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www.lemonde.fr 58 ANNÉE – N” 17878 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI VENDREDI 19 JUILLET 2002 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. GRANDS REPORTAGES Allende, 1970 Marcel Niedergang raconte le Chili d’Allende p. 10 BALADE Pyrénées Promenade en Haute-Bigorre p. 26 LES ORGANISATIONS rigides sont comme le chêne de la fable : il arrive qu’elles se rompent. Il en fut ainsi de l’Etat soviétique. Il est à crain- dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il puis- se supporter, sans perdre son âme et notre argent, la double contrainte de l’application des 35 heures et des règles européennes sur la durée maxi- male du travail hebdomadaire, fixée à 48 heures. Ces dernières exigent en outre la récupération systématique d’une journée de repos après une nuit de garde, recommandation saine pour les médecins et leurs malades, mais à court terme fatale pour l’hôpi- tal quand sa mise en œuvre se conju- gue avec la réduction du temps de travail. Il y a un an encore, les services de chirurgie des hôpitaux program- maient les interventions importantes mais non urgentes, comme l’ablation d’une tumeur cancéreuse, dans un délai de quinze jours ; il faut attendre aujourd’hui plus de deux mois. En cet- te saison estivale, les hôpitaux man- quent cruellement de personnel : vacances et RTT obligent ! Les direc- tions sont contraintes de fermer des lits. Les malades, ne sachant pas qu’administrativement ils devraient être en bonne santé, n’en fréquen- tent pas moins l’hôpital. Au lieu d’être allongés dans un lit, ils le sont sur des brancards, parqués dans les couloirs des services ouverts, sans toi- lettes, sans sonnette pour appeler l’in- firmière, sans intimité, crevant de chaud ou de froid selon les caprices de la météo et l’âge du bâtiment. Lire la suite page 11 SÉRIES L’ACTEUR et dramaturge André Benedetto résiste avec acharnement à la dépoli- tisation du théâtre et présen- te à Avignon Gênes 2001. Lire page 24 a Hôpital : la cassure des 35 heures par Jean de Kervasdoué LA PREMIÈRE ÉTAPE de montagne, jeudi 18 juillet, devait per- mettre aux champions de se mesurer sur les pentes pyrénéennes. Le maillot jaune, Igor Gonzalez de Galdeano (photo), empêtré dans une « vraie-fausse » affaire de dopage, devra résister aux assauts de Lance Armstrong. Mercredi, un enfant de 7 ans a été tué par une voiture de la caravane publicitaire. Lire pages 16 et 17 Benedetto le résistant International.............. 2 France ......................... 5 Société ........................ 7 Régions....................... 9 Horizons ................... 10 Entreprises................ 12 Marchés..................... 15 Aujourd’hui .............. 16 Météorologie ........... 19 Jeux ........................... 19 Carnet....................... 20 Abonnements ......... 20 Culture ...................... 21 Radio-Télévision...... 25 Armstrong et Galdeano dans les premiers cols POUR EMBAUCHER des 16-22 ans sans qualification, toutes les entreprises pourront bénéficier d’une exonération complète des charges sociales pendant deux ans et d’un allégement de 50 % la troi- sième année. Avec l’accord de François Fillon, ministre des affai- res sociales, et conformément au souhait de Jacques Chirac, la majo- rité du Sénat a élargi le projet de loi du gouvernement sur les contrats-jeunes. A l’origine, il ne concernait que les entreprises de moins de 250 salariés. 300 000 jeu- nes pourraient bénéficier d’une mesure qui, selon le gouver- nement, coûtera 650 millions d’euros. L’Etat versera directe- ment ces aides aux entreprises, par chèques trimestriels. Le PC a voté contre. Le PS s’est abstenu. Toutes les propositions de la gauche ont été repoussées, notamment celles qui créaient des obligations en matière de formation. Lire page 5 , ancien directeur des hôpitaux au ministère de la santé, est professeur titulaire de la chaire d’économie et de gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). ALORS QUE les scandales finan- ciers se multiplient aux Etats-Unis et que les marchés boursiers sont déstabilisés par une crise de confiance sans précédent, de nom- breuses réflexions sont engagées, d’un côté et de l’autre de l’Atlanti- que, en vue de parvenir à une meilleure régulation du système économique. Le 9 juillet, le prési- dent américain, George W. Bush, a ainsi annoncé une première série de dispositions, notamment pour améliorer le gouvernement d’en- treprise. En France, un groupe de réflexion patronal (Medef et AFEP) conduit par Daniel Bouton, PDG de la Société générale, devrait prochainement publier ses propositions de réforme sur le même sujet. L’enquête réalisée par Le Monde met en évidence que huit ques- tions principales sont au cœur de ce débat : le gouvernement d’entre- prise, les normes comptables, les stock-options, le rôle des analys- tes, des auditeurs et des agences de notation, le fonctionnement de la Bourse et celui des autorités de régulation. Pour éclairer les enjeux de ces dossiers, nous avons interro- gé treize personnalités, qui font part de leurs pistes de réflexion, parmi lesquelles Felix Rohatyn, ancien ambassadeur des Etats- Unis en France, Serge Weinberg, président du directoire du groupe PPR, ou Gérard Rameix, directeur général de la COB. Au cours des prochains jours, Le Monde publiera d’autres entre- tiens avec des dirigeants économi- ques et politiques pour nourrir ce débat, dont les enjeux portent sur la marche des entreprises et, au-delà, sur les grands équilibres économiques et sociaux. 0123 DES LIVRES José Bergamín Sur la piste de Dumas Le « vampire » gallois qui but le sang de mamie Mabel LONDRES de notre correspondant Un peu de Christopher Lee, un peu de Silence des agneaux, un peu d’Agatha Christie pour ce qui est de l’intrigue, située dans un coin perdu et désuet. De jolis arrière-plans côté jardin, l’île mysté- rieuse et mythique d’Anglesey au large de la principauté, un patchwork de lacs et de montagnes à l’atmosphère lourde. Cher à la légende arthurienne, ce centre de rayonnement des pouvoirs occultes célèbre, à longueur d’année, druides, cueillette du gui et sacrifices d’animaux. Ensuite, une vieille dame permanentée, Mabel Leyshon, la victime (photo). Une nonagénaire sourde poignardée vingt-deux fois, sans doute avec un pieu, par-derrière, en novembre dernier, alors qu’elle regardait la télévision, en bigou- dis, dans son cottage le long d’une route de campa- gne. Enfin, l’accusé, un adolescent de 17 ans qui, après son forfait, a bu le sang de la mamie afin de devenir immortel. Vous agitez le tout au mixer de la BBC, et vous avez le morbide procès du jeune « vam- pire » du pays de Galles qui, depuis le 16 juillet, horri- fie le royaume de Jack l’Eventreur. « Le gamin qui voulait être un vampire », indique, incrédule, le quotidien The Independent. Dans son réquisitoire devant les assises de la cité de Mold, le procureur Roger Thomas a expo- sé l’hypothèse officielle : « Il [le meurtrier, dont le nom ne peut être cité] avait appris beaucoup sur les vampires, suffisamment pour répondre à deux questions essentiel- les pour lui : comment devenir un vampire et comment devenir éternel ? » Après avoir assassiné Mabel dans sa maison de Llan- fair, l’assassin, tout de noir vêtu, lui a arra- ché le cœur, l’a emballé dans un papier journal, puis l’a déposé sur un plateau d’argent. Le garçon a ensuite extrait du sang des jam- bes de la vieille dame, l’a versé dans une petite casse- role avant de le boire. Persuadé qu’il devait tuer pour vivre, le petit vampire se serait-il inspiré des films fan- tastiques gothiques ou de livres « gore » disponibles à la bibliothèque municipale ? Le procès, au cours duquel aucun détail macabre ne sera épargné aux dou- ze jurés, devra également répondre à cette question. L’accusé nie les faits. Les enquêteurs ont arrêté ce jeune homme mi-paumé, mi-marginal sur la base de son interpellation un mois auparavant : il avait agres- sé une étudiante allemande pour qu’elle lui morde le cou, persuadé qu’elle était un vampire. Marc Roche / . . . / / f Enron, WorldCom : notre enquête sur le mécanisme de la crise financière f Gouvernement d’entreprise, stock-options, contrôle des comptes : les défauts du système f Treize acteurs du monde économique proposent leurs remèdes Lire pages 12 et 13, et notre éditorial page 11 MAROC-ESPAGNE La petite guerre de l’île Persil p. 2 SANG CONTAMINÉ Le parquet contre le non-lieu p. 8 ÂNES La multiplication de Cadichon p. 9 Contrats-jeunes pour toutes les entreprises Sorties prévisionnelles entre 2002 et 2007 Source : Dares. Collectivités territoriales Etablissements publics Associations et fondations Autres 21 370 5 430 49 900 73 140 MOINS D'EMPLOIS- JEUNES Une nouvelle inédite de 16 pages Samedi 20 juillet, avec 0123 daté dimanche 21 - lundi 22 juillet 2002 0123 www.lemonde.fr Pourquoi le capitalisme est malade

SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

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Page 1: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

www.lemonde.fr

58 ANNÉE – Nº 17878 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIVENDREDI 19 JUILLET 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 40 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 16 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

GRANDS REPORTAGES

Allende, 1970Marcel Niedergangraconte le Chilid’Allende p. 10

BALADE

PyrénéesPromenadeen Haute-Bigorre p. 26

LES ORGANISATIONS rigidessont comme le chêne de la fable : ilarrive qu’elles se rompent. Il en futainsi de l’Etat soviétique. Il est à crain-dre que ce ne soit aujourd’hui le casde l’hôpital public français. Il sembleen effet peu vraisemblable qu’il puis-se supporter, sans perdre son âme etnotre argent, la double contrainte del’application des 35 heures et desrègles européennes sur la durée maxi-male du travail hebdomadaire, fixéeà 48 heures. Ces dernières exigent enoutre la récupération systématiqued’une journée de repos après unenuit de garde, recommandation sainepour les médecins et leurs malades,mais à court terme fatale pour l’hôpi-

tal quand sa mise en œuvre se conju-gue avec la réduction du temps detravail.

Il y a un an encore, les services dechirurgie des hôpitaux program-maient les interventions importantesmais non urgentes, comme l’ablationd’une tumeur cancéreuse, dans undélai de quinze jours ; il faut attendreaujourd’hui plus de deux mois. En cet-te saison estivale, les hôpitaux man-quent cruellement de personnel :vacances et RTT obligent ! Les direc-tions sont contraintes de fermer deslits. Les malades, ne sachant pasqu’administrativement ils devraientêtre en bonne santé, n’en fréquen-tent pas moins l’hôpital. Au lieu

d’être allongés dans un lit, ils le sontsur des brancards, parqués dans lescouloirs des services ouverts, sans toi-lettes, sans sonnette pour appeler l’in-firmière, sans intimité, crevant dechaud ou de froid selon les capricesde la météo et l’âge du bâtiment.

Lire la suite page 11

SÉRIES ’

L’ACTEUR et dramaturgeAndré Benedetto résisteavec acharnement à la dépoli-tisation du théâtre et présen-te à Avignon Gênes 2001. Lire page 24

a

Hôpital : la cassure des 35 heurespar Jean de Kervasdoué

LA PREMIÈRE ÉTAPE de montagne, jeudi 18 juillet, devait per-mettre aux champions de se mesurer sur les pentes pyrénéennes.Le maillot jaune, Igor Gonzalez de Galdeano (photo), empêtré dansune « vraie-fausse » affaire de dopage, devra résister aux assautsde Lance Armstrong. Mercredi, un enfant de 7 ans a été tué par unevoiture de la caravane publicitaire. Lire pages 16 et 17

Benedettole résistant

International.............. 2France ......................... 5Société ........................ 7Régions....................... 9Horizons ................... 10Entreprises................ 12Marchés..................... 15

Aujourd’hui .............. 16Météorologie ........... 19Jeux ........................... 19Carnet....................... 20Abonnements ......... 20Culture ...................... 21Radio-Télévision...... 25

Armstrong et Galdeanodans les premiers cols

POUR EMBAUCHER des 16-22ans sans qualification, toutes lesentreprises pourront bénéficierd’une exonération complète descharges sociales pendant deux anset d’un allégement de 50 % la troi-sième année. Avec l’accord deFrançois Fillon, ministre des affai-res sociales, et conformément ausouhait de Jacques Chirac, la majo-rité du Sénat a élargi le projet deloi du gouvernement sur lescontrats-jeunes. A l’origine, il neconcernait que les entreprises de

moins de 250 salariés. 300 000 jeu-nes pourraient bénéficier d’unemesure qui, selon le gouver-nement, coûtera 650 millionsd’euros. L’Etat versera directe-ment ces aides aux entreprises, parchèques trimestriels. Le PC a votécontre. Le PS s’est abstenu. Toutesles propositions de la gauche ontété repoussées, notamment cellesqui créaient des obligations enmatière de formation.

Lire page 5

, anciendirecteur des hôpitaux au ministèrede la santé, est professeur titulairede la chaire d’économieet de gestion des services de santéau Conservatoire nationaldes arts et métiers (CNAM).

ALORS QUE les scandales finan-ciers se multiplient aux Etats-Uniset que les marchés boursiers sontdéstabilisés par une crise deconfiance sans précédent, de nom-breuses réflexions sont engagées,d’un côté et de l’autre de l’Atlanti-que, en vue de parvenir à unemeilleure régulation du systèmeéconomique. Le 9 juillet, le prési-dent américain, George W. Bush, aainsi annoncé une première sériede dispositions, notamment pouraméliorer le gouvernement d’en-treprise. En France, un groupe deréflexion patronal (Medef etAFEP) conduit par Daniel Bouton,PDG de la Société générale,devrait prochainement publier sespropositions de réforme sur lemême sujet.

L’enquête réalisée par Le Mondemet en évidence que huit ques-tions principales sont au cœur dece débat : le gouvernement d’entre-prise, les normes comptables, lesstock-options, le rôle des analys-tes, des auditeurs et des agencesde notation, le fonctionnement dela Bourse et celui des autorités de

régulation. Pour éclairer les enjeuxde ces dossiers, nous avons interro-gé treize personnalités, qui fontpart de leurs pistes de réflexion,parmi lesquelles Felix Rohatyn,ancien ambassadeur des Etats-

Unis en France, Serge Weinberg,président du directoire du groupePPR, ou Gérard Rameix, directeurgénéral de la COB.

Au cours des prochains jours, LeMonde publiera d’autres entre-

tiens avec des dirigeants économi-ques et politiques pour nourrir cedébat, dont les enjeux portent surla marche des entreprises et,au-delà, sur les grands équilibreséconomiques et sociaux.

0123

DES LIVRESJosé Bergamín

Sur la piste de Dumas

Le « vampire » gallois qui but le sang de mamie MabelLONDRES

de notre correspondantUn peu de Christopher Lee, un peu de

Silence des agneaux, un peu d’AgathaChristie pour ce qui est de l’intrigue,située dans un coin perdu et désuet. Dejolis arrière-plans côté jardin, l’île mysté-rieuse et mythique d’Anglesey au largede la principauté, un patchwork de lacset de montagnes à l’atmosphère lourde.Cher à la légende arthurienne, ce centrede rayonnement des pouvoirs occultescélèbre, à longueur d’année, druides, cueillette dugui et sacrifices d’animaux. Ensuite, une vieille damepermanentée, Mabel Leyshon, la victime (photo).Une nonagénaire sourde poignardée vingt-deux fois,sans doute avec un pieu, par-derrière, en novembredernier, alors qu’elle regardait la télévision, en bigou-dis, dans son cottage le long d’une route de campa-gne. Enfin, l’accusé, un adolescent de 17 ans qui,après son forfait, a bu le sang de la mamie afin dedevenir immortel. Vous agitez le tout au mixer de laBBC, et vous avez le morbide procès du jeune « vam-pire » du pays de Galles qui, depuis le 16 juillet, horri-fie le royaume de Jack l’Eventreur.

« Le gamin qui voulait être un vampire », indique,incrédule, le quotidien The Independent. Dans son

réquisitoire devant les assises de la cité deMold, le procureur Roger Thomas a expo-sé l’hypothèse officielle : « Il [le meurtrier,dont le nom ne peut être cité] avait apprisbeaucoup sur les vampires, suffisammentpour répondre à deux questions essentiel-les pour lui : comment devenir un vampireet comment devenir éternel ? » Après avoirassassiné Mabel dans sa maison de Llan-fair, l’assassin, tout de noir vêtu, lui a arra-ché le cœur, l’a emballé dans un papierjournal, puis l’a déposé sur un plateau

d’argent. Le garçon a ensuite extrait du sang des jam-bes de la vieille dame, l’a versé dans une petite casse-role avant de le boire. Persuadé qu’il devait tuer pourvivre, le petit vampire se serait-il inspiré des films fan-tastiques gothiques ou de livres « gore » disponibles àla bibliothèque municipale ? Le procès, au coursduquel aucun détail macabre ne sera épargné aux dou-ze jurés, devra également répondre à cette question.

L’accusé nie les faits. Les enquêteurs ont arrêté cejeune homme mi-paumé, mi-marginal sur la base deson interpellation un mois auparavant : il avait agres-sé une étudiante allemande pour qu’elle lui morde lecou, persuadé qu’elle était un vampire.

Marc Roche

/

.

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/

/

f Enron, WorldCom :notre enquêtesur le mécanismede la crise financière

f Gouvernementd’entreprise,stock-options,contrôle des comptes :les défautsdu système

f Treize acteursdu mondeéconomiqueproposentleurs remèdes

Lire pages 12 et 13,et notre éditorial page 11

MAROC-ESPAGNELa petite guerrede l’île Persil p. 2

SANG CONTAMINÉLe parquetcontre le non-lieu p. 8

ÂNESLa multiplicationde Cadichon p. 9

Contrats-jeunes pour toutes les entreprises

Sorties prévisionnellesentre 2002 et 2007

Source : Dares.

Collectivitésterritoriales

EtablissementspublicsAssociationset fondations

Autres

21 370

5 430

49 900

73 140

MOINS D'EMPLOIS- JEUNES

Une nouvelle inédite de 16 pagesSamedi 20 juillet, avec 0123 daté dimanche 21 - lundi 22 juillet 2002

0123www.lemonde.fr

Pourquoi le capitalisme est malade

Page 2: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

« CETTE invasion représente undéni de la légalité internationale etconstitue un acte répréhensible quiéquivaut à une déclaration deguerre. » C’est par ces mots très fer-mes que le secrétaire d’Etat maro-cain aux affaires étrangères, TaïebFassi Fihri, a qualifié mercredi17 juillet la reprise, le même jour aupetit matin, de l’îlot du Persil (Leilapour les Marocains) par les troupesespagnoles. Il s’agit d’une « agres-sion contre le territoire marocain »,nuançait en fin de journée le palaisroyal dans une déclaration lue à l’is-sue d’un conseil des ministres extra-ordinaire convoqué par le roiMohammed VI.

Evincé manu militari du minuscu-le rocher, posé à moins de200 mètres de la côte marocaine, leMaroc entend cependant privilégierla voie diplomatique pour récupérercette portion du « territoire natio-nal ». « Nous défendons nos droits etla légalité internationale, mais nousne sommes pas et nous ne seronsjamais un peuple de guerre. Il y ad’autres moyens de se défendre », aindiqué mercredi, au cours d’uneconférence de presse, le chef de ladiplomatie du royaume, Moham-med Benaïssa. Le Maroc a d’ailleurssaisi le Conseil de sécurité de l’ONUà propos de l’intervention de l’Espa-gne sur l’îlot inhabité qu’une douzai-ne de militaires marocains avaientinvesti une semaine auparavant.

Ferme sur le fond, souple sur la

forme, le Maroc sait qu’il peutcompter sur le soutien de son opi-nion publique. Des manifestations– jusqu’ici modestes – ont eu lieuhier dans le nord du royaume, et lespartis politiques, de la gauche à ladroite en passant par les islamistes,appuient le palais royal, qui est auMaroc, davantage que le gouverne-ment, le centre du pouvoir.

A l’étranger, le royaume peutcompter sur le soutien arabe. Hor-mis l’Algérie, avec qui le Maroc

entretient des relations très fraîches,la plupart des autres pays musul-mans appuient ses revendications.Tant la Ligue arabe que l’Organisa-tion de la conférence islamique(OCI) ont d’ailleurs appelé l’Espagneà cesser l’occupation de « l’îlot maro-cain ». Le royaume chérifien compteégalement des alliés en Afrique noi-re, comme le Sénégal ou le Gabon.

C’est sur le plan économique etfinancier que, côté marocain, lesrépercussions de la crise sont à

craindre. L’Espagne est le deuxièmepartenaire économique du royau-me et un marché prioritaire pour letourisme marocain. Or, selon lapresse espagnole, des annulationsde voyage ont été enregistrées cesderniers jours par les tour-opéra-teurs ibériques, alors que ce secteur(la deuxième source de devises duroyaume après les économies destravailleurs émigrés) traverse déjàune crise sévère. Conséquence desattentats du 11 septembre, les recet-tes touristiques ont dégringolé deprès de 30 % au cours du premier tri-mestre de l’année, selon les statisti-ques officielles.

« »Un autre problème guette l’écono-

mie marocaine : le creusement dudéficit budgétaire. Il a dépassé 7 %du produit intérieur brut en 2001, etseules les recettes tirées de la privati-sation de Maroc Télécom, l’opéra-teur public de téléphone, ont per-mis l’an dernier de masquer cettedérive. En 2002, de nouvelles privati-sations sont programmées, maisaucune n’est intervenue jusqu’ici.Un déblocage est peu probable àcourt terme, car des élections législa-tives sont prévues à l’automne…

Dans ces conditions, pourquoi lesMarocains, déjà en froid avec l’Algé-rie, ont-ils pris le risque d’une nouvel-le crise diplomatique avec leur autrevoisin, l’Espagne, en allant planter ledrapeau chérifien sur un caillou sans

importance stratégique ? Il s’agis-sait, dit-on à Rabat, d’installer un« poste de surveillance » pour luttercontre l’émigration clandestine et letrafic de drogue. Et certains respon-sables marocains d’expliquer quel’îlot Leila, accessible à la fois par depetites embarcations venues de lacôte marocaine et par des naviresd’un tirant plus respectable, était le

lieu de transbordement idéal pourdes trafiquants de tout poil.

L’explication n’est qu’à moitiéconvaincante. La douzaine d’hom-mes qui ont débarqué sur le rocheravec un drapeau n’étaient pas desimples gendarmes. Ils apparte-naient, selon une bonne source, àune unité d’élite, le Groupementd’intervention de la gendarmerieroyale (GIGR), l’équivalent duGIGN français.

Pour l’ambassadeur d’Espagne auMaroc, Fernando Arias Salgado, le« problème de fond » tient à la volon-té de Rabat de mettre un terme à« la présence de l’Espagne dans lenord de l’Afrique ». Un élémentaccrédite cette thèse : l’emploi de ter-mes très durs dans la note remiselundi par les Marocains au gouverne-ment espagnol. Ceuta et Melilla y

sont qualifiées de « villes sous occupa-tion », tandis que l’îlot Leila est pré-senté comme un territoire « libéré ».

Cette phraséologie guerrière ad’autant plus surpris qu’elle romptavec la politique d’apaisement sui-vie les dernières années du règne deHassan II. Un consensus existaitalors entre les deux capitales pouréviter tout dérapage.

En rouvrant de façon spectaculai-re le dossier des implantations espa-gnoles, le Maroc avait probable-ment un autre objectif en tête : dis-poser d’une carte pour contraindreMadrid à changer d’attitude sur unautre dossier, capital pour la monar-chie, celui du Sahara occidental. Al’heure où la France ne cache passon appui à Rabat, où les Etats-Unis, poussés par l’Arabie saoudite,se sont prononcés en faveur d’une« autonomie » pour le Sahara occi-dental dans la mouvance marocai-ne, l’Espagne est le seul Etat occi-dental impliqué dans le dossier àcontinuer à réclamer – comme l’Al-gérie – la tenue d’un référendumd’autodétermination dans sonancienne colonie. Or, si jamais elle alieu, il est probable que la consulta-tion verra le triomphe des indépen-dantistes du Front Polisario.

Jean-Pierre Tuquoi

Madrid propose à Mohammed VI un « usage commun » du rocher

MADRIDde notre correspondante

Après l’action, les explications. Laissant l’îlotdu Persil, où flottent deux drapeaux espagnols,à la garde de la Légion, le gouvernement deMadrid a entrepris de rassurer l’opinion publi-que. Très vite après l’intervention, Ana Palacio,ministre des affaires étrangères, et son homolo-gue à la défense, Federico Trillo, s’expliquaientdevant le Parlement. « L’Espagne a été attaquéeà un point très sensible de sa géographie. (…) Ils’agissait de légitime défense », a plaidé le minis-tre de la défense, se félicitant de ce que l’opéra-tion ait été « parfaitement propre, sans aucunblessé, et en traitant les Marocains avec précau-tion et respect ».

Ana Palacio démentait tout accord avecRabat et faisait valoir que l’Espagne, « faute de

réponse satisfaisante » à ses demandes, s’étaitvue « contrainte » d’agir. Dans quel but ? Noncelui de s’installer sur l’île, mais, insiste-t-elle,pour « rétablir le règne de la loi et le statu quoantérieur ». Quant à l’avenir, la ministre a ététrès claire : « Nous évacuerons l’île le plus tôt pos-sible, dès que les conditions pour un retour au sta-tu quo, mais cette fois un statu quo sérieux, serontréunies. »

Une « bonne solution », a-t-elle expliqué, en fai-sant valoir le désir de Madrid de revenir à de bon-nes relations avec son voisin marocain, serait deparvenir à un « usage commun, partagé, de l’îlot(…), ce qui permettrait aux gendarmes marocainset à la Guardia Civil de mener des opérations con-tre le trafic de drogue ». Pour cela, la garantienécessaire serait « l’engagement du roi Moham-med VI de ne plus tenter une autre occupation ».

Les réactions de la classe politique, en généralsoulagée par le côté « clinique » de cette inter-vention, sont mitigées. La grande majoritéappuie sans réserve l’action du gouvernement,mais plusieurs voix se sont élevées pour critiquer« l’abus de confiance » dont aurait été victime leParlement qui, mardi, avait voté une motiond’appui à la position gouvernementale, sans sedouter qu’il y aurait une intervention armée.

Les plus critiques s’inquiètent des conséquen-ces de cette affaire qui va endommager les rela-tions entre les deux pays, détériorer celles del’Espagne avec le monde arabe ou, pis, contri-buer à mettre sur la sellette le devenir de Ceutaet Melilla, les deux enclaves espagnoles que leMaroc revendique depuis des siècles.

M.-C. D.

/

L’îlot du Persil provoque une grave crise entre Maroc et EspagneLa reprise de ce bout de rocher par les militaires espagnols « équivaut à une déclaration de guerre », s’indigne Rabat qui a saisi le Conseil de sécurité

des Nations unies et cherche des soutiens dans les pays arabes. Les relations entre les deux pays n’ont jamais été aussi dégradées

L’opération militaire, qui a permis, mercredi 17 juillet,aux Espagnols de reprendre le minuscule îlot du Persil,un , « équivaut à une déclarationde guerre », a aussitôt protesté le Maroc. Dénonçant

ce « recours à la force pour imposer un diktat », Rabat asaisi le Conseil de sécurité de l’ONU et cherche le sou-tien de la Ligue arabe et de pays africains. « Nous nevoulons pas être impliqués dans une crise militaire. (…)

Elle doit être réglée par le dialogue », a tout de mêmetempéré le ministre marocain des affaires étrangères.Cette affaire risque de relancer le débat sur l’avenirdes en territoire marocain,

en particulier des deux villes de Ceuta et Melilla.Madrid tente de calmer le conflit en proposant que cerocher soit utilisé conjointement par les deux payspour des .

Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui « suit avec inquiétu-de » le conflit entre l’Espagne et le Maroc, est « prêt à offrir ses bons offices siles deux parties le désirent », a indiqué, mercredi 17 juillet, un porte-paro-le. Mais c’est par l’intermédiaire des Etats-Unis qu’ont eu lieu les contactstéléphoniques entre les responsables espagnols et marocains en début desemaine. « J’ai eu un premier contact avec la ministre espagnole des affairesétrangères à travers le département d’Etat américain », a raconté M. Benaïssaau cours de sa conférence de presse. Les Etats-Unis avaient « parrainé » unprojet d’accord que l’invasion de l’îlot a fait capoter, écrit mercredi Le Matindu Sahara, le quotidien officieux du Palais royal. La diplomatie américaine estactive mais neutre dans l’affaire. « Nous n’avons pas de position » sur le pointde savoir à qui appartient l’îlot, a expliqué un responsable américain.

MADRIDde notre correspondante

Avec l’évacuation manu militari,mercredi matin 17 juillet, de la poi-gnée de soldats marocains quiavaient occupé l’îlot du Persil, unrocher inhabité dont bien des Espa-gnols ignoraient jusqu’à l’ex-istence, Madrid – qui les négligeparfois – s’est vivement rappeléeau bon souvenir de ses possessionsau nord du Maroc. Hélicoptères,sous-marins, frégates, corvettes etavions de reconnaissance veillentdésormais sur le rocher d’Al-Hocei-ma, sur celui de Velez de la Gome-ra ou encore sur les trois petitesîles Chafarines, situées à moins dequatre kilomètres de la côte.

Mais c’est surtout à Ceuta etMelilla, les deux enclaves espagno-les plantées depuis 500 ans com-me des échardes dans la susceptibi-lité nationale du Maroc, qui lesdénonce comme des « coloniesarchaïques », que la sécurité a étérenforcée.

Ceuta et Melilla sont deux petitesvilles autonomes aux faux airs non-chalants, qui abritent respective-ment 73 000 et 60 000 habi-tants. Leur statut se rapproche desautonomies régionales espagnoles,avec leur gouvernement et leurassemblée élue. Elles font partieintégrante de l’histoire de l’Espa-gne, Ceuta depuis 1580, Melilla,depuis 1496. Une longue histoirecommune qui plus récemment, sur-tout dans le cas de Melilla, s’est écri-te dans le sang lors de la guerre duRif, dans les années 1920.

Aussi, rien d’étonnant si les bus-tes de Franco, qui commença icison épopée militaire lors de laguerre civile, et de Millan Astray,fondateur de la Légion, s’exposentdans les rues sans complexe. Sim-ple question de mémoire. Car àCeuta et Melilla, dans les embrunsmatinaux montés d’une Méditerra-née soumise à des températuresafricaines, c’est encore la sonneriede la Légion qui réveille tout lemonde. Même si, avec le temps, l’ar-mée, encore très présente avec envi-ron 3 500 à 4 000 hommes dans cha-que ville, ne les fait plus vivre.

Fonctionnaires (40 % desemplois à Ceuta et 30 % à Melilla)et commerçants en tous genresont pris le relais, en l’absenced’agriculture et d’une véritableindustrie. Les deux villes bénéfi-cient d’exonérations fiscales etd’exemptions dues à leur statut deport franc – héritage du temps duprotectorat, où l’on incitait lesEspagnols à venir s’y installer – etsont devenues une membrane per-méable entre l’Espagne et le conti-nent africain.

« »Elles sont aussi des portes ouver-

tes à tous les trafics : de la contre-bande à la revente de biens de con-sommation, en passant par le tra-fic des immigrés clandestins qui, lanuit, tentent de sauter les doubleshaies barbelées, hautes de3 mètres, qui protègent l’entrée dupérimètre des deux villes, dansune ambiance surréaliste de

guerre des étoiles, avec camérasinfrarouges, radars et patrouillesvolantes.

Le point fort de cette contreban-de, c’est le haschich produit prèsde Melilla, dans les collines du Rif(une saisie record de 12 tonnes aeu lieu en 1995). Ceuta a, de soncôté, développé une économie« souterraine » qui fait fleurir lesboutiques de luxe et alimente une« mafia » locale qui a défrayé lachronique à la fin des années1990. On avait alors compté sixmorts après une série de bataillesrangées entre les dix clans recen-

sés. Ce « terreau » propice à la cor-ruption avait tenté Jesus Gil y Gil,l’ex-maire de Marbella aujour-d’hui condamné pour prévarica-tion, et dont le parti, le GIL, s’étaitimposé un temps à Ceuta. Ce quiavait fait dire à ses adversairessocialistes : « Gil, c’est comme unebactérie. Il prolifère dans les socié-tés en décomposition. »

Même si Ceuta possède trentemosquées pour une quinzained’églises et si un bon tiers de sapopulation est musulmane, elle seveut d’abord espagnole et euro-péenne. Et la cohabitation, entre

quartiers séparés, n’est pas tou-jours sans frictions. A Melilla, quicompte, outre 40 % de musul-mans, une communauté juive(900 personnes environ) et uneautre, infime, d’hindous, les cho-ses se passent mieux, même si lesévénements du 11 septembre, quiavaient semé un climat de méfian-ce entre communautés, ont laisséquelques traces.

Avec ses murailles battues par lamer, ses mosquées, ses étonnantesmaisons art-déco et ses clubs mili-taires sortis d’un film colonial desannées 1950, Melilla joue, avecassez de succès, la carte de la convi-vialité : peu de hidjabs (voile islami-que) sur les cheveux des écolières(50 % des enfants des écoles sontd’origine berbère) qui parlent letamazight, et un parti politiquemusulman bien implanté.

Mais cette relative prospéritén’est pas partagée par tous, notam-ment ces enfants mendiants maro-cains qui vivent dans les rues etdont le sort a récemment émul’opinion publique. Pourtant, si lesrelations avec le Maroc se dégra-daient encore et que les frontièresen viennent à se fermer, les habi-tants de Melilla ne seraient pas lesseuls pénalisés. Comme à Ceuta, laville fait vivre toute la région limi-trophe. Des milliers de Marocainsqui viennent chaque jour travailleret faire du commerce dans les« enclaves » espagnoles se retrou-veraient sans rien.

Marie-Claude Decamps

Depuis mercredi17 juillet au matin,on peut voir, depuisla côte marocaine, ledrapeau espagnolflotter sur l’îlot duPersil. Les bérets vertsespagnols ont délogéles soldats marocainsqui avaient prispossession de l’îlot sixjours auparavant.Madrid s’est engagéeà évacuer l’île « leplus tôt possible, dèsque les conditionspour un retour austatu quo, mais cettefois un statu quosérieux, serontréunies ».

Pour surveiller ses enclaves nord-africaines et pas seulement l’îlot duPersil, l’Espagne déploie actuellementun dispositif aéronaval assez impres-sionnant. Trois frégates de 4 000 ton-nes (les Navarra, Numancia et Balea-res) sont armées de missiles mer-merHarpoon et embarquent, chacune,deux hélicoptères lance-missiles.

Deux autres frégates de 1 640 ton-nes (les Cazadora et Infanta Elena),équipées notamment de missiles mer-air Sea Sparrow, les escortent, avec àdistance un sous-marin lance-tor-pilles, le Galerna, conçu dans des chan-tiers espagnols à partir des plans dusous-marin français Agosta. Un avionde patrouille maritime P-3A Orion sur-veille la zone depuis une base prochede Séville, où il est stationné, et il estaccompagné d’un Citation pour l’ob-servation photographique.

Pour la reconquête de l’îlot du Per-sil, l’aéronavale espagnole a utilisé,depuis Rota, où ils sont basés, deshélicoptères de transport de troupesChinook (de conception américaine)et l’armée de l’air espagnole des héli-coptères Cougar (achetés à la Fran-ce). Les premiers peuvent acheminer44 commandos et les seconds jus-qu’à 24, armés pour des actions« coups de poing » basées sur undébarquement-surprise.

ESPAGNE

MAROC ALGÉRIE

Gibraltar (Royaume-Uni)

Tétouan

Ceuta

Presqu'île Velezde la Gomera

Melilla

Ilesd'Al-Hoceima

IlesChafarines

Tanger

Mer Méditerranée

(1580)

(1508)(1673)

(1496)

(1848)

Entre parenthèses, les dates de lamainmise ibérique sur ces territoires

Ilot du Persil(îlot Leila)

R

IF

Superficie

Population

Ceuta Melilla

18 km2

73 000 hab.Population àmajorité

chrétienne, présence d'une fortecommunauté musulmane

12,5 km2

60 000 hab.dont 40 %

de musulmans

LES POSSESSIONS ESPAGNOLES EN AFRIQUE DU NORD

50 km

I N T E R N A T I O N A Lm é d i t e r r a n é e

Kofi Annan propose ses bons offices

Un dispositif navalimpressionnant

Ceuta et Melilla, deux villes-enclaves portes ouvertes à tous les traficsDénoncées par le Maroc comme des « colonies archaïques », elles appartiennent depuis plus de quatre siècles à l’Espagne

2/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

Page 3: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/3

La tournée-spectacle du colonel Kadhafi en AfriqueAbdul Kalam, troisième président musulman de l’Inde

ISLAMABADde notre correspondante

en Asie du SudSa longue chevelure argentée

qui lui tombe à l’épaule, son air de

professeur Nimbus sont familiersà tous les Indiens qui ont vu saphoto à de multiples reprises,notamment lors des essais nucléai-res de mai 1998. A 70 ans, AvulPakir Jainulabdeen Abdul Kalam,qui a passé toute sa vie dans leslaboratoires indiens de recherchesmilitaire et spatiale, devait êtredéclaré, jeudi 18 juillet, 12e prési-dent de l’Inde indépendante.

Soutenu par la coalition gouver-nementale que conduisent lesnationalistes hindous du BJP (Par-ti du peuple indien) et par leprincipal parti d’opposition, leCongrès, son élection par les4 896 représentants au Parlementnational et aux Assemblées destrente Etats ne faisait pas de dou-te. Sa seule rivale, LakshmiSehgal, une ancienne assistantede Su Bhas Chandra Bose, le pèrede l’armée nationale indienne quiavait combattu au côté du Japondurant la seconde guerre mondia-le, était soutenue par les partis

communistes, qui ne représententque 10 % des voix.

Fils d’un pêcheur de l’Etat duTamil Nadu, Abdul Kalam a com-mencé son éducation à l’école duvillage de Rameshwaram, avantd’obtenir un diplôme de mécani-que aéronautique à l’Institut detechnologie de Madras. Bien quené dans une famille musulmane,Abdul Kalam affirme lire chaquematin la Bhagavad Gita, un livresaint de l’hindouisme. Il est végéta-rien. Sa religion, au moins d’origi-ne, n’est toutefois pas étrangère àson élection, car, comme l’écrivaitle quotidien The Hindu dans un édi-torial, « il semble évident que le sou-tien apparemment enthousiaste duBJP pour sa candidature (…) souli-gnait le désir de détourner l’atten-tion de l’horrible et impardonnablecarnage sectaire au Gujarat » enmars. Contrairement à son prédé-cesseur, K. R. Narayanan, qui a con-damné les violences religieusesdans cet Etat gouverné par le BJP,dans lesquelles près de 2 000 musul-mans ont été massacrés, AbdulKalam a évité tout commentaire.

Considéré par beaucoup commele père des programmes de missi-les indiens, dont les succès sontmitigés, Abdul Kalam a récem-ment réitéré son appui au program-me nucléaire, affirmant que « ladissuasion nucléaire des deux côtés[Inde et Pakistan] a aidé à éviter laguerre ». Il a aussi plaidé pour uneInde militairement puissante, affir-mant que l’Inde avait été envahie àplusieurs reprises dans l’Histoire àcause de sa faiblesse militaire.

Il a toutefois souligné que son

élévation à la présidence ne signa-lait pas d’intentions belliqueuses.Très bien accueilli dans l’opinion,la candidature d’Abdul Kalam ainquiété tous ceux qui craignentque son manque d’expérience poli-tique ne soit un handicap en cas decrise. Si la présidence en Inde estlargement honorifique, le prési-dent a toutefois les pouvoirs encas d’impasse politique d’appeler àdes élections ou de donner unechance à un parti de former le gou-vernement.

Abdul Kalam, troisième prési-dent musulman, sera officielle-ment investi le 25 juillet. Il succéde-ra à l’humaniste et premier « intou-chable » à devenir président,K. R. Narayanan. Durant les cinqans de sa présidence, celui-cin’aura jamais manqué une occa-sion de dénoncer les inégalitéscriantes qui continuent d’assaillirl’Inde.

Françoise Chipaux

Les Etats-Unis réactualisent leurs plans de guerre contre l’Irak

JOHANNESBURGde notre correspondante

Marginalisé durant le sommet del’Union africaine, qui s’est tenu àDurban du 8 au 10 juillet, le colonelKadhafi mène depuis une tournéeremarquée en Afrique australe pourtenter de rallier les voisins de l'Afri-que du Sud à sa cause. A Durban, leleader libyen avait dû ronger sonfrein. Pas question pour les autori-tés sud-africaines de le laisser ani-mer son show rodé lors de précé-dents sommets. A Lomé, par exem-ple, il y a deux ans, il avait planté satente dans les jardins d'un des plusbeaux hôtels de la capitale, fait creu-ser une tranchée sur la plage et faitinstaller des miradors équipés deprojecteurs pour surveiller la mer.

Dès son arrivée en Afrique duSud, son imposante suite de véhicu-les a été d'office stationnée à l'aéro-port, et il a été prié de déposer lesarmes avant de se rendre au centrede conférences. Selon la presse sud-africaine, le colonel Kadhafi étaitarrivé avec un équipement suffisant« pour déclencher une petiteguerre », composé entre autres de27 mitrailleuses, 48 kalachnikovs etde lance-roquettes. Pour trans-porter son arsenal et ses voitures, ila utilisé deux Boeing, un Antonov etun bateau.

L'Afrique du Sud, qui vient deprendre la tête de la toute nouvelleUnion africaine, n'a pas ménagé sapeine pour, diplomatiquement, ren-voyer le leader libyen dans les cor-des. Le colonel revendique pourl'Afrique de bien plus grandes ambi-tions que la constitution d'uneUnion calquée sur le modèle euro-

péen, dans laquelle il a du mal àtrouver sa place. Il se bat pour lacréation d'un poste de président del'Union, qui serait occupé par unchef d'Etat africain à plein temps, lamise en place d'une armée uniqueet la définition d'une politique étran-gère et commerciale commune. Sespropositions ont été renvoyées à unexamen ultérieur.

’Il aura aussi fallu à l'Afrique du

Sud et à ses partenaires, l'Algérie,le Sénégal et le Nigeria, beaucoupde tact pour empêcher le leaderlibyen de torpiller leur projet, leNepad. Ce nouveau partenariatentre l'Afrique et le reste du mondeest basé sur un contrat : démocra-tie et bonne gouvernance contreaide et investissement.

Pour le colonel Kadhafi, ce projeta un inacceptable relent de colonia-lisme. « Les Occidentaux tentent denous imposer leurs conditions, et nousle refusons, nous ne sommes pas desenfants, ils n'ont rien à nous appren-dre. Nous avons notre propre style devie », a-t-il lancé dans un de ses mul-tiples discours enflammés.

Pour tenter de le calmer, les chefsd'Etat ont proposé l'élargissementde 15 à 20 des pays membres ducomité de pilotage du projet, sous-entendant que la Libye en ferait par-tie. Mais cela n'a pas suffi. AMaputo, au Mozambique, deuxièmeétape de sa tournée, le « guide de laRévolution » a vivement critiqué ceprogramme, qui vise à imposer àl'Afrique « un modèle de développe-ment occidental, allant à l'encontredes religions et traditions africaines ».

Les impératifs démocratiques quedes chefs d'Etat africains tententd'imprimer au continent laissentfroid le leader libyen. Pour lui, lespays africains « n'ont pas besoin denombreux partis politiques ». Le colo-nel Kadhafi n'est pas tout seul danssa croisade. Il est épaulé par plu-sieurs pays parmi les plus pauvres etqui bénéficient de ses largessesfinancières, mais aussi par ceux quisont en froid, comme lui, avec lacommunauté internationale.

Dans sa tournée, le colonel va ain-si rendre visite à Robert Mugabe, leprésident zimbabwéen, dont ilappuie sans réserve la très critiquéeréforme agraire. Il y a quelquesmois, la Libye est venue au secoursdu Zimbabwe en lui fournissant ducarburant. Qu'importe que RobertMugabe ait été réélu en mars dansun climat de violence et de répres-sion, il symbolise aux yeux dunuméro un libyen la lutte contrel'impérialisme.

Les relents démagogues des dis-cours de Mugabe et de Kadhafireçoivent un écho très positif sur lecontinent. En Afrique, les deux hom-mes sont des héros populaires. Mer-credi, le leader libyen a été triompha-lement accueilli au Malawi. Accom-pagné du président de ce petit pays,Bakili Muluzi, le colonel a fait unlong discours dans un stade oùétaient massées 60 000 personnesen liesse. « Nous voulons des amiscomme vous pour nous aider à luttercontre la pauvreté », a déclaré le pré-sident Muluzi pour le remercier desaides financières de la Libye.

Fabienne Pompey

DEPUIS que, le 8 juillet, le prési-dent américain, George W. Bush,s’est dit déterminé à « utiliser tous lesmoyens à la disposition » des Etats-Unis pour obtenir un changementde régime en Irak, Bagdad est sur lequi-vive. Les avertissements dusecrétaire américain à la défense,Donald Rumsfeld, les informationspubliées par la presse américaine etla visite en Turquie du secrétaireadjoint à la défense, Paul Wolfowitz,pour parler de l’Irak n’ont fait qu’ac-centuer la nervosité des dirigeantsirakiens.

La dénonciation des menaces amé-ricaines est allée crescendo, avec, enpoint d’orgue, un discours, mercredi17 juillet, du président Saddam Hus-sein. Saisissant l’occasion du trente-quatrième anniversaire de l’acces-sion au pouvoir du parti Baas qu’ildirige, M. Hussein a lancé une vio-lente diatribe contre les Etats-Unis.« Vous ne pourrez jamais me vaincre.Jamais, même si vous vous rassemblezde tous les coins du monde et si vousinvitez aussi tous les diables », a-t-il

déclaré à l’adresse de « tous lestyrans (…) et oppresseurs du monde ».

Il a rendu hommage aux citoyensirakiens pour avoir réussi « à affron-ter l’injustice et l’agression, refusantde permettre aux flèches des tyrans etde leurs serviteurs de toucher à [leur]esprit, [leur] détermination, [leur]

conviction, [leur] position, [leur]volonté et [leur] loyauté ». « L’Irakvaincra et triomphera », a-t-il conclu.

Depuis trois jours, ses proches etses collaborateurs ont eux aussi saisil’occasion de cet anniversaire pourl’assurer de leur loyauté. Du vice-pré-sident du commandement de laRévolution, Izzat Ibrahim Al Douri,au ministre de la défense, sultanHachem Ahmad, en passant par son

propre fils cadet, Qoussaï, adjoint auresponsable du bureau militaire duparti, par le vice-président Taha Yas-sine Ramadan et par le président duParlement, Saadoun Hamadi, tousse sont dits déterminés à le suivre età affronter toute attaque.

Le Parlement, simple caisse derésonance du régime, s’est engagé à« se tenir fermement derrière le com-mandement du président SaddamHussein et à soutenir toutes les mesu-res qu’il a prises ou qu’il prendra àl’avenir pour défendre la sécurité del’Irak, son indépendance et son régimenational ». A l’unisson d’Oudaï, lefils aîné de M. Hussein, les parlemen-taires ont invité les pays arabes àdénoncer le comportement desEtats-Unis.

Oudaï a, par ailleurs, invité lesdéputés à « préparer la populationaux plans psychologique, militaire etnational à s’opposer à toute attaque(…) pour supporter le fardeau de laguerre qui risque d’être plus féroce »que celle qui, en 1991 a permis à lacoalition multinationale de libérer le

Koweït. Faute de quoi, a-t-il préve-nu dans un document soumis au Par-lement, le pays risque une « réédi-tion des actes de trahison » de 1991,dans une allusion aux soulèvementskurde dans le Nord et chiite dans leSud, qui ont eu lieu au lendemain dela guerre.

Les parlementaires irakiens ontannoncé, pour leur part, qu’ilsavaient l’intention de demander uneréunion urgente de la Ligue arabeconsacrée aux menaces américai-nes. Ils se proposent également deréclamer aux représentants perma-nents des pays arabes aux Nationsunies de requérir une réunion extra-ordinaire du Conseil de sécurité. LesParlements arabes devraient êtreeux aussi invités à débattre du sujet,estiment les députés irakiens.

Lundi, le ministre des affairesétrangères, Naji Sabri, n’avait pashésité à menacer de « couper la têtede quiconque osera toucher aux fron-tières de l’Irak ».

Mouna Naïm

UNE ÉVENTUELLE intervention militaireaméricaine en Irak est à nouveau à l’ordre dujour. Les motifs en sont le refus de l’Irak d’accep-ter le retour sur son territoire des experts dudésarmement et les risques de reconstitution deson arsenal d’armes de destruction massive. Lesecrétaire américain à la défense, Donald Rums-feld, vient de révéler qu’une réévaluation deséventuels plans de guerre, dont ceux qui concer-nent l’Irak, était en cours. Le numéro deux duPentagone, Paul Wolfowitz, est à Ankara pourdes concertations sur le sujet.

Chaque jour ou presque, la presse américai-ne apporte son lot de « fuites » sur les inten-tions de Washington. Le Wall Street journal(WSJ) croyait ainsi savoir, mardi 16 juillet, quecertains stratèges militaires étudient la possibili-té d’une opération qui serait un moyen termeentre deux extrêmes : un engagement a mini-ma, qui impliquerait l’aviation et quelques cen-taines de membres des forces spéciales, opé-rant en coordination avec des forces de l’oppo-sition irakienne et des militaires qui auraientfait défection et, à l’opposé, une interventionmassive requérant la mobilisation de quelque250 000 soldats américains.

Le WSJ livrait un luxe de détails sur ladite opé-ration médiane en vertu de laquelle seuls50 000 à 75 000 militaires seraient engagés. Despays tels que le Koweït, le Qatar, la Turquie,Bahreïn, Oman et les Emirats arabes unisseraient d’une manière ou d’une autre impli-qués. Mais le journal précisait que l’opérationen question n’a pas encore pris la consistanced’un plan en bonne et due forme. Le débat ausein de l’administration américaine s’est intensi-

fié, mais Washington n’a pas encore, à ce stade,décidé d’intervenir, ajoutait le journal.

C’est le leitmotiv de tous les responsablesaméricains qui se sont récemment exprimés surce sujet, publiquement ou sous le sceau del’anonymat. Début juillet, le New York Timesavait rapporté, citant une source qu’il n’avaitpas identifiée, que des officiers du commande-ment central avaient mis au point un plan pourun engagement massif (250 000 hommes). Lamême source avait, elle aussi, fourni force préci-sions à ce sujet, tout en indiquant que le projetn’avait pas encore été soumis au général Tom-my Franks, chef du commandement central, nià aucun responsable plus haut placé.

’Ce n’est pas la première fois que de telles

informations et « fuites » circulent aux Etats-Unis. A la fin 2001, l’administration américaines’était déjà focalisée sur l’Irak. Des responsa-bles indiquaient que la question n’était plus« si » mais « quand » aurait lieu une interven-tion. La presse avait fait état de la possible parti-cipation de plus de 200 000 soldats. Les pronos-tiqueurs prévoyaient le passage à l’acte àl’automne, compte tenu notamment du faitque le Conseil de sécurité de l’ONU devait dis-cuter, en mai, de la reconduction de la formuledite « pétrole contre nourriture » et qu’il fallaitattendre la fin des chaleurs de l’été en Irak pourintervenir.

En avril, la presse croyait savoir que l’offensi-ve était repoussée jusqu’au début 2003 et queWashington aurait définitivement opté pour unengagement direct, du fait qu’un coup d’Etat

ou qu’un simple appui aux forces de l’opposi-tion aurait peu de chances de succès. Une listede pays concernés était également énuméréequi tous, alors comme aujourd’hui, avaientdémenti avoir été sollicités et s’étaient déclaréshostiles à une telle intervention.

Ce qui est certain, de l’avis général, c’est queWashington est déterminé à en finir avec le régi-me irakien. George W. Bush en a même fait unede ses priorités dès son accession à la présiden-ce. Il est tout aussi certain, estiment des diplo-mates occidentaux et des sources de l’opposi-tion irakienne, que la réaffirmation périodiqueet de plus en plus insistante de cet objectifaccroît la pression sur Bagdad ; d’autant que,note un opposant, ces déclarations d’intentionse sont accompagnées cette fois-ci de la réu-nion à Londres d’un conclave d’anciens offi-ciers irakiens, le premier du genre depuis 1991.Du point de vue des Etats-Unis, les mises en gar-de répétitives auraient une autre « vertu »selon cet opposant : banaliser l’idée de l’inter-vention militaire.

Quant à la date de l’opération, elle est tribu-taire de plusieurs considérations, estime-t-onde source diplomatique occidentale et arabe : ilfaut notamment que le débat soit tranché ausein même de l’administration américaine, quedes consultations aient été sérieusement enga-gées avec tous les Etats alliés et amis, sansoublier les préparatifs militaires. Il est toutefoispeu vraisemblable qu’une intervention ait lieuavant les « primaires » prévues pour novembreaux Etats-Unis.

M. Na.

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JÉRUSALEMde notre correspondant

Au lendemain de l’embuscademeurtrière tendue contre un busprès de la colonie israélienne d’Em-manuel, en Cisjordanie, un nouvelattentat a été perpétré, mercredisoir 17 juillet, à Tel-Aviv. A quelquessecondes d’intervalle, deux hommesont fait exploser les bombes qu’ilsportaient dissimulées dans des sacsà dos, à proximité de l’anciennegare routière de la métropole israé-lienne, un endroit particulièrementfréquenté par les travailleurs immi-grés. Outre ses deux auteurs, l’atten-tat a tué trois personnes – dontdeux travailleurs immigrés dont lanationalité n’avait pas encore étérévélée jeudi matin – et fait plu-sieurs blessés.

Les explosifs utilisés étaient de fai-ble puissance, a estimé la police, quia été mise en état d’alerte par crain-te de nouveaux actes du mêmegenre. Des barrages routiers ont étédressés aux entrées de Tel-Aviv, etles patrouilles ont été renforcées. Ily a plusieurs mois, un premier atten-tat avait été perpétré dans ce mêmequartier. Il avait fait des blessés etson auteur avait été tué.

Survenant alors que les juifs d’Is-raël observaient depuis quelquesheures le jeûne de Ticha Be’av, ensouvenir de la destruction du Tem-ple, l’attentat revendiqué par leJihad islamique a été aussitôtdénoncé par l’Autorité palestinien-ne de Yasser Arafat. Il « n’aidera enrien le peuple palestinien », a ainsiestimé Ahmad Abdel Rahman, lesecrétaire du gouvernement palesti-nien. Comme à l’accoutumée, lesautorités israéliennes ont réagi enaccusant au contraire le chef del’Autorité palestinienne d’avoir« encouragé » les organisationsmilitaires responsables des derniè-res opérations terroristes commi-ses en Israël et dans les territoiresoccupés. Le ministre israélien de ladéfense, Benyamin Ben Eliezer, quiavait annoncé la veille la poursuitede la réoccupation des villes palesti-niennes de Cisjordanie (à l’excep-tion de Jéricho), s’est prononcépour le report de mesures desti-nées à alléger les contraintes sansprécédent qui pèsent sur les Palesti-niens dans les zones autrefois auto-nomes et désormais soumises aucouvre-feu.

L’attentat-suicide de Tel-Aviv, lepremier depuis le début de l’opéra-tion militaire « Voie ferme » qui apour seul objectif la réoccupationprolongée de la plupart des agglo-mérations palestiniennes, témoi-

gne de ses limites. Décidée il y a unmois, à la suite de deux attentats-suicides perpétrés à Jérusalem,cette opération est intervenuedeux mois après l’offensive contro-versée « Mur de protection » et àla suite d’incursions incessantesdans les zones palestiniennes auto-nomes. Ces incursions avaient étéaccompagnées d’arrestations mas-sives, de fouilles systématiques etd’assassinats de responsables pré-sumés de groupuscules militairesclandestins palestiniens.

Au début du mois de juillet, l’undes chroniqueurs militaires du quo-tidien israélien Haaretz, AmosHarel, avait d’ailleurs assuré quepour les services de sécurité israé-liens, les responsables les plusimportants des factions islamistes

ou « nationalistes » palestiniennesde Cisjordanie avaient tous été soitarrêtés, soit tués. Cet activismeincontestable n’a pourtant pas misun terme aux attaques palestinien-nes. Depuis le lancement de « Voieferme », trois attentats ont été per-pétrés contre des Israéliens. AvantTel-Aviv et Emmanuel, une premiè-re attaque meurtrière avait en effetété lancée contre la colonie d’Ita-mar, qui abrite principalement desIsraéliens radicaux et qui est situéeà proximité de la ville palestinien-ne de Naplouse.

Au total et en l’espace d’un mois,près de vingt personnes ont trouvéla mort à la suite de ces opérationsterroristes, que la présence massi-ve de l’armée israélienne dans leszones palestiniennes n’a pas puempêcher. A cet égard, l’exemplede l’attentat d’Emmanuel est éclai-rant : le commando palestinien apu tirer pendant une dizaine deminutes sur le bus, avant l’arrivéedes services de sécurité israéliens.Malgré la chasse à l’homme aussi-tôt déclenchée, trois des quatremembres de ce commando étaienttoujours en fuite jeudi matin.

Gilles Paris

Le père

du programme de

missiles devrait être

investi le 25 juillet

« Vous ne pourrezjamais me vaincre.Jamais, même si vousvous rassemblez de tousles coins du monde »

Les proches de Saddam Hussein resserrent les rangsderrière leur président face aux menaces américaines

Bagdad prépare sa population à supporter le « fardeau d’une guerre qui risque d’êtreplus féroce » que l’opération « Tempête du désert » ayant mené à la libération du Koweït en 1991

A Tel-Aviv, un nouvel attentatfait cinq morts

dont ses deux auteursL’opération « Voie ferme » atteint ses limites

Revendiqué par

le Djihad islamique,

l’attentat a été

aussitôt dénoncé

par l’Autorité

palestinienne

I N T E R N A T I O N A L

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4/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

La Cour constitutionnelle validele « mariage homosexuel » allemandKARLSRUHE. Le « mariage homosexuel », légalisé en Allemagne enaoût 2001, n'est pas contraire à la Loi fondamentale allemande, a esti-mé, mercredi 17 juillet, la Cour constitutionnelle, suite à une plaintedéposée par plusieurs Etats régionaux dirigés par l'opposition conserva-trice. Les sages deKarlsruhe ont jugé quele contrat de vie com-mune entre homo-sexuels ne représentaitpas une attaque àl'égard du mariage tra-ditionnel, car il nes'adressait pas auxmêmes personnes.La Bavière (sud), diri-gée par Edmund Stoi-ber, le candidat conser-vateur à la chancellerieaux élections de sep-tembre, la Thuringe(est) et la Saxe (est),avaient déposé uneplainte contre la loi votée par la majorité parlementaire social-démocra-te – écologiste. Edmund Stoiber a indiqué qu'il regrettait la décision dela Cour, mais qu'il ne remettrait pas en cause le « mariage homosexuel »s'il arrivait au pouvoir. Entre 4 000 et 4 500 couples homosexuels seseraient mariés depuis la mise en œuvre de la loi. – (AFP, Reuters.)

Arrestation en Grèce d’un dirigeantprésumé du 17 NovembreATHÈNES. La police grecque a arrêté, mercredi 17 juillet, un hommede cinquante-huit ans, soupçonné d'être un dirigeant et peut-êtremême un membre fondateur du mouvement terroriste du 17 Novem-bre. L'homme a été interpellé par un commando dans l'île de Lipsos, à250 km à l’est d'Athènes, où il avait une résidence secondaire. D’aprèsla police, le suspect est un universitaire grec, enseignant à Strasbourg,dont le nom, Alexandre Iotopoulos, avait régulièrement été évoqué cesderniers jours, comme étant celui d’un des cerveaux du 17 Novembre.Cette interpellation intervient dix-huit jours après la capture, le 30 juin,d'un membre présumé du groupe nationaliste, Savvas Xiros, le premierjamais identifié de cette organisation plutôt classée à l’extrême gaucheresponsable de vingt-trois assassinats de personnalités grecques, améri-caines, turques et britannique depuis 1975. – (AFP, Reuters.)

Un nouvel attentat islamistefait six morts en AlgérieALGER. Six personnes ont été assassinées dans la nuit du mardi 16 aumercredi 17 juillet, devant un café, à Médéa (à 80 kilomètres au sud d’Al-ger). Les victimes ont été mitraillées par des islamistes armés, alors qu’el-les étaient attablées à un carrefour, à la périphérie de la ville. Le groupearmé a réussi à s’enfuir quelques instants après, en direction d’une forêtoù sont implantés des maquis du Groupe islamique armé. Près de120 personnes ont été tuées dans des opérations similaires depuis ledébut du mois de juillet, près de 850 depuis le début de l’année.Devant cette recrudescence de la violence, les autorités ont décidé derenforcer la sécurité. Le chef de la police, Ali Tounsi, a annoncé que sixmille nouveaux policiers allaient être affectés à la lutte contre le terroris-me dans l’Algérois. Le gouvernement a rappelé, le 14 juillet, qu’il sefixait comme « première priorité, la restauration entière et durable de lasécurité ». Depuis 1992, selon un bilan officiel, les violences ont fait plusde 100 000 morts en Algérie. – (AFP, Reuters.)

a ÉTATS-UNIS : le Français Zacarias Moussaoui s’est défendud’être fou dans une série de requêtes adressées au tribunal d’Alexan-dria (Virginie). Le seul inculpé pour les attentats du 11 septembre con-sidère que l’objectif de la juge Leonie Brinkema qu’il a qualifié de« SS » est de le « déclarer demeuré dans l’intérêt de la justice américai-ne ». Jugé sain d’esprit en avril par un médecin désigné par le tribunal,la juge a laissé entendre que le rapport d’évaluation psychiatriquepourrait être révisé. « SS Brinkema, je suis musulman, je me battrais etAllah me donnera la victoire » a réagi Zacarias Moussaoui. – (AFP.)a Le policier blanc, accusé de violences à l’égard d’un adolescentnoir dans une banlieue de Los Angeles, devra passer en jugementpour agression, a indiqué, mercredi 17 juilllet, son avocat, John Bar-nett. Les grands jurés - qui siègent à huis clos - pensent qu’il y a suffi-sament de preuves pour que Jérémy Morse soit traduit en justice. Lestélévisions américaines ont diffusé ces derniers jours une vidéo mon-trant le policier plaquer un adolescent noir contre une voiture à unestation service d’Inglewood, une banlieue de Los Angeles. Tandis quel’adolescent était menotté, le policier lui écrasait le visage, avant de luiasséner un coup de poing. – (AFP, AP.)a PARAGUAY : le président du Paraguay, Luiz Gonzalez Macchi, alevé, mercredi 17 juillet, l'état d'urgence décrété lundi, à la suite de mani-festations massives exigeant sa démission. Deux personnes avaient ététuées et plus d’une centaine blessées, lors d’affrontements entre forcesde l’ordre et manifestants. M. Macchi a, par ailleurs, refusé de démission-ner, affirmant qu’il resterait au pouvoir jusqu’à la prochaine élection pré-sidentielle, prévue pour le 29 avril 2003. – (AFP.)a TURQUIE : le gouvernement d’Ankara a signé un accord avecWashington, selon lequel la Turquie financera, à hauteur de 175 millionsde dollars (à peu près l’équivalent en euros), sa participation au program-me de nouvel avion de combat F-35 (ex-Joint Strike Fighter). Déjà, leCanada, le Danemark, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas et le Royaumeuni se sont joints à ce projet américain. – (Corresp.)

Quatre-vingt-huit Soudanaisont été condamnés à mortKHARTOUM. Une juridiction d'exception soudanaise a condamné àmort, mercredi 17 juillet, quatre-vingt huit personnes dans la ville deNiyala, dans l'Etat du Darfour du sud (ouest), pour leur implicationdans un affrontement entre deux tribus qui a fait plus de cent mortsen mai. Ce tribunal a été mis en place en vertu de l'état d'urgence envigueur depuis 1999. Au total quatre-vingt quinze personnes étaientjugées pour ce conflit qui avaient opposé les tribus des Razaykat etdes Maaliya du 13 au 19 mai.Après le meurtre d’un policier Razaykat par un policier Maaliya, lesRazaykat avaient attaqué le village Maaliya d'Al-Tebet, tuant des dizai-nes d’habitants et incendiant les maisons. Le président Omaral-Béchir avait formé un comité de sécurité de haut rang, dirigé par legouverneur du Darfour du sud, le général Salah Ali al-Ghali, pour met-tre fin à ces affrontements tribaux qui éclatent généralement dansl'ouest du Soudan à cause de différends sur le pâturage. – (AFP.)

L’automobile bientôt moins chère dans l’Union européenne... peut-être

BRUXELLESde notre bureau européen

La Commission européenne a adopté, mercre-di 17 juillet, un texte qui fixera, dès 2003, de nou-velles règles pour la vente et la réparation auto-mobile dans l’Union en injectant une dose deconcurrence dans un marché cadenassé par lesconstructeurs. Sans en fournir de preuves défini-tives, le commissaire italien Mario Monti, auteurdu projet, affirme que le consommateur euro-péen sera gagnant et paiera moins cher savoiture.

L’affaire avait divisé, en février, les « libé-raux » et les « régulateurs » au sein de la Com-mission. Cinq mois plus tard, elle se solde par unaccord unanime sur un texte amendé qui prévoitque l’un des points les plus débattus, celui de la« clause de localisation », ne sera définitivementréglé qu’au 1er octobre 2005. Les constructeursauront jusqu’à cette date pour supprimer cettepratique qui leur permet, à l’heure actuelle, desélectionner un concessionnaire et de le limiter àun territoire donné, en échange d’une protectioncontre l’installation d’un concurrent. Les cons-tructeurs garderont le droit de choisir leur con-cessionnaire mais ne pourront plus l’empêcherde vendre d’autres marques ou d’ouvrir des suc-cursales, dans son pays ou dans un autre Etat del’UE. Si elle choisit plutôt d’octroyer une exclusi-

vité, une marque ne pourra plus empêcher celuiqui en bénéficiera de revendre des voitures à desindépendants, voire à des supermarchés. La Com-mission n’a pas voulu contraindre les construc-teurs à fournir les grandes surfaces, mais celles-cipourront devenir des distributeurs automobilessi elles répondent aux critères fixés.

L’autre grand axe de la réforme adoptée est ladissociation entre la vente et l’après-vente et lamise sur un pied d’égalité des garages « de mar-que » et des réparateurs indépendants. Lesconstructeurs ne pourront plus réserver les docu-ments techniques et l’outillage aux garagesagréés par eux. Quant aux vendeurs, ils ne serontplus tenus d’assurer les réparations, qu’ils confie-ront, s’ils le veulent, à des établissements recon-nus.

Les marques perdront un autre monopole, parti-

culièrement lucratif pour elles : celui des pièces derechange. La direction de la concurrence de laCommission a relevé que, sur un modèle moyen,80 % des composants sont fabriqués par des équi-pementiers. Or le client d’un réparateur agréén’avait pas, jusqu’ici, le choix entre une pièce de lamarque et celle d’un autre producteur. Les fonc-tionnaires de Bruxelles ont dès lors relevé des mar-ges de 400 % sur certaines pièces de rechange…

Mario Monti pense que le consommateurdevrait, à l’avenir, bénéficier également d’une bais-se des prix à l’achat d’un véhicule neuf. Le commis-saire refuse pourtant de chiffrer cette diminutionou de certifier que sa réforme mettra fin à de gran-des disparités au sein des Quinze : si certaines mar-ques du haut de gamme affirment vouloir harmo-niser leurs prix, d’autres pratiquent toujours desdifférences de 20 %, 30 %, voire 50 % au sein del’Union. Cela a d’ailleurs valu de lourdes amendesà des constructeurs qui interdisaient en outre àleurs concessionnaires la vente à des ressortis-sants d’un autre Etat membre.

D’autres incertitudes sont liées à la réforme pré-vue, dont celle d’une accélération de la concen-tration dans le réseau de la distribution. On pré-voyait déjà, avant l’adoption du plan Monti, quele nombre de concessionnaires diminuerait de20 % à 25 % d’ici à 2010. La Commission penseque le nouveau règlement permettra à une partied’entre eux de se reconvertir en réparateurs. Pource qui est du risque évoqué à l’époque par le com-missaire Michel Barnier, qui s’inquiétait de la pos-sible disparition des concessions dans les zonesdéfavorisées, le texte renvoie mollement la balleaux constructeurs : à eux d’arrêter les bons choixcommerciaux.

Jean-Pierre Stroobants

LE TRIPLE étau, sanitaire, juridi-que et financier, ne cesse de se res-serrer. Pressée depuis plusieursmois par la Grande-Bretagne, laCommission a, le 17 juillet, deman-dé à la Cour de justice de l’Unioneuropéenne d’infliger, au plus vite,à la France une astreinte quotidien-ne de 158 250 euros. Aux yeux deBruxelles, Paris demeure coupablede maintenir, depuis trois ans, unembargo sur les viandes bovinesbritanniques, pour des raisons desanté publique liée à l’encéphalo-pathie spongiforme bovine (ESBou maladie de la vache folle).

David Byrne, commissaire euro-péen en charge de la santé des con-sommateurs, a expliqué le17 juillet à l’agence Reutersqu’une telle initiative était, selonlui, de nature « à faire réfléchir »

les Etats membres de l’Union.Sans surprise Londres s’est chaude-ment félicité de la décision de laCommission européenne, Marga-ret Beckett, ministre britanniquede l’agriculture, déclarant : « Il n'ya plus d’excuse pour que la Francene lève pas son embargo. »

Les menaces de la Commissionont laissé impassible le gouverne-ment de Jean-Pierre Raffarin qui,sur ce sujet, entend ne rien modi-fier à la gestion du gouvernementJospin, soutenu en l’espèce par leprésident Jacques Chirac. La Courde justice mettra trois ou quatremois à se prononcer et la France afait savoir qu’elle prendrait unedécision en septembre.

M. Raffarin a confirmé, le17 juillet, les informations dis-tillées ces derniers jours par

Noëlle Lenoir, ministre des affai-res européennes, et par Hervé Gay-mard, ministre de l’agriculture.Avant de trancher sur cette ques-tion, le gouvernement attend– comme la loi de sécurité sanitai-re l’impose – l’avis demandé àl’Agence française de sécurité sani-taire des aliments (Afssa).

« Il y a désormais des données

plus solides qu’en 1999 pour compa-rer la sécurité sanitaire des viandesbovines d’origine britannique et cel-le des viandes consommées en Fran-ce, a déclaré au Monde MartinHirsch, directeur général de l’Afs-sa. Il y a trois ans, nous ne dispo-sions pas du recul suffisant pourapprécier l’efficacité des mesures deprotection prises en 1996 par leRoyaume-Uni. Les conditions demaîtrise du risque dans les deuxpays se sont améliorées. Comptetenu des évolutions épidémiologi-ques depuis 1999, la question esttrès ouverte et l’agence ne prendraen compte que des considérationsscientifiques et sanitaires. »

D’ici au mois de septembre,l’Afssa s’attachera notamment àdéterminer si les conditions restric-tives applicables au Royaume-Uni(où les animaux pouvant être con-sommés doivent avoir un âge com-pris entre 6 et 30 mois) sont suffi-santes, compte tenu du fait que leprion pathologique responsablede l’ESB est loin d’avoir disparu ducheptel britannique.

Au vu des dernières données épi-démiologiques qui leur ont étérécemment communiquées parleurs homologues britanniques,les spécialistes français des mala-dies à prions estiment que ce chep-

tel est entre 7 et 10 fois plus conta-miné que les bovins français. A cet-te estimation, il faut ajouter le faitque les autorités britanniques onttoujours refusé de mettre en placeun dépistage systématique desbovins destinés à la consomma-tion – au motif que les animauxde plus de 30 mois ne sont pas con-sommés – alors que la France, l’Al-lemagne et l’Italie ont décidéd’abaisser à 24 mois le seuil dudépistage obligatoire.

Les spécialistes de l’Afssa esti-ment que les caractéristiques destests de dépistage utilisés demanière systématique depuis le1er janvier 2001 permettent de pen-ser que, chaque année, il ne peutplus y avoir plus d’un bovin conta-miné susceptible d’entrer dans lachaîne alimentaire humaine. Ilsvont désormais analyser la situa-tion britannique et tenter de préci-ser si les viandes bovines admisesà la consommation outre-Mancheprésentent un risque potentielsupérieur aux viandes d’originefrançaise.

S’ils devaient conclure que lesniveaux de risque sont, tout bienpesé, devenus du même ordre degrandeur, le maintien de l’embar-go français serait la manifestationd’une volonté politique qui neserait plus, alors, fondée sur unrationnel scientifique. La décisiondu gouvernement français devraitêtre connue durant la premièrequinzaine de septembre,c’est-à-dire peu de temps avantque la Cour de justice européenne– si elle choisissait, comme le récla-me la Commission, une procédureaccélérée – ne rende son arrêt.

Jean-Yves Nau

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LONDRESde notre correspondant

Ce mois de juillet est marqué parune recrudescence des mouve-ments sociaux dans les servicespublics britanniques. Une grève devingt-quatre heures des conduc-teurs de métro, protestant contrele plan de semi-privatisation duréseau, a paralysé Londres le18 juillet. La veille, un million desalariés des collectivités locales– établissements scolaires, ramas-sage des ordures, transports, servi-ces sociaux – ont débrayé. Il s’agitde la grève la plus importante desemployés municipaux depuisl’« hiver du mécontentement », en1979, qui avait fait tomber l’équipetravailliste de James Callaghan.

Tony Blair croyait avoir maîtriséles syndicats par ses réformes, àl’instar de l’instauration du salaireminimum ou de la signature du cha-pitre social européen sur le tempsde travail ou les droits des tra-vailleurs temporaires. Son chance-lier de l’Echiquier, Gordon Brown,a présenté le 15 juillet un ambitieuxprogramme de dépenses publiques

de 61 milliards de livres (95 mil-liards d’euros) sur trois ans faisantla part belle à l’enseignement.

Les secteurs de la santé et destransports, deux autres pointsnoirs de l’action gouvernementale,s’étaient déjà taillé la part du liondu budget de l’année fiscale2002-2003 annoncé au printemps.Quant au « miracle économique »dont le grand argentier se veut l’in-carnation, il se porte bien : croissan-ce solide, niveau d’inflation et tauxd’intérêt au plus bas, chômageminimal, productivité en hausse.

Or, malgré ces largesses budgétai-res et ce bilan économique flatteur,les conflits sociaux se multiplientdans le secteur public évoquant,mais à une échelle bien moindre,les grèves dures qu’avait connuesla Grande-Bretagne des tories en1989 et en 1996. Les syndicats neréclament pas seulement demeilleurs salaires. La philosophiede restructuration du secteurpublic adoptée par le Labour réno-vé, qui vise à associer le secteur pri-vé, est également contestée.

La crise couve entre le gouverne-

ment et la confédération du TradeUnion Congress (TUC). Les désac-cords se multiplient à propos de ceplan qui viserait en particulier lemétro, le réseau de chemin de fer,les écoles et la poste. Les déficien-ces du secteur public, délabré aprèsdix-huit années d’austérité desconservateurs et quatre années derigueur économique travailliste, necessent d’alimenter la chronique.

Or, la restauration des services

publics, à laquelle le premier minis-tre s’est engagé pour son deuxièmemandat, déterminera pour une lar-ge part le résultat de la prochaineélection. Seule bonne nouvellepour le gouvernement britanni-que : la Commission européenne adonné, mercredi, son feu vert à l’en-veloppe financière de 37,5 milliardsd’euros que Londres veut accorderà Network Rail, société récemmentcréée pour assurer l’exploitation etl’entretien du réseau ferroviaire.

Dans la fonction publique, letaux de syndicalisation progresse ànouveau après les vaches maigres

des années 1980 et 1990. Cette légè-re avancée du TUC s’est accompa-gnée de l’émergence d’une nouvel-le génération de leaders syndicauxplus radicaux dans les secteursclefs du chemin de fer, des collecti-vités locales et de la poste. Avec lerécent départ du patron du TUC, lemodéré John Monks, Tony Blairperd un allié précieux qui avaitnoué un partenariat avec le pou-voir. La controverse sur les salairesroyaux versés à de nombreux diri-geants de grands groupes favorisede surcroît les exigences sociales.

Pour la première fois depuis saréélection l’an dernier, M. Blair estsur la défensive. Certes, malgré unelégère remontée dans les sondages,le Parti conservateur poursuit satraversée du désert. Reste que lesscandales liés au financement duParti travailliste, l’autoritarisme de« Tony » envers ses ministres oules manipulations de l’opinion parses spin doctors (responsables de lacommunication) ont affaibli le chefde la majorité.

Marc Roche

Des grèves en série touchent les services publicsbritanniques et mettent en difficulté Tony Blair

Métro de Londres paralysé, un million d’employés municipaux en arrêt de travail : malgrél’annonce d’une forte relance des dépenses budgétaires, les syndicats continuent à mobiliser

I N T E R N A T I O N A L

Vache folle : la France est menacée de sanctions financièresBruxelles demande à la Cour de justice de condamner l’embargo sur les viandes britanniques

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LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/5

« CONTRATS FILLON » dans leprivé contre « emplois Aubry »dans le public : le gouvernement abeau refuser d’opposer les deux dis-positifs, l’examen au Sénat, mercre-di 17 juillet, du projet de loi destinéà favoriser l’insertion des 16-22 ansdans l’entreprise a relancé les inter-rogations sur l’avenir des emplois-jeunes, issus de la première loisociale du gouvernement Jospin.

La droite est convaincue quel’Etat doit aider les jeunes sans qua-lification (ce qui n’était pas le casdes emplois-jeunes) à entrer sur lemarché du travail. Mais elle souli-gne que leur insertion doit passerpar la création de « vrais emplois »dans les entreprises – même s’ilssont, eux aussi, massivement sub-ventionnés. Jean-Pierre Raffarindoit donc, dans le même temps,gérer la montée en puissance deces contrats sans charges et la sor-tie progressive d’une partie des250 000 emplois-jeunes.

« Le contrat jeune ne se substitue-ra pas aux emplois-jeunes, a assuré,mercredi, François Fillon, devantles sénateurs. Notre logique est lesoutien des jeunes en entreprises ;cela ne veut pas dire qu’on arrêterabrutalement les emplois-jeunes encours. » Le ministre des affairessociales a néanmoins indiqué que« les entrées [seraient] réduites » etqu’il prendrait « le temps de réflé-chir avec les collectivités locales et le

monde associatif ». M. Fillon s’étaitmontré plus net en déclarant auMonde que, « notamment pour lescollectivités locales, il n’est pas ques-tion de pérenniser les aides » et qu’ilfallait « réduire cette charge extrê-mement lourde pour l’Etat » dès lebudget 2003 (nos éditions du11 juillet).

