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Sommaire - Editions Médicales Anthroposophiques · 2 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Printemps 1996 / n° 5 Les Correspondances Médicales, réservées au corps médical, paraissent

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Sommaire

- L’étain

Wilhelm Pelikan, pharmacien ............................................ page 5

- La polarité des processus sodium/potassium

dans les règnes de la nature et chez l’homme

Le potassium (1ère partie)

Marc Follmer, pharmacien ................................................. page 21

- Kalium aceticum stibiatum

Thierry Laas, médecin .............................................. page 29

- Des médicaments conformes à la nature de

l’être humain (1ère partie)

Walther Cloos, pharmacien (pionnier du premier laboratoire Weleda) .......... page 33

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2 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Printemps 1996 / n° 5

Les Correspondances Médicales, réservées au corps médical, paraissent deux fois

par an et peuvent être distribuées gratuitement sur abonnement. Il vous suffit

d’adresser votre demande écrite aux :

Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël 2, rue du Blochmont 68330 Huningue.

Chaque auteur est responsable de ses propres articles. Toute reproduction de texte

doit faire l’objet d’une demande aux E.M.P.R.

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Editorial

Chers lecteurs,

Après la parution d'un numéro spécial sur l’allergie, nous poursuivons la présentation des principaux métaux utilisés pour la préparation des remèdes en médecine anthroposophique. Faisant suite à l'argent, au plomb et au mercure, l'étain, métal des "tropiques", nous rendra attentifs aux principes de ses propriétés structurantes des fluides d'une part, et à ses propriétés de solidification et de dessèchement d'autre part.

Dans son article sur le Potassium, Marc Follmer nous amène à approfondir la dualité des alcalins : Potassium / Sodium, dualité qui gouverne les échanges liquides au sein de l'organisme.

Avec le premier volet de l’article de Walther Cloos, nous abordons le développement des forces subtiles dans la préparation des différents remèdes de la médecine anthroposophique et la mise en grand oeuvre des forces de la nature qui les sous-tendent. Par sa description de la préparation des médicaments d'après la science de l'esprit, Walther Cloos nous convie à découvrir le processus alchimique qui s'opère pas à pas dans la transformation des substances jusqu'à l'obtention du remède : "Le médicament est une substance sur le chemin de l'esprit." (R. Steiner)

Enfin, avec son article sur Kalium Aceticum Stibiatum, Thierry Laas nous décrit la dualité de ce remède. Nous retrouvons ici un exemple concret de la sphère d'action du potassium, combiné avec d'autres substances, dans l'organisme des liquides.

Pascal Féderlé

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L’étain

Wilhelm Pelikan, pharmacien

Préambule

Il est nécessaire pour cet article, comme pour celui qui présentait le plomb dans le n° 3 des Correspondances Médicales, d ’avertir le lecteur qu’il s’agit d’une traduction d’un texte qui remonte à 1952.

Nous avons délibérément choisi de restituer une traduction fidèle à l’original, afin de garder la cohérence du cheminement de pensée de l’auteur.

Nous tenons toutefois à stipuler, qu’il y a quarante ans, les appareils de mesure de certaines caractéristiques des métaux : points d’ébullition à haute température, potentiels électrochimiques et poids atomiques des éventuels isotopes, n’avaient pas la précision actuelle.

Des écarts apparaissent donc entre les valeurs indiquées dans cet article et celles publiées dans les ouvrages techniques actuels.

Que le lecteur veuille ne pas nous en tenir rigueur, car malgré ces inexactitudes, l’article de Monsieur Wilhelm Pelikan garde dans son ensemble, toute sa signification.

La rédaction

La répartition de l’étain sur la Terre suit des lois tout à fait différentes de celles relatives au plomb. Le nombre des gisements est beaucoup plus réduit. Ce métal est extrêmement rare à l’état natif ; on le trouve essentiellement sous forme de minerai et encore surtout sous un type unique, la cassitérite ; on peut en outre citer la stannite, qui est beaucoup plus rare. L’étain se caractérise donc par un nombre restreint à la fois de gisements et de minerais.

L’étain provient généralement de l’Orient, des provinces du sud-est de la Chine, de Birmanie, de la presqu’île de Malacca (Malaisie occidentale) et des îles de Banka et de Billiton (Indonésie). Le deuxième gisement par son importance se trouve aux antipodes, en Bolivie. Viennent

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respectivement en troisième et quatrième places l’Afrique avec le Nigeria, puis l’Australie avec le Queensland, la Nouvelle Galles du sud et la Tasmanie. On trouve ensuite les anciens gisements européens de Cornouailles et les exploitations, si célèbres au Moyen Age, de Bohème (Tchéquie) et des monts saxons du Erzgebirge en ex-Allemagne de l’Est. Si l’on regarde sur le globe terrestre les zones dans lesquelles se trouvent les plus grandes concentrations d’étain, force nous est de conclure que c’est un métal « tropique ».

Si l’on coupe la sphère terrestre en son centre par le plan de sa trajectoire autour du Soleil, l’écliptique, on obtient, selon l’heure du jour, de grands cercles, inclinés de 23,5 degrés par rapport à l’équateur. Les différents gisements d’étain se trouvent sur un de ces parallèles, et sont même disposés avec une certaine symétrie de part et d’autre de ce grand cercle. Tout d’abord ce grand cercle passe exactement par les gisements boliviens : La Paz, Ororo, Potosi. Puis il traverse les principaux gisements du Nigeria sur le continent africain. En Asie, il passe par la Birmanie, au nord et au sud de laquelle se trouvent les plus importants gisements d’Asie. Puis plus au sud encore, on trouve les gisements australiens et tasmaniens et, de l’autre côté du globe, au nord, et à une distance équivalente par rapport à ce grand cercle, les petits gisements espagnols, et les célèbres mines d’Angleterre, de Bohème et de Saxe. Si l’on émet l’hypothèse que ce grand cercle était autrefois un équateur et que la Terre tournait sur elle-même perpendiculairement au plan de sa trajectoire autour du Soleil, comme Jupiter est seule à le faire parmi les planètes, son axe serait décalé de 23,5 degrés, le pôle Nord se trouverait dans la région du grand Bear Lake au nord du Canada, et la concentration d’étain se situerait dans la ceinture équatoriale du globe, avec une bande d’étain répartie au nord et au sud, dans les zones « tropicales ».

Voici les parts de production des principaux gisements d’étain sur terre :

Asie (Chine, Birmanie, Malaisie, Banka, Billiton) environ la moitié, Amérique latine (Bolivie) environ un cinquième, Afrique (Nigeria) environ un sixième, Australie environ un dixième, Europe le reste.

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Minerais d’étain

Cassitérite

Le plus important minerai d’étain, la cassitérite, est un dioxyde d’étain, SnO2, qui contient 78,6 % d’étain. Ce minerai nous apparaît donc comme un composé non pas à base de soufre, comme la galène pour le plomb, mais à base d’oxygène. Nous devrons suivre les voies de l’oxygène et non du soufre si nous voulons comprendre l’étain. A la différence de la galène (plomb), la cassitérite ne donne pas l’impression d’un métal mais plutôt d’une pierre précieuse, du moins lorsqu’elle se présente sous la forme de cristaux translucides et à l’éclat adamantin. Elle est souvent teintée de traces brunes ou noirâtres dues au fer et, malgré une forme de cristal un peu différente (tétragonale et non hexagonale), elle a décidément quelque chose de semblable au quartz : une grande dureté (6-7) et le vif éclat du verre. On la trouve à l’occasion sous des formes finement fibreuses : l’étain de bois. Alors que dans l’étude du plomb nous avions très vite été renvoyés au calcaire, nous aboutissons ici, à plus d’un égard, à l’acide silicique. La cassitérite a pour formule SnO2, l’oxyde de silicium ou silice SiO2 ; cette dernière apparaît sous la forme d’un cristal de roche mais aussi sous des formes compactes, sous forme d’agate. L’observation des propriétés chimiques de notre métal nous fera découvrir d’autres analogies entre l’étain et la silice. Mais la cassitérite est déjà apparentée à la silice par son type de gisement. C’est dans la roche primitive la plus ancienne, le noble granite, que les gisements d’étain forment avant tout des filons, et à son contact ce dernier se métamorphose de telle sorte que l’on a souvent parlé à son propos d’un granite d’étain. Le granite est en fait composé de la triade harmonieuse du quartz, du feldspath et du mica ; s’il est porteur d’un filon d’étain, la cassitérite se substitue au feldspath. C’est un mica particulier qui s’installe à la place du mica usuel : le mica lithinifère. Simultanément apparaissent les gemmes : la tourmaline, la fluorine, la topaze, et autres minéraux fluorés qui accompagnent le filon d’étain ; les pierres voisines sont « topazifiées ». Il se forme une roche de topaze. S’y ajoute l’apatite. Le granite altéré subit ce qu’on appelle une « greisenisation » (transformation en quartz+muscovite). Ce type de gisement souligne la parenté existant entre l’étain et la silice dans l’univers.

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Stannite

C’est le second minerai d’étain par son importance, même s’il se positionne loin derrière la cassitérite. C’est un sulfure naturel d’étain, de fer et de cuivre. Ici, l’étain se présente donc sous forme d’un acide, mais à la place de l’oxygène on trouve le soufre, qui adopte une fonction analogue à celle de l’oxygène dans ce composé. La stannite, beaucoup plus tendre que la cassitérite, contient 29,6% de cuivre, 13% de fer et 27,6% d’étain. Comme nous avons affaire ici à un minerai qui favorise la rencontre du fer et du cuivre dans la sphère du soufre, et imprègne d’étain cette interaction, ce minerai pourrait être essentiel pour le médecin, lorsqu’il s’agit de diriger vers des zones d’action soumises à l’étain, le processus de formation d’albumine, toujours stimulé par le soufre, et ce par la voie de l’hématopoïèse où entrent en jeu le cuivre et le fer. Cela peut être déterminant dans le domaine hépatique. L’aspect extérieur de la stannite est semblable à un métal teinté de brun jaune. La stannite est le principal minerai des gisements boliviens.

L’étain en tant que métal

L’étain a un bel éclat argenté légèrement jaune ; il est stable et donne presque l’impression d’un métal précieux. Si nous essayons de le décrire, nous nous trouvons très vite face à des contradictions curieuses. Il est très malléable ; certes moins mou que le plomb, mais plus tendre que l’or. Lorsqu’on plie un barreau d’étain pur, on perçoit un crissement : c’est ce qu’on appelle le cri de l’étain. Cela provient de sa structure cristalline ; lorsqu’on le plie, les cristaux se déplacent les uns par rapport aux autres. Une attaque chimique permet de visualiser cette structure cristalline invisible. L’étain est donc malléable et en même temps structuré. Il est aisément fusible, dès 232 °C. Mais il faut le chauf fer très fortement pour atteindre son point d’ébullition qui est de 2300 °C . Il a donc tendance à atteindre très vite l’état liquide mais à le conserver le plus longtemps possible et à avoir du mal à le quitter.

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Faisons une comparaison avec six autres métaux :

Point de fusion °C

Point d’ébullition

°C Différence

Plomb 327 1555 1228

Etain 232 2300 2068

Fer 1530 3235 1705

Or 1064 2677 1613

Cuivre 1083 2305 1222

Mercure -39 357 396

Argent 961 2100 1139

Comme on peut le constater, l’étain se distingue de tous les autres métaux en ce qui concerne la différence entre son point de fusion et son point d’ébullition.

Lorsqu’on chauffe de l’étain malléable et mou, à partir d’une certaine température, il devient dur et friable au point de pouvoir être pulvérisé. Alors que la chaleur a tendance à dissoudre la solidité et la forme interne de toutes les substances, à les rendre souples et malléables, ce métal donne l’impression de vouloir se défendre contre l’action de la chaleur. Par contre, lorsqu’on refroidit de l’étain et que l’on s’attend à le voir se durcir, se densifier et se solidifier, quelle n’est pas la surprise de le voir se transformer progressivement en une poudre grise légère et moins dense. Cette transformation commence vers -18 °C en viron ; une fois amorcée, elle se poursuit et s’accélère jusqu’à -50 °C (température à laquelle le mercure se solidifie).

