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1 La Sicile du 23 au 30 septembre 2011

Sicile

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Reportage sur des vacances en Sicile

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Page 1: Sicile

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La Sicile

du 23 au 30 septembre

2011

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Sicile antique 3

Sélinunte 4

Agrigente 8

Taormine 13

Sicile au Moyen-Âge 14

Les églises baroques 20

Les bâtiments baroques 22

L’Etna 24

Reliefs et agriculture siciliens 28

Le pittoresque sicilien 31

Le complexe hôtelier 48

L’emblème sicilien 50

Annexes

Bribes d’économie 51

Histoire antique 52

Mythologies 55

Du Moyen Âge aux temps modernes 56

L’architecture baroque en Sicile 58

Génies et autres personnalités siciliennes 59

L’activité sismique 60

Sans autre prétention que de préserver de l’oubli notre petit séjour, ce docu-ment est issu : pour les photos à 98% de nos propres prises de vue, pour les annexes, après quelques efforts de synthèse, des guides et des

sources d’information Internet, enfin pour le corps principal du texte (jusqu’à la page 50) de notre seul

ressenti, de nos impressions, du vagabondage de notre esprit en laissant sa place au subjectif, parfois à l’imaginaire.

Sommaire

Page 3: Sicile

3

La Sicile antique

La Méditerranée, mer intérieure mythique, mère des civilisations, se trouve séparée en deux parties

principales, celle de l’ouest et celle de l’est par la grande île de Sicile.

Cette île, à moins de 150 km de l’Afrique tunisienne, a de tous temps constitué un carrefour de pre-

mière importance, aussi bien comme étape stratégique de conquête, que comme site de production de

subsistance.

Les multiples conquérants qui se la sont disputée ont marqué de leur sceau le prestige de la posses-

sion de ce grand triangle au pied de la botte.

Mais sur les trois derniers millénaires d’avant JC qui ont surtout laissé leur empreinte, ce sont les

quelque 6 derniers siècles qui délivrent les traces les plus extraordinaires.

Pour preuve les deux magnifiques sites grecs que nous avons visités : celui de la Vallée des Temples à

Agrigente et celui de Sélinunte tous deux sur la côte sud-ouest.

Sans même connaître la Grèce, faut-il croire ceux qui prétendent (et ce ne sont pas des siciliens) que

les temples grecs de Sicile surpassent en beauté ceux de la Grèce même ?

Voir

page

52

Page 4: Sicile

4

La Sicile antique : Sélinunte

Sélinunte (ou Séli-

nonte) Cette ville a été créée dans

la 1ère moitié du 7ème siècle

avant JC par les Grecs,

sur le site d’ un comp-

toir phénicien qui existait

déjà. Larges voies orthogo-

nales dallées, maisons rési-

dentielles monumentales,

agoras, acropole, sanc-

tuaires, vaste perspective

des temples (construits à

partir de –550), sur une em-

prise de plus de 100 ha, tout

exprimait la puissance de la

ville. Au 5ème siècle avant

JC, elle occupait toute une

colline dont les vallées de part et d’autre étaient le lit de deux rivières aujourd’hui depuis longtemps

asséchées et qui confluaient presque à leur arrivée à la mer. L’une d’elles venait du nord-ouest de la

Sicile et baignait la ville grecque de Ségeste.

Voir

page

53

Page 5: Sicile

5

La Sicile antique : Sélinunte

La possession de l’eau en ces régions sèches ne pouvait manquer de conduire à un conflit entre ces

deux villes, que régla le carthaginois Hannibal de Giscon (et non pas Hannibal Barca qui 200 ans plus

tard franchira depuis l’Espagne les Pyrénées et les Alpes).

En –409, après avoir infiltré Sélinunte et pris connaissance de ses vulnérabilités, son armée la détrui-

sit totalement au moyen de ses catapultes ; elle ne fut jamais reconstruite. Dans ce qu’il en restait,

elle végéta ensuite pour être finalement désertée vers –250.

Les fouilles archéologiques ont commencé en 1823, mais

récemment, des archéologues ont tenté et partiellement

réussi à reconstituer un temple dans toute sa splendeur

(à partir des blocs abattus qui, même pillés restaient en

quantité suffisante) sur un plateau rocheux débouchant

sur la mer.

Il est permis là de pénétrer dans le temple parce que ce

n’est qu’une reconstruction. Ce n’est pas le cas à Agri-

gente.

Les archéologues ne sont pas parvenus à attribuer claire-

ment tel ou tel édifice à tel ou tel dieu, si bien que leur

repérage se fait par une lettre, et l’on va sur ce site du

temple A jusqu’au temple G au gré de la

visite.

Page 6: Sicile

6

La Sicile antique : Sélinunte

A quelques kilomètres de là vient d’être ouvert aux visiteurs la carrière de Cusa, celle-là même où les

énormes blocs de pierre étaient taillés sur place à même le rocher brut par des nuées de robustes et

éphémères esclaves (entre 18 et 35 ans pas plus), et dont l’exploitation s’est trouvée brutalement in-

terrompue par la des-

truction de Sélinunte.

On a pu ainsi retrou-

ver, aux pillages près,

l’état de la carrière au

moment où elle a été

abandonnée, et exhu-

mer le savoir-faire

des architectes de

l’époque.

Là on creusait vertica-

lement dans le plateau

de calcaire les blocs

cylindriques des fu-

tures colonnes do-

riques (on peut circu-

ler entre le corps du

bloc et le plateau ro-

cheux), ailleurs on découpait les blocs , (mais de quelle ma-

nière?) pour les acheminer au terme de parcours de plusieurs

jours, jusqu’au site où ils étaient retaillés, où les cannelures

doriques étaient creusées à leur tour.

Page 7: Sicile

7

La Sicile antique : Sélinunte

A côté du

temple sub-

siste aussi un

amoncelle-

ment

presque tita-

nesque

d’énormes

blocs aban-

données

après la des-

truction, qui

donnent le

dimension et

l’ampleur des

travaux mis

en œuvre

pour la cons-

truction.

En arrière plan de Mar-

lène, un chapiteau de

haut de colonne, d’un seul

bloc et renversé, qui

donne une idée de la di-

mension.

Page 8: Sicile

8

La Sicile antique : Agrigente

Agrigente Fondée en –582 par des grecs venant de Crète, son essor est à son zénith pendant le règne du tyran

nommé Théron (—488 à –472), qui vainc les carthaginois à Himère en –480.

La Vallée des Temples, au pied de la haute

colline où est implantée la ville actuelle,

s’aperçoit de loin. Créée par ses prédéces-

seurs, Théron l’embellit et l’agrandit pour en

faire ce que le poète Pindare qualifiait comme

« la plus belle des villes mortelles » (par oppo-

sition aux édifices dédiés aux dieux immor-

tels). Elle était entourée de remparts de 12

km.

Ce qui n’empêcha pas qu’elle succombe aux

carthaginois en –406, 3 ans après Sélinunte.

Les « urbanistes » de l’époque antique avaient un

sens remarquable pour choisir les sites qui of-

fraient aux dieux de magnifiques perspectives

dont la mer formait l’arrière-plan.

C’est loin d’être le cas des urbanistes modernes,

qui ont fait de la ville moderne d’Agrigente un

« Sarcelles » sicilien comme le dit justement le

Guide du Routard, avec une horrible barre d’im-

meubles de type HLM qui masque une partie de la

vieille ville.

.

Voir

page

53

Page 9: Sicile

9

La Sicile antique : Agrigente

Revenons à la Vallée : ici par exemple,

comme à Knossos en Crète, l’enfilade des

temples a été construite sur une sorte de

large plateau à lente déclivité qui favorise

la déambulation. Le site domine la mer

d’environ 60 mètres à gauche quand le visi-

teur descend au milieu des amandiers et

des oliviers épars.

Dans la période de notre visite, un artiste

polonais avait exposé ses œuvres,

toutes reproduisant le style antique,

dans un mariage assez exceptionnelle-

ment réussi. Ici le mythe d’Icare.