« »En annonçant, en juin 2001, le

maintien d’une partie de cesemplois, Elisabeth Guigou en avaitestimé le coût à 6,1 milliards

d’euros sur cinq ans. Son succes-seur estime que la dégradation desfinances publiques interdit le finan-cement des deux dispositifs.Entre 2002 et 2007,150 000 emplois-jeunes verrontleurs contrats arrivés à échéance,dans les collectivités locales, les éta-blissements publics et les associa-tions (dont 95 000 en 2003 et 2004),sans compter les jeunes employésdans l’éducation, la police et la jus-tice.

Le gouvernement devrait agiravec prudence. Durant sa campa-

gne, Jacques Chirac s’était voulurassurant, donnant « la garantie »aux jeunes concernés « qu’ils ne[seraient] pas abandonnés à la finde leur contrat » et qu’ils obtien-draient une « titularisation aprèsconcours », la « prolongation deleur activité au service d’associationsou de collectivités (après évalua-tion) » ou une « aide pour l’accès àl’emploi en entreprise ».

Certains ministres défendentpourtant « leurs » emplois-jeunes.Jean-Louis Borloo, ministre délé-gué à la ville, a annoncé leur main-

tien dans les banlieues sensibles.Nicolas Sarkozy, qui avait dénoncéle « choix dogmatique » de M. Jos-pin, affirme qu’il ne créera pas denouveaux emplois-jeunes, préfé-rant « favoriser au maximum » l’in-tégration, par la voie du concoursde gardien de la paix, des quelque16 000 adjoints de sécurité (îlotage,accueil dans les commissariats,etc.). Il avait proposé, au cours dela campagne, « une année de forma-tion » pour ceux qui n’intégreraientpas la fonction publique.

Quant à Luc Ferry, il aura du malà se séparer des 62 000 aides-éduca-teurs, qui répondent souvent à devéritables besoins (soutien scolai-re, classes d’informatique, aide auxélèves handicapés…). « Nous som-mes dans une phase de discussionaiguë », explique-t-on au ministèrede l’éducation nationale, où l’onjuge le bilan des emplois-jeunes« plutôt positif ». « Cela laisse à pen-ser qu’il existe un volant d’aides-édu-cateurs qu’il serait utile de conser-ver, notamment dans le primaire. »

Au passage, le gouvernementlèvera peut-être l’ambiguïté long-temps entretenue par la droite, quis’était divisée sur les « emploisAubry ». Lors de la présentation dutexte en conseil des ministres, enaoût 1997, M. Chirac avait mis engarde contre les risques de « créa-tion massive d’emplois publics per-manents ». Mais le chômage desjeunes était alors perçu comme unfléau, et les élus de droite avaientmis en sourdine leurs critiques etbalayé les avertissements du chefde l’Etat. « L’urgence est telle quenous serions coupables de ne pastout tenter », reconnaissait M. Raf-farin, alors sénateur et président dela région Poitou-Charentes, dansLe Figaro du 21 août 1997. Jean-Paul Delevoye, alors président del’Association des maires de France,allait plus loin : l’AMF, indiquait-il,« adhère » à un projet « original etintéressant ».

Ravis de pouvoir embaucher aumeilleur coût (un smic payé à 80 %par l’Etat), maires et présidents decollectivités territoriales s’étaientprécipités sur le dispositif Aubry. Acommencer par Alain Juppé qui, unmois après le vote de la loi, faisaitadopter par le conseil municipal deBordeaux un contrat avec l’Etatportant sur la création de200 emplois-jeunes. « Il n’est pasfacile de tirer sur le Père Noël », con-cédait Alain Madelin pour justifierle refus de 41 députés RPR et UDFde voter contre le projet en premiè-re lecture.

Jean-Michel Bezatet Marie-Laure Phélippeau

François Fillon veut réduire les aides de l’Etat aux emplois-jeunes dès 2003

1 Vous êtes le secrétaire national

chargé de l’emploi au PS. Que

pensez-vous des contrats sans char-

ges du gouvernement Raffarinciblés sur les jeunes ?

Le gouvernement joue avec lefeu : à un moment où la conjonc-ture incertaine fait peser desmenaces sur l’emploi, il prend lerisque de déstabiliser complète-ment les contrats en alternance,qui, eux, débouchent sur unevraie formation qualifiante. Cequi n’est pas le cas avec ces nou-veaux contrats. Or nous savonsbien que le problème numéro undes PME est de trouver des jeunesqualifiés. Il prend ensuite le risquede provoquer des effets d’aubainecolossaux et de pénaliser d’autressalariés en déplaçant le chômaged’une catégorie à l’autre. Je necrois pas du tout à l’objectif affi-ché de 300 000 contrats, dont ona bien compris qu’il n’existait quepour suggérer un parallélisme arti-ficiel avec les emplois-jeunes duprécédent gouvernement.

Il prend enfin le risque d’annon-cer la fin du dispositif des emplois-jeunes. Le faire abruptement peutavoir des conséquences socialeslourdes. Si l’on supprime les aidespour les collectivités locales, pourles associations culturelles et spor-tives, il va y avoir de très, très grosdégâts.

2 Mais vous partagez le constat

que le chômage des jeunes, sur-

tout parmi les moins qualifiés, est

reparti à la hausse ?Oui, mais la suppression des

charges n’y répond pas. Une desgrandes leçons tirées par legouvernement Jospin était quel’on ne peut faire de l’insertionsans le trépied emploi-formation-accompagnement. Si l’un de cestrois éléments manque, l’ensem-ble est bancal. François Fillonnéglige les acquis de l’expérience.Aujourd’hui, un jeune beur rési-dant dans un quartier difficilemais possédant le bac ne rentrepas dans son plan.

3 Vous critiquez les exonérations

de charges. Pourtant le gouver-

nement Jospin les avait bien utili-

sées aussi…Oui, mais encore une fois je

crois que la démarche d’insertionactive n’est pas respectée. Les allé-gements de charges doivent êtreun plus et non l’alpha et l’omégade la politique de l’emploi. Cen’est pas un problème de coût dutravail, mais de formation.

Propos recueillispar I. M.

GROSSES OU PETITES, toutesles entreprises pourront bénéficierd’une exonération complète decharges sociales pendant deux anset d’un allégement de 50 % la troi-sième année, pour embaucher desjeunes de 16 à 22 ans sans qualifica-tion. Mercredi 17 juillet, FrançoisFillon, ministre des affaires socia-les, a donné un tour nettementplus libéral à son projet de loi, dis-cuté en première lecture au Sénat,en approuvant une revendicationde la majorité. Après une seulejournée de débats, le texte ainsimodifié – sur lequel le gouverne-ment a demandé un vote en urgen-ce au Parlement – sera examiné le30 juillet à l’Assemblée nationale.

La droite s’est prononcée à l’unis-son en faveur du projet, le PCF avoté contre. Embarrassé, le PS achoisi de s’abstenir. « C’est politi-quement compliqué de s’opposer àune mesure qui vise des jeunes »,commentait, dans les couloirs, Gil-bert Chabroux (Rhône-Alpes), prin-cipal orateur du groupe.

Selon M. Fillon, le coût de l’élar-gissement à toutes les entreprisesdes nouveaux contrats jeunesdevrait augmenter de 30 % le bud-get prévu par le gouvernement. Aterme, les 500 millions d’euros pré-

vus devraient donc se transformeren 650 millions d’euros. Rétroactifau 1er juillet, le dispositif sera néan-moins financé par « redéploie-ment » de crédits en 2002. Curieuse-ment, alors que le ministre avait ini-tialement annoncé avoir calibréson projet sur près de 300 000 jeu-nes, il a indiqué aux sénateurs quele nombre de contrats passerait de« 200 000 à 300 000 ».

L’aide de l’Etat, a-t-il souligné,représentera, « 2 700 euros paran » pour un smic, cumulable avecles allégements déjà existants et« aboutira à supprimer 45 points decotisations patronales jusqu’à1,3 smic ». A l’origine, son projetétait réservé aux établissements demoins de 250 salariés. Cette restric-tion ne fermait pas complètementla porte aux grands groupes quiauraient pu en faire bénéficierleurs sites (Le Monde du 11 juillet).Mais la commission des affairessociales du Sénat, dominée par ladroite, a souhaité faire sauter cetultime verrou.

Son rapporteur, Louis Sauvet(RPR, Doubs) a avancé une séried’arguments : « Les grandes entre-prises sont à même de bien accueillirles jeunes en leur offrant des possibili-tés de formation plus fortes » ; « cela

réduit d’autant le risque de télesco-page avec les formations par alter-nance qu’elles utilisent moins » ; « ily aurait rupture d’égalité selon queles grandes entreprises sont organi-sées en établissements ou non »,a-t-il énuméré. Cette insistance tra-duit aussi une crainte de la droitequi redoute de ne pas faire le« plein » de contrats. Dans l’espritde ses élus, le recrutement de jeu-nes en situation d’échec scolairepourrait s’avérer peu attractif pourles entreprises.

La gauche s’est insurgée contrece qu’elle considère comme unefaveur faite à « Monsieur Seillière »,président du Medef. « Ce sont les

grands groupes qui, une fois de plus,seront les premiers à s’engager dansce dispositif », a lancé Guy Fischer(PCF, Rhône-Alpes). « M. le minis-tre, défendez votre texte ! », a implo-ré Gérard Delfau (RDSE, Hérault).« C’est d’abord une question de jus-tice que les allégements aillent auxPME, sinon le budget sera déjàdépensé par les grandes entreprises,qui ont l’habitude de profiter de cesaides », a-t-il ajouté.

« ’ »En vain. M. Fillon s’est laissé con-

vaincre par sa majorité d’autantplus aisément que, lorsqu’il avaitprésenté le texte au conseil des

ministres, le 10 juillet, Jacques Chi-rac lui-même avait réclamé cet élar-gissement… « Ce n’est pas mon tex-te, a déclaré M. Fillon. Nous avonseu un débat au gouvernement sur lataille des entreprises éligibles, maispersonne ne m’a apporté la démons-tration des effets d’aubaine. » Leministre a donc levé le « gage » –l’argument financier qui peut êtreavancé par un gouvernementquand un amendement aboutit àune dépense supplémentaire.« C’est une première étape vers unallégement général du coût du tra-vail », a-t-il annoncé.

De bonne grâce, il a accepté troisautres exigences de la majoritésénatoriale. L’expression « exonéra-tions de charges » disparaît ainsi duprojet de loi au profit de la locu-tion « soutien de l’Etat ». Il a aussiaccepté de limiter aux temps par-tiels équivalant au moins à « unmi-temps », comme les emplois-jeu-nes du précédent gouvernement, lebénéfice des allégements de char-ges, alors que son projet ciblait l’en-semble des contrats à durée indé-terminée. Il a toutefois repousséun amendement d’Alain Vasselle(RPR, Oise) qui souhaitait étendrejusqu’à 26 ans le dispositif enfaveur des jeunes handicapés. Il en

a refusé un autre de la commissiondes affaires sociales, qui souhaitaitsoustraire, pendant deux ans, lesnouvelles recrues au décompte deseffectifs de l’entreprise (au-delà de10 salariés, des élections de délé-gué du personnel doivent être orga-nisées, à partir de 50, un comitéd’entreprise devient obligatoire).

Toutes les propositions de la gau-che ont été rejetées, notammentcelles qui créaient des obligationsen matière de formation. Les jeu-nes « en situation d’échec scolairese détournent des formations qu’ilsjugent, à tort ou à raison, décaléespar rapport à leurs attentes immédia-tes », a tranché M. Fillon. « Dansvotre hâte, vous avez omis de consul-ter les partenaires sociaux, ou bienalors, la consultation a été bien cour-te, l’a apostrophé M. Chabroux.Tourneriez-vous déjà le dos au dialo-gue social ? » Les élus de gaucheont voulu connaître les intentionsdu gouvernement sur les emplois-jeunes du précédent gouverne-ment. « Nous allons réduire lesentrées », leur a répondu M. Fillon,tout en assurant qu’en 2002, les11 000 nouveaux seraient préser-vés.

Isabelle Mandraud

Le Sénat étend les contrats-jeunes aux grandes entreprisesLe projet de loi a été adopté en première lecture, mercredi 17 juillet. Le ministre des affaires sociales, François Fillon, a accepté un élargissement

de cette exonération de charges aux sociétés de plus de 250 salariés. Cette extension se traduira par un surcoût de 30 % pour l’Etat

Le Sénat a adopté en première lecture, mercredi17 juillet, le projet de loi sur les contrats-jeunes. Desti-né aux 16-22 sans qualification, ce nouveau dis-positif introduit notamment une exonération totale

de charges sociales patronales pendant deux ans. Leministre du travail, , a accepté unamendement sénatorial prévoyant que toutes lesentreprises seront concernées, et non plus celles qui

ont moins de 250 salariés. Eric Besson (PS) estimeque ce projet ne répondra pas aux en salariés qualifiés. Le gouvernement veutréduire, dès 2003, le financement des emplois-jeu-

nes par l’Etat, notamment dans les et les associations. Dans les communes oùles maires sont entrés au gouvernement, le systèmeest jugé « positif »

Le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité, FrançoisFillon, a annoncé au Sénat, mercredi 17 juillet, le dépôt d’un projet de loi surl’assouplissement des 35 heures et les convergences du smic « dans les toutpremiers jours de la prochaine session [du Parlement] en octobre ». « Le gou-vernement s’est engagé (…) afin de donner aux entreprises une plus grandeliberté pour les heures supplémentaires », a-t-il déclaré en précisant : « Cettequestion sera débattue avec les partenaires sociaux. »

M. Fillon a ainsi coupé court aux débats engagés après le dépôt de deuxamendements « d’appel » sur le sujet, dans le projet de loi portant créationdes contrats jeunes. Présentés en fin d’après-midi par le sénateur (RPR) del’Oise, Philippe Marini, rapporteur général du budget, ces amendements pré-voyaient notamment de relever à 180 heures le contingent annuel légald’heures supplémentaires, au lieu des 130 heures fixées par les lois Aubry.

...

LORS DE L’EXAMEN du projet de loi Aubrydevant le Parlement, à l’automne 1997, l’oppo-sition avait majoritairement dénoncé le dispo-sitif des emplois-jeunes. Confrontés à la situa-tion de l’emploi dans leur commune, la plu-part des élus locaux de droite y ont pourtanteu recours. C’est le cas, notamment, de plu-sieurs des maires qui ont récemment dû aban-donner leur mandat après leur nomination ausein du gouvernement Raffarin.

Dans ces mairies, l’appréciation portée surle dispositif des emplois-jeunes est plutôtpositive. Il n’y a guère qu’à la direction des res-sources humaines de la mairie de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), terre d’électionde la ministre (UMP-RPR) de la défense, quel’on enregistre ce jugement définitif : « Michè-le Alliot Marie n’a pas souhaité mettre en placece dispositif, car ce n’est pas son truc. » Al’inverse, l’ancien maire (UDF) d’Amiens,Gilles de Robien, a joué le jeu de la loi Aubry.Sur les 2 500 agents permanents de la mairieet de la communauté d’agglomération – dontil a gardé la présidence —, 300 sont desemplois-jeunes. « Nous n’avons pas de repro-che à faire à ce dispositif », indique son direc-teur de cabinet, Marc Foucault, qui est aussiconseiller du ministre. A titre d’exemple,M. Foucault évoque les ateliers multimédia

animés par des emplois-jeunes, qui existentdans chaque quartier d’Amiens et dans toutesles communes de l’agglomération.

A Mantes-la-Jolie (Seine-Saint-Denis), dontle maire, Pierre Bédier (UMP-RPR), est devenusecrétaire d’Etat aux programmes immobi-liers de la justice, la municipalité emploie150 emplois-jeunes. Le directeur-adjoint desressources humaines, Jean-Pierre Gualdé, sefélicite d’un dispositif qui « permet d’apporterun nouveau souffle à la collectivité » et de« mettre un pied à l’étrier à un grand nombrede jeunes ». Se disant soucieux de « mettre enplace des formations qualifiantes » afin de per-mettre, à terme, l’insertion de ces jeunes,M. Gualdé note que « ce système est positif sil’on a un regard humain ». « C’est ce que nousfaisons en aidant notamment les jeunes à pas-ser les concours de la fonction publique », préci-se-t-il.

’Même tonalité à Valenciennes. Dans l’an-

cienne mairie du ministre délégué (UMP-UDF)à la ville, Jean Louis Borloo, les emplois-jeunesreprésentent 35 postes sur 750 agents perma-nents. Le directeur des ressources humaines,Michel Fontaine, note que si les effectifs sont« modestes », les missions concernées « ont

un intérêt certain ». Lui aussi se dit soucieuxde « se préoccuper de l’avenir des jeunes » grâ-ce à des formations qualifiantes. Mais tousces emplois ne seront pas forcément pérenni-sés. A Alençon (Orne) – ville d’Alain Lambert,ministre (UDF) du budget —, l’adjoint au mai-re chargé des ressources humaines, Henri Gué-rin, prend soin de préciser que « la collectivitéutilise les emplois-jeunes en respectant l’espritde la loi : les emplois proposés doivent corres-pondre à des activités non remplies, et permet-tre d’acquérir une véritable formation ». PourM. Guérin, si l’on respecte ces deux condi-tions, « le dispositif est totalement positif, carles jeunes ont réellement le pied à l’étrier et nesont pas sur des voies de garage ».

A Toulon, dont la mairie a été conquise faceau Front national en 2001, par le secrétaired’Etat (UMP-DL) aux anciens combattants,Hubert Falco, la ville a hérité de 44 emplois-jeunes sur quelque 3 500 agents municipaux.En dépit de la « situation catastrophique » desfinances communales, Emmanuelle Glénat,chef-adjoint du cabinet de M. Falco, assureque ce dernier s’est engagé à pérenniser leursituation au cours de son mandat.

David Medioniet Jean-Baptiste de Montvalon

F R A N C Es o c i a l

L’assouplissement des 35 heures dès la rentrée

Les emplois-jeunes par type d'activité en 2001(hors police, justice et éducation)

En nombre de personnes

Sorties prévisionnellesentre 2002 et 2007(hors police, justice et éducation )

DANS LES COLLECTIVITÉS ET LES ASSOCIATIONS, 2/3 DES SORTIES SONT PRÉVUES EN 2003-2004

Source : Dares (ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité).

27,9Sport, activitéssocioculturelles

Aide aux personnes âgées,handicapés, enfants

Environnement

Aide à la gestionassociative,développement local

Collectivitésterritoriales

Etablissementspublics

Associationset fondations

Autres

Développementde la communication

Sécurité (médiateurs)Entretien du patrimoine

Autres

Médiateur localou familial

5,8

7,4

11,6

13,4

21 370

5 430

4,943,6

21,4

49 900

73 240

Dans les mairies des nouveaux ministres : « Un système positif »

Page 6: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

6/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

Le parquet s’opposeà la libération de José BovéLA COMMISSIONd’application des pei-nes du tribunal de gran-de instance de Mont-pellier, qui s’est réuniemercredi 17 juillet, amis en délibéré jusqu’àvendredi, 10 heures, sadécision sur la deman-de de libération condi-tionnelle de José Bové.Le parquet s’est oppo-sé, mercredi, à cetterequête. Il a en outreannoncé qu’il feraitappel d’une éventuelledécision favorable auleader de la Confédéra-tion paysanne, ce qui aurait pour effet de suspendre sa mise en liberté.M. Bové est incarcéré depuis 28 jours à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault). Selon son avocat, Me François Roux, le par-quet aurait motivé ses réquisitions par « le risque de récidive » et « le faitque l’opinion publique ne comprendrait pas sa libération alors qu’ilencourt une nouvelle peine de quatorze mois de prison ». – (Corresp.)

Le père de M. de Villepin président

du groupe centriste du Sénat

XAVIER DE VILLEPIN a été élu, mercredi 17 juillet, président du grou-pe centriste du Sénat. Seul candidat, M. de Villepin a été élu au premiertour, à l’unanimité. Agé de 76 ans, le sénateur, qui représente les Fran-çais établis hors de France, avait quitté la présidence de la commissiondes affaires étrangères à la suite de la nomination au Quai d’Orsay deson fils, Dominique. André Dulait, sénateur des Deux-Sèvres, lui avaitsuccédé le 10 juillet. A la tête du groupe de l’Union centriste, Xavier deVillepin succède au sénateur de la Mayenne, Jean Arthuis. Ce dernier aété élu, mercredi, président de la commission des finances du Sénat, enremplacement d’Alain Lambert, devenu ministre délégué au budget.

a BAISSE DES CHARGES : le rapporteur général du budget à l’As-semblée nationale, Gilles Carrez (UMP), juge « indispensable » debaisser les charges et se demande « s’il vaut mieux privilégier la baisse del’impôt sur le revenu ou la baisse des charges », dans un entretien publié,jeudi 18 juillet, par La Tribune. M. Carrez indique que le gouvernementRaffarin devra « trancher » pour 2003 entre « deux problématiques » :« D’une part, la répartition entre baisse de l’impôt sur le revenu et baissedes charges, d’autre part, à l’intérieur de la baisse des charges, le choixentre les cotisations patronales et salariales. »a EDF-GDF : les fédérations FO et CGT de l’énergie et des minesont critiqué, mercredi 17 juillet, la méthode gouvernementale de priva-tisation des entreprises publiques EDF et GDF. Dénonçant le « rouleaucompresseur de la privatisation », FO a indiqué qu’elle refuse toujours denégocier une modification du régime de retraite des gaziers et des élec-triciens que le gouvernement voudrait liquider « pour que le prix soit leplus élevé possible ». La CGT dénonce, de son côté, le manque de concer-tation du gouvernement.a APA : le secrétaire d’Etat aux personnes âgées, Hubert Falco, aannoncé, mercredi 17 juillet, que le financement de l’allocation person-nalisée d’autonomie (APA), plus coûteuse que prévu, constituait une deses principales préoccupations. Fin mai, « plus de 600 000 demandesavaient été enregistrées et 220 000 prestations octroyées à titre individuel »alors qu’il « était initialement prévu 800 000 demandes pour 2004 », a-t-ilsouligné.

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Les transporteurs critiquentla hausse de la fiscalité des carburants

Après la suppression de la « TIPP flottante » instaurée parle gouvernement Jospin, les professionnels réclament des compensations

LA PROMESSE de Jacques Chi-rac de réduire la TVA à 5,5 % pourla restauration est source de biendes tracas pour le premier minis-tre, Jean-Pierre Raffarin. Dans lecadre de la discussion sur le collec-tif budgétaire, qui s’ouvre à l’As-semblée nationale, jeudi18 juillet, les députés communis-tes ont annoncé leur intention derevenir à la charge sur le sujet.

« Nous déposerons un“amendement Chirac” », a décla-ré, mardi, Alain Bocquet, le prési-dent du groupe PCF du Palais-Bourbon, en affirmant ne pas vou-loir croire que les « députés UMPne respectent pas les promesses »du chef de l’Etat. Le même jour,mardi, le premier ministre a pumesurer l’impatience desemployeurs de la restauration.

« Déraper sur le dossier de laTVA serait dévastateur », l’a préve-nu André Daguin, président del’Union des métiers et des indus-tries de l’hôtellerie (UMIH), con-vié à venir discuter de la questionavec M. Raffarin. « On repartiraitalors vers le poujadisme et l’extrê-me droite », a-t-il lancé, en met-tant en avant l’exaspération de sa« base ».

Mais, pour parvenir à l’objectifd’abaisser la TVA de 19,6 % à5,5 % dans ce secteur, ainsi que

dans celui des activités culturelles(disques), comme Jacques Chiracs’y est engagé au cours de la cam-pagne présidentielle, le gouverne-ment français ne peut pas se pas-ser de l’accord de Bruxelles. Pourparvenir à cet allégement fiscal,soumis à la législation européen-ne, il doit obtenir l’aval des qua-

torze autres membres de l’Unioneuropéenne. C’est pour cette rai-son que M. Raffarin avait prissoin, en recevant M. Daguin, des’assurer la présence de NoëlleLenoir, ministre déléguée auxaffaires européennes. « L’accorddes Quinze ne lui paraît pas surhu-main », a commenté, à la sortie, leprésident de l’UMIH.

Afin de prouver la bonne volon-té de son gouvernement et demontrer qu’il est prêt à faire dulobbying, le premier ministre a

lancé une proposition inhabituel-le et surprenante aux employeursen leur demandant de désignerun… « témoin » qui accompagne-rait Mme Lenoir dans toutes sesdémarches européennes. Une sug-gestion aussitôt acceptée, à uneréserve près : « Je ne veux pas êtrele coéquipier d’en haut et qu’en basla base ait le sentiment que la pro-messe passe à la trappe », expliqueM. Daguin.

M. Raffarin s’est alors empresséde le rassurer en fixant l’échéanceau 1er janvier 2003. « Il ne faut pasle dire trop haut car cela risqueraitde braquer l’Europe. Mais le pre-mier ministre m’a dit que les enga-gements du président de la Républi-que, qui sont aussi ceux du gouver-nement, seraient tenus », affirmeM. Daguin. Un brin méfiant, cedernier a tenté d’obtenir des« garanties ».

Il a aussi promis qu’une foisacquise, la réduction de la TVAservirait à « augmenter, de beau-coup, les salaires des métiers de larestauration ». A ce sujet, patro-nat et syndicats ont commencé,mardi, des négociations sur larevalorisation des rémunérationsde la branche, qui emploie650 000 salariés.

Isabelle Mandraud

Le gouvernement

doit obtenir l’aval

des quatorze autres

membres de l’Union

européenne

F R A N C E

A L’EXCEPTION de la Fédéra-tion nationale du transport routier(FNTR), les professionnels ontaccueilli calmement l’annonce de lasuppression des mécanismes de la« TIPP flottante » (taxe intérieuresur les produits pétroliers), unamortisseur fiscal « exceptionnel ettemporaire » mis en place par legouvernement Jospin et destiné àlimiter les répercussions de la flam-bée du pétrole sur les prix à la pom-pe. Les associations de consomma-teurs ne faisaient pas encore état,jeudi 18 juillet, de réactions à l’an-nonce de cette mesure qui entreraen vigueur dimanche 21 juillet etdevrait se traduire, selon Bercy, parune « hausse modeste » des tarifs.

Pour la FNTR, principale organi-sation patronale du transport rou-tier (15 000 adhérents), la suppres-sion de la « TIPP flottante » consti-tue « un abus de fiscalité » préjudi-ciable à la compétitivité des entre-prises. « L’Etat tire profit de la bais-se conjoncturelle du prix du pétroleet du dollar pour augmenter la fisca-lité », déplore Jean-Paul Deneu-ville, délégué général de la FNTR,qui y voit un changement radicalde philosophie. Il précise que cetteaugmentation se traduira par unalourdissement de 0,5 point ducoût de revient des entreprises dusecteur, déjà « fragilisées » par

l’« atonie » de l’activité et la « fai-blesse » de leurs marges.

La fédération des entreprises detransport et logistique de France(TLF) souligne que l’Etat pourradésormais « faire varier à sa guise lemontant de la TIPP » et qu’aucuneorganisation professionnelle « nepeut se féliciter d’une augmentationd’impôt ». Même son de cloche à laFédération nationale du transportde voyageurs (FNTV) et à la cham-bre syndicale nationale des ambu-lanciers, qui s’attend à de vives réac-tions de ses adhérents et dénonceune distorsion de concurrence auprofit des chauffeurs de taxis…

« »Pour autant, ces organisations

professionnelles se sont abstenuesde publier des communiqués ven-geurs et d’attiser l’agacement deleurs troupes : toutes espèrent, eneffet, que le gouvernement, aprèscette première augmentation fisca-le, soutiendra les directives en pré-paration sur le gazole profession-nel et sur l’harmonisation de la fis-calité de l’énergie. Certaines fédéra-tions patronales, consultées parBercy, ont demandé à Francis Mer« un volontarisme fort » en la matiè-re. Et souhaitent qu’à tout lemoins, il obtienne de Bruxelles uneprorogation temporaire du systè-me d’allégement fiscal sur le carbu-rant utilitaire dont bénéficient lesprofessionnels.

La « TIPP flottante » avait été ins-taurée, le 1er octobre 2000, par legouvernement Jospin, à la suite

d’un été « chaud » marqué par lesmanifestations d’exaspération deprofessionnels – transporteurs rou-tiers, pêcheurs, agriculteurs – péna-lisés par l’augmentation du prix descarburants. Dans son esprit, cettemesure consistait à moduler laTIPP, principal impôt sur les carbu-rants (23 à 2 milliards d’euros enannée pleine) dès lors que le coursdu brent variait à la hausse ou à labaisse de plus de 10 %. En cas d’en-volée du pétrole, en particulier,l’Etat déduisait de la TIPP le sur-plus de recettes fiscales qui rentraitdans ses caisses au titre de la TVA.Ce mécanisme de vases communi-cants s’est traduit, au départ, parun allégement de 14 centimes defrancs par litre de carburant. Lau-rent Fabius y avait ajouté un bonusfiscal exceptionnel de 7 centimesde francs par litre.

Le ministère de l’économie et desfinances a rappelé que ces deuxmécanismes « étaient configuréspour disparaître dès lors que lescours du pétrole seraient redevenusinférieurs à 25,44 dollars le baril, cequi est désormais le cas ». Pour lesparticuliers, la fiscalité augmenterade 1,83 centime d’euro par litrepour le super sans plomb, de1,85 centime par le gazole et de1,68 centime pour le fioul domesti-que. Une hausse, pour l’instant,« plus que compensée par la baissedu prix à la pompe, du fait notam-ment de la remontée de l’euro faceau dollar », rassure-t-on à Bercy.

Claire Guélaud

M. Raffarin s’engage à faire du lobbyingà Bruxelles pour une baisse de la TVA

Il assure qu’elle interviendra dans l’hôtellerie-restauration en 2003

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LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/7

« On croit que les profs sont pas sympas, mais en réalité ils peuvent l’être »

MOHAMED, 13 ans, une bouillede chérubin, a fait une découvertefondamentale en venant, pendantl’été, profiter de l’« école ouverte »dans son collège. Contrairement à

ce qu’il imaginait, les adultes del’établissement sont des gens« agréables ». « On croit qu’ils sontpas sympas mais en réalité, ils peu-vent l’être », résume-t-il entre deuxparties de ping-pong. Le constatest partagé par William, 15 ans, quientrera en 3e en septembre. Installédans une autre salle du collègeAlbert-Schweitzer à Créteil (Val-de-Marne), au milieu d’une dizaine decamarades qui se livrent à des par-ties acharnées de Counter strike, unjeu en réseau où une unité anti-ter-

roriste doit récupérer des otagesen abattant ses ennemis à coup defusils mitrailleurs, il fait état de sonétonnement : « A l’école ouverte,les profs nous ont montré qu’ils peu-vent s’amuser ». Emine, 13 ans,future élève de 4 e, n’en revient pasnon plus : « Les adultes ont l’airplus gentils. On voit ce qu’il y a aufond d’eux et qu’ils ont beaucoupd’attention, d’amour pour les élè-ves. Tout cela on ne le voit pas pen-dant l’année. »

Ces déclarations font sourireRoger Dado, enseignant en mathé-matiques et en français dans ce col-lège, ouvert pendant le mois dejuillet pour accueillir les élèves quine partent pas en vacances. Un sou-rire mais pas une surprise : « Biensûr, la force de l’école ouverte, c’estde créer des rapports différentsentre les adultes et les jeunes. Aufond, l’intérêt est de leur montrerqu’on est là pour eux ». La rusepédagogique est efficace. Les jeux,les sorties collectives à Disneyland,dans les bases de loisirs ou à la Citédes sciences à Paris, l’ambianceplus détendue modifient le regardsur l’école que portent la cinquan-

taine d’élèves inscrits pendant l’étéà l’« école ouverte ». « Les élèvess’approprient le collège », synthéti-se le principal, Daniel Szelerski.« Certains élèves découvrent qu’ilspeuvent venir au collège sans avoir ày subir des échecs », ajoute sonadjoint, Guy Combelasse.

Le premier effet est visible à l’œilnu : les dégradations sont plusrares. « Le collège propose des activi-tés, des jeux, mais on reste dans lacontinuité de ce qui se fait en classe.C’est toujours l’occasion de tra-vailler sur le rapport à la loi, sur l’im-portance de la règle », indique M.Dado qui veut espérer que ce tra-vail de fond a aussi un impact surla vie du quartier.

« »A l’origine, l’obtention du label

« école ouverte » avait d’ailleursété facilitée par la réputation de lacité de la Habette dont sont issusun tiers des élèves. « La Habette fai-sait partie de la soixantaine de quar-tiers jugés chauds par Charles Pas-qua lorsqu’il était ministre de l’inté-rieur. Ça a été un argument pourobtenir de participer à l’école ouver-

te », note le principal en reconnais-sant que l’impact est difficile àmesurer sérieusement, surtout surle long terme. « Au minimum, çaveut dire qu’il y a 50 ou 60 élèves quisont occupés pendant l’été et quisont amenés à respecter les règles del’établissement », relève-t-il.

Sur le plan purement scolaire enrevanche, les effets restent limités.Pendant l’été, l’« école ouverte »propose d’abord des loisirs, et seu-lement à la marge quelques activi-tés de révision qui se résument àl’utilisation de logiciels de mathé-matiques ou de langue. Pendantles « petites vacances », une partiedes élèves peuvent en profiterpour avancer leurs devoirs oudemander une aide. « Il y a quel-ques élèves pour lesquels le coup demain peut être efficace notammentparce que les adultes sont beaucoupplus disponibles », souligne RogerDado. Mais l’expérience se heurteà la faible implication des ensei-gnants. L’encadrement est assurépar les personnels administratifs ettechniques et des animateurs recru-tés pour l’occasion – dont quel-ques-uns sont d’anciens élèves –

grâce aux quelque 4 500 euros ver-sés chaque semaine par la préfectu-re de région.

Un seul enseignant sur les 70 del’établissement intervient pendantle mois de juillet. « En fin d’année,les enseignants éprouvent le besoinde se reposer plutôt que de revenirdans le collège », explique le princi-pal. Et ce n’est pas la rémunérationproposée – autour de 11 eurosl’heure, soit deux fois moinsqu’une heure supplémentaire tradi-tionnelle – qui peut les attirer.

Dans les périodes où le nombred’inscrits est le plus important,l’« école ouverte » ne concernejamais plus d’une centaine d’élèvessur les mille inscrits dans le collège.La plupart sont certes issus duquartier de la Habette, où habitentles familles les plus défavorisées dusecteur scolaire. « Mais nous neréussissons à toucher qu’une partiedes élèves les plus durs », reconnaîtle principal. Tarek, 12 ans, etRémy, 13 ans, le confirment avecleurs mots à eux : « La vraieracaille, elle vient pas ici ».

Luc Bronner

ALLER à l’école sans aller en clas-se. C’est l’invitation à laquelle sontconviés, depuis onze ans, les enfantset les jeunes qui participent, durantles vacances, à l’opération Ecoleouverte. Xavier Darcos, ministredélégué à l’enseignement scolaire,devait, vendredi 19 juillet, lors d’unevisite dans l’Oise, rappeler la volontéde la nouvelle équipe de la Rue deGrenelle d’amplifier ce dispositifinterministériel, initié dans une poi-gnée d’établissements d’Ile-de-Fran-ce à l’été 1991 par Lionel Jospin,alors ministre de l’éducation nationa-le. Un principe simple anime Ecoleouverte : proposer gratuitement auxélèves qui ne partent pas en vacan-ces des activités éducatives, scolairesou non, dans l’école, le collège ou lelycée qu’ils ont fréquenté tout aulong de l’année – ou qu’ils fréquente-ront à la rentrée suivante.

« »Mais c’est aussi l’occasion d’ouvrir

l’institution scolaire sur le monde, en« impliquant les parents, les aînés etles familles des jeunes (…), les acteurssociaux et le réseau des associationslocales », précise la charte Ecoleouverte signée entre les partenairesen mars 1998 à l’initiative de Ségolè-ne Royal, alors ministre déléguée àl’enseignement scolaire, qui a donnéun coup d’accélérateur au dispositif.L’expérience, fondée sur le volonta-riat des chefs d’établissement et des

enseignants, n’a cessé d’essaimertout au long de la décennie, avec unecroissance plus forte à partir de1998, qui correspond à l’extensionaux mercredis et aux samedis et àl’ouverture aux élèves du primaire.

En 2001, 65 280 jeunes ont partici-pé, à un moment ou à un autre, àune Ecole ouverte, contre environ20 000 en 1994. Les activités propo-sées et les modes de fonctionne-ment sont très variés selon les acadé-mies et les établissements, alliantsoutien scolaire, sorties culturelles,

pratique de sports et loisirs en toutgenre. Les bénéfices de ces opéra-tions sont unanimement salués.« L’expérience est intéressante, confir-me le sociologue Jean-Paul Payet,auteur d’une enquête menée dans larégion lyonnaise en 1998. Mais,curieusement, elle n’est pas assez valo-risée. L’éducation nationale a un peufait cela en demi-teinte, entre engage-ment et détachement. »

La première des vertus de ces expé-riences est d’« opérer un changementdu regard des différents acteurs de

l’école les uns vis-à-vis des autres »,résument Florence et Paul Wallez,du Centre de recherches économi-ques, sociologiques et de gestion(Cresge), qui ont achevé en mai 2000une étude sur l’Ecole ouverte dansl’académie de Lille. Les jeunes souli-gnent le « climat moins angoissant etautoritaire ». Le personnel d’encadre-ment – qui est pour partie le mêmeque durant l’année scolaire – estjugé « moins sévère ». Plus détendus,les enseignants « sont, à nouveau,tournés vers les élèves ». Il s’ensuitune remotivation des différents per-sonnels de l’établissement et uneamélioration du climat interne, quiperdure tout au long de l’année.« L’impact est spectaculaire », racon-te, dans Une école sans violences ?, deGeorges Fotinos et Jacques Fortin(Hachette Education, 2000), EvencioDe Paz, principal du collège François-Truffaut de Gonesse (Val-d’Oise),« ouvert » pendant les vacancesdepuis 1998. On constate la quasi-dis-parition des violences verbales contreles professeurs, l’éradication des dégra-dations des locaux, une chute de l’ab-sentéisme et de l’agressivité. Lerecours aux conseils de disciplinedevient exceptionnel. » M. De Paz

évoque par ailleurs l’améliorationdes relations entre les parents etl’école, mais aussi entre les parentset leurs enfants, les premiers repre-nant confiance devant la « démar-che volontaire » des seconds.

L’impact sur la vie du quartier est

plus difficile à évaluer. La plupart deces actions sont menées dans deszones d’éducation prioritaire. Si« ramener la paix dans les quartiersn’est pas un objectif officiel de l’Ecoleouverte, c’est volontiers un espoirentrevu, soulignent les sociologuesDominique Glasman et CatherineLuneau, dans une étude menée en1998 en région Rhône-Alpes. A l’ex-périence, il semble qu’il y ait, assez lar-gement, un leurre ». Certains, cepen-dant, comme à Avignon, ont noté unapaisement et une baisse des actesde petite délinquance. Mais, d’unemanière générale, le dispositif Ecoleouverte ne parvient pas à attirer lesélèves le plus en difficulté.

En termes d’amélioration desrésultats scolaires, enfin, les bénéfi-ces sont, là encore, difficiles à quanti-fier. Souvent, les chefs d’établisse-ment mentionnent une meilleureréussite scolaire. Dans le collège deM. De Paz, par exemple, 70 % des élè-ves qui entrent en seconde accèdentdésormais en terminale, contre 50 %avant la mise en place d’Ecole ouver-te. Même si le meilleur climat géné-ral et un nouveau rapport avec l’éco-le contribuent grandement à favori-ser les apprentissages, les activitésscolaires proposées, qui représen-tent 30 % du temps en moyenne, nesont sans doute pas étrangères à cesaméliorations. Mais cette identitépropre d’Ecole ouverte, qui la distin-gue des autres systèmes d’accueildes jeunes pendant les vacances, estdélicate à préserver, car la participa-tion des enseignants reste faible.« L’équilibre entre les activités scolai-res et de loisirs est la clé du succès,assure Bernard Lejeune, directeurdu cabinet du recteur de l’académied’Aix-Marseille, où le dispositif Eco-le ouverte fonctionne bien. Les

familles, même celles des quartiersdéfavorisés dont on pense qu’elles sedésintéressent du contenu, attendentde l’institution scolaire qu’elle proposeautre chose qu’un simple centre de loi-sirs. »

Deux arguments sont principale-ment avancés pour expliquer la fai-ble participation des enseignants :l’envie de souffler pendant les vacan-ces et la rémunération peu alléchan-te (un peu plus de 10 euros l’heu-re). Ce second motif portera moinsdésormais, puisque le montant horai-

re a été relevé, en mars, à 26 euros.L’étude Glasman-Luneau avance unautre argument : l’enseignant quiparticipe à Ecole ouverte est « para-doxalement plus exposé » : les « bar-rières institutionnelles » qui assoienttraditionnellement son autorité sontabsentes : disparition des classes,pas de notes, libre accès à des lieuxhabituellement contrôlés, tenuedécontractée… Le professeur doit« reconstruire un rapport avec les élè-ves qu’il doit aménager et “faire tenir”seul », sans bénéficier de la « légitimi-té d’institution, dont l’école crédite sesagents ». Pour contrebalancer cetteremise en cause des pratiques etd’un statut professionnels, la motiva-tion personnelle, voire un certainmilitantisme semblent donc indis-pensables. Ce dont témoigneM. Lejeune, de l’académie d’Aix-Marseille : « Ce sont souvent lesmêmes professeurs qui refusent lesheures supplémentaires pendant l’an-née parce que leur rémunération defin de carrière leur suffit et qui s’inscri-vent pour participer à Ecole ouverte. »

Yves Goepfers, en charge de cedossier à la délégation interministé-rielle à la ville, estime pour sa partque le problème de la participationdes enseignants ne sera vraimentréglé que lorsque les heures consa-crées à l’Ecole ouverte seront inté-grées dans leur temps de service. Unchoix politique qui symboliserait lefait que l’école n’est pas circonscriteau temps de l’école.

Marie-Laure Phélippeau

, ministre délégué à l’enseignementscolaire, devait, vendredi 19 juillet, lors d’une visitedans un collège de l’Oise participant au dispositif Eco-le ouverte, annoncer sa volonté de

. Né en 1991, lorsque Lionel Jospin étaitministre de l’éducation, ce dispositif a essaimé toutau long de la décennie, pour concerner 400 établisse-ments en 2001. Les bénéfices de ces opérations,

notamment dans les zones d’éducation prioritaire(ZEP), se traduisent par une , un changement de regard des jeunes surles adultes et ’ parmi les interve-

nants. A Créteil (Val-de-Marne), des collégiens témoi-gnent des qui s’instaurentpendant l’été, mais l’expérience se heurte à la faibleimplication des enseignants.

b Participants. 65 280 élèves de5 à 22 ans ont participé à Ecoleouverte en 2001, dont 26 821durant l’été. L’âge moyen estde 13 ans.b Etablissements. Plus de450 collèges et lycées sontrestés « ouverts » en 2001,dont environ plus de la moitiésitués en zone d’éducationprioritaire. 200 écoles ontparticipé, en lien avec unétablissement du second degré.Chaque collège ou lycée perçoitune somme forfaitaire de

4 040 euros par semaine, quelque soit le nombre d’élèvesaccueillis (entre 30 et 150).b Encadrement. Sur les 10 500personnes volontaires en 2001,35 % étaient desaides-éducateurs, 20 % desenseignants, 15 % des agentsadministratifs et techniques, 10 %des chefs d’établissement et desconseillers principauxd’éducation. Les 20 % restantsétaient extérieurs à l’éducationnationale (animateurs, anciensélèves, étudiants...).

b Activités. 30 % des activitésproposées sont scolaires, 27 %culturelles, 22 % de loisirs et 21 %sportives.b Financement. Les créditspublics se sont élevés en 2001à 8,55 millions d’euros.L’éducation nationale en afinancé les deux tiers. Les autrespartenaires sont la délégationinterministérielle à la ville (DIV),la direction des affaires sociales,la direction de la populationet des migrations et le Fondsd’action sociale (FAS).

/

Les « écoles ouvertes » changent le regard des élèves sur les adultesL’été, des écoles, collèges et lycées accueillent des jeunes ne partant pas en vacances, notamment dans les ZEP. L’opération, lancée en 1991 par M. Jospin alors

ministre de l’éducation, propose des activités éducatives, sportives et culturelles. Unanimement saluée, elle va être amplifiée par le nouveau gouvernement

Le ministre délégué à l’enseigne-ment scolaire, Xavier Darcos, devaitse rendre, vendredi 19 juillet, dansl’Oise, pour visiter le collège Louis-Bouland de Couloisy, participant àl’opération Ecole ouverte.

Ce traditionnel déplacement esti-val prend cette année une dimen-sion un peu particulière. Deuxsemaines après leur prise de fonc-tions, Xavier Darcos et Luc Ferry,ministre de la jeunesse, de l’éduca-tion nationale et de la recherche,ont en effet annoncé leur intentionde développer ce dispositif qui « pro-duit des résultats très intéres-sants sur le climat des établisse-ments ».

Selon eux, Ecole ouverte est « uninstrument efficace de lutte contre laviolence à l’école », qui constituel’un des dossiers prioritaires duministre délégué. L’objectif est doncde renforcer le dispositif lancé en1991 par Lionel Jospin, en « doublantdans les deux ans la capacité d’ac-cueil », ce qui porterait à environ120 000 le nombre d’enfants et dejeunes accueillis pendant les vacan-ces dans un établissement scolaire.

Depuis 1998, lesécoles élémentairespeuvent participerau dispositif Ecoleouverte créé en 1991.Leur arrivéea contribué àaccroître le nombred’élèvesaccueillis. En 2001,ce sont plus de 200écoles qui ont ainsilaissé leurs portes« ouvertes »durant les vacancesscolaires, et plus de450 collèges et lycées.

Au collège

Albert-Schweitzer

de Créteil, les élèves

font des découvertes

S O C I É T Éé d u c a t i o n

65 280 élèves concernés en 2001, dont la majorité en ZEP

Un « instrumentefficace », selon M. Darcos

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8/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

A Lyon, les sans-papiers ont été expulsés du Musée de la Résistance

LE DERNIER VOLET des diffé-rentes enquêtes ouvertes sur lesdérives la Mutuelle nationale desétudiants de France (MNEF) sem-ble proche de son épilogue judiciai-re. Lundi 15 juillet, les juges d’ins-truction parisiens Armand Riberol-les et Françoise Néher ont ordon-né le renvoi devant le tribunal cor-rectionnel de huit personnes pour-suivies dans l’enquête sur les irré-gularités mises au jour dans les sec-teurs de l’imprimerie et de la com-munication de la mutuelle. Parmielles figure l’ancien directeur géné-ral de la MNEF (1983-1998), OlivierSpithakis, poursuivi depuis octo-bre 1999 pour « détournements defonds publics, complicité et recel,destruction de preuves, faux et usa-ge de faux ».

Ouverte en septembre 1998après la transmission d’un rap-port de la Cour des comptes auparquet de Paris, l’informationjudiciaire s’est concentrée sur lesrelations entre la MNEF et plu-sieurs de ses filiales, dont la socié-té Spim – spécialisée dans le cour-tage en imprimerie. En 1993, Spimavait repris, en location gérance,la société Efic – dont le passifétait alors estimé à 15 millions defrancs –, symbole des dérives dela mutuelle étudiante et de sesliens avec le parti socialiste.

Principal client d'Efic et action-naire majoritaire en 1990, la MNEFsemble avoir contribué à la décon-fiture de cette société. Selon lesdéclarations faites aux enquêteurspar Philippe Plantagenest, prési-dent d'Efic à partir de 1990, l'entre-prise aurait déséquilibré ses comp-tes en rachetant, sur ordre de laMNEF, l'imprimerie de l'Organisa-tion communiste internationaliste(OCI), Abexpress. Ce rachat auraitconstitué la contrepartie politiqueau ralliement au PS d'un groupe del'OCI dirigé par Jean-ChristopheCambadélis.

« 20 25 %»« Jamais mise en concurrence,

Efic a pratiqué pendant plusieursannées, au grand jour, avec l'avaltacite de la MNEF, une surfactura-

tion de 20 % à 25 % sur les travauxréalisés par la mutuelle », indi-quaient en octobre 2000 les poli-ciers dans un rapport de synthèse(Le Monde du 6 janvier 2001).

Nommé en 1990 à la tête d'Efic,

Bruno Pelletier, un ami d'enfanced’Olivier Spithakis, aurait person-nellement contribué à la dérivefinancière de la société. « M. Pelle-tier, indiquait la brigade financière,a mis en place un système de faussesfactures à grande échelle [8 millionsde francs, soit 1 219 592 euros] quia permis d'extraire de fortes sommesen espèces de la gestion d'Efic, entrela fin 1990 et 1993 ». « Ces sommes,précisaient les enquêteurs, ont étéremises à Wilson Bihi-Zenou[conseiller de M. Spithakis], en par-tie pour assurer l'achat du Derya »,un bateau de luxe souvent mis à ladisposition des dirigeants de lamutuelle pour leur usage person-nel. MM. Pelletier et Bihi-Zenouont également été renvoyésdevant le tribunal.

En revanche, l'éditeur de presseAlain Ayache et l'avocat Eric Tur-con, ancien conseil de la MNEF,bénéficient d'un non-lieu. M. Aya-che, mis en examen en février 2000pour « recel de détournement defonds publics », était soupçonnéd'avoir surfacturé, en 1992, unecampagne de communication insti-tutionnelle de la MNEF avec lacomplicité de M. Spithakis. Placéen détention provisoire en mars1999, Me Turcon s’était vu repro-cher d’avoir signé un contrat deprêt antidaté.

Au début de l’année, 24 person-nes avaient été renvoyées devantle tribunal dans le dossier desemplois fictifs de la mutuelle, dontplusieurs personnalités politi-ques. Outre M. Spithakis, figu-raient notamment M. Cambadélis– ancien numéro 2 du parti socialis-te – et l’ancienne conseillère de Lio-nel Jospin au ministère de l’éduca-tion nationale, Marie-France Lava-rini (Le Monde du 12 janvier).

Fabrice Lhomme

Dominique Perben défend son texte surle droit pénal des mineurs et la justice de proximité

Il s’en est pris aux critiques, notamment à celles du Parti socialiste

LE GARDE des sceaux contre-attaque. Après avoir présenté sonprojet de loi d’orientation et deprogrammation de la justice enconseil des ministres, DominiquePerben a répondu, mercredi17 juillet en conférence de presse,aux nombreuses critiques adres-sées à son texte, qui instaure unejustice de proximité, durcit le droitpénal des mineurs et revient surcertaines des dispositions de la loisur la présomption d’innocence.Le ministre s’est notamment défen-du de vouloir démanteler la justicedes mineurs en assurant qu’il sou-haitait « garder l’équilibre entreéducation et sanction », inscrit aucœur de l’ordonnance de 1945 surl’enfance délinquante. Il a, parailleurs, ironisé sur les protesta-tions du Parti socialiste, en rappe-lant que son texte de loi était dansle droit fil des « propositions deMM. Jospin et Dray » lors de la cam-pagne électorale.

Posté derrière un pupitre bleuazur, portant l’inscription « Jus-tice, les moyens d’agir », le gardedes sceaux a d’abord décliné lesimportants moyens inscrits dansson projet de loi : 3,65 milliardsd’euros seront ainsi consacrés à lajustice d’ici à 2007, dont 1,75 mil-liard pour les autorisations de pro-gramme, qui permettront de finan-cer la création de 11 000 nouvellesplaces de prison. La chancellerieprévoit ainsi de créer 10 100emplois supplémentaires en cinqans, dont 950 postes de magistrats,3 500 fonctionnaires des servicesjudiciaires, 3 740 personnels del’administration pénitentiaire,1 250 personnels de la protectionjudiciaire de la jeunesse et3 300 juges de proximité à titretemporaire, équivalents à580 temps plein.

M. Perben a ensuite expliquéavoir pris en compte certaines des

critiques formulées sur le juge deproximité, qui sera un magistratnon professionnel, intervenantsous forme de vacations et compé-tent pour trancher les petits litigescivils ou sanctionner les petitsdélits. Suivant l’avis du Conseild’Etat, qui avait émis des réservessur la création d’un nouveau jugepar une loi simple, il a renvoyé àune loi organique, qui sera présen-tée mercredi 24 juillet en conseildes ministres, la définition du sta-tut des juges de proximité. Alors

que les organisations de magis-trats dénoncent une « sous-justice,rendue par des sous-juges », M. Per-ben a affirmé que le juge de proxi-mité serait « un vrai juge, nomméaprès avis du Conseil supérieur de lamagistrature et dont on vérifiera lacapacité à remplir sa mission ». Il aégalement assuré avoir « tenucompte des observations des organi-sations professionnelles » en circons-crivant leur compétence à l’égarddes mineurs aux délits relevantd’une contravention de 4e classe,dont la liste sera établie par décret.

Mais le garde des sceaux s’estsurtout montré offensif en répon-se aux critiques formulées sur laréforme du droit pénal desmineurs. Le projet de loi, qui créedes « centres éducatifs fermés », ins-taure une possibilité de détentionprovisoire pour les 13 à 16 ans etcrée des « sanctions éducatives »pour les enfants de 10 à 13 ans, sus-cite en effet un tollé parmi les pro-fessionnels de l’enfance. « C’estvrai, nous apportons des réponses

différentes à la délinquance desmineurs, s’est exclamé M. Perben,mais nous gardons l’équilibre entrela répression et la sanction. Nouscréons 25 % de postes d’éducateurssupplémentaires. Cela veut-il direque Perben veut abandonner lafonction éducative de la justice ?Cela n’a pas de sens. » Le ministrea par ailleurs « récusé le procès quinous est fait de vouloir faire augmen-ter le nombre d’incarcérations ».« Je ne peux pas être comptable dela situation d’aujourd’hui, a-t-ilaffirmé. Si les prisons sont aujour-d’hui archipleines, ce n’est pas leprojet Perben qui les a remplies. »

Le garde des sceaux a parailleurs justifié le choix d’une pro-cédure parlementaire d’urgencepour son texte par la promesse dugouvernement de « tenir ses enga-gements ». « J’ai entendu le messa-ge du premier tour de l’élection pré-sidentielle, c’était un message d’in-quiétude, pour ne pas dire d’agace-ment et en tout cas d’insatisfactionà l’égard des questions de sécu-rité », a t-il affirmé. Et le garde dessceaux de s’étonner des vives criti-ques du Parti socialiste, qui aannoncé son intention de votercontre le texte. « Je voudrais rappe-ler que la justice de proximité et lescentres fermés étaient aussi les pro-positions de MM. Jospin et Dray[lors de la campagneprésidentielle]. Or le PS dit aujour-d’hui le contraire. Si tel était le caslors du débat parlementaire, celavoudrait dire que les socialistes serenient. Or, nous, au gouvernement,on dit la même chose avant et aprèsles élections. » Les débats devant leParlement, qui devrait examiner letexte de M. Perben le 25 juilletpour le Sénat et les 1er et 2 aoûtpour l’Assemblée nationale, pro-mettent d’être vifs.

Cécile Prieur

LYONcorrespondance

Ils se sont retrouvés à la rue. Expulsés à nouveau, pourla cinquième fois en moins d’un an (Le Monde du 9 juillet).« On a l’habitude », disent-ils. Les sans-papiers qui occu-paient depuis le 6 juillet le Centre d’histoire de la Résistan-ce et de la déportation (CHRD) de Lyon ont été évacuéspar les CRS, mercredi 17 juillet vers 18 heures 30, aprèss’être vu notifier une ordonnance d’expulsion prise par letribunal de grande instance à la demande de la mairie deLyon, propriétaire du bâtiment.

La cinquantaine de sans-papiers présents ont quitté leslieux dans le calme mais un incident a éclaté quelquesminutes plus tard entre les policiers et les demandeursd’asile qui avaient bloqué brièvement la circulation. Lorsde l’intervention des CRS, un jeune Algérien a été blessé àla tête avant de perdre connaissance, victime d’une crised’épilepsie. Il a été admis aux urgences de l’hôpitalEdouard-Herriot sans que son état inspire d’inquiétude.Les sans-papiers s’attendaient à l’intervention des forcesde l’ordre depuis mardi matin, après l’échec des négocia-tions avec la municipalité socialiste qui leur avait proposédes conditions d’hébergement « inacceptables » à leuryeux : trop précaires, dans un gymnase aménagé, en atten-

dant mieux, ou trop loin, dans des foyers Sonacotra deGrenoble et Valence. « Ils veulent casser la lutte en nousséparant, en nous envoyant hors de Lyon », commenteAbdel Kader Mourad, un des leaders du collectif lyonnaisdes sans-papiers qui regroupe 200 étrangers, des Algérienset des Yougoslaves pour la plupart.

« »Après s’être fait déloger du CHRD, les sans-papiers se

sont rendus à pied jusque devant l’hôtel de ville, empor-tant avec eux un matelas, des couvertures, des banderolesdéchirées et quelques vivres. Ils ont été hébergés pour lanuit par le Secours populaire et une librairie anarchiste.« Nous irons jusqu’au bout. Il faudra que nous soyonspatients, forts et courageux. La lutte durera longtemps », esti-me Kader, qui envisage déjà une nouvelle occupation.« Les sans-papiers sont dans une impasse, se désole MartineRoure, adjointe PS aux affaires sociales. Ce sont des gensqui souffrent, qui se battent pour leur dignité. Il faut absolu-ment trouver une solution mais celle-ci ne passera que parun changement de ces lois inadaptées qui tolèrent les deman-deurs d’asile sans leur donner aucun droit. »

Elise Victor

Sang contaminé : le parquet général a proposéquatre moyens pour annuler le non-lieu

Dans son mémoire transmis à la Cour de cassation, le procureur général de Paris,Jean-Louis Nadal, souligne les contradictions de l’ordonnance controversée

LE CONTENU du mémoire que leprocureur général de Paris, Jean-Louis Nadal, a transmis à la Cour decassation, à l’appui du pourvoi qu’il aformé contre l’arrêt de la chambrede l’instruction de la cour d’appel deParis dans le volet non ministériel del’affaire du sang contaminé, est révé-lé dans l’édition du Figaro du18 juillet. Présidée par FrancineCaron, la chambre de l’instructionavait rendu le 3 juillet une décisionconstatant « l’absence de toute infrac-tion de quelque nature que ce soit ».En conséquence, cette juridictionavait délivré un non-lieu généralpour la trentaine de personnes– anciens conseillers ministériels, res-ponsables de santé publique et diri-geants d’organismes publics – ren-voyés devant les assises en mai 1999par la juge Marie-Odile Bertella-Gef-froy. Les motivations de cette déci-sion et le délai – plus de vingt-quatreheures – pour les communiqueravaient provoqué la colère desfamilles de victimes (Le Monde du8 juillet).

Dans son mémoire, Jean-Louis

Nadal estime que la décision de lachambre de l’instruction « ne con-tient qu’un exposé et une analyse desfaits particulièrement succincts auregard de l’importance considérablede ce dossier et procède souvent parvoie d’affirmations sans étayer son rai-sonnement. » Le procureur généralde Paris suggère à la Cour de cassa-tion quatre moyens d’annulation.

« »La chambre de l’instruction indi-

que d’abord que les médecins « igno-raient la contamination » des lots desang. Mais la cour évoque également« l’état de nécessité » (notion pénalejustifiant la commission d’un délit encas de danger) dans lequel étaient lesprescripteurs pour sauver la vie deshémophiles. Pour Jean-Louis Nadal,il y a là « contradiction de motifs ».

Le deuxième moyen porte sur lacomplicité d’empoisonnement. Ladécision du 4 juillet affirme que lesresponsables politiques et adminis-tratifs ont sciemment différé desmesures de prévention « acceptantle risque de sacrifier le devenir et la vie

des hémophiles et transfusés », maisne retient pas la qualificationd’« empoisonnement ». Cependant,la chambre de l’instruction s’est abs-tenue de rechercher la possibilité depoursuivre les mis en examen pourd’autres infractions et « notammentle délit de non-assistance à personneen péril ».

Troisième moyen : tout en rete-nant la possibilité de poursuivrepour « homicide et blessures involon-taires » , mais en excluant un lien decausalité entre les comportementsfautifs et les préjudices des victi-mes, la chambre n’a pas pris encompte la surcontamination – due àdes lots contenant le virus du sidaadministrés à des personnes déjàséropositives – « en tant que facteurd’aggravation ».

Enfin, le procureur général deParis cite le fait que, bien qu’elle ysoit tenue, la chambre de l’instruc-tion « a omis » de répondre auxdemandes de certaines parties civi-les. (Lire aussi page 11.)

Paul Benkimoun

Deux agents dela PAF écrouéspour traficde clandestinsDEUX agents de la police aux fron-tières (PAF) ont été incarcérés, le26 juin, après avoir été mis en exa-men pour « aide à l’entrée, auséjour ou à la circulation, commisen bande organisée » et « travailillégal ». Les deux hommes, l’ungardien de la paix, l’autre agent desécurité, en fonction à la PAF deRoissy, faisaient entrer sur le terri-toire des Philippins en transit versl’Arabie saoudite ou les Emiratsarabes unis.Les Philippins, recrutés par uneagence de voyage de Magny-en-Vexin (Val-d’Oise), devaient s’ac-quitter d'une somme compriseentre 610 et 1 530 euros. Alertésdes arrivées, les policiers s’arran-geaient pour faire sortir leurs« clients » sans visa, par une portede service. Des passeurs prenaientensuite le relais et les achemi-naient vers des ateliers clan-destins.

Le major généralde la gendarmerieremplacéLE GÉNÉRAL de division ClaudeParayre remplace le généralClaude Lepetit au poste de majorgénéral de la gendarmerie – numé-ro 2 de la hiérarchie, après le direc-teur général. Le général Lepetitoccupait la fonction depuisfévrier 2002 et, début juillet, ilavait été élevé au rang et à l’appel-lation de général de corps d'armée.Il est désormais chargé de missionauprès du chef du contrôle généraldes armées. Ce départ précipité estlié à la décision de confier l’emploides gendarmes au ministre de l’in-térieur et leur gestion au ministèrede la défense. Le général Lepetitétait considéré jusqu’à présentcomme le « gardien du temple » dela spécificité gendarmique. Legénéral Parayre, lui, était, au cabi-net de M. Sarkozy, chargé de pré-parer le rapprochement entre gen-darmes et policiers au titre du ren-forcement des mesures de sécuritéen France.

a FAIT DIVERS : l’homme quiavait tué, le 9 avril, un gardien dela paix dans le commissariat deVannes (Morbihan) s’est donné lamort, mercredi 17 juillet. Incarcéréà la maison d’arrêt de Ploemeur,Jean-Charles Denis, un agriculteurâgé de 48 ans, a attaché sa ceintureà un barreau de lit pour se pendre.a SANTÉ : un homme de 68 ans,atteint par la légionellose, estmort, mercredi 17 juillet, au centrehospitalier de Sarlat (Dordogne).Une quinzaine de cas avaient étédiagnostiqués au cours des der-niers jours dans l’établissement (LeMonde du 16 juillet).a AFFAIRES : la cour d'appel deParis a rejeté, mercredi 17 juillet,la demande de remise en liberté del’ancien directeur des « affairesgénérales » du groupe Elf, AlfredSirven. Agé de 75 ans, M. Sirvenest incarcéré à Paris depuis sonarrestation aux Philippines enfévrier 2001. Il a été condamné enmai 2001 à quatre ans de prison fer-me par le tribunal correctionnel deParis dans l’affaire Dumas.a JUSTICE : le tribunal de grandeinstance de Nantes a examiné,mardi 16 juillet, en référé, uneplainte contre le ministre des affai-res sociales, François Fillon, entant que président de Ouest littoralsolidaire. Créée au lendemain de lamarée noire de l'Erika, cette asso-ciation, qui réunit des collectivitésterritoriales de Bretagne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes, estaccusée d’avoir payé plus cher quesa valeur un rapport évaluant lesdommages causés par la marée noi-re. Ouest littoral solidaire avait ver-sé 2,5 millions de francs(381 122 euros) au cabinet Mazarset Guerard. Le jugement a été misen délibéré au 5 septembre.a Une procédure ouverte en 1983à la suite de plaintes de person-nes victimes de l’Eglise de scien-tologie a été déclarée prescrite,le 12 juillet, par la juge parisienneColette Bismuth-Sauron. La magis-trate reste toutefois saisie d’uneenquête ouverte en 1989 sur desfaits similaires.

« LE PLUS DIFFICILE commencemaintenant », a conclu NicolasSarkozy, jeudi 18 juillet, vers 1 h 30du matin, après le vote de son pro-jet de loi sur la sécurité. Les dépu-tés venaient d’adopter en premièrelecture le texte, qui doit être discu-té au Sénat les 30 et 31 juillet – etpourrait être définitivement adop-té au début du mois d’août. L’UMPet l’UDF ont voté pour, le PCF etles Verts contre. Les socialistes,eux, n’ont approuvé que l’article 2,qui prévoit l’augmentation des cré-dits et des effectifs. La veille, legroupe PS s’était divisé entre parti-sans de « l'abstention constructive »et opposants farouches (Le Mondedu 18 juillet). Les tensions retom-bées, seuls cinq députés socialistesont veillé jusqu’au terme de la séan-ce. Les tenants de l’abstention,menés par Julien Dray, ManuelValls et Daniel Vaillant, n’étaientpas là. Soulignant à plaisir les con-tradictions du PS, le ministre de l’in-térieur leur a lancé : « En votant lesmoyens sans voter la politique, vousnous donnez un chèque en blanc. »

Ainsi approuvée par les trois prin-cipaux groupes de l’Assemblée,l’augmentation importante des cré-dits alloués à la sécurité porte sur5,6 milliards d’euros, mobiliséspour la période 2003-2007. Elle doitpermettre la création de 13 500emplois dans la police et la gendar-merie. La complémentarité entreces deux forces, traditionnellementrivales, doit en outre être renforcéegrâce à la communication de leursfichiers respectifs, et à la mise encohérence de leurs systèmes detransmission. Les crédits d’équipe-ment et de fonctionnement serontaugmentés de 2,5 %. L’une desmesures les plus contestées concer-ne les dérogations au code des mar-chés publics pour la constructionde casernes et de commissariats,« énorme marché » sur lequel le PSredoute la mainmise des grandsgroupes de BTP. « Le but est de pou-

voir inaugurer un commissariat enmoins de neuf ans », a plaidé M.Sarkozy.

Sur le fond, le texte propose une« nouvelle architecture de la sécuritéintérieure », avec à sa tête le conseilde sécurité intérieure présidé par lechef de l’Etat, des conférencesdépartementales, des conseilslocaux de sécurité et de préventionque présideront les maires. L’UDFa renchéri en réclamant une « impli-cation plus grande des élus locaux »,déposant plusieurs amendementsen ce sens. Le groupe socialistes’est, pour sa part, inquiété de cetteremise en cause de l’équilibre despouvoirs : « Cette novation institu-tionnelle confère au président desprérogatives du gouvernement. Vousfaites échapper au contrôle du Parle-ment tout un pan de la politique », aestimé Christophe Caresche(Paris).

Le débat entre majorité et oppo-

sition a pourtant tourné court : lesmesures les plus controverséesferont l’objet de projets de loi pré-sentés à l'automne. Le PS en adéduit que le texte adopté jeudiavait été « bâclé ». Une série demesures incluant le blocage destéléphones volés, la lutte contrel'abstentéisme scolaire, la répres-sion de la prostitution et le renfor-cement du contrôle des posses-seurs d’armes sera ainsi envisagé àla rentrée. Sans attendre, ThierryMariani (UMP, Vaucluse) a faitajouter à l’« éloignement » du terri-toire prévu par le texte pour lesprostituées étrangères, le « retraitdéfinitif de tout titre de séjour ». Con-cernant l’absentéisme, M. Sarkozyoscille entre sanctions financièrespour les parents, et contraventionspour les cafetiers qui cautionnentl’école buissonière, sans bien expli-quer où allait sa préférence.

Soren Seelow

« La justice deproximité et les centresfermés étaient aussiles propositions deMM. Jospin et Dray »

MNEF : Olivier Spithakis

en correctionnelleHuit personnes sont renvoyées devant le tribunal

Les députés ont adopté le projetde M. Sarkozy sur la sécurité

S O C I É T É

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LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/9

LONGTEMPS compagnon desplus humbles – n’était-il pas qua-lifié de « cheval du pauvre » ? –,l’âne a toujours été assimilé à leurmisère. Il en a tiré une réputationpeu flatteuse mais imméritée, sou-lignent ceux qui aujourd’hui s’atta-chent à faire revivre son élevage.Tous s’inscrivent en faux contreses supposés entêtements, man-que d’intelligence, couardise, mé-chanceté…

D’autant que, paradoxalement, àl’instar du cheval de trait, il véhi-cule aussi une image positive – onl’aime d’abord parce qu’il ne faitpas peur – à forte connotationpopulaire, faite de souvenirs ou delectures d’enfance. Des Mémoiresd’un âne de la comtesse de Ségurau Voyage avec un âne dans lesCévennes de R.-L. Stevenson en pas-sant par le délicieux Mon âne et moide l’Espagnol Juan Ràmon Jirez(Prix Nobel de littérature en 1956),beaucoup d’œuvres l’ont célébré.

Menacé de totale disparition,avec la mécanisation des campa-gnes, le cheptel asinal étoffe denouveau ses effectifs depuis deuxdécennies. Selon Agreste, la revuedes statistiques du ministère del’agriculture, le nombre des ânes,mulets et bardots est passé, entre1988 et 2000, de 12 000 à 30 000(ils étaient 400 000 au début duXXe siècle).

Tout comme pour les chevaux,cette lente remontée doit beau-

coup à l’actuel engouement dugrand public pour les vacances ver-tes et les randonnées. Désormais,l’âne n’est plus considéré commeune bête de travail, mais comme un« support » des activités de loisirs,voire comme un animal de com-pagnie.

L’âne peut être bâté (pour porterdes bagages), monté, attelé pourles débardages du bois dans leszones d’accès difficiles ou pour deslabours dans les petites parcelles. Ilpeut servir à l’animation dans unparc animalier et pour les manèges,ou d’instructeur équestre auprèsdes jeunes enfants. Il peut même,assure-t-on, être employé comme…gardien de troupeau de moutons :sa vigilance instinctive fait mer-veille pour écarter chiens errants etpetits prédateurs.

Pour sa polyvalence et pour soncaractère tranquille – « un ânes’éduque, il ne se dresse pas » –,éleveurs, particuliers, associationssont de plus en plus nombreux à leréhabiliter et à l’insérer dans lescircuits de l’économie locale.

« Nous avons 25 ânes en tournée,

chaque jour, au plus fort de la saisonestivale, entre le 15 juillet et le20 août, à raison de sept à huit per-sonnes par animal », se réjouitChristian Brochier, éleveur etloueur d’ânes depuis dix-huit ans,au hameau de Castagnols, toutprès de Vialas (Lozère), dans le parcnational des Cévennes. A la tête deGenti’âne, il assure tout au long del’année gîtes, couverts et randon-nées pour une clientèle française

et européenne, souvent familiale.« Un couple d’Allemands est venu

treize années consécutives ! J’arriveà vivre, explique-t-il, sans autre reve-nu que ce que m’apporte l’élevage demes 33 ânes, leur location et l’organi-sation des randonnées. J’ai de 1 500à 2 000 clients par an qui, en passantde gîtes d’étape en tables d’hôtes, encampings et en hôtels, contribuent àentretenir l’économie locale et à fairevivre ainsi le pays qui renaît grâce àce tourisme rural. »

Bien plus au nord, les créateursde l’association Escap’âne, fondéeen 1999 à Ergny, petite communedu Pas-de-Calais, ont opté, eux,pour une formule originale d’inser-tion des handicapés par le tourismede proximité. Accompagnées ouportées par un âne, les personnes àmobilité réduite peuvent randon-ner en famille et découvrir la cam-pagne. De simples activités, certes,mais le plus souvent inaccessiblespour ce genre de public.

L’association propose, depuis unan, des randonnées en circuits repé-rés et balisés, ouvertes aux familles,centres aérés, instituts médico-édu-catifs… En relation avec des psycho-motriciens, un programme d’équi-thérapie pourrait voir le jour, quimettrait à profit la relation particu-lière avec l’âne et offrirait une voied’insertion à des personnes handi-capées mentales.

Escap’âne travaille égalementavec le réseau Accueil paysan, qui

valorise les produits du terroir :« Au travers de randonnées à thè-mes, qu’elles soient gourmandes, surle patrimoine de proximité ou sur l’en-vironnement, nous servons à la pro-motion de la production du pays et àla connaissance de ses richesses… »,souligne Bastien Robillard, l’un desanimateurs de l’association.

Malgré ce retour en grâce, rienn’est joué pour notre aimable bour-ricot. Les six races reconnues offi-ciellement en France (l’âne de Pro-vence, du Cotentin, des Pyrénées,le grand noir du Berry, le baudet duPoitou et l’âne normand) sont en-core menacées. Aussi font-ellesl’objet de soins attentifs tant auniveau des Haras nationaux qu’àcelui de l’Asinerie nationale de Sain-tes (Charente-Maritime).

Bernard Biteau, chargé de mis-sion au Conservatoire des ressour-ces génétiques du parc interrégio-nal du Marais poitevin, travaille surl’insémination artificielle des ânes-ses. Pour lui, « si le cheptel globalaugmente, pour certaines races,hélas, il diminue d’année en année.L’engouement du public pour l’âne adu bon, mais, pour les races pures, ilreprésente, a contrario, un dangeravec la dispersion des individus à tra-vers le monde alors que l’on ne maî-trise pas encore la reproduction à dis-tance des femelles, peu fécondesdans ce cas ».

Pierrick Vincent, de l’Asinerienationale poitevine est, lui aussi,passionné par la génétique et par lemonde asinal. « Le jour, dit-il, oùl’on maîtrisera la fécondation, celasera intéressant d’aller récolter lessemences dans le monde pour sau-vegarder définitivement les espèceset satisfaire ainsi les politiques quinous aident et les éleveurs qui sont àl’origine de la dynamique qui nouspousse dans nos recherches. »

Ali Habib

Au cœur du plateau ardéchois, sur les traces de Stevenson…

AUBENAS (Ardèche)de notre correspondante

« This is a donkey, ceci est unâne. Ou plutôt une ânesse. The fema-les are sweeter than the males »,

articule consciencieusement AndréGuérin, avec un français mâtinéd’un anglais scolaire. Face à lui,des Danois et des Belges, en toutonze personnes, qui, dans moinsde deux heures, quitteront Uscla-des-et-Rieutord, petite communed’une centaine d’âmes, pour unesemaine de périple au cœur du pla-teau ardéchois.

André Guérin continue ses misesen garde, explique qu’un âne abesoin de tendresse, cinq minutesde câlin quotidien, d’un minimumde soins ; bref, qu’il faut bien leconsidérer comme un compagnonde route intelligent.

Vient ensuite le moment de fixerle bât sur le dos de l’équidé. Aujour-d’hui, ce sont trois ânesses de Pro-vence qui escorteront ces randon-neurs : elles assureront le transportdes bagages, voire celui des en-fants. Car l’une des priorités chezles parents randonneurs est la rela-tion ludique, affective qui va s’éta-blir entre l’animal et leurs enfants.De quoi stimuler les plus jeunesd’entre eux, pas toujours friandsde marche à pied.

Autre motivation pour ces touris-

tes étrangers, l’envie de vacanceshors des sentiers battus, loin de lafoule : « L’année dernière, raconteGeert, originaire de Bruges, noussommes partis sur une île de la Médi-terranée. Il y avait trop de monde,nous n’avons pas pu nous reposer. »Même discours du côté de cettemère danoise : « Nous avions envied’autre chose, de nous retrouver enfamille, au milieu de la nature. Nousavons parcouru 1 700 km avant d’ar-river ici. »

« Notre clientèle est composée à50 % d’étrangers qui vivent dans despays plats où la densité de popula-tion oscille entre 300 à 400 habitantsau km2. Ici, elle est de l’ordre de8 habitants au km2, alors même si ontriple l’été, imaginez leur bonheurde se retrouver seuls face à de su-perbes paysages », confirme l’orga-nisateur.

Ces touristes ont choisi de par-courir un circuit défini avec unemoyenne de quatre heures de mar-che par jour. Gîtes, repas, pique-niques, tout est prévu avec quel-ques surprises à la clef : nuit dansune école, dîner chez une familletraditionnelle… L’agence proposeune seconde formule moins oné-reuse et davantage prisée des Fran-çais : un itinéraire en « kit » avecréservations chaque soir pour l’éta-pe suivante.

André Guérin planifie ce genrede séjours depuis vingt-quatre ans.C’est en 1975 que ce Parisien s’estinstallé avec sa femme et ses troisfilles dans la cure d’Usclades, réus-sissant la gageure d’y créer uneagence de voyages, La Burle, quiemploie aujourd’hui six perma-nents et huit saisonniers. « A l'épo-que, on nous a pris pour des fous. En1978, c’était le centenaire de Steven-son, je cherchais un concept original

à développer. J’ai été le premier enFrance à avoir l’idée de ces randon-nées avec des ânes bâtés. Au début,on a galéré, impossible de trouverle bon harnachement. Maintenant,nous fabriquons nous-mêmes lesbâts et achetons les poches pour lesbagages dans un village du sud del’Ardèche. »

En 1998, après vingt ans de vieassociative, La Burle est devenueune société coopérative de produc-tion (SCOP) qui a fortement déve-loppé le secteur tourisme interna-tional et affiche un chiffre d’affai-res de 1,9 million d’euros. La partieâne représente le douzième du chif-fre d’affaires, soit 150 000 euros.

Après des années de mise àl’écart, l’âne a de nouveau le venten poupe : certaines variétésvalent jusqu’à 1 500 euros et sonttrès recherchées par les collection-neurs. Mais l’âne a aussi réussi sonretour en grâce chez les particu-liers, propriétaires de résidencessecondaires : il assume parfaite-ment les fonctions d’une débrous-sailleuse. Plus silencieux et moinsfatigant qu’une tondeuse…

Propriétaire d’une dizaine debaudets dont quatre ânesses noi-res du Berry, André Guérin restetrès attaché à cette activité, qui at-tire chaque année près de 400 per-sonnes sur le plateau ardéchois etentraîne dans sa dynamique 35 par-tenaires chargés de l’accueil ou del’animation.

