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Dossier: ILE DE FRANCE Source: LIBERATION Date de parution: 26.01.2008 11~tde .. Frmce; la'~iê::~':: ·~IilI1osaï:quê Page 1/17

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Dossier: ILE DE FRANCE

Source: LIBERATION Date de parution: 26.01.2008

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Dossier: ILE DE FRANCE

Source: LIBERATION

es hostilités ont dé-marré. Et c'est du sé-rieux. La question duGrand Paris, portéeavec prudence parl'équipe de BertrandDelanoë pendant desannées, est devenue ex-plosive depuis que Ni-colas Sarkozy s'en estemparé. Roger Karout-chi, chef de file de

l'UMP au conseil régional d'Ile-de-France, ditpoliment que «dès le lendemain des munidpa-les», le dossier «sera le st!jet numéro 1 de l'amé-nagement du territoire». Mais le mot est faible.Car même si Karoutchi évoque «six mois pourmener une concertation entre l'Etat, les commu-nes, les départements et le consel1régional», c'estbien plutôt une baston dans les règles qui vas'engager, tant les enjeux sont lourds.Et c'est dur pour tout le monde. Surtout pourFrançoise de Panafieu, candidate UMP à la mai-rie de Paris. Elle a été victime d'une mauvaisemanière du Président lorsque celui-cia évoquéle Grand Paris comme une question à traiteravec Bertrand Delanoë, considéré commeréélu d'avance. Sarkozy avait déjà demandél'organisation d'une consultation internatio-nale d'architectes sur «lamétropole duXXIe siè-clede l'après-Kyoto». Leministère de la Cultures'en est chargé et dix équipes seront choisiesdont cinq françaises. Le tout, bien loin de lapauvre Panafku ...Mais sans Paris non plus. Le chef de l'Etat con-vie la fine fleur de l'architecture au-dessus dela tête de tous les élus locaux, sans qu'on sachetrop à quoi le résultat servira. Mais on s'endoute :arriver à l'automne avec des idées. Carà cette période, le gouvernement réunira unCiadt (comité interministériel de l'aménage-ment du territoire) consacré à la région pali-sienne. Au menu: quelle structure créer?

Lî créatioll d'tl11eentité regrollpantla capitale etune centainede COllllll11nesdevrait redessinerla calte politiquede toute la région.Récit d'unebataille au cceurdes nl11IDcipales.La communauté d'agglomérations modèlecourant ne convient pas pour ce cas horsnorme. il fàudra sans doute en passer par la loipour élaborer une nouveauté juridique. Etfixer gouvernance et financement. PierreMansat, adjoint (PCF) de Bertrand Delanoë,rappelle que «dans les quatre départements dela première couronne 50% de la taxe profession-nelle est encaissée par Paris et lesHauts-de-Seine,qui représrotent 35 %de la population». Il va fal-loir répartir autrement le magot.Lâcher des sous pour les autres n'a pas été lapratique de Nicolas Sarkozy lorsqu'il était pré-sident des riches Hauts-de-Seine. Bertrand De-lanoë le souligne à tout va, et insiste sur lessommes que la Ville de Paris est prête à consa-crer au projet de rocade de métro de premièrecouronne, qui ne passera pas sur le territoireparisien.'

Date de parution: 26.01.2008

Mais la carte majeure du maire de Paris, c'estson ancienneté sur la question. Dès 2001. lacapitale a renoué le dialogue avec les villes voi-sines, tandis que Pierre Mansat, chargé de cedossier, élaborait la conférence métropoli-taine. Depuis 2006, plusieurs réunions ont eulieu, ostensiblement boudées par la plupartdes élus UMP. Cela ne les arrange pasaujourd'hui: comment plaider son intérêtpour la métropole quand on a boycotté le seullieu où on en parlait?Lucide, Roger Karoutdù a fait un récent viragesur l'aile en expliquant que les élus de droitepourraient fréquenter désormais une confé-rence métropolitaine dans laquelle Paris pèse-rait moins. Comment? Mystère. Puis, avecFrançoise de Panafieu, ils ont tenté de repren-dre la main, en proposant lundi dernier «unsyndicat mixte ouvert» entièrement fondé surla bonne volonté: ne viendraient que les com-munes qui le veulent, pour les projets qu'ellessouhaitent, dans les financements qu'ellesfixeraient librement.Les élus UMP annoncent un colloque sur leGrand Paris le 28 février. Pendant ce temps-là,la Conférence métropolitaine tiendra des Assi-ses de l'agglomération, manière pour la gau-che parisienne de garder la longueur d'avancequ'elle a côté réflexion.Reste le président de la région ile-de-France,Jean-Paul Huchon (PS).La structure de métro-pole pourrait -elle se faire aux dépens de la ré-gion? Lui s'inquiète en particulier des velléitésde créer une autorité des transports dédiéeseulement au centre de l'agglomération. Quedeviendrait alors le Syndicat des transportsd'Ile'de-France (Stif) qu'il préside? «Pastoucheaux instruments qui marchent», résume son en-tourage. Par ailleurs, Huchon continue à plai-der pour un «polycenttisn1e».Une organisationautour de plusieurs grands pâles. En clair,l'in-verse exact d'un Grand Paris.

..{>, TDNIND SERAFINI ET SIBYLLE VINCENDDN

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Par Laurent )offrin

LabatailleEn lle-de-France, NicolasSarkozy a trouvé samartingale. Elle se nomme«Grand Paris». Pour fairepièce à la domination à sesyeux insupportable dela gauche sur la régionparisienne -le scintillantDelanoë à la mairie de Paris,le compétent Huchon à .la région - pourquoi ne pascréer une troisièmestructure qui videraitles deux autres d'une grandepartie de leurs pouvoirset, au terme d'un savantdécoupage électoral,tomberait dans l'escarcellede la droite frandlienne ?Leprojet a l'apparence dubon sens. Paris est engoncédans le périphérique et larégion est en partie rurale. IIfaut donc, pour coordonnerle développement urbain, àl'instar de ce qui existe àl'étranger, créer uneinstance métropolitaine quiaurait la haute main surl'organisation de la plusgrande conurbation deFrance. L'ennui, c'estqu'outre la transparence dela manœuvre politique, ledossier se compliquequelque peu sur le fond. Lemaire de Paris a déjà tissédes liens avec ses communeslimitrophes. Quant àJean-Paul Huchon, dontl'efficacité à la tête de larégion et le sens del'ouverture politique sontreconnus jusque par sesadversaires, il fait valoirqu'une coordinationfrandlienne devraitenglober les neuf millionsd'habitants qui vivent enmilieu urbain ainsi que lespôles de développement dela région, seraient-ilsextérieurs au futurpérimètre du «Grand PariS».

Aussi bien, dit-il, ladistribution de l'eau, leramassage des ordures oules transports sont déjàl'objet de regroupementsqui donnent satisfaction.Autrement dit, avec unepensée symétrique de celledu Président, il dessine unensemble fort proche danssa composition de l'actuellerégion lle-de-France.Serait-ce très rati<1nneld'empiler les structures,alors que la coopérationentre celles qui existent peutaboutir au même résultatau moindre coût? Ou bienfaut-il souscrire à ladispendieuse et habileoffensive sarkozienne ?«Grand PariS»contre«Grande Régiolll>...Labataille commence.

