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L’A NTHOLOGIE PERMANENTE DES LITTÉRATURES DE L IMAGINAIRE N˚ 184 Gratuit S OLARI S Science-fiction et fantastique Le volet en ligne 161 Lectures M. Arès, V. Bédard, R. Bozzetto, S. Chartrand, P.-A. Côté, M. Fortin, M. Ross Gaudreault, A. Gélinas, J.-P. Laigle, S. Roy 184 Sur les rayons de l’imaginaire et Écrits sur l’imaginaire P. Raud et N. Spehner 198 Sci-néma C. Sauvé

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L ’A N T H O L O G I E P E R M A N E N T ED E S L I T T É R AT U R E S D E L ’ I M A G I N A I R EN˚ 184 Gratuit

S O L A R I SS c i e n c e - f i c t i o n e t f a n t a s t i q u e

Le volet en ligne

161 LecturesM. Arès, V. Bédard, R. Bozzetto,S. Chartrand, P.-A. Côté,M. Fortin, M. Ross Gaudreault,A. Gélinas, J.-P. Laigle, S. Roy

184 Sur les rayons de l’imaginaire etÉcrits sur l’imaginaireP. Raud et N. Spehner

198 Sci-némaC. Sauvé

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Solaris est une revue publiée quatre fois par année par les Publications béné voles des litté raturesde l’imaginaire du Québec. Fondée en 1974 par Norbert Spehner, Solaris est la première revuede science-fiction et de fantastique en français en Amérique du Nord.

Ces pages sont offertes gratuitement. Elles constituent le Supplément en ligne du numéro 184 de larevue Solaris. Toute reproduction – à l’exclusion d’une im pres sion unique en vue de joindre cesup plément au numéro 184 de Solaris –, est strictement interdite à moins d’entente spécifiqueavec les auteurs et la rédaction.

Les collaborateurs sont respon sables de leurs opinions qui ne reflètent pas néces sai rement cellesde la rédaction.

Date de mise en ligne : octobre 2012 © Solaris et les auteurs

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Jonathan Reynolds, Ariane Gélinaset Pierre-Luc LafranceAgoniesLa Maison des viscères, 2012.

Agonies est le premier-né deséditions La Maison des viscères,dirigée par Alamo Saint-Jean et Fré -déric Raymond, deux jeunes gensprésents depuis assez d’années dansle milieu pour qu’il devienne gênantde parler d’eux en terme de petitsnouveaux. Il en va de même pour lesauteurs…

Ayant un faible pour le genreblood and gore (sang et tripes, enfrançais de traduction qui sonne mal)tant en livre qu’en film, je me suisprocuré sans tarder le premier recueilofficiellement gore « bien de cheznous ». Les éditeurs nous promettentle livre québécois à la plus forte den -sité de gore… Et tant qu’à moi, ilstiennent promesse.

Certains pourraient s’objecter àla simple existence du genre gore, àl’inutilité, voire même la perversionqu’il re présente. Or, de tout temps,l’humanité a été fascinée par la vio-lence, le sang et la souffrance, qu’onpense aux jeux du cirque, aux bû -chers du Moyen-Âge, aux écrits du

Marquis de Sade ou à notre cinémad’horreur contemporain. Je crois per -sonnellement que cette fascinationfait partie de ce que nous sommes,qu’on le veuille ou non. Assumerladite fascination en lisant ou enregardant du gore est un choix per-sonnel. Et, non, le gore ne rend pasnos jeunes fous furieux ou suici -daires, le heavy metal et les Beatlesnon plus. Les jeunes ont leur famillepour ça. Ceci dit, je ne laisserais pasmes neveux et nièces mineurs lireAgonies… C’est d’ailleurs claire-ment déconseillé sur la couverturedu livre.

La première novella, « Sam », deJonathan Reynolds, nous racontel’his toire de Samantha, une adoles-cente des Cantons de l’est dont lesparents et amis sont massacrés à tourde rôle… Les cadavres s’entas sentautour d’elle… littéralement. CarSam, une jeune fille anore xiquesouhaitant avoir une vie d’ado nor-male, a tout sauf ça! En effet, quelleétudiante du secondaire doit sebattre quotidiennement contre untueur sadique qui va et vient danssa vie comme il le veut ? D’autantplus que le tueur en question est un

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goinfre de moins en moins discretqui sème les reliefs de ses victimesun peu partout derrière lui.

« Sam » est l’aboutissement del’histoire que Reynolds avait dé -butée dans La Nuit du tueur (SérieObscure, aux Zailées). Dans Agonies,Reynolds a amélioré son écriture etl’intrigue est plus fluide. L’auteurest un grand amateur de cinémad’horreur de type slasher (dontHalloween est un des classiques)et cette novella est clairement unhommage au genre. L’auteur estoriginaire de l’Estrie et a choisi d’ysituer son intrigue. Bon choix : onreconnaît les paysages admirables dece coin et la présence de quelquesnoms anglophones n’y est pas in -congrue.

Pour ce qui est de l’intensité desscènes de gore, les amateurs vontêtre servis. Les scènes de violencesont du niveau d’American Psychode Brett Easton Ellis, alors vous voilàavertis. Des trois novellas du livre,c’est « Sam » qui remporte la mé -daille d’or du sanglant. L’histoireelle-même m’a cependant moinsintéressée. J’avoue ne pas être unevraie fan des slasher movies et jecrois que c’est un prérequis pourpleinement apprécier les péripétiesun peu répétitives et la trame sous-jacente plutôt classique de « Sam ».Par contre, le désespoir de l’héroïneest bien rendu, la rédaction à la pre -mière personne fonctionne. La scènefinale est réussie et touchante.

Signalons que Reynolds n’en estpas à ses premières armes et a pu -blié plusieurs nouvelles dans diversmagazines et fanzines et de courts

romans aux éditions Les Six Brumeset aux éditions Les Z’Ailées.

La seconde novella, « Amarante »,nous plonge dans un univers oniriqueet inquiétant. Ariane Gélinas nouspropose une croisière aussi éthéréequ’angoissante. Son héros, un jeunetraducteur nommé Charles, noie dansl’alcool les deuils successifs qui ontponctué sa vie. Le dernier en liste estle suicide de sa compagne Laura,une artiste-peintre douée mais psy-chologiquement fragile, portée surl’auto-mutilation. Dépressif et lui-même suicidaire, Charles adopte pourses beuveries quotidiennes un barlugubre, L’Achéron, situé près duport. Un habitué de la place nomméCharron l’accoste et lui propose uncoupon d’embarquement pour unpaquebot dont il est le passeur.Charron promet à Charles un chan -gement radical d’existence qui luipermettra de comprendre ce qui estarrivé à Laura. Estimant qu’il n’a rienà perdre, Charles accepte l’offre.

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L’Amarante n’a rien d’un bateaude croisière… Les marins sont saoulsen permanence et l’étrange capitainedu bateau signale à Charles dès sonarrivée qu’une loi implacable régitle vaisseau décrépit : les passagersde l’Amarante ne doivent s’attacherà personne. Et que dire desdits pas-sagers ! Une voisine de cabine nym -phomane et court-vêtue, des couplesadeptes de sado-masochisme, unehystérique, une naine mutilée… Sansoublier des artistes pour qui la chairet le sang sont les médiums favoris.Tout ce beau monde ne semble pasconcevoir d’extases artistiques ouse xuelles sans souffrances, blessuresou mutilations.

Je dois avouer avoir un faible pourl’écriture d’Ariane Gélinas, dont j’aiparticulièrement apprécié le premierlivre, L’Enfant sans visage (XYZ)qui s’est d’ailleurs mérité le prixBoréal de la meilleure nouvelle en2012. Je reconnais chez elle l’atmos -phère onirique que j’aimais tantchez Marcel Béalu ; ses personnagesambigus et pervers aux relationsinterpersonnelles pour le moins mal -saines ne sont pas sans rappeler ceuxde Natasha Beaulieu ou de SerenaGentilhomme.

Sur l’Amarante, le voyage vire pro -gressivement au cauchemar, avecune violence bien présente mais demon point de vue moins déstabili -sante que l’atmosphère de déca-dence et de désespoir qui imprègnele récit. Le lecteur se retrouve plongédans un monde sans loi ni limiteshormis celle mentionnée plus hautpar le capitaine Morel. Si l’auteureinsiste moins sur le côté gore de

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son histoire, l’ambiance glaçantede cette dernière plonge le lecteurdans un profond malaise. Pour mapart, l’expérience ne m’a pas du toutdéplu! Et les pointes d’humour dontelle parsème « Amarante » sont dé -licieuses…

Parler de délices nous amènejustement au « Baptême de sang »de Pierre-Luc Lafrance : on y suitl’ins pecteur Frédéric Boisclair et sonéquipe de la police de Québec venantjuste de mettre la main au colletd’un jeune homme d’apparenceinoffensive, sans aucun casier judi-ciaire… qui a commis un meurtreeffroyable teinté de cannibalisme.L’interrogatoire tourne mal : Leclerc,un vieux de la vieille, abat le suspectau moment où ce dernier casse sesmenottes et se jette sur lui. Un autrecorps policier est donc appelé à en -quêter sur ce violent incident…

Vous donner plus de détails surl’histoire serait commettre un impair.Le plus grand charme de la novellaconsiste à remonter le temps et lesméandres de l’enquête.

Cette dernière nous mène en effetà une autre, avec de courtes scènesentrelacées qui ne prendront toutleur sens qu’à la fin du récit. Et s’ily a du blood and gore en masse,« Baptême de sang » n’en reste pasmoins un excellent récit policier. Lespersonnages sont crédibles, les scènesde crime aussi malgré leur extrêmeviolence ; l’auteur évite de tomberdans le grand guignol. Et la tramefantastique m’a aussi beaucoup plu,même si certains la trouveront peut-être trop classique. Et en passant,bravo pour la description des soirs

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pluvieux de novembre à Québec,glauques et déplaisants à souhait.On s’y croit !

Juste un petit bémol pour une oudeux expressions boiteuses et le faitque l’auteur montre un personnagerevenant d’un cinéma où il a assistéà un « programme double ». En2012? Si vous pouvez m’en signalerun ailleurs que dans un ciné-parc,je vous paye une bière. À date, j’ai luquelques nouvelles « pour adultes »de Pierre-Luc Lafrance que j’avaisappréciées (il a aussi publié plu sieurstitres en littérature jeunesse), mais« Baptême de sang » m’a fait tournerles pages avec grand plaisir et j’aihâte de lire encore cet auteur!

Pour terminer, je lève mon cha-peau à ce premier opus de La Maisondes viscères, qui a eu le guts depublier du gore ouvertement, sansse cacher ni avoir peur des mots…

Lâchez pas, les gars ! J’attendsvotre prochaine publication…

Valérie BÉDARD

Orson Scott CardLa Porte perdueNantes, L’Atalante, 2011, 413 p.

Orson Scott Card est l’un de cesrares auteurs qui sont parvenus àme surprendre. C’était avec La Stra -tégie Ender, roman qui a marquéla consécration de cet écrivain connupour avoir gagné le prix Hugo deuxfois d’affilée. Outre ses romans descience-fiction et de fantasy, Cardest aussi un théoricien intéressant àlire en matière d’écriture – nombred’aspirants-écrivains devraient mé -diter ses idées. C’est aussi un auteur

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qui a la réputation d’avoir gâché seschefs-d’œuvre en les déclinant ensuites et préquelles à la qualité iné -gale. Quoi qu’il en soit, il reste tou-jours agréable à lire, et ses systèmesmagiques aux règles rigoureusessuscitent toujours l’intérêt. J’ai doncété intrigué par La Porte perdue,premier tome de sa nouvelle trilogieLes Mages de Westil.

Le postulat de base : les dieuxpaïens (ceux des Vikings, des Grecs,des Égyptiens, des Mésopotamiens,etc.), dont les cultes ont régné jus-qu’à l’Antiquité tardive, étaient enfait des mages issus d’une autre pla -nète, Westil, à des années-lumièrede la Terre. C’est grâce à un systèmede portes dimensionnelles créées parmagie que ces êtres aux pouvoirssurnaturels pouvaient voyager entrenotre monde et le leur.

Mais en 632, Loki a fermé toutesles portes et enlevé la majeure partiede leurs pouvoirs aux dieux restéssur Terre. Aujourd’hui, les descen-dants de ceux-ci vivent cachés parmiles humains. Issu de la lignée des

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dieux nordiques, le clan North – unevaste communauté constituée de plu -sieurs familles – vit sur un domainesecret en Virginie, se lamentant conti -nuellement sur leur grandeur perdue.

C’est dans cette communauté queDanny North, un jeune adolescent detreize ans, grandit sans se découvrirle moindre pouvoir, s’attirant moque -ries et humiliations de la part desautres. Mais un jour, Danny découvrequ’il possède les mêmes pouvoirsque Loki, soit celui d’ouvrir des portesdimensionnelles à volonté. Dès cemoment, Danny doit fuir pour proté -ger sa vie : après la trahison de Loki,les descendants des anciens dieuxont en effet juré de détruire les créa -teurs de portes…

En voyant le personnage de Dan nyfuir sur les routes américaines, j’aicraint un instant que La PortePerdue s’enlise dans un long et pé -nible road novel, un peu comme LeTalisman du duo Stephen King/PeterStraub, dont j’avais fini par décrocher.Mais au lieu d’aligner des épisodesrépétitifs qui n’apprennent que peude choses au lecteur, Card fait pro-gresser son intrigue: chaque épisodeapporte un mystère, une information,une péripétie qui relance l’intérêt ettransforme le roman en un vrai pageturner.

