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Soflty at sunrise Maya Banks - ekladata.comekladata.com/.../KGI-Tome-7-Banks-Maya.pdf · Maman était si fière de toi. Elle était aux anges quand tu as suivi ses pas. Tout ce que

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Sofltyatsunrise,MayaBanks

Traduction

Machandriouchka(chapitres1à5)

Shineze(chapitres6à9)

Béa(chapitres10à15)

Chapitre1

RachelKellyjetauncoupd’œilàsonreflet,puispoussaunsoupir,avantdesaisirles

cheveuxéchappésduchignonlâchequ’elleavaitfaçonné.Ellebrossaleslongues

mèchesetleslaissatombersursesépaules.

Elleypensaitbeaucouptrop,etsiellenepouvaitpass’enempêcher,Ethannela

laisseraitjamaissortirdelamaison.Ils’inquiétaitdéjàdufaitqu’elleallaitretourner

travailler.Sicelanetenaitqu’àlui,elleresteraitàlamaison,confortablementinstallée

danssonétreinteetcelledesafamille.

Ellecomprenaitqu’ilsoitpréoccupé,etellel’aimaitprofondémentpourcela.Maisil

étaittempsdepasseràautrechosedanssavie–uneviequ’unjourelleavaitcru

terminée.Aprèsavoirétédéclaréeofficiellement«morte»pendantuneannéeentière

pourensuiteêtreressuscitée,quandleKGI–legrouped’opérationsspécialesdeson

marietdesesfrères–l’avaitsauvéedesaprison,elleétaitprêteàvivredenouveau

pleinement.

Durantlesdeuxdernièresannées,elleavaitaffrontélaviesurlapointedespieds,

commesielleavaiteupeurdeprendrelemoindrerisque.Elles’étaitentouréedesa

famille–etcelle-cis’agrandissaitencoreaufuretàmesuredesnouvellesarrivées,

dèsquelesfrèresetlesmembresdel’équipesemariaient–ets’étaitsatisfaitedece

qu’elleavait.

Plusmaintenant.

Unenouvellemaison.Unnouveaudépart.Elleétaitjeuneetavaitlavieentièredevant

elle,mêmesielleavaitconsidérécetteviecommeacquisedanslepassé.Ellenele

feraitplusjamais.Chaquejourétaitprécieuxetelleétaitreconnaissantepourchaque

minutepasséeavecsonmarietsafamille.

Ellepassaunemainsursonventreplat,sentantlanervosités’éleverenelle.

L’excitationpoursesrêvesd’avenir.Pourlespossibilitésquipouvaientmaintenantse

réaliser.Ilétaitdifficilederestercalmeetdesedirequ’ilétaitimprobablequecelase

produiseaussivite.

ElleetEthan–aprèsdelonguesetminutieusesconsidérations–avaientdécidéqu’elle

arrêteraitlacontraceptionquelquesmoisplustôt.Ilsnel’avaientpasconfiéàleur

famille…pasencore.Ethanavaitétéréticent,etelleavaitdûleconvaincrepourqu’il

soitd’accord.Nonpasparcequ’ilnevoulaitpasd’enfant,maisparcequ’ils’inquiétait

pourelle.

Unefoisdéjà–elleavaitl’impressionquec’étaitilyauneéternité–elleavaitété

enceinteetavaitfaitunefaussecouchealorsqu’Ethanétaitabsent,enmissionavec

sonéquipedeSEAL.Cetévénementavaitétéledéclenchementdetantdechoses.

Ethans’étaitéloignéetavaitdémissionnédelaNavy,parcequ’ilsesentaitcoupable

denepasavoirétélàquandelleavaiteubesoindelui.

Cettedécisionl’avaitrendudésespérémentmalheureux,etcelaavaitentraînéleur

relationverslepointderupture.Ellesavaitqueçan’allaitpas,maisellenesavaitpas

àquelpoint,jusqu’àcemoment,avantqu’ellepartepourunemissionhumanitaireen

AmériqueduSudavecd’autresenseignants.Ethanluiavaitprésentélespapiersdu

divorce,l’avaitregardéedanslesyeuxetluiavaitditqu’ilétaitprêtàmettrefinàleur

mariage.

Ellefermalesyeux,parcequemêmeaujourd’hui,tantd’annéesplustard,celaavait

lepouvoirdeluidonnerlanausée.

Etensuite,elleétaitpartiepourl’AmériqueduSudetellen’étaitpasrentrée,jusqu’à

ceque,unanplustard,Ethanetsesfrèresviennentpourelle.

Celaavaitétéunenouvellechance,unnouveaudépart,uneoccasiondepluspour

euxdefaireleschosesbien.Etilsl’avaientfait.

Ellesavaitqu’iln’yavaitaucunegarantie,aprèstoutcequ’elleavaitenduré,qu’elle

puissemêmetomberenceinte,etsielleyparvenait,ellepourraittrèsbienfaireune

nouvellefaussecouche.Celapourraitleurprendredesmois,voiredesannées,pour

concevoirunenfant,c’estpourquoielleavaitvouluarrêterlacontraceptiondèsà

présent.

Maisl’espoirétaitlà.Vivantetbrûlantàl’intérieurd’elle.Ellen’avaiteuàregardersa

nièceCharlottequ’uneseulefoisetelleavaitétéempliedudésirféroced’avoirson

propreenfant.

Ethanapparutàlaporteetlaregardaattentivementdecesyeuxbleusperçants.

«Tuessûredevouloirfaireça,bébé?»

Ellesourit,réchaufféeparlapréoccupationetl’amourqu’ellepouvaitliredansson

regard.

«Jenefaisqu’unremplacementpourl’instant.Ceseraunbontest.SIjetiensbien,

alorspeut-êtrequej’envisageraidereveniràtempspleinl’annéeprochaine,siun

posteestdisponible.»

Sansunmot,ils’avançaetlapritdanssesbras.Ilétaittrempédesueuraprèsson

joggingmatinal.Ilselevaitchaquematinpoursespropresséancesd’entraînement,

maisils’entraînaitaussiavecsesfrèresaucentredesKGI.L’enceinteoùEthanetelle

allaitdéménagerdansquelquesjours.

Elleinhalasonodeur,lemuscdelasueuretlefaiblesoupçondesavon,dernièretrace

deladouchequ’ilavaitpriseplustôt.Lesétreintesétaientencoreunedeceschoses

qu’ellen’avaitjamaisconsidéréescommeacquises.Pendantsacaptivité,quelque

chosed’aussisimplequeletoucherdequelqu’unavaitétéuneenvieaussi

dévastatricequelatorturequ’elleavaitendurée.

Ilembrassalehautdesatêteetlaserradavantage.

«Appelle-moisituasunproblème».Ellesourit.«D’accord.Jetelepromets.»

«Tonportableestchargé?»

Sonsouriresefitpluslarge.Elleoubliaittoujoursdechargercettefichuemachine.

CelaagaçaitEthandenepasêtreenmesured’entrerencontactavecelle.Tousdeux

luttaientencorecontreleursdémons,demanièredifférente.Ilcraignaitdelaperdreà

nouveauetilaimaitsavoiroùelleétaitàtoutmoment.Ilvérifiaitfréquemmentauprès

d’elleets’inquiétaitsanscesses’ilnepouvaitpaslajoindre.

Celapourraitdérangercertainesfemmes,maisRachelcomprenaitsonbesoindese

rassurer.Ilnesecontrôlaitpas.Ilétaitmortdepeur.Celafaisaituneénorme

différence.

«Ilestchargé,maisnem’appellepaspendantlecours,legronda-t-ellelégèrement.

J’ailaissémonemploidutempssurlefrigo,donctusaurasquandjeseraiencours.

Jet’envoieunmessagedèsquejepeux.»

Ethansoupiraetlarelâchalentement.«Jesaisquejesuisunsalaudarrogant.Jene

peuxpasm’enempêcher.S’iln’yavaitquemoi,tun’iraisjamaistravailler,maisjeveux

quetusoisheureuse,doncsiçaterendheureuse,alorsjesuisd’accordavecça.Je

gèrerai.Jetelepromets.»

«Jet’aime,dit-elle,revenantentresesbras.Souviens-toideça,d’accord?»

Ilbaissasaboucheverslasiennedansunballettorridedelèvresetdelangue.«Je

t’aimeaussi»,dit-ildecettevoixbasseetrauquequienvoyaittoujoursdesfrissonsle

longdesacolonnevertébrale.«Soisprudenteetenvoie-moiunmessagequandtu

arrives,commeçajesauraiquetuesensécurité.»

Ellelevalesyeuxetseretira,pourvérifiersonapparencedanslemiroirunedernière

fois.«Çaira.Etn’oubliepas.TamèreetRustyviennentcesoirpournousaiderà

emballerquelquestrucs.Rustyestàlamaisonceweek-end,etelleoffreses

services.»«Jeneseraipasenretard,promitEthan.Aujourd’hui,c’estunjour

d’entraînementléger.Ontravailleaveclesnouvellesrecruespourl’équipedeNathan

etJoe.»LeslèvresdeRachelsecrispèrentenunemouemalheureuse:«Avez-vous

eudesnouvellesdePJ?»

Ethanrestacalmeetpuissecoualatête.«Riendutoutdepuisqu’elleapétéunplomb.

CelatueCole.Steeleneleprendpastrèsbiennonplus.L’équipen’estpaslamême

sanselle,etSteelerefusedelaremplacer.»«Bon,ditRachelfarouchement.Ellea

justebesoindetemps.Ellereviendra.Jesaisqu’ellelefera.»

«J’espèrequetuasraison,dit-ild’untonsombre.J’aiditquel’équipen’étaitplusla

mêmesanselle,mais,enfait,leKGIn’estpluslemêmesansellenonplus.»

RachelsoupiraetseglissadevantEthandansleurchambrepourprendreses

chaussures.PJRutherfordétaitlaseulefemmemembredesKGI.Enfait,non,ce

n’étaitplusvraidutout.SkylarWatkinsétaitunenouvellerecrue,maisRachelnela

connaissaitpasbien.Ellenel’avaitrencontréequ’unefois.

LeschosesavaientterriblementmaltournépourPJsurunemission,etelles’était

éloignéedansl’émotion.LecœurdeRachelsouffraitpourcetteautrefemme,parce

qu’ellesavaitcequec’étaitdesesentircommesionavaitperduunepartimportante

desoi-même.D’êtrecomplètementperdue.

«D’accord,souhaite-moibonnechance»,luidit-elleaprèsavoirenfiléseschaussures

àtalonsplatsetprissamallette.

«Tuvasêtregéniale,ditEthan,unefiertéévidentedanslavoix.Tuétaisune

sacrémentbonneprofavant.Mamanétaitsifièredetoi.Elleétaitauxangesquandtu

assuivisespas.Toutcequetuasfaitc’étaitprendreunpeudetempspourtoi.Çava

terevenircommeunflash.Lesenfantsvontt’adorer,exactementcommeavant.»

Elleseglissadanslecercledesesbraspouruneautreétreinte.«Merci.J’enavais

besoincematin.»

Illaserrafortementetpuislalaissaalleràcontre-cœur.«Jefileàladoucheencore

unefoisetaprèsjevaisauQG.Jeteparleraibientôt.»

Rachelleregardacommeildisparaissaitdanslasalledebains,etpuiselleredressa

lesépaules,sortitdelachambre,passadanslacuisinepourallerdanslegarageoù

savoitureétaitgarée.

Elleétaitterrifiée.Sespaumesétaientmoitesautourduvolant,etcelal’irritaitqu’une

choseaussisimplequefaireunremplacementdansuneécolel’effraieaprèstoutce

qu’elleavaitvécu.

Sonthérapeuteluidirait«chaquechoseensontemps».C’étaitunmantraqu’elle

s’étaitbeaucouprépététoutaulongdel’annéepassée.Etc’étaitassezvrai.Tout

arriveaubonmoment.Elledevaitjusteêtrepatienteetlâcherunpeudelest.

Déménagerétaitunebonneétape.Uneétapepositivedanslabonnedirection.Ethan

n’avaitpascomprispourquoielleétaitalléedansunedirectionsidifférenteavecla

nouvellemaisonqu’ilsfaisaientconstruire.Ilavaitpenséqu’ilsauraientconstruitla

mêmemaisondansl’enceinte.Lamaisondanslaquelleilsvivaientmaintenantétait

unemaisonqu’ilsavaientchoisieensembleetilsyavaientintégrétousleursobjets

préférés.

Commeellesortaitdugarageetregardaitlamaisonquiavaitétésonrêvejadis,elle

pritunegrandeinspiration.Lavéritéétaitqu’ellenepouvaitpasattendredequitter

cettemaisonquireprésentaitmaintenantundesmomentslesplusmalheureuxdesa

vie.

Sonmaris’étaitjadistenudanslesalonqu’elleavaitsoigneusementdécoréetluiavait

tendulespapiersdudivorce.

Elleavaitunnouveaurêvemaintenant.Arrêterdevivredanslepassé.Allerdel’avant.

Unenouvellemaison.Unenouvellevie.Unenouvellechancedefaireleschosesbien

etdelaisserlepassélàoùilétait.

Chapitre2

QuandRachelarrivadanssonalléequelquesminutesaprèsquatreheures,ellefut

surprisedevoirquelecamiond’Ethanétaitdéjàlà.Ellesortit,désireusedelevoiret

deluiracontersajournée.

Ellepritsamallettesurlesiègepassageretempruntal’allée.Àmi-chemin,laporte

s’ouvritetEthansetintdeboutcontrelechambranle,laregardantapprocher.Unemain

étaitdanssondos,etcommeellemontaitlesmarches,illamontrademanièreàce

qu’ellevoitl’énormebouquetdefleursqu’iltenait.

C’étaitsespréférées.Desrosesquiétaientd’unebellenuancedepêche.Pastoutà

faitorangeetpastoutàfaitrose.Pendantlongtemps,Ethanavaitétéincapabledelui

enacheterparcequ’ilenavaitdéposésursatombe,durantl’annéeoùonl’avaitcru

morte.

«Pourfêtertonpremierjour»dit-il.

«Ellessontmagnifiques,Ethan!»

Ellelessaisitetplongeasonnezdanslesfleursparfumées.

«Commentças’estpassé?»demandaEthancommeill’introduisaitàl’intérieur.

Elleallachercherunvaseet,aprèsavoirdisposélestigesàl’intérieuretl’avoirrempli

d’eau,ellesetournaetadressaàEthanunsourirepleind’excitation.

«Trèsbien!»

Ilsouritavecindulgencedevantsonenthousiasmeetlapritdanssesbras.

«Tum’asmanqué.»

Ellerit.«Non,cen’estpasvrai.TuétaisauQG.Tunem’auraispasvuequejesois

alléetravaillerounon.»

Ilembrassasonnezetserrasesbrasautourd’elle.Mondieu!qu’elleaimaitlasécurité

desesbras.Ilyavaitencoredesnuitsaucoursdesquelleselleseréveillaitavecdes

sueursfroidesetilétaitlà,toujoursàsescôtéspourlateniretlaréconforter.Ilsavait

toujours.Illaserraitdanssonétreinteetmurmuraitàsonoreillequ’elleétaitensécurité

etqu’ilétaitlàetqueriennepouvaitplusjamaislablesser.Puisilluidisaitetluirépétait

àquelpointill’aimaitetcombienilétaitdésolédel’avoirfaitdouter.

«Rienquelefaitdesavoirquetuesiciàlamaisonalorsquejesuisabsentmefait

mesentircommequandjesuisavectoi.»

Alorsqu’ilsarrivaientdanslesalon,lebrasd’Ethanl’enlaçanttoujoursétroitement,elle

remarqualescartonsdedéménagementdisperséstoutautour.

«Tuesarrivétôtàlamaison,s’exclama-t-elle.Tuasdéjàcommencélescartonsàce

quejevois.»

Ethansourit.«Etoui,jenevoulaispasquetuenaiestropàfaire.Lesgarsvontvenir

plustardpouraideràbougerlesmeublesetmamanetRustysontsurlaroute

actuellementpouraideràemballerlespetitsmorceaux.»

Rienquelefaitdepenseràsafamillelaremplitd’unesensationdechaleurquine

manquaitjamaisdefairedisparaîtrelesombresdupassé.Elleétaitaiméeetelleétait

denouveauaveceux.Levidequil’avaitrongéependantsilongtempsavaitfinalement

étérempli.

«Jesupposequejedevraism’ymettre»ditRachel,sonregardparcourantlesalon.

«Ohnon,ditEthan,d’unevoixferme.D’abordtuvast’asseoir,surélevertesjambes

et,moi,jevaisouvrirunebouteilledevinpourcélébrertonpremierjourdetravail».

Ellesoupira:«Tumegâtessansvergogne.»

Illuilançaungrandsourire.«Ouais,c’estmoiça.Jen’aiabsolumentpashonte.

Installe-toipendantquejevaischercherlevin.»

Ilpritsamalletteetl’emportaavecluiverslacuisinependantqu’elles’installaitsurle

canapéencuiret,commeilluiavaitordonné,posaitsespiedssurl’ottomane.

Sonregarderraàtraverslesalon,s’arrêtantsurtouslesdétails.Détailsquin’avaient

paschangédepuisqu’ilsavaientemménagéici.Lepianooccupaitencorelamême

place.Lesphotosencadrées–deleurmariageetdesautresmomentspassésen

familletousensemble–étaienttoujoursfixéessoigneusementàlamêmeplace.

Ethann’avaitrienchangédurantl’annéeentièreoùelleavaitétéprésuméemorte.

Rienn’avaitétéchangédepuissonretour.

Elleétaitprêtepourlaprochaineétape.Prêteàembrasserunenouvellevieet

s’éloignerdel’ancienne.C’étaitunequestiondontellen’avaitdiscutéqu’avecson

thérapeutedurantlessessionsauxquellesEthann’assistaitpas,maiselleétait

fermementpersuadéequeladernièreétapedesaguérisonétaitdequittercette

maisonquicontenaittantdesouvenirsdouloureuxpourelle.

Ilyavaitencoredestrousdanssamémoire.Peut-êtreneretrouverait-ellejamaistout

sonpassé.Uneannéesousl’emprisededroguesetletraumatismeémotionnelet

physiquequ’elleavaitenduréavaientpeut-êtrealtérésonespritsuffisammentpour

qu’ilyaitdeschosesdontellenesesouviendraittoutsimplementjamais.Peut-être

était-cemieuxainsi.

C’étaitdifficilepourelle–puisqu’elleavaitperdulesouvenirdebeaucoup

d’événements–quandilsrevenaient,ellelesrevivaittous.Certainsétaientdouloureux

etvifs,etilfallaitdesjoursvoiredessemainespourenveniràbout.

C’étaitdurdesedirequecelas’étaitpasséquatreansplustôtquandc’étaitsifrais

danssonesprit.Lesdisputes.LesilenceglacialentreelleetEthan.Lafaussecouche.

L’absenced’Ethan.Etlesaccusationsquiluifaisaientencoremalsielleleslaissait

l’envahir.

L’hommequ’étaitEthanaujourd’huin’étaitpaslemêmehommequeceluidutoutdébut

deleurmariage.Ellelesavait.Maisc’étaitdifficilequandcessouvenirsrevenaientà

elle.Neufs.Commes’ilsétaientarrivéslaveille.

Sonregarddérivaverslabibliothèqueoùcessatanésdocumentsavaientétécachés.

Immédiatement,lesimagesdeladernièrejournéeterribleéclatèrent,cettejournéeoù

Ethansetenaitdevantelle,sonexpressionimpassible,commeilluiavaittendu

calmementlespapiersquiallaientmettrefinàleurmariage.

Illuiavaitditdenepasrevenir.

Etellen’étaitpasrevenue.

Pendantl’éternitédurantlaquelleelleavaitétéprisonnièredansdescirconstances

inimaginables,sonesprits’étaitbrisé.Elles’étaitraccrochéeàlaseulechosequ’elle

connaissait.Ethan.Ilavaitétélaseuleconstante.Ilallaitvenirpourelle.Ilnela

laisseraitpasmourirenenfer.Dieumerci,sonespritl’avaitprotégéedelaterrible

réalitédelamanièredontilss’étaientséparés,sinonellen’auraitjamaissurvécuni

gardél’espoirqu’ilviendrait.

«Rachel?Toutvabien?»

Laquestionpréoccupéed’Ethandérivaàtraverssessouvenirsdouloureux,ellecligna

desyeuxetsetournaendirectiondesavoix.

Iltenaitdeuxverresdevin,etsessourcilsétaientfroncés,sonregardaigul’examinant

assidûment,aupointqu’elles’inquiètedesavoirs’ildevinaitceàquoiellepensait.

Ellesourit,faisantpreuvedebeaucoupdecontrôlepouréviterlestremblementsqui

accompagnaienthabituellementsesflashbacks.Elleavançalamainversleverrede

vinethochalatête:«Jevaisbien.Jeréfléchissais,c’esttout.»

Ethanluitenditsonverreets’installasurlecanapéàcôtéd’elle.

«Quelquesoitceàquoitupensais,çanedevaitpasêtrebon.Tuétaispâle,ettes

yeuxétaientsidistantsquetuavaisl’airdenepasêtrelàdutout.»

«Cen’étaitrien.Jepréfèreraismeconcentrersurnous.Etsurledéménagementdans

notrenouvellemaison.»

Ellelevasonverreetilfittinterdoucementsonverreaveclesien.

«Cetendroitvamemanquer,dit-il.Beaucoupdesouvenirsysontliés.Jepeux

comprendrepourquoipapaetmamansontréticentsàdéménager.Ilsontvécudans

leurmaisonduranttoutemavie.Jenepeuxpaslesimaginerailleurs.»

Elleavalaetsirotasonvin.

«Tuessûrequec’estcequetuveux?»demanda-t-il.

LeyeuxdeRachels’écarquillèrent.«Noussommessûrementau-delàdecepoint

maintenant.L’autremaisonestdéjàconstruite!Qu’est-cequenousenferionssion

décidaitdenepasdéménager?»

Ilhaussalesépaules.«VanetJoen’ontpasencoreconstruitdemaison.L’und’eux

pourraittoujourslaprendre.»

Ellesecoualatête.«Non.J’aimecettemaison.Elleestparfaite.Jesuisexcitéeà

l’idéededéménagerlà-bas.»

Ill’étudiauneminutecommes’ilcherchaitàdéciderquelétaitsonétatd’esprit.Puis,

ilsepenchapourposersonverresurleborddelatable.

«Tun’espasheureuseici,n’est-cepas?,demanda-t-ilfranchement.

Ellefrissonna,parcequ’ellen’avaitpasvouluqu’ilsacheàquelpointellevoulaitêtre

libéréedecettemaisonetdesonemprisesurelle.Ladernièrechosequ’ellevoulait

étaitqu’ilsesentecoupable.Ilsavaientperduassezdetempsenculpabilitéeten

angoisse.Celaneservaitàrien.Ilsn’avanceraientjamaiss’ilss’attardaienttoujours

surlepassé.

Lasonneriedel’entréesefitentendre,etellelaissaéchapperunsoupirde

soulagement.

«J’yvais.Turestesassise.»ditEthancommeilselevait.

Ilmarchaverslaporteetl’ouvrit,etàpeineunesecondeplustard,Rustyentradans

lesalon.

Rachelsouritetselevapourembrasserlajeunefemme.

«Rusty!Jesuissicontentedetevoir!»Rachelreculapourobserverlajeunefille

souriante.

«Tuesmagnifique!Commentsepassentlescours?»

RustybaissalatêteunpeutimidementmaisellerayonnaitducomplimentdeRachel.

Etc’étaitvrai.Rustys’étaitépanouieenunebellejeunefemme.Unlongchemindepuis

l’adolescentemaigrichonneethargneuse,quiportaitdeshaillons,avaitlescheveux

teintsdecouleursvivesetquiavaitvolédanslamaisondeMarleneetFrankKelly

quelquesannéesplustôt.

ElleétaitcertainementcapabledetenirtêtetouteseuleauclanKellyetd’êtreinsolente

quandl’occasionseprésentait,maisRustys’étaitadouciesousl’amouretlatutellede

MarleneetdurestedesKelly.

«J’aientendudirequetuétaisretournéetravailleraujourd’hui,ditRusty,offrantà

Racheluneétreinteenthousiaste.Commentças’estpassé?»

Ilyavaitdel’inquiétudedanslesyeuxdelajeunefemmeetlecœurdeRachelse

serra.Rustyetellen’avaientpastoujourseulameilleuredesrelations.Rustyétait

entréedanslaviedesKellyaumomentprécisoùRachelavaitétésauvéeetrendue

àsafamille.RustyavaitcraintquelespréoccupationsausujetdeRacheln’éclipsent

sapropreexistence,qu’onsedébarrassed’elleetqu’onl’envoieloin.

«C’étaitàlafoiseffrayantetmerveilleux,ditRachel.Difficiledecroirequejepuisse

êtreintimidéeparungrouped’enfantsdepremiercycle,maiscrois-moi,ilssontassez

terrifiants.»

Rustyrit:«Jemesouviensdemoiàcetâge-làdoncjepeuxbiencomprendrepourquoi

tutremblaisdansteschaussures.»

«OùestMaman?demandaEthan.Jepensaisqu’elleviendraitavectoi.»

RustysetournaversEthan:«Elleaditdetedirequ’elleseraitlàaussivitequ’elle

pourrait.Sophieétaitenretard,etMarlenegardaitCharlottepourelle.»

Leportabled’Ethansonna,illesaisitrapidementetsedétournadesdeuxfemmes

pourrépondre.

RachelpritlamaindeRustyetl’entraînaverslecanapé.«Alors,quefais-tuencours?

Tesétudesteplaisent?»

LesyeuxdeRustybrillaientd’excitation.«J’adore.C’estcommetuasdit.Àlafois

effrayantetmerveilleux.Ilyatantdemonde.Partout.Etdepartout.Jen’étaisjamais

sortiedeDoverdetoutemavieetlà,c’estcommeunchocdecultures.Maisc’estcool

etj’aipleindetrèsbonsamis.Ilyatantdechosesàfaire.»

«Tutemaintiensauniveaudanstesétudes,n’est-cepas?»demandaRachel.

Rustysourit:«TuparlescommeMarlene.Etoui,jetravaillebien.Mieuxquecedont

jepensaisêtrecapable.J’aieuunB,maisc’estunexcellentB,doncjepensequeje

pourraisl’améliorerenAavantquelesemestrenesoitfini.J’aidesApartoutailleurs.

Quiauraitcruquejedeviendraisuneétudiantestudieuse!»

«Tuesplusintelligentequenoustous,ditsèchementRachel.C’étaitjusteune

questiondeconcentrationdeteseffortsdanslabonnedirection.»

«Désolédevousinterrompre,mesdames,maisjevaisdirigeretrassemblerune

équipepouraideràdéplacerlesmeubles.Samauncamiondelivraisonqu’ila

empruntéetnousallonsleramenericipourchargerautantdechosesquenous

pourronscesoir.»

Rachelsouritàsonmari.«D’accord.Nousallonsnousmettreàfairequelquespetits

cartonspendantquenousattendonsMarlene.Jedevraisprobablementcommander

unepizzapourplustard.Toutlemondeseraaffamé.»

Ethandéposaunbaisersurseslèvres.«Laissenousnousinquiéterdelanourriture.

Sijeconnaismaman,elleadéjàpréparéunfestinetelleviendraprobablementplus

chargéqu’unours.»

«C’estvrai,ditRachelavecregret.D’accord,vas-y.Jevousverrai,toiettesfrères,

danspeudetemps.»

