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« Souriez, les vieux, vous êtes dans la boîte » Couvez Jérémy « Souriez, les vieux, vous êtes dans la boîte » Avril 2011 Av Av Av Av Av Av Av Av vri ri ri ri ri r ri ri ril l l l l l l l 20 20 20 20 20 20 0 0 011 11 11 11 11 1 11 1 1 Couvez Jérémy

souriez les vieux

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vous etes dans la boite

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Page 1: souriez les vieux

« Souriez, les vieux, vous êtes dans la boîte »

Couvez Jérémy

« Souriez, les vieux, vous êtes dans la boîte »

Avril 2011AvAvAvAvAvAvAvAvAvririririririririril l l l l l l l 202020202020202020111111111111111111

Couvez Jérémy

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Cet objet nécessite un besoin de voir. Une nécessité qui ne cesse de s’accroître. Les images

prennent possession de mon besoin de croire. Croire en Elles. Ces fugaces images d’une � ction

déjà maintes fois révolue. Le besoin de croire en l’image, c’est l’élire au seuil, à l’aune de mes

désirs. Il est constant. Je quitte mon voile de rêve, elles sont encore, et : déjà là. A côté de moi.

Nous nous regardons. Elles me scrutent. Je les désire.

Je me lève malgré tout.

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Ce matin est un jour particulier. Le café coule à son habitude mais nous partons en va-

cances. C’est décidé cette année nous partons. Car une image sur trois ne part pas en vacances.

Y aurait-il une crise dans le milieu de l’image ? Le monde de la représentation serait-il autant

troublé pour ne pas s’accorder un temps de repos ? Image du logos, du pixel, du grain n’ayez pas

peur de votre beauté à la vive lumière, pour rien que des vacances, osez bronzer. Sans � ltre, sans

support, laissez-vous aller.

Vous l’avez mérité.

En� n c’est ce que vous me racontez. Mais n’ayez crainte, je vous crois sur parole. Je serai votre

passeur pour une fois, je rendrai visible votre vérité, et si c’est faux : pareil, nous nous enivre-

rons, ensemble, de votre a� abulation.

Vous êtes vielles, et c’est normal. J’aimerais malgré tout élucider certaines de vos fantasmago-

ries. Cela viendra en temps et en heures, car pour l’instant « souriez, vous êtes dans la boîte »

Tout départ est un lot de problèmes, de peur, d’angoisse. Il faut se mettre en danger.

Aller ailleurs et être ailleurs. Dès mon enfance, je me souviens déjà de mon père véri� ant chaque

fermeture, clenche, verrou, robinet de gaz, et d’eau. Si la voiture devait être équipée d’un ran-

gement sur le toit, il l’hybridais avec des tendons élastiques pour s’assurer du bon soutien de

l’ensemble. Il aime lui aussi composer à sa manière, méticuleux dans le Faire.

Sur une nationale, le tout a cédé, évidemment. C’est le genre de souvenir que nous fai-

sons à la troisième personne. On s’extrapole de notre enveloppe pour pouvoir vivre plei-

nement cette image de soi au sein du souvenir; Une image dans une image mentale.

Réveil, la porte sonne.

De l’œil de Juda, Il est arrivé, l’autre. Nous pouvons quitter ce lieu, notre quotidien. En avant

pour l’entre. Il est 14h.

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L’image d’une tante inconnue a égaré une de ces a� aires, elle l’a perdu dans le visible. Nous

sommes déjà loin. Je la console en lui disant que son parapluie est reparti dans l’invisible, l’ab-

sence. Elle me demande si elle aussi sera un jour néant. « Non tu es pérenne » ose-je lui dire. Je

lui mens, je suis comme elle.

Nous avançons. Je leur demande d’être sages comme des images. Toute position dans l’ «entre

» est propice à la ré# exion. Se poser dans un train, un bus, une voiture, o� re à notre voir une

perception sensible. Je ne pourrais dire si cela est dû aux paysages dé% lants, hypnotiques, sans

relâche. Ou à notre expérience de partir d’un point pour aller à un autre. Ou alors à cette mu-

sique qui accompagne les vibrations du véhicule. Ce que je sais, c’est que je vis pleinement ce

mouvement.

