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JUDÉE-SAMARIE-GAZA P ar Roland S. Süssmann «Il faut absolument sortir de Gaza», «d’ici septembre 2005, il n’y aura plus de présence juive dans la bande de Gaza». Ce type de slogans et de nombreux autres reviennent quoti- diennement dans toutes les déclara- tions politiques et les conversations, depuis qu’Ariel Sharon a annoncé son intention d’opérer un retrait unila- téral de Goush Katif, cette minuscule zone de terrain située sur la côte méditerranéenne de la bande de Gaza. Il serait également question d’expulser de leurs foyers, manu mili- tari si nécessaire, les Juifs qui vivent à Goush Katif. Sur place, le discours est aussi modéré que déter- miné. Toutefois, il ne faut pas oublier que le mou- vement de peuplement des terres juives de Judée- Samarie-Gaza (YESHA) a des capacités d’organi- sation remarquables. Ariel Sharon a connu une première défaite dans le cadre du référendum au sein du Likoud, et ce uniquement en raison d’une action politique extrêmement bien menée par le 1 SHALOM/VOL.XLII/TICHRI 5765/AUTOMNE 2004 GAZA D’ABORD ? Avner Shimoni, maire du conseil régional de Goush Katif: «Nous ne partirons pas d’ici. Notre combat se déroule dans le cadre du débat démocratique et je suis opposé à toute forme de violence, mais je n’exclus pas des actions de désobéissances civiles pacifiques».

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JUDÉE-SAMARIE-GAZA

Par Roland S. Süssmann

«Il faut absolument sortir de Gaza»,«d’ici septembre 2005, il n’y aura plusde présence juive dans la bande deGaza». Ce type de slogans et denombreux autres reviennent quoti-diennement dans toutes les déclara-tions politiques et les conversations,depuis qu’Ariel Sharon a annoncéson intention d’opérer un retrait unila-téral de Goush Katif, cette minusculezone de terrain située sur la côteméditerranéenne de la bande de

Gaza. Il serait également questiond’expulser de leurs foyers, manu mili-tari si nécessaire, les Juifs qui vivent àGoush Katif.

Sur place, le discours est aussi modéré que déter-miné. Toutefois, il ne faut pas oublier que le mou-vement de peuplement des terres juives de Judée-Samarie-Gaza (YESHA) a des capacités d’organi-sation remarquables. Ariel Sharon a connu unepremière défaite dans le cadre du référendum ausein du Likoud, et ce uniquement en raison d’uneaction politique extrêmement bien menée par le

1SHALOM/VOL.XLII/TICHRI 5765/AUTOMNE 2004

GAZA D’ABORD?

Avner Shimoni, maire du conseil régional de Goush Katif: «Nous ne partirons pas d’ici. Notre combat se déroule dans le cadre du débat démocratique et je suis opposé à toute forme de violence,

mais je n’exclus pas des actions de désobéissances civiles pacifiques».

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leadership de YESHA. Celui-ci dispose d’unegrande motivation, d’une idéologie inébranlable,d’une persuasion religieuse fortement ancrée, dusoutien de sa population et de la force des faiblesmis au ban de la société. Ces éléments servent àtout mettre en œuvre afin de maintenir chaque par-celle d’Éretz Israël. Conjuguées correctement, cesénergies feront probablement échouer l’idée duretrait unilatéral. Non seulement le discours estmodéré, mais les plans d’action de désobéissancecivile le sont aussi, tout est entrepris afin d’éviter laviolence et pour que ce différend se règle d’unemanière démocratique, dans l’arène de la Knesset. Mais qui sont ces hommes et ces femmes qui fontde Goush Katif un succès et qui, d’une certainemanière, sont aujourd’hui menés à l’échafaud pourla cause d’une paix ou d’une période de calmehypothétique ?D’un point de vue purement statistique, la régioncompte aujourd’hui environ 8'000 habitants, dontune grande majorité d’enfants. Sur le plan de laqualité humaine des habitants de Goush Katif àproprement parler, un certain nombre de constata-tions s’imposent. Tout d’abord, la présence juivesur ces terres a toujours été en tête du combat de lagauche pour marginaliser et frapper d’ostracismeles Juifs vivant en Judée-Samarie-Gaza. Montrésdu doigt comme «obstacles à la paix», les habitants

