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SOMMAIRE...d’Eric Woerth d’être mis en examen dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. 28 mai L’art d’escalader

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L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 ParisCedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00). Directeur de la publication : Xavier Marand ([email protected]). Rédacteuren chef : Thierry Ananou. Secrétaire de direction : Bénédicte Derieux. Collaborateurs permanents : Nicolas Béniès, Jean-François Claudon, Hamda El Khiari, Thierry Pétrault, Véronique Ponvert, Stéphane Rio, Nicolas Sueur, Doriane Spruyt. Régie publicitaire :Com d’habitude publicité, Clotilde Poitevin, 7, rue Émile-Lacoste, 19100 Brive, tél. : 05 55 24 14 03, fax : 05 55 18 03 73,www.comdhabitude.fr. Publicités : CASDEN (p. 2), MAIF (p. 56). Compogravure : C.A.G., Paris. Imprimerie : Roto France, Lognes (77).

CPPAP. n° 0123 S 06386. ISSN n° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Photo de couverture : © OlivierMahé/Flickr.fr Prix du numéro : 3 €. Abonnement : 1) Personnels del’Éducation nationale : France 30 € ; étranger et DOM-TOM : 44 €. 2) Autres, France :42 € ; étranger : 56 €.

SOMMAIRE30 jours 4Rattrapage 5• Les contractuels de la FP

Portrait 6• Politis

Actualité 8• Professeurs principaux• Quel lycée à la rentrée ?• Nouveaux programmes• CAP menacées• Parcoursup• Réforme du bac• Contractuels• Rendez-vous salarial

Démocratie syndicale 14• La direction nationale

du SNES-FSU 2018-2021

Éco/social 18• Place des retraités• Les syndicats rejetés par les salariés ?• Minima sociaux, un coût ?

Dossier 21• Temps de travail des enseignants :

du prévisible à l’invisible

Métier 28• Banque d’épreuves en ligne• Psy-ÉN• Réforme recrutement et formation• Enquête stagiaires

ÉditoReprendre haleine !L’exercice périlleux mais désormaishabituel de déni des difficultés de laprochaine rentrée a battu son pleintout le printemps de la part desrecteurs. Nul doute que le ministre,à la fin de l’été, réactivera à sontour l’élément de langage d’une«  rentrée techniquement réussie ».Peu importe tous les chiffres quimontrent une poursuite de la haussedémographique. Peu importe encoreune baisse du nombred’enseignants, conséquence del’insuffisance de postes créés et del’absence de candidats aux concoursde recrutement.Imposer un retour au réel enpermettant à la profession detémoigner sur quelques réalitéssimples et porter quelques-unes deses revendications d’urgence, telest le but des campagnes menéespar le SNES-FSU. «  Salaires correctsexigés » sur la faiblesse desrémunérations dans nosprofessions, « 42 h 53 » sur letemps de travail des professeurs,CPE, Psy-ÉN et AED, et « Alerteeffectifs » sur la réalité du nombred’élèves par classe sont trois sitesInternet sur lesquels chacun peuts’informer, contribuer, partager. Unmessage fort en ressort, celui d’uneprofession d’autant plus mobiliséecontre la dégradation des conditionsd’enseignement qu’elle est attachéeà la réussite des élèves et donc encolère quand on l’empêche de fairedu bon travail. L’enjeu de la rentréesera de mettre au jour ces réalitéset d’exiger les mesures quis’imposent : revalorisation, moyenspour l’éducation, renforcement desgaranties statutaires, respect desdroits et de la professionnalité despersonnels. Le gouvernement n’enprenant pas le chemin, une dernièreconsigne, tout à la fois syndicale,professionnelle et personnelle :

reprenez desforces ! À touteset tous, de bonnesvacances.

Frédérique Roletsecrétaire générale

6Portrait

Politis

34 Fenêtre surL’Uchronie

21 DossierTemps de travaildes enseignants :du prévisible à l’invisible

Catégories 30• IMP• Liste d’aptitude• CPE• Retraités

Sur le terrain 32• Les agents d’entretien

Fenêtre sur 34• L’Uchronie

Culture 36• Livres/Revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Entretien 40• Alice Gautreau

Dans la classe 42• Le prix Goncourt des lycéens

Droits et libertés 43• Marche pour les migrants• Loi secret des affaires

International 44• Comité syndical francophone• Roumanie• Évaluation des professeurs en Europe

Changer d’ère 46• La maintenance informatique

Cahier spécial festivals 47

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

BILLET D’HUMEUR

Migrants : la grande hypocrisie

30 JOURS

Dimanche 24 juin se tenaitle mini-sommet des 16 pays

membres de l’Union euro-péenne visant à chercher dessolutions à la question migra-toire. Le tout récent chanoinedu Latran s’est fendu d’uneleçon de morale adressée à cespays de l’UE qui refusent d’ac-cueillir des migrants et « reven-diquent massivement leurégoïsme national », formulequi prête à sourire lorsque l’on

songe au silence du fils aînéde l’Église face à la détressede l’Aquarius. Parallèlement,frère Emmanuel a suggéré decréer des centres fermés surle sol européen, une mesurebien peu chrétienne s’il en est.En ces ères de commémorationpermanente, l’oubli des pé -riodes sombres semble triom-pher et nous ramène lentementvers la barbarie. n

Nicolas Sueur

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Chères sup’. Les familles françaises consacrent enmoyenne 7 118  euros  aux études supérieures, par an et parenfant, selon une enquête réalisée par l’institut CSA Research.

20mai

Very bad trip. Muriel Pénicaud, inquiétée par la justicedans une enquête pour favoritisme visant une soirée organisée àLas Vegas, en 2016, pour E. Macron, alors ministre de l’Économie.

21mai

Pas COP ! Selon un classement Greenpeace, Parisest très mal noté sur la qualité de l’air. Seul Moscou fait pire.

21mai

Nobel au paradis. L’écrivain américain Philip Rothest mort à l’âge de 85 ans. Il avait été régulièrementpressenti pour le Nobel, sans jamais l’obtenir.

22mai

Naufrage européenAprès la Pologne, la Hongrie et l’Autriche, c’est au tour de l’Italie

de céder aux sirènes populistes. Avec 17 % des suffrages, l’ex-trême droite transalpine est parvenue à se hisser au pouvoir ens’alliant avec le Mouvement Cinq étoiles, devenu en mars dernierla première formation politique du pays. La coalition Legha-M5S,qui s’était habilement présentée tout début juin comme victimedes foudres des marchés européens au moment de son épiqueinvestiture, a rapidement démontré la vacuité de positionnement« anti-système ». Exit la réforme « progressiste » des retraitesbrandie par Di Maio, ainsi que le revenu de citoyenneté, pourtantprésenté comme la mesure-phare de son mouvement ! Pas de revi-rement, en revanche, en ce qui concerne la flat tax à l’italienne,censée prémunir les « premiers de cordée » transalpins contretoute ponction fiscale progressive... La nette inclinaison néolibéraleprise par le cabinet Conte sur le plan économique ne l’empêchepas de faire preuve d’un libéralisme plus que relatif sur la questionmigratoire, comme en atteste l’affaire de l’Aquarius savammentorchestrée par Salvini, le ministre de l’Intérieur leghiste. La chasseaux plus faibles et les politiques économiques favorables aux plusforts sont décidément les deux mamelles des mouvements préten-dument populistes qui font florès sur le continent.

Sois jeune et tais-toi.27 mineurs placés en garde à vue après l’occupationdu lycée Arago.

23mai

Bons baisers de... En visite officielle en Russie,le Président français s’est félicité du rapprochementdiplomatique opéré avec son homologue russe.

24mai

Surfez couvert. Entrée en application du RGPD, le règlement généralpour la protection des données.

25mai

Amnistiée. Le parquet a requis la relaxe pour laresponsable d’Amnesty Martine Landry, 73 ans, poursuiviepour son assistance à deux mineurs guinéens en 2017.

27mai

Sans à Libye. Après Nicolas Sarkozy, c’est au tourd’Eric Woerth d’être mis en examen dans le cadre de l’enquêtesur des soupçons de financement libyen de la campagneprésidentielle de 2007.

28mai

L’art d’escalader des murs.Emmanuel Macron a décoré Mamoudou Gassama et lui a proposéd’être naturalisé Français.

2juin

Bal tragique à l’Élysée.Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou reçupar Emmanuel Macron à l’Élysée.

3juin

Hombre ! Le nouveau Premier ministre espagnolPedro Sanchez a dévoilé la composition de son gouvernement.Il réunit onze femmes et six hommes.

6juin

Gagnant à la faim. Les grévistes de la faim de l’hôpitalpsychiatrique de Rouen ont mis fin à leur mouvement engagéle 21 mai, après avoir obtenu la création de trente postes.

7juin

Dupont et Dupond. Donald Trump et Kim Jong-unsignent un document commun sur une « complètedénucléarisation de la péninsule coréenne ».

12juin

Épreuves en séries. Début des épreuves pourles 753 000 candidats inscrits au bac, un nombre record,conséquence du «  baby-boom  » de l’an 2000.

16juin

Ad nauseam.Le Parlement hongrois a adopté une loi interdisantaux ONG de venir en aide aux migrants illégaux.

19juin

Bras de fer. La SNCF condamnée à payer les joursde repos aux grévistes. Leur non-paiement constitueune «  entrave au droit de grève  », selon la cour.

20juin

« À tchao bonsoir ». Dernière émission des « Guignols de l’info », après trente ansde présence à l’antenne.

22juin

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RATTRAPAGE

Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 5

Les contractuels de la Fonction publiqueDepuis un décret de décembre 2015, les «  non-titulaires » sont maintenant appelés «  contractuels  ». Ce changementde vocable est significatif d’une volonté politique de donner un statut à ces non-titulaires et d’en accroître le recrutement.On en retrouve dans les trois versants de la Fonction publique  : État, territoriale et hospitalière, dans des proportions etdes positions différentes. Ils riment souvent avec précarité et bas salaires mais pas toujours.

Contrat vs statutA priori, les contractuels ne bénéficient d’aucun statut, ils nesont pas titulaires d’un grade. Celui-ci est réservé aux titulairesqui sont seuls habilités à occuper des emplois permanents defonctionnaires. Ils se distinguent d’autres non-titulaires que sont

les agentspublics encontrat aidéqui, eux, sontrecrutés surdes contratsde droit privé.

Les contractuels ne peuvent donc être recrutés que de manièredérogatoire, non permanente et en l’absence de titulaire,d’où le recours à des contrats à durée déterminée, saufexceptions qui tendent à se multiplier. Dans l’enseignement, ilsseront donc employés dans le cadre du remplacement ou affectéssur des postes restés vacants après le mouvement d’affectationdes titulaires. n

Qui et où ?21,7 % des agents publics sont non-titulaires, près d’un quartdans la territoriale. Mais c’est dans l’hospitalière que cette partprogresse le plus rapidement ces dernières années. Dansla Fonction publique d’État, c’est au ministère de l’Éducationnationale qu’on en compte le plus. Les contractuels sontplusféminisés (six sur dix sont des femmes) et plus jeunes(37 ans en moyenne) que les titulaires. Ils sont 38 % à occuperun temps partiel, signed’une précarité plusimportante. Leur partaugmente au fur età mesure que l’ondescend l’échelle desqualifications. Ainsi,plus de la moitiédes contractuels sonten catégorie C. n

Effectifs des non-titulaires de l’Éducation nationaleI

degré degré

21,7 %

CDD/CDI

Dérogatoire

Vers un statut ?Diverses mesures sont venues transformer profondément la situationdes contractuels. La loi Dutreil en 2005 introduit le CDI dansla Fonction publique. Le rapport Silicani de 2008 suggère d’augmenterle nombre de contractuels en particulier pour recruter des agentsvenant du privé. La loi Sauvadet de 2012 étend les possibilitésde transformation de CDD en CDI et permet un recrutement directdans la Fonction publique d’État.Ainsi, tend à s’installer deux Fonctions publiques : d’un côté desfonctionnaires à statut, de l’autre une Fonction publique contractuelle.

C’est le modèle quiinspire la réformeque tente d’imposerle gouvernement.Les tendances quipoussent à la miseen concurrence

et la privatisation de certains services publics se renforcent, lacontractualisation de la Fonction publique va dans le même sensen faisant prévaloir une conception a minima des services publicset de l’indépendance de ses personnels. n

Parallèle

PrécaritéIls sont recrutés hors concours sur un contrat àdurée déterminée (CDD) ou indéterminée (CDI).Ils ne bénéficient d’aucune garantie de stabilité,de reconduction, de droit à un poste ou à pension...Les contractuels étant liés à leur employeur parun contrat de droit public, ni les droits des salariésdu secteur privé ni ceux du secteur public ne leursont applicables. Pour les salaires, aucun textede portée générale n’existe. Les agents en CDDne bénéficient d’aucune grille salariale ni donc dedroit à l’avancement, même si leur rémunérationdoit faire l’objet d’une réévaluation au moinstous les trois ans. n

À lireiLes auteurs expliquent pourquoiles statuts et garanties dontbénéficient les fonctionnairessont intimement liés auximpératifs du service public.• La Fonction publiqueau XXIe siècle, Anicet Le Pors,Gérard Aschieri, Éditionsde l’Atelier, 2015.

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6 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

P olitis est un hebdomadaired’information politique etgénérale, fondé en 1988, né

d’une conviction profonde, maisoriginale à l’époque : la nécessitéde croiser les questions sociales etenvironnementales. C’est un despremiers journaux à prendre lamesure de la dimension écolo-gique et à lui consacrer unerubrique à part entière : Politisavait déjà décelé un des sujetsmajeurs de notre époque. Politis est un journal classé « àgauche » : il relaie les conflitssociaux, se fait le héraut des lutteset des mobilisations populaires,milite pour davantage de justicesociale. Il est clairement opposé aulibéralisme : il témoigne chaquesemaine des mesures gouverne-mentales, l ivre une analysecritique des orientations politiquesà l’œuvre et incite le lecteur à laréflexion. Sans dresser la liste detous ses combats, il faut rappelerque la lutte contre le colonialismefait partie de son ADN, depuis ledébut de sa parution.

Indépendance financière, etdonc éditorialePolitis n’est sous le joug d’aucungrand groupe de presse : il tire sesressources de son association (voirencadré), ainsi que de quelques« mécènes », souvent des soutiensacquis aux idées que développele journal, et qui font là acte d’en-gagement militant. C’est dire la liberté dontjouit l’équipe rédactionnelle du journal :une liberté de propos et de ton. Politisemploie une vingtaine de salariés. Parmieux, des journalistes à temps plein, quiconstituent une équipe stable : «  c’est unlieu de liberté, dit Denis Sieffert (voir entre-tien), on s’y accroche ». Le journal aborde tous les sujets qui fontl’actualité chaque semaine, avec une granderéactivité, et pourtant sans tomber dans untraitement superficiel de l’information : il

s’ouvre sur un article assez long (dans larubrique «  événement  ») qui traite d’unsujet majeur. Ce fut le cas par exempledébut juin, la semaine qui suivit le traite-ment infligé aux 102 lycéens du lycéeArago, réunis pour protester contreParcoursup, la répression policière, lesgardes à vue prolongées... L’apport d’in-formations (le fait de relater les faits) s’ac-compagnait ici de l’interview d’Arié Alimi,avocat de certains jeunes et membre de laLigue des droits de l’Homme (LDH), pour

éclairer sur l’abus de pouvoir etles dérives judiciaires commises.Le témoignage d’une mèred’élève concerné par la garde àvue a complété le dossier. Misesà part les pages de brèves quirenseignent de façon courte surdes points d’actualité, Politis s’at-tache la plupart du temps (et c’estparticulièrement le cas pour lesdossiers) à traiter les sujetsabordés avec une analyse de fond,en donnant la parole aux cher-cheurs, intellectuels, artistes, éluspolitiques, acteurs du mouvementsocial... à tous ceux qui sontsusceptibles d’éclairer le sujet.

Une véritable dynamiqueà l’œuvreDe nombreux lecteurs apprécientPolitis pour son format : il estparfaitement adapté à une lecturehebdomadaire, et sa lectureexhaustive (tout à fait réalisable)apporte une information docu-mentée et raisonnée sur des sujetsde société et d’actualité politiqueaussi divers qu’essentiels : poli-tique internationale, contexteéconomique, questions sociales,environnementales, politique inté-rieure. C’est donc un outil mili-tant, un « instrument de citoyen-neté » (c’est ainsi qu’il est définisur le site).L’hebdomadaire papier estcomplété par des parutions ponc-tuelles, des «  hors-séries  » qui

permettent de creuser un sujet complexe etde bénéficier de l’éclairage d’intellectuelssur la question. Enfin, Politis est aussi un« bi-média » : à côté de ses « feuilles » sedéveloppe une version numérique dujournal, et se déploie une politique de diffu-sion qui allie abonnement au journal papieret au site internet (avec d’autres outils, desblogs, des vidéos...).Si le journal s’adapte, c’est évidemmentparce que l’évolution des modes de lectureet d’information l’y oblige, mais c’est aussi

PORTRAIT POLIT IS

« Traiter les sujets abordés avec

une analyse de fond, en donnant la parole

aux chercheurs, intellectuels, artistes,

élus politiques, acteurs du mouvement social... »

POLITIS VIENT DE FÊTER SES 30 ANS : alors que de nombreux journaux s’essoufflent, voire disparaissentsous le poids des contraintes financières, d’une concurrence aiguë avec d’autres médias, d’une évolutionimportante des nouveaux modes de lecture, alors que la presse d’information connaît une crise certaine,l’hebdomadaire Politis persiste, se maintient, se développe et se renouvelle... et garde une identité forte,sans compromis, ainsi qu’une totale indépendance. Sa recette  ?

Informer, analyser :Politis, un outil pour agir

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sont parfois « rattrapés » par la course à lanouveauté et versent, malgré eux, dans unesuperficialité et des raccourcis qui ne sontpas neutres politiquement (Denis Sieffertrécuse toute idée de complotisme média-

L’ASSOCIATION« POUR POLITIS »

L’association est constituée d’un solideréseau de bénévoles qui assurent la pro-motion du journal, en le vendant à la criéelors de manifestations, par exemple, et quianiment des réunions  : elle compte plusde 600 adhérents et 40 lecteurs corres-pondants.L’agenda, posté sur le site internet, indiquetous les rendez-vous, rencontres et débatsanimés par les membres de l’association,partout en France. À titre d’exemple, pour laseule journée du 6 juin dernier, 88 rendez-vous à travers la France figuraient àl’agenda, ce qui témoigne de la vitalité de lavie associative. Le financement du journal étant assuré parles recettes liées à la vente aux lecteurs, etpar l’apport des dons de l’association, Politisne comporte que très peu de publicité.L’association est l’actionnaire majoritaire(à 65 %) de la société éditrice de l’hebdoPolitis. Ces actionnaires, ce sont à la fois deslecteurs et des salariés de l’entreprise : lejournal appartient donc réellement à ceux quile fabriquent et ceux qui le lisent.Politis est membre également de l’associa-tion « Presse et pluralisme » : les contribu-teurs peuvent ainsi aider Politis et bénéficierde la défiscalisation (à hauteur de 66 %) desdons qu’ils ont effectués.

Denis SieffertPrésident de Politis, il signe chaque semaine l’éditorial du journal.Il est par ailleurs spécialiste du conflit israélo-palestinien.

Entretien avec

© E

ve M

orcr

ette

sous l’impulsion de son équipe, très jeune :la salle de rédaction est tapissée de grandsposters, en particulier plusieurs qui vantentla lutte menée à Notre-Dame-des-Landes,d’autres qui relaient des manifs, des mobi-lisations ; tous les bureaux se font face, lesjournalistes y travaillent derrière des ordi-nateurs, échangent, commentent, partagent.Et dans cet espace collaboratif, la jeunessede l’équipe rédactionnelle (entre 25 et33 ans) est un fait marquant, et forcément unatout. Contrairement à d’autres médias qui

« L’hebdomadaire papier est complété

par [...] des ”hors-séries”

qui permettent de creuser un sujet

complexe et de bénéficier de l’éclairage

d’intellectuels sur la question »

Politis au momentde sa création

tique), Politis met en avant l’échange et letravail collectif, des remparts contre de telsécueils. n

Portrait réalisé par Véronique Ponvert

L’US Mag : Politis a trente ans : n’y a-t-il pas une certaine lassitude à travailler pourle journal ? Quels sont les défis d’un hebdomadaire aujourd’hui ?Denis Sieffert : Il ne peut pas y avoir de lassitude puisque l’équipe a connu un véritablerajeunissement, et une féminisation aussi. Pas de lassitude, non, mais une profondeinquiétude : nous subissons la crise de la presse papier, nous faisons face à de nouveauxcomportements de lecture ; nous misons beaucoup sur le site, mais ce développement estencore récent (depuis 2016) et nous n’avons pas totalement trouvé l’économie de ce fonctionnement. Nous avons des affinités journalistiques avec d’autres médias, Médiapart,Reporterre, Basta, par exemple, il nous est arrivé de travailler ensemble, nous avons beaucoup en commun. Mais notre rythme de parution nous impose une réactivité importante, et nous oblige un peu à un repli sur notre travail propre, sans possibilité demutualisation. Une « maison des médias » est en projet pour 2021, cet espace partagé estune idée intéressante qui ouvre des horizons.L’US Mag : Le périmètre éditorial de Politis a-t-il évolué depuis sa création ?D. S : Il n’a pas évolué, car il est déjà très large ; c’est bien un périmètre, et non une ligne,nous ne sommes pas un mouvement politique. Les conférences de rédaction sont rare-ment des lieux de débats politiques : bien sûr, les valeurs que nous avons en commun sontsous-jacentes, mais les opinions politiques des uns et des autres sont diverses et cela nepose pas de problème majeur. Tous les cas de figure se côtoient : écolo, plutôt soutiende Mélenchon, plutôt critiques, et tous ceux qui ne veulent pas être classés politiquement...L’US Mag : D’autres rubriques, moins politiques, occupent aussi une large place dansle journal, avec des critiques de qualité pour un journal pourtant non spécialisé – lespages culture, notamment – c’est un choix de la rédaction ?D. S : Oui, il y a quelquefois des débats entre nous pour savoir s’il faut chroniquer uneproduction artistique de qualité médiocre, au prétexte qu’on se retrouve dans les idéesqu’elle défend. La réponse est non, elle penche en faveur de la qualité esthétique ou artistique. Politis est un journal engagé mais pas militant, il ne cherche pas à flatter unlectorat ; il n’est pas non plus au service d’un parti politique. Il n’y a pas de censure entrenous, il y a même souvent des dissonnances d’un article, d’une rubrique à l’autre. C’estça Politis, pas de dogme, pas de ligne : et c’est très bien ainsi.L’US Mag : Politis ouvre ses pages chaque semaine sur l’actualité sociale : quel regardportez-vous sur les mouvements sociaux actuels ? Quels sont les leviers pour imposerdes orientations politiques différentes ? D. S : La situation est difficile, le gouvernement passe en force, le Président est dur, auto-ritaire, très brutal. Son projet est clair, il annonce la fin de la politique, c’est un projet mana-gérial, une « start-up nation ». Cela pose une nouvelle fois la question des pouvoirs duPrésident sous la Ve République. Face à cela, la France résiste, mais les mouvements nesont pas assez massifs et ne convergent pas. Il faut continuer, car cette bataille revêt unenjeu colossal. Il faut aussi travailler les alternatives : Politis est membre fondateur d’Attac,et nous nous retrouvons totalement dans cette démarche. Comme disait Marx, noussommes « négateurs », nous disons « non », c’est un point de départ : mais aujourd’hui,la résistance ne suffit pas, il faut aller plus loin et « proposer ». C’est ce que fait Attac,notamment, en avançant des propositions réalistes, portées par des experts, dont lacompétence légitime ces alternatives et les rend crédibles. J’ai retrouvé une démarche simi-laire à NDDL, j’ai participé à des débats aux côtés de pilotes de ligne, d’agriculteurs, d’experts en leur domaine, qui se mobilisent pour apporter une contre-expertise à l’idéo-logie libérale. C’est une démarche identique à celle que nous adoptons à Politis.

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ACTUALITÉ

Comment ne pas y voir, sous couvert d’unenécessaire actualisation, la volonté demettre en conformité les missions des

professeurs principaux avec la réforme dulycée et de l’accès à l’enseignement supérieur,et avec le sort réservé aux psychologues del’Éducation nationale ? La longueur du texte est pour le moins signi-ficative de l’extension des missions. Le pro-fesseur principal « anime les heures de viede classe », « exploite les résultats des testsde positionnement en Seconde », « organisel’élection des délégués de classe en intégrantcet événement dans le cadre de l’EMC »,propose « des temps de concertation avec leséquipes » «  sur l’évaluation des élèves »« afin de limiter les positionnements auto-matisés des applications informatiques desuivi des acquis » (!).

Hiérarchie intermédiairePour résumer, le professeur principal devientune sorte d’intermédiaire entre le chef d’éta-blissement et les équipes, coordonnant le suivides élèves dans et hors temps scolaire, sesubstituant aux psychologues de l’Éducation

nationale, assurant des missions allant bienau-delà du référentiel enseignant.Le SNES-FSU a vivement réagi en dénon-çant le caractère inacceptable du projet ;il a rappelé la notion de volontariat atta-chée à la fonction de professeur principalconformément au décret de 1993 et amontré les incohérences du texte qui entreen contradiction avec des dispositions dudécret de février 2017 concernant les

psychologues de l’Éducation nationale.Le SNES-FSU appelle les collègues quiseraient volontaires pour être professeurs prin-cipaux à la rentrée à refuser tout élargissementdes missions qui conduirait à installer unehiérarchie pédagogique intermédiaire. Il réaf-firme la demande de doublement de l’ISOEafin de prendre en compte l’augmentationglobale de la charge de travail. n

Frédérique Rolet

LYCÉE BLANQUER, GARE AU FAUX DÉPART !Si la question des effectifs reste d’actualité, la réforme du lycée ne s’applique pas à la rentrée.Pas même pour l’accompagnement personnalisé.

Pousser les tables, aller chercher deschaises dans la salle voisine... depuisplusieurs rentrées, les professeurs se

transforment en déménageurs pour accueillirles élèves comme il se doit, chose que l’ins-titution, elle, a toutes les peines du monde àassumer. La scène risque fort de se reproduireen septembre. La cohorte du baby-boom desannées 2000 ne sera plus au lycée mais lapression démographique va rester forte,notamment parce que les moyens sont loind’être à la hauteur, comme le confirme lacampagne sur les effectifs lancée par leSNES-FSU : www.alerte-effectifs.fr.

Retour vers le futurLa réforme du lycée doit entrer en vigueur,si rien n’évolue, à la rentrée 2019. Seule nou-veauté pour septembre 2018, l’existence detests de positionnement, en français et enmathématiques, pour les élèves de Seconde.Mais dans certaines académies, les recteurs(Lyon, Aix-Marseille par exemple) ou les

proviseurs annoncent la mise en place, dèsla rentrée 2018, de l’accompagnement per-sonalisé (AP) sur la base de 54 heuresannuelles, tel que cela est prévu dans le lycéeBlanquer, et non pas sur la base de 72 heuresannuelles, soit 2 heures/classe, comme c’estle cas actuellement. Tout cela au mépris dela répartition de la DGH déjà actée !Cette initiative, pour le moins hasardeuse,n’a aucun fondement réglementaire : aucuntexte relatif à la réforme du lycée n’estencore paru, et quand bien même ce texteexisterait, il ne doit s’appliquer qu’à la ren-trée 2019. Il convient donc de ne pas se lais-ser abuser par l’imagination toujours fertilede l’administration dès lors qu’il est questionde déréglementation. En cas de problème,rapprochez-vous de votre section acadé-mique. L’année 2018-2019 sera une annéeblanche, propice à la poursuite de l’infor-mation et de la mobilisation pour une autreréforme du lycée. n

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PROF PRINCIPAL OU « PETIT CHEF » ?Le ministère a récemment présenté aux organisations syndicales un projet de circulairesur le rôle du professeur principal dans les collèges et les lycées.

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 9

Les enseignants de français, EMC, mathé-matiques, SVT, sciences physiques ontmis en œuvre les programmes du collège

sur les quatre niveaux à la rentrée 2016 (2015pour l’EMC). Le ministère veut imposer desaménagements de programmes à la rentrée2018 de la Sixième à la Troisième.

Disruption intempestiveIl n’est pas acceptable que l’ensemble desniveaux soit modifié dès la rentrée prochaine,et, pour certaines disciplines, que les col-lègues aient à revoir leurs cours d’ici sep-tembre, alors qu’ils ont déjà élaboré diffici-lement la répartition des contenus sur lescycles en 2016.Pour certaines disciplines, il s’agit de modi-fications profondes concernant l’esprit ou lafinalité des programmes (voir ci-contre), quin’ont été débattues nulle part.

Sans préjuger de la qualité des modificationsde programmes qui seront adoptées – leConseil supérieur de l’éducation (CSE) étantprévu le 12 juillet –, ce calendrier de miseen œuvre n’est pas acceptable. Le SNES-FSU demande d’ores et déjà qu’aucune modi-fication ne soit mise en place avant la rentrée2019. Il proposera des amendements lors duCSE en ce sens, ainsi que sur les « adaptationset clarifications » de contenus, et informerales collègues.

GEPP... haletants !Concernant le lycée, les Groupes d’élabo-ration des projets de programmes (GEPP)ont commencé à travailler au sein du CSP.Pour l’instant, il n’y a aucune transparencesur leur composition, pas plus que sur leursaxes de travail et de réflexion. Les inspec-teurs généraux, enseignants du supérieur et

des lycées qui sont notamment censés lescomposer, doivent rendre leur copie enoctobre pour les programmes de Seconde etPremière. Leur application est prévue pourla rentrée 2019. Pour la Terminale, il s’agiraitde la rentrée 2020.Quelle qualité attendre de programmesconstruits dans cette urgence dans le contexted’une réforme du lycée et de l’orientation quin’articule pas les enseignements entre eux ?Le SNES-FSU exige que le ministère consultelargement les enseignants sur ces projets deprogrammes. Il organisera quant à lui sa propreconsultation. n

Sandrine Charrier

NOUVEAUX PROGRAMMES SAISON 2Aménagements de certains programmes du collège pour la rentrée prochaine, écriture de nouveauxprogrammes du lycée pour octobre 2018 : le Conseil supérieur des programmes (CSP) a entamé aupas de charge le chantier de la réécriture des programmes...

DERNIÈRE MINUTELes projets de programmes d’EMCmis en ligne par le CSP remettenten cause la pluralité des pratiquespédagogiques avec une grande insis-tance sur la trace écrite. L’esprit cri-tique semble relégué au second planau profit de l’apprentissage desvaleurs de la République. Quant auprogramme de français, il ne sauraitêtre question que l’étude de la languerenvoie à une conception de la gram-maire d’avant les années 1970. Pourl’heure, aucun repère de progressi-vité annuel n’est indiqué pour lesmathématiques. Le SNES-FSU inter-viendra pour faire évoluer les projetsdès la commission spécialisée du4 juillet.

LETTRES CLASSIQUES : LA CERTIFICATION N’EST PAS LA SOLUTION !Les professeurs de lettres modernes, philosophie, histoire-géographie et langues vivantes reçoivent actuellementles notes d’organisation rectorales précisant les modalités de la session 2018 pour la certification complémentaireen langues et cultures de l’antiquité.Pour assurer la promotion de cette certification, un vademecumde 28 pages a été mis en ligne sur Eduscol, précisant notammentles diplômes nécessaires pour passer cette certification :http://cache.media.eduscol.education.fr/file/LCA/34/3/Vademecum_LCA_962343.pdf.Les difficultés de recrutement en lettres classiques sont avérées,mais le SNES-FSU considère que renouveler le vivier d’élèves,d’étudiants et – à terme – de professeurs, passe notamment parune politique plus volontariste sur le plan des moyens et de l’offred’enseignement proposée. La politique engagée avec la certificationcomplémentaire risque de conduire de nouveau à la disparition de nombreux postes de lettres classiques, en particulierdans les collèges alors même que l’horaire d’enseignement, amputé avec la réforme de 2016, a considérablementfragilisé la discipline. Sonia Mollet

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CAP : ENTÊTEMENTLe ministère de la Fonction publique a réuni un nouveau groupe de travail sur l’évolution du rôledes commissions administratives paritaires (CAP). Impossible d’être plus sourd et aveugle que cela !

Le document qui a été remis aux organi-sations syndicales en amont de la réunionreprend exactement les objectifs que le

ministère de la Fonction publique s’est lui-même fixés initialement : vider de leur sub-stance les CAP et réduire au silence les élusdes personnels. Toutes les organisations syn-dicales présentes ont rappelé leur oppositionà un tel projet.

Défendre l’intérêt des collèguesLes CAP sont, aujourd’hui, le lieu où les élusdes personnels défendent les situations indi-viduelles et collectives. Grâce à l’action desélus du SNES-FSU (majoritaires dans laquasi-totalité des CAP), combien de collèguesont pu, par exemple, voir reconnaître leursituation personnelle lors du mouvement, êtredéfendus efficacement lors de contestationsd’évaluation ou voir reconnue une situationde pression managériale ? La volonté du gou-vernement de contourner les élus correspondà un projet autoritaire ; c’est le principe dufonctionnaire citoyen, issu de la Libération,qui est attaqué. Il s’agit de donner davantagede marge de manœuvre aux « managers »locaux : s’il n’y a plus de CAPA pour vérifierles actes de gestion, c’est un pouvoir qui peut

être donné par exemple au chef d’établisse-ment pour recruter les professeurs, CPE, Psy-ÉN. C’est la porte ouverte à l’arbitraire.Le SNES et la FSU demandent une nouvellefois et solennellement au gouvernement derevenir sur son projet et exigent la poursuitedes discussions sur d’autres bases permettantd’améliorer réellement le fonctionnement duparitarisme, des CAP et des CHSCT. La par-ticipation massive des personnels aux élections

professionnelles de décembre 2018 doit êtreun signe pour montrer au gouvernement leurattachement au travail de leurs élus. Dansl’immédiat, le SNES-FSU appelle les per-sonnels à signer et à faire massivement signerla pétition pour défendre les CAP, les CHSCTet leurs droits : http://www.fsu.fr/Petition-pour-le-respect-de-nos-droits-PAS-TOUCHE-AUX-CAP-ET-CHSCT.html. n

Xavier Marand

LA LUTTE DES PLACESGelée pendant les épreuves du bac, la plateforme d’affectation dans l’enseignement supérieurse complexifie encore à la réouverture. Délais de réponse raccourcis, phase complémentaire quise superpose à la principale, le dispositif se veut plus dynamique, mais peine en réalité à épongerles listes d’attente… faute de places.

Au 26 juin, 130 000 candidats avaienttous leurs vœux en attente et plus de30 000 étaient partout refusés. Parmi

eux, seuls 7 500 ont saisi une Commissionacadémique d’accès à l’enseignement supé-rieur (CAAES). Il faut dire que ces commis-sions n’ont pas grand-chose à proposer auxrecalés car pour l’instant, lesplaces vacantes sont très peunombreuses, tout le dispositifétant grippé par des listes d’at-tente à rallonge. Des injonctionsà ne pas conserver de vœux enattente en cas de propositionpositive sont faites aux élèves.Les établissements sont incitésà accentuer le « surbooking ».Malgré cela, la situation nepourra significativement sedébloquer qu’après les résultatsdu bac.

Omniprésente dans les médias, la ministrede l’Enseignement supérieur tient toujoursles mêmes propos lénifiants, appelant à lapatience. Un comité de suivi est désormaischargé d'évaluer les conditions de mise enœuvre et les effets de la loi « Orientation etréussite des étudiants », juxtaposé au comité

scientifique et éthique de Parcoursup, installéen février dernier. Tout serait donc souscontrôle.