Page 10: Sicile

10

La Sicile antique : Agrigente

Les restes des

temples ne résul-

tent pas là de

reconstructions

mais bien de ce

qu’il en reste en-

core dressé après

2600 ans, malgré

guerres et se-

cousses tellu-

riques.

Le temple cons-

truit dans la par-

tie la plus élevée

est celui d’Héra-

klès (Hercule

chez les Romains),

le plus ancien (6ème siècle avant JC), et qui

comptait 240 colonnes à l’origine!!!

Sur le site ont aussi été exhumés des témoi-

gnages de l’époque paléochrétienne reposant

sur des catacombes renfermant d’autres

tombes.

Mais en poursuivant la marche vers le milieu du

site se dévoile son chef-d’œuvre, le temple de

la Concorde.

Page 11: Sicile

11

La Sicile antique : Agrigente

Sa préservation

et notamment

celle des chapi-

teaux et des ar-

chitraves doit

beaucoup à l’usage

qu’en ont fait les

chrétiens en le

transformant en

cathédrale, et

donc en le consoli-

dant par des ar-

cades au 4ème

siècle après JC.

Ce temple est

l’excellence du

classicisme pour

les hellénistes,

parmi les 3

temples du monde

hellénique les

mieux conservés. L’architecte a donné aux colonnes une forme élancée pour accroître l’effet vertical

de perspective

et donc de ma-

jesté.

Voir

page

Page 12: Sicile

12

La Sicile antique : Agrigente

Un peu plus bas, les restes du temple d’Héra

(Junon, femme de Jupiter chez les Romains),

fait de colonnes doriques dont le sommet de

certaines d’entre elles est encore surmonté du

chapiteau.

Plus bas encore, après une route qui traverse

carrément le site, d’autres restes qui ne sont

là qu’amoncellements de blocs taillés, abandon-

nés après la conquête carthaginoise de –406,

et les tremblements de terre, celui de 1501 en

particulier.

Une bonne partie de ces blocs a été utilisée

pour construire le jetée de la ville côtière de

Porto Empédocle au 18ème siècle.

Ce sont notamment les restes du temple de

Zeus olympien (il mesurait 113m sur 56, pas de

colonnes mais des murs pleins, avec des

atlantes géants de 7,65m de haut même cou-

chés) puis celui de Castor et Pollux, avec des

autels dédiés à Dyonisos, (dieu du vin, Bacchus

chez les Romains), Démeter (déesse de la fer-

tilité, Cérès chez les Romains), etc... .

Page 13: Sicile

13

La Sicile antique : Taormine

Taormine est une ville antique au

pied de l’Etna sur la côte est de

la Sicile. Elle est surtout connue

comme une riche ville balnéaire,

mais s’enorgueillit de l’un des plus

anciens et des plus grands

théâtres antiques de la Méditer-

ranée. Magnifiquement situé sur

un promontoire au-dessus de la

mer, et a demi creusé dans la

roche, il est comme « une gigan-

tesque coquille » face à la mer.

Construit en briques à l’époque

romaine, il obéit à une configura-

tion d’origine grecque, et on a

effectivement retrouvé les fon-

dations d’un théâtre grec datant

du 3ème siècle avant JC.

D’un dia-

mètre de

109 m, il

peut ac-

cueillir

5400 per-

sonnes avec

une acous-

tique remarquable.

Le hic, c’est que le jour de notre passage, lors de la visite

incontournable et en

troupeaux de ce

théâtre, il tombait

des cordes. Voici

donc ce que nous

aurions dû voir à

gauche et ce que

nous avons (entre)vu, à droite. Cherchez la mer dans les pho-

tos de droite

Page 14: Sicile

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La Sicile au Moyen-Âge

Palerme et la ville de Monreale, à 300m au-dessus et quelques encablures, recèlent deux témoignages

remarquables de la période dite normande, après que des hobereaux de Normandie, les Hauteville,

aient conquis l’île en 1061.

L’église de Santa Maria (12ème siècle) dans Palerme et la cathédrale de Monreale (fondée en 1172 par

le normand Guillaume II) semblent assez jumelles au moins par leur décoration intérieure d’une ri-

chesse inouïe, et par les motifs retenus, notamment un

christ en majesté sur la voûte au-dessus de l’autel.

Outre la feuille d’or, l’état de conservation de l’illustra-

tion de l’Ancien Testament et des mosaïques qui

mêlent avec un détail et une harmonie étonnants

les symboles décoratifs arabes et chrétiens, font

le bonheur des trop nombreux visiteurs.

Voir

page

56

Page 15: Sicile

15

La Sicile au Moyen-Âge

Le sévère Christ en majesté appelé « Pantocreator » de

Monreale est la plus grande icône byzantine du monde

avec ses 7m d’une main à l’autre et son visage de 4m de

haut. La représentation globale dans la concavité hémis-

phérique du plafond de l’abside centrale rend de superbes

proportions depuis le

sol. Son jumeau, en

dimensions un peu ré-

duite est représenté

dans l’abside de Santa

Maria de Palerme.

L’effet des ors étin-

celants incrustés de

mosaïque est parfois

prodigieux.

Après la re-

conquête

chrétienne,

de nombreux

artisans et

artistes arabes

étaient restés

en Sicile avec leur savoir faire de l’âge d’or.

Voir

page 56

Page 16: Sicile

16

La Sicile au Moyen-Âge

Les arabes avaient apporté et su

maintenir tout leur art. Avec les

artistes italiens, vénitiens, nor-

mands, et d’Asie Mineure, ils ont

réussi une synthèse surprenante

et unique d’apports artistiques de

toutes influences où se mêlent

l’art roman, l’art

byzantin et la ri-

chesse des motifs

octogonaux entre-

lacés arabes, fai-

sant même appa-

raître parfois comme

en un clin d’œil l’étoile

de David au centre de

l’octogone arabe ou un

plafond en stalactites

typiquement musulman

à Palerme.

On imagine cette pé-

riode d’intenses créa-

tions, mue bien sûr par

la foi, mais peut-être aussi par une plus secrète exaltation, celle

de construire un mariage harmonieux des arts de tous les horizons

méditerranéens, plutôt qu’une tour de Babel.

La richesse des mosaïques est étonnante ; ainsi cette fresque qui peut évoquer des personnages, ou

des derviches tourneurs, ou d’élégantes silhouettes féminines, toutes faites de motifs répétitifs mais

jamais semblables.

Page 17: Sicile

17

La Sicile au Moyen-Âge

Flamboiement des ors, minutie

des représentations, ornementa-

tion des colonnes et des piliers,

heureuse et unique convergence

des influences péri méditerra-

néennes, la Sicile détient les

exemplaires les plus précieux, les

plus originaux, de ce qui a été appelé l’art arabo-normand.

Page 18: Sicile

18

La Sicile au Moyen-Âge

En dehors

des églises

et basi-

liques, les

palais arabo

-normands

illustrent

aussi cette

période .

Ainsi à

Sciacca, à 6

km de notre

hôtel, à

Agrigente aussi dans la vieille ville au débouché d’un escalier.

Le cloître tout

contre la cathé-

drale de Monreale

est un autre magni-

fique exemple de la

richesse de cet art,

qualifié par le Guide

du Routard de

« merveilleux

festival d’arcades

et de double co-

lonnettes.... (une)

incroyables varié-

té des scènes des

chapiteaux… » et

où une colonnette

sur deux est dé-

corée de mo-

saïques.

Page 19: Sicile

19

La Sicile au Moyen-Âge

La fontaine qui occupe l‘un des coins du cloître est une

autre merveille, avec ses chapiteaux d’une richesse ex-

traordinaire.

Elle est assortie d’une légende qui voulait que les

femmes qui s’y lavent les mains rajeunissent de 10 ans!

Les femmes mûres de l’époque devaient avoir les mains

très propres.