juifs de ce que la gauche appelle «les territoiresoccupés» détiendraient la panacée universelle pouramener la paix au Moyen-Orient et dans le monde.Celle-ci se résume en deux idées simples: une foisque les Juifs auront quitté les lieux et détruit toutesles infrastructures, les Arabes si «dociles» serontamadoués et voudront vivre en paix pour toujoursavec Israël. Le fait qu’une telle démarche, quidénie le libre choix de résidence aux Juifs dans leurpropre pays, puisse au contraire encourager le ter-rorisme, n’est simplement pas pris en considéra-tion. La réalité veut que ceux qui sont vus par lagauche israélienne, par une certaine presse interna-tionale et dans de nombreuses chancelleries com-me «obstacles à la paix», sont en réalité les véri-tables pionniers du sionisme de notre temps. Ils’agit d’un groupe de Juifs courageux, qui ont sufaire abstraction de toutes les attaques pernicieusesdont ils sont victimes et qui, depuis des années, jouraprès jour, paient le prix fort pour vivre dans desrégions reculées et difficiles d’accès uniquementpour assurer une présence juive sur ces terres etparticiper à l’effort sécuritaire d’Israël. La popula-tion de Goush Katif ne fait pas exception et malgréle nouveau plan de désengagement, sa détermina-tion est inébranlable, voire renforcée. Il faut biencomprendre que ce n’est pas une idée politique,dont la réalisation sur un plan purement technique

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L’agriculture sous toutes ses formes constitue l’une des principales sources de revenus des habitants de Goush Katif.Ces pousses seront à maturité dans deux ans, soit un an après l’expulsion prévue des Juifs de Gaza… Cette serre

délivre environ 700’000 fleurs par an à travers tout Israël.

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semble des plus compromises et dont il n’est mêmepas certain que le Premier ministre lui-même ensoit convaincu, qui pourra remettre en question lavaillance, la résolution et l’opiniâtreté des habi-tants de cette magnifique et minuscule bande deterre méditerranéenne. Il faut se souvenir de ceque ces hommes et ces femmes endurent depuisseptembre 2000, soit depuis la reprise des agres-sions de l’OLP d’Arafat: plus de 4'000 roquettesmilitaires ou de type artisanal sont tombées surleurs logements, jardins, écoles et jardins d’enfants,auxquelles s’ajoutent un nombre incalculabled’agressions à la mitraillette, de jets de pierres, àl’arme blanche, d’infiltrations et d’attaques terro-ristes souvent accompagnées de prises d’otages, quise terminent dans le sang et l’assassinat de but enblanc de femmes et d’enfants, etc., etc. Afin de mieux comprendre dans quel esprit leshabitants de Goush Katif font face à la menaced’expulsion qui les guette, nous nous somme ren-dus sur place et avons rencontré des responsableset des habitants qui nous ont tous communiqué lemême message: «nous ne partirons pas d’ici». A cestade, il est impossible de dire s’il s’agit là d’uneformule vide, d’une forme politisée d’autosugges-tion selon la méthode d’Émile Coué, ou de l’ex-

pression d’une forte détermination. Nous avonsrencontré le maire du district de Goush Katif,AVNER SHIMONI, qui nous a expliqué dans quelesprit il compte combattre la décision gouverne-mentale de retrait unilatéral et de démolition tota-le de sa région.

Aujourd’hui, vous vous trouvez dans une positionassez difficile à assumer puisque vous êtes dansl’obligation de combattre une décision gouverne-mentale et ce tout en restant dans la légalité la plustotale. Comment vous y prenez-vous?

Avant de répondre à cette question précise, je vou-drais rappeler que depuis quatre ans, nous sommessur le front de la guerre que les Arabes mènentcontre Israël. Pendant cette période, notre popula-tion a été victime de milliers d’obus et de toutessortes d’attaques sanglantes et mortelles qui n’ontépargné ni les femmes, ni les enfants, ni les vieil-lards. Il faut bien comprendre que certaines de noshabitations ne se trouvent qu’à 50 mètres de KhanYounis, l’une des grandes agglomérations de labande de Gaza sous administration arabe. N’im-porte qui peut installer une roquette artisanaledans son jardin ou sur le toit de sa maison et tirer

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Sarah Namir, épouse du Dr Soddy Namir, vit à Goush Katif depuis 16 ans. Son discours est très simple: «Nous sommes ici par la volonté de l’Éternel, nous avons une mission et un travail à accomplir, ce que nous faisons

jour après jour. Les grandes idées politiques ne nous concernent pas. Nous sommes ici pour y rester. Si en définitive nous devions partir, c’est parce que notre génération n’aura pas eu le mérite de maintenir ses terres.

Plus tard, une autre génération nous remplacera».