Le jeu du privéEn réalité, on assiste aux conséquences pré-visibles de la non-hiérarchisation des vœuxdont le ministère refuse de discuter le prin-cipe. La mécanique d’exclusion et de discri-mination fonctionne à plein, et dans ce jeude mise en concurrence, les formations pri-vées remportent la mise. Dans l’académiede Nantes, sur les 52 formations proposéesen phase complémentaire, seules 19 étaientpubliques. Et ce ne sont pas les classes d’at-tente, pompeusement appelées « prépasBTS » créées en urgence dans certaines aca-démies, pour l’instant sans cadre ni contenus,qui pourront offrir aux jeunes les perspectivesd’une orientation choisie. n

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 11

RÉFORME DU BAC DÉJOUERLES PIÈGES !« La réforme simplifie l'examen, qui est devenu trop complexe », affirmait le ministre dans la présentationde son projet en février dernier, une complexité qui en « fragilise l’organisation » poursuivait-il.La communication gouvernementale sur les réformes du bac et du lycée se saisit maintenant de lapériode du baccalauréat pour plier l’événement à une démonstration qui vise à déminer les critiquessur les réformes à venir et à en masquer les enjeux réels.

numériques et la dématérialisation accrue desépreuves. Peut-être faut-il entendre de cettemanière la volonté ministérielle de passer àune forme d’industrialisation (sic) de la concep-tion de sujets pour alimenter des banques numé-riques dans lesquelles les enseignants devrontobligatoirement puiser ?En tout état de cause, si le ministère estimeque le bac actuel « pèse lourdement sur la viedes lycées », on voit mal comment l’organi-sation pourrait en être allégée quand chaqueétablissement devra mettre en place une sessiond’examen tous les trois mois !

Impossible égalité de traitementQualifier de garantie d’anonymat un protocoled’échange local de copies relève de l’escroquerie.Aucune banque de sujets, si bien faite soit-elle,ne pourra compenser le poids de l’arbitraire,engendré par le principe de l’organisation localede l’examen. Quelle que soit la configurationchoisie, variable d’un lycée à l’autre, cela nepeut créer les conditions suffisantes de neutralité

pour tendre vers une égalité de traitement entreles candidats. Ce n’est en rien comparable àl’organisation d’épreuves finales avec jury ano-nyme, mixage des copies de tous les lycées, etsujet national. Cela suffit à donner prise aux répu-tations des établissements dans la valeur queles formations de l’enseignement supérieuraccorderont au baccalauréat.À moins que l’objectif ultime de cet échafau-dage de réformes, du lycée à l’enseignementsupérieur, ne soit d’étouffer à terme le premiergrade universitaire sous le poids d’injonctionsbureaucratiques, parfois contradictoires, etd’achever le projet d’un continuum de parcoursindividuels, où le bac deviendrait sans objet,donc obsolète.Pour contrer ces discours délétères, pour expli-citer les menaces qui se cachent sous ce projetde réforme – et sous la réforme du lycée, pluslargement – le SNES-FSU a mis en ligne surson site huit « fiches désintox ». À consulter,à diffuser, à afficher sans modération ! n

Claire Guéville

LE BAC, UN EXAMEN NATIONAL À ABATTRELe think-tank social-libéral Terra Nova vient de publier un nouveau rapport, dans lequel lesauteurs se désespèrent d’un projet de réforme encore trop éloigné du diplôme d’établissement.Affichant un mépris explicite à l’égard de l’actuel diplôme, qualifié de « rite » de la « dramaturgiescolaire » et de «  fétiche », il prône une organisation purement locale de l’examen en affirmantde façon péremptoire que «  le contrôle continu peut, à la marge, s’adapter aux publics des éta-blissements et faciliter la réussite pour les élèves des lycées plus fragiles. Les mêmes épreuvespour tous conduiraient ces établissements à afficher des résultats moins bons pour leurs élèveset ceux-ci, de fait, auraient moins de possibilités dans Parcoursup  ». Pourtant, un rapport duCNESCO de 2016 démontre exactement le contraire. En réalité, des épreuves nationales, identiquespour tous les élèves, sont des garanties pour assurer le progrès de tous les élèves, surtout lesplus fragiles, car cela oblige à la même exigence partout sur le territoire.

Pendant que les 753 148 candidats planchentsur les épreuves du bac, le ministère déroulele discours de la complexité de l’opération

en accumulant les chiffres. 2 900 sujets, 174 000correcteurs et examinateurs, 4 millions de copiesà corriger, 5 euros par copie, 9,60 euros del’heure pour l’interrogation orale... Tout devraitconcourir à démontrer que l’examen nationalest une charge plutôt qu’un investissement, afinde promouvoir une réforme affichée commesimplificatrice et moins coûteuse.

Choc de complexificationDans le projet de réforme du baccalauréat,30 % de la note finale reposerait sur trois sériesd’épreuves communes de contrôle continu,organisées en Première (deux sessions) et enTerminale (une session). Celles-ci porteraientsur les disciplines de tronc commun (sauf fran-çais et philosophie ; l’enseignement scientifiquene serait évalué qu’une seule fois, en Première),et la spécialité abandonnée en fin de Première(une seule fois). Elles seraient organisées àl’échelle de chaque établissement, avec unanonymat des copies réduit à des échangesentre correcteurs du lycée ou éventuellementdu bassin. Les sujets seraient choisis par chaqueéquipe, dans chaque lycée, au sein d’unebanque nationale de sujets. Les évaluationsseraient harmonisées académiquement. Celaaboutirait à un très grand nombre d’épreuvesà passer pour les élèves, et à organiser pourles lycées. On peut dénombrer de dix-huit àvingt-trois épreuves communes, en fonctionde la nature des épreuves, sans compter l’EPS(en CCF) et les épreuves terminales. On voitdéjà poindre la tentation de modes d’évaluationstandardisés avec le développement des outils

LE BAC BLANQUER : L’ÉVALUATION PERMANENTE (30 ÉPREUVES MINIMUM SUR DEUX ANNÉES)

NOVEMBRE/DÉCEMBRE JANVIER FÉVRIER/MARS AVRIL JUIN

DE LA PREMIÈRE... Épreuves communesSession 1 HG, LV1, LV2, EPS

Seconde série« d’épreuves blanches »

Épreuves communesSession 2 (HG, LV1, LV2, EPS)➔ + Enseignement scientifique

abandonné en Terminale

Épreuves finales anticipées➔ Français écrit➔ Français oral

Première série« d’épreuves blanches »

... À LA TERMINALE Épreuves communesSession 3 HG, LV1, LV2, EPS

« Épreuves finalesblanches »

Prépa. dugrand oral

Épreuves finales :➔ Spécialité 1➔ Spécialité 2

Épreuves finales :➔ Philosophie➔ Grand oral

Troisième série« d’épreuves blanches »

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LES CONTRACTUELS : L’AVENIR DELA FONCTION PUBLIQUE ?Plus d’un million de personnels de la Fonction publique ne sont pas titulaires, soit 20 % de l’emploipublic. Ce qui devrait être l’exception, le recrutement de contractuels pour des besoins ponctuels etspécifiques, devient la norme.

Aujourd’hui, sans les contractuels, les ser-vices publics ne fonctionneraient toutsimplement pas, ces personnels font

preuve d’engagement alors qu’ils sont biensouvent maintenus dans une précarité inac-ceptable. Mais pour le gouvernement, unemploi sur cinq, ce n’est pas encore assez.Donnant en exemple la structure duale desfonctions publiques d’autres pays européens(50 % de titulaires et 50 % de contractuelspar exemple en Espagne ou en Allemagne,emploi de fonctionnaires uniquement sur lesmissions dites régaliennes en Italie), il veutengager en France un vaste plan de contrac-tualisation. Pour les personnels actuellementdans cette situation, cela signifierait un enfer-mement à vie dans la précarité, sans perspec-tive de titularisation. À plus long terme, c’estle recrutement par concours et l’existencemême du statut qui sont menacés.

De prétendues avancéespour défaire le statutDans l’immédiat, c’est par amendement auprojet de loi Pénicaud que le gouvernement aétendu la possibilité de recourir au contrat surles emplois de direction. Il s’agit d’étendredans la territoriale et à l’État une possibilitéqui existe déjà dans les collectivités les plusimportantes. Bien souvent, il s’agit pour lesrecrutés de pouvoir prétendre à une rémuné-ration meilleure que s’ils étaient sous statut ;pour l’employeur, c’est l’assurance d’un chefde service « fidèle » et dont on peut se séparerrapidement. C’est une digue de plus qui sautequand on sait qu’aujourd’hui le statut est aussi

une forme de protection contre le clientélismeet la prévarication. C’est aussi la possibilitéde nommer un secrétaire général d’académievenant du privé pour introduire de « nouveaux »modes de gestion des personnels, et peut-êtredemain, de faire appel à tel entrepreneur localpour prendre quelques mois la direction d’uncollège ou d’un lycée… tout un programme !Le gouvernement a ensuite annoncé la créationd’un « contrat de mission » sur le modèle du« contrat de chantier » créé dans le privé parles ordonnances réformant le code du travail.Aucune précision n’a été donnée sur ce dis-positif mais on mesure déjà l’insécurité sup-plémentaire qu’il pourrait introduire. Enfin legouvernement entend allonger la durée pos-sible de certains contrats et élargir les primo-recrutements en CDI (contrats à durée indé-terminée). La mesure pourrait presque séduirepar l’élément de sécurité qu’elle apporte, maison découvre bien vite que, là encore, telle

n’est pas l’intention du gouvernement. Eneffet, cela ne saurait être une avancée pourles personnels qui réclament la création d’uncorps, à l’exemple des AESH (accompagnantsdes élèves en situation de handicap). Parailleurs, il faudrait alors revoir les conditionsde rupture des contrats à l’initiative de l’agent.Enfin, pour les professeurs, CPE et Psy-ÉN,proposer des contrats de cinq ans pourrait per-mettre de mettre les étudiants devant un faux« choix » entre passer les concours et obtenirla sécurisation liée au statut mais aussi l’obli-gation d’accepter le poste attribué, ou alorspasser par la précarité avec la possibilité derester dans une zone géographique... À écouter le gouvernement, le statut n’estque rigidités et contraintes excessives sur lesemployeurs publics. À l’inverse, le SNES-FSU considère que le statut de la Fonctionpublique est gage de services de qualité. n

Benoît Teste

COLLÈGES ET LYCÉES RECRUTENT DE PLUS EN PLUS DE CONTRACTUELSUne note d’information de la DEPP de juin 2018 montre de nouveau unecroissance très forte du nombre de non-titulaires dans l’Éducationnationale, en particulier dans le second degré. 61 670 enseignantscontractuels sont dénombrés en 2016-2017. Après une hausse moyenneannuelle de 4,4 % par an sur la période 2012-2015, l’année 2015-2016a vu une hausse de 10,2 % de leurs effectifs. Le graphique ci-contremontre que cette croissance, quasi exponentielle, est beaucoup plusimportante que celle des titulaires, traduction de la difficulté desconcours à faire le plein de candidats alors que le quinquennat Hollandea été marqué par des créations de postes.Du côté des non-enseignants, les effectifs de non-titulaires sont aussien augmentation, principalement du fait de la hausse du nombre d’AESH– Accompagnants des élèves en situation de handicap –, qui attendenttoujours la création d’un corps de la Fonction publique. Au total, AEDet AESH représentent 105 033 personnels.

Évolution des effectifs de personnels, hors assistants d’éducation et apprentis (en moyenne annuelle)

Source : MEN-MESRI-DEPP, base « Bulletins de salaire », décembre 2012, 2015 et 2016. Réf. : Note d’information, n° 18.12. © DEPP

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 13

RENDEZ-VOUS SALARIAL... MANQUÉDès son arrivée au pouvoir, le gouvernement a décidé un tour de vis sur les rémunérations desfonctionnaires : gel de la valeur du point d’indice en 2018, rétablissement du jour de carence, reportd’un an des mesures issues du protocole PPCR, augmentation du taux de la CSG sans compensationintégrale… Particulièrement attendu, le rendez-vous salarial du 18 juin n’a débouché sur aucunemesure salariale globale pour améliorer le pouvoir d’achat.

Après avoir largement contribué à ceque ce rendez-vous soit avancé, la FSUa exigé des mesures générales et immé-

diates, passant par la revalorisation de lavaleur du point d’indice. Arguant que lecoût collectif est important, le secrétaired’État auprès du ministre de l’Action et desComptes publics, Olivier Dussopt, n’a passatisfait cette revendication. Cette décisionva encore pénaliser les personnels et accen-tuer le décrochage de salaires entre le secteurprivé et la Fonction publique.

Quelques annonces à portée limitéeÀ la sortie de ce rendez-vous, seulesquelques mesures de portée limitée ont étéproposées. L’exécutif a ainsi annoncé lareprise des mesures PPCR au 1er janvier2019 et la reconduction de la GIPA (Garan-tie individuelle de pouvoir d’achat) en 2018,indemnité censée compenser l’écart d’évo-lution du traitement indiciaire brut par rap-port à l’inflation sur les quatre dernièresannées. Autres annonces : la revalorisationdes frais de mission, notamment avec l’aug-mentation des taux de nuitée. Aucune avan-cée significative donc, pour compenser lespertes subies ces dernières années.

Le retour du «  salaire au mérite  » ?Le gouvernement a renvoyé le sujet des rému-nérations à une autre concertation, lancée enavril dernier, en vue de réformer le cadre sta-tutaire des agents publics. Une « concertation »

dans le cadre de laquelle est actuellement évo-quée la meilleure prise en compte du méritedans la rémunération... Pour la FSU, renforcerla part du mérite dans la rémunération relèved’une notion subjective et variable selon lestemps, les lieux, les hiérarchies... Elle nie lesrelations professionnelles dans un même col-lectif de travail et dessert l’intérêt communqui est au cœur des missions des personnelsde la Fonction publique. Un nouveau rendez-vous est prévu enoctobre prochain mais le gouvernement ad’ores et déjà fermé la porte à toute revalo-

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Cette revalorisation est déjà décidée et déjà entrée en grande partieen application. La somme correspond à un calcul non communiqué dans

le détail de la moyenne des gains cumulés issus du déroulement des nouvelles carrières comparésavec le déroulement prévalant avant l’entrée en application de PPCR, donc avant 2017, en incluantles revalorisations indiciaires, les effets de la création des nouveaux échelons et de la classeexceptionnelle.Le gouvernement se prévaut donc d’une revalorisation décidée et mise en œuvre en grande partieavant son arrivée. Pire, une des premières mesures qu’il avait prise était le gel d’un an de sa montéeen charge. Surtout, l’ambiguïté de la formulation peut laisser penser que vient d’être décidée une reva-lorisation des professeurs alors que c’est précisément le contraire qui est fait. Dans l’opinion, le mal quepeut faire ce genre de communication est immense. Qu’au moins le gouvernement assume de baisser les salaires des enseignants,CPE et Psy-ÉN, pourtant parmi les plus bas des pays de l’OCDE, et arrête de jouer avec des artifices de communication qui, à ceniveau-là, relèvent du mensonge.

FAUX !

risation de la valeur du point d’indice, reven-dication pourtant unanime des organisationssyndicales. Les salaires des personnels dela Fonction publique ne sont pas une chargequ’on peut impunément raboter. Commetous les salariés, i ls produisent desrichesses et ont droit à une juste rémunéra-tion en retour. Le SNES et la FSU exigentune véritable négociation salariale qui abou-tisse à une réelle reconnaissance du travailet des missions des personnels par une aug-mentation du pouvoir d’achat et une reva-lorisation des carrières. n B. T.

DÉSINTOX«  Les certifiés auront une augmentation de 1 300 euros bruts annuels. »

Olivier Dussopt, à l’issue du rendez-vous salarial du 18 juin

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L A D I R E C T I O N N A T I O N A L E D U S N E S - F S U 2 0 1 8 - 2 0 2 1Du 15 mai au 6 juin 2018, les adhérent-e-s

du SNES-FSU ont, dans un vote individuel

à bulletin secret, élu la nouvelle direction

nationale du syndicat pour le prochain

mandat qui — c’est une nouveauté induite

par les modifications statutaires adoptées

au congrès de Grenoble en 2016 — sera de

trois ans. De très nombreuses sections SNES-FSU d’établis-

sement ont organisé le vote.

Merci aux centaines de militant-e-s qui ont ainsi fait vivre la

démocratie syndicale.

Quatre listes étaient candidates : Unité et action, École éman-

cipée, Unité revendication indépendance syndicale, Émanci-

pation. Les résultats validés le 26 juin 2016 par la Commission

administrative nationale (CAN) sortante sont publiés ci-dessous.

En accordant 77,5 % à la liste Unité et action, les syndiqué-e-s

ont très majoritairement confirmé leur confiance aux mili-

tant-e-s et à l’orientation Unité et action, qui dirige le SNES-

FSU, dans un scrutin marqué par un taux de participation

qui a cessé de diminuer, reprenant près d’un demi-point

sans atteindre celui de 2014.

La liste Unité et action enregistre une légère

baisse de 0,3 point. Elle obtient 60 sièges à

la CAN (+ 1).

La liste École émancipée obtient 16,7 %

(— 0,2 point) et 12 sièges à la CAN (— 1 par

rapport à 2016). La liste Unité revendications

indépendance syndicale est quasi stable à

2,44 % (— 0,1 point par rapport à 2016) et conserve son siège.

La liste Émancipation obtient 3,34 % (+ 0,5 point) et conserve

ses deux sièges à la CAN.

La répartition des sièges à la CAN du SNES-FSU, ainsi qu’au

Bureau national, s’effectue selon la règle de la proportionnelle

à la plus forte moyenne (cf. tableaux). La CAN compte 75 élus

titulaires et 75 élus suppléants, dont les secrétaires de caté-

gories. Le Bureau national est composé de 25 titulaires et

25 suppléants.

La nouvelle CAN, réunie les 26 et 27 juin 2018, a élu le Bureau

national, les secrétaires généraux, les trésoriers et secrétaire

administratif ainsi que le secrétariat national. Vous trouverez

ci-après la composition des différentes instances. n

Jacques Lacroix

Tou-te-s les candidat-e-s Unité et action ayant recueilli la majorité absolue des suffrages, ont été déclaré-e-s élu-e-s.

Vote d’orientation

2018 2016 2014

Voix % Voix % Voix %

Inscrits 56 502 57 325 58 634

Votants 19 299 19 197 33,49 22 239 37,93

Blancs et nuls 895 915 1 157

Exprimés 18 404 18 282 21 082

Liste Unité & Action 14 267 14 222 77,8 16 256 77,1

Liste École Émancipée 3 073 3 085 16,9 3 529 16,7

Liste Unité Revendications Indépendance Syndicale 449 463 2,5 727 3,4

Liste Émancipation 615 512 2,8 570 2,7

Répartition des sièges

CA Bureau nationale national

Liste Unité et Action 60 (+ 1) 21 (=)

Liste École Émancipée 12 (— 1) 4 (=)

Liste Unité Revendications Indépendance Syndicale

1 (=) 0 (=)

Liste Émancipation 2 (=) 0 (=)

Voix obtenues par les candidat-e-s aux secrétariats de catégorie

Liste Unité

Vote de catégories Liste Liste Revendications Liste

Exprimés

Unité et Action École Émancipée Indépendance Émancipation Syndicale

Agrégé-e-s 2 903 2 137 585 64 117

Certifié-e-s AE PEGC 9 459 7 153 1 763 265 278

Non-titulaires 320 285 35

CPE 547 418 118 11

Étudiant-e-s-surveillant-e-s 101 57 26 18

Psy-ÉN 234 198 36

Retraité-e-s 3 761 3 283 338 62 78

Résultats du vote des adhérents pour la Commission administrative nationale

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La CAN du 27 juin a éluLe bureau nationalLISTE UNITÉ ET ACTION – UA (21 sièges)TitulairesROLET Frédérique ; TESTE Benoît ; SIPA -HIMALANI Valérie ; MARAND Xavier ;ANANOU Thierry ; BARBILLAT Christophe ;CHARRIER Sandrine ; CORONAT David ;DEVERNE Odile ; GUEVILLE Claire ;LEGRAND Anne-Sophie ; LE PAIH Gwenaël ;LOGOTHETIS Mathieu ; MERAL Jean-Pascal ;MOREAU Hervé ; PFEIFFER Joanna ; SARRASIN Aurélia ; SECHET Emmanuel ;SOLDAT Patrick ; STAELEN Erik ; VENÉ-TITAY Sophie.Suppléant-e-sBAFFERT Corinne ; BILATTE Alain ; BOIS-SEL Véronique ; CAHOUET Marylène ; CLA-VEAU Fabien ; CORDELIER Odile ; DEN-JEAN-DAGA Florence ; DURIEZ Géraldine ;ESPINASSE Magali ; FAIVRE Mélanie ;FRACKOWIAK Gregory ; HARVIER Jean-Michel ; KRANTZ Nadine ; LACROIXJacques ; LAGACHE Mathilde ; LEIRITZ Matthieu ; MEYSSONNIER Thierry ; RAL-LUY Olivier ; REYGADES Thierry ; ROSSETLudivine ; TRAMONI Laurent.LISTE ÉCOLE ÉMANCIPÉE (4 sièges)TitulairesAKIELEWIEZ Agnès ; CORMIER Aman -dine ; LEFÈVRE Clément ; HAYE Marie.Suppléant-e-sGENTNER Romain ; DE SAN MATEO Ghis-laine ; ROLLIN Marc ; VILBOIS Yves.

Le secrétariat nationalLa CAN a également procédé à l’élection dusecrétariat national composé du secrétariatgénéral, des responsables de secteurs et desreprésentant-e-s de l’École émancipée.Il est composé de : Frédérique ROLET ; BenoîtTESTE ; Valérie SIPAHIMALANI ; XavierMARAND ; Thierry ANANOU ; ChristopheBARBILLAT ; Alain BILATTE ; MarylèneCAHOUET ; Sandrine CHARRIER ; OdileCORDELIER ; David CORONAT ; GregoryFRACKOWIAK ; Claire GUEVILLE ; Jean-Michel HARVIER ; Jacques LACROIX ; Anne-Sophie LEGRAND ; Matthieu LEIRITZ ;Thierry MEYSSONNIER ; Hervé MOREAU ;Thierry REYGADES ; Aurélia SARRASIN ;Emmanuel SECHET ; Patrick SOLDAT ; ErikSTAELEN.École émancipéeClément LEFEVRE ; Mary HAYE.

Le secrétariat général

Les secrétaires généraux adjoints

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VALÉRIESIPAHIMALANIAgrégée de SVT,enseigne au lycéeJules-Ferry à Paris

XAVIER MARANDCertifié de mathématiques,

enseigne au lycée Buffon à Paris

BENOÎT TESTEAgrégé d’histoire-géographie,

enseigne au lycée Colbertà Lyon (Rhône)

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Secrétaire généraleFRÉDÉRIQUE ROLETAgrégée de lettres classiques, enseigne au collège Lavoisier à Lambersart (Nord).Elle est la porte-parole du SNES-FSU et chargée des contacts avec le ministre.

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DAVID SYLVIE JACQUES CORONAT DEVIENNE LACROIX

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Trésorièreadjointe

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Trésorier adjointet secrétaireadministratif

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Liste UNITÉ ET ACTION - UA (60 sièges)TitulairesROLET Frédérique ; TESTE Benoît ; SIPAHIMALANI Valérie ;MARAND Xavier ; VENETITAY Sophie ; LE PAIH Gwénaël ;ROSSET Ludivine ; LOGOTHETIS Mathieu ; DEVERNE Odile ;MERAL Jean-Pascal ; BAFFERT Corinne ; TRAMONI Laurent ;SARRASIN Aurélia ; SECHET Emmanuel ; GUEVILLE Claire ;BARBILLAT Christophe ; ESPINASSE Magali ; HUMEAU Ber-trand ; CHARRIER Sandrine ; PRIOURET Pierre ; LEGRANDAnne Sophie ; MOREAU Hervé ; CAHOUET Marylène ; STAELENErick ; BOISSEL Véronique ; HENRY Bruno ; DURIEZ Géraldine ;SOLDAT Patrick ; CORDELIER Odile ; HERVOUET Nelly ; COR-REZE Marianne ; MEYSSONNIER Thierry ; PFEIFFER Joanna ;CLEMENT Sandrine ; FAIVRE Laetitia ; BILLATE Alain ;KRANTZ Nadine ; CLAVEAU Fabien ; FERET Claire-Marie ;LACROIX Jacques ; PETER Elise ; FRACKOWIAK Gregory ;FAIVRE Nathalie ; LANGOUREAU-MOREL Fabienne ; ANA-NOU Thierry ; CORONAT David ; RALUY Olivier ; PETIT Alice ;ALBERT Valentin ; MARIINI Emmanuelle ; BERNARD Philippe ;LIZE Carole ; RODRIGUES Victor ; VERTALE LORIOT Valérie ;VELIN Christian ; REYGADES Thierry ; ROCHAT Paul-Henri ;HARVIER Jean-Michel ; BELLIN Fabienne ; LEIRITZ Matthieu.Suppléant-e-sLUIS Julien ; TARDY Antoine ; CLAIR Émilie ; LECOINTE Fran-çois ; GALAN Alain ; VERNET Séverine ; DEGOS-CARREREMonique ; DENJEAN-DAGA Florence ; CAREMEL Jean-François ;LALYS Frédérique ; BONVALET-YOUNES Rindala ; MARTINMélody ; BAILLE Pauline ; HERAUD Alain ; REMAUD Jeoffrey-Gaylor ; ADELL Jérôme ; BLANCHARD Marie-Laure ; FAIVREMélanie ; CAMPAIN Jessica ; LEFEBVRE Yannick ; LELARGEOlivier ; VOIRIN André ; LAGACHE Mathilde ; MACE Clarisse ;BOUCHART Georges ; PENAVAIRE Frédérique ; MARCATIStéphane ; EL KHIARI Hamda ; VALCKE Ketty ; PAYS Virginie ;HART-HUTASSE Amélie ; DEVIENNE Sylvie ; HILL Xavier ;LEBRUN Patrick ; ARNOUX Patrice ; DELPORTE Annie ; ROUS-SEAU Emmanuel ; HENNETIER Marc ; RALLET Daniel ;SIGRIST Arnaud ; GIRARDIN Christophe ; LE CAM Daniel ;BOCZKOWSKI Eric ; FLAMAND Laure ; EHRARD Catherine ;CLEMENT Fabian ; LOSTETTE Henri ; DEBAECKER Virginie ;FRINGUE Camille ; GAUDION Gilles ; BEN HADDOU Laïdi ;MARCELLESI Nathalie ; DEBACQ Ludivine ; OLIVAIN Michèle ;SALMON Sébastien ; JOLY Anne ; SENTEX Fabienne ; BRIS-SAIRE Thomas ; VOLLONDAT Célia ; GENESTE Laure.

Liste ÉMANCIPATION (2 sièges)Titulaires : JOUSMET Raymond ; PREVOT Karine.Suppléant-e-s : DAUPHINE Quentin ; LORET DE CROIX Gaëtane.

LES SECRÉTAIRES DE CATÉGORIELes candidats aux secrétariats de catégorie, présentés par Unité et action,ayant recueilli la majorité des suffrages exprimés, ont été déclarés éluset sont de ce fait membres de la CAN.AgrégésTitulaire : BOISSEL Véronique – Suppléant : VOIRIN AndréCertifiés-AE-PEGCTitulaire : BARBILLAT Christophe – Suppléante : CAMPAIN JessicaNon-titulairesTitulaire : KRANTZ Nadine – Suppléant : MARCATI StéphaneCPETitulaire : RALUY Olivier – Suppléante : MACE ClarissePsy-ÉN et D.CIOTitulaire : DURIEZ Géraldine – Suppléante : PENA VAIRE FrédériqueRetraitésTitulaire : CAHOUET Marylène – Suppléant : BOUCHART GeorgesÉtudiants-surveillantsTitulaire : ALBERT Valentin – Suppléante : LAGACHE Mathilde

Liste ÉCOLE ÉMANCIPÉE (12 sièges)Titulaires : LEFEVRE Clément ; HAYE Marie ; AKIELEWIEZ Agnès ;CORMIER Amandine ; ROLLIN Marc ; DE SAN MATEO Ghislaine ;GENTNER Romain ; VILBOIS Yves ; PERROT Juliette ; SIAUDEAUJulie ; GIROMINI Raphael ; LEFEVRE Lucie.Suppléant-e-s : VERDON Nicolas ; LEPOAN Françoise ; SPRIN GERNicolas ; MASSELIN Marina ; DECHA Michel ; BERGIA Rozenn ;GIRIER Stéphane ; SCHMITT Julie ; BESNARD Damien ; DESCHEPPER Amélie ; PERILLAT Marie-Cécile ; PONTOIZEAU Nolwenn.

Liste UNITÉ REVENDICATIONS INDÉPENDANCESYNDICALE (1 siège)

Titulaire : MIGNOT Yacha.Suppléante : TOURNEUR Carine.

La Commission administrative nationale 2018-2021

Comment est élue la CAN ?Tous les trois ans désormais, les syndiqués

sont appelés à élire la direction de leur syn-dicat, tant au niveau national qu’académique etdépartemental.Tous ces votes internes sont organisés sous laresponsabilité de chaque section d’établissement(S1) qui a l’entière maîtrise du déroulement desopérations électorales et en organise le dépouil-lement. Les résultats établis par la commissionde dépouillement du S1 sont transmis à la sectionacadémique (S3). La commission académiquede dépouillement vérifie la régularité des opé-rations électorales : liste d’émargement des

votants, concordance entre la liste électorale etcelle des adhérents à jour de leur cotisationdans la section, etc.Chaque commission académique de dépouille-ment, qui comprend en principe des représentantsde chaque liste candidate, totalise les résultatstransmis par les S1 après avoir procédé aux véri-fications. Elle arrête le résultat dans l’académiepour la CAN (orientation et vote de catégorie).La CAN proclame le résultat national après quela commission nationale de dépouillement aeffectué les mêmes vérifications dans les mêmesconditions de pluralisme. Chaque liste désigne,

pour trois ans, ses représentants à la CAN et aubureau national sur la base du nombre de voixqu’elle a obtenu.La CAN du SNES-FSU compte 75 sièges et seréunit au moins cinq fois par an. Elle prend toutedécision que requiert l’activité syndicale. Garantie supplémentaire de transparence,le SNES-FSU publie sur son site Web les résultatsdu vote d’orientation S1 par S1 tels qu’ils ont étéenregistrés par les commissions académiques.Chaque section peut ainsi vérifier la conformitéentre le résultat qu’elle a transmis et celui prisen compte dans la totalisation nationale. n

Vote de la CAN sur la direction (secrétariat, secrétariat général, trésorier-e-s)Pour : 58  ; Contre : 0  ; Abstentions : 0  ; NPPV : 1

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La Commission nationale de dépouil-lement des votes pour le renouvelle-

ment de la CAN et des secrétariats de caté-gories s’est réunie le mercredi 15 juin2016 au siège du SNES-FSU, 46, av.d’Ivry, Paris 13e.La Commission était composée de :❱ Jacques Lacroix (secrétaire administratif) ;❱ Patrick Soldat pour la liste « Unité &Action » ;❱ Clément Lefevre pour la liste « ÉcoleÉmancipée » ;❱ Jack Lefebvre pour la liste « Unité Reven-dications Indépendance Syndicale » ;❱ Stéphane Rey pour la liste «  Émanci -pation ».La Commission :❱ a constaté que les syndiqués et les sec-tions syndicales ont assuré la régularité

des opérations électorales et que les élec-tions se sont déroulées conformément aurèglement électoral ;❱ a pris en compte l’ensemble des procès-verbaux transmis par les commissions dedépouillement des S3 ;❱ a été saisie de quatre recours relatifs audépouillement de Créteil :– lycée Henri-Wallon (93) : erreur signalée

par 1 seule des membres de la commis-sion du S1 : recours rejeté,

– collège Gustave-Monod (94) : prise encompte par le S1 d’un vote par procu-ration, annulation du PV confirmée,

– lycée Langevin-Wallon (94), PV tardif,raturé, pas d’enveloppe du vote par correspondance, non prise en comptedu PV,

– lycée Camille-Claudel (77) ; PV tardif,liste d’émargement illisible, recours rejeté ;

❱ a décidé de valider les résultats enregis-trés par la sous-commission de dépouil-lement pour les sections « Hors deFrance » et des COM ;❱ a procédé au calcul de la répartition dessièges pour la CAN et le Bureau nationalselon la règle de la proportionnelle à laplus forte moyenne. La Commission natio-nale de dépouillement propose à la CANd’approuver le présent procès-verbal et devalider les résultats des votes d’orientationet de catégories. n

Fait à Paris, le 20 juin 2018

Votes de la CAN du 26 juin 2018Validation de l’ensemble des résultats nationaux :Pour : 44 ; Contre : 2 ; Abstentions : 0 ; NPPV : 0

Annexe du procès-verbal dela Commission nationale de dépouillement

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Elles et ilsquittent la CAN

LISTE UNITÉ ET ACTIONDominique CHAUVIN, Marie-AgnèsMONNIER, Marine BOUVET, MarieLAMY DE LA CHAPELLE, VincentBELLEGUEULLE, Serge DENEUVE-GLISE, Anne KOECHLIN, CamilleBUQUET, Romain MORLAT, HélèneFIANDRA, Alice CARDOSO, PascaleBOUTET, Bernard SCHWARTZ, Mary-lène NAUD, Laurane WITT, ValérieHÉRAUT, Santiago ALONSO, CarolineMORDELET, Thierry PÉTRAULT, HervéLE FIBLEC, Jean-Louis HAMM, SylvieOBRERO, Guy FRIADT, DidierALBERT, Roger NUMA, ChristianVELIN, Boris VEBREL, Nathalie ANTO-LINI-VIDAL, Rozenn JARNOUEN,Miguel DUPLAN, Franck BOULLE,Michel GALINLISTE URISJack LEFEBVRELISTE ÉMANCIPATIONSerge DA SILVALISTE ÉCOLE ÉMANCIPÉESylvain MARANGE, Olivier SILLAM,Elisabeth HERVOUET, Aurélie MEYER,Laurent BOIRON, Romaric ROUDIER

UNE VIE DE MILITANTISMEJean-Claude DURDUX nous a quittésbien trop tôt. Il était un militantd’exception : secrétaire du S3 deReims puis trésorier national duSNES, trésorier national adjoint dela FSU furent quelques-unes des

responsabilités qu’il avait eues au sein de notre maison.Avec toute la passion qu’on lui connaissait, il avait notam-ment pris part à la création de la FSU.C’est avec une grande émotion que nous avons apprisson départ, au tout début du mois de juin. Les militanteset militants qui ont eu la chance de travailler avec luien garderont un souvenir plein d’affection. Il était d’unegrande humanité. Évidemment, nos pensées vont à safamille et à ses proches.

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Dette américainei

Exit pour l’exit taxDans un entretien auprès dumagazine Forbes, Emmanuel Macrona annoncé sa décision de supprimerl’exit tax. Cet impôt, mis en place parNicolas Sarkozy, avait pour objectifd’imposer les plus-values résultantde la vente de titres par de richescontribuables partis hors de France.L’exit tax rapportait environ800 millions, un joli cadeau pour lesquelques centaines de contribuablesconcernés. Les plus richesapprécieront sans doute, eux qui ontdéjà bénéficié de la flat tax surles revenus du capital et de la finde la prise en compte des titresfinanciers dans l’impositiondu patrimoine.

