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i Stratégie Nationale SNDES 2013-2017 République du Sénégal Version provisoire 02 novembre 2012 Un Peuple-Un But-Une Foi de Développement Economique et Social Sur la rampe de l’émergence

SNDES 2013-2017 - 4 novembre 2012-1

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    Stratgie Nationale

    SNDES 2013-2017

    Rpublique du Sngal

    Version provisoire 02 novembre 2012

    Un Peuple-Un But-Une Foi

    de Dveloppement Economique et Social

    Sur la rampe de lmergence

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page ii

    SOMMAIRE

    SOMMAIRE ii

    Liste des tableaux iv

    Liste des encadrs iv

    Liste des annexes iv

    Liste des abrviations, acronymes et sigles v

    Introduction : contexte gnral de la politique conomique et sociale 1

    CHAPITRE I : DIAGNOSTIC ECONOMIQUE ET SOCIAL 3

    1.1. Population et accs aux services sociaux de base 3 1.1.1. Tendance dmographique et facteurs dexclusion sociale 3 1.1.2. Insuffisance de laccs aux services sociaux de base 4

    1.2. Croissance et pauvret montaire 9 1.2.1. Profil de croissance conomique 9 1.2.2. Incidence de la pauvret 10

    1.3. Institutions et rles des acteurs 11

    1.4. Contraintes structurelles 13 1.4.1. Faible productivit 13 1.4.2. Capital humain peu dvelopp 14 1.4.3. Faible accs au financement 15

    1.5. Principaux dfis 16 1.5.1. Bonne gouvernance et tat de droit 16 1.5.2. Prservation et restauration des ressources naturelles 16 1.5.3. Profil de lentreprenariat et cration demplois 17

    CHAPITRE II : STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL 2013-2017 18

    2.1. Enjeux 18 2.1.1. Efficience des politiques publiques 18 2.1.2. Viabilit du cadre macroconomique 18 2.1.3. Fentre dopportunit dmographique 19

    2.2. Vision et stratgie d'intervention sur la priode 2013-2017 20

    2.3. Objectifs stratgiques 21 2.3.1. AXE 1 : Croissance, Productivit et cration de richesses 22

    2.3.1.1. Stabilit du cadre macroconomique 22 2.3.1.2. Promotion de lemploi 24 2.3.1.3. Dveloppement du secteur priv 25 2.3.1.4. Dveloppement des secteurs dappui la production 26 2.3.1.5.1. Infrastructures et services nergtiques 26 2.3.1.5.2. Infrastructures et services de transport 26 2.3.1.5.3. Infrastructure financire et services financiers 27 2.3.1.5.4. Communication, Infrastructures et services de tlcommunication 28 2.3.1.5. Dveloppement intgr de lconomie rurale 28 2.3.1.6.1. Agriculture 29 2.3.1.6.2. Elevage 30 2.3.1.6.3. Pche et aquaculture 31 2.3.1.6.4. Hydraulique agricole 31 2.3.1.6.5. Scurit alimentaire 32

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page iii

    2.3.1.6. Dploiement industriel et transformation agroalimentaire 32 2.3.1.8. Mines et carrires 33 2.3.1.9 Promotion des autres services et secteurs de production 34 2.3.1.9.1. Tourisme 34 2.3.1.9.2. Artisanat 34 2.3.1.9.3. Culture 34 2.3.1.9.4. Sports 35 2.3.1.9.5. Commerce 35 2.3.1.9.6. Coopration internationale, Intgration rgionale et Sngalais de lExtrieur 36 2.3.1.9.7. Recherche, Dveloppement et Innovation 36

    2.3.2. AXE 2 : Capital humain, protection sociale et dveloppement durable 38 2.3.2.1. Population et dveloppement humain durable 38 2.3.2.2. Education universelle et dveloppement des comptences 39 2.3.2.3. Amlioration de la Sant et de la nutrition 40 2.3.2.4. Acclration de laccs leau potable et lassainissement 41 2.3.2.5. Amlioration de lhabitat et du cadre de vie 42 2.3.2.6. Renforcement de la protection sociale 43 2.3.2.7. Prvention et gestion des risques et catastrophes 44 2.3.2.8. Dveloppement durable et environnement 44

    2.3.3. AXE 3 : Gouvernance, Institutions, Paix et Scurit 46 2.3.3.1. Consolidation de la paix et la scurit 46 2.3.3.2. Promotion de lEtat de droit, des droits humains et de la justice 47 2.3.3.3. Promotion de lEquit et de lgalit de genre 47 2.3.3.4. Rforme de lEtat et Renforcement de lAdministration publique 48 2.3.3.5. Amnagement du territoire, Dveloppement local et Territorialisation 48 2.3.3.6. Gouvernance stratgique, conomique et financire 49

    CHAPITRE III : MISE EN UVRE ET SUIVI-EVALUATION 50

    3.1 Financement de la stratgie 50 3.1.1. Programmation financire et articulation avec le budget national 50 3.1.2. Mobilisation des ressources financires 51

    3.2. Suivi et valuation des politiques publiques 53 3.2.2. Dispositif de suivi et dvaluation de la Stratgie 53 3.2.3. Acteurs, appropriation et responsabilit mutuelle 56 3.2.4. Indicateurs de suivi et dvaluation 56

    3.3. Risques lis la mise en uvre de la SNDES 58

    ANNEXES A

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page iv

    Liste des tableaux

    Tableau 1: Evolution des indicateurs de pauvret au Sngal, 2001-2010. ......................................... 10

    Tableau 2: Formation du scnario de base, 2013-2017. ....................................................................... 52

    Tableau 3: Croissance et dficit public 2013-17. ................................................................................... 52

    Liste des encadrs

    Encadr 1: Mthodologie d'actualisation de la formulation ................................................................... 2

    Encadr 2: Typologie des modles d'entreprenariat ............................................................................ 17

    Liste des annexes

    Annexe 1: Rpartition du financement du Plan d'Actions Prioritaires, 2013-2017. ............................... A

    Annexe 2: Plan d'Actions Prioritaires de la SNDES. ................................................................................. B

    Annexe 3: Mthodologie de priorisation des actions de la SNDES. .........................................................F

    Annexe 4: Liste des indicateurs ............................................................................................................... G

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page v

    Liste des abrviations, acronymes et sigles AGVSAN Analyse Globale de la Vulnrabilit, de la Scurit Alimentaire et de la Nutrition ANSD Agence Nationale de la Statistique et de la Dmographie APIX Agence de Promotion des Investissements et des grands travaux CDMT Cadre de Dpense Moyen Terme CDSMT Cadre de Dpense Sectoriel Moyen Terme CEDEAO Communaut Economique des tats de lAfrique de lOuest CTPS Comit Technique des Programmes Statistiques DAP Domaine Agricole Partag DCEF Direction de la Coopration Economique et Financire DGCPT Direction Gnrale de la Comptabilit Publique et du Trsor DGF Direction Gnrale des Finances DIPE Dveloppement Intgr de la Petite Enfance DPEE Direction de la Prvision et des Etudes Economiques DPES Document de Politique Economique et Sociale DSRP Document de Stratgie pour la Rduction de la Pauvret ECOWAP Politique Agricole Commune de la Communaut Economique des Etats de lAfrique de lOuest EDS Enqute Dmographique et de Sant ENF Education Non Formelle EPT Education Pour Tous ESPS Enqute de Suivi de la Pauvret au Sngal FBCF Formation Brute de Capital Fixe FONGIP Fonds de Garantie et dInvestissements Prioritaires FONSIS Fonds Souverain dInvestissement Stratgique GAR Gestion Axe sur les Rsultats HIMO Haute Intensit de Main-duvre IADM Initiative d'Allgement de la Dette Multilatrale IAS/IFRS International Accounting Standards/International Financial Reporting Standards IDE Investissements Directs trangers ISPE Instrument de Soutien la Politique Economique LOASP Loi dOrientation Agro-Sylvo-Pastorale MICS Enqute Indicateurs Multiples NPNE Nouvelle Politique Nationale de l'Emploi OCDE Organisation pour la Coopration et le Dveloppement Economique OMD Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement PAP Plan dActions Prioritaires PDDAA Programme Dtaill de Dveloppement de l'Agriculture Africaine PDU Plan Directeur dUrbanisme PEFA Public Expenditure and Financial Accountability PGAT Plan Gnral d'Amnagement du Territoire PIB Produit Intrieur Brut PME Petite et Moyenne Entreprise PMI Petite et Moyenne Industrie PNG Plan National Gomatique PNIA Programme National d'Investissement Agricole PODES Plan dOrientation pour le Dveloppement Economique et Social POS Plans dOprations Sectoriels PPTE Pays Pauvres trs endetts PRAESC Programme de Relance des Activits Economiques et Sociales en Casamance PTIP Programme Triennal d'Investissements Publics SCA Stratgie de Croissance Acclre SDAU Schma Directeur dAmnagement et dUrbanisme SENELEC Socit Nationale dElectricit SFD Systmes Financiers Dcentraliss SIDA Syndrome dImmuno Dficience Acquise SIE Systme dInformations Energtique SNAT Stratgie Nationale dAmnagement du Territoire SNDES Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social SNDS Stratgie Nationale de Dveloppement de la Statistique SNECRM Stratgie Nationale dExtension de la Couverture du Risque Maladie SNPS Stratgie Nationale de Protection Sociale SPS Socle de Protection Sociale SRAT Stratgie Rgionale dAmnagement du Territoire TIC Technologies de lInformation et de la Communication UCSPE Unit de Coordination et de Suivi de la Politique Economique UEMOA Union Economique et Montaire Ouest Africaine VIH Virus de l'Immunodficience Humaine

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page 1

    Introduction : contexte gnral de la politique conomique et sociale

    1. Depuis son ligibilit lInitiative Pays Pauvres Trs Endetts (PPTE) en 2000, le Sngal met en uvre, travers sa Stratgie de Rduction de la Pauvret (SRP), des politiques et programmes intgrs, dans une dmarche inclusive. Lobjectif consiste assurer les conditions dune croissance soutenue et durable mme d rduire significativement la pauvret et datteindre les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement (OMD).

    2. Le premier Document de Stratgie pour la Rduction de la Pauvret, DSRP-I, dfini sur la priode 2003-2005, a t mis profit pour consolider les performances conomiques des programmes structurels. En plus davoir permis la correction de quelques insuffisances aux plans social et politique, il a t un vritable instrument de mobilisation de ressources et de recentrage des politiques de dveloppement autour d'objectifs clairement dfinis et assortis d'indicateurs de performance et d'impact.