L’étain apparaît donc sous trois formes selon la chaleur à laquelle il est exposé. Entre -18 et 160 °C, il se présente sous la forme bien connue d’un métal malléable à l’éclat argenté, mais déjà porteur de certaines tendances qui le différencient des six autres métaux. L’or, l’argent, le fer, le mercure, le cuivre et le plomb cristallisent en effet selon un système régulier, basé sur trois axes équivalents, perpendiculaires les uns aux autres et ils cristallisent le plus souvent en petits octaèdres. L’étain se présente sous forme de cristaux appartenant au système quadratique : avec trois axes perpendiculaires entre eux, dont l’un a sa longueur propre, différente de celle des deux autres (de même longueur). Mais si

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l’on chauffe l’étain à plus de 160 °C, une nouvelle modification a lieu : on obtient de l’étain rhomboïdal. Dans le système cristallin orthorhombique, les trois axes sont perpendiculaires entre eux, et ont chacun une longueur différente. Ici s’exprime une plus grande différenciation par rapport à l’espace. Et cet étain rhomboïdal est plus cassant et plus dur. Si on le refroidit en deçà de -18 °C, on obtient la troisième modification de l’étain, la plus stable ; elle n’a aucun caractère métallique mais fait apparaître une poudre grise, beaucoup plus légère et amorphe que l’étain blanc. Cette poudre a une structure cubique régulière. Lorsque les hivers sont rudes, l’étain blanc a donc tendance à devenir une poudre grise, et ce dès que l’on pratique sur lui une scarification dans laquelle on introduit un peu d’étain gris. C’est ce qu’ont appris à leur dépens les hommes des époques antérieures : les toits en étain de leurs églises ont été victimes des grands et longs froids hivernaux. Ce t t e « ma lad ie » de l ’ é t a i n s e man i f es t e de l a f aç on suivante : il se forme à la surface du métal une sorte de pustule qui s’agrandit progressivement jusqu’à détruire tout le métal : les anciens l’appelaient la « peste de l’étain » ; puis ce fut la « maladie des musées » où de précieuses pièces anciennes conservées dans des musées non chauffés étaient victimes de ce processus. Mais l’on peut fondre de l’étain gris et il redevient, après refroidissement, de l’étain blanc.

L’étain semble manifester une volonté toute particulière vis-à-vis des processus que la chaleur fait normalement naître dans l’univers. Il veut conserver sa forme propre face à la chaleur et se défend contre elle comme contre le refroidissement. Il veut se maintenir dans un état d’équilibre entre la fusion et le durcissement. Il tient à conserver les propriétés garanties par une zone de chaleur moyenne contre un réchauffement qui le ferait fondre, tout comme contre un refroidissement propre à le durcir.

Le seul métal à pouvoir lui être opposé en polarité pour ces propriétés serait le mercure. Sur les sept métaux principaux de notre étude, ce sont ces deux qui ont le point de fusion le plus bas et la plus forte relation avec l’état liquide. Mais l’étain porte en lui la structure cristalline commeforme cachée alors que le mercure porte la goutte.

L’étain est mauvais conducteur de la chaleur et de l’électricité et il ressemble en cela au plomb et au fer. Les métaux des planètes extérieures, situées au-dessus du Soleil, sont, comme nous l’avons déjà

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dit, tous de mauvais conducteurs de l’électricité. Les métaux des

planètes intérieures situées sous le Soleil, sont de bons conducteurs*.

L’étain est le métal ayant le plus grand nombre d’« isotopes » ; celui qui s’en rapproche le plus sur ce point est son antagoniste, le mercure. (Les isotopes sont des variétés d’un même métal mais avec une masse différente. Ces variétés se distinguent uniquement par des divergences minimes de densité, de point de fusion et, comme nous l’avons dit, de masse atomique. Les masses atomiques sont des nombres entiers, le mélange des différents isotopes donne les masses atomiques moyennes qui ne sont pas des nombres entiers et que nous connaissons habituellement).

Métal Fer Cuivre Argent Etain Mercure Plomb

Nombre d’isotopes

2 2 2 11 7 4

Comportement chimique

L’étain est presque un métal précieux et stable ; c’est pourquoi il est utilisé pour la protection et le gainage des métaux moins nobles (feuilles d’étain, étamage de métaux ). On peut caractériser un métal entre autres par la tension électrique de ce métal par rapport à une « solution de référence » de son sel. Les chiffres ainsi obtenus donnent la série électrochimique des métaux, dont le zéro arbitraire est constitué par une électrode à hydrogène. Le potentiel électrochimique de nos sept métaux, exprimé en volts, est le suivant :

Fer Plomb Etain -0,43 V -0,12 V -0,10 V

Cuivre Argent Mercure Or +0,33 V +0,79 V +0,86 V +1,5 V

* Note de la rédaction :

L’auteur se place dans ce cas, pour l’observation des planètes, du point de vue géocentrique (la Terre est prise

comme référence). La Lune, Mercure et Vénus sont alors les planètes les plus proches de la Terre, situées entre la

Terre et le Soleil, tandis que Mars, Jupiter et Saturne sont au delà du Soleil. L’auteur s’appuie également sur la

tradition, renouvelée par les connaissances de l’anthroposophie, pour établir les liens suivants entre planètes et

métaux : Soleil - or ; Lune - argent ; Mercure - mercure ; Vénus - cuivre ; Saturne - plomb ; Jupiter - étain ; Mars

- fer.

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Les métaux à potentiel peu élevé ont fortement tendance à se dissoudre en sel et perdent ainsi facilement leur forme métallique ; ils ne sont donc pas nobles.

De nouveau, les trois métaux fer, plomb, étain se distinguent des trois autres : cuivre, argent et mercure.

L’étain forme deux sortes de composés. Dans les liaisons bivalentes peu stables, il ne ressemble en rien aux composés bivalents du plomb. Il forme avec la plupart des acides des composés solubles et ne possède donc rien de la chimie du plomb, de sa tendance au durcissement, à la calcification. Les composés bivalents tendent cependant très fortement à rejoindre l’autre état, de liaison tétravalente. L’étain participe là de la chimie de l’acide silicique. Son composé chloré comme son composé fluoré sont semblables aux composés correspondants du silicium à un point que n’atteint aucun autre métal et notamment ceux de notre gamme de sept. Avec les alcalis, le dioxyde d’étain forme des stannates, semblables aux silicates ; il existe un acide stannique normal et un acide métastannique de même qu’il existe un acide silicique et un acide métasilicique ; les fluostannates sont semblables aux fluosilicates. Nous pourrons étudier plus avant cette similarité avec les processus siliciques dans la partie consacrée à l’étain dans le règne du vivant.

L’étain se lie facilement avec les autres métaux ; il existe de ce fait un grand nombre d’alliages métalliques à base d’étain. Cette propriété le rend apte à être utilisé dans la soudure de différents métaux. Certains de ces alliages exploitent la grande souplesse et malléabilité du métal ; c’est ainsi que sont réalisés les alliages blancs les plus divers. Le métal des caractères d’imprimerie contient un peu d’étain pour accroître sa fluidité. Par contre, l’étain possède une forme cachée et une dureté qu’il confère au cuivre pur et mou pour donner un alliage : le bronze. Dans la fonte des cloches, il imprègne ce métal d’une forme et d’une fermeté. C’est également pour cette raison que les gongs, les cors et clairons, les tubes, les tuyaux d’orgue, contiennent de l’étain. Le cuivre à lui seul ne pourrait rendre un beau son ; il lui manque la force formatrice que lui confère l’étain ; ainsi l’alliage cuivre-étain répond par une résonance rythmique et harmonieuse à la percussion, car il réunit la force d’une forme et la plasticité de sa substance.

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Histoire culturelle de l’étain

Dès ses débuts, l’humanité s’est appropriée l’étain. On a trouvé des bijoux d’étain dans les tombeaux persans ; les Babyloniens, les Egyptiens le tenaient pour un métal rare et précieux. En Chine, il était connu deux millénaires avant notre ère. Mais dans d’autres domaines de la civilisation, il y a un véritable âge du bronze qui fait suite à l’âge du cuivre et ouvre le passage à l’âge du fer. Les Romains avaient leurs étameurs. Ils connaissaient les feuilles d’étain à partir desquelles ils confectionnaient des miroirs. En Grèce également, l’étain était commercialisé au 5ème siècle avant notre ère. Ce métal venait de très loin, du bout du monde antique, des « Cassitérides » ; un courant d’étain affluait du monde celtique des îles britanniques vers le monde méditerranéen. On s’en servait pour la fabrication d’armes, de haches, d’appareils de toutes sortes. Sans doute le nom d’étain descend-t-il aussi du celtique : ystaen, sten, staen, dont est dérivé le latin stannum, qui a donné notre « étain ». Au Moyen Age se sont ajoutés aux gisements de la Cornouailles, ceux de Bohème et de Saxe. L’étain servait à la vaisselle et aux ustensiles quotidiens ; assiettes, gobelets et bougeoirs étaient en étain, on pouvait le fondre pour en faire des objets artistiques et il était moins onéreux que l’argent pour la confection de bijoux, de boîtes, de coffrets etc. Plus récemment l’étain a servi pour la guerre ; il est devenu un métal de protection, puis un métal technique. Des sels d’étain sont utilisés par les teinturiers et pour alourdir la soie. Les gisements d’étain d’Europe centrale étant épuisés ou trop appauvris, le métal vient maintenant d’Asie de l’Est. Les nations de marins en ont tiré un profit abondant ; l’Angleterre, premier producteur d’étain durant l’Antiquité, était devenue la plaque tournante du commerce de l’étain. Les grands conflits à l’Est et les complications guerrières des dernières décennies ont fait passer les gisements boliviens et africains au premier plan.

L’étain dans les règnes du vivant

On rapporte que certaines plantes poussent volontiers sur un sol chargé d’étain ; c’est le cas d’une primulacée, la Trientalis, que l’on trouve sur le terril des mines d’étain de l’Erzgebirge, montagne de Bohème (Tchéquie). Lorsque les méthodes d’investigation se sont perfectionnées, on a pu mettre en évidence des traces d’étain comme composante régulière des organismes animal et humain. Les chercheurs français en

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ont constaté une répartition remarquable chez le boeuf, le cheval et le mouton. Les chiffres communiqués concernent les poumons, les reins, le sang, le coeur, le cerveau, la rate, le foie, la peau, les muscles et la muqueuse de la langue1 .

Poumons 0,98-2,04 mg/kg poids frais Reins 1,12-1,78 mg/kg poids frais Sang 1,25-1,64 mg/kg poids frais Coeur 1,47-2,42 mg/kg poids frais Cerveau 2,4 -3,0 mg/kg poids frais Rate 2,4 -3,1 mg/kg poids frais Foie 2,14-3,73 mg/kg poids frais Peau 6,20-9,48 mg/kg poids frais Muscle de la langue 12,2-16,5 mg/kg poids frais Muqueuse de la langue 18,7-26,11 mg/kg poids frais

Comme on le voit, la teneur maximale du foie est légèrement supérieure à celle des autres organes internes. A la périphérie, dans les zones d’action de la silice au niveau de la peau, nous avons des valeurs beaucoup plus élevées. Mais la concentration d’étain dans la muqueuse de la langue et même dans le tissu musculaire de la langue est singulière. Nous y reviendrons en conclusion.

L’homme et l’étain

Pour comprendre le rôle que joue l’étain dans l’organisation humaine, que ce soit en tant que processus formateur ou fonctionnel, ou bien en tant que remède, il nous faut enrichir la vision que nous en donne la nature en y ajoutant l’observation de l’effet spirituel perceptible en l’homme. Comme pour le plomb, nous remarquerons qu’une substance trouve sa signification dans la façon dont elle peut être assimilée par d’autres. L’essentiel n’est pas ce qu’elle est en elle-même mais ce qu’elle peut être amenée à produire, subordonnée à une totalité qui l’intègre. En effet, comme l’a dit Rudolf Steiner2 , « l’organisme n’est pas un ensemble de substances mais d’activités ». On en trouvera le fil conducteur et logique si l’on considère les substances assurant les processus essentiels de l’organisation humaine et le comportement de l’étain face à ces substances. Il s’agit du soufre et de l’acide silicique dont on peut aisément suivre le cheminement dans le vivant comme dans l’inanimé.Le soufre est en liaison étroite avec l’albumine, son édification et les

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processus de formation plastique qui en découlent. Il faudra suivre également les substances en relation privilégiée avec le soufre, telles que l’antimoine, l’argent, le mercure et le cuivre dans le contexte des processus albumineux. L’acide silicique par contre est lié au processus de structuration de la forme. Il constitue véritablement « la base physique de l’organisation du moi »2 . Nous trouvons l’acide silicique à la périphérie de l’organisme humain, dans la peau et les cheveux qui circonscrivent l’intérieur de l’organisme par rapport à la nature extérieure, aux effets et aux forces de cette dernière ; l’acide silicique contribue à la formation et à la préservation des limites entre monde intérieur et monde extérieur. (Comme nous l’avons vu plus haut, l’étain se joint à cette action). Mais nous trouvons de l’acide silicique également dans les enveloppes entourant les organes de l’être humain ; il définit intérieurement une seconde limite à certains processus organiques de formation. Les deux domaines, monde extérieur et monde intérieur, sont pour nous un monde inconscient ; mais entre ces deux mondes se situe l’espace où les organes de la vie consciente, organes des sens et activités sensorielles, peuvent pleinement s’épanouir. Les activités intérieures et extérieures des sens ont besoin de l’acide silicique. Nous avons besoin de l’acide silicique pour pouvoir percevoir le monde par nos organes sensoriels mais aussi pour que nos organes internes puissent, même si ce n’est que sous une forme à peine consciente, être sensibles les uns par rapport aux autres ; de par ses tendances formatrices, l’acide silicique peut en effet se plier comme un outil aux intentions de l’organisation du moi. S’il n’a que très peu de relations avec le soufre, l’acide silicique en a avec l’oxygène auquel réagit l’étain. De plus nous avons déjà vu que l’étain agit comme les processus siliciques dans la nature. L’acide silicique sous sa forme plastique-colloïdale peut d’une part se combiner à l’eau pour donner un gel semblable à l’albumine ; mais il tend irrépressiblement à quitter cet état pour prendre la forme cristalline dont la plus accomplie est celle du cristal de roche. A ce stade, l’acide silicique est entièrement ouvert, transparent aux forces cosmiques, à la lumière et à la chaleur, comme un organe sensoriel.