Je l’ai lu en deux soirées, accrochépar l’histoire, et m’émerveillant de -vant le système magique imaginépar l’auteur – quoique celui-ci m’aitparu confus à quelques endroits. Lepersonnage de Danny est agaçantparfois, oscillant entre la stupidité etl’intelligence, mais comme les créa-teurs de porte ont une réputation de

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farceurs incontrôlables et grandilo-quents, cela peut se justifier. Et bon,le livre fourmille de bien d’autrespersonnages savoureux !

La Porte perdue offre donc uneintrigue intéressante et je suis curieuxde voir, dans les prochains tomes,où Card veut nous conduire – mêmesi je subodore une bien classiquecon frontation entre le Bien et le Mal.Le lecteur en manque de distractionrisque d’y trouver son compte. Il de -vra toutefois, bien entendu, passerpar-dessus quelques irritants com-muns aux fictions de Card que j’ailues jusqu’à maintenant. Mormonpratiquant, Card est bien connu pourdonner à ses récits un « style bi -blique », comme si les événementsqu’il nous racontait appartenaient aupatrimoine mythique de l’humanité.Dans ses livres de fantasy commeEspoir-du-Cerf, cela fonctionnait.Dans La Porte perdue, en re vanche,un récit qui se déroule dans notremonde contemporain, ce ton bibliquefait en sorte que l’auteur dit leschoses plutôt que les montrer. Cemême ton donne aux dialogues uncôté artificiel propre aux textes sa -crés: ils ont sonné faux à mes oreilles,oscillant entre un niveau de langagepopulaire et un niveau soutenu. Ilsprennent parfois tellement de placedans les scènes d’action que celles-ci m’ont parfois paru peu crédibles,voire bâclées (je pense notammentà l’intervention-surprise des North àla fin du roman).

Je dois aussi signaler que le texte,est, à quelques endroits, ponctuéd’expressions argotiques françaisesque je n’ai pas comprises – je ne

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peux dire s’il s’agit d’un reflet adé-quat de la prose originelle de l’auteurou des choix du traducteur.

Malgré tout, je suis prêt à passerpar-dessus ces rugosités pour voiroù l’auteur veut nous conduire dansles prochains tomes…

Philippe-Aubert CÔTÉ

Serge BrussoloLe Cycle d’Almoha T.1 :La Muraille interditeParis, Bragelonne, 2012, 441 p.

Même s’il est paru récemment,ce roman de Serge Brussolo n’estpas un inédit : en effet, il a été écritentre 1973 et 1977. Mais ce livresemblait accablé d’une malédiction :toutes les versions publiées étaientincomplètes ou censurées. Il auradonc fallu attendre jusqu’en 2012pour que le premier tome du cycled’Almoha soit édité dans sa versionintégrale aux éditions Bragelonne.

En tant que lectrice assidue deBrussolo, dont j’apprécie particuliè-rement l’imagination sans mesure,j’attendais avec impatience cet opusdes aventures de Nath, habitant duRoyaume d’Almoha. Mais l’existencesur Almoha, planète jadis coloniséepar les Terriens, n’est pas simple :l’ensemble de l’hémisphère Sud estrecouvert par une plaine boueuse.De plus, la pesanteur de la planèteest telle que ses habitants sont en -través dans leurs mouvements, nepouvant effectuer trop longtempsdes efforts importants.

Cette pesanteur a également desconséquences sur l’environnement,peuplé de nuages solides qui dé -

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versent des averses rocail leuses. Sansoublier les mutations subies par lespeuplades des plaines, les « Têtes-molles », dont la morpho logie s’estadaptée à la puissante attractiond’Almoha. Nioucha, la com pagne deNath, est justement l’une d’entreelles. Mais le danger rôde sur laplaine, que ce soient les lézards gi -gantesques, les mouvements descontinents de boue, semblables àdes sables mouvants, ou encore lesnuages déviés de leur axe…

Après la mort de Nioucha, Nathpartira à l’aventure sur la plaine,avant d’être embauché sur un navire« chasseur de nuages », de travaillerdans une nécropole, de devenir l’as -sistant de la sentinelle d’un village…Comme vous pouvez le constater, lesactions abondent dans ce récit quinous fait visiter une pléthore d’en-droits, au gré des chapitres. Mais lebut ultime de Nath et de ses deuxacolytes, Neb Orn, le harponneurde nuages, et Sigrid, son amie d’en-fance, est d’atteindre la murailleinterdite. Muraille derrière laquellese trouverait un fabuleux jardin, danslequel les habitants vivraient à l’abrides multiples dangers du continentde boue. Mais ce qu’ils découvrirontles surprendra, bien loin de ce qu’ilsavaient imaginé…

Brussolo possède un réel ta lentpour surprendre le lecteur, l’amenersur des sentiers qu’il n’aurait jamaispensé arpenter. Car, il est importantde le répéter : l’auteur a une imagi -na tion vertigineuse, à la fois uniqueet généreuse. Son inventivité se re -trouve dans nombre d’éléments durécit, tous plus étonnants les uns que

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les autres : les « nuages icebergs »,les « chasseurs d’oubli » (trafiquantsqui prélèvent une substance dansle cerveau des Têtes-molles), les« Ram pants » (une communauté quia décidé de vivre couchée, en har-monie avec la pesan teur), les statuesde « boue jaune » (des humainscalcifiés, qui ne sont d’ailleurs passans évoquer sa série préhistoriquedu Grand Crâne) et j’en passe !

Brussolo a aussi l’habileté d’inté -grer ses idées naturellement dansle récit, malgré leur aspect souventfantasque. Néanmoins, le revers decette imagination est parfois unecertaine surenchère, les premiersromans de l’écrivain souffrant un peude cette abondance (je pense parexemple aux Semeurs d’abîmes).

En outre, le récit va rapidementde rebondissements en rebondis -sements, ne laissant parfois pas letemps au lecteur d’explorer certainslieux à satiété (notamment la fasci-nante nécropole, hélas évacuée enquelques chapitres). Il en est demême pour la traversée en navire(qui n’a d’ailleurs pas été sans merappeler son roman L’Épave) quej’aurais souhaitée plus détaillée.Cela dit, ce rythme plutôt effréné aaussi la qualité d’éviter l’ennui enconservant l’intérêt du lecteur, quise demande constamment ce queLa Muraille interdite lui réserve.

Je souligne aussi le talent de l’au -teur pour intégrer quelques scènesgore et macabres, sans doute cen-surées dans les premières versionspubliées du cycle, comme celle-ci,assez réussie: « Et, serrant la carcassepourrie entre ses bras, elle ouvrit les

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cuisses et se frotta à la charogne enmimant une copulation ignoble ».(p. 176) Par contre, l’écriture est par-fois inégale. Il en résulte un dé séqui -libre dans le style, qui oscille entrede très beaux passages: « La couleurde deuil des villes écrasées est tou-jours grise » (p. 49) et d’autres moinsconvaincants : « Ses tempes bour-donnaient telle une ruche en fo lie »(p. 206). Quelques coquilles sontaussi malheureusement de la partie,comme c’est souvent le cas dans leslivres de Brussolo (comme si l’étapede la lecture des épreuves était es -camotée).

La présentation des chapitres estaussi inconstante, ceux-ci sont tantôtchapeautés d’un titre, tantôt non.Mais, globalement, le récit est bienconstruit, haletant et d’une grandegénérosité, malgré quelques incohé -rences scénaristiques : par exemple,les colons terriens n’ont pas étudiéla faune et la flore avant de s’établirsur la planète.

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Bref, si vous appréciez les récitstrépidants et imaginatifs, avec uncôté surréaliste, La Muraille inter-dite risque de vous plaire. Pour mapart, j’ai hâte de suivre les nouvellesaventures de Nath dans le secondtome, à paraître cet automne. Es -pérons que l’auteur terminera soncycle, contrairement à quelques-unesde ses autres séries (Le Grand Crâne,Élodie et le maître des rêves, LesAnimaux funèbres…).

Croisons aussi les doigts pour queBragelonne, qui tend ces dernierstemps à publier des romans mièvres,continue à faire paraître des romansde cet acabit, s’adressant aux lecteursde littératures de l’imaginaire de qua -lité. À suivre, donc…

Ariane GÉLINAS

Dan SimmonsFlashbackParis, Robert Laffont (Ailleurs &Demain), 2012, 516 p.

La débâcle de la civilisation occi-dentale redevient un thème à lamode depuis la crise de 2008. SelonSimmons, la situation géopolitiquea dramatiquement évolué jusqu’en2035. Lâché par les USA, Israël aété atomisé et sa population massa -crée. Le Califat Global aligne plus dedix mille ogives nucléaires, manipulel’ONU et domine plus de deux mil-liards d’habitants. Par la force devagues d’immigration massives, il aimposé la charia au Canada et à lamajeure partie de l’Europe balka-nisée. L’Inde, l’Indonésie et la Chinesont en pleine anarchie. Le Japonnéoféodal s’y taille un empire et pro -

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fite de la faiblesse de nombreuxautres pays pour étendre son em -prise. Il prépare une guerre totalecontre l’islam.

Mais l’auteur s’intéresse surtoutaux USA (à la rigueur au Canada,considéré comme son arrière-cour,et à Israël, son extension). DepuisBarack Obama, le socialisme y règne:partage de la misère et fin du dy -namisme. La sécurité sociale estgratuite mais aussi défaillante queles autres services publics. Il n’y aplus d’autobus, cibles préférées desterroristes. Les villes sont la proie desgangs ethniques et/ou politiques.La monnaie est dévaluée. Le Pré -sident a inauguré une mosquée àGround Zero. L’armée mal équipéepacifie les conquêtes de l’empirejaponais qui a annexé Hawaï. Il nereste plus que 44 états et demi (pourle nord de la Californie) et le NuevoMexico envahit le reste du sud-ouest.Seul le Texas indépendant sauvel’honneur.

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À cette déroute sociale et poli-tique contribue la généralisationd’une drogue synthétisée dans deslaboratoires japonais pour débiliterles USA : le flashback. Elle permetà ses usagers de revoir leurs ex -périences passées comme un filmavec une telle acuité qu’ils arriventà relire un livre disparu (l’éditionest en pleine décadence). Ils s’enservent pour fuir la réalité, commece minable détective privé obsédépar ses instants de bonheur avecson épouse décédée. Le multimilliar -daire japonais qui commercialiseen secret le flashback le charge detrouver l’assassin de son fils, affaireà laquelle il a été mêlé quand ilétait policier. Il reprend l’enquêteavec succès à la fois en utilisant ladrogue et en parcourant l’ouest desUSA.

Ce gros roman raconte les tribu-lations de l’enquêteur pendant unequinzaine de jours dans l’ouest desUSA et sa remontée graduelle del’addiction. Mais c’est surtout leprétexte à développer une fresqueassez sinistre et réussie de la futuredécadence du pays, à vilipenderles politiques sociale et extérieureconsidérées comme néfastes de B.Obama, à mettre en garde contrel’islam et l’impérialisme économiquenippon. Sa parution en 2011 est ré -vélatrice : il s’adresse aux électeursétats-uniens de 2012, mais aussi auxlecteurs étrangers dans la mesure oùl’événement influencera leurs diri -geants. Il n’y manque en tout cas pasle message d’espoir avec l’irruptionin extremis des rangers texans pourrelever la bannière étoilée.

Encore est-ce une des deux inter -prétations que suggère l’auteur. Cepourrait aussi bien être l’expérienceinduite par un perfectionnement duflashback sur le point d’être répanduaux futurs USA par un des ennemisdésireux de les abattre : le flashback-deux qui condamne ses victimes àvisionner une réalité factice dans uncocon où leurs fonctions vitales sontentretenues jusqu’à leur mort (quandelles ont de la chance). Punition ourécompense? Qu’importe. Simmonsa-t-il imaginé cette drogue parcequ’elle convient bien à un pays dontl’image (cinéma, télévision, bandedessinée) est devenue l’opium et quil’a utilisée autant que les armes etl’économie pour s’imposer au restedu monde? Ce serait piquant de lapart d’un réactionnaire.

Jean-Pierre LAIGLE

Nathalie Henneberg,Didier Reboussin et Cyril CarauHécateMarseille, Sombres Rets, 2012, 226 p.

Ce roman de Nathalie Henneberg(1910-1977), réfugiée russe blanchedevenue écrivaine d’expression fran -çaise de SF, fantastique et po licier,était resté inachevé. Le manuscrit encirculait jusqu’alors en photocopies.Le voici complété – de seulementdeux chapitres et un épilogue – parDidier Reboussin et l’éditeur CyrilCarau. L’accompagnent une préface,une postface, des souvenirs de Re -boussin, une entrevue de l’auteure,sa biographie et sa bibliographie.

C’est un pas de plus dans la ten-tative d’exhumation de son œuvre

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par ses admirateurs, entamée par laréédition de La Plaie et Le Dieufoudroyé chez l’Atalante en 1999,Des ailes dans la nuit chez Terrede Brume et par le dossier présentédans Lunatique 70 en 2006.

Hécate appartient à la veinese mi-autobiographique de NathalieHenneberg (et de son époux légion-naire Charles), relative à leur séjourau Proche-Orient encore colonisé.Elle comprend aussi deux romans deguerre, Trois légionnaires et LeSabre de l’Islam (1952), et LaForteresse perdue (1962), un romande SF transposant les combats de laLégion dans un cadre extraterrestre.

Dans le présent récit, l’auteure nese contente pas d’évoquer la situa-tion des troupes françaises tirailléesentre le régime de Vichy et la FranceLibre, compliquée par les pressionsdes Anglais et des Allemands. Toutindique qu’elle se met en scène enla personne de Sabine, mystérieusejeune femme qui a le pouvoir de sechanger en animal.

En 1941, les instances occultes dunational-socialisme envoient uneexpédition dans le Caucase en quêtedes dépositaires supposés d’unepuis sance susceptible d’assurer leurvictoire : le Vril (un emprunt à TheComing Race [1871] d’Edward

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Bulwer-Lytton). En Syrie, ses membresreçoivent l’aide peu empressée desmilitaires français en vertu des ac -cords de 1940.