    3. Le DSRP-II couvrant la priode 2006-2010, s'est engag dans la mise en uvre de la Stratgie pour la Croissance et la Rduction de la Pauvret (SRP). C'est ainsi quil a associ la Stratgie de Rduction de la Pauvret la Stratgie de Croissance Acclre (SCA) pour une meilleure rorientation des objectifs de dveloppement conomique et social prenant en compte la rduction des ingalits sociales et lacclration de latteinte des OMD.

    4. L'laboration de la Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social (SNDES) pour la priode 2013-2017 obit la volont politique dinscrire le Sngal sur la voie du dveloppement et la prise en compte des proccupations des populations. Elle s'effectue dans un contexte conomique international difficile, marqu par la flambe des prix des produits alimentaires et nergtiques. Par ailleurs, la persistance de la crise financire illustre par les turbulences sur les marchs financiers ainsi que les difficults rencontres par les conomies avances, devront sans doute accentuer des risques de dclration de la croissance mondiale.

    5. Le dveloppement conomique et social du Sngal ncessite la mise en uvre dune stratgie prenant en compte le redressement des finances publiques, le dveloppement de l'pargne intrieure, le rquilibrage terme de la balance commerciale, mais conduisant une croissance conomique fort impact positif sur les conditions de vie des populations. A cet gard, le dfi majeur porte essentiellement sur la relance de l'conomie, voie vers laquelle le Sngal devra s'engager davantage dans un contexte de gouvernance vertueuse et efficace.

    6. Les indicateurs sur la priode 2005-2011 rvlent une stagnation relative de la pauvret, explique en partie par un taux de croissance du PIB par tte denviron de 0,5% en moyenne par an. Mme si lincidence de la pauvret a lgrement baiss, elle a t accompagne par une augmentation absolue du nombre de pauvres sur la priode. La pauvret est plus leve en zone rurale que dans les centres urbains. Ces rsultats mettent en vidence la fragilit de lconomie sngalaise et sa capacit, dans le long terme, amliorer de manire durable les conditions de vie des populations. Cette situation doit tre inverse rapidement afin dinscrire le Sngal dans la rduction de la pauvret et lacclration de latteinte des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement (OMD), lhorizon 2015.

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page 2

    7. Par ailleurs, Il est apparu de nouveaux dfis auxquels le Sngal doit faire face savoir : lmergence conomique, loptimisation de la politique nergtique, ladaptation aux changements climatiques, la scurit alimentaire, la paix et la scurit. Ces dfis appellent la formulation et la mise uvre dune Stratgie Economique et sociale susceptible de pouvoir amliorer les niveaux de croissance conomique, de lisser ou damortir les chocs exognes et dinscrire le Sngal dans une perspective de dveloppement durable. Cette stratgie nationale qui se veut raliste et innovante, sera le cadre de rfrence pour tous les acteurs du dveloppement. Elle sinscrit dans une vision inclusive long terme et appelle une mise en uvre optimale des politiques publiques aux niveaux central et local, pour atteindre les OMD et poser les jalons de lmergence.

    Encadr 1: Mthodologie d'actualisation de la formulation

    En 2011, le Sngal a formul le Document de Politique Economique et Social (DPES), valid pour servir

    de cadre de rfrence laction de lEtat et des partenaires au dveloppement sur la priode 2011-2015.

    Toutefois, au regard des rcentes mutations intervenues, le Sngal se trouve confront de nouveaux

    dfis aux plans politique, institutionnel, conomique et social.. Il importe ce titre doprer les ajustements

    ncessaires sur le Document de politique afin de mieux adapter la Stratgie au nouveau contexte,

    dinsuffler un nouvel lan et de forger un partenariat plus ambitieux.

    De surcrot, la disponibilit de donnes statistiques rcentes sur ltat de la pauvret et la vulnrabilit,

    ainsi que les dveloppements nots dans certains secteurs et la problmatique de la dcentralisation

    viennent renforcer limpratif dactualiser et finaliser le projet de DPES 2011-2015. Le nouveau document

    qui dfinit les priorits conomiques et sociales doit suffisamment prendre en considration les aspirations

    relles des populations ainsi que limpratif de dvelopper une conomie comptitive porteuse de

    croissance. Le DPES rvis, devenu Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social, 2013-

    2017, a t labor suivant un processus participatif, tant au niveau central quau niveau dcentralis.

    Laccent a t mis sur la cration de richesses, le renforcement de la gouvernance, le dveloppement des

    secteurs stratgiques ayant des impacts significatifs sur lamlioration du bien-tre des populations et la

    demande sociale. Dans un contexte particulier de transition dmographique, la prise en charge les

    questions transversales telles que lemploi, le genre, la protection sociale et le dveloppement durable

    sest avre opportune.

    Le processus de formulation a repos sur une synergie entre les instruments de politique conomique et

    sociale tels que la SCA, le Plan dOrientation pour le Dveloppement Economique et Social (PODES),

    lInstrument de Soutien la Politique Economique (ISPE) et les initiatives citoyennes, dans une

    perspectives des nouvelles orientations du Gouvernement. Il sest agi dexploiter toutes les potentialits

    nationales, susceptibles damliorer le niveau de revenus et les conditions de vie des populations, au

    regard des orientations de lEtat.

    8. Le prsent document se prsente comme suit : le chapitre I dresse le profil de la croissance, la pauvret et des ingalits et retrace les dfis quil engendre. La Stratgie est dcrite au chapitre II, travers la vision long terme, les orientations stratgiques sectorielles et les politiques et programmes qui loprationnalisent. Enfin, le chapitre III esquisse le dispositif mettre en place pour assurer la mise en uvre de la Stratgie. Il prsente le financement de la stratgie, les rles et responsabilits des acteurs ainsi que les mcanismes de revues mettre en place. Ce dernier chapitre dfinit galement le cadre de suivi et dvaluation externe ainsi que les facteurs de risques lis la mise en uvre de la Stratgie.

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page 3

    Chapitre I : Diagnostic conomique et social

    9. Le prsent chapitre passe en revue les performances conomiques, sociales et environnementales des politiques, l'environnement politique et institutionnel, qui laccompagne, et les contraintes qui psent sur la croissance et sa redistribution ainsi que les dfis relever. Une attention particulire est porte aux disparits rgionales, lquit et lgalit de genre, aux ingalits dans la rpartition des revenus tout comme dans laccs aux services sociaux de base.

    1.1. Population et accs aux services sociaux de base 1.1.1. Tendance dmographique et facteurs dexclusion sociale

    10. De 3 millions dhabitants en 1960, la population du Sngal est passe environ 12,5 millions dhabitants en 2010. Elle augmente de plus de 260 000 personnes par an, soit un croit dmographique de 2,6%. Laccroissement important de la population sexplique par la baisse significative de la mortalit et le niveau lev de fcondit. Selon les estimations de 2010, 55% de la population sngalaise vivent en milieu rural, un Sngalais sur deux a moins de 20 ans et prs de deux sngalais sur trois ont moins de 25 ans. Cet accroissement ne sest pas accompagn dune offre consquente de services sociaux de base.

    11. Sur le plan des ressources humaines, les taux levs de chmage et de sous-emploi sont les signes les plus vidents. En effet, il ny aurait quune personne sur cinq qui travaille plein temps au Sngal. Une telle situation laisse entrevoir un taux lev de dpendance qui se traduit, entre autres, par une pression constante sur les individus qui travaillent et qui courent, ainsi, le risque de basculer dans la pauvret montaire. La dispersion et la multiplicit des structures de soutien lemploi, la non articulation entre le march du travail, la formation professionnelle et la politique daccompagnement pour lauto-emploi, le manque de transparence du march de lemploi, constituent des facteurs peu favorables la baisse du chmage et du sous-emploi.

    12. Suivant les rsultats de lenqute de suivi de la pauvret ralise en 2011, le taux de chmage est de 10,2%. Il est pratiquement rest stable par rapport 2005 o il tait estim 10,0%. Ce taux de chmage est de 7,7% chez les hommes et de 13,3% chez les femmes. Suivant le niveau dinstruction, le chmage est plus frquent chez les personnes du niveau dtudes secondaire auprs desquelles il est de plus de 20% au sens largi. En milieu rural, lexode vers les villes des jeunes et des femmes actives est certainement un signe manifeste du dficit demplois productifs. Au niveau urbain, loffre de formation est souvent en inadquation avec le march du travail. Cest surtout au niveau des jeunes diplms que le taux de chmage est plus lev. Globalement, les niveaux de formation professionnelle sont faibles et limits, entranant, en partie, lexpansion du secteur informel. En milieu rural, la population active, majoritairement agricole, souffre dun taux lev danalphabtisme et de sous-emploi. En cas de choc climatique comme la scheresse, elle se retrouve pour la plupart du temps sans travail.

    13. Par ailleurs, la jeunesse de la population induit des rpercussions sociales importantes, notamment les tensions sur le march du travail. Les femmes sont majoritaires (52% de la population totale) et reprsentent 65% de la population active.

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page 4

    14. Selon les secteurs conomiques, lemploi prsente des disparits gographiques et de genre. Dans les zones rurales, les femmes sont principalement engages dans l'agriculture, l'levage et elles effectuent prs de 82,6% du travail contre 79,4% pour les hommes. En milieu urbain, les femmes considrent le secteur informel comme une alternative intressante car ncessitant moins de comptences et de spcialisation, plus souple et plus adapt leurs capacits financires et au calendrier de leurs activits. Elles restent ainsi peu reprsentes dans le secteur formel.

    15. En outre, le secteur informel contribue hauteur de 55% au PIB et est considr comme un secteur refuge, permettant de capter toutes les initiatives de cration demplois. Face la restriction des capacits dabsorption du secteur structur, la plupart des jeunes se sont tourns vers le secteur informel. Lemploi informel qui reprsente plus de 60% des emplois non agricoles, saccentue avec lurbanisation.

    16. En plus du sous-emploi important relev dans le secteur agricole, le secteur non agricole serait galement affect par ce flau, mais a un degr moindre. En 2011, le taux de sous emploi sest tabli 32% pour lensemble des populations en activit, avec une lgre disparit chez les femmes actives (37%).