Dans l’étain nous trouvons également la polarité entre forces plastiques et formatrices. L’étain sert dans tous les processus de l’organisme ayant pour but de maintenir un juste équilibre entre les éléments liquides et solides. Ces processus peuvent prendre de multiples formes dans l’organisme. Ainsi par exemple, il faut que durant l’enfance s’établisse une juste proportion entre le solide et le liquide dans la tête de l’enfant,

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entre le cerveau et le liquide céphalo-rachidien dans lequel il flotte. Il ne s’agit pas que s’installe l’hydrocéphalie ou son contraire. Rudolf Steiner disait précisément que « dans tout ce complexe de l’enfance, qui tend à établir le juste rapport de dureté entre la tête et les tissus mous, les forces qui agissent sont semblables à celles de l’étain3» .

Nous trouvons dans les articulations une métamorphose des processus se déroulant dans la tête pour créer un juste équilibre entre liquide et solide, processus pouvant être mis en relation avec l’étain. Les articulations sont également le siège d’un équilibre entre deux processus formateurs tout à fait différents. La tête d’une articulation est recouverte du cartilage articulaire dans lequel se trouve le véritable tissu osseux. Entre les têtes de l’articulation se trouve un élément liquide contenu dans les capsules articulaires. Comme on le sait, dans le développement embryonnaire, l’os complet n’est tout d’abord qu’une structure cartilagineuse ; au fur et à mesure de la croissance de l’embryon, la formation cartilagineuse est vaincue, la formation osseuse se substitue à elle, allant du centre vers les extrémités et ne laissant finalement subsister que les cartilages articulaires. De par leurs impulsions formatrices, les substances osseuses et cartilagineuses sont opposées et polaires. La substance osseuse, structurée, presque minérale s’oppose à la substance très riche en eau, homogène, presque instructurée du cartilage. Dans certaines maladies articulaires, cet équilibre sain est rompu. Le cartilage dégénère, l’os prolifère au-delà de ses limites, entaillant parfois le cartilage articulaire. Nous sommes alors devant des formes de dégénérescence articulaire, d’arthrose déformante.

A l’opposé de ce phénomène, nous pouvons citer les épanchements liquidiens pathologiques au niveau des capsules articulaires. Dans ce cas c’est l’élément liquide qui prédomine et échappe aux forces vitales structurantes en se manifestant au-delà de sa mesure. Dans ces deux cas symptomatiques, l’étain peut s’avérer un remède efficace. Doté d’une malléabilité et d’une plasticité vers l’« extérieur » et d’une dureté et de forces formatrices mesurées vers l’« intérieur », il est le processus naturel pouvant susciter en l’organisme les processus de guérison adéquats dans les cas cités.

Mais l’organe du foie nous donne une image organique du processus étain d’un type particulier. Le foie est au plus haut point un organe plastique, la plus importante glande du corps dans l’organisme-eau ; il

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reçoit également les aliments liquéfiés à la suite du processus digestif ; par ailleurs, c’est dans le foie que s’accomplissent des processus particuliers de densification et de formation de substances : l’amidon solide du foie par exemple, formé à partir de la dissolution des hydrates de carbone. Au jeu rythmique entre dissolution et densification s’ajoute le lien spécifique du foie avec l’organisme chaleur du corps. Cela souligne le fait qu’il intègre l’action du moi de façon particulière ; en tant qu’organe de l’organisme-eau, il est très fortement modelé par le corps éthérique dans sa structure interne. Or le foie risque de suivre trop intensément les impulsions du corps éthérique et peut pour ainsi dire déborder de vitalité liquide. « Il faut alors neutraliser la trop grande activité interne débordante en administrant de quoi ménager l’activité cosmique extérieure. Nous pouvons atténuer l’activité excessive de ces organes en leur administrant des substances opposant leur propre mobilité à celle des organes en question4 ». Mais le foie peut aussi être victime de l’activité inverse ; l’éthérique peut être trop faible et permettre ainsi une activité trop intense du physique en lui. Il se développe alors des types d’affection tendant au durcissement, à la sclérose, allant jusqu’aux cirrhoses. Dans les deux cas, l’étain s’est avéré le remède par excellence au niveau du foie. Dans son jeu de va-et-vient entre fluide et forme, il est en mesure d’intervenir dans l’équilibre entre les processus éthériques et physiques. Dans la force particulière qu’il oppose à la chaleur extérieure, il agit sur l’organisation du moi de façon à lui permettre de moduler l’équilibre entre l’éthérique et le physique.

Mais on peut aussi concevoir globalement l’étain comme un médicament de la régulation entre les champs de forces opposés dans l’organisme humain, qui reposent d’une part sur l’édification, la croissance et les fluides et d’autre part sur la solidification, le dessèchement. S’il y a prédominance du pôle fluide et plastique (édification, croissance, excès de fluidité), ce qui peut s’exprimer de la manière la plus diversifiée selon la constitution et l’âge de la personne, l’étain en dynamisation moyenne à élevée contribuera à ramener l’équilibre dans une édification perturbée, en amenant le surplus de fluidité à se résorber et à se structurer. La thérapie par l’étain est recommandée au niveau du pôle supérieur pour l’hydrocéphalie, dans l’homme médian pour les formes de tuberculoses exsudatives, les épanchements tels que pleurésies, bronchites, dans le domaine du métabolisme pour les processus de stagnation hépatique, le ralentissement de la sécrétion biliaire, les troubles de résorption et d’élimination du gros intestin, les colites, les hémorroïdes, les parasites intestinaux, les eczémas en relation avec un

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dysfonctionnement hépatique, et plus généralement avec les épanchements de tous les tissus séreux, méningite, pleurésie, péricardite, ascite, inflammations articulaires notamment.

Si par contre prédomine le pôle de dégénérescence, sous forme d’un excès de dévitalisation, d’une structuration trop intense, d’un dessèchement, on pourra utiliser des dilutions basses. C’est le cas pour la microcéphalie, les formes cirrhotiques de tuberculose, la cirrhose du foie, l’arthrose déformante, la goutte, mais aussi la maladie de Basedow ; des préparations à base de cuivre soutiendront l’action de l’étain. Contentons-nous de ces suggestions. Aller plus avant dans ces descriptions serait l’affaire du médecin.

Formation du minerai d’étain et son pôle opposé dans l’organisation humaine

Au début nous avons brièvement décrit comment l’étain s’est intégré dans le granite, roche primitive silicique et acide, contrairement aux autres métaux qui habitent principalement les roches profondes basiques, situées beaucoup plus bas ou encore les formations sédimentaires ou schisteuses du paléozoïque, ère capitale pour l’évolution de la vie sur terre. A ce moment, les minéraux fluorés se sont formés à proximité immédiate ; nous trouvons de la fluorine, de l’apatite, de la topaze en tant que gemmes et souvent la formation d’une roche de topaze ; les roches voisines sont topazifiées. Nous trouvons donc dans la formation stannique : de l’étain, du fluor, de l’acide silicique, du calcaire dans la fluorine (fluorure de calcium), de la topaze, de l’apatite. Une étrange communauté.

Mais il se trouve à l’intérieur de l’être humain un reflet de cette formation minérale particulière où se rencontrent l’étain, le fluor, la silice et le calcaire. Il s’agit de la cavité buccale. Comme on le sait, les dents sont les organes du corps humain les plus riches en fluor. C’est en elles que le processus fluor atteint un équilibre stable, est pour ainsi dire mis au repos, se fige dans la structure la plus dure du corps. Le fluor en tant que substance est un élément incroyablement actif, le plus actif qui soit. L’organisation humaine se sert de sa dynamique pour passer du processus métabolique à l’activité adroite et harmonieuse des membres3. Le fluor se fige dans la formation de l’émail dentaire. Le modelé plastique de la dent se forme à partir de l’ectoderme, un domaine où le processus

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de l’acide silicique est particulièrement actif, comme nous l’avons déjà mentionné. Le fluor en se combinant au calcium pour donner un type d’apatite confère à la dent sa dureté et sa solidité (le fluor peut sublimer la silice et il est maîtrisé par le calcium ; c’est ce que montre son comportement chimique. La chimie du fluor évolue entre la silice et le calcium). L’émail dentaire met effectivement en évidence l’apatite dans la sphère humaine.

A la dureté du roc illustrée par la formation figée de la dent, s’oppose l’organe le plus mou, le plus mobile et tout entier baignant dans le liquide, à savoir la langue, continuellement prise dans un mouvement de modelage du langage, en tant qu’organe de la parole. En parlant, nous devons sans arrêt osciller entre la forme et le flux. Or songeons à ce que nous avons constaté en approfondissant notre étude sur la teneur en étain des différents organes : le plus riche est la langue. La bouche est donc le lieu de contact permanent entre l’organe le plus riche en fluor et le plus riche en étain. La langue et la muqueuse buccale sont particulièrement riches en étain. La langue organe solide, nage dans le liquide de la cavité buccale qui a une activité tout à fait opposée à celle du solide, à savoir la dissolution, marquant la première étape de la digestion. Ce sont notamment les hydrates de carbone qui subissent ici une transformation. L’amidon est transformé en sucre, un processus de dissolution inverse de celui qui se produit dans le foie ; de cette façon l’amidon végétal devient de l’amidon humain. Dans le cadre de la nutrition, la langue et le foie peuvent être considérés comme des polarités. Et la topaze, troisième minerai mentionné dans ce contexte, peut également devenir un remède. Selon les indications de Rudolf Steiner, il est lié au sens du goût5.

Ainsi trouvons-nous cette triade de la formation géologique également réunie en une curieuse métamorphose en l’être humain. De tels « aperçus » de la nature vivante nous invitent à chercher les liens d’origine entre l’extra-humain et l’humain. Ils ont été mis en lumière par Rudolf Steiner dans son « Science de l’occulte »6.

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Bibliographie

1) Karl Scharrer, Biochemie der Spurenelemente (Biochimie des oligo-éléments), Berlin 1941

2) Rudolf Steiner/Ita Wegman, Données de base pour un élargissement de l’art de guérir Editions Triades 1985, GA 27

3) Rudolf Steiner, Médecine et science spirituelle 6ème conférence, 26 mars 1920 à Dornach Editions Anthroposophiques Romandes, 1978; GA 312

4) Rudolf Steiner, Physiologie occulte « Formes et forces humaines », conférence du 28 mars 1911,

Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 128

5) Rudolf Steiner, Edelsteine und Metalle in ihrem Zusammenhang mit der Erden-und Menschheitsevolution (Métaux et pierres précieuses dans leur rapport avec l’évolution de la Terre et de l’humanité)

Conférence du 13 octobre 1906 in Das christliche Mysterium, Dornach

Editions Anthroposophiques Romandes, 1968, GA 97

6) Rudolf Steiner , La science de l’occulte Editions Anthroposophiques Romandes, GA 13

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La polarité des processus sodium/potassium

dans les règnes de la nature et chez l'homme

Marc Follmer, pharmacien

Le potassium

Le potassium dans le règne minéral : chimie

Le potassium, métal alcalin, forme, avec l'hydrogène, le lithium, le sodium et le rubidium, le groupe des alcalins dans la classification de Mendeleièv. Mis à part l'hydrogène, le sodium et le potassium occupent la place la plus importante tant dans le monde minéral que dans les organismes vivants. Ils représentent chacun près de 2,4 % des éléments au niveau de la lithosphère.