Malgré les bombar dements an -glais, la colonne allemande s’ébranle,bientôt suivie d’un petit convoi defuyards de la Légion, dans la mêmedirection générale, dans la mesure oùil veut rejoindre les forces russes sousla conduite de Sabine qui sembleavoir une connaissance innée duterrain. Méchants comme bons, ilsse faufilent tant bien que mal dansl’Irak en révolte…

Le manuscrit original s’arrête làet l’auteure n’a laissé aucun résumé.Pourtant, elle y a inséré par fragmentsune de ses meilleures nouvelles,Exilées (1959), qui se déroule dans lamême région mais dans l’antiquité :un successeur d’Alexandre, inquietpour son pouvoir, envoie dans leCaucase un émissaire pour enquêtersur un peuple mystérieux. Il y trouvede troublantes créatures venues dela Lune, s’éprend de l’une d’elles etmeurt.

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Dans les chapitres complétant leroman, ses émules de 1941, françaiscomme allemands, n’y parviennentpas et s’affrontent. Les principauxpersonnages se révèlent finalementêtre les réincarnations des protago-nistes antiques. Privé du Vril, l’Axesera vaincu. Une fin trop abrupte etdécevante pour Nathalie Henneberg.

Dans plusieurs de ses romans, lespersonnages rencontrent une puis-sance (le plus souvent maléfique) etse mettent à son service, avant del’affronter et de la détruire et/oud’être détruits par elle. Ce schémaéprouvé était évident et plus logique.Il convenait bien mieux que le rattra -page hâtif, si astucieux soit-il, tentépar les deux continuateurs, mais ilimpliquait des développements plusconformes à leur modèle. Il est aussidommage qu’ils aient conservéquelques erreurs dans son texte etl’aient truffé de notes comportant no -tamment des traductions inexactes.Il émane pourtant d’Hécate, qui nepeut être considéré comme complet,une atmosphère envoûtante où s’en -tremêlent historicité et fantastique,même si ce dernier aspect n’estqu’ébauché.

Jean-Pierre LAIGLE

Pierre PelotLa Guerre olympiqueParis, Folio SF, 2012, 337 p.

Alors qu’en cette année 2012 leroman dystopique est mis de l’avantgrâce à la très populaire série delivres et de films Hunger Games, leroman de Pelot est réédité dans lacollection Folio SF pour le plus grand

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plaisir des lecteurs. Originellementpublié en 1980, il s’agit en effet d’unrécit hors normes et visionnaire, im -parfait peut-être, mais qui continuede faire réfléchir au sujet du futurde notre société.

Nous sommes en 2222, année dela 12e Guerre olympique, qui consisteà réunir les plus grands champions dechaque pays dans deux camps op -posés, Rouge et Blanc. Au terme del’affrontement, près de dix millionsde morts auront été prononcées, desmorts qui permettront de purifier lemonde, de montrer l’emprise quepos sède le gouvernement sur la so -ciété, d’alimenter certaines fibrespatriotiques, mais aussi d’éradiquerles violeurs, arnaqueurs et autresmenteurs.

On y suit le parcours de quatreprotagonistes aussi différents lesuns des autres qu’interreliés. Coggioest l’un des champions représentantla France dans le camp Blanc. Il estdopé et entraîné à l’extrême. Sonamante Virginia, sous l’apparenced’une femme consternée par la par-ticipation de son amoureux à laGuerre olympique, dissimule unepersonnalité beaucoup plus sombreque l’on imagine. Yanni et Mager,quant à eux, respectivement du campBlanc et Rouge, sont condamnés àce que l’un d’eux meure selon l’issuefinale. En suivant le parcours de cesquatre personnages, le lecteur serend compte de l’envergure d’unetelle guerre et des conséquencesdramatiques qu’elle engendre.

Résumer cette œuvre se révèleun défi en soi : le roman de Pelot nesemble suivre aucun schéma narratif.

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On commence la lecture dans le feude l’action, la 12e Guerre olympiqueest déjà entamée et Coggio est sé -lectionné pour le Parcours des Hérosqui départagera les gagnants desvaincus, les survivants des morts.On suit ensuite les quatre person-nages principaux dans un désordrenarratif tarabiscoté. Et le tout setermine sur une note amère, une im -pression d’inachevé, comme si Pelotdésirait prouver à son lec teur quetout est toujours à recommencer.

Malgré cette structure brouillonne,l’auteur manipule savamment sonlecteur en l’emprisonnant dans sonhistoire grâce à son style plus quevivant. Dommage tout de même queles personnages n’aient pas faitl’objet d’une plus grande attention.De Coggio, on ne sait pratiquementrien. Il représente la machine en -traînée à détruire, un dur à cuirequi, lorsque l’on creuse un peu, necontient que du vide. Résultat : onne peut vraiment s’attacher à lui.

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Virginia demeure un personnage endeux temps. Tout d’abord superfi-cielle, on apprend peu à peu à laconnaître. Sa présence dans le romanreste pourtant si marginale que laconclusion de son histoire sembletomber du ciel. Même constat pourYanni dont les tribulations restent sifutiles qu’elles ne peuvent susciterde l’empathie de la part du lecteur.Seul Mager se démarque du lot :brisé à l’idée d’avoir une chance surdeux de survie, il met tout en œuvrepour s’en sauver, quitte à en perdresa vie, ce qui s’avère finalement leplus ironique. Personnage contra-dictoire et pathétique, il est le seulpour qui l’on développe un intérêt,voire une forme de sympathie.

Au final, même si ce roman sedévore à vitesse grand V, il auraitmérité d’être bien mieux développé.Malgré tout, si l’on se replace dansle contexte de parution original dulivre, ce dernier rappelle à quel pointPierre Pelot est une voix singulièrede la littérature de genre française.

Mathieu ARÈS

David CalvoElliot du NéantClamart, La Volte, 2012, 314 p.

Elliot, le vieux concierge muetd’une petite école d’Hafnafjorduren Islande, a disparu. Cette dispari-tion n’est en rien ordinaire : Elliot aquitté sa chambre sans fenêtres,fermée de l’intérieur. Pour Bracken,un professeur de dessin, une seuleexplication demeure dans le do -maine du plausible : Elliot est partivivre dans le Néant, la fente dans le

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mur en faisant foi. Accompagné deses deux tortues, Bracken tentera derésoudre l’énigme de la disparitiond’Elliot. Mais ce qu’il découvriradans le Néant ne ressemblera pas àce à quoi il s’attendait, car quel -qu’un doit à tout prix devenir lemaître de ce vide afin de le rendreplus malléable, de le forger à sonimage selon ses bons désirs.

Définir un roman tel que celui deDavid Calvo ? Quasi-impossible ! Ils’agit d’une fable métaphorique surla recherche d’identité, sur la placeque l’on occupe dans ce monde et,cela, à travers un mariage qui, deprime abord, est étonnant. Car réu-nir la poésie de Mallarmé et le tube« The Riddle » de Nik Kershaw dansune symbiose presque parfaite relèvedu coup de génie. Il faut avouer queCalvo a le chic de nous amener, dansun lent crescendo, vers une apo -théose d’absurdités qui conservetoutefois une cohérence poétiquepresque sans failles.

La construction du roman s’avèreun tour de force. La première partieest un interrogatoire de plus d’une

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centaine de pages qui se dérouleentre les mêmes murs, avec lesmêmes personnages. Une scène quine lasse pourtant jamais car sanscesse renouvelée par l’humour bonenfant des deux tortues que Brackentrimballe. Ce n’est pourtant qu’aprèscette première moitié enlevante quel’his toire elle-même décolle, pour lebonheur des lecteurs qui s’émerveil -leront devant l’inventivité de l’écri -vain, rappelant sans hésitation cellede Lewis Carroll dans son fameuxAlice au Pays des merveilles.

L’évocation de Mallarmé plus hautne devrait pas inquiéter ceux qui neconnaissent pas l’œuvre du poète :le style si agréable de l’écrivain nedonne jamais l’impression au lecteurde passer à côté de la plaque. Aucontraire, il nous donne le goût denous pencher sans plus attendre surl’univers mallarméen.

En somme, Elliot du Néant serévèle une grande œuvre livrée parl’un des auteurs français les plusintéressants de ces dernières années.Les seuls reproches qui me viennentà l’esprit s’adresseraient à son édi-teur qui, malgré l’aura de renomméequi flotte autour des éditions LaVolte, a laissé passer un texte en -combré de fautes de frappes et autrescoquilles (une à chaque page, oupresque!).

On espère que ces anicroches se -ront corrigées dans une éventuelleréimpression, ce qu’on ne peut quesouhaiter car ce roman est, à monavis, un livre important dans le pa -norama de la littérature de genrefrançaise, un livre qui se savoure, oùl’on prend plaisir à lire les phrases à

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voix haute et dont on reprend lalecture dès sa conclusion, sachantpertinemment que l’on y découvrirad’autres clés à la compréhension del’intrigue qui nous avaient échappéà la première lecture. Je n’ose encoreparler d’un chef-d’œuvre. Mais d’ungrand roman, ça oui !

Mathieu ARÈS

Serge BrussoloLa Fille de l’archerParis, Fleuve noir, 2012, 300 p.

Serge Brussolo a connu une grandenotoriété dans les années quatre-vingt, où il publiait de la SF. Il s’estattaché au genre policier thrillerensuite, puis a tâté avec bonheur detous les genres. On en est convaincudès que l’on regarde sa bibliogra-phie, où l’on trouve des romans dansle cadre de l’Égypte ancienne quivoisinent avec les récits médiévauxque sont L’Armure de vengeanceet Le Château des sortilèges. C’est

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encore au moyen âge que se situeLa Fille de l’archer, premier tomed’une saga à venir.

Descendante de Vikings par sonpère qui lui enseigne les mystèresde l’archerie, celui-ci mort, Walla setrouve, adolescente, à la merci d’unchef de troupe qui la prostitueraitsans vergogne. Mais elle chasse etde son arc tue quelques animaux quinourrissent la troupe. Dans la forêtelle rencontre l’équivalent d’une sor -cière qui lui fait cadeau d’un don :sa flèche atteindra toujours sa cible,mais chaque tir raccourcira sa vied’une année. Un seigneur la prendà son service pour assassiner un rivaldans un château presque inaccessible.

Les aventures s’imbriquent, latroupe s’amenuise, ils vont rechercherun animal monstrueux pour attirerles badauds dans leur cirque, ce quiles confronte à un homme à deuxtêtes, à un canonnier fou, et à desvillageois apeurés.

Comme toujours chez Brussolo,on a droit à des scènes délirantes,comme celle qui ouvre le chemindes aventures. La troupe est invitéeà un château, et les convives sontivres, d’où la pagaille. Un orang-outan est présenté comme un êtrevenu de la Lune. Il est donc interrogépar les membres du clergé qui lecon damnent à être brûlé vif, unautodafé. Mais le singe en feu sedébarrasse de ses cordes et met lefeu au château avant de s’enfuiravec la troupe. Il en va de même desscènes de massacres perpétrés aunom de la Croi sade que les châte-lains racontent, assis au milieu destrésors volés aux « infidèles ».

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Comme toujours chez Brussolo,une parfaite utilisation de la langue,une capacité à visualiser les idées,à faire vivre les paysages aussi bienque les êtres humains.

On est moins saisi d’admirationdevant ce roman, malgré de trèsbelles pages. Sans doute parce qu’ons’était habitué à plus de folie, deluxuriance. Ceci dit c’est un livre à lire.

Roger BOZZETTO

Gilles WarembourgLe Syndrome U.G.A. : L’Œil ducalamarBersée, Atria (Les Mondes d’Atria),2012, 299 p.

Ce roman se présente commel’historique de l’enquête menée àpartir de l’année 2110 par StoneSK630072075AU, un des derniers-nés de l’humanité. Cela concernecinq personnages dont les contri -butions au drame se succèdent,entrecoupées d’extraits explicatifsde « l’Ultimate Encyclopedia », legsillusoire de la culture humaine à sesproblématiques successeurs. Maiscette rédaction hachurée est suffi -samment compensée par la rigueurthématique pour ne pas en entamerla continuité.

En 2024, un intense pic d’acti -vité solaire fait remonter les calmarsgéants des abysses. Capturés, quatred’entre eux lancent des jets d’encrequi contaminent des marins, puistoute la planète avec une grippebénigne. Mais, bien qu’en parfaitesanté, les femmes nées depuis serévèlent stériles et leurs aînées en -fantent des hybrides aussi inaptes

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à se reproduire que les mulets : levirus a parasité le génome humainet l’a altéré au point de supprimerla compatibilité sexuelle entre lesindividus.

Ce n’est pas la première fois qu’esttraité le thème de la quasi-extinctionde l’humanité par la maladie. Il l’atoutefois rarement été de façon aussiminutieuse, du moins scientifi que -ment (George R. Stewart en avaitdonné l’équivalent sociologique avecLa Terre demeure [Earth Abides]en 1949). Ainsi inclut-il dans sontexte des schémas génétiques, desgraphiques et des statistiques justi-fiant la naissance du dernier bébéentre 2080 et 2085 et la mort dudernier adulte en 2160.

L’auteur apparaît donc être deformation scientifique et, comme sonprédécesseur, émet une réflexionphi losophique. Ainsi suggère-t-il quela pandémie vient à point pour dé -barrasser la planète de l’homme: denombreux passages déplorent sa dé -gradation écologique (entre autresla septième extinction biologique) etles préparatifs fatals de la troisième

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guerre mondiale. Tout juste si l’évo-lution de la tension mon diale en undoux déclin devant la fatalité n’estpas une bénédiction…

Ce roman classique, mais sansex cès et facile à lire, est pourtantexempt de la sécheresse qui auraitcaractérisé un non-littéraire. L’auteurne cède pas à la facilité de con-tourner l’extinction humaine par unartifice médical comme le clonage oul’immortalité. Condamnant le pro-grès matérialiste et économique, ilpréfère imaginer in fine une île oùle virus n’a pas pénétré et où subsisteune société traditionnelle en accordavec la nature. Il s’adresse à l’ama-teur aussi bien qu’au non-amateurde SF.