Rustyselevaaussietfitungesteverslescartons.«Est-cequ’ilyaunendroit

particulierparlequeltuveuxquejecommence?»

Rachelselevaetposasonverreàcôtédeceluid’Ethansurleborddelatable.Elle

n’avaitbuqu’unegorgéemaissonestomacserebellait,etunesueurmoiteperlasur

sonfront.

SansdireunmotàRusty,elleseprécipitadevantelle,verslasalledebainsdesinvités

àcôtédelacuisine.Elleétaitàpeineparvenueauxtoilettesquesonestomacse

soulevaetqu’elleenrenditlecontenu.

UnemainapaisanteluicaressaledosdebasenhautalorsqueRustyl’interrogeait

anxieuse:«Rachel,toutvabien?Est-cequejedoisrappelerEthan?»

Rachelsecoualatêtecommeellesenettoyaitlaboucheavecuneserviette.«N-non,

dit-elletremblante.Jevaisbien.Vraiment.»

Quandellelevalatête,ellevitqueRustyfronçaitlessourcils.

«Tunevaspasbien.Tuétaisentraindevomirtestripes.Qu’est-cequit’arrive?»

Racheldéglutitnerveusementetallaaulavabopourselaverlabouche.Ellese

gargarisaavecunbaindebouche,priantpournepasavoiràrevenirauxtoilettespour

vomirànouveau.Ellesepenchacontrelelavabo,sesmainsreposantsurlecomptoir

etelles’observadanslemiroir.

Ilétaittempsd’arrêterderepoussercettepossibilité.Boireduvinavaitété

irresponsable.Ellesavaitqu’ellepouvaitl’être.Mêmesielleavaitpenséqu’ilétaitpeu

probablequecelaarrivesitôt.

«Rusty,dit-ellefaiblement.Ya-t-ilmoyenquetumefassesunefaveur?»

Rustyvintderrièreelleetposasamainsursonépaule.«Biensûr.Dis-moijustede

quoituasbesoin.»

RachelsetournaetpritlesmainsdeRustydanslessiennes.«Jeveuxquetune

parlesàpersonnedecequis’estpassé,d’accord?Promets-le-moi.»

Rustyfronçalessourcilsmaisacquiesça.

«Situparsmaintenant,tupourraisêtrederetouravantquetoutlemonderevienne

ici.Maistuvasdevoirtedépêcher.»

Rustypenchalatêtesurlecôté.«Queveux-tu?»

Rachelpritunegrandeinspiration:«Peux-tufonceràlapharmacieetacheteruntest

degrossesseenventelibrepourmoi?»

Chapitre3

Rachelarpentaitlesalondanstouslessens.AttendreleretourdeRustysemblaitdurer

uneéternité.Ellevérifiasamontreetregardaavecanxiétéparlafenêtre.Elle

n’attendaitpasEthanavantuncertaintempsencore.L’enceintesetrouvaitdel’autre

côtédulac,etilallaitsûrementselaisserdistraireàdiscuteravecsesfrèresavant

qu’ilsnereviennent.MaisMarlenepouvaitsemontreràtoutmoment,etbienque

Rachell’aimeprofondément,ellen’étaitpasencoreprêteàparleràquiconquedeses

soupçons.Ladernièrechosequ’ellevoulaitétaitdedonnerdel’espoiràtoutlemonde

sic’étaitunefaussealerte.

Etellenevoulaitpassubirlesquestionsinévitablesetlapréoccupationqui

accompagneraientcertainementl’annoncequ’elleetEthanessayaientd’avoirun

enfant.Pourlemoment,c’étaitleurprécieuxsecret.SeuleRustysavaitàprésent,et

RachelespéraitqueRustysauraitgarderlesecret.

Sonpoulspalpitaquandelleentenditunvéhiculedansl’allée.Elletournabrusquement

leregardverslafenêtre,etelles’affaissadesoulagementquandellevitquec’étaitla

JeepdeRusty.

Unmomentplustard,Rustysehâtadanslamaisonavecunsacenpapiermarron

danslamain.

«J’enaiachetédeux,dit-elle,commeellecommençaitàsortirundusac.J’aipensé

queceseraitmieuxd’enprendredeux,peuimportelerésultatdupremier,justepour

êtresûre.»

RachelsouritetserraRustydanssesbras.«Merci.J’appréciecequetufaispour

moi.»

Rustys’éloignadoucement,sesyeuxpleinsdepréoccupation.«Est-cequec’estune

bonneouunemauvaisechose,Rachel?Jeveuxdire,situesenceinte.»

«Ceseraitunetrèsbonnechose»ditRacheld’unvoixbasse.

Rustysourit:«Alorsjevaiscroiserlesdoigtsetlesorteilspourqueletestsoitpositif.

Tudevraistedépêchermalgrétout,situneveuxpasquetoutlemondelesache.Si

Marlenearriveettetrouveentraindefairepipisurunbâtonnet,lafamilleentièrese

rassembleraenpeudetemps.»

Rachelrit,pritlaboîtedesmainsdeRustyetsehâtaverslasalledebains.«Surveille

pourmoi»luirappela-t-elle.

«Jegardelaporte»ditRusty,del’amusementdanslavoix,àl’extérieurdelasalle

debains.

LesmainsdeRacheltremblaientquandelledéchirahâtivementlaboîte.Elles

tremblaienttellementqu’elledûtpresqueposerlebâtonnetunefoisqu’ellel’eûtlibéré

del’emballage.

Aprèsavoirlulesinstructionsdeuxfois,pourêtresûredetoutfairecorrectement,elle

seforçaaucalmeetseconcentrasurlatâcheàaccomplir.

Etensuite,ellenesecomporteraitpascommeunefolleenattendantlesrésultatsdu

test.Ellesesecouajusteassezpourallerdel’avantetprendrelesecondtest.

Elleréajustasesvêtements,selavalesmainsetensuitevérifiasamontre,touten

évitantderegarderlespetitesfenêtressurlesbâtonnetsposéssurlecomptoir.

Puiselleregarda.

«Rachel?»

Elleneréponditpas.

«Rachel,est-cequetoutvabienlà-dedans?C’esthorriblementcalme.»

«T-tupeuxentrer»parvintàdireRachel.

Laportes’ouvrit,etRustypassalatêteàl’intérieuretbaissalesyeuxsurceque

Rachelfixaitavecévidence.

«Ilssonttouslesdeuxpositifs»murmura-t-elle.

PuisellelevalesyeuxversRustyetunmélangedepeur,d’excitationetdepure

adrénalinebouillonnadanssesveines.

Rustysourit:«C’estunebonnenouvelle,n’est-cepas?»

«C’estmagnifique»ditRacheldansunsouffle.

Sesyeuxs’emplirentdelarmes,etRustylapritdanssesbras,laserrantétroitement,

alorsqueRachelcombattaitlavagued’émotionsquil’engloutissait.

«Félicitations,ditRustyd’unevoixforte.Jesuisheureusepourtoi,Rachel.»

«Merci»ditRachel,luiadressantunsourirelarmoyantcommeelles’écartait.

Rustysecoualatêteetfitunclaquementdelangue.«Tuferaismieuxdete

débarrasserdetesyeuxrougesetlarmoyantsavantquemamanKellyarrive.Ellete

tomberadessusplusvitequ’uncanardsurdeshannetons.Jeprésumequetuveuxen

parleràEthanavantd’enparleraurestedelafamille.»

Rachelsaisitungantdetoiletteetyfitcoulerdel’eaufroide.«Oui,biensûr.

J’apprécieraisquetugardeslesecret,Rusty.C’estuntelchoc.Jeveuxdire,cen’est

pascomplètementinattendu.Jesavaisquec’étaitpossible.Jepensais,avectoutce

quis’estpassé,quecelapourraitprendredesmois,voiredesannéesaprèsavoir

commencéàessayer,avantquejenetombeenceinte.J’aibesoind’unpeudetemps

pourm’yhabituermoi-mêmeetjeveuxpouvoirledireàEthanaumomentparfaitavant

quenousl’annoncionsàtoutlemonde.»

Elleessoralegantdetoiletteetlepressasursesyeuxetsonvisage.Quandellele

reposa,ellegrimaça.

«Ilyaégalementlefaitquej’aidéjàfaitunefaussecoucheunefois,doncjenepense

pasquecesoitjudicieuxd’annoncerlanouvelleavantd’êtreplusavancéedansma

grossesse.»

LevisagedeRustydeplissadesympathie.«Jesuissûrequetoutirabiencettefois.

Tusaisquelafamillevaresserrerlesrangsautourdetoi.Tuaurasdelachances’ils

telaissentleverlepetitdoigt.»

Rachelretroussasonnez.«Hum.Ethann’estdéjàpasraviquejeretourneautravail.

Ilvavraimentdevenirdinguemaintenant.»

LelégergloussementdeRustyfitéchoàtraverslasalledebains.«Jesuissûreque

tuvasledresserenunriendetemps.Cen’estpascommesitunel’avaispasenroulé

autourdetonpetitdoigt.»

Rachelsouritetunesensationdevertiges’épanouitdanssesveinespresquecomme

unsodasecoué.

«Ohmondieu,Rusty,jesuisenceinte!»

Ellevoulaitfairequelquechosederidiculecommecrieretvirevoltertoutautour.

«Oui!»criaRusty.

Elles’emparadesmainsdeRacheletellessautèrenttouteslesdeuxcommedeux

petitesfillessautantàlacorde.RacheléclataderireetRustysejoignitàelle.

«Bonjour!Rachel?Rusty?Vousêteslà?»

«Ohzut!C’estMarlene»murmuraRachel.

Rustyfermaleslèvresetlesserra,imitantlebruitd’unefermetureetfitunclind’œilà

Rachel.Rachelpritlajeunefemmedanssesbrassuruneimpulsionetlaserrapar

gratitude.

«Merci»chuchota-t-elleàsonoreille.

«Pasdeproblème,chuchotaRustyàsontour.Maintenant,allonsvoircequemaman

Kellynousaamenéàmanger.»

*

Lasoiréefutuntourbillond’activités.Marleneétaitarrivéeet,commeEthanl’avait

prédit,avaitapportésuffisammentàmangerpournourrirunearmée.Ouaumoinsla

majoritéduclanKelly.Ethans’étaitmontrépeudetempsaprèsavectoussesfrères

àsasuite,plusSwanny,unamidelafamilleetmembreduKGI,etlepèred’Ethan,

FrankKelly,biensûr.

Ilavaiteuuneattaquecardiaquequelquesannéesplustôtetc’étaitencoretrès

présentdanslesespritsdetouslesmembresdelafamille.Laseuleidéedeleperdre

lesavaittousplongésdanslaterreur.

BienqueRachelaitfaitsapartdecartons,Rustyétaittoujoursintervenue,s’assurant

qu’ellenesoulèvejamaisriendetroplourd.Rachelpouvaitdifficilementseretenirde

sourire.RustyagissaitdemanièretrèsprotectriceenversRachel,sachantqu’elleétait

enceinte,mêmesiellen’avaitjamaislaissééchapperneserait-cequ’unindicesurle

faitqu’ellerefusaitqueRachelportequelquechosedelourd.

«Comments’estpassétapremièrejournée,mapuce?»demandaGarrett,commeil

prenaitRacheldanssesbras.

Elleluirenditsonétreinteetleserraétroitementcontreelle.Garrettavaittoujoursété

l’undesespréférés.Ilavaitétélàquandelleavaitfaitsafaussecouche,ilavaitété

unamiindéfectibleetuneépaulesurlaquellesereposerdepuissonretouretdurant

saconvalescence.

«C’étaitbien.J’étaisterrifiéeetnerveuse,maisças’estbienpassé.Lesenfants

étaientterrifiants.Ilyavaitplusieursenseignantsquiétaientdéjàlàquandj’enseignais

avantetilsm’onttousbienaccueillie.C’étaitvraimentsympa.J’aiadoré.»

Garrettsouritetluiébouriffalescheveux.«C’estfantastique.Jesuiscontentdevoir

quetuasl’airheureuse.»

«HéGarrett,travailleplusetparlemoins»appelaSamdepuisl’autrecôtédelapièce.

Garrettrouladesyeux,maislaissasonbrastomberdesépaulesdeRacheletretourna

verssesfrères.

RachelsouritenconsidérantlagrandeetbruyantefamilledesKelly.Ethanétaitau

milieu,avectroisfrèresplusâgésetdeuxfrèresplusjeunes.Samétaitl’aîné.Garrett

étaitplusjeuned’unan.PuisvenaitDonovan,ouVancommelaplupartdesmembres

delafamillel’appelait.PuisEthanetlesjumeaux,NathanetJoe.

Surlessix,quatreétaientmariés.SeulsDonovanetJoenes’étaientpasencore

installésetilsnemontraientaucunsignedevouloirlefaire.Racheln’étaitmêmepas

sûrequ’ilsvoientunefemmerégulièrement.IlsétaientsioccupésavecleKGIquecela

neleurlaissaitpasbeaucoupdetempslibre,etcetempsqu’ilsavaient,ilslepassaient

habituellementavecleurfamille.

Elleposaunemainsursonventre,sentantl’excitationauplusprofonddesonestomac.

Jusqu’àprésent,SametsafemmeSophieétaientlesseulsquiavaientunenfant.

Charlotte.Uneadorablepetitefillequechaquemembredelafamilleadorait.

GarrettetsafemmeSarah,s’étaientmariésjustequandNathanetsafemmeShea

l’avaientfait,etnil’unnil’autredesdeuxcouplesn’avaientencoreévoquéledésirde

fonderunefamille.

D’euxtous,c’étaientEthanetRachelquiétaientensembledepuislepluslongtemps.

Ellesedemandaitsouventsileurvieauraitétédifférentesiellen’avaitpasperduleur

premierenfant.Peut-êtrequ’Ethann’auraitpasquittélesSEAL.Ilseraitsansdoute

encoredanslaNavy.Elleneseraitsansdoutepaspartieenmissionhumanitaireen

AmériqueduSud.Àcetteépoque,ellel’avaitfaitautantpourfuirlaterribleréalitéde

sonmariagequepourlacausesoutenue.

Perdresonbébéavaitmarquéledéclenchementdetellementdechoses.C’était

stupidedejoueraujeudu«etsi…»,maisellenepouvaits’empêcherdesedemander

commentleschosesauraientpusedéroulersiseulement…

«Toutvabien,Rachel?»

ElleclignadesyeuxetlesrelevapourvoirJoequisetenaitdevantelle,sesyeux

sombrespleinsdepréoccupation.Puisellejetauncoupd’œilrapidementautourd’elle,

espérantqu’ellen’avaitpasattirél’attentiondesautres.Àsongrandsoulagement,ils

étaienttropoccupésàchargerlesmeublesdanslecamion.

«Toutvabien»dit-elleavecunfrancsourire.

Etcen’étaitpasunmensonge.Toutallaitbien.Mieuxquebien.Peut-êtremême

parfaitement.

Ilsourit,lesoulagementremplaçantl’inquiétudesursonvisage.

«C’estl’heuredemanger»appelaMarlenedelacuisinequ’elleavaitrangéequelques

momentsplustôt.

Ilyeutlescrisdesesfils,etRachelseleva,appréciantlafaçondevivretoutàfait

normaledelafamilleKelly.Beaucoupd’amour,unsoutieninconditionnel,toujoursune

mainpouraider,etpleindenourriture,grâceàmamanKelly.

C’étaitunefamilleàlaquelleelleapporteraitunfilsouunefille,etellenepouvait

attendre.Quellechanceauraitsonenfantdegrandirsousl’égidedetantd’amouret

deloyauté!

Ethanmarchaverselle,glissantsonbrasautourdesesépaulesetl’attirantàlui.

«Hé,tuasfaim?Allonschercherquelquechoseàmangeravantqueceshyènesne

dévorenttout.»

Rachelrit,autorisantsoncœuràfaireexploserunejoieeffervescente.Ellesurpritle

regarddeRustydel’autrecôtédelapièceetpartageaunsouriredeconnivenceavec

l’autrejeunefemme.

EllelaissaEthanlaconduireverslacuisinetoutenrêvantàlameilleuremanièrede

luiannoncerqu’ilallaitêtrepère.

Chapitre4

Ilétaittardquandlecamionfutdéchargéàlanouvellemaisonetquetoutfutposé.

Curieusement,Rachelavaitinsistépourqueleurlitsoitdéménagélepremierafinqu’ils

puissentpasserlanuitici,aulieudelapasserdansleuranciennemaison.

C’étaitétrangedeparlerdel’anciennemaison.Ethann’étaitpasencorehabituéàcette

idéedenouvellemaison.Oh,ilétaitd’accordavecl’idéequ’ilsdevaientvivrederrière

lesmursdel’enceinte.Ilacceptaittoutcequiassureraitlasécuritédesafemme.Ou

aumoinsluiapporteraitdesmesuressupplémentairesdeprotection.

MaisRachelsemblait…désireusededéménager.Ellenemontraitaucunsigne

extérieurderegretdequitterleuranciennevie.

Ils’affalasurlelit,attendantqu’ellefinissesadoucheetsejoigneàlui.Cettepensée

nedevraitpasleharceler,maisilyavaitquelquechosesurquoiiln’arrivaitàmettre

ledoigt.IlsedemandaitsitoutallaitbienavecRacheletsielleprenaitle

déménagementaussibienqu’ellelesemblait.

Ils’inquiétaitsanscessedeluicauserlemoindrebouleversement.Sesfrèresl’avaient

prévenudenepasallertroploinetd’enfairemoins.Pournepasl’étouffer.Ilsavait

qu’ilsavaientraison,maisilsn’avaientjamaisvécuensachantquelafemmequ’ils

aimaientplusquetoutétaitmorte.Qu’ilsl’avaientrepoussée.Qu’ilsl’avaientrejetée.

Prissonamouretjetéauvisage.

Ethanavaitfaittoutça.Ill’avaitvécu.Ill’avaitprisenpleincœur,lejouroùonluiavait

annoncéqueRachelétaitmortedanscecrashd’avion.

Depuiscejour,ilseréveillaitencoreensueur,cherchantfrénétiquementautourdelui

pours’assurerqu’elleétaitbienlà.Vivante.Àcôtédelui.

Doncs’ilétaitunpeuautoritaire,c’étaitsûrementcompréhensible.Peudepersonnes

avaientperduetpuismiraculeusementretrouvéunêtreaimé.Ilallaits’assurerdene

plusjamaislaperdre.

Laportedelasalledebainss’ouvritetRachelsortit,lapeaurosieetrayonnantedela

chaleurdeladouche.Sescheveuxétaientmouillésetelleétaitentraindelessécher

alorsqu’ellesedirigeaitverslelit.Elleportaitunpyjamaminusculequilerendaitfou.

Leshort–sionpouvaitappelerçacommeça–couvraitàpeinesesfesses,etletop

plongeaitentresesseins,dénudantsonventrejusqu’aunombril.

Elleauraitbienpunerienporterdutout,cequiluiconviendraitbienmieux,maiselle

aimaitleséduiresanspitiéetfeindrel’innocencequandildéchiraitlesboutsdetissus

quicouvraientsoncorps.

Elles’étaitrempluméedepuislejouroùilsl’avaientramenéeàlamaisondepuis

l’AmériqueduSud.Elleétaitdécharnée.Diable,elleavaitétédécharnée.Unfantôme

desonanciennepersonne.Maigre.Desombresprofondessousetdanssesyeux.

Sescheveuxavaientétécoupéssanssoin,etelleparaissaitsifragile.Commesila

moindrepetitechoseallaitluifaireperdrel’équilibre.

Commesonapparenceavaitététrompeuse,parcequepoursurvivrecommeelle

l’avaitfait,elleavaitdûseforgerunecarapaceenacieretposséderunevolontéde

guerrier.

Àprésent,sescourbesétaientrevenues,bienqu’elleaittoujoursétésvelte.Maiselle

avaitperducetteapparencedefragilité.Seshanchesétaientplusrondes.Mêmeses

seinsétaientpluspleins,etelleavaitprisquelqueskilosnécessaires.

Sescheveuxavaientrepoussé,ilsétaientépais,brillantsetsoyeux.Sesyeuxbrillaient

desatisfaction.Ilneselassaitpasdelaregarder.Ill’avaitvuetouchéeparunprofond

désespoir,etsijamaisildevaitànouveauvoirquelquechosecommeça,ceserait

toujourstroptôt.Quelquesoitcequ’ilavaitàfairepourluiéviterderessentirlemoindre

sentimentdedésespoir,illeferait.

«Donne-moitabrosseetjevaisdémêlertescheveux»luioffrit-il.

Elleluienvoyaunsourirequiluifitrecroquevillerlesorteils.Ilsavaitqu’elleadoraitqu’il

labrosse,etc’étaitunechosesimplequiluiapportaitàchaquefoisautantdeplaisirà

luiqu’àelle.C’étaituneexcusepourlatenir.Pourlatoucher.Poursimplementpasser

dutempsavecelleetjuste…sesentirvivre.

Avant,ilavaitconsidéréceschosescommeacquises.Ilnereferaitplusjamaiscette

erreur.

Ellerécupérasabrossedanslasalledebains,rampasurlelitets’installaentreses

jambesaprèsqu’ils’étaitinstallélui-mêmecontrelatêtedelit.

Ilcommençaparlebas,passantdélicatementlabrossedanssescheveuxemmêlés.

Ellepenchalatêteenarrière,etilputvoirquesesyeuxétaientfermés,sonvisage

exprimantuneprofondesatisfaction.

Celalefitautomatiquementsourire.Sapoitrineseserraets’allégeaalorsquelenœud

d’émotionsquiyétaitformésedénouait,envoyantunflotdechaleurauplusprofond

desonâme.

Mondieu,qu’ilaimaitcettefemme.Iln’avaitjamaisvouluvivresanselle.

Commeilfinissaitdedémêlersescheveux,ilsepenchaenavantendéposaunbaiser

sursanuque,créantunfrissonqu’ilsentitparcourirtoutsoncorps.

«J’aiuneidée,murmura-t-ildemanièresuggestive.Jepensaisquenouspourrions

fairedisparaîtrecesmorceauxdetissussoyeuxquetuappellespyjamaetnous

entraînerpourfaireunbébé.»

Ellerestacomplètementimmobile,puissetourna,seplaçantdemanièreàsetrouver

sursesgenoux,entresesjambes,pourluifaireface.

«Enparlantdeça…»commença-t-elle.

Ill’étudiaattentivement,sedemandantsil’idéed’unegrossesseavaitpeut-êtreoccupé

sespenséesd’avenir.Peut-êtreétait-cepourquoiilnepouvaitpasmettreledoigtsur

sonhumeur.

«As-tudesdoutes?luidemanda-t-il.ParcequetoutestOKsituenas,bébé.Cela

nemedérangeabsolumentpasd’attendreaussilongtempsqu’illefaudrapourquetu

tesentesbienaveccetteidée.Jeveuxquetusoissûred’êtreprête.»

Unepartdeluiespéraitqu’ellereconsidéreraitlaquestion.Iln’étaitpascertainqu’elle

soitassezforte–physiquementetémotionnellement–pourendurerunegrossesse.

Et,queDieuluipardonne,qu’arriverait-ilsiellefaisaitànouveauunefaussecouche?

Celaladévasterait,etilnepourraitsupporterqu’ellesoitblesséeainsi.

Elleluisourit,c’étaitunsouriresibeauetàcouperlesouffleque,pendantunmoment,

iln’arrivaplusàfaireentrerl’airdanssespoumons.

Ellepritsesmainsdanslessiennesetlesapprochadesapoitrine,sesmainsencoupe

surlessiennescommeellelespressaitsursapeau.Ilpouvaitsentirlerythmedoux

desoncœuralorsquesachaleurserépandaitdanssesdoigts.

«Apparemmenttun’aspasbesoindet’entraînerdutout,dit-elled’untonfeutré,à

peineplusfortqu’unmurmure.Ilsemblequetusoisunexpert.Nousl’avonsfait,Ethan.

Nousavonsfaitunbébé!»

Sessourcilsselevèrentetilrestabouchebée.Illacontempla,plongédanslaplus

grandeconfusion,alorsqu’ilessayaitderassemblersesesprits.

«Nousavonsfaitquoi?»demanda-t-ild’unevoixrauque.

Sonsourires’élargitencoreetdeslarmesbrillèrentdanssesyeux,lesrendantbrillants

etd’unbrunplusriche.IllevasesmainstremblantespourencadrerlevisagedeRachel

etilessuyadupouceleslarmesquidébordaientdesespaupières.

«Nousallonsavoirunenfant?»murmura-t-il.

Elleacquiesça,sesyeuxétincelantscommedesétoiles.

Ilfutassailliparunevagued’émotionsquiarrivaienttoutesenmêmetemps.Unejoie

indescriptible.Delagratitude.Unepeurquiluiretournaitl’estomac.Unamour

incommensurableetunetendresseimmensepourlafemmequ’iltenaitdanssesbras.

«Quand?Comment?»

Ilarrêtasonbafouillageavantdeseridiculisercommeunidiot.

«Rustyestalléem’acheteruntestdegrossesseaprèsêtrearrivéeàlamaisonce

soir.J’étaismaladedanslasalledebains,doncelleestvenuemevoir.Elleena

achetésdeuxetj’aiprislesdeux.Lesdeuxétaientpositifs.»

Ilfronçalessourcils:«Malade?Tuvasbien?»

Ellesepenchaverslui,enfouissantsonnezdanslacourbedesoncou.«Jevaisbien.

C’estjusteuntrucnormalpendantlagrossesse.Jen’auraispasdûboiredevin.Je

savais…Jeveuxdire,jesoupçonnaisqu’ilyavaitunechance.Jelesentaisdepuis

quelquesjours.Desnauséeslematinetl’après-midi.Unefatigueécrasante.La

sensibilitédemesseins.Jepensequej’avaisjustepeurdelevoirconfirmer.»

Ilposalesmainssursoncorps,lacaressant,voulantjustelatoucher.Ilposasajoue

surlesommetdesatêtepourqu’elleseblottisseencoreplusprès,soncœursurle

pointd’éclaterhorsdesapoitrine.

«Tutesensbienmaintenant?Tuasbesoindequelquechose?»luidemanda-t-il

avecdel’anxiétédanslavoix.

Ilsentitsonsouriredanslecreuxdesoncou.

«Pourlemoment,jenepeuxmesentirmieux.Jesuisexactementlàoùjeveuxêtre.»

Ilattirasoncorpsencoreplusprèsdeluijusqu’àcequesaboucheplane

dangereusementau-dessusdelasienne.

«Est-cequejet’aiditrécemmentcombienjet’aimais?»

LesouriredeRacheléclairalapiècetoutentièreunefoisdeplus.

«Enréalité,tul’asfait,maisjenemelassepasdel’entendre.»

«Unbébé»dit-ilaveccrainte.

C’étaittropdechoseàappréhenderpourlui.Oh,ilsenavaientparlé.Sérieusement.

Ilsn’avaientpasprisladécisiond’essayerdefaireunbébéàlalégère.Celaleuravait

prisdesmoisdeparlerdetouteslespossibilités,deséventuelsproblèmesqui

pourraientsurgir,devoirsileurfragilerelationpourraitsupporterlesrisquesencourus.

Ilsenavaientmêmeparléenthérapie.

Rienausujetdecettedécisionn’avaitétéprisàlalégère,etpourtantEthanétait

estomaquémaintenantquelaréalitéluisautaitauxyeux.

Unbébé.

Unfilsouunefille.

UnepartdeRachel,lafemmequireprésentaitlemondeàsesyeux.Quireprésentait

toutpourlui.