La dénomination du potassium vient de la potasse, à partir de laquelle il a été isolé la première fois. Le Kalium (autre nom du potassium) provient lui du nom arabe signifiant "cendre végétale". Le nitrate, connu depuis l'antiquité, est utilisé depuis longtemps en tant que diurétique. Les métaux alcalins (Na

+ et K

+) sont de loin les métaux les plus

électropositifs et les plus réactifs. Dans les conditions normales, ils n'apparaissent pas en tant qu'éléments comme les métaux, mais toujours en tant que sels (carbonates, chlorures, iodures, tartrates...). Ce sont des métaux mous se coupant facilement, et bons conducteurs. Projeté dans la flamme, le potassium donne des vapeurs de couleur bleu verdâtre ; le métal fraîchement coupé se colore rapidement d'une couche bleuâtre.

Les oxydes et les hydroxydes de potassium sont des composés très basiques. Le potassium métallique réagit violemment avec l'eau : jusqu'à l'explosion si la masse est importante. Certains sels de potassium (Nitrate de K (salpêtre) et chlorate) sont utilisés pour la fabrication de la poudre noire, et dans l’industrie pyrotechnique. Une réaction particulièrement intéressante est la formation du salpêtre (nitrite de potassium) ; celui-ci se forme en efflurescence sur les murs des étables, à partir des excréments

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d'animaux. Les déchets azotés s'oxydent en nitrates avec le concours de bactéries ; le potassium est lui fourni par les débris végétaux mêlés au purin.

Les sels de potassium sont très répandus dans la nature et sont solubles. L'eau de mer ne contient que peu de potassium : 1,1 %. Celui-ci se retrouve dans le granit au niveau du feldspath (feldspath potassique) et du mica (mica potassique), ce qui correspond bien à sa nature(1). On le retrouve principalement dans les roches sédimentaires sous la forme de sylvinite (KCl) ou de carmalithe (KCl, MgCl2 6H2O). Ces roches sédimentaires se sont formées au début de l'ère tertiaire, généralement sous forme de lagune en relation épisodique avec la mer, soumises tantôt à des périodes humides, tantôt à des périodes sèches sous des conditions d’évaporation intense. Le gisement alsacien de la région de Mulhouse constitue la seule réserve de potasse connue en France.

Les sels potassiques sont progressivement libérés des roches, comme par exemple le granit, par des réactions d'hydrolyse, puis sont absorbés au niveau des particules d'argile colloïdal qui sont retenues dans l'humus.

Issu du monde des roches, le potassium est, au niveau de l'humus, absorbé par les végétaux, comme nous allons le constater.

Le Potassium et le règne végétal

Dans le monde végétal, le potassium dévoile son action, il y trouve son domaine d'expression. Il n'existe pas de liquide végétal et, d'une façon générale pas de liquide vivant, ne possédant pas de potassium. Les cendres végétales sont très riches en sels de potassium : 60 % de K2O dans les cendres de pommes de terre, respectivement 30,5 % et 25,5 % dans les cendres de blé et d’orge. Le carbonate de potassium était autrefois extrait des cendres de bois.

Le principal cation végétal est le potassium, il est lié aux acides végétaux anioniques comme par exemple, l'acide citrique ou l'acide tartrique. Chez les plantes marines, le taux de potassium est 50 à 100 fois plus important que le taux de potassium dans le milieu environnant.

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Sylvinite : roche évaporitique formée de sylvine (KC1), séquence rouge (coloration

due à des oxydes de fer), et de halite (NaC1), séquence blanche. Le gisement français le plus important est dû à l’évaporation répétée d’eaux sursalées des lagunes qui se trouvaient dans le fossé alsacien. Ce gisement est exploité par les Mines de Potasse d’Alsace (région de Mulhouse) ; la sylvinite est débarrassée du chlorure de sodium pour produire un engrais agricole potassique. (remarque : la sylvine sert à la préparation du remède homéopathique SYLVINE).

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Dans le végétal, la teneur en potassium détermine la rigidité du port, la résistance au gel. Une des fonctions du potassium est de maintenir le protoplasme colloïdal en état de turgescence. Dans le métabolisme végétal, le potassium est l'activateur spécifique d'un grand nombre d’enzymes. Il est essentiel pour la respiration végétale, la photosynthèse et d'une façon générale pour toute l'assimilation de CO2 (dioxyde de carbone), jusqu'à la formation de sucre, amidon et cellulose. Un manque de potassium conduit à un ralentissement du métabolisme et dans la cellule végétale, le métabolisme des sucres reste bloqué au stade de glucose, la synthèse de protéines à un stade peptidique.

Dans la biochimie végétale, le potassium joue donc un rôle essentiel. Il est de loin le cation le plus important chez les végétaux, en particulier chez les plantes marines. L'importance de cet élément explique l'utilisation des engrais potassiques et l'usage traditionnel des cendres végétales comme engrais naturel. Il intervient dans tous les phénomènes typiquement végétaux, la photosynthèse, le métabolisme des hydrates de carbone, la croissance en général.

Pour R. Steiner(2) le taux de potassium intervient en introduisant les forces de croissance dans les parties solides, comme les tiges, le tronc, et en les retenant. Achillea millefolium, plante hépatique, véhicule ce processus potassique au niveau des préparations biodynamiques, afin de vivifier la fumure. Le lien avec les forces formatrices à l'oeuvre chez le végétal, que l'anthroposophie appelle forces éthériques semble évident. A travers le potassium, le corps éthérique intervient dans l’élément aqueux et permet à celui-ci de se manifester à travers le métabolisme des hydrates de carbone, jusque dans la forme physique.

Le potassium dans le règne animal et chez l’homme

Pour les organismes animal et humain, le potassium joue un rôle physiologique très actif. Le potassium, comme le magnésium, est un ion typiquement intracellulaire. On estime que 96 % de la teneur en potassium du corps humain est intracellulaire. Le sodium lui est principalement extracellulaire (voir schéma), alors que dans la cellule végétale, il manque presque totalement. Cette polarité sodium extracellulaire-potassium intracellulaire n’existe

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que dans les tissus vivants. Une baisse du taux d’oxygène, une baisse de température ou la présence d’un poison cellulaire fait effondrer cette polarité active, le sodium entre dans les cellules et le potassium passe dans le sang. Ceci devient irréversible lors de la mort. La teneur en potassium est plus élevée dans les tissus à forte activité physiologique (muscle strié, cœur, foie, rein...). La répartition des sels dans les liquides végétaux et en particulier des sels de potassium, est à l’image de l’équilibre ionique du milieu intracellulaire de la cellule animale. La teneur en potassium est plus élevée chez le jeune enfant que chez le vieillard. Le potassium intervient comme catalyseur dans la néoglycogénèse hépatique et musculaire. Il intervient comme élément stimulant la respiration cellulaire, participe à la rigidité cellulaire et est un élément indispensable de la croissance cellulaire.

Une baisse du taux de potassium (elle s’observe en cas de perte hydrique importante) chez l’homme a pour conséquence des syndromes de fatigue, avec faiblesse musculaire, baisse de l'activité, constipation, vomissements, faiblesse respiratoire et troubles du rythme cardiaque. Le potassium est un élément indispensable pour la croissance des cellules et des tissus, comme cela a été démontré expérimentalement.

HPO4

2-

Na+ Cl

-

K+

HSO3- Protéines

K+ Ca

2+ ProtéinesMg

2+

Mg2+

Autres

Autres

Liquide extracellulaire Liquide intracellulaire

Schéma tiré de : H.J. Strüh - Die Tätigkeiten von Alkali und Erdalkalkmetallen in Blut Tycho de Brahé - Jahrsbuch für Goetheanismus - Verlag Freies Gisteslebar - Stuttgart - 1984

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Dans la conductibilité nerveuse et la contraction musculaire, le potassium et le sodium jouent un rôle essentiel. En dehors de tout stimulus, le potentiel de repos mesuré (- 90 mV) est lié au potassium ; lors de l’excitation, le potassium intracellulaire migre vers le liquide extracellulaire et le sodium pénètre dans la cellule. Le potentiel dit d’action mesuré est alors de + 30 mV. Le phénomène inverse se produit lors de la phase de repos qui s’en suit.

Il est remarquable d’observer que lors de la contraction musculaire ou de l’excitation nerveuse, le même phénomène se déroule au niveau de l’échange sodium/potassium que lors de la mort cellulaire ou de situation extrême, comme déjà évoqué plus haut.

Le potassium représente le pôle du repos, de l’anabolisme, de la construction, de la vie végétative.

Les phénomènes de conscience, d’activité volontaire représentée par l’excitabilité nerveuse et la contraction musculaire, semblent davantage liés au sodium.

On retrouve l’action des corps supérieurs (astral) agissant de façon catabolique et des corps inférieurs (éthérique) agissant de façon anabolique à travers deux de leurs représentants au niveau cellulaire, le sodium et le potassium.

Le potassium n’agit pas uniquement au niveau du métabolisme de la cellule, bien que ce phénomène soit prédominant, mais également dans le sang. Il est en lien avec le sang veineux, avec l’hypotension, comme le montre le tableau de l’hypokaliémie, avec sa baisse de tension, l’apathie et le ralentissement des fonctions.

Dans le sang artériel, la teneur en sodium est supérieure à la normale et dans le sang veineux, c’est la teneur en potassium qui est supérieure à la teneur potassique des liquides circulants.

Par ailleurs, les animaux à sang froid ont une teneur générale en sels de moitié inférieure aux animaux à sang chaud avec relativement plus de potassium et moins de sodium.

Bien que le sodium et le potassium soient en lien avec l’élément eau et l’organisation hydrique, il faut caractériser le potassium comme agent de

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Tartare, ou pierre de vin = bitartrate de potassiumLa pierre de vin provient du dépôt qui se forme dans les récipients contenant du vin.

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l’activité éthérique et le sodium comme agent de l’activité de l’astral dans l’organisme hydrique(5).

Tout au long de son cheminement dans le règne de la nature, le potassium déploie le même fil conducteur, véhicule la même activité. Issu des parties friables, solubles des roches, il se fixe dans la partie vivante du sol, dans l’humus, pour ensuite se lier avec l’eau vivante, végétale. Grâce à lui, l’éthérique intervient dans l’élément aqueux et d’une façon plus générale, dans les processus anaboliques. Son lien avec le règne végétal, l’aspect végétal de l’organisme animal et humain paraît évident. Il est l’instrument du corps éthérique au niveau cellulaire et dans le métabolisme.

Nous verrons dans la seconde partie plus spécialement consacrée au sodium que, bien que proche par maints aspects du potassium, celui-ci dans son activité polaire, permet l’action des forces astrales à travers l’élément aqueux.

Bibliographie

(1) M. Follmer, Le processus silice Correspondances Médicales 05/1194 - n° 2

(2) R. Steiner, Agriculture - Fondements spirituels de la méthode Biodynamique

Editions Anthroposophiques Romandes, 1984, Vème Conférence 13.06.1994

(3) C. Ardigie, Biochimie Editions Doin Dereu & Cie

(4) M. Stübler / E. Krug, Leesers Lehrbuch der Homöopathie Band 2 : Mineralische Arzneistoffe Hang Verlag, Heidelberg, 1988,ème Edition

(5) F. Husemann / O. Wolff, La Médecine à l’Image de l’Homme Tome II - p. 422-423 Editions Triades, 1996

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Kalium aceticum stibiatum

Thierry Laas, médecin

Kalium aceticum stibiatum est un remède particulier formé d’un mélange original de composants d’origine différente :

- Kalium aceticum, antimonite (minéral), - Crocus sativus (végétal), - Corallium rubrum (animal).

L’antimoine Surtout dans sa forme soufrée, il est un remède qui s’oppose aux forces végétatives débordantes en permettant au corps astral de mieux les intégrer et de les structurer de l’intérieur.

Kalium aceticum Le potassium n’existe pas dans la nature sous forme de métal pur. On ne le trouve que sous forme de sel ou de base, deux formes bien différentes mais qui montrent toutes les deux les qualités spéciales de cet ion. L’une, la forme basique, prouve l’affinité spéciale du potassium pour tout ce qui est liquide. L’autre, au contraire, exprime sa parenté avec tout ce qui est terrestre, fixe, tout ce qui est formation de matière. L’équilibre entre ces deux tendances du potassium libre est typique du domaine végétal qui oscille en permanence entre le processus de dissolution et d’assimilation, entre l’immatériel et le matériel. D’ailleurs, la haute teneur en potassium que l’on trouve habituellement dans les plantes prouve, de manière substantielle cette fois-ci, le rôle très important que ce métal joue dans le domaine végétal. Chez l’homme, du fait de sa relation avec les processus végétatifs, on peut dire qu’il est le support des forces éthériques ; la sphère d’action du potassium va être l’organisme des liquides. Le foie en est le maître d’œuvre. Dans ce domaine, le potassium va agir dans le sens des forces chimiques, structurantes. Chaque fois que les forces vitales, constructives ne seront pas correctement pénétrées et maîtrisées par le corps astral, ou si l’on

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préfère, chaque fois que les processus végétatifs ne sont pas complètement formés et structurés, le potassium sera indiqué. Dans le domaine physiologique, cette situation se manifeste en cas d’oedèmes et de refroidissements. Kalium aceticum va développer surtout le côté sel, le côté acide de l’activité que nous venons de décrire. Par l’acidité, on mettra en évidence un lien plus étroit avec le corps astral. Kalium aceticum sera ainsi plus spécialement indiqué lorsque nous voulons davantage renforcer l’action du corps astral au milieu de ces processus végétatifs débordants du pôle métabolique.