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dans notre direction. Depuis que le mur de sépara-tion existe, nous subissons moins d’infiltrations, etc’est pourquoi les tirs de roquettes se sont telle-ment multipliés. Quand je dis que nous sommes surla ligne de front, j’affirme ceci parce que l’expé-rience des dernières années a démontré que ce quiarrive chez nous se produit inéluctablement toutd’abord en Judée-Samarie puis dans le reste dupays. Ce n’est qu’une question de temps. Ce qui estfrappant, c’est le fait qu’au cours de ces quatre der-nières années si difficiles, aucune famille n’a quitténotre région pour des raisons sécuritaires. Lesquelques déménagements qui ont eu lieu étaientmotivés par des raisons d’ordre économique ouprofessionnel. Malgré ces défections, nous avonsconnu une augmentation constante de la popula-tion, et au cours des quatre années écoulées, celle-ci a augmenté de 13%.Malheureusement, depuis six mois, nous devonsdévouer une grande partie de notre énergie pourfaire face aux conséquences de la décision gouver-nementale de nous expulser de Goush Katif. Je nevous cache pas que nous sommes confrontés à detrès nombreuses difficultés, à commencer par l’ar-rêt total de l’aide gouvernementale à la construc-tion. Sur le plan de l’action politique, nous avonsconnu un grand succès avec le vote au sein duLikoud, où le plan d’évacuation unilatérale a étémassivement rejeté. Cette victoire n’a pas été ga-gnée en un tour de main, mais en nous rendant demaison en maison pour expliquer aux électeursl’enjeu et les dangers de ce plan. Il est vrai quecette victoire n’a pas fait changer d’avis ArielSharon, tout comme il n’a d’ailleurs rien voulu

entendre après la manifestation de masse que nousavons organisée fin juillet 2004 et qui était consti-tuée d’une chaîne humaine de 150'000 personnessur une distance de 80 km, soit de Nitsanit àJérusalem. Nous sommes donc confrontés à unénorme défi qui est de convaincre l’opinionpublique israélienne. Celle-ci est nourrie depuisdes années, et en particulier depuis six mois, de larengaine suivante: «il faut sortir de Gaza». Orlorsque l’on pose la question à la plupart desIsraéliens, il s’avère qu’ils ne connaissent pas laréalité sur le terrain, ils croient que nous sommesau total «trois Juifs installés dans deux caravanesavec un chien galeux». Quant à la fameuse mantradisant «il faut sortir de Gaza», je rappellerai ici quenous sommes déjà sortis de Gaza au cours desannées 1994-95 dans le cadre de l’application desAccords d’Oslo. Notre district ne se trouve pasdans une région peuplée d’Arabes et le plan duPremier ministre n’a donc aucune raison d’être.J’ajouterais que sur un plan légal, nous noussommes installés ici suite à une décision du gouver-nement israélien et que nous n’avons rien volé àpersonne. De plus, il n’est absolument pas accep-table que, pour des raisons purement politiciennes,un gouvernement décide de nous déplacer commedes pions, que ce soit de manière unilatérale oudans le cadre d’un accord négocié.

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Ces quatre dernières années, plus de quatre mille obus arabes ont été tirés sur les habitants de Goush Katif, sans parler des attaques sanglantes et des prises d’otages.

Rien n’a ébranlé leur détermination et pratiquementpersonne n’a quitté les lieux.

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Fondamentalement, tout le monde comprend votreposition et votre refus d’être évacués pour de bon-nes comme pour de mauvaises raisons. Mais prati-quement, comme vous l’avez évoqué, à ce jouraucune forme de refus, y compris le référendum ausein du Likoud, n’a fait changer la position dugouvernement. La question qui se pose donc est desavoir jusqu’à quel point vous êtes disposés à vousbattre. En clair: allez-vous oui ou non inciter lapopulation locale à prendre les armes contre lesforces de l’ordre légitimes?

Tout d’abord je dois vous dire que pour l’instant, iln’y a qu’un seul homme qui soit véritablementvoué corps et âme au programme de retrait unila-téral, c’est Ariel Sharon. Même les ministres qui,au sein du gouvernement ont voté pour ce pro-gramme, ne l’ont pas fait de gaieté de cœur. Jepense et j’espère que le jour où Ariel Sharon quit-tera ses fonctions, il sera remplacé par un ministrede droite qui mettra un terme à cette idée, dumoins en ce qui concerne le retrait unilatéral.Quant à un retrait dans le cadre d’un accord, l’ex-périence nous a démontré que jusqu’à présent, lesArabes n’ont jamais tenu leurs engagements… cequi, d’une certaine manière, est encourageant. Amon avis, la bataille finale sur cette question ne sejouera que sur le terrain politique, ce qui est déjàle cas aujourd’hui, et nous n’arriverons pas au