    17. Par ailleurs, lindice des ingalits lies au genre, qui est de 0,566 en 2011, traduit la persistance de grandes disparits sociales entre hommes et femmes au Sngal. Les disparits entre les rgions portent sur laccs aux infrastructures de base : eau potable et assainissement, infrastructures de transport, de stockage, de conservation et de transformation des produits locaux, lectricit, irrigation. Ces lments sont perus comme des sources majeures dingalit dans la contribution la croissance conomique.

    1.1.2. Insuffisance de laccs aux services sociaux de base 18. Des progrs notables ont t raliss pour laccs lducation primaire, leau

    potable, la sant. Cependant par rapport aux Objectifs du Millnaires pour le Dveloppement (OMD), ils ont t plutt modestes pour laccs la sant maternelle et infanto-juvnile et relativement limits dans le domaine de lassainissement et lachvement du cycle primaire.

    19. Au niveau de l'ducation, des efforts importants ont t consentis pour accrotre le niveau dducation de la population et dvelopper les comptences. Cest ainsi que le Taux brut de prscolarisation est pass de 8,0% en 2006 10,7% en 2011. Le Taux brut dadmission au CI a gagn environ 10 points (103,2% en 2006 contre 113,0% en 2011). Le taux brut de scolarisation au primaire1 sest tabli 79,7% en 2011 contre 75,8% en 2005, avec dimportantes disparits rgionales. Dakar (102,6%) et Ziguinchor (115,6%) enregistrent les niveaux plus levs tandis que Kaffrine (44,2%) et Diourbel (47%) affichent de moins bonnes performances. Cependant, lducation pour tous (EPT) nest pas encore atteinte puisque le taux net de scolarisation au primaire en 2011 tourne autour de 59,6%2 alors quil stait tabli 54,6% en 2005. Cette situation se traduit par un retard scolaire pour un nombre important denfants ayant dpass lge normal dinscription au primaire. Le niveau du taux dachvement du cycle primaire nest toujours pas satisfaisant mme sil a connu une volution positive depuis 2006, en

    1 ESPS-II, 2011.

    2 ESPS-II, 2011.

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    passant de 49,7% 66,9% en 2011. Aussi, les ratios lves-enseignants sont rests levs au primaire : 51 lves par enseignant en 2000 et prs de 40 en 2011. Ces ratios reprsentent plus du double des rsultats enregistrs dans la plupart des pays mergents, o ils se situent aujourdhui entre 15 et 25 lves par matre.

    20. Dans le domaine de la formation professionnelle et technique, de lalphabtisation et lducation non formelle3, les efforts consentis restent encore insuffisants. Les rsultats de la formation professionnelle et technique montrent des disparits rgionales importantes; la rgion de Dakar concentre toujours la majorit des effectifs inscrits (62,5%) et lessentiel de loffre prive (79,3%). Les rgions de Louga, Matam et Fatick comptent les effectifs les plus faibles.

    21. Lenseignement suprieur est marqu par la croissance rapide des effectifs. Le nombre de nouveaux bacheliers est pass de 29908 en 2010 30564 en 2011, dont 40,9% de filles. Laccueil de ce flux important dans les universits publiques demeure un problme aigu, malgr la contribution du priv dans la prise en charge dune partie de la demande daccs aux tudes suprieures. Nonobstant la cration de centres universitaires rgionaux, lUniversit Cheikh Anta Diop reste engorge. Le dveloppement de loffre publique tarde couvrir la demande.

    22. De manire gnrale, le principal problme de lducation est sa faible efficacit interne qui se traduit par la faible qualit du niveau denseignement, linsuffisance du matriel didactique denseignement et dapprentissage, linsuffisance des capacits daccueil lie un dficit dans le volume et le retard des programmes de construction de salles classes, linsuffisance de qualification des enseignants, avec le recrutement massif de volontaires et de vacataires, les impacts ngatifs des perturbations scolaires rcurrentes sur le calendrier scolaire et le quantum horaire.

    23. Au niveau de la sant, le Sngal na pas encore atteint les normes prconises par lOMS en termes de couverture en infrastructures sanitaires et personnel qualifi, dont les rpartitions restent trs ingales sur le territoire, au dtriment de plusieurs zones rurales. Il en est de mme pour la fourniture des mdicaments. En termes de demande, les plus pauvres nont pas systmatiquement bnfici des programmes de gratuit mis en place, rduisant ainsi leur capacit accder ces services de soins.

    24. Ltat de sant de la population prsente des rsultats varis. Le paludisme demeure la premire cause de morbidit au Sngal : il constitue 42,6% des causes de maladies. Les efforts de lutte contre le paludisme se sont traduits par une chute spectaculaire4 de la morbidit proportionnelle palustre qui est passe de 39,7% en 2000 3% en 2009. Par ailleurs, les maladies cardiovasculaires sont devenues un vritable problme de sant du fait que leur incidence augmente dans tous les pays. Longtemps ngliges du fait de lampleur des maladies transmissibles, elles constituent dsormais la deuxime cause de mortalit, aprs le paludisme, dans les structures de sant Dakar. Ce sont des maladies chroniques, coteuses avec un lourd fardeau de morbidit et de mortalit. Parmi les facteurs de risque associs aux maladies cardiovasculaires, on peut noter lhypertension artrielle (50%), le tabagisme (47%), lobsit (23%), le cholestrol (12,5%) et le diabte (11,6%). Parmi ces maladies cardiovasculaires, linsuffisance cardiaque constitue un sujet de proccupation majeure car tant la premire cause

    3 Lobjectif du nombre dapprenants na pas t atteint en 2011.

    4 Avec lintroduction du Test de Diagnostic rapide.

  • Stratgie Nationale de Dveloppement Economique et Social Page 6

    dhospitalisation dans les services de cardiologie des hpitaux avec un taux qui tourne entre 37 et 40%.

    25. Sagissant du sida, 0,7 % des adultes sngalais gs de 15-49 ans sont sropositifs au VIH, en 2010-11. Ce taux est rest invariable par rapport 2005. Les femmes des rgions de Kdougou (2,5%) et de Kolda (2,4%), et celles de niveau primaire (1,2%) ont des taux de sroprvalence plus levs que les autres. Chez les hommes, cest dans la rgion de Kolda (2,4%) et, dans une moindre mesure, Tambacounda (1,2%) et Ziguinchor (0,9%) que le niveau de la sroprvalence est le plus lev. Le cot des traitements par les Anti-Rtro-Viraux a baiss de 90%.

    26. Quel que soit le type de mortalit, le niveau a sensiblement flchi. Dans la priode 2007-2011, 47 naissances vivantes sur 1000 sont dcdes avant datteindre leur premier anniversaire dont 29 entre 0 et 1 mois exact (soit une contribution de 61,7% la mortalit infantile) et 18 entre 1 et 12 mois exacts. Parmi les enfants ayant atteint un an, 26 nont pas atteint leur cinquime anniversaire. Par consquent, lobjectif5 de rduire de deux tiers le niveau de la mortalit infantile ncessite dimportants efforts en termes de prise en charge globale de la sant du nouveau-n, au risque de manquer la cible en 2015.

    27. Dans la mme veine, la mortalit infanto-juvnile demeure leve, malgr la baisse de 45% enregistre entre 1992 (EDS-2) et 2010-11 (EDS-MICS), anne o elle se situe 72 dcs pour mille naissances vivantes. Cette baisse sexplique, en partie, par une amlioration significative de la couverture vaccinale au niveau national, qui est passe de 59% 63% denfants de 12-23 mois. Ainsi, latteinte de lobjectif de rduire la mortalit infanto-juvnile 44 dcs pour mille naissances vivantes, lhorizon 2015, peut tre compromise.

    28. Sagissant de la mortalit maternelle, elle slve 392 dcs maternels pour 100000 naissances vivantes, en 2010-11, soit une baisse de 2% en 6 ans. Son rythme de rduction est trop lent pour atteindre la cible de lOMD qui est de 127 dcs pour 100000 naissances vivantes, lhorizon 2015. Toutefois, des efforts ont t consentis dans le domaine de la sant maternelle : la proportion daccouchements assists par un personnel qualifi est passe de 49% en 1999 65,1% en 2010-11 (EDS-MICS). Le taux de consultation prnatale6 est pass 93,3% en 2010-11, contre 74% en 2007. Parmi les causes de la mortalit maternelle se trouvent les pathologies obsttricales directes telles que les hmorragies, lhypertension artrielle et ses complications, les dystocies et les infections, mais aussi les causes obsttricales indirectes domines par lanmie et le paludisme.

    29. Toutefois, il convient damliorer davantage loffre en services de sant de la reproduction travers lacclration de la rduction de la mortalit maternelle et de la morbidit maternelle et nonatale. Cela prsage le repositionnement de la planification familiale afin de couvrir les besoins non satisfaits estims7 29,4%. La couverture de

    5 Par rapport au niveau de la mortalit infantile en 1992 (EDS-2) : 68.

    6 Couverture en soins prnatals, avec au moins une visite prnatale.

    7 EDS-MICS, 2010-2011.

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    ces besoins permet de rduire de 20 30% les dcs maternels8 et de 12 20% la mortalit infantile9.

    30. Par ailleurs, le taux de malnutrition chronique des enfants de moins de 5 ans a diminu de moiti, en passant de 30% en 2000 16% en 2011. Par contre, en 2011, prs dun enfant sur six (18%), contre 17% en 2005, souffrent d'insuffisance pondrale et 5% d'insuffisance pondrale svre (contre 3 % en 2005). En milieu rural, 21 % des enfants sont atteints de cette forme de malnutrition contre 12 % en milieu urbain. La prvalence de linsuffisance pondrale est leve dans les rgions de Sdhiou (27 %), Kolda (26 %), Saint-Louis (25 %), Matam (25 %), Kaffrine (24 %), Louga (23 %), Tambacounda (22 %) et Kdougou (21 %) ; dans ces rgions plus dun enfant sur cinq en sont atteints. Dakar est la rgion o la prvalence de l'insuffisance pondrale est la plus faible (9 %).

    31. Les principales contraintes la baisse de la mortalit maternelle et infanto-juvnile sont : i) les difficults daccs aux soins et aux mdicaments, ii) le temps mis pour accder une structure de soins et le prix moyen de la consultation pouvant galement tre un facteur dissuasif pour le recours aux soins ; iii) les ruptures de stocks de vaccins dans les postes et centres de sant ; iv) la capacit trs limite de mobilisation de ressources en faveur de la sant et v) linsuffisance de la sensibilisation et la communication entre les diffrents acteurs du secteur entranant une dmultiplication et une incohrence dans la mise en uvre des actions.

