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DE ERIC-EMMANUEL SCHMITT D APRèS LE JOURNAL D ANNE FRANK MISE EN SCÈNE LORRAINE PINTAL DISTRIBUTION SéBASTIEN DODGE / PAUL DOUCET BENOîT DROUIN-GERMAIN / JACQUES GIRARD MARIE-FRANCE LAMBERT / KASIA MALINOWSKA SOPHIE PRéGENT / MYLèNE ST-SAUVEUR MARIE-HéLèNE THIBAULT L ÉQUIPE DE CRÉATION ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE ET RÉGIE BETHZAïDA THOMAS DÉCOR DANIèLE LéVESQUE COSTUMES MARC SENéCAL ÉCLAIRAGES ET CONCEPTION DES PROJECTIONS VIDÉOS ERWANN BERNARD CONCEPTION ET RÉALISATION DES PROJECTIONS VIDÉOS TURBINE STUDIO MUSIQUE ORIGINALE JORANE ACCESSOIRES SARAH LACHANCE MAQUILLAGES JACQUES-LEE PELLETIER UNE PRÉSENTATION DE SNC-LAVALIN UNE COLLABORATION RADIO-CANADA DU 13 JANVIER AU 7 FéVRIER 2015 UNE PRODUCTION SPECTRA MUSIQUE / EN COLLABORATION AVEC LE THéâTRE DU NOUVEAU MONDE / DIDIER MORISSONNEAU © ANTIGONE [2014–2015] TOUS DROITS RÉSERVÉS

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de Eric-EmmanuEl Schmitt

d’après le journal d’anne frank

mise en scène lorrainE Pintal

distribution

SébaStiEn DoDgE / Paul DoucEt

bEnoît Drouin-gErmain / JacquES girarD

mariE-FrancE lambErt / KaSia malinowSKa

SoPhiE PrégEnt / mylènE St-SauvEur

mariE-hélènE thibault

l’équipe de création

assistance à la mise en scène et régie bethzaïda thomas

décor danièle lévesque costumes marc senécal

éclairages et conception des projections vidéos erwann bernard

conception et réalisation des projections vidéos turbine studio

musique originale jorane accessoires sarah lachance

maquillages jacques-lee pelletier

une présentation de SNC-LavaLiN une collaboration Radio-CaNada

du 13 jaNvieR au 7 févRieR 2015

une production spectra musique / en collaboration avec le théâtre du nouveau monde / didier morissonneau © antigone [2014–2015] tous droits réservés

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Mylène St-Sauveur. Photo : Jean-François Gratton

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argumEnt Amsterdam, 1945. Rescapé des horreurs d’Auschwitz, Otto Frank voit s’effondrer ses derniers espoirs de revoir ses filles : il apprend qu’Anne et Margot sont mortes quelques mois plus tôt au camp de Bergen-Belsen. Sa secrétaire, Miep Gies, lui remet alors le journal intime de sa benjamine, qu’elle avait récupéré dans la cachette clandestine de la famille Frank après leur arrestation par les Nazis. Le père endeuillé découvre avec stupéfaction ce qui deviendra le plus célèbre témoignage de l’Occupation allemande durant la Deuxième Guerre mondiale. Est-ce donc sa petite Anne, « le clown de la famille », que cette jeune fille complexe qui dévoile une profondeur et une force intérieure insoupçonnées ? Cette adolescente qui traverse des étapes de développement typiques : sentiment d’être incomprise, découverte de soi, éveil sexuel et amoureux dans des circonstances exceptionnelles, mais qui le fait avec une lucidité remarquable et un don d’écrivain pour « rendre les choses réelles » ? Au fil d’une lecture parfois interrompue par l’émotion, Otto revit les deux années de cohabitation forcée que durent partager huit clandestins juifs à « l’Annexe ». Un huis clos ponctué tour à tour de détresse et d’espoir, où l’angoisse face aux horreurs de la guerre alterne avec la drôlerie de certaines scènes, et où la coexistence tendue entre des personnalités pas forcément compatibles donne lieu à des disputes, mais aussi à des moments de tendresse. Jusqu’à l’irruption de la police allemande, en août 1944, qui viendra sceller le sort des clandestins… Évocation d’une sombre page historique, Le Journal d’Anne Frank raconte une touchante histoire d’amour entre un homme et sa fille, par-delà le temps et la mort. La pièce illustre également le pouvoir de la littérature. Comment, chaque fois qu’un nouveau lecteur ouvre le Journal , ses personnages morts tragiquement reprennent vie. La voix forte et vibrante d’Anne Frank résonne pour toujours.Marie Labrecque

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DIRECTION DE LA PUBLICITÉ ET DE L’IMAGE DE MARQUE

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Client : Partenariats Format : 5,125po x 7,125po Notes :

Publication : Programme TNM Sécurité : 5/16po

Date de parution : - Marges perdues : 5,75po x 7,75po

Date de livraison : juillet Couleurs : CMYK

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SE SouvEnir il y a cent ans débutait ce qu’on

allait baptiser la Première guerre

mondiale. une boucherie impli-

quant plusieurs pays et qui, de

1914 à 1918, a fait neuf millions

de victimes. 2014 marque aussi

le 75e anniversaire du début de la

Deuxième guerre mondiale. un

conflit plus meurtrier encore, avec

un bilan atteignant les 50 millions

de morts en six ans. De ce nombre,

on évalue qu’environ six millions

étaient Juifs. l’année 2015 au

cours de laquelle sera créé Le

Journal d’Anne Frank souligne

par ailleurs le 70e anniversaire

de la mort d’anne Frank. c’est

l’occasion de se remémorer ces

charniers qui ont tant coûté

à l’humanité au siècle dernier.

car ainsi que le disait le premier

ministre anglais winston churchill :

« un peuple qui oublie son passé

se condamne à le revivre. »

Marie Labrecque

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lES multiPlES incarnationS D’un

claSSiquE

Le Journal d’Anne Frank, 20 juin 1942

Phot

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tion

anne

Fra

nk H

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dam

« Il me semble que plus tard, ni moi ni personne

ne s’intéressera aux confidences d’une écolière de 13 ans. »

