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SOCIALISME OU BARBARIE France N°3 € 1 Avril 2013 www.socialismo-o-barbarie.org http://sobfrance.unblog.fr [email protected] Face aux attaques du gouvernement et du patronat Rigueur pour les travailleurs, des millions pour les ministres Page 5 Egypte: Les bases des Frères Musulmans s'affaiblissent Page 7 redoublons la lutte! Décès de Chavez: bilan et perspectives Page 8 Argentine: VI Congrès du Nouveau MAS (Mouvement Vers le Socialisme) Page 12

Socialisme ou Barbarie N°3

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Journal du courant Socialisme ou Barbarie France, intégrant du NPA.

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Page 1: Socialisme ou Barbarie N°3

SOCIALISME OU BARBARIEFrance

N°3 € 1 Avril 2013 www.socialismo-o-barbarie.org http://sobfrance.unblog.fr [email protected]

Face aux attaques dugouvernement et du

patronat

Rigueur pour les travailleurs, desmillions pour les ministres Page 5

Egypte: Les bases des Frères Musulmans s'affaiblissent Page 7

redoublons la lutte!

Décès de Chavez: bilan et perspectives Page 8Argentine: VI Congrès du Nouveau MAS (Mouvement Vers le Socialisme) Page 12

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Nous ferons ici uneanalyse de la situationpolitique française des

derniers mois, avec lespotentialités et les limites qui lacaractérisent. En partant de lasituation internationale poursituer la France dans lecontexte du développement dela crise, nous essayerons desaisir les dynamiques de mobi-lisation qui ont traversé le pays,et la détérioration du gouverne-ment Ayrault-Hollande, ainsique de formuler des orienta-tions politiques pour que lespotentialités de la situation sedéveloppent.

Un statu quo dans la criseéconomique

Il faut d’abord direquelques mots sur l’évolutionde la crise économiqueinternationale, surtout au niveaueuropéen. L’essentiel de lasituation est que les bourgeoi-sies européennes ont réussi àéviter l’explosion de l’euro, unepossibilité très réelle lors de lacrise de la Grèce1, que finale-ment a disparu de l’horizon(pour le moment). Nous nevoulons pas dire que la crises’est arrêtée, ni que ses consé-quences néfastes pour lestravailleurs et le peuple ontdisparu. Au contraire, les plansd’austérité ont plongé ceséconomies (Grèce, Espagne,Portugal) dans une spirale dedécroissance, chômage etpauvreté, ce qui dans le longterme rend encore plus difficilele remboursement des dettesétatiques : cette situation a enplus stimulé les luttes dans cespays, qui sont dans unesituation d’instabilité énorme(dans le derniers mois,notamment l’Espagne). Mais ceque nous voulons remarquerest que le pire (l’explosion del’euro) a été évité, ce qui donneun peu de souffle aux classesdominantes et explique qu’il n’yait eu pas un krach commedans les années 30 qui auraitchangé qualitativement lasituation.

Cela veut dire que lacrise se développe, pour ainsidire, au ralenti, avec une

érosion continue des conditionsde vie, mais sans des tournuresbrutales qui mettraient lasituation dans un niveausupérieur. Cette conjoncture,qui explique pour l’Espagne(avec un progrès de la crisebeaucoup plus poussé qu’enFrance) que les choses serésolvent encore à travers lesmécanismes électoraux (et nonpas par dynamiquerévolution/contrerévolution desannées 30), peut expliquer àson tour la situation de relativestabilité où se trouve la France.Le gouvernement Hollande aréussi, aidé par cette situation,à ne pas lancer des attaquesfrontales contre la classeouvrière et le peuple. Des plansde licenciements ont étéannoncés dans des filièressymboliques, notamment avecPSA, ainsi que des réductionsdu budget de l’Etat, mais sansatteindre les niveaux d’autrespays de l’Europe2 ; en plus,aucune attaque frontale quitouche l’ensemble de la popula-tion n’a été approuvée, commela réforme des retraites de20103. Le gouvernement aannoncé même (cyniquement),des embauches dans l’Educa-tion Nationale et la RATP4.C’est cela qui explique pour laFrance l’absence de grandesluttes nationales, comme cellecontre les retraites, malgré unedétérioration du gouvernementet une dynamique de luttes quenous analyserons maintenant.

Un gouvernement qui necesse de s’affaiblir

Le gouvernementHollande n’a pas eu la chanced’avoir une lune de miel. Sonérosion a commencé presque lelendemain de sa victoireélectorale. C’est que Hollande adémontré, dans le contexted’une crise économiquemondiale, ce qu’on savaitdepuis longtemps : que la« social-démocratie » est undes garants du néo-libéralisme,qu’elle est au pouvoir poursauver les intérêts des entre-prises et des banques.

Depuis son arrivée aupouvoir, Hollande a mis en

place une série de mesuresanti-populaires que nous avonsanalysé dans l’éditorial duSocialisme ou Barbarie N°25.Ses discours grandiloquents surune autre alternative pour lacrise européenne, sur la fin del’austérité ont été un grandmensonge, et le cours écono-mique imposé par l’Allemagneest resté inchangé. Le gouver-nement soutient que, puisqu’ildemande des sacrifices auxpeuples en nécessité, la Francedoit être un « exemple » desacrifices elle-même. Mais lasolution n’est pas d’être àl’avant-garde de l’austérité,d’être « équitablement »sacrifiés, mais d’arrêter lessacrifices et la pénurie dupeuple, qui ne servent qu’auxentreprises.

Mais il faut quandmême reconnaître un mérite augouvernement : il a battu tousles records d’impopularité desdernières trente années. Ainsi,en Mars il n’avait qu’entre 30 et35% de popularité, moins queChirac et Sarkozy (38% et 37%)à la même époque.6 Et celaavant l’affaire Cahuzac (voirarticle dans cette mêmeédition), qui frappe énormémentle gouvernement Hollande,même si la corruption eststructurelle au système

capitaliste, et la droite etl’extrême-droite ne font quedémagogie.

Dans les mois à venir,surtout si la crise économiquecontinue son cours, le gouver-nement devrait faire face à unproblème très grand. Commenous disions dans notredernière édition, la France est« attardée » en relation auxautres pays de l’Europe, parrapport aux reformes de flexibi-lisation de l’emploi et deréduction du coût du travail.Pour rester au ton avec le restede l’Europe, et être compétitiveau niveau international, le gou-vernement devra mener encoreplus de reformes anti-ouvrières(l’ANI n’est que le début), dansun contexte de chute libre de sapopularité. Il faut se préparerpour des luttes d’importance.

Une situation dynamiqueavec des luttes d’avant-garde

Cependant, il ne fautpas rester immobile tandisqu’on attend et on prophétise lanouvelle insurrection : ce n’estpas du tout ce que nousessayons de faire. Au contraire,il faut souligner que cettesituation de relative stabilité aété marquée les derniers moispar des luttes d’importance,

Une situation dynamiquequi n’explose pas encore

Editorial

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avec un poids symbolique trèsgrand et qui ont été très média-tisées. Nous parlons de PSA,Goodyear, Sanofi, 3 Suisses, etla liste continue encore.

Ces luttes ont eucomme dénominateur communla bataille contre des licencie-ments, qui se sont multipliés lesderniers mois en France. Pourrécupérer la compétitivité inter-nationale, et continuer à fairedes profits, des entreprises fran-çaises ont mis en place desplans de licenciements, quisignifient un renforcement del’exploitation et des rythmes dutravail. En plus, ces différentssecteurs en lutte ont commencéà converger, lors des manifesta-tions qui ont été appeléesensemble, ou avec des démons-trations de solidarité (parexemple, des salariés en grèvede PSA qui se sont mobiliséspour soutenir Goodyear). Sansdoute, il faut impulser cesconvergences ainsi quel’auto-organisation desgrévistes, ce qui est encore peudéveloppé.

Cependant, il faut tenircompte aussi des limites de lasituation. D’abord, il s’agit dansdes secteurs industriels d’uneclasse ouvrière moyennementvieillie, avec une moyenne d’âgeautour de 45 ans. Cela veut direque les entreprises réussissentparfois à « édulcorer » les planssociaux avec des préretraites ouavec des indemnisations quipeuvent donner l’impression depermettre tenir jusqu’à laretraite. Aussi, cela approfonditla division entre les travailleursproches de la retraite et moinsinclinés à se battre, et ceux quiresteront après les planssociaux et subiront les consé-quences de la flexibilisation et lasuper-exploitation. La politiquede certaines directions, commecelle de la CGT de PSA Aulnay,malgré sa combativité que nousreconnaissons et saluons, n’aide pas à rompre cettedivision : l’exigence demeilleures indemnisations, oude garanties de préretraitespour ceux qui ont déjà 55 ans neprend pas en compte lesproblèmes et les revendicationsde ceux qui subiront le manquede personnel et l’augmentationdes rythmes.

L’enseignementsupérieur a connu aussi desluttes, surtout contre la réformedes rythmes scolaires et contrela nouvelle réforme des univer-sités, dite « loi Fioraso », qui

approfondit l’autonomisation desfacs et les conséquences lesplus graves de la LRU. Desjournées de grève, à niveaunational comme au niveau dessections locales ont étéappelées, ainsi que des mobili-sations unitaires. Cependant,dans l’Enseignement Supérieurla fosse entre ceux qui ont unstatut stable et les précaires esttrès grande, ce qui rend difficilela convergence et même l’unitéde tous les travailleurs del’éducation, notamment à l’uni-versité. En plus, comme nousavons déjà dit, des attaquesfrontales contre l’ensemble de lafonction publique n’ont pas étélancés encore, et il faut tenircompte qu’il s’agit d’un secteurénorme, avec plus de 5 millions,ce qui représente autour du 20%des emplois en France.