    32. En outre, des progrs notables dans laccs leau potable et des rsultats faibles pour laccs lassainissement ont t constats. On peut en dduire que si les tendances actuelles se maintiennent, lobjectif daccs leau pour 100% des populations urbaines et 82 % des populations rurales pourrait tre atteint. En effet, ce taux est pass, pour les populations urbaines, de 93% en 2006 98,797% en 2011. En milieu rural, ce taux est pass de 69,5% en 2006 80,1% en 2011. Au-del des acquis infrastructurels, le principal dfi demeure la fourniture rgulire en eau potable de qualit, pour toutes les rgions.

    33. Cependant, si des progrs satisfaisants ont t enregistrs dans laccs leau, cela nest pas le cas pour laccs lassainissement. Beaucoup defforts restent encore faire pour amliorer laccs des populations rurales un systme dassainissement amlior. Le taux daccs lassainissement en milieu urbain est pass de 62,0 % en 2005, 63,3% en 2011. En milieu rural, le taux daccs est pass de 26,2% en 2006 34,3% en 2011.

    34. Les cots levs et la faiblesse des investissements sont l'origine de linsuffisance des infrastructures dassainissement de base, surtout dans les zones rurales. A cela sajoutent le cot lev des infrastructures dassainissement individuel, la pauvret des mnages et les faibles ressources des collectivits locales. Enfin, la recrudescence des inondations en 2012 mettent en vidence le manque de cohrence entre la gestion de loccupation des zones dhabitat et les systmes dvacuation des eaux pluviales.

    35. En matire dhabitat et de cadre de vie, le Sngal essaie de faire face la dgradation physique qui rsulte, en grande partie, de lurbanisation galopante dcoulant de lexode rural. Dans la plupart des villes, les zones insalubres et impropres lhabitation

    8 Etat de la Population Mondiale, UNFPA, 2005

    9 Croissance dmographique et politique de population en Afrique subsaharienne, Banque Mondiale, Dcembre 1986.

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    reprsentent 30 40% de lespace occup, et concentrent une proportion importante de la population. Ainsi, loccupation anarchique de lespace, la taudification du bti, les problmes dhygine et de sant publique entrans par les inondations devenues rcurrentes, linscurit lie la mal-urbanisation sont un ensemble de facteurs qui ont amplifi la vulnrabilit des populations et favoris la dgradation du cadre de vie dans les quartiers populaires.

    36. Pour amliorer lhabitat et le cadre de vie, certaines contraintes devront tre leves : la rgularisation foncire dfaillante qui engendre des difficults daccs au foncier ; la trs faible participation des socits concessionnaires la viabilisation primaire des tablissements humains planifis ; labsence du financement public des Voiries et Rseaux Divers ; labsence dun fonds de garantie pour bonifier les taux dintrt des banques et acclrer le financement du logement social ; la fiscalit et les frais levs qui grvent le cot du logement social.

    37. Par ailleurs, concernant la politique environnementale, elle a toujours t axe sur la gestion rationnelle des ressources naturelles, dans une perspective de dveloppement durable. Malgr les efforts et les progrs raliss en matire de conservation de la biodiversit, la situation reste caractrise par une dgradation avance des ressources naturelles. Toutefois, des efforts significatifs ont t consentis travers les activits de reconstitution, reforestation, conservation et protection des ressources forestires, de la faune et de son habitat. Les actions ont impact sur la rgnration naturelle des cosystmes. Cependant, ladaptation aux changements climatiques constitue un nouveau dfi majeur avec notamment, le dveloppement des phnomnes tels que les inondations, lrosion ctire et la salinisation des eaux. Des solutions durables doivent tres trouves pour permettre aux populations de sadapter aux changements et de sortir de la pauvret.

    38. Du point de vue de la protection sociale, le Sngal a un niveau de couverture faible. Le filet de scurit social nest pas capable de ragir rapidement aux crises et daugmenter lchelle et lenvergure de rponses aux crises Les systmes formels dassurance maladie noffrent lopportunit de couverture du risque maladie quaux familles sngalaises dont le chef de famille est employ dans le secteur moderne. Ce dispositif qui ne prend en compte que 20% de la population, laisse en rade la majorit des sngalais (80%) employs dans les secteurs ruraux et informels. Cette situation a amen lEtat initier la Stratgie Nationale dExtension de la Couverture du Risque Maladie (SNECRM) qui sappuie sur le dveloppement des mutuelles de sant. Ainsi, le nombre de mutuelles de sant fonctionnelles est pass de 80 en 2003 237 dont 217 mutuelles de sant communautaires et 20 mutuelles denvergure nationale en 2011. Le nombre de bnficiaires est aujourdhui estim 609182. La faible couverture de la protection sociale, le ciblage peu optimal, le manque de coordination des interventions et des allocations de ressources inadquates demeurent les principales contraintes de la protection sociale.

    39. La mise en uvre de programmes de gratuit et de filets sociaux a permis damliorer laccs des groupes vulnrables aux services sociaux de base. Cependant, des difficults persistent dans la mise en uvre de certains programmes de prise en charge des personnes vulnrables. Il sagit de difficults lies au ciblage des bnficiaires, une insuffisance des ressources mobilises, des dysfonctionnements au niveau des systmes dinformation et la coordination des interventions, etc.

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    1.2. Croissance et pauvret montaire

    1.2.1. Profil de croissance conomique 40. La priode 2000-2011 est caractrise par des performances conomiques insuffisantes

    pour rduire la pauvret. Le taux de croissance du PIB s'est tabli en moyenne annuelle 3,9%, lgrement suprieur au crot dmographique (2,6%). Cette performance mitige, infrieure la moyenne de 5% enregistre entre 1995 et 2005, rsulte, en partie, des chocs exognes et dun rythme non soutenu des rformes relatives au climat des affaires. Cependant, il y a eu une aggravation des dficits intrieurs et extrieurs. L'volution du niveau gnral des prix au cours de la priode a pu tre matrise l'exception de lanne 2008 o l'inflation a lourdement ncessit des mesures de sauvegarde. Les perspectives de dveloppement du Sngal ont surtout t assombries par la crise financire et conomique de 2008-2009.

    41. La tendance la hausse de la consommation finale a entam l'effort l'pargne. Au cours de la priode, elle a augment de plus de 3,9% chez les mnages et de 3,8% dans lAdministration publique. Cependant, la prvalence10 de linscurit alimentaire au niveau des mnages est de 15,1% en milieu rural et 8,5% en milieu urbain.

    42. Paralllement, le dficit budgtaire a atteint des niveaux relativement levs. Son accroissement souligne la ncessit damliorer la qualit de lallocation des crdits et dexcution des dpenses publiques. Corrlativement, lencours de la dette publique aussi bien intrieure qu'extrieure a augment de manire remarquable ces quatre dernires annes, en dpit des annulations de dette enregistres dans le cadre des initiatives PPTE et IADM. Lencours total de dette extrieure a ainsi atteint 39,7 % du PIB en 2011, contre 26,0 % en 2008. Les ratios du service de la dette rapports aux recettes budgtaires se sont dtriors. Cette nouvelle tendance de la dette pourrait remettre en cause sa viabilit, bien quelle soit en dessous du plafond communautaire.

    43. Le taux dinvestissement, atteignant parfois des niveaux intressants, est rest en moyenne autour de 22% en termes rels. Cette volution reste explique par les externalits positives, travers lamlioration des infrastructures publiques. Toutefois, les Investissements Directs Etrangers (IDE) ont t relativement faibles (58 millions de dollars US), avant de connatre un dynamisme entre 2005 et 2009. Ils reprsentent en moyenne 8% de la FBCF. Ce faible niveau dinvestissement reste li un environnement des affaires peu attractif. Sur ce plan, le Sngal a t class, par le "Doing Business", la 154me place sur 183 pays, en 2011, puis la 166me place sur 185 pays, en 2012. Malgr les rformes inities depuis 2003, les transactions relatives la proprit ainsi que l'accs au crdit et llectricit font encore l'objet de lourdeurs administratives. En plus de sa faible progression, linvestissement est caractris par une rpartition spatiale ingalitaire ainsi qu'une allocation sectorielle dsquilibre. Il na pas profit significativement aux populations pauvres.

    44. La dcennie 2000-2011 a t marque par une performance limite des exportations, attnue par laugmentation des prix mondiaux de certains produits exports : elles ont augment en volume de 2,6% par an sur la priode, soit plus lentement que le PIB. Ainsi, la balance commerciale du Sngal reste dficitaire : elle est, en moyenne, de 15,3% entre 1999 et 2008. Cette situation sest accompagne dune perte de parts de

    10

    Mesure laide du score de consommation alimentaire.

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    march au niveau mondial. Le dficit structurel de la balance commerciale des biens et services non-facteurs rapport au PIB est pass de 8% en 2000 prs de 12% en 2010. De fortes amplitudes sont notes, surtout en 2007 et 2008, en raison du renchrissement des produits imports. Lconomie sngalaise bnficie en revanche dimportants revenus de transferts privs11 et publics (aide internationale) contribuant l'amlioration du dficit du compte courant.

    45. Le faible niveau de la croissance de l'conomie sngalaise rsulte des facteurs suivants : i) la prpondrance du secteur informel, peu productif, dans la cration de richesse et demplois 12 ; (iii) les chocs exognes qui soulignent la fragilit des fondements productifs de l'conomie sngalaise et ii) les impacts relativement limits des politiques publiques sur la croissance conomique. L'conomie sngalaise reste domine par une production de biens faible valeur ajoute et repose sur des schmas de spcialisation bass sur des produits peu dynamiques qui n'ont pas permis une insertion russie dans l'conomie mondiale.

    1.2.2. Incidence de la pauvret 46. Le caractre faible et erratique de la croissance conomique risque de compromettre les

    chances datteindre lobjectif de rduction de moiti de lincidence de pauvret (34%). Lapproche retenue de la notion de pauvret met laccent sur la prcarit qui affecte plusieurs domaines de lexistence humaine. Une approche empirique de la pauvret est traduite par un panier de biens alimentaires et non-alimentaires, indispensables, chaque individu ou groupe dindividus, pour vivre dans des conditions dcentes.