Crocus sativus (le safran) Il fait partie de la famille des iris. Tout comme les lys, les iris sont le siège d’un processus de stase des forces formatrices au niveau souterrain, ce qui entraîne la formation d’un bulbe, d’un oignon porteur de propriétés thérapeutiques particulières. Le crocus ressemble beaucoup à une plante automnale, le colchique. Mais autant celle-ci appartient au frais et à l’humide -elle pousse dans les prairies, dans les creux humides- autant le crocus appartient plutôt à l’aérien et au feu. Son pistil prend une couleur jaune-orangé flamboyante, il répand un parfum épicé, chaud et pousse de préférence sur les pentes pierreuses et ensoleillées. Le safran, de par sa nature particulièrement soufrée sera donc un remède agissant sur la région inférieure du corps autant digestive que génito-urinaire où il sera réchauffant et stimulant ; c’est-à-dire qu’il y fera davantage pénétrer les forces du Moi. Le crocus agira ainsi surtout sur le sang, notamment lorsque celui-ci est plus fortement poussé vers les organes inférieurs, ce qui peut se manifester par des inflammations, des saignements, des contractions importunes pendant la grossesse, mais aussi par l’affaiblissement des processus de conscience.

Corallium rubrum (le corail rouge) Forme particulière de calcaire qui est passé par le monde animal. La protéine animale est par nature un élément qui a en permanence tendance à la dissolution. Le calcium est intégré dans cette protéine animale de telle sorte qu’il la maintient dans un état solide et l’empêche de se soumettre aux lois de liquéfaction liées à sa nature. Dans le processus pharmaceutique de fabrication du remède, le calcium, dans cette forme, va pouvoir stabiliser des processus albuminisants particulièrement puissants comme on en voit par exemple dans les

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Corail rouge - Corallium rubrum

L. (Coralliidés) Squelette calcaire arborescent de tissu mou dans lequel sont plantés de nombreux polypes blancs à 8 bras rameux. Se rencontre en Méditerranée, près des iles Canaries, en Mer Rouge, dans l’Océan Indien, dans les eaux côtières du Japon.

Safran – Crocus sativus

L. (Iridacées) Partie utilisée pour la préparation du remède CROCUS SATIVUS : les stigmates secs. Le safran est subspontané çà et là en France et surtout cultivé en Espagne.

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hémorragies féminines vis-à-vis desquelles il forme d’ailleurs, en combinaison avec l’antimoine, un excellent remède. Que va nous apporter le mélange de ces quatre constituants ? Il est intéressant de remarquer la polarité évidente entre le côté SULFURreprésenté par le safran et le côté SAL de Corallium et Kalium aceticum. C’est l’antimoine qui va réunir ces deux tendances opposées en tenant le rôle d’élément mercuriel. Il va prendre le rôle central de lien en organisant les forces plastiques internes autant dans une direction SULFUR excessive (saignements, affaiblissement de la conscience) que dans une direction SAL trop forte (oedèmes, stases, ulcères variqueux, et même jusqu'à certaines tendances dépressives).

En pratique :

- Circulation veineuse défaillante (varices, hémorroïdes et oedèmes en rapport) :

* Kalium aceticum stibiatum D3, D6, poudre orale, ampoules injectables ss cut.

* Cuprum D5/Fluorite D10/Kalium aceticum stibiatum D6, poudre orale

* Fluorite D6/Kalium aceticum stibiatum D8/Solutio ferri D6/Tabac D6/Veine D6, gouttes buvables, ampoules injectables ss cut.

* Kali. aceticum stibiatum 1 %, Gel (surtout s’il y a un eczéma variqueux en plus)

- Tendances aux ulcères gastro-duodénaux et aux spasmes intestinaux :

* Anagallis D3/Chamomilla D3/ Malachite D6/Kali. acet. stib. D6, gouttes buvables, ampoules injectables ss cut.

- Certains troubles gynécologiques (hémorragies mais aussi certaines dépressions de la ménopause) :

* Kalium aceticum stibiatum D4, D6, D10, poudre orale, gouttes buvables, ampoules injectables ss cut.

- Selon une indication de Rudolf Steiner, le remède suivant serait également efficace dans les alopécies :

* Kalium aceticum stibiatum 1 %, Gel

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Des médicaments conformes à la nature de l’être humain Fondements et tâches d’une pharmacie d’orientation anthroposophique

Walther Cloos, pharmacien

Nous publierons successivement dans nos Correspondances Médicales, les chapitres suivants :

I. - Remarque préliminaire. - Points de vue à partir desquels préparer des médicaments selon la science de l’esprit.

II. - Signification des quatre éléments pour la fabrication et l’action des médicaments.

III. - Que pouvons-nous apprendre des indications de médicaments données par Rudolf Steiner ?

Remarque préliminaire

Les développements qui vont suivre ont été rédigés de par l’initiative et la responsabilité propres de leur auteur. Ils voudraient être utiles à un cercle d’êtres humains qui s’intéressent à un élargissement de la médecine et à un renouvellement des sciences physiques à partir des sources de la science anthroposophique de l’esprit. Après plus de quarante ans d’activité dans la fabrication des médicaments, l’auteur a ressenti le devoir d’exposer, ne serait-ce que dans ses grandes lignes, comment il voit ce domaine spécifique des recherches anthroposophiques. Cette présentation doit pour cette raison être comprise comme une récapitulation qui présuppose la connaissance de l’oeuvre écrite et orale de Rudolf Steiner, tant fondamentale que se rapportant à ce sujet. Celui qui ne les connaît pas ne devrait pas se permettre de porter un jugement sur le contenu présenté ici.

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Que soient placées en exergue à cet exposé les paroles prononcées par Rudolf Steiner le 26 juin 1921 : «Tant que, par un mouvement de retour, la paillasse de laboratoire ne sera pas devenue une sorte d’autel, tant que la synthèse et l’analyse ne seront pas devenues une sorte d’art de l’esprit et qu’on ne sera pas conscient que l’on intervient dans l’évolution des mondes lorsqu’on fait ceci ou cela, l’évolution de notre civilisation ne pourra pas prendre une direction ascendante. Nous entrerons à coup sûr dans une terrible décadence si, dans de larges cercles, on ne voit pas la chose suivante : il faut parvenir à une connaissance dépourvue d’égoïsme, à une connaissance pénétrée de moralité, il faut dépasser ces synthèses et analyses telles que nous les connaissons aujourd’hui et qui ne tiennent pas le moindre compte des mondes supérieurs. Il faut réapprendre à comprendre des choses telles que le rythme qui exerce son action sur notre vie, telles que ce qui exerce son action sur la chaleur. Car l’élément moral agit précisément sur la chaleur ; et quand il y a tout simplement des différences de chaleur, des nuances de chaleur, il y a en réalité la moralité qui traverse le monde de ses ondes, la moralité au sein de laquelle l’être humain se développe. Il faut que l’humanité devienne peu à peu consciente de tout cela. Ce n’est pas seulement - aimerais-je dire - une lubie idéaliste qui nous incite à interpréter à notre époque les signes du temps, mais les signes du temps parlent d’eux-mêmes, nous indiquant qu’il faut aller chercher cet approfondissement dans le sens du suprasensible..» (Extrait de Devenir de l’être humain, âme des mondes, esprit des mondes. Première partie, 4e conférence, G.A. Dornach 1967, Bibl. Nr. 205).

Dans le passé, ceux qui savaient avaient une parole merveilleuse pour désigner cette attitude de l’âme : Ora et labora ! Puissent ces paroles de Rudolf Steiner et ces paroles de l’ancien temps germer, grandir et porter des fruits dans les coeurs de ces hommes qui se consacreront à l’avenir à de telles tâches !

Ulm, période de l’avent 1969, Walther Cloos

Toutes les citations sont faites d’après l’édition complète des oeuvres de Rudolf Steiner (G.A.) (Verlag der Nachlassverwaltung, Dornach, Suisse). Après l’indication de la source de la citation, se trouve à chaque fois le numéro de bibliographie, cité d’après Rudolf Steiner, das literarische und künstlerische Werke. Eine bibliographische Übersicht, 1961/1962 (Rudolf Steiner, écrits, conférences et oeuvre artistique. Vue d’ensemble bibliographique 1961/1962).Des médicaments sont fabriqués d’après les méthodes exposées dans ce travail dans les différentes firmes Weleda, dont Weleda France, située à Huningue dans le Haut-Rhin, près de Bâle.

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Points de vue à partir desquels préparer des médicaments selon la science de l’esprit

La préparation des médicaments a toujours été présentée par Rudolf Steiner comme une partie intégrante d’une médecine élargie par la science de l’esprit. Partant d’un arrière-plan anthropologique et cosmologique, Rudolf Steiner montra qu’il y a des liens réels entre les processus internes de l’être humain et les phénomènes naturels ou la formation de substances ou encore les processus de transformation en laboratoire de substances naturelles qui correspondent à ces processus humains. Ceci a son fondement tout d’abord dans le fait que l’homme est un être en devenir et que, dans sa descente depuis les régions macrocosmiques de la création, il a laissé derrière lui les règnes de la nature qui sont les traces laissées en cours de route par ces forces qui ont créé son corps visible, sa vie et sa sensibilité. En ce sens, la nature qui nous entoure est l’homme sous forme déployée et l’être humain lui-même est un reflet de cette nature dont au plan macrocosmique, le devenir est dû à l’évolution de l’être humain : un microcosme. D’après les nombreuses indications données par Rudolf Steiner, l’essentiel est maintenant de reconnaître que cette nature macrocosmique est déjà complètement morte et ne vit plus au fond que dans des échos qui, dans les processus des règnes de la nature s’assourdissent de plus en plus. L’être humain, cependant, ce microcosme, est, grâce au fait qu’il est doué du germe spirituel qu’est le «Je», l’unique être à l’intérieur de la création terrestre qui porte encore en lui des possibilités d’évolution ultérieure. Cette évolution doit toutefois commencer en l’être humain lui-même dans la liberté issue de la connaissance et de l’amour afin d’accomplir le plan cosmique aux côtés des puissances créatrices divines. L’être humain a le corps, la vie et la sensibilité en commun avec le règne de la nature correspondant issu de son fait du microcosme : le corps en commun avec le règne minéral, la vie avec le règne végétal et la sensibilité avec le règne animal. Mais ce n’est pas de cette nature qu’il tient son «Je». Dans ce «Je» il dépasse la nature, parce que ce «Je» doit être saisi comme un germe spirituel qui se développe, qui doit croître au contact de la résistance que lui opposent d’une part sa propre nature microcosmique et d’autre part, la nature macrocosmique « déjà devenue » qui l’entoure. Par là, l’être humain devient maintenant responsable du cours ultérieur de toute l’évolution. L’être humain peut tomber malade parce qu’en lui un

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être de nature « déjà devenu » (corps, vie et sensibilité) s’est uni à un être d’esprit « en devenir ». C’est pourquoi la guérison doit toujours considérer comment les forces de devenir du germe spirituel qu’est le «Je» agissent en métamorphosant l’être de nature déjà devenu de l’homme. Sa tâche doit être d’amener pour l’époque cosmique actuelle ces forces de devenir à un état d’équilibre avec l’être de la nature déjà devenu de l’homme : par là, cet être de nature connaît sa véritable métamorphose et évolution ultérieure. C’est de cette recherche d’équilibre recelant des forces de métamorphose que naissent les véritables forces guérissantes. Cette double nature de l’être humain s’exprime également en ce qu’il porte dans toute son organisation neuro-sensorielle un élément dont la dynamique conduit à chaque fois à quelque chose qui est déjà devenu, qui n’est pas susceptible de métamorphose ni d’évolution ultérieure dans la prochaine incarnation, tandis que sont à l’oeuvre d’un autre côté dans son organisation du métabolisme et des membres ces forces de devenir à partir desquelles fut formée la nature qui l’entoure. Dans la recherche d’un équilibre entre ce qui est devenu et ce qui est en devenir naît ainsi l’élément médian de l’être humain qui se manifeste dans son organisation rythmique et dans les facultés de l’âme qui lui sont liées. Ainsi, l’être humain est le seul être à l’intérieur de la création qui, par le fait qu’il porte en lui le début et la fin, le devenir et le devenu, a formé un véritable milieu où le germe spirituel qu’est le moi peut se déployer, transformant toutes choses. L’instrument et en même temps la manifestation du germe spirituel du « Je » dont le physique est la chaleur, cet élément qui joue un rôle d’intermédiaire entre le physico-éthérique et le psycho-spirituel. Le « Je » est actif dans l’organisme dans les différenciations de chaleur pour évoluer librement dans l’élément déjà devenu de l’organisation neuro-sensorielle, mais en étant assujetti aux processus de devenir de l’organisation du métabolisme et des membres. Nous avons ainsi saisi deux forces fondamentales de toute évolution quelle qu’elle soit : la chaleur qui se trouve au passage du spirituel au physique et inaugure tout devenir et toute disparition de devenir, et le

rythme qui naît par le fait que les forces de devenir du spirituel interviennent dans ce qui est devenu pour rendre possible toute évolution dans le jeu alterné entre ce qui est devenu et ce qui est en devenir. Si l’on considère de cette façon l’être humain comme un être en devenir qui est placé à l’intérieur d’une nature déjà devenue, il en découle immédiatement la nécessité de comprendre la profusion de ses possibilités de maladie comme un déséquilibre entre ce qui est en devenir et ce qui est devenu.