Et puis, au-delà des chiffres, il y ala satisfaction de ses clients. « Toutconcourt à la réussite du séjour : ladiversité et la beauté des sites traver-sés (lacs, volcans, forêts…), la qualitéde la nourriture et de l’hospitalité,enfin la possibilité pour les ran-donneurs de continuer à marcherquand ils deviennent parents. On a

un taux de contentement incroya-ble ! Dans les Cévennes, à 30 kilo-mètres d’ici, il y a un siècle, Steven-son a ouvert la voie : à nous de laprolonger. »

Carole Dumas

Avec onze randonneurs

étrangers

à la découverte

de l’Ardèche

RADIO COMMERCIALE N°1 SUR LES CADRES, EUROPE 1 CONSOLIDE AUJOURD'HUISA POSITION AUPRÈS DES LEADERS D'OPINIONS. Plus que jamais, Europe 1 génèredes idées, stimule des envies et suscite des avis chez les entrepreneurs, les cadreset les professions intellectuelles supérieures. Europe 1 : plus forte progressionradio sur les CSP+I avec + 1,1 point de part d'audience. Enfin, avec 4 639 000auditeurs de + de 15 ans par jour de semaine, Europe 1 renforce également sonaudience et confirme son statut de radio de référence.

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Source : Enquête Médiamétrie 75 000+ Radio, avril-juin 2002, lundi-vendredi, 5h/24h. CSP+I : Artisans, Commerçants, Chefs d'entreprise,Cadres et Professions Intellectuelles Supérieures et les Professions Intermédiaires. Évolution versus janvier-mars 2002.

www.lagardere-active-pub.com

METZde notre correspondant

Jean-Pierre Raffarin a profité desa visite en Lorraine, mercredi17 juillet, pour évoquer le thème dela décentralisation. Il a souhaité« un grand débat dans toutes lesrégions de France ». Il a aussi incitéles collectivités locales à se portercandidates à l’expérimentation enmatière de transfert de compéten-ces.

Les élus lorrains ne se sont pasfait prier. La région se propose ain-si de prendre en charge la construc-tion et la maintenance des bâti-ments universitaires, comme c’estla règle pour les lycées. PhilippeLeroy (RPR), président du conseilgénéral de Moselle, souhaiterait,lui, que son département expéri-mente la gestion des routes natio-nales, hors autoroutes. La commu-nauté urbaine du grand Nancy severrait bien tester sur quatre oucinq ans la gestion directe des aidesau logement.

Christian Poncelet, président(UMP-RPR) du Sénat et du conseilgénéral des Vosges, a souhaité que« l’on trouve une méthode de rapidi-té » pour que les aides européen-nes aux collectivités ne passent pasnécessairement par l’administra-tion centrale.

Le premier ministre s’est parailleurs dit « prêt à revoir l’organisa-tion des contrats de plan Etat-région » qu’il juge « peu satisfai-sants et trop longs ». Il a égalementrappelé que le gouvernement pré-senterait à l’automne sa réformesur la décentralisation, avec, notam-ment, l’inscription de la régiondans la Constitution et la créationdu droit à l’expérimentation, etenfin « la toilette des lois Chevène-ment, Voynet, Vaillant et Gayssot »en matière d’intercommunalité.

Stéphane Getto

JEAN-YVES COMBY, c’est sûr, aime les ânes.Eleveur d’une trentaine de ces animaux et d’unedizaine de mules, il leur consacre tout le tempsque lui laissent ses obligations de maire de LaPesse (263 habitants), non loin de Saint-Claudedans le Jura. Les éléments de son troupeau, en par-tenariat avec l’association Jura Randonnées, emmè-nent grands et petits sur les chemins du Haut-Jura– de La Pesse au plateau des Rousses – ou desHautes Combes.

« L’âne, dit-il, fait partie intégrante de ce retour àla nature que l’on constate depuis quelque temps,du fait qu’il est très attractif. Les gens des villesvivent stressés. Le contact avec un animal serein etdoux leur est donc extrêmement profitable. Ainsi,lorsqu’ils rentrent de randonnées, nos amateurs ontabandonné angoisses et nervosité et ont, en géné-ral, complètement intégré le rythme tranquille deleur nouvel ami. »

Pour l’éleveur, bien sûr, tous les défauts attri-bués à cet animal ne sont dus qu’à l’ignorance :

« C’était le cheval du pauvre, une bête de travail.Il n’y avait pas de considération réciproque entre luiet l’homme. D’où sa réputation négative. Pourtantavec lui, l’on peut tisser des liens plus approfondisqu’avec le cheval, d’autant que par besoin de protec-tion il assimile les hommes à sa famille. Il devientvite un véritable partenaire. Un attachement réci-proque se tisse alors, ce qui explique l’enthousiasmedes gens à son égard. »

Jean-Yves Comby se réjouit que l’âne ait acquisce nouveau statut d’animal de loisir, aimé et res-pecté, participant à sa manière à la pérennité del’économie locale. « Si nous faisons sa promotion, ilnous le rend au centuple, en nous permettant devaloriser notre patrimoine rural et surtout de pou-voir continuer à travailler dans notre terroir, ditencore l’ânier. Nous vivons dans des pays perdus.C’est grâce à lui et avec lui que nous sommes incitéset aidés à y rester. »

A. H.

Plusieurs associations se sontconstituées pour œuvrer àla réhabilitation des ânes.b La Fédération nationale asineet mulassière (FNAM) regroupeles différentes associations asinesafin de les représenter auprèsdes pouvoirs publics.b La Fédération nationale ânes etrandonnées (FNAR) regroupe desprofessionnels de la randonnéeavec âne bâté.b Anes et mulets associationnationale (AMAN) regroupe des

professionnels de l’âne(randonnée, élevage, attelage,etc.) et des particuliers possédantdes ânes.b L’Association des amis des ânes(Adada) regroupe les particuliersqui possèdent un âne.Par ailleurs, de nombreuses autresassociations rassemblent despropriétaires d’ânes au niveaulocal ou des éleveurs d’une raceprécise : Anes en Limousin, Aneriepicarde, Runacata (l’âne corse),l’âne blanc et l’âne pie, etc.

R É G I O N S

Le tourisme crée une nouvelle microéconomie autour de l’âneL’élevage de ce vieux serviteur de l’homme, qui a failli disparaître avec la mécanisation de l’agriculture, connaît

un renouveau spectaculaire. De bête de somme, Cadichon devient accompagnateur de randonnées

« L’âne nous permet de rester dans nos pays perdus »

Une multitude d’associations

Décentralisation :M. Raffarinsouhaite un« grand débat »

Page 10: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

10/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

L n’y a aucune raisonde s’inquiéter. Nousn’avons jamais préten-du former un gouverne-ment socialiste le4 novembre. Allendel’a dit : l’Unité popu-laire est composée de

six formations différentes, dont les radicaux,qui ont large- ment dominé la vie politiquechilienne au cours des trente dernièresannées… » Pablo Neruda, membre émi-nent du PC chilien, plusieurs fois proposépour le prix Nobel de littérature, marchedans Santiago. C’est un événement.

Lorsqu’il ne roule pas sur les chemins dumonde, à Paris, à Moscou ou à Pékin,Pablo Neruda, qui avait été désigné par lePC chilien comme candidat à l’élection pré-sidentielle de 1970, se tapit à Isla Negra,sur la rude côte du Quisco. Les lames char-gées d’une longue violence du Pacifiqueviennent se briser sur la barrière en ron-dins de la retraite raffinée de « Pablo-Robinson ». Fleurs, pierres, papillons,bateaux enfermés dans des bouteilles,manuscrits, reliures, cheminées ronflan-tes, flacons multicolores, filets, un arbreau milieu du salon, statues brisées, souve-nirs de la rue de Buci et de la guerre d’Espa-gne ; le poète militant, lyrique et sensuel,allie rusticité et épicurisme.

Il faut la politique pour le pousser versla capitale. Son pied-à-terre de Santiagoest niché à mi-pente d’une colline. « C’estle Machupicchu », lui a dit Jean-LouisBarrault.

Casquette à la Philéas Fogg vissée sur lecrâne, les lourdes paupières araucanes àdemi baissées sur des yeux vigilants, PabloNeruda marche à nos côtés, et les gens duquartier saluent Don Pablo avec respect etétonnement. Ancien sénateur communis-te, riche de gloire, d’honneurs et d’argent,resté fidèle au parti, critiqué par les étu-diants pour avoir accepté un voyage auxEtats-Unis, ayant partagé la dure clandesti-nité des dirigeants communistes après1948, il a pris parti pour Moscou dans lacontroverse sino-soviétique en dépitd’une amitié personnelle et récente avecMao. Généreux et capable de solides ran-cunes, Don Pablo est, au Chili, un « per-sonnage ». « Il y a tellement de travail, dit-il. Comment imaginer que nous puissionscommencer par tout casser ? » Est-ilinquiet, comme paraissent l’être les autresdirigeants du PC à la perspective de cettesoudaine accession aux tout premiersrangs du pouvoir ? « Non, nous sommesconfiants et tranquilles. La droite chilienne acru bien faire en agitant le spectre de la ter-reur rouge… Cette campagne se retournecontre elle. La droite, la petite bourgeoisie,mais aussi, hélas ! une partie du prolétariat,sont troublés… »

Ce qui préoccupe manifestement DonPablo, c’est la réaction de l’étranger, desEtats-Unis, de l’Europe. Grand voyageur,frotté depuis longtemps aux grandes capi-tales, il semble redouter les jugementsschématiques d’une opinion internatio-nale mal informée et peu au fait « dessubtilités et des particularités de la politiquechilienne ».

« Le Chili, ce n’est pas Cuba. Il n’y aaucun rapport entre les deux pays. Les tradi-tions sont différentes. L’histoire des partispolitiques chiliens est sans commune mesureavec celle des autres pays américains. Nousavons grandi tout seuls… »

Calme teinté d’une once d’appréhen-sion, volonté d’apaisement et refus depavoiser, tels sont bien les sentiments quel’on discerne au travers des entretiensavec les principaux dirigeants communis-tes chiliens : Luis Corvalan, secrétaire géné-ral contesté depuis son approbation de l’in-vasion de la Tchécoslovaquie par les trou-pes soviétiques, ou Volodia Teitelbolm,écrivain de talent, dont on dit à Santiagoqu’« il serait certainement choisi commesecrétaire général si les membres du partiétaient conviés à un vote ».

Ami et conseiller de Luis Corvalan, lesénateur Volodia Teitelbolm ne peut dissi-muler ses origines slaves. Doux, paisible,sa calvitie prononcée et son visage rondaccentuent encore le côté « danubien »d’un homme qui a connu tous les combatset toutes les épreuves du Parti commu-niste chilien. Lui aussi se félicite de laprésence des radicaux dans l’Unité populai-re : « Nous espérons que la situation nouvel-le leur permettra de reconquérir une partiede cette force qui en a fait la première forma-tion chilienne pendant longtemps. »

Volodia Teitelbolm estime qu’il neconvient pas d’attendre des « bouleverse-ments spectaculaires » dans les premiersmois du gouvernement Allende. « Nousn’allons certainement pas, en ce qui nousconcerne, provoquer des affrontements inuti-les avec les Etats-Unis. Nous allons étudiertous les problèmes qui se posent avec atten-tion. Nous avons dans nos rangs des experts,des économistes, des financiers, et nous espé-rons bien que les techniciens de la Démo-cratie chrétienne, ayant l’expérience dupouvoir, nous prêteront main-forte… Noussouhaitons poser les bases de quelque chosequi pourrait permettre, plus tard, le dévelop-pement d’un régime socialiste…

– Et si les Soviétiques, dont les relationsavec le PC chilien sont très étroites, criti-

quaient d’éventuelles décisions du gouverne-ment Allende ?

– Nous sommes d’abord Chiliens », ré-pond le sénateur Volodia Teitelbolm.

« Nous sommes Chiliens. Il n’est pasquestion d’instaurer un régime socialiste dujour au lendemain. » C’est aussi ce queM. Allende nous a répété à plusieurs repri-ses depuis l’élection présidentielle du 4 sep-tembre. Médecin, ancien ministre de lasanté, dirigeant de premier plan du Partisocialiste depuis 1936, ami personnel deFidel Castro, appartenant comme son pèreà une loge maçonnique, Salvador Allendene renie certes pas les thèses du socialismechilien sur « la collectivisation des moyensde production, la disparition de l’Etat, la for-mation d’un bloc continental anti-impérialis-te », mais il est, à l’évidence, davantagepréoccupé aujourd’hui par l’action concrè-te et la mise en route de plans sociaux enfaveur des travailleurs et des déshérités.

« La presse nord-américaine, dit-il avechumeur, m’a tout de suite collé l’étiquettemarxiste. On voit bien la pointe et on dis-cerne le venin. Bien entendu, les socialistesse réclament du marxisme. Ils ne sont pas lesseuls. Nous n’allons pas faire un gouverne-ment marxiste. Cela n’a pas de sens. Nousaurons un gouvernement dans lequel les sixformations de l’Unité populaire : communis-tes, socialistes, radicaux, MAPU, sociaux-démocrates et Action populaire indépen-dante seront représentées. Voilà la vérité. »

Humaniste adversaire de la violence,profondément sensible aux inégalitéssociales, « El Chico », comme on l’appellefamilièrement à Santiago, a lancé un slo-gan : « Un demi-litre de lait par jour à cha-que enfant chilien. » La formule a fait sou-rire. « Je renvoie, dit Salvador Allende, lesrieurs à leur ignorance. Savent-ils commentvit le peuple chilien ? Sont-ils allés au fonddes campagnes et dans les bidonvilles ?Savent-ils que 600 000 petits Chiliens sontanormaux parce qu’ils ont souffert de lafaim ? Quand j’étais ministre de la santé,j’avais déjà proposé que les enfants reçoi-vent jusqu’à l’âge de six ans leur lait gratuitdans les services de l’Etat. Je veux que, dansle service de santé que nous allons créer, lestravailleurs et leurs familles soient assistésmédicalement. Le meilleur investissementque peut faire un peuple, c’est de nourrir etéduquer ses enfants… »

Socialiste, candidat du Front populaireen 1958 et en 1964, puis de l’Unité popu-laire en 1970, Salvador Allende n’est pour-tant pas « tout » le « socialisme » chilien.Dans le bureau de sa modeste résidencede Santiago, rue de la Vieille-Garde, lesportraits dédicacés de Fidel Castro et ducommandant « Che » Guevara sont certesen bonne place. Mais on y trouve aussi

celui de Radomiro Tomic lui donnant l’ac-colade après le scrutin de septembre, etcelui de l’ancien président conservateurArturo Alessandri. Le nouveau chef del’Etat chilien a au moins autant d’amisdans les rangs démocrates-chrétiens quedans ceux de la gauche. Si certaines de sesfilles, qui sont aussi ses collaboratrices,passent pour avoir des sympathies « gau-chistes », lui-même ne répugne pas à fré-quenter la société de Santiago. Il a tou-jours, tout au long de sa carrière, rigoureu-sement respecté le jeu démocratique, et ce« détail » a certainement contribué à tem-pérer les appréhensions de certains diri-geants de la droite et du centre. Député ousénateur, la centaine de projets de loi qu’ila déposés au Parlement portent presquetous sur la sécurité sociale, la santé, lesdroits de la femme.

Très populaire, M. Allende est incontes-tablement discuté au sein du comité

directeur d’un Parti socialiste dont lesrelations avec le Parti communiste ont étésouvent orageuses, et qui est encore, àbien des égards, une « fédération depersonnalités ».

Raul Ampuero, rival de M. Allende ausein du Parti socialiste, est aujourd’huivolontairement exilé à Rome. Il a parfaite-ment décrit, dans La Gauche chilienne aupoint mort, les incessantes querelles entrecommunistes et socialistes de 1930 à 1957.Sans doute une certaine « coexistencepacifique » a-t-elle permis maintenant deposer de nouvelles bases de collaboration,mais pendant de longues années les socia-listes ont dénoncé « le sectarisme du PC,la tentative de transfert du modèle bol-chevique à la réalité chilienne ». Ils affir-maient avoir, mieux que les communistes,retenu les leçons de Luis Emilio Reca-barren, inlassable combattant révolu-tionnaire du début du siècle, fondateurdu Parti communiste chilien, avocat del’unité syndicale, mort en 1924.

Les communistes, de leur côté, criti-quaient chez les socialistes leurs « tendan-ces aventuristes », leur « antisoviétisme »et leur « flirt avec certains secteurs del’armée ».

Il est vrai que le PC chilien, troisième par-ti communiste du monde occidental, aprèsles partis français et italien, n’a jamais, jus-

qu’à présent, dévié d’une ligne rigoureuse-ment promoscovite. Il est vrai aussi que leParti socialiste chilien est né, assez curieu-sement, d’un soulèvement militaire etd’une « république socialiste » éphémère.En 1939, la signature du pacte germano-soviétique a sans doute marqué le point leplus bas des relations entre les deux partis« populaires », disposant tous deux d’unesolide base ouvrière, de points d’appuidans les syndicats et de nombreuses sym-pathies dans les milieux intellectuels.

Les épreuves communes du Front popu-laire de 1958, puis de 1964, la victoire parta-gée de 1970, ont sans doute effacé en par-tie ces divergences doctrinales et de per-sonnes. Mais les souvenirs demeurent aufond des cœurs. Face à un Parti communis-te solide, bien structuré, contrôlant 80 %des comités populaires de la campagneprésidentielle, ayant renforcé ses positionsdans les syndicats et certaines universités,

et qui avoue 40 000 adhérents, le Partisocialiste n’a pas encore, semble- t-il, sur-monté toutes les séquelles de longs affron-tements internes. Il est le seul parti socialis-te d’Amérique latine à posséder une réelleet très solide base ouvrière. Travailleursurbains, paysans, classe moyenne, intellec-tuels : le Parti socialiste représente entre12 % et 15 % de l’électorat chilien. Ses syn-dicalistes l’emportent sur les communisteschez les cheminots, les ouvriers du cuivre,les dockers, les travailleurs du pétrole.

« Nationalistes », les dirigeants socia-listes ne songent guère, semble-t-il, àoublier les leçons du passé : les éventuels« virages » de la politique soviétique ris-quent d’influencer les positions de leurprincipal allié. « Nous, socialistes, dit Ani-ceto Rodriguez, secrétaire général duparti, n’avons jamais appartenu à aucuneInternationale, ni à la deuxième, ni à latroisième… » En fait, selon le mot d’un diri-geant de l’Unité populaire, « communisteset socialistes sont condamnés à vivre ensem-ble ; le mariage n’est pas très bien venu,mais il n’est pas question de dissolution… ».

Marcel Niedergang

PROCHAIN ARTICLE« Saigon, ville à prendre »par Jean-Claude Pomonti

Octobre 1970. La victoire

à l’élection présidentielle

de Salvador Allende, socialiste,

a suscité de grandes

espérances dans les milieux

populaires du Chili, mais la

droite et la petite bourgeoisie

redoutent le « péril rouge ».

Membres de la coalition

au pouvoir, les communistes,

par la voix de Pablo Neruda,

s’inquiètent de la réaction

américaine. A juste titre :

trois ans plus tard,

le général Pinochet,

aidé par la CIA,

anéantira les espoirs

populaires dans un bain

de sang. Salvador Allende

y laissera la vie.

Grand reporter puis chef

adjoint du service étranger,

Marcel Niedergang, décédé

en décembre 2001

à l’âge de 79 ans,

avait une exceptionnelle

connaissance de l’Amérique

latine, qu’il parcourait

depuis son entrée

au « Monde », en 1952

Salvador Allende (à gauche) avec Pablo Neruda, lors d’un meeting à l’époque du gouvernement de l’Unité populaire.

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H O R I Z O N S

I

« Il y a tellement de travail. Comment imaginerque nous puissions commencerpar tout casser ? »

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

LE CHILI D’ALLENDE

Page 11: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/11

« LA FALSIFICATION et lafraude détruisent le capitalismeet la liberté de marché, et, pluslargement, les fondements denotre société. » S’exprimantdevant le Sénat, le présidentde la banque centrale américai-ne, Alan Greenspan, a dresséun réquisitoire contre la « cri-minalité d’entreprise », appa-rue au fil des scandales bour-siers, dont la liste s’allonge. Ilen appelle à une « réforme dugouvernement d’entreprise »,qui doit être « une prioritéessentielle ».

M. Greenspan parle d’or.Cette criminalité comptable nefait pas que ruiner des milliersd’épargnants et mettre des mil-liers de salariés au chômage.Elle frappe l’économie de mar-ché au cœur, dans son élémentconstitutif : la confiance. Laconfiance dans les chiffreslivrés par les entreprises surleur état de santé, c’est-à-direla stabilité que les salariés peu-vent attendre et les résultatsque l’épargnant peut espérer.La confiance en l’avenir, puis-que le capitalisme repose surce pari fondamentalement opti-miste de l’investissement : jerenonce au gain immédiat enéchange d’un gain futur supé-rieur. Cette confiance-là, cettefoi-là, sont sabotées par lesscandales.

Aux Etats-Unis s’est ouvertun immense débat sur les solu-tions à apporter au mal. Geor-ge W. Bush a appelé à une« éthique de responsabilité dansle monde des affaires ». Ses pro-positions, notamment la créa-tion d’une commission de sur-veillance, ont été jugées mai-gres, mais les députés et lessénateurs se sont emparés dusujet, devenu hautement politi-

que. Démocrates et républi-cains diffèrent sur la composi-tion de la commission Bush,sur le contrôle des auditeursdes comptes, sur la responsabi-lité pénale des PDG, sur lesrègles à fixer aux analystes debanques. Les premiers propo-sent des mesures plus fortes,tandis que les seconds misentsur une autorégulation desacteurs de marchés eux-mêmes.

L’Europe, la France, ne sontpas épargnées. Le modèle amé-ricain de « gouvernement d’en-treprise » a été largementimporté de ce côté de l’Atlanti-que. Le débat doit donc avoirlieu. Accompagnant les diffé-rents rapports qui doivent êtrelivrés, notamment par DanielBouton, président de la Sociétégénérale, Le Monde ouvrira sespages cet été à des points devue aussi divers que possible.Pour engager les discussions,nous présentons, dans lespages qui suivent, les questionssoulevées par, entre autres,huit maladies du capitalisme,portant sur le rôle du conseild’administration, les normescomptables, les stock-options,la crédibilité des analystes, le« court-termisme » de la Bour-se, les auditeurs, les agences denotation et le pouvoir des auto-rités boursières.

L’Europe a déjà adopté nom-bre de règles qui sont actuelle-ment discutées aux Etats-Unis.Faut-il que l’Etat édicte des loisplus serrées ou faut-il miserplutôt sur l’installation et le ren-forcement des contre-pou-voirs ? Quel doit être le rôle dessalariés et de leurs fonds de pla-cement ? Il faut, en somme,chercher un modèle européende régulation du capitalisme.

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DÉSORMAIS suspendue au pour-voi en cassation que le procureurgénéral Nadal vient de formercontre l’arrêt de non-lieu prononcé,à la surprise de toutes les parties,par la chambre de l’instruction de lacour d’appel de Paris le 4 juillet, l’af-faire du sang contaminé n’est doncpas judiciairement close, même si laporte s’est sensiblement referméesur l’idée de voir un jour se tenir untroisième procès du sang, consacréau volet dit non ministériel de l’affai-re (lire aussi page 8).

Véritable tonneau des Danaïdes,ressassant tous les ferments d’unséisme passionnel – le sang, la mala-die, le pouvoir, l’argent, la justice,les médias, la médecine –, le dossiern’en finit pas d’être confronté,depuis près de quatorze ans, auxhoquets de procédure. Déjà soumis,en 2000, à l’examen d’une premièrechambre de l’instruction, renvoyé àune deuxième après une premièrecassation, il a fallu dix-huit moispour revenir au même point d’avan-cement, ou plutôt de non-avance-ment, du dossier. Et l’on imagine : sile non-lieu est à son tour cassé,celui-ci sera renvoyé devant unetroisième chambre de l’instruction,qui rendra une décision elle-mêmesusceptible de pourvoi en cassation.Ce peut être un tour de vis sans fin.Si procès il doit y avoir un jour, enl’état, ce ne pourra être avant 2005 :vingt ans après les faits, quand ilétait question, à l’époque, de prisesde décision au jour le jour.

Comment expliquer un tel fiascoquand tout, dans telle affaire exem-plaire de santé publique, devait con-courir à plus de rapidité, de transpa-rence, de pédagogie, de justice ?

Ouverte sur les traces d’un pre-mier procès réducteur (du fait d’unrapport incomplet du chef del’inspection générale des affairessociales, Michel Lucas), centré, en1992 et 1993, sur l’unique questionde la mise sur le marché, en 1985,par le Centre national de transfu-sion sanguine (CNTS) de produitscontaminants destinés aux hémo-philes, l’instruction menée pendantsix ans à partir de 1994 par la jugeMarie-Odile Bertella-Geffroy, surplaintes d’une cinquantaine de par-ties civiles, entendait repérer desfautes pénalement répréhensiblesau sein de dysfonctionnements bien

plus larges : dans la mise en applica-tion du dépistage systématique duvirus du sida dans les dons du sang,rendu obligatoire le 1er août 1985,mais soupçonné d’avoir été retardépour favoriser le lancement du testde la firme française DiagnosticsPasteur. Et, plus encore, dans l’inap-plication, en amont, par la commu-nauté médicale des mesures desélection des donneurs de sang pré-conisées par une circulaire de ladirection générale de la santé (DGS)du 20 juin 1983, qui intimait d’éviterles collectes dans les lieux à risquestels que les prisons (0,37 % desdons, mais 25 % des contaminationspost-transfusionnelles).

« »Ces dysfonctionnements impli-

quaient d’anciens conseillers minis-tériels, des responsables administra-tifs de santé publique, des direc-teurs de centres de transfusionsanguine, des médecins prescrip-teurs spécialistes de l’hémophilie(tandis que, parallèlement, troisanciens ministres allaient devoirrépondre de leurs actes devant laCour de justice de la République), etavaient déjà, dans leur appréciationcollective, conduit, en 1993, le Con-seil d’Etat à sanctionner lourdementl’Etat, sur le terrain administratif, autitre de son rôle dans l’organisation,le contrôle et la réglementation dela transfusion sanguine.

Or, tranchant sur la précédenteinstance, structurée sur la base d’undélit qualifié d’épicier – « tromperiesubstantielle sur la qualité d’un pro-duit » –, l’enquête pénale nouvellede Mme Bertella était engagée sous lalourde qualification d’« empoisonne-ment » ou de « complicité », ren-dant ses éventuels auteurs – méde-cins, responsables du Centre natio-nal de transfusion sanguine – passi-bles d’une cour d’assises.

D’emblée, cette qualificationcriminelle, si elle faisait écho à l’ex-trême douleur de parties civiles,meurtries, créait un trouble,contrastant par un fort mouvementde balancier avec les atermoie-ments précédents. D’autant qu’avecla grâce de la Cour de cassation qua-tre protagonistes déjà jugés, voirecondamnés, tels le docteur MichelGarretta, étaient à nouveau poursui-vis, mettant à mal le sacro-saint prin-

cipe de l’autorité de la chose jugée.Aujourd’hui, nombre d’avocats,

parties à la procédure, même s’ils nepeuvent que se réjouir en défensedu sort momentanément réservé àleurs clients, n’hésitent pas à impu-ter l’effet désastreux, selon eux, dunon-lieu de la chambre de l’instruc-tion à ce radicalisme judiciaire quiavait emboîté le pas à l’émotion et àla colère des victimes, l’analysantcomme un retour de balancier.

Frileux pour n’avoir jamais éten-du la saisine de la juge au-delà desseules plaintes de victimes, car sou-cieux peut-être de ne point tropremuer un terreau de responsa-bilités incertaines (six mois après lacirculaire de juin 1983 sur la sélec-tion des donneurs, Myriam Ezratty,directrice de l’administration péni-tentiaire, nommée par la suite pre-mière présidente de la cour d’appelde Paris, encourageait au contraire,par une autre circulaire, les collectesdans les prisons), le parquet avaitbien tenté de rectifier l’approche del’instruction en suggérant diversesqualifications, toutes de naturedélictuelle, susceptibles d’un seulrenvoi en correctionnelle : « admi-nistration de substances nuisibles à lasanté », « non-assistance à personneen péril », « homicides et atteintesinvolontaires à l’intégrité physique ».En vain, Mme Bertella avait mainte-nu, en rendant son ordonnance enmai 1999, des qualifications crimi-nelles à l’encontre d’une douzainede personnes.

Dans ce contexte, le non-lieu dela chambre de l’instruction, sanc-tionnant le travail de la juge, a pris àcontre-pied toutes les parties. Cer-tes, certains s’attendaient à un allé-gement des poursuites, notammentau regard de la loi du 10 juillet 2000,qui rend plus douce la répressiondes délits non intentionnels, maisde là à imaginer un non-lieu généralexpédié en une poignée de pages…

Son contenu, s’il ne combat pasl’idée d’un favoritisme commercialconcernant le dépistage ni celled’un comportement fautif dans lasélection des donneurs, n’en con-clut pas moins à « l’absence de touteinfraction de quelque nature que cesoit ». Cela ne laisse donc pas d’inter-roger sur plusieurs points, et nondes moindres, parmi lesquels lacohérence de ce jugement avec l’ar-

rêt rendu en 1999 par la Cour de jus-tice de la République (CJR), dontl’instruction a reposé en grande par-tie sur les mêmes pièces.

Car si la CJR, par exemple, avaitdéjà, elle aussi, fait état de l’absencejuridique d’un lien de causalité,« même indirect », entre l’inapplica-tion des mesures concernant lasélection des donneurs et la mortou l’incapacité des victimes, com-ment comprendre qu’une des par-ties civiles, Sylvie Rouy, reconnuevictime d’un homicide involontairecommis par imprudence et manque-ment à une obligation de sécuritépar Edmond Hervé, alors secrétaired’Etat à la santé, ne soit victime cet-te fois de rien dans le volet nonministériel.

Le cas de cette jeune femme,

dont il avait été alors admis qu’elleavait été contaminée le 2 août 1985,lors d’une transfusion dite de con-fort, prescrite pendant son accou-chement en raison d’une légère ané-mie, avait illustré la question de lanon-vérification des stocks de pro-duits sanguins après l’entrée effecti-ve, la veille, du dépistage systémati-que des dons du sang. Dans sonréquisitoire devant la CJR, l’avocatgénéral Roger Lucas avait estimé,sur cette question (ainsi que sur cel-le du non-rappel ultérieur des trans-fusés, qui vaut actuellement à l’an-cien ministre Claude Evin d’êtremis en examen pour « homicideinvolontaire »), que la responsabili-té des médecins et leur conscienceétaient en cause dès lors que l’ar-rêté fixant le dépistage des dons dusang avait été pris et devait inciter àla prudence.

Cette fois, la chambre de l’instruc-tion, manifestement à l’affût decauses certaines, directes et exclu-sives, à comprendre sa motivation,estimerait incertaine, faute précisé-ment de dépistage, la contami-nation du lot ayant servi à latransfusion de Mme Rouy, rendantimpossible toute certitude dans l’im-putabilité du dommage. Comme sil’imprudence relevée hier, au lieud’être fautive, devenait finalementcette fois exonératrice de responsa-bilité. Comprenne qui pourra.

Jean-Michel Dumay

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Suite de la première page

A coté d’eux existent des litsvides mais administrativement« fermés ».

A Paris, une femme qui vient d’ac-coucher attend ainsi quatorze heu-res avec son enfant. Des mauxanciens se révèlent avec une acuitécaricaturale. Dans un service d’ur-gence d’un grand hôpital parisien,faute de coordination médicale,trois internes de trois spécialitésdemandent et obtiennent chacun,pour le même malade polytraumati-sé, trois scanneurs successifs : l’unest orthopédiste, l’autre chirurgienviscéral, le troisième réanimateur. Iln’aura tenu qu’à l’expérience de l’in-firmière qu’il ne soit transféré unequatrième fois à la radiologie pour,cette fois, une radiographie classi-que du poumon que chacun avaitoublié, mais sans laquelle on n’opè-re pas ce type de malades ! Pendantce temps là d’autres patients atten-dent. Exténués les médecins de gar-de ne se déplacent qu’après desappels successifs des infirmières etparfois même leurs menaces…

La durée du travail baisse et l’or-ganisation hospitalière déjà paraly-sée par des règlements trop nom-breux se complique encore jusqu’àla coexistence de contradictionsabsurdes : plus de temps pour lemalade, plus de « concertation »,plus de démocratie interne, plus decomités, mais moins de temps deprésence. Du fait de la nature dessoins, les gains de productivité àl’hôpital sont par essence limités. Sirien ne change, une simple règle detrois montre qu’il faudra beaucoupd’argent pour payer ces « avancéessociales », mais le personnel médi-cal et paramédical va manquer.

Il ne suffit donc plus cette fois de« jeter de l’argent » aux problèmesde l’hôpital, cet anglicisme laisse eneffet présager que tout cet argentpourrait disparaître dans l’océandes questions économiques et philo-sophiques non résolues.

La pénurie de main d’œuvre orga-

nisée par les trente-cinq heures arri-ve, du point de vue de la démogra-phie médicale, au plus mauvaismoment. A partir de cette année,les médecins qui terminent leursétudes ne vont plus remplacer ceuxqui partent à la retraite. En 2020, sile numerus clausus actuel estinchangé (4 700 médecins par an),le nombre de psychiatres, d’ophtal-mologistes, d’anesthésistes seraréduit de 40 %. Du fait de l’applica-tion des trente-cinq heures la pénu-

rie va se faire sentir beaucoup plustôt, d’autant que la demande vacroître du fait du vieillissement dela population.

Un hôpital peut-il fonctionneravec des médecins qui ne tra-vaillent que trente-cinq heures parsemaine ? Les contraintes adminis-tratives, la paperasse, ne cessent decroître. La vie de l’institution et sescomités ou commissions sont deplus en plus chronophages. La viecollective du service et notammentses staffs ne peut pas être totale-ment évacuée. La vie intellectuelle(formation, lecture de journauxscientifiques, contacts avec les con-frères…) prend au minimum sept àhuit heures par semaine… Il ne res-te en temps médical que quatre àcinq heures par jour, moins de 200jours par an.

Le coût très élevé de cette réfor-me est la moindre de ses conséquen-ces. Faute de temps médical à l’hô-pital, les malades vont être transfé-rés vers les établissements privésoù heureusement les praticiens libé-raux travaillent plutôt soixante heu-res que trente-cinq. Ce mouvementa déjà commencé.

Certains médecins hospitaliersvont abandonner le salariat pours’installer à leur compte. Il leur seraplus rémunérateur de louer leur ser-vice à l’établissement qu’ils vien-nent de quitter. L’hôpital sera con-traint de leur passer contrat souspeine de fermeture. En Bourgogne,des anesthésistes ont déjà comprisqu’il existait un marché de l’emploiet que la rareté augmentait le prix.Puisse ce constat, pourtant banal,voyager jusqu’à Paris !

La productivité des hôpitaux vaencore baisser et les cliniques deve-nir encore plus productives qu’ellesne le sont aujourd’hui où déjà lesinterventions coûtent au minimum30 % de moins qu’à l’hôpital. Est-illogique que les Français payenthuit à douze années d’études oné-reuses à des médecins puis ensuiteles contraignent à limiter leur capa-cité d’exercice ? Bizarrerie collecti-ve que de souhaiter qu’un investis-sement de cette importance soitpeu rentable !

Mais l’essentiel est dans l’impal-pable, dans le temps que le méde-cin donne à son malade et non pasdans celui qu’il compte à son admi-nistration. Sans parler de ceux quivivaient à l’hôpital, il était habituelpour un chef de service, quand il lepouvait, d’aller tous les jours voir« ses malades ».

Je me souviens d’un jour dePâques où un de mes amis fit plusde trois heures de route pour quel-ques moments passés au chevet dechacun. Certes, comme il me le ditplus tard, ce n’était pas pour tousvraiment la résurrection, maisc’était certainement leur réconfortet la grandeur des médecins et deshôpitaux à une époque où l’onn’était pas contraint de compterson temps pour faire moins de tren-te-cinq heures.

Jean de Kervasdoué

Sang contaminé : le fiasco judiciaireRéguler le capitalisme

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ADHIA, ma chèreRadhia, comme jete comprends !Comment acceptertoutes ces vies defemmes massa-

crées comme la tienne, comme cel-les de leurs compagnons, injuste-ment, bêtement, par une inutilerépression.

Comme je te comprends, mais,Radhia, je veux que tu vives. Zapatadonnait aux paysans du Mexique unseul mot d’ordre : « Vivez ! »

Vis, Radhia, vis, tu es notre sym-bole le plus précieux et je crois auxsymboles – pas aux martyrs.L’amour entre Hamma et toi,l’amour de vos trois enfants, quevous leur portez et qu’ils vous por-tent, tout cela c’est de la vie ; de laplus dure et de la plus belle vie. Vis,Radhia, vis pour nous toutes, toutesles femmes comme toi pourchas-sées dans la clandestinité, emprison-nées autour des prisons de leurscompagnons, révoltées par ces dicta-tures vaines, d’un autre âge, dépas-sées, et pourtant toujours nuisiblescomme des bêtes blessées.

Radhia, je te comprends, je t’admi-re, je t’aime, mais n’oublie pas : lavie, c’est une victoire.

H O R I Z O N S a n a l y s e s e t d é b a t s

La pénurie demain-d’œuvreorganisée parla réforme arrive,du point de vue dela démographiemédicale, au plusmauvais moment

Pour RadhiaNasraouipar ChristineDaure-Serfaty

Hôpital : la cassuredes 35 heures

RECTIFICATIFS

PATRONS. Trois chiffres erronésont été publiés dans Le Monde du13 juillet (« Ce que gagnent vrai-ment les grands patrons »), à partirdes données collectées par la so-ciété stock-option.fr :b Sodexho. La rémunération netteavant impôts, et hors stock-options,en 2001 d’Albert George, directeurgénéral de Sodexho Alliance, s’élèvenon pas à 2 195 498 euros, mais à570 495 euros, qui se décomposentcomme suit pour l’exercice 2001 :– rémunération annuelle nette avantimpôt, y compris prime variableannuelle : 253 246 euros ;– versement exceptionnel de 50 %d’une prime à long terme échue :317 249 euros.

b TotalFinaElf. La rémunérationbrute globale de Thierry Desmarests’est établie à 2 225 070 euros en2001, et non à 3 292 213 euros. Le chif-fre erroné provenait d’une doublecomptabilisation malencontreuse dela partie variable de la rémunérationdu PDG, précise stock-option.fr.b Accor. L’estimation de la plus-value réalisée par Jean-Marc Espa-lioux en 2001 est bien de 6,785 mil-lions d’euros, comme indiqué dansle tableau, et non de 6,78 milliards,ce que mentionnait, par erreur, l’ar-ticle qui l’accompagnait.

MOINES. La photo publiée à la« une » du Monde du 18 juillet repré-sentait l’île aux Moines, située dansle golfe du Morbihan, et non l’île deSaint-Honorat au large de Cannes.

-est avocate et militante des droitsde l’homme. Radhia Nasraoui faitla grève de la faim depuis le26 juin, en Tunisie, pour obtenirla libération de son mari,dirigeant d’un parti d’extrêmegauche, et condamné à trois ansd’emprisonnement.

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Page 12: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

12/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

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EMILIO GABAGLIOSecrétairede la Confédérationeuropéenne des syndicats

« Tous les dirigeants améri-cains ne sont pas des escrocs.Une demi-douzaine de mana-gers ont clairement commisdes délits et devraient alleren prison pour cela. Mais plu-sieurs centaines ont commisdes fautes éthiques gravesqui, elles aussi, ont fait beau-coup de tort. Pour restaurerla confiance, il faut rétablirune régulation très sophisti-quée et une culture de l’éthi-que très forte. Faire desaffaires sur des bases éthi-ques, c’est aussi importantque de faire des produits debonne qualité pour lesclients. Il est possible d’être“aux limites”, mais on peutaussi faire des affaires saine-ment en s’en tenant éloigné.

Je suggérerais au présidentde la Harvard BusinessSchool de proposer moins decours de management et plusde cours d’éthique, moins decours de finance et plus decours d’histoire. Je suis per-suadé qu’une entreprise à lacommunication claire et avecdes audits transparents seramieux valorisée à l’avenir.L’éthique va désormais êtrebeaucoup plus prise encompte par les marchés. »

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« Je ne crois pas réelle-ment à l’efficacité d’un plusgrand contrôle. Si quelqu’unveut réellement contournerune règle, il le fait. En Italie,nous avons plus de200 000 lois. Pourquoi ? Par-ce que le système n’est pasfondé sur la confiance.

Il faut rétablir la confiancepar toute une série de petitesmesures. Les coupables doi-vent tout d’abord être punis.Il n’est pas normal de voirdes dirigeants partir avec dessommes folles grâce à leursstock-options juste avantque la faillite de leur entrepri-se nesoit déclarée. Il n’y a pasde raison qu’ils gardent cetargent. Ensuite, une entrepri-se doit déterminer desvaleurs et s’entourer de per-sonnes qui les respectent.C’est le système de réputa-tion qu’il faut rétablir.

Mais nous devons aussiréfléchir sur la pression finan-cière qui est mise actuelle-ment sur les entreprises.Nous sommes désormais surdes marchés occidentauxmatures qui ne peuvent plusoffrir le même type de crois-sance que ce que nous avonseu jusqu’à présent. »

ROLAND BERGERConseil en stratégieau sein de la sociétéRoland Berger

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FELIX ROHATYNEx-directeur de Lazard NewYork, ancien ambassadeurdes Etats-Unis en France

« Ce que nous vivons n’estpas seulement une crise deconfiance, c’est une crise desvaleurs. Depuis une dizained’années, l’Europe est domi-née par les modes de fonc-tionnement du capitalismeaméricain : règles compta-bles, valorisation pour l’ac-tionnaire, management, gou-vernement d’entreprise…Nous devons réduire cetapport unilatéral. La situa-tion actuelle est une opportu-nité unique pour réaffirmernos valeurs européennes.

La finalité d’une entrepri-se n’est pas seulement desatisfaire l’actionnaire. Uneentreprise ne peut créer de lavaleur que si le client est con-tent, si les salariés sont moti-vés et qualifiés et si la sociététout entière accepte l’activitéde l’entreprise. La plupartdes firmes, en Europe, n’ontpas oublié ces principes fon-damentaux, même si certainsdérapages ont eu lieu ces der-nières années. Je ne suis paspour plus d’intervention del’Etat, mais pour que les gran-des entreprises européenness’engagent ensemble sur denouveaux standards de gou-vernement d’entreprise. »

« Les instruments finan-ciers deviennent de plus enplus complexes : produitsdérivés, titrisation… L’innova-tion financière ne s’est pasarrêtée ces dernières années.Les montages proposéssérient les risques et les distri-buent à différents acteurs.Notre rôle, en tant qu’agencede notation, n’est pas dejuger de ce qui est bien et dece qui ne l’est pas, mais d’ana-lyser correctement ces monta-ges et leurs risques, sans juge-ment moral. Nous sommestenus à des relations de confi-dentialité. Pour améliorer laconfiance, il faudrait que lestransactions financières etles risques inhérents soientrendus publics par les entre-prises elles-mêmes.

Notre pierre à l’édifice,pour plus de transparence,est de mettre davantage l’ac-cent, dans nos analyses, surle hors-bilan, la liquidité desentreprises… Nous avonsd’ailleurs, en juin, annoncéun fort recrutement d’analys-tes dans le domaine de la cor-porate governance et dans ledomaine comptable pourrenforcer nos capacitésd’études. »

« LA FALSIFICATION et la frau-de détruisent le capitalisme », a lan-cé Alan Greenspan, président de laRéserve fédérale américaine (Fed)(Le Monde du 18 juillet). Enron,WorldCom, Tyco… Scandale aprèsscandale, le système capitalisteaméricain révèle ses faiblesses, quine sont pas sans conséquences surl’ensemble de la planète financiè-re. Des questions de fond apparais-sent. Et des esquisses de solutionse dessinent.

f Comment améliorer le gou-vernement d’entreprise ?

En théorie, le conseil d’administra-tion, composé de 10 à 20 membres,est le premier contre-pouvoir. Ildoit contrôler et conseiller le PDGet, le cas échéant, permettre d’éviterles dérives. En pratique, ce conseil,habituellement composé d’autresdirigeants cooptés, fait souvent offi-ce de chambre d’enregistrement.« Ce n’est pas un problème de copina-ge mais plutôt de manque d’informa-tion et de temps », analyse Jean-Pier-re Thierry, PDG des AGF. Les der-niers scandales semblent avoirremué les esprits. A la demande duMedef et de l’Association françaisedes entreprises privées (AFEP),Daniel Bouton, président de laSociété générale, devrait faire despropositions fin juillet. Même préoc-cupation outre-Atlantique, où Geor-ge W. Bush a demandé que lesconseils d’administration soient enmajorité composés d’administra-teurs réellement indépendants del’activité qu’ils supervisent.

f A quand des normes compta-bles mondiales ?

Les entreprises ne parlent pas tou-tes le même langage comptable.L’Europe devrait passer à l’Interna-tional Accounting Standard (IAS)d’ici à 2005, les Etats-Unis campentsur leurs Generally AcceptedAccounting Principles (GAAP). Cesdifférences n’entraînent pas seule-

ment une formidable complexité degestion : le fait de traiter une opéra-tion selon un système comptable ouun autre peut gonfler ou réduire lesrésultats du groupe. Ce flou a per-mis à la créativité des financiers des’épanouir, au détriment de la trans-parence des comptes.

Pour assainir le système, audi-teurs et régulateurs appellent deleurs vœux à une convergence desdeux normes. Frits Bolkestein, com-missaire européen au marché inté-rieur, a déclaré, jeudi 11 juillet,nécessaire une harmonisation d’ici à2005. Selon un récent sondage ducabinet McKinsey, 90 % des diri-geants mondiaux votent pour unenorme commune. Mais huit diri-geants européens sur dix soutien-nent l’IAS, tandis que huit diri-geants américains sur dix vou-draient que soit choisi le GAAP…

f Comment maîtriser l’effetdes stock-options ?

A la fin des années 1990, les reve-nus provenant de ces optionsd’achat d’actions représentaient80 % de la rémunération des patronsaméricains. Ces sommes colossalesont entraîné plusieurs perversions :certains dirigeants ont cherché à fai-re monter leur titre à court terme audétriment de la stratégie de l’entre-

prise. De plus, ces stock-options,rémunérations déguisées, ne sontpas comptabilisées dans les dépen-ses des sociétés. Les décideurs de lanorme IAS ont annoncé qu’ils envi-sageaient d’obliger l’intégration desstock-options dans les comptes. Lesujet divise aux Etats-Unis. GeorgeW. Bush et son administration ysont opposés mais de grands grou-pes comme Coca-Cola ont décidé dele faire.

f Doit-on encore écouter lesanalystes ?

La profession d’analyste financierest tombée de son piédestal. Quel-ques semaines seulement avant lafaillite d’Enron, certains analystesconseillaient encore l’achat d’ac-tions du courtier en énergie. Onreproche désormais à la professionson manque de distance vis-à-visdes directions financières des entre-prises. Plus grave, certains,employés par des banques d’affai-res, sont au centre d’un véritableconflit d’intérêts : ils n’oseraient pasémettre un avis négatif sur des entre-prises clientes de la banque qui lesemploie. Une dizaine de profession-nels et plusieurs banques fontactuellement l’objet d’enquêtes dugendarme des marchés américain,la Securities and Exchange Commis-

sion (SEC) et de la justice de l’Etatde New York. Merrill Lynch a étécondamné à payer une amende de100 millions de dollars (99,3 millionsd’euros) et à assainir la rémunéra-tion de ses analystes qui étaient inté-ressés aux activités de banque d’af-faires. En France, la profession a ren-forcé son code de déontologiedébut 2002.

f La Bourse favorise-t-elle trople court terme ?

Le temps de l’entreprise est-ilcompatible avec le temps de la Bour-se ? Certains dirigeants en doutentet dénoncent la trop forte pressionboursière, sans rapport avec les pers-pectives de croissance de marchésmatures. Tout le monde admetdésormais que le fameux ratio derentabilité sur fonds propres de15 % n’est plus tenable. « Par con-tre, ironise le PDG des AGF, cetteidée n’a pas été intégrée, dans lesfaits, par tous les investisseurs. »

f Peut-on faire confiance auxcabinets d’audit ?

La disparition, sous le coup de sacondamnation dans l’affaire Enron,du cabinet Andersen a fait l’effetd’une bombe dans le monde feutrédes auditeurs. Depuis, les mauvai-ses nouvelles pleuvent. La dernière

date du 10 juillet. Weiss Rating,l’agence de contrôle des investisse-ments pour les fonds de pensionaméricains, a annoncé que 94 % dessociétés américaines ont été « labéli-sées » par les auditeurs commeétant en bonne santé. Mais ce labelest-il encore crédible ? Selon cettemême agence, sur 100 sociétés enfaillite depuis six mois, 42 avaientobtenu ce label fin 2001 et 22 ontmontré ensuite des comptabilitésinexactes.

Les cabinets d’audit ont-ils assezde distance et de poids pour vérifieren toute sérénité les comptes deleurs clients ? En France, pour plusd’indépendance et de clairvoyance,deux cabinets d’audit certifient lescomptes. La Belgique, l’Allemagne,l’Italie et l’Irlande sont intéresséespar ce système. La Fédération inter-nationale des experts-comptables(IFAC) a annoncé, mercredi10 juillet, la mise en place d’un grou-pe de travail pour « restaurer la con-fiance sur les marchés financiers ».

f Donne-t-on trop d’importan-ce aux agences de notation ?

Ultime boussole pour des inves-tisseurs désorientés, les agences denotation, chargées d’évaluer lescapacités des entreprises à rem-bourser leurs dettes, occupent ledevant de la scène. Leurs notesdeviennent des indicateurs pré-cieux pour les analystes financierseux-mêmes en manque de repères.« Nous ne pouvons pas prédire l’ave-nir d’une entreprise, nous jugeonsseulement sa solvabilité. Nous nepouvons nous substituer aux insuffi-sances du système », prévient Fran-çois Ververka, responsable de Stan-dard and Poor’s pour l’Europe. Pro-blème : les agences vivent large-ment des commissions des entrepri-ses qu’elles notent, et leur travaildépend de la qualité des informa-tions que leur délivrent les entrepri-ses. « Il nous est difficile de décelerune fraude organisée, nous faisons

confiance aux chiffres que nous four-nissent les sociétés », reconnaîtM. Ververka. Dans les années 1990,des agences de notation avaientpratiqué des notations « sauva-ges », sans le consentement desentreprises, sur la base d’informa-tions publiques.

f Faut-il renforcer les autoritésboursières de régulation et decontrôle ?

« On a laissé les analystes finan-ciers des banques d’affaires donnerdes valorisations sans aucun fonde-ment aux valeurs de technologie, celaa créé la bulle Internet. De ce point devue, le marché n’a pas réussi à s’auto-réguler », analyse Alain Leclair, prési-dent de l’AFG-ASFFI, organismeprofessionnel représentant lesgérants de fonds. Le ministre del’économie, Francis Mer, a annoncéla création d’une Autorité des mar-chés financiers (AMF), qui réunira laCommission des opérations deBourse (COB) et le Conseil des mar-chés financiers (CMF). Outre-Atlan-tique, le président Bush a débloquédes rallonges budgétaires pour ren-forcer les pouvoirs de la SEC. « Il y adans la loi la plupart des instrumentsde régulation dont nous avons besoin,qu’il s’agisse de la transparence comp-table, du respect des actionnairesminoritaires, des contre-pouvoirs ausein des conseils. Encore faut-il accep-ter d’y recourir ! Là est l’origine de lacrise : l’establishment n’a pas eu l’en-vie ou la volonté d’encadrer ses prati-ques », assène l’avocat d’affairesJean-Michel Darrois..

« Je ne crois pas qu’en ajoutant unedose de régulation gouvernementaleplus sévère on trouvera la solutionmiracle, renchérit Bernard Coupez,président de la Société française desanalystes financiers. L’éthique, c’estd’abord un état d’esprit, qui se concré-tise dans de bonnes pratiques. »

Laure Belotavec le service Entreprises

, -, , …

..

« Le marché vient de prou-ver qu’il ne peut pas s’autoré-guler. Il faut renforcer les pra-tiques de contrôle des entre-prises et des autorités bour-sières, mettre en place desrègles plus sévères et dessanctions. Car au bout ducompte ce sont des milliersd’emplois qui sont en jeu.Nous ne sommes pas contreles fonds de pension pourobtenir des retraites complé-mentaires. Mais il faut pren-dre garde et trouver un équili-bre entre la performance etla sécurité des placements.

Nous avons besoin d’uncadre de référence. Frits Bol-kestein (commissaire euro-péen au marché intérieur)parle de nécessité d’une ges-tion prudente des fonds depension, de différenciationdes risques. Mais tout celaest insuffisant. Il faut s’assu-rer qu’il y ait une représen-tation des salariés et desretraités dans les organesde contrôle des fonds. Nousaimerions aussi que cesfonds investissent plus dansdes entreprises “socialementresponsables”, celles quiadhèrent à des principes dedéveloppement durable. »

ANDREA ILLYDirecteur généralde la société familialeIllycaffè

SERGE WEINBERGPrésident du directoiredu groupePinault Printemps-Redoute

Le capitalisme américain traverse une de ses crisesmajeures, conséquence de l’explosion de la liée à l’euphorie Internet à la fin duXXe siècle. Cette crise boursière s’est doublée, depuis

2001, d’une dans les valeursmêmes du capitalisme, à la suite de la révélation descandales et d’escroqueries en série : Enron, World-Com, Tyco, Global Crossing… Ce double séisme a com-

mencé à montrer des failles importantes dans l’en-semble du système, qui appellent de profondes réfor-mes, des règles comptables à la , enpassant par les professions d’auditeurs ou d’analys-

tes. L’Europe n’échappera pas à cet aggiornamento,notamment la France, où le vieux système de ’ contrôle toujours lesconseils d’administration des grands groupes.

..

Pour tirer les principauxenseignements des affairesEnron ou WorldComaux Etats-Unis, ou, dansun registre qui n’est pasidentique, du cas VivendiUniversal en France,Le Monde a interrogé denombreuses personnalités.Treize d’entre elles livrentici leur premier diagnosticsur la crise financière d’untype nouveau que traversentnombre de grands paysdéveloppés, et sur les pistesde réflexion à explorer pourla surmonter : améliorerle gouvernementd’entreprise, régulerde manière plus efficaceles marchés,rétablir une éthiquedes affaires, instaurerdes contre-pouvoirs...Il s’agit, à l’évidence,d’un débat majeur.Crise financière, crisede confiance, crisede la régulation :les turbulences actuellesprésentent des particularités– et une gravité –qui méritentqu’on s’y arrête, car ellesont des effets lourds surla marche des entreprises,petites et grandes,mais au-delà, aussi, surles équilibres économiqueset sociaux des différentspays concernés.Le Monde a donc faitle choix d’interroger d’autresspécialistes pour poursuivrece débat dans les jours àvenir. Banquiers, financiersou industriels, syndicalistesou grands patrons,économistes ou responsablespolitiques, françaisou étrangers : expertset dirigeants de sensibilitésdiverses s’exprimerontsur les nombreuses facettesde cette véritable crisemondiale du capitalisme.

Huit pistes pour réformer le capitalismeLa crise ouverte par l’explosion de la bulle spéculative et la révélation de scandales en série aux Etats-Unis a mis au jour

les failles du système économique occidental. Une remise à plat est indispensable. Le débat est lancé

b Enron : la faillite, endécembre 2001, du courtieren énergie a mis au jourla dissimulation d’une dettede 22 milliards de dollars(21,9 milliards d’euros).b Tyco : le conglomérat a révéléen février avoir dépensé8 milliards de dollars dansl’acquisition de 700 sociétéssans que cela apparaissedans ses comptes.b WorldCom : le géant destélécommunications a révélé finjuin qu’il avait répertorié certaines

charges courantes commedépenses d’investissement, en2001 et au premier trimestre 2002,pour un montant évaluéà 3,8 milliards de dollars.b Xerox : le groupe d’imageriea avoué fin juin avoir « gonflé »ses résultats avant impôtde 1,4 milliard de dollars pourla période allant de 1997 à 2001.b Adelphia : le câblo-opérateuraméricain, en difficulté, a reconnuen mars avoir accordé des prêtsde 2,3 milliards de dollarsà son principal actionnaire.

b Par ailleurs : des enquêtes ontété ouvertes aux Etats-Unissur d’éventuelles manipulationscomptables chez deux groupesde télécommunicationsen difficulté, Global Crossing etQwest, ainsi que sur deux groupespharmaceutiques, Merck et BMS,qui auraient « gonflé »leur chiffre d’affaires. En France,la Commission des opérationsde Bourse a ouvert le 9 juilletune enquête sur « l’informationfinancière » du groupe de médiasVivendi Universal.

E N T R E P R I S E Sl a c r i s e f i n a n c i è r e

ERIC DE BODARDDirecteur généralde l’agence de notationMoody’s France

Les scandales financiers se succèdent

« Nous pouvons toujoursimaginer de nouvellesrègles, mais le véritablesujet réside dans leur appli-cation. Le fond du problèmeactuel est le comportementindividuel dans les conseilsd’administration. Nousvivons encore en Franceavec l’idée du patron dedroit divin. C’est un conceptqui a ses limites. Il faut biensûr qu’il y ait un leadership.Mais je trouve tout à faitsouhaitable qu’il existe unvrai contre-pouvoir.

Etre administrateur, c’estune véritable responsabilitéet non un titre honorifique.Cela représente de nombreu-ses obligations et on encourtune responsabilité juridique.Il faut une aptitude à poserdes questions, à se penchersur les dossiers. C’est unequestion d’efficacité, de tra-vail personnel. Il faut pouvoirmesurer les risques encourus.Je ne crois pas qu’il failledavantage limiter le nombrede mandats : il y a, au Royau-me-Uni, des administrateurs"professionnels” qui ont plu-sieurs postes d’administra-teur et qui font très bien leurtravail. »

Page 13: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/13

« Nous devons faire pré-valoir un modèle européen.Mettre en avant la notiond’intérêt social, qui ne se résu-me pas à l’intérêt des action-naires, mais à l’ensemble dela société.

Il faut également revoir cer-taines règles. Aux Etats-Unis,d’aucuns proposent qu’unadministrateur qui détientplus de 20 % du capital nepuisse pas être membre ducomité d’audit. Cela meparaît difficile. Mais il fautque la rémunération nedépende pas de la variation àcourt terme de la valeur del’action. Par exemple, unadministrateur qui siège dansun comité d’audit ne devraitpas avoir de stock-optionsexerçables dans les six mois.

Par ailleurs, le manage-ment ne devrait plus fixer larémunération des auditeurs.Cette tâche devrait revenirau comité d’audit. Enfin, ilfaut que les stock-optionsgardent leur côté incitatif.Les opérations de couverturepour se prémunir contre desbaisses de cours devraientdonc être interdites au moinstant que l’option n’est paslevable. »

GÉRARD RAMEIXDirecteur généralde la Commission desopérations de Bourse (COB)

ILS SONT une trentaine, issusdes mêmes hautes écoles de laRépublique, fréquentant les mêmesréseaux de pouvoir, les mêmes cer-cles mondains. A eux seuls, par le

jeu des cumuls de mandats dans lesconseils d’administration, ils diri-gent toutes les banques et les plusgrandes entreprises du CAC 40, lecœur de l’économie française.

Sous la pression des échangesinternationaux, de la constructioneuropéenne et des marchés finan-ciers, le capitalisme hexagonal aété forcé à renoncer à ses traversles plus critiquables. En revanche,dans les conseils d’administration,rien n’a changé. Les participationscroisées ont été dénouées dans lesbilans, mais la forme invisible desliens capitalistiques a été mainte-nue. Les sphères d’influence consti-tuées autour des trois grandesbanques, BNP Paribas, la Sociétégénérale et le Crédit lyonnais,continuent à se lire dans les nomsdes administrateurs. Il y a les con-seils proches de la Générale (Alca-tel, Vivendi Universal, TotalFina-Elf…), ceux marqués BNP Paribas(Saint-Gobain, AXA), ceux sousl’influence du Lyonnais (Lagar-dère, PPR ou Bouygues). « Les

deux rapports Vienot sur le gouverne-ment d’entreprise étaient supposéspermettre d’en finir avec ces prati-ques endogamiques. On a laissé letemps au monde des affaires pour seréorganiser et évoluer. Force est deconstater qu’il n’a rien fait », noteun observateur du milieu.

En apparence, pourtant, de nom-breuses modifications ont étéapportées dans le fonctionnementdes conseils. Des administrateursindépendants ont été élus, commele préconisaient les rapports Vie-not, afin de ne pas laisser les grandsactionnaires et les banques dicterleur loi. A l’usage, les plus ardentsdéfenseurs de cette réforme s’inter-rogent sur sa pertinence.

Ces personnalités extérieures

sont souvent choisies par le PDG enfonction de critères très divers :compétence dans des domainesextérieurs au groupe, personnalitéoriginale, expérience, mais parfoisaussi la place de ces administrateursdans certains réseaux, leurs amitiéspersonnelles, voire simplement leurnom. Il est très chic d’avoir unancien ambassadeur, un banquierinternational ou un milliardairedans son conseil. Mais ceux-ci s’im-pliquent rarement dans la gestionréelle du groupe. « Ils sont peut-êtreindépendants à l’égard des actionnai-res, mais pas à l’égard du PDG », per-sifle un habitué des conseils, quiconstate que les administrateursindépendants sont rarement le plusen pointe dans les demandesd’éclaircissements sur la stratégiedes présidents.

De même, les comités d’audit ou

de rémunérations sont loin d’avoirporté tous leurs fruits. Les pre-miers, qui se réunissent rarementplus de trois fois par an, sont sou-vent dirigés par des personnalitésreprésentant la première banquedu groupe, ce qui laisse planer uneambiguïté sur leur rôle. Peu d’entreeux rendent visite aux directionsfinancières, demandent des infor-mations comptables en dehors decelles que le groupe leur fournit.Les comités de rémunérations sefont encore plus discrets. « C’est lehaut lieu de pouvoir, celui où ondemande aux amis de siéger. Tout sepasse entre personnes civiles. On nese penche pas trop sur les rémuné-rations ni sur les révisions de modede distribution des stock-options »,rapporte le même initié.

Si les présidents ne veulent pasavoir de conseil actif, rien ne s’yoppose. Beaucoup finissent par res-sembler à des chambres d’enregis-trement. Certains administrateursne prennent même pas la peine d’yaller au moins une fois dans l’an-née, comme en témoignent les rap-ports annuels de quelques grou-pes. D’autres assistent au conseilune ou deux fois et lisent peu lesdocuments qu’on leur adresse,occupés par leur propre fonctionde président.

Côté PDG, si certains s’entre-tiennent régulièrement avec lesmembres de leur conseil, d’autresleur délivrent une information aucompte-gouttes. Dans certains con-seils, les administrateurs se voientdistribuer les documents qui serontremis quelques heures plus tard auxanalystes et à la presse – ce qui estpeu pour se prononcer sur la straté-gie d’un groupe – ou réduits à écou-ter le président parler pendant desheures. Face à des montages finan-ciers de plus en plus complexes, peuosent dire qu’ils ne comprennentpas toutes les implications et lesengagements pris par l’entreprise.

Sans interlocuteurs capables dediscuter leur stratégie, sans contre-pouvoir, nombre de PDG françaisrègnent en maître absolu dans leurentreprise. Pour le meilleur oupour le pire.

Martine Orange

« Il faut arrêter de dire quece sont les hedge funds [lesfonds spéculatifs] et les mar-chés financiers qui pour-rissent le système. Les in-vestisseurs ont raison decondamner les sociétés quiont truqué leurs comptes, lessociétés qui ont fait rêver surdes business plans totalementirréalistes, et celles qui sesont surendettées. Certes, ilsvont trop loin dans la sanc-tion de ce qu’ils ont hieradulé. Et il est vrai que leshedge funds amplifient cesmouvements. Mais, mêmes’ils sont hypervolatils et s’il ya des excès, les marchés ontsouvent raison.

Il est en revanche indispen-sable que les grands acteursdu marché prennent desmesures techniques pour évi-ter les excès spécula-tifs. Aux AGF, nous avonsdécidé d’arrêter les prêts detitres. Je suis personnelle-ment favorable au systèmedu double commissariat auxcomptes, à la séparation desactivités de conseil et d’au-dit, à une meilleure compara-bilité des comptes, et à unerotation régulière des audi-teurs. »

PHILIPPE CAMUSCoprésident du constructeuraéronautique et de défenseeuropéen EADS

Trente patrons pour 160 fauteuils

DENIS KESSLERPrésident de la FFSAet vice-président déléguédu Medef

JEAN-PHILIPPE THIERRYPrésident des Assurancesgénérales de France(groupe AGF)

FRITS BOLKESTEINCommissaire au marchéintérieur à la Commissioneuropéenne

...

..

« Dans les phases d’ébulli-tion des marchés financiers,les tentations individuellesou même collectives sontexacerbées, et masquées –dans un premier temps – parla marée d’euphorie collecti-ve. Cela indique qu’il faut,non pas changer les règles,mais les appliquer : on nechange pas le code pénal par-ce qu’il y a des criminels, onl’applique !

La sortie de crise dépendrade l’amélioration macroéco-nomique. Mais la solidité dela chaîne de l’informationfinancière doit être renfor-cée : fonctionnement descomités d’audit, indépendan-ce des analystes et mêmeaction des régulateurs. Larelation entre les auditeurs etles firmes est également encause. Nous avons, en Fran-ce, été sensibilisés à cesenjeux : nous avions déjà misl’accent sur le double commis-sariat aux comptes, la sépara-tion audit-conseil, le commis-sariat sur plusieurs années, ledevoir d’alerte des commis-saires aux comptes… LesAnglo-Saxons semblentdécouvrir des notions élé-mentaires… »

Beaucoup de conseils

ressemblent

à des chambres

d’enregistrement

PIERRE-BERNARDANGLADEPrésident Francede PricewaterhouseCoopers

..

En 2001, une trentaine de patrons ou anciens patrons cumulaient plus de160 mandats d’administrateurs dans des conseils de grandes entreprises,dont : Bernard Arnault (PDG de LVMH), Patricia Barbizet (Artémis), ClaudeBébéar (Axa), Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain), Daniel Bernard (Carrefour),Michel Bon (France Télécom), Bertrand Collomb (Lafarge), Thierry Desma-rest (TotalFinaElf), Michel François-Poncet (ex-Paribas), Jacques Friedman(ex-UAP), Henri Lachman (Schneider), Jean-Marie Messier (Vivendi Univer-sal), Gérard Mestrallet (Suez), Lindsay Owen-Jones (L’Oréal), Michel Pébe-reau (BNP Paribas), Jean Peyrelevade (Crédit lyonnais), Didier Pineau-Valen-cienne (ex-Schneider), Baudouin Prot (BNP Paribas), Bruno Roger (Lazard),Edouard de Royère (Air liquide), Ernest-Antoine Seillière (Wendel investisse-ment, Medef), Serge Tchuruk (Alcatel), Marc Vienot (ex-Société générale)...

..

Ce petit cercle d’administrateurs quise partage les responsabilités en FranceLes réseaux d’influence et de cooptation bâtis autour des trois grandesbanques, BNP, Société générale, Crédit lyonnais, sont toujours en place

Bulles boursières et escroqueriesjalonnent l’histoire de la finance

Il faudra des années pour effacer les excès spéculatifs de la fin du XXe siècle

« Le discrédit jeté sur l’en-semble des entreprises esttotalement infondé. Tout mar-ché repose sur la confiance etla loyauté. A la marge, il yaura malheureusement tou-jours des entreprises qui com-mettront des errements. Ilfaut élaborer de manière prag-matique les nouvelles règlessusceptibles d’éviter que cer-taines entreprises faisantappel au marché ne respec-tent pas les principes qui leguident. La réflexion est déjàlancée à trois niveaux. Auniveau des entreprises, l’Asso-ciation française des entrepri-ses privées (AFEP) et le Medefont constitué un groupe detravail présidé par Daniel Bou-ton (président de la Sociétégénérale), pour améliorer lefonctionnement des instancesinternes à l’entreprise, maisaussi pour préciser les mis-sions des commissaires auxcomptes. La réflexion est aus-si au niveau des intermédiai-res financiers et de tous ceuxqui participent au marché,comme les agences de nota-tion, les auditeurs et les ana-lystes financiers. Réflexion,enfin, au niveau des autoritésde tutelle et de contrôle. »

« Ce qui a poussé au crimeest cette focalisation àoutrance sur le rendementdes fonds propres, qui neprend pas en compte le côtécyclique de l’activité économi-que, ainsi que la dictature del’Ebitda [l’excédent brutd’exploitation], qui favorise lacroissance non maîtrisée.

La mise en place des nor-mes IAS dans les entrepriseseuropéennes est prévue pour2005 ; sans doute pourrait-onaller plus vite. De même, legoodwill était amorti sur vingtou quarante ans, aujourd’hui,il s’agit d’une charge à passersur une année. C’est un pro-grès, même s’il faudrait un sta-de intermédiaire.

Je ne suis pas pour l’aban-don des comptes trimestriels,mais on doit conserver leurcaractère intermédiaire. Etinsister davantage sur lechiffre d’affaires que surles résultats financiers. Lesassemblées générales doi-vent nommer les auditeurs.Les comités d’audit devraientvraiment avoir des compéten-ces financières et compta-bles. Je suis aussi favorable àla multiplication des adminis-trateurs indépendants. »

« La chaîne de responsabili-tés concernant la situationactuelle est étendue : ellepart des conseils d’adminis-tration et va jusqu’aux régula-teurs en passant par les ban-quiers d’affaires et leurs mon-tages financiers créatifs, lesanalystes et leurs conflits d’in-térêts, les auditeurs... Cha-cun doit prendre sa part deresponsabilité.

Le côté positif de cette cri-se est que la création devaleur ne pourra plus être dis-sociée de l’éthique. Nousrevenons à des valeurs de sim-plicité et de qualité. Nousavons besoin d’un cadre con-ceptuel accepté par tous : lesprincipes comptables doi-vent être unifiés de part etd’autre de l’Atlantique, lesrégulateurs doivent se mettred’accord sur des règles com-munes, comme l’indépendan-ce d’un cabinet d’audit pourlaquelle il n’existe pas à l’heu-re actuelle de définition uni-que. Pour que cette homogé-néisation se face le plus rapi-dement possible, il manqueune impulsion d’en haut, auniveau des Etats. Cela pour-rait être un beau sujet pourun G8. »

NEW YORKde notre correspondant

L’histoire des bulles, de leureffondrement, des faillites et desscandales est aussi ancienne quecelle du capitalisme financier.« La propension à escroquer et àêtre escroqué évolue de concertavec la propension à spéculer. Lescrises sont intimement liées auxtransactions qui poussent jusqu’àleurs limites – aussi floues soient-elles – la loi et la morale », écrit leprofesseur Charles Kindleberger,du Massachusetts Institute ofTechnology, dans son livre, sortien 1978, Manias, Panics & Crashes(Histoire mondiale de la spécula-tion financière).

Le professeur Kindleberger con-sacre un chapitre aux « escroque-ries en tout genre » : « Actionnairesvictimes de leurs administrateurs,investisseurs floués par leursconseillers financiers, courtiers,banquiers, employés escroquantleur entreprise. Lors d’un boom, lesfortunes se font, les gens deviennentavides de gains et les escrocsentrent en scène pour profiter decette avidité. Plus tard, le krach, lapanique, le sauve-qui-peut généralqui les accompagne, sont autantd’incitations à tricher, dans le seulbut de se sauver soi-même. » Lecomportement des dirigeantsd’Enron, de WorldCom, de Tyco,d’Adelphia correspond assez bienà ces définitions.

A chaque fois, les bulles sem-blent différentes… et finalementsont tellement semblables. Lesbanqueroutes de la Compagniedes Indes au XVIIIe siècle, de multi-ples sociétés de chemins de fer aumilieu du XIXe siècle en Angleterre,en France et aux Etats-Unis, desbanques à Wall Street dans lesannées 1920, des groupes immobi-liers au Japon dans les années 1990et, pour finir, des sociétés de lanouvelle économie un peu partoutdans le monde au tournant duXXe siècle, ont les mêmes origines.Des bilans qui portent les tracesprofondes d’excès en tout genre :excès d’investissements, de dettes,de capacités de production, devalorisation des actifs, de rémuné-ration des dirigeants…

Dans son livre Irrational Exube-rance, publié en 2001, RobertSchiller, professeur d’économie àYale, définit l’envolée boursière decertaines sociétés de la nouvelleéconomie comme la « réalisation àgrande échelle de l’arnaque Pon-zi », en référence à Charles Ponzi,escroc célèbre qui, dans les années1920 aux Etats-Unis, avait fait de la« cavalerie » un art. Il avait en septmois ramassé 15 millions de dol-lars en trompant 30 000 investis-seurs. « L’auteur de l’escroqueriepromet aux épargnants de réaliserde considérables profits. En fait, iln’investit qu’une petite partie dessommes avancées pour acheter devrais actifs. Il rémunère les premiers

investisseurs en réalisant la mêmeopération avec une deuxième vagued’investisseurs et ainsi de suite… Unmoyen plus “moderne” pour le faireconsiste à multiplier les acquisitionsde sociétés existantes en échange denouvelles actions créées à chaqueoccasion. » Tout le monde estgagnant tant que l’édifice continueà s’élever.

Selon Patrick Artus, le directeurdes études de CDC-Ixis, « dès1997, les entreprises ont été confron-tées à un recul de leur rentabilitéréelle et ont tenté alors par diversartifices de le masquer » pour conti-nuer à participer à la « fête » et àl’alimenter en affichant des profitset des cours de Bourse toujoursplus élevés. Elles ont racheté leurspropres actions, multiplié les opé-rations de fusions-acquisitions, lesplus-values de cession et parfoisaussi truqué les comptes. Lesfusions et acquisitions sont pas-sées aux Etats-Unis de 495 mil-liards de dollars en 1996 à 660 mil-liards en 1998, 1 426 milliards en

1999, 1 740 milliards en 2000. Reve-nues à 819 milliards en 2001, ellessont retombées lors du premiersemestre de 2002 à 89 milliardsde dollars.

Robert Brenner, professeur àl’UCLA, à Los Angeles, chiffre à509 milliards de dollars les rachatsd’actions effectués aux Etats-Unispar les entreprises non financièresentre 1994 et 1998. « Pour rendrecela possible, elles ont été obligéesde se lancer dans la plus grandevague d’endettement de leur histoi-re », explique M. Brenner. SeulAlan Greenspan, le président de laRéserve fédérale (Fed), a tiré à unmoment la sonnette d’alarme, endécembre 1996, évoquant alors« l’exubérance irrationnelle desmarchés ». Mais il s’est vite tu parcrainte de casser la croissance,l’euphorie des consommateurs etdes investisseurs et l’enrichisse-ment général. Il n’a eu de cesseensuite, en réduisant le loyer del’argent, notamment après la criseasiatique en 1998, d’alimenter lamachine, rendant sa chute encoreplus dure.

La bulle de la fin du XXe siècle aété d’autant plus dommageablequ’elle s’est gonflée pendant plu-sieurs années, s’est répandue surtoute la planète et a bénéficiéd’une créativité comptable sansprécédent pour travestir la réalité.Il va falloir maintenant du tempsaux entreprises, à leurs employéset à leurs actionnaires pour digé-rer les surcapacités, les surinvestis-sements, les dettes. Les achatsd’entreprises aux Etats-Unisentre 1998 et 2001 représententplus de 4 600 milliards de dollars.Les survaleurs sont loin d’être tou-tes amorties. Selon les chiffres lesplus prudents, au moins 600 mil-liards de dollars traînent encoredans les bilans.

A la lumière des précédentesbulles de grande ampleur, il fau-dra des années pour en effacer lestraces à la fois dans les comptes etles esprits. Même si, « par défini-tion, les spéculateurs n’ont pas demémoire », explique le professeurKindleberger.

Eric Leser

JEAN–HERVÉ LORENZIProfesseur à Paris-Dauphine,président du Cercledes économistes

« Il existe un danger d’auto-satisfaction des entrepriseset des investisseurs, mais aus-si des gouvernements et desrégulateurs. Sans un niveausuffisant de protection desinvestisseurs, nous risquonsdes arnaques financières. LaCommission européenne ademandé aux ministres desfinances et aux organismesde régulation de se réunir le23 juillet sur ces sujets.

Il y a cinq actions que nousdevons prendre au niveau del’Europe : sur le renforce-ment du gouvernement d’en-treprise, un rapport d’étudesera finalisé en septembre etje compte prendre des initiati-ves le plus rapidement possi-ble ; j’aimerais aussi voir lesnormes comptables euro-péennes et américainesconverger d’ici à 2005 ; nousdevons regarder plus endétail la façon dont l’auditest régulé. Il faut également,à plus long terme, que lesfonds de pension diversifientleurs risques ; enfin, nousréfléchissons aux informa-tions que les entreprises sedoivent de publier. » (Extraitd’un discours prononcé àParis le 11 juillet).