    47. Daprs les rsultats provisoires de la deuxime enqute de suivi de la pauvret au Sngal en 2010-11, le rythme de rduction de la pauvret a volu positivement. En effet, la proportion dindividus vivant en dessous du seuil de pauvret13 a connu une baisse, passant de 55,2% en 2001 48,3% en 2005, avant datteindre 46,7% en 2011. Entre 2005 et 2011, elle a recul lgrement Dakar et en milieu rural et sest stabilise dans les autres centres urbains.

    Tableau 1: Evolution des indicateurs de pauvret au Sngal, 2001-2010.

    Dakar Autre Urbain Rural National Anne 2001

    Incidence de pauvret 38,1 45,2 65,2 55,2 Profondeur de pauvret 10,2 13,4 21,2 17,3 Svrit de la pauvret 3,8 5,5 9,2 7,3

    Anne 2005 Incidence de pauvret 28,1 41,4 59 48,3 Profondeur de pauvret 6,8 11,6 20,2 15,5 Svrit de la pauvret 2,4 4,8 9,5 7

    Anne 2011 Incidence de pauvret 26,2 41,3 57,3 46,7 Profondeur de pauvret 5,8 13,1 18,7 14,6

    11

    800 milliards FCFA, en moyenne par an lis lmigration dont plus de 90% sont utilis des fins de consommation. 12 le secteur formel public et priv ne reprsente que 6% des emplois totaux 13 aprs ajustements de lESPS-II, 2010-11.

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    Svrit de la pauvret 2,1 5,9 8,7 6,6 Source : Enqute de Suivi de la Pauvret au Sngal (ESPS_II), ANSD, Dakar, Sngal

    48. En 2011, les rgions de Kolda (76,6%), Kdougou (71,3%), Sdhiou (68,3%), Fatick (67,8%) et Ziguinchor (66,8%) ont prsent les niveaux de pauvret les plus levs. Par ailleurs, lincidence de la pauvret montaire est de 34,7% chez les personnes vivant dans des mnages dirigs par des femmes contre 50,6% chez les personnes vivant dans les foyers dirigs par des hommes. Ltat matrimonial du chef de mnage exerce une diffrenciation : lincidence de pauvret est de 36,3% chez les personnes vivant dans des mnages dirigs par des clibataires, 46,7% chez les mnages monogames et 50,1% chez les mnages polygames. Le taux de pauvret des personnes vivant dans des mnages dirigs par des clibataires est 16,4% Dakar, 39,0% dans les autres villes et 49,4% en milieu rural. Les mnages dirigs par des personnes ges de plus de 60 ans, souvent inactives ou retraites, sont plus touchs par la pauvret ; les personnes du troisime ge (plus de 60 ans) reprsentant 38,7% de leffectif total des pauvres au niveau national.

    1.3. Institutions et rles des acteurs 49. La Rpublique du Sngal a connu deux alternances politiques en 2000 et 2012, qui se

    sont droules dans la stabilit et la paix. La Constitution confre au pouvoir excutif, en particulier au Prsident de la Rpublique, le rle central de dterminer et dexcuter la politique conomique. Bien que les pouvoirs excutif, lgislatif et judiciaire soient spars dans la Constitution, des dysfonctionnements ont t observs dans la pratique. L'exigence d'quilibre des pouvoirs s'accommode difficilement des faiblesses et dysfonctionnements observs dans le systme actuel de gouvernance. La pauvret reste un phnomne essentiellement rural, mme si en milieu urbain, la vulnrabilit des mnages est assez notoire. Plus que la stagnation, de manire proccupante, la profondeur et la svrit de la pauvret ont plutt augment, induisant une aggravation de la situation des plus pauvres.

    50. Le Parlement qui tait, jusqu' une priode rcente, bicamral, est exerc par la seule Assemble nationale (AN) avec une reprsentation plurielle renouvele composes de 43,3% de femmes. Aprs plusieurs lgislatures, le Parlement souffre encore dune faiblesse de ses capacits qui ne lui permet pas d'assurer un contrle budgtaire et un suivi des impacts populationnels des politiques publiques.

    51. La Justice est caractrise, dans son fonctionnement, par la complexit et la lourdeur de ces procdures en dpit des rformes rcentes, limitant ainsi son efficacit. Ladministration publique s'est inscrite dans une dynamique de rationalisation et de qute de d'efficacit pour amliorer la qualit du service public. Les nombreux audits stratgiques et organisationnels, s'ils ont permis des mesures, nont pas encore conduit des rformes significatives.

    52. La politique de dcentralisation se heurte encore de nombreux obstacles. Les contraintes la promotion dune bonne gouvernance locale sont dordres institutionnel, organisationnel et financier. En effet, les difficults rsident dans labsence dun cadre juridique pour lamnagement du territoire et la gestion des collectivits locales ; la

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    mauvaise dlimitation des collectivits locales et labsence de cadastre rural ; la non utilisation de certains mcanismes financiers (par exemple les contrats plans) prvus par la loi ; la faible prise en compte des enjeux spatiaux dans les politiques publiques de dveloppement notamment dans lallocation des ressources dinvestissement; la centralisation de l'conomie qui n'a pas laiss beaucoup de marges d'autonomie aux initiatives rgionale et locale. Aux contraintes la promotion dune bonne gouvernance locale, sajoutent : labsence dun plan de renforcement de capacits dans certaines collectivits locales ; la faible synergie entre les acteurs du dveloppement local ; labsence dharmonisation des calendriers, des cycles de planification et des interventions des partenaires ; la faible articulation des plans des collectivits locales avec la planification sectorielle ; la faible prise en compte de la dimension spatiale dans la planification locale ; la multiplicit des cadres de concertation et dharmonisation ; la faible considration de la collectivit locale dans la matrise douvrage.

    53. Les systmes de gestion des finances publiques et des marchs publics du Sngal se sont prts depuis 2002, plusieurs exercices dvaluation de leurs performances. La dmarche a ainsi permis de mettre en uvre des programmes damlioration des pratiques. Les derniers exercices en date ont port sur la deuxime valuation des performances de la gestion des finances publiques suivant lapproche du PEFA ralise en mars 2011 et la deuxime valuation du systme national des marchs publics suivant les indicateurs de lOCDE (Banque mondiale CAD/OCDE) de 2010.

    54. Dans les domaines de la gestion budgtaire et comptable, ladoption du Plan des Rformes Budgtaires et Financires en 2009 a permis de raliser des progrs importants dans lamlioration de la crdibilit du budget, lexhaustivit et la transparence budgtaires, la prparation et larticulation du budget sur les politiques publiques avec lintroduction et llargissement graduel des programmes pluriannuels de dpenses publiques. Ces progrs ont t galement nots dans les domaines de la prvisibilit et du contrle modul de lexcution du budget, la tenue de la comptabilit publique et la reddition des comptes. Ils devront se consolider avec lapplication progressive, partir de 2012, des fondamentaux des rformes et des innovations majeures inspires par la nouvelle gestion publique introduite par les nouvelles directives du cadre harmonis des finances publiques adoptes en 2009 par la Commission de lUEMOA.

    55. Dans le domaine de la gestion de la commande publique, en dpit des rvisions notes en 2010 dans les dispositions du Code des marchs publics puis corriges par le retour lorthodoxie, les progrs en consolidation visent inscrire durablement le systme national dans les meilleures pratiques en la matire.

    56. En outre, lEtat a opt pour une implication des principaux acteurs la formulation et la mise en uvre des politiques de dveloppement. Dans ce contexte, les organisations de la socit civile et du secteur priv entendent consolider leur rle de participation citoyenne dans la recherche du dveloppement conomique et social. Cependant elles restent confrontes un ensemble de contraintes telles que : (i) la faiblesse de capacits valuatives (ii) les difficults daccs l'information stratgique sur les finances publiques et la situation dexcution des projets et programmes publics et (iii) l'absence d'un cadre de concertation fonctionnel et durable.

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    1.4. Contraintes structurelles 57. La structure des sources de la croissance nest pas assez diversifie. Les principales

    contraintes des secteurs conomiques sont lies la faible productivit des facteurs de production et leurs cots encore levs, au capital humain peu dvelopp et aux difficults dans laccs au financement pour les PME. Lconomie souffre de dficits dinfrastructures en quantit et en qualit, de la faiblesse du tissu industriel et dun faible niveau des investissements privs dans les secteurs productifs.

    1.4.1. Faible productivit 58. Depuis la dvaluation du franc CFA de 1994, la base de la croissance a t porte par

    les BTP, les tlcommunications, les activits industrielles, le tourisme et le commerce, au dtriment de lagriculture qui occupe encore plus de la moiti de la population. Cette composition sectorielle de la croissance explique la persistance de la pauvret en milieu rural et dans les priphries des villes o la main-duvre se confine dans des activits de survie caractristiques du secteur informel. De manire gnrale, la faible productivit de lagriculture ainsi que la part encore importante du secteur informel expliquent la faible productivit globale de lconomie sngalaise avec, comme corollaire, un taux dpargne galement faible.

    59. Globalement, les sous-secteurs de lconomie primaire souffrent de difficults daccs aux intrants de qualit, de labsence douvrages et dinfrastructures modernes de production. Le sous-secteur agricole fait face un certain nombre de difficults dont celles lies laccs aux facteurs de production ; au faible niveau de mise en valeur des amnagements ; la forte dpendance aux cultures pluviales ; la non disponibilit des semences de qualit ; linadquation de la politique foncire ; aux difficults daccs aux marchs et la faible valorisation des produits exports. Quant au sous-secteur de llevage, les contraintes qui entravent son dveloppement sont relatives, entre autres, au faible niveau de production des races locales, linsuffisance dinfrastructures physiques de base, la forte comptition agriculture-levage pour loccupation des terres et labsence de circuits modernes de transformation et de commercialisation des produits animaux. De mme, dans le domaine de la scurit alimentaire, le Sngal fait face aux difficults daccs des populations des produits alimentaires de qualit et en quantit suffisante mais aussi une instabilit dans la couverture des besoins alimentaires.

    60. Lindustrie, pour sa part, est confronte une insuffisance de production, de comptitivit, un dficit des capacits des entreprises industrielles, une faiblesse gographique et structurelle du tissu industriel. Sur le plan oprationnel, les initiatives sont encore timides au niveau du cadre de partenariat entre lEtat et le secteur priv, particulirement la promotion de linitiative entrepreneuriale, lclosion de linnovation par la recherche-application, la formation des futurs champions des diffrents secteurs et le dveloppement du capital-risque. Le dficit nergtique et la faiblesse des plateformes infrastructurelles plombent la performance et la comptitivit des industries, en occasionnant des surcots significatifs.