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Ce qui est en devenir vit en lui sous forme d’élément naturel dans son système du métabolisme et des membres qui, cependant, ne pourrait progresser dans son évolution et se métamorphoser s’il n’avait pas en face de lui l’élément opposé de ce qui est déjà devenu, le système neuro-sensoriel. L’organisation du « Je », en tant que porteur des forces de devenir supérieures, surnaturelles, a besoin de l’élément déjà devenu qu’est l’organisation neuro-sensorielle et des forces de devenir naturelles de l’organisation du métabolisme et des membres afin de s’affranchir toujours davantage de la nature dans un jeu alterné entre ces deux pôles. Telle est ce que l’on pourrait appeler la « physiologie de la liberté ». La maladie et la guérison sont des processus essentiels de cette « physiologie de la liberté ». Le choix et la préparation des médicaments deviennent par là une intervention dans le processus cosmique en continuel développement de cette « physiologie de la liberté » qui conduit vers l’avenir. Dans l’une de ses conférences, Rudolf Steiner exprime ceci dans les termes suivants : « Les causes de l’avenir ne se trouvent pas à l’extérieur de notre peau, ce ne sont pas les géologues qui doivent les explorer, mais nous devons les chercher à l’intérieur, dans les forces résidant à l’intérieur de notre organisation qui se retrouvent tout d’abord dans notre prochaine incarnation, mais vont ensuite vers de nouvelles métamorphoses. Si bien que si vous cherchez l’avenir du monde, vous devez regarder en l’être humain. Ce qui est extérieur « passera entièrement » (2.7.21, G.A., Dornach 1967, Bibliographie numéro 205). C’est ce qu’indique aussi la parole du Christ : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ». Il apparaît clairement ici ce que signifie le fait que l’être humain se détache toujours plus de la nature et que tout ce que la nature a fait jusqu’ici pour son propre développement doit être désormais assumé par la responsabilité de l’être humain lui-même. Qu’il soit maintenant permis de faire ressortir sur cet arrière-plan de la situation cosmique l’essentiel de ce que Rudolf Steiner entendait par préparation de médicaments selon la science de l’esprit dans le sens d’un « travail à l’unisson de la nature en devenir ». Nous pouvons examiner en remontant le cours du temps ses exposés sur ce sujet, en partant de sa dernière conférence médicale à Londres, le 29.08.1924 (Die Kunst des Heilens vom Gesichtspunkte der Geisteswissenschaft - L’art de guérir du point de vue de l’anthroposophie, GA 319).

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« Voyez-vous, c’est l’essentiel de ces médicaments qui peuvent être fabriqués sur la base d’une médecine fondée ainsi sur l’esprit. On les fabrique en ayant une connaissance exhaustive de ce qui se passe réellement à l’intérieur et à l’extérieur de l’être humain ; et dans leur fabrication, ce qui importe, c’est que celui qui les invente, qui les introduit dans le monde, embrasse de son regard tous les éléments spirituels que l’on fait intervenir dans la genèse de ces médicaments. Il s’agit donc de ce que, à côté des médicaments où on ne fait entrer en ligne de compte que les forces chimiques qui sont répertoriées, on le sait bien, dans notre chimie de caractère matérialiste, on puisse également en fabriquer d’autres dont on puisse dire : la spiritualité du monde a été dirigée de telle manière précise dans ce médicament». Et plus loin : « Ce sera la nature des médicaments qui seront fabriqués lorsqu’on donnera à la médecine ce fondement spirituel. On saura que ce qui importe pour ces médicaments, c’est que, du fait de leur mode de

préparation, ils ne renferment pas seulement ce que discerne le

chimiste, mais qu’on y met les forces spirituelles de l’univers. On utilise directement l’esprit lui-même, la spiritualité dans la thérapie. C’est ce qui importe dans ces choses ». Dans ces phrases, Rudolf Steiner a exprimé comme en un condensé et un testament ce que nous avons pu trouver dans le détail de ses indications pour les prescriptions et dans d’innombrables données qui se trouvent dans les conférences des années précédentes. Dans une allocution lors d’une rencontre avec des médecins en exercice le 21 avril 1924 à Dornach (Physiologisch-Therapeutisches auf Grundlage der Geisteswissenschaft, G.A. 314, Physiologie et Thérapie en regard de la science de l’esprit, E.A.R.), Rudolf Steiner expose combien les minéraux naturels diffèrent du point de vue thérapeutique des minéraux traités selon des processus chimiques ou physiques. Puis il ajoute : « La façon dont les substances sont traitées, c’est cela qui est au

fond l’essentiel. Et il faudrait que cesse la manière de penser qui cherche le médicament dans la substance elle-même. Il faudrait se dire toujours davantage : là où il y a maladie, il y a processus que l’ensemble de l’organisme humain ne domine pas. Si l’on cherche un médicament, il faut renforcer l’organisme, il faut soumettre l’être humain à des processus dont on voit avec précision tous les tenants et les aboutissants. C’est ce qui importe ». L’année précédente, le 2 septembre 1923, Rudolf Steiner fit à Londres une conférence d’introduction devant des médecins intéressés par la

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méthode « Zur Therapie und zur Methodik der Heilmittelherstellung, G.A. 319, La thérapeutique et la méthode de fabrication des médicaments). Dans ces développements, nous trouvons le lien entre l’être humain tripartite et la préparation du médicament. « Si bien que nous pouvons en réalité toujours dire, de façon tout à fait fondamentale : nous devons chercher les substances, les facteurs de guérison, dans l’entourage de l’être humain pour le système neuro-sensoriel. Nous devons considérer les processus naturels ou bien réalisés en laboratoire comme le facteur de guérison pour ce qui concerne les maladies du pôle du métabolisme et des membres. Le système neuro-sensoriel et celui du métabolisme et des membres entrent en jeu réciproque de façon polaire, et c’est dans ce jeu que le rythme est précisément à l’oeuvre. Tout ce qui est rythmique, surtout le rythme de la respiration, le rythme de la circulation, les rythmes de la digestion, les autres rythmes en l’être humain, les rythmes du sommeil et de la veille en l’être humain, agissent en médiateurs, en facteurs d’équilibre, si bien que, pour les processus qui concernent les organes, les organes rythmiques de l’être humain, on tient alors compte de cette interaction lors de la fabrication des médicaments qui proviennent de la préparation des substances actives et des processus actifs qu’on fait réaliser par la nature ou que l’on réalise soi-même ». Ici s’exprime clairement le contraste entre substance ayant achevé son devenir et processus naturel ou encore processus réalisé en laboratoire. Aussitôt après dans la même conférence est dépeint comment la préparation Gencydo travaille à l’encontre du processus naturel du rhume des foins où prédomine l’activité neuro-sensorielle par le fait qu’il est fabriqué à partir de fruits qui gardent leurs graines tout à fait à l’intérieur sous une enveloppe coriace. En opposition avec ce processus se déroule cet autre processus naturel très répandu qui, au moment de la floraison des graminées, se manifeste sur les plantes qui portent leurs graines à l’air libre et sans les revêtir d’une enveloppe : la formation du pollen. Suit alors la très remarquable description de Cichorium intybus, la chicorée sauvage, qui réunit la fonction de l’acide silicique et celle des sels alcalins, et la recommandation d’observer ce processus dans la nature pour l’imiter dans une préparation artificielle en laboratoire. A la fin, Rudolf Steiner expose dans cette conférence extraordinairement

dense comment la préparation Képhalodoron-Biodoron* a été inventée

*En France : Ferrum Sulfuricum Silicicum

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à partir de la liaison fonctionnelle de l’acide silicilique et des sels de soufre telle qu’elle est réalisée dans la nature par la prêle (Equisetum

arvense). Mais il est alors nécessaire d’aller en ce cas plus loin que la

nature et, en ajoutant du fer, d’ « animaliser » cette liaison fonctionnelle, selon l’expression de Rudolf Steiner. On « développe » donc cette préparation plus ou moins inorganique à partir d’un processus végétal. A ce sujet, il dit expressément : « maintenant on a animalisé tout le processus d’Equisetum arvense et on obtient une préparation où ce qui importe essentiellement est la façon dont on la fabrique, dont on conduit le processus par lequel on obtient au bout du compte la préparation - ce qui importe c’est d’une certaine façon qu’elle représente le résultat d’un processus qui se déroule entre l’acide silicique, le fer et le soufre ». Ce que Rudolf Steiner entend ici par « la façon » résulte de la réunion rythmique des composants selon un ordre précis. Les phénomènes qui se produisent alors sont des reflets des « processus digestifs » qui se déroulent entre la bouche et le gros intestin. La préparation tire son efficacité de la réunion de certaines substances et de processus «donnant des orientations ». Nous touchons ici à un thème qui a déjà été fondé de façon approfondie le 28 octobre 1922 (Physiologie et Thérapie en regard de la science de l’esprit, G.A. 314, E.A.R.) en rapport avec la description du processus Urtica et avec les procédés qui permettent de l’imiter : « apprendre de la nature ». Sur la base de cette indication est née la préparation Solutio

ferri.

Après les conférences à Londres de septembre déjà citées, ce thème est poursuivi le 15 novembre 1923 à la Haye (Connaissance anthroposophique de l’être humain et médecine, G.A. 319) en ce qui concerne l’imitation du processus Equisetum et du processus Anis. Rudolf Steiner prononça sur le principe les phrases suivantes : « Si nous introduisons d’une certaine manière Equisetum dans l’organisme humain - mais il est préférable de ne pas utiliser Equisetum tel quel, et c’est là-dessus que repose l’essentiel de notre fabrication de médicaments, parce que les effets sont certes là, visibles, mais ne sont pas aussi durables, - si maintenant nous étudions la liaison fonctionnelle entre l’acide silicique et le soufre et que nous tentons alors de l’imiter dans une préparation, nous obtenons, en transposant ce qui peut être étudié sur Equisetum dans une préparation plus ou moins inorganique, la possibilité de susciter des effets plus forts sur l’organisme humain que si l’on utilise par exemple simplement la plante en infusion ou sous une

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forme semblable. C’est cela l’essentiel dans la fabrication de nos médicaments ». Aussitôt après, Rudolf Steiner renvoie de nouveau à Cichorium dans le même sens et développe l’essentiel au sujet d’une préparation d’Anis. Ces indications fondamentales furent à l’origine de la fabrication ultérieure des préparations « Solutio Siliceae» (Equisetum arvense), « Solutio Alcalina » (Cichorium intybus), « Solutio Kalii chloratum »

(Pimpinella anisum). Le principe de fabrication de ces préparations combinées suivant le modèle du métabolisme minéral des plantes officinales consiste en ce que l’on ne travaille pas avec les qualités déjà devenues des diverses substances minérales, donc exclusivement avec leurs qualités chimiques, mais qu’on n’utilise celles-ci que dans la mesure où l’on veut mettre en oeuvre des liaisons fonctionnelles, comme par exemple de nouvelles combinaisons. On obtient ainsi des configurations de substances qui imitent dans l’inorganique ce que la plante réalise au plan éthérique dans son organisme liquide. Cependant, la fixation des divers constituants n’est pour une grande part pas réalisée sur un mode chimique, mais purement physique de la même façon que le réalise la plante dans ses processus de vie à l’aide de certaines substances organiques (mucilages, gommes, résines). Environ six mois avant la toute première mention de ce principe médicamenteux en rapport avec les développements concernant Urtica dioica (28.X.1922), Rudolf Steiner a, au cours de la 2e semaine de travail pour médecins, attiré le 17.4.1921 l’attention sur la possibilité de faire dynamiser les substances minérales par la plante en croissance (Geiteswissenschaftliche Gesichtspunkte zur Therapie, G.A. 313, Thérapeutique et science spirituelle, E.A.R.). L’essentiel de ce procédé consiste en ce que l’on fait pousser certaines plantes médicinales dans un sol auquel on a soigneusement mélangé un faible pourcentage de fumure métallique ou minérale préparée séparément. On répète encore à deux reprises ce processus de fumure sous forme différente et on utilise en le diluant légèrement le suc de la plante obtenue ainsi. La réussite de ce processus repose sur une préparation tout à fait particulière de la fumure qui consiste en ce que le minéral brut tel qu’il se trouve dans la nature est amené par degrés à un état où il puisse s’insérer dans les processus vivants de la formation de l’humus. C’est en réalité un processus artificiel d’érosion qui amène ce qui est métallique et minéral à un état qu’il avait à une époque antérieure de la terre avant que le minéral ne se solidifie. Ce procédé travaille avec la nature en devenir en ce sens qu’il utilise la plante en devenir entre la germination

