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Carlo M. Cipolla Sources d'énergie et histoire de l'humanité In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 16e année, N. 3, 1961. pp. 521-534. Citer ce document / Cite this document : Cipolla Carlo M. Sources d'énergie et histoire de l'humanité. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 16e année, N. 3, 1961. pp. 521-534. doi : 10.3406/ahess.1961.420740 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1961_num_16_3_420740

Sources d'Énergie Et Histoire de l'Humanité - Carlo M Cipolla - 1961

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  • Carlo M. Cipolla

    Sources d'nergie et histoire de l'humanitIn: Annales. conomies, Socits, Civilisations. 16e anne, N. 3, 1961. pp. 521-534.

    Citer ce document / Cite this document :

    Cipolla Carlo M. Sources d'nergie et histoire de l'humanit. In: Annales. conomies, Socits, Civilisations. 16e anne, N. 3,1961. pp. 521-534.

    doi : 10.3406/ahess.1961.420740

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1961_num_16_3_420740

  • DBATS ET COMBATS

    Sources d'nergie

    et Histoire de l'Humanit

    Est-il permis un historien que proccupent depuis longtemps les problmes conomiques du pass, de prsenter, ses risques et prils, un rsum rapide de l'histoire entire de l'humanit ? Le dessein de cette esquisse est fort simple : trop simple, peut-tre, mais nous avons voulu attirer l'attention des historiens sur un aspect de la vie cono

    mique fondamental et certainement trop nglig 1. La vie, les activits de l'homme dpendent des sources d'nergie

    dont il dispose. Faute d'nergie, pas de vie, pas d'activits cratrices. Certes l'nergie n'est pas le seul facteur en jeu : l'eau, certaines matires premires, le sol fertile, les possibilits de communication, l'existence d'un climat supportable, voire un milieu social et culturel dynamique et favorable ce sont l d'autres lments, et tous essentiels. Mais les disponibilits d'nergie reprsentent la base ncessaire l'organisation de la matire et tout dveloppement de l'histoire des hommes. Ceci dit, je voudrais dmontrer rapidement que l'utilisation des diffrentes formes d'nergie reprsente, en fait, le fil conducteur d'une histoire matrielle de l'Humanit et que les deux grands tournants de cette longue histoire, la Rvolution Nolithique (que j'appellerais plutt agricole) et la Rvolution Industrielle, sont mieux expliqus et dfinis par ce nouvel aperu.

    Tout ce que l'homme consomme est de l'nergie transforme : nergie chimique, les hydrates de carbone, protines, matires grasses indispensables sa vie physiologique. Dpense d'nergie encore, le chauffage, l'clairage, les transports, la fabrication de produits manufacturs, le fonctionnement des machines.

    Pour tenir compte des diffrentes formes d'nergie, le choix s'impose

    1. Pour une premire orientation, W. Ostwald, Energetische Grundlagen der Kulturwissenschaft, Clipaig, 1909 ; E. W. Zimmermann, World Ressources and Industries, New York, 1951, chap. 5 ; F. Cottrell, Energy and Society, New York-Toronto- Londres, 1955 ; Europe's Growing Needs of Energy, . . . ., Paris, 1956, p. 13 ; H. Thirring, Energy for Man, Bloomington, 1958.

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  • ANNALES

    d'une commune mesure qui permettra les comparaisons ncessaires, ce qui ne va pas sans difficults. Ainsi la calorie, quivalent de la quantit de chaleur ncessaire pour augmenter d'un centigrade la temprature d'un litre d'eau distille, est utilisable, bien que la transformation des diffrentes valeurs nergtiques en quivalents caloriques, dans une unit de mesure unique, s'effectue seulement de faon trs approximative, avec une large marge d'erreur 1.

    Soit donc, la calorie, unit de mesure. L'tre humain peut s'alimenter c'est--dire se maintenir en vie et travailler condition de disposer, sous forme de protines, d'hydrates de carbone et matires grasses, d'une quantit de calories qui oscille entre 2 000 et 3 900 par jour, selon son ge, son poids, son sexe, sa profession, et enfin le climat dans lequel il vit. Mais cette quantit d'nergie ne suffit pas. S'alimenter n'est pas tout. Au-del de ce minimum vital, une grande quantit de calories est encore requise pour la satisfaction d'autres besoins plus ou moins essentiels avec lesquels on ne saurait cependant trop transiger. Rcemment, un calcul du besoin moyen en calories, par an et par homme, a donn les rsultats suivants, sous les rserves 2 :

    Tableau I CONSOMMATION PAR AN ET PAR HOMME

    AU POINT DE VUE NERGTIQUE

    Aliments Fibres Combustibles

    Electricit Matriaux de

    construction . . Fer Mtaux non

    reux Papiers et

    duits similaires

    Besoin

    2 000-3 100 cal. par jour 3-10 kilos par an 100-5 000 kilos de charbon

    quivalent par an 200-2 000 kwhr. par an

    200-2 000 kilos par an 20-200 kilos par an

    5-50 kilos par an

    10-50 kilos par an Total

    Calories ncessaires par an

    8.0-10.7 X 105 1.2-5 X 10*

    7.2-36 X 10e 1.7-17 X 105

    ngligeable 3.4-34 X 10*

    3.7-37 X 10*

    4.20 X 10* 1-4 X 7

    1. Pour cet article, nous nous sommes fonds sur les quivalences suivantes : 860 calories (Kcal) environ = 1 Kilowatt /heure (Kwh) ; 1 Kwh = 103 Watts /heure (Wh) ; 1 megawatt /heure (mWh) = 1 000 KWh = 106 Wh.