« Par définition,

les spéculateurs n’ont

pas de mémoire »,

explique le professeur

Kindleberger

E N T R E P R I S E S l a c r i s e f i n a n c i è r e

Page 14: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

14/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

LES BOURSES DANS LE MONDE 18/7, 9h44

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

UNION EUROPÉENNEALLEMAGNE DAX Index 4097,93 18/7 0,12 5467,31 19/3 3825,54 16/7 19,50 Euro Neu Markt Price IX 611,17 18/7 1,86 1212,43 4/1 555,34 16/7AUTRICHE Austria traded 1218,64 18/7 0,12 1368,18 2/5 1109,88 9/1 13,50BELGIQUE Bel 20 2300,73 18/7 1,25 2906,75 24/4 2182,36 16/7 11,60DANEMARK Horsens Bnex 233,77 18/7 0,72 280,92 26/3 220,72 24/6 14,40ESPAGNE Ibex 35 6764,10 18/7 1,55 8608,50 4/1 6271,79 16/7 16,30FINLANDE Hex General 5871,16 18/7 0,72 9224,38 4/1 5369,91 26/6 15,00FRANCE CAC 40 3483,37 18/7 1,23 4720,04 4/1 3198,34 16/7 16,40 Mid CAC 1728,68 17/7 -1,15 2176,89 2/4 1716,70 16/7 14,40 SBF 120 2460,87 18/7 1,25 3263,90 28/3 2278,02 16/7 16,50 SBF 250 2323,97 17/7 2,83 3081,89 28/3 2227,48 17/7 16,40 Indice second marché 2210,71 17/7 -1,55 2567,01 15/5 2194,28 17/7 13,20 Indice nouveau marché 650,01 18/7 -0,35 1175,41 7/1 630,55 16/7GRÈCE ASE General 2136,58 18/7 0,00 2655,07 3/1 2106,96 16/7 15,90IRLANDE Irish Overall 4362,20 18/7 -0,31 6085,02 18/1 4263,27 16/7 11,00ITALIE Milan Mib 30 25986,00 18/7 0,86 33548,00 17/4 24444,00 16/7 17,30LUXEMBOURG Lux Index 935,65 17/7 -0,42 1169,47 14/1 821,61 30/4 14,40PAYS BAS Amster. Exc. Index 388,19 18/7 2,29 531,45 18/4 353,11 16/7 13,90PORTUGAL PSI 20 6578,69 18/7 0,47 7998,50 4/1 6471,95 3/7 15,20

ROYAUME UNI FTSE 100 index 4235,70 18/7 1,08 5362,29 4/1 3860,30 16/7 14,60 FTSE techMark 100 index 782,26 18/7 1,13 1569,61 4/1 731,22 16/7 124,90SUÈDE OMX 573,74 18/7 0,26 878,88 4/1 540,03 16/7 19,90

EUROPEHONGRIE Bux 7459,19 17/7 1,74 9019,42 7/5 7052,97 3/1 10,10ISLANDE ICEX 15 1274,18 17/7 -0,40 1413,85 21/3 1142,61 7/1POLOGNE WSE Wig index 13916,12 17/7 2,28 16423,34 25/1 13469,75 16/7 206,10TCHÉQUIE Exchange PX 50 428,30 18/7 -0,05 479,39 10/5 384,60 2/1RUSSIE RTS 376,56 17/7 1,95 425,42 20/5 267,70 3/1SUISSE Swiss market 5296,20 18/7 -0,07 6740,60 17/5 5490,50 26/6 15,50TURQUIE National 100 10456,30 18/7 -0,64 15071,83 8/1 8514,03 3/7 11,90

AMÉRIQUESARGENTINE Merval 376,69 16/7 4,06 471,33 6/2 267,73 14/6 21,10BRÉSIL Bovespa 10754,62 17/7 1,67 14495,28 18/3 10213,32 12/7 8,10CANADA TSE 300 6699,66 17/7 0,06 7992,70 7/3 6624,47 15/7 18,20CHILI Ipsa 80,51 18/7 -0,06 102,37 4/1 80,50 16/7 13,70ETATS-UNIS Dow Jones ind. 8542,48 17/7 0,82 10673,09 19/3 8244,87 15/7 18,00 Nasdaq composite 1397,25 17/7 1,60 2098,87 9/1 1315,30 15/7 37,50 Nasdaq 100 1028,74 17/7 1,72 1710,22 9/1 945,84 11/7 36,40 Wilshire 5000 8595,48 17/7 0,59 10983,40 19/3 8307,33 15/7 Standards & Poors 500 906,04 17/7 0,57 1176,96 7/1 876,46 15/7 17,50MEXIQUE IPC 6403,28 17/7 1,38 7611,12 11/4 6104,56 26/6 11,30

ASIE-OCÉANIEAUSTRALIE All ordinaries 3099,50 18/7 0,88 3443,89 14/2 3105,30 16/7 15,40CHINE Shangaï B 156,44 17/7 1,75 171,72 4/1 121,08 23/1 18,20 Shenzen B 253,42 17/7 3,17 265,91 4/1 182,42 23/1 19,00CORÉE DU SUD Composite 771,45 16/7 -1,54 943,53 22/4 690,35 2/1HONG KONG Hang Seng 10392,73 18/7 0,56 12020,45 17/5 10291,16 26/6 15,00 All ordinaries 4603,29 18/7 0,33 5277,35 17/5 4548,50 7/2INDE Bombay SE 30 388,11 17/7 -0,65 415,77 5/4 339,26 1/1 1,30ISRAËL Tel Aviv 100 370,07 17/7 2,32 468,92 7/1 340,29 24/6JAPON Nikkei 225 10498,26 18/7 1,96 12081,42 27/5 9420,84 6/2 25,00 Topix index 1010,12 18/7 2,23 1144,02 27/5 921,08 6/2 31,20MALAISIE KL composite 732,54 18/7 0,19 816,94 23/4 681,50 2/1 16,00NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 745,04 18/7 0,82 786,14 18/6 735,65 26/4SINGAPOUR Straits Time 1576,49 18/7 -0,43 1848,98 5/3 1520,09 26/6TAÏWAN Weighted 5250,82 17/7 -1,26 6484,93 22/4 4808,16 3/7 18,40THAILANDE Thaï SE 395,32 18/7 0,25 430,67 14/6 302,38 2/1

AFRIQUEAFRIQUE DU SUD All share 10815,08 24/6 0,00 11665,33 22/5 10138,29 30/1 10,10COTE D'IVOIRE BRVM 68,36 16/7 -2,02 77,38 2/1 69,58 28/5

EUROPE Jeudi 18 juillet 9h45

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,85576 1,00655 1,56600 0,68670 TOKYO (¥) 116,85500 117,61000 182,97000 80,25682 PARIS (¤) 0,99370 0,85050 1,55615 0,68245 LONDRES (£) 0,63857 0,54654 0,64260 0,43856 ZURICH (FR. S.) 1,45625 1,24600 1,46545 2,28020

INDICESSECTEURS EURO STOXX

Indice % var.

EURO STOXX 50 ...........................2851,12.......5,06AUTOMOBILE ..................................201,90.......3,55BANQUES .........................................235,69.......3,26PRODUIT DE BASE ..........................181,39.......1,37CHIMIE..............................................315,63.......2,21TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............322,52.......8,19CONSTRUCTION..............................208,61.......2,39CONSOMMATION CYCLIQUE........103,67.......6,16PHARMACIE .....................................370,68.......4,15ÉNERGIE ...........................................288,67.......2,62SERVICES FINANCIERS....................180,09.......4,76ALIMENTATION ET BOISSON ........210,50.......2,09BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................301,22.......2,28ASSURANCES...................................230,90.......5,63MÉDIAS ............................................170,73.......6,18BIENS DE CONSOMMATION.........303,38.......3,55COMMERCE ET DISTRIBUTION .....238,65.......6,47HAUTE TECHNOLOGIE ...................303,08.......6,79SERVICES COLLECTIFS ....................242,91.......2,27

LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXXCode Cours % var.pays /préc.

ABN AMRO HOLDING ......NL...........16,08.......4,42AEGON NV.........................NL...........18,79.......3,47AIR LIQUIDE........................FR.........141,20.......0,79ALCATEL A ..........................FR .............7,30.......5,80ALLIANZ N ..........................AL.........181,58 .....-0,94AVENTIS..............................FR ...........64,70.......2,29AXA......................................FR ...........14,60.......3,62BASF AG..............................AL ...........42,01 .....-0,36BAYER..................................AL ...........29,99 .....-0,70BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........28,13 .....-0,25BBVA ...................................ES ...........10,68.......0,56BNP PARIBAS .....................FR ...........45,68 .....-3,32BSCH....................................ES .............7,76.......1,70CARREFOUR........................FR ...........46,67.......2,03DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........46,22.......0,59

DANONE .............................FR.........126,70.......0,40DEUTSCHE BANK AG ........AL ...........65,64 .....-0,77DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........12,51.......4,25E.ON ....................................AL ...........53,20 .....-0,75ENDESA...............................ES ...........12,75.......0,79ENEL .....................................IT .............5,07.......0,40ENI SPA ................................IT ...........14,46.......0,70FORTIS.................................BE ...........18,73.......3,82FRANCE TELECOM.............FR ...........15,08.......3,93GENERALI ASS.....................IT ...........20,76.......0,78ING GROEP CVA................NL...........23,17.......3,02KONINKLIJKE AHOLD .......NL...........17,53.......4,41L'OREAL...............................FR ...........71,75.......1,63LVMH ..................................FR ...........45,38.......4,56MUENCHENER RUECKV ...AL.........219,99 .....-0,45NOKIA OYJ...........................FI ...........14,58.......1,53PINAULT PRINTEMPS ........FR ...........85,00.......1,86REPSOL YPF ........................ES ...........12,15.......2,27ROY.PHILIPS ELECTR .........NL...........25,59.......2,77ROYAL DUTCH PETROL ....NL...........46,50.......0,32RWE.....................................AL ...........36,19 .....-0,03SAINT GOBAIN...................FR ...........40,92.......1,46SANOFI-SYNTHELABO ......FR ...........58,10.......1,93SANPAOLO IMI ...................IT .............8,21.......1,11SIEMENS .............................AL ...........58,95.......0,08SOCIETE GENERALE A .......FR ...........55,85 .....-0,80SUEZ....................................FR ...........23,87.......4,46TELECOM ITALIA.................IT .............8,28.......0,73TELEFONICA........................ES .............9,81.......3,26TIM .......................................IT .............4,56.......1,56TOTAL FINA ELF .................FR.........145,40.......0,07UNICREDITO ITALIAN ........IT .............4,06.......0,25UNILEVER CVA ..................NL...........57,10 .....-0,17VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........17,40.......4,00VOLKSWAGEN ...................AL ...........43,30.......0,81

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances MB SOFTWARE .................................0,03 .......50,00IM INTERNATIONAL .........................2,59 .......34,20FREENET.DE .......................................5,28 .......30,37METABOX ..........................................0,24 .......26,32TOMORROW FOCUS ........................1,13 .......25,56KINOWELT MEDIEN..........................0,10 .......25,00CYBERNET INTERNET .......................0,20 .......25,00Plus mauvaises performances WUENSCHE AG.................................0,03......-88,00CEOTRONICS AG...............................1,20......-65,22BROKAT TECHNOLOGIE...................0,01......-50,00MUSICMUSICMUSIC ........................0,03......-50,00LOBSTER NETWORK .........................0,06......-50,00LETSBUYIT.COM................................0,01......-50,00ARTSTOR ............................................0,03......-50,00

Valeur Cours de clôture (£) % var.Meilleures performances BTG PLC..............................................2,39 .......18,32SPIRENT..............................................0,83 .......13,70DIMENSION DATA HLD ...................0,35 .......12,10LOGICA ...............................................1,88 .......12,07AMVESCAP.........................................4,80 .......11,50BRITISH BIOTECH PL.........................0,08 .......11,11CENTRICA...........................................1,73 .......11,09Plus mauvaises performances QXL RICARDO....................................1,20......-22,22BRITISH ENERGY ...............................1,24 ........-8,82THE GAME GROUP ...........................0,98 ........-6,67INVENSYS PLC ...................................0,74 ........-4,55LONMIN ...........................................10,40 ........-4,32PUNCH TAVERNS..............................2,07 ........-3,72GALLAHER GROUP PLC ....................5,59 ........-3,71

Valeur Cours de clôture (¥) % var.Meilleures performances SHINWA KAIUN..............................82,00 .......28,13KITANIHON SPINNING ..................66,00 .......26,92KANSAI KISEN.................................39,00 .......21,88MEGACHIPS ................................2500,00 .......19,05OLYMPIC CORP...........................1892,00 .......18,84AZEL CORP.......................................64,00 .......18,52JOSHIN DENKI ..............................145,00 .......17,89Plus mauvaises performances OMIKENSHI .....................................61,00......-16,44ADVAX ...........................................101,00......-15,83NICHIRO CORP..............................121,00......-14,18ASUNARO CONSTRUCT...............106,00......-11,67SOKKIA ..........................................205,00......-11,26MEDIASEEK...............................80000,00......-10,11TESAC CORP ....................................18,00......-10,00

Valeur Cours de clôture (¤) % var.Meilleures performances EQUANT .............................................7,33 .......14,35TELEFONICA.......................................9,43 .......14,30AMADEUS GLOBAL A .......................5,35 .......12,63WAVECOM ......................................39,15 .......11,86TRACKS MSCI TELECO....................28,26 .......11,70UBI SOFT ENTERTAIN ....................14,19 .......10,77SOPRA GROUP ................................38,21 .......10,43Plus mauvaises performances EASY ETF EURO ENER ..................293,00......-13,29EASY ETF EURO UTIL....................243,40......-10,78EASY ETF EURO BANK .................236,50 ........-8,12EASY ETF EURO MEDI..................169,30 ........-6,05NESTLE NOM. ...............................215,30 ........-5,98SOITEC................................................6,30 ........-5,97PINGUELY-HAULOTTE ......................6,70 ........-4,29

Séance du 17/7

NYSE1913 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

3M ..................................................117,46..........1,35AM INTL GRP...................................60,90 ........-0,60ALCOA ..............................................28,86..........0,35AOL TIME WARNER........................13,11..........3,97AMERICAN EXPRESS ......................34,01..........0,38AT & T..............................................10,45..........2,55BANK OF AMERICA ........................65,00 ........-1,96BOEING CO......................................42,94..........5,06BRISTOL MYERS SQUI ....................24,13..........0,63CATERPILLAR ...................................43,25..........0,58CITIGROUP.......................................36,93..........2,02COCA-COLA .....................................50,00 ........-0,73COLGATE PALMOLIVE ....................47,15 ........-1,13DOW CHEMICAL.............................30,43..........1,67DUPONT DE NEMOURS.................41,00 ........-0,36EASTMAN KODAK ..........................28,24 ........-1,26EXXON MOBIL ................................35,61..........1,16FORD MOTOR .................................12,52..........1,13GENERAL ELECTRIC ........................28,25..........2,54GENERAL MOTORS.........................45,10 ........-1,61GILLETTE CO ....................................30,06 ........-1,60HEWLETT PACKARD .......................13,57 ........-4,84HOME DEPOT INC ..........................30,88..........1,11HONEYWELL INTL...........................31,10 ........-2,81IBM ...................................................70,69..........2,43INTL PAPER......................................40,20..........1,64JOHNSON & JOHNSON.................51,24..........2,28J.P.MORGAN CHASE ......................28,14 ........-1,26LUCENT TECHNOLOGIE ...................2,62 ........-2,96MC DONALD'S CORP......................25,70 ........-1,34MERCK AND CO..............................44,50..........1,11MOTOROLA .....................................15,15..........4,27NORTEL NETWORKS.........................2,10 ........-7,49PEPSICO ...........................................42,38..........4,64PFIZER INC.......................................29,26..........2,49PHILIP MORRIS COS .......................44,12..........3,84

PROCTER AND GAMBLE ................80,07 ........-1,45SBC COMMUNICATIONS...............28,89 ........-2,30TEXAS INSTRUMENTS....................25,78..........2,63UNITED TECHNOLOGIE .................64,95..........4,93VERIZON COMM ............................35,36..........1,03WAL-MART STORES .......................48,25 ........-3,27WALT DISNEY COMPAN................18,14..........2,78

NASDAQ2337 millions de titres échangésValeur Cours de clôture ($) % var.

ALTERA CORP..................................13,13 ........-3,17AMAZON.COM................................16,16 ........-0,80AMGEN INC.....................................37,10 .......12,87APPLIED MATERIALS ......................17,99 ........-2,23BED BATH & BEYOND ...................30,99 ........-0,26CISCO SYSTEMS..............................14,80..........3,71COMCAST A SPECIAL .....................23,16..........3,86CONCORD EFS ................................27,73..........2,48DELL COMPUTER ............................26,34..........0,57EBAY .................................................61,62..........1,45FLEXTRONICS INTL ...........................8,55..........1,18GEMSTAR TV GUIDE ........................5,01..........2,45GENZYME ........................................20,60 .......10,40INTEL CORP .....................................19,44..........5,42INTUIT ..............................................44,90 ........-3,63JDS UNIPHASE...................................3,71..........3,63LINEAR TECHNOLOGY ...................30,92..........1,38MAXIM INTEGR PROD...................41,25..........0,63MICROSOFT.....................................52,00..........1,46ORACLE CORP .................................10,47..........4,80PAYCHEX .........................................28,22..........1,11PEOPLESOFT INC.............................15,63..........0,51QUALCOMM INC ............................29,97..........0,44SIEBEL SYSTEMS .............................11,74..........3,16STARBUCKS CORP ..........................21,40..........0,85SUN MICROSYSTEMS.......................5,68 ........-2,07VERITAS SOFTWARE ......................18,90 .......11,24WORLDCOM......................................0,10..........0,00XILINX INC.......................................20,60 ........-3,33YAHOO INC .....................................14,26..........3,63

MARCHÉ DES CHANGES 18/7, 9h44

TAUX D'INTÉRÊTS LE 18/7Taux Taux Taux Tauxj.le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,28 3,41 5,01 5,26 - 3,41 4,03 5,05 4,94 3,28 3,41 5,12 5,50 3,28 3,41 4,89 5,31 0,05 0,07 1,13 1,90 - 1,80 1,86 4,75 5,63 1,15 1,17 3,11 3,65

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 7/2 3450,00 3453,00 537151 . 9/2 88,40 5 . 50 9/2 2840,00 2866,00 2548 10 9/2 108,13 107,94 787162 3. 9/2 96,28 96,25 407990 9/2 8580,00 8530,00 31749. 9/2 920,00 904,50 553802

JEUDI 18 JUILLET 9h45Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10000,00.......-0,99OR FIN LINGOT..........................10110,00.......-0,39ONCE D'OR EN DOLLAR................316,15.......-0,66PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................57,50.......-0,69PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................57,60.......-0,52PIÈCE UNION LAT. 20......................57,50.......-0,69PIÈCE 10 US$..................................193,25 ........0,00PIÈCE 20 US$..................................381,25 ........0,00PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........375,00.......-1,45

JEUDI 18 JUILLET 9h45 Cours % var.

BLE ($ CHICAGO) ...........................343,75 ........0,36CACAO ($ NEW YORK) ...............1747,00.......-2,79CAFE (£ LONDRES).........................509,00 ........0,00COLZA (¤ PARIS) ............................239,00 ........0,31MAÏS ($ CHICAGO)........................241,25.......-1,33ORGE (£ LONDRES)..........................59,75.......-0,42JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ........0,95 ........1,75SUCRE BLANC (£ LONDRES).........176,00.......-1,53SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........169,60.......-1,57

JEUDI 18 JUILLET 9h45 Cours % var.

LONDRESALUMINIUM COMPTANT ($).....1357,25.......-0,06ALUMINIUM À 3 MOIS ($).........1377,52.......-0,04CUIVRE COMPTANT ($) ..............1612,00 ........0,03CUIVRE À 3 MOIS ($) ..................1632,00 ........0,00ETAIN COMPTANT ($) ................4460,00 ........0,59ETAIN À 3 MOIS ($) ....................4500,00 ........0,54NICKEL COMPTANT ($)...............7440,00.......-0,12NICKEL À 3 MOIS ($)...................7460,00.......-0,13PLOMB COMPTANT ($).................449,50.......-0,44PLOMB À 3 MOIS ($).....................460,98.......-0,45ZINC COMPTANT ($).....................808,00.......-1,16ZINC À 3 MOIS ($).........................826,50.......-1,05NEW YORKARGENT À TERME ($)..........................n/d .........n/dPLATINE À TERME ($)..........................n/d .........n/d

JEUDI 18 JUILLET 9h45 Cours % var.

BRENT (LONDRES) ...........................26,30.......-0,75WTI (NEW YORK).............................27,70 ........2,67LIGHT SWEET CRUDE ......................27,85.......-0,57

a CRÉDIT LYONNAIS : le parquet de Paris a confirmé, mardi16 juillet, qu’il ne ferait pas appel de l’ordonnance de renvoi en correc-tionnelle de Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France(Le Monde du 17 juillet).

FRANCFORT17/7 : 189 millions d'euros échangés

LONDRES17/7 : 3280 millions d'euros échangés

TOKYO18/7 : 894 millions d'euros échangés

PARIS17/7 : 210 millions d'euros échangés

NEW YORK

Achat Vente

...............7,4303...........7,4308 . ...............7,3750...........7,3800 ..............9,2677...........9,2707 .............29,6176.........30,1326 ................1,8253...........1,8263 ...................1,5483...........1,5509 ................7,8472...........7,8522 -...............2,0891...........2,0925 ..............245,3878 ......246,2906 .................33037,0000..33103,0000 ...................................31,7515.........31,7742

TAUX

MARCHÉS A TERME LE 18/7, 9h45

Taux de base bancaire..................................6,60 %Taux des oblig. des sociétés privées .........5,40 %Taux d'intérêt légal.......................................4,26 %

Crédit immobilier à taux fixetaux effectif moyen ......................................6,05 %usure ................................................................8,07 %Crédit immobilier à taux variabletaux effectif moyen ......................................6,04 %usure ................................................................8,05 %Crédit consommation (- de 1 524 euros)taux effectif moyen ....................................17,35 %usure ..............................................................23,13 %Crédit renouvelable, découvertstaux effectif moyen ....................................13,98 %usure ..............................................................18,64 %Crédit consommation (+ de 1 524 euros)taux effectif moyen ......................................8,70 %usure ..............................................................11,60 %

Crédit aux entreprises (+ de 2ans)moyenne taux variable ................................5,76 %usure taux variable .......................................7,68 %moyenne taux fixe ........................................6,31 %usure taux fixe...............................................8,41 %

(Taux de l’usure : taux maximum légal)

OR MÉTAUX

Les marchéss’offrentun répit

Les professionnels de la presse signentun plan d’aide aux kiosques parisiens

Un comité de pilotage sera chargé de réfléchirà une réforme de la profession d’ici à mars 2003

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pourl'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.n/d : valeur non disponible.

ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa-gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem-bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE(Belgique), GR (Grèce).HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE(Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark).

COURS DE L'EURO

TAUX COURANTS

DENRÉES

PÉTROLE

LES INDICES boursiers se sontrepris mercredi 17 juillet. A NewYork, après sept séances consécuti-ves de baisse, le Dow Jones a termi-né sur une hausse de 0,82 %, à8 542,48 points. L’indice Nasdaq,riche en valeurs de technologie, aprogressé de 1,60 %, à1 397,25 points. Plus représentatifde la tendance générale, l’indiceStandard & Poor’s 500 a gagné0,55 %, à 906,04 points. Les mar-chés américains ont salué les pro-gressions de grandes valeurs com-me Coca-Cola, Ford, Motorola,Citigroup, JP Morgan ou UnitedTechnologies, qui ont annoncédes résultats trimestriels meilleursque prévu, rassurant les investis-seurs.

Entraînées par les valeurs detechnologie et par Wall Street, lesindices européens ont poursuivileur rebond dans la journée demercredi. Composé des 50 premiè-res valeurs de la zone euro, l’EuroStoxx 50 a progressé de 3,9 %, à2 819,63 points. A Paris, l’indiceCAC 40 a terminé en forte haussede 3,71 %, à 3 440,88 points. LeFootsie de Londres a gagné4,19 %, à 4 190,60 points, tandisque le DAX allemand a augmentéde 2,89 %, à 4 092,82 points.

A la Bourse de Tokyo, l’indiceNikkei a gagné, jeudi 18 juillet,1,96 %, à 10 498,26 points.

J F M A M J J

EURO à 6 mois EURO à 5 jours

0.86

0.88

0.91

0.93

0.96

0.99

2002

1.0066

0.9890

0.9982

0.9936

1.0028

1.0074

1.0120

11 17Juillet

SUEZ a annoncé, mercredi17 juillet, la vente de sa participa-tion de 25 % dans le bouquet numé-rique TPS. Après des mois de tergi-versations puis de négociations,TF1 et M6, les deux autres action-naires de la plate-forme, ont ache-té la part détenue par le groupe deGérard Mestrallet. Au terme de cet-te opération, TF1 contrôle 66 % deTPS, tandis que M6 obtient laminorité de blocage, avec 34 %.TF1 et M6 auraient déboursé « unmontant plus faible, bien que pastrès éloigné de celui versé par TF1lors de la sortie de France Télécomet France Télévision » du capital deTPS à la fin de 2001, signale un pro-che de la transaction. La Une avaitalors versé 195 millions d’euros (LeMonde du 29 décembre 2001).

Dans les faits, Suez aurait reçu

160 millions d’euros payés, par TF1et M6, au prorata de leur participa-tion respective, soit 102,4 millionsd’euros pour TF1 et 57,6 millionspour M6. Lancé en décembre 1996,TPS rassemble 1,15 million d’abon-

nés. Le bouquet prévoit d’atteindrel’équilibre en 2003.

Avec cette acquisition, TF1 etM6 renforcent leur collaboration,débutée sur TPS il y a six ans etpoursuivie par le lancement, àparts égales, de la chaîne minigéné-raliste TF6 en 2000. Après TPS, lesdeux chaînes visent la prise de con-trôle de son concurrent CanalSatel-lite. TF1 et M6 s’activent aussi pourprendre le contrôle opérationnelde Canal+, au côté d’un actionnairede référence tel que le groupePathé.

TF1 et M6 ne devraient pas cham-bouler les instances de direction deTPS. La création d’une structureavec directoire et conseil de sur-veillance n’est pas à l’étude. Toute-fois, le retrait de Suez a provoquéle départ de Jacques Espinasse. Ledirecteur général de TPS, issu deSuez, a quitté ses fonctions pourdevenir directeur général adjointchargé des finances de Vivendi Uni-versal. Il y remplace GuillaumeHannezo (Le Monde du 13 juillet).

Guy Dutheil

LES KIOSQUES de presse déser-tent les rues parisiennes : selon laprofession, leur nombre est passéde 370 à 310 sur ces trois dernièresannées. Un constat préoccupant,qui a poussé un groupe d’éditeurs(dont Le Monde) à interpeller la Vil-le de Paris, laquelle s’est saisie dudossier après avoir entendu toutesles parties concernées. Mardi16 juillet, des éditeurs, des messa-geries de presse (NMPP, MLP etTransports Presse), des représen-tants de kiosquiers, l’Administra-tion d’affichage et de publicité(AAP, la société qui gère les kios-ques en vertu d’une concession dela Ville) et la Ville de Paris ont para-phé un protocole d’accord destinéà relancer un mode de distributionmajeur de la presse dans la capita-le. Les ventes en kiosques représen-tent en effet plus du tiers des ven-tes de quotidiens à Paris.

Afin d’arrêter la fermeture deskiosques, le texte prévoit en pre-mier lieu un plan d’urgence desti-né aux édicules les plus en difficul-té. D’octobre 2002 à mars 2003, leskiosquiers qui perçoivent moinsde 45 000 euros annuels de com-mission de presse bénéficierontd’une aide globale de750 000 euros, sous la forme desubventions ou d’allégements deredevance octroyés par les coopé-ratives de presse, les messageries

de presse, l’AAP et la Ville deParis. Un subside « qui se veutexceptionnel et limité », préciseMichel Baumann au Conseil supé-rieur des messageries de la presse.

Le protocole d’accord com-

prend en effet un second volet àplus long terme, qui entend jeterles bases d’une rénovation du sys-tème actuel. Pour revaloriser laprofession, dont la désaffections’explique notamment par des con-ditions de travail souvent pénibles(horaires contraignants, kiosquesvétustes), les professionnels sou-haitent poursuivre la modernisa-tion des lieux de vente. L’AAPdevrait ainsi installer une cinquan-taine de kiosques « nouvelle géné-ration », plus confortables, d’ici àjuillet 2003. Ces installations s’ac-compagneront d’une redéfinitionde la cartographie parisienne deskiosques, « afin d’adapter le réseauà la circulation du Paris d’aujour-d’hui », précise-t-on à la Ville.L’objectif affiché est de dévelop-per le réseau « au plus près du nom-bre prévu par la concession faitepar la Ville de Paris à l’AAP, soit 430kiosques ».

La revalorisation de la profes-sion passe aussi par une évolutiondu système d’administration desgérants de kiosques. Une question

qui concerne, d’une part, le statutdes kiosquiers, qui a besoin d’êtreprécisé (pas de 35 heures, revenusirréguliers proportionnels aux ven-tes qui font que certains viventtrès bien et d’autres sont à la pei-ne…), et, d’autre part, le problèmede l’approvisionnement.

Aujourd’hui, la distribution dechaque titre est décidée par lessociétés de messagerie de presse,sans tenir compte de l’avis des ven-deurs. Or, ces derniers se plaignentd’être perpétuellement encombréspar les invendus. L’objectif estd’ajuster l’offre à la demande enfonction des ventes réelles obser-vées par chaque kiosquier. Danschacune des sociétés de message-rie, une cellule va être mise en pla-ce pour faire l’interface entre leséditeurs et les kiosquiers à ceteffet. L’opération sera d’abord réa-lisée sur un échantillon de kios-ques et pour une période test dequelques mois.

En mars 2003, tous les acteursdu dossier doivent se réunir pourfaire le point. D’ici là, un comité depilotage, composé de représen-tants de toutes les parties ainsique du Conseil supérieur des mes-sageries de presse et de la Commis-sion professionnelle des kios-quiers, suivra le dossier avec pourobjectif de formuler des proposi-tions sur les diverses questions.

E N T R E P R I S E S

TF1 et M6 se partagentles 25 % de Suez dans

le bouquet numérique TPSLes deux chaînes renforcent leur collaboration

Page 15: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/15

PREMIER MARCHÉVALEURS FRANCAISESJeudi 18 juillet 9h30Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

VALEURS INTERNATIONALES ZONE EUROALTADIS...............................◗.......20,12 .......19,87 .......1,26 .......5,45 ..........24,63.......17,55 .....0,28 ...12975AMADEUS PRIV. A .............◗ .........5,75 .........5,30 .......8,49....-12,48 ............8,44 .........4,63 .....0,05 ...12823ARCELOR..............................◗.......13,61 .......13,61.........n/d.........n/d ..........16,69.......13,41.......n/d......5786B.A.S.F. # .............................◗.......41,71 .......41,05 .......1,61 ......-1,37 ..........49,90.......40,10 .....1,03 ...12807BAYER #...............................◗.......29,99 .......29,65 .......1,15....-14,58 ..........40,52.......28,00 .....0,71 ...12806COMPLETEL EUROPE .........◗ .........0,17 .........0,16 .......6,25....-85,34 ............1,30 .........0,10.......n/d......5728DEUTSCHE BANK #............◗.......66,00 .......64,90 .......1,69....-16,82 ..........82,60.......61,10 .....1,03 ...12804DEXIA...................................◗.......13,48 .......13,35 .......0,97....-16,79 ..........18,95.......12,81 .....0,36 ...12822EADS(EX-AERO.MAT.) .......◗.......15,98 .......15,94 .......0,25 .....17,15 ..........18,45.......12,52 .....0,38......5730EQUANT N.V.......................◗ .........7,40 .........7,33 .......0,95....-45,02 ..........14,95 .........4,03.......n/d ...12701EURONEXT N.V ..................◗.......20,00 .......20,00.........n/d ......-5,88 ..........25,00.......17,80 .....0,26......5777GEMPLUS INTL ...................◗ .........1,33 .........1,30 .......2,31....-53,16 ............3,08 .........1,13.......n/d......5768NOKIA A ..............................◗.......14,45 .......14,35 .......0,70....-49,65 ..........30,32.......11,62 .....0,27......5838ROYAL DUTCH # ................◗.......46,20 .......46,36......-0,35....-18,44 ..........63,15.......43,00 .....0,72 ...13950ROYAL PHILIPS 0.20...........◗.......25,24 .......24,69 .......2,23....-23,70 ..........36,07.......22,38 .....0,27 ...13955SIEMENS # ..........................◗.......59,50 .......57,95 .......2,67....-19,70 ..........79,75.......52,00 .....0,74 ...12805STMICROELECTRONICS .....◗.......25,45 .......25,49......-0,16....-29,40 ..........39,70.......21,50 .....0,03 ...12970TELEFONICA #.....................◗ .........9,80 .........9,43 .......3,92....-32,78 ..........15,32 .........7,52 .....0,28 ...12811UNILEVER NV # ..................◗.......57,05 .......57,05.........n/d....-13,42 ..........72,40.......54,00 .....0,80 ...13953

VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EUROERICSSON #.........................◗ .........1,60 .........1,58 .......1,27....-73,59 ............6,69 .........1,37 .....0,04 ...12905GENERAL ELECT. # .............◗.......28,10 .......27,54 .......2,03....-39,09 ..........47,80.......27,00 .....0,16 ...12943HSBC HOLDINGS................◗.......11,01 .......11,45......-3,84....-17,34 ..........14,10.......10,36 .....0,33 ...12976I.B.M # .................................◗.......70,35 .......69,10 .......1,81....-49,67........141,90.......66,00 .....0,14 ...12964KINGFISHER SICO...............◗ .........3,23 .........3,11 .......3,86....-33,40 ............5,27 .........2,73 .....0,12 ...22046MERCK AND CO #..............◗.......43,90 .......44,04......-0,32....-35,25 ..........73,20.......42,33 .....0,32 ...12909NESTLE SA NOM. # ............◗ ....217,60.....215,30 .......1,07 ......-8,95........272,90 ....213,00 .....2,84 ...13911PHILIP MORRIS #................◗.......44,00 .......43,42 .......1,34....-16,19 ..........62,25.......41,10 .....0,50 ...12928SCHLUMBERGER #.............◗.......41,70 .......42,49......-1,86....-34,74 ..........70,95.......40,48 .....0,20 ...12936SONY CORP. # ....................◗ ..........n/d .......48,10.........n/d ......-6,78 ..........65,45.......46,31 .....0,13 ...12903

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ACCOR..............................◗ ......34,60 .......34,39 .......0,61....-15,25 ..........49,00.......32,30 .....1,05 ...12040AFFINE ..........................................38,99 .......38,99.........n/d .......5,66 ..........40,05.......30,34 .....1,40......3610AGF.......................................◗.......39,81 .......39,99......-0,45....-26,14 ..........58,50.......37,03 .....2,00 ...12592AIR FRANCE GPE NOM......◗.......14,60 .......14,46 .......0,97....-11,19 ..........21,19.......14,00 .....0,22......3112AIR LIQUIDE ........................◗ ....142,10.....140,10 .......1,43 .......1,56........160,00 ....133,15 .....3,20 ...12007ALCATEL A ...........................◗ .........7,24 .........6,90 .......4,93....-62,29 ..........21,62 .........5,43 .....0,16 ...13000ALCATEL O ............................ .........1,68 .........1,65 .......1,82....-78,23 ............9,62 .........1,61 .....0,10 ...13015ALSTOM...............................◗.......11,36 .......11,17 .......1,70 ......-2,73 ..........15,24 .........9,20 .....0,55 ...12019ALTRAN TECHNO. #...........◗.......24,98 .......24,80 .......0,73....-50,77 ..........66,40.......18,90 .....0,20......3463ARBEL# .................................. .........3,16 .........3,13 .......0,96 .......1,93 ............7,50 .........2,92 .....0,53......3588AREVA CIP............................. ....174,00.....173,90 .......0,06 .......9,09........201,00 ....160,00 .....6,20......4524ASF .......................................◗.......25,71 .......25,35 .......1,42.........n/d ..........28,20.......25,00.......n/d ...18415ATOS ORIGIN......................◗.......53,00 .......52,70 .......0,57....-27,94 ..........94,40.......47,71.......n/d......5173AVENTIS ..............................◗.......64,40 .......63,25 .......1,82....-19,24 ..........85,95.......58,00 .....0,58 ...13046AXA ......................................◗.......14,45 .......14,09 .......2,56....-38,43 ..........26,09.......13,03 .....0,56 ...12062BACOU DALLOZ ................... ..........n/d.....100,00.........n/d .....13,63........138,00.......83,30 .....0,90......6089BAIL INVESTIS.CA................. ....134,00.....135,20......-0,89 .....10,65........147,00 ....122,50 .....7,58 ...12018BEGHIN SAY........................◗.......36,80 .......36,80.........n/d ......-9,80 ..........45,90.......36,52 .....1,70......4455BIC........................................◗.......34,89 .......34,25 .......1,87 ......-9,04 ..........44,66.......33,10 .....0,36 ...12096BNP PARIBAS......................◗.......45,45 .......47,25......-3,81 ......-9,55 ..........61,85.......42,81 .....1,20 ...13110BOLLORE..............................◗ ....235,50.....235,50.........n/d ......-1,95........262,00 ....230,00 .....3,00 ...12585BOLLORE INV...............................43,50 .......43,20 .......0,69....-15,28 ..........55,00.......43,00 .....0,25......3929BONGRAIN............................ ..........n/d .......48,45.........n/d .......7,66 ..........59,80.......41,70 .....1,45 ...12010BOUYGUES..........................◗.......25,68 .......25,17 .......2,03....-30,21 ..........38,95.......23,70 .....0,36 ...12050BOUYGUES OFFS................◗ ..........n/d .......60,00.........n/d .....49,81 ..........60,00.......38,60 .....1,10 ...13070BULL#...................................◗ .........0,44 .........0,43 .......2,33....-64,22 ............1,36 .........0,40.......n/d......5260BURELLE (LY)................................67,00 .......67,00.........n/d .....34,99 ..........68,00.......49,63 .....0,60......6113BUSINESS OBJECTS............◗.......25,35 .......25,76......-1,59....-32,49 ..........51,00.......22,50.......n/d ...12074CANAL + ..............................◗ .........3,85 .........3,84 .......0,26 .......7,54 ............3,90 .........3,43 .....0,18 ...12546CAP GEMINI ........................◗.......36,60 .......37,04......-1,19....-54,87 ..........90,70.......31,50 .....0,40 ...12533CARBONE-LORRAINE .........◗.......28,34 .......27,45 .......3,24 ......-5,53 ..........39,48.......26,10 .....0,80......3962CARREFOUR ........................◗.......46,72 .......45,74 .......2,14....-20,00 ..........58,80.......40,99 .....0,56 ...12017CASINO GUICH.ADP ...................55,85 .......55,20 .......1,18....-10,64 ..........67,30.......51,05 .....1,58 ...12113CASINO GUICHARD ...........◗.......76,05 .......76,55......-0,65....-12,23 ..........89,90.......71,00 .....1,54 ...12558CASTORAMA DUB.(LI) .......◗.......65,85 .......65,80 .......0,08 .....13,82 ..........68,50.......54,25 .....0,76 ...12420CEGID (LY)....................................58,50 .......58,50.........n/d....-25,33 ..........90,50.......52,70 .....2,30 ...12470CEREOL ................................◗.......30,85 .......30,60 .......0,82 .......8,43 ..........36,40.......28,00 .....0,65......4456CERESTAR............................◗ ..........n/d .......30,00.........n/d ......-2,59 ..........33,06.......30,00.......n/d......4457CFF.RECYCLING ...........................44,00 .......45,90......-4,14 .....10,00 ..........49,88.......38,50 .....2,08......3905CHARGEURS ......................... ..........n/d .......26,50.........n/d .......6,04 ..........30,66.......22,34 .....3,00 ...13069CHRISTIAN DIOR ................◗.......35,15 .......33,96 .......3,50 .......1,97 ..........47,63.......29,81 .....0,50 ...13040CIC -ACTIONS A ................... ....128,80.....129,00......-0,16 .......6,88........135,00 ....118,70 .....2,36 ...12005CIMENTS FRANCAIS...........◗.......49,25 .......49,00 .......0,51 .......2,60 ..........53,50.......46,20 .....1,40 ...12098CLARINS...............................◗.......51,35 .......50,25 .......2,19....-19,00 ..........72,50.......50,25 .....0,65 ...13029CLUB MEDITERRANEE .......◗.......30,75 .......30,79......-0,13....-25,00 ..........56,40.......29,00 .....1,00 ...12156CNP ASSURANCES .............◗.......37,82 .......37,10 .......1,94 .......5,93 ..........43,98.......33,60 .....1,39 ...12022COFACE SVN CA.................◗ ..........n/d .......60,10.........n/d .....26,79 ..........64,00.......46,40 .....1,47 ...12099COFLEXIP............................... ..........n/d.....109,00.........n/d....-31,44........172,00 ....100,40 .....0,31 ...13064COLAS.................................... ..........n/d .......71,80.........n/d .....13,33 ..........75,95.......62,00 .....2,80 ...12163CONTIN.ENTREPR. ............... ..........n/d .......42,05.........n/d ......-5,92 ..........46,90.......38,02 .....0,70......3664CREDIT AGRICOLE ..............◗.......20,99 .......20,89 .......0,48 .....17,98 ..........24,70.......17,58 .....0,55......4507CRED.FON.FRANCE .....................16,17 .......16,34......-1,04 .....11,21 ..........16,70.......13,05 .....0,40 ...12081CREDIT LYONNAIS .............◗.......42,01 .......42,21......-0,47 .....12,02 ..........48,80.......36,14 .....0,75 ...18420CS COM.ET SYSTEMES ........ .........8,25 .........8,01 .......3,00 ......-0,60 ..........12,25 .........7,60.......n/d......7896DANONE ..............................◗ ....126,30.....126,20 .......0,08 ......-7,81........150,40 ....122,30 .....2,06 ...12064DASSAULT-AVIATION.......... ....364,90.....364,00 .......0,25 .....15,11........425,00 ....284,90 .....6,50 ...12172DASSAULT SYSTEMES........◗.......37,36 .......37,39......-0,08....-30,81 ..........59,40.......33,20 .....0,33 ...13065DEV.R.N-P.CAL LI # .....................14,60 .......15,00......-2,67 .......1,38 ..........16,90.......13,00 .....0,55 ...12423DEVEAUX(LY)# ............................70,00 .......68,55 .......2,12....-13,04 ..........78,00.......65,00 .....3,00......6100DIDOT-BOTTIN ..................... ..........n/d .......78,75.........n/d .....29,09 ..........88,00.......61,10 .....2,74......3747DMC (DOLLFUS MI) ............. .........6,65 .........6,30 .......5,56....-11,21 ..........11,48 .........5,80 .....0,61 ...12133DYNACTION.................................28,00 .......28,00.........n/d .......4,08 ..........32,40.......25,41 .....0,50 ...13035EIFFAGE ...............................◗.......86,60 .......86,90......-0,35 .....26,60 ..........97,40.......68,80 .....2,10 ...13045ELECT.MADAGASCAR .................23,90 .......23,20 .......3,02 .......6,22 ..........24,95.......19,60.......n/d......3571ELIOR SVN SCA...................◗ .........7,60 .........7,50 .......1,33 ......-5,70 ............9,88 .........6,50 .....0,07 ...12127ENTENIAL(EX CDE)......................30,07 .......30,00 .......0,23 .....18,61 ..........35,89.......25,35 .....0,54 ...12093ERAMET........................................32,50 .......32,10 .......1,25 ......-6,06 ..........39,80.......30,00 .....0,60 ...13175ESSILOR INTL ......................◗.......36,78 .......36,32 .......1,27 .......8,33 ..........45,57.......31,20 .....0,41 ...12166ESSO..............................................83,10 .......83,30......-0,24 .......3,61 ..........96,80.......79,50 .....3,25 ...12066EULER ET HERMES .............◗.......31,95 .......31,40 .......1,75....-22,75 ..........46,13.......31,02 .....1,40 ...12130EURAZEO.............................◗ ..........n/d .......43,61.........n/d....-28,39 ..........60,80.......42,10 .....1,00 ...12112EURO DISNEY SCA .............◗ .........0,68 .........0,66 .......3,03....-22,72 ............1,21 .........0,59.......n/d ...12587EUROTUNNEL .....................◗ .........0,88 .........0,87 .......1,15....-22,12 ............1,18 .........0,84.......n/d ...12537

FAURECIA ............................◗.......38,75 .......38,10 .......1,71....-34,32 ..........61,40.......36,11 .....0,91 ...12114F.F.P. (NY) ............................◗ ....102,00.....102,00.........n/d .......5,10........132,50.......94,20 .....2,20......6478FIMALAC..............................◗.......40,50 .......40,78......-0,69 .......0,49 ..........50,50.......39,56 .....1,40......3794FINAXA .........................................62,30 .......62,20 .......0,16....-21,28........107,50.......58,50 .....2,24......3313FONC.LYON.# ..............................28,88 .......28,99......-0,38 .......8,16 ..........32,60.......25,20 .....1,00......3340FRANCE TELECOM ..............◗.......15,14 .......14,51 .......4,34....-66,28 ..........48,16 .........8,60 .....1,00 ...13330FROMAGERIES BEL............... ..........n/d.....111,00.........n/d .....11,05........120,00.......91,80 .....2,22 ...12185GALERIES LAFAYETTE ........◗ ....128,00.....129,00......-0,78....-16,28........168,90 ....123,10 .....0,90 ...12124GAUMONT # ........................ ..........n/d .......48,80.........n/d .....18,44 ..........53,70.......39,00 .....0,57......3489GECINA ................................◗.......96,00 .......96,05......-0,05 .......4,91........104,00.......90,00 .....3,60 ...13151GENERALE DE SANTE .................15,89 .......15,32 .......3,72 .....10,65 ..........17,85.......13,71.......n/d......4447GEOPHYSIQUE....................◗.......36,00 .......36,30......-0,83 .......2,12 ..........50,05.......33,02 .....1,22 ...12016GFI INFORMATIQUE ..........◗ .........6,81 .........6,61 .......3,03....-43,48 ..........13,34 .........6,11 .....0,15......6337GRANDVISION CA# ...........◗.......16,70 .......16,80......-0,60 .......9,50 ..........20,10.......15,05 .....0,30......5297GROUPE GASCOGNE..................75,70 .......75,00 .......0,93 .......2,02 ..........86,00.......67,75 .....2,70 ...12441GROUPE PARTOUCHE #.............82,00 .......82,00.........n/d .....10,43 ..........84,20.......63,00 .....0,80......5354GR.ZANNIER (LY).................. ..........n/d .......90,25.........n/d .....14,82 ..........91,00.......72,00 .....0,73 ...12472GUYENNE GASCOGNE ......◗.......83,85 .......81,90 .......2,38 ......-1,35 ..........92,95.......79,00 .....1,70 ...12028HAVAS .................................◗ .........5,59 .........5,46 .......2,38....-31,24 ..........11,00 .........5,16 .....0,17 ...12188IMERYS ................................◗ ....124,20.....125,00......-0,64 .....15,21........139,00.......98,00 .....3,70 ...12085IMMEUBLES DE FCE............. ..........n/d .......22,06.........n/d .......0,27 ..........25,00.......19,80 .....0,30 ...12037IMMOBANQUE NOM. ......... ..........n/d.....127,00.........n/d.........n/d........132,50 ....118,00 .....7,92......5793INFOGRAMES ENTER. ........◗ .........4,55 .........4,50 .......1,11....-64,86 ..........15,98 .........3,20.......n/d......5257INGENICO............................◗.......16,95 .......16,85 .......0,59....-17,47 ..........25,90.......15,20 .....0,15 ...12534JC DECAUX..........................◗.......11,33 .......10,70 .......5,89 ......-9,72 ..........15,40.......10,00.......n/d......7791KAUFMAN ET BROAD ................20,40 .......20,99......-2,81 .....23,63 ..........23,63.......16,21 .....0,92 ...12105KLEPIERRE............................◗ ....120,00.....120,00.........n/d .....11,83........134,60 ....108,20 .....3,10 ...12196LAFARGE..............................◗.......93,95 .......95,35......-1,47....-10,43........111,20.......90,00 .....2,30 ...12053LAGARDERE.........................◗.......41,37 .......40,60 .......1,90....-11,97 ..........54,85.......39,50 .....0,82 ...13021LEBON (CIE) .................................55,10 .......55,00 .......0,18 .......9,76 ..........59,00.......48,75 .....2,30 ...12129LEGRAND ORD. .................... ....133,80.....129,10 .......3,64 ......-7,08........180,00 ....122,10 .....0,93 ...12061LEGRAND ADP...................... ....102,00.....101,70 .......0,29....-17,74........143,20 ....101,10 .....1,49 ...12528LEGRIS INDUST...................◗.......21,90 .......21,65 .......1,15 ......-0,45 ..........25,39.......18,20 .....0,70 ...12590LIBERTY SURF ....................... .........3,00 .........3,00.........n/d .......5,26 ............3,80 .........2,90.......n/d......7508LOCINDUS............................. ....128,00.....128,00.........n/d .......1,58........143,90 ....120,00 .....8,76 ...12135L'OREAL ...............................◗.......71,45 .......70,60 .......1,20....-11,68 ..........88,30.......67,00 .....0,54 ...12032LOUVRE #.....................................62,90 .......62,80 .......0,16 .......0,15 ..........83,40.......59,55 .....1,30......3311LUCIA..................................... ..........n/d .......13,45.........n/d .......3,46 ..........14,13.......10,42 .....1,83......3630LVMH MOET HEN. .............◗.......45,15 .......43,40 .......4,03 ......-1,20 ..........61,60.......38,50 .....0,53 ...12101MARIONNAUD PARFUM...◗.......43,20 .......42,50 .......1,65....-20,58 ..........57,60.......40,50.......n/d......6494MATUSSIERE FOREST. ......... .........7,50 .........7,50.........n/d....-15,63 ............9,85 .........7,05 .....0,22......6057MAUREL ET PROM......................20,44 .......19,99 .......2,25 .....31,87 ..........24,99.......15,10 .....0,91......5107METALEUROP ....................... ..........n/d .........2,65.........n/d....-13,96 ............4,90 .........2,52 .....0,61 ...12038MICHELIN ............................◗.......36,64 .......36,25 .......1,08 ......-1,10 ..........45,05.......34,70 .....0,85 ...12126MONTUPET SA ............................12,55 .......12,98......-3,31 .....20,32 ..........16,40.......10,50 .....0,17......3704WENDEL INVEST. ...............◗.......24,15 .......23,60 .......2,33.........n/d ..........36,40.......22,50 .....2,20 ...12120NATEXIS BQ POP................◗.......83,40 .......83,30 .......0,12....-13,93 ..........97,50.......82,50 .....2,50 ...12068NEOPOST.............................◗.......37,10 .......36,65 .......1,23 .....13,38 ..........44,50.......32,31.......n/d ...12056NEXANS...............................◗.......18,84 .......18,69 .......0,80 .....16,22 ..........24,90.......16,25 .....0,43......4444NORBERT DENTRES. ...................28,60 .......28,91......-1,07 .....27,96 ..........29,69.......21,52 .....0,60......5287NORD-EST ............................. ..........n/d .......22,80.........n/d....-15,83 ..........27,90.......22,00 .....0,40 ...12055NRJ GROUP .........................◗.......17,80 .......16,82 .......5,83....-14,99 ..........26,00.......14,80 .....0,28 ...12169OBERTHUR CARD SYS. ......◗ .........2,85 .........2,75 .......3,64....-68,15 ............9,40 .........2,35.......n/d ...12413ORANGE ..............................◗ .........5,11 .........5,05 .......1,19....-49,80 ..........10,74 .........4,19.......n/d......7919OXYG.EXT-ORIENT......................81,00 .......77,50 .......4,52 .....14,40 ..........85,20.......70,20 ...15,50......3117PECHINEY ACT ORD A .......◗.......45,82 .......46,49......-1,44....-20,86 ..........63,80.......43,66 .....1,00 ...13290PECHINEY B PRIV. .......................45,40 .......44,50 .......2,02....-16,54 ..........59,60.......42,10 .....1,79......3640PENAUILLE POLY.# .............◗.......18,30 .......18,10 .......1,10....-53,67 ..........45,59.......16,56 .....0,28......5338PERNOD-RICARD................◗.......86,60 .......85,20 .......1,64 ......-0,45........105,40.......82,75 .....1,00 ...12069PEUGEOT .............................◗.......45,45 .......44,00 .......3,30 ......-4,81 ..........60,80.......42,30 .....1,15 ...12150PINAULT-PRINT.RED. .........◗.......84,50 .......83,45 .......1,26....-41,56........154,69.......75,60 .....2,30 ...12148PLASTIC OMN.(LY) ......................75,00 .......74,95 .......0,07 .....27,11 ..........96,00.......59,05 .....1,20 ...12457PROVIMI ..............................◗.......21,10 .......21,30......-0,94 ......-1,03 ..........24,70.......19,25 .....0,20......4458PSB INDUSTRIES LY ....................82,95 .......83,00......-0,06 ......-7,31 ..........92,70.......79,50 .....3,80......6032PUBLICIS GR. SA #..............◗.......24,48 .......24,35 .......0,53....-17,71 ..........39,90.......22,49 .....0,22 ...13057REMY COINTREAU .............◗.......30,95 .......30,99......-0,13 .....24,44 ..........35,00.......24,87 .....0,90 ...13039RENAULT .............................◗.......43,23 .......41,99 .......2,95 .......9,13 ..........57,45.......38,65 .....0,92 ...13190REXEL ...................................◗.......54,00 .......53,90 .......0,19....-18,11 ..........75,40.......51,70 .....2,22 ...12595RHODIA ...............................◗ .........8,90 .........8,70 .......2,30 ......-0,89 ..........12,40 .........8,11 .....0,12 ...12013ROCHETTE (LA)............................11,13 .......11,09 .......0,36....-98,35 ..........12,35.......10,54.......n/d ...12580ROUGIER #...................................59,90 .......59,95......-0,08 .......4,99 ..........66,50.......57,00 .....3,00......3764ROYAL CANIN .....................◗ ..........n/d.....144,60.........n/d .......7,50........144,80 ....133,20 .....1,10......3153RUE IMPERIALE (LY)............. ..........n/d.....133,90.........n/d....-13,61........182,00 ....117,20 ...21,19 ...12400SADE (NY) ............................. ..........n/d .......53,00.........n/d .....15,21 ..........57,50.......45,20 .....2,80 ...12431SAGEM S.A..........................◗.......64,50 .......64,30 .......0,31 ......-6,18 ..........75,50.......56,15 .....0,60......7327SAINT-GOBAIN ...................◗.......40,93 .......40,33 .......1,49 ......-3,39 ..........49,05.......38,75 .....4,50 ...12500SALVEPAR (NY)............................55,00 .......55,05......-0,09 .......9,45 ..........58,10.......50,10 .....1,50 ...12435SANOFI SYNTHELABO .......◗.......58,20 .......57,00 .......2,11....-30,54 ..........84,30.......51,90 .....0,66 ...12057

SCHNEIDER ELECTRIC ........◗.......44,21 .......44,18 .......0,07....-18,12 ..........59,85.......43,26 .....1,60 ...12197SCOR SVN ...........................◗.......25,70 .......25,30 .......1,58....-27,42 ..........46,80.......24,35 .....0,30 ...13030S.E.B. ....................................◗.......84,90 .......85,85......-1,11 .....35,51 ..........96,05.......61,00 .....2,00 ...12170SEITA.............................................55,15 .......57,50......-4,09 .....14,41 ..........58,00.......45,10 .....0,10 ...13230SELECTIBAIL(EXSEL) ....................17,01 .......17,40......-2,24 .......6,84 ..........18,50.......15,80 .....1,48 ...12599SIDEL.............................................33,22 .......33,20 .......0,06....-33,56 ..........53,00.......30,15.......n/d ...13060SILIC ....................................... ....172,00.....171,60 .......0,23 .......9,69........189,00 ....151,00 .....7,10......5091SIMCO..................................◗.......81,95 .......81,55 .......0,49 .......5,74 ..........90,00.......76,10 .....2,80 ...12180SKIS ROSSIGNOL.................. .........9,70 .........9,70.........n/d....-33,01 ..........15,90 .........9,01 .....0,28 ...12041SOCIETE GENERALE............◗.......55,50 .......56,30......-1,42....-11,69 ..........81,40.......50,10 .....2,10 ...13080SODEXHO ALLIANCE .........◗.......29,55 .......29,34 .......0,72....-38,45 ..........49,70.......28,50 .....0,56 ...12122SOMFY (EX DAMART) ................95,00 .......94,85 .......0,16 .....41,87 ..........99,75.......66,04 .....3,80 ...12049SOPHIA ................................◗.......31,00 .......31,00.........n/d .......2,71 ..........32,98.......30,00 .....1,52 ...12077SOPRA GROUP CB# ...........◗.......38,00 .......38,21......-0,55 ......-1,96 ..........59,20.......32,00 .....0,80......5080SPIR COMMUNIC. #...........◗.......77,05 .......77,65......-0,77 ......-1,21 ..........91,00.......74,00 .....3,00 ...13173SR TELEPERFORMANCE .....◗.......21,42 .......21,00 .......2,00 ......-8,85 ..........29,68.......20,42 .....0,18......5180STERIA GROUPE #.......................14,20 .......14,15 .......0,35....-52,34 ..........38,80.......12,35 .....0,18......7291SUCR.PITHIVIERS.................. ....391,00.....388,00 .......0,77 .......1,50........445,00 ....361,10 ...12,00......3331SUEZ.....................................◗.......23,62 .......22,85 .......3,37....-30,52 ..........34,90.......20,10 .....0,71 ...12052TAITTINGER .......................... ..........n/d.....149,50.........n/d .....15,08........159,50 ....120,00 .....2,45......3720TECHNIP-COFLEXIP ............◗.......98,75 .......99,00......-0,25....-34,16........162,90.......96,40 .....3,30 ...13170TF1........................................◗.......25,56 .......24,91 .......2,61 ......-9,96 ..........36,88.......23,10 .....0,65......5490THALES ................................◗.......39,64 .......39,07 .......1,46 .......2,29 ..........46,20.......36,35 .....0,70 ...12132THOMSON MULTIMEDIA ..◗.......24,51 .......24,15 .......1,49....-28,95 ..........37,15.......20,40.......n/d ...18453TOTAL FINA ELF..................◗ ....145,20.....145,30......-0,07 ......-9,47........179,40 ....137,30 .....3,80 ...12027TRANSICIEL # ......................◗.......18,90 .......18,61 .......1,56....-45,51 ..........40,56.......16,20 .....0,55......6271UBI SOFT ENTERTAIN ........◗.......14,35 .......14,19 .......1,13....-61,73 ..........39,97.......11,75.......n/d......5447UNIBAIL (CA).......................◗.......65,00 .......64,00 .......1,56 .....13,93 ..........70,90.......54,00 .....1,70 ...12471UNILOG................................◗.......45,05 .......46,78......-3,70....-34,08 ..........90,00.......40,55 .....0,45......3466VALEO ..................................◗.......37,10 .......36,90 .......0,54....-17,18 ..........53,00.......35,62 .....0,70 ...13033VALLOUREC.........................◗.......58,75 .......58,90......-0,25 .....10,32 ..........71,40.......52,00 .....2,10 ...12035VINCI....................................◗.......64,30 .......64,00 .......0,47 ......-2,33 ..........74,90.......61,30 .....1,70 ...12548VIVARTE .......................................34,00 .......34,00.........n/d .......5,85 ..........36,00.......31,00 .....1,98 ...13041VIVENDI ENVIRON.............◗.......26,50 .......26,50.........n/d....-28,45 ..........38,76.......25,27 .....0,55 ...12414VIVENDI UNIVERSAL .........◗.......17,40 .......16,73 .......4,00....-71,70 ..........64,40.......13,90 .....1,00 ...12777WANADOO .........................◗ .........5,13 .........5,01 .......2,40 ......-8,88 ............6,70 .........4,34.......n/d ...12415WORMS & CIE NOM ..................17,00 .......17,08......-0,47....-12,82 ..........21,02.......16,91 .....0,56......6336ZODIAC................................◗.......23,82 .......24,11......-1,20 .....16,82 ..........28,85.......20,40 .....5,20 ...12568.........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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AGIPI ACTIONS 19,47 17/7 -27,07AGIPI AMBITION 22,27 17/7 -12,39

3615 BNPPARIBAS(0,34 ¤/min)

BNP ASSOC.PREMIERE 9947,29 17/7 1,67BNP EURIBOR ASSOC. 52886,70 17/7 1,80BNP MONE C.TERME 2550,08 17/7 1,68BNP MONE EURIBOR 18891,30 17/7 1,77BNP MONE PLACEM.C 13961,63 17/7 1,55BNP MONE TRESORE. 11395,18 17/7 -85,46Fonds communs de placementsBNP MONE ASSOCIAT. 1865,27 17/7 1,54

FRUCTI CAPI 114,43 17/7 1,92FRUCTI EURO PEA 184,79 16/7 -24,45FRUCTIDOR 38,01 17/7 -0,47FRUCTIFRANCE C 59,62 17/7 -27,49PLANINTER 309,29 16/7 -27,39Fonds communs de placementsBP CYCLEOEUROPECR. 65,72 16/7 -44,52BP CYCLEOEUROPECYC 91,74 16/7 -16,77BP CYCLEOEUROPEDEF 79,69 16/7 -21,78FRUCTI EURO 50 67,54 17/7 -31,38FRUCTI PROFIL 3 179,19 16/7 -3,85FRUCTI PROFIL 6 182,49 16/7 -11,57FRUCTI PROFIL 9 173,32 16/7 -19,90FRUCTI VAL. EURO. 76,27 17/7 -22,16

ECUR.1,2,3...FUTUR 37,55 17/7 -23,19ECUR.ACT.EUROP.C 13,14 17/7 -22,40ECUR.ACT.FUT.D/PEA 45,39 17/7 -25,82ECUR.CAPITAL.C 45,16 17/7 2,19ECUR.DYNAMIQUE + D 31,30 17/7 -23,96ECUR.ENERGIE D 34,21 17/7 -19,38ECUR.EXPANSION C 15103,78 17/7 1,82ECUR.EXPANSIONPLUS 42,95 16/7 1,32

ECUR.INVEST.D/PEA 38,50 17/7 -23,35ECUR.MONETAIRE C 227,59 17/7 1,33ECUR.MONETAIRE D 186,64 17/7 -0,23ECUR.OBLIG.INTER.C 173,78 17/7 -1,41ECUR.TECHNOLOGIESC 33,76 15/4 -13,52ECUR.TECHONOLGIESD 33,65 15/4 -14,96ECUR.TRIMESTR.D 272,74 17/7 -0,19EPARCOURT-SICAV D 27,84 17/7 -2,28GEOPTIM C 2409,85 17/7 3,00Fonds communs de placementsECUR.EQUILIBRE C 34,88 17/7 -6,40ECUR.VITALITE C 33,51 17/7 -15,93ECUREUIL PRUDENCEC 34,66 17/7 0,26ECUREUIL PRUDENCED 33,83 17/7 0,02NECTRA 2 C 963,13 17/7 -5,11NECTRA 2 D 963,13 17/7 -5,11NECTRA 5 C 874,48 17/7 -13,53NECTRA 5 D 874,48 17/7 -13,53NECTRA 8 C 779,35 17/7 -22,17NECTRA 8 D 779,35 17/7 -22,17

Multi-promoteursLIV.BOURSE INV.D 142,09 15/7 -21,61NORD SUD DEVELOP.C 519,27 15/7 0,22NORD SUD DEVELOP.D 382,12 15/7 -4,43

ATOUT CROISSANCE 308,62 17/7 -7,56ATOUT EUROPE 371,24 17/7 -25,44ATOUT FCE ASIE 59,44 17/7 -20,48ATOUT FRANCE C 143,73 17/7 -24,06ATOUT FRANCE D 127,82 17/7 -24,06ATOUT FRANCE EUR. 125,40 17/7 -26,76ATOUT FRANCE MONDE 32,85 17/7 -24,56ATOUT MONDE 37,78 17/7 -27,76ATOUT SELECTION 74,39 17/7 -26,08CA AM ACT. FRA. C 244,59 17/7 -24,29CA AM ACT. FRA. D 198,20 17/7 -25,36CA AM ACTIONS ASIE 16,01 17/7 -8,75CA AM ACTIONS USA 28,29 17/7 -31,10CA AM INDICIA EURO 76,51 16/7 -29,73CA AM INDICIA FRA. 253,67 16/7 -29,23CA AM OBLIG.INTER. 197,70 17/7 5,62CAPITOP EUROBLIG C 103,54 17/7 2,21CAPITOP EUROBLIG D 82,16 17/7 -1,69CAPITOP MONDOBLIG 47,35 17/7 5,20CAPITOP REVENUS 170,92 17/6 -1,39DIEZE 392,35 17/7 -10,96Fonds communs de placementsATOUT VALEUR 56,93 16/7 -24,26CA AM ACT. RESTR. 197,30 16/7 -23,39

CA AM ACT.FONC.EUR 93,07 17/7 1,50CA AM MASTER ACT. 30,40 15/7 -23,93CA AM MASTER DUO 12,04 15/7 -13,60CA AM MASTER OBL. 30,49 15/7 -1,03CA AM MASTER PEA 9,53 15/7 -22,04CAPITOP MONETAIREC 195,30 19/7 1,30CAPITOP MONETAIRED 185,15 19/7 1,30OPTALIS DYNAMIQUEC 14,92 16/7 -18,16OPTALIS DYNAMIQUED 13,79 16/7 -19,31OPTALIS EQUILIBREC 16,59 16/7 -10,73OPTALIS EQUILIBRED 14,88 16/7 -12,03OPTALIS EXPANSIONC 11,51 16/7 -20,84OPTALIS EXPANSIOND 11,04 16/7 -22,19OPTALIS SERENITE C 17,36 16/7 -2,95OPTALIS SERENITE D 15,11 16/7 -3,86PACTE SOLIDAR.LOG. 78,27 16/7 1,68PACTE VERT TIERS-M 83,36 16/7 1,68

EURCO SOLIDARITE 229,86 17/7 1,97MONELION JOUR C 499,37 16/7 1,40MONELION JOUR D 420,55 16/7 1,40SICAV 5000 116,33 17/7 -27,64SLIVAFRANCE 191,88 17/7 -30,39SLIVARENTE 38,26 16/7 -3,13SLIVINTER 111,23 17/7 -28,56TRILION 727,56 17/7 -2,70Fonds communs de placementsACTILION DYNAMI.C 143,37 16/7 -21,14ACTILION DYNAMI.D 132,10 16/7 -22,86ACTILION EQUIL.C 154,12 17/7 -11,51ACTILION EQUIL.D 140,95 17/7 -13,45ACTILION PEA DYNAM 52,92 17/7 -20,27ACTILION PEA EQUI. 142,07 17/7 -14,38ACTILION PRUDENCEC 171,07 16/7 -1,31ACTILION PRUDENCED 157,11 16/7 -2,74INTERLION 241,77 16/7 2,81LION ACTION EURO 67,20 17/7 -25,67LION PEA EURO 70,58 16/7 -22,85

CIC AMERIQ.LATINE 75,98 17/7 -33,90CIC CONVERTIBLES 4,94 17/7 -9,85CIC COURT TERME C 34,71 17/7 1,13CIC COURT TERME D 26,63 17/7 -1,87CIC DOLLAR CASH 1437,74 17/7 0,85CIC ECOCIC 268,30 17/7 -27,33CIC ELITE EUROPE 91,42 17/7 -30,73CIC EPARG.DYNAM.C 2090,05 17/7 0,67CIC EPARG.DYNAM.D 1562,01 17/7 -4,60CIC EUROLEADERS 276,28 17/7 -29,82CIC FINUNION 180,45 17/7 1,68

CIC FRANCE C 25,36 17/7 -28,70CIC FRANCE D 25,05 17/7 -29,57CIC MONDE PEA 20,30 17/7 -25,01CIC OBLI C T.D 140,81 17/7 -90,15CIC OBLI LONG T.C 15,73 17/7 1,68CIC OBLI LONG T.D 14,70 17/7 -3,79CIC OBLI M T.C 36,37 17/7 1,30CIC OBLI M T.D 26,40 17/7 -0,93CIC OBLI MONDE 129,43 17/7 -5,20CIC OR ET MAT 123,79 17/7 16,77CIC ORIENT 146,84 17/7 -7,19CIC PIERRE 34,62 17/7 1,85UNION AMERIQUE 337,63 14/6 -23,86Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORT. 21,59 17/7 -30,06CIC FRANCEVALOR C 26,91 17/7 -25,35CIC FRANCEVALOR D 26,91 17/7 -25,35CIC GLOBAL C 202,25 17/7 -16,69CIC GLOBAL D 202,25 17/7 -16,69CIC HIGH YIELD 375,25 12/7 -7,47CIC JAPON 7,02 17/7 -9,57CIC MARCHES EMERG. 93,35 12/7 -14,42CIC NOUVEAU MARCHE 3,47 17/7 -34,90CIC PEA SERENITE 170,05 12/7 0,03CIC PROF.DYNAMIQUE 18,88 16/7 -19,59CIC PROF.EQUILIB.D 16,08 16/7 -13,96CIC PROF.TEMPERE C 134,18 16/7 -1,19CIC TAUX VARIABLE 200,34 12/7 1,41CIC TECHNO.COM 43,29 17/7 -46,39CIC USA 12,50 17/7 -33,08CIC VAL.NOUVELLES 219,43 17/7 -22,79

CM EUR.TECHNOLOG. 2,67 17/7 -39,86CM EURO PEA C 15,97 17/7 -27,01CM FRANCE ACTIONSC 24,82 17/7 -28,57CM MID-ACT.FRA 27,25 17/7 -10,65CM MONDE ACTIONS C 225,59 17/7 -29,22CM OBLIG.CT C 167,67 17/7 1,33CM OBLIG.LONG T. 106,36 17/7 2,28CM OBLIG.MOYEN T.C 348,02 17/7 1,89CM OBLIG.QUATRE 164,42 17/7 0,21CM OPTION DYNAM.C 24,53 17/7 -21,04CM OPTION EQUIL.C 49,10 17/7 -8,78Fonds communs de placementsCM OPTION MODER. 19,06 17/7 -1,70

STRATEG.IND.EUROPE 147,38 16/7 -27,93Fonds communs de placementsSTRATEGIE CAC 4321,55 16/7 -27,46

STRATEGIE IND.USA 6473,05 16/7 -31,61

ADDILYS C 109,21 17/7 1,57ADDILYS D 105,97 17/7 -0,65AMPLITUDE AMERIQ.C 18,38 17/7 -29,60AMPLITUDE AMERIQ.D 17,56 17/7 -30,56AMPLITUDE EUROPE C 23,37 17/7 -27,73AMPLITUDE EUROPE D 21,96 17/7 -29,11AMPLITUDE FRANCE C 61,74 17/7 -22,26AMPLITUDE FRANCE D 60,75 17/7 -23,51AMPLITUDE MONDE C 167,81 17/7 -25,01AMPLITUDE MONDE D 149,00 17/7 -25,76AMPLITUDE PACIFI.C 14,71 17/7 -1,65AMPLITUDE PACIFI.D 13,87 17/7 -3,04ELANCIEL EUROD PEA 70,02 17/7 -26,12ELANCIEL FR.D PEA 28,56 17/7 -25,80EM.EUROPOSTE D PEA 21,54 17/7 -26,49ETHICIEL C 86,91 17/7 -12,92GEOBILYS C 125,11 17/7 2,77GEOBILYS D 112,91 17/7 1,73INTENSYS C 21,06 17/7 1,44INTENSYS D 17,37 17/7 -1,58KALEIS DYNAM.FCE C 64,43 17/7 -19,31KALEIS DYNAM.FCE D 63,73 17/7 -19,30KALEIS DYNAMISME C 182,65 17/7 -15,93KALEIS DYNAMISME D 176,49 17/7 -15,94KALEIS EQUILIBRE C 186,03 17/7 -7,91KALEIS EQUILIBRE D 179,00 17/7 -7,92KALEIS SERENITE C 185,25 17/7 -3,34KALEIS SERENITE D 177,89 17/7 -3,35KALEIS TONUS C 51,78 17/7 -25,82KALEIS TONUS D 51,15 17/7 -25,82LIBERT.ET SOLIDAR. 96,59 17/7 -4,16OBLITYS C 115,80 17/7 1,58OBLITYS D 112,23 17/7 0,02PLENITUDE D 34,08 17/7 -17,38POSTE GESTION C 2672,25 17/7 1,66POSTE GESTION D 2271,19 17/7 -2,52POSTE PREM. C 7256,21 17/7 1,63POSTE PREM.1AN C 43304,16 17/7 1,51POSTE PREM.2-3ANSC 9409,43 17/7 1,90PRIMIEL EURO C 51,01 17/7 -4,16PRIMIEL EURO D 50,14 17/7 -4,16REVENUS TRIMESTR.D 783,18 17/7 -0,77SOLSTICE D 361,65 17/7 -0,28THESORA C 192,47 17/7 1,41THESORA D 158,59 17/7 0,10TRESORYS 48551,94 17/7 1,81Fonds communs de placementsDEDIALYS FINANCE 62,58 17/7 -21,56DEDIALYS MULTI SEC 48,55 17/7 -21,05DEDIALYS SANTE 71,50 17/7 -22,19

DEDIALYS TECHNO. 19,09 17/7 -44,28DEDIALYS TELECOM 27,56 17/7 -41,77OBLITYS INSTIT.C 100,78 17/7 1,84POSTE EURO CREDIT 102,04 17/7 0,00POSTE EUROPE C 95,05 17/7 2,39POSTE EUROPE D 89,98 17/7 1,63POSTE PREM.8ANS C 204,10 17/7 2,42POSTE PREM.8ANS D 184,00 17/7 2,42REMUNYS PLUS 105,07 17/7 1,57

CADENCE 1 D 153,91 17/7 -1,76CADENCE 2 D 153,55 17/7 -0,63CADENCE 3 D 151,72 17/7 -0,73CONVERTIS C 201,41 17/7 -11,79INTEROBLIG C 59,38 17/7 0,05INTERSELECTION F.D 57,08 17/7 -23,75SELECT.DEFENSIF C 186,49 17/7 -3,20SELECT.DYNAMIQUE C 200,59 17/7 -15,96SELECT.EQUILIBRE 2 151,90 17/7 -9,64SELECT.PEA 1 171,20 17/7 -16,47SELECT.PEA DYNAM. 113,83 17/7 -19,72SG FRANCE OPPORT.C 348,62 17/7 -17,65SG FRANCE OPPORT.D 326,42 17/7 -17,65SOGEFAVOR 69,79 17/7 -30,23SOGENFRANCE C 319,48 17/7 -31,39SOGENFRANCE D 286,54 17/7 -31,72SOGEOBLIG C 115,65 17/7 1,96SOGEPARGNE D 45,14 17/7 1,66SOGEPEA EUROPE 161,77 17/7 -27,48SOGINTER C 36,22 17/7 -31,53Fonds communs de placementsSOGESTION C 41,90 16/7 -12,58SOGINDEX FRANCE 393,58 16/7 -24,54.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objetd'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2002. n/d : valeur non disponible.

NOUVEAU MARCHÉ17/7 : 14,73 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesGENESYS BS00 ..................................0,03 .......50,00INFOSOURCES ...................................0,90 .......32,35SYSTAR #............................................1,48 .......23,33DEVOTEAM # ..................................10,87 .......20,64LA CIE GPE #......................................3,96 .......20,00GENUITY A-REGS 144 ......................2,20 .......17,02WAVECOM #...................................39,15 .......11,86HF COMPANY # ..............................27,00 .......11,52D.A.B BANK # ....................................4,45 .......11,25V CON TELEC.NOM.# .......................0,42 .......10,53CYBER PRES.PUBLIS#......................12,25..........9,77CONSORS FRANCE # ........................0,69..........9,52CYBERSEARCH...................................1,97..........9,44STACI #...............................................1,20..........9,09Plus mauvaises performancesCRYO # ...............................................0,16......-23,81SOI TEC BS 00 ...................................1,75......-12,50KEYRUS...............................................0,57......-10,94SOI TEC SILICON #............................6,30 ........-5,97MEDCOST # .......................................0,65 ........-5,80PICOGIGA # .......................................1,55 ........-5,49CMT MEDICAL TECH.#...................10,11 ........-5,43

ORCHESTRA KAZIBAO......................0,91 ........-5,21HIGH CO.# .......................................24,20 ........-5,06RECIF # ...............................................8,50 ........-4,92ACTEOS # ...........................................1,37 ........-4,86LINEDATA SERVICES# ....................22,00 ........-4,76MICROPOLE UNIVERS ......................2,47 ........-4,63PROLOGUE SOFTWARE# .................1,92 ........-4,48Plus forts volumes d'échangeARTPRICE COM # ..............................1,05 ........-2,78AVENIR TELECOM #..........................0,54..........1,89BRIME TECHNO. #..........................20,51..........2,04CEREP #............................................11,56 ........-1,20DEVOTEAM # ..................................10,87 .......20,64EUROFINS SCIENT.............................9,40 ........-4,28GENESYS #.........................................3,45..........1,77GENSET...............................................9,46 ........-0,11ILOG #.................................................5,27..........6,68INFOSOURCES ...................................0,90 .......32,35IPSOS #.............................................65,20 ........-1,21MEDIDEP # ......................................23,65 ........-1,25MEMSCAP..........................................0,83 ........-2,35METROLOGIC GROUP #.................23,00..........0,44NICOX # ...........................................17,00..........1,19SOI TEC SILICON #............................6,30 ........-5,97SWORD GROUP ..............................38,00..........0,00TRANSGENE # SVN...........................5,29..........0,00VALTECH ............................................0,72..........5,88WAVECOM #...................................39,15 .......11,86

SICAV ET FCP

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

SECOND MARCHÉ17/7 : 21,46 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture (¤) % var.

Meilleures performancesXRT SA#..............................................0,76 .......20,63BRICE ................................................10,30 .......14,44IEC PROFES.MEDIA #........................0,76 .......13,43CGBI ACT.DIV. ...................................1,20 .......13,21POCHET .........................................110,00 .......11,11FININFO ...........................................21,30..........9,23CRCAM ATL.VEND.CCI ...................81,20..........9,21CIBOX INTER. NOM. .........................0,13..........8,33TEAM PARTNERS GRP#....................2,50..........8,23SUPERVOX (B) ...................................0,28..........7,69EURALTECH........................................6,90..........6,15ECONOCOM GROUP ........................4,70..........5,62EUROPEENNE CASINOS.................65,00..........5,52COCOON NOM..................................0,20..........5,26Plus mauvaises performancesLEBLANC ILLUMINAT. ....................10,00......-23,02BIJOUX ALTESSES LY ......................70,00......-17,65ETAM DEVELOPPEMENT ...............11,00......-14,66NETRA SYSTEMS ...............................2,92 ........-9,60SIRAGA #............................................7,80 ........-9,20TONNA ELECTRO.NY# ......................3,70 ........-9,09LEON BRUXELLES ..............................0,11 ........-8,33

DESQUENNE GIRAL ........................13,80 ........-8,31CAMAIEU .........................................38,50 ........-8,11FINUCHEM # ...................................10,60 ........-7,83CONFLANDEY # ..............................27,50 ........-7,44TOUAX .............................................15,50 ........-6,00TREDI................................................35,00 ........-5,69BILLON # ............................................2,75 ........-5,17Plus forts volumes d'échangeALTEN (SVN) # ..................................9,25..........2,78BENETEAU #....................................42,49..........3,89BONDUELLE.....................................75,25 ........-0,33BRIOCHE PASQ.(NS)#.....................71,00..........0,00CAMAIEU .........................................38,50 ........-8,11FININFO ...........................................21,30..........9,23FONCIA GROUPE ............................58,00..........0,00GREVIN ET COMPANIE ..................32,86..........0,00GROUPE BOURBON .......................68,65..........0,96GROUPE CRIT ..................................26,50..........3,92HERMES INTL................................148,50..........2,41M6-METR.TV ACT.DIV ...................21,91..........4,33ORPEA ..............................................13,60..........2,56RALLYE..............................................47,00..........2,17RODRIGUEZ GROUP # ...................65,00..........0,78SECHE ENVIRONNEM.# .................69,30..........2,67STALLERGENES................................29,18..........1,67TRIGANO..........................................32,00..........3,56VILMOR.CLAUSE CIE# ....................88,50..........2,49VIRBAC...........................................119,00 ........-0,83

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

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M A R C H É S F R A N Ç A I S

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16/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

2002

10e étapemercredi 17 juillet

Pour le mennonite Floyd Landis, lieutenant de Lance Armstrong, le vélo est une autre religion

PAU (Pyrénées-Atlantiques)de notre envoyé spécial

« Je dis halte. Il y en a marre. » Pré-sent mercredi 17 juillet sur la 10eéta-pe du Tour de France, Bazas-Pau– gagnée par le Français Patrice Hal-gand (Jean Delatour) –, PatriceClerc, le président d’Amaury SportOrganisation (ASO), la société orga-nisatrice de l’épreuve, n’a pasmâché ses mots. L’objet de soncourroux : la révélation par le quoti-dien L’Equipe, le matin même, quele maillot jaune, l’Espagnol IgorGonzalez de Galdeano (ONCE), afait l’objet, le 12 juillet, d’un contrô-le antidopage ayant révélé la pré-sence de salbutamol, un produit uti-lisé pour le traitement de l’asthme,mais qu’il n’a pas été sanctionné.