Sesyeuxlebrûlèrentetilclignadesyeuxpouréloignerl’inconfort.Sonestomacse

nouaetsoncœurseserrainconfortablement.

«Tuesheureux?»luidemanda-t-elleavecdel’anxiétédanslavoix.

Ilregardaavecstupéfactionlalueurd’inquiétudequibrillaitdanslesyeuxdeRachel.

Ill’approchaencoreunpeuplusprèsdelui,jusqu’àcequeleursnezsetouchentet

queleursrespirationssemêlent.

«Ohbébé,jesuiscomplètemententraindeflipper.Jen’aimêmepaslesmots.

Heureux?C’estunmotquisembletellementdérisoireparrapportàcequejeressens.

Mondieu,jesuisheureux,maisj’aiaussiunepeurbleuepourtoi.»

LesouriredeRachelétaitdoux,etellesedressajusqu’àatteindresajoue.«Çaira,

Ethan.Jet’aimaintenant.»

Cetteuniquephrase.Justequelquesmotssimplesquiavaientlepouvoirdele

perturber.Ildutfermerlesyeuxpouréviterdesedécomposercomplètementetdese

briser.

«Oui,tum’asmaintenant,dit-ild’unevoixrauqueetsiétrangléequ’ilpouvaitàpeine

sortirlesmots.

Ellenel’avaitpaseuavant.Ilslesavaienttouslesdeux.Avantilavaitprislecontrôle

deleurrelation.Iln’avaitjamaisétélàquandelleavaiteubesoindelui.Etaprèssa

faussecouche,çaavaitétéencorepire.

Ilavaitététrèsprèsdedétruirelaseulebellechosequ’ilavaitdanslavie.Laseule

personnequ’ilaimaitau-delàdelaraison,etilavaitfaittoutsonpossiblepour

l’éloigner.

«Tum’aurastoujours,Rachel.Toietnotrebébé,vousm’aureztoujours.Jelejure.Tu

n’aurasjamaisàt’inquiéterdesavoirsijesuisavecvousoupas.»

Ellecaressalajoued’Ethandansungestepleind’amouretellepressaseslèvres

contrelessiennes.

«Jenesuispasinquiète,Ethan»murmura-t-ellecontresabouche,sesmotsse

trouvantengloutisquandEthaninspira.

«Quandveux-tuquenousl’annoncionsaurestedelafamille?»luidemanda-t-il.

Ilsallaientêtresiexcités.Bienquelaplupartdesesfrèressoientmariés,Rachelserait

toujourslapremière.Lesfrèresetlesparentsd’Ethanl’aimaientprofondément.Ses

belles-sœursaussi.LagrossessedeRachelseraitaccueillieavectantd’amouret

d’enthousiasme.Iln’yavaitaucundoutepourluique,lejourvenuoùelleaccoucherait,

touslesKellyviendraientàl’hôpitalenmasse,retenantleursouffleenattendant

l’arrivéedesonfilsoudesafille.

Ellehumectaseslèvresnerveusementcommeelles’écartait.Pourlapremièrefois,

l’anxiétébrûladanssesyeux.

Cefutungesteautomatiquepourluidechercheràl’attireràlui.Desaisirsesmains.

Delarassurerenquelquesorte.

Elletremblait,enproieàunmalaise.

«Jenepensepasqu’ondevraitleurannoncermaintenant,dit-elled’unevoixbasse.

C’estencoretroptôt.Honnêtement,jenemesouvienspasdeladatedemesdernières

règles.Ellesétaientunpeuirrégulières,aprèsavoirarrêtédeprendrelapilule,etje

nesaisriendetoutcela.Doncjenepeuxpasvraimentdiredepuiscombiendetemps

jesuisenceinte.Jenesauraipastantquejen’auraipasvuunmédecin.»

Elleprituneautreinspirationetselança.

«Jedétesteraisfaireunegrandeannonce,quetoutlemondeseréjouisseetsoitexcité

pournousetensuitequequelquechosearrive.Commeladernièrefois.»s’étrangla-

t-elle.

Illapritdanssesbras,caressantsescheveux.Bienquesapremièrefaussecouche

aiteulieuquelquesannéesplustôt,pourellec’étaitcommesic’étaitlaveille,parce

qu’ellen’avaitretrouvélesouvenirdecetévénementquerécemment.

«Jenepensepasquejepourrailesupporter,dit-elled’unevoixétouffée.Ceserait

déjàdifficilepournousdelesavoir,etjeneveuxpascauserdechagrinàtousles

autres.Jepréfèreraisqu’onattendequejesoisplusavancéeavantdeledireaux

autres.»

«Jesuisd’accord.»fit-ilfermement.

Elleavalasasaliveets’écartapourleregarderdanslesyeux.

«Est-cequetuviendrasavecmoichezlemédecin?Jeveuxvraimentquetusoislà

avecmoi.Pourquetupuissespartagerchaqueétapeduprocessusavecmoi.»

EthansaisitlesépaulesdeRachelavecdouceur,maissonregardétaitintenseet

ferme.

«Rachel,bébé.Jeseraiavectoiàchaqueminutedecettegrossesse.Jelejure.Iln’y

ariendeplusimportantpourmoiquetoietnotrebébé.PasdeKGI,pasdemission.

Rien.J’aibesoinquetucomprennesça.Quelquesoitcequiestarrivéentrenous

danslepassé,c’estunnouveau«nous»,d’accord?Tupassesenpremier.

Toujours.»

LajoieétinceladanslesyeuxdeRachel.Etlesoulagement.Lerappeldeserreurs

passéesd’Ethanétaitdouloureux.Maisilyavaitdeserreursqu’ilneferaitplusjamais.

Ilglissasamainsoussoncorsagedesoiejusqu’àcequ’ellereposesursonventre

plat.

«Notreenfant»dit-ilavecémerveillement.

Elleposasesmainssurlessiennesetlespressa.Quelquechosed’humidegouttasur

samain,etillevalesyeuxpourvoirlestraînéesargentéessurlesjouesdeRachel.

Pourunefois,lavuedeseslarmesnedéchirapassoncœurendeux.Parcequece

n’étaitpasdeslarmesdechagrinoudedouleur.C’étaitdeslarmesquitraduisaient

unejoieextrême.Elleavaituntrèslargesourireetc’étaitleplusbeauspectaclequ’il

aitjamaisvudanssavie.

Ilemporteraitsursonlitdemortcesouvenird’ellesetenantàgenoux,entreses

jambes,sespropresmainscouvrantleventredeRachelalorsqu’elleversaitdes

larmesdebonheur.

«Nousl’avonsfait,Ethan»chuchota-t-elled’unevoixenrouée.

«Ehouais,onl’afait»murmura-t-iljusteavantdedévorersabouche.

Chapitre5

C’étaitunehabitudepourRacheldeseleverenmêmetempsqu’Ethan,etpendant

qu’ilallaitcourir,ellepréparaitlepetitdéjeuner.Elleappréciaitcetteroutinedumatin

danslaquelleilsétaientconfortablementtombés.

Habituellementellepréparaitunpotdecafé,parcequ’Ethanaimaitenboireunetasse

aprèsavoirdescenduunebouteilled’eausuiteàsaséanced’entraînement.Maisce

matin–commechaquematindelasemainepassée–l’odeurducaféladérangeait.

Latranspirationperlaitsursonfrontetelleinspirad’énormesgorgéesd’airpour

essayerdecalmeretstabilisersonestomacrebelle.Malheureusementpourelle,la

cuisinehabituellequ’ellepréparaitpourlepetitdéjeunern’étaitpasdutoutenaccord

avecelle,maintenantqu’elleétaitenceinte.

Lesœufsluidonnaientenviedevomir.Lebaconluidonnaitlanausée.Lespetites

briochesluifaisaientserrerlesdentsetrespirerparlenez.Laseulevaleursûre

semblaitêtrelepaingrilléoulesviennoiseriescommelescroissantsetlesbiscuits.

Elleétaitpenchéesurlecomptoir,respirantparinspirationsrégulières,quandEthan

rentradesonjogging.

«Rachel?,demanda-t-ilbrusquement.Est-cequeçava?»

Elleseretournarapidement,seforçantàafficherunsourireapaisantsursonvisage.

Ladernièrechosequ’ellevoulaitc’étaitqu’ils’inquiète.Ilyarrivaitassezcommecela

delui-mêmesanssonaideàelle.

«Jevaisbien,lerassura-t-elle.Vraiment.C’estjustequecertainsalimentsmegênent

maintenant.Particulièrementaupetitdéjeuner.Jemesenstrèsnauséeuselematin.

Unpeumoinsl’après-midi,maisjedoistoujoursêtreattentive.Lesœufsetlebacon

semblenttoutparticulièrementdéclenchermesnausées.»

Ethanfronçalessourcilsetpuisl’éloignadélicatementdelapoêleoùlebacongrésillait

encoreetoùlesœufss’épaississaientetdevenaientmoelleux.

«Assieds-toi»luiordonna-t-il.

Ensuiteilretournaàlapoêleetfinitdes’occuperdesœufsetdubacon,lesmettant

dansuneassiettependantqu’ellel’observait.

«Quepeux-tumanger?»luidemanda-t-il.

«Destoasts.Uncroissant.Toutcequiestsec.

«Quepeux-tuboire?»

Ellefronçalenez.«PrincipalementduSpritemaisonn’enapas.J’aijustepris

l’essentielàl’épiceriehier.Ilfautquejefasselepleindecoursesaujourd’hui.

Ilfronçaencorepluslessourcilscommeilmettaitlepaindanslegrille-pain.

«Nousdevonsparlerdurestedudéménagement.Jesaisquetuavaisplanifiéd’aller

fairedescartons,maisjen’aimepasl’idéequetusoisseuleàlamaisonàemballer

destrucstroplourds.Jesaisquetuneveuxpasqu’onenparleencoreàlafamille,

doncnepouvonspasleurdirepourquoijeneveuxpasquetuenfassestrop.»

Elles’apprêtaàprotestermaisilsecoualatête,lesyeuxbrillantdel’obstinationpour

laquellelesKellyétaientcélèbres.

«Onestdimanche.Onnes’entraînepasaujourd’hui,dontjevaisvoirsimesfrères

sontlibrespourveniraideràfairedescartonsetlesemporterdanslecamion.Sinous

pouvonsfairetoutçadansungrandeffortceweek-end,alorsnousn’auronspasà

déballertouscestrucspendantdessemaines.»

Elleacquiesça.«J’aibesoind’allerfairedescourses.J’aiunelisteentièredechoses

dontnousavonsbesoin.J’appelleraiRustyetjeverraisielleveutvenir.»

«Bonneidée.»

Ilbeurralégèrementlatartinedepainetglissalasoucoupeàtraverslebar,dansla

directiondeRachel.L’estomacdecelle-cigrondaetsabouches’humidifiad’une

manièreécœurante,tecommeàchaquefoisqu’elleallaitêtremalade.

Elleregardalepainavecprudence,puisjetauncoupd’œilàEthan.Ilavaitune

expressioninquiète,mais,mêmelà,ellenepouvaitmangerjustepourl’apaiser.

«Jenepeuxpas»dit-ellehonnêtement.

«Ilyaquelquechosequejepeuxfaire?»demanda-t-ilanxieusement.

Ellesouritetsecoualatête.«Çavaaller.Jen’aipasmangégrand-choselematin

durantlesderniersjours.D’habitude,auxalentoursdemidi,monestomaccommence

àprotesteretréclameàmanger.»

«Tuasdesenviesparticulières?Tumeledisetjem’assurequetulesaiespourle

déjeuner.»

Sapoitrineseserradetoutl’amourqu’elleéprouvaitpourlui.

«Peut-êtrepaspourledéjeuner,maissiquelqu’unvoulaitbiensortirlegrillcesoiret

préparerunbarbecueKelly,jenemeplaindraicertainementpas.»

«JevaismettreVansurlecoup,ditEthanmalicieusement.Ilnepeutpasrésister

quandc’estpourtoi.Sijeluidisquetuveuxquelquechose,illefera.»

Rachelsecoualatête,étouffantsonrire.

«D’accord.Donctuauraslesgarspourallerchercherlerestedenosaffairesdans

l’autremaisonetmoi,jevaisfairelescoursesavecRusty.»

«Ouais,ditEthan.Àmoinsquetun’aiesbesoind’undesgarspourallerfaireles

coursesavectoi.Jeneveuxpasquetusoulèvesquelquechosedetroplourd.»

Ellerouladesyeux.«Jepensequejepeuxgérerlescoursesàl’épicerie.Jeprendrai

aussiquelquechosepourlebarbecuependantquej’ysuis.»

Ethanacquiesça.

Rachelallaitprendresontéléphonejusteaumomentoùcelui-cisonna.Elleregarda

lenuméroentrantet,sicen’estqu’ellereconnaissaitunnumérolocal,ellenel’avait

pasdanssonrépertoire.

«Allo?»dit-ellecommeellemettaitletéléphoneàsonoreille.

«MadameKelly.C’estM.Talbot,leprincipaldel’école.Commentallez-vous

aujourd’hui?»

«Jevaisbien.Merci»dit-ellepoliment.

«Jevousdemandedem’excuserdevousappelerundimanche,maisj’aiunproblème

avecunedemesenseignantes.MadameAshtonaeuunaccidentdevoiturelanuit

dernière.»

«Oh,j’espèrequetoutvabien.»

«Elleabesoind’unrétablissementcomplet.Ellevaêtreabsentepourplusieurs

semaines,etjedoismedépêcherdecomblersonposte.Jemedemandaissivous

étiezintéresséepourprendresaclassependantqu’elleestenarrêt.»

LesyeuxdeRachels’élargirent.«Oui,oui,biensûrquejesuisintéressée.»

Ellepouvaitvoirlessourcilsd’Ethansefroncerenunequestionmuette,del’autrecôté

dubar.Ellelevaundoigtpourluisignalerqu’ellelemettraitaucourantdansun

moment.

«C’estmerveilleux.Nousapprécionsvotredésird’intervenir.Sivousvoulezvenirun

peuplustôtlundi,unedesenseignantesvousindiqueraoùsontlesenfants.»

«C’estparfait.Jeserailà.»

«C’estnoté.Jevousvoislundi,etencoremerci.»

«Pasdeproblème.Àbientôt.»

Ellemitfinàl’appeletlevalesyeuxversEthan,ressentantl’excitationlelongdesa

colonnevertébrale.

«Unedesenseignantesvaêtreabsentequelquessemaines,etilsveulentquejela

remplace.»

Ethangardalesilenceunmoment.Sesmotsétaientprudentsquandilparla:

«Penses-tuquecesoitunebonneidée?Jeveuxdire,pourtoi,deretournertravailler

alorsquetuesenceinte?»

Elleluilançaunregardsurpris.Ilneluiétaitpasvenuàl’idéequ’ilneseraitpas

d’accord.

«Jenedispasquetunedevraispas,ajoutaEthanhâtivement.Etjenesuis

absolumentpasentraindetedirequejeneveuxpasquetutravailles.Mêmesijene

veuxpas,ajouta-t-ilavecregret.Jeveuxjustem’assurerquec’estquelquechosequi

nevousblesseranitoi,nilebébé.»

LatensiondeRachelredescenditetellesourit.«Nousironsbien.Lesfemmes

enceintestravaillenttouslesjours.Sijedoisresterassiseàlamaisonpendanttoute

magrossesse,jevaisdevenirfolle.Jen’yarriveraijamais.Enseignervamedonner

unobjectifsurlequelmeconcentrerplutôtquedem’inquiétersanscessepourle

bébé.»

Ethanacquiesça.«Jeveuxjustequetusoissûre.»

«Jelesuis,dit-ellerésolument.Maintenant,jevaisappelerRustyetyaller.Nous

n’allonspasfairedescoursestoutelajournée.Jeveuxàtoutprixmonbarbecuede

cesoir.»

Chapitre6

Rachelvérifiasesmessagessursonportableetsouritlorsqu'ellevitqu'elleenavait

reçutroisd'Ethan.Deux,danslesquelsilvérifiaitsielles'ensortaitautravailetle

troisième,afindeluifairesavoirqu'illuiavaitprisunrendez-vousjusteaprèsl'école

avecunobstétricienàMurray,Kentucky,cequin'étaitpasloindelàoùilshabitaient,

justedel'autrecôtédelafrontière.

IlyavaitunegrandecliniquepourfemmeàMurray,etellepréféraits'yrendreplutôt

qued'allerdansunpluspetithôpitalouunecliniqueàParis,Tennessee.

Elleenvoyauneréponserapidepourluidirequ'elleleretrouveraitàlacliniquepuisse

concentrasurlespapiersposésdevantelle.C'étaitsapériodedeplanification,etsa

salledeclasseétaitvideetétrangementcalme.

Sonpremierjours'étaitbiendéroulé.Beaucoupmieuxquecequ'elleavaitcru.

Bizarrement,ellen'avaitpassouffertd'unedecescrisesdepaniquequ'elleavait

enduréeslessemainesprécédentes.

Pourl'instant,c'étaitsaclasse.C'étaientsesélèves.

Ellefronçadessourcilsquandellearrivaàl'examendel'unedesesélèves.Rachel

savaitquel'enfantétaitparticulièrementintelligente.Sesnotesétaientlerefletd'une

élèvedenaturestudieuseetd'unepersonnequiprenaitsesétudesausérieux.

Lafeuilled'examenn'étaitmêmepasentièrementremplie.Ilyavaitdesgriffonnages

lelongdesmarges.L'emplacementpourlenomavaitétéremplietlepeudequestions

auxquelleselleavaitréponducomportaitlesréponses«Jem'enfous»ou«Quis'en

préoccupe?».Leresten'étaitpascomplétéetlafeuilleétaituséeetfroisséecomme

silajeunefilleavaitremuéetjouéavecpendantlerestedutempsdel'examen.Rachel

mitletestdecôté,déterminéeàensavoirplusàproposdecedevoir.

Elleétaitabsorbéedanssatâched'évaluationdesautrescopiesd'examensquandla

clochesonna,lasortantdesaconcentration.Uninstantaprès,lesétudiants

commencèrentàremplirlapièceetelleretrouvarapidementlafilledontlacopieavait

étébourréederéponsesincorrectesouincomplètes.

SonnométaitJennifer,etc'étaitunejoliejeunefille,timide.Ellen'avaitpasencore

atteintleniveaudecescamaradesdeclassequiavaientdéjàfaitl'expériencedu

maquillageetquiportaitunintérêtinquiétantauxgarçons.

RachelobservaJennifers'asseoiretsevoûtersursonbureau,regardantuniquement

devantelle.Quelquechosen'allaitpasetRachelespéraitquecen'étaitpastrop

compliqué.Ilétaitdifficiledecontinuersoncoursavecdésinvolturesansmontrer

qu'elleétaitpréoccupéeparJennifer.Ladernièrechosequ'ellesouhaitaitétaitde

mettrelajeunefilledansunesituationembarrassanteoud'attirerl'attentiondesautres

élèvessurelle.

Quandlaclochesignalantlafindelajournéeretentit,renvoyantlesenfantsversleurs

lignesdebusetdecarsrespectives,Rachellâchaunsoupirdesoulagement.

«Jennifer»appela-t-elledoucement,lorsquelajeunefilleselevapoursortirdela

salle.«Pourrais-tuvenirunmoments'ilteplaît?»

Jenniferouvritgrandsesyeuxdepeur.Lanervositéémanaitd'elleetelleremuaitde

plusenplusens'approchantdubureau.

«Jenevaispasteretenirlongtempsafinquetunemanquespastonbus,ditRachel

gentiment.Jeregardaistacopied'examenfaitplustôtetjemedemandaiscequi

n'allaitpas.Cen'estpascommesitun'excellaispasauxexamensentempsnormal.

Tuesunetrèsbonneélève,avecenmoyennedesAdanstouteslesmatières.»

LevisagedeJennifersedéformaetleslarmesapparurentdanssesyeux.

«JesuisdésoléeMmeKelly.Jesaisquecequej'aifaitétaitmal.J'étaisjustetellement

encolèreetbouleversée.»

RachelmitsesmainssurcellesdeJenniferetlesserradoucement.«Cequime

préoccupeleplusc'esttoietnonunenoteàunexamen.Est-cequetoutvabienàla

maison?»

«N-non,sanglotaJennifer.Mamèreetmonpèreseséparentetçacraint.Ilssont

tellementégoïstes.Ilssebattenttoutletemps,etilsnepensentàpersonned'autre

qu'euxmême.Ilsnesepréoccupentpasdemoi.»

LecœurdeRachelsebrisaenvoyantladésolationdanslesyeuxdelajeunefille.

Treizeansétaitdéjàunâgedifficile.Maisêtreseulequandtoutesafamilleétaiten

traindes'écroulerdevantvous...

«Jesuisvraimentdésolée,machérie,ditRachel.Jesaisàquelpointtudoisêtre

bouleversée.Jesuiscertainequetamamanettonpapat'aimentbeaucoup.Parfois

lesadultess'oublientetréagissentavecémotionetsouventilsdisentdeschosesqu'ils

nepensentpas.»

«Peut-être»marmonnaJennifer.

«Qu'est-cequetupenseraisdereveniràlapausedemididemain,etjetelaisserai

repassertonexamen»proposaRachel.

Jenniferrelevasatête,sesyeuxreflétantunpeuplusd'espoirqu'auparavantetmoins

dedésolation.«Vousferiezçapourmoi?Jeneméritepasdesecondechance.J'ai

toutfichuenl'air.»

Rachelsourit.«Machérie,nousavonstousledroitàunesecondechance.»

«MerciMmeKelly.Vousêteslameilleure.Jeseraislà.Promis.»

«Courage,d'accord?Leschosesvonts'améliorer.»

Jenniferfitungestedelatêtemaisneréponditpas.Ellepivota,gardantseslivres

contresapoitrineetsehâtaendirectiondelaporte.

*

Rachels'assitdansunsilencedestupéfactiondanslasalled'examen.Elleavaitdu

malàassimilercequelemédecinluiavaitdit.Ilétaitsuffisammentchoquantde

découvrirqueselonlemédecinelleenétaitàaumoinsdouzesemainesdegrossesse,

maisquandilavaitfaituneéchographieinternepours'assurerdel'âgedufœtus,il

avaittrouvédeuxbattementsdecœur.

Desjumeaux.

Ellen'arrivaitpasàs'enrendrecompte.Sesmainstremblaientchaquefoisqu'elleles

éloignaitl'unedel'autre,doncelleavaitfinalementabandonnéetlesavaientserrées

fermementsursesgenoux.

Ethansepenchacontrelatabled'examenoùelleétaitassise,sesjambessebalançant

danslevideetilsemblaitautantsouslechocqu'ellenel'était.Sarespiration

s'entendaitdanslapetitepièce.

«Putaindemerde!»Ilinspira.«Desjumeaux.»

Puisilsetournaverselle,sesyeuxbrillantd'excitation.

«Desjumeaux!»dit-ilànouveau.

Unlargesourirenaquitsursonvisagepuiselles'appuyasurl'épauled'Ethan,enle

secouanttellementelleétaitexcitée.

«OhmonDieu!Ethan.Deuxbébés.»

Ellesesentitétourdieetdurantunmomentellevacillacommeunefillesaouleàune

fêtesurdestalonsdedixcentimètres.Ethanlaretintetlamaintintstableafinqu'elle

netombepasdelatabled'examen.

«Waouh,chérie.Pourquoituneviendraispasparicit'asseoir?Jenevoudraispas

quetufassesunplongeon.»

Illaconduisitsurunsiègecontrelemurpuislafits’asseoir.Ils'agenouilladevantelle,

leursmainsjointes.

«Noussommestellementbénis,chuchota-t-elle.J'arriveàpeineàycroire».

Ilrepoussasescheveuxdesajoueetlesplaçaderrièresonoreille.Ilyavaitàlafois

delapréoccupationetdel'excitationdanssonregard.

«Onvadevoirfaireattention,bébé.Tuvasdevoirteménager.Jeneveuxpasque

quoiquecesoitt'arriveàtoiouauxbébés.»

Ellesepenchaverslui,collantsonfrontcontrelesien.«J'aivraimentpeurmaisje

suisaussitellementheureuseetétourdiequejepourraisexploser.»

Ill'embrassatendrement.«J’aipeurmoiaussi.Terrifiéestprobablementlemotleplus

adéquat.CettefoisceseradifférentRachel.Jetelejure.»

Elleleregardapendantunmoment,ressentantsonamourpourluiauplusprofond

d'elle-mêmeenprononçantcesmotsaveclaplusgrandesincérité.«J'aiperdu

beaucoupdemessouvenirs,dit-elleàvoixbasse.Certainssontrevenus,d'autres

sontrestésenterrés.Maispeut-êtrequenousdevrionsnousmettred'accordsurlefait

quemapremièrefaussecouchedevraitêtreunsouvenirquel'onmetdecôtéetqu’on

laissedanslepassé,oùilappartient.Cesouvenirn'apassaplaceicietmaintenant,

etiln’auraitd’autreconséquencequedefairepeserlepoidsduregretdansnos

cœurs.»

Durantunlongmoment,ilrestacomplétementsilencieux.Ilyavaitunericheémotion

étincelantdanscesyeuxbleus.Ceslèvresreflétaientlatension,presquecommes’il

gardaitsesémotionsenlaisseetqu'ilseretenait.

«Jet'aime»dit-elle.

Illapritdanssesbrasetlaserrasifortqu'ellenepouvaitpasrespirer.Soncorpsentier

pesaitsurceluideRachelalorsquesonsoufflesefaisaitirrégulier.

«Jet'aimeaussi,répondit-ilavecémotion.Bondieu,jet'aimetellementRachel.Et

j'aimenosbébés.

Doucement,illarelâchaetlapoussaenarrièreetd'unregardemplid'admiration,il

murmura«nosbébés».

DeslarmesroulèrentsurlesjouesdeRachel,etsonvisageluifaisaitmalàforcede

souriresifort.

«Etbienjesupposequejen'aipasàm'inquiéterdelafaçondontvousavezprisla

nouvelle»ditledocteurdepuislepasdelaporte.

RacheletEthanseretournèrenttouslesdeuxpourvoirl'obstétriciend'âgemoyenqui

setenaitsurlepasdelaporte,unlargesourireauvisage.

EthanserelevarapidementetRachelcommençaelleaussiàserelevermaisle

docteurluiindiquaderesterassise.

«Asseyez-vous,asseyez-vous,luirecommanda-t-il.Jenevaispasvousgarder

longtemps.Jesaisquecelaaétéunchocpourvousetquevousvoulezetavezbesoin

detempspourl'assimiler.»

«C'estunefaçondeledire»murmuraEthan.

Ledocteurs'appuyacontrelatabled'examentoutenétudiantsondossier.

«Vousavezdéjàfaitunefaussecouchen'est-cepas?»

Rachelapprouvad'unhochementdelatête,refusantdepermettreàquoiquecesoit

defreinersoneuphorie.

«Lesfaussescouchessontbeaucouppluscourantesquecequelesgens

pensent,poursuivitledocteur.Iln'yaaucuneraisonquiindiquequevousnepourrez

pasmenerunegrossesseparfaitementnormaleetavoirdeuxbébésenbonnesanté

ethurlantàpleinspoumons.»

EllefitlagrimaceenimaginantcequeledocteurvenaitdedireetEthans'approcha

pourluisecouerlamain.