Les différentes luttesqui sont en cours et la conver-gence qui commence à existersont les conditions nécessairespour rompre ces divisions, etelles expriment une recomposi-tion du mouvement ouvrier. Ils’agit pour nous de se donnerune politique pour l’ensemble desalariés, et cela passe par la for-mulation de revendicationsunitaires (par exemple, lier leproblème des licenciementsavec le problème des conditionsdu travail), ainsi que d’impliquerle plus largement possible dessalariés dans les luttes. Celaveut dire, se donner desinstances d’auto-organisation,qui rassemblent des salariésvieux et des jeunes, ceux enCDI et ceux en CDD, dessyndiqués et des non-syndiqués : enfin, qui donnentaux travailleurs eux-mêmes lepouvoir pour décider les moyenspour vaincre, des instancesd’auto-organisation qui montentaussi au niveau des différentsentreprises en lutte, pourgarantir la convergence et lasolidarité.

La politique des directionssyndicales et le besoin d’unealternative indépendante

Pour finir nous dironsquelques mots sur la politiquedes directions syndicales (pourun débat plus spécifique sur lesluttes en cours, voir article danscette même édition), ainsi quesur les points d’appui pour lessurpasser.

L’événement le plusimportant des derniers mois aété, sans doute, la signature de

l’Accord National Interprofes-sionnel, entre le patronat etcertaines confédérations syndi-cales. De manière résumée, cetaccord renforce la flexibilisationdu travail, la possibilité pour lesentreprises de changer unilaté-ralement les conditions detravail (salaires et rythmes), deslicenciements moins chers, etc.C’est le premier pas d’unestratégie de fond qui vise àmettre la France en consonanceavec le reste de l’Europe entermes de compétitivité.

La CFDT, la CFTC etla CFE-CGC ont signé cetaccord, en confirmant leurpolitique de conciliation ouverteavec le patronat qu’ils ont menédepuis des années. La CGT etFO n’ont pas signé, et SUD n’amême pas été consulté (et elles’est prononcé contre). On peutse demander, alors, pourquoi iln’y a pas eu une mobilisationnationale d’envergure alors quedeux confédérations avec lepoids qu’ont la CGT et FO sont« contre » ?

D’abord, il faut direque, même si face au mécon-tentement croissant envers legouvernement Hollande, les di-rections de ces confédérationsse sont éloignées, elles n’ontpas rompu ouvertement niveulent aller jusqu’au bout. Cesont les mêmes directions quiont appelé voter Hollande, ensemant l’espoir que ce serait ungouvernement des travailleurs.Dans ce sens, un échec dugouvernement serait en partieun échec de la politique qu’ilsont mené.

En plus, ces mêmesdirections qui « refusent » laflexibilité au niveau national,sont en train de signer desaccords de « compétitivité »dans plusieurs entreprises(comme FO chez Renault). LaCGT, de sa part, a laissé dansl’isolement des luttes en courscomme celle de Goodyear et dePSA Aulnay : un plan de lutte enrègle au niveau national pourraitdonner plus de poids à cessecteurs, plus à gauche que ladirection nationale, et doncremettre en question soncontrôle.

Il s’agit donc pour nousd’une stratégie double. D’unepart, il faut construire des résis-tances dans les lieus de travail,sans faire de la dénonciationstérile et de l’attentisme vis-à-visdes syndicats, avec lesquels ilfaut travailler si possible, et celadans une optique d’auto-organi-

sation de l’ensemble destravailleurs. C’est seulementgrâce à la pression de la basedes syndicats qu’on pourrapousser les directions à sebattre, et c’est par l’auto-organi-sation qu’on garantira lacontinuité de la lutte si lesdirections trahissent.

Mais en même temps,sans mystifier leur pouvoir, il fautexiger aux directions syndicalesdes plans de lutte conséquents :si elles sont vraiment contrel’ANI, qu’elles appellent à lagrève générale. Nous nepouvons pas méconnaitre le faitque, même affaiblis depuis desannées, ce sont ces directionsqui ont un poids majoritaire dansla classe ouvrière. Cettepolitique d’exigences et dedénonciations est nécessairepour rendre effective la pressionde la base, ainsi que pourpousser plus loin lesexpériences des nouvelleséquipes militantes avec cesdirections, pour comprendre lerôle qu’elles jouent. C’est ainsiqu’une politique alternative, delutte de classe et antibureaucra-tique, pourra gagner du terraindans les syndicats.

[1] - Cette stabilisation a été possibleen grande partie grâce à la victoiredu droitier Samaras lors desdernières élections législatives, cequi a permis d’élire un gouvernementpro-troika et pro-austérité. Sansdoute, cette victoire a été possibleaussi grâce à la politique de Tsipras,qui a évolué entre le premier et ledeuxième tour de cette électionsvers une position de plus en plus« réaliste », c’est-à-dire de défensede l’euro et l’UE, et qui dès lors alimité sa politique à la lutte parle-mentaire sans impulser la lutte declasses[2] - Il faut savoir que, par exemple,en Espagne et en Grèce les plansd’austérité incluent des licencie-ments massifs dans l’Etat, laréduction des salaires des fonction-naires, la suppression de la prime deNoël, etc.[3] - Exception faite, bien sûr, del’Accord National Interprofessionneldont on parlera.[4] - Nous disons « cyniquement »puisque ces embauches ne suffis-sent pas pour compenser les travail-leurs qui partent en retraite, et doncle rythme de travail augmente. [5] - « Hollande : un gouvernementau service de l’ajustement »,http://sobfrance.unblog.fr/2012/12/11/socialisme-ou-barbarie-n%C2%B02/[6] -http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/03/27/hollande-continue-sa-chute-dans-les-sondages_3148340_823448.html

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Dans les derniers mois,plusieurs luttes ont démarrécontre les licenciements:

PSA, Sanofi, Goodyear, pournommer les plus connues. Notreidée ici n’est pas de dresser unechronique de ces luttes, ce qui estassez accessible à travers lesmédias ou les sites d’Internet dessyndicats, mais d’analyser les po-tentialités qu’elles expriment etaussi de poser des débats parrapport aux orientations formuléespar les directions de ces luttes,ainsi que d’exposer la politique quenous croyons correcte pourvaincre.

De manière générale,les deux luttes les plus importantesen ce moment sont celle de PSA-Aulnay et celle de Goodyear. Lesouvriers de PSA-Aulnay à l’appelde la CGT et de SUD sont engrève reconductible depuis le 16Janvier (ce sont autour de 400grévistes dans le site) contre lafermeture du site, et ont menéplusieurs actions depuis le début :des déplacements vers d’autressites de PSA, l’occupation du siègedu syndicat patronal de la métallur-gie (UIMM) et du siège du MEDEF.Par rapport à Goodyear, ils sebattent aussi contre la fermeturedu site, et ont appelé deux mobili-sations devant le siège deGoodyear à Rueil-Malmaison, le12 Février et le 7 mars, avec grève,qui ont été l’occasion de rencontrerd’autres salariés en lutte qui ontamené leur solidarité, comme ceuxde PSA-Aulnay, de Sanofi, Fralib,3 Suisses, ArcelorMittal, etc.

Ces deux luttes, les plusmédiatisées, se sont dérouléesdans un contexte marqué pard’autres luttes qu’on vientd’énoncer, et qui ont commencé àse rassembler, et cela forge pro-gressivement une convergence etune unité entre ces différenteséquipes militantes. C’est cette ex-périence commune qui a permisde construire une mobilisationunitaire le 29 Janvier devant leministère du Travail qui a rassem-blée plusieurs centaines depersonnes, pour présenter unprojet d’interdiction des licencie-ments dits « boursiers »,c’est-à-dire dans des entreprisesqui font du profit. Il s’agit sans douted’une dynamique très progressive,qui en cas de se développerpourrait rompre la division etl’isolement imposées par les direc-

tions nationales, ainsi queconstruire des nouvelles équipesmilitantes qui donnent la parole àl’ensemble des travailleurs en lutte.

Nous reviendrons main-tenant sur les orientations poli-tiques mises en place pouressayer de saisir les points d’appuipour pousser encore plus loin cesdynamiques, ainsi que sur lesorientations que nous considéronserronées.

Seulement contre leslicenciements boursiers ?

Une des politiquesmenés par les directions des en-treprises en lutte, et qui a surgieaussi dans les mobilisationsunitaires, est l’interdiction des licen-ciements boursiers. Cette politiqueest aussi impulsée par desdéputés du Front de Gauche quiont présenté un texte de loi à l’As-semblée Nationale.

Cette politique, bienqu’elle s’appuie sur une questionévidente et avec laquelle tout lemonde sera d’accord (« c’est malde licencier si on est en bonnesanté économique »), signifieentrer dans la discussion de larentabilité, vue de la logiquecapitaliste, et subordonner la sortedes salariés à celle-ci. C’est-à-direque, malgré la volonté de ceux quil’impulsent, cette politique créel’idée qu’il y aurait de « mauvais »et donc aussi de « bons »licenciements.

Un ouvrier licencié seratoujours un chômeur, peu importesi son entreprise faisait ou non desprofits. En plus, il ne faut pasoublier que, même si une entre-prise peut être, du point de vuecapitaliste, en difficulté, les grospatrons ont gagné des billionsd’euros pendant des années,grâce à l’exploitation ouvrière, et àdes alliances inhumaines, commeRenault avec Vichy et les nazis.Maintenir les profits des entre-prises n’est pas ce qui nousintéresse.