    2. R. L. Meier, Science and Economie Development, New York-Londres, 1956, p. 10.

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  • SOURCES D'NERGIE

    De tels calculs sont videmment trs approximatifs. L'auteur de notre tableau se donne d'ailleurs un champ de variation large entre une limite basse et une limite haute. Le schma n'est donc qu'une esquisse. Dans les socits primitives, l'homme a consomm beaucoup moins de calories que n'en indique le minimum signal ci-dessus ; de leur ct les socits industrialises les plus avances ont tendance dpasser les limites de consommation nergtique que propose l'hypothse la plus large. En fait, ces chiffres donnent, au plus, une ide approche des niveaux moyens d'nergie qu'exigent nos socits civilises.

    La quantit d'nergie qui est en rserve dans l'univers est pratiquement infinie. Pour l'homme, le gros problme est de contrler cette nergie puis de la transformer conomiquement dans des formes utiles, au moment mme o il en a besoin. D'o le rle des convertisseurs. Que le lecteur me pardonne ce mot. J'aurais pu dire machine, mais le terme et prt confusion. J'appelle convertisseur un objet qui recueille telle ou telle forme d'nergie et la transforme en une autre forme, du type requis et au moment voulu : une machine vapeur par exemple est un convertisseur transformant une forme brute d'nergie le charbon en une nergie mcanique utile. Bien entendu, toute transformation d'nergie entrane des consommations et des pertes, l'nergie utile obtenue est toujours moindre que l'nergie employe au dpart. Le rendement technique d'un convertisseur s'tablit d'aprs le rapport arithmtique entre nergie employe et nergie utile produite. Bien souvent, plusieurs transformations successives sont ncessaires, et les pertes s'ajoutent les unes aux autres x. Par exemple, dans le cas du charbon (nergie chimique) transform en vapeur, qui est ensuite transform en nergie lectrique, qui est enfin transforme par exemple en nergie mcanique. Une suite de transformations de ce type entrane des pertes globales de l'ordre de 80 % de l'nergie utilise l'origine.

    Or, plantes et animaux sont des convertisseurs naturels. Les plantes, par le processus de photosynthse, transforment l'nergie solaire en nergie chimique. L'homme peut utiliser cette nergie accumule les hydrates de carbones et les protines vgtales en consommant les plantes. Ou bien, brlant les plantes, il se servira de cette nergie sous forme thermique. Les animaux au travail sont des convertisseurs transformant l'nergie chimique les hydrates de carbone et protines des fourrages en nergie mcanique ; consomms leur tour comme viande de boucherie, les animaux servent alors transformer les fourrages en nergie chimique protines et graisse animale ayant pour l'homme une plus haute valeur nutritive.

    Plantes et animaux impliquent eux aussi, comme tous les convertisseurs, des pertes d'nergie. Une partie de l'nergie employe, est, en effet,

    1. Etude sur la structure et les tendances de V conomie nergtique, C. E. C. A.

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  • ANNALES

    consomme par les plantes et les animaux pour leur vie mme. Quant aux animaux de trait, leur travail comporte une forte perte d'nergie sous forme de chaleur.

    Bref, l'homme mange-t-il une plante ? Il utilise une quantit d'nergie qui n'est qu'une fraction seulement de l'nergie solaire employe par cette mme plante x. S'il mange de la viande, il utilisera son profit une quantit d'nergie reprsentant une fraction seulement de celle que l'animal a absorbe partir des plantes dont il s'est nourri. Autrement dit, lorsque l'homme consomme de l'nergie sous forme de protines animales, il consomme un produit grev d'une perte cumulative en raison des taux de rendement des deux convertisseurs successivement employs 2. Voil la raison pour laquelle une quantit donne de calories cote moins cher sous forme d'hydrates de carbone que sous forme de protines animales 3, une des raisons aussi pour laquelle les peuples pauvres consomment moins de viande que les peuples riches.

    L'homme est aussi un convertisseur d'nergie ; il consomme de l'nergie chimique sous forme d'hydrates de carbone, de protines, de matires grasses ; il produit de l'nergie utilisable sous forme d'nergie nerveuse et mcanique. L'esclavage est une forme institutionalise de l'exploitation de l'homme dans sa qualit mme de convertisseur produisant de l'nergie mcanique. Et calcul en ces termes, l'homme a un taux de rendement oscillant en moyenne entre 10 et 25 %, suivant le genre de travail, la vitesse laquelle le travail est accompli, le degr de spcialisation du travailleur *.