Page 20: Sicile

20

Les églises baroque

s

Depuis les villes les plus importantes jusqu’au moindre village, on est frappé par la richesse ar-

chitecturale des églises de l’époque baroque sicilienne qui se manifeste aussi bien de l’extérieur par la

profusion souvent majestueuse des façades, des sculptures d’une belle pierre dorée, qu’à l’intérieur

par un bel état de conservation ou de res-

tauration de décorations de grande diver-

sité à tonalité claire, ivoire ou chantilly (déjà le rapproche-

ment avec la pâtisserie) pour les coupoles, les absides, les

colonnes, les

nefs et les au-

tels, souvent

d’une élégance et d’un

raffinement remar-

quables, mais parfois

chargés à l’extrême.

Le périmètre de la ville

ancienne à Siacca en

est un exemple repré-

sentatif avec sa basi-

lique imposante et ses

autres églises à la fa-

çade parfois plus aus-

tère (car probablement

plus ancienne).

Voir

page 58

Page 21: Sicile

21

Les églises baroque

s

Si certaines se chargent

d’incroyables sculptures comme des

pâtisseries meringuées inouïes,

d’autres plus modestes, comme ici

à Caltabellotta un village accroché

à la montagne témoignent de trem-

blements de terre (ici en 1968) :

l’autel partiellement décapité est

resté en l’état.

La vénérable et vaste

partie ancienne d’Agri-

gente, la seule qui mérite d’être visitée recèle aussi de superbes

églises avec ces façades de pierre couleur miel à la manière des

églises maltaises ou cette église à nette tendance rococo qu’une

vielle dame nous fait visiter.

Recroquevillée par l’âge mais suffisamment alerte pour entendre

depuis une pièce sombre et luisante de propreté le passage du

touriste dans la ruelle voisine, elle va à ses devants puis retrouve

la clé du grand portail d’accès.

Page 22: Sicile

22

Les bâtiments baro

ques

Encore Agri-

gente, la piaz-

za Pirandello.

Puis Palerme

la grandiose,

parfois lourde,

de ses grandes

avenues et de

ses ruelles

sombres et

rectilignes, de

ses riches bâtiments et de son mil-

lion d’habitants, le 1/6ème de la po-

pulation de l’île. Magni-

fiques bâtiments baroques,

sauf la cathédrale et sa

place hétérogène de belle

ampleur.

En son centre, au croise- ment de deux grandes ave-

nues, le « Quattro Can- ti » (les 4 coins), chacun

des coins décoré de fon-

taine avec statues et bla-

sons.

Page 23: Sicile

23

Les bâtiments baro

ques

Plus bas, la superbe fontaine Renais-

sance tardive, toute de marbre

blanc, sur la Piazza Pretoria, était

appelée dans le temps la « fontaine

de la honte » (fontana delle ver-

gogne) à cause de ses nus qui ne ris-

quent pas aujourd’hui d’effaroucher

qui que ce soit, mais dont quelques

statues ont vu leur nez cassé par de

pudibondes religieuses, faute d’avoir

pu les rhabiller décemment...

Au pas de course, le

troupeau n’aperçoit

qu’une partie de la

richesse historique

et architecturale de

la ville,

Page 24: Sicile

24

L’Etna

L’histoire de la Sicile est traversée depuis qu’il en existe des traces, de séismes parfois fulgurants,

puissants et meurtriers qui lui donnent aussi son identité.

La meilleure et la plus

spectaculaire preuve en est le

toujours actif volcan qu’est l’Et-

na, le plus haut sommet de la

Sicile avec 3345m aujourd’hui,

mais aussi le plus haut volcan

d’Europe. Et le plus dangereux.

Le jour de notre plus longue ex-

cursion, la matinée (ou ce qu’il

en restait après 3h 30 de

voyage en car) était consacrée

au monstre (son périmètre at-

teint 250 km) tous naseaux fu-

mants. On monte directement à

environ 1000m en car, concen-

tration mondiale de touristes,

de boutiques de souvenirs et

d’hôtels sur les flancs de lave

noire sans végétation.

La majorité reste là, à faire de

petits tours sans grand intérêt.

Nous étions 3 « téméraires » à vouloir aller là-haut.

On emprunte alors une télécabine pour atteindre un petit pla-

teau d’où partent en noria de

puissants tout-terrains Mer-

cedes qui gravissent des

pistes sinueuses aménagées à

même la pierraille de lave. On

parvient ainsi à 2920 m, sous

le cône (les cônes) du volcan

400 m plus haut.

Il exhale ses fumées et dé-

voile parfois des couleurs ver-

dâtres et rougeâtres. Là, de

petits névés immaculés con-

trastent violemment sur l’im-

mensité de la lave noire, et le

froid nous saisit (mais nous en

étions avertis).

Voir

page

60

Page 25: Sicile

25

L’Etna

Tout autour de nous, canalisés par une poignée de guides, nous approchons de la concavité des cra-

tères de différents diamètres, dont émane de la vapeur

d’eau et peut-être d’autres gaz.

Spectacle surréaliste que ces files de silhouettes hu-

maines à la queue leu leu, le dos courbé dans l’effort et

comme enchaînés les unes aux autres, cheminant lente-

ment dans la

brume autour

de l’arête

d’un grand

cratère,

telles les

damnés de la terre punis par on ne sait quel supplice my-

thique à errer éternellement, juste aux portes

de l’enfer de Héphaïstos.

Tandis que Marlène sourit parcimonieusement devant l’une

des marmites, ou bien se faufile au milieu de cairns faits

de cailloux de lave, pendant que le géant assoupi reprend

des forces avant sa prochaine éructation (plus tard, plus

tard…)..

Page 26: Sicile

26

L’Etna

En fin de

compte,

même si à

notre alti-

tude le ciel

était plutôt

clément et

relativement

dégagé

(alors qu’il

avait plu à la

station à

1000 m), ja-

mais le som-

met ne s’est

totalement

dévoilé

(géant

certes, mais

timide…).

Les en-

trailles brû-

lantes du

monstre

sont à

fleur de

sol, et

quelques

cailloux

noirs ra-

massés

réchauf-

fent allè-

grement

les mi-

mines,

pour les distraits qui auraient oublié les gants .

A voir ces longues files sur ce site, qui ne représentent peut-être pas plus que 5% des visiteurs de la

journée, imaginons le nombre de ceux qui sont restés en bas à la station à 1000 m!!!

Page 27: Sicile

27

L’Etna

Le monde entier est là, dans sa diversité. Nous avons partagé notre télécabine avec deux jeunes

couples qui ne voyageaient pas ensemble, l’un de Bosnie, l’autre d’Estonie.

Arrivés en haut, au milieu de ce désertique et minéral paysage sombre, il reste donc encore ces co-

hortes de touristes de tous horizons, qui croyaient avoir vaincu d’impossibles épreuves pour arriver là,

et se trouvaient tout étonnés de la facilité des parcours, certains cependant chaussés de chaussures

trop légères, d’autres surpris par la morsure du froid, d’autres encore si vieux qu’ils restaient auprès

du puissant 4x4 en attente de leur groupe parti en chapelet autour d’un cratère.

Les guides, expérimentés et âgés pour la plupart, nous attendaient au pied du 4x4, puis nous répartis-

saient par petits groupes dans un français baragouiné empruntant à l’intense accent italien de Roberto

Benigni, et portant aussi un même uniforme si bien que nous les confondions.

Espaces immenses de ces amples creusets fumants, qui se répètent à travers le cailloutis de lave, re-

liefs trompeusement domptés par l’homme qui y a aménagé ses pistes sinueuses vers le bas. Mais on

ressent bien la menace pesante de la puissance dévas-

tatrice dès que le monstre vomit ses laves, ses rochers

colossaux et ses gaz explosifs. Alors, sauve qui peut,...

s’il est encore temps.

Comme dans d’autres montagnes plus traditionnelles,

ces pistes sont balisées et peuvent devenir des pistes à

skier l’hiver, beau contrastes surtout quand l’incandes-

cence de la lave s’en mêle.