Cela va de pair avecl’idée de la CGT de « sauver l’in-dustrie », une idée qui fait l’amal-game entre les intérêts despatrons et ceux des salariés. Ilexiste l’idée que si les patronsjouissent de bonne santé, ça iramieux pour tous, et que dans dessituations de crise c’est à tous defaire des sacrifices. Les patrons

utilisent ces idées pour racketterles salariés, en passant desaccords de super-exploitation surl’argument que c’est la seulemanière de sauver les emplois : labaisse des salaires et l’augmenta-tion des rythmes serait alors lemoindre mal face au chômage.

En jouant tout sur l’argu-ment que l’entreprise est rentableet qu’elle fait des profits, il suffit lerapport d’un « expert » (qui n’estjamais impartial) pour faire changerl’opinion favorable à la lutte : enpartie le rapport Sartorius sur PSAa été si effectif pour le patronatparce que la CGT avait jusqu’à cemoment insisté seulement surl’idée que l’entreprise jouait debonne santé. En plus, cettedivision entre « licenciementsboursiers » et le reste risque dediviser ensuite les travailleurs, enlaissant de côté et sans argumentsles salariés qui sont licenciés pardes entreprises vraiment « enfaillite ».

Notre intérêt n’est pas degarantir de bonnes affaires pour lespatrons, ni de sauver « l’industrie»en abstrait. Notre intérêt est dedéfendre les emplois et les condi-tions de travail des ouvriers, et celaimplique forcément d’attaquer fron-talement les patrons. Il n’y a pas de« bons » ou de « mauvais » entre-preneurs, ainsi qu’il n’y a pas deslicenciements « justifiés» ou «nonjustifiés ». Si les entreprises nesont plus utiles aux capitalistes,c’est donc aux travailleurs deprendre le contrôle de la produc-tion et de diriger eux-mêmes l’éco-nomie.

La SCOP, est-elle unesolution ?

Face à la fermeture dessites, la création d’une SCOP(Société Cooperative) commenceà être envisagée par des salariéscomme une possible solution. Cessociétés ont une série d’avan-tages, comme la démocratie ausein de l’entreprise sur desquestions stratégiques (qu’il fautcependant nuancer, puisqu’il peuty avoir des salariés qui ne soientpas actionnaires), ou le fait quen’avoir pas l’obligation de verser del’argent aux actionnaires peutfaciliter les choses du point de vueéconomique. En plus, celaapparait parfois comme la seulesolution face à la fermeture de l’en-

treprise, et dans ce sens elle estprogressive puis qu’elle met enquestion l’idée que les travailleursne sont pas capables de gérereux-mêmes l’entreprise.

Cependant, il faut tenircompte d’une série de limites, à finde ne pas « mystifier » la modalitéet de se mettre en garde contre lesdifficultés qui peuvent apparaître.Tout d’abord, il faut savoir que dansla société capitaliste, une SCOPest une île dans une mer deconcurrence économique, et qu’iln’y a pas moyen d’abolir l’exploita-tion dans une seule usine. Celaveut dire qu’ils sont obligés d’êtrerentables pour survivre dans lemarché capitaliste, et de concur-rencer avec les autres entreprises.

Cette concurrence estaggravée par le fait que les entre-prises capitalistes jouissent dansnotre société de l’aide de l’Etat,avec des prêts à faible tauxd’intérêt, des exemptions d’impôtset d’autres mécanismes quiélèvent leur rentabilité. Ce seraitaussi illusoire de croire que despetites coopératives avec peud’accès au crédit et aux nouvellestechnologies puissent concurren-cer avec des multinationales, dansune situation de crise où latendance est vers la concentrationet l’absorption des petites entre-prises par les grandes. Celaamène les travailleurs des SCOPà une auto-exploitation accrue, àfin d’être au même niveau de ren-tabilité que les entreprises capita-listes.

Ce que nous défendonsc’est la nationalisation souscontrôle ouvrier des entreprises :c’est le seul moyen d’assurer lapérennité des sites au-delà descritères de rentabilité capitaliste.C’est à l’Etat, donc, de prendre encharge l’investissement et degarantir la vente des produits (parexemple, en les achetant lui-même pour ses besoins). Cela neveut pas dire de réduire le pouvoirdes travailleurs : on défend lecontrôle absolu des travailleurs surla production, sur la base de ladémocratie directe.

Auto-organisation etpression sur les confédérations

Les instances de coordi-nation des différents luttes, commele Collectif Licenci’elles créé pardes salariés de 3 Suisses et qui a

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Quelle politique pour les luttes en cours?

Par Alejandro V.

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été ouvert à d’autres organisations,constituent un premier pas vers laconvergence et pour rompre avec l’iso-lement que les bureaucrates essayentd’imposer. Ces coordinations ont réussià impulser la solidarité entre les dif-férents travailleurs en lutte et àconstruire des mobilisations unitairescomme celle du 29 Janvier.

Il faut développer ces organi-sations et continuer à les élargir à l’en-semble des travailleurs en lutte, ce quiveut dire en premier lieu d’essayer dedépasser la tradition des intersyndicalespour ouvrir ces espaces à tous lestravailleurs, des différents syndicats ounon syndiqués, pour qu’ils décident dé-mocratiquement le déroulement de lalutte. Nous ne méconnaissons pas lerôle des équipes syndicales comba-tives, dont l’importance pour déclencherla lutte est centrale, mais nous croyonsque l’auto-organisation est le meilleuroutil pour étendre la lutte et impliquerl’ensemble des travailleurs.

En plus, il faut faire monter lapression aux directions nationales : c’estun crime que la direction de la CGT n’aitpas appelé à aucune mesure de lutteen solidarité avec Goodyear et PSA ! Ilfaut profiter de l’exposition médiatiquedont jouissent ces conflits pour mettrela pression sur la direction nationale dela CGT, pour lui exiger de lutter demanière conséquente, s’ils sontvraiment contre l’Accord National Inter-professionnel. C’est une politique pour,à la fois, essayer d’arracher aux bureau-crates des soutiens concrets à cesluttes, et aider en même temps à l’ex-périence de l’ensemble des travailleursavec ces directions et leur faussepose de combativité.

Mais il ne faut pas non plus secantonner à des dénonciations stérilesaux directions syndicales. C’est par laconstruction de dynamiques demobilisation par la base qu’on arriveraà pousser ces directions à la lutte, oumieux encore à l’organiser nous-mêmes de manière démocratique.L’exigence aux directions syndicalesn’est pas une fin en soi : c’est un outilpour développer des courantsantibureaucratiques et de classe parmiles travailleurs qui soient en mesured’impulser les luttes.

Pour tout cela, il faut surtoutavoir une intervention politique dans lesluttes, et rompre avec la scission artifi-cielle entre le syndical et le politique.Dans ce sens, nous considérons quec’est à l’extrême gauche, et surtout auNPA d’avancer ses propres orientationspolitiques pour les conflits en cours, cequ’il n’a pas malheureusementl’habitude de faire, puisqu’il considèreque sa fonction n’est que de soutenir.Bien sûr que nous soutiendronstoujours les luttes des travailleurs : nousavons déjà choisi notre côté de labarricade. Mais le rôle des organisa-tions politiques est aussi (et surtout), deproposer des alternatives politiques, dedébattre de manière ouverte et frater-nelle pour faire avancer les luttes.

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«Le choc est réel. Le fosséne cesse de se creuser entreles Français et leurs élus.L’affaire Cahuzac aaujourd’hui sa transcriptiondramatique dans l’opinionpublique. Le sondage Opi-nionWay pour LCI et LeFigaro donne une indicationprécise des conséquencesde l’affaire. Le dégoût et ladéfiance à l’égard des poli-tiques gagnent du terrain.Pire, pour une écrasantemajorité (77%), le personnelpolitique est corrompu».

Ce n’est pas unquotidien de gauchequi fait cette

description, mais le Figaro,journal de droite, porte-parole de la bourgeoisieimpérialiste française.

La double perte delégitimité de Hollande, par sapolitique d’austérité et parl’affaire Cahuzac, neprovoque pas encore desmobilisations massives.Pourtant elles seraientnécessaires pour défendreles conquêtes des travail-leurs encore préservéesmais que la bourgeoisie et legouvernement françaisveulent absolument anéantir.Justement Cahuzac, leministre du budget, devaitappliquer la rigueur, il a dûdémissionner. Coup dur pourle gouvernement «socia-liste» de Hollande; déjàavant «l’affaire» sapopularité était tombée à31%. Tous sont impliquésdans des affaires lucratives,eux tous cherchent desarrangements pour ne paspayer les impôts.

Selon l’Huffington-post1: «En plus de gérer unecrise de confiance inéditedepuis les révélations deJérôme Cahuzac, Jean-Marc Ayrault et FrançoisHollande, affaiblis par latourmente, doivent faire front

face à la contestationgrandissante de leur lignepolitique et économique.Contestation qui s’exprimedésormais publiquement ausein même du gouverne-ment et qui a fait l’objet deplusieurs recadrages cesderniers jours.»