62 le journal d’anne frank

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lorsque anne Frank entreprend l’écriture de son journal intime le 12 juin 1942, soit le jour de son 13e anniversaire, elle est loin de se douter du retentissement qu’il aura. la jeune Juive d’amsterdam ne sait pas non plus que sa vie est sur le point de changer : c’est moins d’un mois plus tard que la famille Frank amorce sa vie clandestine. un envi-ronnement étouffant où le journal devient le confident privilégié d’anne. l’adoles-cente s’épanche dans ses pages jusqu’au 1er août 1944, trois jours avant l’arrestation des « annexiens » et leur déportation. tragiquement interrompus, ces mémoi-res de deux années de réclusion ont depuis acquis le statut de classique mondial : le livre est traduit dans quelque 70 langues, et s’est écoulé à plus de 20 millions d’exem-plaires. la jeune fille qui rêvait d’être un jour une auteure célèbre est sûrement devenue, ainsi que l’écrit Eric- Emmanuel Schmitt dans sa préface à l’édition livre de poche du Journal, « l’écrivain de 15 ans le plus lu au monde » ! la publication du Journal n’a pourtant pas coulé de source. otto Frank commence d’abord par en traduire des extraits en alle-mand qu’il envoie à des proches. « l’opinion de mes amis était que je n’avais aucun droit de considérer ceci comme un héritage privé, car c’était un document d’une grande richesse sur l’humanité. »1 mais les éditeurs néerlandais ne se montrent pas intéressés par le journal, jusqu’à ce que paraisse dans un quotidien un article louangeur signé par un historien réputé. il est finalement publié en 1947 (trois ans plus tard pour la version française), sous le titre suggéré par anne dans son journal même : L’Annexe. aux états-unis où l’ouvrage paraît en 1952 avec un avant-propos écrit par l’an-cienne Première dame Eleanor roosevelt, un article influence aussi le destin du livre : une critique dithyrambique dans le New York Times Book Review le propulse au rang de best-seller. mais il faudra l’adaptation théâ-trale pour transformer Le Journal en succès international.

lES aDaPtationS

Le Journal d’Anne Frank connaîtra un accou-chement scénique laborieux, entaché de controverses : des démêlés judiciaires avec l’écrivain Meyer Levin, celui-là même qui avait signé la critique dithyrambique, autour de sa propre version théâtrale du Journal. L’adaptation sera plutôt confiée au populaire couple de scénaristes Frances Goodrich et Albert Hackett (It’s a Wonderful Life). Créée à New York à l’automne 1955, leur pièce récolte de prestigieux prix, dont le Pulitzer et le Tony. En Europe aussi, sa popularité au théâtre pousse les ventes du livre. Jouée en Allemagne, le pays natal d’Anne et son bourreau, devant « plus d’un million de personnes », la pièce suscite une « vague d’émotion qui finit par briser le silence dans lequel les Allemands s’étaient murés à propos de la période nazie. »1 Bien sûr, Hollywood s’empare bientôt de ce succès. On recrute le cinéaste George Stevens, oscarisé pour Une place au soleil et Géant, un ancien de l’armée américaine qui avait filmé la libération du camp de Dachau. Misant sur une nouvelle venue de dix-neuf ans, Millie Perkins, The Diary of Anne Frank rafle trois Oscars en 1960. D’autres versions du Journal ont émergé à la télévision et sur scène plus récemment. En 1997, une toute jeune Natalie Portman faisait ses débuts sur Broadway dans le rôle d’Anne.

la DoublE viE Du JouRNAL

Le Journal imprimé a lui-même connu des transformations. D’abord, sous la plume d’Anne. Au printemps 1944, après avoir entendu à la radio le ministre néerlandais de l’Éducation souligner l’importance des témoignages écrits au quotidien pour docu-menter l’histoire de la guerre, la jeune fille

1 Anne Frank, Les Secrets d’une vie, par Carol Ann Lee (J’ai Lu, 2001).

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un SuccèS JaPonaiS

le Japon voue un culte particulier à anne Frank. Publié dès 1952, son Journal y serait « le livre étranger le plus lu et étudié », d’après la « bédé- reportage » Anne Frank au pays du manga (les arènes et arte éditions, 2014). même qu’on a souvent transposé l’œuvre en mangas (bandes dessinées nippones) et en dessins animés ! Explication ? les Japonais s’identifieraient à la jeune Juive parce qu’ils se verraient eux-mêmes comme des victimes de la guerre. Détail surprenant : l’expression avoir « un jour anne Frank » y serait devenue un euphémisme pour les menstruations, un phénomène abordé par l’adolescente…2

entreprend de réécrire sur des feuilles à part certaines sections de son journal rédigé à chaud. L’écrivaine, qui a grandement mûri durant ces mois d’enfermement, révise, modifie ou retranche des passages en vue d’une éventuelle publication, désignant même ses compagnons de réclusion sous des pseudonymes. Elle n’aura malheureuse-ment pas le temps de compléter son travail. C’est dans cette version remaniée qu’Otto Frank puise surtout pour compo-ser la première édition du Journal. Le livre contient aussi quelques entrées issues de la première version dont l’un des carnets d’origine semble s’être perdu, tout en cen-surant des extraits jugés trop intimes (la sexualité, par exemple) ou trop offensants pour certains des clandestins. En 1998, on retrouvera également cinq pages inédites qu’avait cachées Otto, et où Anne critiquait le mariage de ses parents. Élaborée par la

traductrice allemande Mirjam Pressler, la nouvelle édition rallongée qu’on peut lire aujourd’hui ajoute au Journal des passages supplémentaires pigés dans les deux mou-tures écrites par Anne. Dès les années 50, Le Journal d’Anne Frank est attaqué par certaines personnes, dont des négationnistes de la Shoah, qui en contestent l’authenticité. Des expertises graphologiques démontrent qu’il est bien de la main d’Anne. Malgré les controverses, la popula-rité du Journal ne se dément pas. À l’étude dans plusieurs établissements scolaires, le livre parle toujours aux jeunes. Document historique exceptionnel, œuvre littéraire sensible et récit initiatique mettant en lumière le sentiment d’aliénation si emblé-matique de l’adolescence : Le Journal a tout ce qu’il faut pour traverser le temps et les cultures. Marie Labrecque