L’Union cycliste internationale(UCI) a classé ce dossier, estimantqu’il « n’y a pas d’affaire Galdea-no », le coureur de l’équipe ONCEn’étant « pas en infraction avec lerèglement antidopage » dans lamesure où « il disposait d’une justifi-cation thérapeutique », comme l’aréaffirmé, mercredi 17 juillet, Léon

Schattenberg, le président de lacommission antidopage.

Ce dernier, se refusant à parlerplus spécifiquement du cas du cou-reur espagnol, a ajouté que « tousles coureurs ayant utilisé du salbuta-mol » depuis le début du Tour« avaient des dossiers médicaux vala-bles et validés par l’UCI », etqu’entre le 6 et le 12 juillet « il n’y aeu aucun coureur positif, ni par rap-port au règlement UCI, ni par rap-port au règlement du Comité interna-tional olympique, ni par rapport à laloi française ».

« »Le contrôle antidopage ayant

été réalisé sur le sol français, leConseil de prévention et de luttecontre le dopage (CPLD) va cepen-dant « ouvrir une procédure à l’is-sue de laquelle il décidera de clas-ser ou de prendre une autre déci-sion », a expliqué Daniel Baal,directeur de l’activité cyclismechez ASO. Le CPLD s’était déjà sai-si du cas du même Igor Gonzalezde Galdeano à l’issue du GrandPrix Midi-Libre, où les analysespratiquées sur les urines du cou-reur espagnol avaient aussi mon-tré la présence de salbutamol. L’or-ganisme lui a depuis demandé dese soumettre à des expertises sup-

plémentaires, comme la loi sur laprotection des malades lui en don-ne désormais la possibilité.

Encore une fois, comme tous lesans ou presque depuis quatreannées, c’est donc la question dessubstances médicamenteuses a prio-ri interdites par les règlements anti-

dopage, mais tolérées dès lors qu’el-les font l’objet d’une justificationthérapeutique (produits contrel’asthme, corticoïdes), qui est reve-nue sur le devant de la scène. Uneproblématique d’autant plus épineu-se que l’UCI et le CPLD ne parta-gent pas les mêmes vues sur cesujet, le second n’ayant jamais

caché qu’il avait le sentiment que lesordonnances délivrées pour ce typede produits frôlent parfois d’un peutrop près la complaisance et qu’uneprocédure de validation réalisée apriori et gérée par des experts plusindépendants du milieu sportifdevrait être mise en place.

C’est cette « querelle de chapel-le », comme il l’appelle, qui « aga-ce » au plus haut point PatriceClerc. « Nous avons été victimes decela en juillet 2001 déjà. Les athlèteset les organisateurs sont placésentre le marteau et l’enclume. Nousavions demandé à ce qu’un modusvivendi soit trouvé entre les différen-

tes parties, mais chacun est restécampé sur ses positions », a déploréle présidant d’ASO, tout en réinvi-tant les différentes autorités, gou-vernementales et sportives, à « semettre d’accord une bonne foispour toutes ». Une tentative de rap-prochement des différentes par-ties avait eu lieu le 19 mars, lorsd’une réunion entre représentantsfrançais du ministère des sports etde la santé, du CPLD, de l’UCI etd’ASO. Elle était restée sans suite.

La Fédération française de cyclis-

me (FFC) a malgré tout avancé seu-le sur ce sujet. S’inspirant de cequ’avait fait le CIO, avant les Jeuxolympiques d’hiver de Salt LakeCity (Etats-Unis), elle a élaboré« un système de prise en charge enamont, avec des experts référentsvers lesquels nous pouvons orienterles sportifs, comme l’a détailléArmand Mégret, le médecin fédé-ral (Le Monde du 9 juillet). Ceux quiont besoin d’une justification théra-peutique passeront par le biais de cenouveau système d’expertise, quidevrait être mis en œuvre fin 2002pour une pleine application au coursde la saison 2003 ». Le CPLD a con-firmé qu’il suit ces travaux et qu’ilenvisage de proposer ce système

début octobre à d’autres fédéra-tions sportives.

Patrice Clerc n’a par ailleurs pasmasqué son irritation face à lamédiatisation du « cas » d’IgorGonzalez de Galdeano. « Je mepose des questions sur ces informa-tions qui sont portées à la connais-sance du public alors qu’elles sont apriori placées sous le sceau de la con-fidentialité, a-t-il déclaré. A partirdu moment où il n’y a pas d’infrac-tion au règlement, il n’y a pas de rai-son d’entretenir le soupçon. Manifes-tement, il y a des gens qui ont un inté-rêt à dévoiler tout cela. »

« Les résultats sont seulementtransmis à l’UCI et au CPLD », a faitvaloir un porte-parole de l’UCI. Uncoup de griffe en direction duCPLD auquel Daniel Baal s’est refu-sé, officiellement, de souscrire. « Jen’ai rien à dire à ce propos, a-t-ilrelevé. Dans la procédure française,les coureurs bénéficient de la pré-somption d’innocence et sont suppo-sés bénéficier également du caractè-re confidentiel [de l’instruction deleur dossier]. Ces règles n’ont pasété respectées. Ce dossier a été missur la place publique, un intervenantdans le processus n’a pas respecté lesrègles. »

Philippe Le Cœur

PAU (Pyrénées-Atlantiques)de notre envoyée spéciale

Seizième du classement, jeudi 18 juillet aumatin de la 11e étape Pau-La Mongie, à3 minutes 15 secondes du maillot jaune,Floyd Landis (US Postal) devait prêter main-forte à son leader, Lance Armstrong, pour cepremier rendez-vous avec la montagne.

Deuxième du Critérium du Dauphiné libé-ré derrière son leader, en juin, Floyd Landisdispute son premier Tour de France. Rien nel’y prédestinait. Né il y a bientôt 27 ans enPennsylvanie dans une famille de mennoni-tes, il a vécu une jeunesse à part. Emigrés enAmérique aux XVIIIe et XIXe siècles pour fuirdes persécutions en Europe, les membres decette secte anabaptiste modérée fondée auXVIe siècle en Suisse vivent encore souventcomme à l’époque de leur installation.

Deuxième d’une famille de six enfants,

Floyd Landis a reçu une éducation plutôtaustère. « On n’avait pas la télé ni la radio,mais j’ai fréquenté l’école publique dès lamaternelle, on s’éclairait quand même à l’élec-tricité et on avait une voiture », tempère-t-il.Ses premières amours pour le vélo plongenttout de même ses géniteurs dans un abîmede perplexité. « Ils ont gentiment essayé deme convaincre de ne pas y consacrer autantde temps, raconte Floyd Landis. Ils considé-raient ça comme une voie sans issue. Mais cesont des gens exceptionnels qui n’ont jamaisusé de pression et ils m’aiment toujours. »

Avec une bande de copains, il se metd’abord au VTT, à 17 ans : le marchand decycles du coin organisait des courses. Ilentend parler du Tour de France à la mêmepériode, à l’occasion de la première victoired’étape de Lance Armstrong, mais n’en faitpas grand cas. Conscient de l’incompatibili-

té de sa passion avec les préceptes mennoni-tes, Floyd Landis part pour le sud de la Cali-fornie à l’âge de 20 ans. « Les courses avaientlieu le dimanche et, jusque-là, j’ai passé quasi-ment tous les dimanches de ma vie à l’église,dit-il. Alors j’ai choisi un endroit commodepour m’entraîner. » Jusqu’à 23 ans, il vit enpro du VTT, « mais je n’avais pas le niveaupour briguer une place dans l’équipe olympi-que américaine ».

Mercury, une équipe professionnelle améri-

caine de cyclisme sur route, le recrute. Il y apassé les trois dernières saisons. Dès la pre-mière, il se classe 3e du Tour de l’Avenir. DanOsipow, directeur des opérations de la forma-tion US Postal, lui fait une offre. Mais FloydLandis a déjà resigné, sans avoir pourtantencore réalisé une saison complète. « Je ne

bénéficiais pas du soutien dont j’avais besoin,explique-t-il. Dans mon ancienne équipe, onsavait rarement plus d’une semaine à l’avanceà quelle course on allait participer. »

Quand Mercury perd un gros sponsor en2002, il recontacte l’US Postal, qui l’embau-che. Début 2002, il s’installe à Gérone (Espa-gne) : Lance Armstrong y possède une base.« Je voulais surtout connaître son secret, plai-sante Floyd Landis, mais il ne me l’a pas révé-lé. Ces deux derniers mois, nous avons suivi àpeu près le même programme, mais il travailleparfois plus dur que moi. » Greg LeMondaurait prédit à Floyd Landis un grand avenirsur le Tour de France. Il éclate de rire : « Onne débarque pas de sa Pennsylvanie natale oùon a grandi sans télé pour gagner, comme ça, leTour de France. »

Patricia Jolly

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Halgand ouvre le palmarès des FrançaisPATRICE HALGAND (Jean Delatour) s’est

imposé en solitaire à Pau, au terme de la 10e éta-pe. Ce succès, le premier d’un coureur françaisdans le 89e Tour de France, récompense son acti-vité tout au long de la journée. Le rythme de la

course aurait dû interdire pourtant l’échappéedont s’est extrait le coureur breton : les 147 kmentre Baza et Pau ont été dévorés à la moyennede 48,932 km/h. Jérôme Pineau (Bonjour), benja-min de la course (il est âgé de 22 ans) semblait en

mesure de rejoindre Patrice Halgand lors de sondémarrage décisif, mais il n’a pas voulu risquerde ramener aussi ses deux autres compagnonsde fugue : l’Australien Stuart O’Grady (Créditagricole) et le Belge Ludo Dierckxsens (Lampre).

La 10e étape du 89e , courue entreBazas et Pau (147 km), a été emportée mercredi17 juillet, par le Français (Jean-Delatour), qui a devancé son compatriote Jérôme

Pineau (Bonjour), le benjamin de l’épreuve. L’Espa-gnol (ONCE) a con-servé le . L’affaire de son contrôlepositif au salbutamol, un produit utilisé pour soigner

l’asthme, rendu obsolète par une , pose le problème des ordonnan-ces médicales que les coureurs présentent pour justi-fier le recours à certains produits interdits. Le Tour

de France a été endeuillé par la ’ - , renversé près de Retjons (Lan-des) par une des automobiles de la caravane publici-taire qui précède le peloton.

Interrogé sur le contrôle positif au salbutamol de son coureur Igor Gonza-lez de Galdeano, actuel maillot jaune, le manageur de l’équipe ONCE, Mano-lo Saiz, s’est montré serein. Il a affirmé que son coureur souffrait d’asthmedepuis plusieurs années et qu’il bénéficiait d’une justification thérapeuti-que. « Je n’en veux qu’à celui qui a divulgué l’information. Je ne sais pas dequi il s’agit, ni pourquoi cela a été orchestré, a déclaré Manolo Saiz. Mais onne déstabilisera ni la ONCE, ni Igor. Ce dernier souffre d’asthme comme moi, ildevra prendre de la Ventoline le reste de sa vie. On ne joue pas à cela avec unepersonne malade. »

Le coureur, sur les ondes de la radio espagnole Onda Cero, a déclaré qu’ilse sentait victime d’une tentative de déstabilisation : « Je pense que l’onveut me faire du mal. Ils ne vont pas réussir. Un mensonge de cette importan-ce ne me fait pas mal aux jambes. On ne tue pas avec des mensonges. »

PAU (Pyrénées-Atlantiques)de notre envoyée spéciale

Une minute de silence devait êtreobservée, jeudi 18 juillet, au départde la 11e étape du Tour de Francereliant Pau (Pyrénées-Atlantiques) àLa Mongie (Hautes-Pyrénées), aulendemain de l’accident qui a coûtéla vie à un enfant de 7 ans à Retjons(Landes). Originaire de Marmande,le petit Melvin Pompele aurait échap-pé à la vigilance de son grand-pèrepour rejoindre sa grand-mère, del’autre côté de la route, au kilomè-tre 26 de l’étape Bazas (Gironde) -Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Jean-Marie Leblanc, le directeurdu Tour de France, s’est associé– ainsi que la société Haribo impli-quée dans l’accident – à la douleurde la famille. Selon ses explications,« la caravane publicitaire progressaitsur une route large et rectiligne surlaquelle il y avait peu de public. Celas’est passé à proximité d’un gendarme.[Melvin] a traversé la route pourrejoindre ses grands-parents et il a étéheurté par un véhicule 4 × 4 de lasociété Haribo. Il y a eu un choc vio-lent, quoique la vitesse du véhicule aitété, semble-t-il, adaptée [environ50 km/h, d’après des témoins]. Unmassage cardiaque a été tenté vaine-ment. L’hélicoptère de Périgueux estarrivé assez vite et il s’est avéré que lepetit garçon a été tué sur le coup. »

Le patron du Tour a ensuite préci-sé : « Une enquête a été diligentée ;un test d’alcoolémie a été pratiqué ets’est révélé négatif. Un test toxicologi-que est en cours. »

Jean-Marie Leblanc a livré en-

suite ses observations sur la sur-veillance exercée pendant l’épreu-ve : « C’est un accident de la route quis’est produit malgré les dispositions pri-ses depuis plusieurs années. Nousavons avec nous la protection desmotards de la garde républicaine :une douzaine auprès de la caravaneet une quarantaine pour le peloton.Treize mille représentants des forcesde l’ordre statique sont déployés sur leparcours. Deux véhicules, l’un de lapolice nationale et l’autre du Tour deFrance, en amont de la caravane et dela course qui diffusent des messagesde prudence. On a aussi des mesuresde contrôle de vitesse et des mesuressont parfois prises comme les priva-tions d’accréditation pour une journée[pour les contrevenants]. Depuis2000, on a délesté la route du Tourd’un tiers des véhicules qui y étaient. »

Le 14 juillet 2000, un autre acci-dent mortel s’était produit sur la rou-te du Tour de France : un véhicule dela Sodexho, roulant à trop vive allu-re, avait tué un garçon de 12 ans. Le14 juillet 2001, quatre spectateursavaient été blessés à Colmar par unvéhicule dont le conducteur avait for-cé les barrières de sécurité.

La caravane publicitaire empruntequotidiennement le parcours inté-gral de chaque étape au moins uneheure avant le passage de la course.En présence d’un public massif, leshôtesses chargées de la distributiond’objets promotionnels sont tenuesde les donner de la main à la main oude les jeter à terre sur le bas-côté.

P. Jo.

A U J O U R D ’ H U It o u r d e f r a n c e

Un éboulement rocheux, dû auxfortes pluies qui se sont abattuesces derniers jours sur l’Ariège, aendommagé une portion de la routeque doit emprunter, samedi20 juillet, la 13e étape entre Lavela-net et Béziers (171 km), et qui « pour-rait compromettre le parcours selonl’itinéraire prévu », a indiqué, mer-credi 13 juillet, la direction départe-mentale de l’équipement (DDE) del’Ariège. La roche s’est décrochée dela montagne, la veille au soir, audéfilé du Caroulet, endommageantla chaussée sur 80 m de long, provo-quant des impacts dont un cratèrede 10 m de long sur 2 m de large et1,5 m de profondeur.

Le cyclisme s’interroge sur la pertinence des ordonnances médicalesContrôlé positif au salbutamol le 12 juillet, l’Espagnol Igor Gonzalez de Galdeano (ONCE) pourra continuer de porter le maillot jaune.

Il n’a pas été déclaré positif car il bénéficie d’une justification thérapeutique. Le produit incriminé est utilisé pour le traitement de l’asthme

Manolo Saiz défend son « malade »

Eboulementsur le parcoursde la 13e étape

Un accident mortel endeuillela Grande Boucle

Un enfant de 7 ans a été heurté par un véhicule

Page 17: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/17

10e étape (147 km)BAZAS-PAU1. Patrice Halgand (Fra/DEL), les 147 km en 3 h0 min 15 s (moy: 48,932 km/h) ; 2. Pineau(Fra/BJR), à 27 s ; 3. O’Grady (Aus/C.A), à 33 s ;4. Dierckxsens (Bel/LAM), à 33 s ; 5. Horillo(Esp/MAP), à 1 min ; 6. Flickinger (Fra/A2R), à1 min ; 7. Vogondy (Fra/FDJ), à 1 min ;8. Mattan (Bel/COF), à 1 min ; 9. Zaballa(Esp/KEL), à 1 min ; 10. Cassani (Ita/DFF), à1 min 2 s ; 11. U. Etxebarria (Ven/EUS), à 3 min29 s ; 12. Cooke (Aus/FDJ), à 3 min 57 s ;13. McEwen (Aus/LOT); 14. Zabel (All/TEL);15. Svorada (Tch/LAM); 16. Hunter (Afs/MAP);17. Rodriguez (Usa/DFF) ; 18. Hinault (Fra/C.A) ;19. Renier (Fra/BJR) ; 20. Casper (Fra/FDJ) ;21. Hushovd (Nor/C.A) ; 22. Pagliarini(Bré/LAM) ; 23. Bossoni (Ita/TAC) ; 24. Tafi(Ita/MAP) ; 25. Virenque (Fra/DFF) ; 26. Edaleine(Fra/DEL) ; 27. Magnien (Fra/BJR) ;28. Hauptman (Slo/TAC) ; 29. Brochard(Fra/DEL) ; 30. De Clercq (Bel/LOT) ; 31. Kroon(Pbs/RAB) ; 32. McGee (Aus/FDJ) ; 33. Auge(Fra/DEL) ; 34. Hincapie (Usa/USP) ; 35. Vasseur(Fra/COF) ; 36. Hondo (All/TEL) ; 37. Aldag(All/TEL) ; 38. Bodrogi (Hun/MAP) ;39. Niermann (All/RAB) ; 40. Armstrong(Usa/USP) ; 41. Leipheimer (Usa/RAB) ;42. Gonzalez de Galdeano (Esp/ONC) ; 43. Basso(Ita/FAS) ; 44. Aerts (Bel/LOT) ; 45. Mancebo(Esp/BAN) ; 46. Pena (Col/USP) ; 47. Jaksche(All/ONC) ; 48. Frigo (Ita/TAC) ; 49. Apollonio(Ita/TAC) ; 50. De Groot (Pbs/RAB) ;51. Marichal (Bel/LOT) ; 52. Brandt (Bel/LOT) ;53. Baguet (Bel/LOT) ; 54. Trampusch(Aut/MAP) ; 55. Peron (Ita/CST) ; 56. Gutierrez(Esp/KEL) ; 57. Zubeldia (Esp/EUS) ; 58. Loda(Ita/FAS) ; 59. Sorensen (Dan/CST) ; 60. Boogerd(Pbs/RAB) ; 61. Honchar (Ukr/FAS) ; 62. Mengin(Fra/FDJ) ; 63. Hamilton (Usa/CST) ; 64. Rumsas(Lit/LAM) ; 65. Kivilev (Kzk/COF) ; 66. Van Hyfte(Bel/CST) ; 67. Sanchez (Esp/EUS) ; 68. Moreau(Fra/C.A) ; 69. Arrizabalaga (Esp/EUS) ;70. Botero (Col/KEL) ; 71. Knaven (Pbs/DFF) ;72. Osa (Esp/BAN) ; 73. Beloki (Esp/ONC) ;74. Radaelli (Ita/TAC) ; 75. Padrnos (Tch/USP) ;76. Gonzalez (Esp/EUS) ; 77. Chavanel(Fra/BJR) ; 78. Lelli (Ita/COF) ; 79. Bouyer(Fra/BJR) ; 80. Voigt (All/C.A) ; 81. Velo(Ita/FAS) ; 82. Landis (Usa/USP) ; 83. Loder(Fra/A2R) ; 84. Sevilla (Esp/KEL) ; 85. Bessy(Fra/C.A) ; 86. Rubiera (Esp/USP) ; 87. Chaurreau(Esp/A2R) ; 88. Olano (Esp/ONC) ; 89. Azevedo(Por/ONC) ; 90. Serpellini (Ita/LAM) ;91. Cortinovis (Ita/LAM) ; 92. Wesemann(All/TEL) ; 93. Zberg (Sui/RAB) ; 94. Robin(Fra/FDJ) ; 95. Julich (Usa/TEL) ; 96. Dufaux(Sui/ALS) ; 97. Casar (Fra/FDJ) ; 98. De Waele(Bel/MAP) ; 99. Luttenberger (Aut/TAC) ;100. Merckx (Bel/DFF) ; 101. Baranowski(Pol/BAN) ; 102. Cuesta (Esp/COF) ;103. Menchov (Rus/BAN) ; 104. Bruylandts(Bel/DFF) ; 105. Pradera (Esp/ONC) ; 106. Millar(Gbr/COF) ; 107. Casagranda (Ita/ALS) ;108. Gotti (Ita/ALS) ; 109. Brognara (Ita/ALS) ;110. Sastre (Esp/CST) ; 111. Serrano (Esp/ONC) ;112. Dessel (Fra/DEL) ; 113. Jalabert (Fra/CST) ;114. Latasa (Esp/BAN) ; 115. Martinez(Fra/MAP) ; 116. Nozal (Esp/ONC) ;117. Goubert (Fra/DEL) ; 118. Fagnini (Ita/TEL) ;119. Berges (Fra/A2R) ; 120. Lefèvre (Fra/DEL) ;121. Wadecki (Pol/DFF) ; 122. Bertogliati(Sui/LAM) ; 123. Atienza (Esp/COF) ;124. Guerini (Ita/TEL) ; 125. Morin (Fra/C.A) ;126. Piil (Dan/CST) ; 127. Guesdon (Fra/FDJ) ;128. Perez (Esp/KEL) ; 129. Turpin (Fra/A2R) ;130. D. Etxebarria (Esp/EUS) ; 131. Moreni

(Ita/ALS) ; 132. Wauters (Bel/RAB) ;133. Bortolami (Ita/TAC) ; 134. Cabello(Esp/KEL) ; 135. Rodriguez (Esp/BAN) ;136. Vidal (Esp/KEL) ; 137. Bernard (Fra/DEL) ;138. Tauler (Esp/KEL) ; 139. Seigneur (Fra/DEL) ;140. Heras (Esp/USP) ; 141. Vaughters(Usa/C.A) ; 142. Ivanov (Mol/ALS) ;143. Mikhailov (Rus/LOT) ; 144. Konecny(Tch/DFF) ; 145. Ivanov (Rus/FAS) ; 146. Durand(Fra/FDJ) ; 147. Mayo (Esp/EUS) ; 148. Blanco(Esp/BAN) ; 149. Flores (Esp/EUS) ; 150. Gustov(Ukr/FAS) ; 151. Belli (Ita/FAS) ; 152. Bruseghin(Ita/BAN) ; 153. Moncoutié (Fra/COF) ;154. Casarotto (Ita/ALS) ; 155. Pozzi (Ita/FAS) ;156. Fernandez (Esp/COF) ; 157. Joachim(Lux/USP) ; 158. Bolts (All/TEL) ; 159. Piziks(Let/CST) ; 160. Hvastija (Slo/ALS) ; 161. Ekimov(Rus/USP) ; 162. Livingston (Usa/TEL) ;163. Langella (Fra/C.A) ; 164. Donati (Ita/TAC) ;165. Kirsipuu (Est/A2R) ; 166. Laiseka(Esp/EUS) ; 167. Gomez (Esp/KEL) ;168. Sandstod (Dan/CST) ; 169. Engels(Pbs/RAB) ; 170. Belohvosciks (Let/LAM) ;

171. Botcharov (Rus/A2R) ; 172. Bénéteau(Fra/BJR) ; 173. Oriol (Fra/A2R) ; 174. Mazzoleni(Ita/TAC) ; 175. Van Bon (Pbs/DFF) ;176. Baldato (Ita/FAS) ; 177. Garcia-Acosta(Esp/BAN) ; 178. Dekker (Pbs/RAB) ;179. Agnolutto (Fra/A2R) ; 180. Simon(Fra/BJR) ; 181. Nazon (Fra/BJR), m.t.

Halgand (Fra/DEL), 20 s ; O’Grady (Aus/C.A),20 s ; Pineau (Fra/BJR), 12 s ; McEwen(Aus/LOT), 6 s ; Zabel (All TEL), 4 s ; Flickinger(Fra/A2R), 6 s ; Matan (Bel/COF), 4 s ; Vogondy(Fra/FDJ), 2 s ; Horillo (Esp/MAP), 2 s.

CLASSEMENT GÉNÉRAL1. Igor Gonzalez De Galdeano (Esp/ONC), 36 h25 min 35 s ; 2. Armstrong (Usa/USP), à 26 s ;

3. Beloki (Esp/ONC), à 1 min 23 s ; 4. Honchar(Ukr/FAS), à 1 min 35 s ; 5. Botero (Col/KEL), à1 min 55 s ; 6. Peron (Ita/CST), à 2 min 8 s ;7. Millar (Gbr/COF), à 2 min 11 s ; 8. O’Grady(Aus/C.A), à 2 min 15 s ; 9. Rumsas (Lit/LAM), à2 min 22 s ; 10. Hamilton (Usa/CST), à 2 min30 s ; 11. Azevedo (Por/ONC), à 2 min 45 s ;12. Ekimov (Rus/USP), à 2 min 48 s ; 13. Jaksche(All/ONC), à 2 min 49 s ; 14. Serrano (Esp/ONC),à) 2 min 59 s ; 15. Olano (Esp/ONC), à 3 min7 s ; 16. Landis (Usa/USP), à 3 min 15 s ;17. Horillo (Esp/MAP), à 3 min 18 s ; 18. Nozal(Esp/ONC), à 3 min 37 s ; 19. Basso (Ita/FAS), à4 min 5 s ; 20. Jalabert (Fra/CST), à 4 min 18 s ;21. Sorensen (Dan/CST), à 4 min 23 s ;22. Mancebo (Esp/BAN), à 4 min 23 s ; 23. Zberg(Sui/RAB), à 4 min 32 s ; 24. Leipheimer(Usa/RAB), à 4 min 39 s ; 25. Padrnos (Tch/USP),à 4 min 41 s ; 26. Wauters (Bel/RAB), à 4 min47 s ; 27. Mattan (Bel/COF), à 4 min 51 s ;28. Baranowski (Pol/BAN), à 4 min 59 s ;29. Vogondy (Fra/FDJ), à 5 min 7 s ; 30. Frigo(Ita/TAC), à 5 min 19 s ; 31. Belohvosciks(Let/LAM), à 5 min 20 s ; 32. Sastre (Esp/CST), à5 min 21 s ; 33. Sevilla (Esp/KEL), à 5 min 21 s ;34. Menchov (Rus/BAN), à 5 min 24 s ; 35. Lelli(Ita/COF), à 5 min 30 s ; 36. Cuesta (Esp/COF), à5 min 30 s ; 37. Niermann (All/RAB), à 5 min35 s ; 38. Bodrogi (Hun/MAP), à 5 min 37 s ;39. Hincapie (Usa/USP), à 5 min 43 s ;40. McGee (Aus/FDJ), à 5 min 43 s ; 41. Merckx(Bel/DFF), à 5 min 52 s ; 42. Latasa (Esp/BAN), à6 min 8 s ; 43. Rubiera (Esp/USP), à 6 min 9 s ;44. Moncoutié (Fra/COF), à 6 min 10 s ;45. Virenque (Fra/DFF), à 6 min 25 s, etc.

Classement par points1. Robbie McEwen (Aus/LOT), 210 pts (+19) ;2. Zabel (All/TEL), 209 (+16) ; 3. O’Grady(Aus/C.A), 157 (+38) ; 4. Cooke (Aus/FDJ), 148(+14) ; 5. Svorada (Tch/LAM), 119 (+11) ;6. Kirsipuu (Est/A2R), 110 ; 7. Hauptman(Slo/TAC), 102 ; 8. Simon (Fra/BJR), 89 ;9. Horillo (Esp/MAP), 81 (+24) ; 10. Renier(Fra/BJR), 70 (+7), etc.Classement de la montagne1. Christophe Mengin (Fra/FDJ), 42 pts ; 2.Halgand (Fra/DEL) 27 (+15) ; 3. Bergès(Fra/A2R), 26 ; 4. Dierckxsens (Bel/LAM),18 (+3) ; 5. Renier (Fra/BJR), 13, etc.Classement par équipes1. ONCE, 109 h 20 min 37 s ; 2. US Postal, à02 min 11 s ; 3. Lampre, à 4 min 1 s ;4. CSC-Tiscali, à 4 min 6 s ; 5. Kelme, à 4 min34 s ; 6. Cofidis, à 5 min 1 s ; 7. Rabobank, à5 min 50 s ; 8. Fassa Bortolo, à 7 min 53 s ;9. Domo-Farm Frites, à 10 min 11 s ;10. iBanesto.com, à 10 min 33 s ;11. Fdjeux.com, à 12 min 56 s ; 12. Mapei, à13 min 20 s&thin sp;; 13. Jean Delatour, à13 min 22 s ; 14. Bonjour, à 15 min 57 s ;15. Telekom, à 18 min 24 s ; 16. Crédit Agricole,à 18 min 28 s ; 17. Alessio, à 18 min 50 ;18. Tacconi Sport, à 19 min 41 s ;19. Lotto-Addecco, à 22 min 20 s ; 20. AG2RPrévoyance, à 23 min 29 s ; 21. Euskaltel, à26 min 21s.

Classement des jeunes1. David Millar (Gbr/COF), 36 h 27 min 46 s ;2. Nozal (Esp/ONC), à 1 min 26 s ; 3. Basso(Ita/FAS), à 1 min 54 ; 4. Vogondy (Fra/FDJ), à2 min 56 ; 5. Menchov (Rus/BAN), à 3 min 13 ;6. Casar (Fra/FDJ), à 4 min 41 s, etc.

Classement de la combativité1. Franck Renier (Fra/BJR), 50 pts ; 2. Durand(Fra/FDJ), 35 ; 3. Dierckxsens (Bel/LAM), 33 ;4. Bergès (Fra/A2R), 24 ; 5. Chavanel (Fra/BJR),19, etc.

AbandonsPinotti (Ita/LAM, 5e ét., chute) ; Steels (Bel/MAP,5e ét., non partant) ; Verbrugghe (Bel/LOT, 5e ét.,chute) ; Shefer (Kzk/ALS, 6e ét., chute) ; Rous(Fra/BJR, 7e ét., chute) ; Freire (Esp/MAP, 8e ét.,n. p.) ; Vierhouten (Pbs/LOT, 8e ét. n. p.) ; A.Gonzalez de Galdeano (Esp/ONC, 10e ét.,blessure aux adducteurs droits)

LES ÉQUIPESA2R (AG2R Prévoyance) ; ALS (Alessio) ; BJR(Bonjour) ; COF (Cofidis) ; C.A (Crédit agricole) ;CST (CSC Tiscali) ; DFF (Domo-Farm Frites) ; EUS(Euskaltel) ; FAS (Fassa Bortolo) ; FDJ(Fdjeux.com) ; BAN (iBanesto.com) ; DEL(Jean-Delatour) ; KEL (Kelme) ; LAM (Lampre) ;LOT (Lotto) ; MAP (Mapei) ; ONC (Once) ; RAB(Rabobank) ; TAC (Tacconi) ; TEL (Telekom) ; USP(US Postal)

b Patrice Halgand (France).b 28 ans, né le 2 mars 1974,à Saint-Nazaire (Fra).b 1,79 m, 67 kg.b Professionnel depuis 1995.b Equipes : Festina (1995-1999) ;Jean-Delatour (depuis 2000).b Palmarès : 20 victoires dontle Tour du Limousin 2000 ; RegioTour 2001 ; Etoile de Bessèges1997 ; Trophée des grimpeurs2000 ; A Travers le Morbihan1999 et 2000 ; Tour du Chili1997 ; une étape des QuatreJours de Dunkerque 2002 ; uneétape du Critérium international2001 ; une étape de la Routedu Sud (2002) ;Coupe de France 2000.b Classement UCI 2001 : 983e.

RÉSULTATS ET CLASSEMENTS

a TACTIQUE. L’Américain LanceArmstrong (US Postal) a exclu, mer-credi 17 juillet, tout plan d’attaqueparticulier. « Le cyclisme est un sportse pratiquant à l’instant “T” de sorteque, comme d’habitude, les attaquesne seront pas planifiées, a expliquéle Texan. Peut-être que jeudi ne serapas approprié pour mener une offen-sive. » Le triple vainqueur sortantdu Tour de France est « heureuxque la première partie du Tour soitfinie dans la mesure où, comme d’ha-bitude, la course a été très nerveuse,très rapide et agressive ».a HOMMAGE. L’ancien championespagnol Pedro Delgado a renduhommage à Laurent Jalabert, qui aannoncé, mardi 16 juillet, sa retrai-te en fin de la saison. Pour le vain-queur du Tour de France 1988 (2e en1987, 3e en 1989) : « “Jaja” était leplus grand professionnel des dix der-nières années. » Laurent Jalabert acouru pour l’équipe espagnoleONCE de 1992 à 2000 et est trèspopulaire au-delà des Pyrénées.

A Saint-Andrews, Tiger Woods ignoreles pronostics, les rivaux et la météoGolf b S’il gagne le légendaire tournoi écossais, le jeune championaméricain serait en lice pour le premier Grand Chelem de l’histoire

b Igor Gonzalez de Galdeano(Espagne).b 30 ans, né le 1er novembre 1971à Vitoria (Esp).b 1,85 m, 77 kg.b Professionnel depuis 1995.b Equipes : Euskadi (1995-1996) ;Euskaltel (1997-1998) ; VitalicioSeguros (1999-2000) ;ONCE (depuis 2001).

b Palmarès : 12 victoires dontle championnat d’Espagnecontre-la-montre 2002 ; Tourd’Allemagne (2002) ; trois étapesdu Tour d’Espagne (1999, 2001) ;une étape de Tirreno-Adriatico(1999), une étape du Tour desAsturies (2001) ; une étape duTour des Vallées minières (1997).b Classement UCI 2001 : 83e.

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

Catégorie de col Sprint RavitaillementSource : Société du Tour de France

13,54 1HC

4

Pau

(12h15

)

LaMongie

Côtede

Louvie-Juzon

501m

11e étape • 158 kmjeudi 18 juillet

Nay-Bou

rdettes

240m

Laruns

505m

Cold'Aubisque

Coldu

Soulor170

9m

147

4m

Ayros-Arbou

ix42

0m

Lugagn

an39

6m

Bagn

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Bigorre

515m

Sainte-M

arie-de-

Cam

pan

830m

171

5m

km

PAU • LA MONGIE

S SR

S RHautes-PyrénéesPyrénées-Atlantiques

35 48 66,5 99 107,5 132 145 158

Catégorie de col Sprint RavitaillementSource : Société du Tour de France

18 30 45 56 71,5 93 107,5 123 141,5155,5 183HC

4

Lannem

ezan

(10h50

)

Platea

u-de-Beille

12e étape • 200 kmvendredi 19 juillet

Mon

tréjeau

478m

Loures-Barousse

430m

Saint-Béat

496m

Colde

Mente

134

9m

ColdePortet-

d'Aspet

106

9m

Orgibet

655mArgein

535m

LesBo

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557m

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139

5m

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505m

Massat

645m

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124

9m 178

0m

LesC

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533m

km

LANNEMEZAN • PLATEAU-DE-BEILLE

AriègeHaute-GaronneHtes-Pyrénées20081,5

S S R

S R

1 2 1 2

S

SS

S

4

4

44

RCatégorie de col Sprint RavitaillementSource : Société du Tour de FranceGironde Pyrénées-AtlantiquesLandes

13,5 38 43,5 62,5 80 93,5 113 116 126 137,5 14729,5

Bazas

Pau

10e étape • 147 kmmercredi 17 juillet

km

BAZAS • PAU84

mCaptieux

112m

Traverses

81m

Retjon

s60

mRoqu

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43m

Mon

t-de-M

arsan

38m

Grenade-sur-l'Ado

ur

140m

Côted'Eugénie-les-Bains

163m

Côtede

Boucoue

182m

Arzacq-Arraziguet

238m

Côted'Auga

178m

Serres-Castet

GULLANE (Grande-Bretagne)de notre envoyé spécial

Que les choses soient claires : larégion d’Edimbourg est le centredu monde. C’est d’ailleurs par ici,où tout ce qui ressemble à unchamp a été, depuis des tempsimmémoriaux, transformé en par-cours de golf, que trône Saint-Andrews, La Mecque de ce sportet le sanctuaire de ses règles. Et,dans ce centre du monde, touttourne autour de Tiger Woods, àla faveur du lui-même légendaireBritish Open qui s’y déroule du 18au 21 juillet. Qu’y faire ? Pas grand-chose.

Mardi 16 et mercredi 17 juilletdernier, vers 6 h 30, à une heure oùles corbeaux et les mouettes indigè-nes ne se risquent pas encore àpointer le bec dehors, le championprenait le départ de ses partiesd’entraînement. Le temps que lesspectateurs écossais, qui ne sontpourtant pas avares de leursefforts, réagissent et enfilent lespolos à manches courtes qu’ils utili-sent comme protection contrevents, pluies et marées, et le mons-tre sacré avait déjà disparu dans lesillage de ses gardes du corps.

Comment un tel phénomène,que d’aucuns situent au deuxièmerang des personnalités les plusconnues de la planète – derrièreune certaine Britney Spears, quin’est pourtant pas golfeuse –, peut-il parvenir à une telle notoriété ?Cela n’a rien de mystérieux. A26 ans, Tiger Woods a remportésept des onze derniers tournoismajeurs. Un rendement digne deMichael Schumacher quand il dis-pose de la meilleure formule 1 etdont Lance Armstrong ne peut querêver sur les étapes du Tour deFrance. Mais ce n’est encore riencomparé à ce qui risque bien de seproduire d’ici peu.

En 2002, le Nord-Américain a

déjà gagné le Masters d’Augusta etl’US Open. Si l’on en croit les offici-nes de paris, ses chances de victoi-re en Ecosse sont de 13 contre 8pour les uns, de 7 contre 4 pour lesautres. Autant dire que c’est quasi-ment plié. Gagner ensuite l’US-PGA, le quatrième et dernier tour-noi majeur qui aura lieu au moisd’août ? Une formalité. TigerWoods serait alors le premier dansl’histoire à réaliser l’inconcevable :le Grand Chelem.

« »L’intéressé, qui se prête régulière-

ment, avec bonne grâce et pondéra-tion, au jeu des conférences depresse, se dit vraiment charmé d’en-tendre de telles prévisions. Mais ils’empresse de préciser que le vérita-ble Grand Chelem, les quatreépreuves dans la même année,serait « un petit peu plus difficile » àréaliser que le « faux » auquel il estparvenu, quatre victoires consécuti-ves à cheval sur les années 2000 et2001.

Rien d’étonnant, alors, à ce quela plupart de ses concurrents, si ceterme a encore un sens, aient déjàaccepté leur défaite avant mêmed’avoir commencé à jouer. PourColin Montgomerie, qui joue pour-tant sur ses terres, il faudrait uneméforme de Woods pour que lui etses pairs aient une chance de l’em-porter ici. Ou ailleurs. Car, en plusde tous ses dons, le « Tigre » acelui de persuader les autres gol-feurs qu’ils se sont trompés d’épo-que, ou de planète.

Quand leur rêve le plus fou estde s’adjuger enfin un tournoimajeur, ou alors un petit dernierpour la route qui mène à Saint-Andrews, celui de Tiger Woods estd’en gagner au moins 19,c’est-à-dire de dépasser le recordde 18 détenu par Jack Nicklaus. Làest la question majeure.

Pour certains, et non des moin-dres, le doute persiste cependantsur les capacités réelles du jeuneprodige. Dans un entretien accor-dé début juillet au quotidien TheIndependent, Severiano Ballesterosassénait que Tiger Woods n’est pasencore le plus grand golfeur detous les temps, même s’il a beau-coup de chances de le devenir.

Pour lui, ce titre reste la proprié-té de Jack Nicklaus, pour une rai-son qui n’a dû faire plaisir ni à l’unni aux autres, à savoir que Woodsest confronté à une concurrencemoindre que son aîné. Peut-êtrepour compenser, le champion espa-gnol, triple vainqueur de l’Openmais forfait pour l’édition 2002,reconnaît dans la revue AndalucíaGolf que s’ils avaient joué à lamême époque, Tiger Woodsl’aurait emporté la plupart des fois.

Loin de ces déclarations, le Nord-Américain se préparait tranquille-ment à affronter son actuel défiaprès un mois sans compétition.Depuis son dernier US Open, il n’aen effet participé à aucune épreu-ve. Inscrit à un tournoi du circuitaméricain quinze jours après sondeuxième majeur de l’année, ildéclarait forfait à cause d’un étatgrippal.

Quelques jours plus tard, remisde cette légère affection, il s’envo-lait pour l’Irlande. Au programme,golf et pêche. Résultat, malgré unepetite baisse de forme autodiagnos-tiquée par rapport à sa large victoi-re à l’Open britannique il y a deuxans, il déclarait ne ressentir aucunepression particulière à l’idée d’êtreen route pour le Grand Chelem.

Il lui reste cependant à affronterpendant quatre jours le rude linksécossais de Muirfield. Et là, ce seraune autre paire de manches, cour-tes évidemment.

Jean-Louis Aragon

Le vainqueurde l’étape

Le maillot jaune

Page 18: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

18/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

SURTOUT ne pas prendre le moindre ris-que en ces temps agités. Claude Simonet, pré-sident contesté de la Fédération française defootball (FFF), n’a pas voulu dévoiler sonchoix final, après avoir reçu, mercredi17 juillet, les quatre prétendants au poste desélectionneur de l’équipe de France.

Bien sûr, son opinion est déjà faite, et iln’est pas certain que le « grand oral » accor-dé à Raymond Domenech, Philippe Trous-sier, Jacques Santini et René Girard ait sensi-blement changé les données du problème.Claude Simonet était tenté d’annoncer lenom du nouveau coach des Bleus, jeudi18 juillet, histoire de raffermir sa positionpersonnelle. « Il ne délègue rien, ça va finirpar être un problème », assurait même unmembre éminent de la FFF. Mais s’exposerainsi, sans en avoir référé au conseil fédéralextraordinaire prévu vendredi 19 juillet,aurait fortement fâché les dirigeants du foot-ball amateur, déjà très enclins à critiquerClaude Simonet. Le mystère sera donc levé àl’issue du conseil fédéral.

Qui va succéder à Roger Lemerre, reçu, jeu-di, par Claude Simonet pour régler les der-niers détails financiers liés à son départ ? Onsait le jeu d’influences autour de ce débat. Enligne de mire, la direction technique nationa-le (DTN), accusée de tous les maux depuisl’échec asiatique.

Ses représentants, Raymond Domenech etRené Girard, peuvent se prévaloir du soutiend’Aimé Jacquet, mais ils souffrent du rejet dela Ligue de football professionnel (LFP), duscepticisme affiché par Michel Platini, voiredu peu d’empressement montré par ClaudeSimonet pour perpétuer la tradition fédé-rale.

Philippe Troussier, l’ex-coach du Japon,

plaît beaucoup, même si d’aucuns le jugent« incontrôlable » et en déficit d’expérience.Enfin, le directeur technique de l’Olympiquelyonnais, Jacques Santini, soutenu parMichel Platini, reste le plus consensuel, celuiqui fait vraiment le lien entre la DTN, où il

officia naguère, et le football professionnel.Jeudi, si la tendance était à un duel final

Domenech-Santini, avec un léger avantagepour l’ancien Stéphanois, seul Phillipe Trous-sier était persuadé d’« avoir marqué despoints ». Les autres candidats restaient dubi-tatifs. « C’était une sorte de ping-pong verbal,a confié Jacques Santini au Monde, jeudi18 juillet. Il m’a rappelé les devoirs de lacharge, le fonctionnement de la DTN. Je suisconfiant en mes possibilités. Je n’aurai aucun apriori, si je suis choisi, mon staff pourrait venirde la DTN. Beaucoup de choses plaident enma faveur. Côté financier, il avait déjà parléavec mon président, Jean-Michel Aulas. Je n’aijamais fait de choix économiques. Mais je croisqu’il avait déjà une partie de son opinion faite,il voulait des confirmations. »

De son côté, René Girard, ex-adjoint deRoger Lemerre, se voulait serein : « Le prési-dent m’a dressé un portrait-robot du futursélectionneur ; savoir gérer un groupe de stars,la communication. C’est assez simple, on n’apas besoin d’un extraterrestre. J’ai l’impression

d’avoir le profil, personne ne m’a jamais mar-ché sur les pieds. »

Enfin, Raymond Domenech, sélectionneurde l’équipe espoirs, a développé son credo :« Redonner une image au football français ».Il n’a pas mâché ses mots, a-t-il assuré auMonde : « Quand les Bleus sont à la rue, c’esttout le football français qui va mal. On doittout remettre en place, on ne vit plus dans unetour d’ivoire. Il y a des postes à réattribuer, pasdes hommes à tuer. Le groupe France doitavancer à travers les erreurs commises. Mesprétentions salariales ? Cela a duré une minu-te trente. Ce n’est pas mon truc de gagner unefortune. C’est le plaisir qui me motive. »

Il voulait croire que son appartenance à laDTN ne serait pas un handicap, à l’heure duchoix final : « Ça devient fatigant, comme sion était le vilain petit canard qui veut fairechier tout le monde. On est tous du monde pro-fessionnel, il faut arrêter. Parlons d’abord decompétences. »

G. Da.

Le grand oral des candidats sélectionneurs

/

Le conseil fédéral qui se réunitvendredi 19 juillet devrait entéri-ner le choix du nouveau sélection-neur. Pour la première fois, laLigue de football professionnel aété consultée. Qu’en est-il ressor-ti ?

La désignation du sélectionneurest du ressort du président de laFédération française de football,Claude Simonet. Pour autant, laLigue a souhaité s’impliquer da-vantage dans le fonctionnement etla gestion de l’équipe de France. Leconseil fédéral l’a accepté. Il connaîtla position de la Ligue.

Quelle est-elle ?La désignation n’est pas une cour-

se de chevaux, je me refuse d’ali-menter le concours de pronostics.Mais nous avons délimité un profilidéal : le sélectionneur doit avoir

l’autorité nécessaire, l’expérience,l’indépendance et une bonne com-munication. Par ailleurs, il fautveiller à ce que le contrat qui seraconclu avec lui soit rigoureux sur leplan finan-cier et qu’il incite à obte-nir des résultats.

Ce conseil fédéral intervientégalement dans un climat tenduaprès la fronde du monde ama-teur qui, lors de l’assemblée géné-rale de la FFF à Lyon, a refusé devoter le budget. La scission entreprofessionnels et amateurs est-elle profonde ?

Depuis douze ans que je suisdans le football, j’ai toujours vécucette tension inévitable entre lemonde professionnel et le mondeamateur. Mais nous sommes liés lesuns aux autres. Il faut tout de mêmerappeler que le fonds de solidaritépour le football amateur est uneavancée considérable. Le versementva être porté à 15 millions d’eurosd’ici trois ans, auxquels s’ajoute, audétriment des clubs professionnels,la taxe dite Buffet des 5 % sur lesdroits TV. C’est un effort considéra-ble que le monde amateur doitapprécier à sa juste valeur.

Justement, le monde amateurredoute que le protocole d’accordne soit remis en cause….

Dans la charte 2002, signée parl’ensemble des clubs profession-nels, il est dit effectivement que

la poursuite des versements est con-ditionnée par l’avancée significativedes réformes que nous demandons.Il faut que le ministre nous aide surce point. Quant à l’éventualité de labaisse des droits, il n’a jamais étéquestion que la contribution dufootball amateur soit indexée surles droits télévisés. Il est seulementprévu que, au-delà de 2004, s’il yavait une baisse des recettes de laLigue, les deux parties se réunirontpour discuter. Je suis optimiste surce point et ne me laisserai pas intoxi-quer par le discours alarmiste sur labaisse des droits. Je sais la valeur denotre championnat de France. L’ex-clusivité a un prix, et nos diffuseursle savent.

Les contestations semblent secristalliser autour de la personnede Claude Simonet ?

Nous, professionnels, soutenonsClaude Simonet, car la FFF estgarante de l’unité du football fran-çais.

Le conseil fédéral va égalementstatuer sur le cas de l’OGC Nice,qui a obtenu un nouvel examende ses comptes devant la direc-tion nationale du contrôle de ges-tion (DNCG). Ne craignez-vouspas que le cas de Nice fasse juris-prudence et qu’à l’avenir, lesclubs contestent systématique-ment les décisions rendues par laDNCG ?

Les clubs deviennent de plus enplus procéduriers. Je le regrette. Ilfaut qu’ils comprennent que celafinira par se retourner contre eux.Cela étant, nous sommes dans unEtat de droit et l’on ne peut empê-cher les gens d’utiliser les procé-dures que la loi leur offre. Mais, àl’avenir, il faudra trouver des formu-les pour que la justice sportive fonc-tionne plus rapidement.

Justement, êtes-vous inquiet de

l’intrusion du grand banditismedans le football, notamment dansle sud de la France ?

Je place l’éthique au centre demon projet. Dirigeants et joueursont des obligations morales à res-pecter. La mafia n’entrera pas dansle football professionnel : c’estnotre rôle d’y veiller, avec l’aide dela police et de la justice. Je m’yemploierai.

Vous allez présenter un certainnombre de projets au ministredes sports. Quels sont-ils ?

En premier lieu, nous demandonsque les clubs soient propriétaires deleur marque, de leurs droits télévi-sés et de leur numéro d’affiliationafin de les inscrire à leur bilan. Lesclubs sont devenus des entreprises.Et il est difficile d’attirer des investis-seurs lorsque l’entreprise n’est pro-priétaire de rien. De même, nousallons soumettre à Jean-FrançoisLamour un projet visant à allégerles charges sociales qui pèsent sur

les clubs en distinguant dans larémunération la part salariale et lapart droit à l’image. Nous vivonsune concurrence totalement déloya-le des clubs européens qui doit ces-ser. Enfin, nous demandons, com-me toute entreprise, d’être exonéréde charges sociales dans le cadredes contrats jeunes, comme l’avaitpromis Jacques Chirac. Mais, à magrande déception, le projet de loidéposé au Parlement exclut le sportprofessionnel de cette exonération.

C’est-à-dire… ?Jacques Chirac proposait une exo-

nération complète des chargessociales pour les jeunes de moins de22 ans travaillant en entreprise.Mais le projet de loi qui a été dé-posé devant le Parlement exclut lesjeunes footballeurs professionnelsde cette exonération, puisqu’il laconditionne à la conclusion d’uncontrat de travail à durée indétermi-née. Or, dans le football, aux termesde la loi comme de la convention

collective, nous n’avons que descontrats à durée déterminée. L’ex-clusion du sport professionnel d’untexte qui concerne tous les autressecteurs économiques constitueune discrimination qui n’est pasacceptable. Nous allons intervenirauprès des parlementaires pour quele projet soit rectifié.

Cela ne revient-il pas à deman-der une exception fiscale ?

Il ne s’agit en aucun cas de créerun régime fiscal pour les joueurs defootball. Les joueurs paieront desimpôts comme tout le monde. Ondemande simplement que les char-ges sociales sur les rémunérationssoient allégées. Il me semble que leministre est à l’écoute sur ce sujet.Comme il l’a été au sujet de l’amnis-tie puisque, à ma demande, il aaccepté que soient exclus du champde l’amnistie les actes de violencedans les stades et tous les comporte-ments qui peuvent mettre en dan-ger la sécurité des spectateurs, des

joueurs et des arbitres.Est-il à l’écoute concernant le

projet de l’entrée en Bourse desclubs de football ?

L’entrée en Bourse n’est pas unepriorité. Elle ne serait pas raison-nable, car les conditions économi-ques ne sont pas réunies. Il fautd’abord que nos réformes aboutis-sent, que les finances de nos clubssoient assainies et que les bilanssoient fortifiés, et on pourra l’en-visager.

Les clubs français ne sont doncpas épargnés par la crise…

Il ne faut pas exagérer. La situa-tion nette des clubs reste largementpositive, en Ligue 1 comme enLigue 2. La situation est encore sai-ne, même s’il est vrai que, en2001-2002, un léger déficit d’exploi-tation apparaît. Il y a surtout unendettement qui a augmenté dansdes proportions assez inquiétantes.Il va falloir de la rigueur.

Comment l’imposer ?La DNCG doit faire son travail.

Elle ne doit pas être simplement ungendarme, mais doit jouer un rôlepréventif en suivant les clubs.Aujourd’hui, il est difficile de gérerune entreprise où la masse salarialeaugmente de 20 % chaque année.

Comment en sortir sans s’ex-poser à la fuite des talents ?

Nous sommes les bons élèvesde l’Europe. On s’applique unerigueur de gestion que les autres nes’appliquent pas. Il faut avan-cervers l’idée d’une DNCG européen-ne. Rétablir une concurrence saineet loyale. En matière de football,nous avons fait l’Europe à l’envers.Ce dossier est capital, et j’espèrebien le voir avancer en 2002.

Propos recueillis parGérard Davet

et Etienne Labrunie

Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel

« Je m’emploierai à ce que la mafia n’entre pas dans notre sport »Dans un entretien au « Monde », l’homme fort du football français rappelle qu’il « place l’éthique au centre de son projet »

LA FORMULE 1 est pourRenault un engagement à long ter-me destiné à appuyer la croissancedu constructeur automobile fran-çais sur le marché mondial. « C’estle meilleur moyen pour développersa notoriété et son image, confirmePatrick Faure, PDG de Renault F1Team et principal artisan de l’aven-ture du losange en F1 depuis ledébut des années 1990. Nous nesommes pas en F1 par caprice, maisparce que c’est le cœur de la straté-gie de l’entreprise. »

L’objectif avoué de la marque estde décrocher le titre de championdu monde des constructeurs à l’ho-rizon 2005, avec pour corollaire lavente dans le monde de quelque4 millions de voitures sous les mar-ques Renault, Dacia et Samsung en2010. Avant que soit donné, diman-che 21 juillet, le départ du GrandPrix de France, Renault a encore duchemin à parcourir.

Quatrième au championnat pro-visoire des constructeurs – c’est lebut qu’elle s’était fixé pour la fin del’année –, elle est talonnée par l’écu-rie Sauber, quatrième en 2001 etqui aimerait bien ne pas perdre cet-te précieuse position. Alors que lestitres des championnats du monde

pilotes et constructeurs semblentd’ores et déjà acquis à l’AllemandMichael Schumacher et à son écu-rie, Ferrari, Magny-Cours pourraitdevenir le théâtre d’un intéressantenjeu sportif. « Sur toute la saison,il n’existe pas de meilleur endroitpour décrocher un podium », assurele Britannique Mike Gascoyne,directeur technique de RenaultF1 à propos de Magny-Cours.

Le pilote Renault Jarno Trulli,28 ans la semaine dernière, est luiaussi impatient de retrouver la pis-te nivernaise. « C’est comme si jecourais à domicile, explique l’Ita-lien, qui fut pilote dans l’écurie fran-çaise Prost Grand Prix. J’ai doncbeaucoup de supporteurs là-bas. Ilme tarde d’être en piste. Je suisconfiant. Même s’il y aura un peuplus de pression que d’habitude. »Une pression à laquelle Sauber nesera pas étrangère.

A pareille époque en 2001, l’écu-

rie suisse totalisait 16 points, con-tre 10 aujourd’hui, à 4 points deRenault. Elle devra mettre les bou-chées doubles si elle veut remonterson handicap et compter sur ladétermination de ses pilotes. Nick

Heidfeld, le pilote allemand del’écurie suisse, a le premier répon-du présent : « Magny-Cours est uncircuit qui vous tient en haleine dudébut à la fin. Je le connais bienaprès y avoir couvert 1 626 kilomè-tres au total : 767 l’année dernière et859 en essais privés. »

Même détermination de la partdu jeune pilote brésilien FelippeMassa, nouveau venu dans le mon-de la F1 : « Je n’ai jamais couru àMagny-Cours, mais je n’aurai aucunproblème pour apprendre le circuit.C’est toujours plus facile sur une pis-te qui n’est pas bosselée. » Avis à laconcurrence.

Surtout, obnubilé par le specta-cle que donnent les écuries diteshistoriques (Ferrari, Williams etMcLaren), qui figurent en tête duchampionnat, on en vient àoublier l’importance que revêt l’ob-tention d’une quatrième placedans les paddocks de la F1. D’unpoint de vue très pratique, les écu-ries sont placées sur la ligne desstands en fonction de leur classe-ment de l’année qui précède. Danstous les cas, les quatre premièresdisposent d’un espace supplémen-taire de l’ordre de plus de 30 % parrapport à un stand ordinaire. Cesurcroît de confort est notamment

sensible sur les premiers grandsprix non européens (Australie,Malaisie et Brésil), où les écuriesne peuvent transporter tous leursmoyens logistiques, et notammentleur motor- home et autre camion-atelier.

Mais l’intérêt lié aux premièresplaces n’est pas que d’ordre techni-que ou logistique. « Les droits rever-sés aux écuries sont nettement plusimportants à partir de la quatrièmeplace », indique sans plus de préci-sion Flavio Briatore, directeurgénéral de Renault F1 UK et princi-pal animateur de l’équipe sur le ter-rain. Une situation qui devraitchanger, ou tout du moins êtrereconsidérée à l’issue des accordsqui régissent la répartition de lamanne financière de la F1.

A partir de 2008 – ou bien avant,comme le souhaitent certainsconstructeurs – une part plusimportante, soit environ 80 % desrevenus nets de frais, devrait alleraux écuries. Aujourd’hui, seule-ment 50 % des droits TV, soit envi-ron 200 millions de dollars, sontreversés, selon une règle confiden-tielle, aux différentes écuries.

Jean-Jacques Larrochelle

a ATHLETISME : le FrançaisNadir El Fassi a créé la surprise,mercredi 17 juillet, à Kingston(Jamaïque) en devenant vice-champion du monde juniors dudécathlon. Il a manqué la médailled’or pour seulement 16 points auprofit de l’Ouzbek LeonidAndreev. Il a améliorél son recordpersonnel, le portant à 7 677 pointset donné ainsi à la France sa premiè-re médaille. Au départ de l’ultimeépreuve, le 1 500 m, le Français poin-tait en troisième position. Ses30 secondes d’avance à l’arrivée surLeonid Andreev n’ont finalementpas suffi pour prendre le titre.a LOTO : résultats des tirages no 57effectués mercredi 17 juillet. Pre-mier tirage : 3, 7, 22, 23, 28, 44 ;numéro complémentaire : 16. Rap-ports pour 6 numéros : 292 979 ¤ ;5 numéros et le complémentaire :4 813,60 ¤ ; 5 numéros : 673,70 ¤ ;4 numéros et le complémentaire :30,40 ¤ ; 4 numéros : 15,20 ¤ ;3 numéros et le complémentaire :3,40 ¤ ; 3 numéros : 1,70 ¤.a Second tirage : 7, 12, 23, 25, 32,47 ; complémentaire : 49 . Pas degagnant pour 6 numéros. Rapportspour 5 numéros et le complémentai-re : 6 519,10 ¤ ; 5 numéros :516,80 ¤ ; 4 numéros et le complé-mentaire : 29,60 ¤ ; 4 numéros :14,80 ¤ ; 3 numéros et le complémen-taire : 3,60 ¤ ; 3 numéros : 1,80 ¤.

Frédéric Thiriez,président de la Liguede footballprofessionnel,le 20 avrilau Stade de France,à l’occasion de lafinale de la Coupede la Ligue,qui opposaitBordeaux à Lorient.

Les écuries peinent souvent à recruter leurs pilotes, faute de candidats cré-dibles. Renault F1 est confronté à un choix cornélien pour 2003 : l’écurie doitchoisir deux pilotes alors qu’elle dispose de trois fortes personnalités. Si lesqualités de metteur au point de l’Italien Jarno Trulli plaident pour lui, le dou-te persiste quant à Jenson Button et à Fernando Alonso. Le Britannique,auteur d’un brillant début de saison, est prêté par l’écurie Williams jusqu’àla fin 2003, où il aura du mal à tirer son épingle du jeu face à Ralf Schuma-cher et Juan Pablo Montoya. « De toute façon, on fera notre possible pourlui », reconnaît Flavio Briatore, manageur de l’écurie Renault. L’Espagnol Fer-nando Alonso, pilote essayeur, veut quant à lui retrouver le chemin de lacompétition après une saison 2001 chez Minardi. « On n’a aucun problèmepour le placer, se rassure Flavio Briatore. On ne peut pas bloquer un pilotecomme lui. » Une décision doit être prise avant le mois de septembre.

« Les clubs

deviennent de plus

en plus procéduriers.

Il faut qu’ils

comprennent

que cela finira

par se retourner

contre eux »

Renault veut conforter sa quatrième place derrière les écuries historiquesFormule 1 b Le Grand Prix de France 2002, à Magny-Cours, est un des grands rendez-vous de la firme française

Button ou Alonso : un choix cornélien

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

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LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/19

L’ART EN QUESTION No 283

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Beaucoupde soleil surtout le pays

Un peintre monumental

« Sainte Mathilde »,de Jean Auguste Dominique Ingres

(1780-1867).Carton préparatoire pour l’un desvitraux de la chapelle Saint-Louis

à Dreux, 1844.2,10 m × 0,92 m.

A l’exposition « Ingres, les cartonsde vitraux des collections du

Louvre », au Musée du Louvre,jusqu’au 23 septembre 2002.

MOTS CROISÉS PROBLÈME NO 02 - 170

LE MUSÉE DU LOUVRE pos-sède la plus riche collection destableaux d’Ingres, dont une extra-ordinaire série de vingt-cinqgrands cartons exécutés entre1842 et 1844, pour les vitraux de lachapelle Saint-Ferdinand à Paris(dix-sept cartons) et de la chapelleroyale Saint-Louis de Dreux (huitcartons).

Il a fallu deux ans au peintrepour réaliser ces peintures sur toi-les montées sur châssis. Un recorddont seul un événement excep-tionnel et tragique pouvait être lacause : le 13 juillet 1842, le princeFerdinand, duc d’Orléans, fils aînédu roi Louis-Philippe, se rend aupalais de Neuilly en calèche décou-verte et fait une chute mortelle.Sur le lieu même de l’accident,près de la porte Maillot, le roi faitconstruire une chapelle commémo-rative et décide de confier la créa-tion des vitraux de cette chapelleet de celle de Dreux, nécropole dela famille royale, à Ingres, quivenait de réaliser un admirable por-trait du prince. La réalisation enest confiée aux maîtres verriers dela manufacture de Sèvres. La cha-pelle est bénie le 11 juillet 1843,deux jours avant le premier anni-

versaire de la mort du prince. Elleappartient aujourd’hui encore à lafamille d’Orléans, même si elle estdevenue une paroisse de Paris.

Dans quel roman Raymond Que-neau cite-t-il à plusieurs reprises lachapelle Saint-Ferdinand :b Les Fleurs bleues ?b Pierrot mon ami ?b Zazie dans le métro ?

Réponse dans Le Mondedu 26 juillet.

V 19

Lever du soleil à Paris : 6 h 09

Coucher du soleil à Paris : 21 h 44

Une zone dépressionnaire est située aularge du Portugal, maintenant de l'airchaud par le sud-ouest du pays. Les hau-tes pressions, situées sur le proche atlan-tique, protègent notre pays des perturba-tions atlantiques.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor-mandie. Le soleil sera prédominant avecjuste des passages de nuages élevésl'après-midi. Les températures maxima-les avoisineront 23 à 25 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Lesoleil sera au rendez-vous malgré quel-ques passages de nuages élevés. Il fera22 à 27 degrés du nord au sud l'après-midi.

Champagne, Lorraine, Alsace, Bour-gogne, Franche-Comté. Après dissipa-tion de quelques brumes locales, le soleilsera généreux. Il fera 24 à 26 degrés aumeilleur moment de la journée.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Le soleil sera généreux malgréquelques passages de nuages élevésl'après-midi. Les températures maxima-les avoisineront 27 à 32 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.Après dissipation de quelques brumeslocales, le soleil sera au rendez-vous. Ilfera 25 à 28 degrés au meilleur momentde la journée.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Corse. Le soleilbrillera largement avec des températuresmaximales avoisinant 26 à 32 degrés.

FRANCE

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux . . . . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. . . . .Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Nouméa. . . . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Réu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Athènes. . . . . . . . . . . . .Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles . . . . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Genève ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .Istanbul . . . . . . . . . . . . .Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou. . . . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma deM. . . . .Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pétersb.Stockholm .... . . .

Ténérife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas . . . . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montréal .. . . . . . . . . .New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .Kinshasa. . . . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Hongkong . . . . . . .

Jérusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .Pékin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Singapour . . . . . . . .Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima detempérature et l’état du ciel. S : ensoleillé;N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

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19 JUI. 2002

15/27 S16/31 S17/32 S13/27 S13/23 S13/21 S13/21 S11/29 S11/26 S13/27 S10/21 S14/26 S13/26 S17/30 S10/24 S14/29 S19/25 S12/25 S15/28 S18/27 S14/27 S10/25 S11/22 S15/30 S13/27 S

18/36 S18/29 S13/26 S13/22 S22/27 S14/20 N20/28 S13/20 N20/25 S19/36 S17/27 S16/26 S15/22 N19/27 P19/26 S17/25 P17/20 N

14/26 C8/17 S

25/30 P22/27 P15/19 S15/21 S11/25 S13/25 S24/29 P12/19 S

10/17 P18/23 P25/33 P

19/30 S25/28 S17/29 S25/37 S

12/25 S3/16 S

20/24 S22/32 S

27/35 P26/31 S27/30 P24/29 P32/41 S28/33 P27/29 P19/31 S29/38 S21/23 P23/31 S

23/29 P28/30 P19/23 P21/27 C25/32 P19/24 S

12/18 S26/33 S19/25 S11/14 P

19/26 N16/19 P11/23 S10/20 S17/26 S17/20 P16/22 P12/16 C12/22 S13/27 S19/24 N25/31 S21/32 S16/29 S13/22 S13/23 S

10/21 S

27/31 P8/20 S

27/30 P

prévisions vers 12hprévisions vers 12h

Alger

Séville

Rabat

Lisbonne

Madrid Barcelone

Toulouse

Nantes

ParisStrasbourg

Berne

Lyon Milan

Bruxelles

Londres

LiverpoolDublin

Belfast

Amsterdam

Prague

Berlin

VienneBudapest

Varsovie Kiev

Bucarest

BelgradeSofia

Istanbul

Athènes

Naples

Tunis

Rome

Oslo Stockholm

Moscou

Odessa

Riga

MinskCopenhague

Munich

Paris

Le Havre

Reims

Troyes

Lille

Strasbourg

Mulhouse

DijonBourges

Orléans

Tours

Rennes

Brest

Poitiers

Limoges

Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montélimar

Chamonix

Clermont-Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

19 juillet19 juillet

Samedi 20 juilletDe la Bretagne auNord-pas-de-Calais,le ciel sera trèsnuageux avecquelques averses.Des pays de Loire àl'Ile-de- Francejusqu'au Nord, lesnuages et leséclairciesalterneront. Ailleursle soleil seraprédominant avecdes températuresestivales.

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

Réponse du jeu no 282 paru dans Le Monde du 12 juillet.Au XIIIe siècle, Ugolino della Gherardesca était un tyran de Pise,

condamné par l’archevêque Ulbadini à être enfermé dans une tour avecses enfants. Tenaillé par la faim, il dévora ses enfants avant de mourirà son tour.

PRÉVISIONS POUR LE 20 JUILLET

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

HORIZONTALEMENT

I. A commencé par conseillerUlysse. Invitation à descendre. -II. Fait la jonction. Evitent lesdangers de la descente. - III.Plaque batave. Ont leur prix. - IV.Titre religieux. Ouvre l’ouvertu-re. - V. Manifester son désaccord.Vaut de l’or. - VI. Guide dans lesairs et en mer. Pars à contresens.- VII. Placées très haut… pourcombien de temps. Appel. - VIII.

Font les chats dans les eaux dou-ces. Mises en doute. - IX. Qui a sugarder sa place. Ses coups sontune mauvaise blague. - X. Leurscoups sont violents. Situationtrès élevée.

VERTICALEMENT

1. Le pouvoir autrefois étaitdans ses racines. - 2. Frappé enpleine face. Un peu d’épaisseur. -3. Refus chez nos voisins, drame

ailleurs. Son eau est calmante. -4. Réservoir d’eaux sales. Alour-dit le propos. - 5. Supprimée. Lesplus beaux poussent en avant. -6. Totale et sans nuance. - 7.Manipuler dangereusement lalame. - 8. Fait un tout. Chère àPaul et à Georges. - 9. Victimesdes excédents. Patron espagnol. -10. Simple mais très dangereux.Assure le doublé. - 11. Personnel.Remît la couche en état. - 12.Emporté avec son père à la révo-lution.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 169

HorizontalementI. Lombard. Slip. - II. Enième.

Epice. - III. Scalp. Vairon. - IV.Semeuse. Ans. - V. Intérim. Ee. -VI. Va. Tendres. - VII. Eta. Tier-cée. - VIII. Ultime. Néant. - IX.Sayda. Denrée. - X. Esse. Alésées.

Verticalement1. Lessiveuse. - 2. Once. Atlas. -

3. Miami. Atys. - 4. Bêlent. Ide. -5. Ampute. Ma. - 6. Rê. Sente. - 7.Verdi. DL. - 8. Ea. Irénée. - 9. Spi.Mérens. - 10. Lira. Scare. - 11. Icô-ne. Enée. - 12. Pense-bêtes.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Ile de Ré

Biarritz

Arcachon

Lacanau

Soulac

Ile d'Oléron

LANDES

CHARENTES

Sud-Ouest

Marseille

Perpignan

Cap d'Agde

La Seyne-sur-Mer

Nice

St-Raphaël

St-Tropez

PROVENCELANGUEDOC

ROUSS I LLON

Sud

BastiaCalvi

Ajaccio

Porto-Vecchio

Corse

Le Havre

Le Touquet

Le Tréport

Étretat

Calais

P ICARDIE

NORMANDIE

Nord

Granville

St-Malo

Concarneau

La Baule

St-Gilles-Croix-de-Vie

Perros-Guirec

Crozon

Deauville

Quiberon

VENDÉE

BRETAGNE

NORMANDIE

Ouest

O

N

E

S

Ouest

Nord

Sud-Ouest

Sud

Corse

Sur les plages

CÔTE NORMANDECOTENTINBAIE ST-MICHEL

FINISTÈRE NORD

POINTE BRETAGNE

SUD FINISTÈRE

SUD BRETAGNE

CÔTE D'OPALE

CÔTE D'ALBÂTRE

BAIE DE SEINE

CÔTE CHARENTAISE

CÔTE GIRONDINE

CÔTE LANDAISE

CÔTE BASQUE

PAS-DE-CALAIS

AJACCIO PORTO-VECCHIO

ROUSSILLON LANGUEDOCGARDBOUCHES-DU-RHÔNE

VAR

CÔTE D'AZUR

CALVI BASTIA

VENDÉE

16

18

TEMPÉRATUREDE L'EAU

MER

Calme/belle

Peu agitée

Agitée/forte

TEMPÉRATUREDE L'AIR

VENTDIRECTION ET

VITESSE EN KM/HEURE

Très forte/grosse

15

VENT CALME

Le temps redevient convenable sur toutes les cotes de France avec destempératures agréable pour la saison. La chaleur revient sur l'Aquitaine.

21˚20˚24˚

20˚

22˚

23˚

24˚ 23˚

15˚

16˚

17˚

17˚ 17˚

16˚17˚

16˚ 18˚

22˚

24˚

28˚

25˚

18˚

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18˚

18˚

18˚

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19˚

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10

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22˚ 27˚

24˚ 24˚

18˚ 27˚ 17˚ 27˚

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23˚ 26˚

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23˚ 27˚

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Le 18 juillet vers 12 heures

10

10 10

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PRÉVISIONS POUR LE 20 JUILLET À 0 HEURE TUSITUATION LE 18 JUILLET À 0 HEURE TU

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20/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

A LIRE EN LIGNERetrouvez sur le site Internet duMonde (www.lemonde.fr/carnet) ledétail des nominations, l’essentieldes lois, décrets et décorations parusau Journal officiel, ainsi que lesadresses des sites publiant des docu-ments significatifs.

DOCUMENTS OFFICIELSLe Sénat publie le rapport du grou-pe de réflexion sur l’évolution del’institution sénatoriale.www.senat.fr/rap/r01-2002/r01-2002.htmlLa Commission européenne publieune communication concernantl’assurance du secteur du trans-port aérien après les attentats per-pétrés aux Etats-Unis le 11 septem-bre 2001.europa.eu.int/eur-lex/fr/com/cnc/2002/com 2002_0320fr01.pdf

JOSEPH LUNS, ancien secrétai-re général de l’OTAN, est mortdans la nuit du mardi 16 au mercre-di 17 juillet, à Bruxelles. Il était âgéde 91 ans.

De haute taille, le visage barréd’une fine moustache, JosephLuns a parcouru la scène diploma-tique européenne pendant unetrentaine d’années, d’abord com-me ministre des affaires étrangè-res des Pays-Bas, de 1956 à 1971,ensuite comme secrétaire généralde l’OTAN, de 1971 à 1984. Il étaitun des signataires du traité deRome instituant le Marché com-mun (1957) et se vantait d’avoirconnu huit présidents des Etats-Unis.

Il était né le 28 août 1911 à Rot-terdam dans une famille de pein-tres qui avait des liens étroits avecla France. Il n’en passait pas moinsdans son pays pour francophobe,sans doute à cause de son engage-ment pour une Europe étroite-ment liée aux Etats-Unis, biendans la tradition néerlandaise del’époque. Sa réputation lui venaitaussi de ses relations orageusesavec le général de Gaulle. Partisanconvaincu de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché com-mun, il était un des rares hommesd’Etat étrangers à tenir tête au fon-dateur de la Ve République. « Lors-que le général et moi étions face àface, aimait-il à rappeler, nous pou-

vions nous regarder dans les yeux. Ilmesurait 1,93 m et moi 1,94. »

Malgré les différends politiques,Joseph Luns était un admirateurdu général. « Je n’ai qu’un regret entant qu’européen, disait-il encore,c’est que ce grand homme n’ait pasété le premier président des Etats-Unis d’Europe. »

A l’OTAN, il eut à gérer la

« bataille des euromissiles » audébut des années 1980, quand lesSoviétiques avaient installé desmissiles à courte portée pointésvers l’Europe et que des manifesta-tions pacifistes menaçaient les gou-vernements d’Europe occidenta-le. Il ne perdait pas pour autantson sens de l’humour : « C’est vrai,je deviens gaga », déclarait-il en1982 à la tribune de l’Assembléegénérale de l’Atlantique Nord,après avoir confondu deux paysmembres de l’OTAN. Deux ansplus tard, en laissant son poste desecrétaire général à Lord Carring-ton, il avouait : « J’ai un bel avenirderrière moi. »

En 1992, il avait défrayé la chro-nique néerlandaise en publiant dessouvenirs controversés. Il dévoi-lait une pseudo-tentative de coupd’Etat à La Haye dont personnen’avait jamais entendu parler.

Daniel Vernet

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C A R N E TAU CARNET DU « MONDE »

Décès

– M. René Ancey,Ses enfants et petits-enfants

ont la grande tristesse d'annoncer ledécès de

Mme René ANCEY,née Claire BAYOTE,

rappelée à Dieu, le 12 juillet 2002, àSanary (Var).

La cérémonie religieuse a eu lieu dansl'intimité, le 16 juillet, à Ollioules.

– Lyon. Mâcon.

MmeJean Coiffier,ses enfants et petits-enfants,

Toute leur famille,ont la tristesse de faire part du décès,survenu à la suite d'une longue maladie,de

M. Jean COIFFIER.

Les funérailles religieuses auront lieule vendredi 19 juillet 2002, à Lyon.

– Sa famillefait part du décès de

LucienDE SOMER D'ASSENOY,

ancien administrateurde la France d'outre-mer,

officier de la Légion d'honneur,

survenu le 15 juillet 2002.

La cérémonie religieuse a été célébréele 18 juillet dans l'intimité.

– MmePierre Dutru,née Geneviève de la Barre,son épouse,

Jean-Pierre, Bernard, Pascal Dutru,Catherine, David et Patricia Dutru,Olivier et Anne-Marie, Emilie Dutru,Philippe Dutru,Patrice, Delphine, Sandra, Gabriel

Dutru,François et Isaline, Julie, Max Dutru,

ses enfants et petits-enfants,

ont la douleur de faire part du rappel àDieu de

Pierre DUTRU,

le 14 juillet 2002, à l'âge de quatre-vingt-douze ans.

La cérémonie religieuse etl'inhumation ont eu lieu dans l'intimitéfamiliale aux Authieux-Papion(Calvados).

Une messe à sa mémoire aura lieuultérieurement en l'église Saint-Pierre, àNeuilly-sur-Seine.

Les Hespérides,18, boulevard du Roy-René,13100 Aix-en-Provence.

– Sa femme,Sa sœur,Ses enfants,Ses petits-enfants et ses arrière-petits-

enfants,Et toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Paul HANOWER,ancien combattant 1939-1945,

engagé volontaire de la campagnede Narvik,

docteur ès sciencesayant consacré sa vie

à la recherche scientifiqueen physiologie végétale en tant que

directeur de recherches dans le cadredu CNRS et de l'Orstom,

survenu le 15 juillet 2002, dans saquatre-vingt-sixième année.

Il n'y aura pas d'obsèques, le défuntayant fait don de son corps à la science.

– René Herman,Nadine et Alain Herman-Bancaud,

Aurélien et Lison,Dominique et Serge Herman,

Julie et Margaux,Isabelle et Denis Herman,

Justine et Clément,font part avec une grande tristesse dudécès de

Anne-Mauricette HERMAN,

le 13 juillet 2002.