stade de la confrontation physique. A ce jour, 95%de nos habitants désirent rester ici et je ne juge pasceux qui sont tentés de partir. Cela étant, je disclairement à ma population de ne pas quitter leslieux, que l’armée d’Israël est faite pour combattrenos ennemis et non nos concitoyens. Pendant laShoa, en Hongrie, mes parents ont été expulsés deleur domicile mais moi, personne ne m’expulsera.J’ajouterai encore un autre point très important: leparlement israélien n’a encore pris aucune déci-sion au sujet de notre expulsion. Or pour que l’ar-mée puisse agir contre nous, il faudrait au moinsque ce programme soit transformé en loi. J’iraiplus loin en disant que si la décision de la Knessetpasse avec une majorité de huit voix, en fait cellesdes députés arabes, elle ne sera pas acceptablepour la population et ne pourra être appliquée nisur le plan moral ni sur le plan légal.

En admettant que tel soit le cas et qu’en définitiveil n’y ait pas de retrait, pourquoi êtes-vous si for-tement engagés contre ce programme?

Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’un précé-dent extrêmement dangereux. En effet, de la ma-nière dont il est présenté aujourd’hui, on pourraitcroire que le retrait ne concerne que notre district de Goush Katif et qu’après notre évacuation, touteforme d’expulsion de Juifs sera stoppée. Mais tel

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La barrière de séparation, dont la construction fait couler tellement d’encre en Judée-Samarie, constitue une réalitébien établie dans la bande de Gaza. A ce jour, elle a permis de sauver des milliers de vies juives.

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n’est pas le cas. En regardant la carte, vous consta-terez que le nord de la région de Goush Katif n’estpeuplé que de trois villages juifs et qu’il n’y a aucunvillage arabe. Cette démarche a pour but de créerun précédent: si Israël évacue des Juifs le long de lafrontière d’avant 1967 à Gaza, ceci ouvrira la voieà des concessions d’une toute autre nature et bienplus importantes, tout d’abord en Judée-Samariepuis, quelques année plus tard, en Galilée, où nousserons contraints de nous retirer sur les frontièresde 1948, sans parler de Jérusalem. En conclusion, je dirai que le plan de retrait unila-téral n’est pas seulement dangereux pour nous quivivons ici à Goush Katif, mais pour l’ensemble dela population israélienne, et je mettrai tout en œu-vre afin qu’il ne soit pas réalisé. Je suis totalementopposé à l’utilisation de la violence civile contre lesforces de l’ordre gouvernementales, mais je suispersuadé que nous n’arriverons pas à ce stade deconfrontation et qu’en définitive, ce plan sera relé-gué aux oubliettes, malheureusement au prix debeaucoup de difficultés et de souffrances inutiles.

HISTORIQUE ET RÉALITÉS

De tout temps, le peuple juif a entretenu une rela-tion profonde avec la région de Gaza. Tout d’a-

bord, cette terre fait partie de la région d’Israël quia été donnée à la tribu de Juda. On y retrouve lestraces des plus importantes personnalités de laBible telles Abraham, Isaac et Samson, pour nenommer que les plus connues. Les Hasmonéens,quant à eux, avaient fondé un quartier juif trèsimportant dans la ville de Gaza et pendant toute lapériode de l’existence du Deuxième Temple, la viejuive y était vibrante et florissante. De nombreusesdécouvertes archéologiques prouvent l’étendued’une présence juive plusieurs fois millénaire surces terres disputées. Au moment de l’expulsiondes Juifs d’Espagne, de nombreux réfugiés sontvenus s’installer à Gaza, où un grand nombre deJuifs influents avaient construit des résidences devacances. Il est donc raisonnable d’affirmer quedes Juifs ont vécu à Gaza pendant pratiquement2500 ans et ce jusqu’en 1929, date de leur expul-sion de la ville, et jusqu’en 1948, lorsqu’ils ont dûquitter Kfar Darom. Quelque temps après laGuerre des Six Jours, le gouvernement israélientravailliste a pris l’initiative de raviver les ancien-nes localités juives de Goush Katif, où une jeunecommunauté juive s’est établie progressivement.Malgré d’énormes difficultés, ces hommes et cesfemmes étaient déterminés à transformer cette large étendue de sable en une source d’abondanceagricole et en un jardin florissant. D’ailleurs, enhébreu, le mot «katif» signifie «récolte». De 1948 à1967, les Arabes ont laissé à l’abandon ces terres

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Le Dr Soddy Namir est traumatologue de métier.Au cours des quatre dernières années, il a vu

un grand nombre de ses amis blessés ou mourir suite à des attaques arabes. Parallèlement, ses

interventions rapides et efficaces ont permis de sauver de nombreuses vies.