«Vousêtesautomatiquementdanslacatégoriedesgrossessesàrisque,comme

touteslesfemmesàgrossessesmultipleslesont,dit-ilenguised'information.Celane

signifieriensicen’estquevousdevezfaireattentionàvousreposer.N'enfaitespas

trop.N'essayezpasdeporterquoiquecesoitdelourd.Nevoussurmenezpas.Faire

del'exerciceavecmodérationestpossible.Riendestressant.Assurez-vousde

mangersuffisamment.Silevieiladage,mangerpourdeuxestvrai,etbienlàvous

mangerezpourtrois.»Ilgloussasurcettedernièrephrase.

«Pourl'instant,jevaisvousvoirunefoisparmois,etplustardjevoudraisvousvoir

touteslesdeuxsemaines.Nousvoussurveilleronsavecplusd'attention,etnous

mettronslesbébéssousmoniteursquandvousvousrapprocherezdeladateprévue.

Danscertainscas,ilestnécessairededéclencherl'accouchementavantladate

prévue,maisilyaplusdenaissancesdejumeauxnésàtermes.Celadépendvraiment

delamèreetdesbébés.Maisnousagironsenconséquencequandlemomentsera

venu.Pourl'instantrentrezchezvous,célébrezlanouvelle,prenezsoindevousetje

vousreverraidansquatresemaines.Sivousavezunquelconqueproblème,n'hésitez

pasàm'appeler.»

«Merci»ditEthan,entendantlamain.

Ledocteursouritpuisserralamaind'Ethan,puiscelledeRachel.

«Félicitationsàvousdeux.»

«Merci»murmuraRachel,faisantl'échodesparolesd'Ethan.

Ledocteurdisparut,leslaissantseulsdanslasalled'examen.QuandRachelseleva

dufauteuil,uneinfirmièrearrivaavecunecartecomportantladatedesonprochain

rendez-vousetuneprescriptionpourdesvitaminesprénatales.

«Nousaimerionsrefairedesexamensquandvousreviendrezlemoisprochain,juste

pournousassurerquevosniveauxdeHCGsontbons.Nevousinquiétezpas.Cesont

justedesexamensderoutine.»

«Merci»ditRachel.

L'infirmièresourit,puissortitdelachambreenfaisantsigneàEthanetRacheldela

précéder.

Rachelpassadanslasalled'attente,partagéeentrelechocetlacomplèteexaltation.

Ellen'arrivaittoujourspasàleréaliser.

«Est-cequetuvasréussiràconduire?»luidemandaEthan,unfroncement

recouvrantsonvisage.

Elleclignadesyeux,sesouvenantqu'ilsétaientvenusàlacliniquedansdesvéhicules

différents.Ellerepoussalebrouillardquil'entouraitethochalatête.

«Çavaaller.Jevaistesuivre.Iln'yaaucunintérêtàlaissermavoitureici.»

Illapritdanssesbrasetluidonnaunlongettendrebaiser.

«Desjumeaux,jen'arrivetoujourspasàycroire.

Ellesecoualatêtetristement.«Moinonplus.Ohmondieu,turéalisesqueçaneva

pastarderàsevoir.Genredanspaslongtemps.Jen'arrivepasàcroirequej'ensuis

déjààdouzesemaines.Avecdeuxenfants,jevaisressembleràunballondeplage.»

«Tuseraslaplusadorableetlaplusbellefemmeenceintequiaitjamaisexisté.»dit

Ethan,uneétincellebrûlantdanslesyeux.

«Oh,Ethan,jen'arrivemêmepasàlecroire.J'ail'impressionquequelqu'unvame

pincerd'uneminuteàl'autreetquejevaismeréveilleretréaliserquetoutcelan'est

qu'unrêve.Celaaétélameilleuresemaine.Nousavonsdéménagédansnotre

nouvellemaison.J'airecommencéàenseigner.Etmaintenantnousallonsavoirdeux

bébésaulieud'un.»

Sonexpressiondevientsérieuse.Illevalebraspourtouchersonvisage,caressantla

courbedesapommetteavectendresse.

«Chaquejourpasséavectoiestunrêvedontj'aipeurdemeréveiller.Tuesun

cadeau,Rachel.Toietlesbébéssontlescadeauxlesplusprécieuxqu'ilm’aitété

donnéd’avoir.Jeneleméritepas,maismondieu!jevaisquandmêmevouschérir

pourlerestantdemesjours.»

Chapitre7

Rachelsetenaitàl’extérieurdesonanciennemaison,clésàlamain,regardantlelieu

qu'elleavaitappelémaisonduranttoutesaviedefemmemariéeàEthan.L'agent

immobiliervenaitdepartir,etunnouveaupanneau«Àvendre»étaitmaintenant

affichédanslejardindedevant.Ellecherchaunquelconquesentimentderegret.De

tristesse.Mêmedelanostalgie.Maislaseulechosequ'elleressentaitétait...du

soulagement.Maintenantqu'elleétaitenceinte,sonsoulagementétaitd'autantplus

grandqu'ellen'auraitpasàamenersesbébésdansunlieuquicontenaittellementde

noirceurpourelle.

Elleprituneprofondeinspirationetfitl'effortd'oublierlessouvenirs,lapeineetla

tristesse.Ilyavaittellementdejoiepourremplacerlechagrind'hier.Unenouvelle

maison.Deprécieuxbébésnichésdanssonventre.Unmarietunefamillequi

l'aimaientprofondément.Ellefermalesyeuxetlaissaleventd'autonomerafraîchirson

visage.Legrattementdesfeuillessurletrottoiretlalégèreodeurdefuméeindiquaient

lechangementdesaison.Lechangementétaitdansl'air.Changementdesaison.

Changementdevie.

Tantmieux.Lebruitd'unevoiturecrissantsurlegravierlasortitdesespenséesetelle

seretourna,sessourcilsserapprochèrentquandellevitquiétaitentrainde

s'approcher.C'étaitleSUVdesabelle-sœurSophiemais,quandils'arrêta,Sarahet

SheasautèrentdelavoiturependantqueSophiesortaitdederrièrelevolant.

«Qu'est-cequevousfaitesici,lesfilles?»demandaRachelavecconfusion.

«Nousvenonstekidnapperpourledîner»ditShead'unairsuffisant.Sarahsourit

puisacquiesçad'unsignedetête.

«Ouais.C'estexactementcequenousfaisons.NouspensionsallerauBigSandyet

mangerauFeedandGrainMill».

«Miam.Vousconnaissezmafaiblesse,lesfilles»

«Nouspensionsquenouspourrionsprendreunpeudetempsentrefillesmaintenant,

ditSophied'unevoixdouce.Ilt'estarrivébeaucoupdechosedernièrement.»

«Çameparaîtabsolumentparfait»ditRachel,émueparl'amitiéqu'ellevoyaitdans

leurregard.Ellesetournaunedernièrefoisetregardalacoquillevidequiétaitson

anciennemaison.Ellen'avaitplusaucunpouvoirsurelle.Elles'étaitlibéréedeson

empriseetdessouvenirsqu'ellecontenait.Ellepouvaitmaintenantlaisserceladecôté

etseconcentrersurlefutur.

«Pourquoionnetesuivraitpasjusqu'àlanouvellemaisonpourquetupuissesy

laissertavoitureetensuitenousmonteronstoutesdansmonSUV»suggéraSophie.

«Çamesembleunebonneidée»ditRachel.

«JevaismonteravecRachel,seproposaShea.Àtoutdesuitelesfilles».Sheamonta

surlesiègepassagerdelaHondaAccorddeRachelpendantquecelle-cisemettait

derrièrelevolant.

«Est-cequec'estSamquigardeCharlottecesoir?»demandaRachelpendantqu'elle

faisaitunemarchearrière.

Sheaeuunpetitrire«LuietNathansonttouslesdeuxdecorvéedebabysitting.Ça

vaêtreintéressantdevoirsiletéléphonedeSophiecommenceàsonnerd'iciune

heure.»

Enparlantdetéléphone,pourrais-tuprendrelemienetenvoyerunmessageàEthan

pourluidirecequel'onvafaire?Commeçapasbesoindeperdredetempsàrentrer

pourluiexpliquer.»

«Biensûr.»SheapritletéléphonedeRacheletsélectionnalenomd'Ethandansson

répertoireets'arrêtarapidement.«Uh,Rachel?»

«Hmm?»demandaRachel,sansquitterlaroutedesyeuxtoutensortantduquartier

etenentrantsurl'autoroute.

«Écoute,jen'étaispasentraindefouinerouquoiquecesoitd'autre.C'étaitjustelà

etimpossibleàrater.»

Rachels'immobilisa.«Ohmerde!J'aicomplètementoublié.Jen'yaimêmepas

pensé.»

«Est-cequeçaveutdirequetuesenceinte?»demandaSheaavechésitation.

Rachelsoupira«Oui,jesuisenceinte.»

Shealaregardad'unairdubitatif:«Tun'aspasl'airheureusedelanouvelle.»

LevisagedeRachels'illumina.Pasheureuse?Jamaisdelavie.

«Jesuisauxanges»dit-elledoucement.«Nouslesommestouslesdeux.Jen'avais

justepasprévudeledireàtoiouàquiquecesoitd'autredecettefaçon.Nousvenons

justedel'apprendre.Çaaétéunchoc.Quandj'aicommencéàavoirdesdoutes,j'ai

vouluattendrejusqu'àlafindupremiertrimestreaucasoù...»

«Jecomprends»ditShea.

«Maisensuitenoussommesalléschezlemédecinetmagrossesseestplusavancée

quecequejepensais.Et...»Elleluijetauncoupd'œiletsemorditleslèvrespour

éviterdelecrier.«Nousallonsavoirdesjumeaux.»

«OhmondieuRachel!hurlaShea.Putaindemerde.Desjumeaux?Tuessérieuse?»

Rayonnante,Rachelacquiesça.«Maistunepeuxpasencoreledireàquiquecesoit.

Nousvoulonsattendrelebonmoment.Ethonnêtementj'aibesoindequelquesjours

pourmefaireàlanouvelleavantdesecouerlafamilleavecunetelleannonce.»

«OhRacheljesuissicontentepourtoietEthan,ditSheaavecunairrêveur.Jesais

toutcequecelareprésentepourvous.Ohmondieu,jesuistellementexcitée!Jevais

êtretata!»

«Tuesdéjàtata,abrutie»luiditRacheltoutenrigolant.

«Ouimaisc'estdifférent,Charlotteétaitdéjànéequandjesuisarrivée.Làceserala

premièrefoisquejevaisêtrelàdèsledébut.»

Rachelsepenchapourluiserrerlamain«Jesuiscontentequetusoislàavecnous,

Shea.J'auraisaiméqueGracepuisseêtrelàplussouvent.»LevisagedeSheane

changeapasdutoutàlamentiondesasœur.GraceétaitmariéeàRio,l'undes

leadersdel'unedeséquipesduKGI,etilsvivaientauBelizequandRion'étaitpasen

mission.Cequirendaitlessœurstellementuniques,c'estqu'ellesavaienttoutesles

deuxdesqualitésdetélépathesetqu'ellespouvaientcommuniqueràlonguedistance.

«Jeparleavecellequotidiennement,luiditSheaavecenthousiasme.C'estunpeu

commesielleétaitici.EtRiol'amèneiciquandilvaenmission.Ildétestel'idéeque

GrâceetElizabethsoientseules.»

Elizabethétaitunepré-adolescentequeRioetGraceavaientadoptéeaprèsqueson

pèreeutététuéaucoursdelamissionquiavaitpermisàRioetGrâcedese

rencontrer.Rioétaitextrêmementprotecteurenverssesdeuxfemmes.Maisbon,tous

leshommesduKGIavaienttendanceàêtresauvagementprotecteurs.

Aumomentoùellescommencèrentàtraverserlepont,d'oùRachelavaitfaillichuter

unefois,lespaumesdesesmainsdevinrentmoitessurlevolantetinstinctivement

elleaccéléral'allure,toutenrestantaussiloinquelecheminleluipermettait.Quand

ellesarrivèrentauboutdupont,levolantétaithumidesoussespaumes.Elleavait

l'espoirqu'unjourellepourraitvaincrelapeurqu'elleavaitdecepont,maissasimple

vueluidonnaitencorefroiddansledos

Quandellesarrivèrentauxportesdel'enceinte,Racheleuuntroudemémoireetne

sesouvintplusducodedesécurité.Elleétaitassiseetfixaitlepavénumériqueen

ayantl'impressiond'êtrelaplusgrandeidiote.

«39561*425»récitaShea.

«Merci»ditRachel,puisellelecomposa.«Jen'aitoujourspasassimilélefaitque

pouraccéderàmamaison,j'aibesoind'uncodedesécurité.»

«Çapermetauxgarçonsdesesentirmieux,luiditSheaavecunhaussement

d'épaules.J'imaginequed'iciàcequelesenfantsarriveonressentiralamême

chose.»

«Tuasraison»approuvaRachel.

Etc'étaitvrai.Cequ'ellevoulaitpar-dessustout,c'estquesesenfantssoienten

sécurité.Avectoutcequiétaitdéjàarrivéàcettefamilledurantcesdernièresannées,

cen'étaitpasbizarredecroirequesesenfantspouvaientcourirunrisque.C'étaitune

réalitéquipoussaitàréfléchirsurlesprofessionsdesKellyetlesmissionsdans

lesquellesilss'investissaient.Elleconduisaittoujoursendirectiondelamaison.L'idée

devivredansuneenceintesécuriséeaveclesautresmembresdelafamilleparaissait

unpeusurréalisteetmêmebizarreditcommeça.Maischaquemaisonétaitconstruite

defaçonàmaintenirl'intimitédesoccupants.Ilspouvaientvoirlerestedelafamille

toutengardantleurintimité.Cen'étaitpassidifférentdufaitdevivredansunautre

quartier.Aumoinsainsi,ilspouvaientchoisirleursvoisins.

Lesmaisonsétaientétenduesetrépartiesautourdulacdefaçonàcequechacune

d'entreelleaitunevuesurl'eau.Lesaménagementspourl'entraînementetlasallede

réunionduKGIétaientloindesmaisonsdefaçonàcequ'ilyaitunsemblantde

normalité.Jusqu'àmaintenantlesseulsrécalcitrantsétaientDonovanetJoeetpuis

biensurFranketMarlene.Samétaitdéterminéàconvaincresesparents,maisils

avaientdéjàrefusél'idéed'envisagerdedéménagerdelamaisondanslaquelleils

avaientvécupendantplusdequaranteans.Rachelnepouvaitpasvraimentles

blâmer,mais,toutcommeSam,elles'inquiétaitdeleursécurité.Marleneavaitdéjà

étaitkidnappéeunefois.Celaavaitétéuneduremanièredeserappeleràquelpoint

ledangerlesentouraitdefaçonconstante.

Ethanlesattendaient,enappuisursoncamion,pendantqueRachelsegarait.Ilsourit

àShea,puislasaluaaumomentoùSophiesegaraitderrièreleSUVdeRachel.

«Unesoiréeentrefilles»dit-ilenposantunbaisersurleslèvresdeRachel.

«Ouais,SametNathangardentlefortdepuislamaisondeSametSophie.Tudevrais

allerleuroffrirunsoutienmoral.»

Ethanrigola.

«JepensequejevaissurtoutvoirCharlotteleurpeindrelesonglesetaprèsj'aurais

plusqu'àlesappelerminettes».

SophieregardaEthan.

«TonjourvavenirEthan.MademoiselleCharlottet'auraetjetegarantisquetune

pourraspasluidirenonettudevrassupporterdesonglesdemainsetdepiedsrose

brillant.»

«Quedieumevienneenaide»marmonnaEthan.

Lerestedesfillesrigola.

«Tuesprête,Rachel?»demandaSophie.

«Amuse-toibienetsoisprudente»luiditEthanalorsquelesfemmess'enallaient.

RacheletlesautresluifirentunsignedelamainpuisgrimpèrentdansleSUVde

Sophie.

Trenteminutesplustard,ellesétaientassisesautourd'unedestablesrondesduBig

SandyFeedandGrainMill,buvantduthéglacéetattendantleurcommande.Sarah

seraclalagorge.

«Jeproposeuntoast,auxannéesmouvementésquel'onavécuesetdontons'est

sortiscommelesKellysaventlefaire»ditSarahsolennellement.Et…cria-t-ellealors

quelesautresétaientsurlepointdeboire.AunouveaudépartdeRacheletd'Ethan.»

SheasouritdiscrètementàRacheltoutenlevantsonverre.Rachelfitlagrimaceàsa

belle-sœurpuisdit:«Certainementquejevaisboireàça».

Ellespassèrentlerestedelasoiréeàrireetàsemoquerdeshommesdelafamille

Kelly,maisilétaitévidentquecesfemmesadoraientleurmariplusquetout.Ilétait

aussiévidentquelesfrèresKellylesaimaienttoutaussifortement.Rachelregarda

sessœursparmariageavecmélancolieetimaginachacuned'elleavecdesenfants.

Lesvacancesetlesanniversaires.Tousréunissousunseultoit,avecFranket

Marleneregardantleurprogéniture,quecesoitvialesliensdusangoudefaçon

honoraire.Marleneavaittendanceàs'attacherauxgensqu'ilsveuillentdecet

attachementoupas.Àcettepensée,Rachelplissalessourcils.

«Quelqu'una-t-ilvuSeandernièrement?Avectoutecettefolie,ledéménagementet

leretouràl'enseignement,jenel'aipasvudepuisdessemaines.Etiln'estpasvenu

aideraudéménagement,cequineluiressemblepas.Ilesttoujourslepremier

volontaireàproposeruncoupdemain.»

SeanavaitétélàpourRachelplusd'unefoislorsqu'ellecherchaittoujourssonchemin

aprèssonretouràlamaison.LeshérifétaitplusjeunequetouslesfrèresKelly,mais

ilétaittoutaussisûretfiablequ'unepersonnebienplusâgée.

«J'aientenduSamluiparlerautéléphonel'autrejour,claironnaSophie.Seantravaille

suruneopérationconjointeaveclecomtédeHenryetlapolicedépartementale.

Apparemmentc'estunehistoirederéseaudedrogue.Ilsontrassemblédeshommes

ducomtéetdelavillesurcetteenquête.Ilfaitpasmald'heures.Samparaissait

s'inquiéterpourlui.»

Rachelsoupira«Ilyadesmomentsoùj'espèrequ'ilvatravaillerpourleKGImaisil

n'apasencoretoutel'expériencenécessaireetpuisaprès,jemedisquec'eststupide

depenserqu'ilseraitplusensécuritéaveclegenredemissionquefontnosmaris.»

Sarahacquiesça.«Maisjecroiscomprendrecequetuveuxdire.C'estrassurantde

savoirqu'illesauraitpourprotégersesarrières,tuvois?Nousnesavonsriendugenre

detypesavecquiSeantravailleauquotidien,maisc'estsûrquenoussavonsquenos

hommescouvriraientsesarrières.»

«C'estexactementquejevoulaisdire,approuvaRachel.J'étaiscontentequand

Swannylesarejoints.»

«Ohmoiaussi,ditSheaavecprécipitation.J'aimalaucœurpourlui.Ilest

tellement…seul.SiseulementvoussaviezcequeluietNathanontenduré...»Savoix

s'estompaetsonvisagedevintmorne.Rachelsepenchaetluiserralamain.Shea

avaitendurébeaucoupdechosespouraiderNathanetSwannyàs'échapperaprès

desmoisdetortureparl'ennemi.Elle,plusquequiconque,savaitcequelesdeux

hommesavaientenduré.Ellesavait,parcequ'elleavaitsouffertaveceuxetpoureux.

«MamanKellyarriveraàlesortirdesasolitude»luiditSophieavecungloussement.

«Vousavezvucommentilestquandelleestlà?C'esttropmignon.Ellelelaisse

perplexe.Elleledorloteetl'appellesonbébé,etjejurequelegrandbonhommefond

commeuneflaqued'eaudevantelle.»

ToutlemonderigolaetRachelsentitsoncœurseréchauffer.Lavieétaitbelle.La

meilleurepossible.Elleétaitentouréepardesgensquil'aimaientetqu'elleaimaitde

toutsoncœur.Iln'yavaitpasunseulKelly,quecesoitunKellydenaissanceoupar

lemariage,quineferaitpastoutcequiétaitensonpouvoirpouraiderunautremembre

delafamille.ElleeutunepenséepourJennifer,sonélève,etpourlefaitquelajeune

filleétaitbriséeàcausedeladestructiondesafamille.Elleavalalenœudàlagorge

quil'avaitassailli.Mais,parlagrâcededieu,elleavaitétéàlaplacedelajeunefille.

Maiselleavaiteuunesecondechance.Larédemption.

«VouspensezquePJvarevenir?demandaSarahdoucement.Jesuistellement

inquiètepourelle.»

Lesautress'arrêtèrentdeparler.PJavaitétéprésentepourchacuned'entreelles.Elle

avaitétélàdanslamissionpoursecourirRacheldeColombie.Elleétaitencore

présentequandSophies'étaitrendueàsonfoudepèreenéchangedeMarleneKelly.

ElleétaitprésentequandlefrèredeSarahétaitmort,enprenantunballedestinéeà

Sarah.EtelleavaitjouéunrôledanslamissionquiavaitpermisderéunirSheaet

Nathan,quandSheaavaitétékidnappéepardesgensquilapoursuivaitelleetsa

sœurGrace.D'ailleurs,elleavaitétélà,pourcouvrirleursmarisquandGraces'était

renduepourprotégerlesmembresduKGIdelamort.PJétaitessentielleauKGI.Elle

étaittoujourslà,protégeantleursmarisquandilsmettaientleurvieendanger.Rachel

neseraitjamaisvraimentenmesuredeluimontrersagratitude.Iln'yavaitpasde

motspourça.Elleespéraitjustequ'elleenauraitunjourl'opportunité.PJavaitdisparu

delacartedesmoisplustôtetsonéquipesedésolaitdesaperte.Ilsn'étaientpasles

mêmessanselle.

«Jem'inquièteaussipourelle»ditSophiedoucement.

«Ellevarevenir,ditSheaavecassurancemêmesisavoixmanquaitdeconviction.

C'estunedureàcuireetunebattante.Jenel'imaginepassedégonfler.Elleajuste

besoindetemps.»

Toutlemondeacquiesçaàcesparoles.C'étaitunconceptaveclequelellesétaient

familières.Letempsguérittouteslesblessures.Letempset…l'amour.Sarahregarda

l'heuresursamontrepuisgrimaçaavecregret.

«Onferaitmieuxderentrerbientôt.Jesaisquelesgarsdoiventselevertôtdemain

pourlesexercicesd'entraînements.»

«Jedoismelevertôtpourletravail»ditRacheld'unaircontrit.Ellesoupira.«C'est

tellementagréablededireçaànouveau.»

«Estcequeçateplaît?»luidemandaSarah.

«Ouibeaucoup»luiréponditRachel.«Jen'avaispasréaliséàquelpointçame

manquaitjusqu'àcequej'yretournelepremierjour.J'aimeenseigner.C'estunepart

decellequejesuis,etj'enaimarred'êtreunepersonnedifférente.»

«C'estbienpourtoi»ditSophietoutensepenchantpourluiserrerlamain.«Nous

sommestoutesfièresdetoi,Rachel.Tuesvéritablementunexemple.Etjesuis

vraimentcontentequemafillepuisset'avoircommemodèle.»

LabouchedeRachels'ouvritd'étonnementetelleregardalesautresfemmescomme

siellesavaientperdulatête.Puisellerigolacarellenepouvaits'enempêcher.

«Nerigolepas,luiditSarahavecsavoixdouce.Nousconnaissonstoutestonhistoire.

Cequetuasenduré.Commenttun’asjamaisabandonné.Etlaténacitédonttuasfait

preuve.Ilfautêtreunefemmefortepourendurercequetuasenduréetnepas

seulementsurvivre,maistriompherdel'adversité.»

«Ohmondieu,lesfilles,nemefaitespaspleurer»ditRacheld'unevoixétouffée.

Elletamponnasesyeuxavecvigueurpournepaspleurer.Desriress'élevèrentautour

delatable,rompantlesérieuxquis'étaitinstalléauseindugroupedefemmes.Elles

payèrentleurnotepuisrejoignirentleSUV.

Surlecheminduretour,lamaindeRachelseposainconsciemmentsursonventre,

etelles'émerveilladufaitqu'elleportaitdeuxminusculesviesdanssonventre.Elle

avaithâtedeledireaurestedelafamille.Elleavaithâtedeprofiterdecemomentde

joie.Ceseraitsonmoment,sonrayondesoleil,aprèsunséjourdanslesténèbres.

Chapitre8

«Tuasaimétasoiréedehors?»demandaEthanenl'allongeantprèsdeluisurle

canapé.Ellesepelotonnadanssesbras,appréciantdesentirsapoitrinecontresa

joue.Elles'étaitchangéepourmettreunetenuedenuitsexyquilerendaitfouetlui

portaitunboxer.Elleaimaitlessoiréescommecelles-ci,oùilssepelotonnaientjuste

surlecanapéetregardaientlatélévisionouparlaientdetoutetn'importequoi.

«C'étaitsympa.Çafaitlongtempsqu’onn’arienfaitensemble.Toutlemondeaété

tellementoccupéetSarahetGarrettetNathanetSheaétaientpartispourleurlunede

miel.»

«Etnousdéménagions»ajouta-t-il.

«Oui,enfin»dit-elleavecunsoupirdecontentement.

Ilrestaimmobilecontreellependantunmoment,sarespirationdouceetstable,mais

ilétaittendu,sesmusclesétaienttendusetiln'étaitpasrelax.Aprèsuninstant,elle

serelevaetpositionnasatêted'unemanièreinterrogative.

«Est-cequequelquechosenevapas,Ethan?»

Sessourcilssefroncèrentunmoment,puisilpritappuisursescoudesafinqueleurs

têtessoientaumêmeniveau.Ilsemblaithésiteràdirecequ'ilavaitentête.

«J'ail'impressionquetuétaisimpatientededéménager»commença-t-il.

Elleacquiesça.

«Cequejeveuxdire,c'estquejesaisquetuétaisexcitéepourlanouvellemaison.

J'imaginequejenecomprendspas...»Ils'allongeapuisfermaleslèvres,commes’il

avaitdécidédenepasdirequequ'illetourmentait.

«Qu'est-cequetunecomprendspas?»l’incita-t-elleàpoursuivre.

«J'admetsquej'aiétésurprisquetuchoisissesundesignpourlanouvellemaison

complètementdifférentdeceluidel'ancienne.C'estpresquecommesituvoulaisque

riennesoitpareil.Etpuistuassemblésisoulagéequandonàdéménageé,etj'ai

remarquéquetuétaisplusheureusedepuisquenousavonscommencéàvivreici.»

Elleleregardaunmoment,détestantdéjàlaconversationquiallaitarriver.«Cela

t'ennuie.»

Cen'étaitpasunequestioncarilétaitévidentquecelaledérangeait.

«Oui,j'imaginequec'estlecas»admit-il.Puisilsecoualatête.«C'eststupidedema

part.Jesuisjustecontentquetusoisheureuse.Jeveuxquetusoisheureuse.»

«Jelesuis»luidit-elledoucement.

«Maistun'étaispasheureusedansl'anciennemaison.»

Lentement,ellesecouasatête,sachantqu'ellenepouvaitpasluimentir.Ellenelui

mentiraitpas,mêmepourépargnersessentiments.

«Pourquoi?»luidemanda-t-il,savoixcraquantsurceseulmot.

Elles'avançajusqu'àcequ'ellesoitassiseenfacedelui,avecsesgenouxpliéscontre

sapoitrineetseshanchescontresonaine.