Jean-Pierre LAIGLE

Yoann BerjaudLe Chant premier : Les DerniersGuerriers du silenceSaint-Laurent-d’Oingt, Mnémos(Dédales), 2012, 285 p.

Avec pour sous-titre Les DerniersGuerriers du silence, ce romand’un nouvel auteur est un hommageà la trilogie épique de Pierre BordageLes Guerriers du Silence (1993-1995).Celle-ci se déroulait dans un lointainfutur où l’humanité avait fondé laConfédération de Naflin, un grou -pement d’une centaine de planètes.Elle racontait la tentative d’agentsextra-terrestres de la manipuler parle biais d’une religion maléfique etsurtout d’en détruire les habitants.

Dans cette suite qui se passe plu -sieurs décennies après, les partisansdu Dieu Noir regroupés en une so -

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ciété secrète ourdissent un nouveaucomplot pour anéantir toute formede vie et éteindre les étoiles. Pourarriver à leurs fins, les Chevaliers duNéant noyautent les gouvernementsdes cent planètes. Mais surtout ilsdoivent s’emparer d’au moins quatredes cinq reliques sacrées, dont laLance du Destin qui perça le flanc duChrist, protégées par les forces duBien.

Les survivants des Guerriers duSilence reprennent donc du service,battent le rappel de leurs alliés (oud’entités souvent pittoresques) etre crutent de nouveaux membres.C’est l’histoire de leur lutte contre lesdémons du Dieu Noir, de leur initia-tion ou de l’éveil de leurs pouvoirsmagiques, des trahisons de certains,de leurs victoires ou de leurs échecs.C’est dire que les batailles sont moinsspatiales que mystiques, quand il nes’agit pas d’arts martiaux.

Le Chant Premier suggéreraitl’œuvre d’un survivant des annéessoixante – ce que l’auteur n’est pas :

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il est né en 1975. Mais il s’inspire aumoins du New Age dont l’imprègnele pa cifisme bêlant. Cela n’empêchepas un syncrétisme des religionschrétienne, égyptienne, hindouiste,bouddhiste et autres. Les amateursde space opera à l’ancienne se ré -jouiront sans doute du manichéismequi enveloppe ce fatras mais serontpeut-être troublés par la façon dontce dernier est mixé.

Ce space opera mystique serait,dans un pays anglo-saxon, qualifiéde science fantasy, avec toutefoisbien moins de science que de fantasy.L’auteur se réfère plus à la magiequ’à la rationalité : il élude les éco -logies planétaires et, s’il évoque unastronef animé par une intelligenceartificielle, c’est plutôt comme uneentité angélique. C’est un exempleextrême et déroutant de la façondont la SF de la fin du XXe siècle etdu début du XXIe succombe à lacontamination par la fantasy.

Jean-Pierre LAIGLE

Jeri Smith-ReadyLe Sang du rock T.1: Wicked GameParis, Milady (Bit-lit poche), 2012,480 p.

Les éditions Milady continuentleur exploration d’un genre qui ratisselarge, à savoir la bit-lit, sous-genredérivé de la fantasy urbaine où lescréatures surnaturelles croisent leshumains. Le résultat tend généra -lement vers l’histoire d’amour, où leshumaines deviennent des midinettesqui fondent au contact des méchantsvampires pas si terribles que ça.

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Cette fois-ci, nous avons droit àune héroïne forte, pas piquée desvers du tout, qui se nomme CiaraGriffin, arnaqueuse de son état, quicherche à régulariser sa situation eneffectuant un stage en marketing.Elle se fait engager par la station deradio WMMP et son entrevue prendune tournure étrange : elle obtientl’emploi et on lui remet une pile debouquins sur la musique et sur… lesvampires. Vous êtes surpris là, hein?

Ciara feuillette donc le livre surles suceurs de sang et le place à lapoubelle, mais dès sa première ren-contre avec les DJ, elle comprendqu’elle vient bel et bien de plongerdans une tout autre réalité : lesvampires existent et ils demeurentancrés dans la période historique quiles a vus naître. Ils s’éloignent deplus en plus de notre époque et nesont pas capables d’évoluer, menta -lement et moralement. La meilleuremusique, pour eux, sera toujourscelle qu’ils ont appréciée de leurvivant et ils souffrent d’une curiositéinsatiable pour leur propre temps,ce qui fait d’eux des DJs d’une trèsgrande qualité. Malheureusement,ils ne peuvent travailler que la nuit,car le soleil les brûle. Comme toutbon vampire, ils sont affectés parles pieux plantés dans le cœur, lesobjets de foi brandis par des croyantset les odeurs fortes, comme celle del’ail.

Ciara commence donc à fréquen-ter ces vampires, qui sont en péril :la propriétaire de la station veutvendre à un géant des télécommu-nications, Skywave, qui fait dans laradio commerciale. Le mandat de

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Ciara est de sauver WMMP. Elle estsaisie d’un flash intéressant : jouersur la nature vampirique des DJspour promouvoir la programmationnocturne de WMMP. Seul Shane, levam pire qui tombe amoureux d’elle,ne désire pas embarquer dans latournée de promotion dans les barset trouve l’idée dangereuse.

Évidemment, nous avons besoind’antagonistes dans cette histoire,donc nous rencontrons Jolene, uneamie d’étude de Ciara, qui travaillepour Skywave et pilote le dossier durachat de WMMP. Il y a aussi Gideon,un vieux non-mort qui possède uncamp de réfugiés pour les vampiresen fin de vie, où du bétail humainsert de nourriture aux vampires, etqui désapprouve la sortie publiquede WMMP, devenu WVMP (VMPcomme dans VaMPire).

L’intrigue du roman tourne doncautour de la survie de la station etde la confrontation entre les DJs etle gang de Gideon. Le tout est ra -

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conté dans un style direct, commel’est l’héroïne de Wicked Game,toujours du point de vue de Ciara.L’univers des créatures de la nuitdéveloppé est intéressant, mais jeme suis demandé à plusieurs re -prises si ce n’était pas un peu mince.Finalement, l’auteure nous révèlequ’il existe des lignées vampiriqueset une organisation appelée leContrôle, ce qui nous permet decomprendre qu’il y a des tractationscachées dans cet univers, où l’exis-tence des vampires est secrète. Nousassistons aussi au combat intérieurde Ciara (exprimé par l’arrivée d’unepersonne de son passé à qui ellesera confrontée) qui doit calmer sanature d’arnaqueuse pour ne pasmettre ses nouveaux amis en péril.

Dernier point intéressant : la reli-gion. Ciara n’est pas croyante, elles’est désintéressée du christianismeà la suite des arnaques de guérisonsmiraculeuses de ses parents. Cetteapostasie semble lui conférer untalent bien particulier : pourrait-ellesoustraire le caractère sacré et bénide certains objets? C’est l’ouverturecréée à la fin du roman, pour titillerle lecteur vers la suite. Le Contrôlesemble savoir quelque chose quenous ignorons sur Ciara, et l’auteurenous laisse sur ce mystère.

Ce n’est certes pas la premièrefois qu’on mélange rock et vampires(y a-t-il un Lestat dans la salle ?) etle mélange est ici heureux. Le pro-duit donne envie d’explorer plus enprofondeur l’univers. L’auteure l’acompris et offre même gratuitementsur son site Internet des novellas quiagissent comme intercalaires entre

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les différents tomes de sa série. Uneauteure et une série à découvrir sanshésitation !

Mathieu FORTIN

Ambre DuboisAbsinthes & DémonsLogonna-Daoulas, Du Riez, 2011,177 p.

Certes, le vampirisme est à lamode. Pour une fois que je tombaissur une jeune auteure qui, plutôt quede suivre la vague des Twilight etautres post-Rice aux intrigues estu-diantines, cherchait à renouer avecla tradition victorienne à la Stocker,je n’ai pu faire autrement que dem’y intéresser.

Absinthes & Démons se situe àmi-chemin entre le roman et le cyclede nouvelles, dans un format quin’est pas sans rappeler une sérietélé ou certains mangas d’enquêtesfantastiques tels que l’innovant Mu -shishi. Ambre Dubois nous amènesur les pas de Lord Nermeryl, sorted’enquêteur du paranormal dotéd’étranges fa cultés et accompagné

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de la Corneille, un corvidé douéd’esprit et de parole. Le roman estun défilé de petites enquêtes, plusou moins liées entre elles par uneintrigue générale ténue.

L’auteure fait, sans contredit,montre d’un bel imaginaire et a sudistiller de l’esthétique du mouve-ment gothique les images les plusattrayantes : gargouilles parlantes,rosiers enchantés, démons, dieuxpaïens et fées sanguinaires. Elle re -nouvelle ainsi audacieusement lethème du vampire : Lord Nermerylse sustente en aspirant l’âme de sespartenaires sexuels après l’orgasme,ce qui le rapproche davantage dumythe de l’incube et apporte un peud’air frais dans un thème surutilisé.

Malheureusement, cela ne suffitpas à mettre assez de chair autourde l’os. Chaque enquête suit à peuprès le même schéma de base, aupoint qu’elles deviennent parfoistrop prévisibles. Les « méchants »sont identifiables dès les premiersparagraphes. Cela est spécialementfrappant dans l’une des histoires où,dès la seconde page, l’auteure décritune duchesse comme ayant un regardtrahissant une intelligence sournoiseet qui s’avérera – ô surprise ! – êtrela coupable de cette enquête.

On déplore également un manquede recherche de la part de l’auteure.Cela se manifeste dans la redondance(les yeux mordorés étant cités troisou quatre fois par en quête), la con -fusion dans les termes (menhir etdolmen étant présentés commesynonymes, de même que orgue etclavecin) ou des anachronismes: unefemme censée être née autour de

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la Révolution Française (1789) etmorte vingt ans plus tard (1809) estimmortalisée sur un daguerréotype(inventé en 1837). On lira même cer -taines incohérences assez flagrantes:par exemple, Lord Nermeryl est décrittantôt ayant les yeux verts, tantôtles ayant dorés; ou encore, une églisesera dans la même page présentéecomme une masure, puis commeimposante.

Les scènes se succèdent les unesaux autres à un rythme très rapide,omettant des descriptions qui au -raient pu être intéressantes, commelorsque Nermeryl affirme être passé« de l’autre côté du miroir » pours’adonner à la divination ou encorelorsqu’il prétend avoir conversé avecles morts d’un cimetière. Ce senti-ment de se faire voiler les passagesles plus originaux devient vite assezfrustrant.

Les intrigues elles-mêmes ontparfois de la difficulté à être crédibles:on s’étonnera, par exemple, de voirun assassin prendre la place du fos-soyeur d’un village minuscule et ce,sans que quiconque ne s’en rendecompte – et on ne peut s’empêcherde sourire lorsque ledit fossoyeurad met tout de go que la série demeurtres l’arrange parfaitement (avecun rire caverneux, bien sûr). On voitdes fins à la va-vite, comme lorsqueNermeryl anéantit du revers de lamain un dieu celte responsable dedizaines de morts, ou lorsqu’il videun village de ses habitants sans quel’on voie comment il s’y prend. L’in -trigue majeure, supposée lier chaquehistoire, est si légère que l’auteureaurait pu ajouter ou retirer deux ou

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trois enquêtes sans que cela ne fassela moindre différence.

Ambre Dubois aurait eu tout in -térêt à laisser incuber plus longtempsafin de former un roman long. Enempruntant le plus court chemin, ellelaisse la sensation d’avoir à peineeffleuré son monde. Le livre n’esttoutefois pas dépourvu d’intérêt etconviendra pour certaines situationsoù une lecture légère est de mise,comme un long voyage en autobus.Il est également tout désigné pourun lecteur occasionnel, intimidé parles longs romans et les intriguescomplexes.

Sébastien CHARTRAND

Patrick SenécalMalphas T.1 : Le Cas des casierscarnassiersMalphas T.2 : Torture, luxure etlectureLévis, Alire (GF), 2011 et 2012, 337et 498 p.

Après s’être abîmé jusque dansles tréfonds de la détresse humainedans ses quatre romans précédents(en fait depuis Les Sept jours duTalion), Patrick Senécal a jugé qu’ilétait temps de s’aérer l’esprit, derompre avec le désespoir. En écrivantMalphas, l’auteur a décidé de sefaire égoïstement plaisir. Imaginezce curieux croisement : la série téléVirginie absorbée par l’univers deSaints-Martyrs-des-Damnés, lebien étrange film de Robin Aubert…

Le cégep de Malphas, situé àSaint-Trailouin, accueille la lie duréseau collégial québécois, dont leprof déchu Julien Sarkozy. Assumant

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pleinement les symptômes psycho-troniques de sa proposition, Senécalglorifie le grotesque, l’hénaurme.Des personnages unidimensionnels,définis caricaturalement. En misantsur le ridicule et l’humour peu subtildes dialogues, il privilégie la frangeadolescente de son lectorat qui ap -préciera, qui sait, le cadre exutoirede cette école en folie. Le lecteurest entraîné sans nuance en pleinesérie B, un peu comme dans Oniria,une autre de ses œuvres mineures.Alors que dans ses romans noirsantérieurs Patrick Senécal montraitla voie à suivre, il se contente icid’imiter des devanciers sans grandtalent, se perdant volontairementdans une parade de clichés grossis,qu’il raille exagérément pour peut-être mieux s’en distancier.