Le scandale estdans toutes les conversa-tions, mais les travailleurs etle people ne sont passurpris. Qui peut être surprispar le fait que les chefs d’unparti bourgeois comme l’estle PS, deviennent riches etessaient de ne pas payerdes impôts? Depuislongtemps le peuple sait queceux d’en haut volent. Maisaujourd’hui, la situation s’estcompliquée du fait de lacrise même. Commentimposer des «réductions desdépenses», «corriger ledéficit», toutes sortes demesures qui se traduisentpar l’augmentation duchômage, par la diminutiondes ressources pour lasanté, les hôpitaux,l’éducation, etc. - alors qu’ilest évident que pour ceuxqui décident il n’y a pas derigueur? Ils continuent à seremplir les poches outrageu-sement. Ce qui secoue toutela classe dirigeante, c’estprécisément que le gouver-

nement qui devrait appliquerla rigueur, perd de plus enplus en crédibilité. Donc,actuellement la crise se joueau sein même de cesmilieux. C’est ce que lapresse reflète tous les jours.

L’affaire affecte unegrande partie de cette classedirigeante en termes d’usured’un gouvernement qui n’apas encore traversé un anau pouvoir.

Nous ne pensonspas que la solution consisteà dénoncer le régime de laVème République comme lefait Mélenchon. Même unrégime différent, supposéplus démocratique, conti-nuerait à enrichir l’élite, dansle cadre du systèmecapitaliste. Exemple: ni desdispositifs de «démocratisa-tion» comme le budget par-ticipatif du PT du Brésil avecLula, ni les conseils commu-nautaires de Chavez auVenezuela ne résoudront ceproblème. Les gouverne-ments et les régimesassociés au système capita-liste agissent toujours pourpermettre aux un groupesdominants de s’enrichir. AuVenezuela, sous la rubrique«Constitution bolivarienne»la vieille bourgeoisie s’est re-nouvelée avec une couchede «bolibourgeois»

Rigueur pour les travailleurs et le

peuple, des millionspour les ministres

Par Flora Kessler

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(«bourgeois bolivariens»), ouon trouve des ex-guevaristes,des militaires et des patrons«progressistes» qui sont ac-tionnaires des banques; ils ontdes comptes en dollars, et desappartements à l’étranger.Cependant il est vrai que dansles régimes «démocratiquesbourgeois» les travailleurssont dans des meilleuresconditions pour lutter que dansles régimes dictatoriaux.

La corruption sedéploie comme un mécanismeinévitablement associé ausystème capitaliste, même sion nous montre desfonctionnaires honnêtes qui nese sont pas enrichis. Ilsdéfendent tous les intérêts descapitalistes et leurs méthodesd’enrichissement. C’est pourcela que les appels à la «trans-parence» dans les activitéspolitiques et pour la fin desparadis fiscaux, de la part desresponsables politiques durégime actuel ne sont que desvoix hypocrites pour tromperles travailleurs et le peuple. Ilfaut démolir jusqu’aux racinesce système pourri pour pouvoirétablir un régime politique etsocial que mette dans lesmains des travailleurs toutesles richesses.

Le Front de Gauche,comme d’habitude, fait appel àla citoyenneté, et à lutter contrele monde « de la finance »,avec l’appel à la VIème Répu-blique « Sociale ». C’est undiscours assez connu, utilisépar tous les progressistes(depuis Tsipras en Grècejusqu’à Chavez et Kirchner enAmérique Latine) : il y aurait un« mauvais » capitalismefinancier, et un « bon »capitalisme productif. Dans cecas-là, il s’agit tout simplementde mettre quelques réglemen-tations contre les paradisfiscaux, le flux de capital et leproblème est réglé. Cela estaccompagné toujours des mé-canismes de contrôle dans lecadre de la démocratiereprésentative et bourgeoise,dont nous avons déjà parlé.

Or le problème estque le monde de la finance etle monde de la production sontdirectement liés, ils forment untout appelé systèmecapitaliste. Dans les lieux où lenéolibéralisme le plus dur(surtout en Amérique Latine) aété arrêté grâce aux mobilisa-tions des masses, les

capitalistes « amis » du pouvoirfont toujours des énormesprofits sur le dos des travail-leurs, et les politiques se rem-plissent toujours les poches.

Puisque on ne peutpas diviser théoriquement lesrégimes politiques de leursbases matérielles : tous lesdeux sont intimement liés. Leproblème n’est pas de mettreen place des politiques plushonnêtes, ou de renforcer lesrègles : tant qu’il y ait unsystème basé sur l’exploitation,il y aura un personnel politiquequi garantira cette exploitation.Le seul moyen pour en finiravec la corruption est decombattre le capitalisme entant que tel, et ce ne seront pasles « citoyens » (cet amalgamequi rapproche des exploiteurset des exploités), mais lestravailleurs et le peuple qui leferont.

La suite logique decette conception est unepolitique presque purementparlementaire : on entendtoujours le mot « légiférer »,comme si les entrepreneurs etles politiques respecteraient laloi. Bien sûr, il y a toujoursl’appel à des mobilisationsisolées et sans aucunecontinuité, auxquelles lesdirections syndicales bureau-cratiques nous ont déjàhabituées. Ce qui préoccupeMelenchon est le calendrierélectoral et il veut juste profiterde la crise du PS pour mieuxse positionner dans ce cadre.

Dommage que le NPArépond à cette crise ausommet en parlant de«Rupture pour une véritabledémocratie sociale»2 ou«démocratie réelle»3 sans faireune analyse de classe.L’utilisation de ces slogansn’est pas accompagnée d’uneanalyse et d’un programmeliant le problème démocratiqueau système capitaliste dansson ensemble. Le mot d’ordrede « démocratie réelle »,avancé par les IndignésEspagnols, ne se différenciepas des propos du Front deGauche, qui prétend changerle système politique sanstoucher les bases écono-miques de ce même système.Dans les politiques desIndignés les délimitations declasse sont aussi effacées, etles organisations qui lesavancent ciblent seulement« le monde de la finance »…

tandis qu’ils défendent« l’industrie nationale » face àla concurrence «déloyale» desautres pays.

C’est sûr que lesmobilisations des Indignés onteu un aspect très positif et ceserait une maladie sectaire dene pas reconnaitre cela envertu d’une pureté idéolo-gique : aucun mouvement nenait avec toutes les réponseset même la politique révolution-naire se construit à traversl’expérience. Mais cet aspectpositif ne nous épargne pasl’obligation de défendre nospropres positions, même àcontre-courant, et combattreles idéologies dominantes(même dites de « gauche ») ausein de ces mouvements.

Au contraire, il fauts’appuyer sur ces refletsprogressifs pour aller plus loin,pour démasquer le contenuanti-démocratique du capita-lisme en soi. De la mêmefaçon, il faut s’appuyer sur lacrise de Hollande et la correcteindignation du peuple pourposer la question durenversement de l’ensembledu système politique etéconomique, et non pas desréformes cosmétiques.

En même temps,nous avançons des consignesde démocratisation du systèmepolitique, comme l’existenced’une chambre unique législa-tive élue à la proportionnelledirecte, par l’ensemble de lapopulation résidant dans lepays (française ou étrangère) :cela donnerait plus de poidsaux organisations de la classeouvrière qui sont plus petites,marginalisées avec le systèmeuninominal actuel et plusencore avec l’élection indirecteau Sénat. En plus, nousdéfendons que le salaire desélus soit le même que celled’un ouvrier qualifiée, pour enfinir avec les privilèges despolitiques.

Ces mesures doiventêtre accompagnées d’autrestouchant la propriété capita-liste, source du pouvoirpolitique dans cette société.Nous défendons notamment,appuyés sur le luttes qui sonten cours en ce moment,l’interdiction des licenciements,la nationalisation sous contrôlouvrière des entreprises et desbanques, la diminution dutemps du travail et le partagedu travail pour en finir avec le

chômage.Melenchon a appelé

une mobilisation pour le 5 Maiavec le mot d’ordre de laVIème République « Sociale ».Nous considérons qu’unepartie des travailleurs et dupeuple en profiteront pourexprimer leur colère, et que lesrévolutionnaires ne pouvonspas manquer à ce rendez-vousen esquivant la nécessité debatailler politiquementlà-dedans. C’est pour cela quenous appelons à cettemobilisation, avec l’idée que leNPA doit se mobiliser sous sespropres drapeaux, en sedélimitant du programme« démocratique » du Front deGauche qui ne remet pas encause les fondementséconomiques du système.

Une transformationdémocratique radicale faitpartie du programme socialisterévolutionnaire, mais on nes’arrête pas là : nous lionscette transformation radicaleavec le renversement dumonde économique dominépar les capitalistes. Nous nedéfendons pas une République« Sociale », mais socialiste, etcela veut dire qu’on ne défendpas des réformes au systèmepolitique détachées destransformations économiques,puisque ce sont destromperies.

Seule la mobilisationdes travailleurs et du peuplepourra en finir avec le pouvoirdes capitalistes et de leurpersonnel politique, pourmettre en place une vraiedémocratie par en bas,appuyée sur le contrôle del’ensemble de l’économie etdes moyens matériels quirendent possible auxtravailleurs de décidereux-mêmes sur la marche dela société, en se libérant de lacontrainte du travail aliéné eten participant pleinement aumonde politique. Il s’agirait dela mise en place d’un vraigouvernement des travailleurs.

[1]http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/12/cahuzac-moscovici-la-ligne-economique-gouvernement-attaquee-crise-confiance_n_3067416.html

[2]http://www.npa2009.org/node/36559

[3]http://www.npa2009.org/node/36437

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Page 7: Socialisme ou Barbarie N°3

Défaite des islamistes dans des élections estudiantines et des syndicats professionnels

Les bases des Frères Musulmans s'affaiblissent

Le gouvernement desFrères Musulmans(désormais FM) s’affronte

à une opposition de plus en pluslarge. Depuis l’approbation de laréactionnaire réforme constitu-tionnelle (qui restreint les droitsde grève, d’organisation, depresse et les droits des femmeset des minorités sexuelles),plusieurs organisations etsecteurs sociaux ont rompu ouse sont distanciés dugouvernement islamiste.

