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Emmanuel COMBE Vice-Président de lAutorité de la concurrence Professeur des Universités Distribution sélective et concurrence évolutions récentes et application au secteur du luxe Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris, le 24 Mai 2018 Les propos exprimés dans ce document et à l’oral constituent des opinions personnelles qui n’engagent pas les institutions auxquelles l’auteur appartient.

Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

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Page 1: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Emmanuel COMBE

Vice-Président de l’Autorité de la concurrence

Professeur des Universités

Distribution sélective et concurrence

évolutions récentes et application au secteur du luxe

Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor

Paris, le 24 Mai 2018

Les propos exprimés dans ce document et à l’oral constituent des opinions personnelles qui

n’engagent pas les institutions auxquelles l’auteur appartient.

Page 2: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

I- Le marché du luxe : quelques chiffres et tendances

II- Luxe et distribution sélective : quelques questions ouvertes (après Coty)

III- Ventes en ligne et luxe : un sujet évolutif

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Partie I

Le marché du luxe

Les segments du luxe

Un enjeu industriel pour l’Europe

L’essor du luxe … on-line

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22 %

Source : Bain & Company 2017

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5Source : Interbrand, Best Global Brands 2017

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6Source : DG Trésor, 2013

4 pays =

64% PDM

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7Source : DG Trésor, 2013

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8Source : Bain & Company 2017

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9Source : Bain & Company 2017

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Lancement du site

de vente en ligne

Céline fin 2017

Les marques de luxe sont désormais quasi toutes

omnicanales

Source : internet

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11Source : Bain & Company 2017

Page 12: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

12Source : Bain & Company 2017

Page 13: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Partie II

Luxe et distribution sélective : quelques questions ouvertes (après Coty)

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Page 14: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

• L’arrêt Coty (2017) revient sur la question de la licéité de la DS dans le luxe, au regard du droit des ententes

• L’arrêt confirme … ce que l’on savait déjà

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Page 15: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Un réseau de DS ne viole pas l’article 101 paragraphe 1 si (arrêt Métro, 1977) :

• Les propriétés du produit le justifient (nécessité)

• Les critères de choix des revendeurs sont : objectifs, qualitatifs, uniformes et non discriminatoires

• Les critères sont proportionnés (par rapport à l’objectif poursuivi)

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Page 16: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

• Les produits de “luxe” justifient la mise en place d’un réseau de DS voir l’abondante jurisprudence

• Parmi ces décisions : L’Oréal (CJUE, 1980) ; YSL Parfums (Commission, 1991) ; Leclerc/Givenchy (TPI, 1996) ; Porcelaine de Limoges (99-D-78, CDLC), Clarins (07-D-03, CDLC)

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Page 17: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Leclerc/Givenchy (TPI, 1996)

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Page 18: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Cette logique “win win” de la DS (dans l’intérêt des fabricants et des consommateurs) rejoint l’analyse économique de l’école de Chicago

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Page 19: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Offre de service avant l’achat et dilemme du prisonnier

Distributeur Ane pas offrir le service offrir le service

ne pas offrir le service (3 ; 3) (8 ; 0)Distributeur B

offrir le service (0 ; 8) (5 ; 5)

La seule solution est, qu’en l’absence de DS, A etB n’offrent pas le service. faible demande faibles ventes

Page 20: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Intérêt de l’arrêt Coty :

un retour sur les propriétés du produit de luxe, avec un double critère

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Page 21: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Question ouverte : quelles frontières pour les “produits de luxe” ?

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Page 22: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

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« haute qualité » du détention d’une marque produit

prix élevé (par rapport aux

perception par le biens semblables)

client (exclusivité, aura)

Page 23: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

23Source : Bain & Company 2017

Page 24: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

24Source : Bain & Company 2017

Page 25: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Question ouverte : au delà du luxe, quels critères de conformité de la DS à l’article 101 ?

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Page 26: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

• Approche restrictive : les 4 critères seul une partie des produits de luxe

• Approche extensive : préserver “l’image de marque” quasiment tous les produits !

• Approche transversale : nécessité d’un service avant/après l’achat, détachable de l’acte d’achat (bon usage, essai, conseil, risques, etc)

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Page 27: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Kronenbourg (CDLC, 2005)

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Page 28: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Partie III

Ventes en ligne et luxe : un sujet évolutif

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Page 29: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

• Principe général : le commerce en ligne comme nouveau vecteur de concurrence

• il est donc interdit d’interdire le commerce en ligne des distributeurs agréés

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Page 30: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Il semble possible d’imposer aux distributeurs agréés la présence d’au moins un point de vente physique

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Page 31: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Lignes directrices

Extrait du Point 54

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Page 32: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Les critères sélectifs peuvent être transposés aux ventes sur internet selon un principe d’equivalence

Question ouverte : que signifie l’équivalence in concreto ?

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Page 33: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Certaines pratiques dans les ventes en ligne sont considérées comme des restrictions caractérisées

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Page 34: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

34Source : Commission Européenne 2017

Page 35: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Quid de la vente sur des plateformes tierces

par les distributeurs agréés ?

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Page 36: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

36Source : Commission Européenne 2017

Page 37: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

37Source : Commission Européenne 2017

Page 38: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

38Source : Commission Européenne 2017

Page 39: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

39Source : Commission Européenne 2017

Page 40: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

40Source : Commission Européenne 2017

Page 41: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Avant l’arrêt Coty, une analyse nuancée … en France

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Page 42: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

L’arrêt Coty (2017) répond à deux questions relatives à l’interdiction pour les distributeursagréés de recourir à des plateformes tierces pour la revente en ligne de “façon visible” des produitscontractuels :

• caractère approprié et proportionné de l’interdiction ?

• interdiction constitutive d’une restriction caractérisée ?

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Page 43: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

54- D’autre part, il convient de souligner que, ainsi qu’il ressort des résultats provisoires de l’enquête sectorielle sur le commerce électronique menée par la Commission, au titre de l’article 17 du règlement (CE) no 1/2003 du Conseil, du 16 décembre 2002, relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence prévues aux articles [101 et 102 TFUE] (JO 2003, L 1, p. 1), adoptés le 15 septembre 2016, nonobstant l’importance croissante des plateformes tierces dans la commercialisation des produits des distributeurs, le canal de distribution le plus important, dans le cadre de la distribution sur Internet, est toutefois constitué par les boutiques en ligne propres aux distributeurs, lesquelles sont exploitées par plus de 90 % des distributeurs interrogés. Cette circonstance a été confirmée dans le rapport final concernant cette enquête, en date du 10 mai 2017.

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Page 44: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Question ouverte : que signifie “de façon visible” ?

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Page 45: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Les clients et les ventes en ligne de produits de luxe : une situation évolutive

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Page 46: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

46Source : Bain & Company 2017

Page 47: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

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Source : Mc Kinsey, 2014

Page 48: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

Les producteurs et distributeurs face aux produits de luxe : une situation complexe

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sites des places de marchédistributeurs agréés (ex. : Amazon)

magasins en propre

pure players tout produit

distributeurs physiques (ex : Amazon)

agréés

site de la marque

(ex. : Louis Vuitton.com) pure players du luxe

(ex. Farfetch)

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Rachat par Richemont

(Janvier 2018)

Prise de participation

(Février 2018)

Lancement par LVMH

(Mai 2017)

Source : internet

Page 51: Séminaire Nasse Autorité de la concurrence/DG Trésor Paris

[email protected]

http://www.emmanuelcombe.fr/

Merci de votre attention