Soutenant désavantageusementla comparaison, le caractère baroqueet irrévérencieux de cette série fan-taisiste évoque le souvenir d’Aliss,mais sans le caractère initiatique si

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fondamental. Si le lien avec le romande Carroll cautionnait la démesure etles entraves à toute vraisemblance,Malphas cherche plus difficilementsa pertinence et ne trouve de fonde -ments que dans la liberté débridée,ce qui confine le roman dans unefacilité convenue à laquelle l’auteur,habituellement rigoureux, n’avaitjusqu’ici jamais cédé.

Lire Malphas comporte certainsavantages : une appréciation de cequi fait la force des meilleurs romansde Senécal. L’excès de dialogues dro -latiques noie ici l’introspection noire.On est ainsi privé de ces soliloquesintenses qui font plonger le lecteurdans la débâcle psychologique tor-tueuse et torturée de l’antihéros.

Avec Malphas, Senécal renonceaux instruments mêmes de son succèspassé : l’exploitation du thème de lacruauté, la recherche forcenée d’uneidée de justice, l’examen de la na -ture profonde du mal.

Simon ROY

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Daniel H. WilsonSurvivre à une invasion robot :Manuel pratiqueParis, Calmann-Lévy (Orbit), 2012,175 p.

La sortie en 2003 de The ZombieSurvival Guide, par Max Brooks,ayant fait couler beaucoup d’encre,il devenait normal qu’il soit suivi pardes guides tout aussi paranoïaques,déjantés et humoristiques concernantces autres invasions fictives issuesdes littératures de l’imaginaire. Lesecond opus de ce genre hybridant lemanuel de survie à la littérature del’imaginaire, le tout bien arrosé d’unhumour caustique, fut publié en 2005sous le titre évocateur de How toSurvive a Robot Uprising (Tips onDefending yourself against theComing Rebellion), et signé cettefois par Daniel H. Wilson. Il a cepen -dant fallu attendre 2012 pour qu’unetraduction française nous parviennesous le titre de Survivre à une in -vasion robot, grâce à une superbeadaptation chez Calmann-Lévy.

Je dis « superbe », parce quevisuellement parlant, cet objet-livreest une petite merveille. Outre lesnombreuses et omniprésentes illus-trations signées Richard Horne, auxcontrastes schématisés rappelant lesaffiches de propagande de la GuerreFroide, le choix, par l’éditeur, d’unetypographie tout en bourgogne estd’une efficacité redoutable. Tout cerouge rappelle l’urgence d’agir, dese préparer dès maintenant pourla révolte imminente et inéluctabledes ma chines, chose qui reste malgrétout le message (loufoque) de l’au-teur. « Vous avez sans doute trouvé

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ce livre au rayon humour ou science-fiction », précise celui-ci, avantd’ajouter: « Souhaitons qu’il y reste. »Le ton est donné. La paranoïa qui sedégage de l’ensemble est si épaisse,si hyperbolique qu’elle ne peut êtreinterprétée que d’une seule manièrepossible : il s’agit d’une farce, d’unclin d’œil aux fans de SF et à toutce que le genre a de plus kitsch quemême le plus dérangé des schizo-phrènes n’aurait aucun mal à releverle sens parodique.

Et pourtant.En plus d’être délicieux par les

sarcasmes que le phrasé laisse pa -raître, les conseils pour faire face àune (hypothétique) invasion de robotsqui y sont livrés sont, à l’image del’ouvrage de Max Brooks, étonnam-ment vraisemblables et utiles (enfin,pour le cas où l’impensable venait àse produire). L’ensemble révèle uneimpressionnante recherche sur la ro -botique et ses avancées récentes, quifascine d’autant plus qu’elle ajouteun vernis de crédibilité aux épisodesaxés sur la survie et l’autodéfense.

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En cette année où, grâce au festi -val Québec en toutes lettres, le legsd’Asimov est sur toutes les lèvres dela communauté de l’imaginaire, ilest frappant – et c’est là un oublidésolant – que l’ouvrage de Wilsonpasse complètement outre les pro-tections conférées par les fameusesTrois Lois de la Robotique que leBon Docteur a élaboré avec John W.Campbell Jr, et qui sont aujourd’huiintégrées dans le codage softwareautant en robotisation qu’en ingé -nie rie – sans oublier les intelligencesartificielles des jeux vidéos.

Selon l’auteur, la prémisse de l’in -vasion machinique devrait débuterjustement par l’accès à la conscienced’une première I.A. (Intelligence Ar -tificielle), postulat calqué sur la sériede blockbusters Terminator. Il auraitété tout aussi pertinent, il me semble,de montrer comment les Trois Loispeuvent être contournées par unrobot, afin de le transformer en po -tentielle machine à tuer.

Malgré cet oubli, qui peut certesagacer la frange du lectorat qui s’estle plus attachée à l’humanisation desrobots asimoviens, Survivre à uneinvasion de robot est une lecturerafraîchissante et amusante, surtoutà petites doses, lorsque les progrèsexponentiels en robotique et en in -formatique déplacent nos angoissesexistentielles sur le paradigme del’aliénation technologique.

Après tout, il y a peut-être lieude s’inquiéter ; « Silicone contre ma -tière grise, le vainqueur remporte laplanète »…

Marc Ross GAUDREAULT

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En raison de sa périodicité trimestrielle, de sa formule et de son nombrerestreint de collaborateurs, la revue Solaris ne peut couvrir l’ensemblede la production de romans SF, fantastique et fantasy. Cette rubriquepropose donc de présenter un pourcentage non négligeable des livresdisponibles en librairie au moment de la parution du numéro. Il nes’agit pas ici de recensions critiques, mais strictement d’informationsbasées sur les communiqués de presse, les 4es de couverture, les articlesconsultés, etc. C’est pourquoi l’indication du genre (FA: fantastique ;FY: fantasy ; SF: science-fiction ; HY: plusieurs genres) doit être consi -dérée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une simple indication préliminaire!Enfin, il est utile de préciser que ne sont pas présentés ici les livres dontnous traitons dans nos articles et rubriques critiques. La mention (R)indique une réédition.

par Pascale RAUD et Norbert SPEHNER

Ben AARONOVITCH(FY) Les Dernier Apprenti sorcier T.2: Magie noire à SohoParis, Nouveaux Millénaires, 2012, 377 p.L’agent Peter Grant et l’inspecteur Nightingale, les deux der-niers sorciers de Londres, enquêtent sur les morts suspectesde plusieurs jazzmen de la capitale.

Pit AGARMEN(SF) La Nuit a dévoré le mondeParis, Robert Laffont, 2012, 219 p.Une épidémie a transformé l’humanité en zombies. Pour lesquelques survivants, le quotidien est une lutte sans merci.

Caroline ALLARD(SF) Universel coiffureMontréal, Coups de tête 56, 2012, 276 p.Une coiffeuse enlevée par deux psychopathes qui se disentextraterrestres est obligée d’annoncer aux Québécois que le« bonheur passe par une belle coupe de cheveux ». À partir dece moment-là, rien ne va plus, et la société est au bord du chaos.

Poul ANDERSON(SF) Tau zéroSaint-Mammès, Le Bélial’, 2012, 291 p.Au XXIIIe siècle, cinquante hommes et femmes (scientifiques,astronavigateurs, etc.) sont en route pour l’étoile Beta Virginisen quête d’une nouvelle Terre. Un voyage sans retour pour ces

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pionniers. L’auteur a été finaliste du prix Hugo en 1971 pource roman.

Poul ANDERSON(R) (SF) Le Chant du bardeParis, Le Livre de Poche (Science-fiction), 2012, 620 p.

Poul ANDERSON(R) (SF) La Patrouille du temps T.4: Le Bouclier du tempsParis, Le Livre de Poche (Science-fiction), 2012, 595 p.

Isaac ASIMOV(R) (SF) Les Cycle des robots T.1 : Les RobotsParis, J’ai Lu (Science-fiction), 2012, 284 p.

Iain BANKS(R) (SF) TramesParis, Le Livre de Poche (Science-fiction), 2012, 832 p.

Étienne BARILLIER(SF) Le Petit Guide à trimbaler de Philip K. DickChambéry, ActuSF (Les trois souhaits), 2012, 181 p.Dick est un des auteurs cultes de science-fiction et aussi unde ceux qui sont les plus adaptés au cinéma. Ce guide, rédigépar le spécialiste français de Dick, revient sur sa vie, sonœuvre et son influence.

René BARJAVEL(R) (SF) Romans extraordinairesParis, Omnibus, 2012, 1180 p.Comprend Ravage, Le Voyageur imprudent, Le Diablel’emporte, Colomb de la lune, La Nuit des temps, LeGrand Secret, Le Prince blessé et La Tempête.

Sklaerenn BARON(FA) La Stratégie des ténèbres T.1 : Ryan BlakeLes Côtes-d’Arey, Nergal, 2012, 566 p.Ryan Blake est un vampire devenu chasseur de prime, dont laparticularité est d’avoir une âme, mais aussi une meilleureamie chasseuse de vampires.

Gregory BENFORD(R) (SF) La SphèreParis, Pocket (Science-fiction), 2012, 540 p.

Igor et Grichka BOGDANOV(R) (SF) La Mémoire doubleParis, Le Livre de Poche, 2012, 480 p.

Olivier BOILE(FY) Medieval superheroesAix-en-Provence, Nestiveqnen (Fractales/Fantasy), 2012, 310 p.Un super-héros du XIVe siècle a quitté son époque, ses guerreset ses maladies, pour devenir vendeur de pizzas en banlieueparisienne au XXIe siècle. Mais ses anciens compagnons nele laisseront pas tranquilles, de même que la Peste Noire.

Jean-Pierre BONNEFOY(R) (SF) Polynesia T.2 : L’Invasion des formesParis, Pocket (Best), 2012, 795 p.

Jean-Marc BONNEL(FY) La Marque de Tétraskèle T.3 : L’Ombre du passéWaterloo, Michel Quintin, 2012, 360 p.

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Tandis que Syane est sur le point d’être sacrée Reine d’Isylas,sa demi-sœur Sebbane refait surface pour revendiquer son hé -ritage, la couronne des Galwynn. Fauve, la jumelle de Syane,devra l’aider à combattre Sebbane, animée par la colère.

Ray BRADBURY(R) (SF) Un remède à la mélancolieParis, Folio SF, 2012, 312 p.

Marion Zimmer BRADLEY(R) (FY) La Romance de Ténébreuse, l’intégrale T.1Paris, Pocket (Fantasy), 2012, 995 p.

Jean-Michel CALVEZ(R) (SF) Huis-clonesTriel-sur-Seine, Lokomodo (Science-fiction), 2012, 330 p.Précédemment publié au Fleuve Noir en 1998.

Orson Scott CARD(R) (SF) La Stratégie EnderParis, Nouveaux Millénaires, 2012, 379 p.

Gail CARRIGER(R) (FA) Le Protectorat de l’ombrelle T.1 : Sans âmeParis, Le Livre de Poche (Fantastique), 2012, 424 p.

David CHANDLER(FY) Les Sept lames T.2 : Un voleur dans la nuitParis, Milady (Poche fantasy), 2012, 243 p.Le talentueux voleur Malden a sauvé malgré lui la vie du che -valier Croy et s’est vu remettre une des sept lames magiquescapables de tuer des démons. Héros malgré lui, il rejoint Croypour combattre une créature maléfique souterraine.

Jean-Christophe CHAUMETTE(R) (FA) L’Arpenteur de mondesTriel-sur-Seine, Lokomodo (Fantastique), 2012, 397 p.Prix Masterton 2001.

Arthur C. CLARKE et Stephen BAXTER(SF) L’Odyssée du temps T.3 : Les Premiers-NésParis, Bragelonne (Science-fiction), 2012, 409 p.« Les Premiers-Nés tentent d’arrêter l’avancée de la civilisationhumaine en employant une technologie indiscernable de lamagie. Cette fois, ils ont décidé d’en finir avec leur adversaire.C’est pourquoi ils ont envoyé une « bombe quantique » vers laTerre, un instrument […] qui anéantira le monde. » Troisièmeet dernier tome de l’ultime saga de Clarke.

COLLECTIF présenté par Nathalie Dau et Hélène Pédot(FA) Chants de totemsSaussy-La-Campagne, Argemmios (Périples mythologiques),2012, 375 p.Treize récits fantastiques autour des mythes amérindiens.

COLLECTIF dirigé par Jacques Fuentealba(FA) Monstres ! : anthologieMontpellier, Céléphaïs, 2012, 310 p.Recueil de vingt et une nouvelles, francophones et étrangères,sur le thème des monstres du folklore : vampires, loups-garous,fantômes, Léviathan, etc. dans des univers aussi variés qu’uneville anonyme ou un futur apocalyptique.

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COLLECTIF(FY) Petit Guide à trimballer de la fantasyChambéry, ActuSF (Les trois souhaits), 2011, 135 p.Un guide des cinquante auteurs essentiels de la fantasy, et desidées de lectures, des fiches thématiques sur la fantasy au ci -néma, la fantasy sur Internet, les prix littéraires de fantasy, etc.

COLLECTIF(SF) Utopiales 2011 : anthologieChambéry, ActuSF (Les trois souhaits), 2011, 235 p.Depuis 2009, ActuSF publie une anthologie à la suite du fes-tival européen de science-fiction de Nantes, Les Utopiales.Avec des nouvelles de James Morrow, Roland C. Wagner,Norbert Merjagnan, Tim Powers, Éric Holstein, Lucius She -pard et David Calvo.

