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Cela fait partie des thèmes récurrents : l’Education en France coûterait cher, très cher, de plus en plus cher. Pour des résultats médiocres. Il serait donc plus que temps de remédier à ce gaspillage, et d’alléger ce poids insupportable pour la nation. Nous ne sommes pas économistes, mais nous nous sommes armés de bonne volonté, et avons tenté de trouver des chiffres fiables... et de les comprendre ! Pour tenter de faire la lumière sur ce sujet. ET QU’AVONS-NOUS DECOUVERT ? La dépense intérieure d’Education, en 2006, pouvait s’estimer à 121 Milliards d’euros par an, ce qui peut paraître élevé... Mais la part de l’Education Nationale dans ces dépenses était de 65,9 Milliards d’euros. Dans ces 65,9 Milliards d’euros, le budget effectivement consacré à l’enseignement était de 58,7 Milliards d’euros... Il convient encore de soustraire de cette somme : Les cours du soir et leçons particulières ! Les pensions de retraites des anciens enseignants !! On arrive alors à un total de 38 milliards d’euros... soit 1/3 de la somme de départ… Si on s’intéresse à l’évolution de cette dépense : En chiffres bruts, on observe une progression continue des sommes consacrées à l’Education. Mais cela dépend des chiffres pris en compte : En euros constants, la dépense d’Education est stable depuis 2000. Par rapport à la richesse de la France, elle est en baisse. En comparaison avec d’autres pays de niveau de développement analogue les dépenses d’Education de la France se situent dans la moyenne... Ces affirmations un peu sèches s’appuient sur des études publiées par l’INSEE, l’Education Nationale elle-même, ou eurostat... Suivez le guide... QUELLE EST L’ÉVOLUTION DU BUDGET DE L’EDUCATION EN FRANCE ? Ca peut se trouver, assez facilement. Nous pensons pouvoir faire confiance aux données INSEE : Données INSEE de 2004 à 2006 Télécharger le tableau des données de 1980 à 2006

Si L'éducation coûte cher, essayez l'ignorance

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Page 1: Si L'éducation coûte cher, essayez l'ignorance

Cela fait partie des thèmes récurrents : l’Education en France coûterait cher, très cher, de plus en plus cher. Pour des résultats médiocres. Il serait donc plus que temps de remédier à ce gaspillage, et d’alléger ce poids insupportable pour la nation.

Nous ne sommes pas économistes, mais nous nous sommes armés de bonne volonté, et avons tenté de trouver des chiffres fiables... et de les comprendre ! Pour tenter de faire la lumière sur ce sujet.

 ET QU’AVONS-NOUS DECOUVERT ? La dépense intérieure d’Education, en 2006, pouvait s’estimer à 121 Milliards d’euros par an, ce

qui peut paraître élevé...  Mais la part de l’Education Nationale dans ces dépenses était de 65,9 Milliards d’euros.  Dans ces 65,9 Milliards d’euros, le budget effectivement consacré à l’enseignement était de 58,7

Milliards d’euros...

 Il convient encore de soustraire de cette somme :  Les cours du soir et leçons particulières !  Les pensions de retraites des anciens enseignants !! On arrive alors à un total de 38 milliards

d’euros... soit 1/3 de la somme de départ…

Si on s’intéresse à l’évolution de cette dépense :

En chiffres bruts, on observe une progression continue des sommes consacrées à l’Education.

Mais cela dépend des chiffres pris en compte :  En euros constants, la dépense d’Education est stable depuis 2000.  Par rapport à la richesse de la France, elle est en baisse.

En comparaison avec d’autres pays de niveau de développement analogue les dépenses d’Education de la France se situent dans la moyenne...

Ces affirmations un peu sèches s’appuient sur des études publiées par l’INSEE, l’Education Nationale elle-même, ou eurostat...

Suivez le guide...

 QUELLE EST L’ÉVOLUTION DU BUDGET DE L’EDUCATION EN FRANCE ?Ca peut se trouver, assez facilement. Nous pensons pouvoir faire confiance aux données INSEE :

 Données INSEE de 2004 à 2006  Télécharger le tableau des données de 1980 à 2006

Evolution de la dépense intérieure d’Education de 1980 à 2006 : Tableau insee :

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 Graphique :

Observations :

La dépense d’Education a presque quadruplé en vingt ans ! On est tenté de se réjouir de l’infléchissement observé à partir de 95...

Cependant, on ne voit pas dans les classes le matériel ultra-moderne, la baisse importante des effectifs de classe... ni d’ailleurs, la revalorisation insolente des traitements des enseignants, que cette augmentation peut laisser espérer...

D’où vient ce décalage entre chiffres affichés et impression sur le terrain... Ces sommes ont-elles la même valeur en 1980 et en 2006 ?

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 EVOLUTION DE LA DÉPENSE INTÉRIEURE D’ÉDUCATION PAR RAPPORT À LA RICHESSE DU PAYS DE 1980 À 2006, EN EUROS CONSTANTS :

 Tableau insee :

 Graphique :

 Source insee :

 En rouge la courbe de l’évolution des dépenses en euros constants.  En bleu, à titre de comparaison, la courbe précédente, en euros "bruts".