2 Source : Anne Frank: the Book, the Life, the Afterlife, par Francine Prose (HarperCollins, 2009).

64 le journal d’anne frank

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Quatrième pays à être envahi par les troupes d’Hitler, en mai 1940, les Pays-Bas subiront une longue occupation allemande. Ce petit pays neutre ayant dû capituler en cinq jours, la reine Wilhelmine et le gouvernement se réfugient en Angleterre. Pour les Juifs néerlandais qui n’ont pas pu fuir, le cauchemar commence. Ils perdent peu à peu leurs droits et libertés. Ils sont renvoyés des institutions publiques. Comme plusieurs élèves, Anne Frank doit quitter l’école qu’elle fréquente pour un établissement juif. L’adolescente énu-mère dans son journal la longue liste de ce qui leur est interdit : défense de posséder un vélo, d’utiliser les moyens de transport, d’aller au cinéma, au théâtre ou à la piscine, de pratiquer des sports en public, de visiter des chrétiens… et c’est sans compter le couvre-feu imposé de vingt heures à six heures… Une première rafle et déportation de Juifs, en février 1941, provoque pourtant

une réaction de protestation chez les Hollandais : 20 000 ouvriers débraient pour s’opposer aux arrestations. Mais la manifestation est vite réprimée. À partir de 1942, les déportations se font sur une grande échelle. C’est à Westerbork, situé dans une lande isolée du Nord des Pays-Bas, que sont d’abord envoyés les Juifs néerlandais. Mais ce camp de transition n’est généralement que la première étape de leur fatidique voyage. La libération tardera aux Pays-Bas, au grand malheur de la population : durant le dernier hiver du conflit, 22 000 personnes auraient succombé en raison du manque de nourriture ou du froid. Ce n’est que le 5 mai 1945 que les Nazis abandonnent l’occupation. Trop tard pour Anne Frank et pour beaucoup de ses coreligionnaires. Pour eux, le bilan de la guerre aura été catastrophique : plus de 70 % de la popu-lation juive, soit environ 100 000 personnes auraient été exterminées. Marie Labrecque

bombardement de rotterdam, 14 mai 1940.

les pays-bas

occupés

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Journaux, témoignages, récits mais aussi œuvres littéraires : toute une écriture a germé sur les cendres de la Seconde guerre mondiale et des horreurs engendrées par le nazisme. chaque livre donnant une voix, un visage, une histoire individuelle à la tragédie collective. les camps de concentration, notamment, ont constitué une expérience si marquante dans l’horreur, d’une atrocité si impensable, qu’elle ne pouvait qu’être décrite. ou tentée d’être décrite. certains parlent même de cette littérature de l’holocauste, ou concentrationnaire, comme d’un genre littéraire spécifique. le terreau était d’autant plus fertile que « jamais génocide n’a été dirigé contre un peuple aussi lettré que le peuple juif, un peuple aussi porté donc à témoigner, par la parole, par l’écriture », remarque la traductrice Judith Klein.3

Plusieurs survivants ont ressenti dès leur retour de l’enfer un besoin urgent de cou-cher sur le papier ce qu’ils avaient vécu. écrire pour témoigner devant l’histoire. écrire en mémoire de ceux qui n’étaient plus là pour le faire eux-mêmes. c’est le cas de l’italien Primo levi, dont le saisissant Si c’est un homme, rédigé « en vue d’une libération intérieure », est probablement devenu le récit le plus emblématique de l’expérience concentrationnaire. avec une sobriété et une rigueur quasi-scientifique, le chimiste de formation y décrit le monstrueux système mis en place dans le camp d’auschwitz et son infernal processus de déshumanisation de ses captifs.

La Littérature concentrationnaire

les témoins de l’inimaginable

auschwitz, janvier 1945. aFP/Getty images

3 Judith Klein, Parler des camps, penser les génocides (Albin Michel, 1999).

66 le journal d’anne frank

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au contraire, Jorge Semprun a long-temps repoussé la mise sur papier de son expérience : le résistant d’origine espa-gnole (mais qui écrit en français) a mis seize années avant de pondre un premier livre inspiré de ses épreuves. Paru en 1963 chez gallimard, le roman autobiographique Le Grand Voyage raconte sa déportation, dans un wagon de marchandises, jusqu’au camp allemand de buchenwald. trente ans plus tard, dans L’Écriture ou la Vie, œuvre-somme qui suit la spirale de ses souvenirs, Semprun expliquera qu’il a eu à choisir entre ces deux options : écrire le renvoyait « dans la mémoire de la mort » et ce n’est qu’au prix d’une amnésie volontaire que le « revenant » a pu continuer à vivre.

un accuEil DiFFicilE

S’ils étaient pour la plupart pressés de témoigner, les rescapés eurent d’abord du mal à se faire écouter. Le contexte de l’immédiat après-guerre ne leur était pas favorable : on voulait oublier toutes ces horreurs. Comme Otto Frank, plusieurs se heurtèrent initialement au désintérêt des éditeurs. Puis du public. Publié en 1947 à 2500 exemplaires dans une petite maison italienne, après avoir été refusé par plu-sieurs grandes, Si c’est un homme paraît dans l’indifférence totale. Jusqu’à sa réédition en 1958 par un autre éditeur. Un classique est né. C’est aussi cette année-là qu’est publié La Nuit d’Elie Wiesel (Éditions de Minuit),

cruel récit de sa déportation à l’adoles-cence et de la mort de son père dans les camps. Le manuscrit avait d’abord essuyé le refus d’éditeurs parisiens et améri-cains, et nécessité des mois de démarchage de la part du célèbre écrivain François Mauriac. Le succès commercial se fera aussi attendre. « Le sujet, jugé morbide, n’intéressait personne », rappelle Wiesel dans une nouvelle préface.

lES motS Pour lE DirE ?