Même si cela neconfigure encore pas unesituation de rupture de masses(qui laisserait le gouvernementdans un vide politique quipermette de nouvelles situationsinsurrectionnelles), cela repré-sente un clair recul del’hégémonie absolue que lesislamistes semblaient exercerdans l’Egypte post-Mubarak. Unrecul qui ouvre des perspectivesde développement des courantsvraiment révolutionnaires et in-dépendants.

Cela se vérifie auniveau des syndicats d’étudiantsuniversitaires. Pendant les 30ans de dictature de Mubarak, lesuniversités ont été des centresde soutien populaire aux Frères.Vus comme des opposants aurégime, ils avaient un grandprestige parmi les étudiants.Dans les élections de 2012, lesFrères ont été hégémoniquesdans les organisations d’étu-diants, ce qui était facilité enplus par des status électorauxhérités de la dictature et que lesFM ont décidé des conserver, cequi a provoqué le boycott del’opposition.

La nouveauté est quela situation change rapidement.En mars des élections pour cesorganismes ont été réalisées,cette-fois ci avec des statusélectoraux rédigés par les FMeux-mêmes, relativement moinsdémocratiques que lesprécédents (bien que fortementquestionnés). Mais cette fois-cil’opposition a décidé de seprésenter. Avec une participationbeaucoup plus haute que d’ha-bitude, les résultats ont reflétéun énorme recul des Frères,même si ses conséquencessemblent être atténuées par lesmécanismes électoraux.

Le journal égyptien Al-Masry al-Youm[[1]] informe que :« Avec la majorité des électionspour les unions d’étudiants déjà

finies, les laïques et indépen-dants sont en tête, en gagnant le66% des sièges dans 21 univer-sités publiques, tandis que lescandidats des FrèresMusulmans ont gagnéseulement le 34% ». Et cerésultat n’inclut pas les résultatsde l’Université de Port Said,centre de l’opposition àl’islamisme qui réalise depuisdes mois un processus de dés-obéissance civile, de grèves etde mobilisations qui a déjàdonné plusieurs morts. Parmiles universités où les FM ont étébattus, on compte celles duCaire et d’Alexandrie, lesprincipales villes du pays.

Ces résultats mettenten question la domination desislamistes, même dans l’organemaximum de représentationétudiante, l’Union Généraled’Étudiants. Même si lesrésultats du premier tour ne setraduisent pas de manièremécanique, puisque desalliances des FM avec dessecteurs indépendants sontencore possibles, et parce qu’iciles universités privées etl’énorme université islamique deAl-Azhar (clairement dominéepar les FM) ont aussi du poids.Mais dans quelconque situation,cela constitue en soi-même unclair recul, et donne àl’opposition laïque et progres-siste une influence importantedans la direction des orga-nismes étudiants, au niveau

national et local.

Les islamistes perdent aussides syndicats professionnels

Ce même processusse vérifie aussi dans dessyndicats professionnels [[2]].Les FM ont perdu récemmentpour la première fois le syndicatde pharmaciens contre l’opposi-tion. La défaite a été écrasante :ils ont conservé seulement 2des 24 sièges disponibles. Dansune élection où plus de 10.000travailleurs ont voté, c’est unedonnée très significative. Il fautajouter les élections du syndicatde journalistes [[3]] où une listede l’opposition a gagné aussi.

Ces nouveautés desdernières semaines s’ajoutent àun contexte déjà existant delarge mécontentement, étendunotamment dans la classeouvrière industrielle. Un profondprocessus de recomposition dumouvement ouvrier, de grèveset mobilisation ébranle l’Égyptedepuis la chute de Mubarak.

Dans les derniers mois,cela semble opérer un saut qua-litatif avec les processus de dés-obéissance civile dans lesvillages industriels dePort Said et Mahalla-Al-Kubra.Ce dernier héberge l’importanteusine textile « Misr Spinning andWeaving Co. », qui emploie 26mille ouvriers. Ce sont eux quiont proclamé en Décembre [[4]]l’indépendance du village par

rapport au gouvernement desFM, et depuis ce moment ilsmènent des mobilisationsénormes qui finissent souventavec des affrontements avec lapolice et les groupes de chocislamistes.

Cette conjonctures’aggrave jour après jour, suite àla détérioration économiquecroissante du pays, avec deshauts taux de chômage et uneforte inflation qui affecte essen-tiellement les prix des nourri-tures. Même si ce n’est pas clairencore comment ces transfor-mations vont se traduire dansles élections parlementaires (etmême pas quand et commentces élections vont se dérouler)c’est évident que l’islamisme necompte pas avec le mêmeniveau de soutien populaire qu’ilpossédait depuis le début de larévolte contre Mubarak, et quela tendance à la détériorationsemble être appelée à s’appro-fondir de plus en plus.

[1].- “Brotherhood defeatedin student union elections nationwide “,Al-Masry Al-Youm, 21/03/2013.

[2].- “Egypt's Brotherhoodloses Pharmacists Syndicate to non-Islamist opposition”, Ahram Online,24/03/2013.

[3].- “Brotherhood criticselected to Journalist Syndicate board”,Al-Masry Al-Youm, 15/03/2013.

[4].- “In opposition to Morsy,Mahalla declares autonomy”, Al-MasryAl-Youm, 12/12/2012.

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Par Ale KurPour Socialisme ou Barbarie, 31/03/2013

Grève étudiante en 2012 au Caire pour la chute du gouvernement duConseil Suprême des Forces Armées

Page 8: Socialisme ou Barbarie N°3

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«Eduardo Galeano a écrit quel’Amérique latine avait lesveines ouvertes. Hugo Chaveza navigué par celles-ci pourimposer sa révolutionbolivarienne. Mais sur le lit dela mort qu’il n’a jamaisacceptée, le chef de file auxmille visages savait que sonvoyage révolutionnaire setrouvait à mi-chemin.Sûrement il s’est répète lesderniers mots, si souvent lus,de son légendaire SimonBolivar: «J’ai labouré la mer etsemé dans le vent.»»

(Daniel Lozano, La Nation,06/03/2013)

Hier mardi 5 Mars à 16heures 25 Hugo Chavezest décédé, après deux

années de lutte contre le cancer.Socialisme ou Barbarie estsolidaire de tous les partisans duprésident, dans cette heure dou-loureuse. Toutefois, ce décèsnous oblige tous à faire le bilandes 14 ans quasi-ininterrompusdurant lesquels Chavez a été aupouvoir, ce à quoi nous nousconsacrons dans cettedéclaration.

La première chose àdire en guise de bilan, maintenantque la vie de Chavez est arrivéeà sa fin, c’est qu’il était àmi-chemin, ou même à moins, definir sa tâche. La gestion de

Chavez a été basée sur une séried’hypothèses, le plus souventinavouées. Deux aspects formentses bases structurelles, jamaisremises en question. La premièreest la propriété privée. Bien sûr,Chavez a mené une série denationalisations selon le style dunationalisme bourgeois du siècledernier et, ce faisant, il a rompuavec le néolibéralisme dominant.Il a fait de Venezuela une nationindépendante de l’impérialisme.Mais nous parlons d’autre chose,ce que le commandant n’a pasfait: exproprier la bourgeoisie. Labourgeoisie reste à la tête del’économie du pays, même si ellea adopté une politique d’opposi-tion de masse contre le leaderbolivarien. Il n’a jamais franchi labarrière de classe pour la délogervraiment du pouvoir. L’Etatvénézuélien est toujours un étatcapitaliste.

En lien étroit avec cefait et avec la crise que subissaitla démocratie bourgeoisetraditionnelle avec l’éclatementdu bipartisme classique, Chaveza mené jusqu’au bout une formequi peut être définie comme«plébiscitaire» où la successiondes élections générales et laconsultation du peuple par refe-rendum du «oui ou non», estdevenu quotidien. Toutefois, lesméthodes plébiscitaires ne sontpas autre chose qu’une «formeextrême» de la démocratiebourgeoise, ils n’ont jamais

abouti à la mise en place desorganes du pouvoir des exploitéset des opprimés. Le pouvoir acontinué à s’écouler du haut versle bas et non pas comme dansles véritables révolutionssociales, du bas vers le haut.

La propriété privée et lepouvoir des capitalistes se sontmaintenus dans le cadre de sonidée du «socialisme au XXIesiècle» qui impliquait le rejet des«formes traditionnelles» de larévolution sociale (la véritablerupture révolutionnaire), au profitde ce que Chavez lui-même aappelé une sorte de «transition»lente, évolutive, sans ruptures,sans jamais remettre en questionvraiment le capitalisme. Tout celaen accord avec la conjonctureinternationale que noustraversons, où les critiques desexpériences anticapitalistes duXXe siècle et leurs déformationsse chevauchent avec unecondamnation en bloc de l’idéemême de révolution sociale.

Dans le tableau de fondde la gestion de Chavez lesidéaux d’émancipation socialeont été remplacés par «l’indépen-dance latino-américaine» et lareprise du «rêve bolivarien»: unrêve où la «libération nationale»est séparée de la ruptureanticapitaliste, donc largementstérile. Le «voyage révolution-naire» de Chavez est resté àmi-chemin, avec la circonstanceaggravante que maintenant c’est

à ses successeurs de décider cequ’il faut faire, et ce n’est pasfacile d’imaginer ses successeursplus «audacieux» que lui, sur lechemin de la transformationsociale, le plus probable est qu’ilssoient soumis à une spirale decrises allant croissant.