S’il reste alors des skieurs.

Page 28: Sicile

28

Reliefs et agricultu

re siciliens

Préjugé quand tu nous tiens!!

Grand ignorant, je voyais jusque-là la Sicile comme une île plate, hormis l’Etna, et où les seuls re-

liefs auraient été des collines.

Erreur sur toute la ligne : s’il existe de larges et vertes

plaines bordant les côtes du sud et de l’ouest, la seule

traversée entre Palerme et Sciacca par exemple révèle

ces courtes montagnes et les plateaux du centre, où des

villages aux consonances célèbres comme Corleone évo-

quent immédiatement la Pieuvre, la Mafia.

Ainsi

Palerme

est bor-

dée

d’abruptes montagnes culminant à 1100 m, dont le

col d’accès depuis le sud est parfois enneigé l’hi-

ver. Plus à l’est au sud de Cefalù, dans le massif

de Madonie, elles s’élèvent à plus de 1700 m.

Ceci corrige une autre idée reçue : la Sicile ne

manque pas d’eau au point de construire d’indus-

trieuses infrastructures d’irrigation à la manière

de Ténérife aux Canaries ou de Madère, même si des constructions rustiques sont visibles ici et

là ; ceci justement grâce à ses reliefs.

Elle a même la réputation d’être la plus verte des

îles méditerranéennes, toute mesure gardée puis-

qu’il y fait très chaud l’été où la végétation

s’assèche et qu’au printemps souffle parfois pen-

dant 25 jours le sirocco, ce vent brûlant du sud-

est (de Lybie ou d’Egypte) qui dit-on rendait fous

les moutons et peut-être les siciliens.

C’est aussi l’île la plus grande de la Mare Nos-

trum, un cocktail (présence d’eau, climat tem-

péré chaud, fertilité des sols volcaniques, si-

tuation parfaitement stratégique,…) qui ex-

plique l’énorme attrait qu’elle a exercé jus-

qu’au 19ème siècle.

Page 29: Sicile

29

Reliefs et agricultu

re siciliens

Même depuis le centre

de Palerme, on peut

apercevoir l’arrière-plan

montagneux.

Après avoir loué une

Twingo le 25 sep-

tembre, nous avons vou-

lu visiter le village per-

ché de Caltabellotta.

Le miraculeux outil qu’est le GPS devait nous y con-

duire rapidement, et effectivement, nous avions pro-

grammé « le chemin le plus court ».

Tellement court qu’à un certain moment, impossible

d’avancer plus. Bloqués. Même en faisant rugir le mo-

teur et patiner l’embrayage pour gravir la piste ro-

cheuse, et après quelques chocs de pierres sous la

coque, afin d’éviter d’endommager la voiture nous

avons dû faire demi-tour. Non sans difficulté puisqu’il

fallait trouver à reculons l’endroit qui permettrait de

le faire, avant de reprendre ensuite d’autres chemins

plus praticables.

Conclusion : en Sicile, ne pas sortir des voies gou-

dronnées, sauf en tracteur.

Page 30: Sicile

30

Reliefs et agricultu

re siciliens

Grands champs

d’agrumes, pour

lesquels la Sicile

figure parmi les

plus importants

exportateur de

citrons au monde,

vastes pentes et

plateaux fourmil-

lant du quadrillage

régulier d’oliviers, d’amandiers, rangs serrés de la

vigne à l’ouest (avec le très fameux site de Marsa-

la) et de Noto au sud-est, raisin de table, céréales sur les pla-

teaux du centre, et même de manière plus originale la berga-

mote et le papyrus, on peut imaginer ce qu’a pu être la richesse

de l’île, et ce qu’elle

est encore native-

ment.

Là, ce n’est que le

très agréable et

calme parc de vieux

oliviers noueux de

notre hôtel. Et ici à

droite, ces belles

fleurs sont celles

de l’arbre qui donne

le kapok.

Plus bas, lors de notre escapade en chemins d’aventure vers

Caltabellotta, la vigne et les fertiles plaines vers l’ouest du

pays.

Les

terres

cultivées

représen-

teraient

les 2/3

de la surface de l’île.

Voir

page

51

Page 31: Sicile

31

Le pittoresque sicili

en

1- Monreale

2- Palerme

3- Marsala

4- Mazara del Vallo

5- Sciacca

6- Caltabellotta

7- Eraclea Minoa

8- Agrigente

9- Catane

10- Taormine

8 7

4 9

10

1

3

5

2

6

Page 32: Sicile

32

Le pittoresque sicili

en

Outre l’Etna et les richesses historiques des époques antiques, arabo-normandes et baroques, les ci-

tés siciliennes regorgent, si l’on se limite à leur partie la plus ancienne, de recoins, de passages, de

faïences, de dômes, de places à arcades, de façades aux chaudes couleurs, avec les inévitables tripor-

teurs et scooters, les petites FIAT des années

70,... Un régal pour l’œil fureteur.

Mais faisons d’abord un sort aux parties modernes

des villes : souvent de vraies horreurs, comme à

Agrigente avec sa rocade autoroutière en viaduc au

pied des tours et ses immeubles en clapier qui cein-

turent et masquent le vieux centre de la ville, ou bien cette sorte de blockhaus ou de silo à grain au

pied duquel se tapit un monstrueux scarabée de béton, le palais des congrès de Sciacca.. Oublions

vite!!!

Heureusement, passages et ruelles apportent leur lot de surprise à tout instant, par exemple à Sciac-

ca (5 sur la carte) dont la partie ancienne est construite sur une

colline au-dessus de la mer. Les

guides sont peu diserts à son pro-

pos, et pourtant, quel charme, dont

l’absence d’excès de tourisme a pro-

bablement préservé l’authenticité,

Page 33: Sicile

33

Le pittoresque sicili

en

Son petit port de pêche reste très actif, mais a dû l’être bien plus encore dans le passé, quand on voit

les grands bâtiments délabrés qui y subsistent.

Au pied d’une terrasse, l’accès vers le port se

fait par un bel ancien escalier bien mal entrete-

nu.

Le clocher en pyramide régulière de l’église des

pêcheurs agrémente la panorama, même s’il fait

plutôt penser au toit d’une halle aux poissons.

D’autres escaliers sont

décorés de faïences

qui en font l’originalité.

A l’opposé au sommet de la colline, un vaste marché très actif se

tient régulièrement. Animé par la faconde lyrique des marchands,

on y croise des vols de religieuses en quête de « l’affaire » au fil

des étals.

Page 34: Sicile

34

Le pittoresque sicili

en

Surprises au

coin des rues, au

bout d’une

voûte, derrière

un balcon, au

fond d’une cour

ou d’un porche.

Symbole ultime,

le scooter de-

vant une enfi-

lade de voûtes

au bout des-

quelles un petit

escalier conduit

à d’improbables

issues.

Un régal pour les

photographes et

les peintres qui veulent s’en donner la peine.

Page 35: Sicile

35

Le pittoresque sicili

en

Et au fil de nos marches, la belle place centrale

plantée de palmiers royaux, son « poilu » local

somme toute assez semblable au nôtre, ses fa-

çades

peintes,

l’im-

mense

ter-

rasse

au-

dessus

de la

mer ouvrant

sur un ciel

d’une densité

afri-

caine

(cette

partie

sud de la

Sicile

est d’ail-

leurs appelée la « Sicile africaine » car tournée vers

le sud).

Mais aussi une an-

cienne Fiat 500, un

escalier monumental

tout aéré de la dentelle du balcon, caché derrière un porche qu’il

faut oser franchir, deux siciliens âgés qui discutent paisiblement à

l’ombre dans un café aux sièges bleus...

Page 36: Sicile

36

Le pittoresque sicili

en

Et d’autres trésors

comme cette an-

cienne entrée d’un

petit hôtel particu-

lier peut-être de

style néo-égyptien,

que cache une sé-

vère porte privée,

mais aussi la falaise

au-dessus de la mer,

et la ville en gradins

avec ses mai-

sons cubiques,

ou bien encore

un beau cloître

devenu lieu

d’exposition de

sculptures

de nus fé-

minins en-

châssés

dans des

volumes

transpa-

rents.

