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60 Ethique & Santé 2004; 1: 60-63 • © Masson, Paris, 2004 ARTICLE ORIGINAL Soin, confiance et disponibilité Les ressources éthiques de la philosophie d’Emmanuel Lévinas L. Benaroyo Université de Lausanne, Projet iris éthique, Bâtiment Provence, 1015 Lausanne, Suisse. Correspondance L. Benaroyo, à l’adresse ci-contre. e-mail : [email protected] Résumé Cet article examine dans quelle mesure la philosophie d’Emmanuel Lévinas permet d’enrichir la compréhension des fondements éthiques de la confiance au sein de la relation clinique. Une exploration de la notion de compassion ouvre la voie de cette compréhension et montre de quelle manière cette philosophie offre les ressources permettant de construire une éthique du soin qui fasse écho aux exigences éthiques propres au dialogue thérapeutique. Mots-clés : éthique médicale - soin - confiance - vulnérabilité - compassion - Emmanuel Lévinas Summary Care, trust, and welcoming: ethical resources in the philosophy of Emmanuel Levinas Benaroyo L. Ethique & Sante 2004; 1: 60-63 This article examines the contribution of the philosophy of Emmanuel Lévinas to our comprehension of the ethical foundations of trust in the clinical relationship. Exploring the notion of compassion opens the way to better comprehension and demonstrates how this philosophy offers the resources needed to construct an ethics of care echoing the ethical requirements proper to the therapeutic dialogue. Key words: medical ethics - care - trust - vulnerability - compassion - Emmanuel Lévinas a confiance est le ferment de la re- lation de soin. Pour un malade, faire confiance c’est se placer dans un état de dépendance et d’espérance à l’égard d’un soignant ; c’est accepter d’être vulnérable et admettre que la personne à laquelle la confiance est ac- cordée peut exercer un pouvoir sur soi pour notre propre bien ; c’est aussi croire en la parole du soignant et espé- rer que les pouvoirs qui lui sont confé- rés ne seront pas exercés à notre propre insu 1 . « Faire confiance, écrit Annette Baier, c’est risquer certains aspects de son avenir en pariant sur la loyauté de la per- sonne à laquelle on fait confiance » 2 . Pour le soignant, instaurer un espa- ce de confiance consiste à manifester au malade sa présence et son intention de répondre à l’espérance placée en lui en mettant en œuvre tous les moyens possibles pour réaliser le bien de ce dernier, sans exercer de pouvoir à son détriment. Instaurer un climat de confiance, c’est ouvrir un espace de rencontre et de promesse qui repose sur le sentiment et l’expérience d’une humanité partagée. Cet espace semble fragilisé aujourd’hui : le caractère séculier et pluraliste de la moralité contemporai- ne, sur lequel vient se greffer l’idéolo- gie de l’économie néo-libérale, peu- vent exercer une influence négative sur l’instauration et le maintien d’un climat de confiance dans le cadre d’une relation clinique et mettre en péril les fondements éthiques du projet thérapeutique 3 . Comment dès lors veiller à ce qu’un tel climat soit main- tenu au cœur de la relation de soin ? L 1. Baier, 1996, p. 284. 2. Baier, 1996, p. 287. 3. McCullough, 1986, p. 26-33 ; Pellegrino, Veatch, Langan, 1991, p. 70-89 ; Rothman, 1991, p. 190- 221 ; Camenisch, 2001, p. 234-269 ; Katz, 2002, p. 85-103 .

Soin, confiance et disponibilité

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60 Ethique & Santé 2004; 1: 60-63 • © Masson, Paris, 2004

ARTICLE ORIGINAL

Soin, confiance et disponibilitéLes ressources éthiques de la philosophie d’Emmanuel Lévinas

L. Benaroyo

Université de Lausanne, Projet iris éthique, Bâtiment Provence, 1015 Lausanne, Suisse.

CorrespondanceL. Benaroyo,

à l’adresse ci-contre.e-mail : [email protected]

Résumé

Cet article examine dans quelle mesure la philosophie d’Emmanuel Lévinas permet d’enrichir la compréhension des fondements éthiques de la confiance au sein de la relation clinique. Une exploration de la notion de compassion ouvre la voie de cette compréhension et montre de quelle manière cette philosophie offre les ressources permettant de construire une éthique du soin qui fasse écho aux exigences éthiques propres au dialogue thérapeutique.