Plusieurs des mémorialistes de la Shoah ont noté l’impuissance du langage usuel, l’inadéquation des mots d’avant pour transmettre la terrible expérience des camps. Dans la préface de son récit L’Espèce humaine (Gallimard, 1957), le résistant français Robert Antelme (et alors époux de Marguerite Duras) note « cette dis-proportion entre l’expérience que nous avions vécue et le récit qu’il était possible d’en faire ». Employés dans le contexte concentrationnaire, les termes « faim », « peur » ou « douleur » ne sont plus assez forts pour désigner cette autre réalité, constate pour sa part Primo Levi. « Si les lager [camps, en allemand] avaient duré plus longtemps, ils auraient donné le jour à un langage d’une âpreté nouvelle. » Elie Wiesel, lui, remarque avec humilité qu’une poignée de cendres à Birkenau « pèse plus que tous les récits sur ce lieu de malédic-tion. Car, malgré tous mes efforts pour dire l’indicible, “ce n’est toujours pas ça”. »

– Primo Levi, préface de Si c’est un homme

« Le besoin de raconter aux “autres” (...) avait acquis chez nous, avant comme après notre libération,

la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires. »

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Dans le cadre de sa vision sociale et éducative, le musée des beaux-arts de montréal (mbam) se fait l’écho de l’histoire en rendant hommage à l’ado-lescente anne Frank. ainsi, pendant que le tnm présentera la pièce en première nord-américaine, le mbam proposera, gratuitement, dans les Studios art et éducation michel de la chenelière, l’exposition Anne Frank – une histoire d’aujourd’hui créée par la maison anne Frank d’amsterdam. Présentée dans plus de 60 pays à travers le monde et traduite en plus de 40 versions avec de nombreuses photos d’archives et des extraits du célèbre Journal d’Anne Frank, l’exposition présente 34 pan-neaux bilingues dans le contexte de la Seconde guerre mondiale en Europe. grâce à différentes activités en lien avec l’exposition, les jeunes visiteurs bénéficieront d’une ouverture sur l’his-toire locale, nationale et internationale. ils vivront également une expérience d’apprentissage, d’échange et de par-tage unique.

ExPoSition

Anne Frank : une résonance

du passé qui trouve un écho au

Musée des beaux-arts de Montréal

Comment alors décrire cette expérience extrême, inimaginable, afin qu’elle soit comprise ? Jorge Semprun débat de cette question dans L’Écriture ou la Vie et parvient à la conclusion que la « vérité essentielle » de ce que les revenants ont traversé n’est transmis-sible que par l’écriture littéraire, par l’apport de l’imaginaire qui paradoxalement permet à la réalité de paraître vraisemblable. « Seul l’artifice d’un récit maîtrisé parviendra à transmettre partiellement la vérité du témoignage », écrit-il. Dans son essai L’Écriture concentrationnaire ou la poétique de la résistance (Publibook, 2008), la Française Sabine Sellam note d’ailleurs que « l’inscription d’une parole poétique » est une constante de ces récits concentrationnaires. Et que certains auteurs y ont recours aux mythes, tel Primo Levi. Précédé de la précision qu’« aucun des faits n’y est inventé », Si c’est un homme contient des références à L’Enfer de Dante. L’expérience des camps fut en effet une traversée de la mort que seul le récit mythique permet d’appréhender. Au-delà de l’histoire innommable qu’ils racontent, leur valeur littéraire assure à elle seule que ces récits concentrationnaires ne sombreront pas dans l’oubli. On continuera à les lire bien après que les derniers témoins oculaires de la Shoah se seront éteints ; ce qui rend ces récits d’autant plus précieux. Marie Labrecque

à comPtEr Du 8 JanviEr 2015 mbam.qc.ca

68 le journal d’anne frank

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À l’instar d’Anne Frank, de nombreux Européens de tous âges ont pris la plume pour consigner leurs pensées et sentiments quotidiens pendant la guerre. « Il est probable qu’il y ait beaucoup plus d’enfants qui ont écrit sur les souffrances aux mains des Nazis que nous ne le saurons jamais. (...) peu de journaux ont survécu, aux bombes, aux feux et aux pillages nazis », écrit Laurel Holliday dans Children in the Holocaust and World War II (Washington Square Press, 1996). Cette anthologie rassemble des extraits de journaux tenus par une vingtaine de jeunes qui étaient âgés de dix à dix-huit ans pen-dant le conflit. Leurs écrits témoignent de la vie sous l’Occupation dans les ghettos juifs ou même dans certains cas en camps de concentration : « Le simple acte d’écrire leurs journaux était une forme de résistance pour la plupart de ces enfants. » Parmi les diaristes qui finirent par être publiés, on trouve une compatriote d’Anne, la Néerlandaise Etty Hillesum (1914–1943). La publication de son journal, Une vie bouleversée (Seuil, 1985), connut un succès « foudroyant » aux Pays-Bas en 1981. Même dans l’enceinte du camp de transit de Westerbork, d’où elle envoya plusieurs lettres, la jeune femme continuait à rayonner d’une étonnante lumière intérieure.

Écrit par une petite Tchèque qui allait devenir une peintre connue, Le Journal d’Helga (Belfond, 2013) possède la particularité d’être illustré de ses dessins. Helga Weissova y a documenté notamment son séjour au ghetto de Terezin. Chronique tenue par une jeune Juive par isienne sous l’Occupation, de 1942 jusqu’à son arrestation en mars 1944, Journal d’Hélène Berr (Éd. Tallandier) n’a fait l’objet d’une publication qu’en 2008. Comme Anne Frank, l’étudiante de vingt-quatre ans a succombé au typhus au camp Bergen-Belsen. Ce « qu’il faut sauvegarder, c’est son âme et sa mémoire », écrivait-elle. C’est ce que parviennent à accomplir tous ces documents inestimables.

lES DiariStES DE

la guErrE

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LA MAISON ANNE FRANK

70 le journal d’anne frank

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ironie de l’histoire : la cachette secrète où s’est refugiée la famille d’anne Frank entre 1942 et 1944 est aujourd’hui l’un des lieux les plus connus et visités d’amsterdam. transformée en musée, la fameuse annexe est devenue une étape obligée de tout voyage dans la capitale des Pays-bas. En piteux état après la guerre, le bâtiment sis au 263, rue Prinsengracht, dans le centre-ville, a pourtant bien failli être démoli. Dans les années 50, une firme textile avait formé le projet de raser plusieurs immeubles de cette rue afin d’y construire une usine. il faudra une mobilisation publi-que pour empêcher que ne disparaisse l’endroit où fut écrit le désormais célèbre Journal. En 1957, on crée la Fondation anne Frank, chargée de gérer les lieux.