Beaux

antago-

nismes,

ici bien

mariés.

Page 37: Sicile

37

Le pittoresque sicili

en

Agrigente (8 sur la carte)

est aussi riches de ces lieux

parfois mystérieux aux murs lépreux

et défraîchis, entre lesquels fuient

des pentes à couper le souffle (au sens

propre), mais dont il émane toujours un

charme

irrésis-

tible..

Le palais

du Parle-

ment de Pa-

lerme est

par contre

un assem-

blage d’ar-

cades

nettes et propres qui mêle comme dans une faux

effet de perspective plongées, contre plongées

et enfilades de colonnettes d’une élégance lé-

gère. Superbe.

Page 38: Sicile

38

Le pittoresque sicili

en

L’ocre et le

doré préva-

lent au sein

de la ville

ancienne, la

richesse de

cette vieille

métropole

régionale

surprend

aussi à

chaque coin de rue,

et les constructions

accumulées sur la

déclivité délivrent

parfois de surpre-

nantes perspectives,

et laissent deviner

les traces de son

opulence passée .

Page 39: Sicile

39

Le pittoresque sicili

en

Cet ancien édifice arabo-

normand est d’accès discret,

mais d’une belle splendeur de

pierre dorée une fois franchie

la porte.

Deux rues plus loin, un tripor-

teur que l’on rencontre très

souvent dans les villes, autre

symbole italien encore bien

présent.

L’imposant édifice de la « Guardia di Finanza » veut affirmer son

poids face à la Mafia. C’est elle qui est au front pour engager les

traques anti-Pieuvre.

La marque de l’Organisation ne se

dévoile que par quelques indices

discrets, parfois surprenants, mais bien présents : les détritus accu-

mulés le long de certaines rues de

Monreale (pression du racket), ou

l’aéroport de Palerme qui porte le

nom de deux juges assassinés dans

les années 90, « Falcone e Borselli-

no ». Ailleurs, Mafia ou bien paresse

des employés à la voirie, les bas-

côtés des routes et autoroutes,

très souvent plantés d’eucalyptus

(eh oui, ici aussi) ne sont pas net-

toyés mais systématiquement brûlés, quitte à consumer les troncs

des eucalyptus. La guide à qui la ques-

tion du pourquoi de ces mini-incendies

était posée n’y a répondu qu’avec une certaine gêne.

Ailleurs je déguste l’un des nombreux pièges à gourmands de l’île, le

«cannolo siciliano» (des « cannoli »), une sorte de tube croustillant en-

roulé sur une crème pâtissière au ricotta (fromage de brebis) : suc-

culent, excellentissime!!

Un autre auquel j’ai goûté : le « granité », délicieuse glace sorbet au

citron, hum!!! Plus jamais rien d’aussi bon!! Ma nouvelle madeleine de

Proust.

Page 40: Sicile

40

Le pittoresque sicili

en

Une ruelle paler-

mitaine (2 sur la

carte), sans autre

croquemitaine que

l’invisible pieuvre

derrière les murs

sombres et frais,

un peu lugubres.

Et n’est-elle pas

belle la patiente

haridelle sous son

coquet galurin??

Soudain un allègre cardinal jeune mais

déjà important, dont la condescendance

est la vraie nature, altier sous sa ca-

lotte pourpre (?), physique de play boy

avec juste ce qu’il faut d’onctuosité,

traverse vivement, soutane au vent, la

chiesa di Santa Maria dell’Ammiraglio,

entouré d’ouailles empressés qui lui bai-

sent l’anneau, et tout cela virevolte vers

le parvis. De l’importance et du poids

encore très présent de la religion.

Ailleurs encore, à l’ouest, la ville de Mazara del Vallo (4 sur la carte)

est celle par laquelle les musulmans ont commencé leur conquête.

Il en reste une casbah, que l’on trouve bien sage et proprette, avec

des tunisiens assis en quelques rares groupes méfiants sur des pas

de porte.

Ne serait-ce l’architecture cubique et quelques

places enfermées entre les murs ici et là, parfois

joliment décorées de fresques de faïences ou

d’amphores de

vives couleurs, on

ne saurait identi-

fier cette allusion

ancienne à la pré-

sence arabe.

Page 41: Sicile

41

Le pittoresque sicili

en

Bien sûr et à juste titre, on dit que

Palerme mérite au moins trois jours

de visite si l’on veut commencer à la

connaître vraiment.

Là, une seule journée au pas de

course,...bonjour les raccourcis!!

Une particularité dans l’océan du ba-

roque et les diamants arabo-

normands : son opéra, bâtiment cons-

truit dans le dernier quart du 19ème

siècle avec ce contraste entre lignes

néo-classiques et le raffinement élé-

gant et maniéré, tout en courbes des

motifs propres à l’Art Nouveau.

On y jouait

« Le Trou-

vère » de Verdi

lors de notre

passage.

Page 42: Sicile

42

Le pittoresque sicili

en

Presque à l’extrême ouest de la grande île,

c’est Marsala (3 sur la carte) et ses splen-

deurs de dômes et de balcons espagnols aux robustes ferronneries,

concentré de beaux bâtiments, campaniles légers, dômes (qubas) rappe-

lant la présence arabe, hautes portes baroques s’échappant sur le port,

et sa basilique,

fermée bien sûr

pendant notre

visite, l’après-

midi.

A part un court

boulevard de

front de mer en

reconstruction, le

port de Marsala,

qui s’enrichit par

le passé du com-

merce de son vin célèbre, ne présente pas d’attrait. Pendant 3 km vers

l’est, la côte est même carrément épouvantable et l’eau croupissant à cer-

tains endroits est nauséabonde. On en sort un peu libérés en parvenant

ensuite à un semblant balnéaire de bord de mer.

En tout cas, l’ambre roux du Marsala apéri-

tif gouleyant au palais se déguste bien

agréablement. Un peu à la manière du Mar-

tini mais en plus doux. On peut encore voir

l’ancienne richesse de « coopératives » vini-

coles dont certaines gardent l’empreinte de

leur puissance passée quand d’autres s’en-

ruinent entre des murs délabrés et s’aban-

donnent aux herbes folles.

Quelques habitudes sici-

liennes sont sacrées :

ainsi, les heures de la

sieste (12h à 16h) pen-

dant lesquelles tout est

fermé, et l’accès libre

pour les seniors (j’en ai

bien profité) aux musées,

sites antiques etc…

Page 43: Sicile

43

Le pittoresque sicili

en

A côté de l’iné-

vitable et tou-

jours captivant

chantier de

fouilles an-

tiques, ce sont

passages sous

voûtes, patios

en arcades élé-

gantes et aé-

rées, fraîche

fontaine ombra-

gée, qui ajou-

tent au charme

indolent.

Dans le petit

port, un bateau

en cale sèche

côtoie une impo-

sante statue

18ème sur son

haut piédestal.

L’équipage miniature constitué d’une charrette

tirée par un cheval empanaché est l’un des sym-

boles des traditions de la Sicile. La charrette

(carri) était autrefois le seul mode de trans-

port permettant aux paysans vivant en ville de

rejoindre leurs champs. La charrette était fiè-

rement décorée de fresques hautes en couleur

restituant les conquêtes normandes en Sicile.

On la fête notamment à Taormine.

Page 44: Sicile

44

Le pittoresque sicili

en

Ici, à Caltabellotta (6 sur la

carte), en arrière-pays

d’Agrigente et de Sciacca ,

village blotti au pied d’une

crête montagneuse à 840 m

d’altitude , la pierre est

grise et plus sombre, le vil-

lage

moins flamboyant, plus âpre, plus

authentique, certainement ba-

layé de vents forts entre les

deux versants.

