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Un retour du trip slackline japonais emmené par Tancrede Melet et Jeremie Couthuis.
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Slackline au Pays du Soleil Levant
Acteurs : Djé du Not’geul et Tank des Bad Slackliners
Lieu : Japon, Tokyo et ses environs
Période : vert, jaune, rouge, c’est l’automne
Une culture très différente
Les stéréotypes sont-ils vrais ?
Après avoir passé une nuit blanche dans l’avion depuis San Francisco, je rejoins Djé, arrivé la veille depuis Paris, dans un petit hôtel du quartier d’Asakusa, au nord-est de Tokyo. Que l’on remonte le
temps, ou que l’on suive la course du soleil, le décalage horaire décalque, et je ne pense qu’à une chose
en arrivant : dormir. Mais pas de temps pour ça, Hiroyuki, le distributeur local de notre marque de slack favorite nous
récupère le soir pour nous emmener au restaurant. Nous faisons connaissance avec son équipe, Myako et
Hiroko, ses deux saleswomen. Dur de communiquer, la différence de culture joue son rôle mais l’anglais n’aide pas vraiment non plus. Heureusement qu’il existe un langage universel, le langage non verbal.
C’est marrant comme certaines images restent gravées dans la
mémoire, comme certains détails du pays étonnent. Au Japon, les sièges des toilettes sont chauffés, les câbles électriques en ville sont apparents,
les poubelles dans la rue sont inexistantes, les distributeurs de boissons
sont omniprésents. Le Japon a été pour nous une expérience très enrichissante, la
découverte d’une culture et d’un peuple raffiné, et la chance de partager sur un sujet qui nous intéresse : la slackline. Nous avons été accueillis et
traités comme des rois, et de nombreux aspects de la culture Japonaise
seraient à prendre en exemple. La seule frustration du voyage reste l’incompréhension, omniprésente. Mais bon, ce n’est pas grave de ne rien
comprendre, vu que tout le monde ri gole. Le rire transcende les langues.
Et la prochaine fois il nous faudra apprendre le japonais.
Djé devant un magasin de mangas
Le bout de saumon sur la boule de riz
L’électricité !
Le contest de skate
La slack, future culture urbaine ?
La raison originelle de notre voyage était ce fameux contest, rassemblant la crème du skate japonais.
Au programme pour nous : une démonstration de jumpline, grâce à l’ingénieux, mais encombrant système de Hiroyuki. Il est aussi questi on de highline, et après avoir envisagé des poteaux branlants, on se rabat sur le
halfpipe. L’installation se fait avec les moyens du bord, les ancrages ne sont pas très solide, alors le maître
mot est : égalisation. Les deux athlètes de Hiroyuki s’appellent Omi et Max, le premier est plus jumpline, le second highline.
Imaginez l’ambiance ! Un MC qui s’exprime en japonais, un DJ survolté, des hordes de
skateurs motivés. Certains ne mesurent pas plus hauts que trois pommes et les modules du parc semblent démesurés. Point de peur chez les skateurs pourtant, les plus petits sont les plus
téméraires.
Cette journée nous fait également découvrir un aspect underground du basket ball : le street ball. Un peu comme un battle de breakdance, les artistes s’affrontent en musique, le
ballon virevoltant, glissant, dribblant, s’échappant. Le public clame et les streetballers s’enflamment.
Puis c’est à nous. A tour de rôle sur la jumpline,
Djé, Omi, Max, et moi-même : les figures sont envoyées, les japonais sont enchantés. Ensuite vient la
démonstration de highline. Alors pour le spectacle, je
traverse direct en freesolo : grossière erreur et très mauvais exemple de la part des sensés prêcheurs de
bonne parole. Je ne sais quelle mouche pique Max, ni si son égo est titillé, mais il veut faire pareil, et commence
à poser un pied tremblant sur la slack. J’ai à peine le
temps de le rejoindre de l’autre côté, pour lui expliquer que ça ne s’improvise pas, que la route est longue, qu’il
faut commencer petit à petit. Finalement il ira faire un
tour en swami belt, avec la longe directement attaché autour de la taille. Et en tentant un buddha mal
maitrisé, la sentence est immédiate : leash fall, sa tête
passe à 20cm d’une barre en métal. Il a compris la leçon.
Dans le métro de Tokyo
Streetball
Highline halfpipe
La machine à tendre des jumps
La salle d’escalade
Une démo réglée à la minute près.
Deux slacklineurs français au Japon, ce n’est pas demain la veille que ça se
reproduira, alors autant en profiter. Nous sommes conviés, pour notre plus grand plaisir, à une démonstration/initiation de slack dans une salle d’escalade de Tokyo.
Nous installons une jumpline, une baobab et une mini highline. A l’heure dite, la
démo commence : Djé et Omi sur la jump, Max et moi sur la highline. Elle fait 4m de long, et j’ai l’impression de la traverser en 3 pas.
Le MC s’exprime bien sûr toujours en japonais, et nous n’y comprenons goutte, comme à notre habitude. Jérôme a beau avoir récupéré un petit guide à l’hôtel easy japoneese for men, ça n’y changera rien, il n’a appris que des tournures pour draguer les
japonaises. Après notre démo, une nuée de futurs slackliners s’essaie avec plus ou moins de
succès à différentes figures ou traversées. Tout le monde fait bien la queue, pas besoin de
faire la police. Puis c’est la fin, les slacks sont désinstallées avec efficacité, et la salle retrouve son activité normale, les grimpeurs évoluent en déplacement vertical.
