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Membre de la Commission européenne responsable del’Education et de la Culture

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Mesdames, Messieurs,

Je me réjouis de constater chaque jour, dans l'accomplissement de mes missionsde commissaire européen en charge de la culture, combien l'action culturelle estriche et multipolaire en Europe : c'est un foisonnement d'initiatives à tous lesniveaux, avec de multiples facettes, et de multiples acteurs, y compris dans lesecteur de l'entreprise et des fondations privées.

La Commission européenne est attentive à prendre en compte et à accompagnercette richesse et cette diversité, dans les limites des compétences qui lui sontdévolues.

Depuis le traité de Maastricht, il y a tout juste 10 ans, l'Union européenne s'est vuconfier la mission suivante : "encourager la coopération entre États membres et, sinécessaire, appuyer et compléter leur action dans les domaines suivants :l'amélioration de la connaissance de la culture et de l'histoire des peupleseuropéens, la conservation et la sauvegarde du patrimoine culturel d'importanceeuropéenne, les échanges culturels, la création artistique et littéraire". L'Union adonc développé une action de soutien à la coopération culturelle, dont l'instrumentprincipal est aujourd'hui le Programme-cadre "Culture 2000".

De plus, et c'est une mission essentielle, la Communauté est chargée de prendreen compte la dimension culturelle dans les DXWUHV politiques communautaires -jepense entre autres à la politique régionale, qui représente une source importanted'investissements culturels dans de nombreuses régions d'Europe, mais aussi à lapolitique de la recherche, de la formation professionnelle, de la concurrence, ducommerce extérieur, etc.

C'est dans cette logique "horizontale" que s'inscrit la question du mécénat et jevoudrais adresser tous mes remerciements à la Présidence espagnole, et àMadame la Ministre Del Castillo, pour avoir organisé ce séminaire. Si laCommission s'y est associée, et si j'ai tenu à y participer personnellement, c'estparce que je suis convaincue de la nécessité d'évaluer le rôle du mécénat et duparrainage pour l'art et la culture en Europe, et de promouvoir, de développer cettepratique encore trop timide et parfois mal comprise.

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Le mécénat a véritablement "démarré" en Europe dans les années soixante-dix et ila d'abord été culturel avant de s'élargir à d'autres domaines d'intervention tels quela protection de l'environnement, l'action sociale, le sport et, plus récemment, ledéveloppement local.

L'Europe a rapidement intégré cette dimension nouvelle et en a fait un élémentrécurrent du débat sur l'action culturelle. Son intérêt pour le mécénat s'est aussiexprimé dans la mise en oeuvre du marché intérieur, de la politique des entrepriseset de la politique sociale, mais aussi sous l'angle de la protection desconsommateurs et de la fiscalité par exemple. Ainsi, dès 1975, la Commissioneuropéenne étudiait le régime fiscal des fondations culturelles et du mécénat dansles Etats membres.

Dix ans plus tard, en 1986, le mécénat d'entreprise était mentionné par le Conseildes Ministres de la culture comme un élément prioritaire de la politique européenne.

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En 1992, une Communication de la Commission sur les nouvelles perspectives del'action de la communauté dans le domaine culturel reconnaissait, je cite, que "lademande culturelle ne cesse de s'accroître, grâce aux progrès de l'éducation, àl'augmentation du niveau du temps libre et à la démocratisation de la culture. Lerôle complémentaire du mécénat ne doit dès lors pas être négligé même si laresponsabilité essentielle et l'apport financier majeur en matière culturelle restent duressort des autorités publiques dans les Etats membres�"

La Conférence de Lisbonne sur le mécénat culturel dans la Communautéeuropéenne, qui a eu lieu la même année, avait permis d'analyser les liens existantentre culture et entreprise, mais aussi d'identifier les possibilités de renforcer etd'enrichir la coopération entre ces deux champs d'action.

La Commission a également développé dans ce domaine une première action demise en réseau, en soutenant la création du CEREC, Comité européen pour lerapprochement de l'économie et de la culture��Le CEREC a été créé en mars 1991et regroupe les différentes associations nationales pour le mécénat d'entrepriseactives en Europe. Nous entendrons ce matin M. Colin Tweedy, actuel Président duCEREC, dont je connais la volonté de voir se développer des projets de mécénat dedimension européenne.

J'ai eu moi-même l'occasion et le plaisir de remettre, en novembre dernier, le "Prixeuropéen du mécénat" à la cave vinicole de Ribeauville en France, entrepriselauréate du Prix 2001 pour la création de l'association "l'Art au-delà du regard"visant à rendre accessible l'art et la nature aux non-voyants. La Cave de Ribeauvilleétait l'une des 13 entreprises nominées pour ce Prix organisé depuis 1996 par leCerec, en partenariat avec le Financial Times.