Bien sûr le baroque y est aussi

présent, mais ce jour-là, entre la

petite place centrale où l’église

principale (parmi d’autres) fait face au Cercle Démocratique, il y avait

comme une effervescence tranquille des habitants endimanchés, avec la

même ferveur, celle du charbonnier dans l’église chantant portes ouvertes

et l’autre ferveur toute laïque celle-là dont on entendait certains éclats

animés au travers des fenêtres du Circolo Democratico bien rempli.

Page 45: Sicile

45

Le pittoresque sicili

en

La côte un peu plus à l’est prend des

airs balnéaires plus traditionnels, avec

l’immense plage froide de Eraclea Mi-

noa (8 sur la carte), bordée de villas

assez cossues au pied d’une longue fa-

laise peu élevée.

Pas un chat ou presque sur le sable, un

chien fou qui s’ébroue peut-être.

Sur la côte est au nord de Syracuse et

de Catane (9 sur la carte), Taormine

(10 sur la carte), non seulement riche

et belle voisine de l’Etna, fête la char-

rette sicilienne et l’invasion normande

avec ses statues de guerriers en

marche, tous regards tournés vers

nous, et garde ouvert en son cœur

l’inévitable chantier de fouilles, au

pied du théâtre antique.

Page 46: Sicile

46

Le pittoresque sicili

en

Etonnant clo-

cher de tuiles

bleues, église

transformée en

lieu culturel

pour une expo-

sition en gesta-

tion, fontaine

murale en cas-

cade, médaillon

précieux au-

dessus d’une

porte classique, clocher

baroque sur un arrière-

plan de HLM, faïences en-

core, et gourmandises tou-

jours.

Page 47: Sicile

47

Le pittoresque sicili

en

Au point que, entre les arts parfois excessifs de la bouche

et le trop riche foisonnement des décorations architectu-

rales, on finit par toucher à la saturation.

Il en va à la fin des bâtiments anciens comme des pâtisse-

ries et vient

soudain un

cauchemar de

satiété, où

telle façade

d’église finit

par sembler

faite de gla-

çage à la va-

nille blanche

entre

tranches do-

rées de bis-

cuit roux,

comme un éta-

lage de sucreries dont le sucré lasse, jusque même au

sourire des angelots replets.

Page 48: Sicile

48

Le complexe hôtelier

Enfin notre hôtel et son environnement, qui s’ins-

crivent dans un complexe de quatre hôtels sur un vaste

et bas promontoire, où les bâtiments ont été gagnés au

milieu de champs

de vieux oliviers

torturés par le

vent.

Pendant qu’un hé-

ron (?) patient per-

ché sur un rocher

guette le

poissons dont

il se délecte-

ra peut-être

s’il est suffi-

samment vif.

Page 49: Sicile

49

Le complexe hôtelier

Le soleil couchant incendie les vieux troncs, et

le gazon, taillé d’une manière qui n’est pas en-

core trop civilisée, offre un très vaste et très

tranquille espace, traversé de temps en temps

par l’inévitable petit train à touristes (le fa-

meux promène-couillons, comme on dit à Mar-

seille, avec un « s » car ils sont nombreux) qui

relie les quatre hôtels.

Piscine à l’eau verdâtre, rien n’incite à plonger.

Ce sont des eaux thermales qui donnent un

aspect trouble et peu engageant.

Ailleurs, un arbre aux belle baies

rouges, en fait un poivrier (arbre

à poivre).

Page 50: Sicile

50

L’emblème sicilien

Et maintenant, la question à 1 milliard d’euros : quel est ce symbole ?

On le rencontre parfois sur certaines façades,

en brique ou en faïence.

Trois jambes en hélice et une tête au centre…

Alors??

La Sicile présente la forme d'un triangle comprenant trois pointes.

Le drapeau de la Sicile reproduit une Trinacria (« trois jambes » en grec) ,

symbole de l'île aux Trois Pointes, le nom que les Grecs ont donné à la Si-

cile, quand elle s'appelait Sicania du temps des Sicules et des Sicanes.

Ce symbole se trouvait sur une monnaie de l’époque, le triskèle, sur la-

quelle était représentée un tête de Gorgone, mais pas n’importe laquelle,

probablement la plus connue des trois, Méduse, entourée par trois jambes

en pleine course.

Certains disent que la couronne de la Méduse, qui était faite de serpents (Racine dans Andromaque en

a-t-il été inspiré dans son fameux vers sifflant : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos

têtes? » ), était pour certains une crinière d’anguilles de mer visant à terro-

riser les ennemis.

On dit aussi que ce symbole serait cousin de celui de l'île de Man: le Triskel Manx, représentation supposée de la Trinité celtique.

Page 51: Sicile

51

Impossible sur internet

de trouver des données

sur l’économie de l’île

qui soient vraiment si-

gnificatives et fiables,

même dans les statis-

tiques économiques de

l’Italie.

Certaines informations indiquent cependant de manière qualita-

tive un niveau de performance et de productivité en retrait par

rapport au continent.

Le poids des habitudes, mais surtout celui de la Mafia n’y sont

pas étrangers. En 2007, le taux d’emploi clandestin était de

presque 30% (15% dans la péninsule) et 70% des commerçants étaient victimes du racket

mafieux en 2005.

En 2006 (il y a donc 5 ans), le PIB était de 83 millions € et le PIB/h de 16 530 € (ce qui pla-

cerait la Sicile au niveau de la Slovaquie et après le Portugal, si c’était un état indépendant),

avec un retard économique certain et un taux de chômage élevé (autour de 20%?), tout cela

avant LA crise.

L’essentiel des revenus provient de l’agriculture, de la pêche (insularité oblige), un peu de

l’industrie avec d’importants complexes de raffinerie pétrolière à Raguse, Porto Empédocle,

des chantiers navals à Palerme, Messine, un reste d’activité jadis florissante avec l’extrac-

tion du soufre à Caltanissetta.

Enfin naturellement du tourisme.

Celui qui pourrait être nommé le fou du fou, Berlusconi (fou de lui-même) avait enfin une am-

bition de prestige maintenant démentie (la crise est passée par là) : celle de construire entre

la Calabre et Messine le pont

suspendu présentant la plus

longue portée du tablier au

monde (3300 m), et peut-on ajou-

ter dans l’une des parties du

monde les plus exposées aux se-

cousses sismiques et au vent.

Cherchez l’erreur!!!!

Pour parodier très vulgairement Bobby Lapointe , c’était « bandana et braguette ; démesure

et lifting », à la mesure de l’estime qu’on peut porter au personnage.

Bribes d’économie

Page 52: Sicile

52

Histoire antique

Lieu de passage convoité à l’extrême depuis le début de l’occupation par l’homme, la Sicile a

connu toutes les grandes civilisations antiques, depuis –14000!!.

Les premières et les plus obscures qui soient identifiées sont les Elymes vers –8000

(réfugiés de Troie dit-on) puis dès -3000 les Sicanes (venus d’Espagne) puis vers –1270 les

Sicules (venus d’Asie?) qui s’installent au sud de l’île. Ils ont au moins le mérite d’avoir donné

leur nom à la Sicile.

Les phéniciens, fameux marins et commerçants, partis dans leurs birèmes depuis Tyr, Sidon

et Byblos (aujourd’hui aux limites du Liban et de la Syrie) à la conquête de la Méditerranée

par les côtes d’Afrique du

Nord dès –1800, fondent le

site de Carthage vers –813 et

dans leur progression créent

des comptoirs du côté de Pa-

lerme au nord-ouest dès –735,

Leur apogée est communément

située entre –1200 et –800.

Comme tous les grands con-

quérants, ils finissent avec la

montée en puissance des

Grecs auxquels ils ne manquent pas de s’affronter, par laisser aussi la place aux enfants

qu’ils ont créés en Tunisie, les carthaginois. Ces derniers deviennent indépendants de Tyr

dès le 7ème siècle avant JC et prennent le dessus sur les côtes sud de la Méditerranée.