    61. En ce qui concerne lartisanat, le manque de comptitivit des biens et services artisanaux est induit par la faiblesse des capacits de production et dorganisation des artisans, linsuffisance et linadaptation des circuits de commercialisation. Quant au tourisme, il enregistre un manque de visibilit de la destination Sngal, d

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    principalement linsuffisance de la structuration et la faible qualit de loffre et au manque de dynamique multisectorielle.

    62. Par ailleurs, les contraintes lessor du commerce se traduisent par des perturbations dans lapprovisionnement du march intrieur, combines des prix levs des biens et services de consommation. Elles sont lies quatre causes majeures : une insuffisance des moyens dintervention et de surveillance des marchs et circuits de distribution, une insuffisance quantitative et qualitative de loffre de biens et services tant pour le march intrieur que pour le march extrieur, un manque de concurrence entre acteurs privs et un engorgement des circuits de commercialisation.

    63. Sagissant du sous-secteur de lnergie, il continue de peser sur la performance de toutes les composantes de lconomie nationale. Ce sous-secteur est marqu, entre autres, par le faible volume de loffre et la qualit du service de llectricit en zones urbaine et rurale ; des dlestages rcurrents qui entravent les performances des activits conomiques ; un manque dinformation et de sensibilisation sur lutilisation rationnelle de lnergie et la dfaillance technique des oprateurs publics et privs. Cette situation est imputable la dpendance quasi exclusive aux importations de ptrole et labsence de mcanismes adquats damortissement des chocs exognes. La faible capacit de raffinage, la vtust de la logistique au niveau du port de Dakar, lobsolescence des infrastructures de production et de transport ne militent pas en faveur dune politique defficience nergtique et de diversification des sources dnergie.

    64. Pour le sous-secteur du transport, il reste confront, entre autres, ltroitesse du rseau routier national ingalement rparti, linsuffisance de loffre de services de transport public urbain et la vtust du parc automobile et des infrastructures ferroviaires et portuaires.

    1.4.2. Capital humain peu dvelopp 65. Les capacits humaines sont les comptences, les connaissances et aptitudes qui

    permettent une socit de crer le capital et la technologie, de transformer de manire durable et valoriser les ressources naturelles pour le grand usage et de promouvoir un environnement favorable lamlioration de la productivit. Linsuffisance du capital humain est longtemps reste un facteur explicatif du niveau de productivit. Elle se mesure par le niveau de formation et dacquisition de connaissance par lexprience professionnelle dune part, et les dpenses de sant dautre part. Des hommes, bien forms et bien soigns, constituent des sources de production de biens et services et participent de la comptitivit du fait de lexistence de fortes complmentarits entre les facteurs de production, le capital humain et le capital physique.

    66. Dans certains pays en dveloppement, des tudes ont rvl un impact significatif de lducation et la formation sur la croissance conomique (une contribution la croissance de 23,2% pour le Ghana, 16% pour le Nigeria, 15,9% pour la Core). Le dveloppement du capital humain comme objectif principal damlioration de la comptitivit suppose une volution positive des indicateurs de lducation et de la sant.

    67. Cependant, au Sngal, les niveaux dducation et de comptence sont encore relativement bas et les domaines couverts trop limits. Il en dcoule une productivit

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    faible en raison dune mauvaise matrise et dun faible degr dapplication de la science et la technologie. Ce qui conduit lutilisation de techniques de production demeurant un niveau rudimentaire. Selon les statistiques tires de la dernire enqute sur la pauvret au Sngal (ESPS-2011), 72,4% des chefs de mnage nont aucun niveau dinstruction.

    1.4.3. Faible accs au financement 68. Le rle du secteur priv est limit essentiellement par le faible niveau des

    investissements privs surtout au niveau du secteur informel ; les difficults daccs au financement et au foncier; un environnement des affaires peu propice linvestissement priv et le mode dorganisation des entreprises peu favorable leur expansion.

    69. La taille du systme financier14 a connu une nette volution sur la priode 2000-2011, passant de 22,5% 39,8%. En outre, la vaste campagne de promotion de la bancarisation et de lutilisation des moyens de paiements scripturaux a engendr une amlioration du taux de bancarisation qui est pass de 6,2% en 2009 prs de 19%15 en fin 2010. Le crdit intrieur est pass de 1122 milliards en 2006 2122 milliards de FCFA en 2011, avec une part prpondrante du crdit lconomie.

    70. Par ailleurs, le systme financier est marqu par une forte concentration des crdits allous par les banques au profit de grandes entreprises. Sagissant de la rpartition par secteur dactivit en pourcentage du total des prts entre 2006 et 2010, les services, les transports et les communications sont passs de 30% 34,5% alors que lindustrie reprsente 28,9% et 21%. Le troisime secteur dactivit constitu par le commerce de gros et de dtail saffiche 18,9% en 2006 et 2010.

    71. En outre, il convient de noter que le crdit intrieur octroy au secteur priv en pourcentage du PIB dpasse lgrement la moyenne pour les pays bas revenu en Afrique : il passe de 23% en 2006 29% en 2011. Toutefois, il importe de le renforcer dans loptique de pallier les difficults daccs au financement rencontres par les entreprises. Les PME et PMI accdent difficilement au financement, en raison des niveaux levs de garanties bancaires exiges qui peuvent atteindre en moyenne 150% de la valeur des crdits demands, selon le secteur. Aussi, ont-elles recours des solutions alternatives coteuses comme lautofinancement et le crdit fournisseur ou aux Systmes Financiers Dcentraliss (SFD) qui sont confronts la faiblesse de leurs capacits de financement et la difficult de refinancement. Le recours au march financier sous-rgional demeure trs marginal du fait dun manque de promotion de la culture boursire. La diversification et ladaptation des produits ainsi que la rforme des garanties exiges demeurent des dfis lexpansion du march financier.

    72. En matire de microfinance, les obstacles auxquels les SFD sont confronts sont : linsuffisance de la supervision, la dgradation du portefeuille de crdit et le manque de fiabilit des informations communiques par certains SFD. Ces derniers souffrent galement de labsence dun fonds de garantie des dpts, labsence de matrise du cycle et des caractristiques des filires agricoles existantes et des chanes de valeur qui les composent, labsence dune culture dpargne et des difficults de formulation des besoins dans le monde rural. Ces contraintes engendrent la pratique de Taux

    14 Mesure par la masse montaire M2 en pourcentage du PIB

    15 Ouvertures de comptes dans les banques, les institutions de microfinance et le rseau postal

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    Effectifs Globaux (TEG) moyens se situant entre 12% et 40% en 2010, alors que le taux dusure fix au niveau communautaire est de 27%.

    1.5. Principaux dfis

    1.5.1. Bonne gouvernance et tat de droit 73. Les variables politico-conomiques comme la dmocratie, la primaut du droit,

    lexistence dinstitutions fonctionnelles et efficaces, la reddition des comptes, lintgrit et une bonne gestion des affaires publiques, constituent des lments qui participent la croissance et la comptitivit. Labsence ou la faiblesse de ces diffrents facteurs est lorigine de contreperformances et distorsions prjudiciables une allocation optimale des ressources.

    74. Des rformes de ladministration publique ont t inities, dans le cadre des diffrentes politiques. Toutefois, elles sont restes essentiellement axes sur la qualit du cadre macroconomique qui a t peru comme le dterminant le plus important de la croissance. La dficience du mode dorganisation et des systmes dincitation, c'est--dire le cadre institutionnel devant sous-tendre les relations et les rapports entre les diffrents acteurs de la socit constitue une contrainte majeure pour l'mergence. Les distorsions existant dans le fonctionnement des institutions de la Rpublique peuvent tre lorigine des contreperformances socio-conomiques. Les difficults de communication et de coordination des rles des diffrents acteurs que sont lEtat, les acteurs de la dcentralisation, la socit civile et le secteur priv entranent linefficacit des institutions. La faible application des rgles, laccs difficile des citoyens linformation et aux services publics, la lenteur dans les procdures, le manque de transparence, la corruption, lutilisation des services publics et des biens de la communaut au dtriment de lintrt gnral favorisent une mauvaise allocation des ressources et dbouchent sur de faibles rsultats conomiques et sociaux.

    75. Par ailleurs, la gouvernance administrative requiert la modernisation physique et oprationnelle des structures, la valorisation des ressources humaines, larticulation intelligente des diffrents programmes, la promotion du processus participatif dans laction publique et la simplification des procdures. Elle doit galement sexercer dans une culture de gestion axe sur les rsultats.

    1.5.2. Prservation et restauration des ressources naturelles 76. Lutilisation abusive des ressources naturelles, pour des besoins dexploitation, constitue

    la principale justification de ltat de dgradation de lenvironnement. Avec les options de cration dopportunits pour les populations, ce dfi relatif lenvironnement semble demeurer trs important pour les secteurs de lagriculture, la foret et la pche. Les menaces environnementales sont devenues relles et se manifestent entre autres, dj par la baisse de la pluviomtrie, une biomasse en constante baisse, des sols de moins en moins productifs. Sans une gestion efficace qui renverse la tendance, il demeure impossible de sattendre une croissance continue de la production.

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    77. Cette exigence est plus prononce dans le secteur agricole o le capital naturel constitue le principal moyen de production et les systmes dexploitation agissent directement sur lacclration de la dgradation. Avec le dveloppement des intrants organiques et lutilisation des moyens de production moins agressifs, les chances daccrotre la productivit et damliorer les revenus des acteurs deviennent nombreuses et le respect du principe de solidarit intergnrationnelle est acquis. Il sagira enfin de sinscrire dans la dynamique de renversement de la tendance, en construisant des systmes dincitation favorables une croissance durable et la prservation des ressources naturelles.

    78. Il reviendra galement dans le choix de nos politiques, de veiller la prservation de la biodiversit, la cration demploi, en vue de rduire la pauvret.

    1.5.3. Profil de lentreprenariat et cration demplois 79. Compte tenu de son profil dmographique, le Sngal est confront lobligation de

    crer, chaque anne, des milliers demplois alors que la configuration actuelle de lappareil conomique ne produit pas suffisamment dopportunits demploi. Loffre nationale demploi est largement infrieure la demande. Ltat a multipli les initiatives de lutte contre le chmage. Lauto-emploi et lentreprenariat ont t promus. Malheureusement, la plupart des entreprises sngalaises voluent dans un modle dentreprenariat qui les lie directement aux finances publiques.