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prioritaires

Date de parution: 26.01.2008

Palis et la prenlière COllrorn1econç(~ntrent ressentit::l des problèmes.LOGEJ1EN] la grande panneLJyers inabordables, prix de l'immobilierexplosif~, mée des demandeurs au;'( gui-chets des HLM. manifestations et campe-ments de mal-logés: tous les dignotmts dulogement sont au rouge en Ile-de-France.Lediagnostic de pénurie n 'est contesté parpersoillle. La crise dure depuis une bonnequinzaine d·années. ,ŒneaUmente le senti-ment de mai de vivre des FranC!1iens»,recon-naît Roger Karoutchi, ministre chargé desRelations avec le Parlement et chef de file

de l'DMP au conseil régional. Mais un.cons-tat s'impose: les pouvoirs publics (à com-mencer par les maires et l'Etat) n'ont jus-qu'à présent rien entrepris de sérieux pourremédier à Wle situation alarmante.il manque au bas mot200000 logementsen I1e-de-France. La pénurie alimente lahausse des prix, et 370000 ménages sontinscrits aux fichiers des demandeurs deHThlAlors que la construction est rep<uue par-tout (431 000 logements mis en chantierl'an dernier dans l'Hexagone), l'Ile-de-France reste à l'écart de ce mouvementavec seulement 36834 logements lan.césen 2006. L'lle-de-France détient désormaisle bonnet d'âne en matière de construc-tion: elle produit 3 logements par an pour1000 habitants, contre 8 à 9 dans la plu-part des autres grandes régions (Rhône-Al-pes, Midi-Pyrénées, Bretagne, Languedoc-Roussillon. Pays-de-Loire, Aquitaine). où

les élus locaux semblent lm peu plus cons-cients de la nécessité de loger leurs habi-tants. La semaine dernière plusieurs asso-ciations d'aide aux mal-iogés mais aussides syndicats de salariés (CFDT,CFE-CGC,CGI) sont montés au créneau pour «dénon-ce: l'intolérable inertie» des pouvoirs pu-blics. Dans leur texte, ils rappellent que,dans la plus riche des régions françaises,«desfarm11es vivent à l'hôtel pendant des an-nées», ,·des fi uvailk1trs pauvres dorment dansleur voituro et des sans-tù11i restent à la rue».Au-delà des dégâts sociaux qu'elle provo-que, cette pénurie risque d'entraver le dé-veloppement économique de la région.(11.1elleentreprise aura encore envie de s'yétablir si ses salariés ne peuvent pas se lo-ger? il n'est pas à exclure que des entrepri-ses déjà instiillées en Ile-de-France finis-sent par se délocaliser dans des régionslimitrophes, où la situation de t'habitat estmoins dramatiqu,e. Lors de sa cérémoniedes vœux pour 2008, le président du con-seil régional, Jean-Paul Huchon, a racontéqu'il avait organisé récemment une ren-contre avec des chefs d'entreprise sur lethème «économie, recherche et enseigne-mentl>. Mais à sa «grande surprise», cetteréunion a (<Vitedévié sur la question du loge-ment et des transports». Les patrons lui ontdelllalldé: (<Commentpouvez-vous nous aiderà loger nos salariés?» Si le Sdrif(Schéma di-recteur de la région lle-de-France) prévoitbien la réalisation de 60000 logements paran pour faire face aux besoins, sur le ter-rain,les maires n'ont aucune obligation defaire. Focalisés sur la défense d'égoïsmeslocaux, nombre d'entre eux construisent.peu voire pas du tout. Et cette situationdure depuis l'adoption des lois de décen-tralisation. En la matière, l'lle-de-France abesoin d'une autorité responsable quiprendrait à bras-le-corps ce dossier.D'aucuns considèrent que la créa- •••

$.«0 tion d'un Grand Paris doté d'unecompétence logement serait une réponsepertinente à la situation d'incurie actuelle.

ARC EXPRESSun métro périphérique~our l'instant, ce n'est qu'un projet. Laréa-lisation d'une ligne de trallSport de rocade,autour de Paris, n'en est même pas encoreau stade des esquisses. Le tracé reste à des-Siller. On ne sait pas davantage quels se-ront les localités desservies, le nombre destations et la distanèe d'une station à uneautre. Néanmoins, un budget de 4 millionsd'euros pour procéder à des études a étévoté à l'urlanimité en décembre dernierpar le conseil d'administration du Stif(Syndicat des trallSpOrts de l'lle-de-Franceprésidé par Jean-Paul Huchon, le patron PSde la région). Ce projet désormais inscritau Sdrif est jugé «indispensable» par la trèsgrande majorité des élus franciliens.Baptisé Arc Express, cette ligne type mé-tro-RER circulaiJ:e, distante de 3 à 5 km dupériphérique parisien (voire plus) desservi-rait les départements de la petite cou-ronne (Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Sei-ne-Saint-Denis). C'est un projetstructurant puisqu'il s'agit de faciliter lesdéplacements de banlieue à banlieue, pa-rent pauvre des trallSpOrts collectifs fran-ciliens. Arc Express viendrait contrecarrerla configuration en étoile des lignes SNCF,métro et RER d'lle-de-France, qui conver-gent toutes vers le centre de Paris. Pour al-ler d'lme banlieue à l'autre, la capitale estgénéralement un passage obligé. Arc Ex-press est du coup une alternative pourceux qui utilisent la voiture, pour ce typede déplacements, faute de trallSportS col-lectifs pertinents.

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francaise de Panafîell ~t BertrandDelanoë prévoient tous deuxla construction de tours.

Cette ligne circulaire, en partie souter-raine et en partie à ciel ouvert, ferait 50 à60kilomètres. "Si l'on retient un coût réalistede constnution de l'ordre de 100 à 150 mil-lions d'euros le 1a1omètre,ça coûterait environ7,5 milliards», souligne Jean-Paul Huchon.L'investissement est énorme, et le prési-dent du conseil régional appelle de sesvœux l'Etat à se réengager dans le finance-ment de ce type d'infrastructures. Arc Ex-press serait réalisé par étape. Pour l'ins-tant, seule la réalÜ,ationde deux «arcs»va

faire l'objet d'études: le tronçon sud-estdans le Val-de-Marne(entre Val-de-Fonte-nayet Cachan)et le tronçon nord-<mesten-tre le quartier d'affaires de la Défense et lazone d'activité de la Plaine-Saint-Denis.

1 DES TOURS en bordure de Paris«j'assume.» Bertrand Delanoë a choisi lacampagne des municipales pour briser letabou des tours à Paris.Depuis l'arrêt desconstructions d'immeubles de grandehauteur au milieu des années 70, aucuncandidat à l'Hôtel de Ville n'osait faire dece dossier un thème électoral de peur d'ylaisser des plumes. Après une première ettimide tentative d'imposer à sa majoritél'ouverture d'un débat sur la «question deshauteurs», Delanoë avait été contraint àune marche arrière, sous lapression de sesalliésVerts-cohésion de lamajorité muni-cipale oblige. Lors de l'adoption du PLU(plan local d'urbanisme), le maire avaitmême dû accepter une réduction du coef-ficient d'occupation des sols(COS),c'est-à-dire le nombre de mètres carrés construc-tibles sur un terrain à bâtir. Dans les 'lAC

(zone d'aménagement concerté), quiéchappent au droit commun, Delanoëavait encore dû plier et accepter dans cemême PW un plafunnement des construc-tions à 37 mètres de hauteur maximum,sous la pression conjuguée des groupesUMP,Vert et Modem.Mais ce n'était que partie remise. En2006, le maire de Paris est revenu habile-ment à la charge en mettant en place ungroupe de travail composé d'élus pari-

siens de toute appartenance«chargé de réfléchir aux nouvel-lesformes urbaines». Cegroupea·fait plancher onze équipesd'architectes, sur l'aménage-

ment de trois zones proches du périphéri-que: porte de la Chapelle (XVIlle),porte deMasséna (XIIIe),porte de Bercy (XIIe).Pour Jean-Piene Caffet, l'adjoint (PS)aumaire chargé de l'urbanisme, ces sites«sont adaptés pour monter en hauteur. Situésà proximité de la Seine, du périphérique oud'emprises ferroviaires, ilsolfrent desdégage-ments mannes». Lesarchitectes ont renduleur copie le 21 novembre dery1i.er.Ber-trand Delanoë a jugé, que les esquissesconcernant Massena "dessinent des perspec-tives intéressantes qui méritent d'être apprO'-fandies». Surce site, les architectes ont ima-giné des immeubles de 20 à 50 mètres dehauteur pour les logements, et jusqu'à150mètres pour les tours de bureaux'côtépériphérique. Leprojet devrait voir lejourquel que soit le prochain maire; la candi-date UMPFrançoise de Panafieu a inscritdans son programme la construction de500000 mètres carrés de surfaces dédiéesaux bureaux, à l'artisanat et aux commer-ces, par le biais de programmes immobi-liers comprenant notamment des tours.