10, rue André-Picaud,24300 Nontron.

– Dorothée Selz,André et Paule Sigaud,Lionel, Grégoire et Anne-Laure,Isabelle Simon,Katherine et Philippe Selz,Parents des familles Sigaud et Selz,

ont l'infinie tristesse de faire part dudécès de

Maxime SIGAUD,libraire, auteur de textes secrets,collectionneur d'écrits perdus,

survenu à Paris, le 15 juillet 2002, à l'âgede trente-cinq ans.

Une cérémonie aura lieu aucrématorium du cimetière du Père-Lachaise, le samedi 20 juillet, à 11 h 45.

Dorothée Selz,163, rue de Charenton,75012 Paris.M. et MmeSigaud,04340 Saint-Vincent-les-Forts.

– MmeTita Tiano,Lise et Jacques,Jean Laloum et Liana,André et Christiane Tiano

et leurs enfants,Ses cousins, amis, parents et alliés,Ses fidèles collaboratrices de la

Sogeri,ont la douleur de faire part du décèsbrutal de

Michel TIANO,

survenu le 16 juillet 2002, à soixante-treize ans.

L'inhumation a eu lieu dans l'intimitéce 18 juillet.

Cet avis tient lieu de faire-part.

47, rue du Général-Delestraint,75016 Paris.20, avenue Trudaine,75009 Paris.21, rue du Cardinal-Lemoine,75005 Paris.

– MmeAnne Vilter, son épouse,

William Heddy, Sylvie, Catherine etVladimir, ses enfants,

Fabienne, Frédérique, Galien,Matthieu, Boris et Valentine, ses petits-enfants,

Vala Schmierer, sa sœur,

Eric et Livia Schmierer, Claude et Michèle Schmierer, Anne-Sy Bonvalot,

ses neveux et nièces, ont la douleur de faire part du décès de

Voldemar VILTER, directeur de recherches honoraire

au Centre national de la recherche scientifique,

ancien directeur à l'Ecole pratique des hautes études,

survenu le 13 juillet 2002, dans sa centdeuxième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 19 juillet, à 10 h 30, enl'église du Saint-Esprit, à Meudon-la-Forêt, suivie de l ' inhumation aucimetière parisien d'Ivry.

Anniversaires de décès– Il y a quatre ans,

Jean-Luc BERTIN

est parti.

« Ceux qui voyagent changent de cielmais non d'âme. »

Merci à ceux à travers lesquels il vittoujours.

– En souvenir de

Paul MONDOLONI,

disparu le 19 juillet 1994.

Jeanine et Dominique.

– Morangis.

Il y a soixante ans, le 19 juillet 1942,

Abraham SCHACHNER,

mon père, était arrêté lors de la rafle ditedu Vél' d'Hiv.

Il a été déporté à Auschwitz, le19 juillet 1942 (convoi n° 7), et n'est pasrevenu.

Sa femme, ma mère,

Perla GOLDBERG,

et son fils, mon frère,

Charles,

seront eux aussi déportés sans retour àAuschwitz, le 3 février 1944 (convoin° 67).

Leur fille et sœur ne les oublie pas.Annie Bernheim-Fallik.

Commémorations– Serge Klarsfeld et l'association

Les Fils et Filles des déportés juifs deFrance,32, rue La Boétie, Paris-8e, tél. :01-45-61-18-78, rappellent le souvenirdu convoi n° 7 qui a quitté la gare duBourget-Drancy, le 19 juillet 1942, pourle camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau avec mille déportés, dont centvingt et une femmes.

Le vendredi 19 juillet 2002, devant lemonument du camp de Drancy, serontlus à midi les noms de tous les déportésdu convoi n° 7. Dix-sept survivants en1945.

Communications diverses– La deuxième rencontre des anciens

EOR, ESOA et cadres de Cherchell(été 1951) aura lieu à Vichy, du30 septembre au 3 octobre 2002.

S'adresser à Yves Driard,4, rue de l'Eglise,45230 Châtillon-Coligny.Tél. : 02-38-92-50-46.

Soutenances de thèse– Le 29 juin 2002, à l’université de

Caen, M. Pierre-Yves Chicot a soutenusa thèse de doctorat dirigée par Mme laprofesseure Dominique Custos :« L’affirmation juridique de l’exercicede la compétence internationalelocale : l ’exemple de l’actionextérieure des départements-régionsfrançais d'Amérique. »

Il lui a été décerné le titre de docteuren droit avec la mention Très Honorableet les félicitations du jury.

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DISPARITION

Joseph LunsAncien secrétaire général de l’OTAN

Page 21: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

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« Nous voulons aborder le répertoire contemporain »

ASILAH (Maroc)de notre envoyée spéciale

Avec l’Orchestre des jeunes dela Méditerranée, cela devait finircomme ça. Il y en a d’abord eu un– des cris –, puis deux – des gerbesd’eau –, puis trois – des rires –,enfin dix, qui ont sauté en habit ourobe longue dans les eaux tièdesde la piscine de l’Hôtel Minzah.Pour les soixante musiciens réunisà la fête dans le mythique palacetangérois, ce 13 juillet est un beausoir : ils ont donné leur premierconcert dans les jardins de la Men-doubia, dans le cadre du festivaldes Nuits de la Méditerranée. Find’un cycle de travail intensif etdébut d’une tournée qui bientôtles ramènera en Espagne puis enFrance, avant la séparation.

Il y a moins de quinze jours,aucun d’entre eux ou presque nese connaissait. Aujourd’hui, lesvoilà amis par la musique. Quivenu de Turquie ou d’Albanie,d’Egypte ou d’Espagne, de Franceou d’Algérie, du Maroc ou du Por-tugal. La plupart se sont retrouvésà Marseille, ont échangé leurspremiers mots dans le car qui rou-lait à travers la nuit d’Espagne,avant d’arriver dans la lumièreblanche d’Asilah, au bord de l’At-lantique, à 48 kilomètres au sudde Tanger.

’Depuis le 1er juillet, la session

de formation de l’orchestre s’estdéroulée dans les locaux du Cen-tre des rencontres internationalesHassan-II. Un bel endroit dansd’anciennes écuries militaires réno-vées par le sultanat d’Oman, avecdes jardins, des figuiers, des rem-parts sur la mer, une vieille tour res-taurée et une salle de 450 places.Deux répétitions par jour, des ate-liers d’étude regroupés par famil-les d’instruments, une équipe pé-dagogique spécialisée, rien n’a éténégligé pour mettre en place lesquatre œuvres inscrites au pro-gramme, dont trois sont des créa-tions. Depuis douze jours, ils se

sont noyés dans le travail, alors cesoir, un petit plongeon de plus oude moins… Du coup, le légendaireHôtel Minzah en a perdu ses airslassés de fastes nostalgiques.Oubliés Winston Churchill, RitaHayworth, et même Jean Genet,qui séjourna dans la chambre 115et dort non loin de là, au cimetièremarin de Larache, tombe couleurd’écume que caresse la nuit l’inter-mittence d’un phare, le lumineuxsouvenir de Querelle de Brest.

Pour le chef d’orchestre RolandHayrabedian, dont c’est la pre-mière session, l’instant est pré-cieux : « Pour moi qui suis habitué àdes professionnels, le contact avecde jeunes musiciens m’a redonnél’émotion des premiers moments.Travailler de manière concentréemais dans un laps de temps pluslong, expliquer ce qu’on n’avait plusbesoin de dire, cela m’a permis d’ap-profondir mes propres intuitions. »Contacté il y a moins d’un an parPierre Jacques, le directeur de l’or-chestre, Roland Hayrabedian atout de suite accroché au projet.

Il connaissait cet orchestre, néen 1984 de la décentralisation et dela volonté conjointe du présidentde la région Provence-Alpes-Côted’Azur, Michel Pezet, de l’anciendirecteur de la musique, MauriceFleuret, et de Michel Tabachnik,chef d’orchestre et compositeur.Un orchestre destiné à promouvoirles rapports culturels entre les dif-férents pays de la Méditerranée,dont le fonctionnement saisonniers’apparente à une légende venuede la mer : aborder aux rivagesde l’été pour s’en aller avec le res-sac de l’automne, et ainsi chaqueannée.

« Le nouveau projet consistait àadjoindre à l’orchestre l’élémentvocal au travers du chœur. Puis sur-tout de s’orienter franchement versla création contemporaine. J’aiimmédiatement pensé à deux jeunescompositeurs dont je savais les qua-lités compatibles avec les exigencesde cet orchestre, qui a peu de tempset doit tout de suite être baigné dans

le musical. Quant à la thématique“Les cent noms de l’amour”, le faitde venir travailler au Maroc, quiplus est avec des instrumentistesétrangers, nous a poussé à allerchercher du côté de la littératuremaghrébine. »

C’est ainsi que la jeune et dis-crète Caroline Marçot a composéGhazal, œuvre pour chœur et or-chestre, mêlant des textes d’amourprofane et mystique de Djalâl odDîn Rûmî, Khalil Gibran, Juan de laCruz, Louise Labé, Michel-Ange etla liturgie latine. Jean-Louis Ago-bet a écrit pour orchestre Folia,une pièce virtuose et colorée, par-fois traversée de « lointaines réso-nances folkloriques ».

Quant à L’Edit du papillon, pour

solistes, chœur et orchestre, ima-giné par Caroline Marçot, il résultedu souci de prendre en compte lamusique populaire traditionnelle.« Caroline a composé à partir desrecueils de chants populaires collec-tés entre 1923 et 1955 par JosephCanteloube. C’est sans doute ce quilui a donné le plus de mal, car ellene s’est pas contentée d’assemblerdes mélodies et de les orchestrer,mais a réalisé un véritable travail deréécriture et de composition. » Il estindéniable que cette artiste – sensi-bilité fine et écriture personnelle –a réussi là une petite orfèvrerie

musicale, que les bruyants jardinsde la Mendoubia ont quelque peumise à mal. Seul L’Amour sorcier,de Manuel de Falla, pièce de réper-toire étalon de la formation orches-trale, tirera son épingle de la danserituelle du feu !

Royalement installés dans lepalais Raissouni d’Asilah, les musi-ciens ont donc œuvré dans devraies conditions professionnelles,contraintes et exigences à l’appui– et cela s’entend. Si les aléas duplein air n’ont pas permis de leurrendre pleine justice, les micros etcaméras de la société Karl MoreProductions France se sont décla-rés plutôt satisfaits du résultat. Laveille à Tanger, avant la générale,les musiciens s’étaient baladésdans le Grand Socco, gravissant lesruelles qui mènent à la place de laKasbah, d’où l’on a cette vue impre-nable sur la baie immortalisée parMatisse. Ils ont, semble-t-il, laisséquelques souvenirs si l’on en croitLaarbi, guide non officiel auxallures de vieux rasta qui traîneaux abords de la médina.

Peut-être ont-ils aperçu au 2 dela rue Ibn-Abbou le vieux joueurde oud, Mouedden Abdelmajid,

qui joue de la musique classiquearabo-andalouse tous les soirs auCercle de musique fondé par LesFils du Détroit. Peut-être même sesont-ils assis sur les durs coussinsbleus pour boire un thé à lamenthe aux brûlantes saveurs d’ar-moise et de citronnelle. Ils ont entout cas, nous dit Roland Heyrabe-dian, appris bien des choses pré-cieuses. « Les Français ont ten-dance à penser que tout est mieuxchez eux. Là, ils ont été surpris, etenchantés. » C’est pourquoi, l’an-née prochaine, au moment où latradition veut que les Zelachis (ha-bitants d’Asilah) repeignent leursmaisons à la chaux, le nouvelOrchestre des jeunes de la Méditer-ranée abordera derechef aux rivesmodernes de l’antique Zilis phéni-cienne afin d’y reconstituer sesforces et ses musiques.

Marie-Aude Roux

Les noces de la Méditerranée et

de la musique célébrées au Maroc

Dès votre nomination commedirecteur de l’Orchestre des jeu-nes de la Méditerranée en décem-bre 2000, vous avez eu envie dechanger de projets. Pourquoi ?

J’étais chargé de mission pourl’ensemble du spectacle vivant dansla région Provence-Alpes-Côted’Azur (PACA) quand Michel Vau-zelle [président (PS) de la région]m’a proposé ce poste. Depuis ledépart de Michel Tabachnik en1996, l’Orchestre connaissait quel-ques difficultés. J’ai tout de suiteposé les conditions d’une modifica-tion sensible du projet initial, touten respectant la nature de cetorchestre dont le but était de propo-ser à de jeunes musiciens en fin deconservatoire une initiation à la pra-tique professionnelle de l’orchestre

fondée sur les œuvres du grandrépertoire.

C’est donc la situation de l’or-chestre qui incitait au change-ment ?

Sans doute et aussi le fait que lesorchestres de jeunes ont été créésdans les années 1980 pour pallier lemanque d’expérience et de prati-que orchestrale dans les conserva-toires. Depuis, les choses ont évo-lué. A tel point que nous avons euen France des problèmes de recrute-ment car beaucoup d’orchestres seconstituent l’été pour tourner dansles festivals, les académies, lesmaster-classes. Nous avons mêmeconstaté un certain manque decoopération.

Quelles sont les grandes lignesde ce nouveau projet ?

Au premier chef, aborder lesrépertoires de la musique contem-poraine encore trop peu pratiquéedans les institutions pédagogiques.La deuxième chose, devenir nous-mêmes vecteur de création en pas-sant des commandes à de jeunescompositeurs. La troisième, con-fronter les musiciens au temps réelde la création pour que ce ne soitplus une chose abstraite. C’est pour-quoi les compositeurs sont associésde A à Z à l’élaboration du projet,des auditions au concert, en pas-sant par la session de formation.Enfin, j’ai pensé que la voix, qui amarqué toutes les civilisations de laMéditerranée, devait avoir sa place.

Musique contemporaine etvoix, on pense tout de suite àRoland Hayrabedian ?

Pour moi, le choix de Roland Hay-rabedian comme directeur musicalde l’orchestre s’est imposé d’em-blée : outre la qualité de son travail,internationalement reconnue ausein de son ensemble vocal et ins-trumental Musicatreize, son intérêtmarqué pour la création contempo-raine, c’est aussi son ouverture d’es-prit et son talent pédagogique quien ont fait le candidat idéal. Il ad’ailleurs tout de suite accepté, jus-qu’en 2005.

Jusqu’en 2005 ?C’est vrai qu’on a envie d’inscrire

les choses dans la durée. De consti-tuer un noyau dur de musiciens qui

resterait d’une année sur l’autre.On a aussi programmé les trois pro-chaines sessions. Pour 2003, quis’inscrira tout naturellement dansle cadre de l’Année de l’Algérie,Roland a pensé à deux composi-teurs, l’un confirmé, Edith Canat deChizy, l’autre à peine débutant,Luca Antiniani. L’année suivante,pour les vingt ans de l’orchestre, cesera la Corse et l’imaginaire desîles… J’aimerais même, dans untemps futur, que l’orchestre puisseêtre confronté à la danse contem-poraine.

Pourquoi le Maroc en 2002 ?Jusqu’à présent, les sessions de

formation avaient toujours eu lieuen France, notamment en régionPACA, mais cette première expé-rience dans la région de Tanger-Tétouan avec laquelle nous avonsdes accords de coopération nousconforte dans l’idée que c’est un

bon projet. On est aussi un peu desmessagers de la paix dans cette par-tie du globe qui connaît beaucoupde vents et de marées !

Quelles sont vos conditions defonctionnement ?

Notre budget global est d’envi-ron 690 000 euros, dont 488 000euros de la région, 153 000 euros duministère de la culture et 45 750euros du conseil général des Bou-ches-du-Rhône. Nous ne vendonspas les concerts mais nous deman-dons la prise en charge du trans-port, de l’hébergement et de lanourriture des musiciens. Bien sûr,la situation actuelle avec un prési-dent de gauche dans une région quia totalement basculé à droite auxlégislatives, n’est pas simple. Maisje ne me soucie pas de cela. Jedéfends un projet artistique. Point.

Propos recueillis par M.-A. R.

Pierre Jacques, directeur de l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée

L’Orchestre des jeunes de la Méditerranée, formé de musiciens de différents pays tout juste sortis du conservatoire et destiné à promouvoir les

relations culturelles dans la région, a répété et interprété quatre œuvres à Asilah, près de Tanger, dans le cadre du festival des Nuits de la Méditerranée

« Asilah, carrefour de cultures et de civilisations » : Rachid Amahjour,directeur du Centre Hassan-II des Rencontres internationales d’Asilah, estfier de sa petite ville, dont le maire n’est autre que Mohamed Benaïssa,ministre marocain des affaires étrangères et ancien ministre de la culture.Depuis 1978, la création d’un Moussem Culturel au mois d’août a fait desarts une priorité : colloques, spectacles et concerts, mais surtout ateliers degravure, de céramique et de peinture, notamment pour les enfants, dontcertains sont devenus « des artistes qui exposent au Maroc et à l’étranger ».Depuis 24 ans, nombre d’artistes sont passés par Asilah : d’Alberto Moraviaà Amin Maalouf, d’Ettore Scola à Ahmed Alaoui, Jorge Amado, LoftiAl-Khouli, T’Chikaya U’Tamsi, Buland Al-Haïdari… Cet été, l’inauguration dela bibliothèque Bandar Bin Sultan devrait marquer une étape avantd’autres projets ambitieux : l’ouverture d’une salle de 650 places, d’unthéâtre en plein air, d’un musée d’art contemporain ainsi que d’un conser-vatoire de musique.

b Orchestre des jeunes de laMéditerranée, 142, la Canebière,Marseille (13).Tél. : 04-91-92-11-00.E-mail : [email protected]/Tournée en France du 25au 29 juillet.b Le 25 juillet, à 22 heures,au Festival de Marseille, cour dela Vieille-Charité, à Marseille (13).Tél. : 04-91-99-02-50.b Le 26 juillet, à 21 h 30, aufestival des Nuits de l’Enclave,cour d’honneur du châteaude Simiane, à Valréas (84).Tél. : 04-90-28-12-51.b Le 27 juillet, à 18 heures,au festival Les Rois des aulnes,Jeunes artistes du monde,à Saint-Martin de Crau (13).Tél. : 04-90-47-09-99.b Le 29 juillet, à 21 h 30, auThéâtre romain de Fréjus (83).Tél. : 04-94-51-83-83.

C U L T U R Ef e s t i v a l s

Asilah développe son important pôle culturel

Prochains concertsen France

L’Orchestre des jeunes de la Méditerranée en concert dans les jardins de la Mendoubia, à Tanger, le 13 juillet.

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22/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

Les intermittents s’opposent à la hausse des cotisations

Les parcours hybrides de ShaktiPOUR LA DEUXIÈME ANNÉE, la tribu Shakti a installé son campementdans les salons de l’hôtel Mercure au pied du Palais des papes à Avignon.Shakti, danseuse et chorégraphe indo-japonaise, parcourt les festivals dumonde, programmant ses propres créations et celles de plusieurs jeunestroupes essentiellement japonaises dans le « off » des grands rendez-vousinternationaux, comme Avignon, Edimbourg, Montréal ou Adélaïde. Unedouzaine de spectacles sont dans la Cité des papes ; une quarantaineseront présentés fin août au Fringe Festival (le « off ») d’Edimbourg. Shak-ti (son nom d’artiste et son vrai prénom) est née au Japon d’un père indien,originaire de Calcutta, et d’une mère japonaise. « Ma mère a été la premièreJaponaise à faire venir des troupes de danse indienne au Japon. J’ai com-mencé à apprendre les danses classiques de l’Inde dès l’enfance », expli-que-t-elle. Professeur d’anglais, son père enseignait aussi le yoga et la philo-sophie indienne. Chaque année, la famille partait trois mois en Inde. ANew York, où elle a fait des études de philosophie orientale à l’universitéColumbia, elle a aussi étudié la danse contemporaine occidentale à l’écolede Martha Graham.A Avignon, Shakti présente le fruit de ces parcours hybrides, offrant d’unepart un spectacle de danse odissi, un style de l’Inde orientale, d’autre partune création contemporaine, The Pillow Book, inspirée des écrits érotiquesde Sei Shonagon, une écrivaine du Japon de la période Heian. Dans cetteœuvre surnommée « Le Kamasutra japonais », elle se dénude peu à peu,jusqu’à ce que son corps nu soit peint sur scène par les pinceaux d’unejeune peintre japonaise. « Le mot “shakti” signifie énergie sexuelle. C’est uneforce créatrice, particulièrement réprimée au Japon, qui inspire mon travail.Pour moi, la sexualité est un rite de passage que chaque femme et chaque hom-me traversent à l’adolescence, mais aussi tout au long de sa vie », estime l’ar-tiste. Installée à Tokyo, Shakti danse avec sa compagnie, notamment dansles temples bouddhistes du pays. A l’aide d’Internet et du courrier électroni-que, elle tisse des contacts avec les festivals du monde qui l’attirent. AuJapon, où la scène alternative subit de plein fouet les effets de la dépressionéconomique, de plus en plus de jeunes compagnies cherchent leur salutdans les manifestations internationales. Shakti a créé le collectif Garageinternational, qui coordonne la programmation de plusieurs de ces troupesà l’étranger. En 1993, elle a fait sa première expérience au Fringe d’Edim-bourg. Depuis, la présence du Garage s’est développée dans plusieurs pays.A Avignon, les troupes invitées inscrivent souvent leur répertoire entre tra-dition japonaise (théâtre nô, danses classiques) et recherches contemporai-nes. Jeunes, pour la plupart, elles présentent des spectacles d’intérêt inégal,mais qui témoignent d’une volonté de partage avec le public français. A lafin de leur représentation, les danseuses de La Mosaïque viennent offrirdes origamis, les jolis papiers pliés japonais, aux spectateurs. Les comé-diens de la troupe Company East, qui proposent Medea, une adaptation dela tragédie grecque inspirée par le nô, viennent leur serrer la main et lesremercier d’être venus. Shakti ne sélectionne pas les troupes du Garage surdes critères artistiques : « Je choisis des artistes avec lesquels j’éprouve duplaisir à partager un bout de chemin. » Catherine BédaridaLe Garage international, Hôtel Mercure, quartier de la Balance. Avignon.Jusqu’au 27 juillet. Tél. : 06-12-28-06-81.

Zugzwang

EN SCÈNE, quatre garçons qui n’ont l’air de rien, et seraient visiblementgênés d’avoir l’air de quelque chose. Impossible de dire s’il s’agit de comé-diens déguisés en gens de la rue, ou de vraies gens de la rue. S’ils n’appar-tiennent à aucune des parties, c’est probablement qu’ils sont des agentsdoubles. Tiraillés entre le service au royaume de Belgique (le royaume duDanemark est déjà occupé dans une autre pièce) qui les a abandonnés aupied d’un escalier secret du Palais des papes, et leur désir de vendre à unepuissance étrangère des renseignements exclusifs sur un haut lieu deBruxelles, Le Greenwich, une brasserie. L’image de l’intérieur duGreenwich avec ses habitués est derrière eux, vaste comme le tableaunoir à la communale, belle et muette. Lieu, heure, personnages : les qua-tre individus entreprennent de la faire parler sans ménagements. Ils enéclairent les recoins, analysent la présence de tel ou tel consommateur,discutent, disputent, et s’emballent dans un jeu de piste sans fin. Aveceux, le théâtre (ou la photo) est aussi un ouvroir de littérature potentielle.Ils se trahissent en citant au passage Le Lionnais, fondateur de l’Oulipo etmaître d’échecs, qui définit le zugzwang comme « ce moment où l’obliga-tion de jouer cause sa propre perte ». Une probabilité se dessine : les qua-tre individus pourraient être des oulipistes dissidents, abandonnés à eux-mêmes, acharnés à constituer une fiction où ils trouveraient place, à mon-trer qu’ils existent vraiment en tant que comédiens, signant ainsi leur pro-pre disparition, en tant que gens de la rue. Peu à peu, le plausible et leréel s’emmêlent. Pendant qu’ils retiennent notre attention à coups de bla-gues, les trouble-tête de « Transquinquennal », prennent sournoisementdes notes sur ceux qui les observent. Un déclic, et l’image du Greenwichdisparaît, la salle du Théâtre des Doms devient le lieu de l’enquête. Lespersonnages sont dans la salle et leurs auteurs en scène. Personne n’est àl’abri d’une révélation. Jean-Louis PerrierZugzwang, de et par Bernard Breuse, Miguel Decleire, Stéphane Olivier, PierreGartenaer. Festival d’Avignon, Théâtre de l’Escalier des Doms. Tél. 04-90-14-07-99.Durée : 1 h 10. 8 ¤ et 12 ¤. A 22 h 15, jusqu’au 27 juillet.

AVIGNONde notre envoyée spéciale

Quand s’est achevée Guerra(La Guerre), les spectateurs sesont aussitôt levés, sur les gra-dins installés dans la cour del’école Saint-Jean. Ils applaudis-saient, mais on sentait qu’ilsauraient tout aussi bien pu nepas le faire, pour simplement res-ter debout face à Pippo Delbonoet sa troupe, en signe de recon-naissance. Ils mirent d’ailleurslongtemps à quitter les lieux, cemardi 16 juillet, où le ciel s’étaitenfin dégagé après les pluies dilu-viennes de la nuit précédente…

La Guerre arrive après Le Si-lence (Il Silenzio, Le Monde du11 juillet) et avant La Rage (Rab-bia), qui viendra clore une trilo-gie suspendue au fil de la vie.« Guerra pourrait aussi bien s’ap-peler Itaca, le voyage d’Ulysse »,nous dit Pippo Delbono. Un voya-ge qui commence à Sarajevo etne s’arrête pas. Il fait escale dansla boîte noire où se donne le spec-tacle, cette Guerre des oubliés quipasse par l’Inde et Cuba, les asi-les et les trottoirs, là où viventceux avec qui le metteur en scèneitalien a choisi de partager travailet existence.

« »Parmi eux, il y a Nelson, qui a

dormi pendant des années dansla gare de Naples, après avoirvécu longtemps aux Etats-Unis.Et il y a Bobo, un monde à luiseul. Quand Pippo Delbono l’arencontré, il vivait à l’asile depuisquarante-cinq ans, et le psychia-tre disait de lui : « Bobo était des-tiné à rester pour toujours unenfant. »

De même que Nelson aime dan-ser ou s’allonger, torse nu au

fond du plateau, pour écouter lamusique, Bobo aime fumer sacigarette, ou simplement regar-der. Toute chose, qui était neuvepour lui à la sortie de l’asile, l’estrestée. A un moment, il est assis

sur une malle, très près des spec-tateurs, et il prend des masquesqu’il pose devant son visage, pen-dant que Pippo Delbono racontede petites histoires, des fables enquelques phrases. Il y a une telle

tranquillité chez Bobo, une tellemanière d’être, immédiate, qu’uncalme inhabituel se pose alors surla cour, comme l’aile bienveil-lante d’un oiseau.

« Une grande révolution ne peutnaître que d’un grand sentimentd’amour. » Pippo Delbono faitsienne cette phrase que le Cheavait écrite sur un bout de papier.

On l’entendra souvent, dans

Guerra, où chacun se bat, avec sesbéquilles, ses folies. Théâtre ducœur, théâtre du manque : il nefaut pas chercher dans le specta-cle autre chose que ce qu’il peutoffrir : un désir d’exister, nécessai-rement bancal, et oublieux desrègles.

La beauté naît du regard, quis’affole ou s’apaise, selon que lesacteurs blessés, unis par PippoDelbono, mettent en jeu l’espacedu combat ou de l’abandon, lesfamilles déchirées de Sarajevo oule rêve d’être, ne serait-ce qu’unefois, discobole ou chef d’orches-tre, Gisèle, vierge et putain, ouenfant immortel, dans la vie réin-ventée d’une guerre sans fin.

Brigitte Salino

LE MÉCONTENTEMENT se fait entendre àchaque fois que l’on veut toucher au régime spé-cifique d’indemnisation du chômage des salariésintermittents du spectacle. La Fédération dessyndicats CGT du spectacle a manifesté mercre-di 17 juillet devant la préfecture du Vaucluse,à Avignon, pour exprimer son désaccord avecles mesures prévoyant le doublement des cotisa-tions sociales. Elle compte interpeller le ministrede la culture, Jean-Jacques Aillagon, lors de savenue au Festival samedi 20 juillet. D’autantqu’au Sénat, mercredi soir 17 juillet, a été adop-té un amendement, présenté par le gouverne-ment, allant dans le sens d’un financement « parune contribution spécifique à la charge desemployeurs et des salariés ».

En déficit croissant depuis des années, le régi-me des intermittents doit faire, depuis mai 2001,l’objet d’une réforme en profondeur pour l’adap-ter au nouveau régime général d’assurance-chô-mage. Selon Jacques Peskine, président de laFédération des entreprises du spectacle vivant,de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma(Fesac), qui regroupe les organisations d’em-ployeurs, aucune discussion n’a pu être engagéeavec les confédérations syndicales siégeant àl’Unedic – ce que récuse cette dernière – et avecle Medef.

Face à la menace radicale de mettre un termedéfinitif au système, une partie des partenairessociaux siégeant à l’Unedic – le Medef, la CGP-ME, l’UPA, la CFDT, la CGC et la CFTC – ontconclu un accord, le 19 juin, qui prévoit de dou-bler les taux de contribution d’assurance-chô-mage des employeurs et des salariés. Ces der-niers devaient passer, avec un effet rétroactif au1er juillet, de 5,6 % (2 % salariés et 3,6 %employeurs) à 11,6 % (4,2 % pour les salariés et

7,4 % pour les employeurs).Un veto de la CGT et de FO – non signataires

– a obligé, mercredi 17 juillet, le Comité supé-rieur de l’emploi à surseoir à la validation de cet-te mesure. Légalement, une nouvelle consulta-tion doit être lancée dans un délai de quinzejours. « La décision de l’Unedic est intervenuesans concertation préalable. Le doublement descotisations sera impossible à assumer dans un sec-teur où la plupart des tournées, festivals, produc-tion de films, sont préfinancées et à budget fer-mé », affirme M. Peskine. « Cette mesure n’a pasde précédent dans l’histoire du régime de l’assu-rance- chômage », ajoute Jean Voirin, secrétairegénéral de la Fédération CGT du spectacle, majo-ritaire. « Le secteur du spectacle vivant va trin-quer très lourdement, surtout pour les compagniesles plus faibles. »

Selon M. Peskine, cette disposition représente-

ra l’équivalent de la marge du producteur dans ledomaine de la télévision. Pour un festival d’été, ilévalue le surcoût à 40 000 euros pour un budgetde 1,2 million d’euros. Henri Weber, secrétairenational à la culture et aux médias du PS, expli-que de son côté que « cette décision, d’une extraor-dinaire brutalité, porte atteinte aux revenus desartistes, dont le salaire moyen est de 1 250 eurospar mois ».

L’augmentation des cotisations cache aussiun problème rarement abordé : celui de la frau-de. L’Unedic chiffre à 96 500 le nombre d’inter-mittents du spectacle indemnisés (au lieu de41 000 en 1991) tandis que la Fesac estime queseulement 60 000 à 65 000 personnes peuventprétendre au régime des intermittents, c’est-à-dire travaillent dans le domaine du spectacle

vivant et enregistrent plus de 507 heures paran. Ce qui leur donne droit à une couverturesociale et à un régime avantageux d’indemnitésde chômage.

Dans la mesure où ce régime est favorableaussi aux employeurs – ils embauchent des sala-riés à contrat à durée déterminée –, on constatedes dérives et des qualifications d’emplois par-fois frauduleuses. Un plongeur dans un hôtel-restaurant, s’il est « transformé » en artiste depiano-bar, coûtera moins à son employeur…Les télévisions et les entreprises de son n’hési-tent pas à employer de très nombreux intermit-tents, plutôt que des salariés à plein temps.

« Cette part d’indélicatesse est de la responsabili-té des employeurs qui établissent le bulletin de salai-re », estime M. Voirin. « C’est comme si, pour limi-ter la resquille dans le métro, le prix du ticket étaitmultiplié par deux, ce qui punit sans raison les non-fraudeurs et n’a aucun impact sur les res-quilleurs », souligne M. Peskine. Selon l’Unedic,la prise en charge des allocataires par les Assedic« est vérifiée par des contrôles informatiques auto-matiques portant sur le code métier des intermit-tents du spectacle et le code d’activité de l’em-ployeur ». La Fesac estime au contraire que le défi-cit réel du régime « est impossible à détermi-ner car il est éclipsé par les dépenses que l’Unedicdevrait refuser d’assumer ».

L’Unedic estime le déficit de ce régime spécial à739 millions d’euros par an et considère qu’elledistribue huit fois plus d’allocations que de cotisa-tions perçues. La CGT renvoie dos à dos le Medefet les autres branches où les activités précairessont très déficitaires, comme le travail intérimai-re.

Nicole Vulser

Un accord prévoit de doubler les taux de contribution d’assurance-chômage des employeurs et des salariés

b Dans la cour de l’école Saint-Joseph, les spectateurs du Festival d’Avignon peuvent

assister à « Guerra » : 80 minutes où le combat se joue des handicaps

Pippo Delbono au fond, en costume gris, joue avec ceux dont il partagele travail et l’existence, les plus démunis. Le metteur en scène, artisand’un théâtre du cœur, présente à Avignon trois pièces.

.

/

Les quatre individus pourraient être des oulipistes dissidents, abandonnésà eux-mêmes, acharnés à constituer une fiction où ils trouveraient place.

L’Italien Pippo Delbono mènesur scène la « guerre » des oubliés

, de Pippo Delbono. AvecGianluca Ballare, Bobo, Marghe-rita Clemente, Piero Corso,Armando Cozzulo, Pippo Delbo-no, Lucia Della Ferrera, FaustoFerraiulo, Gustavo Giacosa, Sim-pone Goggiano, Elena Guerrini,Mario Intruglio, Nelson Larricia,Tomaso Olivari, M. Puma, et PepeRobledo. ’. Cour de l’écoleSaint-Jean, à 22 heures. Tél. :04-90-14-14-14. 19 ¤ et 23 ¤. Jus-qu’au 19 juillet. Durée : 1 h 20.

C U L T U R E f e s t i v a l s

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LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/23

Oasis puise dans le dépouillement la clé de sa rémission

JazzFestivalde Radio Franceet MontpellierAu Festival de Radio France etMontpellier, le jazz ne représentequ’une petite partie de laprogrammation. Il est pourtantmieux traité et considéré que dansbien des manifestations qui luisont entièrement consacrées.Le directeur René Koering met àdisposition du programmateur dela partie jazz, Xavier Prévost, le belespace de la cour des Ursulines,avec son grand plateau, un rapportscène-public bien équilibré,le savoir-faire des personnels dela ville et de Radio France, pourle son, les lumières, l’accueil.L’affiche est toujours attentiveaux musiciens de goût etd’intelligence. On pourraitenvisager d’y passer un étéfestivalier en toute quiétude.Notons cette année que sontannoncés : le quintet du guitaristeFrédéric Favarel (le 19) ; le duoBardainne/Gleizes, lauréats duConcours de jazz de La Défense2001 (le 22) ; le quintet duvibraphoniste Franck Tortiller(le 23) ; Trio Bado (le 24) ; A SuivreX’tet de Bruno Regnier (le 26) etle trio Mazzillo/Jaume/Santacruz(le 30).

Cour des Ursulines, rue de l’Université,Montpellier (Hérault). TramwayLouis-Blanc. Tél. : 04-67-02-02-01.Jusqu’au 1er août. Entrée libre.

ExpositionsAncienneManufactureroyale de porcelainede LimogesMarie-Antoinette ne partageait pasla passion de son mari. La reinepréférait la confection de laitagesà la chasse. Sa distraction favorite ?« Jouer à la fermière et se promenerdans la campagne ».

Pour lui être agréable, Louis XVIfit bâtir, en 1783 et en secret danssa nouvelle acquisition, le domainede Rambouillet, son quatorzièmechâteau, une laiterie, lieu alors« très à la mode ». Entre 1787 et1788, la Manufacture royale deSèvres réalisa pour la Laiteriede Rambouillet un service enporcelaine de style étrusque.

L’ancienne Manufacture royale deLimoges fondée en 1737, premièrefabrique de la ville à se consacrer àla fabrication de porcelaine, rééditeaujourd’hui trois de ses pièces :une jatte-téton, un gobelet à ansesétrusque, un gobelet cornet.

Ces porcelaines qui ont mobilisé,la première année, les « deux tiersdu personnel employé à la pâtedure » rivalisaient d’audace dansles formes et les couleurs.

Bernardaud, 11, rue Royale, Paris-8e.Mo Concorde. Tél. :01-47-42-82-66. Ouvert du lundiau samedi, de 10 heures à 19 heures.Liste des points de vente Paris-provinceau 01-43-12-52-00.

La tempêtesur le Limousinvue par troiscréateursLa tempête de 1999 est encoredans les mémoires. Elle aparticulièrement touchéle Limousin, où se trouve le Centred’art et de paysage de Vassivière.Trois créateurs présentent desexpositions personnelles surce thème. Le Belge Michael Danset le Français Bertrand Lamarchesont plasticiens. Gilles Clément,paysagiste, « jardinier planétaire »est venu du département voisinde la Creuse. Les œuvres exposéesrelèvent de l’installation,de la photo ou de la vidéo.Michael Dans propose un jeu demikado géant (Small Noise) dontl’effet accumulatif renvoie auxconséquences du cataclysme.Water Station, de BertrandLamarche est une installationqui nous donne à voir un élément(l’eau) comme le pivot du processusde la fabrication des tempêtes.Quant à Gilles Clément, il relèvequelques aspects positifsdu traumatisme causé parle vent. La sylviculture intensive,nous dit-il, fait parfois plus de malqu’un cyclone ; la tempête peutêtre un vecteur de diversité.Avec elle, la nature jardineet se régénère.

Centre d’art et du paysage de Vassivièreen Limousin, Ile de Vassivière(Haute-Vienne).Tél. : 05-55-69-27-27. Tous les joursde11 heures à 19 heures.De 0, 76 ¤ à 2,29 ¤.

ThéâtreEté 2002Pour sa sixième et dernière saisond’été (du 5 juillet au 25 août) àla tête du Théâtre du peuple deBussang (Vosges), Jean-ClaudeBerrutti a choisi de monter LaCerisaie, dernière pièce de Tchekhov(1904) et La Chute, troisième texted’une jeune auteur yougoslave,Biljana Srbljanovic(1999). Biljana Srbljanovic sera àBussang pour rencontrer le public,le 1er août. Egalement auteur,Denise Bonal assistera àla présentation (le 26 août, à15 heures) de sa pièce (Turbulenceset petits détails) par les participantsaux Ateliers du Théâtre du peuple.Lectures-spectacles (les 4, 11 et18 août), films en lien avec la saisonjalonneront cette 108e édition.C’est en 1895 que commençala construction de ce bâtimenten bois au fond de scène ouvrantsur la colline boisée, aujourd’huiclassé monument historique.Son créateur ? Maurice Pottecher.Théâtre du Peuple, rue du Théâtredu peuple, Bussang (Vosges).Tél. : 03-29-61-50-48. « La Cerisaie »d’Anton Tchekhov, jusqu’au 25 août,à 15 heures ; « La Chute », de BiljanaSrbljanovic, jusqu’au 24 août, à 20 h 30.De 6 ¤ à 20 ¤.

PrécisionLa soirée d’été à La Chaufferie (LeMonde du 18 juillet) à Saint-Denis(93) a lieu le 18 juillet à 20 h 30.Tél. : 01-48-13-05-06.

La jeune garde de l’Estsort de l’ombreà Paris Quartier d’été

OÙ EN EST la danse contempo-raine en Europe centrale et orien-tale ? On connaît mal la scène cho-régraphique des pays de l’Est, tantles artistes (à l’exception notabledes Hongrois Josef Nadj et Pal Fré-nak) sont absents des program-mations hexagonales. Aubaine del’été parisien, la soirée Sol.East,composée de cinq solos interpré-tés par cinq chorégraphes de Rus-sie, de Roumanie et d’Estonie. Pro-posée par le Centre national de ladanse (CND) dans le cadre du festi-val Paris Quartier d’été, cette opé-ration pointe au rouge une jeunegénération de danseurs bien déci-dés à faire sauter les frontières.« Il est très important pour nousd’être diffusé en France pour sortirde notre isolement, commente leRoumain Eduard Gabia. Mais noussommes surtout curieux de connaî-tre les réactions des spectateurs pari-siens, si différents de notre public, ànotre travail. Quitte d’ailleurs à ceque ça ne marche pas. » EduardGabia parle anglais, comprend lefrançais, que son compatrioteMihaï Mihalcea possède quasi par-faitement.

Les Russes Nikolaï Schetnev etDaria Buzovkina, toute rougis-sante sous son fichu, l’EstonienRaido Mägi bataillent avec unanglais restreint pour communi-quer sur leur travail. « Contraire-ment à la Roumanie, qui a profitéde la présence de chorégraphesfrançais comme Dominique Ba-gouet ou Christian Trouillas à la findes années 1980, l’Estonie, commela Russie, très marquée par la danseclassique, sont relativement viergesd’influence française contempo-raine », explique Claire Verlet,directrice de la maison des compa-gnies et des spectacles du CND.« Mais tous ces chorégraphes se res-semblent sur un point au moins : ilsont décidé de ne pas attendre queles institutions de leurs payss’occupent d’eux. Depuis deux ans,ils créent des festivals, ouvrent depetites structures sans aucun ar-gent, et se font connaître. »

A Bucarest, Mihaï Mihalcea alancé le Mad Center dans un vieuxcentre culturel dont il partage leslocaux. Il y répète ses spectacles,les joue (la jauge est de 80 places)et accueille aussi ceux des autres(Bucarest compte une quinzainede chorégraphes contemporains).Pour faire bouillir la marmite (il

n’y a que deux troupes néoclassi-ques subventionnées à Bucarest),il « fait des bêtises » dans desshows commerciaux et donne descours. Regard clair, il se révoltecontre la tradition spectaculaireen vogue là-bas : l’expression de lasouffrance. « Ici, un artiste a dutalent s’il sait souffrir : autrementdit, s’il sait faire des grimaces. Toutbouge trop chez nous, tout est exa-géré. Je veux revenir à la simplicitéde l’émotion, à la normalité même,gommer tout effet de ma danse. Sur-tout, être sincère avec moi-même. »

Pas un des chorégraphes qui ne

reprennent à son compte cettenotion d’intégrité artistique liée àune pensée rigoureuse mais soupledu mouvement. Eduard Gabiacomme l’Estonien Raido Mägi, har-dis équilibristes balançant entredanse et concept, s’insurgent, àl’instar de certains chorégrapheseuropéens, contre la gratuité dugeste. « Notre corps déborde de sen-sations et de désirs de bouger, expli-que Raido Mägi. Le danseur doitsavoir ce que chaque geste signifieen profondeur. Dans mon solo Mee-lega [En connaissance de cause], jejoue avec ma mémoire, celle de monenfance la plus lointaine, je tente dedanser à ma façon le trajet de mavie. » Visage de faune, sauvagerienouée, cet excellent danseur, com-me tous les autres, n’a de cesse desavonner le terrain à sa virtuositépour retrouver, par une simplecaresse de la main, la ligne d’unbras, la fluidité des doigts.

Ouvertement revendiquée ounon, l’introspection est le terreaude ces solos. Dans Just, sa premièrepièce, Daria Buzovkina ne sauraitdire pourquoi elle a choisi de revisi-ter l’enfance de son père, élevédans un orphelinat. « Pourquoi cetemps-là, si sombre, bat-il si fortdans mes veines, comment se joue-t-il de ma vie ? Je ne sais pas. C’estcomme ça. » Son père, un business-man, n’a pas désiré voir le solo ;quant à sa mère, elle préfère ladanse classique. Daria a 23 ans, etdéjà cinq spectacles à son actif.

Rosita Boisseau

b L’autoproclamé « meilleur groupe de rock’n’roll » publie l’album « Heathen Chemistry »

b Cinq chorégraphes de Russie, d’Estonie

et de Roumanie en solo dans « Sol.East »Musique Complicités croisées au festival Les Suds

Qu’est-ce qui donne sa grâce, son sup-plément d’âme à un festival ? Au-delà de saprogrammation, de son astucieuse manièred’ouvrir des chemins de découverte, c’est par-fois dans le creux des hasards, dans l’inatten-du, heureux ou malheureux, que la magiepeut arriver. Aux Suds, à Arles, la première soi-rée au Théâtre antique ne s’est pas dérouléecomme prévu. L’endroit a du cachet, commetoutes les vieilles pierres. Il magnétise musi-ciens et public. La musique s’y donne et s’yreçoit autrement.

On sait Danyèl Waro capable de tout. D’em-porter loin, de chanter en oubliant l’heure,de marquer durablement les esprits. Lundi,quand la pluie se met à tomber, une partie dupublic déserte les gradins, vaincu par les trom-bes d’eau. Entouré des siens, le chanteur-poète du maloya descend de scène et, aumilieu de ceux qui résistent, continue à obéirà son instinct. Il chante, danse, donne du sensà l’idée de plaisir et de liberté.

En seconde partie de lasoirée, la chanteuse etjoueuse de gaita galicien-ne Mercedes Peon, dontc’était le premier concerten France, n’a pas pu fairepartager aux Arlésiens savision audacieuse des tra-ditions de Galice exacte-ment comme elle l’auraitsouhaité. Mais elle nonplus n’a pas renoncé.Réfugiée dans l’église desFrères-Prêcheurs, à quel-ques rues du Théâtre anti-que, autour de minuit, enun peu plus d’une demi-heure de concert entière-ment acoustique, elle crée

un moment fort.Le lendemain, au bureau du festival, des

gens appelleront pour qu’on remercie de leurpart Danyèl Waro et Mercedes Peon. Ces réac-tions attestent d’une réelle connivence entreles habitants de la cité et le festival. En septans, le public s’est élargi constamment, affir-me Mari-José Justamond, directrice artistiquede cette proposition estivale qui touche toutesles couches de la population. Le travail menépendant l’année par l’association Suds, à Arles,notamment en direction des quartiers populai-res, porte ses fruits. S’il fallait résumer en unmot ce qui se passe ici, ce qui fait le lien entreles concerts, les rencontres, les momentsimpromptus, les apéro-dédicaces, les siestesmusicales (une belle idée, reprise ailleurs), lesConciliabules au Museon Arlaten, les salons demusique de l’association Paroles de femmes,on parlerait de complicité. Celle avec les Ren-contres internationales de la photographie res-tait à inventer. Cette année, le pont existe. A

l’église des Frères-Prêcheurs, où sont mon-trées des photographies de Josef Koudelka (LeMonde du 9 juillet), la chanteuse corse JackyMicaelli a inauguré, pendant les Rencontres dela photo, une série de concerts acoustiques.

Les concerts se relient aussi les uns auxautres au cours d’une même soirée. « Notremusique, c’est de l’amour, uniquement del’amour », déclarent les femmes du groupe ira-nien Rozaneh. Il ne faudrait surtout pas voirdans le nom qu’elles se sont choisi (« espoir,espérance, rayon de lumière ») une allusion à« autre chose ». Accompagnées par MaryamGharashu (luth tar), Bijan et Keyvan Chemirani(percussions tombak et daf), Zohreh Bayat etParvin Javdan, disciples déclarées du chanteurSharam Nazeri, interprètent les poètes per-sans mystiques, dont Rumi. Dans la cour del’Archevêché, mardi 16 juillet, sous un marron-nier centenaire, l’ensemble offre un momentde grisante délicatesse.

C’est encore de raffinement qu’il sera ques-tion dans la soirée consacrée à la musique dutemps des croisades en Orient et en Occident,grâce à l’ensemble syrien Al-Kindî avec le chan-teur Omar Sarmini, remarquable de fluidité etde ferveur, puis ensuite avec Jan-Maria Car-lotti et Michel Marre, à travers une interpréta-tion très inventive des chants de troubadours.

Patrick Labesse

Les Suds, à Arles, 15 et 16 juillet. Prochains concerts : le18 juillet, Manu Théron, Jacky Micaelli, Emil Zrihan,Souad Massi ; le 19, Annie Ebrel / Riccardo Del Fra, Dji-guiya, Funk’n Lata ; le 20, Manuel Molina, Casa de la Tro-va, Las Viejas Gitanas de Jerez ; le 21, à Salin-de-Giraud(commune d’Arles), Ventadis, repas (inscription au04-90-93-08-76). Tél. : 04-90-96-06-27. www.suds-arles.com/ Photo : les Iraniennes de Rozaneh.© Benjamin [email protected]/

Le Chevalier BlackÀ LOS ANGELES, au centre du ghetto de South Central, se croisent lesavenues Florence et Normandy. Ainsi, lorsque Jamal, habitant du quar-tier, est précipité au Moyen Age à la cour d’un roitelet britannique, il seprévaut de cette adresse, ce qui le fait passer pour un seigneur de hauteorigine. Le Chevalier Black puise ainsi à l’intarissable source comique del’anachronisme, avec bonne humeur, sans prétention ni ambition. Pour-tant ce film moche et enlevé laisse entrevoir autre chose qu’une farce des-tinée à la consommation estivale. Sa vedette (Martin Lawrence, qui est àEddie Murphy ce que Jean Lefebvre fut à Bourvil) fait passer son person-nage par des accès de rage politique. Devant les serfs, il évoque le sort deRodney King (l’automobiliste noir passé à tabac par la police de Los Ange-les) et conclut que la seule manière de mettre fin à l’oppression reste lalutte armée. Aujourd’hui, à Hollywood, pour faire entendre des propossubversifs, mieux vaut faire un détour par le Moyen Age. T. S.Film américain de Gil Junger. Avec Martin Lawrence, Marsha Thomason. (1 h 36.)

Bloody MalloryON A ENLEVÉ le pape. Un comman-do spécialisé dans la chasse aux gou-les, vampires et autres succubes se lan-ce à sa recherche jusqu’à un inquié-tant village-fantôme où se préparequelque rituel impie dont le Saint-Père risque de faire les frais. Il y a,depuis quelque temps, un fantasmedans la profession, le rêve que le ciné-ma français puisse produire des filmsde genre à l’égal de l’industrie hol-lywoodienne. Bloody Mallory court àtoute allure après ce fantasme et tented’imiter les séries B d’épouvante amé-ricaines en y rajoutant une dose devague poésie – qu’on peut, à défautd’un autre mot moins galvaudé, désigner de surréaliste – et une louche dedérision télévisuelle contemporaine. L’ensemble est insondablementlaid, infantile et cynique. Il y a pourtant un vrai cinéaste français degenre, qui sut marier poésie fantastique, épouvante feuilletonesque etpetit budget, c’est Jean-Pierre Mocky. Restons donc avec le souvenir deLa Cité de l’indicible peur, de Litan ou de Ville à vendre. J.-F. R.Film français de Julien Magnat, avec Olivia Bonamy, Adria Collado, Jeff Ribier.(1 h 25.) Photo D. R.

OASIS semblait à sec. Comme si toutes lesréserves avaient été consommées (bues,fumées, sniffées…) le temps de deux premiersalbums – Definitely Maybe et (What’s the Story)Morning Glory —, par une soif incontrôlée degloire et de décibels. Rassasié mais alourdi, legroupe emmené par les frères Gallagher avaitensuite surchargé ses décors pop dans la zonede plus en plus désertique de son inspiration.Cinquième chapitre studio en forme de rémis-sion, Heathen Chemistry prouve qu’il restait unpeu de potion magique au fond de la marmite.

Innover n’a jamais été le propos des lads deManchester. Demande-t-on à Big Ben de se con-vertir à l’heure digitale ? Revendiquant le patri-moine rock insulaire, ils avaient insufflé à cettenostalgie le panache de leur arrogance, desmélodies rassembleuses et une rudesse soniquequi réhabilitaient les guitares au pays de l’acidhouse. Mais peut-on porter une couronne sanssombrer dans la pompe ? Autoproclamé« meilleur groupe de rock’n’roll du monde »,encouragé par l’anglocentrisme ambiant, Oasisavait cru à son trône au point de ne plus penserqu’à l’apparat. Six cordes grandiloquentes etarrangements ventripotents ne pouvaient pour-

tant masquer la médiocrité de la plupart deschansons de Be Here Now et Standing on theShoulder of Giants.

Premier album enregistré après le remplace-ment des guitaristes et bassiste « historiques »Paul « Bonehead » Arthurs et Paul « Guigsy »McGuigan par Gem Archer et Andy Bell, Hea-then Chemistry a d’abord le mérite d’avoir misce petit monde à la diète. Retombés de leur pié-destal, Noel et Liam Gallagher ont eu la sagessede revenir à la simplicité de base de leur instru-mentation. Motivés peut-être par l’efficacité pri-mitive de « groupes à guitares » occupant ledevant de la scène depuis un an (The Strokes,The Hives, The Soundtrack of Our Lives), lequintette a essayé de retrouver une vitalité quinaît du dépouillement.

« »Electrocuté par un riff hindouisant, The Hin-

du Times, le premier single, renouait avec lesboogies « hooliganesques » (Cigarettes & Alco-hol, Shakermaker, Roll With It) des premiersalbums. Des morceaux comme Force of Nature,construits autour de l’intro de batterie du Night-clubbing d’Iggy Pop, ou Hung in a Bad Place,

composé par Gem Archer, ont le charme unpeu buté des performances live du groupe. For-ce pourtant est de reconnaître que les titres lesplus rock ne sont pas les principaux atouts dece disque. L’innocente agressivité des débutsleur fait désormais défaut.

Plus à l’aise dans les tempos moyens, NoelGallagher a remis la main sur quelques mélo-dies à faire chanter les stades. On pourra seplaindre des « effets de briquets » et desrefrains « gros sabots » de Stop Crying YourHeart Out ou Little By Little, mais la force de cesongwriter a souvent plus tenu à sa ferveur fédé-ratrice qu’à sa délicatesse. L’euphorisante légè-reté de She Is in Love tenant ici lieu d’exception.Plus obsédé encore que son frère par la figurede John Lennon, Liam s’est risqué cette fois àécrire trois chansons. Submergées par l’influen-ce du Beatle, Born on a Different Cloud et (Proba-bly) All in the Mind nasillent jusqu’au pastiche.Mais même sous perfusion de Norwegian Wood,Songbird se révèle une adorable friandise.

Stéphane Davet

Oasis, Heathen Chemistry, 1 CD Epic/Sony.

.. Paris Quartier d’été. Arè-nes de Montmartre. Paris-18e. Jus-qu’au 20 juillet à 21 h 30. 9 ¤. Tél. :01-44-94-98-00.

C U L T U R E A G E N D A

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24/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

RADIO

FEU sur la mondialisation ! Feu sur ceuxqui ont assassiné à bout portant Carlo, dontle corps repose au milieu de la scène. Autourde lui s’affrontent le papi gaucho ; le filsdéputé (tendance gauche-libérale) ; sonépouse et son assistant parlementaire ; leurfille, l’antimondialiste amie de Carlo ; et unevoisine un peu trop curieuse. Qui suivre, quine pas suivre ? Tel est le schéma de Gênes2001, le jeune homme exposé, dernière créa-tion, au Théâtre des Carmes à Avignon,d’André Benedetto, auteur-acteur, ou poète-dramaturge, dont les pièces sont aussi desmanifestes contre la dépolitisation, des colè-res contre ceux qui désertent l’espace public.

André Benedetto est un combattant au-quel certains ont collé une coiffure d’Indien,trop heureux de pouvoir le considérer com-me le dernier. S’il pouvait être le dernier.« Cela vient de Geronimo, en 1974. Quatreans à l’affiche. J’étais foutu, j’aurais pu enchaî-ner indéfiniment les Indiens. Alors j’ai coupéles ponts, je ne me suis plus écrit de rôles. » Envérité, la première muse d’André Benedettoest la liberté, dans l’attention aux autres.« Au théâtre, dit-il, on vient voir l’histoire entrain de se faire. Il n’y est question que de liber-té. Dès qu’un acteur paraît, on la sent frisson-ner. » De Hiroshima (1963) à Gênes (2002),sont passées par les Carmes et ses avant-postes des divisions entières d’affameurs etd’affamés du temps présent, de grands mé-chants tenus en respect par quelques héroscomme Guevara, Mandrin, Rosa Luxem-burg, Robespierre, Jaurès ou Mandela.

Au début, André Benedetto a voulu analy-ser les cycles de ses pièces. Avant de se ren-dre compte qu’il ne faisait que répondre auxcommandes de l’histoire. Ainsi, les années1980 sont celles de Fusillade à Montredonentre CRS et viticulteurs, puis celles de DjebelAmour, sur l’Algérie : « Sujet tabou, il y a vingtans, et maintenant encore. » Alors quand ildit : « Je ne fais que des choses qui s’impo-sent », il n’y a pas trace de forfanterie, maisla droiture assumée, en cent vingt titres, poé-sie, théâtre, le poing dans la main.

Les années 1990 sont celles de Nous lesEureupéens. Des sketches, qui tournent enco-re, sur nous, « les plus forts, les plus beaux ». Ilpasse en revue aussi bien le plus grand tasd’ordures d’Europe, à Entressen (Bouches-du-Rhône), que le jardin public comme« lieu de l’idéologie bourgeoise, avec ses tablesd’orientation qui vous mettent au centre dumonde ». Quand on lui a demandé quelquechose sur les peuples d’Europe, il s’est aper-çu que Vienne ou Venise étaient inscrites surson parcours, avec l’Amérique en bout depiste. Il a senti « cet avalement par l’Ouest,

cette angoisse permanente qui nous oblige àaller de l’avant. Nous, les “Eureupéens”, onnous transplante n’importe où, et six moisaprès il y a des HLM, un Casino, l’invention deDieu et les bûchers de l’Inquisition. »

Sous l’allant, l’angoisse pointe. AndréBenedetto ne fait pas que ressembler augrand-père gauchiste et pas gauchi de Gênes2001, ravi de voir les militants revenir fairedes crocs-en-jambe à la pensée unique. Il estcelui qui trouve « curieux » ses petits-enfants : « Ils ont ce regard, droit dans lesyeux, un peu comme celui des animaux. Je ledis souvent aux acteurs : il faut qu’on puissevous prendre en photo comme des animaux.Nous, on n’arrive pas à se faire prendre en pho-to. On est toujours inquiet de quelque part. Lesenfants, non, ils portent cette capacité d’être. »Sous le titre Essaie d’être aussi beau et présentsur une scène qu’une vache dans un pré (Edi-tions Périphérie, au Théâtre des Carmes), il aécrit quelques textes sur ce thème. Il a la lec-ture « à l’italienne » comme modèle, un élo-ge de la monotonie, du « recto-tono ». Il veutl’acteur tenu par la tension intérieure.

Il s’excuse s’il paraît un peu zen. Mais iln’y a pas de contradiction avec l’être médi-terranéen. Il suffisait d’écouter Mastroianni.En fait, il ne supporte pas le lyrisme.« Quand tout chante, il n’y a plus de réflexion

possible, plus de tragique. L’homme provençalest un être tragique. Raimu maintenait tou-jours une distance infinie, lorsqu’il s’exhibaiten tant qu’acteur. Il disait : il n’y a que moipour faire ça. Vilar, lui, écoutait le son de cequ’il disait. Il prenait le temps. Tous deux sontdes leçons de démocratie. » Avant toute énon-ciation, l’articulation est déjà politique.« Toute parole en scène est publique. Et si c’estpublic, c’est politique. »

« »Cela ouvre à la grande bataille de l’occitan.

Trop long, trop compliqué pour entrer dansla conversation. Surtout quand la politiquelocale s’en mêle. Doit-on dire « Avignoun »,comme les Félibréens, ou « Avinhon », dansla graphie classique des troubadours ? Il a cetourment d’entendre le parigotisme rongerles vers, rétrécir la pensée avec la langue :« Même à la Comédie-Française, ils prati-quent les élisions. Quand c’est dit par GérardParis-Clavel (affichiste et ami de premier rang,avec le poète Serge Pey, Bernard Lubat ouErnest Pignon-Ernest) qui est né au Carreaudes Halles, je comprends, mais les autres ! Jene sais pas pourquoi cet accent se développe.Pourtant, quand on articule chaque syllabe,on ne se met pas à parler le marseillais ! Alorspourquoi ? Et ça n’inquiète personne ! »

Quarante ans de combats, par le théâtre,pour le théâtre. Jamais désespérés. Mêmedans les retours coup-de-poing de l’actua-lité : « Le monde se cherche. Il est difficile deparler politique sans éviter les vieilles lunes.Mais on peut penser neuf. L’époque est éton-nante. On va juger et mettre en prison des gos-ses de 13 ans, alors que les bagnes d’enfantsdatent d’hier. Comment fait-on pour perdreles pédales à ce point ! Si on supprime le théâ-tre et la poésie, c’est le retour à la barbarie. LeFestival d’Avignon a des trous, mais il y a tou-jours un George Dandin, un Hamlet, et des tex-tes neufs qui relisent la pensée humaine dansle vocal. Ça ne peut pas ne pas avoir de consé-quence sur ces choses épouvantables. Je suislà, je jette un mot, il tombe dans les oreilles desgens, traverse la salle, court de proche en pro-che, et tout peut changer. »

Jean-Louis Perrier

Gênes 2001, le jeune homme exposé, d’AndréBenedetto. Avec André Benedetto, ClaudeDjian, Nicolas Flamen, Aude Laine, CorinneLevesque, Luc Pacini, Odile Picard.Festival d’Avignon, Théâtre des Carmes, 6, pla-ce des Carmes. Tél. : 04-90-82-20-47. 11 ¤et 16 ¤. Durée : 1 h 15. A 16 h 15, jusqu’au25 juillet.

a La journée d’hommage à VaclavHavel organisée par le Festivald’Avignon, le mercredi 17 juillet, aeu lieu en son absence. Le prési-dent de la République tchèqueétait arrivé à Avignon dans la soi-rée du mardi 16 juillet, en compa-gnie de son épouse, la comédienneDagmar Havlova. Dès le matin du17, il a dû, pour des raisons de san-té, repartir pour Prague. Les mani-festations prévues font écho à la« Nuit pour Vaclav Havel » que leFestival avait dédiée, en juillet1982, à l’écrivain, signataire de laCharte 77, alors en prison. A la ren-contre publique organisée par LeMonde, ont participé, en l’absencedu président, le ministre tchèquede la culture, Pavel Dostal, le pro-fesseur Jacques Rupnik et JanRubes, qui a traduit en français denombreux textes de Havel. Lors dela soirée au Verger d’Urbain V, aupied du Palais des papes, a été pro-jeté le film de Karel Prokop Duthéâtre au pouvoir.a La direction artistique de l’or-chestre Sinfonia Varsovia a étéconfiée au violoniste britanniqueNigel Kennedy, 46 ans. Il dirigeracet orchestre pour la premièrefois le 30 septembre, à Varsovie.« Nigel Kennedy viendra réguliè-rement à Varsovie pour travailleravec nos musiciens. Une tournée deconcerts en Allemagne est prévuepour octobre », a indiqué à l’AFPle directeur de Sinfonia Varsovia,Franciszek Wybranczyk. Disciplede Yehudi Menuhin et de Sté-phane Grappelli, Nigel Kennedy,dirigera aussi l’Orchestre de cham-bre du Sinfonia Varsovia, créé en1972, qui va « probablement chan-ger de nom pour s’appeler NewPolish Chamber Orchestra ».a Le réalisateur français Constan-tin Costa-Gavras a reçu le Prix desmaîtres du cinéma de la ville de Fie-sole, près de Florence, pour l’en-semble de son œuvre, a annoncémardi 16 juillet Aldo Tassone,organisateur du Festival François-Truffaut de Florence. Costa-Gavras s’est dit très sensible àcette récompense, « d’autant plusqu’elle provient d’Italie, patrie dunéoréalisme, de Fellini, Pontecorvoet Rosi ». En lui remettant ce prix,le photographe Oliviero Toscani,connu pour ses travaux publici-taires pour l’industriel Benetton, arendu hommage au cinéaste « quidéfend avec ténacité et un sens aigude la polémique les valeurs de la per-sonne humaine ».a Les Francofolies de La Rochelle,18e édition, se sont soldées par« un net et franc succès », selon sondirecteur-fondateur Jean-LouisFoulquier, avec 84 000 specta-teurs, dont 60 000 entrées payan-tes, du 12 au 17 juillet (Le Mondedu 16 juillet). Le déficit cumulé des« Franco », de 69 360 euros, « estrattrapé », a précisé le directeur,qui a annoncé qu’il se ferait rem-placer, après l’édition 2004, parson collaborateur Didier Varrod.

f Les Trois Viesd’Edouard Chevarnadze9 h 45, France 5Le réalisateur Nino Kirtadzéretrace le parcours d’EdouardChevarnadze, apparatchikgéorgien, ministre de l’intérieurde l’URSS dès 1965, et numéro undu PC géorgien en 1972.Ami du président Gorbatchev, quile nomma ministre des affairesétrangères en 1985, Chevarnadzecontribue à la détente entreles deux blocs. En 1990, alorsque Gorbatchev s’apprêteà le nommer vice-président,Chevarnadze démissionne pours’opposer à la dictature militairequ’il pressent.f Sadhu, le gardien de la foi11 h 10, France 5La Kumbh Mela est le plus grandrassemblement religieux del’Inde : plus de 10 millionsde pèlerins se réunissent dansun même lieu, en provenance detout le pays. Les sadhus sont les« gardiens de la foi », ils ont faitle choix d’une vie de prière età de méditation. Adulés, ils sontle plus souvent nus et recouvertsde cendres. Ce documentairede Rahul Kapur s’attache à l’und’entre eux. Célibataire et chaste,il a passé les quinze dernièresannées de sa vie dans la forêt,à méditer, afin d’atteindre l’étatde conscience absolue.

f Grossesse à risque20 h 45, ArteHannah, jeune étudiante enarchéologie, et Georg, avocat,attendent leur premier enfant.Mais ses proches conspirentsoudain et exhortent Hannah àavorter : son bébé est menacé demalformation, mais on lui cachela véritable cause de cettemenace : les produits dopantsabsorbés par sa mère, uneex-championne olympique.Sur le ton d’un film d’épouvante,le téléfilm de Diethard Klanteaborde le douloureux problèmedu dopage des sportifsest-allemands et de sesrépercussions sur plusieursgénérations.f A la Clairefontaine :le but final21 h 00, Canal+C’est la troisième et dernièreannée de formation des apprentisfootballeurs du centre deClairefontaine. La réalité de la vieva bientôt rattraper ces jeunes,et l’entraîneur s’efforce de fairecomprendre aux élèves, ainsi qu’àleurs parents, à quel point lespropositions mirobolantes sontparfois des miroirs aux alouettes.Troisième et dernier volet dece condensé du documentairede Bruno Sevaistre.f La Naissance d’un empire23 h 25, ArteJosephita Guerrero vittranquillement avec son père

et son frère Romauldo à RanchoChico, en Californie. Mais en1848, la fièvre de l’or s’empare dupays. Débarquent des aventurierspeu scrupuleux en quête de gainsfaciles. Parmi eux, Dermodd’Arcy, attiré par la belle JosephitaGuerrero. En 1928, Allan Dwansigne un western muet,mélodramatique à souhait.Sur fond de ruée vers l’or enCalifornie, il dénonce au passagela cupidité et la violence des« conquérants » américains.f L’Hôtel-Dieu de Beaune0 h 30, France 3Pour « La case de l’oncle doc »,

Jean-Luc Mage revient surl’histoire de l’Hôtel-Dieu deBeaune, le monument le plusvisité de Bourgogne. Depuis cinqsiècles, les guerres, les épidémies,les disettes et famines, commela Révolution ou l’Occupationont eu une influence directesur l’hospice. Chargées de soignerles nécessiteux, les sœurshospitalières ont aussi dû faireface à ces événements.Un documentaire rehaussépar les témoignages d’historienslocaux et des dernières sœursde l’Ordre, émaillés d’anecdotesdrôles ou tragiques.

TÉLÉVISION

André Benedetto, le théâtresur parole

LES GENSDU MONDE

19

L’acteur et dramaturge, résistant acharné

à la dépolitisation, présente à Avignon sa pièce

« Gênes 2001 », charge contre la mondialisation

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0123www.lemonde.fr

Radio Classique à Paris : 101.1, Aix : 100.9, Avignon : 99.4et toutes les autres fréquences sur www.radioclassique.com

Festival d’Avignon 2002Retrouvez sur Radio Classique les meilleurs momentsdu « Monde des Rencontres ». Un rendez-vous, animépar Hugues Le Tanneur, avec celles et ceux qui font l’actualitéde ce festival.

Vendredi 19 juillet, à 18 h 45 : une rencontre avec Michel Bouquet et Claudia Stavisky pour Minetti, pièce de Thomas Bernhard.

19

f Festival de Radio FranceMontpellier20 h 00, France-InterFrance-Inter relaie le FestivalRadio France Montpellieren diffusant le Concertopour piano et orchestre no1et la Symphonie no1 de Brahms,interprétés par l’ONF etla pianiste Hélène Grimaud.

f Surpris par la nuit22 h 30, France-CultureL’émission de Jérôme Sandlarztente ce soir de dessiner lescontours du New Morning, cetteboîte de jazz parisienne mythique.Les plus grands musiciens saluentla qualité acoustique du club,le respect du public, mais aussil’incroyable personnalité de sapatronne, Mme Fahri. A travers demultiples témoignages, Surpris parla nuit, retrace également la viede cette petite femme de 80 ans.

f 1934

Naissance à Marseille.

f 1961

Fondation de laNouvelle Compagnied’Avignon.

f 1963

Entrée au Théâtredes Carmes.

f 1967

« Napalm », surla guerre du Vietnam.

f 1974

« Geronimo ».

f 1992

« Nous lesEureupéens ».

Apprenties braqueusesAu départ, il y a la vie d’un quatuor d’amies dans une grande ville an-

glaise. Autour de Paula, employée de supermarché délurée, plusieurs fem-mes dans la tourmente. Sa sœur Val, caissière, est enceinte du meilleur amide son mari. Kathy, mariée à une ex-gloire du football national, se retrouveseule du jour au lendemain, avec ses deux enfants et les dettes contractéespar son mari. Carol, joueuse de Bingo dans la dèche, souffre de voir son filstoxicomane miner l’équilibre familial. Lorsque Val et Paula assistent au bra-quage d’un supermarché, l’idée d’en faire autant les excite. Pas de meilleurmoyen, pour ces quatre femmes éprouvées par la vie, de refaire surface…

Ce braquage improvisé, mené par des ménagères à la vie difficile, donne àce téléfilm britannique inédit en France une épaisseur humaine. D’autantque l’insolente facilité avec laquelle Paula dévalise un pub une premièrefois, comme dans un jeu, amène ces nouvelles « pétroleuses » à prendregoût à la chose, donnant peu à peu à cette fiction un ton grave dont onredoute l’issue. Cette série réalisée par David Innes Edwards, en deux épiso-des diffusés à la suite, est servie par un scénario habile, une réalisation ryth-mée et une interprétation soignée. D’ailleurs, certaines scènes ne sont passans rappeler l’œuvre de Ken Loach et cette Angleterre contemporainedépeinte par un drame réaliste, mais pas misérabiliste. – Gr. L.

« Les Voleuses », vendredi 17 juillet, M6, 20 h 55.

C U L T U R E P O R T R A I T

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LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/25

r a d i o - t é l é v i s i o nJ E U D I 1 8 J U I L L E T

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

13.35 Cœur en sursis Téléfilm. Rick Wallace.Avec Liza Minnelli (EU, 1985) & 15.20 LesAnges du bonheur Ecart de conduite. Série &

16.15 M6 Music 16.55 C’est l’after 17.50 LeClown Joyeux anniversaire & 18.50 SydneyFox, l’aventurière Labyrinthe. Série & 19.45Caméra café Série 19.50 Voile Tour de France19.54 6 minutes, Météo 20.05 Notre bellefamille Série & 20.40 Caméra café Série.

20.55 L V Téléfilm [1 et 2/2].David Innes Edwards. Avec Michelle Collins,Lesley Sharp, Geraldine Somerville, EmilyWoof (GB, 1999). 9928364 - 6916703Quatre jeunes femmes, qui ont chacunedes problèmes dans leur viequotidienne, décident de devenirdes braqueuses.0.35 Voile Tour de France 0.38 Météo.

0.40 Z Ados, amouret sexualité. Magazine présenté par Bernardde La Villardière. Au programme : L’amourla première fois ; Epidémie au lycée ;Peur sur les campus. 3344759

2.30 C’est l’after Magazine présenté parZuméo et Elsa Fayer. 2773952 3.15 M6Music / Les Nuits de M6. Emission musicale(220 min). 31340198

14.10 Journal des sorties 14.30 Miss CupidonTéléfilm. Uwe Janson. Avec Uwe Bohm (All.,2000) & 16.00 Surprises 16.10 Road TripFilm. Todd Phillips. Avec Breckin Meyer %

17.40 Black Books Série & f En clair jusqu'à 20.45

18.30 Les Faell 2 Série & 18.35 Allô la Terre, iciles Martin Série 19.00 A la Clairefontaine19.30 Journal, Le Zapping 19.55 Les Guignols20.00 Burger Quiz 20.45 La Grande Course.

21.00 A CLe but final. Documentaire. Bruno Sevaistre(2002) & 52819La troisième et dernière année deformation des apprentis footballeursdu centre de Clairefontaine.22.30 Stick Moulins à paroles. Court métrage.Pascal Rémy. Avec Michel Aumont, OlivierSaladin (France) &. 364

23.00 T C a Film. Tarsem Singh.Avec Jennifer Lopez, Vince Vaughn, VincentD’Onofrio, Marianne Jean-Baptiste, JakeWeber (EU, 2000) ? 5508345Un scientifique pénètre dans l’espritd’un tueur grâce à un appareillagesavant de sa fabrication...0.45 Spin City L’équipe du maire dans lecollimateur. Série &. 7336117 1.05 South ParkCamp de régime. Série ?. 7328198

1.25 Golf Open britannique (2e jour). AMuirfield (Ecosse). 23437198 3.30 Le Voyagede Felicia a Film. Atom Egoyan. AvecBob Hoskins, Elaine Cassidy (Can. - GB, 1999,100 min) %. 4542778.

13.55 Keno 14.00 Drôles de dames L’angedéchu 14.55 Refuge pour la vie Téléfilm.Arthur Allan Seidelman. Avec Ellen Burstyn(EU, 2000). 16.50 Les Coulisses du pouvoirTéléfilm. Daniel Petrie. Avec Anthony Quinn(EU, 1971) 18.25 Questions pour un champion18.55 Le 19-20 de l’info, Météo 20.10 Tout lesport Magazine 20.15 Le Journal du TourCyclisme 20.30 C’est mon choix... ce soir.

20.55 T Voyages autour de lamer. Magazine présenté par GeorgesPernoud. 602971Au sommaire : Vietnam ; Nouvelle-Zélande ;USA côte Est.

22.25 Météo, Soir 3.

22.55 D Un homma-ge aux imitateurs. Documentaire. AndréFlédérick. 362971Coup de chapeau aux jeunes et vieuxmaîtres de la parodie, ici confrontés àleurs victimes préférées...0.30 La Case de l’oncle doc L’Hôtel-Dieu deBeaune. 4655575 1.20 Capitaine Flam A larecherche du trésor. 2705469 1.50 Soir 3 2.15Le Journal du Tour Cyclisme. 7365339

2.25 Les Dossiers de l’été Avant l’oubli ? : 85photographies pour mémoire(s). 586641173.30 On en rit encore ! Les bêtes de scène.Marianne James. 1409407 4.25 L’AutreLautrec Documentaire (75 min). 86166556

16.55 C’est l’after 17.50 Le Clown Invasion.Série 18.50 Sydney Fox Les secrets de Casano-va. Série 19.45 20.40 Caméra café Série19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05 Notrebelle famille Franchir le pas. Série.

20.55 O C Divertissement. [2/10] Ce soir,un garçon quitte le bateau. 6670437

22.10 L G B a Film. LucBesson. Avec Jean-Marc Barr, Jean Reno,Rosanna Arquette, Paul Shenar, Jean Bouise.Comédie dramatique (Fr., 1988) &. 5132654

0.40 Le Dernier Combat a Film. Luc Besson.Avec Pierre Jolivet, Jean Bouise. Science-fiction (France, 1983, N.) ? 3454180 2.20 C’estl’after Magazine 3.05 M6 Music / Les Nuitsde M6 Emission musicale (355 min).

16.15 Pacific Blue Santé menacée. Série 17.00Melrose Place Vengeance par procuration.Série 17.55 Sous le soleil Mise à l’épreuve.Série 18.55 Qui veut gagner des millions ?19.55 Météo, Journal, Météo.

20.55 C M, Passage protégé.Série. Avec Yves Rénier, Clément Michu,Francis Lax, Natacha Amal %. 5306741La fille d’une femme, renversée parun chauffard ivre, attend ce dernier àsa sortie de prison pour l’abattre.

22.35 M Téléfilm. Robert Iscove. Avec Nicolette Sheri-dan, Stacy Keach, Peter Outerbridge, IanTracy, Peter Coyotte (EU, 1996) ? 66778570.10 Koh Lanta Episode n˚3.

1.05 Mode in France 2.15 Aventures asiati-ques Aventures asiatiques en Inde 3.10Reportages Quelques privés bien tranquilles3.35 Histoires naturelles 4.05 Nul ne revientsur ses pas Feuilleton 4.30 Musique (45 min).

12.05 Midi les zouzous 13.45 Le Journal de lasanté 14.05 Les étoiles du cinéma DenzelWashington 14.40 Palaces un jour, palacestoujours Vienne 15.35 Cap à l’Est Moldavie16.35 La Perception de l’infini 17.30 100 %Question 18.05 La Vie secrète de Tifoune laFouine Documentaire 19.00 Tracks Maga-zine 19.45 Arte info, Météo 20.15 ReportagePassion flamenco. Documentaire.

20.40 G Téléfilm.Diethard Klante. Avec Johanna Klante,Heikko Deutschmanns, Hans PeterHallwachs, Renate Krössner, Florian Martens(All., 2002). 959600Une jeune étudiante en archéologieapprend que le bébé qu’elle portesouffre d’une anomalie...

22.15 C La Trilo-gie de la villégiature. Le Retour de la villégia-ture. Pièce de Carlo Goldoni. Mise en scènepar J.-L. Benoît. Avec J.-C. Barbier. 571971Dernier des trois tableaux...23.25 L M La Naissanced’un empire a a Film. Allan Dwan.Avec Renée Adorée, Tom Keene (EU, 1929,muet, N.). 37038840.45 Why Are You Creative ? 11675310 0.50

Palettes, cérémonies secrètes La grande pein-ture de la villa des Mystères (70 avant notreère). 2619310 1.20 Inséparables Film. MichelCouvelard (France, 1999, 90 min) %. 1199420

17.30 100 % Question 18.05 Les Animauxbâtisseurs 19.00 Voyages, voyages La Rioja19.45 Arte info 20.05 Arte et la Documenta 1120.10 Météo 20.15 Reportage La Tradition dela soie.