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et la maturation pour réaliser la dynamisation dans son organisme des liquides (mot à mot des sucs). Mais il ne faut pas perdre de vue à ce sujet que l’on choisit pour les différents métaux et minéraux des plantes caractéristiques qui ont déjà un rapport avec ceux-ci dans leur dynamique propre, par exemple la silice et Equisetum, le fer et l’ortie, le cuivre et la mélisse, le mercure et Bryophyllum. Tandis que ces deux procédés reposent déjà sur une étude assez subtile des processus végétaux, à savoir d’une part sur une approche analytique très précise du métabolisme minéral, d’autre part sur l’examen des rapports entre le métal et la plante, Rudolf Steiner a également décrit une manière plus générale de procéder pour la préparation des médicaments, dans la sixième conférence de Geisteswissenschaft und Medizin, G.A. 312, Médecine et Science spirituelle, conf. du 26.03.1920, E.A.R. Après une étude très attentive du processus végétal dans son ensemble et de ses rapports avec l’être humain tripartite, Rudolf Steiner en arrive aux concepts de lumière et de pesanteur et plus précisément, en complément à ces deux concepts, à celui d’élément médiateur, équilibrant. Ayant fait intervenir le métal dans toute cette considération, il se voit amené à faire allusion à certaines conceptions alchimiques : « On ne peut tout simplement pas faire autrement que de mettre en parallèle ce que la recherche actuelle, la science de l’esprit actuelle, peut proposer avec ce qui a été proposé jadis à partir de la sagesse originelle, mais qui ne peut en réalité pas être compris tant qu’on ne la redécouvre pas ». Et plus loin : « Notre attention est attirée là sur une chose que j’aimerais pour ainsi dire évoquer comme une parenthèse parce que vous pouvez peut-être travailler de façon très fructueuse à exploiter dans les nouveaux ouvrages les indications stimulantes que l’on pourrait certes encore puiser dans les ouvrages anciens. Si vous faites les thèses dont il a été question hier, vous pourrez puiser plus d’une indication stimulante dans les ouvrages anciens, pourvu que vous puissiez comprendre ces textes anciens ». Immédiatement après, il rappelle les trois principes Sal, Mercur et Sulfur à l’élaboration desquels la chimie d’autrefois apportait « le plus grand soin ». Après avoir tout d’abord attiré l’attention sur le fait que ces trois principes s’interpénètrent partout dans la nature et ne peuvent tout d’abord être distingués par nous que dans la pensée, Rudolf Steiner poursuit :

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« Or, il est parfaitement vrai que, si l’on voulait se comporter exactement comme les Anciens l’ont fait dans ce processus d’élaboration des trois principes de la nature, il ne serait guère facile de s’en tirer. Mais lorsqu’on fait entièrement abstraction de l’ancien, comme cela doit précisément être le cas dans ces conférences, où on jette seulement de temps en temps un éclairage sur les ouvrages anciens et où on se penche sur ce qui peut encore de nos jours faire l’objet de recherches, on en arrive à ce que, pour obtenir à partir de ces substances naturelles ce dont on a besoin, en conformité avec les trois principes que je vous ai caractérisés hier et aujourd’hui, on doive réellement soumettre d’une certaine façon ces substances naturelles à un processus de combustion, par lequel on isole tout d’abord par exemple l’élément porteur de feu, porteur de lumière, puis qu’on doive tenter de parvenir à extraire à certaines fins l’élément mercuriel des substances naturelles, si bien qu’il ne vous reste plus que ce qui tend vers le sel. On peut le faire se dégager à l’aide d’un acide quelconque et on obtiendra un médicament réellement salin, que ce soit à partir de végétaux ou de minéraux ». Si l’on regarde de près ces formulations de Rudolf Steiner, on peut être frappé du fait qu’il parle d’un « comportement » des chimistes d’autrefois qui n’entre plus en ligne de compte pour nous autres, hommes d’aujourd’hui, mais qu’il décrit ensuite dans le principe les mêmes processus que ces Anciens ont précisément utilisés pour séparer les trois principes. Cette contradiction se résout lorsqu’on se donne la peine de rechercher aussi réellement ces « indications stimulantes que l’on pourrait certes encore puiser dans les ouvrages anciens ». Dans le choix de ces ouvrages anciens, nous pouvons écouter les conseils de Rudolf Steiner lui-même car, en rapport avec les études approfondies de Goethe, il a attiré expressément l’attention sur un ouvrage rosicrucien Annulus Platonis (Aurea Catena Homeri) de A.J. Kirchweger, 1781, ou Explication physico-chimique de la nature selon sa genèse, sa conversation et sa destruction - par une société de véritables savants de la nature. Ce livre est cité dans les conférences suivantes : 10.03.1909, Les énigmes dans le Faust de Goethe, aspect exotérique, dans : Où et comment trouve-t-on l’esprit ? G.A. 57, 23.01.1910, leFaust de Goethe, du point de vue de la science de l’esprit, dans Commentaires sur le Faust de Goethe à partir de la science de l’esprit, Vol. I, G.A. 272, 10.05.1910, L’événement de l’apparition du Christ dans le monde éthérique, G.A. 118, E.A.R. A propos de ce livre, Rudolf Steiner déclara un jour à Ehrenfried Pfeiffer que c’était l’un des rares écrits rosicruciens que l’on puisse aujourd’hui encore lire et comprendre. « Alors se révèlent à celui qui s’y plonge avec

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les moyens de la science de l’esprit... les plus grands mystères » (10 mai 1910, Hanovre). Lorsqu’on étudie un tel livre, on découvre que le « comportement » dont parle Rudolf Steiner doit être cherché dans une attitude de l’âme qui avait moins pour but de créer des substances que de retrouver bien plutôt méditativement le monde spirituel perdu et ses entités par la voie des processus réalisés. Rudolf Steiner rend également attentif à ce fait et à ses arrière-plans spirituels dans les conférences de Neufchâtel (18.09.1911 Le christianisme ésotérique et la direction spirituelle de l’humanité, G.A. 130, E.A.R.). Si nous nous « comportions » aujourd’hui ainsi, nous n’obtiendrions rien, parce que nous avons aujourd’hui la tâche de ramener de nouveau les substances de la nature plus ou moins devenues et mortes «sur le chemin de l’esprit ». Rudolf Steiner caractérisa cela un jour de la façon suivante : « Le médicament est une

substance qui est sur le chemin de l’esprit ». Ce qui cependant est important, c’est que les processus fondamentaux de la métamorphose de la substance sont de tous temps les mêmes et ne connaissent d’évolution et de différenciation que par l’attitude d’âme et l’élargissement de conscience actuels. Mais il faut aussi remarquer que Rudolf Steiner, précisément lors de ces descriptions dans la conférence de Médecine et science spirituellementionnée plus haut, se rattache de façon tout à fait claire à la tradition occulte des Rose-croix. Ce que ceux-ci recherchaient dans ces trois processus : les pensées des dieux dans le processus Sal, l’amour

des dieux dans le processus Mercur, le sacrifice des dieux dans le

processus Sulfur, cela est présent aujourd’hui encore derrière ces processus lorsque nous les réalisons en laboratoire. C’est ce que nous devons rendre vivant en nous, en partant de la pensée qui a pu aujourd’hui être exprimée dans l’anthroposophie et qui était dans le passé un secret bien gardé. Le Rosecroix des temps anciens qui travaillait en alchimiste recherchait les forces des dieux dans l’attention dévotionnelle portée à ces processus, mais nous devons aujourd’hui transformer notre savoir anthroposophique, nos pensées à l’égard de ces forces des dieux en dévotion devant la paillasse de laboratoire. Mais Rudolf Steiner parle encore dans cette 6e conférence déjà mentionnée de Médecine et science spirituelle d’une deuxième méthode de préparation des médicaments : « Mais on peut aussi s’engager sur la voie dans laquelle on s’est engagé après que l’autre voie des anciens s’était perdue dans les sables, mais dans laquelle on s’est engagé à partir d’un sentiment encore net que

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véritablement l’être humain n’est pas seulement une cornue de laboratoire, mais qu’il est plus. Et c’est la voie par laquelle on s’efforce tout simplement, en prenant ce qui est là et en le dynamisant, de mettre à profit les forces qui constituent le fondement des substances déjà existantes. C’est la voie qui est pour l’essentiel inhérente à l’orientation de recherche de Hahnemann et qui représente - aimerais-je dire - une sorte de nouvel essor à partir de tout l’effort humain dans le domaine médical, après que l’ancienne voie s’était déjà perdue dans les sables, lorsqu’on n’a plus rien su de quelconques liens avec les forces extratelluriques ou autres ». Ici est donc mis en évidence de façon tout à fait claire que l’ancienne voie s’était perdue dans les sables parce que l’on n’a plus rien su des forces telluriques et extratelluriques, du processus Sal et du processus Sulfur, de la pesanteur et de la lumière et également du médiateur entre ces polarités. Mais tout ceci constitue des pensées et des représentations qu’aujourd’hui nous pouvons connaître de nouveau par l’anthropo-sophie ! C’est pourquoi nous pouvons reconstruire sur de telles pensées et ramener au jour, voir clairement et renouveler d’une manière conforme au temps présent, ce qui s’était perdu dans les sables. Par toute son impulsion médicale, Rudolf Steiner a montré le chemin avec rigueur et méthode ! Mais cet élément nouveau, l’ « orientation de recherche de Hahnemann », « la dynamisation », est aussi quelque chose que les anciens connaissaient tout à fait. Ils ont peut-être seulement gardé ce secret encore plus que tout ce qui était lié à la « pierre philosophale ». Parmi les documents extrêmement rares concernant ce procédé de « multiplication » ou « augmentation » par lequel on entendait une amplification, un accroissement de forces, le plus connu est ce passage du Traité d’or d’Hermes qu’un néoplatonicien grec d’Alexandrie a commenté. Voici ce passage du traité : « Les éléments morts (qu’un esprit habite) revivent ; les corps mis ensemble émanent un « autre goût » et se transforment ou sont transformés ; et par un processus admirable ils acquièrent la durée ». Le commentateur grec ajoute à ce propos : « Les corps des métaux sont la demeure de leurs esprits, lorsqu’on dilue, étend et épure progressivement leur substance terrestre, alors la vie et le feu sommeillant jusqu’alors en eux sont mis en mouvement et appelés à apparaître. Car la vie résidant dans les métaux se trouve pour ainsi dire en sommeil ; elle ne peut exercer ses forces et se montrer que lorsque les corps (c’est-à-dire les instruments de nature sensible et végétale de la

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vie) sont dissous et retransformés en leur source originelle. Amenés finalement à ce degré, ils communiquent, par la surabondance de leur lumière intérieure, leur qualité donnant une teinture à d’autres corps imparfaits et les transforment en une substance ferme et durable. Et telle est la caractéristique de notre médicament en lequel sont transformés les corps procédant des esprits : que tout d’abord une part de la substance initiale doit donner une teinture à dix parts d’un corps imparfait, puis à 100 parts, puis à 1 000 parts et ainsi de suite à l’infini. Par là est admirablement montrée la force agissante du verbe créateur ; et plus le médicament est dilué, plus s’accroît sa puissance agissante qui resterait sinon, si on ne le diluait pas, dans son état limité ou sans art. Ici s’ouvre donc une source céleste et divine que nul n’est en état d’épuiser ». Un autre passage très clair a été trouvé dans un écrit alchimique anonyme, qui est déjà connu depuis longtemps dans la littérature sérieuse se rapportant à ce sujet : L’étoile polaire hermétique (Francfort et Leipzig 1771). L’ouvrage est cité par Kopp et Schmieder, de même que le Traité d’or d’Hermès cité plus haut. Dans l’Etoile polaire hermétique on lit ceci : «... Et aussi souvent que vous répétez la rotation, ce que vous ne devez pas faire dès le début, mais que vous pouvez faire seulement quand vous ouvrez et fermez avec la clé de David ou que vous diluez ou que vous fixez ou coagulez : vous lui ajoutez toujours une ou dix fois sa force, ainsi, comme vous l’avez déjà amené la première fois par ses trois moments jusqu’à 1 000, vous pouvez l’amener et le multiplier la deuxième fois à 10 000, la troisième fois à 100 000, la quatrième à 1 000 000 et ainsi de suite jusqu’à des millions, des trillions, des quadrillions et ainsi de suite sans fin : à la manière d’un grain de blé dont un seul petit grain suffirait avec le temps à ensemencer la terre toute entière... ». Hahnemann vivait à une époque (1755-1843) où de telles pensées étaient consignées par écrit, également traduites d’écrits en latin, mais n’étaient plus pratiquées réellement que dans des cercles très cachés. Jusqu’à la Révolution française, environ jusqu’à 1790, paraissent de tels écrits qui proviennent d’un savoir en voie de disparition. Ensuite, ce n’est pratiquement plus le cas. C’était sans nul doute la tentative de certains cercles de ne pas laisser tomber dans l’oubli ce qui était issu des traditions occultes. Il est bien compréhensible que de ce fait la plus grande partie de ce qui nous est parvenu l’ait été sous une forme corrompue et fausse. Qu’il y ait à cela des exceptions, Rudolf Steiner l’a confirmé par ses paroles déjà citées au sujet de la Aurea