·;;W}';· TONINO SERAFINI

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Les huitdépartementsfranciliens

Population

Densité

Chômage 186,9 %

",' 1188000ln hab.

Densité 1658 hablkmz

Chômage Il5,6 %

Date de parution: 26.01.2008

Densité 949 112

Pœ 411,081416.74

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Région: les défisd'

TraJ.lsports, Grand Paris, SdriL pro~ès.:.1 Le président d'Ile-de-France a fort a faITe.

tée en interne, 111par Karoutchi [chefde l'op-position UMP,ndh'jnipar Je FN»,plaide Hu-chon. Qui n'exclut pas de se représenteren 2010 aux prochaines régionales, unefois sa peine effacée ou effectuée, afin dene pas trop s'affaiblirpolitiquement enin-terne. «Dans cenul de strausskahnien, Marie-Pien-e de la Contrie est perçue comme "tropparisienne". C'est Jean-Paul Planchou, à latête du gTOupel'S, qui tient la carde. nest dis-cret mais ily pense. Le reste du groupe est ato-misé entre melanchonistes, fi1biusiel1set ségo-listes ... >" détaille un élu.Signede son ambition, Jean-PaulPlanchoudonne parfois du fil à retordre à Huchon.«fl lui lait des coups péndables en retoquantdes de1ihérations au milieu de la nuit, commeSLlr 171eoergementdes SDF; une façon de mon-trer ses muscles», raconte un élu.Huchon setrouve aussi en position délicate dans lebras de fer entre l'Etat et Delanoë à Parissur le dossier sensible du Grand Paris. ((Larégion est en panne, à cause de l'inquiétudeSLlr sonavenir», tade un adjoint de Delanoë,«et iln'est pas en position defarce pour négo-cier avec l'Etat l'adoption du schéma directeurd'aménagement d'fle-de-France».Grand Paris. Ses ennuis judiciaires pas-sés,Jean-Paul Huchon pourrait se retrou-ver face à un nouveau défi. Que pèsera eneffet le président de région face au futurpatron du Grand Paris? «Nicolas Sarkozyconçoit le Grand Paris comme une structurepem1ettant de renv~er la région au mggasindes accessoires. Et de prendre le pOL/voirsurParis dans l'après-Delanoë. n crée le bouton,mais n'appuie pas dessus car ilne veut per-sonne qui puisse lui faire de l'ombre à droite»,analyse Francine Bavay,vice-présidenteVerte.Pour résister à ce projet où Sarkozyet Delanoë avancent de concert, Huchonprône un développement régio~al «poly-centrique». Un contre-feu certamementinsuffisant.

Cf est tout leparadoxe de la si-tuation de Jean-Paul Hu-chon. Ami-mandat, le pré-sident socialiste de larégion lle-de-France étaitbien parti pour engrangerles fruits de sagestion. S'af

franchir de son image techno d'ancien di-recteur de cabinet de MichelRocardàMa-tignon, et s'imposer comme le chef derégion le plus connu après SégolèneRoyaldans son Poitou-Charentes. «Dans les son-dages qualitatifs, à la question "qui est le pa-tron 7", 54% des FmndIiens répandent Hu-chan, soit 33 points de plus qu'en 2004explique Patricia Blanchard sa conseillèreen communication. La région, ce n'est pasglamOL/r, mais c'est proche de la vie quoti-dienne.»Les livres de classe gratuits pour les ly-céens, les transports collectifs gratuitspour les RMistes, le festival Rock enSeine ... c'est Huchon. La présidence dutout-puissant Syndicatdes transports d'ne-de-France (Stif),.un budget de rechercherégional supérieur à celui de l'Etat(350000chercheurs dans sept pôles ultra-compétitifs), le financement de 20 à 30%des équipements publics des commu-nes ... toujours lui.Pasun des quinze vice-présidents de l'exé-cutif régional qui ne salue lagouvernancede ce rocardien bosseur et bonhomme:({C'est un excellent président consenSLLeI,OL/vertà la disCLiSsian,extrêmement humain»,assureJean-VincentPlacé,patron desVertsfranciliens. «n n'est pas directif ni autori-taire.Je peux compter nos divergences sur lesdoigts d'une main Lesgens sous-estiment tou-jours Jean-Paul»,complimente à samanièreJulien Dray,vice-président chargé de la sé-mrité et député de l'Essonne. «En bon ro-cardien, Huchon sait élargir les majorités,l'opposition de droite vote 80% des dossiers»,assure son cabinet.SuppUce. Seulement patatras. Le 5 juinprochain il yale procès en appel. En fé-vrier 2007, le tribunal de grande instancede Paris a condamné Jean-Paul Huchon àsix mois avec sursis et un an de pri- "" •.

* $ $ vation de ses droits civiques. Sonépouse, régisseur et intermittente du spec-tacle dans le cinéma, travaillait pour unesociété bénéficiant d'aides de la région. Lejugement en appel sera probablement misen délibération jusqu'en septembre. S'iln'est pas relaxé, Huchon devrait se pour-voir en cassation, ce qui ne suspend pasl'exécution de la peine. Laquestion de sadémission se poserait donc dès cetautomne.Paradoxalement cette affaire a donc beau-coup fait pour augmenter sa notoriété.Beaucoup de Franciliens ont découvertHuchon à la barre, assurant qu'il avait re-trouvé sa femme au Festival de Cannessans savoirce qu'elle y faisait.Un supplicepour Huchon qui continue de plaider sabonne foi quand la reconnaissance d'unmanque de rigueur et des excuses luiauraient sans doute valu une simple tapesur les doigts. Au lieu de quoi, il se re-trouve sur un siège éjectable pour une af-faire sans commune mesure aveccelledesmarchés truqués des lycées,qtÙavait con-traint Michel Girault, son prédécesseurRPR,à démissionner.Avenir. Aujourd'hui, l'avenir d'Huchonreste tabou. "On n'en parle pas jamais avecluietjamais entre nous», assure Marie-Pierrede la Gontrie, première vice-présidente.«Moi, je travaille. L'affaire n'a pas été expIoi-

"En bon m;~rdi~n,~'lJ.çh~"sait élsrgil""té-lllmajérités;L'opposition de cjroitevote 80e/o des dossiers,!}

Un membre de son cabinet

<' . MATTHIEU ÉCOIFFIER

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Source: LIBERATION Date de parution: 26.01.2008

A droite,espère tenir jusqu'en 2010Leprésident du groupe lJlVIPtîent la corde. Sans enthollsiasmer.