CAC 40i

Profits sans partageSelon un rapport des ONG Oxfam etBasic, les actionnaires captent unepart très importante des richessescréées, au détriment del’investissement et des salaires.Depuis 2009,  les entreprises du CAC40 ont reversé plus de deux tiers deleurs bénéfices à leursactionnaires, ne laissant que 27,3 %aux investissements et 5,3 % auxsalaires. Un choix économique lourd,qui accroît les inégalités : les ONGestiment que si ces entreprisesn’avaient pas augmenté lesdividendes versés, chacun de leurssalariés aurait pu voir ses revenusaugmenter de 2 000 euros par an.

Essor de la PMAi

Un enfant sur trenteSelon une étude de l’Institut nationaldes études démographiques, 3 % desnaissances en France sont issus deprocréation médicalement assistée,avec des techniques diverses(fécondation in vitro, inséminationartificielle…). Celles-ci permettent lanaissance de plus de 20 000 enfantschaque année, un chiffre enaugmentation du fait des progrèsréalisés, qui font que les tentativesaboutissent plus souvent. En France,l’assistance médicale à la procréationest réservée aux coupleshétérosexuels qui ne parviennent pasà concevoir un enfant naturellement.

Grandes fortunesi

Portrait de famillesEn 2015, avec un niveau de vie deplus de 106 200 euros par an(8 850 euros par mois) pour unepersonne seule, on fait partie des 1 %les plus aisés de la population. Ceux-ci gagnent en moyenne près de sept

ECO/SOCIAL

En 1950, en France, l’espérance de vie à lanaissance était de 69 ans pour les femmes et64 ans pour les hommes. Aujourd’hui, elle

est respectivement de 85 et 80 ans.Associée à un indice de fécondité qui tourne autourde 1,9 enfant par femme, cette hausse entraîne levieillissement de la population : les personnes de60 ans et plus vont représenter 32 % de la popu-lation en 2060 contre environ 25 % aujourd’hui,et la part des 75 ans et plus va passer dans le mêmetemps de 10 % à 16 %.

Un risque de marginalisation économiqueCette évolution est souvent vue sous l’angle dela contrainte : il faut effectivement penser à l’or-ganisation du financement des retraites et se pré-parer à une meilleure prise en charge collectivedes situations de perte d’autonomie. Côté retraites,avant toute nouvelle réforme, les projections duConseil d’orientation des retraites montrent queles réformes passées vont entraîner une baisse dela part du PIB consacrée aux retraites : on affecteaujourd’hui près de 14 % du PIB aux pensions eten 2060 cette part pourrait descendre à 11 %,alors que les retraités seront proportionnellementplus nombreux.Certes, le rapport actif/retraités va baisser de 1,7à 1,2, mais, dans le même temps, la hausse de laproductivité, si elle s’établissait seulement à 1 %par an, permettrait à chaque actif de produire 48 %de richesses de plus en 2060 qu’en 2020. Cettecapacité de création de richesses peut être partagéeavec les retraités et être utilisée pour organiser denouvelles solidarités pour la prise en charge de laperte d’autonomie.Le niveau de vie médian des retraités a rattrapécette année celui des actifs, mais contrairementau discours ambiant, cela n’a rien de scandaleux.Pourtant, c’est une sorte de marginalisation éco-nomique des retraités qui est déjà programmée et

que nous devons combattre, alors que leur placesociale est devenue centrale.

Temps d’activités intensesCette transformation humaine et sociale majeureque constitue l’allongement de la vie ne doit pasêtre vue uniquement comme un nouveau fardeau,car elle a transformé les relations sociales. Onvoit ainsi de plus en plus souvent coexister quatregénérations au sein d’une même famille. Les indi-vidus parviennent de plus en plus fréquemmentà l’âge de la retraite en ayant encore au moins unde leurs parents.C’est devenu, pour une bonne part des retraités,un temps d’activités sociales intenses. Chacunpeut citer un ou plusieurs exemples de retraités surbookés. Se développent ainsi des temporalitésdifférentes de la retraite, grâce à un système quipermet à la fois autonomie économique et tempslibre. Ce temps libéré, les retraités l’utilisent enpartie pour les autres. Une enquête menée auniveau européen (enquête SHARE de 2013)confirme cette implication sociale et leur rôle depivot entre générations. Ainsi, en moyenne, 23 %des retraités européens apportent de l’aide à unproche extérieur au ménage, et 7 % aident aumoins deux personnes. Dans 14 % des cas, c’estle père ou la mère du retraité qui est destinatairede l’aide. La « garde » des petits-enfants est aussitrès développée chez les jeunes retraités : 60 %des 55 à 69 ans déclarent avoir gardé un petit-enfant dans l’année.Au lieu de profiter de cette richesse sociale, dontla caractéristique est de s’accroître quand on enuse, une nouvelle réforme des retraites ayant notam-ment pour objectif de prolonger la durée d’activitéentraînerait un recul des solidarités dites « privées ».Pourtant celles-ci peuvent se déployer plus facile-ment lorsque les solidarités publiques sont elles-mêmes fortes et stables. n Hervé Moreau

DÉMOGRAPHIE, ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ

Une vie plus longueet surtout bien remplie !L’augmentation quasi continue de l’espérance de vie à la naissance depuis le milieudu XXe siècle entraîne un vieillissement de la population dont on présente souventles effets contraignants. Mais elle a aussi provoqué une évolution des liens sociaux danslesquels les retraités jouent aujourd’hui un rôle pivot.

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REPRÉSENTATIVITÉ

Des syndicats rejetéspar les salariés... vraiment ?Les adversaires des syndicats utilisent souvent l’argument de la faible syndicalisation des salariés français pour «  démontrer » l’absence de représentativité de ces organisations,dont la majorité des salariés se détournerait. Les auteurs de Sociologie politique du syndicalisme (1)

viennent utilement rappeler les limites de ces discours.

fois plus que l’ensemble de lapopulation et perçoivent 7 % de lamasse des revenus. Ces ménages àtrès haut revenu sont en moyenneâgés de 59 ans, 86 % d’entre eux sontpropriétaires de leur résidenceprincipale et 30 % vivent à Paris oudans les Hauts-de-Seine. 60 % sontcadres et 10 % chefs d’entreprise.

Égalité des « chances »i

Ascenseur social HSSelon l’OCDE, au rythme actuel, ilfaudrait en moyenne, dans notrepays, six générations pour queles enfants nés dans une famillemodeste atteignent le revenu moyen.Autant dire que les chances de gravirles échelons en une génération sonttrès faibles et que l’égalitédes chances est bien plus présentedans les discours que dans la réalité.Globalement, c’est l’assignation àune position sociale héritée quidomine dans notre société. Ainsi,par exemple, près d’un tiersdes hommes dont le père a de faiblesrevenus sont dans le même cas.

EHPADi

Crise de recrutementLes personnels des Ehpad semobilisent régulièrement pourdénoncer des conditions de travail etd'accueil particulièrement dégradées.Cette situation se reflète dans lesdifficultés de recrutement de cesétablissements. D’après une enquêtede la DREES, le turnover despersonnels est élevé et les postesnon pourvus nombreux : en moyenne,dans l’ensemble des Ehpad, 15 %du personnel a moins d’un and’ancienneté et il existe des postesnon pourvus depuis plus de six moisdans 63 % des établissements.

Pouvoir d’achati

DécrochageAprès l’embellie de 2016, la hausse dupouvoir d’achat des ménages aralenti en 2017 (+ 1,3 % contre + 1,8 %en 2016). C'est un rythme qui resteinférieur à celui d’avant lacrise (+ 2,7 % par an). Mais il n’avaitaugmenté que de 0,7 % par an entre2008 et 2016. Gageons que lesmesures fiscales prises par legouvernement vont permettre aux2 % plus riches de réaliser desubstantielles économies !

Prestations socialesi

Juste vitalesSelon la DREES, en 2014, lesprestations familiales, les aides aulogement, les minima sociaux, le RSA

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Le taux de syndicalisation en France est marquépar deux faits massifs : il est faible (environ8 % des salariés adhèrent à un syndicat) et a

beaucoup chuté depuis les années 1970. Une aubainepour tous ceux qui, dans le monde politique oupatronal, veulent imposer des « réformes » libéralesremettant en cause les droits conquis par les salariés,au nom de la « nécessaire adaptation au monde quichange »... En effet, que vaut la parole des syndicats,quand ils agissent au nom d’une si faible proportionde ceux qu’ils prétendent représenter ? Et si 92 %des salariés n’adhèrent pas à un syndicat, il est de« bon sens » d’en déduire que ceux-ci ne se recon-naissent pas dans ces organisations – à la différencedes salariés des pays nordiques, par exemple, quisont massivement syndiqués.

Une réalité bien différenteLe « bon sens » est souvent trompeur... Les auteursde Sociologie politique du syndicalisme rappellentd’abord que la chute des taux de syndicalisationdepuis les années 1980 n’est pas propre à la France,elle concerne tous les pays occidentaux. Elle traduitsans doute l’effet de certaines mutations du capita-lisme : affaiblissement des grands bastions syndicauxdans l’industrie, développement du tertiaire fondésur des entreprises de plus petite taille, avec de nom-breux emplois précaires, dans un contexte de chô-mage de masse. Ces éléments structurels sont par-ticulièrement propices à freiner l’adhésion syndicale :ils empêchent le développement de collectifs de tra-vail autonomes, font régner la peur de «  se faireremarquer », dispersent et isolent les salariés surdes lieux de travail éclatés, etc. Les auteurs rappellentd’ailleurs que le taux d’adhésion est très sensible àla présence d’un syndicat sur le lieu de travail (pré-sence très variable selon la taille des entreprises),et qu’en cas de difficulté, les salariés, même non-

syndiqués, ont massivement le réflexe de se tournervers les organisations syndicales. Difficile donc, sion parle sérieusement, de faire du faible taux d’adhé-sion une « preuve » d’un rejet des syndicats – sanscompter que, à elle seule, par exemple, la CGT aplus d’adhérents que l’ensemble des partis politiquesréunis... Que devrions-nous en déduire sur la repré-sentativité des organisations partisanes ?Quant au faible taux de syndicalisation français,par comparaison avec les pays du nord de l’Europe,l’explication en est assez simple. Les syndicats despays nordiques relèvent généralement de ce qu’onappelle le « modèle de Gand ». Dans cette confi-guration, « les syndicats ont acquis la gestion dela distribution des prestations sociales (assurancechômage, assurance maladie, etc.) [...]. De ce fait,pour les salariés, l’accès à la protection socialeest le plus souvent conditionné par l’adhésion ausyndicat ». Il n’est pas étonnant, alors, que le tauxde syndicalisation soit plus fort dans ces pays !Enfin, il convient de rappeler que la faible syndi-calisation en France peut aussi s’expliquer par l’in-tensité des « entraves patronales au développementdu syndicalisme ». Ces entraves passent par despratiques de « GRH » (développer des formes de« dialogue social » qui cherchent à concurrencerla parole des représentants syndicaux), mais aussipar de l’intimidation : la discrimination anti-syn-dicale est un fait avéré – et mesuré, en termes deretard de carrière ou de salaires plus faibles.Au moment où le gouvernement et le Présidentcherchent à disqualifier les organisations syndi-cales, en niant leur rôle essentiel dans la démo-cratie, ces quelques rappels sont particulièrementsalutaires... n Romain Geny

(1) S. Béroud, B. Girauf, K. Yon, Sociologie politiquedu syndicalisme, A. Colin, 2018.

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ECO/SOCIAL

Rappelons tout d’abord que les minima sociauxne représentent qu’une minuscule partie dela protection sociale. Même si près de

quatre millions de personnes en sont bénéficiaires,ceux-ci ne coûtent chaque année que 26 milliardsd’euros environ, soit moins de 4 % du montanttotal des prestations sociales versées. S’ils nepermettent pas vraiment de sortir de la pauvreté,c’est avant tout parce que leurs montants sont trèsfaibles. Le RSA, c’est 536 euros par mois pourune personne seule, l’allocation pour adultes handi-capés 810 euros et l’allocation de solidarité pourles personnes âgées 803 euros. Pas de quoi franchirle seuil de pauvreté, qui est de 846 euros. À celas’ajoute un non-recours massif à ces prestations,qui sont souvent perçues comme stigmatisantes.Environ un tiers des bénéficiaires potentiels duRSA ne le demandent pas et très peu d’effortssont faits pour éviter cette situation et renforcerl’effort collectif fait en faveur des plus démunis.

Les minima sociaux compensent (mal)les failles du régime d’assurances socialesLe système de protection sociale mis en place àpartir de 1945 a été conçu comme un droit soli-dement attaché au salariat et organisant un vastesystème de solidarité. Pendant les Trente Glo-rieuses, le plein-emploi permettait la couverturede quasiment toute la population, mais depuis lesannées 1970 la condition salariale s’est considé-rablement effritée.Avec la montée du chômage de longue durée etde la précarité, une partie de la population a étéécartée de la protection sociale classique et notam-ment de l’assurance chômage instituée en 1958.Actuellement, seulement un demandeur d’emploisur deux est indemnisé par cette assurance sociale.

Les chômeurs de longue durée en fin de droits bas-culent sur l’Allocation spécifique de solidarité(ASS) ou sur le RSA, et les jeunes qui enchaînentles contrats précaires accèdent rarement et avecdifficulté à cette assurance, faute d’une durée suf-fisante de cotisation. Ces minima sociaux jouentde fait le rôle de dernier étage de l’indemnisationdu chômage, mais ne sont qu’un bien mince filetde sécurité qui permet tout au plus de survivre.

Responsabiliser les pauvres ?L’appel du président de la République à une res-ponsabilisation des allocataires des minima sociauxlaisse entendre que les causes de la pauvreté sontdavantage individuelles que structurelles. Or, ilexiste des mécanismes sociaux implacables quitendent à maintenir les plus démunis dans leursituation. Bien plus qu’une supposée mauvaisevolonté, régulièrement pointée par les discoursqui fustigent un prétendu « assistanat », c’est lasituation actuelle du marché du travail qui rendtrès difficile le retour dans l’emploi pour ceux quien sont les plus éloignés. Ce n’est certainementpas en réduisant les prestations ou en durcissantleurs conditions d’obtention que l’on pourra luttercontre la pauvreté. Emmanuel Macron recherchele «  truc qui permet aux gens de s’en sortir ».Même s’il n’existe pas de solution miracle, onpourrait lui suggérer quelques pistes à creuser :renforcement des prestations d’assurance, revalo-risation des minima sociaux, etc. Et, plus généra-lement, un partage plus juste des ressources et undroit du travail plus protecteur des salariés, toutparticulièrement les moins qualifiés. Le moins quel’on puisse dire, c’est que ce n’est pas la voie quele président de la République a choisie. n

Clarisse Guiraud

MÉPRIS PRÉSIDENTIEL

Les minima sociaux coûtent« un pognon de dingue »...

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activité et la prime pour l’emploireprésentaient 49 % du revenudisponible des 10 % des ménages lesplus pauvres. C’est dingue, ce pognon !

Croissance en 2018i

Un horizon voilé etincertainForte remontée du prix du pétrole,tensions géopolitiques, hausse dela valeur de l’euro, tensionsprotectionnistes, resserrement dela politique monétaire, incertitudessur les marchés financiers : malgrétous ces éléments négatifs,l’INSEE estime que la croissance dela zone euro ne sera que légèrementaffectée. En revanche, la Franceverrait sa croissance économiqueaugmenter de 1,7 % seulement,contre 2,3 % en 2017. On peut parierque le gouvernement et le Medef vontdire que c'est à cause du codedu travail qui n’est pas assezflexible et des dépenses publiquestrop élevées...

Prime d’activitéi

Dans le collimateurPour atteindre son objectif deréduction des dépenses sociales, legouvernement s’apprête à retoucherla prime d’activité. Entrée en vigueuren janvier 2016 pour remplacer laprime pour l’emploi et le RSA activité,celle-ci permet d’assurer uncomplément de revenus aux salariésles plus modestes. Perçue par2,6 millions de foyers, elle s’élève à156 euros par mois en moyenne etpermet de réduire le taux de pauvretéde 0,4 point. Cette prime pourrait êtreréservée aux plus pauvres ou encorelimitée dans le temps. Si de tellesmesures étaient prises, le pouvoird’achat de nombreux ménagesdiminuerait de façon substantielle.

Allocations logementi

Nouveau coupde rabot Après une baisse de 5 euros en 2017,les APL vont subir un nouveau coupde rabot. Jusqu’à cette année,ces allocations, qui ont pour objectifde soulager les ménages les plusmodestes d’une partie du coût de leurloyer, augmentaient de façonautomatique au même rythme quel’indice de révision des loyers.En 2018, les APL auraient dûaugmenter de 4,68 euros… Ce ne serapas le cas, ce qui signifie de nouveauune baisse de pouvoir d’achat pourles ménages qui les perçoivent.

« On met un pognon de dingue dans les minima sociaux, les gens restent quand mêmepauvres. [...] Il faut responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté. » Ces proposd’Emmanuel Macron, semblant être pris sur le vif, sont loin d’être une simple fuite. Ils constituentau contraire une mise en scène qui résume une conception régressive de la protection sociale.

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DOSSIERTemps de travail des enseignants

Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 21

La question du temps de travail

des professeurs relève des sujets

régulièrement soulignés

par les médias et les politiques,

sujet porté par des enquêtes

scientifiques mais donnant aussi

libre cours à tous les poncifs.

Dossier coordonné par Thierry Pétrault. Réalisé par Alice Cardoso, Sandrine Charrier, Frédérique Rolet,Valérie Sipahimalani, Romain Geny, Jean-Michel Harvier, Xavier Marand, Hervé Moreau.

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Il est vrai qu’un travail recouvrant de multiples activités découlant de l’acted’enseignement est difficile à appréhender et pour le moins réfractaire à un décomptequantitatif simple et visible. D’autant qu’interfèrent dans la charge de travail desparamètres variables tenant aux effectifs, aux modes d’organisation de l’établissement,aux effets des réformes.

Quoi qu’il en soit, il est une évidence mise en lumière par les différentes études : ladurée du travail enseignant s’accroît et s’intensifie, la porosité entre vie privée et vieprofessionnelle augmente, l’exercice du métier peut engendrer risques et tensions. Le récent sondage effectué à l’initiative du SNES-FSU a confirmé qu’avec la faiblessede la rémunération, cela constituait un facteur majeur d’insatisfaction pour la profession.Alors que les enseignants du Second degré n’ont bénéficié d’aucune des mesures deréduction du temps de travail, il est grand temps d’ouvrir ce dossier, d’alléger égalementla charge des CPE et Psy-ÉN, en créant les emplois nécessaires, en croisant lespropositions élaborées par le SNES-FSU.

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Du prévisibleà l’invisible

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Temps de travaildes enseignants

Chiffres 648 heuresC’est le temps d’enseignementstatutaire des enseignants du seconddegré. S’il est légèrement inférieuraux 669 heures en moyenne dansl’OCDE, il est supérieur à l’Italie (616)ou des pays cités en exemple pourleur performance comme le Japon(562) ou la Corée du Sud (549).

42 h 53Selon une enquête du SNES-FSU,en intégrant le « travail invisible »,les corrections de copies, les réunions,la préparation des cours, l’accueildes parents... les enseignantsdéclarent travailler plus de 42 heurespar semaine. En 2010, une note de laDEPP indiquait une moyenne de 41 h 17.

L a mise en place des réformes quiimpose la réalisation de tâches s’ef-fectuant en dehors des services d’en-

seignement exige une présence accrue desprofesseurs dans les établissements pourdes missions autres que l’enseignement deleur discipline. Il est difficile de repérer letemps consacré aux réunions dans lesenquêtes INSEE/MEN portant sur le tempsde travail des enseignants. On peut supposerque ces réunions s’inscrivent dans les « acti-vités avec la communauté éducative » (tra-vail avec d’autres enseignants, réunionsavec les parents) et dans les « autres tâchesprofessionnelles ». Ensemble, ces deux caté-gories représentent un temps de travail heb-domadaire de 4 h 55 en 2010... contre

3 h 27 en 2002. Ces chiffres indiquent bienune tendance forte à l’alourdissement dutemps de travail consacré aux réunionsdiverses.

Des journées prolongéesLe phénomène dépend bien sûr en partie duzèle du chef d’établissement, qui peut mul-tiplier les conseils d’enseignement, les« heures de concertation » parfois indûment

présentées comme obligatoires, ou être plusraisonnable et faire confiance aux enseignants.Pour certaines disciplines, l’alourdissementdu temps passé dans les conseils de classeest également en lien avec la multiplicationdes classes à prendre en charge. Sans compterles dispositifs « transversaux » et/ou « inter-disciplinaires » (TPE, EPI, AP...) qui impli-quent une coordination plus ou moins offi-cialisée, mais toujours chronophage.Ces activités périphériques occupent un tempscroissant pour des tâches éloignées du « cœurdu métier », et dont l’utilité est souvent àdémontrer. Il suffit de penser aux conseils declasse dont les avis sont directement oubliésquand le chef d’établissement reçoit l’élèveet sa famille... Ou aux « concertations »pseudo-obligatoires dont l’enjeu semble êtreavant tout punitif (faire comprendre aux ensei-gnants qu’ils ne travaillent pas assez). Cette« réunionite » semble en fait traduire la volontéd’imposer le « leadership » du chef d’établis-sement, « manager pédagogique » local. n©

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Temps de service

Tout n’est pas mesurableLes professeurs ne travaillent que 15 ou 18 heures par semaine pendant dix mois et sont payés sur toute l’année.

Encore et toujours des idées fausses à battre en brèche.

Plus de 500C’est le nombre d’élèvesque peut avoir unprofesseur d’éducationmusicale ou d’artsplastiques en collègeavec jusqu’à 20 classes.

Réunionite chronophageLa multiplication des réunions, conseils en tout genre alourdit considérablement le temps de travail.

Ce temps de travail, horsenseignement, est évalué à près

de 5 heures par semaine

Le décret de 2014reconnaît le travail invisible

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Pour mettre fin à cette vieille lune desprofs payés 10 mois sur 12, revenonsau décret n° 48-1108 du 10 juillet 1948

maintes fois modifié jusqu’à nos jours. Cetexte fixait, jusqu’en 2008, les indices mini-mum et maximum des grades de chacun descorps de la Fonction publique de l’État (tou-jours en annexe du décret), renvoyant à desarrêtés l’échelonnement indiciaire. Depuis2008, ce sont des décrets qui fixent ce der-nier. Pour les personnels de l’Éducationnationale, ces arrêtés puis décrets sont àl’image de ceux des autres fonctionnaires :une grille qui fixe pour chaque échelon lenombre de points d’indice afférent.

Reconnaissance des missions liéesLa multiplication du nombre de points d’indicepar la valeur annuelle brute de ce point donnela rémunération brute annuelle qui, diviséepar 12, donne le traitement brut mensuel del’enseignant comme de tout autre agent.

Quant au temps de travail des professeurs,sa définition tient aux modalités particulièresd’organisation du travail des professeurs. Ilest décompté en heures hebdomadaires d’en-seignement parce que c’est la seule partie dutemps de travail qui est réellement mesurable.C’est ce que reconnaissaient explicitementles décrets de 1950 et qui est réaffirmé dansle décret de 2014-940. Ce dernier va plusloin en reconnaissant le travail invisible desprofesseurs (« les travaux de préparation etles recherches personnelles nécessaires à laréalisation des heures d’enseignement »).Toutefois, cette reconnaissance des missionsliées ne doit en aucun cas entraîner un alour-dissement de la charge de travail ni donnerlieu à codification ou à comptabilisation. n

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3 heuresLe travail de documentation,de recherches personnelles,au-delà de la préparationdes cours, n’est pasnégligeable : près de 60 %des enseignants y ontconsacré en moyenne plusde 3 heures (DEPP 07/2013).

+ 1 h 23Dans le secondaire, lesenseignants travaillent 1 h 23de plus en 2010 qu’en 2008.L’étude de la DEPP confirmel’alourdissement du travail chezles enseignants qu’un rapportde 2012 de l’inspection généraleavait déjà pointé.

56 %Un sondage IPSOS-SNES réaliséen janvier 2018 montre que la chargede travail et la rémunération desenseignants  sont deux élémentsd’insatisfaction des personnels à l’égardde leur métier : 56 % sont insatisfaitsde cette charge de travail, 75 % sontinsatisfaits de leur rémunération.

1 607Le service desprofesseurs du seconddegré ne relève pasdu système des« 1 607 heures » :le régime de leursobligations de serviceest dérogatoire.

«

Je veux dire aux enseignants qu’on nepeut pas continuer comme ça. Unagrégé [...], c’est 15 heures par

semaine, 6 mois de l’année. Un certifié, c’est18 heures par semaine, 6 mois de l’année. »Ainsi parlait N. Sarkozy à l’automne 2016,pendant la campagne des « primaires » de ladroite. Comme à son habitude, il reprenaitainsi de bons vieux clichés sur les professeurs« qui sont tout le temps en vacances ».

Un cours, ça se prépareIl est vrai que les vacances des enseignantsen font rêver plus d’un. Mais si celles-ci sontobjectivement importantes, il ne faut pasoublier qu’« être en congé » ne veut pas dire« ne pas travailler », tout comme on ne peutpas confondre être en vacances et partir envacances... À ce titre, les données du ministèrepermettent de mesurer le temps que les ensei-

gnants consacrent au travail pendant leurspériodes de congés. Ce « travail pendant lesvacances » recouvre de nombreuses activités :corriger les copies « en retard », remettre àjour ses cours en prenant le temps de se docu-menter, revoir ses supports, ses documents,remettre à jour sa progression ; et puis, consul-ter des livres, des sites, des documentaires quipeuvent n’avoir qu’un lien indirect, à courtterme, avec le travail, mais qui viendront plustard alimenter de nouveaux cours. Et la listen’est pas exhaustive, car les frontières entretravail et loisir sont parfois très poreuses.D’après le ministère, les enseignants consa-crent environ vingt jours de leurs congés, enmoyenne, à ces activités, dont environ huit

pendant les vacances d’été. Cette moyenneest principalement affectée par l’âge desenseignants (25 jours pour les moins de30 ans, dont 10 pendant les vacances d’été),et dans une moindre mesure par le champdisciplinaire. Le travail des enseignants nes’arrête donc pas pendant les vacances. n

Baisse du temps de travail

Rien pour les enseignantsLa durée du travail des salariés et fonctionnaires a fortement diminué depuis les années 1950, tant en pratique que

du point de vue réglementaire. Mais le monde enseignant a été laissé à l’écart de cette réduction généralisée.

Le nombre hebdomadaired’heures de cours qu’un ensei-gnant doit assurer au maximum

a été fixé en 1950 à 15 heures pourun agrégé (dans le prolongementde ce qui se faisait depuis le XIXe

siècle) et 18 heures pour un certifié.Le travail ne se limite bien évidem-ment pas à ces heures d’enseigne-ment. La durée hebdomadaire effec-tive du travail enseignant, quicomprend de nombreuses tâches,est supérieure et s’élève d’après lesenquêtes menées par le ministère à42 heures dans le second degré.Selon l’enquête de l’INSEE reprisepar une note de la DEPP en 2013, une heured’enseignement correspond en moyenne àune heure de travail en dehors de la présencedes élèves : 20 heures correspondent au tempspassé avec les élèves et 21 heures corres-pondent à d’autres activités, qu’elles soientpédagogiques (préparation des cours, cor-rection des copies...), effectuées avec la com-munauté éducative (enseignants, parents) ou

liées à l’enseignement (entretien de labora-toires ou d’ateliers, conseils de classe...).

Bien loin des 35 heures !Lorsque ce temps de service associé à unemploi de professeur à temps plein a été ins-titué, la durée hebdomadaire du travail salariéétait de 40 heures et les congés annuels dedeux semaines. Depuis cette époque, cette

durée légale a considérablementdiminué. Elle est passée de 40 à39 heures hebdomadaires en 1982,puis à 35 heures de 1998 à 2002.Parallèlement, le nombre desemaines de congés payés est passéde deux à trois en 1956, à quatreen 1969 et enfin à cinq en 1982.Les fameuses 1 607 heures annuellesrésultent de l’association de cetemps hebdomadaire, des jours deRTT le cas échéant, et du nombrede semaines de congés.Ces évolutions législatives ontentraîné une baisse de la durée effec-tive annuelle du travail. Celle-ci

était de 1 646 heures en 2015 pour un emploià temps plein (en comptant les absences etles heures supplémentaires) contre plus de2000 en 1950. Ce recul du temps passé autravail sur l’année a été rapide entre les annéessoixante et quatre-vingt, il a touché tous lespays développés et aujourd’hui, hors ensei-gnants, les congés et les RTT représententen moyenne sept semaines. n

Distribution du temps de travail moyen hebdomadaire des enseignants dusecond degré public à temps complet, par âge, en 2010 (en heures)

Source : enquête Emploi du temps 2010-INSEE, traitements et calculs DEPP Champ : France métropolitaine + DOM

n Heures passées avec les élèves n Activités pédagogiques n Activités avec la communauté éducative n Autres tâches

Pendant les vacances, ladéconnexion n’est jamais réelle

Vacances, j’oublie pas toutLe calendrier de l’Éducation nationale indique deux mois de vacances, l’été. Mais le temps de loisirs et celui du travail se mêlent.

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Que diminuent les horaires hebdomadairesdes élèves ou les possibilités de dédou-blement, et ce sont davantage de classes

à prendre en charge dans le service. Le passagede 3 à 2,5 heures de langue vivante 2 avec laréforme du collège a alourdi l’emploi du tempsdes professeurs d’une à deux classes de plus. Toujours en collège, les professeurs de lettresse retrouvent en moyenne avec quatre ou cinqclasses alors que la moyenne était de deux outrois dans les années 1980 ! La baisse deshoraires et des dédoublements avec la réformedu lycée de 2010 a eu les mêmes conséquencespour l’ensemble des disciplines. Des classesen plus, c’est plus de copies, plus de réunions

avec les parents, plus de bulletins à remplir,plus de conseils de classe et autres réunionsde suivi. L’enquête de la DEPP évalue toutesces tâches à plus de 9 heures de travail parsemaine pour un certifié.

Les effectifs pèsent aussiTravailler avec des horaires diminués, c’estaussi voir chaque élève et chaque groupemoins souvent, ce qui ne permet pas la mêmequalité de relation ni le même suivi.S’y ajoutent actuellement l’augmentation deseffectifs – donc plus de stress, plus d’énergiedépensée dans la gestion de classes, de sur-croît très hétérogènes – mais aussi l’inclusion

des élèves à besoins éducatifs particuliers. Dans un de ces tours de passe-passe dont elleest coutumière, l’institution se refuse àdécompter dans les effectifs des classes ditesordinaires les élèves inscrits dans les SEGPA(élèves aux difficultés scolaires graves et per-sistantes), ULIS (en situation de handicap),UPE2A (allophones). Il est pourtant recom-mandé à ces structures et dispositifs de pra-tiquer l’inclusion, et donc d’envoyer autantque possible leurs élèves dans les classes ordi-naires de l’établissement qui les accueille.Au final, ce sont des élèves invisibles sur lepapier, mais dont la présence dans les classesest bien réelle, souvent compliquée par lanécessité d’adapter les dispositifs pédago-giques à leurs particularités individuelles.Alors que l’institution et la société deman-dent toujours plus de personnalisation dansles apprentissages, elles se refusent à consi-dérer le coût humain de cette prise en chargesur mesure. n

Une charge alourdie

Plus d’élèves et plus de classesLa diminution des horaires disciplinaires a des conséquences sur la charge de travail.

Un temps pédagogique

Travail « invisible » mais bien réelLes obligations réglementaires de service ne recouvrent bien sûr qu’une partie du temps de travail effectif des enseignants.

Ce travail «  invisible » comprend à lafois des temps « pédagogiques », destemps « éducatifs » et des temps contri-

buant au fonctionnement collectif d’un éta-blissement scolaire. En dehors des 15 heuresou 18 heures devant élèves, certaines activitéspédagogiques sont indispensables au travailquotidien en classe : préparations des cours,des différents types d’évaluations, correctionsde copies... Ces activités demeurent prédo-minantes : plus de 17 heures hebdomadairespour les certifiés et les agrégés (soit plus de40 % du temps de travail), source DEPP

2013. Le SNES-FSU condamne fermementla fin du cadrage national des dédoublements,la mise en œuvre de programmes difficile-ment tenables dans les horaires imposés ets’inquiète des conséquences catastrophiquesque cela implique sur les conditions de travaildes personnels : contrainte sur les progres-sions de cours et donc augmentation indécentedu temps de préparation et de correction met-tant à mal le sens même de nos disciplines.De plus, réunions et relations avec la hié-rarchie, réponse aux mails, relations avecles élèves et les parents, conseils de classe,jurys d’examen, bulletins, préparation desvoyages, projets, sorties scolaires, échangesavec la vie scolaire, l’infirmière ou l’assis-tante sociale... viennent compléter ce tableau,et pour certains enseignants, ce sera aussiun travail de professeur principal, de coor-donnateur de discipline, d’élu en CA, ou de

Professeur documentaliste :un métier pluriel

Enseignant et maître d’œuvre de l’acquisitionpar les élèves d’une culture de l’informationet des médias, il organise les ressourcespédagogiques et documentaires de l’établis-sement et leur mise à disposition. Il est acteurde l’ouverture de l’établissement sur sonenvironnement éducatif, culturel et profes-sionnel. Sa mission d’enseignement doit êtrereconnue par l’application du décompte régle-mentaire (décret de 2014) : chaque heurequ’il consacre à l’enseignement doit êtredécomptée pour la valeur de deux heures.

Des activités pédagogiquesindispensables au travailquotidien en classe

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Classes surchargées, c’est plus de copies,de bulletins, de réunions, de conseils...

membre du conseil de discipline, de la CHS... Il est également nécessaire pour un enseignant,et de manière diverse suivant les disciplines,de mettre à jour régulièrement ses connais-sances, de lire des ouvrages en rapport avecsa discipline... Un travail personnel souventeffectué pendant les vacances et indispensableau métier d’enseignant-concepteur. n

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Que ce soit pour la communication entreles personnels, éventuellement avec lesélèves, leurs parents ou bien dans les opé-

rations de saisie pour tout ce qui relève de l’éva-luation des élèves, le numérique a envahi ettransformé le métier d’enseignant mais pas for-cément dans une optique gagnant-gagnant. La réalité de l’effet du numérique sur la chargede travail est assez complexe à appréhender(1).D’une part, il apparaît bien un gain d’efficacité :le message électronique demande moins detemps qu’un courrier papier classique, voirequ’un appel téléphonique. Il permet, par ailleurs,une plus grande rapidité de diffusion des infor-mations. Mais le corollaire de cette efficacitéest souvent la multiplication des messages, lapression ressentie en termes de demande deréactivité, le risque de surcharge informationnelle.