Inaugurée en mai 1960, après restaura-tion, la Maison Anne Frank accueille 9 000 visiteurs dès sa première année. Aujourd’hui, ils sont près d’un million annuellement à venir voir les pièces

dans lesquelles huit personnes ont vécu pendant la guerre. Le logement a été vidé de ses meubles après leur arrestation. Par contre, des rénovations durant les années 90 ont redonné à l’immeuble toute son apparence originelle. Et le musée expose désormais les manuscrits origi-naux de tout ce qu’y a écrit Anne — son journal, ses contes — durant sa clandes-tinité. Des manuscrits qui appartiennent depuis 2009 au Patrimoine documentaire mondial de l’Unesco. La vocation de la Maison Anne Frank qui a aussi annexé des immeubles voisins est à la fois historique et éducative. Au fil des années, elle a organisé plusieurs expositions temporaires, en lien avec sa mission de lutte contre la discrimination et de défense des droits humains. Par ailleurs, nul besoin de se rendre à amsterdam pour visiter l’annexe. on peut se contenter d’un tour virtuel, en 3D, sur le site internet de la maison : www.annefrank.org Marie Labrecque

Page de gauche : L’annexe, l’endroit de la cachette, photographiée à partir des jardins à l’arrière. © Maria austria instituut. Page de droite : 1 une bibliothèque pivotante cache l’entrée de l’annexe. © Maria austria instituut. 2 Son journal. Photo : collection anne Frank House, amsterdam

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quel écrivain peut se targuer d’avoir prêté sa plume successivement à Jésus, hitler, Einstein, Diderot, Don Juan, Freud et même au diable ? Eric-Emmanuel Schmitt n’a jamais eu peur de se confronter aux grandes figures et aux mythes sur lesquels est édifié notre monde. le docteur en philosophie (son domaine d’études) n’est jamais bien loin chez l’auteur qui taquine de grandes questions existentielles, mais à travers des formes ludiques accessibles au public.

Soutenue par une écriture brillante, des dialogues volontiers spirituels, son œuvre repose souvent sur des concepts forts, ori-ginaux. Imaginez qu’un homme vende son corps vivant à un artiste qui le transforme en objet (Lorsque j’étais une œuvre d’art, 2002). Comment aurait tourné Hitler s’il avait été accepté à l’Académie des beaux-arts (La Part de l’autre, 2001) ? Et si Hamlet était transposé dans le monde de la finance (Golden Joe, 1995) ? Tous publiés chez Albin Michel.

ERIC-EMMANUEL SCHMITT

PhiloSoPhE humaniStE

Jean-Louis roux et emmanuel bilodeau dans Le Visiteur d’eric-emmanuel Schmitt, m.e.s. Françoise Faucher, Théâtre les gens d’en bas, 1998. Photo : Jacques bérubé

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Son succès tiendrait « à sa profonde humanité », avance le professeur de philo-sophie Michel Meyer dans son essai Eric-Emmanuel Schmitt ou les identités boule-versées (Albin Michel, 2004). Il serait « un écrivain de l’espérance dans un monde désespéré ».

lES DébutS Né en 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon, Eric-Emmanuel Schmitt v it son baptême théâtral avec La Nuit de Valognes en 1991. Deux années plus tard, il frappe un coup d’éclat avec Le Visiteur, une fable méta-physique pleine d’esprit qui récolte trois Molières. Depuis, il a signé une vingtaine de pièces. Le prolifique écrivain est devenu l’un des auteurs francophones les plus lus à travers le monde, grâce à une œuvre pro-téiforme traduite en 43 langues et diffusée sur les scènes d’une cinquantaine de pays.

la DivErSiFication « J’ai toujours écrit des romans et des nou-velles cependant, à la différence des pièces, j’ai mis longtemps à composer un texte que je jugeais publiable, écrit-il sur son site officiel. Alors que le théâtre, paradoxale-ment, m’épanouissait en m’imposant ses contraintes, le roman m’offrait une liberté qui m’a longtemps effrayé (...). » C’est en 1994 que le dramaturge vainc ses réticences et publie La Secte des égoïstes, une œuvre qui lance une fructueuse car-rière romanesque. L’auteur de L’Évangile selon Pilate publie en outre quatre recueils de nouvelles, dont Concerto à la mémoire d’un ange, lauréat du prix Goncourt de la nouvelle. Dans le populaire Cycle de l’Invisible (Oscar et la dame rose, Monsieur Ibrahim et les f leurs du Coran , L’Enfant de Noé , etc.), Schmitt compose six contes candides qui questionnent la thématique de la spiritualité. En 2007, l’écrivain fait le saut au cinéma, en réalisant la comédie Odette Toulemonde. Il adaptera ensuite un autre de ses livres, Oscar et la dame rose. Ce grand

mélomane traduit également Les Noces de Figaro et Don Giovanni, en plus d’écrire sur ses compositeurs favoris (Le Mystère Bizet, Ma vie avec Mozart). Et avec Les Aventures de Poussin 1er, il signait récemment un premier texte pour la bande dessinée… En 2014, deux magnifiques opéras sont créés à partir de ses textes, Oscar und die Dame in rosa par Francis Bollon à Freiburg et Cosi Fanciulli sur un sujet original par Nicolas Bacri à St-Quentin-en-Yvelines, puis au Théâtre des Champs-Élysées.

rEconnaiSSancES Le dramaturge est désormais à la tête de son propre théâtre. En compagnie de son associé, il achète une salle de 400 places à Paris, le Théâtre Rive Gauche, dont il devient le directeur artistique et où est créé Le Journal d’Anne Frank, en septembre 2012. Récipiendaire de nombreuses récom-penses, dont le Grand Prix du Théâtre de l’Académie française, Eric-Emmanuel Schmitt occupe un siège à l’Académie royale de la langue et littérature françaises de Belgique, le pays où il vit, ayant acquis la nationalité belge en 2008.

Sur noS ScènES Plusieurs de ses œuvres ont été jouées à Montréal : Le Visiteur, Oscar et la dame rose, Le Libertin. Le TNM a présenté Variations énigma tiques, en 2001, avec Guy Nadon et Michel Rivard, qui a remporté cette année-là le Masque du public Loto-Québec. Le dramaturge est venu lui-même lire Ma vie avec Mozart, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, durant l’édition 2009 du Festival Montréal en lumière. Marie Labrecque

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comment en êtes-vous venu à adapter Le Journal d’Anne Frank ?Il y a quelques années, des producteurs néerlandais mandatés par le Fonds Anne Frank ont demandé à plusieurs auteurs européens comment ils adapteraient Le Journal. Après qu’ils soient venus chez moi, j’ai appris que j’avais passé une audition et que je l’avais gagnée ! J’ai eu la joie et le privilège de pouvoir écrire une pièce à partir de ce livre qui me bouleverse depuis que je suis jeune.