Roger Karoutchi n'en doute pas, le«candidat naturel» de l'UMP auxélections régionales de 2010, c'estlui. «Ledossier Ile-cIe-France, c'est moiet moi tout seul qui leporte. Je connaistoutes les communes, tous les elus mele disent: "Roger, c'est ton tour, çafait

cinq ans que tu rames''», assure le président dugroupe UMP de la région lle-de-France, par ailleursmIDistre chargé des Relations avec le Parlement.De fait, sur les bancs souvent clairsemés de l'UMP,il est souvent le seul contradicteur du présidentHuchon lors des séances de l'assemblée régionale.La droite francilienne ne veut surtout pas repro-duire le scénario de la dernière élection, celle de2004, dont elle garde un très mauvais souvenir.Sur fond de guerre ouverte entre chiraquiens etsarkozystes, la composition de la liste avait tournéau psychodrame. Jacques Oùrac avait d'abord im-

posé son protégé Pierre Bédier avant de le rempla-cer, pour cause de mise en examen, par Jean-Fran-çois Copé. Les ultimes arbitrages avaient étérendus dans le bureau du conseiller spécial de Jac-ques Chirac, Jérôme Monod. Le député UMPClaude Goasguen, furieux, avait à l'époque dé-noncé une «Saint-Barthe1emy des libéraux». Quantaux sarkozystes, eux aussi écartés, ils allèrent par-fois jusqu'à soutenir en sous-main la liste concur-rente du centriste Santini.«Apparatchik)). En 2010, les élus veulent croireque Nicolas Sarkozy saura imposer un peu plus dediscipline à la droite francilienne. Ce n'est pas ga-gné. Car déjà, le député-maire de Meaux. YvesJego, porte-parole de l'UMP, fait savoir qu'il est luiaussi candidat à la candidature. Et il se juge mieuxarmé pour permettre à son camp de reprendre larégion: «Personne ne peut s'autoproclamen, protes-te-t-il. Face à <<l'apparatchilo>Karoutchi, il se pré-

sente en «candidat du terrain» qui peut se prévaloird'avoir arraché à la gauche une ville et une cir-conscription. Anticipant sur de possibles avancéesdans la constitution d'un Grand Paris. Jego se posepar ailleurs en candidat de la grande banlieue, enélu des territoires où se situent les possibilités dedéveloppement de la région.Lancer les primaires, à deux ans d'une échéancequi ne passionne pas les foules, est-ce bien raison-nable? Le conseiller régional et député UMP Fré-déric Lefebvre. proche de Sarkozy, trouve «trèsbien que tous les talents s'expriment». Mais il souli-gne qu'il peut encore, d'ici 2010, «sepasser des tasde c1wses».Avec le débat sur le Grand Paris et d'es-prit d'ouverture» qui pourrait selon lui souffler en-core longtemps, Lefebvre voit venir «des majoritésd'idées surprenantes». Et donc le troisième hommeou femme qui mettra tout le monde d'accord.

ALAIN AUFFRAY

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s•.... ,.' ... .

des Franc· ensRural provincial, parisien ou ba11lieusard,les visages du Francilien sont aussinlultiples que les paysages qu'il côtoie.Des pOli:es de la Bourgogne allX confins dela NOlTI1andie, nous avons arpenté la régionà la recherche de son identité. RepoItage.

- .:--' u'est ce qu'un Fran-cilien? Quelqu'un

1 qui habite dans unpaysage en semi-al-terné. Autour de

, lui, des champs suc-

~

cèdent aux forêts,des pavillons cô-toient des barresd'immeubles. Puis

•. ccul'estlaEvillt'e majus

t-

e ... commens'y sent-il? «Comment je m'y sens? Bien», ré-pond-il. Pour développer, nous avons tracéune ligne imaginaire de Bray-sur-Seine, aufin fond de la Seine-et-Marne (à 90 kilomè-tres au sud-est de la capitale), jusqu'à Bon-nières-sur-Seine, (69 kilomètres de Paris, àl'ouest).

Cap à l'ouestLepériple débute en voiture, un matin dedécembre. Pour rejoindre Bonnières, il fuutdépasser Mantes, longer les grandes chemi-nées de la centrale de Porcheville. A l'en-trée de Bonnières (4000 habitants), une filed'attente à l'arrêt de bus pour aller à Poissy(Yvelines). L'lle-de-France, c'est une campa-gne qui se racornit. (<C'étaitplus campagneque maintenant», explique Yolande devantde petits immeubles HlM de quatre, cinqétages. Elle habite Bonnières depuis 1952.Yolande n'aime pas tellement «Paris».C'estcomme ça qu'elle nomme Bois-Colombes,tout près de la capitale.

NicoÎas sart de sa ~oiture. il vit dans un pa-villon à Freneuse. Le «vieux» Freneuse.«Dans les arbres. C'est tranqUl1le,j'ai rien àredire.» En bus, il met quarante minutespour se rendre au travail: «Jesuis pas pari-got,je suis pas de la banlieue, je suis entre lesdeux.» Quand Nicolas part en vacancesdans le sud, il explique à ceux qui lui de-mandent où il vit: '<jesuis parisien. Ça situeplus que de dire un petit bled.»Au bar de l'Hôtel du Cheval BlancFace à la mairie, on boit des kirs, de "' ••••

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Les banlieusards jugent ceux de Bonnièrescomme des campagnards. ({T'es un bonbouseuJC c'est pas une lu.mten, estime l'un.Non, rétorque un autre: ffUn Parigot quia les moyens, il a une maison de campagnedans notre secteuLii

Dossier: ILE DE FRANCE

Source: LIBERATION

" "" la bière, du café. Le patron lance àun client: <<Adrien,tu te considères com-ment?» L'intéressé répond un tonitruant:«Yvelines!» Tarik explique que les banlieu-sards jugent ceux de Bonnières commedes campagnards. Le débat s'anime, àl'autre bout du comptoir. On entend un«t'es un ban bouseux, c'est pas une honte». Ta-rik s'amuse. il ne croit plus du tout qu'onse moque des gens d'ici. «Un Parigot qui ales 11U!Yens,il a une maison de mmpagne dansnotre secteur.»Thrik se trouve «bien situé parrapport aux Parisiens». Un client conclut:«Onest en banlieue. Pas en grande banlieue.»Dans la zone pavillonnaire, Anicette, re-traitée, nous parle de loin derrière sa bar-rière, puis elle se rapproche peu à peu.L'identité, c'est flou. «Jene vais pas dire jesuisfrancilienne. Je suis de l'fle-de-France. A lalimite, de la Normandie.» Anicette se définitcomme une 4ille de Mantes» où elle est née.Ogurcan et Ayoub, 13 ans, sont enfants deBonnières. ils grimpent un es-calier qui mène à leur - petite-cité. Pour eux, l'identité qu'onse donne est fonction de l'âge.ils disent «barilieue»et les vieuxplutôt «campagne». Les plusgrands qu'eux, ceux de 20 ans,disent «bledpaumé». Pour Ogur-can et Ayoub, Mantes, et même Paris, sont

1 bien trop grands. ils ont peur de s'y perdre.La sortie de Bonnières est une zone d'amé-nagement concerté (ZAC).Peu garnie enmagasins, elle s'appelle les «Portes de l'ile-de-Francell. Au-delà, des champs, un autrevillage. Un campement de gens du voyage.La départementale est bordée d'arbres.Grande descente, puis c'est Rosny-sur-Seine. Ralentisseurs. De petits panneauxsignalent commerces et activités.On suit «Dubois horticulteur»Une poignée de voitures attend la réouver-ture après la pause déjeuner. Dans uneserre, Patricia et Chantal, employées, sontassises. Elles se disent «ntrales». Mesurent

les envies de nature des gens qui viennentacheter plantes et arbustes. fleurir, un an-tistress. «Ilsont besoin de toucher la !erre.»Pourtant, la terre est là, autour. Samedidernier, Patricia a vu deux chevreuils.Chantal Gacem, responsable commer-ciale, ne se considère pas spécialement<<rUrale».Elle préfère le vocable «banlieueverte». Elle prévient du danger de resterdans la «routine de la mmpagne». Chantal sesent proche des facilités parisiennes.Quand elle se rend dans le Calvados lesvoisines disent à sa mère: «Votrefille de Pa-ris, eUeest venue.»La ferme de ChristianLe chien Oash aboie, au milieu des pouleset des dindoris, il essaie de débusquer unecanne qui couve. Christian Lecoq est agri-culteur «ntrbain». Ses terrains sont dansl'OIN·(Opération d'intérêt national) il esten ZAD(zone d'aménagement différée). Ledimanche, il chasse le sanglier, à sa «porte».