Une perte de temps ?D’autre part, la saisie en ligne des résultatsd’évaluation permet, elle aussi, un gain detemps : les logiciels type Pro Note par exemplepermettent le calcul de moyennes avec de mul-tiples possibilités, sans besoin de recourir

comme auparavant à un tableau Excel ou à lacalculatrice. Cependant, la saisie en ligne aaussi contraint les personnels à renseigner deplus en plus d’éléments qui n’étaient pas exigésauparavant. L’ajout d’onglets sur l’évaluationdes compétences, dont les listes tendent parfoisà s’allonger sensiblement, donne bien l’im-pression qu’il s’agit plutôt d’intensifier letravail et non de l’alléger. L’usage des TIC à des fins pédagogiques per-

met-il de baisser le temps de préparation descours ? L’Internet constitue une banque dedonnées quasi infinie, dans laquelle on peutfacilement se perdre et passer, in fine, beaucoupde temps, à chercher le bon document. LesTICE peuvent donc accroître la charge de tra-vail à domicile. D’autant plus que les pro-blèmes matériels (pannes fréquentes) obligentbien souvent à prévoir un plan B en cas dedysfonctionnement de l’outil informatique. Finalement, les TIC se traduisent davantagepar une intensification du travail que par dutemps dégagé. Mais cela est lié à la générali-sation des outils numériques qui a eu lieu dansun contexte de recherche d’une plus grandeproductivité plutôt que dans une perspectivede baisse de la charge de travail. Sans oublierque l’usage de l’ENT par certains parents, enattente d’une réponse quasi immédiate, entreen contradiction avec le droit à la décon-nexion. n

(1) Centre d’analyse stratégique, Quel est l’impact desTIC sur les conditions de travail dans la fonctionpublique ? Janvier 2013 : http://archives.strategie.gouv.fr

Charge de travail

Ça débordeLe métier d'enseignant est un des plus exposés aux risques psychosociaux

On admet depuis longtemps que la santédes travailleurs peut être mise en périlpar des dangers matériels et/ou chi-

miques. Mais ce n’est qu’à la fin des années1990 qu’a émergé la notion de risques psy-chosociaux (RPS) qui permet de reconnaîtreque l’organisation du travail, les conditionsd’emploi et les relations sociales au travailpeuvent aussi avoir un effet délétère sur lasanté des travailleurs. Une enquête réaliséeen 2013 par le ministère permet de faire appa-raître les points forts de la profession maisaussi quelques facteurs de risques.

Emprise sur la vie personnelleLes enseignants du second degré, dans cetteenquête, déclaraient plus fréquemment qued’autres professions « un sentiment d’utilitéaux autres », avoir la possibilité de faire deschoses qui leur plaisent et pouvoir organiserleur travail à leur convenance. Mais leursréponses montrent aussi que ce métier exerceune certaine emprise sur la vie personnelle.Ils sont en effet 86,5 % à continuer à penserà leur travail lorsqu’ils n’y sont pas, contre49,7 % des autres cadres de la fonction

publique. Penser à son travail durant sontemps libre n’est pas forcément pénible, toutdépend de ce qu’il s’y passe. Or, la professionenseignante, sans être touchée avec la mêmeintensité que le monde hospitalier par exem-ple, implique des contraintes spécifiques.Les enseignants du second degré sont parexemple plus fréquemment que d’autres pro-fessions dans des situations de tension avecles usagers ou en contact avec des personnesen situation de détresse. Ce qui n’est passans lien avec la nécessité « d’avoir à calmerdes gens  » (pour 91,3 % d’entre eux) oud’avoir à « cacher ses émotions » ou « faire

semblant d’être de bonne humeur ». Lesheures de travail ne sont ainsi pas homo-gènes, et certaines débordent largement surla vie personnelle, pour le meilleur, commepour le plus pénible. n

Le numérique pour gagner du temps

Une fausse bonne idée ?L’utilisation généralisée des outils numériques dans les établissements est souvent présentée comme un moyen de gagner du temps.

La saisie en ligne contraintles personnels à renseignerde plus en plus d’éléments

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Stagiaires : arrêter le tempsL’enquête «  Stagiaires 2018  » du SNES-FSU montre que les stagiaires sont très occupés : 53  %déclarent travailler plus de 50 heures et 35  % plus de 40 heures. Les statistiques n’étaient pasnécessaires pour savoir qu’un stagiaire consacre l’essentiel de son temps, vacances comprises, àson travail. À la construction des cours, aux corrections, il faut ajouter le suivi des formations àl’ÉSPÉ, les évaluations relatives à la validation du master ou des UE imposées pour ceux qui enpossèdent un ou en sont dispensés. Pour une part non négligeable d’entre eux, ils sont vus commedes moyens d’enseignement et donc affectés loin de leur domicile et du lieu de formation avec destrajets supérieurs à une heure de route. Au stress lié à la titularisation, il faut aussi ajouter lalourdeur d’une semaine de stage et de formation.

Le professionnel débordelargement sur la vie personnelle

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L’US Mag : L’engagement et le désengagement dans le travail ont-ils un lien avec le fait d’avoir une fin de carrière satisfaisante ? F. L. : Les enseignants arbitrent au quotidien entre prendre appuisur des routines efficaces pour s’économiser, se désengager decertaines tâches, et rompre avec la routine pour renouveler l’intérêtdu travail, mais aussi pour faire face à des situations inédites.L’enquête montre que, si les enseignants évoquent souvent leurdésir de « lever le pied », leur engagement reste intense pour

comprendre et intéresser desélèves plus éloignés d’eux parl’âge, les pratiques sociales, lesattentes, la relation à l’appren-tissage, à l’institution.  Lademande d’individualisation dela relation pédagogique, parexemple, contraint à de nou-velles pratiques supposant unfort engagement. La fin de car-rière heureuse est plutôt asso-ciée à des engagements choisis,ainsi que la reconnaissance deleur expertise par la hiérarchie,par les collègues ou à l’exté-rieur de l’institution.

L’US Mag : Quelles «  stratégiespour durer » mettent en œuvreces enseignants ? F. L. : Outre celles déjà évo-quées, s’approprier les injonc-tions de façon critique en fonc-tion de l’environnement detravail constitue une stratégiepartagée face à l’accumulationde réformes tout au long deleur carrière. Finalement,adapter la règle, la relativiser,la réinterpréter, en créer denouvelles, négocier les situa-tions et les normes dans une

visée pragmatique, reste une des principales issues des enseignantsface aux épreuves du travail. Ce processus, commun à tous lesniveaux d’enseignement et âges, est d’autant plus important pourles enseignants en fin de carrière qui fondent leur sentiment desatisfaction sur l’autonomie et les marges de manœuvre qu’onleur laisse et qu’ils créent. De fait, ils associent des stratégies de préservation de soi, de régu-lation de l’activité et de mise à l’épreuve de soi par des projetsnouveaux, par exemple, et par un regard critique sur leurs proprespratiques afin de les améliorer. n

(1) Garcia, L. & Lantheaume, F. (dir.). Durer dans le métier d’enseignant.Regards franco-allemands. Bruxelles, Academia (à paraître en 2019).(2) Chaire UNESCO « Former les enseignants au XXIe siècle », http://chaire-unesco-formation.ens-lyon.fr/Fins-de-carriere-des-enseignants-25#episode-0.

Entretien

Le laboratoire Éducation, cultures, politiques (Lyon 2, IFE-ENS de Lyon, UJM Saint-Étienne), a réalisé une vaste enquêtependant trois ans sur les enseignants en fin de carrière, et

les conditions de leur maintien en bonne santé dans le métier(1).Cette recherche a porté sur les professeurs du premier et seconddegré de plus de 50 ans, qui représentent 35 % des agrégés, et30 % des certifiés pour le secondaire. Les résultats de cette enquêtedirigée par Françoise Lantheaume ont été présentés à l’ENS deLyon en mai 2016(2).

L’US Mag : Sur quelle catégorie d’ensei-gnants a porté cette recherche ?Françoise Lantheaume : La populationenquêtée est composée d’enseignantstitulaires de l’enseignement primaire etsecondaire public de plus de cinquanteans disant être plutôt satisfaits de leurtravail. Pour ce qui concerne le secon-daire, les entretiens ont été menés avec97 professeurs de collège et 27 de lycée.

L’US Mag : Les enseignants de plus de50 ans travaillent-ils moins ou plus queles autres catégories ?F. L. : Ils ne sont pas moins engagésdans leur travail, contrairement à uneidée reçue, et sont confrontés à desépreuves à la fois communes et spéci-fiques. Ils élaborent des stratégies pourdurer en bonne santé en tenant comptede l’ancienneté et des effets de l’âge.

L’US Mag : De quelles ressources disposentles enseignants de plus de 50 ans dusecond degré, pour alléger le coût du travail ?F. L. : Pour maîtriser leur temps et leurcharge de travail, ils recourent parfois autemps partiel, mais l’allégement de lacharge de travail n’est pas toujours effectifet une certaine marginalisation peut en résulter au sein de l’éta-blissement. Les ressources mobilisées au quotidien sont surtoutdes routines efficaces construites au fil du temps. D’autres sontconstruites dans l’activité en interaction avec l’environnement detravail (élèves, parents, hiérarchie, programmes, etc.), pour adapterses gestes professionnels. L’organisation locale du travail joue unrôle clé. Elle peut être une source de fatigue accrue ou, au contraire,soutenir l’engagement des enseignants tout en respectant leur santé.Les enseignants de plus de 50 ans plutôt satisfaits prennent appuisur un réseau professionnel et personnel de ressources qui joue unrôle de soutien social, de reconnaissance et de stimulation intel-lectuelle. La hiérarchie est rarement perçue comme en faisantpartie. Les conditions de travail concrètes (service, emploi dutemps, collectif de travail, projets) sont déterminantes pour bienvieillir au travail et rester efficace.

Enseignants en fin de carrière : un engagement qui reste intenseEntretien avec Françoise Lantheaume, professeure des universités, directrice du laboratoireÉducation, Cultures, Politiques (université Lyon 2).©

DR

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L’accroissement important des effectifspar classe, tant en collège qu’en lycée,a fortement touché les conditions de

travail des enseignants. Il est donc urgentet vital pour la profession, pour la qualitédes missions de service public, et aussi pourla lutte contre l’échec scolaire, de s’engagerdans une véritable politique de baisse deseffectifs. D’autre part, le rétablissement desheures dédoublées, dont une grande partiea disparu au fil des années, est nécessairepour améliorer la prise en charge de tousles publics élèves et pour alléger la chargede travail. Ce sont là des conditions pourque les enseignants puissent retrouver pluslargement un sentiment d’efficacité sanss’épuiser.

Par ailleurs, le travail collectif, indispensableà l’accompagnement des élèves, mais aussifacteur d’aide au développement profession-nel, est loin d’être facilité. D’après l’enquêteTALIS de 2013, les enseignants français sontbien moins concernés que d’autres par lespratiques collaboratives. Contrairement à desidées reçues, les enseignants ont pourtant deshabitudes de travail collaboratif.

Travailler en équipeD’abord parce que le collectif informel estabondamment pratiqué autour de la machineà café et qu’il est largement utilisé en cas dedifficulté. Plusieurs enquêtes mettent en évi-dence leurs effets positifs en termes de sen-timent de satisfaction et de plus grande effi-cacité dans l’activité professionnelle.Mais, si là encore le ministère ne cessed’exhorter les enseignants au travail colla-boratif, dans la pratique, il n’est pas vraimentprévu de reconnaissance concrète de cettecomposante du travail. Les enseignants ontbesoin de temps d’échange entre eux, maisaussi en équipe pluriprofessionnelle avec lesCPE et les Psy-ÉN. Pour le SNES-FSU, cestemps d’échange nécessaires doivent doncêtre intégrés au temps de service pour per-mettre une réelle amélioration des conditionsde travail et participer ainsi d’une revalori-sation du métier et de son attractivité. Dimi-nuer la charge de travail, c’est aussi prendre

en compte des situations d’exercice particu-lières (éducation prioritaire, TZR, complé-ments de service) qui engendrent une sur-charge et une pénibilité supplémentaires. LeSNES-FSU a développé des demandes pouraméliorer ces situations. Il revendique aussiune entrée dans le métier facilitée par unediminution du temps de service. Cette dimi-nuation doit également se traduire par unaménagement des fins de carrière sur lemodèle de l’ex-CPA.Parallèlement, compte tenu de ce temps heb-domadaire de travail, une revalorisation dumétier d’enseignant se justifie. C’est d’ailleursun sentiment partagé par 75 % des personnelsdans le second degré. n

Êtes-vous satisfaits de votre charge de travail ?

Pas du tout satisfaitTout à fait satisfait

Plutôt satisfait

Plutôt insatisfait

17 %

39 %

42 %

2 %

56 % des enseignants ne sont passatisfaits de leur charge de travail

© Source : enquête du SNES-FSU 2017 réalisée auprès de 1 500 professeurs, CPE, Psy-ÉN.

À contretemps

Et pourquoi pas 2 heures de plus !La diminution du temps de travail des enseignants n’est pas dans l’air du temps.

Le SNES-FSU, dont la dernière enquêteconfirme une durée de 42 h 53 de travailhebdomadaire, a réussi à sécuriser, avec

le décret de 2014, le service des enseignantsdu second degré en distinguant les missionsobligatoires principalement en heures decours hebdomadaires et les « missions liées ».Il a obtenu de même une sécurisation de ladéfinition du temps de service dans les textesréglementaires concernant les CPE et lesPsy-ÉN. Cependant, la publication du décretde 2014 n’a pas fait renoncer les partisansd’une augmentation de travail des ensei-gnants.Après le « Augmenter de 30% le temps detravail des enseignants » de Nicolas Sarkozyen 2014, un récent rapport du Sénat préco-nisait, lui aussi, d’allonger le temps d’ensei-gnement, considérant les 18,6 heures enmoyenne par semaine, inférieures à la

moyenne des pays de l’OCDE (19,2 heures). Le sénateur LR Gérard Longuet, rapporteurspécial de la mission « enseignement sco-laire », proposait d’augmenter les obligationsde service de deux heures et « dans un objectifd’équité », d’aligner « le régime horaire desprofesseurs agrégés sur celui des certifiés ».

AnnualisationCe rapport suggérait aussi, « pour assouplir lecadre de gestion de leur temps de travail », deredéfinir les obligations réglementaires de ser-vice sur une base annuelle et non plus hebdo-madaire en appliquant les 1 607 heures par an. Ces propositions reviennent régulièrementet sont également portées par des Think tanks,dans un seul but, économiser des postes. Plusde 47 000 selon le fameux Ifrap, pourfendeurdu décret de 50 en son temps, défenseurd’une annualisation et lui aussi partisan du

plus 2 heures, argumentant « qu’une telleréforme permettrait de faire des économiesnon négligeables sur les traitements et surles retraites de professeurs ». D’autresgroupes de réflexion ou laboratoires d’idéesnourrissent le débat et tendent tous dans lemême sens, celui d’une augmentation dutemps de travail. Elles ne sont pas loin d’êtrepartagées par l’Élysée et Matignon. Ces offensives régulières incitent à ne pasbaisser la garde. n

Des revendications légitimes

Diminuer le temps de travailLe SNES-FSU revendique cette diminution pour tous les personnels du second degré par une réduction des maxima hebdomadaires de service.

75 % des enseignants ne sont passatisfaits par leur rémunération

Pas du tout satisfait

Plutôt satisfait

Plutôt insatisfait

30 %

45 %

24 %

1 %

© Source : enquête du SNES-FSU 2017 réalisée auprès de 1 500 professeurs, CPE, Psy-ÉN.

Tout à fait satisfait

Êtes-vous satisfaits de votre rémunération ?

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« ajustent » les notes, d’autant plus facilementqu’aucun jury d’harmonisation n’est prévu.Ces pratiques génèrent des difficultés et de lasouffrance chez les collègues, qui portent ladouble responsabilité de décider des épreuveset de les évaluer pour un examen national.

Le choix des inégalitésAu final, même si les sujets sont en nombresuffisant dans les banques pour éviter le bacho-

tage, même s’ils sont proposés de manièresuffisamment souple pour que les

enseignants puissent y puiserce qui convient à leurprogression, même s’ilssont de difficulté approxi-

mativement égale, même s’il estfourni des barèmes aux équipes, rien ne peutcompenser le fait qu’ils soient gérés dans lesétablissements. Le ministre a délibérémentchoisi de renforcer la valeur locale, donc inéga-litaire, du baccalauréat. n

Valérie Sipahimalani

28 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

MÉTIER

Déjà testée de manière confidentiellepour certaines épreuves de la voietechnologique, la méthode a pris

de l’ampleur avec la publication de 80sujets possibles pour chaque discipline,intégralement disponibles hormis la grilled’évaluation. Comme les années passées,les équipes ont reçu une liste de vingtsujets parmi lesquels choisir ceux qu’ellesproposeraient à leurs élèves. Pour cetteépreuve dont l’organisation (convocations,choix des sujets, modalités pratiques demise en œuvre, évaluation) est locale, lamise en ligne s’est substituée à celle effec-tuée auparavant par les élèves, dont lespremiers à passer alimentaient les réseauxsociaux. Elle a confirmé que l’écueil principaln’est pas la publication d’une banque desujets, mais le caractère local de la passa-tion. Les sujets ne sont pas d’égale difficulté,ce qui induit une rupture d’égalité entre lescandidats et entre les lycées. Les barèmes nesont pas interprétés de la même façon, et

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La décision du Premier ministre de transférerles DRONISEP (Délégations régionalesde l’ONISEP) ainsi que leurs missions et

leurs personnels aux Régions, a été motivée parle souci de donner à celles-ci un lot de conso-lation après la perte de l’apprentissage. Cettemesure aurait pour effet d’affaiblir à très courtterme le fonctionnement de l’ONISEP, privéde ses ressources en académie, et de dimi-nuer la qualité de ses productions. Au fil des débats parlementaires à l’Assem-blée, la complexité du projet est apparue et

PSY-ÉN. Régionalisation de l’orientation, suppression des CIO, rattachement des Psy-ÉN aux rectorats,c’est bien le service public national d’orientation qui est attaqué.

Les grandes manœuvresquelques amendements visant à garantirl’accès à une information non uniquementrégionale pour tous les élèves, à organiser lescoordinations entre structures régionales etservices centraux et à encadrer l’interventiondes entreprises dans les établissementsscolaires ont été adoptés. Mais les rapporteurs des affaires culturellesau Sénat ont déjà posé une sorte d’ultimatumau gouvernement. Ils subordonneraient leurvote du projet de loi sur l’avenir profes-sionnel à la mise en place d’une réforme en

profondeur de l’orientation scolaire. Depuis2003, ce sont toujours les mêmes proposi-tions de transfert des CIO et des personnelsaux Régions qui ont les faveurs de certainsgroupes parlementaires ! À cette occasion,le ministre a donné également ses perspec-tives pour l’orientation scolaire.

Les enseignants en première ligne !Après s’être félicité de l’implication desRégions dans l’information des élèves, pré-sentée comme une amélioration là où nous yvoyons des risques de pression en fonctiondes politiques économiques locales, leministre a indiqué qu’il souhaitait aller dansle même sens pour transformer l’orientation.Les prémices de cette réflexion sont conte-nues dans le projet de circulaire sur le rôle desprofesseurs principaux et il y a lieu de s’in-quiéter. Le professeur principal remplaceraità lui seul toute l’équipe pluri-professionnelleet tout particulièrement les Psy-ÉN dont lesmissions sont ignorées. La préparation àl’orientation deviendrait un « enseignement »dont il aurait la charge ! Il est plus que jamaisnécessaire de protester ensemble contre cesprojets régressifs pour les élèves et pour lespersonnels. n Marie-Agnès Monnier

LES ÉPREUVES DE COMPÉTENCES EXPÉRIMENTALES (ECE) en SVT et physique-chimie ont permis cette annéed’expérimenter les banques d’épreuves en ligne sur Eduscol.

Banques d’épreuves en ligne :vrai enjeu ou faux problème ?

l’absence de réunion d’entente ne permet pasde lever les doutes. Certaines équipes peuventêtre conduites à préparer spécifiquement leursélèves aux sujets qu’elles ont choisis, d’autres

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 29

Plus de 1 000 stagiaires, représentatifsde l’ensemble des corps, des disciplineset des académies, ont pris de leur temps

– pourtant compté ! – pour nous répondre.Nous les en remercions.

Le ministère a ouvert une concertationpour évoquer la possibilité de pré-recruter des étudiants sous statut d’AED.

Aujourd’hui, ces derniers sont essentielle-ment des personnels de surveillance, et n’ontpas la possibilité d’enseigner. Le ministèreprévoit de modifier le statut des AED et la loide 2003 pour qu’à la rentrée 2019, il soitcréé une nouvelle catégorie d’AED recrutéspour une durée de trois ans, du niveau L2jusqu’en M1.

Là où il y a une volonté...L’AED recruté par le rectorat – et non pluspar le chef d’établissement – aurait un servicede 8 heures en établissement.Il pourrait, au cours de son année de L2,participer au dispositif Devoirs faits, voire àl’accompagnement personnalisé. En L3, ileffectuerait des remplacements de profes-seurs absents et, en M1, enseignerait pendantla totalité de son service.Il aurait une rémunération dont le montant

n’est pas connu, mais quipourrait varier selon lesmissions. Il suivrait descours à l’Université etpourrait se présenter auxconcours de l’enseigne-ment, externes commeinternes.Le projet ne peut susciterl’enthousiasme. À moyensconstants – ce quiimplique des rémunérations extrêmementbasses –, il est peu probable que le dispositifattire vers nos métiers les 10 000 étudiants-AED attendus par le ministère. À l’heureactuelle, les emplois d’avenir professeur nefont pas recette, alors qu’il s’agit de disposi-tifs bien mieux rémunérés...Pour le SNES-FSU il n’est pas concevableque des étudiants puissent avoir des classesen remplacement dès l’année de L3. L’éta-blissement scolaire n’est pas en lui-mêmeformateur. L’étudiant doit être accompagné,

doit pouvoir analyser les situations qu’il vit.Il est possible de réaliser de véritables pré-recrutements, si l’État y met les moyens,comme ce fut le cas dans le passé. LesIPES, à l’instar des CP-CAPET dans l’en-seignement technique, ont permis aux pré-recrutés de bénéficier d’un pré-salaire etde pouvoir se préparer sereinement à leurconcours. C’est la seule voie pour réduire lacrise de recrutement, mais le ministère leveut-il vraiment ? n

Alain Billate

ENQUÊTE STAGIAIRES. Comme l’année passée, le SNES-FSU a mis en ligne début juin une enquête à destinationdes stagiaires pour faire le bilan de leur année de stage.

Difficile entrée dans le métierPlus d’un tiers de ces stagiaires (38,4 %)avait déjà exercé dans l’Éducation natio-nale, essentiellement comme contractuel ouAED. De même, ils sont plus de 35 % à êtreen reconversion professionnelle.

Insuffisamment conquisLes formations à l’ÉSPÉ sont très inégale-ment appréciées. Si près de deux stagiaires surtrois considèrent que l’analyse de la pratiqueen stage présente un intérêt à court ou moyenterme (contre trois sur quatre l’an passé), ilsne sont plus qu’un stagiaire sur cinq à avoirle même avis lorsqu’on évalue les modules detronc commun ou d’initiation à la recherche(un sur quatre l’an passé).On note une baisse importante de l’appré-ciation par les stagiaires de l’ensemble desformations par rapport à l’année passée.L’infantilisation, la surcharge de travail,le décalage entre la formation et le terrainou leurs besoins revient souvent dans lestémoignages.

Satisfaits, mais épuisés !S’ils sont 33 % à être épanouis et 45 % à êtresatisfaits de leur entrée dans le métier, les stagiaires sont aussi 73  % à déclarer être

fatigués et 52 % à être stressés. Ils sont eneffet 54 % à estimer leur temps de travail (enétablissement, en formation, temps de pré-paration des séquences...) à plus de 50 heurespar semaine !Au terme de cette année de stage, plus de lamoitié des stagiaires (55 %) a le sentimentd’avoir été insuffisamment préparée pourexercer son métier. n

Melody Martin

AFFECTATION STAGIAIRESRENTRÉE 2018

Les résultats d’affectation en académieparaîtront du 29 juin au 9 juillet.Le ministère ne vous informera pas parmail. Vous devrez chercher vous-même lerésultat sur SIAL.

Contactez le SNES-FSU grâce à la fichede suivi afin d’être informé,dès sa parution, du résultatde votre affectation et desmodalités de vœux au seinde l’académie obtenue.

AED ET PRÉRECRUTEMENT. Le ministère veut-il vraiment résorber la crise de recrutement qui touche plusieursdisciplines du second degré et plusieurs académies pour les professeurs des écoles ?

Brader la formation et solder le statutd’enseignant

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CATÉGORIES

30 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

LISTE D’APTITUDE. La CAPN d’accès au corps des agrégés s’est tenue du 19 au 21 juin. Il y avait cette année356 possibilités de promotions, soit un nombre équivalent à celui qui prévalu l’an passé.

Plusieurs voies de promotion

Une enveloppe d’indemnités (IMP) estattribuée chaque année en même tempsque la dotation horaire globale. Le

recteur prend les décisions individuelles d’at-tribution de ces indemnités, sur propositiondu chef d’établissement, lequel aura prisl’avis du conseil d’administration (CA) etdu conseil pédagogique.Le SNES-FSU a toujours défendu que l’au-tonomie des établissements ne devait enaucun cas s’élargir à la gestion des personnelset que le CA n’a donc pas à délibérer sur larémunération ou sur les obligations de servicedes personnels. Cela reviendrait en effet àconsidérer que, pour une même mission, larémunération peut être à l’appréciation dela situation locale... voire du chef !

En juin, puis en septembreToutefois, ce dispositif doit permettre auxélus en CA d’exiger la transparence sur l’uti-lisation de ces moyens. Il s’agit en févrierde faire valoir, pour la rentrée suivante, lapriorité accordée aux missions nécessairesau bon fonctionnement des enseignements,en s’appuyant notamment sur la circulaire

Si cette promotion a perdu beaucoup decrédit, tant elle souffre de candidaturesde proximité ou de propositions impo-

sées, force est d’observer combien la pers-pective de devenir IPR occupe une placecroissante dans la motivation des candidatsles plus jeunes, n’ayant pour la plupartjamais présenté les concours, trop occupésqu’ils étaient à des missions d’inspectionou d’accompagnement des réformes. LeSNES-FSU propose que le rééquilibragedes propositions passe par un barème prenanten compte des éléments objectifs (diplômes,bi-admissibilité).

Listes complémentairesCette CAPN demeure en effet une porte trèsétroite, ne permettant la promotion que d’unseptième des titularisations par concours(notre revendication est d’un cinquième).Nous avions obtenu en 2017 la sécurisationde pratiques concernant les reliquats disci-plinaires : soit en permettant une promotionpour des disciplines n’en offrant pas, soiten offrant des possibilités supplémentairesde nominations dans d’autres disciplines.

En cet An I d’application du PPCR, le minis-tère se trouve confronté à une situation iné-dite : certains collègues promus lors de cetteCAPN sont susceptibles de renoncer à leurpromotion, étant également éligibles à laclasse exceptionnelle 2018 ou, pour les pro-mus 2017 à la classe exceptionnelle, à l'éche-lon spécial. Ce reclassement peut s'avérerplus favorable que l’intégration dans le corpsdes agrégés, en particulier pour les collèguesproches d’un départ à la retraite. Or, l’ad-

ministration, bien que pré-venue de cette éventualitépar nos soins depuis un anet demi, se trouve toujoursdans l’incapacité d’offrirà ses agents un choixéclairé entre l’une ou l’au-tre promotion. Les collègues promus agré-gés par liste d’aptitudeayant jusqu’au 31 août pourse désister en faveur de laclasse exceptionnelle descertifiés ou de l’échelonspécial, nous avons obtenu

– afin d’éviter de perdre des promotions –l'établissement dans toutes les disciplines delistes complémentaires ordonnées. Le minis-tère s'est engagé à contacter les collègues ins-crits en liste complémentaire au fur et à mesurede ces désistements. Ces derniers pourrontégalement se désister en cas de promotion àla classe exceptionnelle des certifiés ou àl’échelon spécial. Nul doute, que d’ici la cam-pagne 2019, le ministère pourra efficacementrenseigner les collègues. n X. M.

ministérielle qui rend prioritaire deux typesde mission : celle de coordonnateur de dis-cipline et celle de référent « ressources numé-riques ». Il s’agit aussi de faire respecter lepoint de vue des équipes pédagogiques. En cette fin d’année, il s’agit de faire le pointen CA sur les missions qui ont été effecti-vement indemnisées et à quelle hauteur,

puisque le taux de ces indemnités peut varieren fonction de l’importance de la mission(voir tableau).À la rentrée, il faudra s’assurer que ces missions – qui relèvent du volontariat – nesont pas imposées aux collègues, et être par-ticulièrement attentifs à ceux qui arriventdans l’établissement. n Xavier Marand

IMP. Depuis 2016, certaines missions sont reconnues soit par un allégement de service soit par une Indemnitépour mission particulière (IMP). En cette fin d’année comme à la rentrée, il faudra obtenir la transparence surcette question.

Obtenir la transparenceMission particulière Taux annuel Autres taux en fonction

de la charge effective de travail

Coordination de discipline 1 250 € 625 € ou 2 500 €

Référent pour les ressources et 1 250 € ou 2 500 € ou 3 750 € « selon la chargeusages pédagogiques numériques de travail et le niveau d’expertise requis »

Référent décrochage 1 250 € 625 € ou 2 500 €

Référent culture 625 € 1 250 €

Tutorat des élèves en lycée 312,50 € ou 625 € « en fonction de l’importanceeffective de la mission »

Coordination de cycle d’enseignement 1 250 € 625 € ou 2 500 €

Coordination de niveau 2 500 €d’enseignement 1 250 € (3 750 € « à titre exceptionnel »)

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 31

MANIFESTATION UNITAIRE. Plusieurs milliers de retraités ont manifesté jeudi 14 juin dans tous les départementsà l’appel du « groupe des 9 » pour protester contre la politique du gouvernement et la baisse du pouvoir d’achat.

Les retraités continuent le combatI

ls ont exprimé leur colère devant lesprélèvements CSG qui amputent leurspensions pour 60 % d’entre eux, alors

que le gouvernement multiplie les cadeauxfiscaux aux plus riches, au détriment desservices publics et de la Sécurité sociale.

Ils ont interpellé les députés de la majoritéqui se dérobent souvent. Ils vont poursuivreleurs actions pour rappeler leur demanded’une loi de finances qui annule la haussede la CSG pour tous, mette fin au gel despensions (qui est programmé aussi pour2019) et qui assure leur revalorisation.

Passer à l’actionDéjà des milliers de pétitions sont signées. Le récent rapport du Conseil d’orientationdes retraites (COR) de juin 2018 montreque le niveau de vie des retraités recule parrapport à celui des actifs et que cette ten-dance va se poursuivre. Les projectionsprévoient, selon les scénarios, que le niveaude vie relatif des retraités par rapport à celuide l’ensemble de la population baisseraitde 5 à 11  % d’ici 2040 et de 20 à 23  %d’ici 2070. Il ne s’agit que de moyennes.La question du pouvoir d’achat devenant de

plus en plus prégnante, le « groupe des 9 »envisage une grande initiative sur ce sujet àla rentrée : tract diffusé massivement, inter-pellation du président du groupe LRM etjournée nationale de mobilisation.Par ailleurs, les retraités poursuivent leuraction au Haut conseil de l’âge concernantnotamment le financement de la perte d’au-tonomie, question qui doit se concrétiser parune loi fin 2019. Ils seront partie prenantedes actions menées par les organisationssyndicales de salariés des EHPAD et du sec-teur de l’aide à domicile, face aux proposi-tions fort insuffisantes d’Agnès Buzyn. Lesretraités participeront aussi, aux côtés desactifs, aux actions menées contre le projetde réforme des retraites qui s’inspire d’unmodèle libéral de société, qui supprime toutrepère collectif et entraînerait pour tous,actifs et retraités, de graves dégradations. n Marylène Cahouet

boutent sur les dérives managériales desannées 2000 : une conception du CPE « chefde service », « conseiller technique » du seulchef, loyal et ne devant pas compter sontemps, chargé de rédiger « un projet de viescolaire » et faisant l’objet de « lettre demissions »...

Des principes bafouésOutre la mise en cause du droit à la mobilitéde tous, le profilage des postes, en replaçantles CPE dans une position d’assujettissement,s’inscrit bien dans une stratégie d’oppositionrevendiquée à l’application de la circulairede 2015. Loin d’un catalogue où chacun ferait

son marché pour justifier de recruter « soncollaborateur », cette circulaire est LE document de référence, qui affirme le sensde l’activité éducative de tous les CPE.

Pour le SNES-FSU, rien ne justifiece profilage de postes, dont les« tâches spécifiques » relèvent enfait des missions ordinaires de tousles CPE, définies dans la circulaire

de 2015 que l’institution doit davantage por-ter pour lever les obstacles. C’est ce qu’il aréaffirmé auprès de l’inspection générale le21 juin, et c’est le sens de son action danstoutes les CAPA de mouvement. n

Philippe Guingand, Olivier Raluy

POSTES CPE. Les opérations de mouvement dans plusieurs académies témoignent d’une augmentationexponentielle du nombre de postes spécifiques, échappant le plus souvent à toute justification.L’institution est prise en flagrant délit de contournement des règles qu’elle a elle-même édictées...

La circulaire de missions détournée

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ÀBordeaux, un poste sur deux affichésvacants au mouvement est profilé sansaucune explication. Ailleurs, la seule

justification est l’existence d’un internat(Créteil, Paris). Des missions ordinaires dela circulaire de missions de 2015 sont isoléespour être instrumentalisées et servir deprétexte à un profilage, comme l’accueil depublics de CSP défavorisées ou à besoinséducatifs particuliers, ou encore le volumede l’équipe d’AED ou l’organisation desexamens (Toulouse, Lille, Montpellier,Lyon). Dans le département de la Lozère,trois postes de CPE sont profilés « CPE/Professeur documentaliste » au mépris absoludes métiers, des qualifications et descollègues.

Vers un recrutement local ?Les académies épargnées deviennent troprares pour ne pas y voir une offensive mani-feste bien dans l’air du temps. D’opportunsrapports reviennent sur la nécessité de déve-lopper le recrutement des personnels par leschefs d’établissement. C’est une des pistesde renforcement de l’autonomie portées parle ministre, qui l’a d’ailleurs déjà mis enœuvre en tant que recteur à Créteil puis auministère dans le cadre du programmeÉCLAIR...Elle fait écho aux résistances de trop nom-breux chefs d’établissement et IPR qui s’arc-

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32 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

Wacila, Sandrine et Jean-Luc exercenttous les trois cette activité au lycéeSaint-Charles à Marseille. S’ils font

le même métier, ils n’ont pas le même statut.Si Sandrine et Wacila sont titulaires, Jean-Luc est contractuel.Sandrine a commencé le métier en tant questagiaire en 2003. Auparavant, elle occupaitun emploi précaire. Wacila était commisdans la restauration avant de passer leconcours pour devenir personnel Technicien,ouvrier et de service (TOS). « À l’époque,on passait un entretien avec un gestionnaire,un chef d’équipe et un proviseur, à l’ins-pection académique. » Avec la décentrali-sation (2003), il a fallu choisir entre resterpersonnel d’État ou devenir personnel deRégion, agent territorial. Pour Wacila, celan’a eu que des avantages : treizième mois,places de cinéma, des tickets restaurants(trois dans l’année), mise en place d’uncomité d’entreprise.

Nettoyer et servirAu lycée Saint-Charles, à Marseille, commedans d’autres établissements, ce sont deuxéquipes qui se relaient dans la journée. Il ya celle du matin, qui commence à 6 heureset achève son travail vers 14 heures, à la

fermeture de la cantine. Puis il y a celle del’après-midi qui débute à 11 h 30 et terminevers 19 h 30. Wacila, elle, est de l’après-midi. Son service commence à la cantine.Elle s’occupe ensuite, au troisième étage,du nettoyage de « huit salles de classes, destoilettes et du couloir ». Il faut aussi compteravec les permanences à chaque vacances. Ily a les « petites permanences », pendant la

période scolaire d’hiver, au cours desquellesil faut tout remettre en ordre pendant deuxjours, et il y a les « grandes permanences »,pendant l’été, au début du mois de juillet età la fin du mois d’août.

Un métier pénible« Le métier est physique » rappelle Jean-Luc,contractuel dans le même établissement.

