attendre pour un patient ? La réponse à cette question passe-t-elle par l'analyse des recommandations de grade C émises lors de la Conférence de consensus de 2000, reposant sur l'absence d'études [5], ou celles de grade B concernant les thérapies physiques d'après les recommandations canadiennes avec des préconisations bien précises comportant l'amélioration de l'équilibre, de la capacité aérobique ou de l'initiation des mouvements [6] ? Le guide du parcours de soins de la maladie de Parkinson paru en mars 2013 décrit le kinésithérapeute comme un professionnel de recours systématique [7]. Cet exemple montre que nous devons nous employer sans tarder à faire reconnaître le SMR de la kinésithérapie dans un contexte de contraintes économiques de plus en plus drastique. Si les structures de recherche n'existent pas ou peu encore, le rôle grandissant du Collège de la masso-kinésithérapie, les organes d'informations, les sociétés savantes et les structures de ces formations devraient contribuer à la connaissance de tous kinésithérapeutes de l'existence de recommandations nationales et internationales concernant la prise en charge des pathologies relevant de la kinésithérapie. De plus en plus, le paiement d'une activité de soins à l'acte, qu'elle soit médicale ou paramédicale, est critiqué et ne répond plus aux besoins de santé d'une population malade de pathologies chroniques et vieillissante. C'est une prise en charge, globale, au long cours qui doit être encouragée dans le respect des référenciels issus d'un consensus professionnel. La notion de SMR pourrait s'appliquer à ce type de prise en charge dans un premier temps. Rester vigilant sur les orientations du monde de la santé, de l'économie et vous informer sur les recommandations, c'est ce que Kinésithérapie la Revue a réalisé cette année. Nous avions déterminé les lignes directrices dans l'éditorial signé par Dominique Monnin en janvier 2013 [8], nous nous y sommes tenus. En 2014, plus que jamais, notre « publication se veut une fenêtre sur la kinésithérapie actuelle, ses acquis, ses questionnements et ses aspirations ». Il nous faut remercier les nombreux auteurs qui nous ont permis de garder ce cap. En cette n d'année, il est de bon ton de transmettre des vœux. Le nôtre sera simple, que Kinésithérapie la Revue continue de réaliser à vos côtés un service rendu pour la kinésithérapie (SRK). Pascal Gouilly Hôpital de Mercy, CHR de Metz-Thionville, 1, allée du Château, CS 45001, 57085 Metz cedex 03, France Adresse e-mail : [email protected] Kinesither Rev 2013;13(144):12 Éditorial © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.10.006 1

Service médical rendu et kinésithérapie !

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Kinesither Rev 2013;13(144):1–2 Éditorial

Service médical renduet kinésithérapie !

Yielded medical service and physiotherapy!

Pascal GouillyHôpital de Mercy, CHRde Metz-Thionville, 1,allée du Château, CS45001, 57085 Metzcedex 03, France

Adresse e-mail :[email protected]

L e Parisien, dans son édition du 14 septembre 2013, révélait que le gouvernementréfléchissait à étiqueter les médicaments avec un code appelé SMR, service médicalrendu [1]. Ce code permettrait facilement d'en connaître l'efficacité. Ainsi, l'utilisateur