    Pour une meilleure comprhension de l'histoire gnrale de l'utilisation nergtique, il convient donc de classer les diffrents convertisseurs dont l'homme se sert en deux grandes catgories : les convertisseurs biologiques l'homme mme, les plantes, les animaux et les convertisseurs artificiels machines vapeurs, moteurs explosion, centrales hydro-lectriques, installations atomiques, etc..

    1. Cf. l'intressant Revenue and expenditure account for a leaf, de Brown et Escombe cit et comment par C. Alsberg, Chemistry and the Theory of Population, Stanford, California, 1948, p. 130-132.

    2. Il a t calcul par exemple que pour obtenir une quantit donne de calories grce aux levages bovins, il faut une tendue de terrain dix fois plus grande que celle ncessaire pour obtenir la mme quantit de calories par la culture du mas.

    3. Cf. M. K. Bennett. The World's Food, New York, 1954, notamment le chapitre 8 concernant les Food-Price Relationships at Retail Level .

    4. Cf. M. Pyke, Industrial Nutrition, Londres, 1950, p. 27 ; et J. Amar, The human motor, Londres, 1920, pp. 186-198.

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  • SOURCES D'NERGIE

    Ce cadre admis, si l'on observe l'humanit depuis ses dbuts jusqu'aujourd'hui, son histoire apparat foncirement rpartie en trois grandes priodes, de longueurs fort diffrentes.

    Depuis l'apparition de l'homme, c'est--dire, depuis un million d'annes environ, et pendant des centaines de millnaires, les seuls convertisseurs que l'homme ait connus et employs, ont t ceux que la nature lui offrait spontanment, c'est--dire les convertisseurs biologiques : plantes, animaux, hommes. Il s'en servit de faon parasitaire. Les hommes de la pierre ancienne ne connurent ni l'agriculture, ni l'levage ; chasseurs, pcheurs, ramasseurs de fruits, de baies, d'herbes sauvages, l'occasion aussi cannibales, ne connaissant pas les moyens de produire l'nergie, ils s'efforaient d'en saisir ou d'en capturer, la manire des animaux de proie x. Cette manire d'oprer ne livrait l'homme que de faibles disponibilits et, d'une faon dangereuse, discontinue.

    Durant toute cette interminable premire priode, des dveloppements culturels je veux dire techniques se produisirent assurment. Mais la nature fondamentale du rapport homme-sources nergie ne changea pas. Les progrs techniques des hommes de la pierre ancienne dans le travail de la pierre et du bois, la fabrication d'armes ou de piges, le perfectionnement de systmes de chasse tous ces pas en avant ne concernaient aprs tout que l'efficience de l'homme animal de proie. Ces dizaines de milliers de squelettes de chevaux, ce millier de squelettes de mammouths trouvs respectivement Solutr, en France et Predmost, en Tchcoslovaquie, constituent un terrible, un saisissant tmoignage de l'efficacit des grands chasseurs de l're palolithique.

    Donc pendant toute cette priode premire de son histoire, l'homme demeura essentiellement un parasite. Ses possibilits restrent limites par la quantit existante de ces convertisseurs biologiques d'nergie ; l'homme avait, en fait, une influence ngative sur ces ressources nergtiques. Plus il tait efficace, plus il les dtruisait. Chaque dveloppement contenait en soi les germes d'une auto- destruction.

    La premire grande rvolution, la rvolution nolithique, est reprsente par la dcouverte de l'agriculture et de l'levage 2. Prhis-

    1. Parmi les nombreux ouvrages sur ce sujet, cf. les travaux dsormais classiques de J. G. D. Clark, Prehistorie Europe : The Economie Basis, Londres, 1952, et H. Breuil-R. Lantier, Les Hommes de la pierre ancienne, Paris, 1959.

    2. Sur la rvolution nolithique et sa vritable signification de grande rvolution technologique augmentant la disponibilit d'nergie de l'humanit, voir V. Gordon Childe dans ses diffrents ouvrages : Man makes Himself, New York, 1955 ; What happened in History, Harmondsworth, 1957 ; The Dawn of European Civilisation, New York, 1958 : The Prehistory of European Society, Harmondsworth, 1958.

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    Annales (16e anne, mai-juin 1961, n 3) 8

  • ANNALES

    toriens et anthropologues sont aujourd'hui d'accord pour admettre que les premires expriences de domestication des plantes et des animaux eurent lieu au Moyen-Orient aux environs des Xe et VIIe millnaires avant Jsus-Christ, en Egypte et dans la rgion qui correspond peu prs l'actuelle Palestine et au bassin du Tigre et de l'Euphrate x. La rvolution nolithique partit de cette zone, puis se rpandit travers le monde entier. Il semble mme que cette diffusion fut facilite du fait que cette dcouverte se rpta indpendamment chez diffrents groupes humains du globe 2.