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ILS TRAVAILLENT À NOS CÔTÉS, ce sont nos collègues, mais nous leur parlons peu et les connaissons mal. «  Ils  », cesont les agents d’entretien et de restauration. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs conditions de travail ?

Peu visibles, mais indispensables

Les agents d’entretien

Jean-Luc est contractuel au lycée Saint-Charles

Cela fait trois ans que je travaille pour la Région. Avant, j’étais dans la péni-tentiaire. J’y suis resté 26 ans. J’ai démissionné et j’ai été recruté par unesociété de nettoyage, mais la boîte a fait faillite et j’ai connu un licenciementéconomique. C’est Pôle emploi qui m’a proposé ce travail d’agent d’entretien.J’ai déjà fait sept lycées différents. Je ne signe jamais de contrat d’un an,ça peut être pour quinze jours, un mois, deux mois ou trois mois. Cette année,

c’est la première fois que je vais être payé pendant mes congés. Ces contrats sont tropprécaires : du jour au lendemain, on peut retourner au chômage. Après quelques années deservice, je ne comprends pas qu’on ne soit pas titularisé. Financièrement, c’est difficile, et jen’arrive pas toujours à joindre les deux bouts. Au début, j’avais un autre emploi, pour unesociété de nettoyage. Je commençais à 4 heures le matin, ensuite j’allais travailler au lycée,mais ça devenait trop dur. Récemment, j’ai réussi la première partie du concours pour devenirtitulaire et là j’attends l’oral. J’espère pouvoir me stabiliser un peu.

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En plus de la cantine, il s’occupe des toi-lettes extérieures et de la salle polyvalente.« Lorsqu’il y a des examens, c’est une cen-taine de tables qu’il faut mettre en place,puis enlever car il y a les cours de danse. »Wacila se plaint d’avoir mal au dos, San-drine, qui travaille dans le même établis-sement, a une tendinite et des douleurs auxcervicales. « Les enseignants et les élèvesne se rendent pas toujours compte que noussommes déjà à la tâche vers 6 heures dumatin, ils ne perçoivent pas toujours la réa-lité du travail, alors qu’il est essentiel »,note cette dernière. « Si le lycée est bienentretenu, c’est grâce aux agents » ajoute-t-elle. « C’est quand même plus agréablede pénétrer dans une salle propre que salepour travailler, non ? » Elle s’occupe del’entretien des salles de STMG, au rez-de-chaussée, des toilettes, du couloir et de lacantine. «  En moyenne, on passe vingtminutes par salle de classe, mais ça dépenddes lycées. » Dans ses postes précédents,Sandrine avait en charge 14 salles, « et il ya des établissements dans lesquels lesagents doivent parfois nettoyer une ving-taine de salles ».Evidemment, le travail s’en ressent, et l’en-tretien est forcément plus rapide. Parfois,« il faut effacer le tableau, vider la poubelle,passer la serpillière, fermer les fenêtres,laver les tables, c’est lourd ». Tous relèventqu’il y a des années plus difficiles qued’autres. Cette année a été dure, du fait desnombreuses dégradations dans les toilettes,

de la saleté de certaines salles de classes,des tags qui parsèment les murs. Les pro-duits utilisés pour enlever les inscriptionssont toxiques et dangereux. Ils se plaignentainsi d’avoir eu mal aux poumons.

Les relations avec les élèvesSi le métier est parfois difficile, ils aimentaussi ce qu’ils font. Ce que préfère Wacila,c’est la cantine, le contact avec les élèves,avec lesquels il lui arrive de plaisanter. « Ily a aussi des profs sympathiques. » « Parfois,certains élèves viennent discuter avec nousdans les couloirs ou même à la plonge » noteSandrine. « On finit par en connaître cer-tains. » « Certains élèves se confient. Ils

racontent les conflits dans les familles, leurspeines. » « Il y en a à qui je fais la bise »ajoute Wacila. « On leur pose des questionssur les cours, sur les études, le travail, quece soit des filles ou des garçons. L’annéeprochaine, d’ailleurs, je défile avec eux lejour du carnaval » dit-elle en riant. Il y a,malgré tout, des élèves moins agréables qued’autres, mais tous font remarquer qu’il s’agitvraiment d’une petite minorité. Cette année,certains ont été surpris en train de taguerdans les toilettes. Leur « punition a été de

venir nettoyer avec nous, et certains se sontrendus compte de la dureté du travail » relèveSandrine. Jean-Luc et Wacila regrettent unmanque de reconnaissance de leur travail.« Au niveau administratif, dans un établis-sement, on t’offre pas vraiment du chocolat »explique Jean-Luc. « En dehors de l’amicaledes professeurs, il n’y a pas de repas orga-nisé, on se sent parfois un peu à l’écart. »n

Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 33

Rubrique réalisée par Nicolas Sueur

Trois questions à...

L’US Mag : Quelle place occupe aujourd’hui le SNUTER chez lesagents de lycée et de collège ?

Cyril Rigaudiere : Le Syndicat national unitaire de la territoriale (SNUTER) a étécréé en 2015. Il est issu du rapprochement du Syndicat national unitaire des agents descollectivités territoriales et de l’État (SnuACTE-FSU) et du SNUCLIAS-FSU (Syndicatnational unitaire des collectivités locales, du ministère de l’Intérieur et du ministèredes Affaires sociales). Avec plus de 11 000 membres, il est aujourd’hui le troisièmesyndicat en nombre d’adhérent-e-s dans la FSU. Globalement, les collègues sontréticents à l’égard des syndicats. Beaucoup pensent qu’ils ne servent plus à grand-chose. Pour certains, le syndicalisme peut représenter une source de problèmes, notamment avec leur gestionnaire ou leur proviseur. Les agents ont en effet une doubleautorité : une autorité fonctionnelle, qui est représentée conjointement par le chef d’établissement et le gestionnaire pour tout ce qui concerne le quotidien, et une autoritéhiérarchique, qui est représentée par la Région ou le département.L’US Mag : En 2003, le gouvernement Raffarin a décidé de la décentralisation despersonnels TOS. La FSU s’était mobilisée contre ce projet. Qu’en est-il aujourd’hui ? C. R. : En 2004, ce sont près de 133 000 emplois en équivalent temps plein qui devaientêtre transférés de l’État vers les collectivités. Le transfert a débuté dès 2005 et s’estachevé en 2009. Au moment de la décentralisation, les personnels ont eu à choisirentre le détachement (rester dans la Fonction publique d’État) ou l’intégration (rejoindrela Fonction publique territoriale). Ils ont opté en très grande majorité pour l’intégration.Aujourd’hui, les agents sont pour la plupart satisfaits d’avoir intégré la Fonctionpublique territoriale car le régime indemnitaire a été plus avantageux. En fonction desRégions ou des départements, les avantages sont plus ou moins conséquents. Dans laRégion Île-de-France par exemple, les agents bénéficient de différents chèques cadeaux(100 € pour les enfants à la rentrée des classes, 30 euros à Noël et pour le Nouvel an),ainsi que d’une prime régionale de 1 500 euros brut pour les titulaires. Actuellement,dans la Fonction publique territoriale, aucun poste n’est réservé suite à la réussite d’unconcours. L’agent doit présenter un CV et une lettre de motivation pour pouvoir sefaire embaucher, de la même manière qu’il le ferait dans une mairie.L’US Mag : Quelles sont les revendications que porte le SNUTER auprès de cettecatégorie de personnels ? C. R. : Nous cherchons à mieux faire reconnaître la pénibilité du travail des agents.Les maladies professionnelles sont importantes. Les troubles musculo-squelettiquesdébouchent sur des situations d’inaptitude totale ou partielle au travail. Les politiquesdéveloppées au niveau local peuvent parfois aggraver ces problématiques. De manièregénérale, une demande de suppléance est étudiée à partir de quinze jours d’absencecalendaires, ce qui veut dire que, pendant ce laps de temps, la même quantité de travailrepose sur un nombre de personnels restreint. Nous nous battons aussi pour obtenir unplan de titularisation des contractuels. Les politiques d’austérité débouchent aujourd’huisur des réductions de postes. Concernant la Région Île-de-France, l’écrémage enpersonnel a démarré pour les agents du siège où cinquante postes sont retirés chaqueannée depuis le début de la mandature de Valérie Pécresse. La formation est un autrechamp de lutte. En Île-de-France existe un portail de formation sur lequel les agentspourraient s’inscrire directement, mais beaucoup d’agents ne peuvent le faire par lemanque d’accès à un poste informatique sur leur lieu de travail et un manque deformation pour l’utilisation de ce portail. Dans tous les cas, l’inscription se fait toujoursavec l’accord du gestionnaire qui, dans beaucoup de cas, ne valide pas en prétextantles « nécessités de service ».

Cyril RigaudiereÉlu du SNUTER-FSU au comité technique de la Région Île-de-France

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et il est l’œuvre de Louis Geoffroy. Qua-rante ans plus tard, le philosophe néo-kantienCharles Renouvier publie Uchronie : l’utopiedans l’histoire.Le point de divergence de Renouvier, c’est ladécision de Marc Aurèle (161-180) de réfor-mer l’Empire en refoulant les chrétiens versl’Orient. Il lui permet de dresser, selon les his-toriens Q. Deluermoz et P. Singaravélou, letableau d’un Occident « éclairé » qui aurait« repoussé les assauts des Barbares » et oùla science se serait développée sans êtreentravée par un christianisme survivant « sousune forme épurée ». Toutefois, contraire-ment à la fresque de Renouvier, les uchroniescontemporaines ne s’assignent que rarementla tâche de présenter au public des mondesidéaux. La plupart dépeignent des trajec-toires potentielles autrement plus funestes...

Un succès grandissantDepuis quelques décennies, l’uchronie faitflorès, notamment dans la littérature des paysanglophones. Dans Fatherland deRobert Harris (1992), un policier berlinoisenquête sur une mystérieuse «  conférencede Wannsee » dans un monde où l’Axe agagné la Seconde Guerre mondiale. Le complot contre l’Amérique de Philip Roth

n’a pas été –  et dont l’intérêt est précisé-ment l’écart qui la sépare de ce qui est bel etbien advenu.Comme tant d’autres choses, l’uchronie estfille de la Révolution française. L’humanitévenait de faire la démonstration éclatanteque c’était elle qui faisait l’histoire. Quoi deplus normal que l’on s’entende dès lors àimaginer les trajectoires alternatives qu’elleaurait pu prendre ? Le premier ouvrage entiè-rement uchronique est publié en  1836. Ils’intitule Napoléon et la conquête du monde

Concevoir des passés qui, s’ils n’ont paseu lieu, n’en restent pas moins des voiesque l’histoire aurait pu emprunter : tel

est le ressort profond de l’uchronie. Sivouloir rejouer l’histoire n’est pas une aspi-ration nouvelle, puisque de tels procédéssont attestés chez Thucydide et chez Tite-Live, l’uchronie en tant que genre littérairea le vent en poupe ces dernières années. Ilfaut dire que revisiter le passé interrogenotre rapport à notre histoire –  et donc ànotre identité –, ce qui n’est pas peu dire dansdes sociétés présentées comme étant «  enperte de repères » !

Aux origines d’un genreLe Larousse du XIXe siècle définit l’uchroniecomme une « histoire refaite logiquementtelle qu’elle aurait pu être ». Cette définition,qui a le mérite d’ancrer l’uchronie dans lepassé, est trop floue, car elle ne met pas enlumière la spécificité du genre. Ce qui défi-nit en propre les récits uchroniques, c’est unévénement qui fait que, dans un mondejusque-là identique au nôtre, l’histoire prendune direction différente. Cet événement surlequel le cours des choses dérape constitue lepoint de divergence, l’instant originel d’unehistoire potentielle qui aurait pu être, mais qui

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ET SI CHRISTOPHE COLOMB n’avait pas découvert l’Amérique ? Et si Napoléon l’avait emporté à Waterloo ?Ces questions apparemment naïves, que l’on avait l’habitude il y a encore peu de temps de balayer d’un reversde main, sont de plus en plus prises au sérieux. Au point qu’un genre littéraire nouveau a vu le jour.

Quand divergence rime avec pertinence

Pistes bibliographiques◗ BESSON Florian & SYNOWIECKI Jan (dir.),Écrire l’histoire avec des « si », Éditions Rued’Ulm, 2015.

◗ DELUERMOZ Quentin & SINGARAVELOU Pierre,Pour une histoire des possibles  : analyses contre-factuelles et futurs non-advenus, Seuil, L’univershistorique, 2016.

◗ HENRIET Éric, L’histoire revisitée  : Panoramade l’uchronie sous toutes ses formes, BelleLettres, 2004 (première édition 1999).

◗ PERNOT François & VIAL Éric (dir.), Uchronieset histoire contrefactuelle, Paris, Éditions del’Amandier, 2014.

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 35

(2004, traduction française 2006) évoque deson côté la victoire de l’isolationniste fasci-sant Lindbergh face à Roosevelt aux électionsprésidentielles de 1940. Ce tropisme peu sur-prenant pour les années noires de ce siècle– déjà présent dans le magistral Maître duHaut Château de Philippe K. Dick (1962, tra-duction française 2012)  – n’empêche pasd’autres auteurs de privilégier des périodesplus anciennes.Ainsi, dans Pavane (1966, traduction fran-çaise 2008), Keith Roberts dresse le portraitd’une Angleterre ultra-catholique et encorelargement féodale, près de quatre sièclesaprès la victoire de la Grande armada surve-nue en  1588. Dans Chronique des annéesnoires (2002, traduction française 2006),Kim S. Robinson nous plonge dans un mondedominé par les pays musulmans et par laChine, qui ont su profiter de la destruction dela civilisation occidentale par la peste noire.Une exception notable dans cet univers essen-tiellement anglophone : Tancrède d’Ugo Bel-lagamba (2012), roman dont le héros épo-nyme, un chevalier normand de la premièrecroisade, déserte les rangs croisés après lesmassacres d’Antioche, s’apostasie et tentede réconcilier les individus et les sociétésaux prises.Hors du monde anglophone, la vigueur del’uchronie est davantage attestée par la bandedessinée. Zipang, le manga de Kaiji Kawa-guchi revisitant la Seconde Guerre mondiale,a par exemple séduit des centaines de milliersde lecteurs au Japon et ailleurs. Il a parailleurs suscité, au sein de la société nipponneun vif débat sur les crimes de guerre perpé-trés par l’armée impériale en Chine et enCorée. En France, le succès grandissant de lacollection Jour J (voir encadré) prouve l’at-trait de publics fort différents pour les récitsuchroniques.

Le sérieux de l’imaginaireEn 2013, Pierre Assouline, faisant fi de larécente notoriété acquise par le genre, dénon-çait dans l’uchronie un « vain gadget », quin’avait qu’un seul mérite : celui de discri-miner entre un lectorat sérieux emprunt d’ob-jectivité et les méprisables amateurs de sen-

sations fortes pseudo-historiques. L’uchronieserait donc à révoquer en raison d’un défautde scientificité qui lui est constitutif, puisqu’ilest pour le moins malaisé de vérifier desfaits... qui ne se sont jamais produits !C’est oublier un peu vite que le raisonne-ment uchronique ne cesse d’être employé,consciemment ou non, par les historiens. Sedemander dans quelle mesure l’histoire auraitpu se dérouler autrement leur permet en effetde restituer, dans l’enchaînement appa -remment mécanique des faits, ce quePaul Ricoeur appelait « l’incertitude des évé-nements  ». Autrement dit de réévaluer lerôle des individus. Comment par exempleapprécier à sa juste valeur la portée de l’ar-

restation de Louis XVI à Varennes, dès lorsque l’on s’interdit d’entrevoir le monde radi-calement différent dont nous aurions hérité siDrouet n’avait pas reconnu le souverainfuyard ? La fascination du fait accompli–  cette «  illusion rétrospective de la fata-lité » dont parlait Raymond Aron – est unedes pires bévues que peut commettre l’his-torien. Si l’uchronie permet de l’en prémunir,même partiellement, il semble hasardeux dela considérer comme absolument vaine.Notons enfin qu’elle n’est pas à l’usage desseuls historiens. La démarche uchronique,que sa dimension ludique rend accessible auplus grand nombre, constitue également unantidote salvateur face aux idéologues dunéolibéralisme ânonnant sans relâche lecredo « There is no alternative ». En inter-rogeant les passés potentiels et les raisons deleur non-survenue, on ouvre l’avenir à l’infini champ des possibles. On s’oppose àune vision conservatrice de l’histoire qui,en rendant fatal le révolu, contribue à justifier l’ordre social existant. Comme lerappelle Florian Besson, «  l’uchronie, en redécouvrant les alternatives du passé, nousrappelle à chaque instant que –  n’endéplaise à Mme Thatcher – il y a des alter-natives  ». Elle a de ce fait «  un très fortpotentiel subversif ». n

Rubrique réalisée par Jean-François Claudon

LA COLLECTION JOUR JScénarisés par Jean-Pierre Pécau, Fred Duvalet Fred Blanchard, les albums de cette collec-tion nous plongent dans des histoires alter-natives présentées comme la résultanted’un point de divergence précis : le fameux«  Jour  J  ».La collection, lancée en 2010 chez Delcourt,a rapidement trouvé son public, puisquechaque tome se vend à 25 000 exem-

plaires environ. Les albums devaient en principe constituer des oneshots, mais les co-auteurs se plaisent de plus en plus à proposer à un lectorat fidélisé des suitespermettant d’approfondir des univers parfois trop rapidement esquissés.

Jean-Pierre PécauAuteur de plusieurs séries de BD historiques et uchroniques telles queEmpire et Le Grand jeu, il est co-scénariste de la collection Jour  J.

Trois questions à...

L’US Mag : Comment travaillez-vous ?Jean-Pierre Pécau : Je lis des sources, des biographies, des ouvrages de synthèse et jeme documente également beaucoup sur internet. J’échange par ailleurs avec mes deuxacolytes. On se partage le travail, car on est très complémentaires. Fred Blanchart s'oc-cupe essentiellement de la couverture. Fred Duval –  un ancien prof d'histoire-géo,comme moi ! –, aime, lui, scénariser l’histoire, la mettre en scène. De mon côté, je suisplus enclin à construire les univers et à écrire les dialogues.L’US Mag : Comment choisissez-vous les points de divergence ?J.-P. P. : Certains dessinateurs demandent une période précise et mes goûts personnelsrentrent évidemment en ligne de compte. Mais il est indéniable que les considérationséditoriales sont déterminantes. Les uchronies sur le XXe siècle parlent davantage au lec-torat. Qu'on le veuille ou non, la Seconde Guerre mondiale attire plus que le XIIIe siècleou la Chine des Ming... On s’efforce de n'adopter qu'un seul point de divergence, car sinon,on peut être entraîné dans des développements complètement délirants. Avec FredDuval, on aimerait bien concevoir des pivots culturels et scientifiques, mais celademande des connaissances extrêmement précises et, en plus, on risquerait le fiasco com-mercial. Il est difficile de concilier ambition historique et succès auprès du public, carnous ne disposons que de 54 pages ! Même si nous ne désespérons pas de convaincreDelcourt de nous en octroyer davantage pour les albums à venir...L’US Mag : Quelles sont vos relations avec votre public ?J.-P. P. : Les lecteurs de Jour J sont vraiment des passionnés, c’est la première fois que jevois ça à ce point. Ce qui montre que l’uchronie, c’est de la politique : les gens s'investis-sent, prennent parti, et parfois nous prennent à partie. Avec la massification du lectorat, onconstate des réactions plus passionnelles qu'il y a vingt ans. Le flot de courriers parfois far-felus et souvent partisans que nous recevons à chaque nouvelle sortie en est la preuve !

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CULTURE L iv res/Revues

À LIRE

Ray Celestin, linguiste etscénariste britannique,s’est lancé dans une

grande aventure. Raconterl’histoire des États-Unis ducôté de leur face cachée, noire,dans tous les sens de ce terme.

Point de départ, la Nouvelle-Orléans en 1919, sesquartiers, ses activités économiques, son racismeet ses transformations dues à l’arrivée, après laguerre de Sécession (1861-1865), des « Yankee »transportant une nouvelle façon de vivre. Deux élé-ments dominent ce premier opus, Carnaval, d’abordle déclassement des « Créoles » issus des famillesofficieuses des colons français. Ces « métis » avaientune place sociale singulière entre les colons blancset les Noirs des bas quartiers. La « race » aux États-Unis structure la société. Les « Yankee » suppri-meront le statut particulier des Créoles pour lesconsidérer comme des Noirs. L’installation de nou-veaux migrants, Siciliens pour la plupart, renforceracette perte de reconnaissance.Le second élément, le jazz, occupe une place centrale.Via un personnage, Louis Armstrong, génie tutélairede cette musique sans nom. Pour des raisons indé-terminées, il est appelé ici Lewis mais c’est bienlui, né le 4 août 1901 dans les quartiers défavorisésde la Cité du Croissant, dénomination qui tient à saforme sur la carte. Le jazz se nourrit de la mémoirede l’esclavage pour se situer comme une musiquede lutte pour le respect, contre le racisme. Louis se retrouve dans le deuxième volet : Mascarade,sous son prénom. Le changement n’est pas expliqué.Peu importe. Cette fois, nous sommes à Chicago en1928 pour faire la connaissance d’Al Capone quiaimait le jazz et détestait le commerce de la drogue.Atteint de syphilis, la folie commençait à le gagner.Chicago, la grande ville américaine, siège de

l’architecture moderne, vivait– vit ? – au rythme des règle-ments de comptes entre lesgangs. Cette année-là, la pègrede New York voulait prendrele pas sur Capone pour se lancerdans le trafic de drogue plusrentable que le Moonshine, le whisky de mauvaisequalité vendu dans les « speakeasy » où se produisaientles groupes de jazz. Surtout, Chicago possédait, àl’inverse de la Nouvelle-Orléans, des studios d’en-registrement. À partir de 1925, Louis allait les fré-quenter avec ses « Hot Five » et « Hot Seven ». Le28 juin 1928, il enregistre un chef-d’œuvre d’entreles chefs-d’œuvre, West End Blues, avec une intro-duction de 11 secondes a cappella. Pourquoi ce rap-pel ? La construction – Celestin le dit dans la postface– de son roman s’inspire de celle de West End Blues.Des romans policiers sans détectives n’est pas pos-sible. Un couple ici, constitué de Ida, employée del’agence Pinkerton d’abord comme secrétaire, pouvantpasser pour Blanche, et de Michael Talbot d’abordinspecteur de police à la Nouvelle-Orléans et enquê-teur de Pinkerton ensuite, marié à une infirmièrenoire. Pour les intrigues, Ray Celestin a été fouillerdans les archives pour inscrire ses romans dans l’His-toire. Un double plaisir. n Nicolas Béniès• Carnaval, Mascarade, Ray Celestin, traduit par JeanSzlamowicz, 10/18. À écouter les enregistrements de Joe« King » Oliver de 1923 pour le premier et ceux de LouisArmstrong de 1925 à 1928 pour le deuxième.

Du côté des polars... Riverside – est la première rencon-tre avec Hack qui pourrait devenirune vedette de la vie politiquetexane. Sauf qu’il a fait la guerrede Corée et il répond à l’appel d’un

de ses anciens compa-gnons. Le vernis saute. Dieux de la pluie super-pose les souvenirs indé-lébiles de la guerre deCorée pour Hack et les

souffrances des vétérans de laguerre d’Irak pour un réquisitoirecontre la société américaine qui neveut pas de cette mémoire. La fête des fous est une série deportraits : un révérend comme onles imagine, un mercenaire et unefemme qui représente l’Amériqueque nous aimons, cellequi aide les immigrés –la scène se passe à lafrontière mexicaine – etse bat pour la défensedes valeurs pas aussi

Notre sélection◗ HYMNE AU GREC Nul besoin d’être helléniste pourse délecter de ce polar linguis-tique qui raconte les subtilitésde la langue grecque, de l’optatifà l’aoriste, en passant par leduel,  les accents et les esprits.

Comment pensaient les Grecs ? « Eux,qui étaient libres, se demandaient tou-jours comment. Nous, qui sommes pri-sonniers, nous nous demandons tou-jours  quand.  » Grâce à des analysesfines et accessibles, ce livre à nul autrepareil fait véritablement comprendrela langue grecque et conduit à s’inter-roger sur notre propre monde commesur la manière de le dire aujourd’hui.Un succès de librairie mérité.

Cécile Exbrayat• La langue géniale – 9 bonnes raisons d’aimerle grec, Andrea Marcolongo, Les Belles Lettres.

◗ VIVIFIANT ET ORIGINAL Guillaume Guéraud est tombéamoureux du cinéma et lecinéma le lui a bien rendu. « Lecinéma m’a appris un tas dechoses quand j’étais môme,comme l’amour et la mort et

tout ça, ouais, c’est au cinéma que j’aivu la première fois des gens mourir, desgens s’embrasser, des gens tuer ou s’ai-mer ou danser mais le cinéma ne m’apas appris à être courageux. »De sa lointaine parente, ouvrière desusines Lumière, à Erin Brockowitch enpassant par Norma Rae, l’auteur, en23 chapitres, rend un hommage vivantet documenté aux actrices dont lesrôles l’ont marqué par leur courage etl’image porteuse de progrès qu’ellesvéhiculaient, bien en avance sur leurépoque. Catie Pillé• Les héroïnes de cinéma sont plus courageusesque moi, G. Guéraud, La Brune, Le Rouergue.

◗ COMPRENDRE LA CHINE De quoi Xi Jinping est-il le nom ?Le régime bureaucratiquedominé par le parti communistechinois a-t-il un avenir ? Quellessont les crises qui menacent cesystème autocratique ? Quel

type de capitalisme se développe ? Àtoutes ces questions, Jean-PierreCabestan apporte des éléments quipermettent d’appréhender surtout leprocessus politique. Il y manque ladimension de l’accumulation du capitalet les dynamiques de crises écono-miques contenues dans la forme de lamondialisation actuelle. Cabestan argumente sur la longévitépolitique de la place centrale du particommuniste chinois sans insister surle paradoxe référence au marxisme etau confucianisme via l’insistance dunationalisme comme ciment majeur decette société. N. B.• Demain la Chine : démocratie ou dictature ?J.-P. Cabestan, Le Débat/Gallimard.

familières qu’il le semble pour laFrance, la liberté, l’éga-lité et la fraternité. Enfin, comme c’est lamode, La maison dusoleil levant se situe en1916, dans le Mexiquesecoué de révolutions,pour, en écho au prologue de Dépo-ser Glaive et bouclier, reprendrel’histoire du grand-père de Hack.Une évocation nécessaire pourcomprendre les mémoires du TexasRanger et, sans doute, celles deJames Lee Burke. Une conclusionen forme d’introduction à une nou-velle lecture des premièresœuvres. n Nicolas Béniès• Déposer glaive et bouclier, JamesLee Burke, traduit par Olivier Deparis,Rivages/Noir ; Dieux de la pluie, La fêtedes fous, James Lee Burke traduit par Chris-tophe Mercier, Rivages/Noir et La maisondu soleil levant, James Lee Burke, traduitpar Christophe Mercier, Rivages Noir.

SUPPLÉMENTSLes titres originaux font référence directement au jazz. TheAxelman’s jazz est celui du premier et Dead Man’s Blues pourle deuxième, titre, un peu changé, d’une composition de JellyRoll Morton. Pour plus de renseignements sur le rôle despolices, Polices américaines de Didier Combeau, Gallimard.

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UNE SAGA AMÉRICAINE

Histoire noire des États-Unis

Spécial James Lee BurkeJames Lee Burke fait partie desgrands romanciers américains, deceux du « South Side ». La réfé-rence la plus souvent citée est cellede Faulkner à qui ses personnagesfaisaient peur. Burke a choisi, pourexprimer sa rage, sa colère, sesindignations, le polar. Deux per-sonnages récurrents, doubles delui-même, hantent ses histoires.Dave Robicheaux pour la Loui-siane, Nouvelle-Orléans et BâtonRouge, et Hackberry Holland, unTexas Ranger pour décrire cet État.Rivages qui édite depuis le début,grâce à François Guérif, Burke,

propose, pour cet été –et après si affinité – troisrééditions et une nou-veauté. Déposer glaiveet bouclier – issu d’ungospel Down By The

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C’est une famille françaisecomme les autres. Unefamille descendant de l’im-

migration qui s’est intégréecomme bien d’autres famillespopulaires françaises. Pourtant,cette famille comme les autresest encore aujourd’hui stigma-tisée et assignée à justifier sonattachement à la société françaiseet à ses valeurs.M. Belhoumi, né en 1942 dansl’ouest algérien, est arrivé enFrance en 1971. Sa femme, néeen 1952, l’a rejoint en 1977. Ilsont eu huit enfants. Les troisaînés nés en Algérie, les cinqautres en France. Tous les huit,soit par des parcours d’excel-lence soit par des parcours plussinueux, ont réussi à avoir desvies et des emplois assez stablesmarqués par une nette ascensionsociale. Après une conférence dans uneMission locale de Seine-Saint-Denis en juin 2012, StéphaneBeaud rencontre trois jeunesfemmes qui viennent lui parleren aparté. Ce sont trois des sœursBelhoumi. À partir de cette ren-contre, le sociologue leur pro-pose de réaliser des entretiensréguliers avec tous les enfantsde la famille, afin de faire un

« portrait de famille » sociolo-gique.Après plus de cinq ans d’en-quête, Stéphane Beaud propose« une sorte de contre-histoiredes descendants d’immigrésalgériens ». Par l’histoire sin-gulière d’une famille, il analysetous les ressorts d’une mobilitésociale intergénérationnelle « quisont, à bien des égards, sembla-bles à ceux d’une famille popu-laire “française” ».Dans cette histoire, l’école et letravail jouent un rôle charnière.Les deux filles aînées notam-ment, Samira et Leïla nées enAlgérie en 1970 et 1973, ontconnu la réussite scolaire : unbac général, des études supé-rieures qui les conduiront jusqu’àun master 2, puis à des emploisde cadres. Les trois benjamines(nées en France dans les années1980) auront des parcours plusheurtés. Au final, elles réussironttant scolairement que profession-nellement. Les garçons enfin, defaçon très banale encore, aurontun parcours scolaire beaucoupplus chaotique et bien moinsréussi... et pourtant eux aussiaccéderont à des métiers stableset gratifiants.À partir de témoignages très per-

sonnels, le livre parvient à dévoi-ler la complexité des processussociaux de l’intégration desfamilles maghrébines : l’inves-tissement des parents dansl’école, la morale, le soutienindéfectible des enfants ; le rôlede locomotive des sœurs aînées ;la sociabilisation politique ; lesstratégies matrimoniales ; lamobilité géographique ; le poidsdu genre et de la génération...Malgré cela, pourquoi les enfantsBelhoumi ont-ils tant de diffi-cultés à conquérir une place dansle « club France », en particulierdepuis les attentats terroristes dejanvier 2015 ? n

Stéphane Rio• La famille Belhoumi. Portraits defamille (1977-2017), StéphaneBeaud, La Découverte, 2018.

NOS COLLÈGUES PUBLIENT

Lire utile Voilà deux albums pour les3/8 ans qui « interrogentet imaginent le monde »selon la démarche originale des édi-tions Rue du Monde. Dans le premier,les P’tits Bonzoms découvrent unetortue qui s’est renversée. Incapablesde rester indifférents à son malheur,ils décident de l’aider. Ingénieux, soli-daires et déterminés, ils montrentque l’union fait la force. Unvrai succès auprès des petits. La petite encyclopédie faitrevivre, avec un joli style etune plume documentée, libel-lules géantes, rongeurs volantset autres bêtes étonnantes qui ontpeuplé notre planète il y a des mil-lénaires. Une approche de la fabu-leuse diversité de la vie. C. P.• La tortue a besoin de nous ! C. Nakagawaet J. Koyose ; La petite encyclopédie illus-trée des animaux qui vivaient autrefoissur la terre, M. Säfström, Rue du Monde.

UN TRAVAIL SOCIOLOGIQUE DE LONGUE HALEINE

Une famille française ◗ FORTERESSE ÉPHÉMÈRED’abord se confronter à labarricade, « témoin éphémèred’une histoire volatile  » : àIstanbul en 2013, pour en sai-sir ce qu’elle «  impressionneréellement en nous  ». S’in-terroger sur sa permanencehistorique jusqu’au XXIe siècle, lesruptures qu’elle introduit, les tech-niques qu’elle met en œuvre, le corpsqu’elle mobilise, sa légitimité et sasociabilité : la barricade est « l’armedes marges, de ceux qui n’ont quedes objets du quotidien pour bâtirleur forteresse ». Thierry Ananou• Sur les barricades, Léa Tourret et Eären-dil Nubigena, Le laboratoire existentiel.

◗ CAPITALISME FRANÇAISNicolas Sueur publie coup surcoup deux monographiesd’entreprises pharmaceu-tiques au moment de l’essordu capitalisme français duXIXe siècle. La Pharmacie cen-trale de France, une coopé-rative d’achat et de produc-tion entre pharmaciensfondée en 1852, permet desaisir les origines de ce sec-teur, pilier de la révolutionindustrielle. Avec l’entrepriseMenier, l’une des plus impor-tantes cho co la teries européennes,on dé couvre que cette spécialisationfut relativement tardive. Elle débutaau XIXe siècle dans la droguerie phar-maceutique, révolutionnant profon-dément le secteur. Stéphane Rio• Nicolas Sueur, La pharmacie centralede France. Une coopérative pharmaceu-tique au XIXe siècle, Presse UniversitaireFrançois Rabelais, 2017. Et Maison Menier.De la droguerie au chocolat. 1816-1869,L’Harmattan, 2018.

FOR THE KIDSDans le dernier quart du XIXe siècle, ladomination et l’exploitation coloniales

du continent africain deviennent un enjeumajeur pour les puissances européennes.Le système concessionnaire mis en placepar la France donne aux compagnies pri-vées un pouvoir exorbitant sur les popu-lations du bassin du Congo. Alors que laIIIe République tient à entretenir l’imaged’une puissance bienfaitrice apportantpaix et civilisation (par opposition avecl’État indépendant du Congo, possessionpersonnelle du roi des Belges Léopold II jusqu’en1908), la presse se fait l’écho de crimes commisenvers les populations locales. Révélée le 15 février1905, ce qui devient rapidement « l’affaire Gaud etToqué » (deux administrateurs coloniaux) est un chocpour l’opinion. Afin de calmer l’agitation d’une partiedes députés, une mission d’enquête est envoyée auCongo, avec l’objectif de rapporter les preuves queles violences en question ont été individuelles, isolées,et ne font en aucun cas partie d’un système organisé.Le ministère des Colonies choisit de confier cetteenquête à un homme à la réputation d’honnêteté etd’humanité, le très populaire Pierre Savorgnan deBrazza, explorateur puis administrateur de ces terri-toires, qui fut mis en retraite forcée à cause de sonopposition au système concessionnaire. C’est le récitdu voyage de Brazza et de son équipe, de leurs décou-

vertes macabres, de leur prise deconscience des réalités de la colonisationau Congo, que nous offrent Tristan Thil(scénario) et Vincent Bailly (dessin). Lesarchives qui ont permis ce travail au plusprès du réel furent longtemps réputéesdétruites ou perdues, avant d’être publiéesen 2014. Brazza mourut des suites de ladysenterie quelques semaines après leretour de la mission, et la rédaction durapport final fut confiée à une commissionqui ne comprenait aucun des inspecteurs

s’étant rendus avec lui au Congo. Pendant les quatremois passés sur place, malgré l’obstruction zélée del’administration française et des compagnies conces-sionnaires, ces derniers avaient arpenté des centainesde kilomètres, et interrogé de nombreux témoins.L’album met notamment en scène l’affaire des« femmes de Bangui » retenues en otage en mai-juin1904 pour contraindre les hommes à livrer l’impôten nature (le caoutchouc). Sur cinquante-huit femmeset dix enfants, quarante-cinq femmes, et deux enfants,moururent en détention. La rigueur de la documenta-tion, l’efficacité des dialogues, la sensibilité du dessinde Bailly font de ce livre un incontournable de la« BD-enquête ». n Amélie Hart-Hutasse• Congo 1905. Le Rapport Brazza : le premier secret d’Étatde la Françafrique, Tristan Thil et Vincent Bailly, Futuropolis,juin 2018.