Chavez avait uneénorme sensibilité politique. Ilavait réagi avec flair à la situation,différente de celle des années 90,celles de la libre domination dunéolibéralisme. Il a commencé àparler de «socialisme» et de«transition au socialisme» àmoitié de la dernière décennie;radicalisé après la défaite ducoup d’Etat et la grève et dusabotage patronaux de 2002.Cependant, il a privé ce«socialisme» et cette «transitionau socialisme» de leurs bases:l’expropriation de la bourgeoisieet l’instauration du pouvoir auxmains des exploités et desopprimés pour détruire lesfondements de l’état bourgeois.Sans ces deux conditions, laseule chose possible est un étatbourgeois plus ou moinsréformée. D’où les limitesstructurelles de l’administrationChavez. Chavez a atténué lapauvreté, mais il ne l’a paséliminée. Pour ce faire, il fautmettre toutes les ressources del’économie et de la nation dansles mains de la classe ouvrière.

Chávez désignait unepolitique latino-américaniste,

Décès de Chavez: bilan et perspectivesDéclaration du courant international Socialisme ou Barbarie 06/03/13

Le texte que nous présentons à la suite a été écrit après la mort de Chavez, avec l’intention de tracer un bilan de satrajectoire politique et des changements que Venezuela a expérimenté lors de sa présidence.Depuis ce moment, des élections ont été réalisées, avec Maduro comme candidat du chavisme (désigné par Chavez lui-même), qui a joué pendant toute l’élection avec l’ image du leader mort, avec une sacralisation qui est allée jusqu’àdéclarer que Chavez lui était apparu réincarné en oiseau. Le candidat de l’opposition ètait Capriles, qui avait déjà perduface à Chavez dans les dernières élections (nous renvoyons les camarades au texte publié dans notre dernier numéro).Finalement, Maduro a gagné avec 230.000 voix de différence, ce qui représente une chute de 500.000 par rapport auxdernières élections, tandis que Capriles a obtenu 800.000 voix plus qu’avant.Lorsqu’on écrivait cette introduction, Capriles a parlé avec les médias vénézuéliens et internationaux en ne pasreconnaissant le résultat de l’élection. Son argument est qu’il y a 3.000 « incidents », que avec les « voix de l’extérieur »il serait vainqueur et que « si Maduro est proclamé président ce serait illégitime » ; en refus à tout cela, il a appelé à desmobilisations.Cependant, bien que la différence en voix ait été très étroite, les 230.000 voix que Maduro a obtenu sur Capriles sontsuffisantes pour légitimer le résultat de l’élections : ni les « incidents » ni les voix de l’extérieur suffisent à remettre enquestion l’élection, en plus du fait qu’ il y a eu des observateurs internationaux de 50 pays et que le système électoral duVenezuela est reconnu comme un des plus transparents du monde. Face à la crise politique de conséquences incalculables qui semble s’ouvrir au Venezuela, le courant internationalSocialisme ou Barbarie se positionne de manière catégorique en défense du résultat des voix populaires qui,au-delà de la différence étroite, a donné la victoire à Nicolas Maduro du PSUV. Dans ce sens, nous désavouons lamobilisation appelée par l’opposition droitière et toute manœuvre putschiste que Capriles essaie de mettre en œuvre. Cette élection oblige cependant de faire un bilan sérieux du gouvernement de Chavez, et de débattre sus sespotentialités et ses limites. C’est dans cette perspective que nous mettons nos conclusions et nos perspectives au servicede l’expérience que la gauche et la jeunesse commenceront à faire avec le chavisme sans Chavez.

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mais il a fini par faire entrer leVenezuela dans le Mercosurdominé par les multinationalesopérant dans la région. Chavez aprononcé un discours mémorableà l’ONU dénonçant George W.Bush en face, mais il comptaitsurtout sur les exportations depétrole vers les Etats-Unis et il n’ajamais «exporté» aucunerévolution anticapitaliste vers unquelconque pays. Il s’est borné ànouer des accords avec lesgouvernements amis capitalistesplus ou moins progressistes. Rienà voir avec les «un, deux, troisVietnam» du Che.

Le projet de Chavezn’était pas le socialisme du XXIesiècle, mais une nouvelle formede capitalisme d’état dans lesconditions actuelles, et, pireencore, avec des bases socialesplus faibles que celui du siècledernier, qui s’était basé sur lamobilisation de travailleurs.Chavez s’est appuyé sur lesecteur le plus exclu de lapopulation en général et sur latraditionnelle monoproduction(pétrole) du Venezuela, enprofitant de la flambée des prix del’or noir. En bref, sur desconditions qui pourraient changerà tout moment.

Chavez a repositionnédans l’imaginaire populaire la lutted’indépendance de Simon Bolivarau début du XIXe siècle. C’estson «rêve bolivarien». Celasoulève plusieurs considérations.Il est un fait que Bolivar a été leleader le plus radical de la luttepour l’indépendance américaine.Son appel à la «guerre totale»contre les Espagnols, ses annéesd’errance à travers le territoire del’actuelle Venezuela et de laColombie, marquées par desdures défaites qui remettaient enquestion le rêve même del’indépendance, la question del’émancipation des esclaves etbien d’autres, lui ont donné uneaura d’émancipation. Il avait étéformé par des enseignantsavancés comme SimonRodriguez et par l’exempleindépendantiste de Miranda (ondit que Bolivar l’avait trahi audébut). Il a également accepté lagénéreuse collaboration dugouvernement révolutionnairenoir d’Haïti, qui a vraiment faithistoire pour mener à bien une ré-volution sociale pure contrel’esclavage qui régnait dans l’île,un exploit oublié par la grandemajorité de l’historiographie, paspar hasard.

Cependant, ce queBolivar n’a pas fait c’est unerévolution sociale qui défie le statu

quo du point de vue de lastructure de classe créole. Biensûr, Bolivar a été trahi parSantander, qui a scellé la divisionde la Grande Colombie,beaucoup plus conservateur quelui. Mais cette trahison a étéfacilitée parce que Bolivar n’ajamais défié les décisions desclasses dominantes locales dansleurs parlements. Dans lesmoments décisifs elles ontopposé leur véto aux mesures quidépassaient la limite de la simpleindépendance politique vis-à-visdes espagnols.

Si cela s’est passé avecBolivar il y a deux siècles,comment cela n’allait pas sereproduire avec Chavez au débutdu vingt et unième siècle? Son«mouvement bolivarien» aconduit à l’indépendance duVenezuela vis-à-vis del’impérialisme (ce qui est toujoursune conquête). Mais il n’a jamaisvoulu dépasser les limites ducapitalisme, tel que Bolivar, quidans des conditions infinimentplus défavorables ne pouvaitsurmonter les obstacles de lasociété traditionnelle. Chavez étaitde toute façon un des filsprodigues de Bolivar.

De là aussi le caractèrede la révolution dirigée parChavez. Il n’a pas commencéavec une forme de «socialismepar en bas» comme un grand

nombre d’intellectuels chavistesaiment dire, mais par un projetmilitaire «progressiste» en 1992.Avec toutes les caractéristiquesde substitution, qui allaientcaractériser le régime chavisteplus tard.

Chavez avait toujourssuscité la mobilisation desmasses, mais des massesencadrées et contrôlées par lePSUV (le parti de Chavez) et parl’appareil d’Etat par le haut, jamaisil a fait appel à leurauto-détermination et à ladémocratie de base.

La gestion de Chavez atoujours été charismatique: l’arbi-trage par le haut des contradic-tions de classe du pays. Chavezétait garant de certains types deconcessions aux masses et d’undiscours progressiste, quipolitisait, en présentant commeennemi l’impérialisme yankee.Également il a poussé à unepolarisation constante à l’encontrede la bourgeoisie «escualida» etprêchait l’»anticapitalisme». MaisChavez lui-même a toujours misune limite stricte à tous cesappels: l’arbitrage farouchementexercée par le haut, faisant desconcessions et appelant à un vrairéformisme du XXIe siècle, qui n’ajamais touché la base structurelledu capitalisme au Venezuela.Il y a un rapport avec une autrecaractéristique de l’administration

Chavez. Chavez a fait des vérita-bles réformes, bien que limitées,sous la forme de ce qu’on appelleles «missions». Ces missionsforment une sorte de «planssociaux» à large spectre qui luiont permis d’atténuer lesconditions de vie misérables desmasses: les subventions à lamaternité, pour les chirurgies dela cataracte, pour lesconsultations de médecinscubains dans les quartiers, pourles logements, contre lechômage, etc.

Cependant, c’est un ré-formisme de courte portée. Parceque le Venezuela est un paysmarqué par le chômage et letravail informel, qui arrive auchiffre choquant de 70% depersonnes en situation précaire.Et cette réalité structurelle n’ajamais été modifiée par le leaderbolivarien, au contraire, il a fait decette masse populaire sa base desustentation.

Voyons maintenant lesperspectives qui s’ouvrent à partirde la mort de Chavez. Voici troispoints à noter: 1) les perspectives économiquespour le Venezuela, 2) ce qui se passera à partir demaintenant dans le mouvementchaviste et 3) les conséquences de sa mort,en Amérique latine et au-delà.