Le Parlement européen s'est lui aussi s'intéressé à la question du mécénat : dernierexemple en date, la résolution adoptée en septembre 2001 sur la base du rapportde M. Ruffolo, qui souligne l'importance du mécénat pour la création et lesmanifestations artistiques, et invite la Commission européenne à encourager lespartenariats entre les fondations, institutions et associations culturelles, ainsi queles entreprises privées qui souhaitent développer des actions à l'échelleeuropéenne. Dans cette résolution, le Parlement européen demande égalementque, dans leur législation fiscale, les Etats membres accordent des avantagesfiscaux aux mécènes.

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J'espère que cette réunion nous permettra de mieux appréhender la réalité actuelledu mécénat et du parrainage en Europe, et de mieux comprendre, en comparantles différentes pratiques et les différentes expériences, les mécanismes qui peuventles encourager.

J'aimerais donc vous entendre aujourd'hui parler de vos initiatives -particulièrementdans leurs aspects transnationaux-, de vos succès mais aussi des questions et desproblèmes que vous pouvez rencontrer, que vous soyez mécène, parrain ouconsultant spécialisé, que vous soyez représentant d'entreprises, de fondations oud'institutions culturelles.

Ce que je voudrais identifier aujourd'hui, ce sont les questions qui se posent HQEurope et j l'Europe; en d'autres termes, les questions qui doivent trouver leursréponses au niveau communautaire.

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Les exemples de "bonnes pratiques" et les succès sont nombreux. Ces deuxjournées nous permettront d'entendre d'importants témoins, européens et extra-européens : pour les fondations, Luis Monreal, Directeur de la Fondation CulturelleAga Khan en Suisse, et Domenico Luciani, Directeur de la Fondation Benetton, enItalie; pour les opérateurs culturels, David Gordon, Directeur de la Royal Academyof Arts au Royaume Uni, et Bernard Faivre d'Arcier, Directeur du Festival d'Avignonen France, entre autres.

Certaines grandes entreprises européennes investissent des dizaines de millionsd'euros par an dans la culture. Je pense aux banques ou aux caisses d'épargne parexemple. Mais il n'y a pas que des grandes entreprises qui financent des grandsprojets : les petites et moyennes entreprises financent également la culture. Onpeut citer le chiffre de l'Allemagne en 1998, où 37% d'entre elles finançaient lesArts Visuels pour un montant annuel moyen de 15000 euros (le montant totalestimé du mécénat culturel des entreprises allemandes était à l'époque de 255millions d'euros).

Le domaine des Arts Plastiques et Visuels n'est bien sûr pas le seul domained'intervention des mécènes : de grandes entreprises figurent parmi les premierssponsors du festival de Salzbourg, grand festival européen de musique classique etd'opéra.

Les entreprises consacrent aussi une partie importante de leurs actions de mécénatà la restauration et à la conservation du patrimoine, ou au soutien à la jeunecréation (par le biais de bourses, de prix, l'accueil en résidences), etc.

Pour revenir à des questions plus générales, je crois que cet engagement dansl'action culturelle est le reflet d'un engagement croissant de l'entreprise dans lasociété, et dans son territoire. Ce phénomène a d'ailleurs été relevé par laCommission européenne qui a publié, en juillet 2001, un Livre Vert sur laresponsabilité sociale des entreprises.

Le mécénat est aussi le fait d'acteurs européens de première importance : lesfondations. Il y aurait plus de 200 000 fondations dans l'Union européenne quipoursuivent toute une série d'objectifs généraux, sociaux, sanitaires,environnementaux, politiques (soutien de la démocratie) et culturels, sous desstatuts juridiques d'ailleurs très variables d'un Etat membre à l'autre.

On note à ce propos une évolution récente des fondations vers une actiontransfrontalière, en lien avec le renforcement du marché unique et l'ouverture auxpays d'Europe de l'Est : par exemple, le Centre européen des fondationsencourage, par ses actions de formation, les fondations à oeuvrer au niveaueuropéen.

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Si l'on se réfère aux informations collectées par l'ADMICAL, association françaisemembre du CEREC -et je profite de l'occasion qui m'est donnée ici pour saluer laprésence parmi nous de son président, M. Jacques Rigaud- on pouvait estimer en1999 le montant annuel du mécénat culturel des entreprises à 1,1 milliards d'eurospour 11 pays de l'Union européenne (hors Danemark, Luxembourg, Portugal etFinlande). Ce chiffre représente environ 4 % du montant du financement public dela culture dans ces mêmes 11 pays, montant estimé à 30 milliards d'euros à lamême époque.

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L’action publique ne GRLW� pas, et ne SHXW pas tout financer : mais elle peutcertainement servir à mettre en place un environnement favorable à l'action privée,en donnant des impulsions, en créant des leviers, voire des instruments adaptés : àcet égard, et dans un autre domaine, j'aimerais citer une initiative prise par laCommission et la Banque européenne d'investissement qui illustre bien cette formeessentielle à mes yeux de l'action publique : l'initiative i2i-Audiovisuel vise à mettreà disposition des entreprises opérant dans les secteurs de l'audiovisuel et desindustries du contenu (fiction, animation, documentaires et multimédia) des capitauxfinanciers à la hauteur des enjeux mondiaux de ce secteur. Ces actions sontconduites en complémentarité avec les programmes de la Commission soutenant lapromotion du contenu européen audiovisuel. Elles ont un rôle de "catalyseur" entreles acteurs du secteur financier et les industries audiovisuelles européennes.