Observations :

L’évolution de la courbe n’est pas la même lorsque les dépenses antérieures à 2006 sont recalculées en euros constants, c’est à dire en tenant compte de l’évolution de la monnaie.

On observe alors  que les dépenses liées à l’Education augmentent moins rapidement entre 1980 et 2000 : facteur 2

au lieu de trois.  qu’elles n’augmentent pratiquement plus depuis 2000.

Par ailleurs, ces chiffres sont repris par le Ministère de l’Education Nationale, qui souligne de plus :  que la part du budget de l’Education Nationale sur le budget global de l’Etat reste constante depuis

2000 et s’est stabilisée à environ 23% de celui-ci.  Source : Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche :

RERS 2008 p 330 : Évolution du budget de l’Éducation nationale, du budget de l’État et du PIB de 2002 à 2005

Il n’en demeure pas moins que :  121 milliards d’euros par an,  23 % du budget de l’Etat, ce n’est pas négligeable ...

C’est difficile pour le salarié moyen d’imaginer ce que ça représente effectivement... Essayons de comparer cette somme à la richesse du pays.

Nous prendrons le PIB comme indicateur de cette richesse produite par notre pays chaque année.

Pour ceux qui brûlent de se remettre à jour sur la définition du PIB : on peut faire un petit tour, entre autre, ici

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 EVOLUTION DE LA DÉPENSE INTÉRIEURE D’ÉDUCATION

 PAR RAPPORT AU PIB Graphique à partir des données insee, de 1980 à 2006 :  (Source : référence précédente)

 Observations :

La courbe est claire : la part de richesse utilisée pour l’Education est en baisse depuis 1995...

  Mais 6 ou 7% du PIB consacré à l’Education, est-ce que c’est beaucoup ?

  Que recouvrent exactement ces dépenses ?

 LA DÉPENSE INTÉRIEURE D’ÉDUCATION : DÉFINITION ET FINANCEMENTS.Qu’est-ce que la dépense intérieure d’Education ?.

On découvre le contenu dans :  "Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche", publié par

le Ministère de l’Education Nationale, déjà cité.

Tableau du Budget, coûts et financements de l’Education Nationale en France :  Source :( RERS 2008 ) p326.  Les chiffres concernent la métropole et les DOM TOM, en 2006.

Il est un peu ardu, ce tableau-là, mais instructif, pourtant...

Nous vous invitons à l’ouvrir, par un clic droit de votre souris, dans une nouvelle fenêtre, pour lire les explications en parallèle !

Trouvons d’abord dans le bandeau bleu des titres de colonnes des deux tableaux, ce que recouvre la dépense intérieure d’Education.

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La dépense intérieure d’Education inclut d’abord la dépense intérieure d’Enseignement :  (Les appellations se ressemblent, mais il faut les distinguer : la dépense d’Education, c’est plus

large que la dépense d’enseignement.)

Cette dépense intérieure d’Enseignement comprend :  L’enseignement scolaire : primaire, secondaire, universitaire...  Mais également l’enseignement extra scolaire : formation continue et autres stages, leçons

particulières, cours du soir, formations dispensées dans les conservatoires municipaux… Les conservatoires ? les leçons particulières ? Tiens donc...

Par ailleurs, la dépense intérieure d’Education recouvre également :  L’administration générale,  Les dépenses de cantine, d’internat, et autres activités annexes (à trouver en bas du tableau :

médecine scolaire et orientation.)

Mais aussi :  Les transports scolaires,  Les fournitures et manuels scolaires, habillement et leçons particulières (bien qu’ils soient en grande

partie pris en charge pas les ménages... On a oublié de compter les petits déjeuners et les goûter des écoliers...)

 La rémunération des personnels en formation continue. Ca, normalement, ça devrait baisser...

On retrouve bien, en bas à droite, un cumul de toutes ces dépenses qui correspond aux 121 milliards d’euros qui nous avaient alertés...

Nous ne nous attendions pas à ce que ce budget comprenne les leçons particulières, ou l’habillement des élèves dans ces dépenses ! Après tout pourquoi pas ? Simple manque d’imagination...

Mais on voit également dans ce tableau que toutes ces dépenses ne relèvent pas du budget de l’Education Nationale, ni même, de celui de l’Etat...

Graphique représentant la part du financement de l’Education Nationale dans les dépenses totales d’Education.

 Données : ( RERS 2008 ) p326.

Quels chiffres prendre en considération, au bout du compte ?

La dépense intérieure d’Education est une donnée très large, dont une part seulement correspond au budget de l’Education Nationale, et à l’intérieur de ce budget, seulement une partie est réellement attribuée à l’enseignement Scolaire et Universitaire.

Ca ne veut pas dire que ces dépenses n’existent pas, ni que les conservatoires n’ont pas réellement un rôle éducatif.

On voit cependant toute la complexité de ce chiffrage :  Faut-il réellement ajouter les cours du soir et les cours particuliers à l’enseignement scolaire ?  Ne faut-il pas ajouter les dépenses des collectivités locales aux dépenses de l’Etat ?