Mais la ville entre sur ses terres. Avant, saferme se trouvait en centre-ville. <<Traverserla RN13 avec quinze vaches, on ne pouvaitplus gérer cela», dit-il. il retrouve des serin-gues et des voitures brûlées, parfois une àdeux par mois. Son identité d'agriculteur?Il ne revendique pas la vallée de la Seine.La terre est polluée. Devant lui, deschamps en pente (120 hectares) bordés parune forêt (1500 hectares). Plus loin, la forêtde la Butte-Verte, (100 hectares) est coin-cée entre le chemin de fer et l'autoroute.Eric, employé en espace vert, est à côté dela tronçonneuse. Selon lui, à cause des voi-tures, «la couleur des feuilles n'est pas lamême».

Date de parution: 26.01.2008

Mantes, devant un centre commercial!A quelques centaines de mètres du bois,un centre commercial de Mantes. Deuxjeunes filles attendent devant le coiffeur.On leur parle identité. Elles rétorquentdes: «barilieuepourrie», «banlieue ghetto». El-les disent qu'ici les filles ne peuvent pasmettre de minijupes sans se faire dragueret traiter de salopes. Trois jeunes se mêlentde la conversation. L'un d'eux lance: «Vousêtes journaliste? Vous pouvez me dire com-ment on fait pour avoir leur numéro de telé-phone [aux filles, ndlr].» Passée la (jolie) col-légiale de Mantes, on longe la Seine.Autoroute A 13. Aux Mureaux, le plein à lastation Total. La caissière, coincée entre labretelle d'autoroute et les barres nous con-fie un surréaliste: «En ce qui me concerne,pour moi, ici, c'est la campagne. j'adore lacampagne.»Retour à ParisParis, place de la République. Mahaut, pay-

sagiste, ne se dit <pasParisienne.Cela m'angoisse. Je dis que j'ha-bite Palis. Parisienne, cela relèvede l'identité, être à Paris, c'est yvivre». Elle dit qu'elle adore laville, mais qu'elle s'est fait un«Paris à [son] échelle». Elle nepourrait pas rester dans la capi-

tale si elle devait faire ses déplacementsautrement qu'à vélo. Son travailla mènesouvent en lle-de-France. Pour elle, ce sontdes villes «qui nt' vivent pas en or'bi~parrap-port à Paris». Comme ces habitants deMantes, avec qui elle travaille. "Pour eux, jesuis la Parisienne. Eux, ils sont de Mantes.»L'Ile-de-France, selon Mahaut, c'est,«la lu-mière du ciel», quelque chose qu'on netrouve pas à Paris.A Bray, en train, en bus, à piedDeux semaines plus tard, 7h45, gare del'Est. Départ vers Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne), 2600 habitants. aux confins del'ile-de-France. Pour y aller en transportsen commun, il faut prendre le train jus~

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qu'à Nangis, puis un bus -le dernier partde la gare à 8 h 45. Bray est frontalier avecl'Yonne et l'Aube. L'ile-de-France, depuis lagare de l'Est, c'est la nuit. On longe degrands hangars, des trains vides et à l'ar-rêt, des gares où l'on ne s'arrête pas. Unedemi-heure plus tard, champs verts. A lagare de Nangis, le bus pour Bray (pas indi-qué) arrive avec un seul passager. On parleau machiniste: «Id, c'est la campagne sansêtre la campagne. Lesgens ne sont pas stressésde la même façon.» il passe devant chez lui,klaxonne sa fenmle: «Tiens, eUeest encorelà ?»et lâche: «Pour tout l'or du monde, je neretournerai pas rue de Turenne [dans leIlle arrondissement de Paris] /»A l'agence immobilière GilLebus nous dépose à Bray. «Vous n'avez pasintérêt à rater le dernier», a prévenu lechauffeur, le matin. «Onest ravitaillé par lescorbeaux et as volent sur le dos», confirmeune dame. Claude Devrine est retraité, unvrai Braytois. il a, vis-à-vis des nouveaux ar-rivants, un regard étonnant: «Ilscroient quec'est Paris. fls se pensent en banlieue. fls de-mandent à queUe heure a y a un train.» Al'agence immobilière Gil, les annoncessont libellées: «Vue sur la campagne>! ou«arnoul'eux de la nature», Fabienne et Natha-lie remarquent que des gens vendent aubout d'un an «parce que c'est trop loin».Ellesont choisi de «sereculer, choix de qualité devie». Sinon, «l'fle-de-France, c'est toutes lescommodités d'irifrastructures. On n'a rien detout cela id, on ne se sent pas la même appar-tenance». A faire les trajets, les gens s'épui-sent, disent-elles. Elles aussi «cavalent». Lesamis qui viennent pour une visite, «au lieude passer une journée, ils restent trois jours».Frédérique et les Vélib'Ginette, 83 ans, accroche des graines auxoiseaux. Ses voisins décollent à 5h30 etrentrent à 20 heures. «Cen'est pas le mêmemonde», dit Ginette. Pas son monde à elle.Ni celui d'Arnaud, qui fait 160 kilomètrespar jour pour se rendre à son travail, lit" Il

"' ••• à Savigny-le-Temple, avec sa BXdie-sel. Arnaud promène son berger alle-mand. il commence son travail cet après-midi: "Au niveau de lafatigue ça commenceà faire mab Mouy-sur-Seine, village de300 habitants, de l'autre côté du pont.L'employé des services techniques a laisséson vélo, pas attaché, devant la mairie.C'est comme ça id. Lasecrétaire de mairie,Frédérique 35 ans, dit qu'elle est «habituéeau calme». Elle ne se rend à Paris, qu'unefois tous les cinq ans. Arrivée à la «porte»,èlle laisse la voiture à son mari. «Avec lesWho', lesgens prennent des risques insm'\és.»

. Lès pavillons de BrayBray dispose de sa petite zone indus-trielle, avec des pavillons fraîchementconstruits. Viviane, d'origine antillaise,s'est installée dans l'un d'eux. Elle vient

d'Evry. Evry, pour elle, "c'est la banlieue».Ce qu'elle a le plus apprécié ici, c'est lecalme. Viviane travaille dans une mu-tuelle à Paris. Viviane n'aime ni·Patis ni lafoule. Comme Stéphanie 30 ans, qui vi-vait, elle, à Créteil. Cela fait deux mois queStéphanie habite là. "Paris ne m'attire plusdu tout, reconnaît-elle. Les gens ,sont tropénervés. Tous ces immeubles. ToU$-ces murs,c'est vraiment trop différent, Id, Onrevit. Onest moins stressés, moins fatigués.»Ala compagnie d'ambulam:,esEric a garé sa péniche le long de la Seine. ilmonte et descend le fleuve au gré des com-

Date de parution: 26.01.2008

mandes. Ici, en trois semaines,il a dragué l'équivalent de vingtbateaux de sable (250 tonneschacun) à Bray. Il avoue qu'ilpréfère stationner ici qu'à «Pa-

ris»,comprendre GenneVilliers où, parfois,la «racaille détache les cordes» de sa barge.«Où a y a de la place, c'est mal famé.»Eric préfère la compagnie des clochards.«Unepetite bouteille, une petite pièce, et leba-teau est SU11lCl1!é»,résume-t-il. Paris, Cathe-rine qui tient une société d'ambulances,confie qu'elle a besoin d'y aller de tempsen temps. «Pour être dans le monde, et dansdu monde qu'on ne connaît pas», précise-t-elle. Samedi dernier, Catherine y est alléefaire une marche de 25 kilomètres.Retour«Ladernière fois que j'ai pris1e train à Nangis,

je l'ai attendu trois heures», dit le seul occu-pant de l'autocar -repris à Bray- quicompte lès montées. A nouveau, on estseul. Le chauffeur: «S'ily a personne à l'ar-rêt, je m'arrête pas. C'est pas des bus de laRATP, ça, c'est des autocars.» On traversedes charpps, labourés, une forêt (Crécy)on croise'des chasseurs, et on arrive chezDisney.Dans le RER, des voisines discutent sur letemps qu'elles passent dans les trans·ports. «Sije suis enceinte, trois heures, je nepourrai pas les faire. n faut que je me rap-proChe», souffle cette jeune femme. Unecasquette à l'envers écoute du rap sur sontéléphone, en haut-parleur. Deux heuresplus tard, on est gare de Lyon.