«Tudoiscomprendrecequec'étaitpourmoi,dit-elletoutdoucement.Retrouverdes

souvenirsàl'improviste.Etàchaquefoisquequelquechosemerevenait,c'était

nouveau,etvibrantdansmonesprit.Commesicelavenaittoutjusted'arriveretnon

desannéesauparavant.Etcen'étaitpastousdesbonssouvenirs.»

Elleleregardad'unaircontrit,sachantqu'iln'yavaitaucunmoyenderendrecelaplus

facileàentendrepourlui.Iltressaillitmaisréussitàsecontenir,commes’ilétait

déterminéàfairepénitenceetànepasreculerfaceauxchosesqu'ilavaitpufaireet

dire.

«Certainsdespiresmomentsdemaviecesontpassésdanscettemaison,dit-elle,

d'unevoixempliededouleur.J'aijustepenséquesinousdevionsvéritablementavoir

unnouveaudépart,nousdevionscommenceravecuneardoisevierge.Etmaintenant

nousl'avons.Unetoutenouvellemaison,prêteàtempspourlesprécieuxbébésque

l'onvaavoir.Unendroitoùnouspouvonsrecommenceràzéroetcréerdenouveaux

souvenirspourremplacerlessouvenirsdouloureux.»

Deslarmesapparurentdanslesyeuxd'Ethanavantdedisparaîtreenunclignement.

Puisilladéposasurlecanapé,sesmainsentourantsanuque.Leurfrontse

touchèrent,puisleurbouche.

«Jet'aime»dit-il,savoixobstruéeparleregretetlapeine.

«Jet'aimeaussi»luimurmura-t-elleenréponse.

«Cettemaisonnecontiendraquedebonssouvenirspourtoi,luipromit-il.Pourtoi,

moietlesbébés.Nousallonsprendreunnouveaudépart.»

Ellesourit

«Oui,nousallonslefaire.»

«Nousn'avonspasencoreinaugurélanouvellechambre»dit-ildesavoixrauqueet

suggestive.

«Mmm,commentavons-nouspuoublierça?»

«C'estuneerreurquenousdevrionscorrigerimmédiatement.»

«Jesuisd'accord.»

Ils'assitpuisremontasurlecanapédefaçonàcequ'ilpuisseseleversanslapousser.

Puis,ilsebaissaetlapritdusofa.Elleatterritcontresontorse,lesbrasd’Ethan

fermementserrésautourd'elle.Protecteur.Ettellementaimant.Illaportajusqu'àla

chambreetl'allongeasurlelit,lafixantd'unregardpleindepromessessensuelles.

Sesmainsglissèrentjusqu'àsescollants,puisilinsinuasesdoigtssouslehautdu

collantensatin.Sesyeuxs'assombrirentquandilcommençaàdoucementlesfaire

descendre.Puisill'aregardad'unairaccusateur.«Pasdesous-vêtements?Tuavais

l'intentiondemeséduire.»

Ellepritunairinnocent,élargissantsesyeuxenleregardant.«Peut-être.»

Ilgloussa,puisilabaissasabouchejusqu'àlajointuredesesjambes,l'embrassant.

Ellefrissonnaetfermalesyeuxalorsquedesfrissonsremontaientlelongdeson

corps,desonventreàsapoitrine.

Alorsqu'ilembrassaitencoreplusprofondémentlajointuredesesjambes,sesmains

s'égarèrentplushaut,remontantsonhautau-dessusdesapoitrine.Aumomentoù

sesdoigtstrouvèrentsestétonsdurcis,salangueglissasursonclitoris,cequilui

envoyaunautrespasmedeplaisirdanslecorps.LespaumesdeRachelglissèrent

danslescheveuxd'Ethanetsesdoigtsétaientfléchisetentouraientsatête.C'était

uneimageérotique,elleleguidantetledirigeant,l'obligeantàresterlàafinquesa

languetouchelebonendroit.Ellegémitdoucementetarquasoncorpsquandelle

atteintladélivrancequ'illuioffrait.

Ilrelevasatête,puisbougeasoncorpsafindeluienlevercomplètementsonhaut.

Aprèsqu'ill'eutenvoyéailleursdanslachambre,ilbaissasatêtesurleventrede

Rachel.Entourantsatailleavecsesgrandesmains,ilposaleplusdouxdesbaisers

surlepetitrenflementdeventreoùsetrouvaientsesenfants.

«Votremamanetvotrepapaonthâtedevousrencontrer»murmura-t-ilcontresa

peau.

«Ethan,j'aibesoindetoi»lesupplia-t-elle,soncœuremplidetellementd'amourqu'il

allaitexploser.«Fais-moil'amours'ilteplaît,jeneveuxpasattendre,j'aibesoinque

tusoisenmoi.»

Ilnebougeapasimmédiatement,àlaplaceildéposaunetraînéedebaisersdeson

ventreàsapoitrine.Ilembrassal'undesestétonspuislesuça.Ilétaitextrêmement

doux.Ilsemblaitsavoirparfaitementàquelpointsapoitrineétaitréceptiveàcausede

lagrossesse.Leplussimpledesgesteslarendaitfolleetluidonnaitenviedecrier

pourobtenirladélivrance.Ilchangeadetétonetl'embrassadelamêmefaçonquele

premier,traçantunelignetoutautouravantdeleprendredanssabouchepourle

sucer.

Ildonnatouràtourlemêmetraitementàchaqueseinavecsabouche,augmentantle

plaisirdeRacheletcréantunedélicieusetensiondanssoncorps.Elledevintdeplus

enplusserrée,quandlesmainsd'Ethanglissèrententresesjambespourréaliserleur

magiesursachairhumideetgonflée.

«Viensenmoi,haleta-t-elle.S'ilteplaît,Ethan.»

Elleavaitbesoindecetteconnexion.Elleavaitbesoinqu'ilssoientconnectésdela

façonlaplusintimepossiblepourdeuxpersonnes.Ellevoulaitsentirsoncorpsau-

dessusdusien.Lesentirrentreretsortiralorsqu'ellesedétendaitpourmieux

l'accueillir.Sesyeuxsefermèrentquandilseretournaverselle,sesjambesbougeant

rapidementsurlessiennesalorsqu'ilsepréparaitàsemettreau-dessusd'elle.Oh

qu'est-cequ'elleaimaitsesentirpetiteetdélicatesoussoncorpsmusclé.Uncorpsde

guerrier.Minceetdur.Pasdechairinutile.Ilyavaitdupouvoirdanschacundeses

mouvements.C'étaitpourquoiilfaisaittoujourstrèsattentionavecelle.Illuiserait

tellementfaciledelablesseravecsaforce.

«Jeteveuxavecmoi»dit-ild'unevoixrauqueetexigeante.Elleglissasesmainsde

sesbrasàsesépaulesoùelleenfonçasesongles,lemarquantainsi.

«JesuistoujoursavectoiEthan»dit-elledoucement.

Ilfermasesyeuxpuisgrognaensepositionnantàl'entréedesonsexe.Ellepouvait

voirlatensiondanssamâchoire.Sachantàquelpointilfaisaitdeseffortspourse

reteniretnepasyallertropfort.Puisilpoussaetentraenelle,l'étirantetl'obligeantà

s'adapteràsalargeur.Ellesoupirapuiss'allongeaenarrièrecontrelematelas.La

sensationdel'entourerparfaitementétaitmerveilleuse.Iln'yavaitaucunepartd'elle

qu'ilnepossédaitpas.Ilsepliaversl'avantafindepousserlesjambesdeRachelplus

haut.Celal'obligeaàleprendreenentieralorsqu'ils'enfonçaitencoreplus

profondémentenelle.Elleétaitenfeu.Elleremuanerveusementalorsqu'ilseretirait

ets'enfonçaitenelleencoreunefois.Etencore.Sabouchedescenditverssonépaule

etildéposadesbaisersbrûlantsetmouillésjusqu'àsoncou.Desbaisersàcouperle

souffle,desbaiserstorridesquilalaissèrentpantelante.Lalangued’Ethanentourale

lobedesonoreille,etaprèssesdentsfrôlèrentlapeausensiblesoussonoreille.

Ellenepûts'empêcherdefrissonnerquandsonorgasmearriva,éclatantcommeun

cieldefeud'artifice.Vaguesdeplaisiraprèsvaguesserépercutèrentdanssoncorps

toujoursplusvite,toujoursplusfort,jusqu'ausoulagementfinal.Enroulantsesbras

contrelui,elleleserraplusfort,legoûtant,lesentantetleressentantsiprofondément

enelle.Soncorpsbattantdemanièrerégulièrecontreelle.Lachaleurdesoncorps

quirecouvraitlesien.

«Jet'aime,murmura-t-ellecontresapeau.C'estnotremoment.Notredébut.Toi,moi

etnosenfants.»

Ilfrissonnacontreelle,lesmotsdeRachelsemblaientl'avoirenvoyédansunautre

univers.Ils'enfonça,puisseparalysasurlecorpsdeRachel,alorsquesoncorps

tremblaitetsesoulevait.Ill'amenadanssesbras,l'installantcontrelui.

«Jet'aimeaussibébé,luimurmura-t-ilenretour.Toujours.Tuesàmoi.Toujoursà

moi.Jenetelaisseraiplusjamaispartir.’

Ellefitunsourire,leserrantplusfortencore.Peuimportecequelefuturavaiten

réservepoureux,ellesavaitqu'ilsyferaientfaceensemble.Ellen'auraitplusjamaisà

êtreseule.

Chapitre9

Rachelmangeasondéjeunerdanssasalledeclasse,enespérantqueJennifer

viendraitpourrepassersonexamen.Jetantuncoupd'œilàl'horloge,elleétaitprêteà

admettresadéfaitequandlaportes'ouvritetqueJenniferentra.Rachelfitunlarge

sourireetl'incitaàrentrer.

«Estcequej'arrivetroptard?»demandaJennifer.

«Biensûrquenon.Tuasencorelargementletempsetjeneveuxpasquetute

précipites.»

RachelpritlafeuilleetlatenditàJennifer.Lajeunefillefitunsouriretimide,pritla

feuilled'examenpuisallas'asseoirdanslapremièrerangéedebureaux.

Rachell'observaducoindel'œil,toutenfaisantsemblantdenoterlesautrescopies.

LessourcilsdeJenniferétaitplissésensignedeconcentrationetellemordillaitla

gommedesoncrayonenlisantlesquestionsavecattention.Retenantunsourirede

triomphe,Rachellevamentalementlepoingdanslesairsensignedevictoire.Quand

laclochesonna,annonçantlafindelapausedéjeuner,Jenniferseleva,unsourirede

satisfactionsurlevisage.

«J'aifini,annonça-t-elle.Etjepensequej'aitoutbon.»

«C'esttrèsbien,luiréponditRachelavecfierté.Jesavaisquetupouvaislefaire.»

«MerciMadameKelly.Pourm'avoirdonnéuneautrechance.Çan'arriveraplus.»

«Oui,faisensortequeçanesereproduisepas»luiditRachelavecvivacitémaiselle

adoucitsaphraseavecunsourirefranc.«C'estbonvat'asseoiràtaplace.Lesautres

nevontpastarder.As-tubesoind'allerauxtoilettesavantquelecoursne

commence?»

Jennifersecoualatête

«Non,Madame,çavamerci.»

Lesautresenfantscommencèrentàarriverbruyamment,legrondementducouloir

envahissantlaclasse.Rachelselevaafindenettoyerletableaudesnotesqu'elleavait

écriteslorsducoursprécédent,afinqu'ellepuissecommencercetteheure-ci.Après

l'avoirnettoyéetavoirécritsonplanpourlecours,elleseretournaetvitunhomme,

deboutdanslefonddelasalledeclasse.

«Monsieur,vousnepouvezpasêtreici»dit-elle.

Iln'avaitpasdebadgedevisiteur.Ellen'avaitpasreçud'appeldubureaupour

l'informerqu'unparentétaitenchemin.Ellecommençaàs'alarmeretelleappuyasur

leboutondestinéauxsituationsàrisques,placésoussonbureauquiavaitétéinstallé

l'annéeprécédente.Peut-êtrequ'elles'avançaittrop,etqu'elleagissaitdemanière

stupideetqu'elleenfaisaittrop.Maisquandils'agissaitdelasécuritédesenfants,elle

semoquaitbienqu'endéfinitivecesoitunefaussealerte.L'alarmesilencieusequ'elle

avaitpresséemettraitimmédiatementl'écoleenétatd'alerteetenquarantaine.La

policelocaleseraitinforméeetarriveraitsurlecampusavecunerapiditéétonnante.

Toutlemonde,ici,considéraitquelasécuritédanslesécolesétaitessentielle.C'était

d'ailleurslecaspartoutailleurs.Lesfusilladesdanslesécolesétaientdevenuestrop

courantes,doncdésormais,aucunedériven'étaitpermiseetlapoliceavaittendance

àéliminerrapidementlamenace.Lesétudiantsseretournèrentpourvoiràquielle

s'adressait.LevisagedeJenniferdevîntpâle.

«Papaqu'est-cequetufaislà?»siffla-t-elle.

Maissonpèrenelaregardaitpas.Ilnelaremarquamêmepas.LecœurdeRachel

cessadebattre,quandillevasamainpourrévélerlepistoletquis'ytrouvait.Son

instinctnel'avaitpastrompée.

«Quetoutlemondesebaisse!criaRachel.Sousvosbureaux!»

Ilyeutunesériedecrisetdebruitsprovoquésparlemouvementdesbureaux,lorsque

lesenfantsseprécipitèrentdessous.

«Quepersonnenebouge!»rugitlepèredeJennifer.

IlfitbougerlepistoletavecprécautionetlecœurdeRachels'arrêtapresque,depeur

qu'iltireetquel'undesenfantssoittouché.SeuleJenniferrestaoùelleétait.Elleétait

terrifiée,pâleetellenequittaitpassonpèreduregard,n'osantpascroirecequ'elle

voyait.

«Papaqu'est-cequetufais?luidemandaJenniferd'unevoixtremblante.Pourquoi

est-cequetueslà?Oùas-tueucepistolet?Tumefaispeur!»

Pendantunmoment,levisagedel'hommes'adoucitenregardantsafille,puisson

expressiondevintdureànouveauetiltournalepistoletendirectiondeRachel.

«Toutvabiensepasserquandelleaurapasséuncoupdefilpourmoi»marmonna-

t-il

Auloin,onpouvaitentendrelessirènesdepoliceetlepèredeJennifers'immobilisa.

Puisilseprécipitaverslafenêtrepourregarderdehorsetpuisilsemitàjurerun

chapeletd'obscénités.

Dessanglotsémanèrentdeplusieursenfantsmaislaplupartétaientblottissousleur

bureau,tropchoquéspourfairelemoindrebruit.

«Qu'est-cequevousavezfait?cria-t-ilàRachelavecfureur.Vouslesavezappelés?

Commentsont-ilsarrivésaussirapidement?»

«Quelqu'undoitvousavoirvuàtraverslafenêtre,luiditRachelcalmement.Vousne

m'avezpasquittéeduregarddepuisquevousêtreentrédanslasalle.Vousavezbien

vuquejen'aipaspassédecoupdefil.»

Ill'observaavecsuspicion,puisillavisaaveclepistolet.

«Fermezlesstores.Faiteslemaintenant!»

Rachelseprécipitapourfairecequ'ildemandait,soncœurbattantcommeuntambour

danssapoitrine.

«Papa,neluifaispasdemal,lesuppliaJennifer.Elleestgentille.S'ilteplaît,nefais

pasdemalàquiquecesoit.Rentronsjusteàlamaison,s'ilteplaît.»

«Tamèrenelepermettrapas,gronda-t-il.Elleaobtenuunordrederestriction.Cette

stupidesaloperefusequejetevoie.Elleditqu'ellevaobtenirtagardeexclusiveaprès

ledivorce.Maisçanerisquepasd'arriver.Jevaism'enassurer.»

«Monsieur,s'ilvousplaît,écoutezvotrefille,luiditRachelavecuntonapaisant.Vous

nepourrezplusjamaislavoirsivousêtesenfermédansunecelluledeprisonet,si

quelqu'unestblesséaujourd'hui,ilvousenfermerapendantunlongmoment.»

Cesmotssemblaientl'avoirencoreplusénervé.Ilavançacommes’ilallaitlafrapper

maisJenniferseglissadevantRachel,ouvrantsesbrasafindelaprotéger.Rachel

serraJennifercontreelle,puislafitpasserderrièreelle.

«Resteici,chérie,luimurmura-t-elle.Nebougepas.Nefaispasdebruitetlaisse-moi

luiparler.»

JennifergémitmaisfîtcequeRachelluiavaitdemandé.

«Commentvousappelezvous?»demandaRachel,commes’ilsavaientune

conversationordinaireouquec'étaitunparentprésentpourunrendez-vous.

Ilsemblaperduetréponditautomatiquement.

«Kent,KentWinstead»

«M.Winsteadvousavezunefilletrèsintelligente.Elleexcelledanstoutesles

matières.Jesuiscertainequevousdevezêtretrèsfierd'elle.»

Ilsembladéstabiliséparlatournurequ'avaitprislaconversation.

«Biensûrquejesuisfierd'elle.Elleahéritédemonintelligence.Samèreestaussi

bêtequesespieds.»

Derrièreelle,JenniferdéglutitdouloureusementetRacheleutd'autantplusmalpour

lajeunefille.

«Essayonsdetrouverunesolutionensemble,luiditRachelaveccalme.Dites-moice

quevousvoulez,afinquejepuissevousaider.Lesenfantsontpeur.Votrefilleest

terrifiée.Jesuiscertainequeladernièrechosequevoussouhaitiezc'estd'effrayerles

élèves.»

Ilsemblapartagé,quandilregardalesélèvesrecroquevilléssousleurbureau,la

plupartd'entreeuxaveclevisageravagésparleslarmes.

«Jeneveuxpasleurfairepeur,marmonna-t-il.Maisjefaiscequej'aiàfaire.»

«Estqu'est-cequec'estexactement?»demanda-t-elle.

Sessourcilsserapprochèrent,commesi’iln'avaitpasvraimentdeplanetc'étaitle

cas,iln'avaitpasvraimentdeplanprédéterminé.Ilagissaitendésespoirdecauseet

maintenantilavaitruinétoutesseschancesd'êtreavecsafille.Ellen'allaitcependant

pasluidireçamaintenant.Celaneferaitquelepousseràbout.

«Jeveuxquevousappeliezlapolice»dit-ilfermement.

Elleacquiesça.

«Jepeuxfaireça.Vousmepermettezd'allercherchermontéléphone?Jevousjure

quejenesuispasarmée.Ilsn’autorisentpaslesarmesauseindel'école.»

Illevasonarmeetlapointasurelle,puisilacquiesça.

«Prenezletéléphonemaisn'appelezpersonnepourl'instant.Jedoisvousdireceque

vousallezdire.N'essayezpasdefairequoiquecesoitdestupide.Jeneveuxpas

blesserquiquecesoit,maisjeleferaisivousm'yobligez.»

«Nousvoulonstouslesdeuxlamêmechose,M.Winstead.Jepeuxvousassurezque

vousavezmonentièrecoopération.»

Elleatteignitdoucementsonsac,s'assurantqu'ilpuissevoirconstammentlecontenu

desonsacalorsqu'elleprenaitsontéléphoneportable.Ellelesortitetlepritdansses

mains,defaçonàcequ'ilpuisselevoir,puiselleleregarda,attendantqu'illuidise

quoifaire.

«Qu'est-cequevousaimeriezquejediseàlapolice?»

Ilsegrattalementonaveclamainquinetenaitpaslepistolet,toutenlaregardant.

Celaluifaisaitpeurdevoirlamaindel'hommetrembleraussifort.Ilmarchaità

l'adrénalineetunseulmouvementpouvaitlaconduireàlamort.Etàlamortdeces

précieuxbébés.Elleavaladouloureusementsasalive,refusantdecéderàlapanique.

Elleavaitvéculepireetelleavaitsurvécu.Ellesurvivraitaussiàça.Sesbébés

comptaientsurelle.Ethancomptaitsurelle.Ellenelelaisserapasaffrontersamortà

nouveau.

«S'ilvousplaît,pouvez-vousbaissercerevolver»dit-elle,l'autorisantàentendrele

tremblementdanssavoix.«Jen'arrivepasàréfléchirquandtoutceàquoijepense

c'estquej'aipeurquevousmetiriezdessus.Abaissezjustelerevolver,jeferaitout

cequevousvoulez.»

Ilétaitrongéparl'indécision.JennifercommençaàbougermaisRachell'enempêcha,

lareplaçantderrièreelle.Finalementilabaissalerevolver,maisillegardadanssa

main.Illepointaendirectiondumurlepluséloignépuisillaregardadurement.

«Vousallezleurdirequejeveuxqu'ilsannulentl'ordrederestrictionetquejeveux

pouvoirvoirmafille.Etjeveuxquemafemmenousrejoignepourqu'ellevoieàquel

pointjesuissérieux.Siellen'arrivepasrapidement,jecommenceraiàtirer.»

Rachelfitdéfilersescontactsdanssontéléphoneàlahâte,puisappuyarapidement

surlenumérodeSean,priantpourqu'ilsoitenservice.Elleprenaitunrisque

considérableenn'appelantpaslapolicemaisellefaisaitconfianceàSeanetilmettrait

Ethanetsesfrèresaucourantdelasituation.Quandçacommençaàsonner,elle

portaletéléphoneàsonoreille,toutenmaintenantlecontactvisuelaveclepèrede

Jenniferafind'êtreprêteàtoutchangementsoudainquiarriverait.

«Racheljesuisraviquetum'appelles.Commentvas-tu,mabelle?»

LavoixencourageantedeSeancalmaimmédiatementunpeudelaterreurqu'elle

ressentait.

«Ici,RachelKelly»commença-t-ellecommesielleneconnaissaitpasSeanetqu'elle

appelaitunemployéquelconque.«KentWinsteadestici,dansmasalledeclasse,

avecunearmeetiladesexigences.Sisesexigencesnesontpasrespectées,ilva

commenceràtirersurlesélèves.»

Dessanglotsdeterreurémanèrentdesenfantsallongéssousleurbureau.Seanse

mitimmédiatementenétatd'alerte.

«Réponds-moisimplementparouiounon,Rachel.Es-tusurhaut-parleur?»

«Non.»

«Ok,jevaisdiffusertonappelauniveaulocaletauniveaududépartement.Sais-tu

s’ilyadéjàdesagentsdepoliceprésents?»

«Oui.»

«D'accord,resteavecmoi.Dis-moiquellessontsesexigences.Essayonsdele

calmer.Onvatesortirdelà,trésor.»

Kentcommençaitdéjààs'impatienter,unregardnoirassombrissaitdéjàsonvisage.

Ilresserrasaprisesurlepistolet,doncelleannonçarapidementlesdemandesqu'illui

avaitdictées.Kentserelaxaunpeuquandill'entenditréciterlalistedesesexigences.

«Onmemetencontactaveclapersonneenchargesurplace,luiditSean.J'ai

transmistoutcequetuviensdemedire.J'aibesoinquetulefassesparler.Lance-lui

unosetdemande-luilenumérodesafemmeafinquenouspuissionslajoindre.»

RachelenlevaletéléphonedesonoreilleetregardaKent.

«Ilsontbesoindunumérodetéléphonedevotrefemme,afindel'appeler.Ilsvontle

faireimmédiatement.»

«C'estbien,c'estvraimentbien,putain,ditKent,toutenhochantlatête.Faisonsvoir

àcettesalopecequ'elleaprovoqué.Ellevareveniràgenouxmaisjeneveuxplusde

sonculdésormais.»

«Lenuméro»luidemandaRacheldoucement.

Lorsqu'ilrécitalenuméro,RachellerépétaàSean.

«Ok,continuepourmoi,mapuce.Essayedelegardercalme.UneéquipeduSWAT

semetenpositionaumomentmêmeoùnousparlons.MoncontactaappeléSamet

l'amisaucourantdelasituation.Faisluisavoirquenousappelonssafemme

maintenant.»

«Ilssontentraindel'appeler»ditRachelàKent.

Ilhochalatêteensignedesatisfaction,puisilregardaverslafenêtreenfronçantles

sourcils.Commes’ilavaitcomprisqu'ilsemettaitendanger,iltraversalapièceetse

mitdansuncoinoùilnepouvaitpasêtreatteintdepuislafenêtre.Ilsepositionnaentre

deuxétagères,maisgardalepistoletpointéversRachel.

«Papa,s'ilteplaît,nefaispasça,lesuppliaJennifer.Jeneveuxpasqu'ilst’emmènent

loindemoi.Ilsvonttemettreenprisonetjenetereverraiplusjamais.»

RachelsecouaJennifer,enespérantqu'ellecomprennequ'ilfallaitqu'ellesetaise.

RappeleràKentl'erreurqu'ilétaitentraindefaireneferaitqu'accroîtresonagitation,

etcelapouvaitlepousseràfairequelquechosedestupide.

Lespersonnesdésespéréesfaisaientdeschosesdésespérées.

LevisagedeKentsedurcit.«Jenevaisnullepart,sicen'estàlamaisonavectoi.

C'esttastupidedemèrequivas'enallerloin.»

JennifercommençaàsangloterdoucementetenfouitsatêtedansledosdeRachel.

«Qu'est-cequiprendautantdetemps?demandaKent.«Qu'est-cequ'ilsfont?Faites

leurssavoirques'ilsessayentdesemoquerdemoi,jecommenceàtirer.S’ilspensent

quejeneleferaipas,qu'ilsessayent.»

Sansavertissement,ilpointal'armeverslehautettira.Lapièceexplosaetlebruitse

répercutasurlesmurs.Duplâtrevoladanslasalle.Descriss'élevèrentetlapanique

s'ensuivit.

«Rachel!Rachel!Putaindemerde,Rachel,estcequetueslà?Parle-moi!Dis-moi

cequisepasse.

Rachels'étaitimmédiatementaccroupie,couvrantlecorpsdeJenniferdusien.Elles

seblottirenttouteslesdeuxderrièrelebureauetRachelsortitsamainafind'essayer

decalmerlesautresélèves.

«Restezoùvousêtes,murmura-t-elleavecempressement.Nebougezpasetrestez

calme.Neditespasunmot.Nefaitesrienpourattirerl'attentionsurvous.»

«Rachel!»rugitSean.

Ellereplaçaletéléphoneàsonoreille.

«Jesuisl-là.»

«Est-cequetuvasbien?,luidemanda-t-il.Qu'est-cequivientdesepasser,putain?»

«C'étaitjusteunavertissement,balbutiaRachel.Ilveutsavoircequisepasseet

pourquoiçaprendautantdetemps.»

«Ouais,c'estça,grondaKent.Ditesàcesbâtardsqu'ilsferaientmieuxpasd'essayer

demebaiseretdem'énerver.»

«Dépêche-toiSean,murmura-t-elle.Ilesttrèsinstable.»

«Dis-luiquenousavonssafemmeautéléphoneetqu'elleestd'accordpourvenir

jusqu'ici.Çavaluiprendreaumoinsvingtminutes.»

Quandelletransmitl'informationàKent,seslèvressecrispèrent.

«Jesaisparfaitementqueçaprendàpeinequinzeminutespourvenirjusqu'icietelle

feraitmieuxd'êtrelàdanscelapsdetemps.»

«Quinzeminutes,ditRachelfaiblement.Illuidonnequinzeminutes.»

«Raccrochez,criaKent.Vousêtesrestéeassezlongtempsenlignecommeça.Vous

luiavezditcequejevoulais.Maintenantnousallonsvoirs’ilvamel'apporter.»