Le coin de la BD Débuts de la Françafrique

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CULTURE Cinéma/Théât re/Spectac le

SÉRIEJubilatoire

Huit malfaiteurs, minutieusementpréparés par le mystérieux « Pro-fesseur », braquent la Fabriquenationale de la monnaie et du tim-bre espagnole, prenant en otages67 personnes pendant plusieursjours. Le temps d’imprimer2,4 mil liards d’euros sans uneseule victime et sans léser de petitsépargnants. Haletant et intimiste parfois, lerécit allégorique incite à contesterle modèle capitaliste et à chercherune organisation sociale plus juste,en refusant l’ordre établi. Brossantau passage de beaux portraits defemmes. Catie Pillé• La Casa de Papel, Espagne, A. Pina,Atresmedia/Netflix, 2017.

RADIOMatières à penser !

Frédéric Wormspropose des entre-tiens avec d’au-tres philosophes,au teurs, profes-sionnels de divers

secteurs sur les enjeux de société,en particulier sur les réfugiés. Pro-fesseur à l’ENS, Worms dirige leCentre international d’Étude de laphilosophie française contempo-

raine et est membre du Comitéconsultatif national d’Éthique. Cecomité vient d’organiser les Étatsgénéraux de la bio éthique.

Philippe Laville• France Culture, chaque lundi de22 h 15 à 23 heures et sur www.franceculture.fr

MUSIQUES• CLASSIQUEUne musique refuge

Trois disquesd’une rare etfragile poésie :Messiaen acollectionnéles chants d’oi-seau, les a pris

en dictée avant d’en faire la trans-cription pour piano. La superbeinterprétation de ce Catalogued’Oiseaux par Pierre-LaurentAimard donne ainsi à entendre lechocard des alpes, le traquet sta-pazin, la rousserole effarvatte... etd’autres espèces encore. Un disque bouleversant dès la pre-mière note et sans discontinuer,jusqu’à la dernière. Il en émaneune fraîcheur, presque magique,non dénuée, aujourd’hui, d’unedimension politique. L’interprèteP.-L. Aimard l’exprime remar-quablement : «  À l’heure où lemonde est consterné par la des-truction de la nature par l’homme,ce cycle s’impose comme unemusique refuge et trouve réso-nance auprès d’un public toujoursplus concerné, élargi et touché ».

Nicolas Morvan• Catalogue d’Oiseaux, Olivier Messiaen, Pierre-Laurent Aimard, Pentatone.

• ROCKRedécouvrir The NeedsEn presque 30 ansd’activisme musical,et ce malgré despériodes de retrait,les Aixois de TheNeeds n’ont jamais renoncé auxfondamentaux du rock garage ! Lenouvel album produit par lemythique et regretté Lucas Trou-ble, enregistré entre 2011 et 2014,prouve une fois de plus la richessede ce groupe trop méconnu. Dessonorités sixties, une énergie bruteportée par une voix chaude etdes mélodies imparables, c’est lecocktail 2018 offert par TheNeeds, à déguster sur le label NovaExpress ! Eric Loizeau• The Most Elegant Hanged Men, TheNeeds, 2018, Label Nova Express

• CHANSONPaulette forever

La voix suave dePaulette Wright s’estéteinte le 16 juin der-nier. Elle allait avoir

29 ans. Cette Rémoise franco-bri-tannique s’était fait connaître en2013 en assurant la première partiedes concerts de Yodelice. Fromone to another, composé de guitare,piano, voix, magnifique album de2016, une musique planante et deschansons feutrées aux accentsmélancoliques. Au moment de samort, elle travaillait à un nouvelalbum avec le musicien Sam Cal-low qu’on attend avec impatience.Son univers folktronica était douxet poétique, comme elle. C. E.• From one to another, PauletteWright, HeArt-Impulse Records,https://paulettewright.bandcamp.com.

LETTRES DE MARSEILLE AU CHER PAYS DE MON ENFANCE, UN FILM D’ALAIN BARLATIER (FRANCE)

Étranges étrangersI

ls s’appellent N’Deye, Mohamad, Nacira,Luisa, Mounir et Tayeb. Ils ont fui la dicta-ture de Videla ou d’Al Assad, ils ont quitté

la Kabylie en pleine décennie noire ou la Tuni-sie pour un meilleur avenir. Ils ont choisi laFrance, terre d’asile, à moins que ce ne soitla France qui les ait choisis. Des hommes etdes femmes venus d’ailleurs. C’était il y acinq, dix, vingt ou quarante ans. Aujourd’huiils vivent à Marseille et la plupart sont devenusfrançais. Face caméra, ils racontent leur par-cours migratoire, leur parcours de vie et parfoisleur parcours du combattant pour obtenir despapiers. Ils disent chacun une relation parti-culière au sentiment d’être français. Ils disentle racisme, les discriminations ou l’assignationà une identité d’origine. En contrepoint de ces portraits, des plans deMarseille : calanques, paysages de carte pos-

tale, scènes de marché ani-mées. Une scène nous saisit :des jeunes gens, principale-ment des garçons venusd’Afrique noire, bien souventmineurs, occupent uneéglise. Nous sommes ennovembre 2017 sur le Vieux-Port. Tout unit mais toutéloigne aussi ces« migrants » anonymes – onentend même désormais« déplacés » – des protago-nistes du film, « immigrés »ou « réfugiés ». Ce sont lesmêmes et pourtant tout a changé. Que sontdevenues les valeurs portées par la républiquefrançaise ? interroge l’historien Olivier Vincent.Comment la tradition d’asile de la France a-t-

elle été mise à mal par leslois Pasqua et, plus récem-ment, les gouvernements deN. Sarkozy et E. Macron ? Ce film autofinancé et auto-produit a vocation à tourneret susciter les débats partouten France auprès de publicsvariés et notamment dansles lycées. C’est ainsi quel’a voulu son réalisateurAlain Barlatier, ancien pro-fesseur et toujours militantà la FSU. n

Cécile Exbrayat• lettres de marseille... au cher pays de mon enfance(58 minutes), documentaire d’Alain Barlatier,DVD 15 euros (frais de port inclus). Contact : [email protected] ; pcdmq.blogspot.com

POÉSIELe choc des mots,le poids des photos

Régis Moulu se veut expérimen-tateur. Sur la lèvre des volumes– un titre énigmatique – mélangepoésies fragiles, haïkus et photospour contraindre le lecteur spec-tateur à s’interroger sur les rap-ports entre l’image et le texte.Notre époque insiste tellement surla communication que la réalité sedérobe. Il faut donc accepter lesinterrogations que suscitent lesphotos des mots.Ici, il arrive que les mots et la photos’entremêlent pour ouvrir desportes dans notre esprit, pour péné-trer dans d’autres contrées, d’au-tres fois la porte reste herméti-quement fermée. L’auteur nousinvite à ce temps suspendu face àl’accélération actuelle de l’Histoire.Prenons ce temps nécessaire.

Nicolas Béniès• Sur la lèvre des volumes, Régis Moulu,préface de Patrice Cazelles, éditionsde la rue nantaise (Rennes).

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Issue d’une famille qui dessine naturellement, NoëlleHerrenschmidt a été illustratrice de presse jusqu’àsa découverte des assises lors du procès Barbie, une

« révélation » dit-elle ; désormais elle dessinera sur levif des êtres humains en situation. Puis, devant sesencres sur les boat people, laquestion de son éditeur « Maisoù est la couleur ? » ouvre unenouvelle étape : « J’ai décou-vert l’aquarelle en même tempsque le reportage, à 50 ans ».Cette technique, associée à tortà l’éducation des jeunes filles –« Voyez les carnets de Dela-croix, notre maître à tous » ditNoëlle Herrenschmidt – a bien desavantages. Le matériel léger est adaptéà l’urgence du dessin d’audience, « dis-cret » ajoute-t-elle, et installe la confianceavec les gens qu’on dessine. Ils voient secréer, en direct, une image qui ne seraplus retouchée. En outre, la douceur des couleurs séduitle regard, rend accessibles les sujets les plus durs.Après le Palais de justice, Herrenschmidt s’immergedans différentes institutions dont elle sait patiemmentse faire ouvrir les portes, telles les prisons, la gendar-merie ou même le Vatican. En 2003, L’Hôpital, à lavie, à la mort est son livre « le plus abouti », fruit detrois ans de travail. Il s’agit de tout raconter et dedonner la parole aux soignants, aux malades, à degrands brûlés... Comment se sent-elle après une telleexpérience ? Elle répond : « On en sort grandi. Onn’est jamais submergé puisqu’on est là pour trans-mettre. Je suis faite pour raconter ce que les gens

vivent, je ne suis pas spectatrice puisque je dessine“avec”. Je suis toujours en empathie ».D’autres livres suivent bien avant celui qu’elle consacreau monde politique, Dans les coulisses de la loi (2016),elle donne la parole à tous les acteurs, sans hiérarchie,

sans documentation préalableni parti pris : « C’est ce qui estformidable dans le métier queje fais, je suis totalement libre.

Il n’y a pas de censure car jedemande “Qu’est-ce que c’est

qu’être au Conseil d’État ?Qu’est-ce que c’est qu’être

balayeur ? Qui êtes-vous ?”.Donc je suis en dehors de tout

système ». Forte de cette publi-cation, elle a l’espoir de réaliser un livre

numérique d’éducation civique : « lenumérique peut donner quelque chosed’attrayant à un sujet aussi sévère quela loi, mon aquarelle peut bouger, les

images peuvent bouger ».Hors de son métier, Noëlle Herrenschmidt ne dessinepas ; elle ne se considère pas comme une artiste : « Jen’ai pas envie de me raconter moi. Tous les artistesont un monde intérieur, moi j’ai un monde extérieur,les autres. L’aquarelle est un soutien mais c’est lereportage qui compte avant tout et si le dessin estbeau, tant mieux ». Il l’est en effet et répond harmonieusement aux mul-tiples textes entièrement écrits de sa main. Ainsi, sesouvrages séduiront autant par leur esthétique que parleur valeur sociale et documentaire. n

Brigitte Cacheux, Geneviève Chourreu

FAIRE VIVRE LES REVUESRevue française de socio-économie : dix ans déjàUn numéro spécial,Troubles dans laprotection sociale,pour faire le pointsur l’ensemble descontre-réformesqui visent le dé -nom mé mo dèlefrançais. Le filet desécurité que repré-sente la Sécuritésociale, l’assurancechômage, le minimum vieillesse...est menacé et risque de faire ren-trer l’économie française dansune profonde récession. Unnuméro nécessaire qui mêle éco-nomie et sociologie. N. B.• RFSE, 1er semestre 2018, La découverte.

THÉÂTRESauvons la Vieille Grille !Chaleureux et magique, élémentdu patrimoine historique du Quar-tier latin, à deux pas de la rueMouffetard, la Vieille Grille a vudébuter Colette Magny, Zouc,Coluche, Higelin, Maurane, Rufus…Elle reste un lieu de découvertessous la houlette de notre collègueAnne Quesemand. Ce lieu estmenacé et peut encore être sauvéen signant très vite l’appel surwww.vieillegrille.fr. Ph. Laville

L’hémicycle© Noëlle Herrenschmidt pour les Éditionsde La Martinière, Les Coulisses de la loi

NOËLLE HERRENSCHMIDT

Portrait d’une reporter-aquarelliste

Le Centre Pompidou-Metz propose deuxexpositions très différentes, l’une courte

(quatre salles) et aérée, l’autre sur deux étageset dense. L’aventure de la couleur, jusqu’au22 juillet, présente des œuvres des collectionspermanentes du Musée national d’Art moderne.Des tableaux connus d’artistes de grand renom.L’originalité de l’exposition et son intérêt rési-dent dans le choix de les réunir pour faire res-sortir leur caractéristique commune, en privi-légiant la couleur par rapport aux thèmes,motifs ou formes. L’accrochage, de ce pointde vue, est particulièrement réussi. Matisse,Jean Dewasne et Bridget Riley dialoguent dansune salle, une autre est consacrée au mono-

chrome, avec Klein et Rutault. Martial Raysseen occupe une troisième « La couleur vivante ».Daniel Buren côtoie Aurélie Nemours et Fran-çois Morellet dans la quatrième « La couleurcomme pensée  ». Magnifiques tableaux deSimon Hantai, de Sam Francis et de EllsworthKelly. L’exposition « explore les recherchessur la couleur, tantôt appréhendée comme unpuissant vecteur d’émotions et de sensations,tantôt comme un support infini de réflexionssur la matérialité et la spiritualité de la pein-ture » (cf. le texte d’introduction). Un objectifparfaitement atteint.Les troisième et deuxième étages sont consa-crés, jusqu’au 20 août, à Couples modernes.Les œuvres – peinture, sculpture, mobilier,objets et beaucoup de photographies – d’unequarantaine de couples d’artistes de la premièremoitié du XXe siècle sont présentées, accom-pagnés de documents (lettres, revues, etc.).L’idée est de mettre l’accent sur la confronta-tion dans ces couples d’artistes sur l’influencecroisée qui nourrit leur production, lors d’unepériode marquée par l’évolution du statut dela femme et par l’émergence de la modernitédans la création, avec le surréalisme, le mou-vement Dada et autres. Bien souvent, dans les

couples hétérosexuels, c’est l’homme qui estconnu du grand public. Des exceptions existent,par exemple Sonia Delaunay, Vieira da Silva,Frida Kahlo. Il ne devait pas être facile, sansdoute, de vivre et de créer dans l’ombre deKandinsky (Gabrielle Munter), de Picasso(Dora Maar), d’Ernst (Leonora Carrington)...Découverte de certaines artistes (et quelquefoiscertains) restés dans l’ombre malgré une pro-duction de grande qualité comme chez AnniAlbers, créatrice de textiles magnifiques, etchez les architectes et les designers. Présenceintéressante de couples homosexuels, en par-ticulier de lesbiennes. Bien des œuvres ne sontpas issues des collections du MNAM, et sontrarement vues. Deux bonnes raisons d’allerfaire un tour à Metz ! n Sylvie Chardon• Centre Pompidou-Metz, 03 87 15 39 39,

centrepompidou-metz.fr

Escapade estivale à MetzEXPOSITION

Martial Raysse

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beaucoup d’avancées, mais nous nesommes pas arrivées au niveau d’égalitéauquel on aspire. Rien que le fait d’être unefemme nous demande un couragequotidien. Les femmes africaines enparticulier sont de grandes héroïnes. Ellesfont tout à la maison, le travail est très dur :il n’y a ni eau courante ni gaz pour faire lacuisine ! Elles allument le feu tous les jours,vont chercher l’eau, s’occupent des enfants,les élèvent. Elles sont les mères de laNation. Mais les femmes chez nous n’ontpas la vie facile non plus, en comparaisonavec les hommes. Nous sommes certes plusproches de l’égalité qu’en Afrique, mais il ya encore 20 % de différence de salaire entrehommes et femmes. Et, en tant que sage-femme, je vois des violences obstétricales :ce sont des choses qui ne devraient plusexister. On en sait trop pour que ces chosesperdurent. Chaque femme qui lit mon livrepeut s’identifier comme étant elle-mêmeune de ces héroïnes du quotidien.

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ENTRETIEN AL ICE GAUTREAU

L’US MAG : À quel moment vous êtes-vousdit qu’il fallait témoigner ? D’ailleurs,le mot de témoignage vous convient-il ?Alice Gautreau : Oui, le mot detémoignage me convient très bien. Celafait partie des valeurs de MSF, aumême titre que d’apporter les soins.C’est ça qui nous différencie beaucoupdu Comité International de la Croix-Rouge (CICR), qui communique trèspeu sur les actions qu’il mène. Selon leCICR, c’est ainsi qu’ils préservent leurneutralité et leur indépendance. C’esten raison de cette massive différenceque dans les années 70 des médecins,auparavant à la Croix-Rouge, commeBernard Kouchner, ont décidé de créerune nouvelle association : MSF. Ils’agissait d’avoir cette liberté detémoigner et de dire ce qu’on voit surle terrain. Pour moi, c’est trèsimportant et c’est une des raisons pourlesquelles je suis à MSF : il fautapporter les soins aux personnes qui enont besoin, mais aussi pouvoir en parlerafin de faire bouger les lignes, fairerésonner nos actions dans les hautessphères, où les choses se décident.La mission qu’on réalise avec l’Aquariustouche de près les gens puisque tout lemonde en Europe est concerné par la crisemigratoire : tout se passe sur notre palier deporte. Nos politiques peuvent changer leschoses, mais nous aussi, les citoyens, nouspouvons agir pour changer le quotidien detous ces gens qui nous arrivent par bateau. Avec ma mission au Congo, les gens fontmoins le lien, alors qu’on a tous du coltan*dans nos téléphones. Tous les combats auCongo ont à voir avec cette exploitationminière, et ce depuis 1996. Le Congo est enguerre depuis cette période et les médiasn’en parlent jamais ! Les gens passent leurtemps à fuir leurs villages, donc ils nepeuvent plus cultiver la terre. On rencontreénormément de personnes qui souffrent dedénutrition.

L’US MAG : Qui sont «  toutes les héroïnes duquotidien » de votre dédicace ?A. G. : Toute femme est une héroïne duquotidien. Bien sûr, nous avons connu

L’US MAG : Que pensez-vous de la situationdes maternités en France ?A. G. : Je n’ai jamais travaillé enFrance en tant que sage-femme. J’aifait mes études en Écosse puis aitravaillé à Londres. En Angleterre, iln’y a plus que d’énormes maternitésqui sont de véritables usines à bébé(6 000 naissances par an). Les plus grospôles en France sont à 3 000. Mais enAngleterre, il y a beaucoup plus desages-femmes. On arrive à suivre lesfemmes selon le modèle suivant : unefemme pour une sage-femme. C’est-à-dire qu’une femme enceinte est suiviepar la même sage-femme tout au longde sa grossesse. En France, il y avait depetites maternités, centrées sur lapatiente. Mais fermer ces petitesmaternités, cela revient à étendre le rôlede la sage-femme, qui s’occupe debeaucoup plus de femmes. Ce qui apour conséquence de faire perdre lelien personnel entre soignée etsoignant. Toutes les études montrentque le suivi global est la meilleurefaçon d’avoir une bonne santé pour lamère et l’enfant. En créant des usines à

bébés, on dépersonnalise les liens. Maisheureusement, de plus en plus de maisonsde naissance ouvrent en France.

L’US MAG : Votre livre s’ouvre sur la naissancemiraculeuse de « bébé Christ », sur un canot enbois, sans assistance, puisque l’Aquarius n’estarrivé qu’après. Est-ce l’événement le plus fortque vous ayez connu en tant que sage-femme ?A. G. : En tant que sage-femme, c’estl’accouchement qui va me marquer à viealors que je n’y ai pas assisté. J’ai pris encharge la maman, Constance, seulementensuite. Je lui ai apporté les premiers soinset nous avons tissé un lien très fort durantla traversée. Pendant les premières minutesde l’arrivée de Constance à bord, je n’aipas réalisé. J’ai procédé aux différentesétapes, de manière presque automatique :délivrer le placenta, vêtir l’enfant, recoudrela maman, mettre le bébé au sein. C’estsuite à cet événement que j’ai écrit unarticle. Ce qui était le plus déroutant c’estque nous étions persuadés que c’était une

« La crise migratoire a lieu surnotre palier de porte »

Alice Gautreau est une jeune sage-femme. Cette année, elle a publié Seuls les poissons morts suivent le courant,chez Pygmalion, qui raconte son expérience à bord de l’Aquarius, le navire de MSF (Médecins sans frontières)

et SOS Méditerranée, qui sauve des migrants en mer. Aujourd’hui de retour au Congo,sur le lieu même de sa première mission, Alice Gautreau se consacre aux violences sexuelles.

« Toute femme estune héroïne du quotidien »

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péripétie folle, et qu’il y aurait plein dejournalistes à notre arrivée. Et quand nousavons débarqué, il n’y avait personne. Toutle monde s’en fichait. C’est très frappant dese dire qu’un bébé est né en pleine mer,que nous avons fait un communiqué depresse... qui n’a pas été relayé dans lesmédias. Une femme accouche, au milieud’une centaine d’hommes, en pleine mer etça n’a intéressé personne !

L’US MAG : Vous écrivez « Sauver des Africainsen Afrique ne pose pas de problèmes, mais il y enaurait lorsqu’il s’agit de sauver des Africains dela noyade (…) ». Propos d’une actualité brûlanteavec les élections italiennes et l’arrivée aupouvoir de l’extrême droite !A. G. : C’est absolument horrible. De plus,nous sommes très condescendants à l’égardde l’Afrique. On a l’impression que lesAfricains n’ont qu’une envie : venir vivrechez nous. C’est complètement faux ! LesAfricains sont très fiers de leurs différentspays et cela leur coûte énormément dequitter leurs villages, leurs familles, leurscommunautés. Les pays quittés sont des paysmagnifiques et qui sont détruits par desintérêts économiques occidentaux. Lesdonneurs de leçon européens se payent notretête ! Les migrants qui arrivent chez nous,avec tout ce qu’ils ont traversé, sont deshéros. Le jeune Malien qui a sauvé un enfantdernièrement ne m’étonne pas : surl’Aquarius, aucun migrant n’aurait laissé unenfant ou n’importe qui tomber à l’eau.L’humanité que j’ai trouvée sur l’Aquariusest immense. Les femmes qui pourtantvenaient juste de monter à bord étaient d’unegrande délicatesse : elles se préoccupaient demoi en me demandant si j’avais mangé oucomment j’allais. Les migrants ne sont pas làpour nous prendre nos boulots, mais pourconstruire une vie meilleure. Ils ne viennentpas pour les trente-huit euros par mois d’aidesociale. On devrait leur tendrela main et humaniser leprocessus. La dernière chosedont les migrants ont besoinest la fermeté. Au contraire,ils ont déjà vécu tantd’horreurs, nous devrions lesaccueillir avec chaleur. Nous qui sommes siriches, nous leur fermons la porte au nez. Cen’est pas une très belle image de l’Europe.

L’US MAG : Que répondez-vous à ceux quidisent que l’aide humanitaire dans les payspauvres revêt un aspect néocolonial ? A. G. : Très paradoxalement, je suis plutôtd’accord. En tant qu’humanitaire ici, jetravaille énormément avec mes collèguesnationaux. J’ai toujours à l’esprit de lesmettre en position de force : que ce soit euxqui prennent les décisions, qu’ils me donnentleur avis, leurs recommandations. C’est leurprojet finalement. L’idéal ce serait qu’onn’envoie que de l’argent ou des moyens.

Mais on n’en est pas encore là. Aujourd’hui,il y a encore tellement de corruption, decompétition pour s’en sortir, que c’estdifficile. Il est encore nécessaire qu’on soitlà. Mais moi j’essaie de ne pas être pas néo-colonialiste, ni penser que je sais mieux quemes collègues congolais. J’aime beaucouptravailler avec eux et j’apprends beaucoupd’eux. Je passe beaucoup de temps dans lacommunauté. Je ne vis pas du tout avec lesexpatriés qui ont une vie de Club Med. Jevais dans les villages où je suis invitée parmes collègues nationaux, parce que je suisici pour être au Congo, pas en« Expatriland ».

L’US MAG : Dans votre livre, vous parlez d’unemédecine qu’on pourrait appeler «  inclusive »car elle intégrerait la médecine traditionnelle. A. G. : Ce n’est pas quelque chose qu’ondéveloppe avec MSF et je le regrette. EnAfrique, il y a beaucoup de tradi-praticiens,une sorte d’équivalent des naturopathes. Cen’est pas une médecine basée sur desrecherches scientifiques (testées sur de trèsnombreuses personnes), mais plutôt sur unsavoir des plantes. Le dialogue estmalheureusement brisé entre nous et lestradi-praticiens car ils nous voient commedes gens qui leur volent leur patientèle. Etdans les rangs des médecins occidentaux,beaucoup râlent car lorsqu’un patient nousarrive après être passé par un tradi-praticien, il peut nous arriver trop tard,donc en mauvais état. La médecineoccidentale se marie très mal avec lamédecine traditionnelle. C’est biendommage. On s’aliène certains de nospatients en faisant comme ça.Là, j’ai commencé à rencontrerles tradi-praticiens dans le cadre demes nouvelles fonctions autour desviolences sexuelles. Mais ils sont trèsréticents.

L’US MAG : Une terrible confirmation nous estapportée par votre livre  : les violences faites auxfemmes sont les violences les mieux partagées.A. G. : Oui, c’est très commun. L’humanitésemble penser qu’il est normal de maltraiterles femmes. Être une femme demeure trèsdifficile et pourtant je suis née en France, jeviens d’une famille ouverte, mon père nem’a jamais empêchée de faire la moindrechose, j’ai fait des études... Et pourtant, onne marche pas dans la rue sans se fairesiffler. Les hommes ne se rendent pascompte de la violence que c’est de ne paspouvoir sortir le soir sans se faire ennuyer.Et en plus, les hommes à qui on en parlesont très condescendants. Ici au Congo, les

« Une femme accouche, au milieud’une centaine d’hommes, en pleine meret ça n’intéresse personne ! »

femmes sont extrêmement violentées. J’aidistribué un questionnaire, auprès del’équipe nationale congolaise, et à laquestion « les hommes peuvent-ils battreleur femme ? », un très grand nombre de« oui » a été répondu. Le mythe perdureselon lequel les femmes n’auraient pasautant de besoins sexuels qu’un homme.Les hommes auraient donc besoin de fairel’amour ! C’est ainsi qu’on blâme lavictime. En Lybie, les violences sexuellessont terribles. En Europe, le calvaire neprend pas fin pour les migrantes. Dans lescamps de détention, les femmes sont trèsvulnérables et violentées. C’est pour celaque Laurence Fischer a créé une associationd’autodéfense pour les femmes migrantes enSeine-Saint-Denis et à Bukavu, au Congo,dans le même hôpital que le docteurMukwege. Les femmes qui ont confiance enelles peuvent en inspirer d’autres,transmettre cette confiance. On devraittoutes être féministes par défaut.

L’US MAG : Lors de votre formation à Édimbourg,auprès de femmes des quartiers populaires, voussemblez faire la découverte de la lutte des classes.A. G. : Tout à fait. Ça a été une révélationpour moi. Je suis très privilégiée, j’ai grandidans un village du sud de la France, nousvivions sans abondance, mais sansconnaître la misère. Ma norme c’était devoyager, de faire du ski à l’école. C’estquand je suis sortie de mon village que j’aidécouvert que notre manière de vivre n’étaitpas la norme. La vie que j’ai eue n’était pasnormale. C’est en étant confrontée à laréalité que je l’ai compris. Il faut ouvrirles yeux. Quand je découvre ces femmes àÉdimbourg, je prends conscience que nousvivons sur la même planète, mais pas dansle même monde. Et le décalage avecle Congo est plus grand encore. n

Propos recueillis par Doriane Spruyt* Mot-valise pour colombite-tantalite. Minerai decouleur noire ou brun-rouge qui permet, notammentdans nos téléphones, de conserver les données après lesavoir éteints.

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DANS LA CLASSEDerniers lauréatsi◗ 2017 : L'art de perdre, Alice

Zeniter, Flammarion.

◗ 2016 : Petit pays, Gaël Faye, Grasset.

◗ 2015 :  D'après une histoire vraie,Delphine de Vigan, J.-C. Lattès.

◗ 2014 :  Charlotte,David Foenkinos, Gallimard.

◗ 2013 :  Le Quatrième Mur,Sorj Chalandon, Grasset.

◗ 2012 : La Vérité sur l’AffaireHarry Quebert, Joël Dicker,Éditions de Fallois / L’Âge d’Homme.

Chiffresi

443 000exemplaires vendus en moyennepour le Goncourt des lycéens.

400 000pour le Goncourt.

221 000pour le Renaudot

83 000pour le Femina

Sur la période 2012-2016(1).

1. Selon une étude de l’institut Gfk.

Le calendrieri (Voir les datesprécises sur le site du MENpour chaque édition)◗ Mai : dépôt des candidatures

d'établissements◗ Juin : réunion d’information à

destination des équipeséducatives

◗ Septembre : publication de laliste d’ouvrages sélectionnés etdébut des lectures par lesclasses

◗ Octobre : organisation derencontres régionales entreauteurs et lycéens

◗ Novembre : délibérationsrégionales, nationales etannonce du lauréat

Pour plus d’informationsi◗ Sur Eduscol : http://eduscol.education.fr/cid55533/goncourt-des-lyceens.html◗ Site du rectorat de l’académiede Rennes : http://www.ac-rennes.fr/cid105079/journal-du-goncourt-des-lyceens.html◗ Site de l’association Bruit delire : http://www.bruitdelire.org

LE PRIX GONCOURT DES LYCÉENS

Un jeune trentenaireDe tous les prix littéraires, près de 2 000 en France, le Goncourtest le plus prestigieux. Depuis quelques années, le Goncourtdes lycéens, attribué par de jeunes lecteurs non spécialistes,dépasse son aîné en termes de ventes.

L’enjeu est considérable. Un roman primé par leGoncourt des lycéens voit souvent ses ventesmultipliées par sept. Le phénomène est doublé

quand s’y ajoute un autre prix. Delphine de Vigan,lauréate la même année du prix Renaudot, a vendu500 000 exemplaires de son roman D’après une his-toire vraie.Créé en 1988, aujourd’hui trentenaire, ce prix estdevenu une véritable institution. À l’origine, desenseignants rennais s’associent avec leur FNAClocale pour agiter le monde de la lecture adoles-cente. Les jeunes ne lisent pas assez. Il faut donc lesresponsabiliser et les faire juges de la littérature.L’académie Goncourt apporte aussitôt son soutien.Depuis 1991, l’association Bruit de lire est chargéede coordonner l’action. Aujourd’hui, le jury estcomposé de 2 000 élèves répartis sur tout le territoire.Les 52 classes participantes, de la Seconde au BTS,sont sélectionnées en fonction des demandes deprofesseurs volontaires.Lecture rapideEn septembre, l’Académie Goncourt choisit lesromans, en reprenant pour partie la sélection offi-cielle du Goncourt. Il est rare toutefois que lesdeux prix couronnent le même livre. Cela s’est pro-duit à quatre reprises en trente ans, en 1988, la pre-mière année, pour l’Exposition colonialed’Erik Orsenna, en 1989, 1991 et 1995, autrementdit, au tout début. Les adolescents semblaient alorspartager les goûts de leurs aînés. À mesure que leprix a permis d’augmenter les ventes, le Goncourtdes lycéens a gagné en autonomie, ou est-ce l’in-verse ? Les romans primés sont souvent considé-rés comme plus accessibles, plus grand public.Après la sélection, commence la lecture : une dou-zaine de livres doivent être analysés en deux mois.Le prix est remis fin novembre, quelques joursavant la révélation du Goncourt, quelques jours

Elle y raconte, entre souvenir etoubli, la guerre d’Algérie etses conséquences pour les

harkis. Le roman brosse le portraitde trois générations. On suit d’abordAli, paysan kabyle enrichi qui colla-bore avec les Français plutôt qued’embrasser la cause du FLN. Ilpaiera cher son choix ; les généra-tions suivantes aussi. Sa petite-filleNaïma, représentante en texte del’auteur, part à la recherche de sonhistoire. D’abord, elle s’intéresse à

ceux qui arrivent enFrance en 1962, ceux dontl’Algérie ne veut plus etdont la France ne veut pasdavantage. « L’Algérie lesappellera des rats. Destraîtres. Des chiens. Desapostats. Des impurs. LaFrance ne les appellerapas ou si peu. » Ali, le patriarcheet sa famille sont parqués au

camp de Rivesaltes.Hamid, son fils, père deNaïma, veut oublier lepassé. Il ne parle ni d’en-fance ni d’Algérie.Aucune volonté derevanche chez AliceZeniter, simplement lerécit d’un temps que

l’oubli contamine et d’êtres à quile roman donne enfin la parole. n

Rubrique réalisée par Hamda El Khiari

aussi avant Noël. La FNAC permet aux élèves derencontrer les auteurs. L’objet de l’opération est defaire découvrir la littérature contemporaine et desusciter l’envie de lire chez les jeunes. Pendantdeux mois, les rencontres régionales se succèdent.Chaque classe élit un délégué, chaque région choi-sit deux représentants et sélectionne trois ou quatreauteurs finalistes. Enfin, le jury se réunit à huis clos,loin de chez Drouant et de la capitale. À l’ori-gine, les lycéens se réunissaient dans un restaurantde Rennes. Les organisateurs ont dû par la suiterenoncer aux agapes. Le palais y perd mais lesnourritures sont spirituelles. Le prix a fait despetits. Aujourd’hui, il existe un Femina et unRenaudot des lycéens.Critique du jugement esthétiqueTrès efficace pour stimuler la lecture chez lesjeunes et pour doper les ventes, ce prix ne laisse pasde poser quelques questions, notamment sur lesintérêts marchands de l’opération et la collusionentre éducation et commerce. L’expertise critiqueest attribuée à de jeunes lecteurs non spécialistes etenthousiastes. L’amateurisme est souvent considérécomme gage de sincérité, de nos jours. Tradition-nellement, un prix littéraire est le résultat du choixd’un spécialiste, auteur ou critique.Le Goncourt des lycéens s’inscrit dans un paysageéditorial très segmenté et met l’adolescent aucentre, le rend prescripteur. Une part importante dela bibliothèque est aujourd’hui dédiée au jeunepublic avec l’essor de la littérature jeunesse. Àl’ère du « livre concurrencé »(1), le Goncourt deslycéens invite l’auteur à l’École, lui dicte parfoisune recette ou des thèmes d’écriture et affirmel’autorité du lecteur innocent. n

(1) Histoire de l’édition française, dir. R. Chartier etH.-J. Martin, Fayard Cercle de la libraire, 1991.

FICHE DE LECTURE

Alice Zeniter – L’Art de perdreAlice Zeniter est née en Basse-Normandie en 1986. Elle a l’âge du prix Goncourtdes lycéens qu’elle a obtenu en 2017 pour son cinquième roman L’Art de perdre.©

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Marches des fiertés 2018i

Rester mobilisé-e-s !Mai, juin, juillet sont les trois mois desmarches des fiertés partout en France.Revendiquant l’égalité (PMA pour toutes),combattant les violences, ces marchessont l’occasion de rappeler que l’égalitéen droit et dans la vie réelle n’esttoujours pas gagnée. Le dernier rapportde SOS Homophobie 2018 témoigne decette violence toujours présente. Lamarche de Paris, le 30 juin, est placéesous le slogan «  Les discriminations autapis, dans le sport comme dans nosvies !  », puisque Paris accueilleles Gay Games du 4 au 12 août.

Violences policièresi

Manifester est un droitEn mai dernier, une grenade diteassourdissante arrachait la main d'unmilitant sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Son nom s'ajoute à la longueliste des militants gravement blesséslors de manifestations, quand ils n’y ontpas perdu la vie comme Rémi Fraisse en2014.Aucun manifestant ne devrait être blessélors d’une manifestation, puisque selonl’article 431-3 du code pénal, «  la forcedéployée doit être proportionnée autrouble à l’ordre public et doit prendrefin lorsque celui-ci a cessé ».Ces incidents graves et inacceptablesse répètent trop souvent. Le pouvoirpolitique doit prendre sesresponsabilités et faire en sorte queles citoyens puissent manifestersans craindre pour leur vie ou pour leurintégrité physique.