DIDIER ARNAUD

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Un économiste et un géographe analysentle .rapport entre balÙÎeue et capitale.

«TI n'y ajéll]laiJeu d' •.• te

en TIe-de-France»

, économiste Gilles Rabin et le géo-graphe Luc Gwiazdzinski ont ef-fectué en 2005 un périple à pieddans la première couronne, dontils ont tiré un livre: P6iphéries. Unvoyage cipied autour de Palis. Col-

lection "Carnets de ville}),l'Harmattan, 252 pa-ges. Ils en ont rapporté leurs impressions.

Que vouliez-vous montrer en faisant votrerandonnée?G.R. Notre idée était d'effectuer un tour de labanlieue à pied et à un autre rythme, pouréprouver la ville et relire ses lignes de fractures,ses tensions et ses potentieL. Nous voulions par-tir sans préjugés à la P'l1 .ontre des usagers de lapériphérie, reposer ;,Fscm"nr les questions decohésion et de droit à la ville, montrer que labanlieue était plurielle, loin des stéréotypes Dela Défense à Courbevoie, on a d'abord découvertune signalétique et des publicités surclimension-nées adaptées aux seuls automobilistes. La com-munication est d'ailleurs tTès ciblée selon quevous soyez au cœur ou sur les marges. Pour lalingerie de charme par exemple, on passed'Aubade à Paris à Lise Charmel en banlieue.L.G. A pied, on est sursaturés de ces messagescommerciaux géants. Par contre, lorsque l'onentre dans Paris, tout paraît bien réglementé,policé. En banlieue, il n'y a pas de signalétiquepiétonne et il est parfois difficile de se diriger etde passer d'tme commune à l'autre car les planslumineux mettent en avant chaque communecomme si c'était une île séparée du reste, sans

lien. On a parr ois eu l'impression que la ban-lieue était considérée comme un lieu de stoc-kage pour tout ce que la capitale ne veut pas ouplus: hôpitaux, maisons de retraite, stationsd'épuration, cimetières. Stockage de popula-tions en attente également. Friches, locaux enattente d'une future poussée.G.R. En banlieue il y a parfois davantage de cou-leurs. C'est plus coloré, pour le meilleur et pourle pire. Dans une commune du Val-de-Marne, ilsont peint des murs et des trottoirs en jaune et enrose.y a-t-il la même notion du temps?L.G. Il est difficile de généraliser. On est dansune ville à plusieurs temps. Nombre de maga-sins mettent en avant la vitesse et l'urgence(Speed quelque chose, Fast autre chose). Commes'il y avait urgence. C'est le plat surgelé qui est

le symbole de la banlieue. ou plutôt d'une cer-taine banlieue. Quand on marche en journée, ilreste surtout des personnes âgées, des jeunesscolarisées, des personnes qui semblentdésœuvrées et des commerçants de proximité.On a presque des rythmes provinciaux Lesautres sont au travail, reviennent le soir et labanlieue se réanime. 300000 personnes sortentdésormais de Paris pour travailler en banlieuemais 700000 vont encore dans l'autre sens. Unegrande partie des banlieusards votent là où ils,dorment, et non là où ils vivent.'La région lIe-de-France a-t-elle une unité?G.R. C'est une mosaïque en évolution sous l'em-prise du processus de métropolisation. La ban-lieue non plus n'a pas d'unité, même si on nepeut pas oublier la pulsation parisienne quidonne le la à ce large territoire. Pour les gens qui

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y vivent, c'est un espace de vie, de travail, de loi-sirs à géométrie variable et de plus en pluséclaté qui vous condamne à la voiture. On a lesmeilleurs transports en commun à Paris. Maisen grande banlieue, il n'y a pas eu un linéaire derail posé depuis trente ans. Souvent les gens sedisent oubliés, délaissés.L.G. Ce sentiment d'abandon est d'autant plusinsupportable qu'on est à proximité d'un pôledont on voit les lumières briller. il fuit beaucoupplus nuit en banlieue qu'au centre. Pas de com-merces ouverts, pas de lieux gratuits ouvertspour se réunir. Et pourtant des gens habitent là i

avec les mêmes envies et besoins que les autres ;sans doute. Paris est-il toujours Paris? On peutvivre à côté de la capitale en n'y allant jamais.On a rencontré des familles qui se rendaient àPalis le dimanchè, pour se promener et voir latour EiffeLEn ile-de-France, Paris ne fuit pas spé-j'cialement envie. Les gens parlent souvent de Pa-ris comme d'un endroit où ils ne veulent plusaller. L'attraction vers la capitale. qui pouvaitsembler une évidence, ne l'est pas. il y a desfonctionnements qui ne regardent pas vers Pa-ris. On peut se demander si d'une certaine fa-çon, certains habitants n'ont pas fait leur deuilde Paris. Compte tenu des difficultés, certainsbanlieusards se sont peut-être résignés: de toutefaçon, estiment-ils, «cen'est pas pour nous, c'esttrop cher». C'est pourtant là que se trouvent lajeunesse, l'énergie et la créativité que rechercheParis pour rebondir. Nous croyons que les mar-Iges peuvent devenir des cœurs.

Recueilli par "b"" DIDIER ARNAUD

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rav:à Paris,

••Vivreen'b •euelënl0igl1ages de Franciliens abonnésallX transports ell COlll111UI1.

A Joinville, «je suis chez moh)Paul, 31 ans

Je suis arrivé à Paris il y a cinq ans pour y travailler. Jedeoarquais de Bretagne. Evidemment, j'ai commencéà chercher un appartement à louer près de la gareMontparnasse, l'endroit où j'avais le plus de chancede retrouver des «compatriotes». Sauf qu'à part deschanlbres de bonnes mansardées ou des trucs un peucrades, je ne trouvais pas vraiment dans ma gammede prix. J'ai rapidement fait le constat que mettre plusde 700 euros tous les mois dans un loyer sans rienavoir au bout du compte était ridicule. En plus, à plusde 25 ans, je me trouvais un peu vieux pour continuerà vivre dans un studio. J'ai donc cherché un apparte-ment à acheter, m.m en banlieue, pas la peine de viser«l'intra-muros» quand on est célibataire. Et j'ai trouvéun trois-pièces sympathique à Joinville-le-Pont dansle Val-de-Marne. Evidemment je me tape pas mal detransports pour aller bosser mais au moins je suischez moi et je ne me fais pas racketter tous les mois.Je travaille dans une banque à la station Saint -Geor-ges. Le matin j'ai donc un peu moins de quarante-cjnqminutes de trajet.Je prends le RERA en gare de Join-ville. J'ai un changement à la station Opéra. De là jeprends la ligne 7 du métro jusqu'à la station Le Pele-tier. nois bons quarts d'heures donc que j'occupe enécoutant de la musique. Le seul inconvénient est qu'àmon arrivée, je trouvais fàcilement une place assise,

et que depuis deux ans environ je suis toujours de-bout collé aux portes. il faut croire que nous sommesplusieurs à avoir eu l'idée de l'exil

C.C A Vincennes,«une maison, un jardin))Géraldine, 29 ans

J'habite dans une maison à Vincelmes. Mon ami y ha-bitaitquand nous nous sommes connus. Une maison,un jarclli"1,pour moi qui suis née dans le 93 et ai habitépendant quatre ans intra-muros, le choix a été vitefait. C'est une qualité de vie supérieure. Jl' suis près dubois de Vincelmes, le week-t'nd c'est très appréciablepour se détendre. Pour aJlefiïéJ'mmer,je dois prendredeux métros. Le premier su' Li 1, je descends àNation, où je reprends la :> pour descendre àBonne Nouvelle. J'en ai pour trente minutes environmais comme je commence à 9 h 151e matin et que jetermine vers 18h30 le soir, le trajet n'est pas troplourd. J'ai l'iPod üuje lis. En plus, j'ai une collègue quifait le même trajet que moi. alors on papote aussi unpeu. Cette distance entre la maison et le travail meperolet de débrancher un peu tant que ça n'excèdepas la demi-heure, je vis ce temps comme une transi-tion nécessaire et bénéfique. Sauf quand il y a des pro-blèmes de transport. là c'est une autre histoire.