Dès son plus jeune âge, la jeunesse de Goush Katif est formée

pour sauver des vies. Cette jeune fille de 19 ans aplus de cinq ans d’expérience et a le titre

de cheffe-sauveteur.

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connues pour leur fertilité si bien que lorsque les Juifs s’y sont réinstallés, ils n’ont trouvé qu’undésert vide et désolé. Aujourd’hui, les techniquesutilisées et partiellement inventées par les agricul-teurs de Goush Katif sont parmi les plus avancéesau monde. On y trouve une large variété de serres,de pépinières, de plantations d’épices et de légu-mes, en particulier de tomates, la fameuse «toma-te cerise» dont 75% de la production mondialeproviennent de Goush Katif. A cela s’ajoute unimportant cheptel bovin également élevé selon destechniques modernes et innovatrices. Sur le plangéographique, il faut simplement se souvenir quecette région est à quelques encablures d’Ashkelonet de Beer Sheva, où certains de ses enfants vont àl’école. Quant au système éducatif local, il com-prend des pouponnières, des jardins d’enfants,toutes les classes jusqu’à la maturité, un certain nombre d’institutions académiques pour former

des enseignants, une grande yéshivah, des centresd’études, etc. A cela s’ajoute le fait qu’à ce jour,plus de 500 jeunes originaires de tous les coinsd’Israël poursuivent leurs études dans les diffé-rentes institutions éducatives de Goush Katif.Certains de ces établissements combinent étudeset armée, dans l’élite des unités de combat.

SAUVER DES VIES

L’action extraordinaire de l’armée israéliennedans la lutte contre le terrorisme sert d’exemple àtravers le monde entier. Malgré tous les efforts dé-ployés, Tsahal ne peut pas être présente partout enmême temps. C’est uniquement pour cette raisonque la municipalité de Goush Katif a créé un grou-pe de volontaires qui travaille en coopération di-recte avec l’armée, dont le but est de renforcer laprotection des citoyens israéliens vivant dans cedistrict. Sous la direction d’AMI, cette organisa-tion a de multiples fonctions: sauvetage des bles-sés, mise en place d’installations sécuritaires, construction de certaines barrières de protection,etc. Sa devise est: «Sauver des vies à chaque

endroit, sur chaque chemin, à n’importe quel prix et sans condition». En raison de leur mobilité, sessecouristes arrivent en général sur les lieux d’at-tentats ou d’autres formes d’attaques arabes bienavant l’armée et entreprennent toutes les dé-marches nécessaires afin de sauver des vies oucombattre les agresseurs. Cette petite unité indé-pendante est divisée en vingt-cinq centres de sécu-rité et compte une quinzaine d’employés fixes quidirigent environ deux cents volontaires. Elle dis-pose de onze ambulances, dont quatre sont blin-dées, ainsi que d’une vingtaine de véhicules ser-vant au transport de la population, la plupart éga-lement blindés. Il n’est pas rare que les hommesd’Ami sauvent aussi des soldats. En fait, ils inter-viennent dans les premières vingt minutes après ledrame, qui correspondent au laps de temps néces-saire à l’armée pour arriver sur les lieux. Le finan-cement des activités de ce groupe est partiellementpris en charge par le gouvernement, mais lesbesoins sont nettement plus élevés que les sommesallouées ou recueillies auprès des habitants deGoush Katif, qui participent directement. Dansune brève conversation à bâtons rompus, nousavons demandé à Ami la question que tout lemonde se pose: «Vous disposez d’un armementimportant. En cas d’une évacuation forcée, comp-tez-vous le retourner contre l’armée d’Israël?» Laréponse d’Ami est simple: «Avant tout, il faut selivrer à un petit calcul. Pour déloger les habitantsd’une seule maison à Yitzhar, l’armée et la policeont mobilisé 1600 hommes. Nous avons ici deuxmille maisons, toutes habitées par des personnesdéterminées à rester dans leurs foyers. Mais je suispersuadé que nous n’atteindrons pas ce stade etque l’opinion publique et le leadership politiquearriveront à la conclusion que ce plan n’est pasviable. Pendant ce temps, nous continuons à fairenotre devoir ici, dans notre environnement et pourle bien de nos concitoyens.» Le groupe que dirigeAmi organise régulièrement des cours de forma-tion pour les jeunes dès l’âge de 14 ans afin qu’ilssoient à même d’intervenir efficacement pour sau-ver des vies juives.

(Reportage photos: Bethsabée Süssmann)

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Vouée à la destruction?