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Catena et d’autres écrits. Mais l’essentiel est que de telles idées étaient pour ainsi dire dans l’air et qu’il y avait des êtres humains pour recevoir ces idées, directement par des « initiés » à ces mystères de ce qui était par ses origines une « science sacrée de la nature » ou alors par une intuition géniale. L’une de ces deux possibilités devrait s’être réalisée pour Hahnemann. Et lorsque Rudolf Steiner caractérise l’orientation hahnemannienne comme « une sorte de nouvel essor », il faut prendre en considération deux faits : le premier consiste en ce que dans ce « processus de dynamisation » tel que le décrivent les écrits anciens se cache un antique principe de travail alchimique, le principe du « Solve et coagula » (dissous ou sépare et fixe) ! Ce principe embrasse la polarité cosmique de l’« actif et du passif », de l’élément créateur et de l’élément créé, de ce qui est en devenir et de ce qui est devenu, et finalement du chaos et du cosmos. L’autre est cette façon très remarquable de caractériser le processus de dynamisation tel que Rudolf Steiner l’indique dans une conférence aux ouvriers du 17.02.1923 (La vie de l’homme et de la terre. L’essence du Christianisme, Conférences aux ouvriers, G.A. 349).

Voici ce qu’il y expose : « Mais qu’utilise-t-on lorsqu’on administre le calcaire 5 % ? On utilise alors les forces qui, à une époque passée, étaient dans le calcaire des forces de vie. Elles sont encore dedans. On les utilise pour redonner vie à la chose. Mais quand on réduit le calcaire à un état tout à fait subtil, à dose homéopathique comme on dit, donc pas à 5 %, mais par exemple à 5/10 000e, même pas à 5/1 000e mais à 5/10 000e, donc qu’on mêle le calcaire en quantité infime aux substances, à dose homéopathique, alors le calcaire agit sur la tête, devient tout à coup un remède pour la tête. Si l’on administre le calcaire à dose allopathique, il agit sur les organes de la digestion ; à dilution très subtile, il agit sur la tête et c’est d’après cette réalité qu’il faut orienter son choix. Mais on peut aussi savoir ceci : Qu’utilise-t-on donc du calcaire ? Quand on l’administre à dose très subtile, on utilise les forces d’avenir qui sont actuellement encore dedans, qui renaîtront à l’avenir. Voyez-vous, c’est ainsi qu’on peut connaître la nature, alors on peut en tirer des remèdes parce qu’il y avait partout et qu’il y aura de nouveau la vie et que la mort n’est là qu’entre deux vies. On peut utiliser de façon juste les forces de vie passées et les forces d’avenir qui sont dans le minéral ». Ici les concepts de dissolution ou séparation et de fixation ou coagulation, d’élément actif et d’élément passif sont donc élargis par

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Rudolf Steiner de façon insoupçonnée à ceux de forces de l’avenir et

de forces du passé. Cet aspect est totalement nouveau. Il est aussi un « nouvel essor » en ceci que les anciennes conceptions sont délivrées de leur caractère limité et élargies par l’introduction d’un élément essentiel grâce aux idées de l’anthroposophie. Mais on peut aussi reconnaître ici, malgré cette métamorphose des conceptions, que le fil conducteur de la tradition occulte court dans le tissu avec une nouvelle trame. Cependant, Il faut encore attirer l’attention sur un aspect supplémen-taire : lorsqu’on dit que la nature qui nous entoure et ce qui en l’homme est de l’ordre de la nature représentent dans l’ensemble du cosmos un élément déjà devenu, cela n’est tout d’abord valable que pour les formes devenues. Des métamorphoses de formes dans le sens d’une évolution allant vers des formes plus hautes à un titre quelconque, il n’en existe plus dans la nature. Cela ne peut se produire que lorsque l’être humain intervient selon ses vues personnelles sur les forces originelles de devenir au sein de la nature. La nature elle-même n’utilise plus ces forces de devenir que pour conserver les forces devenues. Ceci est réalisé grâce au rythme incessant entre les forces originelles de devenir du monde et les forces qui tendent vers le déjà devenu. Il faut être clair sur le fait que ces forces de devenir sont de plus en plus en voie de disparition, comme nous l’avons déjà mentionné au début. Ceci a pour conséquence un durcissement toujours plus marqué des formes dans toute la nature, c’est-à-dire une extinction des rythmes. Dans le Cours aux agriculteurs, Rudolf Steiner a attiré l’attention de façon frappante sur cette réalité (Geisteswissenschaftliche Grundlagen zum Gedeihen der Landwirtschaft, G.A. 327, Agriculture. Fondements spirituels de la méthode Bio-dynamique, Conférence du 10.04.1924, E.A.R.). « Cette diminution de la valeur des produits alimentaires est en effet liée, de même que la métamorphose de la constitution de l’âme humaine, à la fin du Kali-Yuga dans le cosmos pendant les dernières décennies et les décennies à venir. Une grande métamorphose de l’intérieur de la nature est également imminente. Ce qui est parvenu jusqu’à nous depuis les temps anciens, ce que nous avons nous-même continué à transmettre, aussi bien en ce qui concerne les dispositions naturelles, les connaissances héritées de par la nature et autres choses de ce genre, de même que les remèdes qui nous ont été transmis, tout cela perd de son importance. Il nous faut derechef acquérir de nouvelles connaissances pour entrer dans tout le contexte naturel de ces choses. L’humanité n’a pas d’autre choix que, ou bien

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d’apprendre de nouveau quelque chose de tout le contexte de la

nature, de tout le contexte cosmique dans les domaines les plus

divers, ou bien de laisser la nature comme la vie humaine dépérir,

dégénérer. De même qu’il était nécessaire, dans les temps anciens, d’avoir des connaissances qui pénètrent réellement dans l’ordonnance de la nature, de même nous avons de nouveau besoin aujourd’hui de connaissances qui entrent réellement dans l’ordonnance de la nature ». Des indications qui nous guident vers ces connaissances qui « pénètrent dans l’ordonnance de la nature », nous en trouvons dans toute l’oeuvre de Rudolf Steiner. Le secret manifeste est celui-ci : maintenir les grands rythmes cosmiques de ce qui est en devenir et de ce qui est devenu, de la construction et de la déconstruction, de la dissolution ou séparation, et de la fixation ou coagulation, comme on disait autrefois. Le rythme entre l’esprit et la matière est l’élément médian où l’être humain peut, grâce au mystère du Golgotha, vivre et agir, lorsqu’il en prend la décision. Nous pouvons de plus nous demander quand cette impulsion de la métamorphose de la nature est apparue pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Nous trouvons la réponse à cette question dans la première conférence de l’Evangile selon Saint Matthieu (1.9.1910, G.A. 123, Editions du Centre Triades). Rudolf Steiner y décrit comment se manifeste pour la première fois en l’être humain l’intérêt qui se tourne totalement vers la terre grâce à Zarathoustra, dans la sphère de civilisation irano-persane, par opposition avec la civilisation hindoue qui se détournait du monde. Sous l’effet de cette impulsion de Zarathoustra, l’Iranien se disait : « Si nous avons été jadis en tant qu’êtres humains dans le monde spirituel, et avons connu ce qui était du domaine de l’esprit et de l’âme et que nous sommes maintenant rejetés dans le monde physique et que nous nous trouvons maintenant devant un monde que nous voyons avec nos yeux, que nous comprenons avec l’intellect qui est lié au cerveau, la raison n’en est pas seulement à chercher en l’être humain et on ne peut pas seulement surmonter ce qui doit l’être à l’intérieur de l’être humain, on n’a par là rien fait de bien considérable ! - L’Iranien aurait dit : il faut que se soit produite une transformation non seulement en l’être humain, il faut que la nature et tout ce qui est sur terre se soient transformés quand l’être humain est descendu sur terre. C’est pourquoi il ne peut être suffisant que nous, êtres humains, laissions ce qui est autour de nous tel quel et que nous disions simplement : tout est illusion, Maya, et nous-mêmes nous nous élevons dans le monde spirituel ! Nous nous transformons alors nous-mêmes, certes, mais nous

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ne transformons pas ce qui s’est transformé dans tout l’univers qui nous entoure. - C’est pourquoi il ne disait pas : au-dehors s’étend la Maya, moi-même je vais aller au-delà de cette Maya, surmonter en moi-même cette Maya et parvenir ainsi dans le monde de l’esprit. Non, il disait : l’être humain fait partie inhérente de tout le reste du monde qui l’entoure, il n’en est qu’un membre. Si donc ce qui est divin en l’être humain et qui est descendu des hauteurs spirituelles divines doit être transformé, il ne faut pas seulement que soit métamorphosé ce qui est en l’être humain, mais il faut que soit également métamorphosé ce qui nous entoure ! - Ceci donna à ces peuples tout particulièrement l’impulsion d’intervenir activement dans la transformation et la métamorphose du monde». Et plus loin : « Il nous faut le transformer de façon à ce qu’il devienne de nouveau quelque chose de spirituel... » « Si je laisse la nature telle qu’elle est, alors elle sombrera toujours plus bas : alors tout deviendra sauvage ». Rudolf Steiner a amplement renouvelé cette impulsion de Zarathoustra. Il a directement rapporté du monde spirituel et relié aux derniers témoignages des traditions occultes, sous la forme d’un élément de renouveau pour la conscience de l’humanité d’aujourd’hui ce qui, au cours des millénaires, tel un fil conducteur, s’amenuisant toujours plus, et traversant la civilisation druidique et l’action des Rosecroix, est arrivé à sa fin. C’est sans doute la raison pour laquelle, dans une conférence du 22.10.1906 (G.A. 96) sur le sujet de l’alimentation, se référant expressément aux efforts de Paracelse de « passer par l’examen de la nature », il indiqua que l’on pouvait « dès aujourd’hui installer des laboratoires» et «qu’il y en aurait à l’avenir où des théosophes travailleraient en tant que chimistes en accord avec la nature en devenir, non avec la nature déjà devenue ».

Ce qu’est la « nature devenue » se révèle aisément à tous ceux qui regardent autour d’eux dans le monde les yeux ouverts : ce sont toutes ces qualités chimiques et physiques des substances des règnes de la nature par lesquelles nous avons développé et réalisons dans une mesure sans cesse croissante l’ensemble de notre civilisation. Ce maniement exclusif de ce qui est devenu qui, dans le domaine des médicaments par exemple, consiste à isoler, à analyser, puis à synthétiser des substances actives qui, dans tous les domaines de la vie, consiste à intervenir, grâce à ces connaissances du devenu, avec des procédés relevant de la chimie et de la physique, mais ceci détruit et

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empêche toujours davantage l’interaction rythmique de l’esprit et de la matière dans le monde du vivant.

Car ce monde du vivant reste encore en harmonie avec la nature en

devenir. Celui qui veut travailler en harmonie avec cette nature en devenir doit se soucier du devenir des objets de la nature. Il pourra alors apprendre par la cosmologie anthroposophique que notre monde a été créé à partir de la chaleur divine, que dans sa descente il est passé à la dualité de la lumière et de l’obscurité, jusqu’à la triade du Soufre, du Mercure et du Sel pour en arriver maintenant aux quatre éléments : le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre. Dans cette « Terre » devenue en dernier lieu, nous travaillons dans le « devenu » parce que la « Terre » est l’élément de l’activité parvenue au repos. Nous tenterons dans ce qui suit d’exposer comment nous pouvons travailler ce devenu à l’aide des « éléments actifs » du Feu, de l’Air, et de l’Eau.

A suivre...

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Notes

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