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CC A Courbevoie, «en famille»Alexandra; 33 ans

J'ai toujours vécu intra-muros, étant parisiefi1Jc di'naissance. Mais il m'a faIlu quitter la capitale pD!>.1

partir en banlieue, Nous avons acheté enjuUl un ;:p-partement il Courbevoie. Nous logeons dans 80 mI.Je n'ose même pas imaginer Je prix que nous aurionsdû mettre pour avoir la même supntide dans Pans.Nous avons deux enfants, cela a joué forcément, s'exi-ler était moins gênant. La vie in!Ta-muras ne me man-que pas vraiment, avec deux enflmts les occasions desortir le soir sont réduites, Cest vrai que n'la viE'a radi-calement changé par rapport à celle que je menaisintra-muros, lei, le soir, c' est mort, mais comme nousne sOltons plus". J'ai quar<mte minutes de trajet lematin. De Défense à rue de Grenelle. Je prends la li-gne 1, je descends à Concorde où je prends la ligne 12.Bizan-ement. il ne me faut pas beaucoup plus detemps qu'avant pour aller bosser. On peut habiter enbanlieue et avoir des temps de trajet identiques à ceuxdes Parisiens. J'ai en plus lm avantage, le matin je parsà contre<ourant, résultat je suis toujours assise,

C( A Cachan, «une vie de quartien)Gwenaëlle 36 ans

Je travaille sur les Champs-Elysées, arrêt de métroGeorge-v. Habitant à Cachan, je prends le RER B à Ba-gneux, je change à Châtelet les Halles. J'en ai pourquarante<inq minutes le matin. Je dépose mes deuxfilles à l'école à 8h45 et je file à la station.J'ai un ho-raire décalé d'nne demi-heure le matin spécialement.Par contre le soir, je repars vers 18 heures et là montrajet dure plus longtemps car il y a plus de monde.Ce qui me pèse le plus est la foule bien sÛTmais aussiles incidents voyageurs, assez courants sur le RER B.On prend facilement trente minutes de retard. Maismon chef comprend. Je suis en zone 3 niveau tarifica-tion RAlP, ça me fait donc un peu plus de 70 euros parmois, On y gagne toutefois sur le prix du loyer. Monmari est né à Cachan et ne veut pas quitter sa ville. Jesuis une provinciale, je n'avais donc pas d'idée pré-conçue sur la banlieue et la vie là-bas, Je préfère mavie de quartier à l'anonymat de la grande ville. Je meretrouve plus facilement. j'aimerais bien que montemps de trajet descende à trente minutes. Travaillantdans le secteur des ressources humaines je me disaussi que, d'ici quelques années, je pourrai peut-êtrepasser au télétravail. Le week-end, j'évite au maxi-

l mum les transports en commun et j'essaie de ne pasl trop bouger de chez moi.

...........STÉPHANIE PLATAT

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en finit avecle périphérique

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Les initiatives visantà Ïntébyrer lesIneilleurs élèvesdes ZEP se lllllltiplientà Paris et en banlieue.Souvent avec succès.

ostumeet cravate noirs, che-mise blanche, Antony, en pre-mière professionnelle au lycéede Bondy, paraît d'abord unpeu emprunté au micro: (<Jenesuis pas tous lesjours comme ça,mais c'est jeudi, la journée pro-

fessionnelle au lycée oÙl'on doit avoir une te-nue impeccable.» Puis il raconte tout l'inté-rêt d'être dans une classe expérimental~:«L'andernier; on afait un voyage d'études auSénégal, on a eu des journées d'orientationavec des responsables d'entreprise qui ve-

naient présenter leur secteur; on afait aussides yisites sur le terrain et une simulation derecherched'emploi, et puis le 11 juin, on a pré-sentéle Bourgeois gentilhomme au Théâtredes Champs-Elysées. Jouer devant nos fa-mt1les, on n'aurait jamais imaginé.»Sciences-Po. Antony, en section techni-ques de vente, fait partie du millier de ly-céens de Seine-Saint-Denis engagés dansdes classes expérimentales, la plupart deseconde mais aussi de première. Cinq ly-cées de l'académie de Créteil (plus celui deCreutzwald, en Moselle) participent à l'ex-périence mise en place à la rentrée 2006.L'idée a été lancée par le président deSciences-Po, Richard Descoings, au lende-main des événements de novembre 2005dans les banlieues: les lycéens issus desquartiers peuvent réussir aussi bien queles autres. Mais sans accès aux lieux de cul-ture, ils n'ont pas les mêmes chances.Aussi faut-il leur proposer des pédagogiesinnovantes. Vingt-quatre entreprises etsept universités et grandes 'écoles organi-sent aujourd'hui des conférences dans ceslycées expérimentaux, fournissent des tu-teurs, financent des sorties et des voyagesd'élèves jusqu'en Chiner etc.La banlieue parisienne, plus exactementles quartiers défavOlisés, est aujourd'huiun lieu d'innovation pédagogique, et à

bien des égards d'excellence. En 2001,Sciences-Po y a lancé les Conventionsd'éducation prioritaire: elles ouvrent auxbacheliers issus des ZEP une voie d'accèsparallèle à l'lEP (Institut d'études politi-ques) de Paris. L'initiative a d'abord été cri-tiquée. On prend les meilleurs élémentsdes cités et on ne fait rien pour les autres,reprochent les lms. C'est de la discrimina-tion positive, accusent les autres.Aujourd'hui ces Conventions ne font plusdébat. Depuis 2001, 133 lycéens de Seine-Saint-Denis ont intégré Sciences-Po. Deuxpromotions sont même déjà sorties. (<Ima-ginez le retour des diplâmés dans leurs quar-tiers et l'tffet d'exemple», souligne Cyril Del-haye, chargé du programme à Sciences-Po.Verrou. Chaque année, de nouveaux ly-cées demandent à entrer dans le dispositifCeux qui y sont cherchent à ouvrir desclasses prépas, souvent liées à des écolesproches, comme si un verrou avait sautéet avec lui tous les complexes. Dans les ly-cées expérimentaux, les équipes ont notéplus d'assiduité, moins de redoublement,un meilleur rapport élève-professeur,«avec de grands bonjours dans les couloirs»."Ça ne sert pas à grand-chose d'ouvrir de vas-tes campus à la périphérie et de les entourerd'une barrière, ilfaut travam dans le tissulocal», explique Richard Descoings.Sans vouloir faire la fine bouche, certainstempèrent toutefois cet auto satisfecit,rappelant que toutes ces expériences res-tent très minoritaires et largement emble-matiques. Aux côtés de l'Etat, la région ne-de-France joue un rôle clé: depuis 1998,elle consacre un milliard d'euros par an àl'immobilier et à l'équipement des lycées-ordinateurs et clés USB, amphis et sallesde sports, machines ultramodernes pourles sections professionnelles, etc. «Quandon leur donne quelque chose de bien, ils le res-pectent, souligne Elizabeth Gourevitch,chargée des lycées au conseil régional.parfois je fais même choisir la couleur des cou-loirs.» La région soutient aussi des pro-grammes contre l'échec scolaire. Pour lesplus méritants, elle accorde aux boursiersqui ont décroché une mention Très bienau bac une bourse de 2600 euros par ansur cinq ans.