Mots-clés : éthique médicale - soin - confiance - vulnérabilité - compassion - Emmanuel Lévinas

Summary

Care, trust, and welcoming: ethical resources in the philosophy of Emmanuel LevinasBenaroyo L. Ethique & Sante 2004; 1: 60-63

This article examines the contribution of the philosophy of Emmanuel Lévinas to our comprehension of the ethical foundations of trust in the clinical relationship. Exploring the notion of compassion opens the way to better comprehension and demonstrates how this philosophy offers the resources needed to construct an ethics of care echoing the ethical requirements proper to the therapeutic dialogue.

Key words: medical ethics - care - trust - vulnerability - compassion - Emmanuel Lévinas

a confiance est le ferment de la re-lation de soin. Pour un malade,faire confiance c’est se placer dans

un état de dépendance et d’espérance àl’égard d’un soignant ; c’est accepterd’être vulnérable et admettre que lapersonne à laquelle la confiance est ac-cordée peut exercer un pouvoir sur soipour notre propre bien ; c’est aussicroire en la parole du soignant et espé-rer que les pouvoirs qui lui sont confé-rés ne seront pas exercés à notre propreinsu1. « Faire confiance, écrit AnnetteBaier, c’est risquer certains aspects de sonavenir en pariant sur la loyauté de la per-sonne à laquelle on fait confiance »2.

Pour le soignant, instaurer un espa-ce de confiance consiste à manifesterau malade sa présence et son intentionde répondre à l’espérance placée en luien mettant en œuvre tous les moyenspossibles pour réaliser le bien de cedernier, sans exercer de pouvoir à sondétriment. Instaurer un climat deconfiance, c’est ouvrir un espace derencontre et de promesse qui reposesur le sentiment et l’expérience d’unehumanité partagée.

Cet espace semble fragiliséaujourd’hui : le caractère séculier etpluraliste de la moralité contemporai-ne, sur lequel vient se greffer l’idéolo-gie de l’économie néo-libérale, peu-vent exercer une influence négativesur l’instauration et le maintien d’unclimat de confiance dans le cadred’une relation clinique et mettre enpéril les fondements éthiques du projetthérapeutique3. Comment dès lorsveiller à ce qu’un tel climat soit main-tenu au cœur de la relation de soin ?

L

1. Baier, 1996, p. 284.2. Baier, 1996, p. 287.3. McCullough, 1986, p. 26-33 ; Pellegrino, Veatch,

Langan, 1991, p. 70-89 ; Rothman, 1991, p. 190-221 ; Camenisch, 2001, p. 234-269 ; Katz, 2002,p. 85-103 .

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Un détour par l’éthique nous paraîtnécessaire pour aborder cette ques-tion. Il nous semble, en effet, qu’unedes conditions pour instaurer un espa-ce de confiance est de redonner une si-gnification éthique à l’asymétrie de larelation de soin ainsi qu’à l’éveil de laresponsabilité éthique qui y est asso-ciée. La pensée de l’altérité d’Emma-nuel Lévinas nous paraît particulière-ment féconde pour développer uneréflexion sur ce thème. Pour Lévinas,répondre à l’appel d’autrui qui souffre(faire preuve de compassion) et existerpour cet autre souffrant, sont deux im-pératifs éthiques sur lesquels repose lacréation d’un fonds commun d’huma-nité, d’un espace au sein duquel des va-leurs communes peuvent être parta-gées et discutées dans le cadre d’unprojet de soin. C’est en puisant dans lesressources éthiques de la conceptionlévinassienne de la compassion qu’ilnous semble dès lors possible d’abordercette problématique.

Souffrance et vulnérabilité

Dans l’un de ses premiers ouvrages, Letemps et l’autre, Lévinas caractérise lasouffrance au plan phénoménologiquecomme une « impossibilité de se détacherde l’instant de l’existence », comme « l’ir-rémissibilité même de l’être (…) l’impossi-bilité de fuir et de reculer »4. Toute l’acuitéde la souffrance, nous dit-il, est dans cetimpossible recul (…). Il y a dans la souf-france, une absence de tout refuge »5. PourLévinas, la souffrance n’est pas seule-ment une donnée « réfractaire à lasynthèse »6, elle est aussi « un malgré-la-conscience », « l’inassumable »7, « étrangeà toute lumière, rendant impossible touteassomption de possibilité, mais où nous-mêmes sommes saisis »8. Cette absenced’assomption possible, donne à lasouffrance un caractère de « passi-vité », de « non-sens par excellence, vé-cu directement »9.