Le Journal a pris de plus en plus de valeur pour moi au fil des années. J’avoue que lorsque je l’ai lu la première fois, à quinze ans, j’étais agacé par ce qui me touche aujourd’hui : de voir la naissance d’une jeune femme, son éveil à la sensua-lité, ses rapports avec ses parents… Et l’une des voies de ma réécriture a été de non pas tellement prendre Anne Frank comme un exemple historique de ce que fut l’extermi-nation des Juifs, mais de raconter ce qu’il y a de spécifique à son Journal : la naissance d’un écrivain et d’une jeune fille.

vous avez même acheté un théâtre à Paris parce vous n’en trouviez pas pour présenter votre pièce ? C’est vraiment scandaleux. Alors que je suis un auteur qui n’est pas censé vider les salles (rires), et qu’en plus j’arrivais avec l’un des acteurs les plus aimés en France, Francis Huster, je n’ai eu que des refus. Et pourtant, jamais on ne m’a autant complimenté sur une pièce ! J ’ai donc compris qu’à cause de l’atmosphère de crise, les directeurs de théâtre craignaient de programmer une pièce dramatique exi-geant neuf comédiens. Ça m’a tellement agacé que j’ai décidé d’acquérir un théâtre pour la monter. Et on a eu raison de faire confiance au public puisqu’on a joué la pièce 220 fois à Paris…

l’angle que vous avez choisi pour la pièce est la relation père-fille. Est-ce que votre texte est aussi un hommage à otto Frank ? Beaucoup. J’ai été bouleversé par le destin d’Otto Frank. D’abord, il est le seul survi-vant de l’Annexe. Et en lisant le journal intime de sa fille, il va être troublé de découvrir qu’au fond, il ne la connaissait pas si bien que ça. Il perçoit une autre Anne, avec des choses qui l’agacent, mais aussi une sagesse, un optimisme qui le ren-versent, surtout que c’est une voix morte qui parle. Et il saisit son talent d’écrivain ! Le témoignage d’Anne Frank n’est pas

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1 Le Libertin d’eric-emmanuel Schmitt, m.e.s Denise Filiatrault, Juste pour rire, 1998. Photo © andré Panneton. 2 Variations énigmatiques d’eric-emmanuel Schmitt, m.e.s Daniel roussel, TNM, saison 2000–2001. Photo : Yves renaud

seulement un document, c’est une œuvre littéraire. Elle a le don de faire vivre les personnages, un humour incroyable, une finesse. Otto va mener un combat pour faire publier le livre de sa fille, parce qu’au départ personne n’en veut. Ce qui est intéressant aussi, c’est la relation d’Otto Frank avec la vengeance et le pardon. Quand on a voulu enquêter

sur le dénonciateur qui a causé leur arres-tation, Otto n’a jamais voulu participer à cette chasse au traître. Moi je serais incapable d’une telle hauteur, alors j’ai été très bousculé par son attitude. D’abord choqué, puis j’ai essayé de la comprendre. Et la comprendre m’élevait. Le pardon, c’est ne pas réduire un être à un seul de ses actes. Avec ça, je suis d’accord.

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la dualité d’un être, la difficulté de connaître entièrement l’autre : vous traitiez déjà de ces thèmes dans votre pièce Variations énigmatiques… Je crois qu’on n’arrive jamais à connaître l’autre parce que chaque être est libre, et donc peut toujours se comporter de façon imprévisible. Aimer, selon moi, c’est fré-quenter un mystère. Dans l’amour liant Anne et Otto Frank, des parts d’inconnu restent donc entre ces êtres qui s’adorent.

quelle liberté aviez-vous pour adapter ce récit historique ? Je voulais être fidèle au Journal. Parfois, mon point de vue, voire mes obsessions instruisent ma lecture, et donc l’écriture de ma pièce. Mais j’étais très encadré par les historiens de la Maison Anne Frank à Amsterdam. Depuis la publication du Journal, beaucoup de travaux historiques ont été faits sur chacun des personnages. Je me suis servi de cette information.

avez-vous trouvé difficile de leur rendre justice ? Mon trouble constant durant l’écriture, et aussi lorsque je vois le spectacle, c’est de penser que ces êtres ont existé. Et qu’ils ont été massacrés. Lorsque la pièce se termine, qu’on découvre comment la violence de l’Histoire a tué ces êtres si attachants, à chaque fois j’ai le cœur broyé. C’est une émotion que je n’avais jamais éprouvée en écrivant.

la Shoah et le nazisme sont présents dans plusieurs de vos œuvres…Et pourtant je ne suis pas Juif. Mais ma prise de conscience politique, et je dirais presque existentielle, est survenue quand j’avais dix ou onze ans, et que mes parents m’ont emmené voir un film sur la guerre et la libération des camps. J’ai pris conscience de l’horreur et de la barbarie de l’humanité. Ça a été un traumatisme. J’ai intériorisé ce choc de deux façons. D’une part, j’ai com-pris qu’aux yeux de certains, il suffisait

d’être né pour être coupable. Une idée qui m’horrifiait. D’autre part, mes grands-parents étant alsaciens, notre famille a été successive-ment allemande ou française, selon les aléas de l’Histoire. L’allemand était une langue de tendresse pour moi, celle de ma grand-mère. Et là, je la voyais vociférée par Hitler et les Nazis, donc devenir une langue de haine… Il me fallait comprendre. Comprendre que c’est à l’intérieur de chaque homme que se joue cette tragédie : on est tous candidats pour le bien comme pour le mal.

En entrevue pour le magazine L’Express, vous affirmiez écrire des tragédies optimistes. une description qui s’applique aussi au Journal d’Anne Frank ? Oui. Je pense qu’Anne transmet une lumière, un profond amour de la vie, malgré les violences dont sont capables les êtres humains. Elle trouvait le moyen de s’amuser de ce qui pouvait lui être insupportable, elle croyait en l’humanité. Et d’une certaine façon, elle a gagné contre Hitler. Parce que c’est elle qu’on lit, pas Mein Kampf ! Cette voix adolescente, avec son intelligence et son courage, montre la stupidité absolue de toutes les formes de racisme. Elle est pour toujours une voix luttant contre la barbarie, la bêtise et la violence.