En ce qui concerne la

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Les présidents Kirchner, Maduro, Mujica et Evo Morales aux funérailles de Chavez

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situation économique auVenezuela, la réalité est que lesperspectives ne semblent paspropices à l’optimisme. Ladétérioration structurelle du paysque Chavez n’a pas réussi àinverser pendant 14 années aupouvoir, se reflète de plusieursfaçons. Lors de la récente électionprésidentielle, Chavez a dûreconnaître la «mauvaisegestion». L’inflation se situe autourde 30% dans une économie quidépend exclusivement despétrodollars, mais qui doitimporter presque tout autre chose.

Après Chavez, leVenezuela continue à importertout, elle ne produit presque riend’autre que du pétrole! Lesproduits de consommationpopulaires sont souvent rares, il adû mettre en place les Mercales(marchés de rue) pour assurerl’approvisionnement à bas prix,80% de ces marchandises sontimportées dans un monde où il ya une sorte de montée«structurel» des matièrespremières, ainsi l’inflationgalopante ne doit pas surprendre:

C’est cette situation quia mené à établir plusieurs taux dechange depuis des années. Lemois dernier le bolivar a été ànouveau dévalué, avec le logiqueaccentuation de la hausse desprix, conséquence de la dévalua-tion. Cette règle d’ajustement éco-nomique décrété par levice-président Maduro, signifieune réduction des salaires réels.Elle va sûrement être une sourcede nouvelles tensions et de crisedans un horizon de rationalisationéconomique immédiat impopu-laire.

À cela s’ajoutent lacriminalité endémique qui sévitpartout, les problèmesd’infrastructure du pays, révéléespar exemple avec les incendiesde la pétrochimie, la barbarie desprisons, et bien d’autres mauxsociaux comme la énorme crisedu logement, etc., liés àl’économie du pays. Le chavismesans Chavez doit résoudre toutcela. Il y aura, encore et encore,des situations critiques, des crisesrécurrentes.

Sur cette base écono-mique faible fondée uniquementsur les exportations de pétrole (ily n’a pas de prévisions de baissedes prix à court terme), joue unfacteur éminemment politique:l’avenir du chavisme. Chavezavait concentré sur lui l’autorité etl’arbitrage incontestés concernanttoutes les relations sociales dupays. Il était une figure «charisma-tique», il sera très difficile, voire

impossible à remplacer. Et cettecirconstance s’aggrave par lestrès faibles bases sociales dupouvoir chaviste. La réalité estque son pouvoir n’était pasrenforcé par le soutien des deuxclasses fondamentales de lasociété: la bourgeoisie et la classeouvrière. Leur base sociale estplébéienne, populaire, les largesmasses des bidonvilles, il avaitaussi un soutien solide del’appareil d’état et de l’armée. Cesmêmes circonstances rendentfragile l’appareil du chavisme.Comme on le sait, la bourgeoisie«escualida» dans l’oppositioncherche aujourd’hui à imposerCapriles (ce qui est peu probableimmédiatement).

La classe ouvrièreorganique n’a pas eu une relationlinéaire avec Chavez non plus.D’une manière elle avaitsympathisé avec le leader.Cependant la gestion de cedernier étant populiste, elle faisaitplus de concessions aux pauvresen général, qu’à la classeouvrière. Chavez avaitsystématiquement refusé desconcessions et une reconnais-sance aux travailleurs. Sansoublier, que sous songouvernement avait continué laforme économique de l’exploita-tion capitaliste: le travail salarié.

Si sa base de masseétait essentiellement populairemais non ouvrière, son grandpoint d’appui était constitué parles forces de l’Etat et l’armée,donnant lieu à une sorte decapitalisme d’état du XXIe siècle,qui a copié les actions du nationa-lisme bourgeois du siècle passé.Il ne faut jamais oublier que l’ap-pareil d’état et l’armée n’ont pas la«homogénéité» et la stabilitéd’une classe sociale organique.Bien au contraire, les deuxappareils sont traversés par descontradictions et des tensions po-litiques et de classe, et l’appareilchaviste ne fait pas exception:c’est l’origine des prédictions àcourt ou moyen terme, d’instabi-lité, de conflits et de ruptures ausein du chavisme.

Les analystes voientdeux ou trois «clivages» dans cesens. Le premier a vu le jour ausein du chavisme lui-même.Maduro est à la tête de l’aile qui adominé jusqu’à présent, maisDiosdado Cabello est le leader del’autre aile. S’il n’y a pas beaucoupd’analystes qui expliquent exacte-ment ce qui divise ces deux-làau-delà des ambitions de pouvoir,il est clair à partir de maintenant(qu’ils soient de gauche ou dedroite ou tout autre type de

variante intermédiaire) lesdésaccords et bagarres vont ap-paraître pendant qu’ils jurent unitédevant le leader décédé.

Les forces armées sontune autre source d’instabilité.Elles ont été fidèles à Chavez cesdernières années, mais certaine-ment en son sein il y a desinquiétudes sur l’avenir. En toutcas, les institutions étatiques sontun facteur de second niveau quine pourra jamais résoudre lescontradictions sociales quidésormais vont nécessairementémerger et qui seront mises àl’ordre du jour lorsque le gouver-nement de Maduro définira sapolitique.

Nous devons encoreaborder un autre aspect importantdu décès de Chavez: l’impactrégional de sa mort. Il n’y a pas dedoute que le gouvernementChavez avait fait partie de cecycle de soulèvements régionauxqu’il avait aidé à absorber. Maisles révoltes ne sont pas finies. Cen’est pas un problème mineur quede savoir quel sera le sens dumouvement politique après samort.Maduro surement va gagner laprésidentielle, selon tous lesanalystes. Cependant, la crise ausein du chavisme pourraitcommencer très rapidement: aulendemain de sa victoireélectorale, si ce n’est pas avant.Nous insistons, le chavisme devradéfinir une ligne politique - c’estquelque chose que mêmeChavez n’avait réussi à faire,compte tenu de la résurgence desa maladie après sa réélection enoctobre.

Il est vrai que le paysageinternational a beaucoup changé:la crise capitaliste continue, ainsique le discrédit du néolibéralismeau niveau international, bien quecelui-ci continue à donner le tonde l’économie mondiale malgrétout. Les changements qui sont encours sont plus géopolitiques questructurels. Mais en tout cas, il esttrès difficile (sinon impensable)que Maduro puisse avoir lacapacité d’arbitrage de Chavez,alors que ce dernier avait étéincapable de résoudrel’accumulation des tensions et descontradictions au Venezuela.

Une déstabilisation deVenezuela, évidemment, aurait unimpact sur toute la région. Si telétait le cas cela pourrait signifierun coup qui peut affaiblir cesgouvernements progressistes, ouen tout cas, les plus «extrêmes».Ce n’est pas un scénariomécanique: en Argentine, NestorKirchner est mort, puis, Cristina a

été élue et elle reste au pouvoir.Au Brésil, le PT va à la réélection,dirigé par la main de DilmaRousseff. La même chose peutêtre le cas pour Evo Morales enBolivie. Et en Équateur, RafaelCorrea vient d’être réélu.

Mais la mort de Chavezmet un point d’interrogation sur lesperspectives du «progressisme»,en particulier dans les pays où ilsemble plus «assiégé» par lesproblèmes croissants, commedans le cas de l’Argentine.L’émergence du chavisme desdernières décennies avait recrééle rêve de «socialisme national»dans notre continent. Beaucoupd’anciens dirigeants et militants detradition marxiste révolutionnaireavaient rejoint les rangs deChavez et ils ont aidé à contribuéà recréer l’idée d’une «grandepatrie latino-américaine» et d’une«Amérique à nous», mais sansexproprier le capitalisme et sansla prise du pouvoir par la classeouvrière.

Ils ont concocté des«transitions» sans ruptures anti-capitaliste, la construction du«socialisme ici et maintenant» parles cantines et marchés populairesans l’expropriation des grandsmoyens de production.

Leurs formes coopéra-tives, disent-ils, pourrait«anticiper» le socialisme à venir,un «socialisme» qui ne nécessite-rait pas la centralité de la classeouvrière, mais un sujet«multisectoriel» dont la baseseraient les quartiers, lesautochtones , les paysans et lesgrands lieux de travail urbains. Ilsquestionnent les fondements dusocialisme s «eurocentrique». Enfaisant un mauvais éloge àMariátegui, ils rêvent de la«création héroïque» d’un«socialisme national», qui n’estpas fondé sur les enseignementshistoriques de la lutte ouvrière etsocialiste dans le monde.

Mais la mort de Chavezfait approcher le jour où il faudrafaire les comptes de cette adapta-tion aux limites du chavisme, etdes illusions (et du financement)qui ont émergé autour de sa figureet de son mouvement. A l’heurede la crise probable du chavisme,le marxisme révolutionnaire apour mission de procéder à unbilan critique du chavisme et deréaffirmer les perspectivesstratégiques du socialismerévolutionnaire, et de proposer latactique de l’unité dans la luttecontre toute tentative de coupd’état qui peut apparaître àl’horizon.

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cription dans les principalesprovinces du pays2. Cettecampagne a impliqué uneffort militant très grand, avecdes activités publiques pourexpliquer aux travailleurs et àla jeunesse la nécessité d’unetribune dans les élections quidéfende les luttes en cours,les droits des femmes, l’uni-versité publique, et demanderleur affiliation au NouveauMAS3 ; des délégations ontété organisées, avecnotamment des camaradesde Buenos Aires, pour aiderles provinces de l’intérieur dupays. La campagne a été unsuccès énorme : d’abord il aaidé à forger cette nouvellegénération militante, en plus,l’inscription a été obtenuedans la Capitale Fédérale, laprovince de Buenos Aires (cequ’on appelle le grandBuenos Aires), de Cordoba,de Neuquen, et ils restent peud’affiliations dans Rio Negro(province du Sud qui limiteavec Neuquen)4. Ce sera unetribune des travailleurs et dela jeunesse dans lesélections, ainsi qu’un outilpour la construction du partidans ses provinces (et doncpour son extensionnationale) ; cela a été déjà lecas à Rio Negro, où desanciens militants du ‘vieux’MAS des années 80, attiréspar la force de la jeunesse etles réussites constructives duparti, ont aidé lors de lacampagne d’inscription etsont motivés pour aider avecla fondation du parti dans laprovince.