Page 53: Sicile

53

Histoire antique

Les Grecs commencent à coloniser la Sicile par l’est en –733 et fondent Syracuse et Agri-

gente en –580.

Ils sont battus par les carthaginois en –550, mais prennent une revanche éclatante à Himère

en –480.

Cependant en –409, Hannibal de Giscon, général carthaginois détruit Sélinunte et Himère qui

ne s’en remettront pas, sans pour autant conquérir le reste de l‘île.

Syracuse la grecque (sud-est de l’île ) voit son apogée avec Denys 1er l’Ancien vers –406 et se

pose en rivale d’Athènes, mais reste sous la menace de Carthage. Au 3ème siècle avant JC,

elle s’allie aux grecs avec Pyrrhus, roi d’Epire, pour le désavouer ensuite.

Dans la même période, l’empire romain se développe et entre en guerre contre les puissants

carthaginois à l’opposé de la mer. Ce sont les trois guerres puniques,

Le qualificatif « punique » concerne les phéniciens d’abord puis surtout ensuite leurs enne-

mis et héritiers les carthaginois.

La Sicile est à nouveau conquise par Carthage avec Hannibal Barca,

le fameux Hannibal, celui qui depuis l’Espagne franchit les Pyrénées

puis les Alpes avec ses éléphants pour s’attaquer à Rome.

Mais à la fin de

la 1ère guerre

punique en

-241, elle est

rétrocédée aux

romains. La Si-

cile devient

province romaine en –227.

De –218 à –201, c’est la 2ème guerre pu-

nique et Syracuse, à nouveau alliée de

Carthage, est détruite par Rome en –211.

Cette époque marque la fin de la Grande

Grèce.

De –149 à –146, la 3ème et dernière

guerre punique voit la destruction de

Carthage et la fin de sa puissance.

Page 54: Sicile

54

Histoire antique

Pendant l’influence romaine, la Sicile reste hellenisée, et vit sa vie de manière relativement

autonome, pour laquelle Rome ne prête pas plus d’attention que pour alimenter son empire ;

la Sicile devient alors le « grenier à blé » de Rome.

Pour sa partie antique, l’histoire de la Sicile synthétise assez bien les grands événements

qui ont marqué les civilisations méditerranéennes. S’y mêlent aussi les secousses telluriques

et éruptions qui ravagent parfois ces contrées à partir de –475 et la peste qui sévit déjà

dans certaines de ces périodes.

Le christianisme prend son essor vers +200, puis la Sicile passe de l’influence romaine à celle

des Vandales (peuples germaniques entre la Vistule et l’Oder, auxquels Rome s’était alliée

pour combattre Byzance) en +464, grands pilleurs notamment des îles méditerranéennes.

Ici une carte des invasions Vandales entre 400 et 430.

Page 55: Sicile

55

Mythologies

Tant par sa situation en Méditerranée que par son

activité volcanique, la Sicile est le siège de nom-

breuses scènes de la mythologie antique :

c’est en Sicile que Dédale trouve refuge pour se

protéger du roi crétois Minos, qui le poursuivait

pour avoir permis à Thésée (grâce au fil

d’Ariane) de s’évader du labyrinthe après avoir

tué le Minotaure.

Dédale est aussi le père d’Icare, mort de

l’ivresse de l’oiseau, celle d’avoir trop voulu s’appro-

cher du soleil avec ses ailes de plumes et de cire.

Le dieu grec Hé-

phaïstos (Vulcain chez les

romains) tenait avec les cyclopes une forge dans l’Etna et le poète

grec Pindare explique que le monstre Typhon occupe la bouche de

l’Etna.

Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse

débarque en Sicile et rencontre le ber-

ger cyclope Polyphème, dont il crève

l’œil unique.

Deux monstres gar-

dent férocement le dé-

troit de Messine (3 km entre continent et Sicile) et

menacent l’expédition des Argonautes et le bateau

d’Ulysse : ce sont Charybde et Scylla.

Messine aurait été fondée par le

géant légendaire Orion.

Page 56: Sicile

56

A peine conquise et pillée comme les côtes voisines par les Vandales, la Sicile passe sous la

domination des Ostrogoths en 496.

Mais l’empire byzantin (à l’origine Empire romain d’Orient) se

déploie sous Justinien 1er et part à la conquête de Rome

(appelé plus tôt Empire romain d’Occident), annexant sur son

chemin d’expansion la Sicile en 535.

Un siècle plus tard, les musulmans lancent de timides incur-

sions en Sicile (652) pendant que Constantin II empereur de

Byzance qui se sent menacé chez lui vient s’installer à Syra-

cuse.

Puis de 827 à 1040, les arabes, entrés par Mazara à l’ouest

règnent sur la Sicile, avec la dynastie des sunnites aghlabides

puis celle des kalbites. Même s’il n’en reste presque rien, la

Sicile, devenue émirat s’est profondément transformée pendant ces 2 siècles où Palerme a

pris le pas sur Syracuse, où de nouvelles cultures (canne à sucre, dattiers, coton,…) sont in-

troduites en même temps que les techniques d’irrigation, où l’art foisonne de motifs géomé-

triques et d’arabesques pendant que la céramique se développe rapidement.

Mais les chrétiens sont avides de revanche et les Vikings, encore récents conquérants de la

Normandie et progressivement christianisés, conservent le goût de l’aventure. Certains

d’entre eux se joignent à une croisade, aux côtés des byzantins qui veulent reconquérir la

Sicile.

La conquête acquise en 1061, les Normands se retournent contre les byzantins avec le sou-

tien du pape.

Et à Robert Guiscard de Hauteville le pied de la botte, à son frère Roger 1er (puis Roger II

son fils) la Sicile.

Habiles administrateurs, ils assimilent les acquis des envahisseurs qui les précèdent et con-

duisent avec succès une Sicile indépendante en acceptant par exemple les trois langues que

sont le latin, le grec et l’arabe, en prônant la tolérance religieuse, en adoptant les coutumes

locales tout en se tournant vers Byzance..

C’est un nouvel âge d’or avec la profusion de l’art appelé « arabo-normand » (Palerme, Mon-

reale, Cefalù).

Du Moyen Âge aux temps modernes

Page 57: Sicile

57

Du Moyen Âge aux temps modernes

La domination musulmane ne s’achève vraiment qu’en 1091.

Faute d’héritiers, et par le jeu des alliances, la Sicile passe en 1189 aux Souabes (allemands

de Hohenstaufen). Ce règne est assez prospère avec Frédéric II, empereur du Saint Empire

romain germanique né à Palerme, qui développe encore les arts et s’oppose au pape.

De 1266 à 1282, Charles 1er d’Anjou frère de Saint-Louis s’em-

pare de la Sicile au nom du pape, mais du fait de sa déplorable

administration, de ses cruautés et de la répression dont il fait

preuve, il voit se lever une opposition farouche qui se concrétise

le lundi de Pâques 1282 par les « Vêpres siciliennes » (dont Ver-

di a composé un opéra) où les français sont massacrés et doivent

prendre la poudre d’escampette.

Du fait d’alliances, l’Espagne avec les Aragonais, puis les Bourbon

(d’Espagne) vont régner ensuite presque sans interruption de

1302 à 1624. L’art baroque prend tout son essor.

1693 : terrible tremblement de terre qui détruit 5% de la population à l’est (60 000

victimes), après la peste à Palerme en 1624.

Après trente ans d’intermèdes avec la Savoie puis l’Autriche, la Sicile revient dans le giron de

l’Espagne en 1735, passe aux Anglais en 1806 (sous Napoléon 1er), puis à nouveau à l’Espagne.

Mais ni l’aristocratie ni la population n’apprécient la tutelle espagnole.

Enfin, de 1848 à 1860, Garibaldi construit l’unité italienne, qui est proclamée en 1861, Sicile

comprise, après avoir entamé son invasion par la grande île, où il est accueilli à bras ouverts.

Un terrible séisme détruit Messine en 1908.