    Aprs cette rvolution, la vie matrielle de l'homme demeurait cependant toujours presque exclusivement dpendante des convertisseurs biologiques. Mais l'homme apprit en produire, donc en augmenter la quantit. Ainsi tait ouverte la premire brche dans le bottleneck , dans cet empoisonnant obstacle tout accs vers des niveaux de vie diffrents de celui des animaux. Du jour o l'homme devint agriculteur ou leveur ou les deux la fois son contrle sur le monde extrieur s'affermit ; de destructeur, il devint producteur-destructeur : ce moment-l, une premire civilisation technicienne commena.

    Cette nouvelle phase, agro-pastorale, ne commena donc pas au mme instant pour tous les peuples. Vers l'an 5000, elle est en Afrique septentrionale et dans l'Europe danubienne, mditerranenne et occidentale 3 ; entre le Ve et IIIe millnaire la voil arrive dans l'Inde et en Chine 4 ; entre le IVe et IIe millnaire av. J.-C, elle se manifeste en Amrique du Sud et en Amrique Centrale 5. Mais dans certaines parties de l'Amrique du Nord, elle n'tait pas encore faite au temps de Cook. Pour les Eskimos et certaines tribus africaines, elle n'tait pas commence au dbut du XXe sicle. Cependant on peut dire qu'en 2000 av. J.-C,

    1. F. E. Zetjner, The Radiocarbon Age of Jericho , dans Antiquity, 120 (1956), pp. 195-1957 ; R. J. Braidwood, Primitive Man, Chicago, 1957 ; R. J. Braidwood, Jericho and its setting in Near Eastern History , dans Antiquity, 122 (1957), pp. 73- 81 ; K. M. Kenyon, Reply to Professor Braidwood , dans Antiquity, 122 (1957), pp. 82-84 ; K. M. Kenyon, Earliest Jericho , dans Antiquity, 33 (1959), p. 7.

    2. Les anthropologues et les archologues amricains sont aujourd'hui presque tous d'accord sur le fait que l'agriculture eut une origine autonome dans le continent amricain. Certains estiment mme que la dcouverte autonome de l'agriculture eut un autre centre d'irradiation dans les zones des moussons en Asie sud-orientale.

    3. Dans l'ensemble, cf. : V. Gordon Childe, The Prehistory of European Society, cit, chapitres 2 et 3; S. Piggott, The Neolithic Cultures of the British Isles, Cambridge, 1954 ; J. Iversen Land Occupation in Danmark's Stone Age dans Danmarks, GeolisUe Undersgelo'se, 66 (1941), II, Kaekke ; L. R. Nougier, Les Civilisations Cam- pigniennes en Europe Occidentale, Le Mans, 1950 ; G. Bailloud, Les Civilisations nolithiques de la France dans leur contexte europen, Paris, 1955 ; F. Zeuner, Dating the Past, cit, pp. 72-109.

    4. W. A. Fairservis, Excavations in the Quetta Valley, West Pakistan , dans Anthropological Papers of the American Museum of Natural History, volume 45, par- tie 2, New York, 1956, p. 356 ; W. Bishop, The Neolithic Age in Northern China , dans Antiquity, 7 (1933), pp. 389-404.

    5. J. B. Bird : Pre-ceramic Cultures in Chicama and Viru, dans American Antiquity, 13, 4e partie, II (1948), p. 28 et A.L. Kroeber, Summary and Interpretation, dans A reappraisal of Peruvian Archaelogy dit par W. C. Bennett, dans American Antiquity, 13, 4e partie, II (1948), p. 119.

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  • SOURCES D'NERGIE

    la plus grande partie de l'Humanit avait atteint ce stade agro-pastoral et devait y demeurer jusqu' l'poque moderne, jusqu' la Rvolution Industrielle.

    Au cours des sicles de cette seconde phase, des progrs innombrables furent faits, d'innombrables innovations techniques apparurent ; mais, presque toutes visrent augmenter le taux de rendement technique des convertisseurs biologiques. Ainsi les amliorations qualitatives des plantes et des animaux, grce aux hybridations, aux slections et leur acclimatation aux diffrents climats et terrains. Dans ce mme groupe d'innovations se placent toutes les dcouvertes et amliorations des diffrentes techniques d'irrigation, de rotation des cultures ou de fertilisation des terres. L'invention d'outils spciaux, comme la houe, la charrue et tant d'autres, contribua non moins l'amlioration des rendements. Le faonnage des mtaux doit tre considr dans la mme perspective. La construction de charrues en fer, qui ouvrirent les terrains durs la culture (par exemple, en Grce) x, permit l'extension de la production aux rgions jusqu'alors trop pnibles labourer. Dans l'utilisation des animaux de trait, l'invention de la roue, ds les Sumriens a, est bien la premire d'une srie d'importantes innovations. L'histoire de l'adaptation du fer cheval et des amliorations conscutives des techniques de l'attelage est depuis longtemps familire aux lecteurs des Annales A Inutile de rpter ici ce qui a dj t crit 4. Mieux vaut insister sur le fait que toutes ces inventions furent aussi autant d'tapes dans l'amlioration du taux de rendement des convertisseurs biologiques. En somme, pendant des sicles et des sicles, l'humanit fut occupe essentiellement perfectionner la dcouverte fondamentale de la rvolution nolithique. Et tous ces perfectionnements reprsentaient un accroissement de la quantit d'nergie utile disponible.