Mathieu DAIGNEAULT(SF) Les Aventures du Trench T.6Montréal, Michel Brûlé, 2012, 350 p.« Tandis que la brigadière Mary Jane Rosencraft cherche unmoyen de sauver le Trench d’une anomalie temporelle quimenace de détruire la Terre, à l’autre bout de la galaxie, dansla nébuleuse de la Carène, la comtesse Valine se prépare àmettre à l’encan un puissant engin réputé pour pouvoir dominerdes empires stellaires. »

Nathalie DAU(FY) Le Livre de l’énigme T.1 : La Somme des rêvesTriel-sur-Seine, Asgard, 2012, 397 p.Dans un monde où les Mages Bleus, servants de l’Équilibre, onttous été décimés sauf un, le jeune noble Cerdric affronte samère qui ne l’a pas désiré. Peut-être que la fin de ses tourmentsréside dans la Marche voisine, là où son père vit en exil.

Thomas DAY(SF) Women in chainsChambéry, ActuSF (Les trois souhaits), 2012, 194 p.Petite pentalogie sur les violences faites aux femmes, à traverscinq récits aux frontières du réel.

Luc DELISSE(SF) 2013 : année-terminusBruxelles, Les Impressions nouvelles (Traverses), 2012, 123 p.D’abord, il y a eu des crises, un tsunami, des faillites nationales,la fin de l’euro, des émeutes, des affrontements entre puis-sances émergentes, la rupture diplomatique entre l’Europe etles États-Unis… et puis tout le monde a compris que c’étaitle commencement de la fin du monde.

Guillermo DEL TORO(R) (FA) La Lignée T.3 : La Nuit éternelleParis, Pocket (Thrillers), 2012, 499 p.

Philip K. DICK(R) (SF) Romans 1960-1963Paris, Nouveaux Millénaires, 2012.Comprend Docteur Futur, Les Marteaux de Vulcain, LeBal des schizos, Glissement de temps sur Mars, Dr Blood -money et Les Joueurs de Titan.

Philip K. DICK(R) (SF) Blade RunnerParis, Nouveaux Millénaires, 2012.

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Philip K. DICK(R) (SF) Total recall et autres récitsParis, Folio SF, 2012, 432 p.

Catherine DUFOUR(R) (SF) Le Goût de l’immortalitéSaint-Laurent-d’Oingt, Mnémos (DéDales), 2012, 249 p.

Valerio EVANGELISTI(R) (FA) Le Corps et le sang d’Eymerich(R) (FA) Le Mystère de l’inquisiteur EymerichClamart, La Volte (Science-fiction), 2012, 234 et 297 p.

David FARLAND(R) (FY) Les Seigneurs des runes T.6 : Les Mondes liésParis, Pocket (Fantasy), 2012, 471 p.

Raymond E. FEIST(FY) La Guerre du chaos T.1 : Un royaume assiégéParis, Bragelonne (Fantasy), 2012, 376 p.Les terres de Crydee sont menacées. Martin se retrouve seulpour défendre le château, son père et tous ses soldats ayantrépondu à l’appel aux armes du roi des Isles.

Jean-Louis FETJAINE(R) (FY) Les Chroniques des elfes, l’intégraleParis, Pocket (Fantasy), 2012, 635 p.

Lynn FLEWELLING(R) (FY) Le Royaume de Tobin, l’intégrale vol. 3Paris, J’ai Lu (Fantasy), 2012, 695 p.

David GEMMELL(FY) Le Faucon éternelParis, Bragelonne (Fantasy), 2012, 377 p.Les cruels Aenirs menacent la survie des clans. Un seul espoir :Sigarni, la reine faucon, qui vient de traverser le temps et l’es -pace pour parvenir jusqu’à la version parallèle de son univers.

Laurent GENEFORT(SF) Aliens, mode d’emploi : manuel de survie en situation

de contact extraterrestreSaint-Mammès, Le Bélial’, 2012, 189 p.Après les zombies et les robots, voici un petit guide de survieen cas de contact extraterrestre. Par un des auteurs phares deslittératures de l’imaginaire français.

David GIBERT(FA) Fantôme de chairTriel-sur-Seine, Asgard (Les nuits d’avril), 2012, 307 p.William tombe sous l’emprise d’une femme qui est d’unebeauté surnaturelle : succube, ange exterminateur ou résultatd’une malédiction?

Colleen GLEAON(R) (FA) Les Chroniques des Gardella T.1 : Chasseurs de

vampiresGrainville, City (Poche), 2012, 410 p.

Lia HABEL(FY) New VictoriaParis, Bragelonne, 2012, 430 p.

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2195. Le monde est revenu, après une guerre qui a anéanti lesÉtats-Unis, à des valeurs victoriennes. Nora, dont le destin esttout tracé (épouser un membre de la haute société), s’engage dansl’armée pour combattre les incessantes attaques de zombies.

Peter F. HAMILTON(R) (SF) La Trilogie du vide T.2 : Vide temporelParis, Milady (Poche science-fiction), 2012, 856 p.

Deborah HARKNESS(FA) L’École de la nuit : puis vinrent la fuite et le passéParis, Orbit, 2012, 500 p.Suite du Livre perdu des sortilèges. Au XVe siècle, à Londres,la sorcière Diana Bishop et le vampire Matthew Clairmonttentent de percer le mystère du manuscrit perdu, l’Ashmole 782,qui a déclenché un conflit millénaire.

Jean-Paul HÉRAULT(R) (SF) Gurvan, l’intégraleRennes, Critic (Science-fiction), 2012, 455 p.

Brian HERBERT et Kevin J. ANDERSON(SF) Olium T.1 : La Constellation du diadèmeParis, Orbit, 2012, 439 p.Fond de l’Enfer est une planète très inhospitalière, repaire demarginaux, criminels et rebelles en tous genres. L’anciengénéral Adolphus tente de transformer la planète en un lieud’opportunités et forme pour cela une coalition clandestinecontre le gouvernement corrompu.

Robin HOBB(R) (FY) La Citadelle des ombres T.1Paris, Pygmalion (Fantasy), 2012, 1116 p.Réunit L’Apprenti assassin, L’Assassin du roi et La Nefdu crépuscule.

Robin HOBB(FY) Les Cités des anciens T.6 : Les PillardsParis, Pygmalion (Fantasy), 2012, 280 p.Dans la cité de Kelsingra, Alise répertorie secrètement les tré -sors de la ville, ce qui attire la convoitise des voleurs.

Robin HOBB(R) (FY) Les Cités des anciens T.3 : La Fureur du fleuveParis, J’ai Lu (Fantasy), 2012, 248 p.

Nora K. JEMISIN(R) (FY) La Trilogie de l’héritage T.1 : Les Cent mille

royaumesParis, Le Livre de Poche (Fantasy), 2012, 451 p.

Robert JORDAN(R) (FY) La Roue du temps T.3 : Le Dragon réincarnéParis, Bragelonne (Fantasy), 2012, 860 p.

Fabienne JUHEL(FA) Les Oubliés de la landeArles, Rouergue (La brune), 2012, 282 p.Dans un village perdu dans la lande vivent une trentaine depersonnes, toutes immortelles. La vie se poursuit paisiblement,jusqu’au jour où la mort fait son apparition aux portes de lacommunauté, sous la forme du cadavre d’un inconnu.

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Édith KABUYA(FA) Les Maudits T.1 : RésurrectionBoucherville, De Mortagne, 2012, 480 p.Une jeune femme est morte. Ramenée à la vie, elle est devenueune Maudite, hantée par le Monde des Morts à jamais.

Daniel KEYES(R) (SF) Des fleurs pour AlgernonParis, J’ai Lu (Science-fiction), 2012, 542 p.Édition augmentée. Contient, en plus du roman, la nouvelleoriginale « Des fleurs pour Algernon », ainsi que l’essai autobio -graphique « Algernon, Charlie et moi ».

Celine KIERNAN(R) (FY) Les Moorehawke T.2 : Les Loups cachésParis, Le Livre de Poche (Fantasy), 2012, 500 p.

Robert KIERNAN et Jay BONANSINGA(R) (FA) The Walking dead T.2 : La Route de WoodburyParis, Le Livre de Poche, 2012, 320 p.

Stephen KING(FA) La Tour sombre : La Clé des ventsParis, J’ai Lu (Grand format), 2012, 284 p.Le récit se situe entre les tomes 3 (Terres perdues) et 4 (Magieet cristal) de la série : Roland et son ka-tet quittent la citéd’émeraude et se dirigent vers Calla Bryn Sturgis.

Dean KOONTZ(R) (FA) L’Ami Odd ThomasParis, Le Livre de Poche (Fantastique), 2012, 377 p.

Denis LABBÉ(FY) La Geste de Wolveric T.1 : Les Ombres de NemainTriel-sur-Seine, Midgard, 2012, 466 p.L’Empire de Llyr est menacé par l’apparition de créaturesqui sèment la terreur. Contrairement à l’empereur qui laissele pays être détruit, Wolveric, tout comme d’autres hommes,décide de combattre.

Alain LAFOND(FA) Dreamwalkers T.1 : Les Voyageurs de la nuitSaint-Hubert, Onirium, 2012, 624 p.Samuel ne le sait pas, mais il a la capacité de s’infiltrer dansles rêves des gens: il est un Dreamwalker, qui peut agir sur lesautres à leur insu, mais aussi les sauver.

Marc LAWRENCE(FY) L’Empire brisé T.1 : Le Prince écorchéParis, Bragelonne (Fantasy), 2012, 381 p.Chef d’une bande de hors-la-loi à treize ans, Jorg décide qu’àquinze ans, il sera roi à la place de son père. Mais il devrapour cela lutter contre la magie noire.

Jonas LENN(R) (SF) Manhattan storiesTriel-sur-Seine, Lokomodo (Science-fiction), 2012, 412 p.Précédemment publié aux Moutons électriques. Le lieutenantCairn mène ses enquêtes dans un New York futuriste.

Jean-Marc LIGNY(FY) ChimèresTriel-sur-Seine, Lokomodo, 2012, 321 p.

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« Tous les trois siècles, une étoile rouge apparaît dans le ciel deGalova, illuminant d’écarlate les nuits de la planète. C’est alorsque se manifestent les chimères. Redoutées par les autoch -tones, conjurées par les prêtres et les mages, elles ne semblentpourtant pas effrayer Feïn, l’innocent berger. »

Megan LINDHOLM(R) (FY) Ki & Vandien, l’intégraleSaint-Laurent-d’Oingt, Mnémos (Icares), 2012, 845 p.Réunit Le Vol des harpies, Les Ventchanteuses, La Portedu Limbreth et Les Roues du destin.

H. P. LOVECRAFT(R) (FA) Polaris et autres nouvellesParis, Librio (Imaginaire), 2012, 90 p.

H. P. LOVECRAFT(R) (FA) Les Contrées du rêveParis, J’ai Lu (Fantastique), 2012, 368 p.

Tahereh MAFI(SF) Insaisissable T.1 : Ne me touche pasNeuilly-sur-Seine, Michel Lafon, 2012.Le toucher de Juliette est mortel. Le fils du leader du Réta -blissement (organisme qui régit le monde) l’a enlevée et lamaintient enfermée depuis 264 jours dans une forteresse. Ilveut utiliser Juliette comme une arme.

Alexandre MALAGOLI(FY) La Trilogie du roi sauvage T.1 : SanctuaireParis, Bragelonne (Fantasy), 2012, 687 p.Cinq adolescents, sensibles au Wyrd (l’essence de la magie),sont admis au Sanctuaire pour y étudier la magie et la cheva-lerie. Mais au sein de l’école s’est glissé un prince ennemi, quitentera de s’emparer du bouclier d’Elora par tous les moyens.

Melissa MARR(FA) Meurs bien, à jamaisGrainville, City, 2012, 388 p.Rebekkah Barrow revient dans le village de son adolescence etdécouvre que sa grand-mère, qui procédait toujours à un rituelquand une personne mourrait, a été assassinée. Maintenantqu’elle n’est plus, le monde des vivants et celui des défuntssont dangereusement connectés.

George R. R. MARTIN(FY) Le Trône de fer T.14 : Les Dragons de MeereenParis, Pygmalion (Fantasy), 2012, 477 p.Quatorzième tome de l’immense saga : Stannis Baratheon estparti à la reconquête de Winterfell ; Jon Snow est redevenu leseul maître du Mur; à Meereen, le blocus du port se poursuit,car Daenerys ne se décide pas à envoyer ses dragons.

Catherine MARX(SF) MoralopolisMilly-la-Forêt, Tabou, 2012, 262 p.La France, en 2050. Le féminisme radical a pris le pouvoir,usant de despotisme pour réprimer tout comportement ma -chiste, mais aussi de l’eugénisme à visée sécuritaire.

Ian McDONALD(R) (FY) Roi du matin, reine du jourParis, Folio SF, 2012, 585 p.

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Agnès K. MONGILI(FY) Éclipse lunaire T.1 : Phénix & LukainaLes Côtes-d’Arey, Nergal, 2012, 273 p.Ashadla est une Phénix, qui a la capacité de renaître de sescendres. Elle vit (ou plutôt survit) dans une ville assez hostileaux Inaltères. Lorsqu’elle rencontre Eilidh Walden, tout change.

MORGANE(FA) Dans les veinesParis, Mnémos (DéDales), 2012, 307 p.Le lieutenant Baron enquête sur une série de meurtres à Bor -deaux : personne n’ose le dire, mais le mot est sur toutes leslèvres… Vampires… serait-ce vraiment le cas?

Jean-Pierre OHL(SF) RedrumTalence, Arbre vengeur, 2012, 242 p.Un historien du cinéma se rend sur une île écossaise, où il ren - contre le magnat Onésimos Némos, qui a inventé la Sauve garde:ce procédé permet de conserver de façon informatique la per-sonnalité des morts et de la consulter.

Lara PARKER(FA) Dark Shadows T.2 : RéminiscencesNeuilly-sur-Seine, Michel Lafon, 2012, 329 p.Libéré de sa condition de vampire par la scientifique Julia,Barnabas est amoureux d’une autre femme, Antoinette. Il veutà tout prix la protéger, car un nouveau vampire rôde.