20.40 P - P’, a a Film.Hélène Angel. Avec Serge Riaboukine,Bernard Blancan, Pascal Cervo, MaaikeJansen. Drame (France, 1999) ? 518050Deux fillettes voient leurs vacancesbouleversées par l’arrivée d’un oncle,parti il y a quinze ans. Un drame natu-raliste et âpre. une révélation.

22.20 C : LT Les Manies de la villégiature 10391431.Les Aventures de la villégiature. 9417321.Pièce en 3 actes de Carlo Goldoni.

0.40 Why Are You Creative ? Vaclav Havel0.45 Grand format Lettres du train fantôme.Documentaire 2.10 Palettes, Théodore Géri-cault La beauté du désastre : « Le Radeau dela Méduse », 1819. Documentaire (45 min).

f En clair jusqu'à 20.45 18.35 Allô la Terre, ici lesMartin Série. Faites chauffer l’école 19.00 Ala Clairefontaine [15/16] 19.30 Journal 19.45Le Zapping 19.55 Best of « Les Guignols del’info », « Burger Quiz ».

20.45 C a a Film. Terence Davies.Avec Gillian Anderson, Eric Stolz, AnthonyLaPaglia, Laura Linney, Terry Kinney.Drame (GB, 2000) &. 483050Une jeune femme est broyée par lesconventions de la haute société new-yorkaise au début du XXe siècle.La peinture d’un monde cruel.

23.00 J Magazine présentépar Christian Delcourt et Jean-ClaudeBouttier. 584370.30 Spin City Rivalité (v.o). Série 0.50 SouthPark Thanksgiving (v.o) %. Série 5967616.

1.15 Golf Open britannique : (1er jour). A Muir-field (Ecosse) 1878109 3.15 Quand tu lirascette lettre a Film. Jean-Pierre Melville.Avec Juliette Gréco, Philippe Lemaire. Drame& (Fr. - It., 1953, 105 min) 2231364.

FILMS13.25 Escadrille Lafayette a William Wellman(Etats-Unis, 1957, N., v.o., 95 min) & CineClassics14.15 La Ville des pirates a a Raoul Ruiz (France,1983, 115 min) & CineCinemas 215.00 Le mort qui marche a a Michael Curtiz(Etats-Unis, 1936, N., v.o., 65 min) & CineClassics16.20 Les Eaux printanières a Jerzy Skolimowski(Fr. - It., 1989, v.m., 100 min) & CineCinemas 116.55 Tenue de soirée a a a Bertrand Blier (France,1986, 85 min) ? TPS Star17.30 La Rue de la mort a a Anthony Mann(Etats-Unis, 1950, N., v.o., 80 min) & CineClassics18.50 Les Anges marqués a a Fred Zinnemann(EU - Sui., 1948, N., v.o., 100 min) & CineClassics20.05 Nulle part a Laetitia Masson (France, 1993,55 min) & CineCinemas 221.00 La Victime a a Basil Dearden (GB, 1961, N., v.o.,100 min) & CineClassics21.35 Les Compères a a Francis Veber (France, 1983,90 min). RTBF 122.35 Rambo a a Ted Kotcheff (Etats-Unis, 1983,v.m., 95 min) % CineCinemas 122.40 Docteur X a a Michael Curtiz (Etats-Unis,1932, v.o., 75 min) & CineClassics23.00 Deux a a Claude Zidi. Avec Gérard Depardieu(France, 1988, 95 min) % CineCinemas 20.15 La Forêt interdite a a Nicholas Ray (Etats-Unis,1958, 95 min). TCM

FILMS14.50 Eaux profondes a a Michel Deville. AvecIsabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, SandrineKljajic (France, 1981, 95 min) & Cinéfaz15.05 Le Mariage de Chiffon a a Claude Autant-Lara(France, 1941, N., 95 min) & Cinétoile16.00 Les Experts a Phil Alden Robinson (Etats-Unis,1992, v.m., 120 min) % CineCinemas 117.10 La Femme aux chimères a a Michael Curtiz(Etats-Unis, 1950, N., v.m., 110 min). TCM18.00 Midnight Run a a Martin Brest (Etats-Unis,1988, v.m., 125 min) % CineCinemas 118.25 Cyrano de Bergerac a a a Jean-PaulRappeneau (France, 1989, 140 min) & Cinéstar 119.15 Derrière la façade a a Georges Lacombe etYves Mirande (France, 1939, N., 90 min) & CineClassics20.55 Apparences a Robert Zemeckis (Etats-Unis,2000, v.m., 125 min) ? Canal + Vert22.25 Conte d’été a a Eric Rohmer (France, 1996,115 min) & CineCinemas 322.55 49e parallèle a a Michael Powell et EmericPressburger (GB, 1941, N., v.o., 118 min) & Cinétoile23.40 La Ville des pirates a a Raoul Ruiz (France,1983, 110 min) & CineCinemas 20.20 La Nourrice a Marco Bellocchio (Italie, 1999,v.m., 105 min) & CineCinemas 3

17.25 Vélo club Magazine 18.05 JAG Les sen-tiers de la mort. Série 18.55 Tous au club19.45 Histoires formidables par StéphanePeyron 19.50 Un gars, une fille Série 19.55Objectif Terre 20.00 Journal, Météo.

20.55 F ’Patrick Henry, le procès de la guillotine.Magazine présenté par ChristopheHondelatte. 5304383Le procès de Patrick Henry, une étapedécisive sur le chemin de l’abolitionde la peine de mort. Le 30 janvier1976, Patrick Henry kidnappe ungarçon de huit ans...

22.35 C ’ Que veulentles femmes ? Magazine présenté par GaëlLeforestier. Invités : Guy Bedos, Lio, HervéBrossard, Jovanka. 41810790.20 Journal de la nuit, Météo.

0.45 Nikita Le mal qui est en nous. Série 1.25L’Enquêteur Le poète de la gare. Un sac pleind’argent. Série 3.05 Vagabond du pôle Nord3.55 24 heures d’info 4.15 Soudan, la gommeà tout faire 4.30 Magie blanche (70 min).

13.45 Point route 13.55 Cyclisme Tourde France (12e étape) : Lannemezan - Plateau-de-Beille (199,5 km) 17.15 Vélo club Cyclisme18.05 JAG La base fantôme. Série & 19.00Tous au club Magazine 19.45 Histoires formi-dables par Stéphane Peyron Magazine 19.50Un gars, une fille Série 19.55 Objectif Terre20.00 Journal 20.42 Talents de vie 20.45Météo 20.50 Point route Magazine.

20.55 U 20.55 P.J. Braquage. Série [1 et 2/6].Avec Bruno Wolkowitch, Charles Schneider,Marc Betton (2000) %. 1301432 - 1762987Prévenus de l’imminence d’unbraquage de banque, les services dela police judiciaire sont néanmoinspris de court par les malfrats...22.45 Avocats et associés Série [1/6] &.

23.45 S.L.A.P. Carte blanche à MarcLavoine. Divertissement. 3973068Invités : Marc Lavoine, Cristina Marocco,Calogero, Souad Massi.1.00 Journal, Météo 1.20 La Dernière Nuitdes Proms 1999 Deuxième partie. 13763102.15 Faites entrer l’accusé Patrick Henry, leprocès de la guillotine. Magazine. 35035563.45 24 heures d’info 3698846 4.00 Météo

4.05 Bhoutan, à la croisée des cheminsDocumentaire &. 33652407 4.10 Comme ons’aime Que veulent les femmes ? Magazine.Invités : Guy Bedos, Lio, Hervé Brossard,Jovanka, mannequin (110 min). 5586285

16.45 L’Ecrin de l’ombre Téléfilm. P. Newman(EU, 1980) 18.25 Questions pour un cham-pion 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo20.10 Tout le sport 20.15 Le Journal du Tour20.30 C’est mon choix... ce soir.

20.55 V Film. Yves Angelo.Avec Emmanuelle Béart, Sandrine Bonnaire,André Dussollier, Eric Ruf, Vahina Giocante.Drame (France, 1998). 6349166Deux sœurs vivant dans une maisonsur la lande bretonne s’affrontentsourdement. Une gravité vaine etempesée.22.45 Météo 22.50 Soir 3.

23.15 A aFilm. Romain Goupil. Avec Romain Goupil,Marianne Denicourt, Brigitte Catillon,Anne Alvaro, Christine Murillo. Comédie dra-matique (France, 1999) %. 7438876

0.45 La Case de l’oncle doc L’Autre Lautrec.1.40 Capitaine Flam Série 2.10 Soir 3 2.30 LeJournal du Tour 2.45 Des racines et des ailesSpéciale Saint-Pétersbourg 4.40 Les Dossiersde l’Histoire (55 min).

DÉBATS21.45 Docs & débats. Israël-Palestine : l’engrenage dupire ? Odyssée

MAGAZINES13.00 Explorer. Requins amoureux. Dans la jungle duCongo. Rats en guerre. National Geographic14.00 FBI. Invités : Charles Pasqua ; Robert Hossein ; JeanMontaldo. Match TV16.15 Recto Verso. Romane Bohringer. Paris Première17.05 Les Lumières du music-hall. Charles Aznavour.Patrick Juvet. Paris Première18.50 Rive droite, rive gauche. Invités : Jacques Perrin ;Philippe Torreton. Paris Première18.55 J’y étais. Invités : Jean Piat ; Claude Angeli. Match TV19.00 Explorer. Les seigneurs du Tikal. Nom de guerreNavajo. Les origines du jeu. National Geographic20.45 Plaisir de France. Clémentine Célarié. Match TV22.35 Vie privée, vie publique. Elles ne sont pas celles quevous croyez ! Invités : Nicoletta ; Muriel Moreno ;Sandrine François ; Christine Caron ; Myriam Stocco ;Claude Sarraute ; Viviane Wade ; Ulla ; Fabien Lecoeuvre ;Karen Berreby. TV 5

DOCUMENTAIRES17.15 Les Mystères de l’histoire. Les carnets secretsd’Hitler. La Chaîne Histoire17.35 Il était une fois la 2 CV. Odyssée17.35 Les rythmes nous parlent. [4/8]. Reggae. Histoire

18.00 Histoire du XXe siècle. L’utopie. La Chaîne Histoire18.05 Musées du monde. [4 et 7/8]. Histoire18.35 L’Histoire de la Révolution française. [6/6]. Histoire19.45 Femmes fatales. Angela Bassett. TPS Star20.00 Cameramen de l’impossible. National Geographic20.00 Visages du Burundi. [3/6]. Odyssée20.00 Les Feux de la rampe. Miou-Miou. CineCinemas 120.20 Hollywood Stories. Sean Penn& Madonna. Paris Première20.30 Quatorze récits d’Auschwitz. [12/14]. Histoire20.30 L’Aventure arctique. National Geographic20.30 Les Mystères de la Bible. La Chaîne Histoire20.45 Les Nouveaux Alchimistes. Planète21.00 Alerte ! Accidents d’avions. National Geographic21.40 Un siècle de progrès sans merci. [6/6]. Planète22.00 Biographie. Eleanor Roosevelt, un espritagité. La Chaîne Histoire23.50 Chine secrète. Le royaume des femmes. Odyssée

SPORTS EN DIRECT14.00 Cyclisme. Tour de France (12e étape) :Lannemezan - Plateau-de-Beille (199,5 km). TSR - RTBF 118.30 Golf. Open britannique (2e jour). Canal + vert20.00 Athlétisme. Golden League. MeetingHerculis. Monte-Carlo TMC

DANSE18.00 Situations Goldberg. Chorégraphie d’Olga Roriz.Musique de Bach. Avec Olga Roriz. Mezzo

MUSIQUE21.00 Gérard Lesne et Il Seminario Musicale. Avec PascalMonteilhet (théorbe), Bruno Coscset (violoncelle),Blandine Rannou (clavecin). Mezzo22.25 Nuits d’été, de Berlioz. Avec Aurélie Legay(soprano), Susan Manoff (piano). Mezzo23.30 Didon. Opéra de Desmarets. Par les Talens Lyriques,dir. Christophe Rousset. Mezzo0.10 Elvis Presley. A Honolulu, le 4/01/ 1973. Canal Jimmy

THÉÂTRE20.40 La Poudre aux yeux. Pièce d’Eugène Labiche. Miseen scène de Paul Planchon. Festival22.00 L’Ours. Pièce d’Anton Tchekhov. Mise en scène deJean-Luc Moreau. Festival

TÉLÉFILMS21.00 Changement de décors. B. Thomas & Paris Première22.05 Les Brumes d’Avalon. Uli Edel. [2/2]. TSR23.00 Le Persécuteur. Frank Pierson. Festival

SÉRIES19.55 Stargate SG-1. Invasion. Série Club22.15 That 70’s Show. Glamour et Rock & Roll(v.o.) & Canal Jimmy23.05 Absolutely Fabulous. Le magazine % Canal Jimmy23.20 Les Chemins de l’étrange. Il pleut desrichesses. 13ème RUE

DÉBATS21.10 La Rafle du Vél d’Hiv. Invités : Michel Muller ;Maurice Rajsfus ; Michèle Cointet ; AndréPousse. La Chaîne Histoire

MAGAZINES17.05 Les Lumières du music-hall. Salvatore Adamo.Françoise Hardy. Paris Première18.50 Rive droite, rive gauche. Invités : Laurent Terzieff ;Claude Allègre. Paris Première19.00 Explorer. Requins amoureux. Dans la jungle duCongo. Rats en guerre. National Geographic20.45 Court toujours. Joséphine et les gitans. L’Inconnu.Le Dernier Chaperon rouge. Match TV22.45 Recto Verso. Romane Bohringer. Paris Première0.05 Plaisir de France. Invités : Chantal Thomass ; JulienCendres. Match TV

DOCUMENTAIRES17.40 Les rythmes nous parlent. [3/8]. Samba. Histoire18.00 Les Grandes Batailles. Les Croisades. Chaîne Histoire18.05 Musées du monde. [3/8]. La galerie des maîtresanciens de Dresde. Histoire18.05 Hollywood Stories. River Phoenix. Paris Première18.35 L’Histoire de la Révolution française. [5/6]. Histoire18.35 A la découverte des récifs sous-marins. [1/7]. Odyssée

19.30 Action Heroes. Wesley Snipes. TPS Star19.45 Les Mystères de l’Histoire. La bombenazie. La Chaîne Histoire19.55 Musées du monde. [6/8]. Histoire19.55 Il était une fois la 2 CV. Odyssée20.00 Survivre dans le Sahara. National Geographic20.05 Le Cinéma des effets spéciaux. Frissons etépouvante. CineCinemas 120.15 Ma vie pour les animaux. [13/13]. Planète20.30 Quatorze récits d’Auschwitz. [11/14]. Histoire21.20 Navires de guerre. [3/4]. L’artillerie lourde. Odyssée22.00 L’Esprit des mers. Journal de bord. Nat. Geographic22.10 Biographie. Malcolm X. La Chaîne Histoire22.20 Survivre. [2/5]. L’orang-outang. Odyssée22.30 La Cinquième Dimension : plongée avec leschercheurs aventuriers. La ballade des baleines. Voyage22.30 Profession éco-reporter. National Geographic22.45 L’Album. Paul Newman. Téva22.55 Robert Wyatt, la vie après « Soft Machine ». Planète23.00 Pilot Guides. La Hongrie et la Roumanie. Voyage23.25 L’Héritage des Romanov. Histoire

SPORTS EN DIRECT13.45 Cyclisme. Tour de France (11e étape) : Pau - LaMongie (158 km). Eurosport18.30 Golf. Open britannique (1er jour). Canal + vert

DANSE1.00 Groosland. Chorégraphie de Maguy Marin. Musiquede Bach. Par le ballet national des Pays-Bas. Mezzo

MUSIQUE19.15 Les Solistes de la fondation Beracasa. Avec DamienLuce (piano). Œuvres de Mozart, Schumann, Chopin. Mezzo21.00 Adib Dayikh et l’ensemble Al Kindi. En 1996 lors duFestival international des musiques sacrées. Mezzo21.55 Ustad Gulam Hassan Shagan. Lors du Festivalinternational des musiques sacrées du monde. Mezzo

TÉLÉFILMS20.40 Meurtre en musique. Gabriel Pelletier. Festival22.35 Les Monos. Patrick Volson. TV 522.55 Agathe ou l’avenir rêvé. Y.-A. Hubert & CineClassics

SÉRIES18.15 La Vie à cinq. Cœur à cœur & Téva19.35 Vidocq. La baraque aux trente-six étoiles. LesOlympiens. Festival22.15 Docteur Sylvestre. Premières ex-aequo. Festival22.20 McCallum. Une mort à petite dose % 13ème RUE22.25 Murder One. Chapitre 2 (v.o.) & Série Club0.00 Les Cinq Dernières Minutes. Le dessusdes cartes & Canal Jimmy

13.00 Journal, Météo 13.50 Les Feux del’amour Feuilleton. Avec Robert Colbert.14.45 Le Chemin de l’espoir Téléfilm. ElodieKeene. Avec Linda Hamilton (EU, 1998). 16.15Pacific Blue Cible mouvante. Série 17.00Melrose Place Tout recommence. Série 17.55Sous le soleil Faux-semblant. Série 18.55Qui veut gagner des millions ? 19.55 Météo,Journal, Météo.

20.50 K-L Episode n˚4. Présen-té par Denis Brogniart. 7370345Ils ne sont plus que treize à se débat-tre dans leur île au large du Costa-Rica, où la nature semble être tailléesur mesure pour leur compliquerune tâche déjà ardue : survivre...

21.50 L’E Divertissement présenté par Valérie Benaïm,et Nicolas Deuil. 6297971Invités : Guy Marchand, Charlotte Kady.23.20 Le Droit de savoir Enquête sur le com-merce du sexe : de la France à l’Australie.1936432 0.35 L’Ile de la tentation Jeu %

1753933 1.40 Aventures asiatiques A Hon-gkong et Macao. 9190778 2.30 ReportagesMagazine. 5352204.

2.55 4.15 Histoires naturelles Je suis justeun joueur de guitare. Plomb et acier : chasseau canard sur la Loire. 4688407 - 42994023.50 Nul ne revient sur ses pas Feuilleton.8833117 4.45 Musique (55 min). 6174339.

CÂBLE ET SATELLITE

CÂBLE ET SATELLITE

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE20.30 Black and Blue.21.30 Cultures d’islam. Lucette Valensi.22.00 Journal. 22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.0.05 Du jour au lendemain. C. Malamoud.

FRANCE-MUSIQUES20.00 Prom’s. Par The Choral Arts Society ofWashington et le Chœur et l’Orchestresymphonique de la BBC : Œuvres deChabrier, Sierra, Lalo, Walton.22.00 Sur un autre ton. Festival de RadioFrance et Montpellier.0.00 Festival de Radio France etMontpellier. Donné ce jour, cour desUrsulines. Le quintette Frédéric Favarel.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Souvenird’une nuit d’été à Madrid, de Glinka, parl’Orchestre symphonique Tchaïkovski ;Œuvres de Borodine, Prokofiev, Stravinsky.20.40 Vivaldi et son temps. Œuvres deVivaldi, Corrette, Chédeville, Pisendel,Haendel, Bach, Haydn, Monn.22.40 Les Rendez-Vous du soir (suite).Œuvres de Beethoven, Bruckner.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE21.00 Le Gai Savoir. Youssef Ragheb.22.00 Journal. 22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.0.05 Du jour au lendemain.

FRANCE-MUSIQUES20.00 54e Festival international d’art lyriqued’Aix-en-Provence. Le Retour d’Ulysse danssa patrie. Opéra de Claudio Monteverdi. ParLes Arts Florissants Kresimir Spicer (Ulysse).23.15 Sur un autre ton. Festival de RadioFrance et Montpellier.0.00 Festival de Radio France etMontpellier. Donné ce jour, cour desUrsulines. Le trio Misja Fitzgerald-Michel.

RADIO CLASSIQUE20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres deHaydn, Jadin, Gluck. 20.40 Concert. Parl’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo,dir. Marek Janowski : Œuvres de Brahms.21.55 Les Rendez-Vous du soir (suite).Œuvres de Kozeluh, Hummel, Mozart,Schubert.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

V E N D R E D I 1 9 J U I L L E T

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Page 26: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

26/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

A TRAVERS lesbois une baladed’environ 2 h 30aller et retour enHaute-Bigorre àla découverte des

terres du dieu Abélio et du légen-daire pasteur de la vallée de Les-ponne. Pour y accéder (prendreau départ de Tarbes) il fautgagner la petite vallée de Lespon-ne au sud de Bagnères-de-Bigor-re. Après avoir lais-sé le véhicule dansun petit emplace-ment prévu il fautemprunter la rou-te, devenue pisteen terre, sur quel-ques dizaines demètres, puis pren-dre à droite unpetit sentier indi-qué par un cairn.L’ascension a lieudans une bellehêtraie, le bois deTransoubats.Après 10 minutesde marche, on pas-se près de deuxgros rochers (surla gauche). Il n’estpas facile de serepérer car il n’y apas de réel balisa-ge, uniquementdes cairns. Néan-moins, il faut s’éle-ver vers l’ouest,sur une large arête en lisière dubois. La vue est bien dégagée surle Pic du Midi, la vallée de Les-ponne, le Montaigu.Puis, à mi-chemin, la pente seredresse. Elle ne s’adoucit quelorsque le sentier rejoint une pis-te forestière. La montée dure

depuis au moins une heure lors-que le chemin, devenu plus largeet plus rectiligne, traverse desclairières. A peine sortis du bois,on arrive, après une courte des-cente, à la croix de Béliou(1 550 m). Elle se situe sur unpetit col dominé à l’ouest par lesommet de Las Aygues.En marbre, cette croix est soute-nue par un monticule de pier-res. Son nom, Béliou, lui a été

donné en homma-ge au dieu dusoleil vénérédans les Pyrénéesà l’époque anti-que : Abélio. Onraconte que lepatriarche Milha-ris, vieux pasteurde la vallée deLesponne, mou-rut à l’âge de mil-le ans moins unjour. Ce funestejour serait égale-ment celui où ilaurait neigé pourla première foisdans la vallée.Depuis, Milharisreposerait souscette croix, der-nière demeured’un mythe.Le retour s’effec-tue par le mêmeitinéraire.L’accès à la croix

est aussi possible depuis le coldu Couret, voisin du Cortail dela Glère. Mais le trajet par lebois de Transoubats est plusagréable.

Jacques Antoine(Pyrénées Magazine)

KALKAR (Allemagne)de notre envoyé spécial

Tous les ans, aux alentours deNoël, Helmut Arnds est fidèle àl’invitation. Ce paysan pas trèsbavard abandonne ses vaches etpasse la journée au parc de loisirsvoisin de son exploitation. « L’am-biance est sympathique, même sije préfère occuper mes temps libresloin de cette agitation », dit-il,sans enthousiasme, en lavant sesbottes. Les attractions le font sou-rire, mais cette sortie annuelle luirappelle surtout des souvenirsdont il se serait bien passé : le siteoù se pressent chaque année descentaines de milliers de touristesfut un des hauts lieux de la mobili-sation écologiste contre le nucléai-re en Allemagne. Le parc de loisirsest installé au cœur des installations désaffec-tées du surgénérateur de Kalkar. HelmutArnds a droit à une entrée gratuite, en tantqu’ancien opposant au site. Les murs de sa fer-me sont encore décorés d’une fresque peintepar les manifestants antinucléaires. Construi-te entre 1973 et 1986, la centrale de Kalkar,située au nord-ouest de l’Allemagne, à quel-ques kilomètres des Pays-Bas, était prête àentrer en fonction, avant d’être définitive-ment abandonnée, en 1991, sans avoir jamaisservi. Depuis, l’Allemagne du chancelierGerhard Schröder a dit non à l’énergie nucléai-re civile. Et Kalkar a connu une reconversionhors du commun.

« Nous sommes bien sûr venus par curiosité,pour savoir ce que l’on peut bien faire dans uneancienne centrale nucléaire » : Roelie Doren-bos arrive des Pays-Bas pour passer deux joursavec sa femme dans l’enceinte de l’ex-surgéné-rateur de Kalkar. Et il n’est pas déçu duvoyage. Son hôtel est installé au pied del’imposant sarcophage qui devait abriter leréacteur. A midi, les Dorenbos prennent leurrepas dans un « restaurant égyptien » : sta-tues, cavités, pharaon..., on pourrait se croiredans les galeries d’une pyramide. A l’origine,l’immense salle a pourtant été bâtie pour

loger les transforma-teurs de la centrale.Dehors, les enfantspeuvent jouer dansles immenses bacs àsable qui sont amé-nagés sous la tourde refroidissement.Des manèges sontéparpillés de-cide-là. « Comme lecombustible n’ajamais été installédans le réacteur, iln’y a aucun risque pour la santé. Nous cher-chons à conserver en partie l’aspect industrieldes installations. Il s’agit de ne pas tout casser,car l’origine du site reste l’un de nos meilleursarguments pour attirer les visiteurs », ditHarald Koch, directeur du parc. Cheveuxcourts, cravate grise, cet homme au regardbleu incarne à lui seul l’histoire des lieux :ancien technicien du géant local de l’électrici-té, RWE, l’exploitant de la centrale, il a tra-vaillé sur le chantier de construction pendantplusieurs années. C’est le seul cadre qui aitensuite accepté de rester sur place, lorsque lesite a été racheté en 1995 par un homme d’af-

faires néerlandais, Hennie vander Most. Après sept ans d’ef-forts, « le projet du parc est aussifou que celui de la centrale », ironi-se Harald Koch, cheville ouvrièrede la mutation.

Au début, voilà quatre ans, lesvisiteurs du site avaient touteliberté pour se promener à leurguise dans les installations, tra-verser la salle de contrôle, passerle sas d’accès au cœur, jeter uncoup d’œil dans la cuve où devaitêtre implanté le réacteur, se pren-dre les pieds dans les milliers dekilomètres de câbles qui jon-chaient le sol. Au fil des ans,reconversion oblige, le parcoursest plus convenu. Les attractionsse développent peu à peu. Unparc familial a été ouvert en

1999. Six hôtels ont été aménagés dans lesdépendances de la centrale. Et 500 000 per-sonnes sont attendues cette année par lesquelque 300 permanents du site.

Entrepreneur touche-à-tout, Hennie van derMost, surnommé le « Roi de Kalkar » par unegrande chaîne de télévision allemande, vienten personne donner ses instructions pourpoursuivre les travaux. « 70 % de la centraleont été réaménagés », estime Harald Koch,mais il reste le plus complexe : le bâtiment duréacteur. Ce dernier, avec ses 40 mètres dehaut et ses murs de 4 mètres d’épaisseur,domine le parc de sa masse grise de béton. « Iln’est pas facile de creuser des issues de secoursdans un endroit pareil », dit le serveur d’uncafé. Mais les idées ne manquent pas pourredonner vie à ces espaces désaffectés : pisci-ne, salle de remise en forme, cinéma, théâtre ;le directeur du site espère même créer unmusée dédié… à l’énergie nucléaire. « Il s’agi-rait d’aborder toutes les facettes de l’atome, lesaspects scientifiques, techniques, et la construc-tion des centrales, imagine Harald Koch. Et,pourquoi pas ? de décrire les mouvements derésistance autour de ce type d’énergie. »

Philippe Ricard

a Le voyageimaginaire del’été. Dessinéet écrit parXavier Gorceet Hervé Le Tel-lier, il illustrechaque matin

la check-list de notre édition abonnés (5 ¤par mois).a Le Monde où que vous soyez. L’intégrali-té de notre édition peut être achetée le jourmême sur notre site, puis consultée surécran ou imprimée aux formats HTML etPDF. lemonde.fr/editionelectroniquea Le Tour de France en animation flash.

EN LIGNE SUR lemonde.fr

L A B A L A D E D E L ’ É T É

Pyrénées,la croix de Béliou

L’origine du site est un excellent argument pour attirer les visiteurs.

L’EXPÉRIMENTATION surl’homme est une source d’ensei-gnements incomparable et néces-saire au progrès de la médecine,mais chacun se demande si elle estlicite et quels sont ses fondementsmoraux. Les tentatives qui s’adres-sent à un malade incurable, sa-chant la gravité de son mal, avertidu caractère inédit du traitementproposé, et consentant, ne peu-vent être que louées. Elles s’inscri-vent dans la ligne d’action du

médecin, qui est de guérir ou desoulager. Lorsqu’il s’agit d’adminis-trer un remède nouveau ou mieuxencore d’inoculer une maladie àun volontaire sain et naturelle-ment consentant, l’acte n’a plusrien de médical, il devient essen-tiellement expérimental. Il estpourtant licite si le volontaire estclairement averti de ce à quoi ils’expose, mais son fondementmoral est moins sûr, et sa garantierepose essentiellement sur la qua-

lité scientifique des savants qui dé-cident de l’entreprendre. Cet acteaventuré est surtout intéressé.Mais que dire des « expériences »qui ont été perpétrées naguèredans les camps de concentrationnazis, sinon qu’elles sont une déri-soire caricature de la recherchescientifique et la plus abjecte abo-mination des temps modernes ?

Professeur André Lemaire(19 juillet 1952.) a Tirage du Monde daté jeudi 18 juillet 2002 : 513 700 exemplaires. 1 - 3

..

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

L’expérience sur l’homme est-elle licite ?

P R A T I Q U E

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FRANCE

SUISSE

POLO

GNE

REP.TCHÈQUE

AUTRICHE

BERLIN

B.

L.

KalkarP-B

SUÈDE

ALLEMAGNE

b Renseignements :

office de tourisme de la vallée

de Campan,

tél. : 05-62-91-70-36.

b Accès : à partir de

Bagnères-de-Bigorre, rejoindre

Baudéan par la D935. A la sortie

de la ville, avant le pont,

prendre à droite la D29 menant

au Chiroulet. Remonter la

vallée de Lesponne jusqu’au

hameau de La Vialette. Tourner

à droite (croix) et suivre la

route forestière du Couret. Au

Cortail-de-la-Glère, continuer

à gauche sur une petite route.

A la fin d’une descente, 2 km

environ après le croisement,

la route goudronnée s’achève.

b Dénivelée : 400 mètres.

b Cartographie : IGN Top

25 1747 et Bagnères-de-Bigorre.

b Adresses : à Beaudéan,

hôtel-restaurant Le Catala,

tél. : 05-62-91-75-20 ;

à Chiroulet, La Vieille Auberge,

tél. : 05-62-39-05-34.

p3 € chez vo

tre marchand

de journaux

En 1914, trois Empires se partageaient

l’Europe centrale. Le Vieux Continent

a connu ensuite les guerres et la division

en deux blocs. En 2004, il sera enfin uni.

La Côte des Naufra

geursVOYAGE

www.courrierinternational.com

N° 611 du 18 au 24 juillet 2002 - 3 €

NIGER Les radios des nomades du désert

SÉRIE D’ÉTÉ Dix regards d’écrivains sur l’Amérique

VENEZUELA La fabrique des reines de beauté

C A R N E T D E R O U T E

A Kalkar, pays merveilleux du nucléaire endormi

Page 27: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

Un grand d’Espagne déraisonnableP ourquoi unauteur inconnu du grand public,mort il y a près de vingt ans etdont la place, d’après son œuvreet sa vie, devrait se trouver au pur-gatoire, est-il en train de ressusci-ter à coup de traductions et de col-loques dus à des intellectuels, deprestige certes, mais minoritai-res ? Pour être bref, José Ber-gamín est de toute actualité.N’a-t-il pas planté cette « bande-rille » il y a près de trente ans ?« A défaut de voix, les votes sontbons. Naguère : urnes brisées. A pré-sent : ordinateurs ordonnés. » Sespensées multiples et dérangean-tes, toujours engagées, nous don-nent mille raisons d’être politique-ment incorrects, et sont de plusen plus appréciées à une époqueoù on veut nous imposer la pen-sée unique, uniforme.

José Bergamín a passé le plusclair de son temps à se moquer dumonde – la moquerie étant pourlui « la forme la plus intelligente dela charité » – avec un jeu tour-billonnant de citations embras-sant à la fois littérature, philoso-phie, théologie, etc. Dans Jouetdes dieux, il se livre avec gravité ason plaisir favori, l’aphorisme, cet-te dimension figurative de la pen-sée : sa seule dimension. Ses apho-rismes non seulement sont courts,ils sont incommensurables : « Rai-son est passion, et passion est con-naissance. »

Rendons d’abord hommage àson exégète et traducteur d’avoirsu pénétrer dans le labyrinthemental de celui qui a pris ce genrelittéraire le plus au sérieux, aupoint d’en faire une révélationirrévocable : « Comme le fantômeaigu d’une flèche, contre moi futlancé ton nom : aphorisme. Et tu teclouas dans mon cœur. » YvesRoullière ne recule devant aucundes tours et détours de la penséebergaminienne, qui n’est pas com-mode. Le programme ? D’abordentrer. « Il faut entrer dans l’em-brouillement pour s’instruire surnotre propre embrouillamini. »Pudique, Bergamín cache la gravi-té dans la dérision. Simplement,pour lui, le moyen le plus fruc-tueux de se mettre en quête devérités s’avère être de plaisanter.C’est dans ces aphorismes, où ildéploie une authentique théoriede l’usage mystique de l’ennui,qu’il apporte une contributionabsolument nouvelle à cette tradi-tion et s’éloigne de Gracián. Il ledéfinit, l’ennui, comme « la portesecrète du paradis terrestre» et l’as-simile, pirouette hardie, à la poé-sie : L’ennui de l’huître produit desperles.

Essayiste, poète et dramaturge,Bergamín semble concevoir l’es-sai selon les lois propres d’une dra-maturgie lyrique. Ses phrases sontde véritables petites corridas con-çues au rythme d’un torero, « exer-cices physiques et métaphysiques

de la raison ». Il tient la tauroma-chie pour un objet de réflexion.Réflexion condensée dans son der-nier essai, La Solitude sonore dutorero, où il résume son art devivre et de mourir. En 1989, auSeuil Florence Delay (qui exalte lafigure du Maître au point d’en fai-re le personnage de deux de sesromans) nous en donne une trèssubtile traduction. Les deuxautres récits qui viennent d’êtretraduits sont les seuls plus oumoins autobiographiques qu’il aitjamais écrits. Ainsi, dans Souve-nirs de squelette, il nous invite àpartager ses plus profondes expé-riences sur le ton d’une confiden-ce à bâtons rompus : imagination,réminiscences travaillées au prixd’infinies répétitions, grâce impar-faite et souveraine de la langueparlée.

Né à Madrid en 1895, fils d’unministre d’Alfonso XIII qui exilaUnamuno, Bergamín appartient àla génération – il préférait parlerde constellation – qui choisit Gón-gora pour maître, celle de 1927.Jusqu’à la guerre civile, il était con-nu pour être au service de la poé-sie de ses amis, dont il deviendrala tête pensante : García Lorca,Miguel Hernández, Rafael Alberti,Luis Cernuda, Vicente Aleixandre,Ramón Gómez de la Serna…. En1933, il fonde la revue Cruz y Raya,soit Pile ou face (affirmation etnégation) ; ou encore Faisons unecroix (affaire conclue), où ces écri-vains collaborent à côté de Picas-so et T.S. Eliot. Déjà, il y apparaît

comme un homme à la pensée fer-me et droite ; non pas un « maîtreà penser », mais plutôt un « maî-tre à vivre sa pensée », qui main-tient avec son pays un dialogue dehaute tension. C’est héréditaire :les grands Espagnols ont tous étédéraisonnables. Son Espagne –savante, populaire, catholique etrépublicaine – est celle où le délireet le coup de force spirituel l’em-portent. Celle aussi qui torée avecle diable. De grands torerosfurent ses amis, ses modèles, ses

muses. Il torée avec les mots. Al’aide de ses instruments favoris,qui sont la langue populaire et lalangue des poètes (pour lui, lamême), il découvre de nouvellespossibilités expressives, proposed’autres vérités et démontre endéraisonnant que sa légèreté appa-rente cache une soif colérique etacérée d’éternel. Ajoutez-y unindomptable catholicisme républi-cain, et vous aurez une idée de l’ar-deur qui peut s’emparer de cettefigure intellectuelle déconcertan-te.

Engagé donc dans le camp répu-blicain, il se marie, en 1928, avecRosario, fille du dramaturge Car-los Arniches. Le voyage de nocesconduit les jeunes époux à traversl’Europe du Nord jusqu’à l’Unionsoviétique, qui laissera en lui uneimpression profonde. Plus tard, ilsera attaché culturel de la Républi-que espagnole à Paris. A cette épo-

que où l’Eglise espagnole bénis-sait à tour de bras la « croisade »franquiste, il est l’un des rarescatholiques à s’opposer au fascis-me. Chargé d’expliquer la causerépublicaine aux intellectuels fran-çais, il est à la source de l’adhé-sion de Jacques Maritain, d’Emma-nuel Mounier et de Georges Ber-nanos. Il n’hésite pas à faire inter-dire la présence d’André Gide, quivenait de publier Retour del’URSS, au Congrès des intellec-tuels antifascistes de Valence. En

1939, Bergamín quitte l’Es-pagne pour un premier exilqui le conduira, durant

vingt ans, au Mexique, auVenezuela et en Uruguay. Ilrevient dans son pays en 1959 etFranco le cite comme exemple de« ceux qui ont su perdre », à quoi illui répond que lui « n’a pas sugagner ». Il est de nouveaucontraint à l’exil, à Paris cette fois,non sans avoir dénoncé les torturesinfligées aux mineurs des Asturies.Il vit grâce à l’aide de ses amis, quis’arrangent pour ne pas blesser sonorgueil. Bazaine, Calder, Masson,Miró et Tapiès organisent une ventede tableaux à l’hôtel Drouot, mais iln’acceptent la création d’une Asso-ciation d’amis de Bergamín, compo-sée de Daniel Pezeril, Michel Mitra-ni, Jacques Roubaud et d’autres,qu’à la condition que des belles fem-mes y prédominent, comme Floren-ce Delay, Adelaïde Blazquez et Leo-nor Fini. Il sera protégé égalementpar André Malraux, qui l’avait con-nu lors de la guerre d’Espagne et

avait même fait de lui l’un des per-sonnages de L’Espoir. Une foisministre, Malraux lui cède les com-bles d’un monument historiquedans le Marais et le fait nommercommandeur des Arts et des Let-tres. Après Picasso et Luis Buñuel,Bergamín est le troisième Espa-gnol à recevoir cette distinction, àlaquelle il renoncera quelquesannées plus tard en signe de soli-darité avec les réfugiés nationalis-tes basques.

Autorisé enfin à revenir en Espa-gne, au mois d’avril 1970, il con-naît une situation économiqueprécaire, due en grande partie àson radicalisme. Toujours fidèle àses convictions, il se présente en1979 aux élections sénatoriales àMadrid, mais il sera battu. Il doitabandonner ses collaborationsdans la presse à cause de ses pri-ses de position contre tous lesmanœuvriers de la transitiondémocratique, auxquels il repro-che leur ralliement à la monarchiealors que la mort de Franco auraitpu rendre à l’Espagne sa puretérépublicaine. Et ne parlons pas deses articles des années 1980 où,justifiant le terrorisme basque –sans doute mû par son sens de laprovocation –, il en profite pourenvoyer le monde à tous les dia-bles, de la monarchie aux socialis-tes, en passant par le pape etIsraël. Dans ses saintes colères, enprose ou en poésie, il s’assimile deplus en plus à un étranger de pas-sage en partance pour le ciel.

María Zambrano, qui l’avaitbien connu, pensait que Bergamíncherchait la punition. Le christia-nisme était si fortement entré enlui, sans trace de paganisme, qu’iln’aspirait qu’à être crucifié, à êtrepurifié par le feu. Sa vie quotidien-ne devient chaque fois plus fanto-matique. Les rares hommagesdont il commence à faire l’objetsemblent ne pas le concerner. Aucontraire, il nourrit maintenantdégoût et mépris pour cette Espa-gne qu’il avait tant aimée.

Cette grande figure qui traversatout le XXe siècle espagnol estmorte en 1983, tout de suite aprèsavoir corrigé les épreuves de sondernier recueil de poèmes, Enattendant la main de neige,c’est-à-dire la mort. Il sera enter-rée le lendemain, selon ses pro-pres vœux, dans une tombe ano-nyme du cimetière de Fontarabie.De là, il domine la mer, comme lacroix du Christ de ses trois grandssonnets (Tres sonetos a Cristo cruci-ficado ante el mar) dédiés àJacques et Raïssa Maritain etqu’Antonio Machado considéraitparmi les plus beaux de la langueespagnole.

D.H. LAWRENCE

MARCEL AYMÉ

RÊVES POLITIQUES VASSILI PETRENKO

Peinture de Miquel Barceló

page II page III

Laurent Tailhade,un dictionnairedes utopies et un sièclede vie associativeen Francepage V

page VI

20

02

JOUET DES DIEUX

(Caballito del diablo)

LE BRÛLOIR DE DON PATRICIO

(El tostadero de don Patricio)précédé deSOUVENIRS DE SQUELETTE(Recuerdos de esqueleto)

de José Bergamín.Traduits de l’espagnolpar Yves Roullière,éd. du Rocher, 244 p., et 222 p.,19 ¤ et 17 ¤.

Communiste

et catholique – proche

de Bernanos –, José

Bergamín a toréé

avec le diable

comme avec les mots.

Il laisse une œuvre

singulière :

pleine d’ironie,

de tensions, de dérision,

de paradoxes

et d’aphorismes.

Mais aussi

de tauromachie,

donc de poésie

et de philosophie

SUR LA PISTEDE DUMASpage VIII

a Ramon Chao

DES LIVRESVENDREDI 19 JUILLET 2002

Page 28: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

L awrence n’a pas étécompris ni aimé du publicfrançais. On a simplifié sapensée, on l’a détournée

de son sens, on l’a empruntéepour la mettre au service des cau-ses les plus diverses. C’est que sacomplexité et les oppositionsqu’elle accueille permettent lesgénéralisations hâtives. La visiondu monde de Lawrence intègre lescontradictions intérieures et lesluttes qu’elles provoquent : « C’estdans la tension des opposés quetout a son être. » Lorsqu’on ignorele choc des contraires, leur fluxtoujours mouvant, pour se fixeren un point du discours, sans plusl’examiner relativement auxautres, dans son interaction aveceux, on transforme nécessaire-ment la vision complexe d’une réa-lité complexe : celle de la vie prisedans son instabilité, et non consi-dérée de façon statique. Ce qui ces-se d’évoluer est mort : « Chaquechose, vibrante ou inanimée, suit lesentrelacs de son propre flux singu-lier et rien, pas même l’homme niDieu, nul sentiment, pensée, con-naissance humaine ne sont fixes ouimmuables. Et rien n’est vrai, oubon, ou juste, excepté dans ses rap-ports vivants avec son propre uni-vers ambiant, avec les choses qui,elles aussi, suivent le courant » (1).

Lawrence ne haïssait rien tantque l’incapacité à raisonner autre-ment qu’en termes de dichotomie,il voulait en finir avec « l’affreuximpérialisme des absolus », avecune pensée dictatoriale qui ne res-pecte pas la multiplicité du vivant.Ainsi, cette charge contre ledevoir de fraternité et d’égalité(dont il dit par ailleurs qu’il repré-sente un haut degré d’amourhumain) : « Comment peut-il yavoir liberté quand je ne suis paslibre d’être autrement que fraternelet égal ? Si je suis vraiment libre, jedois être libre d’être distinct et iné-gal, au meilleur sens du terme. Fra-ternité et égalité, voilà la tyranniedes tyrannies » (2).

L’amour du prochain est unebonne chose, c’est vrai, mais l’indi-vidualité, « pure, séparée », com-me celle du lion ou du faucon,n’est pas moins nécessaire. La plé-nitude ne peut exister que dans laréunion des deux. Ainsi, duroman : « Le roman est la forme laplus haute de l’expression humaine,parce qu’il est incapable d’absolu.Dans un roman, toutes les chosessont relatives les unes par rapportaux autres. » Ainsi, du lien entreles amants : « Deux inexprimable-ment distincts et en union inexpri-mable. » Telle est l’opposition, ledilemme qui forme le cœur d’ungrand thème de Lawrence : la com-plémentarité conflictuelle del’homme et de la femme.

Les revirements des personna-

ges, leurs affrontements violents,leur lutte afin de dépasser cettedouble nécessité de la fusion etde la séparation, auraient dû faireréfléchir ceux qui l’ont accusé derevendiquer une position de domi-nation pour l’homme en sacri-fiant l’intégrité de la femme. « Jene vois dans notre civilisation souf-flée qu’hommes et femmes en trainde se détruire réciproquement, deréduire leurs émotions et leur psy-chisme en miettes, et tout ce que jevoudrais c’est qu’ils s’arrêtent etréfléchissent » (1). Son but en écri-

vant L’Arc-en-ciel et Femmesamoureuses, deux romans quifurent d’abord conçus comme untout organique, était d’ailleursd’analyser les relations entre hom-mes et femmes. Après tout, « c’estle problème d’aujourd’hui, l’établis-sement d’une nouvelle relation, oule réajustement de l’ancienne, entreles hommes et les femmes ».

Dans L’Arc-en-ciel, Lawrence

suit, au cours de trois généra-tions, la destinée des couples suc-cessifs de la famille Brangwen.Ursula Brangwen, dont l’adoles-cence se passe au seuil de la Gran-de Guerre, parviendra, dans Fem-mes amoureuses, à la consciencede soi que les femmes de safamille ont vainement cherchéeavant elle. A propos de ce dernierroman, dont l’avant-propos a été

judicieusement inclus dans l’édi-tion « Quarto », Lawrence écri-vait : « Ce roman ne prétend riend’autre que d’être un compte rendudu désir, des aspirations, des luttespropres à l’auteur : en un mot derendre compte des expériences lesplus profondes de la personne. »L’homme lutte avec ses besoins,essaie de comprendre ce qui sepasse, jusqu’à l’intérieur de lui-même, mais aussi dans sa relationavec un monde en crise qui chan-ge de façon dramatique. En art, cequi compte, c’est la lutte pouraccéder à une conscience verbale,« c’est la lutte passionnée pour arri-ver à l’être conscient ».

Et cette conscience de soi ne

peut se former que dans l’amour,dans la rencontre de l’autre, dansl’exploration de l’autre, qui vouspermet de découvrir vos proprescontours jusqu’alors inconnus.Chaque être est un noyau de nuitqui ne parvient à s’éclairer quedans le heurt avec un obstacle.Alors il oscille entre le risqued’une intégrité figée et celui d’uneprise de possession par l’autre.Dans la vie de Lawrence, le con-flit, avant d’être destructeur, sem-ble avoir servi à accroître l’intensi-té amoureuse. Surtout, il y trou-vait l’assurance que l’intégrité deson être était préservée. De Frie-da, sa femme, il disait : « Elle est laseule qui me convienne, car j’aibesoin de rencontrer une opposi-tion – il me faut quelque chose àcombattre pour ne pas être englou-ti » (3).

Ce va-et-vient, souvent violent,entre union et séparation forme larelation apparemment antagonis-te entre Anna et Will dans L’Arc-en-ciel, Birkin et Ursula dans Fem-mes amoureuses et, plus tard,entre Connie et Mellors dansL’Amant de Lady Chatterley. « Lesmystères et les passions de la chairsont aussi sacrés que les mystères etles passions de l’esprit », écrivaitLawrence. La rencontre avec l’In-connu, qu’on aborde avec une sor-

te d’effroi, est en fait le débutd’un voyage initiatique condui-sant à une métamorphose dontl’aboutissement heureux n’estjamais certain. Mais, paradoxale-ment, c’est dans la complémentari-té avec l’autre qu’on trouve ceque l’on a d’unique en soi, qu’onparvient à « être soi-même, intégra-lement ».

Publié en 1915, L’Arc-en-ciel futinterdit sous l’accusation de por-nographie. La danse d’Anna Bran-gwen, enceinte et nue, seuledevant le feu, choqua la censureautant que les scènes d’amour les-bien entre la jeune Ursula et sonprofesseur, la lourde WinnifredInger. Pourtant, le roman finissaitsur la vision radieuse d’un arc-en-ciel, qui représente à la fois l’uni-té et la vibration des différencesde la vie. Femmes amoureuses futachevé alors que Lawrence étaitaffaibli, sans ressources et sansespoir de voir son livre publié.Quand il le termina en 1916, il sedit effrayé par ce qui lui apparais-sait comme un côté « purementdestructeur » : « Hélas, dans lemonde de l’Europe je ne vois aucunarc-en-ciel. » L’ultime version futpubliée en 1921.

L’édition de « Quarto » a lemérite de présenter, outre les tra-ductions révisées, basées sur laCambridge Edition de 1981 qui arétabli les textes dans leur intégra-lité, une section illustrée : « Vie etœuvre », et un ensemble de let-tres couvrant la période de 1913 à1921, c’est-à-dire les années pen-dant lesquelles ces livres furentélaborés. De leur côté, les édi-tions Autrement poursuivent laretraduction de l’intégrale del’œuvre, permettant ainsi unenouvelle approche de L’Arc-en-ciel.

Christine Jordis

(1) Eros et les chiens (Christian Bour-gois, 1969).(2) « Amour », dans Homme d’abord(Christian Bourgois, 1968).(3) D. H. Lawrence, de Jeffrey Meyers(La Table ronde, 1992).

Pour en finir avec le Jugement dernierLe dernier texte de Lawrence s’attache à démonter l’Apocalypse de Jean de Patmos. Son actualité est plus grande que jamais

Mystères et passions de la chairConçus à l’origine comme un tout organique « Femmes amoureuses » et « L’Arc-en-ciel » de D.H. Lawrence analysent

la complémentarité conflictuelle de l’homme et de la femme, « deux inexprimablement distincts et en union inexprimable »

L orsque meurt D. H. Law-rence, le 2 mars 1930, celivre vient d’être achevé. Ill’a rédigé à Bandol au cours

de l’année 1929, corrigé en décem-bre et janvier. Sous une apparencesimple, servie par une écriture tou-jours accessible et limpide, Apoca-lypse est une œuvre d’une grandedensité. Son propos est en effet fon-

damental et démesuré : contribuerà défaire l’emprise de la forme chré-tienne du pouvoir sur notre mon-de. De ce point de vue, Gilles Deleu-ze avait raison de le suggérer, onpeut rapprocher l’Apocalypse deLawrence et l’Antéchrist de Nietzs-che. Leur geste est identique :opposer le Christ – qui libère de lafaute, de la crainte, de la mortmême – et le christianisme – quiimpose un système de contraintesplus terrible que tout autre, avecjugement dernier et damnationéternelle. De manière plus hasar-deuse, Deleuze évoque en outre lacurieuse similitude de destin des

deux auteurs, atteints l’un etl’autre, après cette confrontationavec l’emprise du christianisme,d’une maladie mortelle du cerveau.

« »L’inspiration nietzschéenne est

présente à chaque page. Tout le tex-te est en effet construit sur le con-traste entre, d’une part, le caractè-re « aristocrate » de Jésus, s’adres-sant à l’individu, à sa solitude, à sacapacité de résister au collectif, et,d’autre part, la terrible figure duChrist conquérant et destructeurde l’Apocalypse de Jean de Patmos,instaurant le règne de la vengeance

et le pouvoir sans limite du ressenti-ment. L’originalité de Lawrence esttoutefois indéniable. C’est en effetla question du collectif qui lui sertà expliquer comment « l’orgie demystifications » constituée parl’Apocalypse donne aux Evangilesun « baiser de mort » en transfor-mant radicalement l’horizon chré-tien.

Les pauvres qui installent leurdomination et s’autoglorifientdans le désir de fin du monde nesont pas les indigents, mais « ceuxdont l’âme est seulement collecti-ve ». Lawrence soutient donc queJean de Patmos ne saurait être le

quatrième évangéliste. Son argu-ment ne doit rien aux travauxsavants qui vont en ce sens. A sesyeux, il s’agit de deux types d’hom-me, deux régimes de sensibilité etde pensée qui n’ont rien à voir.

S’il faut lire et méditer ce petitlivre étonnant, ce n’est plus parsouci de combattre un pouvoirchrétien sans doute déjà passé. Cen’est pas non plus, en tout cas pasprincipalement, pour son foisonne-ment d’intuitions historiques, dedonnées sensibles et de perspecti-ves philosophiques multiples. L’es-sentiel est ce que donne à compren-dre de notre actualité cette analyse

rédigée en 1930. L’héritage de l’Apo-calypse n’est pas constitué de délu-ges de feu. Son triomphe ultimeserait bien plutôt « la grande sécuri-té militaire, policière et civile del’Etat nouveau ». Ce pouvoir ulti-me, qui ne cesse de juger, de mora-liser, de contrôler, nous n’en som-mes pas très loin. Raison de pluspour tenter de comprendre ce quefurent sa naissance et son premiermodèle. On saura gré aux éditionsDesjonquères d’avoir rendu cetexte à nouveau disponible, et àFanny Deleuze d’avoir revu satraduction.

Roger-Pol Droit

LIVRAISONSa LE FILS DE JIMI, de Germaine Dionne

Un regard, des considérations sur l’art de rouler un joint et les premiè-res mesures de Purple Haze, de Hendrix, avaient suffi à Nastassia, jeunedealeuse d’occasion, pour succomber aux charmes d’un « Lucky Luke dupétard ». Au réveil, ce dernier lui laissait en guise de souvenir un boutonde chemise, un mot d’excuse signé Jimi et un « inconnu dans son ven-tre ». Neuf mois plus tard, farouchement seule pour mieux goûter à cet-te intimité inédite, Nastassia mettait au monde un petit lutin criard. Pas-sé les moments de doute et d’incertitudes, débute pour ce couple d’in-fortunes l’apprentissage à la vie et au monde. Une initiation singulière,drôle, chaotique à travers laquelle la Canadienne Germaine Dionne necraint pas de prendre à rebrousse-poil quelques idées reçues sur l’ins-tinct et l’amour maternels. Et offrir, avec ce premier roman où l’hu-mour gouailleur le dispute à la tendresse, une très émouvante histoired’amour (Boréal, 142 p., 12,2 ¤). Ch. R.a LA LOGE, de Sophie Guermès

Le court récit de ce jeune écrivain devrait séduire les amateurs de purelittérature. Dans l’esprit du Nouveau Roman, imposant son exigencedépouillée, Sophie Guermès décrit ce qu’on pourrait appeler la « modifi-cation » d’un homme au cours d’une demi-heure solitaire et fatidique.Metteur en scène d’opéras, habitué des générales, il a sans bien savoirpourquoi dédaigné sa place habituelle à l’orchestre pour la pénombred’une avant-scène. Il tente de réfléchir aux raisons de ce coup de têteinsolite ; des émotions incontrôlées l’envahissent, les mots qui se bouscu-lent dans sa tête l’éclairent sur son existence. Il quitte la loge transformé,fort, heureux. Sur la scène, comme sur sa vie, la perspective frontale de

l’orchestre est devenue oblique, et tout a changé. On déconseillera celivre prometteur à ceux qui détestent l’opéra, comme à ceux qui doutentdu pouvoir des mots (L’Harmattan, 128 p., 10,70 ¤). J. Sn.a ENFANTINE, de Marie Rouanet

Bien sûr, le titre de ces nouvelles évoque Valery Larbaud, mais on estloin ici de la douceur émue que lui inspiraient les fillettes en passe dedevenir femmes. Marie Rouanet explore, à travers six destins, leshumeurs, les rêves fous et aussi la perversité cruelle d’un âge sans pitié.De la petite fille qui, rêvant d’aller vivre en ville, voit dans la mort de samère une réponse gratifiante à ses secrètes aspirations à celle quirecueille dans sa main le petit corps chaud d’un oiseau et lui tord lecou, le craquement assimilé à une jouissive musique… Les garçons nesont pas absents du lot. Le ton concis, la précision, le sens de la déri-sion ludique et tragique, l’acuité du regard, autant de qualités propresà Marie Rouanet que l’on retrouve ici dans une suite de saynètes aussiéquilibrées que riches en subtiles résonances (Albin Michel, 174 p.,13,90 ¤). P. Ky.a L’ENFANT DU PUITS, de Jean-François Bazin

Pour le creusement d’un puits, un propriétaire de vignes emploie unvagabond qui, sa journée finie, « marche sur les coteaux. Il s’entremêlepeu à la vie du village ». Puis il disparaît, revient, secret. Adèle et sonenfant sont aussi un secret. L’eau « se refuse comme une mal mariée » et,quand enfin elle coule, le vagabond l’apprend en allant à la mort – aulecteur de découvrir pourquoi. La Bourgogne profonde entre 1806 et1810 étant le cadre de ce roman, on pourrait dire qu’il est « de terroir »,avec ce que cela a de hâtif et de condescendant. Cette histoire, simple enapparence, séduit autant par son sujet que par son style auquel des voca-bles et expressions oubliés donnent sa couleur et son ton d’authenticité(éd. Anne Carrière, 160 p., 15 ¤). P. Ky.

D.H. Lawrence à Sante Fe (Nouveau Mexique) en 1922

LITTÉRATURES D.H. LAWRENCE

FEMMES AMOUREUSES I. IIde D. H. Lawrence.I. L’Arc-en-ciel (The Rainbow),

traduit de l’anglaispar Albine Loisy,révisé par Estelle Roudet,II. Femmes amoureuses

(Women in Love)traduit par Maurice Rancèset Georges Limbour,révisé par Antoine Jaccottetet Cécile Meissonnier,Gallimard, « Quarto »,1 148 p., 22,50 ¤.

L’ARC-EN-CIEL

de D. H. Lawrence.Traduit par JacquelineGouirand-Rousselon,éd. Autrement, 536 p., 22,95 ¤.

APOCALYPSEde D. H. Lawrence.Traduction nouvellede l’anglais par Fanny Deleuze,présentation de Gilles Deleuze,éd. Desjonquères, 192 p., 18 ¤.

II/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

Page 29: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

Illusions perduesSous la forme d’un roman d’apprentissage,

Jacques Réda clôt sa trilogie autobiographique

A ller aux mirabelles, c’étaitretrouver le « charme éso-térique » de la ville de gar-nison de l’enfance, mêlé

à des odeurs de caoutchouc, decompote et de lessive. Aller à Elisa-bethville : une fiction nourrie desouvenirs de collégien, le bunga-low « moitié Colmar, moitiéCabourg » dans une petite villepavillonnaire de Seine-et-Oise.C’est là aussi que se déroule Allerau diable, roman d’apprentissageet troisième volet de cette trilogieautobiographique. On y retrouveles gamins de naguère...

Une héroïne inattendue : la pom-pe à essence du garage Lelièvre.Immobilisé par un plâtre après unaccident – ou une tentative de suici-de par désespoir amoureux ? –,l’adolescent contracte sa « lubie fer-roviaire » en contemplant le traficsur la ligne de Mantes à Paris.L’eau : un sujet permanent de con-versation, voire de controverses àBreille, constamment menacée parles crues. En tant « qu’antibarragis-te déclaré », l’adolescent obtient ledroit de circuler dans un territoireinsolite qu’on appelle, on ne saitpourquoi, la Pologne : un campe-ment occupé sauvagement depuisl’avant-guerre, et où tout s’opposeà la fixité : vieille barque, morceauxde wagon, cabine de péniche, pla-ques de bitume et bâches goudron-nées. Parmi les « Polonais », levieux Pépé, peintre « figuratif »autodidacte qui a sauvé le narra-teur de la noyade, et Rose la dodue– « un Greuze ».

D’autres visages de jeune fille –figures mouvantes d’un kaléidos-cope – se superposent à ceux deSonia et Janine : que ce soit l’énig-matique Denise ou les trois sœursJong qui sillonnent majestueuse-

ment la ville sur leurs vélos hollan-dais. Entre rue Basse et rue Haute,la petite société de Breille vit dansun « circuit de ragots » : le narra-teur, étudiant en droit, prenant sesdistances, imite « en bouffon » lesfigures notoires : le brocanteurStrapélias, la charcutière et la librai-re.

Il s’agit moins d’une chroniquesociale que d’une sorte de jeu detarots aux combinaisons infinies,toutes susceptibles de refléter laréalité. L’indistinction vaporeusedu paysage, la fluidité de la narra-tion reconstituent, avec le flou desphotographies d’autrefois, un mon-tage panoramique de la petite ville.

Monique Pétillon

Les saisons de Roger VaillandDes explications de textes sur le théâtre ou sur Suétone, à travers

lesquelles l’écrivain explique le texte de sa propre existence

Henri Caletou l’artdu presque rien

R oman, théâtre, scénario,dialogue de film, adapta-tion pour la scène etl’écran, d’innombrables

articles, un essai avec Le Confort intel-lectuel dont certaines pages sontencore d’actualité, plus d’une centai-ne de nouvelles, l’œuvre de MarcelAymé est vaste, variée. De cetteœuvre, le cinéma aidant, un Ayméreste dans les esprits au détrimentde quelques autres. L’auteur du Pas-se-Muraille est plus présent dans lesmémoires que l’adaptateur (pourLouis Daquin) de romans de Sime-non. Le porte- parole du chat per-ché s’oublie moins que le chroni-queur qui, en mai 1933, dans un arti-cle qui a la tonalité d’une nouvelle etintitulé « Vive la Race », dénonçaitle nazisme comme peu à l’époque etdécrivait, dans une prophétiqueparabole, le sort à venir de millionsde juifs, la folie hitlérienne et sa fin.

Le temps ayant passé, l’histoireétant ce qu’elle est et les hommesce qu’ils sont, il est plaisant d’ima-giner les pensées d’Aymé recevant,en 1946, un « blâme » pour « avoirfavorisé les desseins de l’ennemi » –il avait vendu un scénario à Conti-nental. D’où son sourire quand, en1949, proposé à la Légion d’hon-neur par le ministère de l’éduca-tion nationale, il est invité à l’Ely-sée, ce à quoi il répond, bernano-sien dans le fond, célinien dans laforme : « Je les prierais qu’ils voulus-sent bien, leur légion d’honneur sela carrer dans le train, comme aussileurs plaisirs élyséens. » Du blâme àla décoration, c’est là un sujet de

nouvelle ayméenne. Lesquelles,dès la première qui met en scèneDieu le Père prêt à anéantir la racehumaine et y renonce – « Que leshommes de la Terre regagnent leurcité et leurs labours. Le monde conti-nue » – forment la comédie humai-ne de Marcel Aymé.

« ’ »Balzac n’est pas l’auteur qui vient

naturellement à l’esprit quand onévoque Aymé. On ne peut établir degénéalogie avec ses personnagesqui ne vont pas d’une nouvelle àl’autre, et si l’on croise quelquesMartin, celui de « Traversée deParis » n’a pas de parenté avec ceuxque l’on rencontre dans « Le Tempsmort » ou « Rue de l’Evangile ».

Aymé nous offre, sur fond d’unequarantaine d’années de notre his-toire, des scènes de la vie de provin-ce, de la vie parisienne, de la viepublique et de la vie privée avec,comme on l’a dit de Balzac, unamas de petites circonstances où nemanquent ni la diversité des profes-sions ni les bouleversementssociaux et politiques – sa Révolu-tion s’appelle 36 et sa Restauration,Libération – ni l’influence qu’ont,sur les êtres et les modes de vie, l’ad-ministration, la magistrature, lesfinances, la presse, sans oublier laradio et le cinéma.

La télévision ne l’a guère inspiréet nous pouvons regretter lesMartin que nous ne verrons jamaispensionnaires d’un loft répondant à

des questions idiotes ou soumis auxaffligeantes questions lubriquesd’un bateleur.

« Depuis Balzac au moins, il estclair que le roman (…) prétend racon-ter par l’intermédiaire d’aventuresindividuelles le mouvement de touteune société. » Cette définition deMichel Butor s’applique très exacte-ment aux nouvelles d’Aymé. Ses per-sonnages prennent leur dimensionet leur intérêt par rapport à leurmilieu sociologique et, qu’ils s’yincluent ou y résistent, leur aventu-re nous conduit du particulier augénéral. Aussi invraisemblablequ’en soit leur sujet, ses nouvellesne sont pas hors du réel comme peu-vent l’être les contes. Duperrier ouDutilleul ou Sabine Lemurier vivent

dans la normalité de la société, etpar cela nous ressemblent même sinous ne sommes pas surmontésd’une auréole, ne passons pas à tra-vers les murs, n’avons pas le dond’ubiquité.

Cette association de l’irréel et dela réalité fait l’originalité des nouvel-les d’Aymé dont il est remarquablequ’il évite les habituelles recettes dufantastique. Point de châteaux han-tés, de succubes, de gnomes, devampires, mais notre ville, notrerue, notre appartement, notre voi-sin, nous-même. C’est de cette bana-lité des êtres et des choses qu’unfait ou une faculté inattendus vien-nent troubler, que ces nouvellestiennent leur caractère unique. Demême d’un style sans complica-tions. Chez Aymé, point d’effet dephrases, comme on peut le dire d’ef-fets de manche, mais un humourdiscret, souvent entre les lignes, pro-posé plus qu’exprimé et d’autantplus percutant. Il a au plus hautpoint cet art de dire le monde sim-plement.

« Il y avait à Montmartre un bou-gnat vertueux qui s’appelait César »ou « Martin abattit sa femme et sesbeaux-parents à coups de revolver etpoussa un soupir », ou bien « Il yavait au 2-7-6 d’infanterie un adju-dant très bon et très doux qui s’appe-lait l’adjudant Constantin. » La sim-plicité des incipits d’Aymé n’est plusà souligner, mais ces entrées en his-toire qui happent le lecteur ne sontpas la seule expression d’un stylequi entraîne à la lecture comme ons’attache aux modulations simplesd’un conteur à la belle voix. Lamême efficacité est dans le corps durécit par des moyens que l’on diraitpresque rudimentaires s’ilsn’étaient le résultat d’un travail quine se montre pas. Ainsi de cettefaçon de camper des personnagesen quelques mots et avec des riens :« Adélaïde avait pour voisin de palierles époux Letort : l’homme, quarante-

neuf ans, calvitie et un poste de sous-directeur ; l’épouse, quarante-cinq,sèche, et un jour de réception parsemaine. » Deux âges, deux particu-larités physiques, une profession,une occupation, et nous connais-sons les époux Letort qui demeu-rent avenue Junot.

Le merveilleux, dans cette œuvredu nouvelliste qui jongle si habile-ment avec l’extraordinaire et quifait son métier d’écrivain sans artifi-ce ni prétention – il ne prétend pasà l’explication de l’univers, il n’éla-bore pas plus une philosophie qu’iln’étaie une idéologie –, c’est cettesimplicité de la forme, qu’il s’agissede raconter un percepteur qui nepeut payer ses impôts, des gaminesà leur devoir du soir, un cambrio-leur mondain, une vieille demoisel-le qui communie deux fois parsemaine, et à travers les momentsde vie de ces personnages d’évo-quer les heurs et malheurs qui fontl’humaine comédie présentée, sij’ose dire, à l’état brut.

D’une nouvelle à l’autre, Aymépose un regard sur son temps, maisaussi sur les grandeurs et faiblessesindividuelles ou collectives qui sontde toutes les époques. Il n’était pashomme des célébrations. Pour l’ho-norer post mortem – il aurait eucent ans en mars de cette année, ilest mort en 1967 –, il suffit de s’of-frir un bonheur de lecteur en voya-geant dans ce recueil comme onsuit les divers épisodes d’une fres-que. Alors, on en vient à penseravec Anne Bragance que « espacede liberté pour le lecteur, gageure etmorceau de bravoure pour l’écrivain,la nouvelle est en somme le diamantde la littérature », et qu’à cet exerci-ce, Marcel Aymé est un grand dia-mantaire ciselant sa comédie.

Pierre-Robert Leclercq

e A noter : Les Chemins et les Ruesde Marcel Aymé, de Michel Lécureur(éd. Tigibus, 142 p., 39 ¤).

L a jeunesse est à la recher-che de héros, désespéré-ment. Avec Camus dansson imperméable, Sartre

dans sa canadienne, et Malrauxdans son blouson d’aviateur, leslointaines années 1950 ne man-quaient pas de mythologies. Cer-tains jeunes gens, amoureux desparadoxes, préféraient RogerVailland. Pensez donc : un hommeà la (belle) gueule d’oiseau rapace,qui prenait de l’opium avant-guerre et faisait une cure de désin-toxication, en 1942, pour entrerdans la Résistance !

Ensuite, dans Drôle de jeu, sonmeilleur roman avec Les MauvaisCoups et 325.000 francs, Vaillanddépeignait l’action clandestinecomme des grandes vacances. Ilavait l’allure légère et désinvoltedes hussards ? Ce qui faisait dire àNimier qu’il était « le meilleur écri-vain français d’extrême gauche ».Car il était à la fois l’élève de Marxet l’héritier de Descartes, de Lacloset de Stendhal. Il réconciliait lecommunisme avec le libertinage,le plaisir avec l’austérité.

La chasse au bonheur était lesport favori de Vailland. Il aimaitaussi les courses automobiles et lecyclisme. Il écrivait dans un styleélégant, racé, vif, rapide, quimariait le ton du dix-huitième siè-cle et celui des années 1950. Lesdemoiselles désertaient les coursde physique-chimie pour le lire encachette et se faire battre le cœurentre le pont de Levallois et la pla-ce d’Italie, tandis que les jeunesgens s’interrogeaient sur « la singu-

larité d’être français », dans les jar-dins du Palais-Royal, et s’imagi-naient sous les traits de Milan, lehéros des Mauvais Coups.

Le profil, la silhouette deVailland se retrouvaient dans tousses livres. Ses personnages –Marat, Milan, François Lamballe,Duc – lui ressemblaient. Ou c’étaitl’inverse : il se modelait sur eux.Car on ne sait jamais trop si c’est lafiction qui imite l’existence ou l’ex-istence qui imite la fiction. Lesromans de Vailland étaient desautobiographies à peine dégui-sées, mais comme sa vie était roma-nesque, l’équilibre était en quelquesorte rétabli. Du reste, il l’annon-çait, en 1953, dans Expérience dudrame : « La vie ne m’apparaissait

digne d’être vécue que dans la mesu-re où je parviendrais à la constitueren une succession de saisons si bienenchaînées qu’il ne resterait plus lamoindre place pour la vie quotidien-ne ; je n’y parvins que trop bien. »

Dans cet essai sur le théâtre,Vailland faisait de l’explication detextes. Ecrire, pour lui commepour Descartes, c’était expliquer letexte de sa propre existence. Par« vie quotidienne », il entendait lesheures perdues, les jours qui vontà la dérive, le temps relâché, lespetits matins moroses. Vailland tra-versa, entre autres, la saison de lagéométrie, la saison surréaliste, cel-le des nuits de Montparnasse, cellede l’amour-passion, celle du liberti-nage, celle du communisme et cel-le de la botanique. Il poursuivaitun vieux rêve jamais démodé : lamaîtrise du temps qui passe, cequ’il appelait « souveraineté sur soi-même ». Dans Expérience du dra-me, il évoque notamment ses nuitsblanches à Montparnasse, avecJoseph Kessel. Ils allaient au Pois-son d’Or, un cabaret où se produi-

saient les Tsiganes Dimitrievitch.La soirée « prenait ou ne prenaitpas », et si elle « prenait », l’aubearrivait comme le dénouement dequelque chose de très mystérieuxet de très intense, qui s’était passéentre les artistes et le public. Toutle monde répugnait alors à se quit-ter, et les applaudissements, lesrappels retardaient le moment derompre le charme…

Vailland eut sa pire gueule debois en 1956, après la révélationdes crimes de Staline. Ce fut la fin,le naufrage de la saison communis-te. Les déceptions historiques nesont pas moins cruelles que lesdéceptions sentimentales. Et rienn’est plus détestable que le senti-ment d’avoir été floué. Vailland

mit à la poubelle de l’Histoi-re l’effigie du dictateursoviétique. Jamais plus il

n’accrocherait le portrait d’un chefd’Etat dans son bureau. La mêmeannée, il écrivit son Eloge du cardi-nal de Bernis, peut-être son livre leplus réussi. C’était une réflexionsur l’homme de qualité et sur lepouvoir : « L’homme de qualitédétruit nécessairement sa qualité enassumant le pouvoir suprême. » Etpuis : « Le pouvoir absolu engendrela servilité, et la servilité inspire (autyran) le mépris de l’homme. »

En 1962, le Suétone prolongeacette réflexion. C’était encore uneexplication de texte. Vailland reli-sait et commentait les Vies des dou-ze Césars – une de ses lectures d’en-fance avec les Vies des hommes illus-tres, de Plutarque. « Suétone nous adit tout ce que nous devions savoirde nos futurs cauchemars », écrivaitRoger Vailland. Derrière les visa-ges de Tibère, de Caligula, deNéron, c’était le fantôme de Stali-ne que l’on apercevait. Les lende-mains étaient définitivementdésenchantés, et l’Histoire étaitconsidérée comme une grandetromperie. Cela n’a pas vieilli.

La comédie humaine de Marcel AyméA l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur du « Passe-Muraille » paraît l’intégralité de ses nouvelles et de ses contes.

Comme autant d’épisodes d’une fresque où se lisent heurs et malheurs de tous les temps

P aul Reynaud en campagneélectorale, le parcoursd’un bateau-mouche surla Seine, une rencontre

avec M. Joseph qui faisait des affai-res pendant l’Occupation, un exa-men de santé gratuit dans un dis-pensaire, le tour de l’île de Noir-moutier en voiture à âne… : y a-t-illà de quoi nous passionner, dequoi faire un livre avec des articlesvieux d’un demi-siècle ? Sans dou-te pas, à moins que ces chosesvues ne soient autant de prétextesà chroniques pour Raymond Théo-dore Barthelmess, alias HenriCalet ?

N’est-il pas, comme le rappelleJean-Pierre Baril en citant PierreMertens, de ceux qui forment une« certaine face cachée du romanfrançais contemporain » ? Paulhanne pouvait laisser passer ce talent.En 1935, il édite La Belle Lurette,qui annonce une œuvre où auto-biographie et roman se mêlent.Calet lui-même, ne sachant tran-cher, parlera de « genre hybride »,une innovation qui séduit Gide,Camus et quelques amateurs debelle littérature, laquelle restaitconfidentielle.

Ces textes sont d’excellents pre-miers pas pour aller au devant del’œuvre d’un chantre des oubliésqu’on appelle les petites gens,jamais larmoyant à forcer sur lepathétique. Une journée à la merou une table en bois blanc, et parle rythme de ses phrases, son sensde l’observation, sa verve, Caletréussit cet art délicat de ciseler unpetit bijou à partir de presquerien. Et avec ce presque, à direbeaucoup. Cela a un nom, littéra-ture.

P.-R. L.

ALLER AU DIABLEde Jacques Réda.Gallimard, 150 p., 14 ¤.

Marcel Aymé en 1959

LITTÉRATURES

EXPÉRIENCE DU DRAMEde Roger Vailland.Ed. du Rocher, 176 p., 15 ¤.

LES PAGES IMMORTELLES

DE SUÉTONEde Roger Vailland.Ed. du Rocher, 206 p., 16 ¤.

NOUVELLES COMPLÈTES

de Marcel Aymé.Nouvelles et contes illustrésd’après les albums originauxpar Nathan Altman,Madeleine Parry,Nathalie Parain,Gallimard, « Quarto »,1 370 p., 25 ¤.

POUSSIÈRES DE LA ROUTE

d’Henri Calet.Ed. Le Dilettante,310 p., 18,50 ¤.

a François Bott

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/III

Page 30: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

Un turbulent trioAvec humour, Hanan El-Cheikh met en scènetrois immigrés fraîchement arrivés à Londres

C ’est un esprit offensé », rit-elle. La table du déjeu-ner s’est mise à vibrerdevant Hanan El-Cheikh

qui parlait d’impuissance masculi-ne – le thème de sa toute premiè-re nouvelle, se souvient-elle, écri-te il y a près de quarante ans pen-dant ses années d’études au Caire.Depuis, cette écrivaine libanaise,londonienne d’adoption aprèsson exil loin d’un Beyrouth enguerre en 1975, a conquis deux lec-torats : celui de sa langue mater-nelle et d’écriture, l’arabe, pourlequel elle pense « décrire la socié-té sans détours » ; et celui des paysoccidentaux, qui, après Histoire deZahra et Femmes de sable et demyrrhe, voit en elle une écrivaineféministe un brin exotique.

Un regard dont cette anciennejournaliste s’amuse aussi : « Jen’ai pas l’impression de braver desinterdits mais de restituer des évi-dences naturelles, loin d’une éti-quette qu’une famille hors du com-mun (une mère qui nous a abandon-nés très tôt et un père très pieux)m’a de toute façon empêchée de sui-vre. Quant au regard des Anglaissur moi, il est souvent justifié par undésir d’éducation géopolitique ; ouplus simplement, je leur évoque cefantasme des princesses arabes. »Et de conclure : « C’est logique. Onn’entend parler des pays comme leLiban que comme des lieux exoti-ques et romantiques, ou bien com-me des pays en proie à la répressionet à la guerre civile. »

Autant de clichés retravaillésdans Londres mon amour, ceroman qui lui a valu l’intérêt d’untroisième lectorat : les immigrésarabes des grandes villes euro-

péennes. Il met en scène trois per-sonnages fraîchement débarquésà Londres, une Irakienne divor-cée, une prostituée marocaine etun homosexuel libanais, rattrapépar sa pléthorique famille. Ce pro-gramme acrobatique, le romanl’exécute honorablement, nonsans pécher, par défaut de rythmeet d’agilité, notamment lors desscènes burlesques.

C’est pourtant là qu’on devine

l’un des atouts possibles du livre,cet humour critique que relayent,ironiquement ou non, certains per-sonnages : en témoignent l’extra-vagante prostituée marocaine, gri-mée en princesse saoudiennepour détrousser les riches clientsarabes des palaces londoniens, ouencore le père de Lamir, quiembellit sa biographie de légen-des romantiques. La compassionnaïve des Occidentaux pour lesréfugiés politiques, l’érotisme pré-tendument trouble des femmesorientales, les subtiles hiérarchiesnationales entre émigrés : autantde sujets éminemment graves quiméritaient bien cet humour origi-nal.

Cette autodérision est aussi,une réponse en forme à ceux quidemandent à l’auteur de choisirson camp et de ne produire quedes textes politiques depuis le11 septembre : « J’ai effectivementpublié dans Newsweek un articletrès violent comparant le sort desfemmes afghanes à la jeunesse dema mère, privée d’éducation et ter-rorisée, commente-t-elle. Mais jeveux que mon travail, au-delà de laportée anthropologique, soit aussilu pour sa dimension poétique.Même fascinée par l’Occident, jecontinuerai à écrire mes romans enarabe comme on cuisine là-bas, enpuisant à pleines mains dans le potde sel, les doigts blessés. »

Fabienne Dumontet

O n aurait tort de reléguercet ouvrage au rayon« Littérature des peuplespremiers ». Kim Scott,

donne sur le sort des Aborigènesbeaucoup plus qu’une imprécationvengeresse : une œuvre littérairehabilement charpentée, pleine depoésie, de symboles et de gravesquestionnements. Il a choisi la généa-logie comme instrument de dénon-ciation, et les territoires de l’Ouestcomme cadre.