C’est-à-dire qu’unedes résolutions immédiatesdu congrès a été de lancer lacampagne électorale pour leslégislatives qui auront lieucette année. Nous avons votéune lettre ouverte au Front deGauche et des Travailleurs,pour lui demander notreintégration au front sur labase d’un programme clair dedénonce du gouvernement deKirchner, et l’abandon despolitiques opportunistes, quisubordonnent la propagandepolitique à l’obtention de voixet des élus. En tout cas, nousprésenterons nos candidatsdans les principales provincesdu pays, dont ManuelaCastañeira, dirigeant del’organisation féministe LasRojas (Les Rouges) dans laCapitale Fédérale, et MaxiCisneiros, dirigeant ouvrier,dans la Province de BuenosAires.

Mais sans doute la

conquête la plus stratégiquede la dernière période a étél’établissement de camaradesde la jeunesse dans lemouvement ouvrier. Dans unterrain pas du tout facile,puisque l’établissementsignifie un bouleversementdes conditions de vie et demilitantisme pour descamarades qui ont étégagnés dans l’université, etqui exige souvent un travailclandestin de plusieursannées (suite à la persécutionde la patronale et de labureaucratie syndicale) avantd’obtenir des résultats, le partia avancé énormément cesdernières années. C’est uneexpérience tant pour lecamarade qui s’établit commepour le parti, qui doit aider àsa contention politique etmorale. En tout cas, leCongrès a montré plusieurscamarades qui commencentà faire une expérience dans lemouvement ouvrier ; ce ‘pari’du parti nous permettra dansles prochaines années dedisputer politiquement dans leprocès de recompositionouvrière, où une nouvellegénération est rentrée dansles usines et reste ouverte audébat avec l’extrême gauche,ce qui a permis de gagner ladirection de plusieurssections syndicales. En plusde l’insertion de camaradesdu mouvement ouvrier, oncontinue la campagne pour laréincorporation de MaxiCisneros à Firestone,dirigeant anti-bureaucratiquede l’usine5 qui a été licenciépour son activité politique etsyndicale, et où on a déjàobtenu en première instanceun jugement favorable, quioblige l’entreprise àl’embaucher à nouveau.

De manière plusgénérale, on peut dire que leCongrès a montré un parti enpleine croissance, qu’il aaccompli les tâches qu’ils’était posé au derniercongrès en 2009. Le parti aréaffirmé les axes deconstruction : la jeunesse uni-versitaire (avec le projet dedoubler le nombred’établissements, pour passerde 30 actuellement à 60 dansla prochaine période),l’insertion dans la classeouvrière, avec l’établissementde camarades issus de lajeunesse et une activité desoutien aux luttes ouvrières etde propagande dans lesusines, et l’extensionnationale du parti, qui passe

pour la construction denoyaux militants dans desprovinces où nous nesommes pas encore, et oùl’inscription électorale joue unrôle très important. Laconstruction du partipermettra aussi de renforcerle travail international ducourant Socialisme ouBarbarie, dont la présence decamarades de Costa Rica,Bolivie, Brésil et France auCongrès montre aussi ledéveloppement. Noussommes face à un parti jeuneet encore peu expérimenté,qu’il faut politiser et qui ferases expériences avec lesluttes de la classe ouvrière.Le niveau politique descamarades, le climat de fra-ternité et d’unité, le dévoue-ment militant dont font preuvel’ensemble de camarades,m’assurent que le parti par-viendra à accomplir lestâches qu’il s’est fixé et àconstruire une forteorganisation pour la révolu-tion et le socialisme.

[1] - À différence de la France, enArgentine il y a un seul syndicatétudiant dans chaque établisse-ment. Tous les ans les organisa-tions politiques vont aux électionspour déterminer qui sera à ladirection du syndicat ; le plussouvent les postes (trésorier, porte-parole) qui décident de manièrecollégiale les politiques du syndicatsont repartis proportionnellementaux voix obtenus. [2] - Une province est l’unité admi-nistrative et politique qui equivautà une région en France ; l’Argen-tine compte 24 provinces.[3] - Pour obtenir l’inscription élec-torale il faut un nombre de signa-tures et d’affiliations qui varie d’uneprovince à l’autre.

[4] - L’obtention de l’inscriptionélectorale dans cinq provincesnous permettra ensuite de nousinscrire au niveau national pour lesprésidentielles.

[5] - La liste anti-bureaucratique etde classe impulsée par lecamarade et notre parti a obtenu45% des voix contre la liste desbureaucrates syndicaux auxdernières élections.

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« Une activiste pour le droit à l’avortementau parlement » Affiche pour les législatives2013 à la Capitale Fédérale

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Le 1er, 2ème et 3ème Mars, leVI congrès du NouveauMAS (Mouvement Vers

le Socialisme) de l’Argentine,membre du courant interna-tional Socialisme ou Barbarie,s’est déroulé. Pendant cesjours plus d’une centaine dedélégués et plus de 200camarades qui ont assistéavec enthousiasme auxdébats du congrès se sontréunis. Le Congrès s’estdéroulé dans une situation oùles travailleurs commencent àfaire une expériencepolitique avec le gouverne-ment de Kirchner, qui sedétériore politique et écono-miquement, comme le montrela grève générale du 20Novembre 2012, la premièreen dix ans. Le congrès amontré une nouvellegénération du parti, étudianteet ouvrière, qui a décidé defaire un pas en avant pourcontinuer la construction duparti comme une forteorganisation d’avant-garde.

En tant qu’ancienmilitant de la jeunesse duparti, ce qui m’a étonné leplus a été le saut dans laconstruction du parti. En septmois seulement (j’ai quittél’Argentine en Juillet 2012), laconstruction dans la jeunesse(surtout étudiante) a presquedoublé, et je ne connaissaismême pas la plupart demilitants qui ont assisté auxdébats. Cette croissancene s’exprime pas seulementen termes quantitatifs, maiselle représente aussi une ac-cumulation plus profonde etstable : le parti reflète les vi-cissitudes réelles de lajeunesse. Cela explique l’ob-tention (une nouveauté pourle parti) de postes de directiondans plusieurs syndicatsd’étudiants1 : des élus dans lafac de Sciences Exactes etNaturelles, de l’Institut Uni-versitaire National d’Arts, dela fac de Sciences de l’Educa-tion, et la direction dusyndicat d’un Institut deFormation de Professeurs,dans la zone de BuenosAires ; ainsi que la co-

direction avec d’autres forcesde gauche du syndicat de laprincipale université deNeuquen, au sud du pays.Cela montre aussi un desacquis le plus important duparti dans la dernièrepériode : l’extension nationaledu parti, avec une présencedans les principales universi-tés du pays : l’Université deBuenos Aires dans lacapitale, les universités duGrand Buenos Aires (zonenord et sud de la banlieue deBuenos Aires), Cordoba(deuxième province du payset centre industriel), Neuquen(centre pétrolier du pays),Rosario (troisième agglomé-ration urbaine du pays etaussi zone industrielle). Laconstruction de la jeunesseest très importante en deuxsens : d’abord, parce quec’est la force motrice de l’or-ganisation, ce qui assure sacontinuité, ainsi que la possi-bilité d’assumer de plus

grands objectifs, comme l’im-plantation dans la classeouvrière. Mais aussi parcecela exprime que le parti aréussi à être un outil pourcette nouvelle jeunesse estu-diantine et ouvrière qui lutte ets’organise, que le parti a sucomprendre et répondre auxsensibilités et aux as-pirations d’une frange decette nouvelle génération quise soulève face à la crisemondiale du capitalisme.

Cette insertion dansla jeunesse est liée aussi ànotre travail dans lemouvement des femmes et lavisibilité qu’on a réussi àobtenir grâce à notre activitésur l’avortement légal(notamment, le cas d’unefemme violée à laquellel’avortement prévu dans cescas lui avait été refusé, etdont on a parlé dans ledernier numéro de cette publi-cation). L’organisation de femmes du

parti, Las Rojas (Les Rouges)a augmenté notablement soninfluence, grâce à unepolitique qui prend en compteà la fois les problèmes spéci-fiques et les oppressions quisubissent les femmes dansnotre société capitaliste, maisqui essaye aussi de lier cesproblèmes aux autres luttesde la classe ouvrière et de lajeunesse, dans l’idée queseule une transformation ré-volutionnaire de la société,accompagnée d’une activitémenée par des femmes pourleurs droits, pourra en finiravec cette oppression.

Un autre débat etune résolution importante duCongrès a été de renforcerl’extension du parti au niveaunational. Dans ce sens, noussommes arrivés au congrèsavec une accumulationimportante : pendant lesderniers mois avant lecongrès le parti a réalisé uneimportante campagne d’ins-

VI Congrès du Nouveu MAS: unedynamique de croissance

Argentine

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Cortège du Nouveau MAS le 24 Mars 2013, dans la mobilisationannuelle contre le Coup d’Etat de 1976

Par Alejandro V.