Il dynamise ma perception et mes images aussi.

L’image d’une tante inconnue a égaré une de ces a� aires, elle l’a perdu dans le visible. Nous

sommes déjà loin. Je la console en lui disant que son parapluie est reparti dans l’invisible, l’ab-

sence. Elle me demande si elle aussi sera un jour néant. « Non tu es pérenne » ose-je lui dire. Je

lui mens, je suis comme elle.

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Comme quoi il est facile de manipuler l’image. Documents à l’appui, je peux dès à présent sou-

tenir la thèse que Mac Donald’s et les jouets dans les Happy Meal’s se sont implantés en France

dès la fermeture des camps d’exterminations. Elle était juive et elle mange un burger. Cela fait

mal à la mémoire collective.

Comme quoi il est facile de manipuler l’image. Docum

tenir la thèse que Mac Donald’s et les jouets dans les

dès la fermeture des camps d’exterminations. Elle ét

mal à la mémoire collective.

Malgré tout, il n’y a aucune césure entre l’âme et le corps, même pour les morts. Nous avons

faim. Je n’avais jamais pensé amener les morts dans un Mac Donald’s. Dois-je leur prendre un

Happy Meal’s. Est- ce de leur âge ? Ne vont-ils pas ingérer ses petites pièces ? Je prends le risque

en o# rant à cette tante inconnue cet objet, le jouet remplaçant son objet disparu.

ocuments à l’appui, je peux dès à présent sou-

es Happy Meal’s se sont implantés en France

était juive et elle mange un burger. Cela fait

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Nous sommes proches puis arrivés. Nous allons en� n pouvoir être des clichés. Sans aucune

écriture, inscription léchée, juste se laisser porter par les maintes images faites et refaites de

l’objet de nos vacances. Quel plaisir d’être l’image que tout le monde a déjà faite. Etre une sémio-

tique de l’archétype, c’est je te ressemble, nous nous ressemblons, nous sommes des préformes

vides. Nous le valons bien.

Nous sommes procochehes s puis arrivés. Nous allons en� n pouvoir être deseseseseseseseseseseseseseseses c clilichchchésés. . SaSansnsns a a aucucucununununununununununununununune e e e e e e e e e e e e e e e

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Je me rends compte que je commence à m’indexer à la représentation. Voila l’écueil de

partir en vacances avec les morts. Je m’identi� e par signes. Je deviens image, prisonnier de ma

représentation et de sa � ction. Les symboles me pensent. J’apprécie ce contact, mais habiter

l’image n’est qu’une prétention. Par mon attribution sur le fait que je fais des images. Cette

posture me disant que je suis dans l’image et non hors l’image, désigne ma place par rapport

à la matière de l’image. Si je veux vous habiter, ce n’est que pour rentrer en vous, dans votre

matière et peut être ainsi vous rendre vivante. Je vous désire. Pour mes yeux, je veux la ligature

de mon désir sur votre objet. Je sais que je cours à ma perte, à la ruine future. En vous, je ne

serais qu’une doublure, fantomal de mon moi. Je n’aurais qu’un double vivant dans votre exté-

riorité de l’instant et du fragment de votre temps. Mais si j’accepte votre contrat temporel, que je

m’exempte en vous et que je devienne fantomal, � gurable. Deviendrais- je aussi l’objet de votre

discours ? Me parlerez-vous ? M’engloberez-vous de votre parole pour me révéler ? Ou alors

je ne serais que la classe populaire des re� ets ? Aurais-je une épaisseur ? Un grain ? Rien qu’un

seul petit pixel ? Pourquoi un silence si soudain ?

Vous ne me dites plus rien.

Il ne me reste plus qu’à m’habiller de vous.

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