Instaurer un climat de confiance, c’est ouvrir un espace de rencontre et de promesse qui repose sur le sentiment et l’expérience d’une humanité partagée.

Pour Lévinas, le caractère de « pas-sivité » de la souffrance ne signifiecependant pas que cette dernière estporteuse d’inertie : si la « passivité »témoigne du caractère inconnaissable,incompréhensible de la souffrance, el-le renvoie dans le même mouvement,précise-t-il, à l’altérité de notre proprecorps : « seul un être arrivé à la crispa-tion de sa solitude par la souffrance et à larelation avec la mort, relève-t-il, se placesur un terrain où la relation avec l’autredevient possible (…). La relation avecl’avenir, c’est la relation même avecl’autre »10.

Chez Lévinas, le caractère de « pas-sivité » de la souffrance est associé àl’idée de « sensibilité » — c’est-à-dire àla subjectivité du corps-sujet en tantque lieu où l’être se laisse affecter parautrui. Pour Lévinas, la sensibilité de-vient dans la souffrance précisément« vulnérabilité » — c’est-à-dire ouver-ture à l’autre11 : « Dans la souffrance, lasensibilité est vulnérabilité, écrit-il, pluspassive que la réceptivité ; elle est épreuve,plus passive que l’expérience. Précisémentun mal »12.

Ainsi, dans la phénoménologie lé-vinassienne, le corps souffrant est por-teur d’une ambiguïté primordiale :alors que l’expérience physique de lasouffrance enchaîne le sujet à soi, lavulnérabilité atteste que le sujet est dé-bordé hors de lui, est en situationd’ouverture à autrui13. La passivité dela souffrance peut alors être comprisecomme une patience, comme uneouverture à l’autre, d’où une possibleétymologie du mot patient. La patien-ce ne traduit pas un manque mais uneouverture à l’autre.

Éthique et vulnérabilité

Il est important de noter ici que pourLévinas la « passivité », qui se muedans la souffrance en vulnérabilité, estprécisément la source de la relationéthique : dans la souffrance, l’expé-rience de la vulnérabilité prend valeurd’une instance éthique où se dessinel’horizon de l’inter-humain. Lové dansle face-à-face avec le visage de l’autre-souffrant, cet éveil à la responsabilité-pour-autrui est, pour Lévinas, le mo-ment éthique par excellence — lenoyau éthique de la relation d’aide. Ildécrit cet éveil dans un texte intitulé Lasouffrance inutile :

« Le mal de la souffrance (…) n’est-il pas(…) de par sa non-intégration dans l’unitéd’un ordre et d’un sens, la possibilité d’uneouverture (…), appel originel à l’aide, au se-cours curatif, au secours de l’autre moi dontl’altérité, dont l’extériorité promet le salut ?Ouverture originale vers le secourable oùvient s’imposer, — à travers une demanded’analgésie plus impérieuse, plus urgentedans le gémissement d’une demande de con-solation ou d’ajournement de la mort —, lacatégorie anthropologique du médical, pri-mordiale, irréductible, éthique. Pour la souf-france pure, intrinsèquement insensée et con-damnée, sans issue, à elle-même, se dessineun au-delà dans l’inter-humain »14.

Dans le prolongement de la penséede Lévinas, Catherine Chalier décrit cemoment d’éveil à la responsabilité éthi-que comme le moment fondateur del’acte médical, qu’elle caractérise de lamanière suivante dans un texte intituléLa souffrance d’autrui :

« Ce moment de bouleversement, desaisissement, qui ne laisse même pas letemps d’en examiner les raisons, se donneprécisément, et sans esquive possible, dans leface-à-face avec le visage d’autrui, visagequi, par sa nudité et son essentielle indigen-ce, par sa détresse toujours plus grande quela mienne et tout l’aléa de sa mortalité, enappelle à moi en tourmentant à jamais maquiétude. En cet instant se lève et s’éveille enmoi un autre souci que celui de la pulsationsereine de moi-même dans mon être, uneautre crainte que celle qui borne mon hori-zon à moi-même, je me sais responsable dusort de l’autre, responsable au point de per-dre devant lui toute innocence d’être »15.