Le "Code européen volontaire" des bonnes pratiques en matière de sponsoringculturel (élaboré en 1996 dans le cadre d'une collaboration entre l'associationEuropean Sponsorship Consultants Association et le CEREC) est par ailleurs unbon exemple de ce que peut faire le secteur privé pour susciter des synergies etdes collaborations. Ce code est en fait un guide pratique, donnant desrecommandations générales pour des relations éthiques et respectueuses del'indépendance artistique, entre mécènes et opérateurs culturels.

J'ajouterais, toujours sur le thème de la complémentarité de l'action culturellepublique et privée, qu'il n'y a pas de concurrence dans ce domaine mais aucontraire, pour citer Jean-Jacques Aillagon, Président du Centre Pompidou à Paris,et Pierre Bergé, Président de YSL Haute Couture, dans un récent article du Figaro,"TXH� OH�PpFpQDW� UHSUpVHQWH�XQH�PDQLqUH� FRQFUqWH� GDSSURXYHU� >ODFWLRQ� SXEOLTXH@�GH�OXL�PDQLIHVWHU�VRQ�DGKpVLRQ��GH�OXL�DSSRUWHU�VRQ�VXIIUDJH".

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Le financement mixte de la vie artistique et culturelle est indispensable; le mécénatpeut utilement compléter ou relayer l'intervention des pouvoirs publics, nous l'avonsdit.

Il est donc aussi indispensable d'encourager un état d'esprit, et un environnement(juridique, fiscal, administratif) favorables au mécénat, d'autant plus indispensableque l'Europe de la culture dont nous parlons aujourd'hui, et qui est déjà une réalité(si j'en réfère à nos programmes communautaires par exemple) est une EuropepODUJLH� où l'action culturelle s'adresse à quelque 500 millions de citoyens et� quicompte en son sein un certain nombre de pays pour lesquels ce partenariatpublic/privé est une condition vitale à la survie du patrimoine, à la vitalité de lacréation.

Je ne citerai que quelques chiffres, particulièrement éloquents :

Les dépenses publiques pour la culture en Estonie étaient de 85 millions d'euros en1999, soit 52,5 euros per capita. Les dépenses publiques en Hongrie étaient à lamême époque dans le même ordre de grandeur : 55 euros per capita en 2001, soitla moitié des dépenses culturelles publiques en Finlande, le quart des dépenses enAutriche.

Les données sur le mécénat d'entreprise dans les pays candidats ne sont engénéral pas connues, mais le dossier consacré par l'Admical au mécénat culturel enEurope signalait l'exemple de la Hongrie où, en 1994, 6,6 % des revenus desorganisations culturelles provenaient du mécénat : un pourcentage nettementsupérieur à la contribution du mécénat dans les pays de l'Union.

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Une étude récente du Conseil de l'Europe nous apprend d'ailleurs que, parmi lespays candidats, la Lettonie, la Hongrie, la Bulgarie, la Lituanie, la Roumanie et laSlovénie ont voté dans les 5 dernières années des nouvelles lois sur le mécénat, oudes incitations fiscales pour la promotion de la participation du secteur privé auxactivités culturelles. Ceci montre bien l'intérêt des pays d'Europe centrale etorientale à la mixité du financement culturel, et leur savoir-faire dans ce domaine.

Nous devons également travailler à encourager le mécénat transnational enEurope. Le rapport publié par l'association des 9 villes "capitales européennes de laculture" de l'an 2000 (St Jacques de Compostelle était l'une d'entre elles), soulignela difficulté que ces villes ont rencontrée pour associer des entreprises à leursprojets de coopération transnationale : une contradiction, et une difficultésupplémentaire, quand on sait que se multiplient aujourd'hui en Europe lescoproductions culturelles, les échanges, les itinérances, etc.

Pour ce qui me concerne, je souhaite contribuer, dans les domaines decompétences de l'Union européenne, à améliorer l'information, et à améliorer sadiffusion, pour que les ressources culturelles soient utilisées de la façon la plusoptimale possible en Europe.

C'est d'ailleurs un des buts que nous poursuivons avec le "portail culturel" del'Union européenne, lancé le 18 mars dernier à Salamanca lors de la dernièreréunion des Ministres européens de la culture -un portail que nous souhaitonsdévelopper dans les prochains mois et que je vous invite à consulter.

Plus spécifiquement, je suis prête à lancer, au sein de la Commission européenne,une action concertée associant les différents commissaires et les différentespolitiques qui, sous un angle ou un autre, touchent à la question du mécénatculturel de caractère européen. Cette action devra atteindre les objectifs qui, jel'espère, seront mis en lumière par ce séminaire.

Je compte donc sur vous, sur votre travail et sur votre collaboration. Merci de votreattention.