verrait si le médicament qu'il prend a un effet « important ou majeur », « modéré ou faible » ou« insuffisant ». Selon cette efficacité, le remboursement varierait, l'effet « insuffisant » nejustifierait pas une prise en charge par la collectivité. Le prix du médicament remboursablesera fixé par l'amélioration du service médical rendu (ASMR) avec 5 grades, le grade I où l'ASMRest majeure jusqu'au grade V où l'ASMR est inexistante, signifiant « absence de progrèsthérapeutique ».Selon un document confidentiel que le journal a pu consulter, les autorités voudraient profiter dela disparition programmée des petites vignettes autocollantes blanches, bleues ou orange pourimposer aux laboratoires pharmaceutiques de faire figurer sur les boîtes des médicamentsremboursables ce SMR. À noter que « l'existence de ce document n'est ni confirmée ni démentiepar le ministère de la Santé ».Vous imaginez les réactions diverses à ce projet, jugé révolutionnaire par les uns alors que leSMR existe depuis de nombreuses années [2], traité d'excellente initiative par le président de laCommission de la transparence de la HAS [3] et jugé inopportun par le directeur général du Leem(entreprises du médicament), qui représente les laboratoires pharmaceutiques [4].À quand l'application du SMR à la kinésithérapie ? Comment pourrions-nous classer nostechniques en 3 niveaux d'efficacité ? Vous me direz que cette classification est beaucoup plusdifficile à réaliser que pour un médicament car nous n'avons pas de structures de rechercheétablies. Nous ferions référence à des études de petite taille, à la quasi-absence de comparatifpertinent et à un niveau de preuve moins facile à déterminer.Prenons l'exemple de la kinésithérapie dans la maladie de Parkinson : quel impact attendre pourun patient ? La réponse à cette question passe-t-elle par l'analyse des recommandations degrade C émises lors de la Conférence de consensus de 2000, reposant sur l'absence d'études[5], ou celles de grade B concernant les thérapies physiques d'après les recommandationscanadiennes avec des préconisations bien précises comportant l'amélioration de l'équilibre, dela capacité aérobique ou de l'initiation des mouvements [6] ? Le guide du parcours de soins de lamaladie de Parkinson paru en mars 2013 décrit le kinésithérapeute comme un professionnel derecours systématique [7].Cet exemple montre que nous devons nous employer sans tarder à faire reconnaître le SMR dela kinésithérapie dans un contexte de contraintes économiques de plus en plus drastique. Si lesstructures de recherche n'existent pas ou peu encore, le rôle grandissant du Collège de lamasso-kinésithérapie, les organes d'informations, les sociétés savantes et les structures de cesformations devraient contribuer à la connaissance de tous kinésithérapeutes de l'existence derecommandations nationales et internationales concernant la prise en charge des pathologiesrelevant de la kinésithérapie. De plus en plus, le paiement d'une activité de soins à l'acte, qu'ellesoit médicale ou paramédicale, est critiqué et ne répond plus aux besoins de santé d'unepopulation malade de pathologies chroniques et vieillissante. C'est une prise en charge, globale,au long cours qui doit être encouragée dans le respect des référenciels issus d'un consensusprofessionnel. La notion de SMR pourrait s'appliquer à ce type de prise en charge dans unpremier temps.Rester vigilant sur les orientations du monde de la santé, de l'économie et vous informer sur lesrecommandations, c'est ce que Kinésithérapie la Revue a réalisé cette année. Nous avionsdéterminé les lignes directrices dans l'éditorial signé par Dominique Monnin en janvier 2013 [8],nous nous y sommes tenus. En 2014, plus que jamais, notre « publication se veut une fenêtre surla kinésithérapie actuelle, ses acquis, ses questionnements et ses aspirations ». Il nous fautremercier les nombreux auteurs qui nous ont permis de garder ce cap.En cette fin d'année, il est de bon ton de transmettre des vœux. Le nôtre sera simple, queKinésithérapie la Revue continue de réaliser à vos côtés un service rendu pour la kinésithérapie(SRK).

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.10.006 1

Page 2: Service médical rendu et kinésithérapie !

P. GouillyÉditorial

Références

[1] Médicaments : leur efficacité bientôt signalée sur les boîtes, article

téléchargé le 17/09/2013 sur http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/medicaments-leur-efficacite-bientot-signalee-sur-les-boites-14-09-2013-3136693.php

[2] Le service médical rendu (SMR) et l'amélioration du service médi-cal rendu (ASMR) téléchargé le 17/09/2013 sur http://www.has-sante.fr/portail/jcms/r_1506267/fr/le-service-medical-rendu-smr-et-lamelioration-du-service-medical-rendu-asmr?xtmc=&xtcr=1

[3] Quelles sont les missions de la commission de la transparence ?téléchargé le 17/09/2013 sur http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_818154/fr/quelles-sont-les-missions-de-la-commission-de-la-transparence?xtmc=&xtcr=4

[4] http://www.leem.org.

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[5] La maladie de Parkinson : critères diagnostiques et thérapeuti-ques Référence Conférence de consensus HAS, mars 2000 à télé-charger sur http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_272069/fr/la-maladie-de-parkinson-criteres-diagnostiques-et-therapeutiques?xtmc=&xtcr=10

[6] Lignes directrices canadiennes sur la maladie de Parkinson.Société Parkinson Canada à télécharger sur http://www.parkinsonguideclinique.ca/sites/default/files/LignesDirectricesClinique_2012_fr.pdf

[7] Guide du parcours de soins – Maladie de Parkinson, HASfévrier 2012 à télécharger sur http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-04/guide_parcours_de_soins_parkinson.pdf

[8] Monnin D. Politique éditoriale. Kinesitherapie 2013;13(133):1.