Lyoni

Capitalede l’extrême droiteCette image déplorable surgit à nouveaudans les médias. L’annonce par MarionMaréchal de l’implantation de soninstitut de science politique, la tenue dubureau du FN le 1er juin, sont un symbole.Au-delà, différents groupes d’extrêmedroite prolifèrent dans la ville et la listede leurs agressions contre des militants,des locaux associatifs, est longue.Les membres du Bastion Social,émanation récente du Groupe UnionDéfense (GUD), se proclament «  fascisteset fiers de l’être  ». Ils ont fait parlerd’eux, récemment, en réquisitionnantun bâtiment pour loger des sans-abrisfrançais.Rassemblements et manifestations àLyon contre l’extrême droite sesuccèdent. Le 16 juin, la Gay Pridese déroulera dans « Vieux Lyon »,fief revendiqué de l’extrême droite.

DROITS ET LIBERTÉS

Cette marche de solidarité avec les migrant-e-squi devait initialement rejoindre Vintimille àCalais, c’est-à-dire de la frontière franco-ita-

lienne à la frontière franco-britannique, ira fina-lement jusqu’à Londres. Elle a démarré le 30 avrilà Vintimille et a traversé – ou doit traverser – desgrandes villes françaises sur son chemin (et d’autresplus petites) : Nice, Aix-en-Provence, Marseille,Lyon, Dijon, Paris le 17 juin, Lille, Calais le 7 juil-let, Douvres et Londres le 8 juillet. Les marcheursvont leur chemin, actuellement vers le Nord de laFrance. Parfois, ils essuient les réactions hostilesdes maires de certaines communes, notammentFontainebleau et Montereau, mais souvent l’accueilest favorable et officiel. À l’initiative de l’asso-

ciation calaisienne l’Auberge des migrants, en lienavec le tissu associatif des villes et régions tra-versées, cette marche rassemble des gens d’hori-zons divers qui marchent 25 km par jour sur unepartie du trajet national ou sur tout le trajet deVintimille à Londres. Partout ils sont rejoints pardes militants locaux qui les accompagnent l’espaced’une journée. Cette initiative rencontre un succèspopulaire réel. La FSU avec ses militants y prendpart.

Repousser la frontièreLe but de cette initiative est multiple : d’abordorienter les projecteurs sur les frontières, leur fer-meture allant jusqu’à entraîner des morts tant dansle Sud-Est que dans le Nord. Vintimille est leCalais italien et l’arrivée d’un nouveau gouver-nement d’extrême droite à Rome fait craindre lepire. De l’autre côté, le Royaume-Uni apparaîtcomme le Graal à atteindre pour de nombreuxmigrants mais la police française, qui les empêchede passer lorsqu’ils viennent d’Italie, les empêchede sortir pour aller de l’autre côté de la Manche ;comprenne qui pourra. Il y a un autre aspect mili-tant et festif : générer une chaîne de solidarité surtout sur le parcours de la marche, ce qui est pourl’instant ce qui se passe avec un succès populairequi ne se dément pas. On craignait des actions del’extrême droite mais elles furent ridicules... quandelles ont existé, c’est-à-dire jusqu’à présent qua-siment pas. Pour plus de renseignements : www.laubergedesmigrants.fr/fr/la-marche-citoyenne. n

Olivier Sillam

La loi sur le secret des affaires constitue ungrave recul pour le droit d’alerte publique etd’information dont la reconnaissance avait

progressé en 2016 avec la loi Sapin II. Transpo-sition « dure » d’une directive européenne, elleinstaure le droit de s’opposer à toute divulgationd’information concernant une entreprise et sa ges-tion. Bien que le député auteur du texte ait dit etrépété que la loi ne s’appliquerait ni aux journa-listes, ni aux représentants du personnel, toutdépendra des juges. La loi instaure le secret commerègle, et l’information comme exception : ce seraaux lanceurs d’alerte de faire la démonstration deleur bonne foi, et non à l’entreprise de démontrerl’intention malveillante.

Deux poids, deux mesuresC’est d’autant plus inquiétant que les informationsdont la divulgation est susceptible d’être couvertesont très strictement définies. Cette loi, limitéeaux pratiques délictueuses ou criminelles, exclutles pratiques douteuses comme l’optimisation fis-cale, ou dont le caractère illégal est difficile àprouver (discrimination, par exemple).

L’esprit de cette loi est très clair : les profits primentsur l’information et le débat citoyen. La mobili-sation du collectif « Stop secrets des affaires »,qui comprend des journalistes, des associationsde défense des droits, des syndicats (dont le SNESup-FSU et le SNCS-FSU) a permis de sen-sibiliser sur la question et des parlementaires d’op-position vont porter le texte devant le Conseilconstitutionnel : si l’affaire n’a pas fait beaucoupde bruit, elle n’est pas close. n Hervé Le Fiblec

MARCHE CITOYENNE DE VINTIMILLE À LONDRES

Solidarité avec les migrants

SECRET DES AFFAIRES

Le silence est d’or

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INTERNATIONAL

Cet événement réunira des représentantssyndicaux de l’éducation de pays fran-cophones, il vise à renforcer la compré-

hension et la solidarité entre les différentspays. La Rencontre sera en phase avec lethème officiel du sommet de la francophonie,qui aura lieu en Arménie les 12-13 octobre2018, « vivre ensemble dans la solidarité, lepartage des valeurs humanistes et le res-pect de la diversité : source de paix et deprospérité pour l’espace francophone ». Cethème se décline diversement dans les pro-grammes scolaires, qui abordent l’éducationà la citoyenneté, l’éducation aux médias et àl’information, l’ouverture culturelle, parexemple.

Garantir le droit à l’ÉducationLe droit à l’éducation pour tous est de laresponsabilité des États ; or, dans beaucoupde pays francophones, les écoles privées demauvaise qualité se développent ou des entre-prises privées envahissent l’école. NotreRencontre fera le point sur les actions menéespar les différents syndicats nationaux et par

le CSFEF au niveau international, afin deproposer des réponses collectives face à cettemenace grandissante. Lors de la dernièreRencontre (Madagascar 2016), les déléguésavaient demandé que le volet santé au travailsoit approfondi, le CSFEF a donc lancé uneenquête, en partenariat avec la MGEN etson réseau éducation et solidarité, dont lespremiers résultats seront discutés. L’expé-

rience d’instancess’occupant de santé etde conditions de tra-vail sera aussi un desaspects que nous exa-minerons. La qualitéde la formation desenseignants, l’utilisa-tion du numérique,l’évaluation interna-tionale PASEC quiconcerne quinze paysd’Afrique franco-phone, promettentégalement des débatsanimés.

Le SNES-FSU, qui préside le CSFEF, estparticulièrement impliqué dans l’organisationde cet événement. Près de 40 délégués, repré-sentant une trentaine de pays, sont attendusà Paris, nous leur ferons bon accueil et auronsà cœur d’illustrer l’hospitalité françaiseauprès de nos camarades, qui souvent viventdes situations difficiles dans leurs pays. n

Jean-Hervé Cohen

«Une année scolaire marquée par lemécontentement des employés dusecteur de l’éducation. » C’est en

ces termes qu’Adrian Voica, vice-prési-dent de la Fédération des syndicats libres del’enseignement (FSLE) résume la situa-tion. Comme tous les syndicats de l’ensei-gnement en Europe, la FSLE concentre sesefforts pour améliorer le statut social etéconomique des enseignants et des autres

personnels de l’éducation. Comment attireret motiver les jeunes diplômés quand onsait que le salaire de début de carrière estd’environ 430 euros par mois, et qu’aprèsquarante années d’exercice, il plafonne à800 euros ? Ces rémunérations sont parmiles plus basses en Europe et ont été réduitesd’environ 40 % en 2010. Aujourd’huiencore, les enseignants ont à récupérer desarriérés de 15 % afin de retrouver le niveaude salaire dont ils bénéficiaient  fin 2009. Sile syndicat a gagné au plan judiciaire, suiteaux recours qu'il avait déposés (100 000procédures au total), le gouvernement nepermet pas l’exécution des décisions dejustice.

Revendiquer sans relâcheEt pourtant, comme en témoigneAdrian Voica, grâce aux « mécanismes dudialogue social, nous avons eu des réunionsrégulières avec les ministres de l’Éduca-tion, du Dialogue social et des Finances.Nous essayons de faire amender la législa-tion relative aux salaires et discutons despossibilités d’augmenter le budget consa-

cré à l’éducation ». Pour faire pression sur lesdiscussions en cours, des mobilisations ont eulieu dans cinq régions, notamment sousforme de rassemblements devant les préfec-tures. Si elles n’ont pas permis d’aboutirpour le moment, elles témoignent de lavolonté des personnels de ne pas se résignerau déclassement de leur métier.Et quand il est question d’argent, que fait legouvernement social-démocrate ?«  Les augmentations salariales promisesaux enseignants par le gouvernement actuelont été abandonnées », souligne AdrianVoica.Une telle situation ne fait que renforcer ladétermination des personnels à reprendre lechemin de l’action dès la rentrée dans uncontexte marqué également par la lutte anti-corruption que mènent les organisationssyndicales et la société civile. Et de touteévidence, ce ne sont pas les chèquesvacances d’un montant de 300 euros,octroyés  par le gouvernement à tous lessalariés de l’éducation, qui feront taire lesrevendications. n

Odile Cordelier

ROUMANIE. Le gouvernement social-démocrate abandonne ses promesses de revalorisation salarialedes enseignants.

Mobilisation continue pour les salaires

LE COMITÉ SYNDICAL FRANCOPHONE DE L’ÉDUCATION ET DE LA FORMATION (CSFEF) organise tous les deux ansla Rencontre du CSFEF, en amont du sommet des chefs d’État et de gouvernement de la francophonie. Enseptembre 2018, elle aura lieu à Paris.

Rencontre syndicale pour la francophonie

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Supplément au no 779 du 9 juin 2018 - US MAGAZINE - 45

D’abord, les États décrètent la faillite dessystèmes éducatifs. Il faut les réformer,les rendre plus efficients et compétitifs

et rendre plus productifs leurs principauxacteurs, les professeurs. Chaque pays redéfi-nit alors ses modalités d’évaluation. Entreautres tendances lourdes, des indicateurs nou-veaux et des outils de mise en concurrence(projets d’établissement, contrats d’objec-tifs) se développent. Tout se compare : pro-fesseurs, établissements, Régions... Laseconde marotte du management public estl’autonomie des acteurs de terrain. C’est dansce Grand Tout évaluatif qu’il convient d’ob-server l’évaluation des enseignants en Europe.

Sous contrôleLes professeurs sont évalués tout au long deleur carrière. L’évaluation initiale valide etcertifie la formation. Les suivantes influentsur la carrière. Certains pays comme leDanemark, le Luxembourg, le Portugal ontinstauré une période d’essai au terme delaquelle le travail du professeur est évalué.En Allemagne, la titularisation relève duparcours du combattant. Les professeurs,qui enseignent deux disciplines au moins,passent un examen d’État puis effectuentun stage sous contrat. Selon le Land, ilsobtiennent un CDD de droit privé ou sont«  fonctionnaires révocables  ». Ils sontensuite fonctionnaires en période probatoire

pendant trois ans et enfin fonctionnaires àvie, autrement dit titulaires.

Évaluations localesPuis vient l’évaluation au cours de la carrière.• En Grande-Bretagne, elle incombe au chefd’établissement qui distribue des primesaux professeurs méritants. Les parentsd’élèves choisissent librement l’établisse-ment de leurs enfants en fonction des résul-tats. Cette concurrence généralisée incitebien évidemment les établissements à obte-nir de bons résultats, même au prix de cer-tains arrangements.• En Suède, la direction de l’établissementétablit une lettre de mission et, comme dansl’entreprise, procède à des entretiens pours’assurer que les objectifs ont été atteints. Lesrésultats des élèves sont observés avec atten-tion. Selon les difficultés rencontrées par leprofesseur, sont mises en place un certainnombre d’actions de formation. • Au Portugal, l’avancement se fait à l’an-cienneté et sur demande expresse d’une ins-pection par le professeur. La formation conti-nue permet d’obtenir des crédits pour lapromotion.• En Espagne, après huit ans d’expérience, lesprofesseurs peuvent passer un concours quileur ouvre d’autres perspectives de carrière.• La Finlande n’a pas de système générald’évaluation des enseignants. Chaque chef

d’établissement définit ses propres critères.L’autonomie est à son comble.Hormis les Pays-Bas, où l’évaluation n’alieu qu’en début de carrière, la tendanceest donc à toujours plus d’autonomie accor-dée aux chefs d’établissement. La concur-rence généralisée, pensée comme stimu-lante, n’aboutit souvent qu’à un trucage desrésultats. L’accent est mis aussi sur la for-mation continue. C’est un point que notresystème éducatif français aurait tout intérêtà améliorer.

Évaluation à la françaiseDepuis cette année, les nouvelles modalitésd’évaluation professionnelle se mettent enplace. Les « Rendez-vous de carrière » sontconstitués d’une inspection, d’un entretienavec l’inspecteur et d’un entretien avec lechef d’établissement. L’esprit de cette éva-luation a changé : elle n’est plus aussi étroi-tement liée à l’avancement que par le passé.Le rythme de progression, globalement plusavantageux que dans le système précédent, estcommun. Les rendez-vous de carrière assu-rent une petite accélération. L’évaluation-conseil remplace l’évaluation-sanction. Lecalendrier doit être revu mais la régularitéet la certitude d’être évalué résout le pro-blème des retards d’inspection et réduit lesinjustices. Les grilles d’évaluation posentproblème : certains critères sont éloignés ducœur du métier. L’évaluation du chef d’éta-blissement, enfin, laisse toujours planer unrisque d’ingérence managériale. Le système,pourtant, se veut plus équilibré. Seule l’actioncollective et les bilans tirés des premièresévaluations permettront de conserver cet équi-libre et d’éviter les dérives du pilotage parl’évaluation.Les systèmes d’évaluation des enseignants etdes systèmes éducatifs de l’UE puisent àdivers modes de gestion : contrôle adminis-tratif ou modèle néolibéral prônant la com-pétitivité. On constate certains tâtonnementsévaluatifs, en fonction de la résistance despersonnels, même si la tendance demeureclaire et inquiétante. Seule l’implication desprofesseurs dans la définition des critères deleur propre évaluation peut freiner la mise enconcurrence généralisée. Qui est plus auto-risé qu’eux pour le faire ? n

Hamda El Khiari1. Organisée par l’OCDE, PISA évalue tous lestrois ans les acquis des jeunes de 15 ans.2. Enquête internationale sur les acquis scolairesen sciences et mathématiques organisée par l’IEA(International association for the evaluation ofeducational achievement).3. Enquête de l’IEA qui évalue l’apprentissage dela lecture.

EUROPE. Depuis les années 80, la culture de l’évaluation détermine et oriente les politiques éducatives de paysindustrialisés préoccupés uniquement par la maîtrise de la dépense publique. Concurrence et comparaisonsinternationales (PISA[1], TIMMS[2], PIRLS[3]...) poussent les États à harmoniser leurs systèmes.

L’évaluation des professeurs

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Dans les collèges, l’équipement informatiquea doublé en dix ans(2), et de la même façon,en lycée, la quantité d’équipements infor-

matiques ne fait qu’augmenter, accompagnantles nouveaux usages du numérique au sein ethors de la classe. Le développement des usagesd’une part, la complexité croissante des techno-logies mises en œuvre d’autre part (Wifi, fibre,TBI...), ainsi que le besoin de disposer de maté-riels à même de répondre aux besoins sans êtrefrappés d’obsolescence, participent à l’augmen-tation des demandes de moyens à la fois matérielset humains, notamment pour la maintenance.

Compétence des collectivités territorialesLa loi n° 2013-595 du 8/07/2013 oblige les col-lectivités territoriales à prendre en charge la main-tenance du matériel informatique, des logicielsqui permettent l’usage des ordinateurs et de ceuxqui sont utilisés par les enseignants. Le départe-ment pour les collèges et la Région pour leslycées ont à leur charge « l’acquisition et la main-tenance des infrastructures et des équipements,dont les matériels informatiques et les logicielsprévus pour leur mise en service [...] » (art. L213-2 et L214-6). Cette compétence entraîne des iné-galités, d’une Région à l’autre, d’un départementà l’autre, sur fond de possibilités économiques,voire de volonté politique des élus locaux...

Les personnels chargés de la maintenanceDans la plupart des cas, des personnels spécifiquess’occupent de la maintenance informatique dansles établissements. Certaines collectivités terri-toriales ont choisi de garder ce service en interne.Ces personnels, fonctionnaires ou contractuelsde la Fonction publique territoriale sont, le plussouvent, affectés sur plusieurs établissements. D’autres collectivités territoriales ont fait lechoix de l’externalisation : ce fut par exemplele cas de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Lecontrat de la maintenance informatique des

lycées a été passé avec la société ATOS, sociétéaussi choisie par la Région Occitanie avec desdéboires pour les personnels à retentissementmédiatique comme dans le cas du lycée de Fron-ton(3). Si, heureusement, une situation commecelle du lycée de Fronton n’est pas la norme, ilarrive encore fréquemment que, faute de dis-ponibilité des personnels dédiés, certains agentsse retrouvent à assurer une charge de mainte-nance informatique qui ne fait pas partie deleurs missions... Le SNES-FSU continue dedénoncer cette situation et demande la créationde postes de personnels titulaires spécialisésdans les établissements pour assurer l’entretiendes matériels et permettre une réactivité à mêmed’assurer la continuité du service public en casde dysfonctionnements. n

(1) BSOD : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cran_bleu_de_la_mort.(2) Note d’information, n° 1, 01/2015, http://www.education.gouv.fr/cid84888/l-equipement-informatique-a-double-en-dix-ans-dans-les-colleges-publics. html.(3) Fronton : « Des profs du lycée en grève contre lespannes informatiques », https://www.20minutes.fr/toulouse/1919327-20160906-fronton-profs-lycee-greve-contre-pannes-informatiques.

Les chiffresi

❱ En 2014, en France, il y avait22 ordinateurs ou tablettes pour100 collégiens (dont 60 %d’ordinateurs de moins de cinq ans),contre 12,7 outils pour 100 collégiensen 2005.

❱ À titre d’exemple, 250 lycées disperséssur huit départements, 60 000 postesde travail, plusieurs milliers deserveurs, plus de 600 logicielsdifférents pour la Région Rhône-Alpesen 2015.

Notre publicationi

Le numérique dans l’Éducation nationale,juin 2017, 24 p. https://www.snes.edu/Le-numerique-dans-l-education-nationale.html.

Liensi

❱ Loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 :https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027677984&categorieLien=id.

❱ Circulaire n° 2015-058 du 29/04/2015 :http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=87297.

❱ L’assistance informatique dansles lycées – Région Rhône-Alpes :http://www.avicca.org/document/15407/dl.

❱ La révolution du numérique éducatif(Éducation & Territoires)  :http://www.education-territoires.fr/app/webroot/img/fichiers/Dossier_Numerique_educatif_Gaz_10_13_3_2017.pdf.

❱ Une journée avec… Les STIL :http://emergences-numeriques.maregionsud.fr/fileadmin/ ERIC_Groupe_de_travail/Actualit%C3%A9s/une_journ%C3%A9e_avec_les_STIL.pdf.

CHANGER D’ÈRE

46 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

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LE RÉFÉRENT NUMÉRIQUE : UN RÔLE PÉDAGOGIQUE, PAS DE MAINTENANCEDans les établissements, on peut trouver un ou plusieurs référents pour les ressources et usages pédagogiquesnumériques (RUPN). Sa mission est définie par la circulaire n° 2015-058 du 29/04/2015. Si, dans ses missions, ontrouve le fait d’«  assurer la disponibilité technique des équipements en lien avec les collectivités territorialeschargées de l’équipement et de la maintenance », cette mission ne saurait être confondue avec celle des personnelschargés de la maintenance pour lesquels il ne doit être qu’un «  interlocuteur  ». La circulaire est claire sur cepoint : il a, dans cette position, pour missions : d’accompagner le chef d’établissement dans le dialogue qu’ilentretient avec les collectivités autour des choix techniques, des renouvellements d’équipements, des investissementsdans de nouveaux moyens numériques ; d’organiser une interface entre l’ensemble des utilisateurs et les personneschargées par les collectivités de l’assistance et de la maintenance des équipements.Et c’est tout du point de vue de la maintenance, le reste des missions du RUPN étant éminemment pédagogique.Pour l’accomplissement de l’ensemble de ces missions, le RUPN bénéficie d’une IMP d’un taux annuel de1 250 € à 3 750 € en fonction de la charge effective de travail et du niveau d’expertise requis.Rubrique réalisée par Thomas Brissaire

TANT QUE CELA FONCTIONNE…

La maintenance informatiquedans les établissements scolairesHeureux celui qui n’a jamais connu l’angoisse de l’écran bleu de la mort(1) lors d’un coursbasé sur une séquence numérique, ou la coupure de réseau local ou Internet lors desopérations de fin d’année. Plus le numérique prend de place dans nos pratiques et dans lesétablissements, plus la question de la maintenance devient cruciale.

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HALTE AU FEU !Quel champ de ruines ! Un éboulement continu à grands coups de déstructurations

des services publics, la SNCF comme l’école, et la remise en cause detous les acquis sociaux. Les migrations, quant à elles, cristallisent toutes les crises.

Les vacances permettent de prendre du champ, de (se) reconstruireface à cette fusillade nourrie et permanente.

Le temps de prendre du champ, d’analyser mais aussi dedécouvrir d’autres horizons, d’autres cultures. Chaque culture est porteuse d’une part

d’humanité. Devenir humain provient d’une construction permanente. Sur le champde ruines, chacun-e se doit de participer à la construction d’un futur commun et collectif.

Le temps de l’été, c’est le temps de prendre le temps, de regarder, de lire,d’entendre les autres, l’Autre. Respecter les autres, faire preuve d’hospitalité,

d’ouverture c’est se respecter soi-même.C’est aussi le temps des festivals, de toutes sortes, de toutes envergures.

Le temps du plaisir partagé des découvertes, des surprises pour alimenter nos désirs.Pour se refaire une santé par la culture, pour faire regermer l’espoir du changement !

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LES FESTIVALS DE JAZZ, comme laquasi-totalité des festivals, font de ladéfense de l’environnement une deleurs caractéristiques. Ils organisentaussi des liens avec l’école de manière

Découvrir Les festivals de jazz, comme tousles autres, sont de dimensions varia-bles. Un des plus importants, celuide Vienne (près de Lyon), a com-mencé le 28 juin pour se terminer le

Marciac ........................................................................................................... p. 48Junas ................................................................................................................ p. 48Crest Jazz Vocal ................................................................................... p. 48Parfum de Jazz ...................................................................................... p. 49Souillac en Jazz ..................................................................................... p. 49Jazz à la Petite-Pierre ................................................................... p. 49Saveurs Jazz Festival ...................................................................... p. 49Jazz en Baie .............................................................................................. p. 49Festival Millau Jazz ........................................................................... p. 49Jazz à La Villette .................................................................................. p. 49Uzeste musical ....................................................................................... p. 49American Jazz Festiv’ Halles .................................................. p. 49Pianissimo au Sunside .................................................................... p. 49Festival All Stars 2018 au New Morning ....................... p. 49Neuvil’en Jazz ......................................................................................... p. 49Jazz au Touquet .................................................................................... p. 49Cabaret Vert ............................................................................................. p. 50Festival de musique de Franche-Comté ....................... p. 50Académie-Festival des Arcs ..................................................... p. 50Freakshow Festival ............................................................................ p. 50Le Pointu Festival ................................................................................ p. 50Septembre musical de l’Orne .................................................. p. 50Voix Vives de Méditerranée ...................................................... p. 50Baléapop ....................................................................................................... p. 50Le Festival de Bourgogne du Sud ........................................ p. 50Le Festival de Confolens .............................................................. p. 50Le Festival de Montignac .............................................................. p. 51Le Festival de Thau .............................................................................. p. 51Le Festival des Musiques d’Ici et d’Ailleurs ............... p. 51Festival Tempo Latino ...................................................................... p. 51Festival Cornouaille ............................................................................ p. 51Tango par la côte en Bretagne ................................................ p. 51

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Marciac (32), le nom sonnedésormais comme syno-

nyme de jazz. Jazz in Marciac acomme parrain Wynton Mar-salis. Le plus grand festival del’été, subventionné notammentpar Airbus. À ne pas rater, lejeune saxophoniste alto français,Baptiste Herbin ou Thomas dePorquery et beaucoup d’autres. Toute la fine fleurprésente dans les tournées d’été affluera dans lepetit village de Marciac. Des stages sont organisés,notamment de Tap Dance. Mon conseil : s’asseoirplace de l’Hôtel-de-Ville tous les jours à partir demidi, prendre l’apéritif pour entendre des musicienset des groupes connus et inconnus. Un programmedémentiel.✦ Du 27/07 au 15/08, 0 892 690 277

www.jazzinmarciac.com

Junas (30) est un petit village situé entre leGard et l’Hérault. Il est connu pour sa pierre

qui se retrouve dans les constructions de Nîmes,dont la Maison Carrée. Unedate anniversaire : 25 ans ! Pourles fêter, ils ont invité ArchieShepp en reconstituant le« Attica Blues Big Band » enforme de reconnaissance desluttes pour les droits civiques.Le programme, comme l’an

dernier, est éclectique. Des concerts gratuits auTemple avec ses vitraux refaits par Daniel Humair.Des rencontres avec les élèves ont lieu toute l’année,un mini-camp musical du 18 au 21/07, un stagede jazz et de perfectionnement du 15 au 22/07seront organisés.✦ Du 17 au 21/07, 04 66 93 01 59, www.jazzajunas.fr

Crest Jazz Vocal (26), 43e édition. Une asso-ciation de bénévoles a pris en

charge l’organisation de cettemanifestation. La Drôme n’est pasun département très fréquenté,sauf par les Drômois et les Hol-landais. Une des raisons peut-êtrepour lesquelles ce festival resterelativement inconnu. Il faut dire

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48 Cahier spécial festivals ✦ Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018

FESTIVALS ✦ MUSIQUES ✦ DANSE ✦

Festival Ecaussystème .................................................................... p. 51Les Suds à Arles ...................................................................................... p. 5148es Nuits musicales d’Uzès ........................................................ p. 51Rootstock ...................................................................................................... p. 51Château de Grignan, « Les Fêtes nocturnes » ...... p. 52Festival Les Nuits Basaltiques ................................................ p. 52Mousson d’été ......................................................................................... p. 52Festival des Sept Lunes ................................................................. p. 52Festival des jeux de théâtre de Sarlat ........................... p. 52Théâtre du Peuple................................................................................. p. 52Au Bonheur des Mômes ................................................................. p. 52Les Nuits de l’Enclave ..................................................................... p. 52Festival Off Avignon .......................................................................... p. 52Résurgence, festival des arts vivants ............................ p. 53Humour et eau salée ........................................................................ p. 53Chalon dans la rue ............................................................................... p. 53NAVA - Nouveaux Auteurs en Vallée d’Aude ........... p. 53Festival de cinéma de Douarnenez ................................... p. 53Les États généraux du film documentaire ................. p. 53FID Marseille ............................................................................................. p. 53Festival des cinémas arabes .................................................... p. 53L’Admirable Festival des Fromages de Chèvre .... p. 54Les Rencontres de la Photographie ................................. p. 54Festival sur Lignon ............................................................................. p. 54Gulf Stream Jazz Festival ........................................................... p. 54Festival Paris l’Été .............................................................................. p. 54Convivencia ................................................................................................ p. 54Festival des Passeurs d’Humanité ..................................... p. 54La Belle Rouge ........................................................................................ p. 54Almanach 18 ............................................................................................... p. 54Jazz en Garrigue .................................................................................. p. 54

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Le partenariat « Réduc’SNES » permet aux syndiquésde bénéficier, sur réservation et présentation de leur carte,

de tarifs préférentiels dans de nombreux festivalsde l’été (comme dans plus de 100 théâtres

et lieux culturels toute l’année). Ils sont signalés dansce cahier par le pictogramme

Pour ces festivals, une présentation plus détaillée estaccessible sur le site du SNES-FSU à l’adresse :

www.snes.edu/culture

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à développer le sens des cultures de nos élèves. Ils restent nombreuxmalgré la baisse des subventions. Certains ont disparu. Le public est trèssouvent au rendez-vous pour partager un moment festif. À chaque localité existe, à n’en pas douter, un festival. N’hésitez pas.Entrez !

les présents des jazz13 juillet. Un programme éclectique, aux dimensions gigantesques qui fait la part belle aux musiquesappelées « cousines » du jazz. Quelques grandes vedettes du jazz seront présentes comme Robert Glasperqui se retrouvera dans l’autre grand festival censé terminer l’été, Marciac. Les autres festivals, notammentceux d’Alsace – Festival Météo, du 21 au 25 août, et Colmar, du 12 au 17 septembre – sont indispensables.L’automne suivra avec d’autres rencontres notamment « Jazz à La Villette » du 30 août au 9 septembre.

qu’il souffre de la concurrence de son grandvoisin, Marciac. Il débutera avec Le Bal Pous-sière et un hommage à Jimmy Smith par LuckyPeterson, et se terminera par la venue de YounSun Nah et Nascimento. Ne pas rater Paul Layet Pierre Durand. Le concours jazz vocal, lesstages et... tous les jours, du mardi 31 juillet,pour le film Singing in the Rain, au samedi4 août, conférences de Nicolas Béniès sur lesvilles du jazz, Kansas City et Detroit.✦ Du 27/07 au 4/08, www.crestjazzvocal.com

Parfum de Jazz (26) prend lasuite chronologique de Crest

Jazz Vocal pour faire respirer lessenteurs de la Drôme provençale.Il fête sa 20e édition pour un spé-cial Jazz Ladies dont CélineBonacina, Michele Hendricks,Rhoda Scott et son Lady Quartet– elle fête son 80e anniversaire –, GéraldineLaurent, un des grands saxophonistes actuels.Comme d’habitude, 40 concerts gratuits enjournée, des apéros swing sur les places d’unedizaine de communes.✦ Du 12 au 25/08, www.parfumdejazz.com

Souillac en Jazz (46) se sous-titre Fes tivalSim Copans en mémoire de celui qui fut le

créateur, après la SecondeGuerre mondiale, des émis-sions de jazz à la RTF.Comme à l’habitude, desconcerts gratuits sur les placeset dans les rues toute lasemaine, une randonnée jazz

nocturne et un repas champêtre. Pour la grandescène, Rudresh Mahanthappa et son Indo-PakCoalition, Théo Ceccaldi, Joshua Redman. Unmoyen de découvrir le Lot et le jazz.✦ Du 15 au 21/07, 05 65 33 22 00,

www.souillacenjazz.fr

Jazz à la Petite-Pierre (67)pour ce festival Au Grès du

Jazz. Comme chaque été, le jazzs’invite dans les Vosges du

Nord. À découvrir : un tremplin 2018 pourles jeunes talents. Cette année, les saxopho-nistes seront à l’honneur : Émile Parisien,Chris Potter et Raphaël Imbert. Un pianiste,Franck Wolf, qu’il faut découvrir. Un largeéventail des musiques liées au jazz. ✦ Du 5 au 15/08, www.festival-augresdujazz.com

Saveurs Jazz Festival (49), 9e édition àSegré, se déploiera sur deux scènes pour

23 concerts dont un gra-tuit. Il bénéficie d’une pro-grammation due au trom-pettiste Nicolas Folmer avecdes créations et installationsoriginales comme la siestemusicale, le cabaret œno-logique et la découverte degroupes locaux. On pourravoir et écouter Sophie Alour, Roberto Fonseca,Julien Alour...✦ Du 5 au 9/07, www.saveursjazzfestival.com

Jazz en Baie (50) couvre la baie du Mont-Saint-Michel, les villes de Granville,

Avranches et une grandepartie de la Manche.Un festival qui prend del’ampleur. Avec commevedette Hugh Colman,Glenn Ferris, Alain Jean-Marie, Arthur H, Stephan

Eicher, Melody Gardot...✦ Du 25/07 au 5/08, 02 33 49 90 76,

www.jazzenbaie.com

Festival Millau Jazz(12), 27e édition pour

un programme qui réunitMichel Portal et ÉmileParisien, Rudresh Mahan-thappa, Avishai Cohen(tp) et Hugh Colman.Beaucoup de découvertesdans des concerts gratuits dont un Jazz pourles plus jeunes. ✦ Du 14/07 au 21/07, www.millaujazz.fr

Jazz à La Villette (75)représente une forme

de clôture des festivals del’été. Le programme,démentiel comme il sedoit, mêle tous les groupesde jazz de toute obédience.De Rhoda Scott à Chris-tian Scott la démonstra-tion in vivo que le jazz n’est pas mort.✦ Du 30/08 au 9/09, jazzalavillette.com

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Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018 ✦ Cahier spécial festivals 49

THÉÂTRE ✦ J AZZ ✦ TRANSVERSALE ✦

Uzeste Musical (33) est un anti-festival. Ber nard Lubat, son anti-organisateur etâme damnée, l’a voulu convivial, festif, asso-ciant publics et mu sicien-ne-s. Il a déjà faitfaillite. Programme à trouver sur le site dela Cie Lubat.✦ Du 10 au 18/08, www.cie-lubat.org

American Jazz Festiv’ Halles (75) (27e édi-tion) aura lieu comme d’habitude au Sun-set-Sunside avec notamment Jeremy Pelt,Julian Lage, la nouvelle composition dugroupe The Bad Plus...✦ Jusqu’au 15/08, www.sunset-sunside.com

Pianissimo au Sunside (75). Pour un pano-rama du piano jazz avec, notamment Bap-tiste Trotignon et Yonathan Avishai...✦ Du 1er au 3/08 et 30-31/08,

www.sunset-sunside.com

Festival All Stars 2018 au New Morning(75). Fred Wesley, Take 6, John Scofield,Billy Hart entre autres se partageront l’affiche.✦ Jusqu’au 3/08, www.newmorning.com

Neuvil’en Jazz (86) commence joli -ment par un « tribute to Dexter Gordon »avec une pléiade de musicien-ne-s àdécouvrir.✦ Du 19 au 22/07, 05 49 54 47 80

Jazz au Touquet (62) pour des concertsles mercredis avec China Moses, ScottHamilton et Rhoda Scott.✦ Du 18/07 au 8/08, jazzautouquet.com

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EN VRAC

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50 Cahier spécial festivals ✦ Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018

Cabaret Vert, Charleville-Mézières (08).De la chanson (Booba, NTM, Les Négresses

vertes, DJ Snake, Stephan Eicher et plus de50 autres artistes), dela BD, des arts de ruessur le thème desFreaks. Cet « éco-fes-tival » durable, tou-jours plus vert (toi-

lettes sèches, tri des déchets, maîtrise de laconsommation d’énergie) se tient dans le centre ville, entre patrimoine industriel et ter-ritoire naturel. Le pass 4 jours coûte 100 €. Lecamping est prévu à proximité. ✦ Du 23 au 26/08, 03 24 36 12 68, www.cabaretvert.com

Festival de musique de Franche-Comté,Besançon (25). Pour sa 71e édition, ce festival

présente une programmation très éclectique :musique baroque,récitals, musiquede chambre, mu -siques du monde,beaucoup de jazz.En ville et dans les monuments publics commele palais Granvelle, mais aussi à Dôle, Luxeuil,Audaincourt : illuminations, concerts sympho-niques en plein air, « immersion symphonique »,ateliers, créations du compositeur en résidenceEric Tanguy et le 56e concours de chefs d’or-chestre. Certains concerts sont gratuits.✦ Du 7 au 16/09, 03 81 82 08 72,

www.festival-besancon.com

Académie-festival des Arcs (74). La 45e édi -tion de ce festival est, cette année, consacrée

à Leonard Bernstein et à son univers, ses pré-décesseurs et inspirateurs(Gershwin et autres), sescontemporains et successeurs(Cage, etc.). Une place serafaite à Mahler, pour lequelBernstein avait une grandeadmiration. Avec plus de 40

artistes invités, des concerts, tous gratuits, desconférences, des master-classes, des ateliers...Florentine Mulsant, artiste en résidence, pré-sentera son travail.✦ Du 15/07 au 1/08, 01 40 07 11 48, www.lesarcs.com

Freakshow Festival, Gigors (26). Attention !10e et dernière édition de ce festival noise

rock déjanté, unique dans le paysage sonique

hexagonal ! Aux portes duVercors, dans un paysage derêves, venez découvrir desgroupes qui font référencedans une ambiance merveil-leusement détendue ! Cetteannée, Metz, Soft Moon ouencore les Parisiens de Frus-tration. Classe !