    La dcouverte et la propagation de quelques convertisseurs artificiels, tels le moulin vent, le moulin eau, le bateau voile, constiturent pourtant une exception importante.

    1. Cf. les intressantes remarques de F. M. Heichelheim, Man's Role in Changing the Face of the Earth dans Classical Antiquity dans Hyklos, 9 (1956), p. 326. En ce qui concerne l'invention, la diffusion et les consquences conomiques du travail du fer, cf. aussi C. D. Forde, Habitat, Economy and Society, Londres, 1953, pp. 384-388.

    2. C. L. Woolley,. The Sumerians, Oxford, 1929, pp. 39 et 50. 3. R. Lefebvre des Noettes, l 'Attelage et le cheval de selle travers les ges,

    Paris, 1931 ; M. Bloch, Les Inventions mdivales , dans Annales histoire conomiques et sociale, 7 (1935), pp. 634-643 ; A. G. Hatjdricourt, De l'origine de l'attelage moderne , dans Annales d'histoire conomique et sociale, 8 (1936), pp. 515-522.

    4. Sur ce sujet, voir d'ailleurs aussi les travaux plus rcents de L. T. White Technology and Inventions in the Middle Age , Speculum, 15 (1940), pp. 141-159 ; F. M. Heichelheim, Man's Role in Changing the Face of the Earth, cit, p. 325 ; B. Gille, Les dveloppements technologiques en Europe de 1100 1400 , Cahiers d'histoire mondiale, 3 (1956) ; A. Bupford, Heavy Transformation in Classical Antiquity , The Economie History Rewiev, 13 (1960), p. 1-18.

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  • ANNALES

    Les moulins eau ou vent ont, sans doute, t dcouverts en Asie, mais une poque encore non dtermine. En Europe, le moulin eau tait en place ds l'Antiquit classique x. Mais il ne fut diffus, comme du reste le moulin vent, que trs tard, en plein Moyen Age occidental 2. Pour le bateau voile, un premier tmoignage est dat des environs de l'an 3500 av. J.-C. 3. A partir de cette date, des tmoignages toujours plus nombreux signalent une diffusion rapide du bateau voile, pour ainsi dire sur toutes les mers du monde.

    Ces trois machines permirent l'homme de capter de nouvelles sources d'nergie. Le bateau voile, notamment, apporta une contribution dcisive au dveloppement conomique des socits anciennes. Ce n'est pas un hasard, en effet, si toutes les grandes civilisations prindustrielles se sont dveloppes autour de mers aisment navigables.

    Ceci dit, l'importance du bateau voile, des moulins eau ou vent, ne doit pas tre surestime. Des raisons techniques ou gophysiques videntes limitrent l'usage des moulins, tandis que des raisons techniques ou militaires limitrent aussi l'usage et l'efficacit de la navigation voile 4. Dans l'ensemble, la dcouverte de ces convertisseurs artificiels 5 ne russit pas changer la structure nergtique fondamentale des socits pr-industrielles. Cette structure continua avoir les caractristiques suivantes : 1 faible disponibilit en nergie pro capite. Dans une socit pr-industrielle, sauf cas tout fait exceptionnels, la disponibilit moyenne d'nergie devait tre au-dessous de 10 000 calories par homme et par jour peut-tre au-dessous de 15 000 calories6 ; 2 cette disponibilit tait issue en gnral de convertisseurs biologiques. On ne peut pas tre trs loin de la vrit en affirmant que plus de 80 % des disponibilits nergtiques taient drives de ces moyens 7 ; 3 les besoins physiologiques lmentaires des populations absorbaient la plupart des disponibilits nergtiques, pour la plupart employes sous forme de nourriture et de chauffage.

    Faut-il prciser que la dpendance presque exclusive de machines biologiques prsente deux gros inconvnients ? le taux trs bas

    1. M. Bloch, Avnement et conqutes du moulin eau, dans Annales d'histoire conomique et sociale, 7 (1935), pp. 538-563 ; L. A. Mokitz, Grain mills and Flour in classical antiquity, Oxford, 1958.

    2. M. Bloch, Avnement et conqute du moulin eau, cit ; E. M. Carus Wilson, An Industrial Revolution of the Thirteenth Century, dans The Economic History Review, 11 (1941), pp. 39-50 ; B. Gille, Le moulin eau, une rvolution technique mdivale , Techniques et Civilisations, 3 (1954), p. 1-15.