Emmanuel PIC(SF) La Station solitaire: les aventures d’un curé dans l’espaceNouan-le-Fuzelier, Des Béatitudes, 2012, 291 p.Enlevé par des extraterrestres, un prêtre consigne son aventuredans une sorte de journal de bord.

Richard POWERS(R) (SF) GénérositéParis, 10/18 (Littérature étrangère), 2012, 473 p.

Laurent QUEYSSI(SF) Comme un automate reprogrammé à la mi-tempsChambéry, ActuSF (Les trois souhaits), 2012, 245 p.Recueil de huit nouvelles de science-fiction, autant de visionsdécalées et démentielles sur le monde.

Alastair REYNOLDS(R) (SF) JanusParis, Pocket (Science-fiction), 2012, 888 p.

Michel ROBERT(R) (FY) La Fille des clans T.1 : BalafréeParis, Pocket (Fantasy), 2012, 570 p.

Anne ROBILLARD(FY) Les Héritiers d’Endikiev T.6 : NemeroffLongueuil, Wellan, 2012.Suite de la série des Chevaliers d’Émeraude.

ROBUSQUET(FY) Les Chroniques d’Ériande T.1: Les Masques de Ma -

renganeWaterloo, Michel Quintin, 2012, 472 p.

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Azexerte a de nombreux pouvoirs : non seulement peut-elleadopter à volonté la forme qu’elle désire (et qu’elle a volées àses victimes au fil des siècles), mais elle dévore ceux qui ontle malheur de s’unir à elle. Rien ne peut préparer les lames deDagrenoque à ce qui les attend.

Michel ROZENBERG(R) (FA) Les Maléfices du temps et autres récits intemporelsTriel-sur-Seine, Lokomodo (Fantastique), 2012, 218 p.

Simon SANAHUJAS(R) (FY) Chroniques de Karn T.1 : Nereliath(FY) Chroniques de Karn T.2 : Seuls les dieuxTriel-sur-Seine, Asgard (Reflets d’ailleurs), 2012, 331 p.Après la découverte d’un lieu hanté par de dangereux serpentsde mer, la moitié des royaumes lancent leurs flottes pour ex -plorer ces eaux lointaines. Karn, aventurier originaire du paysde Luxia, se joint aux pirates de la mer Insulaire.

Brandon SANDERSON(FY) WarbreakerParis, Orbit, 2012, 400 p.Siri se sacrifie à la place de sa sœur Vivenna : elle se marie audieu-roi régnant sur le royaume ad verse, Hellandren. Hélas,une guerre se prépare entre les deux royaumes.

Andrezj SAPKOWSKI(R) (FY) La Saga du sorceleur T.6: La Tour de l’hirondelleParis, Milady (Poche fantasy), 2012, 570 p.

Clifford D. SIMAK(R) (SF) Voisins d’ailleursParis, Folio SF, 2012, 400 p.

Yannick ST-YVES(R) (FA) PassageBoucherville, De Mortagne, 2012, 480 p.

Michael STACKPOLE(R) (FY) La Guerre de la couronne T.1: Forteresse Draconis(R) (FY) La Guerre de la couronne T.2: La Furie des dragons(R) (FY) La Guerre de la couronne T.3: La Grande croisadeParis, Milady (Poche fantasy), 2012, 714, 658 et 777 p.

Michael J. SULLIVAN(FY) Les Révélations de Riyria T.2 : La Tour elfiqueParis, Milady (Poche fantasy), 2012, 75 p.Royce et Hadrian, deux voleurs et mercenaires, sont engagéspour sauver un village d’attaques nocturnes. Par ce fait, ilssont de nouveau mêlés aux projets du magicien Esrahaddon.

Sam SYKES(FY) La Porte des Éons T.2 : La Couronne du chaosParis, Fleuve Noir (Fantasy), 2012, 624 p.Les aventuriers ont de gros problèmes : le Codex de l’Outre -monde a disparu et, en plus, ils se sont échoués sur une îlepeuplée de créatures.

Benedict TAFFIN(FY) La Pucelle et le démonTriel-sur-Seine, Asgard (Reflets d’ailleurs), 2012, 316 p.Le mercenaire Sidoine de Valzan est chargé par une puissanteduchesse d’aller chercher Jehanne, une jeune prophétesse qui

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prétend pouvoir remettre le Dauphin sur le trône et rétablir lapaix dans le royaume. Mais quand Jehanne est assassinée par desdémons, Sidoine décide de la remplacer par une prostituée, nivu ni connu.

Philippe TAGLI(SF) Capitaine FuckParis, Baleine, 2012, 336 p.Capitaine Fuck est le plus grand dépressif de l’espace, dont leseul plaisir est de fumer des cigarettes dopées au menthol.

J. R. R. TOLKIEN(FY) Le Hobbit annotéParis, Bourgois (Littérature étrangère), 2012, 462 p.À quelques semaines de la sortie du film Le Hobbit (réalisé parPeter Jackson), les éditions Bourgois ressortent une éditiondu roman, avec une introduction et des notes de Douglas A.Anderson, spécialiste de l’œuvre de Tolkien.

Élisabeth TREMBLAY(R) (FY) Filles de lune T.2 : La Montagne aux sacrifices(R) (FY) Filles de lune T.3 : Le Talisman de MaxandreParis, Pocket (Fantasy), 2012, 439 et 503 p.

Jean-Michel TRUONG(R) (SF) Le Successeur de pierreParis, Folio SF, 2012, 638 p.

Jean-Nicholas VACHON(FY) Le Voleur de voix T.3: Les Prima donna immortellesWaterloo, Michel Quintin, 2012, 480 p.Troisième et dernier tome de la série, inspirée par la vie ducastrat Farinelli.

Luc VAN LERBERGHE(FY) Chronique d’un esprit vagabond. ArthamiosTriel-sur-Seine, Midgard, 2012, 638 p.Salarios a asservi le conseil des mages. Pour dominer totalementle monde, il ne lui reste plus qu’à soumettre Rachel, la mèredes magies.

Jean VIGNE(SF) Désolation : le dernier vampireParis, Le Petit Caveau (Miroir de sang), 2012, 248 p.2067. La Terre a été dévastée par une météorite, ce qui a détruitla majeure partie de l’Humanité. Une biochimiste invente doncun procédé pour rendre les hommes immortels.

Peter WATTS(R) (SF) StarfishParis, Pocket (Science-fiction), 2012, 477 p.

Bernard WERBER(SF) Troisième humanitéParis, Albin Michel, 2012, 587 p.« Nous sommes à l’ère de la deuxième humanité. Il y en a euune avant. Il y en aura une… après. » Le fils d’un paléonto-logue crée des micro-humains dix fois plus petits que nousdans son laboratoire parisien.

Scott WESTERFELD(R) (SF) Succession : l’intégraleParis, Pocket (Science-fiction), 2012, 671.Réunit Les Légions immortelles et Le Secret de l’Empire.

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Gabrielle WITTKOP-MÉNARDEAU(R) (FA) Les Départs exemplairesParis, Gallimard (Verticales), 2012, 226 p.

Brenna YOVANOFF(FA) L’ÉchangeNeuilly-sur-Seine, Michel Lafon, 2012, 331 p.Mackie est un «  remplaçant  » : il a été échangé contre unbébé humain à la naissance, et vient d’un monde terrifiant etsouterrain. Lorsque la sœur de la fille qu’il aime disparaît, ilse lance à sa recherche dans le monde d’où lui vient.

Roger ZELAZNY(R) (SF) Seigneur de lumièreParis, Folio SF, 2012, 387 p.

David ZINDELL(R) (FY) Le Cycle d’Ea T.7 : Les Guerriers de diamantParis, Pocket (Fantasy), 2012, 700 p.

Pascale RAUD

ÉCRITS SUR L’IMAGINAIRE…

Cette rubrique très sélective propose un bref choix d’étudesrécentes en français sur le fantastique, la SF et la fantasyPour une liste complète internationale nous vous suggéronsde vous abonner (gratuitement) au bulletin Marginalia([email protected]) ou de consulter les numéros sur lesite suivant : http://marginalia-bulletin.blogspot.com

Dominique ACHARDObliques ou les impossibilités probables : science-fictionet mondes futursFlaux, De Neustrie, 2011, 157 p.

Silviane-Adriana APOSTOLLe Fantastique littéraire en France et en Roumanie :quelques aspects au XIXe siècle : une rhétorique de la(dé)construction?Sarrebrück, Éditions universitaires européennes, 2012, 380 p.

Jean-Michel ARCHAIMBAULTDestinée cosmique II : guide spécial des onze premierscycles, 1971-3582Dun-sur Auron, Association Basis, 2012, 228 p.À propos de la série allemande Perry Rhodan. Bibliographieanalytique.

Claude AZIZAToi Tarzan, moi fanParis, Klincksieck (50 questions), 2012, 168 p.

Simone BERNARD-GRIFFITHS & Céline BRICAULT (dir.)Magie et magies dans la littérature et les arts du XIXe sièclefrançaisClermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal (Révo -lutions et romantismes), 2012, 484 p.

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Martin CARAYOLLe Fantastique et la science-fiction en Finlande et enEstonieParis, L’Harmattan (Bibliothèque finno-ougrienne), 2012,212 p.

Sylvie FERDINANDAnimaux fantastiquesDinan, Terre de brume (Petites histoire de…), 2012, 96 p.

Irène, FERNANDEZDéfense et illustration de la féerie : du Seigneur desanneaux à Harry Potter : une littérature en quête de sensParis, Pierre Rey (Document), 2012, 189 p.

Jacques FINNÉLe Royaume des fantômesTurquant, L’Àpart, 2012, 187 p.

Natacha GUYOTStar Wars : de la multiculturalité au « culte »Sarrebrück, Éditions universitaires européennes, 2012, 192 p.

Marion HENDRICKXPetit Traité d’horreur fantastique à l’usage des adultes quisoignent des adosToulouse, Érès (La vie de l’enfant), 2012, 168 p.

John LANDISCréatures fantastiques et monstres du cinémaParis, Flammarion (Arts et spectacle), 2012, 320 pages

Aurélien LEMANTTraum: Philip K. Dick, le martyr oniriqueLyon, Le Feu sacré, 2012, 107 p.

Bénédicte LETELLIERPenser le fantastique en contexte arabeParis, Honoré Champion (Bibliothèque de littérature généraleet comparée), 2012, 440 p.

Marie-Françoise MELMOUX-MONTAUBIN et ChristopheREFFAIT (dir.)Les Voyages extraordinaires de Jules Verne: de la créationà la réceptionAmiens, Encrage Université (Romanesques), 2012, 396 p.

François MEMBREPilote Tempête : à la découverte d’un héros de papierMontrouge, De Varly, 2012, 52 p.Série télévisée néerlandaise de science-fiction : Piloot Storm.

Ian NATHANAlien : genèse d’un mytheParis, Huginn & Muninn, 2011, 175 p.

Alain PELOSATOLa Nature fantastique au cinémaSaint-Denis, Edilivres Aparis, 2012, 206 p.

Alain PELOSATOLe Gothique au cinémaSaint-Denis, Édilivres, 2012, 126 p.

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Éric PESSANÔter les masques : d’après Shining de Stephen KingNantes, Éditions nouvelles Cécile Defaut (Lelivrelavie), 2012,152 p.

Frank PIEROBONLe Symptôme AvatarParis, Vrin (Philosophie et cinéma), 2012, 119 p.

SALISBURY, MarkPrometheus : l’univers du filmTalence, Akileos, 2012, 192 p.

Maxime SCHEINFEIGELRêves et cauchemars au cinémaParis, Armand Colin (Cinéma/Arts visuels), 2012, 208 p.

Laurence SCHIFFANO & Marie MARTINRêve et cinéma: mouvances théoriques autour du champcréatifNanterre, Presses Universitaires de Paris Ouest (L’Œil ducinéma), 2012, 350 p.

Michael SIGLAINThe Amazing Spiderman: l’album du filmParis, Hachette jeunesse, 2012, 61 p.

Nathalie VAS-DEYRESCes Français qui ont écrit demain : utopie, anticipation etscience-fiction au XXe siècleParis, Honoré Champion (Bibliothèque de littérature généraleet comparée), 2012, 536 p.

J. R. WARDLe Guide de la Confrérie de la dague noireParis, Bragelonne, 2012, 571 p.

Paulina WAWRZYNIAKLes Éléments fantastiques dans les œuvres choisies de Guyde Maupassant et Wladysaw Stanislaw ReymontSarrebrück, Éditions universitaires européennes, 2012, 96 p.

Norbert SPEHNER

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parChristian SAUVÉ

Chronicle

La science-fiction clame qu’elle est la littérature des idées.Mais s’il est vrai que les idées inventives et originales sont ap -préciées dans la bonne science-fiction, cela ne signifie pas queles créateurs peuvent s’affranchir de l’obligation de maîtriser lestechniques du récit. La justesse des personnages, la clarté dustyle, le dynamisme de l’intrigue sont souvent plus importantsque l’originalité du concept. C’est d’autant plus vrai au cinéma,qui a pour contrainte supplémentaire de chercher à rejoindre delarges foules.