Cependant, quand on parle de réduire les dépenses de l’Education Nationale concernant l’école, le chiffre qu’il est peut-être le plus juste de prendre en compte est la dépense intérieure d’enseignement 58,7 Milliards d’euros, soit à peu près la moitié de la dépense intérieure d’Education.

Est-ce que la France ne dépense pas tout de même plus que les autres pays du monde ? La baisse observée serait un juste retour à la norme, après des années de "gaspillage"...

Comparons donc ces chiffres avec ceux des autres pays.

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 DEPENSE D’EDUCATION EN % DU PIB :

 COMPARAISON DE LA FRANCE AVEC D’AUTRES PAYS. Dépenses annuelles d’Education par élève/étudiant par rapport au PIB par habitant au titre

des établissements d’enseignement publics et privés.

Source des données utilisées pour le graphique ci-dessous : Eurostat

Sur les 29 pays étudiés, et pour rendre le graphique plus lisible, nous avons sélectionné les pays de PIB et de taille comparable à la France... On peut se reporter au site Eurostat pour le tableau complet des données.

Légendes :  traits épais bleus : dépense de la France en % du PIB.  traits épais verts : dépense moyenne des pays étudiés.

Observations :

Ces comparatifs sont à manier avec précaution : il n’est pas sûr que le calcul de la dépense d’Education prenne en compte effectivement les mêmes réalités dans tous les pays concernés.

Nous remarquons que :

 les dépenses d’Education de la France restent très proches de la moyenne des pays étudiés : environ un point d’écart depuis 2000, et qu’elles sont égales à cette moyenne en 2005.

 la dépense aux Etats-Unis est bien supérieure à cette moyenne. Un système presque entièrement privatisé n’est pas moins coûteux... pour une répartition sans doute moins égalitaire.

 les politiques des pays en matière d’Education présentent une certaine variété :

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En 2001 et 2002, le Japon, la Suède, l’Allemagne, la Finlande, l’Espagne, La Norvège, les Pays Bas, le Royaume Uni, la Grèce et l’Irlande ont accru sensiblement les dépenses d’Education, alors que la France, sans être parmi les plus dépensiers, en stabilisait le volume.

Depuis 2003, cette tendance à investir dans l’Education ralentit en moyenne, ou s’inverse. Sauf pour la Grèce et l’Irlande qui semblent vouloir combler un certain retard, et l’Espagne, l’Allemagne, le Danemark, l’Autriche, qui persistent dans une volonté de progression des financement.

Au final, le budget des dépenses d’Education de la France n’est pas en décalage par rapport à la moyenne des pays étudiés. Son budget en la matière fait partie de ceux qui régressent le plus sensiblement.

 ET L’AVENIR ?Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2009 à 2012.

Dépenses programmées au titre de l’enseignement scolaire. :  Source : le site du sénat :

2009 2010 2011

dépenses en Milliards d’euros 60,01 61,67 62,95

Bien sûr, en appliquant à nouveau la correction en euros constants, l’augmentation de ces chiffres est sans doute supprimée.

Cependant, il n’est pas sûr qu’en ces temps de crise, la part de cette dépense ne corresponde pas à un pourcentage plus important du PIB...

On n’est pas loin de valider finalement ce projet pour son réalisme. On ne voudrait pas non plus faire porter aux générations futures le poids de notre intempérance....

Mais soudain, on a l’oeil attiré par la deuxième ligne du tableau :

2009 2010 2011

Enseignement scolaire 60,01 61,67 62,95

dont pensions de retraités 15,15 16,61 17,85

Ah la bonne blague ! Qui y avait pensé ?

Un quart du budget attribué à l’enseignement scolaire correspond aux pensions des enseignants retraités !

Si on soustrait ces pensions, on obtient les chiffres suivants :

2009 2010 2011

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Enseignement scolaire 60,01 61,67 62,95

Hors les pensions de retraités 44,86 45,06 45,10

Comment se fait-il que personne, jamais ne précise que le quart du budget de l’Education Nationale est utilisé pour les pensions de retraites, et que la plus grande part de l’augmentation de ce budget est en fait destinée à ces pensions...

 QUE CONCLURE ?Les chiffres de l’économie recouvrent des réalités complexes, ceux de l’Education tout autant que les autres…

Les dépenses spécifiques d’enseignement représentent environ 3% du PIB…

La dépense totale d’éducation de la France se situe dans la moyenne des pays de taille et de niveau de développement comparables.

En fonction du PIB, elles sont en régression.

Il n’est donc pas exact de déclarer que ces dépenses augmentent de façon irrépressible et non maîtrisée.

On voit l’utilité que peut avoir ce type de discours dans une politique dont l’objectif final est une réduction drastique des dépenses publiques.

Mais au bout du compte, a-t-on vraiment le choix ? Peut-on prendre le risque d’endetter inconsidérément les générations futures ?

Des éléments de réponses dans l’article : http://4tous.net/ecoledemain/spip.p...