Sansriendire,elleraccrocha,nevoulantpasl'énerverenendisantplus.Àprésent,

Seandevaitavoirunebonneidéedelamenaceàlaquelleellefaisaitfaceavecses

élèves.Ellen'avaitplusqu'àprierpourquelapolicesoitenmesured'apporterune

solutionàlasituationetqu'aucundesélèvesnesoitblessépendantl'opération.

Chapitre10

Ethan,Donovan,SametGarrettsetenaientlà,regardantlanouvelleéquipecomposée

deNathan,Joe,Swanny,SkylaretEdgetandisqu’ilsserendaientàleurmanœuvre

surlechampdetir.

SkylaretJoeétaienttousdeuxremarquablesetlescandidatslesplussérieuxpour

êtrelestireursd’élitedel’équipe.Edgeétaitungrosfilsdeputeetbienqu’iltirebien,

saspécialitéétaitmanifestementlecombataucorpsàcorps.C’étaitunancien

combattantduMMA(ArtsMartiauxMixtes)etlaforcebruteétaitsonpointfort.Diable,

ilressemblaitsimplementàunépouvantablesalopard.Maisilavaitaussiunehistoire

dansl’arméeetilétaitdisciplinéetextrêmementconcentré.Unetrèssoliderecrue

pourleKGI.

Samsaisitsontéléphone,regardal’écranpuisleportaàsonoreille.

«Hey,Sean,quoideneuf?Tudeviensgrosetparesseuxdanstonbureaupeinard?»

L’expressiondeSampassadelaplaisanterieausérieuxendeuxsecondes.

«Oh,merde.Fais-moiuntopo.»

Ethan,DonovanetGarrettoublièrentimmédiatementcequelesautresétaiententrain

defairepourfocalisertouteleurattentionsurSam.

«Filsdepute,juracedernier.Tutefousdemagueule!Est-cequ’ellevabien?Qu’est

cequisepasse?Est-cequelesSWATsontsurlecoup?»

Uneviveinquiétuderemontalelongdelacolonnevertébraled’Ethan.Cedevaitêtre

liéàlafamillepourqueSeanappelleetpourqueSamsoitaussiénervé.Etunebonne

partiedelafamilleétaitréunielà.SaufRachel.MaisRachelétaitàl’école.Celane

devaitpasêtreenrapportavecelle.

Etpuis,SamjetaunregardàEthan,l’airlugubreetl’estomacd’Ethans’effondra.

«Rachel»dit-ilàvoixbasse.

Ethanenoubliaderespirer.Ils’approchadeSam,sepenchantauplusprèspour

écoutertoutcequeSeandisait.Iln’entendaitquedesfragments,carSamavaitce

maudittéléphonecolléàsonoreillemaiscequ’ilentenditleglaçajusqu’auxos.

UnhommearméretenaitlaclassedeRachelenotage.Ilétaittrèsinstable.Menaçait

detirer,sisesdemandesn’étaientpasentendues.Undélaidequinzeminutes.Putain

demerde.Celaleurprendraitaumoinsvingtminutespourarriverjusqu’àl’écoleet

toutcelaensemagnantleculetenpulvérisanttouslesrecordsdevitesse.

EthansetournaversDonovan.

«Van,tupeuxpréparerl’hélicoptèrerapidement?Onpourrafaireletrajetendix

minutes,sionsemagnelesfesses.»

Samraccrochamaisilcourraitdéjàendirectiondunouvelhéliport.

«Appellelesautres.Jeveuxtousleshommesqu’onasurcecoup»criaSam.

Nathan,Joeetlerestedeleuréquipesemirentenmouvementsanshésitationet

coururentlesunsderrièrelesautresversl’hélicoptère.

Donovansautadanslecockpitetcommençaàactionnerlesboutonspourdémarrer

lesmoteurs.

«Qu’est-cequisepasse,bordel?»demandaGarrett.

Lesautress’étaiententassésdansl’hélicoetsepenchaientpourentendrecequeSam

avaitàdire.

«Unfilsdepute,lepèred’undesélèvesdeRachel,adesproblèmesdomestiques.

Safemmeaobtenuunordrederestrictionetveutlagardeexclusivedanslaprocédure

dedivorce.Lemariapétéuncâbleetafaitirruptiondanslaclassedesagosseen

brandissantunearmeetmaintenant,ilmenacedetirersisesexigencesnesontpas

accordées.»

«Etquellessontsesdemandes?»soufflaEthan.

«Ilveutquel’ordrederestrictionsoitannulé,grognaSam.Peudechancequecela

arrive.Ilveutlagardedesafille.Ouais,commesicelapouvaitarriver.Etilveutque

safemmesoitàl’écoledansquinzeminutes,cequinepeutêtreunebonnechose.

Mêmes’ildécidedetoutarrêteretdenepasdescendrelesgosses,tusaisqu’ilfinira

parlatuerelle.»

«Est-cequeSeant’aditsiRachelvabien?»demandaEthan,lapeurlefaisant

presquetrembler.

«Elleestterrifiée,maisSeanditqu’ellefaitunbonboulotpourfairegardersoncalme

augars.Ellecoopèrecomplètement,elleessaiedel’apaiser.ElleaappeléSeanau

lieudu911.»

«C’estnotrenana,ditGarrett,delafiertédanslavoix.Elleestfutéeetc’estune

battante.Jepariesurelle.»

Ethansefrottalefrontd’unairfatigué.Iln’avaitjamaisétéaussiterrifiédetoutesa

vie.«Lesgars,vousnecomprenezpas.»

Nathanluijetaunregardaigu.

«Qu’est-cequenousnecomprenonspas?»

Ethanpritunegrandeinspiration.

«Elleest…enceinte.Onvaavoirdesjumeaux.Onvientjustedel’apprendre.Ce

stressnepeutpasêtrebon,mêmesiellen’estpasblessée.»

Lesautressemblaientébahis.

«Félicitations,ditSamd’unairsombre.Maispourlemoment,jepréfèrelaramener

enunseulmorceauetfaireunefêtedutonnerreplustard.»

Ethanhochalatête,approbateur.

«Jenepeuxpaslaperdre.Jenepeuxpaslesperdre.»dit-ilavecuncalme

désespéré.

Ohmondieu,ilavaitdéjàeuplusdechancequequiconqueeutpuespérerenl’ayant

miraculeusementramenéeauprèsdelui,alorsqu’ilpensaitqu’elleétaitmortedepuis

unan.Était-ilcondamnéàlaperdredetoutefaçon?

Garrettposalamainsursonépaule.

«Tunevaspaslaperdre.Onvayalleretbotterdesculs.Ons’enfoutdelapolice?

Onvamettrecesalaudhorsd’étatdenuireetensuite,toutlemonderetourneraauprès

desesparentsetRachelrentreraavecnous,àlamaison.»

EthanfrappasonpoingcontreceluideGarrettetmurmuraun«hooyah».Garrett

rouladesyeux.«C’estjusteparcequecelaconcerneRachelquejetelaissefaire

cetteconneriedelaNavy.»

L’hélicoptèreseposaauxabordsdel’écoleetSamétaitdéjàautéléphoneavecSean

quisetrouvaitsurleslieux.

«Onarrive,ditSamd’unevoixdure.Assure-toiquepersonnenenousfassede

problème.»

Ethanavaitlecœurauborddeslèvres.DessouvenirsdesesmomentsavecRachel,

depuissonretour,sejouaientencoreetencoredanssatête.

L’imagedecesdeuxamasfloussurlemoniteur,quipulsaient,indiquantlavieetle

regarddejoieincroyablesurlevisagedeRachel,tandisqu’ilsréalisaientcequeces

deuxformesreprésentaient.

IlnepouvaitperdreRachelouleursbébés.Ils’étaitbattutropardemmentpour

retrouversavie.Ilnelaisseraitpastoutpartirmaintenant.

Ilscoururentlelongduparkingpavésituéaucentredel’écoleexactementdix-huit

minutesaprèslepremierappeldeSean.

«Aurapport!aboyaSam.Oùensommes-nousdudélai?»

SeanparutsoulagédevoirSam,maisilindiquad’ungestelechefdelapoliceetle

shérif.Seann’étaitpasenchargedelasituation,mêmes’ilenétaitlapersonnede

contact.

«Jenousaieuunpetitdélaidequelquesminutesenluidisantquesafemmeétait

presquelà.Elleesticimaisdansunepeurterribleetellevapaniquersionlalaisseau

téléphoneaveclui.»ditSean.

«EtRachel?»demandaEthan.

«Ellevabien,réponditrapidementSean.Effrayéemaiselleestcalmeetelleprotège

lesenfantsférocement.»

Lepoulsd’Ethanmartelaitsifortqu’ilrésonnaitdanssatête.Dansunmoment

d’égoïsme,ilnevoulutpasqueRachelmaintiennelasécuritédecesenfants,maisil

savaitaussiexactementcequ’elleferait.Ilsesentaitsifieretenmêmetempssi

maladed’angoisse.

Lechefdelapolice,leshérif,unlieutenantdespoliciersd’Étatetlecommandantdes

SWATsedirigèrentversSametletondelaconversationmontaenintensitéeten

tonalité.Ethantentadeseconcentrersurcequisedisait,quelétaitlepland’action,

maissonregardseportaitsanscesseverslebâtimentdel’écoleetilimaginaitRachel

ettouslesenfants,là,àl’intérieur,terrifiés,craignantdemourir.

CommentRacheldevait-ellesesentir,defairefaceànouveauàlamort,sitôt?Après

avoirobtenularéalisationdeleurplusgrandsouhait.Lagrâcenonpasd’un,maisde

deuxprécieuxbébés.Ilsavaitcombienelleétaitnerveuseeteffrayéeàl’idéed’une

nouvellefaussecouche,combienellesouhaitaitnepasavoirdetropgrandsespoirs.

Mêmesielleparvenaitàsortirindemnedecettehistoire,lestresspourrait-ilcauserla

pertedeleursenfants?

Sonregards’égaraau-delàdel’espacenondélimité,oùlesautresétudiantsavaient

étéregroupésverslesbusetcontinuaienttoujoursdemonterdansceux-cipourêtre

conduitsensureté.Ilyavaitunefouledemédiasetdeparentshystériquesquiétaient

contenusparuneligneentièred’officiersdepolice.

C’étaitlechaos.

Riendececin’étaitjamaisarrivédansleurpetiteville.Toutlemondepensaitquecela

nepourraitjamaisarriver.Ilsétaientintouchables.Encoreinnocentsdetoutesles

mauvaiseschosesquipouvaitarriverdanslemonde,autourd’eux.

Maisaujourd’hui,laréalitélesavaitrattrapés.

C’étaituneréalitédontEthan,sesfrèresettousleurséquipiersétaientbieninformés.

Ilsdevaientgérerdetellessituationschaquejour.

Laplupartdesmissionsn’étaientpaspersonnelles,cependant,bienqueSameut

réponduqu’ellesl’étaienttoutes,maisquecelle-cil’étaitunpeuplusquelesautres.

Maislaplupartconcernaitdesgensquilesavaientengagés.Oudesgensrecherchés

parlegouvernement.

Cetteaffaireconcernaitsafemme.Lafemmedontilaimaitchaquesouffle.Leursdeux

enfantsànaître.SinouveauxpourEthan,maisdéjàtantaimésetadorés.

IlsesentitportéverscesfragilesviesblottiesdansleventredeRachel.Ilétaitunpère.

Faisantlesermentdeprotégersafamille.

IlsetournaversSam.

«Donne-nouslesplansdubâtiment.Nouspouvonsentrerparlesconduitsd’aération.

Sinoussommessilencieux,ilnesaurajamaisquenoussommeslà.Ilsaitquela

police,leSWATettouteslesforcesdepoliceàcentkilomètresàlarondesontlàou

enroute.Maisilnes’attendpasànous.Onentre,onjetteunœildeplusprêtpourvoir

àquois’attendre,onentreetonneutraliselacible.»

«Vousneprenezaucunedécisionici»haletalechefdelapolice.

Ethansetrouvafaceàfaceavecl’hommeavantqueGarretteutpuleretenir.

«C’estmafemmequiestàl’intérieur,grogna-t-il.C’estcequenousfaisons.C’estce

quenoussommes.Jenemettraisavieentrelesmainsdepersonne.Mesfrèreset

moiallonsyaller.Personned’autre.»

«Est-cequevousvousrendezcomptedelapublicitécauchemardesquequecelava

être?demandaleshérif.J’aibeaucoupderespectpourleKGI,maisilyatropde

responsabilitélà.Vousfoirezça,etnousseronscataloguéscommeayantlaissé

intervenirungroupespécialnonrépertoriéaulieudesSWAToudelapolicelocaleet

ayantlaissémourirunenfant.Jesuisdésolé,Ethan,maisjenepeuxpermettrecela.»

«Monsieur,ilrappelle,l’interrompitSean.Nousn’allonspaspouvoirlemaintenirainsi

trèslongtemps.Nousdevonsagir!Maintenant.»

Unesériedejuronsfenditlesairs.

SeansaisitletéléphoneetEthanregardadésespérémentsesfrères.

«Tonplanestbon,ditSamàvoixbasse.Onvaentrerparlesconduitsdugymnase.

D’aprèsleschémaqu’ilsontfait,cen’estpasloindelaclassedeRachel.Maiscen’est

passuffisammentprèspourqu’ilsachecequisetrame.»

«M.Winstead,s’ilvousplait,calmez-vous,justeuneminute.Nousfaisonstoutce

quenouspouvonspourfairevenirvotrefemmecommevousledemandez.J’aimême

appelépersonnellementlejugequiasignél’ordrederestriction.»

EthanécoutaittandisquelavoixdeSeandevenaitplustroublée.Ilnepouvaitentendre

cequel’autredisaitmaisàenjugerl’agitationcroissantedeSean,celanepouvaitêtre

bon.

Lesonlointaind’unedétonationetensuitedeshurlementsrésonnèrentbruyamment

danslesairs,par-delàleparking,lafouleassembléeetletéléphone.

Seandevintpâleetrecomposalenuméro.

«Ilaraccroché,expliquaSean.J’essaiedeleravoiroud’avoirRachel.Bordel!»

Samsaisitlachemiseduchefdelapolice,sespoingsseresserrantennœuds

compactstandisqu’ilapprochaitsafiguredel’autre.

«Nousentrons.Arrêteznousplustard.J’enairienàfoutre.Maisnousallonsentrer

etmettrecegarsàterre.»

Chapitre11

Rachelétaitaccroupiecontresonbureau,tirantJenniferàsescôtés.Duverreavait

volépartout.L’imbécileavaitvisélafenêtre.Etsisontiravaitétéunpeuplusbas,il

auraitpuaisémenttuerundesenfants.Tellequ’étaitlasituation,ilpouvaityavoirune

chancequ’ilaittouchéquelqu’unàl’extérieurdel’école.

«M.Winstead,s’ilvousplait,implora-t-elle.S’ilvousplait,écoutez-moi.Jecomprends

combienvousêtesblessé.Jedétesterail’idéed’êtreséparéedemonenfantmaiscela

n’aideenrienvotrecas.Vousdevezm’écouteravantqu’ilnesoittroptard.»

«Levez-vousquejepuissevousvoir,aboya-t-il.Etlaissezmafilleausol.Vouslui

avezditderesterallongée.»

«Resteallongée,murmura-t-elleavecforceàJennifer.Tudoisfairecequ’ildit?Ne

faisrienounedisriendeblessantpourlui.Turestesallongéeethorsdeportéepour

nepasêtreblessée.»

AprèsqueJennifereutacquiescé,sesgrandsyeuximmensestournésverselle,

Rachelselevalentement,sonsouffles’échappantdesapoitrineenunerespiration

saccadée.

Ellefitfaceautireur,priantpouravoirlecouragedetenirbonquoiqu’ilpuissearriver.

«Quesavez-vousdecequejeressens?demanda-t-ilsuruntonbelliqueux.Avez-

vousdesenfants?Jenniferaditquevousn’enavezpas.»

Letéléphonesonnaànouveau.Ilyavaitdéjàeuunesériededeuxappelsavantde

tombersurlamessagerie.Lasonnerieétaitbruyantedanslapetitepièceetsemblait

perçante.

Ilpritunairrenfrognéetmontral’appareilavecsonarme.

«Éteignezça.Nelerallumezpasavantquejevousledise.Compris?»

Elles’exécutarapidement,tenantl’appareilenl’airpourqu’ilpuissevoirl’écranéteint.

Illuiindiquad’ungestedeleposersurlebureau,puisilserraseslèvres.

«Répondezàmaquestion.Avez-vousdesenfants?»

«Pasencore,réponditdoucementRachel.Espérantdepascommettreunegrave

erreur,ellereprit:«Maisjesuisenceinte.Dejumeaux.Jel’aisucettesemaine.Mon

marietmoivoulonsunefamilledepuissilongtemps.»

Pendantuninstant,l’expressiondutireurs’adoucitetpuis,commes’ilsesouvenaitde

laraisondesaprésence,illevasonarmeetl’agita,l’airmenaçant.

«Vousmentez.Vousessayezd’entrerdansmatête!»

Rachelsecoualatête,maisn’essayapasdeleconvaincreducontraire.Lesémotions

del’hommeétaientdéjàhorsdecontrôle.

«Vousprenezletéléphoneetvousditesauxflicsquejevaiscommenceràtirersur

lesgosses,s’ilsnecommencentpasàmeprendreausérieux.J’enaimarred’être

baladé.»

Dessanglotss’élevèrent.Unedesfillescommençaàcrier,uncriaigu,perçant,

hystériquequisemblaitcruetterrifiant.Celafitremonteruncourantglaciallelongde

lacolonnevertébraledeRacheletletireursetournaversl’adolescente.

«Ferme-la!Arrêtecebruit!»

Jennifersurgithorsdubureauetcourutendirectiondelafillequicriait.Ellefitfaceà

sonpère,laminedéfiante,lesyeuxbrillantsdecolère.

«Arrêtepapa!Elleestmonamie.Elleapeur.J’aipeur.Pourquoifais-tucela?Je

veuxjusterentreràlamaison.Nousvoulonstousrentreràlamaison.»

LepèredeJenniferparutdéchiré.Uneindécisionclairepassasursonvisageetl’arme

s’abaissauninstant.IlregardaversRachelcommes’iln’avaitaucuneidéedecequ’il

fallaitfaire.Rachelréalisaalorsqu’ilregrettaitsonactedésespéré,maisqu’ilnevoyait

plusaucuneissue.Ilétaitpiégédansuncauchemarqu’ilavaitcréé.

Réfléchissantrapidement,ellefitunpasenavantpourattirersonattentionsurelleet

nonsurlesfilles.

«M.Winstead,j’aiuneidée»dit-ellerapidement.

Ilsaisitimmédiatementl’opportunité.

«Quoi?Dites-moi».

«Laissez-moirappelerlapolicepourleurdirequevousallezlaisserlesenfants

partir.»

Sonvisages’assombrit.

«Vousêtesfolle?Etperdremamonnaied’échange?»

Rachelsecouarésolumentlatête.

«Écoutez-moiattentivement.Nousappelleronscelaunactedebonnevolonté.Cela

leurmontreraquevouspouvezêtreraisonnable.Jeleurdiraiquevouslaissezles

enfantspartirparcequevousneleurvoulezpasdemal.Vouspouvezmegarderen

otage.Jesuisenceintedejumeaux,M.Winstead.Jesuisl’otageparfaite.Ilsnevont

pasvouloirmerderaveccela.Lesmédiasvontcouvrirl’affaire.Unefemmeenceinte

priseenotageestunsujetsensationnelpoureux.»

Ilparaissaitconfus.

«Celanevapasmarcher.Celanemarchejamais.»

«Vousaureztoujoursunotage,fitgentimentremarquerRachel.Maisvousleurferez

aussicomprendrequevousnevoulezpasblesserlesenfants.Pourlemoment,ils

pensentseulementqueleseulmoyendesauverlesotages,c’estd’entrerdeforceici

etdevoustuer.»

C’étaitunevraiegageuredelefairesesentirmenacémaisilétaiteffrayéetnerveux,

etelleespéraitquedesavoirqu’ilpouvaitvraimentmourirluidonneraitlavolontéde

fairelepremierpas.

«Jenniferreste,ditrésolumentl’hommearmé.Jenelalaissepasretournerauprèsde

samère.CettesalopestupideprendraitJenniferets’enfuiraitavec.Ellen’enaurait

rienàfairedevousoudepersonned’autre.Ellenepensequ’àelle.»

Rachelcroisaleregarddelajeunefilleetàsagrandesurprise,Jenniferacquiesça.

«Jeresterai»dit-elled’untoncalmeettendu.Savoixtremblaitunpeumaisellese

redressaaveccranetfixasonregarddansceluidesonpère.

«Situlaisseslesautrespartir,jeresteraiavectoietMmeKelly.»

Rachelleregarda,retenantsarespiration,chaquepartiedesoncorpstenduedans

l’anticipationdecettegrandevictoire.Lesenfantslesregardaientavecanxiété,le

visagepleind’espoir.Lapièceentièreétaitsilencieuse.

Letireurparutréfléchirunlongmomentetfinalement,setournaversRachel.

«Faites-le.Prenezletéléphoneetappelez-les.Dites-leursquejevaislaisserpartirles

enfantsmaisque,s’ilsnemedonnentpascequejedemande,jevaisvoustuer.»

LamaindeRacheltremblalorsqu’ellepritletéléphone.Letempsqu’ilserallumeet

trouveunsignalparutinterminable.Finalement,lesindicateurssecalèrentetellereprit

lenumérodeSeandanslalistedesappelsrécents.

«Rachel?,réponditaussitôtSean,àlapremièresonnerie.Dis-moicequisepasse.

Tuvasbien?»

«Jevaisbien»,ditcalmementRachel.Écoute-moi.C’esttrèsimportant.M.Winstead

valaisserlesenfantspartir.»

«Quoi?Commentdiableas-turéussiàluifaireacceptercela?Quesepasse-t-il

Rachel?»

«Ilvamegarderenotage.Etsafillevaaussiresteraveclui.»

ElleprenaitgardeànepasénerverlepèredeJenniferensuggérantquesafilleétait

elleaussiunotage.Mêmesielleétaitexactementcela.Danssonpropreraisonnement

tordu,ilprenaitgrandsoindesafilleetsicetamourétaitremisencause,quipouvait

direcommentilréagirait?Àceniveaudelanégociation,Racheln’allaitpasmettreen

périllalibérationdesélèves.Ellevoulaitjustequecelasefasseleplusrapidement

possible.

«Ohbordel,Rachel,non!Tunepeuxpasresteraveclui.Dis-luiquetudoissortirtoi

aussi.»

«Jesuissonotage,etilrelâchelesétudiants»dit-elle,soulignantlefaitquetousles

étudiantsallaientêtrelibérés.«Enéchange,commeactedebonnefoi,ilveutqueses

demandessoientimmédiatementaccordées.Sicen’estpaslecas,ilmetuera.»

Seanjuradoucement.

«Jenesaispascommenttuasréussiàluifairefairecela,moncœur,maisonvale

faire.Dis-luiqu’onaccepteledeal.Jevaisapporterlesdocumentsdujugeetluifaire

signer.Safemmeestlà,maisonlagardesousprotectionparcequ’ondiraitbienqu’il

latueradèsqu’ilposeralesyeuxsurelle.»

Rachelétaitd’accordmaisellegardalesilence.

«Ethanestlà,ditSeandansunmurmure.Tiensbon,chérie,ilsvontvoussortirde

là.»

Encouragéeparl’idéequ’Ethanetsesfrèresétaientsurlecoup,ellebaissale

téléphoneetregardaM.Winstead.

«Ilssontd’accordpourvousdonnerlesdocumentslégauxsignésdujugequiavait

ordonnél’actederestriction,etvotrefemmeestlàaussi.Laissezlesenfantspartiret

ilsvousparlerontalorspourfairelesarrangements.»

Unefoisdeplus,elleretintsonsouffle.Ilrestasilencieuxpendantcequisemblaêtre

uneéternitéafindeprendresadécision.IlregardasafillepuisdenouveauRachel.Il

levasonarmeverselleunenouvellefois,samainplusferme,commesiavecletemps

quipassait,ilsesentaitdeplusenplusenconfianceaveccettearme.

IlindiquaducanonlaportepuisRachel.

«Emmenez-lesàlaporte.Uneseulerangée.Alignez-les.Jevaisouvrirlaporteetles

laissersortir.Quandledernierseradehors,fermezlaporteetvousetJenniferresterez

avecmoi.»

PuisilindiquaàJenniferdesetenirprèsdeRachel.

Lajeunefemmeacquiesçarapidement.

«Laissez-moilesmettreenlignemaisjeresteraienarrière.Jelepromets.Jepeuxle

faireenrestantaufonddelapièce.Puis-jeappelerlapolicepourqu’ellesacheque

lesenfantsarriventetquepersonnenesoitblessé?»

Àcontrecœur,letireurdonnasonaccordetRacheltournasonattentionsurlesélèves

terrifiés.

«Écoutez-moi,lesgarçonsetlesfilles,jeveuxquevousvousmettiezenuneseule

ligne.Nepoussezpas.J’aibesoinquevousrestiezcalmes.Alignez-vousrapidement.

Unefoisquevousaurezatteintlaporte,suivezlarampequimèneàlasortiedebus.

Quelqu’unvousattendralà-basetvousdiraoùaller.Vouscomprenez?»

Ilyeutunbruitterribletandisquelesbureauxétaientdégagésetquelesenfants

formaientrapidementlaligne.

RachelsaisitletéléphoneetappelaSean.

«Parle-moi,Rachel.Quesepasse-t-il?»demanda-t-il.

«Ilssortent.»répondit-ellecalmement.EllehochalatêteversM.Winstead.

Ilpointasonarmefermementverselle,tandisqu’ilouvraitlaporte.Ellesuivitlaligne

jusqu’àsonbureau,sepositionnantentreJenniferetsonpère.

«Allez-ymaintenant,dit-elleauxenfants,toutenmaintenantlalignedetéléphone.

Quelqu’unvousattendàlasortiedesbus.»

«Tuasréussi,ditSean.Nousavonsdesofficiersquivontlesconduireensécurité.

Tuesincroyable,Rachel.Nebougepas,moncœur.»

Rachelraccrochapournepass’attirerlacolèredutireuretregardalesderniersenfants

quitterprécipitammentlaclasse.

Quandledernierd’entreeuxeutpassélaporte,M.Winsteadlapoussafermement,

puissetournaversRachel.

Leplafondau-dessusd’euxexplosa,duplâtreleurtombasurlatête.Deshommes

sautèrentausol,formantunrempartentreelleetletireur.

L’expressiondel’hommepassaduchocinitialetdel’ébahissementàlafureurlorsqu’il

réalisacequisepassait.

«Tun’esqu’unesalope!Tuasmenti!»

Illevasonarmeet,àcetinstant,Ethanfitunpasdecôté,seplaçantdevantRachel,

etpritlaballeenpleinepoitrine.

Chapitre12

«Non!»hurlaRachel.

SametGarrettplongèrentensemblesurletireur,lefaisanttomberdurement.Jennifer

criaettentadecourirverssonpère,maisJoelarattrapaetpivotasurlui-même,la

tenantdetellesortequ’ellenepouvaitvoircequisepassait.

Rachelselaissatombersurlesol,dessanglotsmontantdanssagorgeetexplosant

avecrageetbrutalité.EllecouvritEthandesonproprecorps,luiintimantl’ordredese

réveiller,d’allerbien.

Ellepassafrénétiquementsesmainssursoncorps,àlarecherched’unesourcede

sangdontelleétaitsûrequ’ilétaitcouvert.Maissesmainsrevinrentpropres.