Chronicle [Chronique] est un de ces films à la prémisse on nepeut plus familière. Lorsque trois adolescents sont transforméspar l’action d’une météorite et se découvrent pourvus de super-pouvoirs, il est justifié de se dire que l’on a déjà vu ça ailleurs.C’est un des thèmes de base de la bande dessinée et du cinémasuper-héroïques dont les X-Men et Spiderman ne semblent êtreque la pointe de l’iceberg. Or le poncif est cette fois revitalisépar l’audace de la réalisation. S’inscrivant dans la catégorie dupseudo-documentaire trouvé (found footage), Chronicle débute aumoment où un ado, Alex, commence à filmer sa vie à l’aide d’unevieille caméra vidéo. Le lent début du film, en caméra subjective,montre la vie du protagoniste dans tout son désespoir : mère quise meurt, père alcoolique violent, environnement scolaire hostile,

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isolement social… Les problèmes d’Alex se multiplient, et ce n’estpas l’aide de son cousin ou d’un camarade de classe populaire quicontribue à changer les choses. Lorsque le trio découvre un étrangeobjet aux conséquences insolites, Chronicle passe graduellementen deuxième vitesse. Le film documente comment trois adolescentstypiques peuvent s’amuser à découvrir leurs pouvoirs : la camérasubjective rend ces expériences un peu plus crédibles, en particulierlorsque les ados s’amusent à créer le chaos dans un supermarché.

Hélas, les insécurités d’Alex n’en font pas nécessairement unpersonnage sympathique : ses actions deviennent de plus en plusrépréhensibles. Le tout finit comme tous les films de super-héros,en combat entre bon et vilain… sauf qu’Alex n’est pas le héros,et qu’il est plus pitoyable que méchant.

Il y a beaucoup à admirer dans ce film, qu’il s’agisse de l’in-géniosité avec laquelle on a évité l’effet répétitif de la camérasubjective – initialement celle d’Alex, puis d’une meilleure camérahaute-résolution, puis du matériel tourné par une vidéo-bloggeuse,puis de caméras de sécurité et des médias au fur que l’histoiredevient moins intimiste –, de l’approche résolument antihéroïqueparfois à la limite de l’horreur, de la profondeur thématique, del’attention portée à la psychologie de ses protagonistes adolescentsou des effets spéciaux sagement employés. L’histoire se solde parune bataille convaincante à travers Seattle, prouvant à nouveauqu’il est possible de combiner une approche réaliste à des sé -quences d’action tout à fait réussies, même dans un film à petitbudget.

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Le résultat réussit à plaire même à un moment où la prolifé-ration des faux-documentaires s’approche du point de saturation.À l’instar de The Troll Hunter, Chronicle comprend les limitesdu sous-genre cinématographique dans lequel il s’inscrit, et réussità livrer un résultat qui revigore le film de super-héros. C’est tout àfait le type de film de série B qui peut se permettre une approcheun peu plus expérimentale que les grands blockbusters contraintsd’être aussi ordinaires que possible pour ne pas effaroucher legrand public. D’ailleurs, le film a connu un bon succès au box-office, ce qui ne l’empêchera pas de demeurer une bien belledécouverte pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler. Mêmepour ceux qui sont allergiques au sous-genre found footage.

Real SteelUn des passe-temps favoris de certains fans de science-fiction

est de discuter (longuement) de la légitimité de certaines œuvresde SF. « C’est étiqueté SF, mais est-ce que c’est vraiment de laSF? » Si ces discussions peuvent sombrer dans l’ergotage exas-pérant, elles soulignent une question fondamentale au sujet de ladéfinition des genres. Est-ce qu’une œuvre de science-fiction a ledroit d’examiner les ramifications d’un seul changement à notremonde, ou doit-elle se sentir obligée de présenter une vision plei -nement développée de toutes les conséquences d’un changement?

C’est ce genre de question que le film familial Real Steel[Gants d’acier] peut soulever. À plusieurs égards, il s’agit d’unauthentique film de science-fiction. Non seulement est-il adapté

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d’une nouvelle originalement parue dans l’éminent Magazineof Fantasy and Science Fiction (« Steel » de Richard Matheson,1956), mais il spécule sur l’existence en 2020 de robots huma-noïdes boxeurs, et explore les conséquences économiques de leurexistence. Tellement d’effets spéciaux sont requis pour présenterdes combats de robots à l’écran qu’il serait ridicule de prétendrequ’il ne s’agit pas d’une sorte de film de science-fiction.

Et pourtant: à l’exception de l’existence de ces robots boxeurs,rien dans le monde de Real Steel ne vient suggérer que ce futur de2020 est différent de la réalité de 2012. Un futur peu cohérent avecle développement de la robotique tel que nous le connaissons,de toute façon. Il y a eu plusieurs générations de robots (dontcertains se trouvent dans des dépotoirs), et la ligue de combatsorganisés semble exister depuis plus longtemps que les huit ansqui nous séparent de 2020. L’autre problème du film est encoreplus gênant : les robots humanoïdes semblent exclusivementconfinés au monde de la boxe. Nulle part ne voit-on un mondetransformé par la disponibilité de robots aussi sophistiqués : lesœillères du récit empêchent de voir au-delà.

Ce refus délibéré d’extrapoler est renforcé par l’atmosphèrevieux jeu plutôt charmante du film, qui passe beaucoup de tempsdans les contrées rurales du Midwest américain, et qui s’engagesans cynisme dans la promotion des bonnes vieilles valeurs de laclasse moyenne américaine : ténacité, égalité, amour filial. RealSteel semble conçu pour ne pas surprendre ni choquer personne

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par une vision menaçante du futur. L’intrigue, après tout, porteautour d’un propriétaire de robot boxeurs (Hugh Jackman, char-mant) qui tente de renouer ses liens avec son fils longtempsabandonné. Les combats entre robots ne sont que les étapes versla réconciliation familiale et le type de victoire qui n’est possibleque dans les films sportifs mettant en vedette un protagonistesérieusement désavantagé.

Le reste du film, aussi conventionnel soit-il, n’est pas moinscompétent. Même à un moment où l’on pense avoir tout vu àl’écran, Real Steel propose des effets spéciaux phénoménaux. Lesrobots sont parfaitement crédibles, visuellement et audiblement,le bruit du métal contre le métal étant saisissant. Real Steel ne seconforme certes pas à toutes les exigences d’une science-fictionde premier plan, mais n’en demeure pas moins un film réussi. Quia vraiment besoin de SF rigoureuse lorsqu’il est possible de voirun père se réconcilier avec son fils… tout en cassant la gueule àdes robots ?

BattleshipUn des aspects les plus divertissants à observer dans la ma -

chine hollywoodienne est sans doute la fière bravade mercantilequi compense ses lacunes créatives. L’appât du gain conduit lesstudios à développer des projets de plus en plus ridicules, en autantque le public s’y intéresse. Les suites et antépisodes en rafales ne

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surprennent plus, tout comme les remakes inutiles et les remouturespiquées du domaine public. Mais là où les génies hollywoodiensse surpassent maintenant, c’est au niveau des adaptations. Quoide plus vieux jeu que d’adapter des romans à l’écran, quand ilest maintenant légitime de concevoir des films à partir de jouets(Transformers), de livres de psychologie populaire (He’s NotThat Into You) ou de tomes encyclopédiques (What to Expectwhen Expecting). Ceci dit, même les commentateurs les plus in -dulgents ont sourcillé à l’annonce de Battleship [Bataille navale],un film basé sur… le jeu de société du même titre. Quelle histoiretirer d’une récitation monotone de coordonnées, interrompue parun « Tu as coulé mon cuirassé ! »?

Il suffisait évidemment de faire intervenir des extraterrestres.La marine américaine étant la plus puissante au monde, un scé-nariste tentant de la mettre en valeur aurait eu des problèmes àtrouver un ennemi contemporain. Heureusement, les invasionsextraterrestres sont à la mode, et après avoir vu l’infanterie amé-ricaine se mesurer à une telle menace dans Battle : Los Angeles,voici que sa marine a elle aussi la chance de se mettre à l’œuvre.

La mise en situation occupe les trente premières minutes dufilm. Alors que la marine américaine est occupée à tenir des exer -cices loin de la base navale d’Honolulu, voici qu’une expédition dereconnaissance extraterrestre enferme l’archipel d’Hawaï dans unbocal impénétrable… sauf pour trois vaillants destroyers, menés parun héros générique et ses compagnons de bord. À quelques détailsprès, le reste de ce film de recrutement pour la marine se scénarisede lui-même, empilant des séquences de destruction massive,quelques mièvreries sentimentales et autant d’invraisemblancesqu’il est possible d’inclure dans un film d’action sans que ceder nier ne se dissolve dans le ridicule.

Les spectateurs trop critiques seront terrassés par les faillesdu film. En tant qu’œuvre de science-fiction, Battleship arrivepratiquement en dernière place au rang de la récente vague defilms d’invasion extraterrestre. Les justifications scientifiquesn’ont aucun sens, les erreurs sont nombreuses, les motivations desextraterrestres demeurent une énigme (une séquence télépathiquetransmet des flashs mentaux menaçants au protagoniste, mais onn’y revient jamais durant le reste du film), et on a de la difficulté àimaginer une race capable de voyage intersidéral être autant priseau dépourvu par les pièges élémentaires des humains.

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Même jugé à l’aune du divertissement estival hollywoodien,Battleship est faible. Les dialogues sont parfaitement ordinaires,les personnages sont fades, les apartés humoristiques s’intègrentsouvent mal et les clins d’œil au jeu de société sont tellement tor-turés qu’ils provoquent le rire plus que la nostalgie. Le réalisateurPeter Berg a tellement calqué ce film sur la série Transformersqu’il est possible de dire que Battleship est le meilleur film deMichael Bay à ne pas avoir été tourné par lui. On reconnaîtra aupassage des échos d’Independance Day, Titanic, Pearl Harbor,et autres…

Au fond, la question-clé ici n’est pas Est-ce un bon film?,mais plutôt, Est-ce que ça explose beaucoup? Est-ce que la bandesonore a de l’énergie? Est-ce que ça finit bien pour les héros?Est-ce que l’on y voit des choses intéressantes ? Car alors là :oui, oui, oui et oui. Battleship a souvent beau être stupide, ils’agit d’une stupidité énergique, empreinte d’un certain charmeniais. Les aspects techniques du film sont impeccables, en parti-culier au plan de l’image et du son. Car le scénario n’est qu’uneexcuse pour voguer d’une séquence d’action à une autre, et lapuissance de feu des extraterrestres a de quoi faire suer les compa -gnies d’effets spéciaux ayant travaillé sur le film. Des navires etvaisseaux spatiaux se font détruire dans un carnage graphiqueadmirable, et la bande sonore souligne chaque explosion sanscompromis. Battleship n’est donc pas pour tout le monde, maisil y a définitivement un public pour ses vertus.

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Immortals

Le péplum à saveur fantastique est un art difficile. En 2007,300 a réussi à renouveler le genre, un exploit moins évident quepeuvent le penser les détracteurs de l’œuvre. Depuis ce temps, ily a lieu de se demander si l’on avait vraiment besoin du duo Clashof the Titans/Wrath of the Titans, ou bien d’Immortals [LesImmortels] de Tarsem Singh, ces trois derniers films se servantles éléments les plus fantastiques de la mythologie grecque pourfournir des films d’action grandioses. Le public contemporain a-t-ildonc un tel appétit pour ces mythologies pour justifier autant deproductions sur un sujet essentiellement identique?

Au visionnement d’Immortals, il y a au moins de quoi serassurer que le réalisateur Tarsem Singh sait présenter des imagesd’une beauté rare. Avec un style calqué sur des peintures de laRenaissance, Immortals demeure un plaisir visuel constant, etun rappel que Tarsem (entre The Cell, The Fall et le subséquentMirror, Mirror) s’est taillé une bonne feuille de route commeréalisateur qui peut livrer des images uniques à l’écran.

La question à élucider, évidemment, est de savoir si unecinéma tographie époustouflante peut parvenir à compenser lesscories d’un scénario assez ordinaire. Après un départ opaque,Immortals devient rapidement un film prévisible. Le hérosendeuillé (Thésée, joué avec stoïcisme par Henry Cavill) se dressecontre les ambitions sanguinaires d’un tyran (Mickey Rourke enroi Hypérion, grondant de menace) avec l’aide d’une prêtresseexaspérée par ses talents d’oracle (Freida Pinto). Les dieux ontbeau intervenir comme des tornades au milieu des affaires hu -maines, c’est une bonne vieille histoire de vengeance que l’onnous sert, et ceux dont les souvenirs de Titanomachie et Théséesont vagues peuvent se rassurer : Immortals ne requiert pas tropde connaissances classiques.

Si les souvenirs de 300 seront vifs au visionnement d’Im -mortals (les deux films partagent deux producteurs, et, tournagecommun à Montréal aidant, plusieurs techniciens-clés), l’approchechoisie par Tarsem montre les progrès accomplis en matière detraitement de l’image depuis 2007. Entre autres moments forts, onremarquera les boucheries sanguinaires durant lesquelles les dieuxpulvérisent des adversaires humains en ultra-ralenti, le contrasteentre les sombres paysages et les costumes rouge-vif des prêtresses,

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Ce cent quatre-vingt-quatrième volet Internet gratuit de la revue Solaris a été mis en ligne en octobre 2012

ou bien la vision finale d’un combat aérien sans fin. Si la con -cep tion visuelle du film a tendance à se répéter (est-ce que toutela Grèce antique se trouve près d’une falaise à côté de l’océan?),on ne se lasse pas vraiment de tant d’ingéniosité. Le côté hyper-violent des combats, où le sang explose au ralenti, semble moinsoffensant lorsque les images sont d’une telle qualité. Ceci dit, lesestomacs les plus sensibles préféreront être avertis.

Côté fantasy, le film exploite avec profit des éléments les plusfantastiques de la mythologie grecque : l’image des titans empri-sonnés, le redoutable « Arc d’Épirus  » conjurant des flèchesautoguidées, l’intervention des dieux dans les affaires des hu -mains… Immortals a beau souffrir d’un scénario décousu, vagueet incohérent, il parvient tout de même à livrer une vision quine répète pas tout à fait celle de 300. Ce n’est certainement pasdu « déjà-vu ». C’est un spectacle, et cela justifie amplement sonexistence en tant que tel.

Christian SAUVÉ