Projets. L'enseignement supérieur pro-gresse aussi en banlieue. Sciences-Po -en-core lme fois- projette d' OUVlirun secondcampus à Créteil qui accueillerait2000 élèves. Les candidats à l'lEP de Parispasseraient un examen unique et se re-trouveraient rue Saint-Guillaume ou à Cré-teil, selon la spécialité choisie et l'annéed'études. Mais il faudra attendre un peu. Ledossier est entre les mains du ministère del'Enseignement supérieur qui va statuersur la faisabilité et surtout sur les moyensalloués pour réaliser un tel projet.Plus ambitieux encore, lme Cité des scien-ces sociales et des humanités devrait voirle jour à Aubervilliers, sur le site des an-ciens Magasins généraux. La région y a al-loué 40 millions d'euros dans son contratde projets Etat-région. «Nous sommes trèsintéressés dans le cadre du Pres Nord [Pôlede recherche et d'enseignement supé-rieur, ndlr] , explique Marc Lipinski,chargé du supérieur au conseil régional,nous avons dqà à Saint-Denis la Maison dessciences de l'homme et le Cnam [Conser-vatoire national des arts et métiers], lesuniversités de Paris-VIII-Saint-Denis et deVilletaneuse. Et bientôt une antenne deParis-IIviendra à la Chapelle. Tout celapour-mit constituer un pôle reconnu au planinternational».

VÉRONIOUE SOULÉ

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Page 17: Source: LIBERATION Date de parution: 26.01.2008 11~tde ...ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/54/07/70/libe-grandparis2601.pdf · Date de parution: 26.01.2008 Mais la carte majeure du maire

Dossier: ILE DE FRANCE

Source: LIBERATION Date de parution: 26.01.2008

perdupart

i Ses 3000 habitants nepèsent pas lourd faceà l'aéroport et ses55 1l1illiol1Sde visiteurs.

uand on péllt de République, prendre laligne 5 (orange) du métro parisien. Des-cendre à la station gare du Nord. Pren-dre le RER B (il s'appelle rmer) qui re-monte la banlieue par le nord: LaCoul11euve, Drancy ... Dans le wagon,l'autoradio vivant et roumain gra-

touille à l'alto un «temps des fleurs)) fané. Descendreavec tous les vacanciers à Charles-de-Gaulle aéropOlt.Epreuve de slalom entre les valises et les sacs à dos de70 litres. Direction, à pied, la gare routière. De là, at-tendre une navette de bus, navette spéciale, tellementspéciale d'ailleurs qu'elle passe toutes les trente mi-nutes, le midi. Descendre, enfin, à l'arrêt Roissy-Vil-lage. Une poste, un petit Casino, une mairie annexe,place du Pays-de-France. Vous y êtes. Durée totale duparcours: une heure et quinze minutes. CoÙt dutransport aller-retour: 17,90 euros. Pour moins cher-14,50 euros-, et plus rapide -une heure et deux mi-nutes -, le même voyageur, de moins de 25 ans, auraitpu se retrouver devant une cocotte de motùes Grand-place de Lille ... Sauf que la capitale des FIandres nefait pas le poid,. Elle n'a pas accueilli, elle, 55 millionsde visiteurs en 2007 et n'envisage pas de passer le capdes 80 millions pour 2012.Gaulois. Roissy, son aéroport -bloc de béton mondia-lement connu-, ses incessantes rotations, ses voya-geurs venus du monde entier. .. Une boucle de gira-toire plus loin, et sous le même code postal, sonmoleune douce francilienne aux petites maisons roses ouvanille, hauteur limitée à trois étages. Un petit villagegaulois qui sent bon la campagne d'autrefois, sous clo-che d'avions gros porteurs. Lebourg revient de loin.Quand l'aéroport se plante à Roissy en 1974, la com-mune est exclusivement agricole, «lépreuse»qualifiemême André Toulouse maire depuis 1977.Vieilles ba-raques d'ouvriers paysans sans confort, chauffage aucharbon, et toilettes au fond de la cour. «Q!wndj'ai dé-buté mon premier mandat, le village comptait 1250 habi-tants, et seulement quatre à dnqjeunes cOllpleS.»Levillage est alors classé en zone d'aménagement dif-féré de l'Etat (ZAD).il commence petit à petit à passeraux mains de la République qui envisage au passagede le rayer de la carte. Une résistance s'organise, lemaire met son mandat dans la balance. La ZAD finitpar passer aux mains de la commune qui rachètealors certaines maisons pour les réhabiliter. Roissy-en-France se développe un peu, obtient au bout de troisannées de combat un plan d'occupation des solsqu'AéroPOltS de Paris (ADP)et l'Etat lui refusaient jus-

qu'alors. Le maire reconnaîtaujourd'hui «avoir veaucoupsOllffert» du manque de rela-tions avecADP, ,cilsn'ontpasvo-cation à déVelopper le relationnelavec les communes avoisinantes.ils sont assez peu curieux, davantage orientés business».Bruit. Une communauté de communes voit le jour,pour faire contrepoids à la toute puissance de la ma-chine aérienne. Ils sont aujourd'hui près de 3000 ha-bitants à Roissy village. Ils ne pourront pas être beau-coup plus. Il y a trois ans, un classement en plan degêne sonore a interdit à la commune de bâtir davan-tage pour les particuliers. Résultat, une flanlbée des

prix de l'in1rnobilier roisséen, malgré l'avion et sesdésagréments, un studio en location s'affiche à600 euros par mois. Et le plus beau est qu'il trouvepreneur, 50 % des açtifs de Roissy travaillent pour laplateforme avec souvent des horaires décalés; d'oùl'utilité de vivre juste à côté.Fleurs. Mais il n'y a pas que ça. La commune est suré-quipée: une piscine, quatre cours de tennis, une pati-

noire le temps des vacancesd'hiver et top du top de l'utile,un boulodrome couvert. Pres-que trop. dl ftwt bien que lesRoisséens aient une contrepartiedes nuisances de Charles-de-

Gaulle. n assure du tmvml aux habitants et amc1iore leursçonditions de vie>"justifie le maire, particulièrementfier de ses impôts locaux particulièrement bas. Avecplus de 450 entreprises sur la commune, les revenusde la taxe professionnelle passent dans les fleurs et lemobilier urbain.Si l'interdiction de construiTe de l'habitat paniculierest tombée, on continue à empiler joyeusement les

parpaings des futurs hôtels, Unique en France etpeut-être même en Europe, l'allée des vergers,3500 chanlbres d'hôtel sur 3,5 km de route. C'est lecôté Vegas du village. La ville assure 150000 nuitéespar an. Pour divertir ce public étranger, un office detourisme a été créé et élabore des city tours pourvoyageurs échoués. Le petit Casino est particulière-ment bien fourni en vins français et dévalisé à cha-que descente d'avion. L'ouverture récente d'une bou-tique de souvenirs from Pmis fait tout de mêmesourire. Le classement du village en commune tou-ristique depuis cette amlée va permettre aux com-merçants d'ouvrir le dimanche, mais sur ce dossier,rien n'est encore gagné etIes visiteurs anglophonesdevront encore se contenter un moment dUlllarchéde dewe expos,mts (volailler et fleuriste et encore pastoujours). «Nous avons tout fait, conclut le maire, pOllrque les haNtants O'ublientl'aéroport.» S'il n'était lepas-sage d'un avion toutes les quatre-vingt-dix secondeset les «scrouitch-scrouitch» des roulettes de la valisec!'UIle hôtesse de l'air sur le pavé roisséen.

STÉPHANIE PLATAT

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