Laluttecontinuaitauprèsd’elle.LessanglotsdeJennifersejoignirentauxsiens.Puis

ilyeutunedoucecaressesursonépaule,lorsqueDonovanvintseplaceràsescôtés.

«Rachel,monange,toutestok.Toutvabien.Jetelepromets.»

«Non,pleura-t-elle,ilatirésurEthan.Ohmondieu,ilatirésurEthan.Aide-le,Van.

Jet’enprie.Nelelaissepasmourir.»EllesecouadenouveauEthan.«S’ilteplait,ne

meurspas,Ethan»supplia-t-elle.

S’ilteplait,nemeurspas.

Lespleursvenaientduplusprofonddesonâme.Ethanlaissaéchapperun

grognementbasetunevaguedesoulagement,sauvageetbrûlante,remontalelong

desesveines,larendantpluslégèreenmêmetemps.

Laportevolaetlapolicedéferladanslapièce.Ilyeutdesexclamations,des

demandesderéponses,d’informations.Toutcelasebrouilladansunesortedelitanie

démente.Ellesemoquaitdecequipouvaitencorearriver.Ellevoulaitseulement

qu’Ethansoitvivant.

«Rachel,moncœur,écoutemoi,ditcalmementDonovan.Ilportaitungiletpare-

balles.Ilaprislaballedanslapoitrine.Ilvabienaller.»

EllefixaDonovand’unairdeparfaiteincompréhension,sesyeuxetsonesprit

aveuglesàtout.PuiselleposaunregardconfussurEthandontlespaupières

papillonnèrentavantdes’ouvrircomplétementàcemomentprécis.

«Ungiletpare-balles?»répéta-t-elle.

Donovanouvritlemaillotdesonfrèreavecuncouteauetrepoussalesdeuxpanssur

lescôtés.Sesmainsglissèrentsurl’avantdelavesteenKevlaretilmontralaballe

logéeenpleinmilieu.

«Tuvois,dit-ilàRachel.Legiletafaitsonboulot.Ilvaêtrecontusionnéetilvaavoir

diablementmalquelquesjours,maisilvabien.»

EllejetasesbrasautourducoudeDonovanets’yaccrochaavecforce,tandisque

sessanglotssedéversaientenuneforcelibératriceetpuissante.

«Ohmondieu,j’aieusipeur»murmura-t-elle.

Donovanl’étreignitenretour,faisantcourirsamaindehautenbaslelongdesondos.

«Tuasétéunevraieguerrière,ditDonovan.Jesuistellementfierdetoi,Rachel.On

étaitdanslesconduitsplanifiantdenouslaissertombericietont’aentendunégocier

lalibérationdesenfants,alorsonaattenduqu’ilssoientsortisdelapièce.»

«M.Winstead?»demanda-t-elleaveccrainte,s’accrochanttoujoursàDonovan.

Ellenevoulaitpasseretourner.Nevoulaitpasvoircequiétaitarrivé.

«EtJennifer?»

«Ilssontentraind’emmenersonpèreetJoes’occupedelapetite»ditDonovanà

voixbasse.

Elles’affaissasurDonovan,maislesonleplusdouxqu’elleeutjamaisentenduprovint

desonépoux.

«Rachel?»

Elles’écartadeDonovanetpressasoncorpscontreceluid’Ethan,sonvisageau

mêmeniveauquelesien.

«Tuvasbien?As-tumalquelquepart?

«J’enairienàfairedemoi,dit-ild’untonbourru.Jeveuxjustesavoircommentvous

allez,toietlesbébés.»

Soncœurétaitsiemplid’amourqueRacheleutl’impressionqu’ilpourraitexploser.Le

soulagementl’avaitaffaiblieaupointqu’elles’effondrapresquesurlui.

Donovanl’attrapaparlesépaules,luiapportantlesoutiennécessairepourqu’elle

puisseseredresserau-dessusd’Ethan.Elleposalesyeuxsurlui,leslarmesrendant

sonregardbrillant.

«Nousallonsbien,touslestrois,murmura-t-elle,surtoutmaintenantquejesaisque

tuvasbien.Nemefaisplusjamaisaussipeur,Ethan.Mondieu,j’aicruquetuavais

étéabattu.Jenesavaispasquetuportaisungiletpare-balles.J’aicruquejet’avais

perdu.»

«Jamaisjenetelaisserairepartir,chuchota-t-il,vousêtescoincésavecmoi,lesbébés

ettoi.»

Deuxéquipesdesecourismeseprécipitèrentdanslapièce,décidésàs’occuper

séparémentd’EthanetdeRachel.Lorsqu’elleréalisaleurintention,elletournades

yeuxsuppliantsversDonovan.

«Neleslaissepasfaire.Jeneveuxpasêtreséparéed’Ethan.Ilabesoind’êtresoigné

maisjevaisbien.Jenesuispasblessée»

Donovanpritsonvisageencoupe.

«Fais-lepournous,d’accord?Onesttoussiinquietsàproposdustressetdela

grandepeurquecelapeutavoirengendré.Laisse-lesjustet’emmener,qu’ilsfassent

quelquestests.Tuserasàlamaisonenmoinsdetempsqu’iln’enfautpourledire.

Maissitun’yvaspas,alors,Ethanseracomplétementrevêcheetilrefuseratout

traitementparcequ’ilserainquietpourtoi.Onveutêtresûrqu’iln’aitpasdecôtes

cassées.»

«Jeneveuxpasyallerseule»confessa-t-elle.

«Jevaisyalleravectoi,petitpoisdesenteur»ditGarrettquiavaitrejointDonovan

aucôtéd’Ethan.

«Vaaveclui,l’incitacedernier.Garrettveillerasurtoipendantquejeseraisexaminé.

Mesfrèresn’aurontpasderepostantquenousn’auronsunbonbilandesanté.C’est

mieuxainsi,onentermineraplusvite.»

«Ilapprend.»grimaçaDonovan.

«JoeetNathanvontimmédiatementconduireJenniferauprèsdesamère»ditGarrett

àvoixbasse.

«Est-cequel’und’entrevouspeutlaconduiredanslehall?demandaunsecouriste.

Nousn’avonsqu’uneseulecivièreetonvaemmenersonmarienpremier.»

«Pasdeproblème.»réponditDonovan.Ilselevaetlapritdanssesbras.

Rachels’agrippaaucoudeDonovan,tandisqu’illaportaitdanslehalletl’installait

ensuitesurunbrancard.Ilarrangealedrapautourd’elleetelleleregardaavecsérieux.

«Nedisàpersonnequejesuisenceinte.Cen’estpasdecettefaçonqueFrancket

Marlenedoiventl’apprendre.»

Donovansouritetposaunbaisersursonfront.

«Net’inquiètepas.Noslèvressontscellées.Mais,félicitations,petitemaman,jesuis

sifierdetoietd’Ethan.»

Sonsourireétaitdouxetilyavaitbeaucoupd’émotiondanssesyeux.

«Tuasparcouruunlongchemin,RachelKelly.Jen’aijamaisdoutédetoi.»

«Putain!»ditGarretd’unevoixsourdeenvenantprèsdubrancard.

IlsepenchapourserrerlamaindeRachel.

«J’aiappeléSarahetlesautres.Jenevoulaispasqu’ilss’affolentous’inquiètent

quandilsapprendraientcequis’estpassé.Ilssontsurlechemindel’hôpital,donc

préparez-vousàl’arrivéedelafamilleaucomplet.Sophiearéunilestroupes.Ilsvont

probablementt’attraperlà-bas.»

Rachelsouritetserraenretourlamaindujeunehomme.Elleaimaitcettegrande

famille,bruyanteetbourdonnante,detoutesonâmeetdetoutsoncœur.Ellene

changeraitaucund’entreeux.

Biensûr,elles’inquiétaitchaquefoisqu’ilspartaientenmission.Ilyavaittoujoursune

peurraisonnablequel’und’entreeuxnereviennepas.EllepouvaitperdreEthanaprès

s’êtrebattuesifortpourluirevenir.

Maisilsétaientlesmeilleursdeshommes.Ilsavaientungrandsensdelafamilleetde

lajustice.Celanelasurprenaitpasqu’ilssoientceuxquiaientsurgiduplafondetmis

finàlaprised’otage.Elleauraitétéplussurprises’ilsn’avaientpasfaitpartiedela

mission.

Lesfrèresd’Ethanserassemblèrentautourdubrancard,demandanttoussielleallait

bien.

«Çava,insista-t-elle,justeunpeusecouée.S’ilvousplait,assurezqu’Ethanvabien.

C’estsurluiqu’onatiré.»

«C’estunsolidebâtard,gloussaSam.Ilafaillimeflanquerunecrisecardiaque

lorsquejel’aivusejeterdevantlaballe.»

Racheltressaillitetsentitlesangquittersonvisage.

Nathanposasamainsursatête.

«Net’inquiètepaspourEthan.Ilsvontvousconduiretouslesdeuxàl’hôpital.

Connaissantcetenfoirégrincheux,ilvatellementmettrelebazarqu’ilsn’enpourront

plusd’attendredelemettredehors.Ilvasûrementsemontrerdanstasalled’examen

etenauraterminéavanttoi.»

Racheljetauncoupd’œilàEthanquiprotestaitinévitablementsurlanécessitédese

rendreàl’hôpital.Puis,illuisemblal’avoirperduedevueparmilafouledegens

rassembléedanslapièceetdanslehalletillaissatransparaitresonmécontentement.

Samregardalevieilhommeàl’airsérieuxquivenaitverslui.Ilposabrièvementsa

mainsurl’épauledeRachel.

«Jeteverraiàl’hôpital.J’aiencoredeschosesàfaireici.Garrettteconduiraetrestera

jusqu’àcequ’Ethansoitprêt.»

«Est-cequetoutvabienSam?»demanda-t-elle,alarmée.

Ilsouritetsepenchapourposerunbaisersursonfront.

«Rienquinepuisseêtreréglé.Jedoisencaresserquelques-unsdanslesensdupoil,

puisappelermafemme.Ellem’apasséunesoufflantesurmontéléphoneetellen’est

pastrèscontentedemoicarjeneluiaipastoutraconté.Jesuissûrequ’ellem’attend

àl’hôpitalpourm’allumer.»

Rachelsourit,enivréeparlesoulagementquienvoyaitcommeunedoucechaleurdans

sesveines.Safamillel’attendraitàl’hôpital.Sessœursparlemariage.Lesfrères

d’Ethanseraientbientôtlàeuxaussi.FrancketMarleneseprécipiteraienteuxaussi

pours’occuperdetout.

Ellefermalesyeuxetsedétenditsurlebrancard,émotionnellementépuiséeparle

stressdelamatinée.

Dèsquelebrancardfutamenéàlachaleurdusoleil,lemondes’évanouitdansle

chaos.Lesmédiashurlaientleursquestions.Lesparentsexigeaientdesréponses.

Lesgensdemandaientsielleétaitvivante.

Elleouvritlesyeuxpourrépondreàcetteseulequestionmaisellerestatranquille,le

fluxdequestionsdansantdanssesoreillesjusqu’àcequ’elleeutenviedelescouvrir

pourfairetairelacacophonie.

Ethanetelle-mêmefurentconduitsdanslesambulancesquiattendaientetelle

observa,depuislaporteouverte,lamaréehumainedepoliciers,journalisteset

badauds.OnauraitditquelamoitiéduTennesseesetrouvaitréuniaumilieudece

parkingd’école.

Puislesinfirmiersl’aidèrentàmonterdansl’ambulanceetfermèrentlaporte,obstruant

savue.L’ambulancedémarra,laissantlesflashsetlafoulederrière,tandisqu’ils

prenaientladirectiondel’hôpital.

«Çava,demandaGarrett.Sarahm’envoieunsmspourêtresûrequejeprendsbien

soindetoi.Siellesemetentêtequejenesuispaslahauteurduboulot,jevaisme

fairebotterlesfesses.»

Rachelsemitàrireettenditlamainversletéléphone.Garrettabdiquaavecunsourire

etRachel,rapidement,envoyaunmessageàSarah,luidisantqu’elleallaitbienet

signadesonnomàlafindumessage.

Quelquessecondesplustard,Sarahrenvoyauntexto.Justetroismots.

Mercimondieu.

«Jesuissichanceusedevousavoir»murmuraRachel.

Garrettluirenditunsourirepleind’indulgenceetcaressasescheveuxavecaffection.

«Noussommesamisdepuissilongtemps,poisdesenteur.Jepensequ’onpeut

sûrementdirequenoussommesaussichanceuxdet’avoirtoiaussi.Ethanlesait

aussi.Ilpeutêtreentêtécommeunemule,maisiln’estpasstupide.

Rachelfermalesyeux,incapabledegarderlatêtelevéepluslongtemps.Ilfaisait

chauddansl’ambulance,maisunfrissonluiglaçalesosetellefrissonnadelatête

auxpieds.

ElleentenditGarretts’inquiéterauprèsdesinfirmiersetceux-cilerassurèrentenlui

disantqu’ilnes’agissaitqueducontrecoupduchoc.Unecouverturechaudeglissasur

soncorps,remontantjusqu’àsanuque.LesbrasdeGarrettl’enveloppèrent,

l’étreignantavecdouceur.

Maintenantqu’elles’autorisaitàrepenserauxévènementsdelamatinée,elleétait

prêteàperdretotalementsonsang-froid.Elleauraitpumourir.Undesenfantsaurait

puêtreblesséoutué.

Ethanauraitpumourir.

C’étaitplusqu’ellenepouvaitensupporter.

Chapitre13

«J’aipasbesoindepasserdesputainsderayonsX,grognaEthan.J’aijustebesoin

devoirmafemme.»

Donovantenditlebraspourrallongersonfrèredanssonlit.

«Écoute,sijevaislachercheretquej’obtiensuncompte-rendudeGarrett,est-ceque

tuvaslafermeretpassercesfoutusradios?Tucompliquesleschosesenmettantle

bordel.Situleslaissesjustetefairecesrayons,t’enaurasfiniettupourrasrejoindre

Rachel.»

Ethanseredressasursonlit,tenantsapoitrinelàoùlaballeavaitfroissédescôtesà

traverslegilet.

«Donne-moiaumoinsunefoutuechemiseetpasunedecesputainsderobes

d’hôpital»dit-ild’unevoixirritée.

Iln’étaitpasd’humeuràlajouersympa.Ladernièrechosedontilsepréoccupaitétait

desavoirs’ilavaitunecôtecassée.Ilétaitévidentqu’iln’enavaitaucunedecassée

oudesérieusementabîmée.Etsilesradiosmontraientneserait-cequ’unefracture

mineure,quediablepourraient-ilsfairedetoutesfaçons?Ilsnepourraientqueluidire

defaireattentionetluidonnerdesmédicamentscontreladouleur.

Lameilleurechosequ’ilspuissentfairepoursoulagersadouleurétaitdelelaisser

rejoindreRachel.

Donovansoupirad’exaspérationetsortitunt-shirtdesonsac.

«Lèvetesfessesethabille-toi,pendantquejevoisoùilsontemmenéRachel.Etje

juredevantDieuquesitubougesd’iciavantquejerevienne,jetetiendraipendant

qu’ilstemettrontsoussédatif.Tunepeuxpashurlerdanslesurgenceseneffrayant

lesautrespatients.»

«Alorsmagne-toibondieu»aboyaEthan.

Ilsecoualet-shirt,grimaçantlorsquesesarticulationstouchèrentlapartiesensiblede

sonabdomen.Ilnel’admettraitjamaisenunmilliond’années,maisilsouffraitcomme

unvraifilsdepute.Prendreuneballeàboutportant,mêmeavecungiletpare-balles,

n’étaitpasexactementunepromenadedesanté.

Unhématomedelatailled’uneballedebaseballs’étaitdéjàformé.

Maiscen’étaitquecela.Unhématome.Dudiablesionallaitlemettresurlatouche

pouruneputaind’hématome.Ilavaitdéjàendurépireetriennelegarderaitloinde

Rachel.

LanervositélegagnaitquandDonovanrevintfinidanslepetitbox.Ilseredressadu

coindelitoùilétaitappuyéetpritsonfrèreàpartie.

«Alors,oùest-elle?Est-cequ’ellevabien?»

Donovanlevalesmains.

«Garrettestavecelle,etm’manvientd’arriver.Lesfemmessontdanslasalle

d’attenteetpapaarrivepourtevoirtoutdesuite.Tiens-toiàcarreau.Laissepapase

rendrecomptequetuvasbien,ensuite,onpourratousredescendreetvoirRachel.

C’estdelafolieauxurgences,ilsontdûplacerdesofficiersenfactionpourcontenir

lesmédias.Rentreràlamaisonvadevenirintéressant.»

Ethansoupiraets’adossadenouveauaulit.Ilallaitperdrelatêtes’ilnevoyaitpas

Rachelbientôt,maisilnevoulaitpasnonplusinquiétersonpère.Ladernièrechose

dontFranckKellyavaitbesoinétaitdustress.Ilavaitdéjàeuunecrisecardiaqueet

Ethanneseraitpasleresponsabled’uneseconde.

Laportes’ouvritsoudainetsonpèredébouladanslapièce.Dèsquesonregardse

posasurEthan,soncorpsdedétenditdesoulagement.

«Regardepapa,jetel’avaisdit.Ilvabien.Grincheux,commetoujours»ditDonovan.

FrancKellyneréponditpas.Ilétreignitsonfilssolidement,aupointdepresqueextraire

laviedecedernier.Ethangrimaçamaisrestadansl’étreintedesonpère.

«Jevaisbien,papa,ditEthanàvoixbasse.C’estpourRachelquejem’inquiète.»

Sonpèreleretintencoreunlongmomentpuiss’écarta,sesyeuxbrillantdeméfiance.

«Tamèreettesbelles-sœurss’occupentd’elleencemoment»grognaFranck.

«Jedescendsmaintenant.Jet’attendaisseulementparcequ’onm’avaitditquetu

arrivais.»

Franckfronçalessourcils.

«Ilsontdéjàfiniavectoi?»

Ethans’éclaircitlagorgeetàsongrandsoulagement,Donovanvintàsarescousse.

«Jet’avaisditquetoutallaitbienpourcebâtardteigneux.IlressembletropàGarrett.

Ils’inquiètetroppourRachel.Celalecalmeras’ilpeutjustelavoiralors,descendons

pourqu’iltrouvesatranquillitéd’âme.»

Ethanlançaàsonfrèreunregarddegratitude.

«Tum’asfaitpeur,fils,grognaFranck.Jevousjure,vouslesgarçons,vousêtes

toujoursimpliquésdansquelquechose.Vousallezfairedemoiunvieilhommeavant

l’heure.»

Ethansourit.

«Nan,ontegardejustedebout.»

Ilfrappasonpèredansledos.

«Viens,allonsvoirRachel.»

*

C’étaitdifficiledegardersagrossessesecrètequandlepersonnelmédicalnecessait

des’assurerquetoutallaitbienaveccelle-ci.Garrettrestaitàsescôtés,unpeuà

l’écart,maisquandMarleneKellyarriva,ehbien!personneneputl’éloignerdesa

petitefille.

Dédaignantlesobjectionsdupersonnelsoignant,Marlenes’installasurleborddulit

etpritRacheldanssesbras,serrantlajeunefemmesifortdanssesbrasqu’elleen

futpresqueétouffée.

C’étaituneformetrèsagréabled’étouffement.

«Tunousasfaitsipeuràtous,ditMarleneenserranttoujoursRacheldanssesbras.

Jen’aijamaisétéaussieffrayéedetoutemavie,chérie.C’étaitpartoutdansles

nouvelles,etensuitej’aivuqu’ont’emmenaitsurunecivièreetj’aifaitbrûlertoutesles

limitationsdevitesseàFranckpourarriverici.»

«JevaisbienMarlene»ditRachel,unsouriredanslavoix.

Elles’écartaunpeuets’allongea,sousleregardanxieuxdeMarlene.

«Ethanestceluiquiaétéblessé,ajoutalajeunefemme,sonsouriredisparaissant.

Onluiatirédessus.Ilportaitungiletpare-balles,maisilatoutdemêmeétéblessé.

J’aimeraisquequelqu’unmedisecommentilva.»

«Ilvabien,ditGarrettdepuissoncoin.Vanestdescenduilyadeuxsecondes.Ils

arriventdansquelquesminutes.»

Marlenesecoualatêtealorsqu’ellejetaitunregardimpuissantsursonfils.

«Jenepeuxpasenvouloiràmesgarçonsdes’êtremisdanslesennuiscarilst’ont

sortiedelà,maisjejurequ’ilsrajoutentdescheveuxgrissurmatêtechaquejourqui

passe.EtmaintenantqueNathanetJoesontderetouràlamaisonetlesontrejoints,

jenepasseraiplusuneseulenuittranquille.»

Garrettfitunpasenavantetpritsamèreparlesépaules.

«Allez,m’man.Tut’inquiètestrop.Tusaisquenousveillonslesunssurlesautres.Et

nousprotégeonscettefamille.IlétaithorsdequestiondelaisserRachelentreles

mainsdelapolicelocale.Jetedispascommentilsauraientpufairefoirertoutcela!»

expliqua-t-ilprécipitamment.

«Onpeutentrer?»

RachelregardaSophiequisetenaitsurlepasdelaporte.Justederrièreellese

trouvaientSheaetSarah.Rachelsouritetleurfitsigned’entrer.Sesbelles-sœursse

précipitèrentetlaserrèrentdansleursbrasenunegrosseétreinte.

«Ohseigneur,onaeusipeur,ditSophiequireculaaveclesautres.Commentva

Ethan?Onnousaditqu’ilavaitétéblessé?»

GarrettpassaunbrasautourdeSarah,lamenantàsescôtésettrèsviteleva

l’inquiétudedanslesyeuxdesfemmes.

«Ilvabien.Ilportaitungiletpare-balles.Ilvaarriverdansuneminute.»

«Dieumerci»soupiraShea.

EllefixaRachelavecanxiété.Cettedernièrelarassurasursagrossessed’unsimple

mouvementdetête.

Laportes’ouvritànouveauetsoudain,Ethanfutàsescôtés,sonregardintensela

couvanttoutentière.Toutlemondebougearapidementpourqu’Ethanpuisseaccéder

àRacheletellefuttrèsvitedanssesbras,fermementpresséecontresapoitrine.

Ellefermalesyeuxets’agrippaàlui.

«Mercimondieu,tuvasbien,murmura-t-elle.J’étaissiinquiète,Ethan.S’ilteplaît,

nemefaisplusjamaisaussipeur.Jen’oublieraijamaislebruitducoupdefeuettoi

tombantparterre.Jenepourraisjamaislesortirdematête.»

«Shhh,bébé,lacalma-t-il.C’estpourcelaquenousportonsdesgilets.Jen’aijamais

étéendanger.Toi,parcontre,tun’avaispasdeprotectionetcesalopardt’aurait

abattuedesang-froid.»

«Ramène-moiàlamaison,lesupplia-t-elle.Jeveuxjustepartird’icietrentreràla

maison,aucalme.»

Ilcaressasescheveuxetembrassasonfrontalorsqu’elles’appuyaitsansforceentre

sesbras.

«Jeteramènebientôtàlamaison,jetelepromets.»

EllesereculapourvoirqueMarleneetlesautressedirigeaientdiscrètementversla

porteoùDonovanetFrancksetenaientdéjà.

«Ilsnesaventpas,murmura-t-elle.Cen’estpasdecettefaçonquejeveuxleur

annoncerlanouvelle.Jeveuxrentreràlamaison,etensuite,jeveuxleurdire

correctement,quandlafamilleseraréunieetquetoutecetteinquiétudeetcestress

seserontenvolés.»

«Toutvabienpourtoi?Etpourlesbébés?»chuchota-t-ilenretour.

Lapeurdanssesyeuxluifitunnœuddansl’estomacetellesehâtadelerassurer.

«Jevaisbien.C’estjusteuneréactionaprèscoup.Ilsm’ontdonnéquelquechose

pourmecalmeretjesuisbienmaintenant.Jeveuxjusterentreràlamaison.»

Illaissaéchapperunpetitsourireplaintif.

«Jenepeuxmêmepasdiscuteravectoiparcequej’étaisdéterminéàquitterl’enfer

demachambre.Jecomprendscequeturessens.»

Ellel’étreignitunpeuplusencoremaisdetellesortequ’ellepuisserespirer

tranquillement.

«Dis-leurquejevaisprendreunrendez-vousdesuiviavecmonobstétriciendans

quelquesjourspourêtresûrequetoutvabienmaisquejeveuxpartir,toutdesuite.»

Ilpressaseslèvrescontresonfrontetleslaissaposéeslàpendantunlongmoment.

«Jesuissifierdetoiquejepourraisexploser.Tuastoutcasséaujourd’hui,Rachel.

Mêmesituaseusipeurpourmoidanstoutecettemerde.Cesenfantstedoiventla

vie.»

Ellesecoualatêteetfronçalessourcils.

Ilsouritetgentiment,luidonnaunpetitcouppoingdansl’épaule.

«Si,ilsteladoivent.Allez,jevaisvoircequejepeuxfairepourteramener.Çavaêtre

untrucdélicatdetesortirdelàsansêtrepoursuivisparcetessaimdejournalistes.»

Ellefitunegrimaceetfrissonna.

«Vannepeutpasposerl’hélicoptèreici?»

Ethanregardasonfrère,avecuneexpressionsurprise.

«Van?Jen’aimêmepaspenséàcela.Qu’est-cequetuenpenses?Peut-onoffrirà

RachelletraitementVIPduKGIetposerl’hélicosurletoitpuislarameneràla

maison?»

Donovanlaissaéchapperunsourire.

«PourRachel,bondieuoui!Donne-moiunedemi-heureetjesuisderetour.Ensuite,

ilfaudraquej’aillem’assurerqueSamn’apasétémisenétatd’arrestation.»

Chapitre14

Toutétaitcalmeetlapièceétaitplongéedanslapénombre,avecseulementunepetite

lampeprèsdulit,lorsqueRachelsortitdelasalledebainpourrevenirdanslachambre.

Ethanétaitétendusurlelit,torsenu,manifestementépuisé.Ilportaittoujoursses

bottesetsemblaittropfatiguépourlesenlever.

Soncœurs’attendritlorsqu’ellevitsesyeuxfermés,puissonregardglissalelongde

sapoitrineversl’hématomequiassombrissaitdéjàsapeaubronzée.

Ilavaitétésiinquietpourelle,maisenréalité,elleavaitétésiloind’êtreblessée.

Certainementbienloindecequiavaitfailliluiarriveràlui.Celaavaitétéunacted’une

incroyablevolontédesejeterainsidevantelleetleursenfantsetcelamontraitplus

quepardesmotsàquelpointill’aimait.

Elleallajusqu’àl’endroitoùsespiedssortaientdulitetelleappuyasabottecontresa

hanchetandisqu’elleladélaçait.Ethanseréveillaaussitôtetlibérasonpied.

«Non,bébé,jevaislesenlever.Viensplutôtdanslelitetinstalle-toiconfortablement.»

Ellesecoualatêteetpritdenouveaulepiedchaussé.

«Allonge-toisimplement,etlaisse-moiôtertesbottes.Tuesépuisé.Celaaétéune

trèslonguejournée,pourtouslesdeux,maisjenesuispascellequiareçuuneballe.

Ilcroisasesmainsderrièresanuque,laregardanttandisqu’elledélaçaitunebotte

puiss’occupaitdel’autre.