    Encadr 2: Typologie des modles d'entreprenariat

    Miser sur lentreprenariat pour crer des emplois, cest, avant tout, distinguer les diffrents profils dentreprenariat, qui sont au nombre de trois. Le premier, appel Business to Government B2G , concerne les activits commerciales reliant les entreprises prives aux services tatiques. Les entreprises de ce profil vivent gnralement de la commande publique. Le second type, Business to Consumer B2C , qualifie les transactions dentreprises vers les particuliers ou consommateurs finaux. Enfin, le dernier modle, dsign par lappellation Business to Business B2B , caractrise les changes entre entreprises.

    80. A cause de sa faiblesse et de son profil, le secteur priv national embauche un rythme insuffisant pour absorber la demande nationale. Sa concentration sur le modle B2G fragilise le potentiel de cration demplois car toute difficult de trsorerie publique rend amorphe le secteur priv. Par ailleurs, la fonction publique traditionnelle ne peut tre une source de cration massive demplois. Avec la promotion des TIC au sein de ladministration publique et le souci de limitation des dpenses publiques, les recrutements massifs ou le remplacement systmatique de chaque dpart la retraite ne sont plus opportuns.

    81. Ainsi, le dfi majeur relever est dinciter lentreprenariat comptitif, sous les modles B2B et B2C formels, dans les domaines et secteurs porteurs, travers des structurations conomiques en chaines de valeurs.

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    Chapitre II : Stratgie de Dveloppement Economique et Social 2013-2017

    2.1. Enjeux 82. Llaboration de la politique conomique et sociale seffectue dans un contexte difficile,

    avec dune part une transition dmographique qui exerce une forte pression sur le march du travail, les structures sanitaires et ducatives, lurbanisation, et dautre part, une croissance conomique relativement faible et erratique. La SNDES doit apporter des rponses pertinentes pour replacer lconomie sngalaise sur un sentier de croissance plus lev et rgulier. Il sagira de mettre en uvre les rformes aptes provoquer les regains de productivit indispensables au dveloppement et poser ainsi les jalons dun nouveau modle de croissance conomique.

    2.1.1. Efficience des politiques publiques 83. Llaboration des politiques publiques adquates met en exergue le rle prpondrant

    des cellules de planification sectorielles et constitue un pralable la mise en uvre de la SNDES. Dans une optique defficacit et defficience, des ajustements doivent tre oprs dans les domaines suivants : la qualit des systmes dinformation tels que le systme statistique national, la slection des instruments de pilotage, lvaluation des dispositifs de mise en uvre des politiques publiques, le renforcement des capacits danalyse des politiques publiques, et enfin, lvaluation des impacts de la politique conomique et sociale.

    84. Ensuite, il sagira de conserver un cadre macroconomique sain et conforme au nouveau modle de croissance et dlaborer des politiques sectorielles pertinentes, sous-tendues par des rformes structurelles. Ces rformes concerneront, au premier plan, les systmes dincitation en faveur de leffort et du travail, de la prise de risque rationnel, de lentreprise et du profit, en contrepartie de la rente et lintrt. Ainsi, lconomie nationale, aussi bien la sphre relle que celle financire, devra, par la rgulation et les incitations du march, satteler relever le niveau de vie des populations et rpondre aux dfis de la transition dmographique.

    85. La politique montaire devra contribuer la mise en place dune infrastructure financire performante, tout en prenant des mesures de garantie qui favorisent la prise de risque, en particulier par les banques.

    86. Lorganisation et la planification stratgique et oprationnelle, parachveront ces systmes dincitation. Toutes les organisations qui participent, directement ou indirectement, la cration de richesse et lamlioration de lefficacit de laction collective, devront tre concernes par le nouveau systme dincitation. Il faudra garantir lefficacit des marchs, le maintien de la concurrence et apporter le concours des ressources publiques afin de renforcer la comptitivit du secteur priv.

    2.1.2. Viabilit du cadre macroconomique 87. LEtat veillera la stabilit du cadre macroconomique par la maitrise du dficit public,

    la rduction du dsquilibre extrieur, dans une optique damlioration significative des conditions de vie des populations.

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    88. A cet gard, la croissance de la production doit s'tablir sur des fondements plus solides, par une politique de rpartition des revenus qui favorise d'abord le travail productif, rcompense l'initiative prive et attnue certaines formes de disparits, notamment celles rgionales. L'allocation des ressources devra s'orienter en direction des activits qui dgagent le maximum de valeur ajoute et qui crent le plus grand nombre d'emplois. Cela impose un ciblage efficace des interventions en vue dune affectation optimale des ressources publiques.

    89. La rduction du dficit de la balance commerciale par des exportations plus dynamiques et par une plus grande slectivit des importations, une contribution significative de la production agricole dans la cration des richesses, un climat des affaires propice linvestissement et la prise de risque, une amlioration de la comptitivit, devraient contribuer placer lconomie nationale sur la trajectoire de la prosprit.

    90. La croissance de la production devra reposer sur des fondements plus solides et une rpartition des revenus plus encline au travail productif et la rduction des disparits sociales et spatiales. Dans une conomie caractrise par une raret des ressources, les arbitrages budgtaires devront bnficier des meilleurs clairages possibles, afin de garantir lefficacit des dpenses publiques. Paralllement, la politique dendettement ne devra plus tre value sur la base de critres de viabilit uniquement, mais surtout, partir des considrations relatives au cot dopportunit du capital et des meilleurs usages alternatifs que permettent les frontires de possibilit de lconomie.

    91. La formulation de la politique devra tre issue d'un large processus de concertation, aux niveaux national et rgional avec la participation de tous les acteurs (tatiques, privs, socits civiles et bnficiaires). Ce processus participatif devra permettre pour chaque secteur et chaque rgion, de faire le bilan d'excution des politiques conomiques sur les dernires annes, de dgager les grandes orientations, d'identifier les potentialits, de retenir les priorits et les mesures d'accompagnement ncessaires la russite de la nouvelle politique. C'est autour de ces lments stratgiques que la SNDES entend mobiliser lensemble des acteurs au dveloppement.

    2.1.3. Fentre dopportunit dmographique 92. La politique conomique et sociale ainsi conduite devra bnficier en dernire instance

    aux populations. En effet, linteraction entre la dmographie et lconomie sera au cur de la problmatique du dveloppement conomique et social.

    93. La population sngalaise se caractrise par sa jeunesse. Le ratio de soutien conomique qui mesure la capacit de la population contribuer la production courante est en hausse depuis 1998 et se maintiendra jusquen 2025, avant dentamer sa baisse. Le Sngal devra donc tirer profit de la structure par ge de sa population entre 2000 et 2025, priode o il disposera dune population active massive qui doit contribuer la production nationale.

    94. Avec la baisse attendue du ratio de dpendance dmographique 16 , une fentre dopportunit dmographique est ouverte (2000 2025). Cette tape correspond la priode o des politiques proactives devraient tre mises en uvre pour bnficier de linfluence positive de la dmographie sur la croissance conomique. En effet, si des

    16

    Rapport entre la population inactive et la population en ge de travailler, susceptible de verser des cotisations sociales.

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    politiques conomiques et sociales adquates y sont mises en uvre, des effets significatifs seront enregistres dans la lutte contre la pauvret. Passe cette priode, les fruits de la croissance conomique risquent dtre absorbs par laugmentation de la population inactive.

    95. Si la jeunesse de la population est un atout majeur pour la croissance conomique, elle reprsente cependant un enjeu primordial pour les services sociaux de base. La recherche d'une meilleure couverture sanitaire, dun systme ducatif de qualit, laccs l'eau, l'assainissement et un cadre de vie dcent, constituent autant dinvestissements raliser. Par ailleurs, il faut assurer la protection contre les flaux sociaux, lradication de lexploitation des enfants et le renforcement de loffre de services de promotion du civisme et de lducation citoyenne.

    2.2. Vision et stratgie d'intervention sur la priode 2013-2017

    96. La socit sngalaise s'est accorde sur une vision long terme reposant sur la finalit dune mergence dans la solidarit intra et intergnrationnelle . Lmergence dans la solidarit concilie la responsabilit et la libert, lefficacit et la justice et enfin, lconomique et le social. A travers cette vision, le Sngal a mis sur les valeurs politiques qui rgissent les rapports entre les tres et galement sur les principes de rationalit, de matrise et defficacit. Ainsi, en 2035, la socit sngalaise devrait jouir dune forte accumulation de biens matriels et immatriels, caractrise par des niveaux de vie levs.

    97. La SNDES, s'inspirant de cette vision, trace la voie jusquen 2017, afin de circonscrire la trajectoire de lhorion 2035. Toutefois, le succs de la politique conomique et sociale est conditionn par une bonne assise des fondements structurels aptes impulser le dveloppement. En effet, le progrs conomique et lpanouissement social ne peuvent se concevoir sans lassurance dune paix durable aussi bien au niveau national quau-del des frontires. Le contexte actuel de la mondialisation est dautant plus rel quil rappelle lobligation dintgrer les implications de la gopolitique, de lintgration rgionale et des engagements internationaux.

    98. Lavenir du Sngal repose entre les mains de sa population qui croit au mrite, lambition et lengagement, quel que soit le domaine dactivit. Ces valeurs sont dfendues, appliques et sauvegardes par des citoyens imprgns dthique, de dontologie et de civisme. Mener le Sngal au dveloppement est une responsabilit collective, bannissant toute exclusivit corporatiste ou litiste. Enfin, une forte implication des citoyens imposera aux dcideurs politiques la transparence et la reddition de compte dans la gestion publique ainsi que la technicit et lhumilit dans les orientations stratgiques dont toute la nation assumera les consquences.

    99. Par ailleurs, il importe de mettre en place un environnement juridique propice au dveloppement et veiller la dconcentration et la dcentralisation des ressources humaines et financires, laune des comptences transfres. La cration dun niveau de richesses soutenu et durable, apte rduire les ingalits sociales, implique un respect strict des rgles de gestion des finances publiques ; do un impratif de rsorption des dficits macroconomiques et de matrise du niveau et du rythme dendettement.