    3. R. D. Barnett, Early Shipping in the Near East, dans Antiquity, 32 (1958), pp. 220-230.

    4. Jusqu'au xve sicle on employa, pour la navigation, le travail humain, et la voile fut utilise d'une faon tout fait complmentaire. Voir par exemple les galres phniciennes et romaines, les bateaux des Vikings, les galres mditerranennes.

    5. Ds l'antiquit la plus loigne, on apprit se servir du ptrole et des produits bitumineux pour l'clairage et le chauffage. Mais il s'agit d'exemples isols et discontinus, et dans l'ensemble l situation de l'conomie mondiale n'en fut pas beaucoup change.

    6. Pour ces calculs, cf. mon prochain livre : Economies and Population, chapitre 2.

    7. K. M. Mather, The Scientific Revolution, London-New York, 1954.

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  • SOURCES D'NERGIE

    de rendement ; la limitation invitable de la production en fonction de la quantit de terres disponibles pour la culture et l'levage. Tout le dveloppement conomique des socits anciennes a t conditionn par ces faits fondamentaux.

    A tout cela la rvolution industrielle apporte un changement dcisif. Les historiens discutent depuis longtemps propos de la nature, la signification, les limites chronologiques de cette rvolution. Ils en discuteront longtemps encore, et non sans raison. Chacun ne les verra-t-il pas dans son optique ? Mais il n'est pas difficile d'admettre que la rvolution industrielle est essentiellement le processus qui, au systme traditionnel de production fond sur des convertisseurs biologiques, va substituer un systme de production fond sur la mise en uvre de nouvelles sources d'nergie.

    Les origines de la rvolution industrielle se perdent trs loin dans le temps. Il faut mettre en cause le dveloppement des sciences exactes ds la fin du XVIe sicle x, le dveloppement maritime, commercial et artisanal de l'Angleterre des premiers sicles de l'poque moderne, et le progressif shortage de bois sur les Iles Britanniques depuis le xvie sicle 2. Mais, questions d'origines mises part, c'est la dcouverte et l'adoption une large chelle des processus de production d'un convertisseur mcanique construit par James Watt et permettant la transformation du charbon en nergie mcanique, qui marqua le vritable dbut de la rvolution industrielle.

    La machine vapeur fut bientt applique la production textile, la production minire, l'industrie des transports. A peine lanc, le mouvement cumulatif s'acclra de lui-mme. La disposition d'une nouvelle nergie permit l'homme des recherches, des installations nouvelles, et des nouvelles dcouvertes. Aprs la machine vapeur, les moteurs lectriques, la lampe incandescence, le moteur explosion, les racteurs atomiques, d'autres sans doute demain encore...

    L'homme peut ds lors, d'un moment l'autre, utiliser de faon intense et une large chelle, pour la production d'nergie utile, des lments dont l'emploi auparavant tait ou rare ou tout fait nul. Le recours ncessaire et presque exclusif aux convertisseurs biologiques a t supprim. Les disponibilits nergtiques de l'humanit augmentent de faon inoue. Les nouvelles sources d'nergie dcouvertes par la rvolution industrielle fournirent 1 079 millions de kW/h en 1860. En 1900, elles en donnrent 6 089 millions et, en 1950, 20 556 (cf. Tableau II). Alors que les socits d'autrefois disposaient de moins de 10.000 calories par jour et par tte, au maximum, une socit industrielle dveloppe peut disposer aujourd'hui de plus de 100 000 calories utiles par jour.

    L'accroissement fabuleux des disponibilits nergtiques mon- 1. J. U. Nef, La Naissance de la civilisation industrielle, Paris, 1954, chapitre 3. 2. J. U. Nef, op. cit., p. 44 et suivantes.

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  • NN ALES

    diales remarquablement suprieur l'augmentation simultane de la population mondiale permit non seulement une expansion de la consommation directe de l'nergie, mais aussi l'utilisation une large chelle de l'nergie dans les procds productifs et l'augmentation progressive d'nergie disponible par unit de travail. La productivit du travail humain augmenta proportionnellement et la production mondiale de biens connut une phase pluri-sculaire d'tonnante expansion.

    Le tableau n III peut nous offrir une premire ide, assez vague, du rapport existant entre l'augmentation des disponibilits nergtiques et l'expansion de la production mondiale. Le fort accroissement productif que montrent les trois dernires colonnes du tableau, aurait t tout fait impossible si le bottleneck nergtique n'avait pas t rompu.

    Tableau II

    PRODUCTION MONDIALE DE SOURCES COMMERCIALES D'NERGIE

    ANNE

    1860 1870 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1940

    1950 Char

    bon Lignite Ptrole

    (Equivalent lectrique

    1 057 1628 2 511 3 797 5 606 8 453 9 540 9 735

    10 904 11632

    15 30 58 97

    179 271 394 493 798 902

    1 8

    43 109 213 467

    1 032 2 045 3 037

    5 439 Es

    sence

    naire

    Gaz Nat. Energie hy- draul.

    en millions de kW/H)

    14 78 83

    163

    . 40 75

    162 254 575 867

    2 088

    6 8 11 13 16 34 64

    128 193 332

    Total

    1 079 l!604 2 623 4 056 6 089 9 387

    11298 13 053 15 882 20 556

    Sources : Besoins du monde en nergie en 1975 et en Van 2000 (Doc. P/902) dans les Actes de la Confrence Internationale sur Vutilisation de Vnergie atomique des fins pacifiques, Genve 1956, pp. 27-28.