Seslèvress’entrouvrirent,hésitantes,commes’ilhésitaitaveccequ’ilavaitl’intention

dedireetcommentledire.Sonregardétaittourmenté,desombresprofondess’y

tapissaient,rendantsesyeuxhantés.

Ilyavaitunetellesouffrancedanssesmotsqu’ellelesressentitdansleplusprofond

desonâme.

«Àlaminuteoùj’aisucequisepassait,jemesuisdemandésitoutn’allaitpasnous

êtrerepris.Jecroisqu’unepartdemoivivaitdanslapeurden’êtrequedansuntemps

d’empruntetquelesgensnerecevaientpascequim’avaitétéoffertsansavoiràle

rendredanslemêmeétat.»

Rachelsentitsoncœurbattreausondelavulnérabilitédanssavoix.Elleposalabotte

surlecôtépuisrampadanslelit,sesmainsenlaçantsesépaules.Saboucheeffleura

lasienne,sescheveuxsombrestombantcommeunrideausursapeau.

«Jesuisdésoléedetel’apprendremaisnoussommesàjamaisensemble,plaisanta-

t-elle,espérantainsiapporterunpeudelumièredansl’ombredesonregard.Tune

pourraspastedébarrasserdemoiaussifacilement.Jecroistel’avoirdéjàprouvé.»

Ilenroulasesbrasautourdesatailleetlamaintintencoreplusfortcontrelui.

«Jeneveuxplusjamaisteperdre,bébé.Tuesmavie.Lesbébéssontmavie.Notre

famillereprésentetoutàmesyeuxetjemebattraitoujourspourtegarderensécurité

etheureuse.»

Ellel’embrassa.Chaudesetfondantes,leurslèvresfusionnèrent.

«Tumerendssiheureuse,murmura-t-elle,aujourd’hui,jepeuxdormirenpaixlanuit

sanscraindredemeréveillerenenferouderêverquetuviennesmechercher.Je

peuxregarderlepasséenfacemaintenant,etavoirunaperçudenotrefutur,quand

nosenfantsserontplusvieuxetquenousauronsunelonguevied’amourderrière

nous.»

Ilfitcourirsesdoigtsdanssescheveux,jouantaveclesmèchesenungestetendre.

«TuveuxquejequitteleKGI?»demanda-t-ilsuruntonsérieux.

Elleclignalesyeuxdesurprise.Puiselleétudialesérieuxdanssonexpressionetelle

soupira.

«Jen’aijamaisvouluquetuquittesl’équipedesSEAL.C’étaittadécision.Cequeje

veuxpourtoi,c’esttonbonheurettravailleravectesfrèresterendheureux.Jepeux

leliredanstesyeuxquandtureviensàlamaisonaprèsletravail.Noussommesplus

vieuxetplussages,Ethan.Noussommesplusfortsquenousnel’étionslorsquetu

étaisdanslaNavy.J’aimaintenantunesolideinfrastructurelorsquetuparsen

mission.»

«Jeveuxjustequetusachesquerienn’estplusimportantquetoietnosenfants.Et

jelepensevraiment.Sicelapeutterendreheureuse,jequitteraileKGIdemainsans

aucunregret.»

«Maiscelaneterendrapasheureuxetsitun’espasheureux,jenesaurail’êtrenon

plus.»

Ill’embrassadenouveauetellecollasoncorpsausien.Elleglissaunpeu,faisant

descendresamainjusqu’àcequ’elleseposesursonintimité,lecaressantpar-dessus

sonpantalon.

Ilgrogna.

«Bondieu,femme.Jesuissurlesgenoux,briséparlesoulagementdetesavoiren

vieetenbonnesantéettoi,tuagiscommeunetentatrice,commesitun’avaisjamais

failliêtretuéeaujourd’hui.»

Ellesouritcontreseslèvrestandisqu’ellel’embrassaitencore,puiselles’écartaen

appuyantsoncoudesapoitrine,justeau-dessusdel’endroitblessé.Elles’adouciten

voyantl’inquiétudedanssesyeux.Elletouchasonvisage,entraçantleslignesdures,

puispressaundoigtcontreseslèvres.

«J’aifaitlapaixaveclamortilyatrèslongtemps.Jenedispasquejeveuxmourir

maisjenelacrainsplus.Ilyaeudesjoursoùj’étaisloind’êtreforte,durantma

captivité,etoùj’aiparfoissouhaitémourir.Enespérantqu’ilsenaientunjourassez

demeretenirainsietqu’ilsmedonneraientuneoverdoseetquejepourraispartir.»

Deslarmesbrillèrentdanslesyeuxd’Ethanetsamâchoiresecrispa.Soncorpstout

entierétaittendu.Ellesavaitcombienilétaitdifficilepourluid’entendrecelamaiselle

nepouvaitpluslegarderpourelle.Ellesedevaitd’êtrehonnête.

«Jecroisquec’estpourcelaquejepouvaisgarderuncalmerelatifaujourd’huietne

pasperdremonsang-froid.D’abord,jenevoulaispasquecesenfantssoientblessés.

Ensuite,aprèstoutcequej’avaisdéjàenduré,j’enétaisvenueàlaconclusionque

quandDieumediraitqu’ilétaittempspourmoidepartir,jepartiraimaispasuneminute

avant.»

«Jesuisreconnaissantqu’iln’aitpasétéprêtàteprendreetquetusoislàavecmoi

àlamaison,àmescôtés,oùesttaplace»dit-ild’unevoixrenduerauqueparl’émotion.

Elleajustasoncorpsausienpourqu’ellepuissesetourneretdéfairelabraguettede

sonpantalon.Ilsoulevaseshanchespourluipermettredefaireglisserlepantalonle

longdeseshanches.Elles’agenouillapourfinirdeluiôterlerestedesesvêtements

jusqu’àcequ’ilfuttotalementnuentresesmainsvagabondes.

Cesoir,elleallaitluifairel’amour.Sisouventilavaitétéceluiquis’occupaitd’elle,si

tendrement.Luioffranttoujourssonréconfort.Luidisant,avecplusquedesmotsqu’il

l’aimaitetqu’ilseraittoujourslà.

Ellevoulaitêtrecettepersonne-làpourlui,cesoir.Pourluimontrerqu’ellel’aimaittout

autant.Qu’elleavaitbiensaisilessacrificesqu’ilavaitfaitsetavaitl’intentiondefaire

pourelleetleursenfants.

Seredressantsurlelit,ellepritjusteletempsdeseglisserhorsdelanuisettequ’elle

avaitmiseaprèssadouche,avantderamperversluientresescuissesmusclées.

Elles’allongeasurlui,pressantseslèvressursonabdomenraidi.Pasunseul

centimètredepeauneluiéchappa.Avecdouceur,elledéposadelégersbaiserssur

l’hématomequimarbraitsachair,puiselledescenditplusbas,taquinantunelignequi

glissaitverslehautdesesjambes.

Ilrespirabruyammentquandelleleléchadelabasedesonsexeàsonsommet.Il

s’agitaitetsedurcissaitsousseslèvres,luipermettantainsid’aspirerleglanddanssa

bouche.

Dansunmouvementchaudethumide,elleleprittoutentierpuislentementlelibéra,

centimètreaprèscentimètre,exerçantenmêmetempsunefermesuccion.

Ils’agitaitdésespérément,setrémoussant,incapablederestertranquilletandisqu’elle

lecaressaitdehautenbas,lepressantentreseslèvres.

Sesmainsdansaientdanssescheveux,latenantpuislarepoussantpourqu’elleaille

àlarencontredesespoussées.C’étaitcommes’iln’avaitpluslecontrôledeses

mouvementsetcelal’excitaitd’autantplus.

Ellesavaitexactementcequ’ellevoulait.Commentellevoulaitluifairel’amour.Ellele

taquinaetjouaaveclui,jusqu’àcequ’ellesentelapremièreperledespermesursa

langue.Alors,elleralentitsesmouvementsetlelaissas’éloignerdesonorgasme

imminent.

Quandsarespirationseralentit,elleseredressadenouveau,jusqu’àseretrouverà

califourchonsurlui,ledoscambrétandisqu’elleleguidaitdoucementenelle.

Sesgrossesmainsseposèrentsurseshanches,offrantsonaidealorsqu’ellese

laissaitdescendresurlui.Maisilluilaissaimprimersonrythme,neforçantenrienle

mouvement.

Fermantlesyeux,elles’abaissalentement,leprenantauplusprofondd’elle-même

jusqu’àtouchersonaine.

«Mondieu,tuessimagnifique,ditEthanlavoixpleinederespect.Laplusbellechose

quej’aijamaisvuedetoutemavie.C’esttoujoursainsiquejeveuxmesouvenirde

toi.Nueetenivrante,mechevauchant,maqueueprofondémentenfouieentoi.Tatête

rejetéeenarrièreetcettesplendidechevelurecascadantsurtesépaules.»

Ilfitglissersesmainsdeseshanchesàsesseins,prenantencoupslespetitsdômes

etenroulantsesdoigtssurlespointes.Elleremuaavecimpatiencepuiss’appuyasur

sonétreinte,savourantlasensationdesesmainssursesseins.Elleplaçasespaumes

contresesbrasetremontaplushaut,l’autorisantainsiàglisserhorsd’elle.

Puiselleretombaànouveau,l’immergeantenelle,jusqu’àcequ’ilslaissenttousdeux

échapperdedouxmurmuresdeplaisir.

«Jeveuxquetuviennesavecmoi,bébé,chuchotaEthan.Ensemble.Venons

ensemble.Dis-moicedonttuasbesoin.»

Ellesoupiraencore.

«Touche-moi.Jesuissiprès.»

Ildéplaçaunemainentreeux,glissantundoigtentrelesbouclesquicouvraientson

montdeVénusjusqu’àlapetiteperledechairblottieentrelesreplismouillés.Dèsqu’il

latoucha,elleseresserraautourdelui,cequilerenditencoreplusdurenelle.

Enquêtedeplusdesensations,elleimprimasonallureetcommençaunrythmeferme

quicausalaplusexquisefrictionqu’ellen’eutjamaisressentie.Ilétaitsibienenelle.

Samainlibreserefermasursesfessesetsesdoigtss’enfoncèrentdanssachair

tandisqu’ellelechevauchait.

«Viensbébé,haleta-t-il.Viens.»

Iln’eutpaslongtempsàattendre.Soncœursetenditcommeunserpentpuisse

détenditbrusquement,libérédetoutelatensioncumuléeenuneexplosionintense.

Sondouxcrifutperdudanslegrondementd’Ethan,lorsquesonpropreorgasmele

consuma.Elledevintchaudeethumide,leréconfortfacilitéparsonplaisir.Une

euphoriquesatisfactionsedistillaitdanssesveines,luidonnantl’impressiond’être

sousl’emprised’unedrogueapaisante.

Elles’installasurEthan,autorisantsoncorpsàcouvrirlesien.Ilpassasesbrassur

elle,l’enfermantdansundouxcocon.Pleinementsatisfaite,ellesepelotonna

davantagedanssonétreinteetlaissaéchapperunprofondsoupir.

Lavieluiavaitapprisqueriendecequivalaitvraimentlapeinenevenaitfacilement,

maisquetoutdevenaitplusdouxdufaitdessacrificesconsentis.

«Jet’aime»dit-ellecontresapeau.

«Jet’aimeaussi,bébé,dit-ild’unevoixféroceetpossessive.Dorsmaintenant,jete

tiens.J’aiparfoisjustebesoindetetenircontremoietdemesouvenirquetuvas

bien.»

«Jesuisdésoléedet’avoirfaitpeur.»

Ilfitglissersesmainsavectendresselelongdesondos.

«Jesais,bébé,jesais.»

Chapitre15

Racheln’avaitjamaisétéaussiheureusedevivrederrièrelesmursdel’enceinte.Elle

étaitreconnaissantedutimingetd’avoirdéménagédeleurvieillemaisonavant

l’incidentàl’école.Eneffet,lesmédiascampaientdansleurancienquartierdepuis

qu’elleavaitquittél’hôpital.

LapetitevilleoùFranckpossédaitsonmagasindematérielétaitdevenueunvraizoo

etilavaitdûfermerlaboutiqueaprèsseulementuneheured’ouverture,lejourde

l’arrestationdutireur.

Ànouveau,Rachelsetrouvaitsouslefeudesprojecteurs,seulementcettefois,elle

n’étaitpasrevenuedelamort.Elleavaitjusteflirtéavecelle,encore.

Leseularticlesurlequelelleavaitjetéuncoupd’œildisaitqu’elleavaitneufvies.Peut-

êtreétait-cevrai,maisellen’allaitpasperdresontempsàdébattresurlecomment

elleavaitcouillonnélamortplusieursfois.

Depuislesquelquesderniersjours,Ethanetelles’étaientenfermésdansleurnouvelle

maison.Marleneetsesbelles-sœurss’étaientrelayéespourleurapporterdespetits

platsmaison,desortequ’ilsavaientpuresteràl’intérieur,pourdigérerlefaitqu’ils

l’avaientéchappébelleetqueRachelsouffraitdeseffetssecondairesdelapeur.

«Bébé,Mavientjusted’appeler»ditEthanenentrantd’unpastranquilledansle

salon.

Rachelavaitgardélatélévisionéteintedepuisqu’ilsétaientrentrésàlamaisoncarils

nepouvaientallersurunechaînesansquenesoitmentionnélafusilladerécente.

LapoliceavaitfaitplusieursvisitesàlaforteressecarEthanrefusaitdel’emmenerà

l’extérieur,làoùilsseraientprisparlafouledemédias.

Elleavaitracontétantdefoissaversiondel’incidentquesesoreillesétaienttoutes

engourdiesdes’entendreelle-même.

«Et?»demandaRachel,détournantsonattentiondulivrequ’elleétaitentraindelire.

«Ellem’ainforméqu’ilsnousavaientlaissésuffisammentdetempspourrécupéreret

qu’ilsnousrejoignaienttouscesoiràlamaisonpourlapendaisondecrémaillèrequ’ils

ontdéjàorganisée.»

Rachelsefigea,consciented’avoirleregardd’unebicheprisedanslespharesd’une

voiture.

«Cesoir?»

Elleparcourutdesyeuxlapièce,horrifiée.Rienn’étaitrangé.Ilyavaitdesboîtes

partout.

Ethanlevalesmains.

«Nepaniquepas.Mamannevoudraitpascela.Penseseulementqu’ellesait

pertinemmentquenousvenonsdedéménageretquerienn’estenplace.Elleréunit

lesfillesetellesarriventdansuneheurepourrangeretcuisiner.»

Rachellefixa,totalementabasourdie.

«Etcelaestcenséarrangerleschoses?Jesuissupposéeresterassiseetles

regardernettoyermamaisonetcuisinerpourunefêtequenousavonsicicesoir?»

«C’estprécisémentcequetuvasfaire,rétorquasévèrementEthan.Jeneveuxpas

quetutesurmènes.»

RachelsoupiraetEthanselaissatombersurlecanapéetpassasonbrasautourde

sesépaules.

«Toutlemondes’inquiètepourtoi.Ilsveulentjustefairequelquechosequiterendra

heureuseetcélébrernotredéménagement.Jecroisqu’ilspensentquetuestriste

d’avoirquittél’anciennemaison.»

Ellepinçaseslèvresetgonflasesjouesavantd’expulserl’airenbruitsonore.

«Est-cequecelat’ennuietoujoursquejenesuispastristed’êtrepartie?»

Lentement,ilsecoualatête.

«Tesexplicationsontdusens.Commentpourrais-jeteblâmerpourtonhonnêteté?

Jeveuxquetusoisheureuse.Siavoirunenouvellemaisondansunlieusûrtesatisfait

ettesécurise,jeseraisunvraisalauddetereprochercela.»

Ellesetournaversluietlefixa.

«Nousallonscréerdemagnifiquessouvenirsdanscettemaison,Ethan.»

Ilposaunbaiserausommetdesatêteetfitcourirsesdoigtsdanssescheveux.

«Oui,nousallonslefaire.Encommençantparcesoir.»

*

Lamaisonétaitempliedevie,entrelesdiscussions,lesriresetlessourireschaleureux

quinepouvaientexisterquedansunefamille.

TouslesKellyétaientprésents.MêmeRustyetSean,membreshonorairesdela

famille,étaientlà.

RustyavaitprisRachelàpartdèssonarrivée,trèsinquièteàproposdelagrossesse

delajeunefemme.Cettedernièreluiavaitassuréqu’elleallaitbien,maisellen’avait

pasrévéléqu’elleattendaitdesjumeaux.Ellevoulaitgarderlasurprisepourlemoment

oùilsferaientl’annonceofficielle.

Ellesavaitquelesfrèresd’Ethanétaientaucourantmaisilsavaientgardélesecret,

nevoulantpasgâcherlagrandesurprise.

Onauraitditquelafamilleavaitfaitlepactesolenneldenepasaborderl’incidentde

l’écoleenarrivantchezEthanetRachel.

Iln’yeutaucuneconversationsurletireur,lesmédiasoumêmel’implicationduKGI

dansledénouementdel’affaire.

Voulantapaisersacuriosité,etsespeurs,ellepritàpartSamtandisquelesautresse

servaientdelanourrituredansleurassiette.

«Est-cequeKGIadesennuisàcausedelaprised’otage?demanda-t-elle

anxieusement.Ethanaditqu’ilsnevoulaientpasquevousinterveniezmaisquevous

l’avezfaittoutdemême.»

Samsourit,unelueurunpeutristedansleregard.

«Disonsquenousavonseuquelquesmots.Maisvulafaçondontcelaatourné,

commelesmédiasontétécontenusetquelesSWATavaientdéjàcommencéàentrer

aprèsquelesenfantsontétérelâchés,cesderniersonteutoutlecréditpourla

neutralisationdeWinstead.Cequiestbien.CelapermetdegarderleKGIdans

l’ombre.Lechefn’étaitpascontent.Lemaireétaitemmerdé.Leshérifavaitl’aird’avoir

avaléunœuf.Ilsdevaientprobablementtousfairedansleurfroc,inquietsàl’idéeque

nouséchouionsetquecelaleurretombedessus.»

Rachelsecoualatête.

«Jesuisdésolée.»

Ilclignadesyeux.

«Pourquoidiableserais-tudésolée?Penses-tuhonnêtementquenousserionsrestés

assissurnosfessesalorsquetuauraisétéentrelesmainsd’unenfoiréde

détraqué?»

Ellesourit.

«Non,jesuisdésoléequecesgenssoientsistupides.Maisjesuisheureusequevous

n’ayezpasétéarrêtésouquoiquecesoitd’autre.Celam’auraitfortementennuyée

dedevoirvousrendrevisiteenprison.»

Samlaissaentendreundouxgloussement,puislasaisitparlecoudeetl’emmena

verslatableoùMarleneavaitorganiséunesortedebuffet.

«Allonsprendrequelquechoseàmangeravantquemesfrèresn’aienttoutdévoré.»

Iln’eutpasàleluidiredeuxfois.Elleprituneassietteetlaremplitdenourriture.En

vérité,ellemouraitdefaimetellen’avaitpaseudenauséedepuisdeuxjoursentiers.

Celasuffisaitpourluidonnerenvied’enprofiteretdejouirdechaquemomentdecette

soirée.

Pendantquetoutlemondeconversaitetmangeait,EthanserapprochadeRachel

jusqu’àcequ’ilssoientcôteàcôte.Quandelleeutfinisonassiette,illaluiôtades

mainsetlaposasurlecôtépourpouvoirenlacersesdoigtsauxsiens.

Illuioffritunregardsipleind’amourqu’elleeutdelapeineàrespirer.Elleétait

réconfortéeparlecontentementquiémanaitsiconfortablementdelui.

Ilétaittemps.Tousceuxquicomptaientpoureuxétaientprésents.Dansleurnouvelle

maison,unendroitquiporteraitlesfondationsdeleuravenir.

Ethans’éclaircitlagorgeetdemandal’attentiondetous.Lesconversationsseturent

ettouslesyeuxsedirigèrentversEthanetRachel.Despapillons–despapillonsbien

excités–dansaientdansleventredeRachel.Unventrequiseraitbientôtarrondipour

s’accommoderàlaprésencededeuxpetitesviesnichéesjustesoussoncœur.

«Racheletmoiavonsunechoseimportanteàpartageravecvousquiêtessichersà

noscœurs.»

Illaregarda,lesourcillevé,demandants’ildevaitannoncerlanouvelleousielle

préféraitlefaire.Ellesouritetpressasamainavantdeluiindiquerqu’ildevaitlefaire.

Ilpritunegrandeinspiration,sonsourires’élargitaupointquesesdentsétincelèrent.

«Aprèsbeaucoupderéflexions,dediscussionsetpasmald’introspection,finalement

enpaixaveccettedécisionetsentantqueRachelétaitprêteàfranchircepas,nous

avonsdécidéd’essayerd’avoirunbébé.»

Lessouriresfurentimmédiats.Marlenes’appuyasurFranck,lesaisissantparlebras,

etditd’unevoixsonore:«Jetel’avaisdit!»

Rachelsouritets’agitadanslesbrasd’Ethan.Elleétaitaussiexcitéequ’unenfantle

jourdeNoël.ElleaimaitlafaçondontEthanfaisaittraînerleschosespourménager

unmaximumd’effet.Ellevoulaitsavourercemomentaussilongtempsquepossible.

«Ceàquoinousnenousattendionspas,c’estquecelaarrivesivite»ajoutaEthan

avecunsourire.

Ilyeutunprofondsilence.Lesyeuxétaientgrandsouverts.Dessouriresentendus

s’affichaientsurlesvisagesdesesfrères.Sheaétouffasapropreréaction,serrantses

poingsd’excitation.Ellesemblaitsurlepointdefairedesbondssurlesgenouxde

Nathan.

Franckfronçalessourcils.

«Es-tuentraindedirecequejepensequetuesentraindedire?»

Ethanacquiesça.

«Ouipapa,Rachelestenceinte.»

Unconcertdecrisretentit,qu’Ethanlaissacourirdurantuneminute,mais,quandla

famillecommençaàbougerpourseprécipiterverseux,illevalesdeuxmains.

«Attendezuneminute.Ilyaautrechosequenousvoudrionsvousdire.»

LabouchedeMarlenes’ouvritunpeuetelleregardaittouràtourRacheletEthan,

essayantdedéterminers’ils’agissaitd’unebonneoud’unemauvaisenouvelle.Elle

s’immobilisaàmi-chemindel’endroitoùsetenaientRacheletsonfils.Franckvintse

posterprèsd’elle,glissantunbrasautourdesataille.

Ethancouvasafemmeduregard,lachaleurdesonamourilluminantsesyeux.Ill’attira

àluietellepouvaitentendrederrièreellelesdouxsoupirsdeceuxquilesregardaient.

MaissonattentionétaitfocaliséesurEthanetlapromessequidansaitdanssesyeux.

Lapromessed’unavenirmerveilleux,sibrillantqu’ellepouvaitàpeinesel’imaginer.

Puisilsetournadenouveauverssafamille,levisagemangéparunsourireincroyable.

«Nousn’allonspasseulementavoirunbébé.Lasemainedernière,nousavonsappris

quenousallionsavoir…desjumeaux.»

Unesériedecris,d’exclamationsetdebruitsreflétantunesurprisetotalerésonna

danslapièce.Unbabillageexcité.Lajoieetl’enthousiasmedansaientdefaçon

tangibledanslesairs.

Marleneneputseretenirpluslongtemps.ElleseprécipitaversRachel,samain

s’agitantdanstouslessens,alorsquedescrisd’excitationjaillissaientdeseslèvres.

«Oh,bébé,s’exclama-t-elleenserrantlajeunefemmedanssesbras.Quelle

merveilleuse,merveilleusenouvelle!Jesuissiheureusepourvousdeux.»

«Merci»ditRachelenluirendantsonétreinte.

«Commetuasdûêtreeffrayéepartoutcequiestarrivé»repritMarlene,avec

beaucoupdechaleurdanssonregardbrun.

FrancksefrayauncheminetenlaçaRacheldansunepuissanteaccolade,maisilfut

aussitrèsdouxetattentionnépournel’écrasercontrelui.Ilembrassasajoueetquand

ilparla,savoixétaitrauqued’émotion.

«Jenepourraisêtreplusfier,dit-il.Cesdeuxnouveauxpetits-enfantssontunevraie

bénédiction.Prendsbiensoindetoi,jeunefille.Jevaist’avoiràl’œil.»

Rachelsourit.Elleseconsumaitdetoutecettejoie.

«Jesaisquetuleferas.»

«Portonsuntoast!»s’exclamaSamenlevantsonverre.

LapiècedevintànouveausilencieusetandisquelefilsaînédesKellysouriaitàRachel

etEthan.

«Tuastoujoursétéunepersonnespécialepournoustous,Rachel»commença-t-il.

Chacund’entreeuxacquiesçarapidement,leurssourirespluslumineuxquelesoleil.

Elles’endélecta.Commed’unamouretd’uneacceptationquibrillaientautantquedes

millionsd’étoiles.

«Tuesaussiunesacrébattante.Jeneconnaispersonnedeplusrésistantquetoi.

Caraprèstoutcequetuaspuendurer,tuassuresterladouceettendreRacheldont

noussommestoustombésamoureuxilyamaintenantdenombreusesannées.

Deslarmesperlèrentàsespaupièresetellen’essayamêmedelesretenir.Samétait

sisérieux,neluidonnantaucuneraisondedouterdesmotsqu’ilprononçait.

Donovanintervint,regardantdirectementEthan.

«Sivosenfants–lesenfantsdeRachel–héritentneserait-cequed’unefractionde

l’espritetdeladéterminationdeleurmère,alorstuaurasdesenfantsquineseront

jamaisterrassésparlavie.»

«Bondieuoui,etilsdirigerontceputaindemonde»murmuraGarrett.

Desriresretentirentdanslasalle,soulageantl’atmosphèredesasolennité.

«Merci,ditRachel,lavoixaussiémuequesesyeuxétaienthumides.Jevoussuissi

reconnaissante,jenesaispascequej’auraisfaitsansvous.»

EllecontemplaMarleneetFranck.Sonamourpourlevieuxcoupleétaitsipuissant

qu’ilétaitdurdeposerdesmotssurcequ’elleressentaitetespéraitpoureux.

«Monsouhaitpourmesenfantsestd’êtrelegenredeparentsquevousavezétépour

lesvôtresetpourtousceuxàquivousavezoffertvotreamourinconditionneletvotre

soutien.

«Jesuisd’accordaveccela»appuyaEthan,resserrantsonétreintesurRachel.

Cettedernièreregardachacunedespersonnesprésentesdanslapièce,insistantsur

chaquevisage.

«Mesenfantsserontlesenfantslespluschanceuxdecetteterrecarilspossèderont

laplusmerveilleusedesfamilles.Jen’oublieraijamaiscombienvousm’avezaidéeà

mebattreetàvaincredurantcesdernièresannées.»

Seans’éclaircielagorge.

«Rachel,moncœur,fais-moijusteunefaveur,d’accord?Sionconsidèretoutceque

nousavonstraverséensemble,toietmoi,quandtuserasenpleintravail,assure-toi

quejenesoispasdanslesparages.»

LesriresdesKellyexplosèrentdanslapièceetRachellesaccompagna.Elleferma

lesyeux,savourantsimplementlesvibrationsdetantdejoie.

Ellen’étaitpluslavictimedupassé,retenueprisonnièredesdémonsquihantaientson

esprit.Elleavaitlaisséceladerrièreelle,setournantversunaveniremplidela

promessedejourséblouissantsetd’unevieheureuse.

ElleétaituneKelly.Etelleétaitaimée.

FIN