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    100. Les volumes significatifs dinvestissement productif et la dynamique en diplomatie conomique concourent lclosion des initiatives prives et lafflux de capitaux trangers. En outre, le rle du systme bancaire et financier dans la fourniture de capital est recentr et largi en facilitant, dune part laccessibilit des PME/PMI au crdit bancaire classique et promouvant, dautre part le recours au march financier. Dans cette mme veine, le cadre juridique et rglementaire des affaires est adapt, en concertation avec les acteurs cibls. La restauration du tissu conomique qui en rsulte permet aux entreprises cres de pallier la dpendance la commande publique et dabsorber la main duvre disponible, en alternative au recrutement dans la fonction publique.

    101. Ces initiatives de soutien la croissance concourent accrotre la comptitivit nationale en ce quelles constituent des facteurs de productivit globale. Au demeurant, la Stratgie ambitionne dintensifier la production de biens et services, par lentremise du dveloppement de lconomie agricole, le redressement de la filire industrielle et laugmentation de la fourniture de services. Dans cette dynamique, les ples rgionaux de croissance sont mis en exergue afin dimpulser un nouvel lan de dveloppement conomique et social sur lensemble du territoire national. Ainsi, latteinte de la scurit alimentaire et la promotion des exportations en seront dautant plus facilites que la production nationale couvre les besoins exprims.

    102. Eu gard son rle crucial, la Stratgie met un accent particulier sur la promotion du capital humain. En effet, lefficience du niveau de production est tributaire de la qualit de la main duvre employe. Ceci implique lexistence dun systme ducatif et sanitaire capable de fournir des ressources humaines satisfaisant les exigences du march du travail. Par ailleurs, la mise en place dun cadre propice au dveloppement durable, la gestion des risques et catastrophes et la rduction des vulnrabilits participe de cet effort.

    2.3. Objectifs stratgiques

    103. Dans son ensemble, la SNDES vise lacclration de la croissance conomique et de lamlioration de la productivit. Elle pose de manire stratgique les orientations dans les secteurs productifs et dappui la production dans le premier pilier. La composante principale de ce pilier est la Stratgie de Croissance Acclre (SCA). Par cette stratgie, lapproche grappe invite les parties prenantes btir des partenariats fconds autour des filires porteuses dont les produits peuvent avoir une visibilit nationale ou internationale. Cette approche est rendue oprationnelle travers la mise en uvre de projets de clusters locaux dans des secteurs haut potentiel daffaires. A cet effet, faire de chaque rgion un exportateur de produits spcifiques vers le reste du pays, de la sous-rgion ou du monde, devient un impratif.

    104. De ce pilier, la SNDES prconise la territorialisation des activits productives, en initiant des projets de zones conomiques spciales, de parcs scientifiques ou technologiques, dincubateurs et de cration dautres ples conomiques, avec la collaboration des collectivits locales. Ainsi, la mise en uvre de la SCA devient un objectif principal de la SNDES sur la priode 2013-2017.

    105. Les conditions de russite dun dveloppement durable sont soutenues travers le dveloppement du capital humain, pour lequel les objectifs dclins dans le deuxime

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    pilier vont contribuer. Le troisime pilier encadre lenvironnement de la production et du dveloppement social travers la gouvernance, le renforcement des institutions, la construction dune paix durable, la justice et la scurit humaine.

    106. En termes dobjectifs stratgiques, la SNDES sarticule dune part, ltude prospective Sngal 2035 , pour laquelle elle constitue une dclinaison quinquennale, et dautre part, les orientations du gouvernement, la SCA, les engagements internationaux (OMD et post-OMD), les politiques multisectorielles (ex. Stratgie Nationale de Protection Sociale) et les politiques sectorielles. Ainsi, au niveau sectoriel, les outils de planification stratgiques tels que les Lettres de Politique Sectorielle (LPS) et les Cadres de Dpenses Sectorielles Moyen Terme (CDSMT), doivent prendre en compte la totalit des objectifs stratgiques, lignes dactions et mesures de la SNDES. Les documents sectoriels peuvent comporter des orientations oprationnelles, contribuant latteinte des objectifs nationaux de dveloppement conomique et social. Enfin, lenjeu ultime rside dans la capacit initier, concevoir et mettre en uvre des projets/programmes sectoriels qui concourent directement la ralisation optimale des attentes de la SNDES, exprimes au niveau des lignes dactions et mesures.

    2.3.1. AXE 1 : Croissance, Productivit et cration de richesses 107. La consolidation du cadre macroconomique sain et stable dans un environnement des

    affaires propice linvestissement permet de promouvoir une productivit globale de lconomie. Sous ce rapport, la mise en uvre de politiques de dveloppement des secteurs productifs et dappui la production garantissant la comptitivit, exige au pralable, le renforcement des facteurs de production. Il sagit principalement de lnergie et des infrastructures, qui constituent les secteurs cls dintgration du tissu conomique et des facteurs technologiques comme les Technologies de lInformation et de la Communication (TIC) et les tlcommunications. Ainsi, dans le but dacclrer la croissance, le dveloppement de lagriculture et de lconomie rurale devra tre accompagn de la promotion des PME/PMI et du soutien du secteur industriel et des autres activits de services marchands. En outre, la dynamique de structuration des filires productives, dj engages dans le cadre des grappes de croissance, devra tre maintenue et renforce, afin de tirer profit des potentialits quoffrent ces secteurs et filires en termes de contribution la croissance conomique et la diversification des sources de la croissance. Dans ce contexte, une intgration efficace lenvironnement extrieur garantit les chances de redploiement de lconomie nationale.

    2.3.1.1. Stabilit du cadre macroconomique 108. Le maintien dun cadre macroconomique stable est la base des stratgies mettre en

    uvre pour impulser et entretenir, dans la dure, une croissance conomique significative large base sectorielle et sociale. En effet, la stabilit macroconomique est essentielle pour contenir linflation et la volatilit du taux dintrt, rduire les risques et incertitudes pour les investisseurs et crer les conditions propices la croissance soutenue du revenu. Lobjectif dassurer la stabilit du cadre macroconomique, attendu de la SNDES, sera poursuivi travers lamlioration du climat des affaires, lassainissement des finances publiques et la matrise de l'inflation.

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    109. Tirer parti dun cadre macroconomique sain et stable demande des politiques convergentes de dveloppement et de diversification des sources de la croissance lactif de linitiative et de lentreprise prives et des collectivits locales. En effet, la prise en compte des dynamiques territoriales et leur articulation aux politiques sectorielles constituent certainement lun des plus grands dfis du dveloppement conomique national. De ce point de vue, il convient de concevoir et mettre en uvre une approche territoriale du dveloppement qui relie amnagement du territoire et dcentralisation, intgre le processus de rgionalisation et donne corps de grands ples rgionaux de dveloppement.

    110. Le Sngal sest engag sur la priode 2013-2017 : (i) porter le taux de croissance conomique en moyenne dans lordre de 6,5 7,5% ; (ii) ramener le dficit public en-dessous de 3,6% du PIB, en fin de priode ; (iii) amliorer le solde du compte courant (-) 4,5% du PIB et (iv) stabiliser le ratio dendettement moins de 30% du PIB.

    111. Lobjectif dun taux de croissance annuel moyen de 6,7% est porte, compte tenu des interventions attendues dans le secteur productif, la mise en uvre du plan de redressement du sous-secteur de llectricit et lensemble des mesures prioritaires de la SNDES. Les actions de gouvernance conomique aideraient amliorer lefficacit marginale de linvestissement public, surtout avec le dveloppement du partenariat public priv. Compte tenu des contreperformances enregistres depuis 2006, lconomie sngalaise a comme alternative la ralisation dinvestissements massifs fort contenu en FBCF, pour rduire sensiblement la pauvret en milieu rural et la faim lhorizon 2017.

    112. Dans la perspective dune matrise des dpenses publiques, la Stratgie prvoit un accroissement substantiel des recettes budgtaires annuelles qui devraient passer de 1 569 milliards de F CFA en 2012 2 206 milliards de F CFA en 2017. Les recettes fiscales crotraient de 1492 milliards de F CFA en 2012 2 152 milliards de F CFA en 2017, sous rserve dune mise en uvre de la nouvelle rforme fiscale plus incitative et efficiente. Les dpenses totales volueraient de 2 190 milliards de F CFA en 2012 2 912 milliards de F CFA en 2017. En consquence, les finances publiques devraient mieux se porter en 2017 et prsenteraient un solde budgtaire de base hors PPTE & IADM et CTRS en dessous de 3,7% du PIB en 2017 contre 5,9% projet en 2012. Les ressources additionnelles prvues durant la priode slvent hauteur de 1283 milliards de francs CFA., dont la moiti est attendue des ressources de lEtat. Le reste sera soumis en recherche de financement auprs des Partenaires Techniques et Financiers, sous forme de dons et de prts taux concessionnels. La dtrioration nette du dficit public est imputable laugmentation sensible des dpenses dinvestissement pour soutenir leffort de rattrapage du retard enregistr dans les secteurs dinfrastructures.

    113. Par ailleurs, le solde des transactions courantes pourrait se maintenir autour dun dficit de 5,4% du PIB sur la priode. Cette performance rsulterait dune lgre amlioration de la balance commerciale, en particulier. Le solde global de la balance des paiements est excdentaire sur toute la priode, traduisant une hausse des avoirs extrieurs nets sur la priode qui passent de 826,6 milliards F CFA en 2013 plus de 2 600 milliards de F CFA en 2017, une amlioration significative des taux de croissance moyens par an du crdit intrieur et de la masse montaire. A cet effet, la Stratgie intgre un

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    renforcement du potentiel dexportation et des flux rentrants dinvestissements directs trangers.

    114. En termes demplois du PIB, la consommation finale devrait connatre une lgre amlioration avec 5% en moyenne sur la priode 2013-2017. En termes rels, elle progresserait un peu moins vite que le PIB (environ 6,7%) tandis que la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) pourrait atteindre un taux de croissance moyen de 9,5% imputable aux efforts damlioration du contenu en FBCF des investissements publiques et des initiatives nouvelles dimpulsion de linvestissement priv. En ce qui concerne la FBCF prive, elle croitrait de 5,7% en moyenne. Par consquent, le taux dinvestissement mesur par la FBCF pourrait atteindre environ 26% du PIB sur la priode de mise en uvre de la SNDES notamment avec la poursuite des travaux relatifs aux programmes dinfrastructures structurantes pour la densification du tissu conomique.

    115. Sagissant de la demande extrieure nette, les exportations de biens et services augmenteraient en mo