La passivité de la souffrance peut être comprise comme une patience, comme une ouvertureà l’autre, d’où une possible étymologie du mot patient.

4. Lévinas, 1985, p. 55.5. Lévinas, 1985, p. 55.6. Lévinas, 1991, p. 107.7. Lévinas, 1991, p. 107.8. Lévinas, 1985, p. 58.9. Lévinas, 1990, p. 45.10. Lévinas, 1985, p. 64.11. Lévinas, 1991, p. 108.12. Lévinas, 1991, p. 108.13. Lévinas, 1991, p. 110 ; Zielinski 2002, p. 78.14. Lévinas, 1991, p. 109-110.

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Pour le soignant, ces propos signi-fient que la responsabilité éthique sedéploie au moment de l’ouverture àautrui, où l’autre est accueilli, « enson étrangeté la plus extrême, [oùl’autre] n’est véritablement rencontréqu’à partir d’un fonds commun d’hu-manité, — un fonds qui n’est jamaisnormé une fois pour toutes, et dont ilfaut explorer les possibles à l’infini »,comme le précise Raphaël Célis16.

Compassion et disponibilité

La responsabilité éthique du soignantcomprend donc une réponse à l’inter-pellation suscitée par l’appel de l’autreentrelacée à un mouvement d’accueilde cet autre souffrant. « Répondre, c’ests’engager dans une relation de responsabili-té ; reconnaître autrui dans cette imprena-ble altérité qui m’oblige et justifie mon exis-tence », comme le souligne EmmanuelHirsch17. Face à la souffrance et à ladétresse d’autrui, ce double mouvementde la « responsabilité-pour-autrui » semue en compassion, un terme auquelLévinas fait souvent allusion sans ce-pendant y consacrer une analyse dé-taillée. Catherine Chalier prolonge lapensée de Lévinas en développant uneréflexion approfondie sur ce thème.Pour cette dernière, en effet,

« La compassion (…) engage au respectde ce que vit l’autre de l’intérieur plus qu’àla précipitation affairée de qui croitcomprendre, de qui prétend savoir. Elle im-pose l’humilité qui, comme le disait un ma-lade condamné « exclut les vaines consola-tions et les fausses paroles d’espoir »,l’humilité difficile de qui fait tout son possi-ble pour alléger la souffrance de l’autre — etla médication est ici primordiale —, maisqui, en même temps, sait pertinemmentqu’il n’étanchera pas ainsi la soif de l’autre,la soif de paix, mais surtout la soif d’un sensqui mette un terme au lancinant de l’inter-rogation « pourquoi moi ? » présente entoute souffrance (…) »18.

Comme le précise Catherine Cha-lier, avant d’agir la compassion se nour-rit d’un enseignement qu’elle doitd’abord endurer : « Le témoin… d’unesouffrance sans recours est d’abord ins-truit avant que d’être mobilisé » nousrappelle de même Raphaël Célis19.Cette instruction exige une disponibilitédu soignant, une hospitalité, un accueilde l’autre souffrant. Catherine Chalier

caractérise cet « accueil de l’autre souf-frant » en ces termes :

« Entendre cette espérance et se rendreattentif à cette attente ne signifie ni qu’ondétienne des réponses ni surtout qu’on pos-sède un savoir sur le sens de la souffrance.Cela signifie que l’on doit trouver en soiassez de disponibilité pour accueillir les pa-roles et les silences d’un autre sans aussitôtles couvrir de sa propre volubilité et de sapropre inquiétude. Cela impose enfin detrouver en soi les ressources nécessairespour faire entendre à son tour à celui quisouffre que malgré le mal ou la vieillessequi s’empare de son corps, en dépit du mal-heur qui mutile ses joies et risque d’abîmerson âme, sa vie singulière, sa vie dans sonunicité de personne irremplaçable n’est pasvaine »20.

C’est sur la base de cette dialectiqueentre interpellation et disponibilité21

que la compassion peut donner naissan-ce à un climat de confiance, espace del’inter-humain qui se fonde sur lareconnaissance d’une vulnérabilité etd’une fragilité « familières », d’unehumanité partagée22.