C’est là que vit Harley avec songrand-père. Le vieillard se sait blanc,le jeune homme se sent aborigène,issu d’une série de viols plus oumoins légaux, plus ou moins consen-tis. Il mène une recherche forcenée,douloureuse, sur les trois généra-tions qui ont précédé la sienne. Lesimmigrés anglais débarquent,éblouis par l’immensité féconde quileur est offerte, s’ils parviennent à lapurger des infimes peuplades qui l’oc-cupent. Certes, on trouve parmi euxdes justes, conservant assez d’huma-nité pour comprendre et défendreles victimes, mais la tentation la plusforte, dans cette terre sans loi, est cel-le du massacre. On y cède parfois,pour gagner du temps.

Mais nous ne sommes pas dansl’Amérique du XVIe siècle et la parole,vers 1930, est plutôt aux scientistes,les hommes de bureau appointés parl’Etat. Ceux-là placent leurs sottesespérances dans le métissage systé-matique, le « blanchiment de larace », comme on disait ailleurs.Quelques générations y suffiront, sil’on prend soin de séparer les fils deleurs mères, d’isoler les quarteronsdes métis : un génocide par les

gènes, en somme, dont un certainAuber Octavius Neville, que l’auteurmet en scène, fut l’un des théori-ciens. Harley sait qu’il est le résultat –la victime – de tels métissages organi-sés par son grand-père pour lui volerses origines. Il se venge à petit feu surle vieillard devenu infirme, notam-ment par la torture morale qui consis-te à palabrer en sa présence avec cequi reste de la partie aborigène de lafamille.

Plus cruellement encore, il assisteà la transformation de son petit-fils,car Harley, Blanc d’apparence, assu-me avec délices les traditions, lessavoirs et la magie de sa race, com-me la lévitation qui parfois l’assaille.Avec un peu d’attention, on remar-que que le thème du livre dépasse leseul cas des Aborigènes car, sans quel’auteur y insiste, la narration laisseentrevoir une faute plus générale etplus complexe que l’abaissement etl’éradication d’une race. A plusieursreprises Harley dénonce « le proces-sus par lequel un nous devenait je »,comme si le principal dégât dans tou-te colonisation était l’individualismeoccidental, l’anéantissement desréseaux subtils du collectif au profitdu moi brutal et cupide : une idéeplus fréquente chez les anthropolo-gues que chez les romanciers.

Jean Soublin

L e problème majeur de lalittérature d’expressionmagyare, riche d’auteurscomparables à Gide,

Proust, Thomas Hardy, Lampedusaou Wilde, demeure le mur desmots, la barrière linguistique. LaHongrie ressemble à un club peu-plé d’une dizaine de millions demembres à l’intérieur de ses frontiè-res, de cinq autres au sein de la dias-pora ; leur langue, d’origine finno-ougrienne, peu accessible, n’estliée à aucune famille européenne,si ce n’est au finnois. D’une musica-lité remarquable, elle se prêtecependant mal aux traductions.Quelques éditeurs courageux ontpourtant fait face au défi et sorticette prose de son ghetto linguisti-que. La dernière découverte de Phé-bus est Miklos Banffy (1873-1950).Conteur né, aristocrate magyaro-phone de Transylvanie, auteur dra-matique, grand commis de la dou-ble monarchie austro-hongroise,ministre après la Grande Guerre etartisan de la réconciliation avec lesRoumains, Banffy demeure surtoutl’auteur d’une monumentale trilo-gie, La Chronique transylvaine, qui aconnu un immense succès enAngleterre.

Au début du XXe siècle, le maria-ge de raison contracté en 1867 parla Budapest rebelle et royale avecla Vienne impériale s’étiole, LeBeau Danube bleu devient valsefunèbre. Les époux font chambre àpart, parlements et gouvernementsséparés, mais le divorce est long àvenir, car l’empereur vénéré Fran-

çois-Joseph et son neveu Ferdi-nand veillent. La Hongrie, fière deson passé et de sa pugnacité,implantée en Slovaquie, Slavonieet Transylvanie, entend y rester etréclame davantage d’autonomie,alors que Vienne se fige dans sa tra-dition bureaucratique malgré lesforces centrifuges de ceux qu’elledomine. A leur tour, ces peuples– répandus du lac Balaton à l’arcdes Carpates, de l’Adriatique enBohème, Moravie et en Galicie –exercent leur autorité sur d’autres,moins organisés, plus démunis. Lesnations contenues dans l’Empire seréveillent. Seuls le charisme et latolérance du vieil empereur main-tiennent encore debout cet ensem-ble fractal et fragile. Pour combiende temps ?

Dans le roman de Banffy, les Aba-

dy, les Kolonich, les Szent Györgyiavec leurs châteaux au pied des Car-pates, des provinciales arrivistescomme Agnes Kolonich mais aussides parents pauvres, tel le composi-teur Laszlo Gyeröfyi, sont le reflet,avec un soupçon de morgue britan-nique, de l’aristocratie françaiseinsouciante et sophistiquée deProust. Dans ce premier volume dela Chronique transylvaine, les fra-grances nostalgiques d’un tempsdisparu, celui de la Recherche, pren-nent leur envol grâce au souffle épi-que d’Autant en emporte le vent.

Pendant que Balint Abady, dépu-té, rejoint à Budapest ses pairspour débattre de la place de la Hon-grie au sein de la Cacanie (1) desHabsbourg, les saisons se succè-dent en Transylvanie. Banffy décritles bals, chasses, voyages en Italie

et en France sur fond d’idyllescachées et d’intrigues mondaines.Dinora Abonyi, sœur magyared’Odette de Crécy, poursuit ses fras-ques, l’entente secrète de LaszloGyeröfyi avec Klara sa cousine sedélite en raison de la passion ducompositeur pour le jeu des carteset de la malveillance de madamemère, la duchesse Agnès. En revan-che, le parcours sinueux desamours entre l’énigmatique Adrien-ne Milöth et l’élégant Balint Abadyles conduira au bonheur.

Hélas, les belles journées du com-

promis historique élaboré par lesélites autrichiennes et hongroisessont comptées, elles glissent vers lecrépuscule. En attendant l’heured’un adieu définitif à un certainéquilibre, teinté de douceur devivre, les chancelleries européen-nes retiennent leur souffle face auxsignes prémonitoires du désastre àvenir qui fera sans doute l’objetdes prochains volets de la trilogie :guerres balkaniques, visée du Kai-ser Guillaume sur la chasse gardéefrançaise au Maroc, révoltes pay-sannes et conflit russo-japonais enExtrême-Orient.

En ce temps-là, les rares repré-sentants de la majorité roumaine,prudents, parlaient à voix basse,attendaient leur heure. Elle n’allaitpas tarder ! Après la GrandeGuerre, à la faveur du traité de Tria-non, la Transylvanie redeviendraroumaine. Seuls le palais Banffy,situé au centre de sa capitale Kolo-zvar (Cluj-Napoca en roumain),ainsi que les ruines de quelques châ-teaux dépossédés de leurs proprié-taires témoigneront d’une ancien-ne présence aristocratique sur lesflancs boisés des vallons, au cœurde cette magnifique province.

Edgar Reichmann

(1) Expression qui signifie de Kaiser-lich à Königlich, impériale et royale.

Génocide par les gènesA travers la généalogie d’une famille métisse,

l’Australien Kim Scott dénonce le sort des Aborigènes

Prologue à un adieu annoncéAvec son grand roman transylvain, Miklos Banffy, auteur jusqu’ici inconnu,

ressuscite la « belle époque » de la double monarchie austro-hongroise sur le point d’éclater

Miklos Banffy, ministre et romancier de l’Empire austro-hongrois

.

LONDRES MON AMOUR

(Innahâ London yâ’azîzî)d’Hanan El-Cheikh.Traduit de l’arabe (Liban)par Rania Samara,Actes Sud, 330 p., 21,90 ¤.

LITTÉRATURES

BENANG(Benang)

de Kim Scott.Traduit de l’anglais (Australie)par Pierre Girard,Actes Sud, 472 p., 24,90 ¤.

VOS JOURS SONT COMPTÉS

Chronique transylvaine

(Erdélyi Törtenet,Megazamlaliattal),de Miklos Banffy.Traduit du hongroispar Jean-Luc Moreau,préface de Patrick Leigh Fermor,Phébus, « D’aujourd’huiétranger », 764 p., 24,50 ¤.

LIVRAISONSa UNE ÉPOQUE FORMIDABLE, de Michael Bracewell

Comme le suggère le titre, l’ironie est maîtresse dans ce quatrièmeroman du Britannique Michael Bracewell. La vie moderne, l’ambiguë con-dition du salarié, la crainte du chômage et, pire encore, celle de l’ennui,sont décortiquées au scalpel avec une drôlerie et une désinvolture qui for-cent l’admiration. Michael Bracewell, écrit son confrère britannique Jona-than Coe, se révèle être « la plume la plus talentueuse et critique du capita-lisme actuel ». Il est vrai que, depuis Barbara Pym et son Quatuor d’autom-ne, on n’avait guère autant ri à l’évocation de la vie de bureau et de toutesles stratégies imaginables pour y échapper. Finesse de l’observation, élé-gance de la phrase, art du détail… Le tout assaisonné d’un zeste de déses-poir poli : une lecture à recommander sans réserve (traduit de l’anglaispar Robert Davreu, éd. Le Dilettante, 222 p., 17 ¤). Fl. N.

a MAUVAIS GARÇON, de Willy RussellDramaturge anglais à succès, auteur notamment de L’Education de

Rita, Willy Russell publie un premier roman nerveux et intense qui ravirales amateurs d’écriture incisive à l’humour ravageur.Dans ce roman maî-trisé, on suit, sans s’essouffler, les pérégrinations improbables de Ray-mond Marks, loser attachant, adolescent mutin, annonçant d’embléequ’il « est grave, triste et déprimé ». Pour faire plaisir à une mère un peularguée et échapper à un oncle qu’il déteste, Raymond accepte un jobminable dans un bled sinistre du nord de l’Angleterre. La galère de notreanti-héros serait totale s’il n’écrivait pas, jour après jour, à son idole,Morrissey, chanteur des Smiths, groupe-culte des années 1980. Au fil des

lettres, Raymond confesse avec dérision la triste histoire de son exis-tence (traduit de l’anglais par Aline Azoulay, Robert Laffont, 484 p.,22,70 ¤). St. L.

a LA VALSE DES ANGES DÉCHUS, de MahrendorffUne fois encore, la Vienne mythique est au centre de ce roman histori-

que qui fait suite à Et ils troublèrent le sommeil du monde. Le docteurHeydinger, devenu un célèbre neurologue, est sollicité par le ministèreautrichien des affaires étrangères pour enquêter sur un mystérieux cam-briolage qui a eu lieu à l’ambassade de Serbie. Il semble que la Main noi-re, société secrète qui fait de l’antisémitisme et du pangermanisme saprofession de foi, tente de mettre en péril la stabilité de l’Empire austro-hongrois. Pour vaincre les résistances du talentueux docteur Heydin-ger, le gouvernement n’hésite pas à faire pression sur lui en menaçantd’étaler au grand jour le cas Sidonie, une jeune fille hystérique que letraitement préconisé par Heydinger aurait poussée au suicide. Mahren-dorff, né en 1963 et qui se consacre aussi à la composition musicale,mène bien son récit ; les ombres de Schnitzler, Mahler, Klimt se croisentcomme dans une valse (traduit de l’allemand par Jean-Claude Capèle,Fayard, 400 p., 21,30 ¤). P. Dhs

a LES PASSAGERS ANGLAIS, de Matthew KnealeLe racisme est de tous les temps, hélas ! et dans tous les cœurs, prêt à

germer dès que les conditions s’y prêtent. L’Anglais Kneale étudie ses for-mes diverses au XIXe siècle, en prenant pour prétexte l’expédition calami-teuse qu’il a imaginée à la recherche du site de l’Eden vers 1850. Il parledes Aborigènes de Tasmanie, de leur résistance courageuse à l’envahis-seur blanc, des réactions diverses qu’ils inspiraient à la société britanni-que, et de leur quasi totale éradication. Il décrit ces décennies d’une vio-lence extrême, multipliée par les souffrances (et les brutalités) desbagnards grâce auxquels on espérait peupler le territoire. Kneale donnela parole à une vingtaine de protagonistes d’origines et d’opinions diver-ses ; certains sont caricaturaux, mais tous sont solidement ancrés dansles mentalités de leur temps. Dans ce traité du racisme victorien, chacunappréciera, selon ses dégoûts, les diverses formes de cette dépravationde l’esprit, depuis les haines minuscules des habitants de l’île de Man jus-qu’à l’approche pseudo scientifique de l’inégalité des races, fondée abusi-vement dès cette époque sur la phrénologie et la linguistique (traduit del’anglais par Georges-Michel Sarotte, Belfond, 466 p., 21,50 ¤). J. Sn

a INTIMES CONVICTIONS, de Kate O’RiordanOn connaissait Kate O’Riordan à travers ses nouvelles et sa participa-

tion à l’ouvrage de Dermot Bolger, Une suite au Finbar’s Hotel (éd. JoëlleLosfeld). On retrouve cette Irlandaise de Londres dans un premierroman remarqué outre-Manche : une déchirante histoire d’amour entreune Irlandaise du Sud et un jeune homme de Belfast dont la famille,catholique, est « en guerre contre l’occupant protestant ». Une variationréussie autour de Roméo et Juliette, sur fond d’attentats, de trahisons,de secrets de familles et d’armée républicaine (traduit de l’anglais – Irlan-de – par Judith Silberfeld, éd. Joëlle Losfeld, 220 p., 20 ¤). Fl. N.

a LA CATHÉDRALE AU FOND DU JARDIN, de Maxime VivasLe génie peut-il tout excuser ? Comment accepter qu’une œuvre de pre-

mier plan abrite des verbiages antisémites ? Maxime Vivas met en scèneun groupe de résistants s’interrogeant en 1943 sur l’opportunité d’assassi-ner Louis-Ferdinand Céline, à leurs yeux chantre de l’ignominie et plumeofferte au soutien de l’occupant. Un débat vif s’engage. Tuer « ce talentnauséabond » serait « moralement justifié » ; pourtant, ce n’est « qu’unécrivain qui n’a jamais tenu un pistolet ». Dilemme inextricable. De ce cane-vas inspiré d’une histoire vraie, l’auteur tire un récit vivant et subtil (éd.Atout, 1609, route de Saint-Bernard, 06225 Vallauris, 140 p., 11 ¤). St. L.

IV/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

Page 31: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

Utopia triomphansRebelles à toute nomenclature, les utopies trouventplace dans un dictionnaire pertinent et surprenant

Aux associations, citoyens…C’est à une véritable réflexion sur la complexité et la richesse des enjeux associatifs que nous convie l’ouvrage dirigé par Claire Andrieu,qui livre également une passionnante étude sur le Club Jean-Moulin, institution emblématique de la société civile dans les années 1960

I l fallait un lieu pour accueillirles idées qui inventèrent leleur, en marge puisque répu-té impossible. Avec ce surpre-

nant Dictionnaire des utopies, c’estbien plus qu’un catalogue d’ungenre qui résiste à la définitionabrupte, que proposent MichèleRiot-Sarcey, Thomas Bouchet etAntoine Picon. Avec plus de soixan-te universitaires, ils se lancent dansune sorte d’utopie supplémentaire,fixant l’adresse d’une pensée vouéeà l’ailleurs, et comme telle reçueavec méfiance, voire hostilité.

Rebelle à toute forme de nomen-clature par sa nature protéiforme,l’utopie ne se laisse pas davantageréduire à l’historicité du mot qui ladésigne. Si le texte de ThomasMore, De optimo reipublicae statudeque nova insula UTOPIA, paru àLouvain en 1516, a droit à sa propreentrée (seuls Les Aventures de Télé-maque, de Fénelon, L’An 2440, deLouis-Sébastien de Mercier, et Paulet Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre, bénéficient du même privilè-ge), les maîtres d’œuvre considè-rent que le pari utopique n’apparaîtpas à la Renaissance. D’où d’intéres-santes entrées sur Platon qui passapour l’inspirateur de More, lanotion de « peuple choisi » ou lapensée de saint Augustin, curieuse-ment indexé à la lettre « S » ; plustard, l’excellente synthèse de Domi-nique Iogna-Prat sur « christianis-me et utopie » et les contributionsde Hilaire Multon, qui traite sobre-ment du « millénarisme », parve-nant à prolonger la présentationbien au-delà du cadre médiéval.

Si les penseurs de l’utopie sontlargement représentés (36 entrées),on appréciera de voir aux côtés deLas Casas, Sade, Babeuf, Saint-Simon, Marx ou Huxley, les men-tions moins attendues, mais parfai-tement légitimes, de Bernard Laza-re, Ernst Bloch, Walter Benjaminou Emmanuel Levinas ; et même,réfugiées dans des entrées plus lar-

ges – respectivement l’essentiel« contre-utopies » et « féminismefrançais » – les figures de Zamiati-ne et de Flora Tristan.

Mais réintroduire prioritaire-ment l’angle chronologique ou bio-graphique ne rend pas justice à unetelle somme. Si la marque de cha-cun des responsables est ponctuel-lement visible – trois articles pourtraiter du féminisme comme utopieselon le pays de référence ; Fourieret le fouriérisme, jusque dans sesapplications texanes ; et nombresd’articles sur la part des sciences ettechniques dans le projet utopique(Antoine Picon est enseignant àl’Ecole nationale des ponts et chaus-sées) –, aucun ne confisque le dis-cours sur son propre champ,offrant ainsi une vision plurielle desdébats.

Ce serait déjà là matière à une

recommandation impérative. Maisce précieux collectif va plus loin :sans négliger la part attendue desthéories politiques (Enzo Traversotraite du « totalitarisme », MarcDachy de l’« Internationale situa-tionniste », comme « communis-mes », « anarchismes »,« soviets » ou « grèves générales »ont leurs entrées), il sait traquerl’utopie dans tous les champs del’activité humaine, science-fictionbien sûr, mais aussi théâtre, musi-que, architecture, cinéma, liés ounon à la « contre-culture », ce quinous vaut de réjouissantes entréessur le « somnambulisme »,l’« infrastructure des transports »ou le « voyage ».

Mais, par-delà le charme des ren-contres, « missions jésuites » et« surréalisme », « Thélème » et« Internet », c’est la pertinence dupropos, l’exigence tenue de bouten bout sur un sujet dont on peutcraindre qu’il n’échappe, trop dif-fus et rétif à la synthèse. Sans dou-te est-ce pour cela que la paradoxa-le formule du dictionnaire s’avèrela bonne. Discret dans ses audaces(« mondialisation » de Picon) com-me dans ses perspectives (« utopiedu politique » de Riot-Sarcey), cedictionnaire est un outil stimulantà conserver sous le coude.

Ph.-J. C.

V oilà quelques mois queles lampions du centenai-re de la loi du 1er juillet1901 relative au contrat

d’association – c’est son intituléexact – se sont éteints. Comme tou-te commémoration, celle-ci laisseun souvenir mitigé : on peut certesse féliciter de la charte signée, lejour même du centenaire, entrel’Etat et le monde associatif et quicherche à établir les conditionsd’une cohabitation harmonieuseentre tiers secteur et pouvoirspublics. Ne convient-il pas en revan-che, au vu du résultat des scrutinsde 2002, de remettre en questionles approches optimistes qui voientdans l’existence d’un tissu associa-tif dense un antidote aux contre-valeurs propagées par l’extrêmedroite ? La réalité ne se laisse pasréduire à ces mécanismes trop sim-ples, et c’est au contraire à uneréflexion sur la complexité et larichesse des enjeux associatifs aucours de ce siècle que nous incitel’épais et passionnant volumequ’éditent les Publications de la Sor-bonne, actes d’un colloque tenu àla mi-novembre 2000 au Sénat

autour du thème « Associations etchamp politique ».

A côté de synthèses historiques,qui interrogent notamment la faus-se symétrie entre partis et associa-tions, on retiendra deux contribu-tions plus actuelles, proposées com-me en miroir : étudiant les effets del’engagement associatif sur le rap-port au politique, Sophie Duchesneet Camille Hamidi, chercheuses aucentre d’études de la vie politiquefrançaise (Cévipof), y décèlent un« évitement du politique par l’asso-ciatif », tandis que Valérie Lafont,issue du même laboratoire, conclutau contraire son analyse des rela-tions entre vie associative et enga-gement au Front national par uneconfirmation de l’importance dufait associatif dans le processus desocialisation aux pratiques politi-ques – à cela près qu’il s’agit ici depratiques clairement inscrites dansune perspective antidémocratique.Il y a moins là contradiction quereflet de l’extrême richesse d’unmatériau quasi infini : étudiant, desCroix de Feu à Attac, les formes dulien entre pratiques associatives etvie politique, c’est l’ensemble de lasociété française du XXe sièclequ’auscultent les auteurs réunis icipar Claire Andrieu, Gilles LeBéguec et Danielle Tartakowsky.

L’exercice est remarquablementconduit même si chacun, selon sesinclinations, pourra toujours yregretter telle ou telle absence, cel-le des mouvements suffragistesféministes par exemple, de mêmequ’il pourra estimer que le prismeretenu aurait sans doute permis demieux diffracter, dans toute sadiversité, le militantisme d’extrême

gauche des années 1970. Avec cetouvrage, qui fournit également dessynthèses, précises et précieuses,sur les conditions d’élaboration etles enjeux du vote, en 1901, de la loidéfendue par Waldeck-Rousseau,on dispose enfin d’un ouvrage deréférence sur un siècle de vie asso-ciative en France.

« »A ce livre, qu’elle a codirigé, Clai-

re Andrieu a doublement participé,à la fois par une réflexion histori-que d’ensemble sur la concurrencedes légitimités partisane et associa-tive, et par une contribution plusspécialement consacrée au ClubJean-Moulin, institution emblémati-que de la société civile, de gauche,au cours des années 1960. Les deuxsujets se retrouvent dans l’impecca-ble étude qu’elle consacre, chezFayard, à ce club, né dans l’efferves-cence de l’été 1958 de l’inquiétude« républicaine » de quelquesanciens résistants interpellés parles conditions de retour du généralde Gaulle au pouvoir. Retraçantavec précision la vie de l’institu-tion, c’est à une vue de côté de laRépublique gaullienne, sur l’ensem-ble de sa durée que l’auteur nousconvie.

C’est d’abord le conflit algérienqui structure les enjeux de l’engage-ment de ce petit nombre d’hom-mes (50 au départ, jamais plus de500), issus de groupes sociaux auxfrontières bien délimitées : plusd’un tiers sont des fonctionnaires,près d’un quart des universitaires.On les retrouve d’abord à chacunedes étapes visant à conclure laguerre d’Algérie, y compris lors de

la « kermesse héroïque » – le termeest de Pierre Viansson-Ponté –tenue dans la cour du ministère del’Intérieur lorsque, le 23 avril 1961,Michel Debré en appelle à la mobili-sation contre le danger putschisted’Alger. Mais l’enjeu dépasse rapi-dement la question algérienne.Marqué par le mendésisme, le clubentendait situer son action auniveau des principes : l’histoire quenous propose Claire Andrieu estainsi celle de la création, de la mon-tée en puissance, de la fin aussi,d’un « intellectuel collectif », entiténécessairement différente de la seu-le addition de ses membres quandon sait que ces derniers étaient aus-si divers que, parmi d’autres,Michel Crozier, Stéphane Hessel,Georges Suffert, Michel Rocard oule futur commissaire général auPlan Jean Ripert.

Auteur d’un livre qui reste le sym-bole de sa productivité collectivecomme des principes de « civismerépublicain » qu’il défend, L’Etat etle citoyen, publié en 1961 aux édi-tions du Seuil, cette générationintellectualo-étatique ne cessa dese situer aux franges de l’action etde la réflexion. On la vit ainsi s’en-gager dans l’épisode du « M. X. »,qui se révéla rapidement être Gas-ton Defferre, que la gauche enten-dait opposer au général de Gaulle àl’occasion de l’élection présidentiel-le de 1965. Cet épisode, suivi de l’ad-hésion du club à la FGDS de Fran-çois Mitterrand, signa le début dela fin pour le Club Jean-Moulin, quimourut d’inanition en 1970 ; mai68 était passé par là, et avec lui denouvelles formes d’engagement,tandis que quelques-uns des siens

crurent à la nouvelle société promi-se par Jacques Chaban-Delmas.Mais le club mourut aussi de sesproblèmes financiers. Ce n’est pasle moindre mérite de ClaireAndrieu que de restituer la vie orga-nique et matérielle du club, là oùd’autres se seraient contentés del’analyse d’une construction poli-tico-intellectuelle. Nourri de fondsd’archives privées, donc de nom-breuses lettres échangées entre

membres du club, son ouvrageredonne toute son épaisseur humai-ne à cette aventure qui mérite bienle qualificatif, au demeurant si gal-vaudé, de « citoyenne ». Ne peut-on imaginer que cet « amour de laRépublique », qui donne son titre àl’ouvrage, ne soit désormais à nou-veau mobilisé pour servir de fil rou-ge à une tentative de recomposi-tion d’une gauche en désarroi ?

Marc-Olivier Baruch

I l y a un siècle, Laurent Tailha-de comparaissait devant lafameuse 9e chambre pour unarticle paru dans Le Libertai-

re. Dans ce « Triomphe de ladomesticité », le contempteur dumufle, à l’occasion du voyage enFrance du « grand knout » NicolasII et de sa réception par le prési-dent de la République Emile Lou-bet, appelait un moderne Ravaillacà rouvrir la rue de la Ferronnerie :« Quoi, parmi ces soldats illégale-ment retenus pour veiller sur la routeoù se piaffe la couardise impériale,parmi ces gardes-barrières quigagnent neuf francs tous les mois,parmi les chemineaux, les men-diants, les trimardeurs, les outlaws…il ne s’en trouvera pas un pour pren-dre son fusil, son tisonnier, pour arra-cher aux frênes des bois le gourdinpréhistorique et, montant sur le mar-chepied des carrosses, pour frapperjusqu’à la mort, pour frapper au visa-ge et pour frapper au cœur lacanaille triomphante, tzar, prési-dent, ministres, officiers, et les cler-gés infâmes, tous les exploiteurs desmisérables, tous ceux qui rient de sadétresse, vivent de sa moelle, cour-bent son échine et payent de vainsmots sa tenace crédulité ! » Sa con-damnation à un an de prison et mil-le francs d’amende, après avoir crâ-nement assumé sa responsabilitéet enchéri par son attitude et sesdéclarations sur sa première provo-cation, permettra, l’espace de quel-ques semaines, à l’ancien campdreyfusard de se retrouver pourprotester contre cette atteinte à laliberté de l’écrivain.

Poète proche du Parnasse, jour-naliste, pamphlétaire, polémiste,génie des ballades et des éditoriauxdans lesquels, en traits acérés ouen périodes fouailleuses, il s’achar-nait sur les satisfaits du temps etles quelques têtes de Turcs, con-temporains exécrés, dont il avaitpeuplé son jeu de massacre person-nel ; chantre de l’anarchie « porteu-se de flambeaux », dreyfusard ; dan-

dy, bretteur, adorateur et victimede « la noire idole », aficionado,grand amateur de jeunes femmeset de jeunes hommes, Tailhade,figure très fin-de-siècle avait som-bré dans un profond oubli. GillesPicq, qui nous avait déjà donné àlire Tailhade en éditant un remar-quable Plaidoyer pour Dreyfus,recueil de ses textes sur l’Affaire(Séguier, 1994), nous le raconteaujourd’hui dans cette biographieimportante et attendue.

En 830 pages serrées et nerveu-ses, qui font effectivement penserà la « sente de chèvre » qu’évoqueJean-Pierre Rioux dans sa préface,Gilles Picq nous ouvre le chemind’une « Tailhadie » pour laquellenous ne ferons aucune des réser-ves du préfacier. Oui, le monsieurn’est pas toujours très sympathi-que et agace, oui, il fut anarchiste,

trouva du charme au geste duposeur de bombes et ne fut pas tou-jours très digne dans sa polémiqueen moquant les travers physiquesdes figures de son jeu de massacre.Oui, le monsieur est peut-être bientrop ancré dans son époque. Il n’endemeure pas moins un homme fas-cinant, par le courage qu’il montraet par la méchanceté jubilatoirequi fut la sienne et qui éclata dansdes vers pas toujours de bon goûtmais franchement drôles. Et quelleimportance fut la sienne ! Plus quepar une œuvre effectivement datéeet très inégale mais ô combienréjouissante quand elle joue laméchanceté, Tailhade est impor-tant par « l’agent littéraire » qu’ilfut et par ceux qu’il côtoya et dontil fut l’ami ou l’ennemi.

Car plus qu’une biographie deTailhade, dont plus rien ne peut

être ignoré maintenant grâce autravail scrupuleux et d’une incom-parable richesse documentaire deGilles Picq, c’est un tableau de lapériode 1880-1914 qui nous estdonné à lire. Tout « l’avant-siè-cle », pour reprendre le juste motde Louis Forestier – plus juste assu-rément que Belle Epoque –, défileici en rangs serrés.

, , ...Le monde des petites revues, à

l’essentiel desquelles Tailhade colla-bora (et dont Gilles Picq nous don-ne un index bien pratique, précisantla date de création et le nom dudirecteur), et les grands et petits dutemps : Maurice Barrès, Léon Bloy,Félix Fénéon, Georges Fourest, José-Maria de Heredia, Jean Jaurès, Gus-tave Kahn, Pierre Loti, StéphaneMallarmé, Octave Mirbeau, JeanMoréas, Arthur Rimbaud, Paul Ver-laine … sans oublier les pieds du« Sâr » Péladan, Jean Lorrain, « ven-deuse au rayon des Boticelli », etl’inénarrable Jehan Rictus, auteurde fameux Soliloques du pauvre, surlequel Tailhade, avec une régularitéde métronome, plantait de petitesaiguilles qui firent se tordre de dou-leur le pauvre poète et se dégonflerlamentablement une réputationusurpée.

Gilles Picq nous dit donc tout deTailhade et nous renseigne plusencore sur une période que nousconnaissons pourtant bien aujour-d’hui. A partir d’un travail de recher-che de très longues années, il s’estplu à abandonner de temps entemps son provocateur pour nouséclairer sur quelques autres dontnous savions peu de choses etrésoudre quelques questions quidemeuraient en suspens. C’est doncbien plus que pour découvrir cetesthète de la provocation, ce for-geur d’impossibles néologismes,cet anarchiste convaincu et pas tou-jours convaincant, ce dreyfusardcourageux et dont le dreyfusisme sipersonnel fit de lui un allié parfoisencombrant, qu’il faut se laisser gui-der par Gilles Picq dans ce voyage.C’est bien une sente de chèvres quimène en Tailhadie mais le pays estplutôt étonnant et mérite qu’on yfasse un petit voyage.

Philippe Oriol

Voyage en TailhadieJournaliste, pamphlétaire, anarchiste, dreyfusard… Laurent Tailhade fut tout cela et plus encore,

comme le raconte Gilles Picq, qui avec cette figure fin de siècle offre un étonnant tableau d’époque

ESSAIS RÊVES POLITIQUES

DICTIONNAIRE DES UTOPIESSous la directionde Michèle Riot-Sarcey,Thomas Bouchetet Antoine Picon.Larousse, « Les référents »,300 p., 17 ¤.

Laurent Tailhade blessé lors de l’attentat de l’hôtel Foyot(« Le Petit Journal », 16 avril 1894)

ASSOCIATIONS

ET CHAMP POLITIQUESous la direction de ClaireAndrieu, Gilles Le Béguecet Danielle Tartakowsky.Ed. Publications de la Sorbonne,720 p., 35 ¤.

POUR L’AMOUR

DE LA RÉPUBLIQUE

Le Club Jean-Moulin 1958-1970de Claire Andrieu.Fayard, 616 p., 30 ¤.

LAURENT TAILHADE

ou de la provocation considérée

comme un art de vivrede Gilles Picq.Maisonneuve & Larose,830 p., 33,54 ¤.

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/V

Page 32: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

Requiem d’une monarchieLe destin de Carol II qui préféraitla raison du cœur à celle de l’Etat

L orsque Lili Marcou, direc-trice de recherche à laFondation nationale dessciences politiques et histo-

rienne du mouvement communisteinternational, se rendit en Rouma-nie, afin de peaufiner son travailsur l’avant-dernier roi de ce pays,Carol II de Hohenzollern, elledemeura perplexe. Alors que lenom du dictateur pro-hitlérien IonAntonescu, qui fit chuter ce monar-que cultivé, intelligent, atypique,est donné à de nombreuses rues etque ses statues se dressent aux car-refours, rien ne vient ressusciter lesouvenir de Carol II, grand ami dela France et de l’Occident, qui s’ef-força pendant son règne d’acheverla modernisation du pays.

La plupart des clercs interrogésau sujet de cet « oubli » répon-dirent haineusement à Lili Marcouque ce « monsieur » n’était qu’unvulgaire play-boy, voleur et assas-sin. N’avait-il pas fait liquider lechef des Gardes de fer, CorneliuZelea Codreanu, ainsi que des cen-taines de ces militants fanatiques,eux-mêmes exterminateurs desplus illustres hommes politiquesdémocrates ? N’avait-il pas concluson immense amour pour ElenaLupescu, née Grünberg(1899-1973), juive qui plus est, sanstenir compte de sa famille royale,de la reine Maria, sa mère, d’un ma-riage morganatique au Portugal,où l’avait poussé son deuxièmeexil ?

Exilé une première fois en Fran-ce en raison de sa liaison devenuetrop voyante avec Elena Lupescu,le prince héritier Carol de Hohen-zollern-Sigmaringen, né en 1893,était rentré à Bucarest pour êtrecouronné roi en 1930. Il compritbien avant Chamberlain, Daladieret Eden le danger que représen-

taient Hitler et les Gardes de Ferlégionnaires. Le jeune roi volonta-riste et autoritaire se fit un devoird’éradiquer physiquement les plusactifs porteurs du virus pro-nazi,qui se répandait en Europe commeune trainée de poudre dansl’indifférence générale. Cela ne luifut jamais pardonné. Petit-fils tur-bulent de la reine Victoria, ce troi-sième Hohenzollern n’était pastrop écouté en Angleterre. Ses fras-ques sentimentales rappelaienttrop celles d’Edouard VIII, qui abdi-qua en raison de sa liaison avecune femme divorcée. Quant à laFrance, laïque, républicaine et degauche, elle ne faisait pas confian-ce à ce roi trop anti-soviétique ettrop noceur.

Coincé entre deux capitales hos-

tiles, Moscou et Berlin, le roi, enconflit politique avec sa mère, lareine Maria, dût approcher àcontrecœur la droite pour ama-douer l’ogre tapi dans les Alpes bava-roises, qui s’était déjà emparé del’Autriche et de la Tchécoslovaquie.Peine perdue ! Trahi par ses pro-ches, il fut contraint, pendant le lugu-bre été 1940, de subir l’amputationde son pays par l’URSS et la Hongriesuite au pacte germano-soviétique.

Obligé d’abdiquer, les garantiesoccidentales devenues caduquesaprès la défaite anglo-française, ilfinira ses jours en 1953 au Portugal,où son corps repose à côté de celuid’Elena Lupescu dans la crypte d’unchâteau d’Estoril, en attendant unimprobable retour dans le pays qu’ilavait tant aimé, au point d’instaurerune dictature personnelle contre lesextrémismes de tout bord, commu-nistes et fascistes. De cette sagapolitico-sentimentale, aux accentsfreudiens, Lili Marcou a tiré uneadmirable biographie, qui se litcomme l’un des plus passionnantsromans consacrés au prologue destemps du mépris.

E. R.

L’ordinaire docteur MénétrelBénedicte Vergez-Chaignon retrace le parcours du médecin personnel du maréchal Pétain,

soupçonné des pires influences. Elle décrit une figure aveuglément soumise au chef de Vichy

Un général soviétique avant et après AuschwitzLes Mémoires du libérateur russe du camp d’extermination permettent à Ilya Altman et Claudio Ingerflom

de livrer un essai remarquable sur le silence de Moscou face au génocide

F rançois Mauriac, préfaçanten 1962 la réédition de Cinqannées de ma vie d’AlfredDreyfus, écrivait : « L’affai-

re Dreyfus est une tragédie dont lehéros est demeuré inconnu. Dans l’his-toire de ce martyr, la lumière portesur les bourreaux et sur les défenseurs,non sur la victime. » Quarante ansaprès cette constatation, un siècleaprès l’Affaire, rien n’a changé.

Aussi étonnant que cela puisseparaître, et d’autant plus lorsqu’onconsidère la formidable bibliogra-phie qui s’est constituée sur l’Affai-re, il n’existe toujours aucune biogra-phie de celui qui en fut le principalprotagoniste. Il faut donc saluer l’ini-tiative de Sébastien Falletti et de sonéditeur Hatier dont le petit volumesobrement titré Alfred Dreyfus pou-vait nous faire espérer que ce man-que serait enfin comblé. Magnifique-ment mis en pages et intelligem-ment illustré, d’une lecture agréable,il n’est malheureusement pas cettebiographie attendue mais la reprise,tout à fait honnête et dans une for-me excessivement ramassée, de toutce que nous savions déjà.

On eût aimé, par exemple, etmême en 96 pages, que soit un peudéveloppée (8 pages !) la « troisiè-me affaire Dreyfus », période – de lagrâce de 1899 à la réhabilitation de1906 – au cours de laquelle le capitai-ne prit en main sa propre affaire etmena son combat avec acharne-ment ; on eût aimé que soit dit ceque l’Affaire changea pour cet hom-me, ce que fut son rapport au judaïs-me, ce que fut la grandeur de sonrépublicanisme, ce que fut, pourautre exemple, sa relation avec Jau-rès qui l’amena doucement vers untimide socialisme. On eût aimé que

soit évoquée son inlassable batailleentre 1908 et 1912 contre la pressenationaliste qui s’obstinait à le diretraître et comment jusqu’à ses der-niers jours il demeura vigilant et sou-cieux que ne soit pas trahie la véritéhistorique. Tout cela nous ne le sau-rons pas encore et nous attendronsque paraisse enfin la nécessaire bio-graphie d’Alfred Dreyfus.

Mais sans doute nous trompons-nous en voulant voir ici une biogra-phie. Peut-être ne s’agit-il tout sim-plement que d’une nouvelle synthè-se de l’Affaire dont le titre ne seraitdû qu’à la nécessité d’être en accordavec une collection qui s’est fixéepour but de présenter quelques« Figures de l’histoire ». Si cela est,on regrettera alors que manque unebibliographie, même indicative, don-nant les grandes références et opé-rant un choix dans la masse desouvrages actuellement disponibles.Elle aurait permis à cette nouvellesynthèse d’être réellement, et toutparticulièrement pour le public sco-laire auquel elle semble s’adresseren premier lieu, une première appro-che, un possible point de départpour découvrir la célèbre Affaire etaller s’y aventurer plus avant.

Ph. O.

I l n’y eut sans doute pascorporation plus florissantesous Vichy que celle des émi-nences grises. Directeurs de

cabinet, secrétaires particuliers,conseillers et intermédiaires entout genre y rivalisèrent dans unchassé-croisé permanent de que-relles et d’intrigues, se disputantla moindre parcelle d’un pouvoirtoujours plus vacillant. AucunEtat ne s’y prêtait davantage, il estvrai, que ce théâtre d’ombres où

l’Histoire s’opérait en sous-main,dans le confinement provincial etthérapeutique de l’Hôtel du Parc.

Se détachant de la mêlée parson omniprésence auprès de Phi-lippe Pétain, le docteur Ménétrela accumulé sur son nom tous lesvices du régime. Tenu pour courti-san, délateur, bouffon du roi ouâme damnée, le médecin person-nel du Maréchal, mué en secré-taire particulier dès juillet 1940,est affublé d’une renomméeexécrable, alimentée en grandepartie par les hommes de Vichyeux-mêmes. Tout chez lui n’a ces-sé d’éveiller soupçons, rancune etfantasmes, jusqu’à sa mort acci-dentelle en mars 1947, à l’âge dequarante et un ans. Aucun histo-rien ne s’était véritablement occu-pé à ce jour d’examiner le dossierMénétrel dans son entier.

L Il fallait toute l’intégrité d’un

chercheur aussi exempt de préju-gés que soucieux de vérité brutepour se risquer à un tel exercice.Bénédicte Vergez-Chaignon a puaccéder aux archives privées de Ber-nard Ménétrel, journal qu’il a tenupar intermittences sous l’Occupa-tion, ainsi qu’aux dossiers qu’il ras-sembla pour sa défense à la Libéra-tion. Autant de pièces à convictiondont elle a tiré parti avec probité etsang-froid, pour apporter une con-tribution essentielle au travail demémoire engagé non sans maldepuis un demi-siècle à propos deVichy.

Que reste-t-il, vérificationsfaites, du personnage et de l’in-fluence qu’on lui a longtemps attri-buée ? L’image, peut-être pluscruelle encore, d’un citoyen ordinai-re séduit par la politique et les jeuxdu pouvoir mais s’égarant dans unrôle où il ne sut jamais faire preuved’assez de distance et de cynisme

pour s’imposer vraiment. Renduincontournable par sa proximitéconstante avec le Maréchal, Méné-trel eut longtemps l’illusion de sonutilité auprès d’un vieil hommeversatile et indifférent. Mêlé deprès à tout ce qui se trame et sedécide, son ascendant sur Pétaincroîtra à proportion de leur isole-ment commun sans dépasser enréalité le statut octroyé de longuedate, celui d’accompagnateurdévoué et de fils préféré.

Homme de devoir plus que decalcul, il se dépensera jusqu’aubout pour la seule finalité qui vailleà ses yeux : non la victoire de l’Alle-magne, mais le triomphe du Maré-chal. « Il a toujours espéré lemeilleur pour son pays, et le meilleurpour lui, c’était Pétain. Dans cettemesure, la lutte contre l’occupantn’a pas été sa priorité. La défensedes intérêts, de la position, de la poli-tique et de la personne de PhilippePétain a constitué le mobile de tousses choix et de tous ses actes. Le reste,y compris le sauvetage de son pays,devait découler de ces impératifs. »

Le vainqueur de Verdun a consti-tué pour Bernard Ménétrel, depuisl’enfance, la référence majeure. Inti-mement lié à sa famille, ami de sonpère, médecin lui aussi et prochedes Croix-de-Feu, il est devenu trèstôt le protecteur du jeune homme.Il restera son modèle, s’imposant àses yeux, dès le milieu des années1930, comme le seul recours faceaux « professionnels de la poli-tique ». Dépourvu de descendance,le Maréchal voue une confiancequasi filiale à celui qu’il désignecomme son exécuteur testamentai-re avant de l’attacher pleinement àson service.

A Vichy, le périmètre d’action deMénétrel se limite officiellement àla correspondance personnelle duchef de l’Etat, à l’administration dela liste civile et à celle des œuvres.

Il est tout à la fois le dispensateurdes audiences privées, le régisseurdu courrier, l’organisateur de la pro-pagande et des officines de rensei-gnement, l’homme surtout qui nequitte jamais d’un pas celui dont ilpartage promenades, voyages etrepas.

Assuré plus que tout autre de sasurvie, il semble jouir d’une autono-mie d’action sans limite, contri-buant à sa manière à l’éviction dePierre Laval, en décembre 1940,puis à la mise à l’écart, en avril1942, de l’amiral Darlan. Mais iléchoue, en novembre de la mêmeannée, à convaincre Pétain degagner l’Afrique du Nord et s’em-ploie en vain, jusqu’à la fin de 1943,à desserrer l’étau que l’Allemagnefait peser sur Vichy, avant d’être lui-même démis de ses fonctions enfévrier 1944 sur ordre de l’occu-pant.

U Ramenée ici à ses justes propor-

tions, l’influence de Bernard Méné-trel n’apparaît pas pour autant déri-soire. Mais c’est moins par excès demachiavélisme que cette éminencegrise se signale au bout du compteque par sa soumission déroutanteau prince, dont elle accompagneraassidûment le naufrage jusqu’à Sig-maringen. « On ne voit pas queMénétrel s’arrête jamais à ses étatsd’âme, il obéit », constate sa biogra-phe.

Cette fidélité immuable, sans révi-sion ni rupture quelles qu’aient puêtre ses déconvenues, a sans douterestreint d’autant son emprise surles événements, le cantonnant sou-vent auprès du Maréchal au « rôleintime mais subalterne » que celui-cilui réservait pour l’essentiel. Elle aachevé dans le même temps de leconfondre avec la cause dont iln’aura cessé d’être solidaire.

Jean-Luc Barré

L e livre que publie Flamma-rion est composé de deuxouvrages très différentsl’un de l’autre. Il y a

d’abord les Mémoires plus oumoins rewrités d’un général sovié-tique, Vassili Yakovlevitch Petren-ko, né en 1912 dans une famillede paysans ukrainiens. Son père,qui possédait cinq hectares etdemi de terres, fut libéré de l’ar-mée en février 1919 par la révolu-tion d’Octobre. S’il fut privé deses terres par la collectivisation, ilne fut pas déporté et survécut àl’occupation allemande en secachant. Le fils, lui, bénéficia del’appel d’air créé par la Révolu-tion, s’engagea dans l’armée, fit lecoup de feu à la frontière de cequi est aujourd’hui l’Iran, devintofficier et bénéficia, involontaire-ment, de l’élimination des cadresde l’armée rouge par le despotealors au pouvoir. En 1942, il est aufront, où il se conduit vaillam-ment, ayant son épouse commecollaboratrice. Il est, en jan-vier 1945, à la tête d’une des qua-tre divisions qui libérèrent Aus-chwitz.

C’est comme libérateur ducamp d’extermination qu’ildevint, en 1981, une figure inter-nationale. Il fut accusé en Occi-dent d’avoir reçu l’ordre de retar-der la libération du camp pourpermettre aux nazis d’acheverleur besogne. C’était faux et inju-rieux. C’était aussi confondre Aus-chwitz et Varsovie. Là, l’arméerouge marqua volontairement lepas sur les bords de la Vistule

pour laisser aux nazis le temps deliquider l’insurrection nationa-liste.

Rien de tel devant Auschwitz.Simplement la libération du campn’était pas un objectif militaire,pas plus d’ailleurs que Paris ouStrasbourg pour l’armée que com-

mandait Eisenhower, pas plus queles voies ferrées qui conduisaientà Auschwitz pour les dirigeantsanglo-américains ou soviétiques.L’extermination ne fut combattueque par des paroles. Certains

lieux sont devenus symboliquesaprès.

Petrenko continua sa carrièremilitaire après la guerre, non sansrevivre quelques épisodes parfoistragi-comiques, parfois purementtragiques. Membre du Parti, ilvota en février 1949 l’exclusion

des dirigeants de l’organisa-tion communiste de Lenin-grad, accusés de vouloir res-

susciter la ville des tsars commecapitale du pays. L’organisateurde la purge était Malenkov.Petrenko nous dit : « j’avais déci-dé de m’abstenir. Mais après laphrase “Que ceux qui sont pour cet-

te proposition lèvent la main”, toutle monde leva la main rapidementet unanimement, et je me suis jointà eux. » Ainsi fonctionnait le régi-me totalitaire stalinien. Bardé dedécorations, dépourvu, sem-ble-t-il, de toute méchanceté,Petrenko survécut à tout, corres-pondit avec Elie Wiesel, et aux der-nières nouvelles vit toujours,désormais nonagénaire.

Ce récit est fort intéressant,

mais le texte qui suit, Le Kremlinet l’Holocauste, 1933/2001, est, lui,une analyse historique de tout pre-mier ordre due à la plume experted’Ilya Altman et Claudio Inger-flom. Si l’Occident porte sa partde responsabilité dans le génoci-de, dans la mesure où il refusad’accueillir les réfugiés juifs ou deleur ouvrir largement la Palestine,cette responsabilité est partagéeavec l’Union soviétique, qui refu-sa pareillement, même quand Hit-ler le lui proposa au début de1940, de recevoir les juifs de Polo-gne et d’Allemagne. L’URSS laissacependant transiter un petit nom-bre de juifs baltes qui se ren-daient au Japon.

Le Comité antifasciste juif, créésous les auspices de Staline, futun instrument de guerre quin’était pas destiné à durer. Celadit, pendant la guerre, et mêmeaprès la guerre, c’est plutôt l’anti-sémitisme traditionnel des popula-tions qui joua un rôle négatif, etparfois même catastrophique,que les instructions du pouvoir. Iln’en fut plus de même quand lavictoire fut en vue. Après Stalin-grad, le silence se fait sur le grandmassacre en ce qu’il visait spécifi-quement les juifs. J’ai pu voir àAuschwitz le film tourné par leslibérateurs soviétiques : le motjuif n’y est pas prononcé. Toutcela n’alla pas sans à-coups, avecparfois des retours en arrière. Alire absolument.

Court DreyfusUne honnête synthèse sur l’Affaire, qui ne comble pas

l’absence de biographie du principal protagoniste

LE ROI TRAHI

Carol II de Roumaniede Lili Marcou.Ed. Pygmalion, 399 p., 22,50 ¤.

ESSAIS

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a Pierre Vidal-Naquet

ALFRED DREYFUSde Sébastien Falletti.Hatier, « Figures de l’histoire »,96 p., 8 ¤.

LE DOSSIER MÉNÉTREL

de Bénedicte Vergez-Chaignon.Perrin, 408 p., 22,70 ¤.

AVANT ET APRÈS AUSCHWITZde Vassili Petrenko. Traduitdu russepar François-Xavier Nérard.Suivi deLe Kremlinet l’Holocauste 1933-2001

d’Ilya Altmanet Claudio Ingerflom.Flammarion, 286 p., 19 ¤.

VI/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002

Page 33: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

M ême s’ils ne l’avouentpresque jamais, le dra-me intime des journa-listes est d’écrire sur le

sable en sachant que leur prosesera balayée par la prochainemarée. « On était venu pour être ungrand écrivain, on se retrouve unimpuissant folliculaire », résumaitBalzac dans sa rage inspirée contreles plumitifs. Pour déjouer cettemalédiction, Bernard Chardère, fon-dateur, à Lyon, de la revue de ciné-ma Positif et des éditions Premierplan, vient de trouver un remèderadical. Grâce à la complicité d’unéditeur lyonnais qui n’a pas craintles aléas d’une entreprise presque« inédite » – le bien nommé Aleas–, il vient de publier en trois volu-mes, soit plus de 1000 pages impri-mées, « serré » comme un expressoitalien, la totalité de ses articlesécrits entre les années 1950 etaujourd’hui.

Sans autocensure a posteriori,sans « repentirs », Chardère ouvreles vannes de sa mémoire journaliè-re comme on s’ouvre les veines, his-toire de voir s’il en coule un sangd’encre. Il a fait une somme, com-me on fait un rêve… Cela donneune « intégrale » dont on s’aper-çoit vite – et c’est là tout l’intérêtd’une aventure qui pourrait paraî-tre égotiste ou mégalo – qu’elleexplore, dissèque et reflète magnifi-quement cinq décennies de viesd’artistes entre Rhône et Saône,transmutant l’actualité en histoirecontemporaine et l’approche jour-nalistique en démarche ethnologi-que.

De quoi est-il question dans cerecueil de « papiers » – quel jolimot, finalement – publiés dans plu-sieurs magazines, gazettes, revuesmais essentiellement dans L’ExpressRhône-Alpes (feu le supplémentmensuel de L’Express) ? Le titre, àpeine énigmatique, Un demi-siècle,ici, dans la culture, annonce la cou-leur grâce à la photographie quadri-chromique de couverture. On y voitl’auteur, toujours facétieux, planté,bêche en main, au pied de la statuedu Roi soleil sur la place Bellecour.On ne saurait être plus emblémati-que.

A de rares excursions près, àSaint-Etienne, Valence ou Greno-ble, c’est de Lyon et de sa vie cultu-relle, au sens le moins réducteur,que Chardère nous entretient dansce bouquin sans afféteries, on ose-ra dire à la bonne franquette. Com-me il a toujours eu de bonnes fré-quentations – de Boris Vian à Jac-ques Prévert, de Robert Doisneauaux Tavernier, père (René, fonda-teur de la revue de résistance poéti-que Confluences) et fils (Bertrand, lecinéaste, président de l’InstitutLumière dont Chardère fut le direc-

teur) –, on fait très peu de mauvai-ses rencontres en naviguant sur lelong cours de ces mille pages quipeuvent se lire dans la continuitémais qu’on aura surtout plaisir àbutiner et à picorer, façon intelli-gente de zapper.

Chroniqueur touche à tout, à l’an-cienne, aussi éclectique, grâce à laliberté qu’on lui laissait, qu’irrévé-rencieux, quand il le fallait, BernardChardère s’est passionnémentbaguenaudé dans les univers diversmais sacrément complémentairesde la littérature, du théâtre, de lamusique, de l’opéra, de la peinture,de la photo, du cinéma (sur lequel ila tant écrit dans d’autres ouvrages),bifurquant à l’occasion vers la reli-gion, l’histoire, voire la politique,surtout pas politicienne. La formeest aussi variée que le fond puisquela verve chardérienne – où fleuris-sent les clins d’œil et une gouaillecalembourgeoise – s’exprime aussibien dans la critique que le portrait,la notule que l’interview – ah, lesdélices des grands entretiens cou-rant sur six pages où l’on donne dutemps aux soupirs ! Parmi cent per-les : les interviews de Louis Calafer-te et de Jean Dasté, l’autoportraitd’Oskar Kokoschka, les confidencesd’Elisabeth Vailland racontantRoger…

Dans le troisième tome, l’obser-

vateur devenu acteur raconte,depuis les coulisses, le temps desCiné-Clubs, la création de Positif,grand rival des Cahiers du cinéma,la gestation et la gestion (crous-tillantes lettres officielles!) de laFondation nationale de la photogra-phie, dont il fut le délégué général,et de l’Institut Lumière, fondé en1982.

On croise ainsi à peu près tous les« passants condidérables » de laculture qui à Lyon-l’autarcique relè-ve doublement du microcosme.Avec ironie parfois, émotion sou-vent. Le théâtre occupe bien sûr lapart du lion dans cette ville revisitéequi put légitimement s’en déclarerla capitale, à travers les trajectoires-épopées de Roger Planchon, Mar-cel Maréchal, Bruno Boëglin, Patri-ce Chéreau, Maurice Yendt, MichelDieuaide, Bruno Carlucci sansoublier d’attachants comédiens telsqu’Isabelle Sadoyan, Jean Bouise,Gérard Guillaumat.

A travers ces retrouvailles se des-sine, loin de la lyonniaiserie engra-tonnée et vinassière, ce qu’on pour-rait nommer la lyonnitude, façond’être plus que posture qui relèvede tendances lourdes, de constan-tes légères. Paul Bouchet, PaulBocuse, Louis Erlo, Planchon, Taver-nier, Pivot et… Chardère pourraients’y retrouver avec leur ancrage ter-rien, ce péremptoire sous la bon-hommie, cet humanisme un peubougon. Quelle bonne idée d’avoirsauvé du bouillon ces brouillons deculture qui, sans préméditation,dressent un bilan globalement –comment dire ? – positif d’un demi-siècle amoureusement cultivé.

Robert Belleret

La France au bord de la décadenceDressant un état des lieux pour le moins alarmiste, le collectif réuni par Claude Bébéar

lance un appel d’urgence aux politiques pour qu’ils trouvent enfin « le courage de réformer »

J ean-Paul Curnier, philosophe,est un écrivain peu connu, àdécouvrir d’urgence, car ils’inscrit, en toute originalité,dans le groupe de plus en plus

restreint des penseurs pessimistesqui sont, hélas, au plus près de lavérité de notre temps. Deux ouvra-ges sont publiés chez farrago/LéoScheer, éditeur singulier lui-même,qui ne craint pas de fabriquer detrès beaux livres (beau papierépais, couverture à rabats, designclassique et élégant). Le plaisir delecture est donc total.

Jean-Paul Curnier ausculte notresociété, plus largement notre civili-sation. Le constat est grave, sansappel. Mais l’individu qui se tienten marge, à l’écoute du monde, estfavorisé. Le désastre alentour lefixe sur sa vie intérieure, un scepti-cisme que vient ensoleiller unesagesse orientale. La lucidité, lecourage de regarder yeux grandsouverts apportent, paradoxale-ment, une sorte de réconfort. Lelecteur est confronté à la solitudedu philosophe. De ce partage naîtun espoir.

Aggravation – le titre est sansambiguïté – est une méditation surnotre quotidien. En premier, un ter-rible constat : notre existence sedéroule dans des conditions dedégradation que le discours politi-que (et toutes les forces mensongè-res qui s’y accrochent et le surchar-gent) camoufle et inverse. La théra-peutique est une attitude philoso-phique qui ne se contente pas dedénoncer la falsification du vécu,mais d’en aggraver le compte ren-du afin de perturber le cours appa-

remment tranquille de l’assenti-ment général. Le projet est ambi-tieux, mais l’écriture de Jean-PaulCurnier, claire, nette, tranche habi-lement dans l’abondance desimpressions et rend facile l’accès àune pensée complexe qui décrypteen pleine lumière l’endormisse-ment général, la férocité des mar-chands, l’apathie des humbles, lecynisme des gouvernants. Il y a, enfin de compte, une jouissance pro-

fonde à déchirer les écrans protec-teurs, à démolir les manœuvres dedissuasion, à dénoncer la mascara-de d’une civilisation occidentale enplein désarroi qui bouche ses abî-mes d’un discours lénifiant et l’en-jolive d’un faux individualisme.« Le messianisme politique et les pro-messes du progrès ne se seront passubstitués longtemps à la promessede paradis. La mort de Dieu et la findes croyances nous placent aujour-

d’hui face à la mort sans plus aucu-ne perspective de consolation (…).L’homme moderne marche à lapeur. Je ne sous-entends pas qu’il n’yait aucune raison d’avoir peur… j’af-firme simplement ceci : que cesmenaces, parce qu’elles s’exercentsur un monde affolé et comme prédis-posé à la terreur, loin d’être affron-tées comme telles, participent d’unaffaiblissement plus fort encore. »

Jean-Paul Curnier a écrit un

deuxième livre, marqué au sceaude l’expérience intime. Peine per-due est un triptyque où ont été ras-semblés pendant quatre ans despoèmes, des fables, des textescourts sur de vastes méditations :l’amour, Dieu, le verbe, la solitudehumaine, l’insignifiance douloureu-se de nos utopies, le silence, l’ab-sence et le tombeau. Ce manifeste– égratigné d’humour – corres-pond à trois périodes de réflexion,toujours liées aux mots de l’échecqui sont, chez le philosophe, l’actepremier d’épuration, un élan versla nudité : ressassements etapproximations, accablement etrésignation, pour mieux dire lesens perdu d’une expérience sansdestination.

La pensée est d’une subtilitémagnifique. L’ouvrage est à lirepar plages brèves, coupées delongs silences où peut advenir lasignification profonde de nos com-portements. Pour des adultes, quiosent descendre au-delà des conso-lations éphémères, il est dit surl’amour et l’incommunicabilité,sur la perte et le désastre, des pro-pos définitifs qui nous terrifientmais nous grandissent. Notre seu-le victoire est de mesurer le cauche-mar où les dieux nous abandon-nent : « En fait, ils vivaient séparé-ment pour ne pas se quitter. / Maisla plupart du temps, / les gens com-me eux se quittent / parce qu’ils nesupportent pas d’être séparés. »

Hugo Marsan

L e 21 avril dernier, lescitoyens, protestataires etabstentionnistes réunis, ontenvoyé un boulet de fort

calibre dans les rangs de la classepolitique. Depuis cette date mémo-rable, les candidats au pouvoir ouceux qui l’exercent déjà, sont auxpetits soins de la France d’en bas etl’œil fixé au ras de la piste s’effor-cent d’éviter tous les sujets quifâchent, c’est-à-dire ceux qui sontessentiels pour l’avenir du pays.

Le moment n’est donc pas malchoisi pour qu’un groupe d’expertsréunis par Claude Bébéar, tous issusde la société civile ou économique,prenne résolument ces problèmes àbras-le-corps et en appelle à nosgouvernants pour qu’ils trouvent« le Courage de réformer ». C’est làle titre de l’ouvrage collectif qui dres-se, arguments précis à l’appui, untableau sans complaisance d’uneFrance promise à la décadence sielle ne se décide pas à changer decap.

Il faut, en effet, que la situationsoit bien grave pour que des person-nalités aux talents reconnus, maisextérieurs à la politique et même,pour la plupart d’entre elles, à l’ad-ministration, lancent collectivementun appel au personnel gouverne-mental. Dans un pays comme lenôtre où les politiques, tous partisréunis, forment une société à part ets’arrogent volontiers la souveraine-té sur le bien public, cet engage-ment civique de la part de ceux quel’on qualifie, avec un brin de dédain,de professionnels ou d’experts, méri-te déjà un coup de chapeau.

Peut-être cette publication mar-que-t-elle donc un tournant dans la

manière française de comprendre lapolitique, d’autant qu’elle s’inscritdans ce qui commence à ressemblerà une série avec l’édition récentepar Thierry de Montbrial de La Fran-ce du nouveau Siècle (PUF) et le livrecollectif que nous avions signé unpeu plus tôt, Bernard Spitz et moi,sur Notre Etat (éd. Robert Laffont,2000). Quelle que soit, dans ces troiscas, la diversité des équipes et deleur inspiration, leur diagnostic estconvergent et leur conclusionimpressionnante. Ils nous disent quela France est affrontée, sans en êtrebien consciente, à des défis majeurs

qui peuvent, faute de réponse appro-priée, devenir des périls mortels : lamondialisation et sa fille la concur-rence, une nouvelle révolution tech-nique et sur le front intérieur, levieillissement inéluctable de notrepopulation. Nos voisins connaissentles mêmes avatars mais ont su, cha-cun à leur manière, trouver des ripos-tes, nous pas ou pas encore, empê-trés que nous sommes dans nos rou-tines et nos tabous, et à demi paraly-sés par un Etat qui nous opprime etnous infantilise. La France ne tientplus son rang et pire encore son tis-su social se défait.

Il faut, en effet, rendre cette jus-tice à Claude Bébéar et à ses compa-gnons qui, même s’ils ne dissimulentpas l’inspiration libérale de leur pro-jet, insistent très opportunément surla nécessité de réformer sans déchi-rer le tissu social. Ce n’est pas pourrien que les grands chapitres sur« L’intégration et la cohésion socia-le » et « L’activité et la protectionsociale », réunis de manière significa-tive sous le même chapeau, précè-dent ceux sur « L’Etat pour lecitoyen » et « Une France dans lemonde ». Et ce n’est sans doute pas

un hasard non plus si c’est le prési-dent de SOS-Racisme qui ouvre l’en-semble de l’ouvrage par une contri-bution remarquable sur l’intégrationdes immigrés dans notre société. Demême, le rôle de l’Etat, à l’opposédes utopies ultralibérales, est juste-ment et fortement souligné, commearbitre des intérêts opposés etgarant des nécessaires solidarités.

Ce n’est pas le lieu, dans le cadrede cet article, de rendre compte desanalyses et propositions de réfor-mes, quelques-unes classiques,d’autres innovantes, pour la plupartfort judicieuses, qui abondent dans

un livre dont la complexitén’a rien pour décourager leslecteurs, car tout a été fait,

au contraire et en particulier la struc-ture uniforme des chapitres, pourlui donner le maximum de lisibilité.

Soulignons seulement quelquesidées maîtresses :

– L’urgence : les politiques,depuis H. Queuille, ne sont jamaispressés d’agir, l’action étant parnature pleine de périls. Or, les entre-preneurs et les intellectuels attentifssavent, au contraire, qu’en matièrede réformes, les occasions perduesle sont définitivement, pour le plusgrand profit des concurrents. Cha-cun sait, au surplus, que le tempss’est considérablement accéléré.

– L’autonomie et son corollaire,la responsabilité qu’il faut établir ourétablir à tous les étages au bénéficedes collectivités et des citoyens. Ceprincipe nous vaut d’excellents cha-pitres concernant la décentralisa-tion, l’éducation et même la Consti-tution européenne.

– L’Etat : après beaucoup d’analys-tes et avec autant d’arguments, nosauteurs réclament sur tous les tonsqu’il soit plus fort, c’est-à-dire plusprévoyant, plus clairvoyant, moinsenvahissant et surtout plus efficace.Dans tous les domaines, la justice,

la santé, l’enseignement, les retrai-tes, la fiscalité, la défense, les caren-ces sont criantes, les dépenses exces-sives et mal ciblées, et il faudra unimmense effort pour hausser notremachine étatique au niveau déjàatteint par nos voisins.

Que manque-t-il à ce livre déjàtrès riche et qui ne prétend pas àl’exhaustivité ? Peut-être un chapi-tre sur la culture et, en particulier,une réflexion sur ce vecteur politi-que et social surpuissant qu’estdevenu l’audiovisuel. Rien non plussur l’environnement, sujet sensibles’il en est. Nous restons aussi surnotre faim malgré quelques proposi-tions audacieuses quant au fonction-nement des pouvoirs dans notreConstitution. Avouons aussi un cer-tain malaise personnel devant lemodèle inflexible de citoyennetérépublicaine qui nous est proposéavec ses interdits et ses excommuni-cations.

Et puis quelle méthode suivre etqui accomplira l’effort nécessairepour remettre notre pays sur ledroit chemin ? Les hommes politi-ques, répondent nos auteurs d’uneseule voix, car comme l’écrit l’und’eux, « c’est la mission des hommespolitiques de surmonter les difficultéspolitiques des réformes ». C’est justemais un peu court ! Des réformescertes, mais suivant quels chemine-ments, quel calendrier et avec quelspartenaires ? Les appels incantatoi-res à la concertation et au dialoguesocial qui surabondent dans le dis-cours politique du moment, ne tien-dront pas lieu longtemps de feuillede route lorsqu’il s’agira, pour allé-ger les impôts, de réduire les dépen-ses sans creuser le déficit. « Pourréformer, écrit Claude Bébéar, il fautdu courage et de l’adresse. » Nousattendons sur « l’adresse » undeuxième tome aussi convaincantque le premier.

Ciné-LyonBernard Chardère, fondateur de « Positif »,

réunit cinquante ans d’articles

La mort sans consolationJean-Paul Curnier fustige notre civilisation,

mais de la lucidité naît une espérance orgueilleuse et froide

UN DEMI-SIÈCLE, ICI,

DANS LA CULTUREde Bernard Chardère.Ed. Aléas (15, quai Lassagne,69001 Lyon), trois tomesde 392, 410 et 264 p.,respectivement 19,82, 19,82 et16,77 ¤.

.

ESSAIS

LE COURAGE DE RÉFORMERsous la directionde Claude Bébéar.Ed. Odile Jacob, 432 p., 25 ¤.

a Roger Fauroux

AGGRAVATION (1989-2001)de Jean-Paul Curnier.Ed. farrago/Léo Scheer,188 p., 18 ¤.

PEINE PERDUE/I, II ET III,

de Jean-Paul Curnier.Ed. farrago/ Léo Scheer,342 p., 18 ¤.

Jean-Paul Curnier, au plus près de la vérité de notre temps

LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002/VII

Page 34: SÉRIES Pourquoi le capitalisme est malade...2002/07/19  · dre que ce ne soit aujourd’hui le cas de l’hôpital public français. Il semble en effet peu vraisemblable qu’il

A ffaire detemps. De survie des hommes etdes idéaux. De Paris à Londres,des fortins de La Rochelle auxrives de la Lys près de Béthune, lafolle épopée qui unit le jeune Gas-con venu à Paris intégrer la com-pagnie de M. de Tréville, à Athos,Porthos et Aramis, fut si intense,ses rebondissements si nom-breux et son finale si terrible qued’Artagnan ne sait plus que pen-ser lorsqu’il part, vingt ans après,à la rencontre de ses frères d’ar-mes, tenter de les enrôler pourune nouvelle aventure et ressusci-

ter la fratrie dont la nostalgie lemine. En chemin vers le domainedu comte de La Fère – c’est ainsiqu’Athos s’appelle désormais,retiré sur ses terres près de Blois,comme Porthos n’est plus queM. du Vallon et Aramis le cheva-lier, pardon, l’abbé d’Herblay –,leur compagnon s’inquiète deretrouver « ce noble gentilhommeà l’œil fier, ce beau cavalier si

brillant sous les armes » « transfor-mé en un vieillard courbé, au nezrouge, aux yeux pleurants (…) cou-ché sur quelque gazon, d’où ilregardera d’un œil terne, et quipeut-être ne [les] reconnaîtrapas » Planchet et son maître.

Découvrant le cadre si paisibledu château de Bragelonne, clairebâtisse aux toits d’ardoise sur untertre ombragé de sycomores,d’Artagnan en est quitte pour lafrayeur, saisi par le singulier mira-cle : « Athos avait vieilli à peine.Ses beaux yeux, dégagés de ce cer-cle de bistre que dessinent lesveilles et l’orgie, semblaient plusgrands et d’un fluide plus pur quejamais ; son visage, un peu allon-gé, avait gagné en majesté ce qu’ilavait perdu d’agitation fébrile ; samain, toujours admirablement bel-

le et nerveuse, malgré lasouplesse des chairs, res-plendissait sous une man-

chette de dentelles, comme certai-nes mains du Titien et de VanDyck ; il était plus svelte qu’autre-fois ; ses épaules, bien effacées etlarges, annonçaient une vigueurpeu commune ; ses longs cheveuxnoirs, parsemés à peine de quel-ques cheveux gris, tombaient, élé-gants sur ses épaules, et onduléscomme par un pli naturel ; sa voixétait toujours fraîche comme s’il

n’eût eu que vingt-cinq ans, et sesdents magnifiques, qu’il avait con-servées blanches et intactes, don-naient un charme inexprimable àson sourire. »

Si l’ancien cadet s’extasie deretrouver inentamées la force etla grâce de celui qui fut en quel-que sorte son maître, aimant etprotecteur, contribuant par leconseil et l’exemple à son éduca-tion de gentilhomme, il en devinebientôt la cause. Un jeune hom-me de quinze ans, Raoul de Bra-gelonne, dont la ressemblancesingulière avec son ami « lui expli-quait le mystère de cette vie régéné-rée ».

Athos est en effet le seul pèredans une geste romanesque oùles ascendants manquent, éva-nouis ou disparus, générationsans attaches qui peut ainsi userd’une liberté plus large. S’il a desancêtres fameux (un de ses aïeuxsecourut le roi à Marignan), lui-même n’a pas de père mais untitre et un domaine, au cœur duBerry, où s’inscrit le premier dra-me de la vie du comte de La Fère.C’est là que le jeune homme – il avingt-cinq ans quand il tombeamoureux d’une donzelle de dixans sa cadette, « belle comme lesamours » –, en secourant sa jeuneépouse, évanouie en la suite

d’une chute de cheval, fend sonhabit et découvre que la femmequ’il aime est flétrie. Vengeur, illui lie les mains et la pend à unarbre. Ce crime, confessé à d’Ar-tagnan venu le retrouver àAmiens, est plus qu’« une histoiredes plus lamentables », un « meur-tre ». Meurtre que n’efface pas lasurvie de la coupable, finalementsanctionnée par un jugement àpeine moins sommaire lorsqueLord de Winter et les quatre com-pagnons condamnent Anne deBreuil pour l’ensemble de ses cri-mes. Mais l’exécution de cellequi, sous le nom de Milady, futl’un des plus dangereux agentsdu cardinal de Richelieu n’apaisepas Athos.

Homme d’honneur, il ne peuteffacer cette tache originelle, etlorsqu’il se laisse aller, desannées plus tard, à rêver devant

le spectacle d’une jeu-nesse riante et

pure, celle de sonfils naturel Bra-gelonne, iln’oublie rien de

la faillite intime qui fut la sienne.« Sa jeunesse à lui reparut, appor-tant tous ces souvenirs suaves quisont plutôt des parfums que despensées. De ce passé au présent il yavait un abîme. (…) Il songea quetoute la première partie de sa vie àlui avait été brisée par une fem-me ; il pensa avec terreur quelleinfluence pouvait avoir l’amoursur une organisation si fine et sivigoureuse à la fois. En se rappe-lant tout ce qu’il avait souffert, ilprévit tout ce que Raoul pouvaitsouffrir, et l’expression de la ten-dre et profonde pitié qui passadans son cœur se répandit dans leregard humide dont il couvrit lejeune homme. »

D’autant qu’il sait que le mal,inexpiable, ne se laisse pas plusenrayer. Et d’Artagnan de consta-ter lorsque le roi Charles Ier, sur lepoint de se rendre aux forces deCromwell, baise le cadavre deWinter, assassiné par son neveu,Mordaunt : « Milady n’est pasmorte, et son âme vit dans le corpsde ce démon. »

Si les malheurs et la force decaractère, comme la violence dela passion, unissent Athos aucomte de Monte-Cristo, les deuxfigures font l’avers et le reversd’une même médaille. Chacunest un survivant improbable.Athos grâce à la généalogie –c’est du reste sur lui que s’articu-le la trilogie des mousquetaires –(« il vient un moment où l’hommerevit et rajeunit dans ses enfants »,confie-t-il à Madame de Chevreu-se, quand s’achève Vingt ansaprès), Edmond Dantès par la for-ce seule de la vengeance. Pulsionde vie contre pulsion de mort.Fatalité et stoïcisme font du pre-mier héros un homme blesséd’une inaltérable grandeur (« unnoble cœur », reconnaît Madamede Chevreuse, qui s’est, elle, peusouciée de l’enfant qu’ils firentde rocambolesque façon, ellefausse lingère et lui curé de fan-taisie, au presbytère limousin deRoche-l’Abeille un soir d’octo-bre 1633), quand le second bascu-le dans le monde des morts-vivants, fantôme venu présenterune interminable note dont lamort de chaque débiteur redon-ne seule un semblant de couleursaux joues livides du comte. Sortede vampire qui ne peut échapperà un destin monstrueux (à l’ins-tar de Catherine de Médicis,tenue par Dumas comme par lesautres romantiques pour uneespèce de goule pas même rassa-siée par les saignées de la Saint-Barthélémy).

Là où Dantès ourdit la plusimpitoyable vengeance de l’his-toire littéraire, avant que Monte-Cristo ne s’estompe, fantomati-que, comme tant de héros deDumas, Athos porte le poidsd’une noblesse dont rien ne lefait déroger. Même la pendaisonde la future Milady n’est que l’ex-pression d’un droit féodal dont ilpeut se prévaloir. Mais le sens dudevoir ne fait pas le bonheur et lasourde nostalgie qui étreint régu-lièrement le comte ne se dissoutpas dans la contemplation de ses

« disciples », d’Artagnan avantBragelonne. Cassandre d’ungenre nouveau, il prévoit lespérils qui vont atteindre Brage-lonne et bénéficie même, à l’anti-que, d’un douteux privilège : voiren songe la mort de son enfant.Mais cette science-là n’a plus lamême efficacité lorsque s’achèveLe Vicomte de Bragelonne. Seul lecomte de La Fère a su qui étaitRaoul (le jeune homme le prendpour son « bien-aimé protec-teur » quand Athos ose, en le quit-tant au sortir de la basilique deSaint-Denis, lui donner du « moncher enfant ») ; seul il a pu l’ap-prendre à Marie Michon, masquede l’irrésistible Chevreuse ; et s’ila pu éviter que ne se rejoue le dra-me d’Œdipe, conjurant le périldu secret des origines (il se per-met d’objecter à la mère, qui veutretenir près d’elle à Paris le jeuneRaoul : « Non pas, Madame ; sivous avez oublié l’histoire d’Œdi-pe, moi, je m’en souviens »), sa ter-rible lucidité est impuissante àdéjouer les faiblesses de l’âgenouveau.

Sa magnifique oraison devantle tombeau de Louis XIII, ce roiqu’il a servi contre son ministrenaguère et dont il épingle à pré-sent la faiblesse et la grandeurtoute relative (« Le roi n’est qu’unhomme, la royauté, c’est l’esprit deDieu ; quand vous serez dans ledoute de savoir qui vous devez ser-vir, abandonnez l’apparence maté-rielle pour le principe invisible, carle principe invisible est tout ») ditle spectre de la légitimité qui han-te Athos. Et à travers lui Dumas,qui glorifie ainsi la figure dupère, le sens du service et cette« noble nature » plus proche del’idéal que la truculence hercu-léenne qu’incarne Porthos, n’endéplaise aux exégètes.

Déjà lorsque d’Artagnan vientle soustraire de sa retraite berri-chonne, où il s’abandonne auplaisir tacite de la paternité,Athos a la claire conscience quele temps de la bravoure est révo-lu, même si quelques illuminés,dont ils sont, rêvent d’écrire lescodicilles d’un testament à laDon Quichotte (n’oublions pasqu’Athos est aussi absorbé par larédaction de ses Mémoires et quela fable, vite oubliée, de la préfa-ce des Trois Mousquetaires veutqu’il s’agisse là des Mémoires deM. le comte de La Fère, concer-nant quelques-uns des événementsqui se passèrent en France vers lafin du règne du roi Louis XIII et lecommencement du règne du roiLouis XIV).

Hommage caché au généralDumas, Athos est le héros épiquedont la dimension neurasthéni-que dit aussi le deuil.

Commentant les cadeaux – uneaiguière d’argent due à l’art deBenvenuto Cellini et une épée,gage plus classique de la transmis-sion de l’autorité – offertspar François I er à son ancêtreEnguerrand de La Fère, Athoslâche : « C’était le temps desgéants. Nous sommes des nains,nous autres, à côté de ces hommes-là. »

DOSSIERS&DOCUMENTSLITTÉRAIRES

Juillet 2002 - 8 pages - 2,10 €

L’enfant et l’écrivain

a Philippe-Jean Catinchi

Troisième épisode de notre saga :

après la vie de théâtre,

Alexandre Dumas se lance en 1844

dans sa grande décennie romanesque,

avec la trilogie des Mousquetaires.

Elle s’articule sur Athos, comte de la Fère,

seule figure paternelle,

héros épique et neurasthénique

Athos, le dernierdes géants

.

.-.

SUR LA PISTE DE DUMAS

« Il songea que toute

la première partie

de sa vie à lui

avait été brisée

par une femme ;

il pensa avec terreur

quelle influence pouvait

avoir l’amour sur

une organisation

si fine et si vigoureuse

à la fois. »

VIII/LE MONDE/VENDREDI 19 JUILLET 2002