    Sans la rvolution nergtique, la rvolution industrielle est inconcevable.

    530

  • SOURCES D'NERGIE

    Ces dernires dcennies ont vu prolifrer dans une mesure extraordinaire les tudes sur le dveloppement conomique. Tous les savants que ce problme a occups, admettent aujourd'hui la ncessit de distinguer nettement le dveloppement conomique caractrisant les socits contemporaines du dveloppement que les socits anciennes ou mdivales connurent des poques diffrentes. L'usage indiffrenci du mot dveloppement est dangereux et trompeur. Le dveloppement des socits industrielles est un phnomne substantiellement diffrent du dveloppement des socits pr-industrielles. Ce qui n'est certes pas difficile comprendre dans la perspective qui est la ntre. Il est cependant plus difficile de s'accorder sur les lments essentiels qui dterminent cette diffrence. S. Kuznets, qui fait autorit dans le monde pour tout ce qui concerne les problmes de dveloppement compar, a crit tout rcemment que l'lment diffrentiel des deux types de dveloppement 1' ancien et le moderne est donn par le taux moyen (sur une priode longue) d'accroissement du revenu par tte. Le dveloppement moderne est caractris par les taux levs. Le dveloppement ancien est caractris par contre par des taux trs bas ou mme nuls. En effet, d'aprs S. Kuznets, in the more distant past, economic growth meant in many cases a sustained rise in total population and total product, but not in per capita product *.

    Tableau III

    Production mondiale

    1870 1900 1930 1950

    Energie (milliards kW/H)

    2 6

    23 21

    Fer brut (millions

    de tonnes

    13 44

    106 130

    Acier (millions

    de tonnes)

    1 31

    128 170

    Indice de la production industrielle mondiale

    (1870 = 100)

    100 310 800

    1 700

    Je ne crois pas que les cas de dveloppement ancien avec un taux d'accroissement du revenu par tte gal zro aient t si frquents que S. Kuznets parat le croire. En tout cas, malgr l'absence totale

    1. S. Kuznets, Six lectures on Economie Growth, Glencoe, III, 1959, p. 14.

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  • ANNALES

    de donnes qui permettent d'appuyer sur des chiffres prcis toute afir: mation de ce genre, je suis d'accord avec lui sur le fait que le dveloppement de type ancien doit tre, en gnral, considr comme caractris par des taux d'accroissement du revenu par tte remarquablement plus bas que ceux par lesquels est caractris le dveloppement moderne . Mais je ne crois pas que l'entit quantitative des taux de dveloppement (mme si cela peut servir l'analyse formelle des phnomnes), reprsente l'lment essentiel entre les deux types de dveloppement. Elle est plutt consquence qu'lment premier de la diffrence. Celle-ci consiste surtout dans le fait suivant : tandis que le dveloppement de type pr-industriel s'appuie surtout sur l'nergie qui peut tre capte par des convertisseurs biologiques, le dveloppement de type industriel s'appuie surtout sur l'nergie qui peut tre capte par des convertisseurs artificiels.

    Si cette dfinition est admise, quelques rflexions en dcouleront spontanment au sujet de certains aspects historiques de la rvolution industrielle en Angleterre. Plusieurs savants ont soutenu ces derniers temps, contre le point de vue traditionnel qui fixait les dbuts de la rvolution industrielle vers la fin du XVIIIe sicle, la thse d'un phnomne graduel, dont le dveloppement aurait commenc en Angleterre dans la premire moiti du sicle. Mais ce serait placer sous l'tiquette de rvolution industrielle des phnomnes dont la nature est trs diffrente. Le processus de dveloppement anglais antrieur 1780 constitue un dveloppement du type ancien . Il se manifesta dans les trois secteurs caractristiques agriculture, commerce extrieur, manufacture textile qui reprsentent les leading sectors typiques de tout dveloppement de type ancien . Les taux mmes de dveloppement de cette priode s'accordent mal avec l'ide que S. Kuznets a donne des taux qui caractrisent tout dveloppement moderne .

    La rvolution industrielle n'est pas finie. L'humanit est au dbut d'un processus gigantesque de transformation. Hier la rvolution industrielle a connu son dbut en Angleterre ; et de l s'est rpandue dans d'autres pays et continents. Sa propagation a t d'une rapidit sans commune mesure avec celle de la rvolution nolithique : celle-ci avait demand des millnaires, celle-l n'a eu besoin que de sicles. L'humanit dans sa majorit est, encore prsent, plutt employe l'agriculture et l'levage qu' l'industrie. Mais cette situation volue rapidement. Les pays et les peuples dits sous-dvelopps exigent leur part de l'Eldorado nergtique. Avec le capitalisme ou le communisme, peu importe, chacun veut sa rvolution industrielle.