« Une humanité partagée »

En puisant dans les ressources de la phi-losophie d’Emmanuel Lévinas, il appa-raît donc que celle-ci peut contribuer demanière féconde à construire une éthi-que de responsabilité du soignant quifavorise l’éclosion et le maintien d’unespace de confiance au coeur même du

dialogue clinique singulier. La compas-sion fait ainsi écho aux exigences éthi-ques propres à la relation clinique. Elleest, selon Lévinas, le moment éthiquepar excellence : éveil à la responsabilitééthique où l’hospitalité du soignant —interruption de soi — puise au fond deson être-pour-autrui pour répondre àl’interpellation du malade à partir d’un« fonds commun d’humanité ».

Face au risque actuel de fragilisa-tion de cet espace de confiance, le défique nous semble devoir relever unephilosophie de la médecine est de valo-riser l’intégration de cette conceptionde la compassion au cœur même de laclinique tant dans le cadre de l’ensei-gnement de la médecine qu’au sein desdébats publics portant sur les enjeux desanté publique ainsi que sur les politi-ques organisationnelles des systèmesde soins.

Références

1. Baier A. Confiance. In : Canto-Sperber M.(éd). Dictionnaire d’éthique et de philoso-phie morale, Paris, PUF, 1996 : 283-8.

2. Camenisch PF. Communities of Care, ofTrust, and of Healing. In: Cates DF, Lau-ritzen P (eds.). Medicine and the Ethics ofCare.Washington DC, Georgetown Uni-versity Press 2001: 234-69.

3. Célis R. Le schème de la disponibilitéchez Paul Ricoeur. In : Barash JA., Delbrac-cio M. (éds). La sagesse pratique. Autourde l’œuvre de Paul Ricoeur, Amiens,1998 : 65-74.

15. Chalier, 1987, p. 136.16. Célis, 1998, p. 73.17. Hirsch, 1996, p. 3.18. Chalier, 1987, p. 140.19. Célis, 1998, p. 68.20. Chalier, 1987, p. 140.21. Le terme« disponibilité » est emprunté ici à Catherine Chalier ; il fait écho au sens que Lévinas donne au

mot « hospitalité ».22. Lévinas, 1990, p. 43 : « Je pense que la souffrance est l’enfermement même, condamnation à soi-même. Et

pourtant, dans la souffrance, il y a un cri et un soupir, une plainte (...). Le médecin est celui qui entend cesplaintes (…) cette attente médicale de l’autre constitue une des racines très profondes de la relation inter-humaine ».

Avant d’agir, la compassion se nourrit d’un enseignement qu’elle doit d’abord endurer.

Le défi est de valoriser l’intégrationde cette conception de la compassion au cœur même de la clinique.

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ARTICLE ORIGINAL

4. Chalier C. La souffrance d’autrui. In : Lapersévérance du mal. Paris, Cerf, 1987 :127-43.

5. Hirsch E. L’éthique est transcendance(entretien avec le philosophe EmmanuelLévinas), in : Médecine et éthique. Ledevoir d’humanité. Paris, Cerf, 1990, 39-46.

6. Hirsch E. Lévinas E, un philosophe aucoeur de notre action. La lettre de l’Espaceéthique,1996 ; 1: 3-4.

7. Katz J. The Silent World of Doctor andPatient. Baltimore and London, The JohnsHopkins University Press, Second edition,2002.

8. Lévinas E. [1979]. Le temps et l’autre. Paris,PUF, 1985.

9. Lévinas E. La souffrance inutile. In : Entrenous, Paris, Grasset, 1991, 107-19.

10. McCullough LB. Methodological Concernsin Bioethics. The Journal of medicine andPhilosophy 1986; 11: 17-37.

11. Pellegrino ED, Veatch RM, Langan JP.Ethics, Trust and the Professions. Philoso-phical and Cultural Aspects.WashingtonDC: Georgetown University Press, 1991.

12. Rothman DJ. Strangers at the Bedside. AHistory of How Law and Bioethics Trans-formed Medical Decision Making. BasicBooks, 1991.

13. Zielinski A. Lecture de Merleau-Ponty etLévinas. Le corps, le monde, l’autre. Paris,PUF, 2002.