La soirée se finit avec tous les protagonistes au restaurant. Au menu, une spécialité
coréenne : de la viande cuite sur une grille au milieu de la table. Et tout un tas de petits plats ci et là. Nous mangeons à nous en faire exploser la panse.
Restaurant coréen
Initiation…
Omi en jumpline, Max en highline.
Ogawayama
Le soleil n’est t-il qu’une légende ?
La fin du séjour, c’est la cerise sur le gâteau, ou bien devrais-je dire le bout de saumon sur la boule de
riz. Direction les Alpes Japonaises avec Ogawayama, la Mecque de l’escalade nippone. Hiroyuki nous y conduit dans sa Toyota 8 places, avec tout le matos nécessaire à notre amusement. Il a pensé à tout : tente,
doudounes, corde, dégaines, slacks.
Le but de la journée, c’est faire une longline avec Max, mais aussi faire un transfert de compétences sur les techniques d’installation. Il a quand même réussi à tendre 90m sans grigri et sans mouflage. On n’a jamais
compris comment il a fait, ça reste un mystère. Finalement, avec le lever tardif, les bouchons et la durée du voyage, il ne nous reste que deux heures de
jours en arrivant sur place. Heureusement le camping est désert, c’est le milieu de la semaine et les japonais,
avec leur unique semaine de vacances par an, sont au travail pour l’instant. Après avoir repéré deux arbres plus ou moins corrects, on s’active et on tend 70m… sans grigri, il a été
oublié à Tokyo. La statique glisse dans le frein des doubles poulies alors la solution s’appelle demi-cabestan, ça
fonctionne plutôt bien, mais la tension est faible. Le snake a du mal à se laisser apprivoiser, Djé et Max enchaînent les essais, mais la nuit les arrêtera.
Nos japonais repartent, nous laissant seuls pendant deux jours. Max et Hiroko nous rejoindront pour le we.
Au petit matin, il pleut. J’appelle Jérémie de ma tente, on se
tâte pour se lever. Vu qu’il est inconcevable de rester allongés toute la journée, nous déci dons de partir en reconnaissance pour d’éventuelles
highlines. Sans cartes, sans bouffe et avec une pauvre bouteille d’eau
d’1/2 l, on part au jugé, à l’arrachée. Un chemin nous inspire, avec une pancarte traduite en anglais : Ogawayama moutain.
Le chemin est tortueux, accidenté, il monte sur une crête. Il faut crapahuter sur des racines, se faufiler entre les arbustes, sauter
sur des rochers et surtout ne pas se perdre, le brouillard est
omniprésent et on n’y voit goutte. Au bout de deux heures, le doute nous envahit : trempés, transis de froid et affamés, on se tâte à faire
demi tour, le chemi n ne donne pas signe qu’il veut redescendre dans
la vallée, et notre sens d’orientation nous indique que l’on va dans la direction opposée du campi ng. Il faudra finalement 5h de marche et
14km pour faire la boucle. En arrivant inutile de faire du feu, tout est
trempé, nous y compris.
Au retour de la "randonnée"
Max sur la longline
Le lendemain, c’est journée grimpe, le temps est revenu au beau,
vu qu’il y a des nuages. Heureusement, dans ce paradis granitique, il y a des voies en face climbing, car les fissures, ce n’est pas notre fort ! On
essaiera quand même un 5c qui fait 35m, le constat, c’est qu’on a zéro
technique quand il s’agit d’enfoncer ses mains et ses pieds dans la fente. Dans le secteur, on repère un spot de highline idéal : une fissure à
friends d’un côté, et un bel éperon en granite de l’autre, distant d’une 20aine de mètres.
Le samedi matin, ultra motivés à l’idée de faire la highline repérée
la veille, nous attendons avec impatience Max et Hiroko. Mais bouchons obligent, ils n’arriveront que 2h avant la tombée de la nuit, avec un
caméraman en prime, qui est venu pour filmer et qui repart le soir même!
J’essaie d’expliquer que c’est mort, qu’il faut du temps pour l’install d’une highline. Finalement, on se replie sur une autre ligne, trouvée au dernier
moment en crapahutant. Deux sangles balancées autour d’un becquet, deux friends dans une fissure. Et hop, en moins d’une heure, une 8m est
installée.
Dimanche, point de soleil, la météo s’est trompée, mais ce n’est pas
ça qui va nous démotiver. La ligne repérée est vraiment esthétique, j’ai vraiment envie de la faire. Il s’avère que je suis trop motivé par rapport à la
moyenne ambiante. L’installation est complexe, les accès pas évidents, j’ai
l’impression que ça prend des heures. Djé ne met pas du sien, Max ne comprend rien, le vent devient violent et les nuages menaçants. Je perds
patience, je ne réalise pas que mes deux acolytes sont débutants en installation de highlines. Le système de tension côté fissure nous empêche
de tendre comme on voudrait, on n’a pas de prise et on manque de matos.
C’est très mou et il faudra faire avec. Tout le monde traversera, dans le vent et le crachin, Max se mettant
de beaux combats pour en venir à bout, chapeau ! Et à peine le temps de
désinstaller, que la nuit est déjà tombée. C’est le retour à Tokyo.
Hop on balance une sangle autour du becquet Et hop on slack !
Ô, la belle fissure !
Max en multi couleurs 3 friends pour la force 2 friends pour le back-up
Ca y est, 10 jours de passés, le départ est imminent. Alors certes, nous
n’avons pas fait les classiques du Japon : pas d’onsens, pas de marché au poisson, pas de temples bouddhistes… mais c’est très bien comme ça.
Un grand merci à slack.fr et Sundanceoutdoors sans qui cette aventure
n’aurait pas été possible.