✦ Les 24 et 25/08, www.freakshow-festival.com

Le Pointu Festival, Six-Fours (83) a pris lasuccession des Voix du Gaou disparu en

2015. C’est un évé-nement Indie Rockgratuit qui accueilleles 7 et 8 juillet à Six-Fours des groupesreconnus comme God Speed You, Thee O sees,les Suuns ou émergents comme Carpenter Brut,le tout dans un cadre idyllique. Immanquable ! ✦ Les 7 et 8/07, pointufestival.fr

Septembre musical de l’Orne (61). Cinq week-ends de musique classique dans des lieux tous

aussi agréables les uns que les autres. La voix seraà l’honneur avec plusieurs chœurs, ainsi que les

cordes (violon, violon-celle). Trois spectacless’adresseront plus parti-culièrement aux familles :La Grande Duchesse de

Gerolstein d’Offenbach, Pinocchio de Thierry Laloet une soirée de gospels avec Rhoda Scott. Cetteannée, trois conférences et six visites de monu-ments complètent le programme. ✦ Les week-ends du 7/09 au 7/10 aux quatre coins de

l’Orne, tarifs allant de gratuit à 26 euros maximum,02 33 26 99 99, www.septembre-musical.com

Voix Vives de Méditerranée, Sète (34). La21e édition de ce festival de poésie à Sète

permettra d’entendre, partout dans la ville, plusde 100 poètes venus des pays des rives de laMéditerranée. Animationsmusicales et lectures publiquessont gratuites. Trois concertspayants, 30 € (Anne Sylvestre,Sapho) et même 60 € (BarbaraHendricks) complètent le pro-gramme. ✦ Du 20 au 28/07, 04 99 04 72 51,

www.sete.voixvivesmediterranee.com

Baléapop, Saint-Jean-de-Luz (64). Pour finir l’été

en beauté, cap sur le PaysBasque et ses quatre jours defestival électro, pop, folk etart contemporain à Saint-Jean-de-Luz. Comme d’ha-bitude, la sélection est ultra-pointue mais le mot d’ordre « sabotage » inviteà ne pas se prendre au sérieux. Un festivalconvivial à savourer les pieds dans le sable, faceà l’océan, ou dans l’herbe du parc Ducontenia.✦ Du 23 au 26/08, www.baleapop.com

Le Festival de Bourgogne du Sud (71) nese cantonne plus à la musique, mais s’ouvre

à la poésie et à la photographie. Au programmeun concert baroque, airs pastoraux et royaux,et un concert Des Motets au Gospel en l’église

de Saint-Maurice-lès-Château-neuf, du théâtre musical avec Cor-respondances sur les lettres desainte Claire et sainte Marguerite-Marie dans les monastères dePoligny et Paray-le-Monial, à lacollégiale de Semur-en-Brionnaiset à l’église de Châteauneuf, deschants journaliers mis en

musique et interprétés par la créatrice du fes-tival, Martine Chifflot, et une expo-photos depaysages brionnais.✦ Différentes dates et lieux en juillet et août,

www.facebook.com/FestivalDeBourgogneDuSud

Le Festival de Confolens (16), au cœur duPoitou-Charentes, rassemble des artistes

venus du monde entier pour faire découvrirleurs traditions. Cette annéeen vedette I Muvrini et lesMoines de Shaolin, mais aussides musiciens et danseursvenus de Bolivie, du Pérou,du Costa-Rica, de Colombie,du Brésil, de l’Inde, de Taïwanet du Botswana, mais aussi deRussie et de Moldavie. Il y a des spectaclesgratuits, des animations avec des musiquesactuelles, des apéros musicaux, des bals, desateliers de danse et de musique traditionnelleet des spectacles folk pour les enfants. Les galasd’ouverture et de clôture rassemblent tous lesgroupes présents et le vendredi toute la villeest en fête pour un grand feu d’artifice. ✦ Du 13 au 19/08, www.festivaldeconfolens.com

Réduc’SNES

Réduc’SNES

LES FESTIVALS DE MUSIQUE restent très présents et très diversifiés. La plupart d’entre eux sont pourtantmenacés. Les collectivités territoriales, confrontées à la diminution des crédits d’État, ont tendance à réduire lessubventions à la culture. Des festivals sont supprimés. D’autres, en général plus petits, naissent en faisant appelau bénévolat. Ci-dessous un échantillon est proposé, vous en découvrirez beaucoup d’autres sur votre route, quece soit la chanson française, le rock, la country, le tango... et la musique classique. Les organisateurs vous ferontpartager leurs envies pour en faire vos découvertes. Ils ont besoin de vous !

Voyage dans toutes les musiques

FESTIVALS ✦ MUSIQUES ✦ DANSE ✦

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Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018 ✦ Cahier spécial festivals 51

Le Festival de Montignac (24), sur lesbords de la Vézère, nous emmène aux

quatre coins du monde avec des groupes dedanseurs et musiciens venus de Roumanie,d’Espagne, du Portugal,du Brésil, du Costa-Rica, du Niger et duBotswana, et même dePalestine. Aimer larichesse du monde avecdes démonstrations desmoines de Shaolin,écouter les FrançaisesCamille et Julie Berthol-let, profiter d’apéros-concerts avec certains des groupes, en décou-vrir d’autres à la Guinguette et finir par ungrand spectacle de clôture avec une créationpyrotechnique spécialement conçue pourmettre en valeur la ville, voilà ce que prometle festival.✦ Du 23 au 29/07, www.festivaldemontignac.fr

Le Festival de Thau (34) permet de décou-vrir la lagune de Thau avec des concerts

à Mèze, Bouzigues, Balaruc, Monbazin etl’Abbaye de Valmagne. Au port de Mèzeon pourra, le samedi et le di manche, écouter

I Muvrini, GrandCorps malade,Ca therine Ringere t Fat o u m at aDiawara. L’Ab-b a y e d e Va l -

magne offre le vendredi une carte blanche àPiers Faccini, l’auteur-com positeur-interprète(et désormais aussi peintre) dont le style etla voix évoquent Léonard Cohen. Un village des rencontres permet de découvrirles initiatives locales en réponse aux questionsenvironnementales et sociales.✦ Du 16 au 24/07, www.festivaldethau.com

Le Festival des Musiques d’Ici et d’Ailleurs(51) offre pendant quatre semaines,

du mardi au dimanche,55 concerts en accès libreà Châlons-en-Cham-pagne et aux alentours. Occasion de découverte,rencontre et métissage, laprogrammation vaga-bonde des chansons tra-ditionnelles à la musiquetechno, du pop-rock aurap, du folk au jazz, de la chorale à la comédiemusicale. Elle soutient la création régionaleet la jeune création française mais voyageaussi vers le Québec, les États-Unis, le Niger,la Russie, etc. Un groupe Facebook de covoi-turage permet de rejoindre les communesalentour.✦ À Châlons-en-Champagne et autour,

du 29/06 au 29/07,www.musiques-ici-ailleurs.com

Festival Tempo Latino, Vic-Fezensac (32).Au cœur de la Région Occitanie à Vic-

Fezensac dans le Gers,Tempo Latino est le pre-mier festival européen demusiques latines et afro-cubaines en Europe. Sonbut ? Faire connaître cettemusique vivante et popu-laire. Quatre jours derythmes latins. Pour son 25e anniversaire,Tempo Latino accueille la vibrante AngéliqueKidjo, Gangbé Brass Band et bien d’autres.✦ Entre 30 et 35 euros (billet), entre 100 et 120 euros

(pass 4 jours), du 26 au 29/07, 05 62 06 56 66,tempo-latino.com

Festival Cornouaille, Quimper (29). Cetteinstitution bretonne née en 1928 a su se

renouveler. Le Cornouaille, c’est maintenant

neuf jours de fête en plein centre de Quimper,180 concerts, spectacles et animations,230 000 visiteurs en moyenne pour plus de50 000 spectateurs, près de 1 000 bénévoles.Cette année encore, la fête sera belle avecVianney, Dan Ar Braz, Denez Prigent... etses Fest Noz qui feront danser jusqu’au boutde la nuit.✦ Du 24 au 28/07, www.festival-cornouaille.bzh/fr

Tango par la côte en Bretagne (22 et 29).Depuis 12 ans, ce festival est itinérant des

Côtes-d’Armor au Finistère, organisé pardeux associations à l’initiativede collègues. Il propose chaquejour des ateliers pour tousniveaux de danse, rythme etmusicalité, des Milongas etconcerts chaque soir avec desartistes internationaux et desorchestres renommés... Aussià découvrir théâtre musical,conférence, exposition, dégus-tations... et, pour la première fois une pro-longation en Grande-Bretagne, « After à Ply-mouth » les 6 et 7 août. ✦ Du 27/07 au 5/08, 06 87 86 32 23,

[email protected]

Festival Ecaussystème,Gignac (46). Rendez-

vous le dernier week-endde juillet à Gignac dans leLot pour la 16e éditiond’Ecaussystème, un festi-val  éco-citoyen solidairetourné vers les musiques

actuelles : trois jours en pleine nature dansune ambiance incroyable. La programmation

2018 démarre avec les très attendus Bigflo& Oli, meilleur groupe de rap français toutdroit venu de Toulouse. À ne pas manqueraussi : le retour de Mat Bastard, l’ex-leaderdu groupe Skip The Use ainsi que les légen-daires IAM et Suprême NTM. ✦ Du 27/07 au 29/07, www.ecaussysteme.com

Les Suds à Arles (13), 23e édition. Au Théâ-tre Antique, dans la Cour de l’Archevêché,

dans le Parc des Ateliers et en de nombreuxautres lieux à travers laville, avec ses 80 concerts,ses 36 stages et master-classes danse, chant etmu sique, durant septjours et six nuits de10 heures à 4 heures dumatin, dans un esprit festif, Arles va vibrerau rythme des grandes voix et musiques dumonde. De Gilberto Gil à Tony Gatlif au TrioJoubran entre autres, seront représentés leBrésil, le Bénin, Cuba, l’Andalousie, le Pales-tine, la Colombie...✦ Du 9 au 15/07, 04 90 18 41 20,

www.suds-arles.com

48es Nuits musicales d’Uzès (30). Cefestival de musique classique propose

un programme assez varié dans les lieuxmagnifiques decette ville trèsbien restaurée  :la Cour du Du -ché, la Cathé-drale, l’ÉgliseSaint-Etienne etle Temple. Haendel, Bach, Rameau, Purcell,Vivaldi sont comme souvent à l’honneur,mais on peut aussi entendre du Gospel et duJazz (Kyle Eastwood). Les prix sont variés,de gratuit à 95 € pour écouter PhilippeJaroussky et Emöke Baràth dans des airsd’opéra baroque. ✦ Du 18 au 29/07, 04 66 62 2000,

nuitsmusicalesuzes.org

Rootstock, château de Pommard (21).Ce festival a lieu dans l’un des plus célèbres

châteaux viticoles de Bourgogne. Dans ce vigno-ble privé (d’où sans doute des prix un peu élevés

pour les specta-cles, autour de60 € par jour,moins cher enpréréservation –et une proposi-tion d’héberge-

ments plutôt luxueux), des groupes de rock etde jazz, locaux (les Lyonnais Yeast et Holy Two)ou mondialement connus (Keziah Jones), seproduisent sur deux scènes. De quoi alliermusique et dégustation de grands crus.✦ Du 13 au 15/07, https://rootstockmusic.com

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THÉÂTRE ✦ J AZZ ✦ TRANSVERSALE ✦

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52 Cahier spécial festivals ✦ Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018

Illustration et défense

DÉBUTANTS BALBUTIANTS OU CONFIRMÉS, ces festivals vous proposentde l’art vivant. Tout simplement « là et maintenant ». Un lieu, un spectacle,un public. Les lieux sélectionnés mettent à l’honneur des régions rurales oùles représentations théâtrales et les concerts ne durent que le temps d’unété. Ces festivités sont le résultat d’un long travail bénévole – souvent initié

Festival des Sept Lunes(43). Dans la verdure et les

vieilles pierres du Velay, ce festival de «  lectures en scène

au paysdes Sucs »of fre destextes luset animésvisuelle-ment oumusicale-

ment : va riation sur l’Osesavoir de Kant, pé tillantes in -ven tions de Mai 68, humourdes Lectures de cabinet ou ducouple de Elle et Lui, polarRaclée de verts, poèmes deguerre d’Apollinaire... Les fes-tivaliers pourront aussi lire destextes librement.✦ Du 31/07 au 4/08, 06 44 74 45 92,

www.festivaldes7lunes.com

Festival des jeux du théâtrede Sarlat (24). En Pé ri -

gord a lieu le 67e Festival deThéâtre de Sarlat dont J.-P. Tri-bout assure la riche program-mation. Sont proposés dans lacité médiévale 19 spectacles,œuvres classiques et contem-poraines ou créations variées.On retiendra La Ronde, mis enscène par Tribout lui-même,Le Memento,journal de JeanVilar, incarnépar E. Dechar-tre, La main deLeïla, d’A. As -ghar zadeh etK. Isker, his-toire d’amourdans l’Algériedes années 80,enfin, Adieu Monsieur Haff-man, double lauréat auxMolières 2018, écrit et mis enscène par J.-P. Daguerre. Lematin, des rencontres avec lesartistes prolongent les repré-sentations.✦ Du 19/07 au 04/08, 05 53 31 10 83,

www.festival-theatre-sarlat.com

Théâtre du Peuple (88).Simon Delétang, nouveau

directeur du légendaire théâtrede Bussang, propose cet été enalternance trois relectures demises en scène célèbres : Litto-ral de W. Mouawad, Lenz deG. Büch-ner et l’in-tégrale desMolière deVitez enAvi gnon.On pourraapplaudir, comme toujours, laparticipation d’acteurs amateurset l’ouverture magique du fondde scène sur la forêt vosgienne.✦ Du 14/07 au 26/08, 03 29 61 62 47,

www.theatredupeuple.com

Au Bonheur des Mômes,Le Grand-Bornand (74).

Le 27e festival international despectacles jeune public propose536 représentations dans dessalles, des préaux d’école, dansla rue, sur les places et jusquedans les alpages. Certains spec-tacles sont gratuits, les autrestrès peu chers (cette année, un« pass-festival » devient obli-gatoire). Les formes théâtrales(cirque, marionnettes, théâtrede rue, théâtre musical...) sontvariées, les thèmes abordés éga-lement. Des ateliers sont pro-posés (cuisine, bois, affiches,initiation au braille), un prixlittéraire est décerné par lesenfants. Comme l’écrit AlainBenzoni, directeur du festival,« Et surtout, surtout, ne soyezpas trop sages ».✦ Du 26 au 31/08, 04 50 02 78 00,

www.aubonheurdesmomes.com

Les Nuits de l’Enclave, Val-réas et alentours (84). Ce

festival de théâtre accueille dansles quatre communes de « L’en-

clave des Pa -pes », Val-réas, Grillon,Richeren -ches et Visan,u n e p r o -grammationq u i m ê l eclas sique et contemporain :Hugo, Aristophane, Molière,revisités, mais aussi, MonsieurMouche... Les metteurs enscène, les compagnies sont detrès haut niveau. Alain Ubaldiet sa compagnie Kit, artistes enrésidence cette année, proposeun spectacle alliant histoire,musique et théâtre dans les ruesde Valréas. ✦ Du 16 au 29/07, tarifs entre

12 et 27 euros, 06 74 49 21 63,www.nuits-enclave.com

Festival Off Avignon (84).Que dire de ce festival sinon

qu’il accueille de plus en plusde spectacles dans 133 lieux etne se cantonne plus seulementau théâtre. On peut retenirLe Chêne Noir qui est en

toute l’année et pro-posera sa scène entre autres àPhilippe Caubère pour Le bac68, à Gérard Gélas pour unemise en scène de La putain res-pectueuse et à Georges Lavau-dant pour Le jour où j’ai apprisque j’étais Juif (cf. notre site« Culture SNES »). À l’affichenotamment, Qui suis-je ? Cettepièce est présentée au 11 Gil-gamesh Belleville qui ouvrecette année, le plus grand lieudu off.Avignon s’ouvre aussi au jazzavec une programmation pro-posée par AJMi.✦ Du 6 au 29/07,

www.avignonleoff.com

Réduc’SNES

Château de Grignan, « Les Fêtesnocturnes ». Festival atypiqueauquel on ne trouve aucun équi-

valent en Europe. Au lieu patrimonialunique s’ajoute unemise en scène iné-dite pour 44 repré-sentations consé-cutives.En collaborationavec un chef d’or-chestre, une chan-teuse lyrique et unchorégraphe, Noces

de sang (Frederico Garcia Lorca, miseen scène Vincent Goethlals, directionmusicale Gabriel Mattei) sera un voyagejoué, chanté, dansé vers l’Espagne dudébut du XXe siècle, ses tourments, sestorpeurs et ses carcans... ✦ Du 27/06 au 25/08, 04 75 91 83 65,

chateaux-ladrome.fr

Festival Les Nuits Basaltiques (43),14e édition. La soirée d’ouverture

est en accès libredès 18 h 30, apé -ro-concert, repasdu terroir et biensûr, bal !Ancré dans le ter-ritoire et ouvertpour soutenir lacréation, Kharoubest fruit de la ren-contre entre des musiciens bretons etpalestiniens, illustration de la nécessairerencontre des cultures.Danseurs aguerris ou festivaliers enherbe, quatre soirées vous attendentavec pas moins de dix groupes de bals.De quoi faire vibrer le parquet jusqu’aubout de la nuit !✦ Du 25 au 28/07, 04 71 02 92 53,

http://cdmdt43.com/les-nuits-basaltiques

Mousson d’été, Pont-à-Mous son(54). Le sous-titre donne le ton :

« Écrire le théâtred’aujourd’hui  ». Université d’été,rencontres théâ-trales, lecture detextes de théâtre etconversations sedéroulent à l’Ab-baye des Prémon-trés et met tent en

re lief les écrivains, metteurs en scèneet acteurs du théâtre contemporaineuropéen.✦ Du 23 au 29/08, 03 83 81 20 22,

www.meec.org

EN VRAC

FESTIVALS ✦ MUSIQUES ✦ DANSE ✦

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et

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Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018 ✦ Cahier spécial festivals 53

du théâtre vivant

par des collègues – qui dure toute l’année et s’ancre sur un territoire. Un travail de fourmi et de titan ! Il fautrécolter des subventions, obtenir le soutien des élus locaux, solliciter des artistes, tout en restant fidèle à sonrêve initial pour le rendre réel. Trop souvent, l’équilibre financier est précaire et certaines productions sontjouées à perte, sinon le prix d’entrée serait hors de portée de beaucoup de bourses. L’énergie et le plaisir restentintacts. Alors rendons-leur la monnaie de leur pièce !

Résurgence, festival des artsvivants, Lodève (34). Pro-

longement de toute une saison,plus de 40 rendez-vous pourpetits et grands sont proposés par30 compagnies dans les rues deLodève. De grands moments col-lectifs et conviviaux – cirque,théâtre de rue, concerts, bals... –

alternentavec desmomentsplus in -times –c o n t e s ,

conférence décalée, perfor-mances. En clôture, un grandrepas artistique partagé ledimanche. Gratuité pour la plu-part des spectacles.✦ Du 19 au 22/07, 04 11 95 01 74,

www.festival-resurgence.fr

Humour et eau salée, Saint-Georges-de-Didonne (17).

Le festival a choisi cette année unedouble thématique un peu sur-réaliste, sport et animaux, maistoujours dansla veine de l’humour quiest la sienne.On pourraainsi voir unefantaisie fu -nam bulesquepour poules et clowns (Cie Au fildu vent), des escargots acrobates(Slow Park) mais non maltraités.Un pseudo-astrophysicien Ar -naud Aymard fera une confé rencedont on repartira sans réponseaux questions posées mais enayant gagné beaucoup de ques-tions. Les festivaliers pourrontparticiper au premier champion-nat du monde d’alpinisme hori-zontal ou à un concours d’élo-quence sur le thème « Sport etanimaux mais pas forcémentensemble ». Pour la soirée de clô-ture l’humoriste Tano proposerason dernier spectacle, Idiot sapiens.✦ Du 28/07 au 3/08, 05 46 06 87 98,

www.crea-sgd.org

THÉÂTRE ✦ J AZZ ✦ CINÉMA ✦

Festival de cinéma de Douar-nenez (29). Le festival breton

fêtera en août 2018 sa 41e éditionet interrogera les peuples et les

cultures des deux Congo(s) à travers 80 films de tout format,des premières images colonialesen passant par les prémices desci né mas des deux États avant denous immerger au sein de leurscréations les plus contemporaines.Hors le cinéma, paroles, musiques, littératures et arts visuels esquis-seront une fresque où l’énergieartistique, poétique et politiquedes Congolais-e-s seront mises àl’honneur.✦ Cultures d’ici et d’ailleurs en partage,

du 17 au 25/08, 02 98 92 09 21, www.festival-douarnenez.com/fr

Les États généraux du filmdocumentaire (07) se tien-

dront comme chaque année à Lussas. Chaque jour, cinq salles

accueil-lent lem at i n ,l’après-midi eten soi-

rée des documentaires venus dumonde entier et le soir une séanceen plein air propose des films quifont souvent ensuite référence.Des séminaires et ateliers propo-sent sur préinscription uneréflexion théorique sur le cinéma.La section Expériences du regards’intéresse à la programmationfrancophone de l’année, Histoirede Doc met l’accent sur des œuvresde référence, Fragments d’uneœuvre sur un cinéaste, Route dudoc permet de faire le point surdes documentaires hors de nosfrontières. Une vidéothèque per-met les rattrapages. Des restau-

rants et des cafés s’installent par-tout dans le village offrant desespaces de discussion animés. ✦ Du 19 au 25/08, www.lussasdoc.org

FID Marseille, Marseille (13).Chaque année début juillet,

le FID Mar-seille, FestivalInternationalde Ciné made Marseillepropose unpro grammede 150 filmsdans des ci -némas, théâtres, bibliothè ques,galeries d’art, amphithéâtres enplein air, à Marseille. Le festivalprésente un grand nombre defilms en première mondiale, depremiers films, et s’imposeaujourd’hui comme un gisementde nouvelles cinématographies.Pour cette 29e édition une magni-fique rétrospective Isabelle Hup-pert et l’occasion d’enfin voirou revoir Malina de WernerSchroeter.✦ Du 10/07 au 16/07, fidmarseille.org

Festival des cinémas ara bes,Institut du Monde Arabe, Pa-

ris (75). Ils s’appellent TamarAshery, Lucien Bourjelly, YasmineChouikh, Gaya Jiji... Ils viennentd’Algérie, de Syrie, du Liban,d’Irak, de Pa-lestine, deTunisie, desÉ m i r a t sarabes. Ilssont souventtrès jeunes ettous ont choisi de passer derrièrela caméra pour dire leur mondearabe.Une sélection de longs et courtsmétrages, des hommages, unregard sur le cinéma saoudien,des rencontres, des ateliers, desentretiens avec une centaine d’in-vités et surtout la découverte d’uncinéma tout neuf !✦ Du 28/06 au 8/07, www.imarabe.org

Réduc’SNES

Chalon dans la rue, Chalon-sur-Saône (71). Nouveau cap

pour ce festival qui est sauvé maisne dure plus que cinq jours. Il s’af-firme comme « festival des espacespu blics ». Une programmationécrite pour la ville au tour de créa-tions artis-tiques pro-téiformes :17 compa-gnies « in »,140 compa-gnies « off »,sept collec-tifs, plus de1 000 repré-sentations, théâtre de rue, danse,cirque forain, expérience auditive,désinstallation performative... Cetteannée, le festival explore nos rela-tions à l’animalité avec pour sous-titre Être Bête – point d’interroga-tion. À ne pas manquer : J’ai peurquand la nuit sombre de la Cie mar-seillaise Erd’o ! ✦ Du 18 au 22/07, www.chalondanslarue.com

NAVA – Nouveaux Auteurs enVallée d’Aude (11). Pour sa

19e année, à Limoux et en valléed’Aude, ce festival est conçu parJean-Marie Besset. L’objectif est depermettre la dé cou verte et la pro-motion de créations d’auteursvivants. Œuvres originales, adap-tations nouvelles cohabitent, avecdes auteurs et artistes renommés.

PhilippeCaubère,MohamedK a c i m i ,CatherineLoeb... se -ront pré-sents cettean née. Uné vent ai lplus larged’activités

en journée autour des spectaclesdu soir agrémenteront les repré-sentations.✦ Du 26/07 au 4/08, 04 68 20 83 51,

www.festival-nava.com

Réduc’SNES

Cinéma

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54 Cahier spécial festivals ✦ Supplément à L’US no 779 du 9 juin 2018

FESTIVALS ✦ TRANSVERSALE ✦

CETTE DERNIÈRE PAGE est transversale pour évoquer toutes les sortes defestivals, sans réussir à être exhaustif, mais pour vous donner l’envie dedécouvrir d’autres horizons, d’autres domaines, d’errer, de s’arrêter au hasarddes rencontres.

Festival Paris l’Été (75).Une programmation somp-

tueuse qui offre aux Parisienset aux visiteurs la possibilité deprofiter de spectacles variés,

théâtre, danse, cirque, arts dela rue et musiques. Le festivalinvestit du 16 juillet au 4 aoûtdes lieux de plus en plus variés,le Monfort, la cour du lycéeDecour, le Centre culturel irlan-dais et bien d’autres encore. Cer-tains spectacles sont gratuits,comme celui de Johann LeGuillerm qui bâtira une gigan-tesque créature de bois sur l’es-planade du palais de Tokyo. Lethéâtre sera bien représenté avecdes reprises : Italienne scène etorchestre, Ça ira, fin de Louisou L’Iliade mise en scène deLuca Giacomoni joué par desprofessionnels et des détenusou ex-détenus. La danseuseAmbra Senatore a imaginé unepromenade dansée dans les jar-dins de l’Hôtel Sully et OlivierDubois présentera Tragédie quiconduit vers la transe ses18 danseurs nus. Le collectifbelge Marius offrira un Figaro,adaptation de l’œuvre de Beau-marchais, jubilatoire et musical,avec repas ! Une multitude demanifestations pour profiter del’été à Paris.✦ Du 16/07 au 4/08, 01 44 94 98 00,

www.parislete.fr

Convivencia est un festivalnavi-

gant sur leCanal duMidi. Despénichesviennent

à la rencontre du public lorsd’étapes musicales gratuites,dans les départements de la Garonne, de l’Aude et de l’Hé-rault. Lors des escales, desconcerts aux styles variés sontdonnés du pont de la péniche,et le public s’installe sur lesberges, aménagées pour l’occa-sion dans un esprit convivial :guinguettes, espaces transats... ✦ Du 24/06 au 27/07,

www.convivencia.eu

Festival des Passeurs d’Hu-manité, Vallée de la Roya

(06). Ce premier festival s’in-téresse aux migrations et agitpour un avenir fraternel et hos-pitalier. Il mêle joyeusementrencontres et débats, musiqueet chansons, littérature et phi-

losophie, ran-données etdégustations.Ça se passedans la valléede la Roya le12 juillet àB r e i l - s u r -Roya, le 13 à

Saorge, le 14 à Tende et le 15 àLa Brigue. L’occasion par exem-ple de débattre autour du do-cumentaire d’Alain Barlatier Let-tres de Marseille... au cher paysde mon enfance mais aussid’écouter HK ou le groupe Ca-therine Vincent. ✦ Du 12/07 au 15/07,

https://passeursdhumanite.com

La Belle Rouge, Saint-Amand-Roche-Savine (63). La com -

pagnie de Seine-Saint-Denis« Jolie Môme » organise cetteannée en core le festival La BelleRouge. Avec du théâtre (Futsalet main propre de la Cie Joliemôme ; Résistance 4 de F. Go -dard...), du cirque (Sous le chan -tier la plage de En core en l’Air),de la mu sique (Les Fils de

Teuhpu ;Radio Ba -bel...), descon fé ren -ces, des dé-bats... Un

moment de fête, de réflexion,de lutte et de fraternité que l’onn’oublie pas !✦ Du 27 au 29/07, 06 83 59 80 11,

http://cie-joliemome.org/?p=4201

Almanach 18 – 3e biennaled’art . Le musée d’art

contemporain de Dijon a de-mandé à douze artistes et com-

missaires des propositions mo-nographiques variées, sansthème particulier, laissant lespectateur faire lui-même le lienentre les productions présentées.Il présente ainsi des activitésd’édition, du cinéma, de la vidéo,des conférences, une expositionconsacrée à Jean Baudrillarddans le domaine viticole Roma-née Conti. Il montre aussi lesnouvelles acquisitions du mu-sée. La nouvelle librairie et lanouvelle salle de projection,conçues par Matali Crasset, sontinaugurées à cette occasion. ✦ Jusqu’au 14/10,

www.leconsortium.fr/lalmanach

L’été ne sera pas triste

Ont participé à la rédaction de ce cahier spécial festivals : Nicolas Béniès, Brigitte Cacheux, Sylvie Chardon,Geneviève Chourreu, Francis Dubois, Cécile Exbrayat, Philippe Laville, Éric Loizeau, Stéphane Rio, Micheline Rousselet.

L’Admirable Festival des Fromagesde Chèvre, Courzieu (69). À l’au-

berge de la Buissonnière, se tient unfestival original de performances et de

prestations scéni -ques, réalisées pardes personnes mar-ginalisées ou handi-capées, encadréespar des profession-nels du spectacle.Une vingtaine despectacles sont pro-

duits sur cinq jours, l’entrée est libre.Le programme mélange artistes connuset troupes de débutants. Quatre horairespar jour, avec des représentations aléa-toires : les gens connaissent le nomdes artistes présents mais pas l’ordre deleur passage. ✦ Du 25 au 29/07, 06 43 10 68 08,

[email protected], www.labuiss.fr

Les Rencontres de la Photographie,Arles (13). 49e édition des « Rencon-

tres d’Arles » pour une programmationaxée sur trois grandspoints : l’Amérique,Mai 1968 et le trans-humanisme. « Mai1968 » sera évoqué àpartir d’archives de lapréfecture de Paris,de l’agence Gammaet de Paris-Match.✦ Du 2/07 au 23/09, 04 90 96 76 06,

www.rencontres-arles.com

Festival sur Lignon (43). Un festivalqui mêle concerts, spectacles de rue,

cinéma, ateliers (de marionnettes), ren-contres avec des associations et desartisans locaux et même randonnées.

En vedette cetteannée : de la chan-son sud-améri-caine, française, dela musique tzi-gane, du jazz et

tout ça dans des lieux inhabituels :fermes, gîtes, etc. Beaucoup d’originalitéet de diversité pour des prix allant dela gratuité à 18 €.✦ Du 9 au 12/08, ferme de Mathias,

43430 Fay-sur-Lignon, 04 78 62 86 79, www.festivalsurlignon.org

EN VRAC

Kyle Eastwood, bas-siste, parraine un nouveau festival sis àBarneville-Carteret, du 13 au 15/07, GulfStream Jazz Festival. Il se produira aussiavec son Transit Quintet dans beaucoupde festivals.

À NE PAS RATER

Le 80e

anniversaire de Rhoda Scottavec des groupes différentsdominés par son Lady Quar-tet dans plusieurs festivals.Anne Paceo, nouvelle direc-trice du festival Jazz en Gar-rigue à Port-la-Nouvelle oùelle se produira le 20 juillet.

À NE PAS RATER BIS

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PETITES ANNONCESSNES – Service petites annonces – Tél. : 01 40 63 28 00 – 46, av. d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13

TARIFS : 1 ligne = 10 € pour les adhérents ou abonnés au SNES-FSU • 1 ligne = 15 € pour les autres annonceurs • 1 espace entre chaquemot compte pour un caractère • Chaque ligne comprend 28 à 30 signes et intervalles.

Aux origines des mathématiquesAccessible dès le collège, ce livre intéressera lespassionné-e-s d’histoire ou de sciences. Chacunedes soixante-dix fiches qui le composent com-prend des documents et des exercices corrigés. • Michel Rousselet, Adapt, 2018, 180 p., 28 €.

Le nouveau management publicet l’éducationNos métiers se trans-forment et cette trans-

formation génère des doutes. Quelles sont nosnouvelles missions ? Que devient le servicepublic ? Il s’agit pourtant d’une politique concer-tée. Ce livre est un outil pour comprendre, pourapporter des idées et avancer. • Coordonné par David Rafroidi, Adapt, 2018, 230 p., 14 €.

La belle histoirede la physiqueComment donner envie de se passionner pour lessciences ? Cet ouvrage, où alternent photos et com-mentaires, est fait pour cela en nous montrant lesréalisations obtenues grâce à la physique.• Christelle Langrand et Jacques Cattelin, Adapt/De Boeck,2017, 184 p., 27 €.

Enseignement de l’histoire – Enjeux, controversesautour de la question du fascismeL’enseignement de l’histoire n’ajamais été un sujet neutre. Deux col-lègues, en partant de l’évolution desprogrammes ces trente dernièresannées, cherchent à répondre à laquestion : permet-il aux jeunes descollèges et lycées d’acquérir les cléspour comprendre le monde actuel ?• Joëlle Fontaine et Gisèle Jamet, Adapt-SNES, 2016, 126 p., 12 €.

L’exercice de la pluralité des mondesComment fonctionne le monde danslequel on vit ? Les différentes civili-sations y ont répondu chacune à leurmanière. Un livre ouvert à tous,qui mêle les apports de plusieursdiscipl ines, qui va des mythesanciens à la cosmologie contem -poraine sur une période de plus dedeux mille ans.• Sous la direction de Sylvie Nonny, Adapt,2017, 179 p., 25 €.

BON DE COMMANDE

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55 - US MAGAZINE - Supplément au no 779 du 9 juin 2018

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Clécy, escalade longère, avec verger, 6 pl., 400 €.Mél [email protected](20) Paris Père-Lachaise, coll loue beau 3 pièces,72 m2, du 14/07 au 26/08. 450 €/sem. Tél. 06 24 6239 61(17) Ré, loue jolie maison de pays, port, plage, marché, pistes cyclables, sept. Tél. 06 10 71 24 75Andalousie, coll loue mais., 6 pers., 3 ch., 300 à800 €/sem., pisc., mer. Tél. 06 63 18 19 [email protected](46) Vallée du Célé, loue gîte, 2/4 p., juin à sep-tembre : 290/390 €/sem. Tél. 07 86 27 92 73 ou05 65 34 67 54(17) Paris, coll. loue, studio 26 m2. Tél. 06 78 17 02 17

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