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ma première question s’adresse à la directrice artistique. Pourquoi avoir programmé une adaptation du Journal d’Anne Frank ? C’est un rêve que je nourrissais depuis plusieurs années. Comme presque toutes les jeunes filles de ma génération, je l’avais lu à l’école. Et vers la même époque, j’ai découvert L’Avalée des avalés de Réjean Ducharme. Je m’étais beaucoup identifiée à la fois au personnage de Bérénice Einberg, qui est partagée entre ses identités juive et québécoise, et à Anne Frank. Deux figures qui partagent un rapport problématique avec leur mère. J’avais même écrit une dissertation sur l’univers de Ducharme qui tissait une comparaison avec Anne Frank. J’ai recommencé à penser à ce projet en voyant qu’il y aurait beaucoup d’événe-ments soulignant le centième anniversaire de la Première Guerre mondiale en 2014, tout en constatant qu’en 2015, ça fera 70 ans qu’Anne Frank est morte. Comme

les adaptations théâtrales que j’avais lues m’apparaissaient incomplètes, je sou-haitais créer un texte personnel. Mais le hasard a voulu que Didier Morissonneau, un ami d’Eric-Emmanuel Schmitt, ayant vu son adaptation à Paris, m’approche. Je me suis dès lors inclinée devant cet auteur qui a le talent d’avoir su synthétiser Le Journal pour la scène. De plus, j’ai été séduite par ce procédé théâtral très effi-cace : prendre un personnage pivot, le père, qui remonte le cours du temps pour faire revivre le journal de sa fille.

vous avez ouvert des auditions pour trouver votre anne Frank. qu’est-ce que vous recherchiez ? J’ai vite évacué l’idée de prendre une vraie adolescente de treize ou quinze ans parce que, portant la pièce sur les épaules, il me semblait préférable de trouver une comé-dienne qui avait un minimum d’expé rience. Comme Anne a une personnalité très riche, je cherchais surtout une comédienne à la fois lumineuse et tragique, capable d’avoir un grand éventail d’émotions. De plus, malgré son très jeune âge, Anne fait preuve d’une maturité et d’une lucidité éton-nantes. Elle est déterminée, spontanée, solaire, combattante, enflammée… Sur plus de 300 curriculum vitæ reçus, j’ai auditionné une vingtaine de comé-diennes toutes plus talentueuses les unes que les autres. Puis, Mylène St-Sauveur s’est imposée par son énergie, sa vulné-rabilité, sa fragilité, son émotion à fleur de peau. Elle possède une lumière inté-rieure qui traduit les états d’âme complexe d’Anne Frank.

comment créer sur scène cet univers qui alterne entre présent et passé ? Dans ce cas-ci précisément, la démarche de la mise en scène est étroitement liée à celle des créateurs dont, entre autres, la scéno-graphe Danièle Lévesque et le concepteur de lumières Erwann Bernard. Nous avons abordé l’œuvre en mettant une emphase

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Photomontages d’inspiration réalisés par Danièle Lévesque pour la scénographie du Journal d’anne Frank au TNM.

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particulière sur la construction elliptique de la pièce qui confronte le temps présent du récit d’Otto Frank avec celui, antérieur, de l’écriture d’Anne. Notre travail s’appa-rente davantage à un montage cinéma-tographique qu’à un découpage théâtral, d’où la volonté d’intégrer la vidéo, qu’elle soit historique ou abstraite. L’espace doit nous permettre de dessiner des habitacles permettant de voir constamment tous les personnages. Ils ont des temporalités différentes mais vivent dans un même lieu scénique, créant l’impression d’une simul-tanéité qui permet le choc des contraires. Au sein de l’Annexe, il y a la vie qui explose dans le silence et la noirceur des existences interdites des personnages. En figure de proue tendue vers le public, il y a l’image du père qui raconte un monde en pleine désolation qui s’effrite et meurt. En uti-lisant la vidéo comme source d’archives, de lumière et même pour esquisser une forme de réalisme au décor, on projette automatiquement la pièce dans une autre dimension : celle de la mémoire affective. Le plus grand défi est de trouver l’an-crage d’Otto Frank. Dans la pièce, il passe d’un monde à l’autre. Il doit traverser le miroir de l’horreur, qui l’expulse de l’An-nexe où les siens sont encore vivants, pour se retrouver dans le charnier où se trouvent tous les membres de sa famille et ses amis. Le rescapé Jorge Semprun écrivait qu’il avait toujours l’impression que ses pieds étaient restés enracinés dans le sol du camp de concentration. C’est cette lourdeur cor po-relle que l’on doit attribuer à Otto Frank.

quelle sera l’importance de la véracité historique ? L’époque sera certainement campée par les costumes créés par Marc Senécal et par l’univers sonore que déverse la radio. Sinon, j’aimerais aborder l’œuvre par le biais de la symbolisation des images qui mettrait en relief le lien entre les survi-vants (Otto Frank et Miep Gies) et les morts, dont ils porteront éternellement le

deuil. Ce qui m’importe pour le moment, c’est de créer des tableaux vivants provo-quant des émotions fortes. De plus, avec la présence de Jorane, à la musique, qui sait faire vibrer la corde émotive tout en inven-tant des mondes musicaux métaphoriques, j’espère que les spectateurs sortiront boule-versés par ces événements qui demeurent ancrés dans la mémoire collective.

quel est le message que Le Journal d’Anne Frank peut transmettre ?Fondamentalement, c’est le pouvoir de la littérature d’éclairer notre monde et de lui assurer une forme d’immortalité. C’est la voie qu’a choisie Eric-Emmanuel Schmitt dans son adaptation du Journal d’Anne Frank et c’est à mon avis l’une des marques les plus puissantes qu’il laisse aux jeunes qui découvriront l’œuvre par le biais du théâtre. Nous nous devons de laisser des traces écrites afin de perpétuer la mémoire de l’un des plus grands génocides. Le Journal d’Anne Frank porte l’espoir que les choses ne meurent jamais. Je souhaite également que les jeunes retrouvent le plaisir d’écrire un journal. L’écriture peut représenter un exutoire à la détresse, au sentiment d’être dans une prison intérieure. En outre, Anne nous donne une grande leçon de courage, de foi en la vie, de résilience. Cette toute jeune fille ne s’est pas laissée abattre par l’adversité. Quel bel héritage que celui de transmettre un message humaniste de paix.

Est-ce que le théâtre peut vraiment faire quelque chose pour la paix ? Les grandes révolutions sont faites de petites actions qui, multipliées, deviennent fortes. Le simple fait de présenter Le Journal d’Anne Frank peut rayonner assez large-ment pour qu’il y ait une conscientisation. Oui, je crois encore que le théâtre peut aider à la réconciliation.