La Sicile acquiert son statut d’autonomie en 1946 comme d’autres régions italiennes.

Mais au total, quoi de plus étranger à l’Italie que la Sicile, si l’on met de côté la proximité

géographique?

Page 58: Sicile

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C’est sous le règne espagnol que se développe l’art baroque au 17ème siècle dans toute l’Eu-

rope jusqu’aux conquêtes d’Amérique.

Après la Réforme au 16ème siècle et la désertion des églises, il fallait

ramener les brebis dans les églises au nom de la « vraie » foi, celle de

l’Eglise romaine.

Les Jésuites (Ignace de Loyola le basque créateur de la Compagnie de

Jésus, parfois nommé « le fou de Dieu ») ont impulsé le développement

du beau, du grandiose, du solennel dans tous les domaines de l’art et

notamment l’architecture. Le centre de gravité est Prague et

l’extrême pointe au sud la Sicile.

En architecture, l’art baroque dont l’âge d’or est la période des 17ème

et 18ème siècle, exploite à profusion les courbes et l’ornementation, la flamboyance, la théâ-

tralité, le recours au clair-obscur de la lumière à l’intérieur, tout cela pour finalement at-

teindre l’excès, en particulier avec le « rococo » un peu plus tard.

Mais pour la Sicile, l’architecture baroque se démarque avec singularité du courant d’Europe

centrale (Prague, l’Allemagne) par une véritable identité sicilienne.

En effet, l’énorme et soudain séisme des 9 et 10 janvier 1693 (60 000 morts et 20 localités

totalement détruites, ainsi que 140 couvents et 64 monastères, un

tsunami de plus de 10m de haut) est un choc qui va introduire une

rupture dans le paysage urbain.

Les architectes si-

ciliens formés à

l’école de Rome ont

saisi cette opportu-

nité et se sont engouffrés dans cette voie

avec leur propre originalité, notamment par

l’intensité unique de la flamboyance, l’utilisa-

tion de masques et d’anges souriants, un cer-

tain caractère burlesque.

Les église, palais et hôtels particuliers des

aristocrates siciliens en sont le champ d’ap-

plication privilégié.

L’apogée se situe vers 1730, mais la désuétude apparaît dès 1780 avec l’introduction du style

néo-classique.

L’Architecture baroque

en Sicile

Page 59: Sicile

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Au-delà des légendes, la Sicile a vu s’épanouir des talents, des génies de toutes sortes, depuis

l’Antiquité jusqu’aux temps modernes avec de célèbres personnalités, et notamment :

Empédocle, réputé philosophe d’Agrigente (-490 à –435 probablement) qui a donné son

nom à la ville de Porto Empédocle, à l’entrée ouest

d’Agrigente ; il était aussi connu pour son compor-

tement excentrique

Archimède, grec de Syracuse (-287 à –212) , le

très fameux savant dont le théorème sur la pous-

sée des fluides a torturé des générations d’élèves

et qui aurait sauvé Syracuse de la flotte athé-

nienne grâce à des miroirs allumeurs d’incendie

(hypothèse contestée)

Scarlatti (Alessandro 1660 à 1725) né à Palerme,

compositeur réputé et prolifique auteur de 115 opéras et 600 cantates, père du compo-

siteur du même nom qui a vécu surtout en Espagne

Bellini (1801 à 1835), musicien qui consacra sa courte vie à l’opéra, avec son œuvre ma-

jeure immortalisée par l’interprétation de la Callas, Norma ; il finit sa vie à Paris après

être né à Catane

Pirandello (1867 à 1936), grand auteur de

théâtre, né à Porto Empédocle, et qui a écrit

en particulier « Six personnages en quête

d’auteur » ; sympathisant fas- ciste à ses

heures.

Lucky Luciano (1897 à 1962), fameux

gangster new-yorkais né à 65 km au sud-est de Palerme, qui comp-

tait parmi ses amis un fils d’immigré sicilien, « The Voice », Frank

Sinatra lui-même

Giuseppe Tomasi di Lampedusa (1896 à 1957), dont la notoriété est liée au roman « Le

Guépard » (Visconti en a fait un film d’anthologie) qui décrit la fin de

l’aristocratie sicilienne dont il était. L’île qui porte son nom est aujour-

d’hui connue comme l’aboutissement désespéré des périples d’immigrés

en provenance de Lybie et de Tunisie.

Leonardo Sciascia (1921 à 1989), né dans la province d’Agri-

gente, écrivain qui a décrit « l’âme de la Sicile », auteur d’une im-

mense œuvre faite de courts romans mettant en scène le peuple entre

Eglise et Mafia.

Génies et autres pers

onnalités

Page 60: Sicile

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La Méditerranée recouvre de ses eaux la limite de deux grandes plaques tectoniques : la

plaque eurasienne et la plaque africaine. Ces plaques se rapprochent irrésistiblement et

créent des collisions continentales et des subductions, à l’origine par exemple de l’émergence

du massif alpin. La zone de la pointe de la botte, à forte sismicité est secouée par des activi-

tés volcaniques avec le Vésuve, le Stromboli, l'Etna...

Le sud de l’Italie (l’est de la Sicile et la Calabre) est parmi les régions les plus exposées aux

risques telluriques à l’échelle mondiale. Au cours des derniers 4 siècles, la région a été tou-

chée par plusieurs séismes dévastateurs, faisant au total près de 200.000 morts (Catane

1693 ­ 60.000 morts, Calabre 1783 ­ 50.000

morts, Calabre 1905 ­ 500 morts, Messine

1908 ­ 72.000 morts). Les séismes de 1693 et

1908 ont produit des tsunamis développant

des vagues d’une hauteur dépassant 10m. Il

est probable que le séisme de 1693, ainsi que

celui de 1169, ont été générés sur le plan de

faille de la subduction.

La subduction est le processus d'enfoncement

d'une plaque tectonique dans le manteau.

L’Activité sismique en Sicile

L’activité sismique

Page 61: Sicile

61

L’Etna comme d’autres grands volcans de la

zone résulte de ces phénomènes. Il couvre

une surface de 1200 km² à l’est de la Sicile,

pour un diamètre de 45 km et une altitude

actuelle (il continue à émettre de la lave par

périodes) de 3345 m. Sa surface est cons-

tellée de plus de 250 cônes volcaniques.

Avec le Stromboli voisin et deux autres vol-

cans islandais, il est le plus actif d’Europe

et le plus dangereux.

Les éruptions successives ont créé à son

sommet 4 cratères principaux qui évoluent

et vont certainement plus ou moins fusion-

ner lors des prochaines éruptions.

Les géologues considèrent que l’activité de

l’Etna commence en –122 (mais les mythes

de Hephaïstos et de Vulcain sont plus an-

ciens et traduisent des activités telluriques

bien antérieures) , et que la Sicile a connu

depuis lors plusieurs centaines d’éruptions.

Celles-ci peuvent consister en un écoulement de lave qui peut devenir paroxystique (plusieurs

dizaines de mètres d’épaisseur de lave, non on ne rêve pas, par exemple en 1986).

Mais il peut aussi s’agir d’explosion créé par l’accumulation en surpression d’eau et de neige

dans un cratère au dessus de la source de chaleur du magma : c’est une sorte de bombe ga-

zeuse avec projection de blocs.

Les éruptions latérales proviennent d’éclatement des fis-

sures sur les flancs vers 2900 m (1983, 84, 92, 99) ; elles

sont peu explosives mais créent des tunnels de lave qui

peuvent atteindre la côte avec une lave qui reste en fusion.

Celle de 1991-92 a duré 473 jours.

Les plus destructrices sont les éruptions dites excen-

triques où de petits

volcans explosent à

basse altitude (entre

600 et 1900 m), par exemple en 1669, en 1892, ou en

1928, rasant des villages. Ce sont les plus dangereuses

pour les zones habitées.

Les études des volcanologues semblent aussi montrer

que l’Etna passe lentement du type effusif au type ex-

plosif avec les dangers que cela implique.

L’activité sismique