    Aussi bien, pendant que la rvolution industrielle se propage rapidement travers la plante entire, on peut observer aujourd'hui les tendances dominantes suivantes :

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  • SOURCES D'NERGIE

    1 L'augmentation de la population mondiale, l'amlioration progressive du standing de vie et l'industrialisation des pays sous-dvelop- ps supposent un taux trs important d'augmentation de la consommation mondiale d'nergie. On produit de plus en plus, et on demande de plus en plus d'nergie. Des valuations (prudentes) font prvoir qu' la fin de notre sicle le besoin mondial d'nergie utile entendez celle qui sort des convertisseurs finaux sera huit fois environ plus grand que celui de 1950

    2 La premire partie de la rvolution industrielle s'est droule dans le cadre de l'utilisation de sources d'nergie le charbon, le ptrole, la houille blanche qui existent en quantits limites. Les opinions divergent propos des prvisions exactes sur ces ressources 2. Aucun doute, cependant : ces ressources ne dureront pas indfiniment. Par consquent, l'homme doit chercher, vaille que vaille, de nouveaux convertisseurs plus compliqus et qui lui permettent de saisir d'autres sources d'nergie plus difficiles capter l'nergie solaire, l'nergie atomique, c'est--dire, des sources d'nergie renouvelables, ou pratiquement inpuisables.

    3 Nous voyons donc se dessiner une quatrime phase dans l'histoire conomique de l'humanit (la seconde Rvolution Industrielle ). Les nouvelles sources d'nergie sont, comme on vient de le dire, plus difficiles capter, et seulement grce des efforts prodigieux, il sera possible de contrler cette nergie. Comme le dit Sir Charles Galton Darwin it involves a great deal more to live on income than on the accumulate capital of geological ages . Cette difficult sera d'ailleurs compense en partie par l'accroissement du taux de rendement des convertisseurs.

    Les premiers convertisseurs artificiels avaient logiquement un taux de rendement trs bas. Mais des progrs remarquables viennent d'tre accomplis jour aprs jour. La machine de Watt avait un taux de rendement technique infrieur 5 %. Les turbines vapeur modernes atteignent 40 %. Les installations thermo-lectriques avaient en moyenne un rendement de 9 % environ vers 1900 ; aujourd'hui de 24 %.

    1. Besoins du monde en nergie en 1957 et en Van 2000 (Doc. /P. 902) Actes de la confrence internationale sur V utilisation de l'nergie atomique des fins pacifiques Genve, 1956, pp. 16-17. On a dit dans le paragraphe prcdent qu'en 1950 ont t produits dans le monde environ 20 milliards et demi de kW/h, par des sources d'nergie inanime. Deux tiers environ de ces 20 milliards et demi ont t perdus dans les diffrents procds de transformation et de transport et un tiers seulement, savoir environ 7 milliards, demeura en tant qu'nergie utile. On calcule qu'en l'an 2000, la demande sera d'environ 80 milliards de kW/h en nergie utile. L'nergie qu'il faudra produire pour obtenir cette quantit d'nergie utile sera fonction du taux moyen de rendement des convertisseurs employs dans l'an 2000.

    2. Dans l'ensemble, cf. P. C. Putnam, Energy in the Future, New York 1953 ; E. Ayres et C. A. Scarlont, Energy Sources, New York- Toronto-Londres, 1952, pp. 155-167 ; A report to the President of the U.S.A. by the President's Material Policy Commission (Chairman W. S. ), Washington, D. C. ; 1952, H. Thirring, Energy for Alan, cit, p. 218 ; Energy Resources of the World, United States Dept. of State, Public. 3428, Juin 1949.

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  • ANNALES

    II faut aussi ajouter que tout accroissement dans le taux de rendement des convertisseurs en usage augmente en proportion la life- expectancy des rserves des combustibles fossiles.

    L'nergie que l'homme a appris contrler est employe par lui non seulement pour des buts productifs, mais aussi pour des buts destructeurs. Plus leves sont les disponibilits nergtiques, plus lev sera le pouvoir productif, mais aussi le pouvoir destructif de l'homme. Dans une heure dramatique comme celle que nous vivons, les vicissitudes de l'homme dans les rapports avec l'nergie nous rappellent le drame de l'apprenti-sorcier. Et tout le monde se demande aujourd'hui quel sera le destin de l'apprenti sorcier.

    C. M. ClPOLLA. Venise.

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    InformationsAutres contributions de Carlo M. CipollaCet article est cit par :G. G Diliguenskij. Les Annales vues de Moscou, Annales. conomies, Socits, Civilisations, 1963, vol. 18, n 1, pp. 104-113.Raepsaet Georges. Transport de tambours de colonnes du Pentlique leusis au IVe sicle avant notre re. In: L'antiquit classique, Tome 53, 1984. pp. 101-136.

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