ProPoS recueiLLiS eT MiS eN ForMe Par Marie Labrecque,

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vivacité, enthousiasme, candeur. malgré ses presque vingt-quatre ans, mylène St-Sauveur paraît avoir conservé plusieurs traits d’une adolescence pas si lointaine. la comédienne a pourtant déjà quatorze ans de métier ! on l’a vu grandir sous nos yeux, à la télévision (Rumeurs, Les Invincibles) comme au cinéma (Familia, Maurice Richard). Jeune adulte, elle a prouvé sa polyvalence en transitant de l’ado violente du film 5150, rue des ormes à la gracieuse danseuse de Sur le rythme. grâce au rôle-titre du Journal d’Anne Frank, l’inter-prète des émissions Destinées et Complexe G savoure une première expérience théâtrale.

Le 23 décembre 2013, Mylène St-Sauveur a reçu un cadeau de Noël précoce : l’appel lui annonçant qu’elle avait décroché le rôle d’Anne Frank. « J’arrivais de l’épicerie avec la dinde. J’ai laissé le paquet sur le sol et elle a dû dégeler pendant la demi-heure que j’ai passé à pleurer ! » se souvient-elle en riant. Ce soir-là, son premier réf lexe fut d’amorcer l’écriture d’un journal. Pour se rapprocher de son personnage. « J’ai écrit à Anne : tu ne sais pas la nouvelle que je viens de recevoir… Ça m’a émue d’avoir été choisie, parce que je ne m’y attendais pas. » La comédienne s’était présentée à l’audition fort bien préparée, mais d’abord motivée par le désir de montrer ce dont elle était capable. « J’avais envie de pouvoir dire : pendant quinze minutes, j’aurai joué Anne Frank sur scène ... »

Pour celle qui a fait ses classes sur les plateaux plutôt que dans une école de théâtre, ces débuts professionnels sur les planches tombent à point. Elle se sent prête. « Le Journal d’Anne Frank est une entrée extraordinaire dans le milieu du théâtre. » Elle a même envie de dire que c’est « magique » : la jeune actrice est justement une passionnée de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Elle lit beaucoup sur le sujet, dévore des films et a même visité des camps de concentration en Allemagne. « Je ne sais pas d’où provient mon profond intérêt pour cette période. Ça a commencé jeune. Il y a des histoires qui m’ont bouleversée. » En se replongeant dans Le Journal déjà lu à l’école, elle a été frappée par la proximité de son héroïne, malgré la situa-tion exceptionnelle qu’Anne Frank subit. Presque comme si elle dialoguait avec une jeune voisine, qui lui parlait d’école, d’amour, d’amitié… Ce qu’elle partage avec son personnage ? Probablement la maturité. « Pratiquant ce métier depuis l’âge de dix ans, j’ai été élevée dans un monde d’ adultes qui m’ont aidée à m’ouvrir sur d’autres horizons. Mais chez Anne, ce qui est exceptionnel, c’est qu’elle le fait d’elle-même. » En la rencontrant, on a envie d’ajouter la luminosité à leurs caractéristiques com-munes. Mylène affiche une attitude positive et un appétit de vivre manifeste. Chaque

MYLèNE ST-SAUVEURrecrue étoile

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aspect de son métier, même les entrevues, paraît l’emballer. La comédienne y voit autant d’occasions d’apprendre. « J’ai besoin de cette nouveauté, de défis. »

la PiqûrE Du JEu

La native de Saint-Hyacinthe a ressenti l’appel du jeu très tôt. La petite Mylène décide donc, avec l’approbation de ses parents, de s’inscrire à des cours de théâtre privés. À treize ans, elle décroche son premier personnage impor tant dans L’Incomparable Mademoiselle C. Tout en poursuivant ses études (une priorité paren-tale !), elle enfile les rôles. « Je suis tombée amoureuse du jeu, du processus de créer des personnages. Ça m’ouvrait à tellement de choses. Être actrice m’a beaucoup aidée à me définir comme personne, à me décou-vrir. En me glissant dans plusieurs peaux différentes, j’ai compris ce que j’aimais et n’aimais pas dans la vie. »

raiSon Et SEntimEntS

D’une sensibilité extrême, portée à un excès d’empathie, la comédienne n’a aucun mal à connecter avec les émotions de ses personnages. « Je peux regarder un inconnu dans la rue et me mettre à pleurer en constatant qu’il ne va pas bien… » Ce qui ne l’empêche pas de préparer ses rôles avec un sérieux tout « académique ». Elle monte de véritables dossiers de recherche sur ses personnages. « Je veux pouvoir rattacher ce que je joue à du concret. » Pour Anne Frank, l’actrice a déjà rempli deux cartables de documentation. « Par respect, j’ai envie de donner à cette histoire, à Anne, le plus de vérité possible. »

ProPoS recueiLLiS eT MiS eN ForMe Par Marie Labrecque,

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Paul DoucEtOtto Frank

SoPhiEPrégEntMiep Gies

Lors des représentations en tournée, charles-alexandre Dubé jouera Peter Van Pels et Frédérick bouffard, Fritz Pfeffer.

25 + 26 FévriEr théâtre de la ville longuEuil / 10 marS théâtre hector-charland l’aSSomPtion / 11 marS

salle pauline-julien SaintE-gEnEvièvE / 13 marS centre des arts de Shawinigan / 19 marS centre des arts

juliette-lassonde St-hyacinthE / 27 marS + 28 marS théâtre des deux rives St-JEan-Sur-richEliEu / 1er avril salle

j.-antonio-thompson troiS-rivièrES / 2 avril l’étoile banque nationale broSSarD / 3 avril salle andré-mathieu

laval / 4 avril théâtre lionel-groulx StE-thérèSE / 6 avril salle albert-rousseau québEc / 11 avril salle albert

dumouchel vallEyFiElD / 14 avril maison des arts desjardins DrummonDvillE / 16 avril centre des arts shenkman

orléanS / 17 avril + 18 avril maison de la culture de gatinEau / 19 avril théâtre du viEux-tErrEbonnE

tournéE au québEc, hivEr 2015

Mylène St-Sauveur dans la série télévisée Destinées, scénario Michelle allen, production Pixcom. Photo : Hubert Simard

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